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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:42

 

 

lemonde.fr

Le directeur financier d'Ikea France en garde à vue

Le Monde.fr | 07.11.2013 à 12h56 • Mis à jour le 07.11.2013 à 18h25 | Par Bertrand Bissuel

 
 
Ikea compte aujourd'hui 298 magasins dans le monde.

Le siège social d'Ikea France, à Plaisir (Yvelines) est perquisitionné depuis jeudi 7 novembre au matin par des policiers, d'après un salarié.

Cette opération, confirmée par la direction et par une source judiciaire, s'inscrit dans le cadre de l'enquête ouverte début mars 2012 contre le distributeur de meubles, accusé de s'être renseigné illégalement sur les éventuels antécédents judiciaires de ses salariés.

D'après un membre du personnel, présent sur les lieux, les officiers de police judiciaire interviennent à l'étage de la direction générale et du contrôle de gestion. Ils s'étaient déjà rendus sur place mardi 5 novembre.

Selon nos informations, Dariusz Rychert, directeur financier d'Ikea France, a été placé en garde à vue dans les locaux de l'enseigne à Plaisir.

 

UNE DIZAINE DE MISES EN EXAMEN

Depuis le début de l'affaire, une dizaine de mises en examen ont été prononcées par le juge d'instruction Alain Gallaire : après celles, le 22 janvier, de l'ancien responsable sécurité de l'enseigne, Jean-François Paris, et de son ex-adjointe, huit autres personnes ont subi le même sort. Parmi elles figurent quatre policiers.

Selon les procès-verbaux d'audition que Le Monde a pu consulter, il apparaît que c'est un vaste système de contrôle illégal qui avait été mis en place par la direction.

Lire aussi : Chez Ikea, l'espionnage des salariés était un système généralisé (édition abonnés)

La déposition de M. Paris, recueillie le 9 avril par le juge Gallaire, a montré que ce tamisage à grande échelle s'est produit dans un grand nombre établissements : aux points de vente de Brest, Rouen, Reims et Avignon, cités au début, se sont ajoutés ceux de Tours, Rennes, Grenoble, Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et Thiais (Val-de-Marne).

"C'est quelque chose qui fonctionnait comme ça chez Ikea, en collaboration avec le responsable sécurité, a par exemple expliqué l'ex-directeur du magasin d'Avignon durant sa garde à vue. J'ai suivi les pratiques qui étaient en place (...). C'était informel."

Bertrand Bissuel
Journaliste au Monde

 

 


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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:05

 

mediapart.fr

Un marché du travail « inaccessible » pour les plus pauvres

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Dans son dernier rapport annuel sur l'emploi, le Secours catholique dévoile une augmentation de la précarité et de l'exclusion des jeunes et des plus pauvres. 

Dans son dernier rapport « Emploi : quelle place pour les plus pauvres ? », publié jeudi 7 novembre, le Secours catholique dévoile un marché du travail très difficile d'accès pour les pauvres, spécifiquement pour les plus jeunes.

Réalisé en partenariat avec le Crédit coopératif, le rapport du Secours catholique dresse un bilan dramatique de l'accès à l'emploi pour les plus pauvres : moins d’une personne sur cinq rencontrées dans les centres d'accueil dispose d’un emploi, dont près du tiers sont des travailleurs à temps partiel. 70 % des personnes rencontrées qui sont au chômage n'ont aucune indemnité.

Le rapport relève également la grande précarité des jeunes (47,2 % des 15-24 ans ont des emplois précaires). Outre leur difficulté à décrocher un emploi stable, 77 % des jeunes chômeurs accueillis dans les centres du Secours catholique ne sont pas indemnisés. 

Pour le président du Secours catholique, François Soulage, « trouver un travail aujourd’hui en France, relève de la course d’obstacles et de la compétition. Dans ce contexte, c’est un peu la double peine pour les plus pauvres qui, sans réseau et sans accès à la formation professionnelle, sont encore plus défavorisés pour trouver un emploi ».

 

Lire le rapport du Secours catholique lci

 

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:41

 

 

mediapart.fr

Paradis fiscaux : au classement de l'opacité, les Etats-Unis sont bien placés

|  Par Dan Israel

 

 

Le “Tax Justice Network” publie son troisième index de l'opacité financière. Il pointe aussi bien les dérives de la Suisse et de Singapour que celles des pays de l'Union européenne ou du G20, France, Allemagne et États-Unis compris. Le ministre du développement Pascal Canfin salue le travail de ces experts militants.

Il y a les cibles classiques des croisés anti-paradis fiscaux : Suisse, Luxembourg, Hong Kong, îles Caïmans, Singapour, Jersey… Mais il y a aussi les pays respectables, qu’on voit rarement, voire jamais, désignés dans les listes noires : États-Unis, Allemagne, Japon. Sans oublier le Liban, jusqu’alors inconnu de nos services pour ses activités financières. Le « top 10 » de l’index d’opacité financière, présenté aujourd’hui par le Tax Justice Network (TJN), est à l’image de ce réseau d’experts et de militants, qui lutte activement contre les paradis fiscaux : radical, pointu, inattendu.

Le TJN publie son troisième Financial secrecy index depuis 2009, en partenariat avec les ONG qui soutiennent son combat, dont les associations françaises regroupées dans la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires. Fidèle à son discours, le réseau entend rappeler que « les pays de l’OCDE, et notamment les pays européens, loin d’être des champions de la lutte contre les paradis fiscaux, sont au cœur du problème ».

 

 

En 2009, 60 États avaient été évalués. Ils étaient 73 en 2011, et sont 82 aujourd’hui. L’indice « a vocation à couvrir l’ensemble des territoires de la planète et à rendre compte de leur contribution à l’opacité financière mondiale », précise le TJN. Son originalité réside dans le savant mélange entre deux types de données : les critères qualitatifs, résumés dans un « score d’opacité » mesuré à partir de 15 critères objectifs, et un critère quantitatif, qui mesure le poids, en pourcentage, de chaque territoire dans le marché international des services financiers aux clients non-résidents.

