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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 16:22

 

Source : bastamag.net

 

 

Liberté de cultiver

Agriculteurs et jardiniers seront-ils bientôt obligés de cultiver dans la clandestinité ?

par Sophie Chapelle 22 novembre 2013

 

 

 

 

Les paysans qui ressèment leur récolte seront-ils considérés comme des trafiquants ? Oui, ont répondu les sénateurs en adoptant le 20 novembre à l’unanimité un projet de loi élargissant aux plantes le délit de contrefaçon. S’émanciper des droits de propriété détenus par les grandes firmes semencières sera désormais un délit. La loi prévoit aussi de nouveaux moyens de répression contre paysans et jardiniers clandestins. Pour les promoteurs de la loi, il s’agit simplement de « protéger les entreprises ».

Semer sa propre récolte. Un acte des plus banal perpétué depuis les prémisses de l’agriculture. Un acte désormais considéré comme criminel, au même titre que l’impression de fausses monnaies, la vente de médicaments illicites à partir de molécules copiées, ou la reproduction de sacs ou de montres de grandes marques. En 2014, la chasse aux contrefaçons pourrait s’étendre jusque dans les potagers, les champs et les fermes. Le 20 novembre, les sénateurs ont voté à l’unanimité – y compris les écologistes – une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre la contrefaçon. Celle-ci représente « près de 10 % du commerce international » et grève les recettes fiscales de la France de plus de six milliards d’euros chaque année. Or, la répression de la contrefaçon prévoit d’être étendu à l’ensemble des branches de la propriété intellectuelle. Parmi elles, les « obtentions végétales ». Un terme qui recouvre les semences de ferme, ces graines issues de variétés sélectionnées par l’industrie semencière, que l’agriculteur sème, récolte et, de fait, multiplie.

La contrefaçon est « souvent le produit de l’exploitation d’être humains et du travail illicite » pointe le projet le loi, et « participe au financement de nombreuses organisations mafieuses et terroristes ». « Les agriculteurs qui utiliseraient des semences de ferme sur leur propre exploitation [sont assimilés] de manière tout à fait abusive, à des criminels en réseau », s’insurge la Coordination rurale. « L’acte millénaire de sélectionner et de ressemer une partie de sa récolte sera considéré comme une contrefaçon, c’est à dire sera mis sur le même plan que la reproduction frauduleuse d’un objet ou d’une monnaie », renchérit le collectif Semons la biodiversité [1] qui avait interpellé les sénateurs dans une lettre ouverte. Graines de soja, de maïs, de tomates, de céréales ou de patates pourront ainsi être considérées comme des copies illégales !

Plusieurs groupes parlementaires [2] avaient pourtant demandé que soit insérée la précision suivante : « La production à la ferme par un agriculteur de ses semences pour les besoins de son exploitation agricole ne constitue pas une contrefaçon et ce, quelle que soit l’origine de ses semences. » Au final, seuls vingt sénateurs ont voté pour l’amendement porté par le groupe communiste, suite à la promesse du député socialiste Michel Delebarre, rapporteur du projet de loi, d’un nouveau débat. « Ce débat aura lieu dans le cadre de la loi d’avenir agricole en janvier prochain, a-t-il assuré. Il n’y a pas de risques avec ce projet. » Une lecture attentive du texte révèle pourtant le contraire.

 

L’État au service des entreprises privées

Cette loi vient renforcer un arsenal juridique qui protège les entreprises commercialisant des semences. Depuis 2011, une loi (analysée ici) autorise la reproduction à la ferme de seulement 21 variétés de semences, en échange du paiement d’une redevance appelée « Contribution volontaire obligatoire » (sic)... Pour toutes autres variétés, la reproduction est donc interdite, au prétexte de ne pas violer le droit de propriété intellectuelle détenue par l’entreprise ! « La loi de 2011 demande à tous les agriculteurs qui font des semences de ferme de s’enregistrer auprès de l’administration, explique Guy Kastler du Réseau semences paysannes, contacté par Basta !. Aujourd’hui, les entreprises ne poursuivent pas les agriculteurs qui n’ont pas payé cette redevance car elles n’en ont pas les moyens. Cela leur coûterait trop cher d’apporter la preuve de la contrefaçon. » Jusqu’à maintenant, les agriculteurs continuaient donc de reproduire leurs semences à la ferme, sans risquer d’être poursuivi [3].

« La nouveauté, c’est que ce projet de loi demande à l’administration d’aider l’entreprise à lutter contre les contrefaçons et de transmettre toutes les informations dont elle dispose », poursuit Guy Kastler. Les services de l’État mettront donc à disposition des entreprises une liste d’agriculteurs qui sont présumés contrefacteurs. Sur simple demande de l’entreprise détenant un droit de propriété intellectuelle sur une variété, les services des douanes pourront saisir les semences « contrefaites », ou la récolte qui en est issue. Un agriculteur ayant cultivé une variété pour laquelle les semences de ferme sont interdites pourra voir sa récolte détruite... « Ou confisquée jusqu’à ce qu’il paye des royalties (redevances, ndlr) s’il s’agit d’une espèce dérogatoire », précise Guy Kastler. Et d’ajouter que « si l’Etat n’applique pas la loi en faisant payer l’agriculteur, il pourra être poursuivi par l’entreprise », comme Basta ! l’avait déjà souligné dans cette enquête.

 

Des douaniers infiltrés en zone rurale ?

Pire, l’agriculteur ne devra pas seulement disposer de factures pour ses semences, mais aussi pour ses animaux reproducteurs et ses préparations naturelles. Quid du paysan-boulanger qui élabore son propre levain pour faire son pain, ou du fromager qui utilise son propre ferment ? Avec ce projet de loi, les douaniers pourront se présenter comme des acheteurs de semences de ferme en vue de prouver la contrefaçon. Ils pourront utiliser deux techniques, « l’infiltration » (article 9) et « les coups d’achat » (article 10), décrites dans la proposition de loi :

 

 

« Jusqu’à maintenant, l’entraide et la confiance sont des fondements du tissu social du monde rural », rappelle Guy Kastler. Mais avec ces dispositions, toute personnes demandant d’échanger des semences sera susceptible d’être un agent de la lutte contre les contrefaçons. De quoi générer un climat de méfiance généralisé... Pourtant, selon la Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF), il existe déjà « un arsenal juridique (...) permettant aux détenteurs des certificats d’obtentions végétales de faire respecter leur droit. Il en est pour preuve l’ensemble des contrôles réalisés sur le terrain très régulièrement chez les agriculteurs et chez les prestataires de service par les organismes habilités dans le but de contrôler le respect de la législation sur les semences. » En mai dernier, Basta ! relatait la visite d’un agent de la répression des fraudes sur un marché en Ariège, où les petits maraîchers se sont vus notifier une amende potentielle de 450 euros pour diffusion de « légumes clandestins »...

 

Généralisation des OGM ?

« C’est cette menace constante de poursuite en contrefaçon qui a conduit les agriculteurs américains à cultiver en moins de dix ans plus de 90 % de leurs champs de soja et de maïs avec des OGM brevetés et qui a condamné à la faillite ceux qui ont voulu résister », alertent plusieurs personnalités dans le journal Le Monde. Aujourd’hui, 75 % du marché mondial de semences est contrôlé par seulement… dix multinationales ! Mais pour le sénateur socialiste Richard Yung, à l’origine de la proposition de loi sur la contrefaçon, il s’agit de « protéger nos entreprises ». Richard Yung a fait toute sa carrière dans le monde de la propriété intellectuelle et des brevets, de l’Institut national de la propriété industrielle à l’Office européen des brevets, à Munich. « Le risque, c’est que vous développiez une nouvelle plante, et qu’elle soit reproduite sans que l’on vous paye », explique-t-il, cité par Reporterre.

Que les semenciers ne soient pas payés n’est pourtant pas d’actualité. Le montant des exportations de semences et plants, hors Hexagone, représente près de 1,5 milliard d’euros en 2012-2013, soit une hausse de 15 % par rapport à l’exercice précédent. « Cette performance représente l’équivalent de 20 Airbus A320 », se félicite ainsi le Groupement national interprofessionel des semences. Celui-ci reproche aux agriculteurs qui reproduisent leurs semences à la ferme de ne pas participer au financement de la recherche. Le caractère de telle variété plus résistante aux climats secs, ou de telle autre moins vulnérable aux insectes est-elle pour autant la propriété des grandes firmes semencières ? « Il est le résultat de 10 000 ans de sélection paysanne, anonyme et publique », estime Jacques Caplat de l’association Agir pour l’environnement. Le sélectionneur professionnel serait donc tout aussi redevable en s’appropriant un travail engagé par les paysans depuis des millénaires. Mais lui ne commet pas de délit de contrefaçon.

 

Paroles, paroles, paroles...

Le sort du premier maillon de la chaine alimentaire se joue désormais dans les arènes politiques. En 2007 déjà, une nouvelle loi sur la contrefaçon avait fait de la semence produite à la ferme une contrefaçon. A l’époque, le groupe socialiste avait initialement soutenu, avec des élus communistes, écologistes et centristes, un amendement qui excluait de la loi les semences de ferme [4]. Ils avaient retiré leur amendement à la suite de la promesse [5] du ministre de l’époque, Hervé Novelli, de reconnaître le droit des agriculteurs de produire leurs semences et de ne pas le considérer comme une contrefaçon dans une future loi. Or, la loi de 2011 a maintenu le caractère délictueux des semences de ferme... Et ce sont aujourd’hui les socialistes qui le promettent à leur tour...

Une bataille législative s’amorce, alors même que le gouvernement a estimé que le texte devait être voté en « procédure accélérée ». Le projet de loi sur les contrefaçons devrait être discuté à l’Assemblée nationale en février 2014. Face à l’arsenal législatif déployé pour interdire aux paysans d’exercer leur métier, une campagne pour une loi de reconnaissance positive des droits des agriculteurs et des jardiniers a été lancée. Après les sénateurs, les députés se contenteront-ils aussi de se comporter en simple chambre d’enregistrement des desiderata des lobbys industriels ? Et de considérer nombre d’agriculteurs comme des voleurs ?

Sophie Chapelle
(@Sophie_Chapelle)

Photo : CC Daniel Jolivet

 

Notes

[1Ce collectif regroupe 22 associations et syndicat, et promeut le respect absolu du droit des agriculteurs de réutiliser et échanger leurs semences.

[2Les groupes écologiste, CRC (communiste républicain citoyen), Nouveau-Centre, UMP, RDSE (Rassemblement démocratique et social européen).

[3A l’exception du blé tendre pour lequel le décret est déjà appliqué.

[4L’amendement défendu était le suivant : « Ne constitue pas une contrefaçon la reproduction par un agriculteur de semences de ferme pour les besoins de son exploitation agricole, et ce quelle que soit l’origine de ces semences. »

[5Lire la retranscription des débats du 17 octobre 2007.

 

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 22:14

 

Attac France — 2013

 

Les Possibles Revue éditée
à l’initiative du Conseil
scientifique d’Attac

No. 01 Automne 2013

 

   
Éditorial : La promesse des biens communs
Pour toutes celles et tous ceux qui nous ont accompagnés depuis le début de la préparation du premier numéro de cette revue, qui nous ont rejoints ou qui nous rejoindront – nous l’espérons – par la suite, nous transcrivons ci-après de larges extraits de l’appel à création que nous avions lancé au printemps dernier et qui introduisait le dernier numéro de la Lettre du Conseil scientifique, à laquelle cette nouvelle revue est appelée à succéder. Cet appel indique le sens du projet que nous mettons en œuvre, dont l’ouverture permanente que nous souhaitons lui donner sera un critère de sa réussite. Nous le complétons en présentant le contenu thématique de ce premier numéro, qui a été conçu en lien avec une actualité faite de remises en cause des acquis sociaux, de renoncement à tout changement véritable de la part des gouvernements des pays européens, et notamment du gouvernement français, dans un contexte de crise sociale et écologique chaque jour plus dangereuse.
   