Une combinaison unique permettant de cibler les pays « qui promeuvent le plus activement et agressivement l’opacité dans la finance mondiale ». Et permettent donc de faire se côtoyer des territoires unanimement reconnus comme des « juridictions du secret », avec le Japon ou l’Allemagne, beaucoup moins opaques, mais produisant ou accueillant de nombreux flux offshore.

« Notre méthode bouscule beaucoup les esprits, c’est sûr, et on s’attend à ce que ce nouveau classement fasse grincer des dents », reconnaît Mathilde Dupré, spécialiste de ces sujets au sein de l’ONG française CCFD-Terre solidaire, membre de la Plateforme paradis fiscaux. Frapper les esprits, c’est le but même du TJN, fondé en 2003 par John Christensen, un natif de Jersey qui fut pendant douze ans le conseiller économique de l’île anglo-normande spécialisée dans la dissimulation d’actifs. Et qui milite aujourd’hui contre toute forme de dissimulation financière. « Les territoires les plus nocifs aujourd’hui ne sont pas forcément des petits confettis très opaques, souligne Mathilde Dupré. L’opacité financière est un continuum, tout le monde en produit, ou tolère celle qui est créée par d’autres pays. »


 

Le travail du Tax Justice Network est, comme à son habitude, impressionnant par son sérieux, et par son côté à la fois austère et tranchant. Des centaines de rapports des institutions internationales ont été épluchés pour attribuer son score à chaque pays, et un rapport détaillé, et bien rédigé, détaille point par point la situation et son évolution dans 30 pays. En deux ans, les grands équilibres n’ont pas été bouleversés. Les quatre pays classés le plus mal en 2013 l’étaient déjà en 2011, Suisse et Luxembourg (pays fondateur de l’Union européenne) en tête.

Cette année, le rapport insiste aussi sur la place paradoxale du Royaume-Uni : le pays occupe la 21e place du classement, mais si on ajoute la liste des territoires du Commonwealth qu’il soutient ou contrôle, et qui servent d’apporteurs d’affaires à la City, comme les îles Caïmans, les Bermudes, Jersey ou Gibraltar, il devient sans conteste « l’acteur mondial le plus important dans le milieu de l’opacité financière ». Et ce malgré les récentes démonstrations de bonne volonté de la part de certaines anciennes colonies britanniques.

« En dépit des engagements encourageants du premier ministre David Cameron pour lutter contre les paradis fiscaux en Grande-Bretagne, peu de choses ont été faites jusqu'ici pour freiner la ménagerie de trusts offshore, de fondations, de sociétés fictives, de failles et de subterfuges qui composent le système mondial de l’opacité financière », écrit John Christensen dans le communiqué accompagnant le lancement du classement. À tel point qu’il a écrit à la reine d’Angleterre, qui dirige toujours officiellement ces « dépendances de la couronne », pour lui demander d’intervenir.

 

 

À lire ces déclarations, il serait tentant de croire que rien ne change dans le paysage des paradis fiscaux. C’est largement faux, comme nous l’avons raconté en détail dans cette enquête ou cet article. Même s’il estime que « nous restons à des années-lumière des changements dont le monde a urgemment besoin », le TJN convient d’ailleurs que « certaines tendances positives sont évidentes ». De quoi réjouir l’un des destinataires prioritaires des critiques du réseau, Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE. Mandaté par le G8 et le G20 pour faire évoluer au plus vite la législation internationale sur le secret bancaire, Saint-Amans et ses équipes font feu de tout bois depuis plusieurs années pour réduire l’opacité financière.

« Comme les éditions précédentes, nous estimons qu’il y a un problème avec les méthodes du Tax Justice Network, qui mélange des données qualitatives et quantitatives, un peu comme des pommes et des poires, de façon pas toujours cohérente, indique Saint-Amans. Mais nous nous réjouissons grandement qu’il reconnaisse que des progrès ont été réalisés, même si de gros problèmes persistent encore, nous sommes d’accord. »

Le ministre Canfin tient « à saluer le travail » de l’association

Les évolutions sont en effet notables. En septembre, sur recommandation de l’OCDE, les pays du G20 ont promis de passer à l’échange automatique d’informations fiscales d’ici la fin 2015. Ils suivent en cela les États-Unis, qui ont ouvert la voie avec leur texte Fatca, et imposeront l’échange automatique à leurs partenaires dès la mi-2014. Cet échange automatique est défendu depuis belle lurette comme l’objectif à atteindre par de nombreux militants, dont le TJN. Il prévoit qu’au moins une fois par an, les établissements bancaires d’un pays rassemblent les informations qu’ils détiennent sur des ressortissants étrangers, et les communiquent soit à leur propre administration fiscale, soit directement à celles de leurs clients. Imparable pour lutter contre les contribuables cherchant à frauder le fisc de leur pays.

Le 15 octobre, la Suisse a signé la convention d’assistance administrative mutuelle de l’OCDE. Ce texte, qui réunit déjà une grosse soixantaine de pays, impose à chacun de simplifier les procédures d’échange d’information et de donner suite aux demandes de tous les autres pays signataires. Un pas immense pour un pays qui était encore désigné en avril par l'OCDE comme faisant partie des 14 territoires ne disposant pas des « éléments essentiels » permettant un échange effectif d'informations entre autorités fiscales. Mardi 5 novembre, c’était au tour d’Andorre de signer la convention, et de Monaco de s’engager à le faire.

Le 29 mai, Singapour avait elle aussi rejoint le mouvement. Ces pas franchis par des pays qui faisaient commerce du secret fiscal depuis des décennies sont très significatifs. D’autant que la convention de l’OCDE comporte une option facilement activable par chaque pays, qui enclencherait le processus d’échange automatique. Et les banquiers suisses ont déjà fait savoir à plusieurs reprises qu’ils avaient compris que cette évolution était inéluctable.

Pour la première fois cette année, la France est évaluée par le TJN, se plaçant dans le ventre mou du classement, à la 43e place sur 82. Une évaluation qui ne dérange pas du tout le ministre français le mieux placé pour parler de ces questions, Pascal Canfin. Le ministre délégué chargé du développement est aussi un ancien journaliste d’Alternatives économiques, très bon connaisseur des questions bancaires et des paradis fiscaux. Élu en 2009 député européen Europe Écologie, il avait contribué à créer en 2011 Finance Watch, une ONG se donnant pour mission de combattre le lobby bancaire à Bruxelles.