Dossier Protection sociale

L’état de la protection sociale en France et dans l’Union européenne. Vers la mise à mort de l’État-providence ?
par Jean Tosti
Les néolibéraux, qu’ils soient économistes ou politiciens, nous annoncent ou nous promettent depuis maintenant des décennies la fin de l’État-providence. C’était encore le cas il y a quelques semaines aux Pays-Bas où le roi, à peine descendu de son carrosse doré, tenait devant les parlementaires un discours où il estimait dépassé « l’État-providence classique de la deuxième moitié du vingtième siècle ». À quoi il ajoutait : « À tous ceux qui le peuvent, il est demandé de prendre leurs responsabilités pour leur propre vie et pour leur entourage [1]. » De discours en discours, de sondage en sondage, les populations européennes ont fini par croire qu’effectivement les États étaient trop dépensiers et qu’il fallait que ça cesse. Elles oublient simplement, ou on oublie de leur dire, que l’État-providence, c’est d’abord et avant tout la protection sociale à laquelle elles ont droit.
Pour reprendre l’offensive : penser la révolution de l’État social
par Christophe Ramaux
Le néolibéralisme est entré depuis 2007 dans une crise irréversible. Il peut certes perdurer. La frange extrêmement réduite (le fameux 1 % et même 0,01 % des hauts cadres de la finance et des multinationales), qui a vu ses revenus exploser grâce à ce régime, y a intérêt. Mais le carburant grâce auquel il a longuement fait illusion – la hausse de la dette privée en lieu et place des salaires directs et indirects (les prestations sociales) – a atteint ses limites. Il ne tiendra dorénavant qu’au prix de l’enlisement sans fin dans la crise. Comment en sortir ? Ce qui bloque à l’évidence n’est pas tant la force propre du néolibéralisme que l’absence d’alternative cohérente à lui opposer. Quelle peut-elle être ? Dans ce qui suit, on soutient que celle-ci est déjà là sous nos yeux avec l’État social, dont la protection sociale est l’un des piliers. Le principal frein à l’alternative est dans les têtes : nous n’avons pas saisi toute la portée révolutionnaire de l’État social. Comment expliquer cela ? En quoi la protection sociale illustre-t-elle cette portée révolutionnaire ?
Trois modèles de protection sociale en Europe de 1995 à 2010
par Georges Menahem
Quand nous comparons les modèles de protection sociale dans le monde, nous constatons qu’ils assurent aux personnes couvertes des niveaux très différents de sécurité de leurs ressources selon les pays et les époques. Par exemple, face aux situations de chômage ou de maladie, la sécurité des revenus est beaucoup plus faible aux États-Unis qu’elle ne l’est dans les pays européens (Menahem, 2008). Dans cet article, je vais me limiter à une comparaison entre les pays de l’Europe des Quinze, en m’appuyant sur les dernières statistiques d’Eurostat de 2013. L’actualisation de mes calculs réalisés il y a huit ans montre que les systèmes de protection sociale sont encore très différents entre le sud et le nord de l’Europe (1). Ils ont un rôle néanmoins toujours très important, à la fois pour la sécurité des revenus qu’ils procurent aux personnes et pour la stabilisation macroéconomique qu’ils assurent aux économies confrontées avec les crises (2). Et les retraites ? Pour commencer à répondre à cette question, nous centrerons notre attention dans la dernière partie sur la comparaison des évolutions des prestations retraites dans les différents pays européens entre 1995 et 2010 (3).
Les différentes facettes de la privatisation rampante du système de santé
par André Grimaldi
Le processus de privatisation des systèmes de santé a été imaginé dans les années 1980 par des think-tanks (Gouvernance Institute et Institute Health Summit). Puis il a été adopté par l’OCDE et l’OMC, laissant le soin à chaque pays d’adapter son application en tenant compte des spécificités nationales [2]. Combattre ce processus de privatisation suppose d’intervenir sur plusieurs fronts [3] : sur le front théorique et idéologique, sur le modèle scientifique de la médecine, sur celui de l’« hôpital-entreprise » et sur le financement du système de santé.
Pour un financement de la santé à la hauteur des besoins
par Pierre Khalfa
La question des besoins en matière de santé est complexe. Elle renvoie à la fois à la notion de bien-être individuel, dont le caractère subjectif est évident, et aux objectifs d’une politique de santé publique qui doivent, en théorie, relever du débat démocratique. Ces deux points ne seront pas traités dans cet article qui se concentrera sur les évolutions du financement de la santé et les débats que ces dernières ont entraînés.
Femmes et retraites : un besoin de rupture
par Christiane Marty
La réforme de 2013 est censée faire face à une aggravation plus importante que prévue du déficit des caisses de retraite, qui atteindrait progressivement 20 milliards d’euros en 2020. La raison de ce déficit n’a rien à voir avec des évolutions démographiques mais est essentiellement liée à la crise, comme l’indiquent le Conseil d’orientation des retraites (COR) et, après lui, le rapport Moreau. Les politiques d’austérité, la baisse d’activité et le chômage conduisent en effet à une baisse des recettes sociales (et fiscales). Le gouvernement avait annoncé une réforme menée au nom de la justice sociale et de la réparation des injustices. Rien de nouveau, cette référence à l’équité était omniprésente lors des précédentes « réformes » de retraite… qui ont pourtant fait peser tous les efforts sur les salarié-es et les retraité-s et ont conduit à une importante baisse du niveau des pensions. Elles ont eu des conséquences encore plus négatives pour les femmes, et leurs effets n’ont pas fini de se faire ressentir, alors que les inégalités de pension sont très importantes entre les sexes. Il est donc utile de faire un point sur la situation et les enjeux actuels pour les femmes.
Du RMI et de l’API au RSA, les écueils de la « solidarité active »
par Anne Eydoux
Cet article questionne ce qu’il est convenu d’appeler la « solidarité active » qui a présidé à la lente métamorphose du revenu minimum d’insertion (RMI) et de l’allocation de parent isolé (API) en revenu de solidarité active (RSA). Cette métamorphose a vu les injonctions au retour à l’emploi des allocataires se faire plus pressantes, dans un contexte de décentralisation des politiques d’insertion et de généralisation de l’accompagnement vers l’emploi. La conception de la solidarité publique s’est modifiée, dépréciant la logique de soutien au revenu des ménages pauvres au profit d’une logique d’incitation individuelle au retour à l’emploi, tandis que la responsabilité de l’insertion était transférée de l’État vers les allocataires et vers les départements. La mise en évidence du caractère problématique de ces changements permet d’expliquer les échecs de la « solidarité active » et d’esquisser des pistes de réforme.
Revenir à la société : la question du revenu inconditionel Pour une conception ATTACquante et non pas défensive de la protection sociale : acquérir de nouveaux avantages en faveur de la société
par Baptiste Mylondo, Michel Lepesant
Il peut sembler incongru de traiter du revenu inconditionnel dans un dossier sur la protection sociale : cette mesure aux multiples noms et variantes est souvent critiquée à gauche par ceux qui craignent qu’elle ne remette en cause notre système français de protection sociale. En effet, dans une optique libérale, il s’agirait bien de supprimer l’essentiel des prestations sociales avec, pour solde de tout compte, le versement d’un revenu minimum, le plus souvent d’un montant indécent. Un tel revenu minimum impliquerait alors une régression sociale, qui se traduirait notamment par une baisse des prestations mais surtout par la disparition de certains dispositifs assurantiels comme l’assurance chômage ou même l’assurance maladie (comme le redoute par exemple Michel Husson [4]).
À l’offensive pour un autre travail grâce au salaire à vie À l’offensive pour un autre travail grâce au salaire à vie et à la copropriété d’usage des entreprises
par Bernard Friot
Le conflit sur les pensions offre des tremplins décisifs pour une émancipation du travail des institutions capitalistes qui l’enchaînent : la propriété lucrative, le marché du travail et la mesure de la valeur par le temps. S’en saisir suppose que nos revendications immédiates soient :
  • retraite à 55 ans,
  • 100 % du meilleur salaire net quelle que soit la durée de la carrière,
  • financement par une hausse des salaires bruts et du taux de cotisation. Et pas, donc : retraite à 60 ans, 75 % du salaire (sans préciser si c’est le brut ou le net), retour aux 10 meilleures années pour le salaire de référence, retour à la carrière complète de 37,5 annuités (ou passage à 35) avec élargissement de leur mode de calcul (intégration de temps de formation, coefficient de pénibilité, baisse du salaire trimestriel minimum), financement par taxation du capital sous ses diverses formes. Toutes ces revendications nous enferment dans le terrain que se sont choisi les réformateurs, celui de la pension comme revenu différé.
Du développement social à la protection sociale : quel progrès ?
par Francine Mestrum
Après vingt ans de « lutte contre la pauvreté », les organisations internationales du développement proposent des politiques de protection sociale universelle. Est-ce un progrès ? Cette protection sociale signifie-t-elle un retour au « développement social » des années 1970 ? Va-t-elle au-delà de la réduction de la pauvreté ? Constitue-t-elle une rupture avec les politiques néolibérales ?
Quand, en 1968, Robert McNamara devient président de la Banque mondiale (BM) – après avoir été ministre de la défense dans les gouvernements de Kennedy et de Johnson aux États-Unis –, il constate que les progrès en matière de développement ne sont pas particulièrement spectaculaires. Il commande un rapport indépendant sur le bilan de vingt ans d’aide au développement et des propositions pour une stratégie globale pour les années 1970.
Autour de la protection sociale, de quoi parle-t-on ? Autour de la protection sociale, de quoi parle-t-on : salaire, cotisation, valeur ajoutée, revenu, prélèvements, financement, paiement, socialisation… ?
par Jean-Marie Harribey
Les discussions sur la protection sociale sont souvent compliquées par la variété des définitions des mots employés et la variété des sens accordés à ces mots à partir parfois d’une même définition. Il est difficile, sinon impossible, de proposer un cadre sémantique sur lequel il y aurait consensus. Mieux vaut essayer de dégager les enjeux de telles incertitudes ou des désaccords, la discussion étant autant politique que théorique. On le vérifie notamment avec les notions de salaire socialisé, de valeur, de cotisation sociale, de revenu et de revenu d’existence.
 