 

Pascal Canfin  
Pascal Canfin © DR

En mai 2013, Pascal Canfin a interdit à l'agence française de développement, qui dépend de sa compétence, d'utiliser les services des banques installées dans dix-sept paradis fiscaux. Sa liste noire additionne les huit pays désignés comme non-coopératifs par la France, et ceux qu’elle ignore mais qui sont épinglés par l’OCDE. « Je suis allé aussi loin que possible, mais la liste du Tax Justice Network repose sur des critères plus exigeants que ceux sur lesquels la France peut s’appuyer », indique Canfin à Mediapart. Le ministre tient « à saluer le travail » de l’association : « Les responsables politiques ont besoin d’un contre-pouvoir et d’un réseau d’expertise dans la société civile, le TJN en est l’un des meilleurs représentants. »

Canfin se déclare satisfait de voir la France arriver « dans le vert » aux yeux de l’ONG, même si le classement de notre pays montre que « la lutte contre la fraude et les paradis fiscaux est un combat permanent ». Combat renforcé, aux yeux du ministre, par le vote tout frais de la loi de lutte contre la fraude fiscale, et illustré par l’arrivée massive à Bercy de dossiers de Français souhaitant régulariser leur situation fiscale (4 000 dossiers ont été envoyés depuis cet été).

La France peut mieux faire

La nouvelle loi prévoit la mise en place d’un registre public français des trusts, ces sociétés permettant de dissimuler l’identité du bénéficiaire réel d’avoirs financiers ou de biens immobiliers. « C’est un bon pas en avant, réagit Mathilde Dupré, du CCFD-Terre solidaire. Mais la France pourrait être beaucoup mieux notée en mettant en place de nouvelles mesures… » Par exemple, en étendant immédiatement à toutes les entreprises l’obligation de publication d’informations comptables pays par pays, déjà imposée aux établissements financiers dans la loi de séparation bancaire votée en juillet. Cette disposition est prévue dans la loi, mais pour une mise en place conditionnée à son vote au plan européen.

Autre point incontournable aux yeux des militants : rendre obligatoire la publication des noms des « propriétaires ultimes » réels d’une entreprise lorsqu’ils sont masqués par « une chaîne complexe de propriété », comme des prises de participations en cascade dans des filiales. Enfin, insiste Mathilde Dupré, « il est de la responsabilité de la France de s’assurer que la mise en place de ces mesures, notamment sous la responsabilité de l’OCDE, prendra bien en compte les intérêts des pays en développement ».

La Plateforme paradis fiscaux rappelle qu’environ le tiers des 32 000 milliards de dollars amassés offshore par les grandes fortunes en 2010 proviendrait des pays en développement. Or, le lobby bancaire suisse a déjà signalé que s’il acceptait de passer à l’échange automatique avec l’Union européenne et les États-Unis, « il refusait que cela concerne les pays en développement », assure Mathilde Dupré : « Il faut être très vigilant à ce que les progrès dans les pays riches ne fasse pas empirer la situation des pays les plus fragiles, dont l’OCDE ne défend les intérêts que de loin. »

 

 

Lire aussi

 


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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:09

 

marianne.net

 

Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise ?
Jeudi 7 Novembre 2013 à 05:00

 

Michel Santi*

 

En décernant le prix Nobel d'économie à Eugène Fama, le comité Nobel a distingué un personnage dont les travaux ont précisément consisté à sacraliser les marchés.

 

Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise ?

Le Nobel d’économie 2013 a été décerné à Eugène Fama, né en 1939, un des pères du monétarisme et de l’idéologie néo-libérale. N’est-ce pas lui qui affirmait péremptoirement « que l’hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues » ? C’est en effet suite aux travaux d’économistes comme Fama, comme Milton Friedman (1912-2006) – lui aussi Nobel en 1976 -, et comme Burton Malkiel, né en 1932, que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l’époque comme Margaret Thatcher et comme Ronald Reagan qui devait même affirmer dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : « l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème » !


Dès cette période, le conservatisme économique et la régression sociale devaient régner en maîtres absolus. Le vide laissé par l’État fut tout naturellement comblé par le développement hyperbolique d’un secteur financier dès lors qualifié d’ « efficient », voire de « parfait ». Cette finance était en effet appelée à rendre tous les services à l’économie. Les marchés seraient une sorte de juge de paix qui remettrait de l’ordre dans les finances des entreprises et des ménages en imprimant tous les pans de l’économie de sa bienveillante efficience. Les adorateurs du marché financier étaient même persuadés que ses prix étaient la résultante d’un équilibre rationnel, et que l’emploi n’était en fait qu’une variable au service de l’optimisation des valorisations boursières. C’est en effet Burton Malkiel – qui, lui, n’est pas encore Nobel ! – qui assurait que « la vraie valeur des marchés triomphera en finalité car la bourse est un mécanisme de précision sur le long terme ».


La dérégulation de nos économies et de la finance nous vient donc évidemment en droite ligne de cette hypothèse du marché efficient. Plus besoin de réglementation ni de garde-fous si le marché est efficient, donc optimal. Inutile de brider une bête qui se régule elle-même par le prix, qui élimine les plus faibles – c’est-à-dire ceux qui ont pris les mauvaises décisions – et qui fait gagner les plus forts. C’est donc une authentique « sélection naturelle » qui s’opère par des marchés financiers omniscients et infaillibles. Comme cette autorégulation déroule ses effets bénéfiques sur l’économie, la tâche de l’État doit donc se réduire à sa plus simple expression. Hélas, ce rétrécissement du champ d’action de l’Etat – préalable incontournable à la dérégulation de la finance-, accouche depuis trente ans de crises bancaires et boursières à répétition. Ce laissez-faire ayant essaimé depuis le monde anglo-saxon jusqu’à l’Europe continentale pour ensuite toucher l’Amérique latine et l’Asie, c’est l’ensemble de la planète qui a progressivement été infectée par des bulles spéculatives dont l’implosion fait d’immenses ravages financiers, économiques et bien-sûr humains.