Débats

Réflexions sur « Le capital au XXIe siècle » de Thomas Piketty
par François Chesnais
Le capital au XXIe siècle de Thomas Piketty [5] est un gros livre (plus de 950 pages) au titre ambitieux, ce dont il est tout à fait conscient. Le livre aurait pu être plus long encore, puisque Piketty renvoie à des annexes sur son site Internet. Cependant, il cerne soigneusement son sujet. On sait dès les premières lignes qu’il va traiter de l’évolution de la répartition des richesses dans le long terme et du rapport entre l’accumulation de capital privé et sa concentration. Il s’agit, « au début de ce siècle de tirer de l’expérience des siècles passés quelques modestes clefs pour l’avenir » portant sur l’évolution des inégalités de revenu et de patrimoine tout en sachant que « l’histoire invente ses propres voies » (p. 60). Piketty veut aider ses lecteurs à l’aide de références littéraires qui peuvent être une incitation à relire, ou à lire pour la première fois, les grands romanciers observateurs de la société bourgeoise anglaise et française du XIXe siècle et du début du XXe. Il reste que, si la lecture du livre section par section est généralement claire et facile, sa structure en rend le maniement ardu et l’accessibilité assez difficile.
Éléments de réponses à François Chesnais
par Thomas Piketty
Je voudrais d’abord remercier François Chesnais pour sa lecture attentive de mon livre et pour ses commentaires élogieux. Je vais ici me concentrer sur quelques remarques permettant de préciser certains points de désaccords possibles.
« La richesse, la valeur et l’inestimable » de Jean-Marie Harribey
par Eric Toussaint
Jean-Marie Harribey a fourni un travail colossal pour mettre à la disposition des lectrices et des lecteurs cet important ouvrage qui a pour sous-titre « Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste [6] ». L’auteur nous invite à découvrir ou revisiter les œuvres d’Adam Smith, de David Ricardo, de Karl Marx, de John Maynard Keynes et de bien d’autres en les confrontant au capitalisme actuel. Ce n’est pas une des moindres qualités de ce livre que de prendre la peine de résumer les travaux des classiques avant de les soumettre à la critique.
Éléments de réponse à Éric Toussaint
par Jean-Marie Harribey
Je remercie tout d’abord chaleureusement Éric Toussaint pour la recension de mon livre [7], ainsi que pour les notes et remarques, certaines critiques, qu’il m’adresse, montrant ainsi la qualité et la finesse de sa lecture.
La critique est totalement libre et ce qui suit n’est qu’un essai de poursuite de la réflexion et de la discussion, sans clore bien sûr cette dernière.
 

La revue des revues

En rapport avec le dossier sur la protection sociale : la Lettre de l’ONPES L’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale
par Jacques Cossart
L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) qui propose plusieurs articles et études qui viennent illustrer le contenu de ce premier numéro de la revue.
L’Observatoire des inégalités qui propose un dossier sur la pauvreté en France et un autre sur les minima sociaux en France.
En rapport avec le dossier sur la protection sociale : l’Observatoire des inégalités L’Observatoire des inégalités
par Jacques Cossart
On se reportera aussi avec avantage à l’Observatoire des inégalités
Rapports des institutions internationales : le rapport 2013 du PNUD Le rapport 2013 du PNUD
par Jacques Cossart
Le rapport 2013 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) est intitulé : « L’essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié »,
Rapports des institutions internationales : la banque mondiale et le business La banque mondiale et le business
par Jacques Cossart
Tout d’abord « Doing business » dont la version complète est publiée en anglais, et dans une version abrégée en français
Rapports des institutions internationales : les indicateurs de la Banque mondiale Les indicateurs de la Banque mondiale
par Jacques Cossart
La Banque mondiale propose, en plusieurs langues, dont le français, sous le titre « Données–Indicateurs » un outil interactif donnant accès à plus de 300 indicateurs regroupés en 18 chapitres et portant sur la période 1980-2012.
Rapports des institutions internationales : le rapport 2013 sur le développement de la Banque mondiale Le rapport 2013 sur le développement de la Banque mondiale
par Jacques Cossart
« World development report2013 » dont la lourde version complète (422 pages) est publiée en anglais, est le rapport de la Banque mondiale sur le développement dans le monde de 2013, centré sur l’emploi.
Rapports des institutions internationales : le rapport 2014 sur le développement de la Banque mondiale Le rapport 2014 sur le développement de la Banque mondiale
par Jacques Cossart
La Banque mondiale vient depublier son Rapport sur le développement dans le monde 2014 « Risques et opportunités, La gestion du risque à l’appui du développement », . L’objectif de la Banque mondiale est d’apporter une réponse à « la question pressante : comment pouvons-nous accroître notre résilience face aux risques ? »
Rapports des institutions internationales : la richesse dans le monde selon le Crédit suisse La richesse dans le monde selon le Crédit suisse
par Jacques Cossart
« Global Wealth Report 2013 » est le rapport du Crédit suisse sur la fortune dans le monde.Le terme « wealth » ne doit pas conduire à penser que les chiffres indiqués rendraient compte de la valeur des PIB dans le monde ; il s’agit de l’évaluation des stocks de fortunes individuelles sur la base des valeurs immobilières et mobilières, dont on sait qu’elles ne représentent que du capital fictif tant qu’elles ne sont pas liquidées.
Rapport du GIEC : La dégradation climatique
par Jacques Cossart
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a présenté le 27 septembre 2013 la première partie (éléments scientifiques) du cinquième rapport d’évaluation du GIEC ; on trouvera, en français, les documents relatifs aux quatre précédents, le dernier datant de 2007.
Le GIEC est organisé en trois groupes de travail auxquels s’ajoute une équipe chargée des inventaires nationaux des gaz à effets de serre (GES). Ce sont plusieurs centaines de scientifiques et experts du monde entier qui contribuent, bénévolement, à l’établissement des rapports.
Le lourd rapport (2 216 pages) apportant les éléments scientifiques n’a été rendu public en septembre 2013 qu’après l’adoption, à l’unanimité, du « Résumé à l’attention des décideurs » relatif au rapport final ; on lira ici une version non officielle, en français, dudit résumé.
Information sur la lutte des femmes de LATelec en Tunisie
par Esther Jeffers
LATelec est une société filiale à 100 % du groupe français Latécoère. Cet équipementier aéronautique français est l’un des leaders mondiaux de son secteur et fournit de grands noms de l’aviation comme Airbus ou Dassault.
 Le document de référence et les derniers comptes financiers 2012, qu’on pourra consulter, montrent que le chiffres d’affaires a crû au cours des trois derniers exercices (page 18).
La Syrie, que faire ?
par Jacques Cossart
En raison de son emplacement géographique, sur la route des échanges entre l’Europe et l’Asie, la Syrie joue, depuis la haute Antiquité, un rôle important dans l’histoire. En témoignent les très nombreuses dominations qu’elle a subies, depuis celle des Égyptiens près de 1700 ans avant J.-C., jusqu’aux décennies du protectorat français qui a pris fin en 1946. Le parti Baas s’imposera dès 1966 jusqu’à la prise de pouvoir, après la défaite de la Guerre des Six Jours, par la général Hafez el-Assad dont le fils cadet Bachar el-Assad sera nommé président de la République en 2000, après la mort de son père. L’utilisation de la religion est constante depuis des décennies.
 
Attac France — 2013
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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 19:12

 

Source : lemonde.fr

 

Les liquidations d'entreprise atteignent des sommets en France

Le Monde.fr | 21.11.2013 à 08h32 • Mis à jour le 21.11.2013 à 13h11 | Par Denis Cosnard

 
 
La faillite de FagorBrandt, l'un des champions de l'électroménager en France, met en péril 1 870 emplois.

Le titre était prémonitoire. « Ce journal, nous lui avons donné le nom du temps qui vient : L'Impossible », écrivait Michel Butel il y a un an et demi, pour présenter son nouveau mensuel. Après quatorze numéros, la structure qui l'éditait a récemment déposé le bilan.

Lancer en kiosque un journal qui se revendiquait « bancal, foutraque, élégant, pauvre, écrit, engagé, indépendant » relevait du pari. Les problèmes de santé de Michel Butel l'ont rendu impossible à gagner. A 74 ans, l'ancien patron de L'Autre Journal ne s'avoue pas vaincu pour autant, et promet de nouvelles aventures. Mais sous un autre nom…

Des PME ainsi rayées de la carte, jamais la France n'en avait recensé autant. Ces douze derniers mois, 43 981 entreprises ont été liquidées après avoir déposé leur bilan, selon les relevés de l'assureur-crédit Coface, qui publie ce jeudi 21 novembre son baromètre des défaillances.

C'est 2 % de plus qu'en 2009, l'année catastrophique qui avait suivi la chute de la banque américaine Lehman Brothers et vu un effondrement de la production industrielle. Cette année-là, le nombre de faillites était monté en flèche. Puis il a décru lentement, grâce à la reprise économique.

Mais depuis le printemps 2012, la chute de la croissance puis l'entrée de la France en récession ont provoqué une deuxième vague de défaillances, malgré tous les efforts du gouvernement, en particulier la mobilisation des commissaires au redressement productif dépêchés par le ministre Arnaud Montebourg dans les régions.

 

 LIQUIDATIONS EN SÉRIE

Au cours des douze derniers mois, 62 431 entreprises ont ainsi été placées en procédure de sauvegarde, mises en redressement judiciaire ou liquidées, le cas le plus courant. « C'est un total très élevé, en hausse de 4 % par rapport à la même période de 2012 », souligne Jennifer Forest, de Coface.

Le nombre d'entreprises en grande difficulté retrouve ainsi presque son sommet de 2009. Et en ce qui concerne les seules liquidations, le record est battu.

« Avec la crise de 2009, certaines sociétés se sont retrouvées fragilisées, analyse Mme Forest. Elles ont alors puisé dans leurs fonds propres pour tenir le choc. Ensuite, la petite reprise de 2010-2011 n'a pas été suffisante pour qu'elles se reconstruisent. Si bien qu'elles prennent de plein fouet la nouvelle dégradation de la conjoncture. » Comme un tissu ancien, trop souvent lavé, rincé, essoré, qui finit par craquer. »

Plusieurs grosses PME, souvent assez dépendantes du marché français, ont ainsi dû frapper à la porte du tribunal de commerce au cours des derniers mois.

C'est notamment le cas d'Européenne Food, un important grossiste de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), de l'institut de sondage LH2, ou encore des déménagements Guigard, près de Lyon. Sans oublier la plus lourde faillite du moment, celle de FagorBrandt, l'un des champions de l'électroménager en France. Un fiasco qui met en péril 1 870 emplois.

Lire : Quatre repreneurs en lice pour l'institut de sondages LH2

Avec des entreprises de cette taille, les juges optent en général pour la sauvegarde si la situation n'est pas trop dégradée, ou le redressement judiciaire, qui donne le temps de chercher des repreneurs. Cependant, le succès n'est pas forcément au rendez-vous, même lorsque la société bénéficie d'un certain renom.

 

 LE SECTEUR DE LA DISTRIBUTION EST PARTICULIÈREMENT AFFECTÉ

Un exemple ? Marithé et François Girbaud. La griffe de jeans des deux créateurs français avait été placée en redressement judiciaire en mai 2012. Le tribunal de commerce de Paris jugeait alors possible de sauver la société, dont, à la grande époque, certains films publicitaires avaient été tournés par Jean-Luc Godard.

Mais au bout d'un an et demi de procédure, les discussions engagées avec un gros partenaire étranger n'aboutissant pas, le tribunal a prononcé la liquidation le 5 novembre. Environ 80 postes ont été supprimés, et les boutiques détenues en propre ont baissé le rideau.

La même mésaventure est arrivée au club de football professionnel du Mans, placé en redressement en août et liquidé à la mi-octobre. L'équipe jouait encore en Ligue 1 il y a trois ans.

Mais pour 30 % d'entreprises qui bénéficient d'un redressement judiciaire permettant une éventuelle sortie « par le haut », 70 % vont directement à la liquidation. C'est d'ailleurs presque toujours le cas pour les petites et très petites sociétés (TPE), peu susceptibles d'attirer des repreneurs.

« Or ces PME et TPE sont particulièrement affectées par la crise actuelle et la baisse du pouvoir d'achat », relève Mme Forest. C'est ce qui explique que, depuis un an, la hausse des liquidations (+6 %) soit plus forte que celle des ouvertures de redressements judiciaires (+0,5 %).

Les secteurs les plus touchés par la recrudescence des défaillances sont d'ailleurs ceux les plus sensibles à la consommation des ménages, comme la distribution.

Parmi les enseignes fauchées récemment figurent Marithé et François Girbaud, mais également les magasins de musique Milonga et les vêtements pour enfants Marèse (marque Ooxoo). Et surtout, des milliers de petits commerces d'habillement et de chaussures. Certes, ces pas-de-porte ne font pas les gros titres, mais ils représentent le quotidien des tribunaux de commerce.

Lire aussi : Le risque juridique refroidit les fonds spécialisés dans les rachats d'entreprises

Denis Cosnard
Journaliste au Monde

 


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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 18:48

 

Source : lepoint.fr

 

Le Point.fr - Publié le 21/11/2013 à 12:06

La chancelière allemande Angela Merkel est contrainte de faire cette concession à ses futurs partenaires sociaux-démocrates dans le gouvernement.

Angela Merkel. Angela Merkel. © Sipa
La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé jeudi que l'Allemagne allait se doter d'un salaire minimum généralisé, une concession qu'elle doit faire à ses futurs partenaires de gouvernement sociaux-démocrates. "Nous allons décider des choses que, au vu de mon programme, je ne considère pas comme justes, parmi elles un salaire minimum généralisé", a dit la chancelière dans un discours à Berlin, évoquant les négociations en cours entre son parti conservateur et les sociaux-démocrates (SPD) pour former un gouvernement.

"Une appréciation réaliste (de la situation) montre que les sociaux-démocrates ne vont pas conclure les négociations sans" un salaire minimum, une de leurs revendications centrales, a-t-elle dit, ne livrant aucun détail sur son niveau ou sa date d'introduction. "Je vais tout faire, le (parti conservateur) CDU va tout faire" pour minimiser les effets sur l'emploi d'un tel salaire minimum, a ajouté la chancelière, qui s'adressait à un parterre de patrons allemands. Elle a aussi rappelé que le gouvernement de coalition en gestation n'était "pas la constellation rêvée" des intéressés, mais "le résultat du vote" des électeurs allemands, le 22 septembre.

Elle a martelé que son parti n'allait pas céder sur un autre point cher au SPD, une hausse des impôts pour les plus nantis. Ni sur la priorité donnée à l'allègement de la dette allemande, un "projet central" du gouvernement allemand pour les quatre prochaines années. L'Allemagne n'a pas de salaire minimum pour tous pour le moment, les salaires sont négociés branche par branche entre les partenaires sociaux et dans certains secteurs les salariés touchent moins de cinq euros. Le SPD a fait campagne pour un salaire minimum horaire de 8,50 euros.

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 16:20

 

Source : reporterre.net

 

Libertés

 Ferme des Mille vaches : Novissen et Confédération paysanne en garde à vue

Hervé Kempf (Reporterre)

 

jeudi 21 novembre 2013

 

 

 

Le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, et le président de l’association Novissen, Michel Kfoury, ont été placés ce matin jeudi en garde à vue à la gendarmerie d’Abbeville, dans la Somme, ainsi que quatre autres membres du syndicat agricole. Il leur est reproché l’action menée en septembre sur le chantier de la ferme industrielle dite des "Mille vaches".