Aujourd’hui, c’est l’ensemble du spectre qui se retrouve contaminé par la financiarisation : l’énergie, l’immobilier, les denrées alimentaires, mais également l’éducation, voire la santé dans certains pays. Toutes les facettes de l’activité économique se retrouvent ainsi enchevêtrées dans une toile complexe tissée par la financiarisation. Voilà par exemple Goldman Sachs qui a investi il y a quelques mois 10 millions de dollars dans les prisons dans l’État de New York, avec les perspectives suivantes : récupérer sa mise si la récidive baisse de 10 %, la doubler si ce taux s’améliore, ou perdre la moitié de sa mise si la criminalité ne s’améliorait pas à New York ! Nos sociétés ont atteint aujourd’hui un tel degré de décadence qu’elles en viennent à déléguer au secteur financier de telles responsabilités, et leurs devoirs les plus élémentaires vis-à-vis de citoyens dans la détresse. Ces « obligations sociales », ou « social impact bonds », démontrent bien que l’obligation morale de la collectivité cède désormais la place aux institutions financières qui lèvent des fonds pour générer des profits, tout en se substituant à l’État.


Dans ce meilleur des mondes où le marché est censé être efficient, les malversations et les escroqueries sont réputées impossibles ! En effet, comme les marchés ne peuvent être efficients en présence de fraude, les actes malhonnêtes ne peuvent tout bonnement plus exister… précisément du fait de l’efficience des marchés ! Pourtant, qui sait que, aujourd’hui en 2013, – en pleine crise européenne et plus de six ans après les subprimes ! -, la nouvelle maxime de Wall Street et de la City est : « I’ll Be Gone, You’ll Be Gone », soit en français : « je ne serai plus là, vous ne serez plus là » ? Qui signifie clairement que les cataclysmes de demain – inévitables comme conséquence des comportements d’aujourd’hui – ne sont pas le problème des financiers qui ne seront plus ici…et que d’autres devront gérer les problèmes.


En réalité, les abus de la finance sont passés dans nos mœurs. Et en fait, les banquiers et les financiers honnêtes ne sont plus de taille à entrer en compétition avec leurs collègues fraudeurs. C’est simple : une banque qui ne chercherait pas à masquer des pertes, ou à vendre des actifs pourris, ou à blanchir de l’argent, ou à influencer le cours d’un produit dérivé… ne serait plus compétitive et serait vouée à terme à faire faillite, ou à sévèrement décrocher en bourse. Dans la nature, la sélection darwinienne nous apprend que les plus forts survivent aux plus faibles. Dans l’univers de la finance, ce sont les malhonnêtes qui restent, voire qui prospèrent, tandis que sont damnés ceux qui se conforment aux règles du jeu.


Ce rouleau compresseur des escroqueries et des malversations porte un nom, la dynamique de « Gresham », qui fut décrite par George Akerlof, né en 1940 et Nobel d’économie 2001 : « Les transactions malhonnêtes tendent à faire disparaître du marché les transactions honnêtes. Voilà pourquoi le coût lié à la malhonnêteté est supérieur au montant de la tricherie ». Cette dynamique de Gresham – devenue aujourd’hui une dominante dans les marchés financiers – a donc pour conséquence une volatilisation de l’éthique au profit de la fraude, qui devient dès lors endémique. Ceux qui respectent la loi et la morale sont donc appelés à disparaître alors que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, ou qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, aujourd’hui, il devient « trop cher » d’être honnête !


Aujourd’hui, et alors même que le comité Nobel vient de distinguer un personnage dont les travaux ont précisément consisté à sacraliser les marchés, nous devons collectivement prendre conscience que ceux-ci ne créent nulle valeur, qu’ils doivent être subordonnés et placés fermement sous la tutelle de l’économie productive. L’éthique doit faire son retour au sein de la banque et de la finance, car cette crise est d’abord une crise morale ! Le préalable étant de tenter de répondre à la question du Nobel d’économie de 1998, Amartya Sen, né en 1933 : « Comment est-il possible qu’une activité aussi utile, comme la finance, soit devenue si immorale »  ?

 


*Michel Santi est économiste et spécialiste des marchés financiers. Il conseille des banques centrales de pays émergents. Auteur de Splendeurs et misères du libéralisme, Capitalism without conscience.  Vient de paraître, L'Europe chronique d'un fiasco politique et économique.

 

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 15:59

 

marianne.net

 

Le fantasme de la France raciste
Jeudi 7 Novembre 2013 à 05:00

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Voilà le dernier des sujets montés par les médias à grand renfort de trompettes et de jugements définitifs : la France est un pays raciste. Est-ce aussi simpliste ?

 

Des militants de SOS Racisme manifestent devant le centre Pompidou, Paris - YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA
Des militants de SOS Racisme manifestent devant le centre Pompidou, Paris - YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA

On se croirait revenu à l’époque de « SOS Racisme » qui permit à Harlem Désir de s’imaginer un destin national. Il ne manque que BHL à l’appel, mais rien n’est perdu. En attendant son éventuel renfort, des voix étreintes par l’angoisse expliquent que la France est devenue une plaie pour la civilisation en raison de sa xénophobie congénitale.  

Le Parisien pose la question : « La France devient-elle raciste ? » La réponse induite est positive, forcément positive. Le même jour, Libération donne la parole à Christiane Taubira et s’empresse d’expliquer que « la parole xénophobe se libère en France ». La veille, Harry Roselmack, journaliste vedette de TF1, lançait dans  Le Monde : « Me voilà ramené à ma condition nègre ». Et d’ajouter cette sentence définitive : «  La France raciste est de retour ». Bref, l’hexagone serait l’équivalent européen des Etats-Unis de la ségrégation raciale des années 50.  

Il serait temps de revenir sur terre. Qu’il y ait une recrudescence des manifestations de racisme, comme toujours en période de crise, nul n’en doute. Qu’il faille les condamner avec la dernière vigueur, c’est l’évidence même. Que les heures sombres du Sarkozysme, avec son instrumentalisation de l’identité nationale, aient ouvert des vannes que l’on croyait fermées à jamais, c’est certain. Que le traitement infligé à Christiane Taubira par quelques voix haineuses soit une offense à la ministre et à la République, on ne le dira jamais assez. Par parenthèse, on regrettera que les dirigeants politiques de tous bords n'aient pas réagi plus tôt. 