 


Dernière nouvelle, 15h20 : "La Confédération paysanne appelle tous les opposants à l’industrialisation de l’élevage à manifester leur soutien aux gardés à vue. Nous mobilisons donc depuis quelques minutes nos adhérents dans la mesure du possible devant la gendarmerie d’Abbeville". - Source : courriel de Novissen.


Le président de l’assocation Novissen, Michel Kfoury, et Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, sont en garde à vue à la gendarmerie d’Abbeville (Somme), ainsi que Manuel Aze, paysan, et trois salariés du syndicat.

En septembre dernier, des membres de la Confédération paysanne avaient investi, durant la nuit, le chantier de cette ferme industrielle à Buigny-Saint- Maclou et Drucat-le-Plessiel, dans la Somme, près d’Abbeville.

Michel Ramery, promoteur du projet, avait porté plainte pour "vol et dégradation".

Marie-Noelle Orain, secrétaire générale de la Confédération paysanne, est sur place. Elle répond au téléphone à Reporterre :

"Ils ont été convoqués ce matin à 9 h 00, et à 9 h 15, les gendarmes nous ont dit qu’ils restaient placés en garde à vue.

"C’est très disproportionné au regard de ce qui est reproché à la Confédération paysanne. Nous reconnaissons l’action, que des engins ont été mobilisés et qu’un slogan a été peint sur le site. Mais il n’y a bien sûr pas eu de vol : des pièces soustraites ont été remise le lendemain à Rennes au Salon de l’élevage.

"Cette action a été menée pour dénoncer un système qui tue l’agriculture, qui tue les paysans. C’est une action de sauvegarde des paysans.

"Si ’lon regarde les fréquentes dégradations commises durant les manifestations de la FNSEA, on ne peut qu’être surpris : il y a deux poids, deux mesures."

Jeudi matin, la FNSEA a organisé des blocus routiers en Ile-de-France. Un pompier de 28 ans est mort lors d’un accident survenu sur l’un des barrages d’agriculteurs dans le Val d’Oise et un second accident entre un tracteur et un car de CRS a fait six blessés légers.


Source : Hervé Kempf pour Reporterre.

Photo : En septembre (L’Union).

Lire aussi : "1000 vaches" : paroles de paysans contre l’usine à vaches en Picardie.


Pour une information libre sur l’écologie, soutenez Reporterre :

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 16:10

 

 

Source : marianne.net

 

L'économie n'est pas une science morale
Jeudi 21 Novembre 2013 à 05:00

 

Michel Santi*

 

Dans le cadre de la crise économique et financière qui sévit aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis, la manipulation pratiquée sur les opinions publiques atteint son paroxysme.

 

L'économie n'est pas une science morale

Nous pensons que nous savons. Dans le cadre de la crise économique et financière qui sévit aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis, la manipulation pratiquée sur les opinions publiques atteint son paroxysme. Certes, cette intox n’est-elle (et de loin) pas un phénomène récent. Déjà en 1996, un sondage avait révélé que la majorité des citoyens américains était persuadée que le déficit budgétaire s’était détérioré sous la Présidence Clinton…alors que – en réalité - il n’avait fait que s’améliorer !


Pour autant, la désinformation subie par nos sociétés devient aujourd’hui carrément dramatique. Ainsi, un sondage conduit il y a quelques semaines par Google indique une majorité convaincue de l’aggravation du déficit budgétaire US depuis 2010, sachant que 40% des sondés vont jusqu’à déclarer que ce chiffre s’est même très substantiellement détérioré. Alors que seuls 12% des sondés semblent au courant de la réalité, qui est que le déficit budgétaire américain s’est considérablement amélioré depuis 2010 ! Nous pensons que nous savons. Mais nous sommes induits en erreur par des responsables politiques ultra-libéraux, dont l’unique objectif est de conditionner notre réflexion et nos réactions en faveur d’un strict conservatisme économique.


Restons sur le terrain américain où l’affrontement entre progressistes et orthodoxes prend des allures de pugilat. A cet égard, soyons sans illusion sur la situation prévalant en Europe, même si cette ligne de fracture – qui existe aussi très clairement – évite pour le moment de sombrer dans les excès verbaux. Ou dans des déclarations ambigües et fallacieuses, quand elles ne sont pas ouvertement mensongères, comme cela se pratique quotidiennement aux Etats-Unis. A l’instar de ce parlementaire Républicains éminent, Eric Cantor, qui affirmait tout récemment  que le déficit de son pays était en augmentation. Ou comme le Sénateur Rand Paul qui accuse le gouvernement US actuel d’accumuler depuis des années un déficit d’« un trillion de dollars », alors que ce dernier – qui ne fait que baisser- serat de seulement 642 milliards en 2013 ! Sachant que ce même Rand Paul, expert auto-proclamé en économie et potentiel candidat à la Présidentielle américaine, fit une réponse incroyable à une question posée par un journaliste. En effet, interrogé sur son candidat idéal à la succession de Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale, Rand Paul devait afficher sa préférence pour … Milton Friedman, décédé en 2006 et qui – même encore vivant- aurait largement dépassé la limite d’âge pour diriger une banque centrale puisqu’il aurait eu 101 ans en 2013 !


Par delà cette bourde anecdotique et ridicule attestant de la culture et de la compétence économiques des « austériens », l’assainissement des déficits passe très clairement pour eux (bien) avant l’emploi. Leur pierre angulaire se décline donc en remboursement immédiat toutes les dettes et en réductions drastiques de toutes les dépenses publiques. Même si les travaux de leurs théoriciens – les économistes Reinhart et Rogoff cités à outrance pour leurs calculs déterminant un cliquet des endettements publics à 90% supposé nuire à la croissance – sont passés à la trappe pour des « erreurs excel » pitoyables.


Même si l’institution dont ils se réclamaient tous – à savoir le F.M.I. – a admis dès 2012  avoir sous-estimé les conséquences néfastes de la rigueur instaurée en Europe. En réalité, cette psychose de la dette est distillée pour des raisons identifiées il y a déjà près de 150 ans par Marx : pour asseoir et pour consolider l’emprise du capital sur nos sociétés.  Et décrites il y a 70 ans par l’économiste Kelecki dans son ouvrage –«  Les aspects politiques du plein emploi  «   – à une époque où il était encore du devoir des Etats d’assurer le plein emploi. Kalecki avait en effet lucidement décrit l’opposition féroce du monde des affaires, des patrons d’entreprises et du capital en général à l’encontre des dépenses publiques. Pour eux, toute intervention étatique était à bannir et à honnir – y compris dans le cadre d’une récession sévère -, car elle remettait en cause le climat de confiance, préalable à tout investissement.


Dès lors, la régulation, les dépenses sociales excessives, l’assurance-santé (comme on le voit aujourd’hui aux Etats-Unis) et les hausses d’impôts visant les nantis seraient autant d’écueils fragilisant la confiance, l’investissement et en définitive l’emploi ! Cette désinformation – ou ce chantage ! – se poursuit bien entendu de nos jours, tout en prenant une ampleur inédite puisqu’il nous est quotidiennement assené que l’expansion monétaire provoque l’hyperinflation, que les déficits budgétaires aboutissent à l’escalade des taux d’intérêt, que la rigueur budgétaire favorise l’emploi,  que la croissance s’inverse dès que les déficits publics dépassent 90% du P.I.B, et que la politique activiste de certaines banques centrales (Fed, Banque du Japon) empêche une croissance saine… Des forces à la puissance redoutable sont donc à l’œuvre – la droite conservatrice, les néo libéraux, la Bundesbank, la nation allemande, l’ignorance de nos politiques des mécanismes macro économiques –  dont l’objectif est d’instaurer toujours et partout la discipline et la culture de l’argent qui se doit d’être durement gagné.