Mais de là à décrire le pays comme un bunker de racistes potentiels ou avérés, il y a un pas qu’il serait hasardeux de franchir, sauf à prendre ses fantasmes pour la réalité et des faits isolés pour une tendance générale. D’après les chiffres fournis par la ministre de la justice, on est passé de 1300 plaintes au premier trimestre de 2012 à 1500 pour la période correspondante de 2013. Sans doute est-ce beaucoup. Quand bien même ne resterait-il qu’une seule plainte, ce serait trop. Mais comment peut-on en déduire qu’il y a une déferlante raciste ?  

Certes, on entend des choses qui sonnent étrangement à l’oreille. Le discours de Manuel Valls sur les Roms relève d’un amalgame indigne d’un ministre de la République, mais cela n’en fait pas pour autant un agent du FN. On pourrait en dire autant du « pain au chocolat » de Jean-François Copé et de quelques autres saillies. Si elles ne grandissent pas leurs auteurs, elles ne les transforment pas d’office en descendants naturels de Maurras ou de Laval.  

En vérité, le tsunami raciste relève en grande partie du fantasme. Même le Front National, qui vient de loin (et de bas) en la matière prend soin d’exclure au plus vite toute voix douteuse, de peur de voir entacher son entreprise de dédiabolisation. Ce n’est donc pas parce que la dénommée Anne-Sophie Leclerc, ex tête de liste du FN, a tenu les propos détestables que l’on sait, qu’il faut en faire le symbole de la Marianne nationale. 

Il existe même plutôt une forme de veille républicaine en partie salutaire mais qui peut tourner à l’obsession, comme en témoigne l’histoire de la jeune militante de l’UNEF obligée de reconnaître qu’elle avait inventé de toutes pièces une pseudo agression raciste. La chasse à la parole déviante est ouverte 24h sur 24. On ne peut plus rien dire sans peser ses mots au trébuchet afin d’échapper au tribunal des flagrants délits intellectuels. Si certains comiques avaient l’audace de leurs prédécesseurs, ils seraient envoyés d’office devant le Tribunal Pénal International.  

Du haut de leur magistère éthique, loin des contingences de ce bas monde, les professionnels de l’indignation permanente et de la colère sélective édictent le Bien et le Mal, séparent les Bons des Méchants. Echapper à la police de la pensée est devenu un exercice périlleux. Veut-on défendre la laïcité ? On est suspect d’islamophobie, mot valise qui permet tous les procès. Veut-on défendre la nation contre le rouleau compresseur de l’Europe néolibérale? On est traité de nationaliste attardé. Veut-on réguler l’immigration pour empêcher le dumping social dont rêvent les ultralibéraux ? On est accusé de vouloir rejeter les immigrés à la mer. De ces sujets tabous, les bonnes âmes ne parlent pas. Elles préfèrent  donner des leçons de morale.

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 15:07

 

 

rue89.com

Tordre le cou à un mythe : la compétitivité, arme fatale de désintégration sociale
Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 07/11/2013 à 11h19

 

 

S’il en est un qui tient le pompon parmi les mythes miteux à déboulonner, c’est bien celui de compétitivité que les évangélistes dépassés du monde d’avant continuent de nous servir comme des automates détraqués en ne se préoccupant même plus de la faire passer pour une saine émulation.

C’est quoi d’abord cette compétitivité, sinon une variante vicieuse de la loi des plus forts ? Lesquels plus forts n’ont d’ailleurs de cesse d’en contourner et l’esprit et la lettre à la première occasion par des ententes illicites entre eux. Regardez les banques avec le scandale du Libor, nos chères entreprises en communication, nos parfumeurs...

Croyez-vous que les salariés modestes, et à plus forte raison les chômeurs tutoyant la fin de leurs droits, ont une quelconque chance d’être compétitifs face à des grands patrons qui viennent encore de s’augmenter de plus de 6% en 2012, malgré des résultats économiques consternants ?

La compétitivité nationalisée

Cette compétitivité, qui à l’origine concernait surtout le monde de l’entreprise privée, a fini par contaminer des régions, des pays, des entreprises publiques. Regardez ce qu’il advient de notre bonne vieille SNCF ou de France Télévision. Voyez la compète saugrenue entre provinces françaises à propos de l’écotaxe.

La mondialisation, synonyme de dérégulation sauvage dans les faits, la compétition exacerbée entre puissances publiques, ont encore accru les tensions nées de la compétitivité débridée.

Vous pouvez le prendre par n’importe quel bout, la compétitivité étendue à l’échelle planétaire et érigée en dogme intangible ne peut aboutir qu’à une désintégration sociale via un nivellement par le bas. Et, partant, à des émeutes ou à la guerre.

Croyez-vous que des pays s’accrochant à des revenus décents, sinon minimum, ont la moindre chance de devenir compétitifs face à ceux pratiquant des salaires de misère au mépris de toutes les règles de considération sociale ?

Les prêtres d’une religion féroce

Même au sein d’organisations supranationales se prévalant de vouloir faire triompher, du moins entre leurs membres, la solidarité sur la compétitivité, c’est l’inverse qui se produit. Regardez l’Union européenne et le comportement des plus forts, l’Allemagne en premier chef.

Le prix Nobel d’économie Paul Krugman vient de montrer comment ce pays fit exploser son excédent commercial en profitant de l’introduction de la monnaie unique européenne, et par une baisse drastique des coûts du travail (traduisez, des salaires). La compétitivité d’un pays au détriment de ses citoyens, fortiche comme concept.

 


Allemagne : excédents commerciaux et coût du travail

 

Bref, le constat d’échec de ce concept idiot de compétitivité, brandi comme moteur incontournable de régulation et d’émulation, est si accablant, si évident, qu’on reste ébahi de voir les prêtres d’une religion féroce ou des zigotos ahuris nous servir encore leur infâme brouet. Et, pire, de nous voir l’avaler sans broncher.

Mais, me direz-vous, comment enrayer cette spirale infernale ? Certainement pas en l’abandonnant aux « marchés ». Mais par des règles strictes (oui, oui, comme au foot ou au rugby, imaginez un match de rugby sans règles, ni arbitre) et des mesures de protection sociale (oui, oui, du protectionnisme).

 

 

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:02

 

mediapart.fr

Contrat Ecomouv : le procureur de Nanterre rouvre l'enquête

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Alors que les indices d'irrégularités et de corruption ne cessent de s'accumuler autour du contrat signé avec la société Ecomouv, le procureur de Nanterre, Robert Gelli, a décidé de rouvrir l'enquête préliminaire.

Le procureur de la République de Nanterre, Robert Gelli, a décidé, mercredi 6 novembre, de rouvrir l'enquête préliminaire sur les conditions d'attribution du contrat liant l'Etat à la société Ecomouv, chargée de la collecte de l'écotaxe. 

« Cette enquête avait été classée sans suite il y a quelques semaines. Mais au vu de certaines choses dites récemment, j'ai décidé de la rouvrir. Il s'agit de savoir s'il y a eu dans l'attribution du contrat des éléments de nature à porter atteinte à l'égalité de traitement qui doit prévaloir dans les marchés publics », a indiqué le procureur de Nanterre. 

L’enquête a été de nouveau confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).

Mardi 5 novembre, le chef de file des socialistes au Sénat, François Rebsamen, a annoncé que les sénateurs socialistes allaient demander la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la société Ecomouv et le partenariat public-privé passé avec l'État.

 

 

 

 

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 15:50

 

 

mediapart.fr

Ecotaxe: le gouvernement envisage de renégocier le contrat Ecomouv

|  Par Martine Orange

 

 

 

Le gouvernement semble ne plus exclure de revoir les termes du partenariat public-privé signé pour la perception de l’écotaxe. Il en a les moyens, compte tenu des défaillances multiples de la société Ecomouv. Il pourrait le faire à moindre coût. Mais en a-t-il vraiment envie ?

L’écotaxe est en train de se transformer en foire d’empoigne politique. Brusquement, tous semblent découvrir les conditions de ce partenariat public-privé consenti au consortium Ecomouv et l’envers du décor de l’écotaxe. À droite comme à gauche, les responsables s’étonnent de ce contrat au coût de collecte exorbitant et demandent des comptes.

Sans attendre, les responsables socialistes à l’Assemblée nationale et au Sénat, Bruno Le Roux et François Rebsamen, ont réclamé une commission d’enquête parlementaire sur le contrat passé avec la société Ecomouv. François Rebsamen a l’intention de saisir le bureau socialiste au sénat pour demander la formation de cette commission dès mercredi 6 novembre.

L’initiative, selon nos informations, serait assez bien vue par Matignon, qui placerait chacun devant ses responsabilités. C’est peu dire que dans les couloirs du gouvernement, on supporte assez mal les critiques et les défausses de nombre de ténors de droite, qui semblent avoir oublié que ce contrat a été signé par le gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Mercredi 6 novembre, le procureur de la République de Nanterre, Robert Gelli, décidait de rouvrir une enquête préliminaire sur les conditions d'attribution du contrat, annoncant au passage qu'une décision de classement sans suite avait été pourtant prise «il y a quelques semaines». «Au vu de certaines choses dites récemment, j'ai décidé de la rouvrir. Il s'agit de savoir s'il y a eu dans l'attribution du contrat des éléments de nature à porter atteinte à l'égalité de traitement qui doit prévaloir dans les marchés publics», dit aujourd'hui le procureur (lire à ce sujet notre premier article sur les soupçons de trucage de l'appel d'offre).

«Aujourd’hui en France, on a le bal des faux-culs et des lâches », s’est emporté le député UMP Thierry Mariani, ancien ministre des transports et signataire des décrets de l’écotaxe, visiblement irrité par les critiques de son propre camp. Après Xavier Bertrand, c’est le président de l’UMP, Jean-François Copé, qui a critiqué ce contrat « aberrant ». « Moi j’assume ce contrat totalement transparent », a répliqué de son côté Nathalie Kosciusko-Morizet, tout en en renvoyant la responsabilité sur des hauts fonctionnaires aujourd'hui dans les cabinets ministériels, bien qu'ils n'aient été ni de près ni de loin associés au dossier.

Et NKM d'ajouter « qu’elle n’avait pas initié ce contrat, lancé avant elle et signé après elle ». Il s’agit sans doute d’un trou de mémoire : le classement des appels d’offres puis le contrat de partenariat avec la société Ecomouv ont été signés par elle ou par délégation avec son accord écrit, lorsqu’elle était au ministère de l’écologie (voir la chronologie du contrat sous l’onglet Prolonger).

 

Jugeant que les responsables de droite étaient « gonflés » de renvoyer la responsabilité de l’écotaxe et du contrat à la gauche, le ministre des finances Pierre Moscovici évoque désormais la nécessité de revoir la logique du contrat passé par l’ancien gouvernement avec la société Ecomouv. « Cette société ne s'est pas acquittée de ses responsabilités, par conséquent nous serions fondés à la mettre en cause compte tenu de la non-exécution d'un certain nombre d'obligations. »

Cette évolution n’a pas échappé à nombre d’observateurs. Depuis une semaine, certains s’étonnaient de la position gouvernementale. Le problème, pour le gouvernement, semblait plutôt être de trouver les moyens de faire accepter socialement l’écotaxe, en trouvant quelques aménagements soit pour des professions exposées comme les agriculteurs, soit pour des régions excentrées comme la Bretagne ou Midi-Pyrénées. Mais sur le contrat, il observait une grande prudence. En avançant le chiffre de 800 millions d’euros de dédit – correspondant aux paiements des investissements matériels réalisés et aux indemnités pour rupture de contrat – , le gouvernement semblait dire qu’il était pieds et poings liés. Le coût de remise en cause du contrat était si exorbitant qu’il paraissait impossible de revenir dessus.

De son côté, la société Ecomouv allongeait l’addition, au fur et à mesure que la controverse augmentait : 20 millions de redevance par mois, si l’écotaxe n’était pas instaurée au 1er janvier, 1 million pour le remplacement de chaque portique démonté, des millions pour tout manquement au contrat. Mais d'obligations, point. 