Les organes de cette orthodoxie partent donc du principe dogmatique selon lequel souffrance et privations sont un chemin de croix incontournable pour lutter contre la dépression de nos économies. Ces austères austériens exigent une inflation nulle tout en récusant violemment une banque centrale dont la préoccupation serait de rétablir l’activité économique. Ces adeptes de l’ « école autrichienne » vivent dans un monde pré-copernicien, celui où l’on était encore persuadé que la Terre était plate ! Car, pour eux, tout doit être sacrifié – y compris l’emploi qui n’est en finalité qu’une variable – dans le but de conserver une inflation quasi-nulle, car leur morale leur enseigne que l’argent est une valeur sacrée. Tandis que la reflation est diabolique, parce que trop facile.

 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan), 

 

 

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 15:41

 

 

Source : bastamag.net

 

 

Responsabilité sociale ?

 Ecarts de rémunérations entre salariés et PDG : quelles sont les entreprises françaises les plus inégalitaires ?

par Ivan du Roy 21 novembre 2013

 

 

     

    Pour se rendre compte de l’ampleur des inégalités qui existent au sein d’une même entreprise, nous avons mesuré l’écart entre la rémunération des PDG et la dépense moyenne consacrée à chaque salarié de 47 sociétés cotées en bourse. En 2012, avec un écart allant de 1 à 264, l’entreprise la plus inégalitaire est Publicis, suivie de LVMH et Danone. Les entreprises les plus « raisonnables » en matière d’échelle de salaires sont Iliad (Free), Bouygues et Safran. De quoi alimenter le débat sur l’encadrement des rétributions des dirigeants. Enquête.

    Quel devrait être l’écart raisonnable de rémunération entre les salariés et leur patron ? Dans les années 1930, l’industriel Henry Ford, grande figure du capitalisme, estimait que pour être « admissible », l’échelle des salaires au sein d’une entreprise ne devait pas dépasser 1 à 40. Un bon demi-siècle plus tard, suite à la crise financière de 2008, le président Barak Obama propose de plafonner à 500 000 dollars la rémunération annuelle des dirigeants des entreprises renflouées par l’État. Soit un écart d’environ 1 à 25 avec le salaire minimum.

    De son côté, le gouvernement français décide en juin 2012 d’encadrer les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques, sur une échelle de 1 à 20 comparé au salaire moyen. Soit 450 000 euros maximum – 37 500 euros par mois – pour les PDG d’Areva, d’EDF ou de La Poste. Promise par François Hollande avant son élection, la mesure est entrée en vigueur en 2013. Nos voisins suisses pourraient même aller plus loin encore, puisqu’ils doivent se prononcer par référendum populaire, le 24 novembre prochain, sur une restriction de l’écart des salaires au sein d’une même entreprise de 1 à 12.

    Le « marché » est, lui, beaucoup plus généreux avec les dirigeants d’entreprises cotées que ne le sont Barack Obama et François Hollande, ou que ne l’était Henry Ford, pourtant très éloigné de l’idéal socialiste. Au sein des 47 grandes entreprises du CAC 40 et du SBF 120 (Société des bourses françaises, un indice qui prend en compte les 120 premières capitalisations boursières) que Basta ! et l’Observatoire des multinationales ont étudié (voir notre tableau ci-dessous), seules 13 entreprises pratiquent un écart de salaire « admissible » au sens où le concevait Henry Ford. Toutes les autres sont au-dessus. L’écart moyen entre les rémunérations et avantages des PDG et les dépenses moyennes consacrées aux salariés – salaires bruts, cotisations patronales, primes, heures supplémentaires, plans d’épargne retraite et mutuelles d’entreprise le cas échéant – est de 77 : un PDG gagne en moyenne 77 fois plus que ses salariés ! Et cette échelle prend en compte tous les éventuels « avantages » dont bénéficient, en plus de leurs salaires, les employés. Toutes les données sont issues des documents de référence remis par les entreprises à l’Autorité des marchés financiers.

     

    Publicis, LVMH et Danone, champions des inégalités salariales

    Selon notre classement, l’entreprise la plus inégalitaire en 2012 est Publicis. Pour percevoir la rétribution annuelle du PDG Maurice Lévy en 2012, les 57 500 salariés du groupe de communication devront travailler en moyenne 264 ans ! En d’autres termes, six générations d’une même famille devront chacun leur tour bosser pendant 40 ans à Publicis pour égaler les émoluments de leur patron sur une année ! Pourtant, le groupe présidé par Elisabeth Badinter fait partie des dix entreprises qui dépensent le plus, en moyenne, par salarié [1]. Ce grand écart est en partie lié à la rétribution exceptionnelle accordée en 2012 à Maurice Lévy, qui s’est vu octroyer une « rémunération conditionnelle différée » de 16 millions d’euros s’ajoutant aux 2,7 millions de salaire annuel.

    Derrière Publicis, arrive LVMH. Au sein de l’empire du luxe, il faudra travailler en moyenne 207 années pour gagner les 9,5 millions d’euros perçus par Bernard Arnault en 2012. Sa rémunération (3,9 millions) s’ajoute à la « valorisation des actions gratuites de performance attribuées au cours de l’exercice », soit plus de 5,5 millions d’euros. A mettre en parallèle avec les 45 163 euros que le groupe débourse en moyenne pour chacun de ses 106 348 « collaborateurs » dans le monde. Le multimilliardaire aime les records. Il est également la première fortune de France, avec un patrimoine équivalent à 1,8 million d’années de Smic.

     

    Le PDG de Publicis : 1091 années de Smic en 2012

    Médaille de bronze des inégalités salariales de 2012, le groupe agroalimentaire Danone, avec un écart allant de 1 à 195 entre le PDG Franck Riboud et la moyenne de dépenses consacrées aux 102 400 employés du groupe. Une gratification équivalente au travail de près de cinq générations de loyaux collaborateurs, qui, même s’ils partagent les valeurs du groupe, n’auront pas la « chance inouïe » de l’héritier d’Antoine Riboud. Derrière Danone, suivent le groupe hôtelier Accor, l’entreprise de service Sodexo – qui figurent parmi les entreprises qui dépensent le moins par salarié – ainsi que le groupe média Vivendi.

    Cliquez sur chaque entrée du tableau pour voir le classement des 47 entreprises par catégorie, par ordre croissant ou décroissant :

    Maurice Lévy, Bernard Arnault et Franck Riboud explosent ainsi allègrement le « maximum socialement acceptable » estimé par le cabinet de conseil et d’analyse financière Proxinvest, fixé à 240 Smic (1430 euros bruts par mois). Avec sa « rémunération conditionnelle différée », celle de Maurice Lévy atteint les 1091 années de Smic, 546 années de Smic pour Bernard Arnault et 319 pour Franck Riboud [2].

     

    Les moins inégalitaires : Iliad, Bouygues et Safran

    A l’inverse, quelles sont les entreprises les moins inégalitaires ? Iliad (télécoms), Bouygues (BTP), Safran (défense), Solvay (chimie) et Orange (ex-France Télécom) sont celles où les écarts de rémunérations pourraient être jugées « admissibles ». L’échelle entre employés et PDG n’excède pas 1 à 25. Les salariés n’y sont pas forcément mieux choyés qu’ailleurs : Iliad (Free), dirigé par Xavier Niel, est l’une des entreprises qui dépense le moins pour ses troupes : 26 160 euros en moyenne. Dans ce cas, le faible écart s’explique par la relative modération des rémunérations de ses dirigeants : 384 000 euros « seulement » pour chacun des deux directeurs généraux d’Iliad, Maxime Lombardini et Thomas Reynaud. De son côté, le fondateur de Free se contente de 175 360 euros par an. Ce qui en fait le grand patron de notre panel le plus modéré en matière de rémunération. Xavier Niel n’est cependant pas à plaindre : il détient 58 % de sa société, la valorisation de l’action l’ayant propulsé à la 10ème place des plus grosses fortunes françaises, selon le classement du magazine Challenges. Bien qu’elles dépassent le million, les paies des PDG de Bouygues, Safran, Solvay et Orange sont aussi parmi les dix moins élevées des 47 entreprises étudiées. Cette modération est toute relative. La direction de Safran envisage de verser un parachute doré de 2,8 millions d’euros à son PDG, Jean-Paul Herteman. Indemnités à laquelle l’État, actionnaire à 30%, s’est opposé.