Alors que les conditions du partenariat public-privé commencent à être connues et font polémique, le gouvernement admet désormais que dans le contrat avec Ecomouv aussi, il a quelques marges de négociation. De fait, l’État n'est pas totalement démuni, si celui-ci veut bien se faire entendre. Le contenu du contrat n’a jamais fait l’objet de publicité. Toutes les organisations qui ont voulu en prendre connaissance s’en sont vu refuser l’accès. Dernièrement, l’organisation des transporteurs routiers européens (OFRE), opposée depuis 2008 au système de mode de calcul de l’écotaxe et au partenariat public-privé, en a demandé la communication. Sa demande lui a été refusée au motif que celui-ci contenait « des informations industrielles et commerciales confidentielles ». L’organisation a saisi en référé la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir le contrat. Celle-ci doit se prononcer le 7 novembre.

Même s’ils sont tenus par une clause de confidentialité, tous ceux qui ont eu connaissance du contrat disent qu’il comporte des clauses habituelles dans ce type de partenariat, avec des obligations de moyens et de résultats, des pénalités de retard, voire de clause de déchéance. Bref, l’État n’est pas sans recours, s’il le veut. Par peur sans doute de remettre en cause le principe même de l’écotaxe et de se priver aussi des recettes espérées, le gouvernement a peu insisté jusqu’à présent sur les armes dont il disposait.

Un système “novateur”

 

 
© Reuters

Pourtant, dès l’été 2012, le gouvernement arrivant au pouvoir s’est interrogé sur le fait de remettre en cause ou non le partenariat public-privé signé avec Ecomouv. Le chiffre de 350 millions d’euros circulait alors au titre d’indemnités de rupture. En septembre 2012, cette possibilité de rompre le contrat est totalement évacuée par le gouvernement. « La préoccupation était de mettre en œuvre l’écotaxe, alors que le gouvernement précédent nous avait laissé un dossier dans un état indescriptible, plutôt que de nous lancer dans un contentieux juridique », se souvient un proche du dossier.

Et puis, l’administration n’aime guère revenir sur la signature de l’État. Le fait que le Conseil d’État ait validé l’attribution du partenariat à Ecomouv donne, aux yeux des conseillers du gouvernement, une solidité juridique. Quant au coût – 270 millions d’euros de loyer toutes taxes par an –, il ne paraît pas hors norme, selon les critères administratifs. « Si l’on prend le coût kilomètre par camion, qui est la bonne unité de mesure, ce contrat est tout à fait comparable aux prix pratiqués en Allemagne ou en Suisse, autour de 0,22 euros par kilomètre », précise un connaisseur du dossier, qui insiste sur le fait que la collecte versée à Ecomouv est fixe, alors que les recettes globales de la taxe peuvent augmenter.  

La préoccupation d’installer l’écotaxe et de faire fonctionner le système paraît l’emporter sur le reste. Ecomouv a choisi de mettre en place un système de taxation par GPS, qui permet de géolocaliser les poids lourds et de les suivre par satellite. Chaque camion doit être équipé d’un boîtier, afin de pouvoir être tracé en temps réel. Les portiques installés sur les routes ne servent pas à assurer le télépéage, comme sur les autoroutes, mais à s’assurer que tous les camions sont bien équipés d'un boîtier et ne fraudent pas. Un système « novateur », s’étaient félicités les ministres au moment de la signature du contrat, mais qui coûte très cher à mettre en œuvre. D’autant que la société Ecomouv, qui n’a aucune expérience en la matière, semble peiner à en maîtriser la complexité.

Dès le début 2013, il devient évident que la société ne sera pas au rendez-vous pour implanter l’écotaxe en avril en Alsace et en juillet sur l’ensemble du territoire. Il y a des retards partout, des anomalies informatiques majeures tant sur le repérage que sur la facturation. Rien ne fonctionne comme il convient. En février, le ministre des transports prend donc la décision de reporter la mise en œuvre de l’écotaxe au 1er octobre, afin de donner le temps à Ecomouv d’améliorer son système.

Le temps passe et les dysfonctionnements sont toujours aussi nombreux. À plusieurs reprises, l’administration refuse de donner la première étape de l’agrément au système – dite vérification d’aptitude au bon fonctionnement (VABF) –, compte tenu des bugs majeurs qui subsistent dans le système. Le 5 septembre, le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, estimant qu’il existe encore des problèmes majeurs et que le système n’est pas sécurisé, annonce un nouveau report  pour le 1er janvier 2014.

Depuis, le ministère des transports dit que la plupart des incidents techniques sont résolus, et que le système est fiable. Du côté des transporteurs et des sociétés associées, c’est un tout autre son de cloche. Le système, pointent-ils, n’a été testé qu’avec 4 500 camions dans toute la France. Où sont ces camions ? Comment cela fonctionne-t-il ? Aucune information n’est donnée. Certains évoquent des bugs où les signaux de géolocalisation sont transmis toutes les 2 minutes au lieu de toutes les 2 secondes.

D’autres parlent de problèmes techniques persistants, y compris dans la facturation. Sans parler des difficultés d’enregistrement pour les transporteurs afin d’obtenir des boîtiers pour chaque camion. Fin octobre, 100 000 camions seulement étaient enregistrés alors que les 800 000 camions roulant en France doivent être enregistrés d’ici au 1er janvier,  pour que le système de perception de l’écotaxe fonctionne. Tout cela est très technique mais pourrait devenir très politique si le système n’était pas parfaitement opérant au moment de son lancement.

Le 22 octobre, une réunion entre l’État, la société Ecomouv, les entreprises associées au télépéage et les transporteurs a tourné au clash. Beaucoup ont reproché à la société Ecomouv ses défaillances, son absence d’informations et de transparence. Le ministère des transports dit qu’il ne s’agissait que de différends bureaucratiques entre les sociétés de télépéage et la société Ecomouv.

Le système de perception de l’écotaxe n’a toujours pas obtenu la première étape de son homologation. Celle-ci est espérée à la mi-novembre. Une phase clé, semble-t-il. Selon nos informations, les banques créancières qui ont apporté tous les financements à la société s’impatientent et menacent d’appeler les actionnaires en garantie, si le système n’est pas approuvé par l’administration. Mais par la suite, il lui faut obtenir deux autres procédures d’homologation et de certification, selon les procédures administratives normales. Le ministère des transports se veut confiant.

« Franchement, je ne vois pas comment ils pourront être prêts au 1er janvier. D’autant que les responsables administratifs vont y regarder à deux fois avant de signer la conformité. Personne ne va prendre le risque d’approuver un système s’il comporte encore des imperfections, alors qu’une commission d’enquête parlementaire va être engagée et que la signature met en jeu 800 millions d’euros à la charge de l’État », remarque un connaisseur du dossier. Celui-ci pense que le gouvernement a toutes les armes en main pour dénoncer le contrat à moindre coût, si le système ne fonctionne pas.

Mais le gouvernement semble exclure pour l’instant cette solution. Le contrat de partenariat public-privé semble se confondre avec l’écotaxe. Remettre en cause l’un reviendrait, semble-t-il, à définitivement enterrer l’autre et compromettre à jamais toute fiscalité écologique.

Avec l’écotaxe, le gouvernement espérait retirer 80 millions d’euros de recettes par mois, après le prélèvement de la société Ecomouv. Le retard de sa mise en place par rapport aux engagements pris représente donc un manque à gagner d'un peu plus de 400 millions d’euros. Des pénalités de retard ont bien été incluses dans le contrat : elles s’élèvent à 8 millions par mois, dix fois moins que les recettes espérées. Et encore risquent-elles de faire l’objet d’un contentieux.

 

 

 

 

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 15:42

 

 

mediapart.fr

FagorBrandt en cessation de paiement, 2000 emplois menacés

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

FagorBrandt, la filiale française de la société espagnole Fagor, est en cessation de paiement, selon les syndicats de l'entreprise. Les 2 000 emplois des quatre usines du groupe sont menacés.

La filiale française du groupe espagnol Fagor devrait annoncer, mercredi 6 novembre, sa cessation de paiement et demander au tribunal de Nanterre, sa mise en redressement judiciaire, selon les syndicats du groupe d’électroménager.

A la suite du comité d’entreprise sur la situation financière du 5e groupe européen de l’électroménager, les syndicats ont indiqué, dans un communiqué, que les 2 000 salariés des quatre usines installées en France étaient menacés. 

A la sortie du Conseil des ministres, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, a indiqué vouloir que Paris et Madrid s’unissent « pour organiser une reprise des activités ». « Les deux gouvernements ont décidé de conjuguer leurs efforts pour trouver des solutions de financement de toutes natures de manière que nous puissions sauver le maximum de sites et préserver le plus possible d'emplois. »

La majorité des salariés français de FagorBrandt sont au chômage technique depuis la mi-octobre, faute de matières premières, les fournisseurs ayant refusé de livrer sans être payés.

Le groupe comptait 5 642 salariés fin juin. En Espagne, le groupe a engagé une procédure de sauvegarde pour tenter de refinancer sa dette, qui s'élève à plus de 859 millions d'euros.

 

 

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 17:57

 

reporterre.net

 

Le gouvernement encourage l’élevage intensif porcin

France Nature Environnement

mardi 5 novembre 2013

 

 

 

Le gouvernement projette d’assouplir les normes environnementales qui s’appliquent aux élevages porcins. Désormais les élevages de 450 à 2 000 porcs ne feront plus l’objet d’une autorisation préfectorale, mais seront soumis à un simple enregistrement. Une décision qui va dans le sens d’une politique agricole intensive, et qui ne prend pas en compte les dégâts potentiels sur l’environnement.

 


 

Aujourd’hui, les élevages qui comprennent entre 50 et 450 porcs sont déclarés en préfecture, et au-delà, ils doivent faire l’objet d’une autorisation préfectorale. Le nouveau régime modifie les seuils et donc les exigences environnementales :

Les installations qui comptent 450 à 2 000 porcs seront soumises à des prescriptions générales (régime d’enregistrement), et seules les installations de plus de 2 000 porcs auront des prescriptions de fonctionnement faites sur mesure. Cette modification sera lourde de conséquence pour l’environnement et est totalement incohérente avec l’engagement de l’Etat de rétablir une bonne qualité des eaux.

France Nature Environnement s’est toujours opposé au régime d’enregistrement, et aujourd’hui, nous devons nous mobiliser pour faire entendre notre voix.

Pour cela, merci de participer à la consultation publique sur le décret modifiant la nomenclature ICPE, en postant, sur ce lien le texte ci-dessous :

Contre la création du régime enregistrement pour les élevages porcins de plus de 450 têtes

Parce que nous sommes attachés à notre territoire, nous nous opposons à la création du régime enregistrement pour les élevages de plus de 450 porcs. Avec ce régime, plusieurs procédures dont l’objectif est la préservation de l’environnement et l’avis des citoyen.nes ne seront plus demandées pour la création d’un nouvel élevage.

Avec l’enregistrement, plus d’étude d’impact ! Ainsi il n’y aura aucune étude pour mesurer l’effet sur le territoire de cette installation, donc aucune mesure spécifique prise pour réduire les impacts négatifs, même dans des zones où le trop plein d’azote provoque l’explosion des algues vertes.

Avec l’enregistrement, plus d’enquête publique ! Ainsi, ni les associations, ni les citoyen-nes ne pourront savoir ce qui va se créer, connaître le dossier, l’ampleur du projet, sa localisation, la façon de gérer les lisiers... pas de commissaire enquêteur qui permet un regard neutre. Même les CODERST ne seront plus consultés !

Avec l’enregistrement, ce ne seront plus des prescriptions propres qui s’appliqueront mais des mesures types adoptées au niveau national. Impossible de prendre en compte la diversité des territoires et leur fragilité plus ou moins importante par rapport à ce type d’installation dans un arrêté national.

Pour ces raisons, nous demandons l’abandon de ce projet de modification du décret et le maintien du régime autorisation pour les élevages de plus de 450 porcs.

 


 

Source : Courriel à Reporterre de France Nature Environnement

Photo : Lilithlifestyle

Lire aussi : Ayrault veut assouplir les règles environnementales de l’élevage industriel porcin

 

 

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