    Qu’en est-il des entreprises publiques ? En juin 2012, le gouvernement a pris un décret limitant la rémunération des entreprises où l’État est majoritaire, à 450 000 euros par an. Deux entreprises de notre tableau sont concernées : Areva et EDF. Henri Proglio, le patron d’EDF, devra diviser par trois son salaire en 2013, et Luc Oursel, celui d’Areva, par six [3]. Si ce plafond est respecté, Areva et EDF deviendront les entreprises cotées les plus égalitaires, avec un écart entre patrons et dépenses moyennes par salarié allant de 1 à 6 pour Areva et de 1 à 11 pour EDF. Pas sûr que cela suffise à redorer le blason du nucléaire.

     

    Écarts inadmissibles

    Voici un an et demi, le gouvernement affichait sa volonté d’encadrer les émoluments des dirigeants de toutes les entreprises cotées, et pas seulement celles où il détient la majorité du capital. « Une loi régulera, voire prohibera certaines pratiques qui nous semblent excessives et donnera davantage de place aux représentants des salariés dans les instances qui fixent les rémunérations », prévenait alors Pierre Moscovici. Les velléités du ministre de l’Économie et des Finances n’ont pas duré longtemps. Trois semaines plus tard, fin juillet 2012, il annonce préférer « miser sur une autorégulation exigeante », laissée aux soins du Medef via son « code de gouvernement d’entreprise des sociétés cotées » censé encadrer ces hautes rémunérations. « Ils m’ont assuré qu’ils étaient prêts à des avancées importantes », ajoute le ministre. Il n’y a bien que lui pour le croire. « La rémunération totale moyenne des présidents exécutifs des 120 plus grandes sociétés françaises cotées a augmenté de 2,4% en 2012 et atteint 2 839 000 euros », révèle le cabinet Proxinvest. Avec les rémunérations exceptionnelles, comme les indemnités de départ, la hausse atteint même +6,3%. Une avancée importante, sans aucun doute...

    « À de tels niveaux de rémunération, toutes les études montrent qu’il n’y a pas de lien entre rémunération et performance des dirigeants », rappelle régulièrement l’économiste Thomas Piketty. Des écarts d’autant plus inadmissibles qu’en bas de la pyramide, les appels à la compétitivité, à la flexibilité et à la productivité sans augmentation de salaires sont devenus des injonctions permanentes.

    Ivan du Roy

    Infographie : Mathieu Lapprand

    Photo : CC Benjamine Scalvenzi

     


     

    Méthodologie du tableau

    Pour élaborer ce classement, l’Observatoire des multinationales et Basta ! ont étudié les documents de référence, remis à l’Autorité des marchés financiers, de 47 grandes entreprises cotées. Les dépenses globales en masse salariale de chaque multinationale ont été prises en compte. Elles incluent les rémunérations brutes, les cotisations patronales, les primes, les heures supplémentaires, les plans d’épargne retraite ou les couvertures santé internes, quand ils existent. Cette masse salariale divisée par l’effectif mondial de l’entreprise nous donne la dépense que chaque entreprise consacre en moyenne chaque année à chacun de ses salariés. Ce « budget moyen » par salarié est ensuite comparé à la plus haute rémunération de l’entreprise, celle du PDG en général, qui inclue le salaire fixe, les parts variables, les stocks options ou les plans de retraites. Ce qui donne l’écart qui figure dans notre tableau.

    Il existe bien évidemment d’autres disparités internes à une grande entreprise : entre un cadre supérieur et une employée d’un même site, entre un ouvrier français et son homologue turc, entre une caissière luxembourgeoise et sa collègue brésilienne. Les entreprises ne publiant pas de bilan social détaillé par pays, il nous est pour l’instant impossible de rendre compte de ces différences. De nombreuses entreprises ne publient pas non plus leur bilan social en France, où chaque tranche de salaires est détaillée ainsi que le nombre d’employés concernés. Nous ne pouvons donc pas comparer la situation des salariés français de ces groupes. Enfin, les grands groupes non cotés en bourse (Auchan, banques mutualistes comme le groupe Crédit Agricole ou le groupe BPCE…) n’ont pas l’obligation de publier leur document de référence. Ils n’apparaissent donc pas dans ce panel.

     

    Notes

    [170 887 euros par salarié si l’on prend les dépenses globales en masse salariale (rémunérations brutes, cotisations patronales, primes, heures supplémentaires, plans d’épargne retraite ou couvertures santé internes) rapportées à l’effectif mondial de l’entreprise.

    [2Treize dirigeants en 2012 dépassent la rémunération considérée par Proxinvest comme maximum socialement acceptable de 240 Smic, dont Bernard Charlès, DG de Dassault Systèmes (que nous n’avons pas encore intégré dans notre panel, cela ne saurait tarder), Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan (nous n’avons pris en compte que sa fonction pour le groupe Renault) et Bernard Arnault. Lire ici.

    [3Nous avons cumulé la rémunération d’Anne Lauvergeon, partie courant 2012, et celle de son remplaçant, Luc Oursel, les deux ayant occupé le même poste alternativement en 2012.

     

     

     

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    21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 15:37

     

    Source : leparisien.fr

    Etats-Unis: à Arlington, la santé se gagne à la loterie
    20 nov. 2013, 21h31

     
    Ravie, Mossamat Jhumu brandit son ticket gagnant: le 15. A la loterie d'une clinique d'Arlington (Virginie, est), la jeune femme vient de gagner non pas des vélos ou des dollars, mais des soins gratuits. Fabienne Faur

    Ravie, Mossamat Jhumu brandit son ticket gagnant: le 15. A la loterie d'une clinique d'Arlington (Virginie, est), la jeune femme vient de gagner non pas des vélos ou des dollars, mais des soins gratuits.
    "C'est la quatrième fois que je venais tenter ma chance", raconte à l'AFP cette aide-soignante de 39 ans, originaire du Bangladesh et aujourd'hui naturalisée américaine. Comme 48 millions de ses concitoyens, elle ne bénéficie pas d'assurance-.


    De bon matin par une froide journée de novembre, Mossamat a donc patiemment attendu, avec une centaine d'autres personnes, que s'ouvrent les portes de l'Arlington Free Clinic, un centre de santé aux locaux clairs et modernes, dans la banlieue de Washington.
    A Arlington, "environ 10% des habitants n'ont pas d'assurance-santé", indique Jody Steiner Kelly, directrice administrative de la Free Clinic. Elles peuvent aller aux urgences si nécessaire, mais "pour un suivi complet, nous sommes une roue de secours", explique-t-elle.
    Alors une fois par mois, ce centre de santé privé, par des dons, organise une loterie d'où sortiront entre 20 et 25 vainqueurs. Le prix: l'inscription de l'heureux gagnant, après vérification qu'il est bien éligible, qui pourra ainsi soigner autant son mal de dos que son diabète ou son cancer.
    "La plupart des gens qui viennent nous voir souffrent de maladies chroniques, parce qu'ils attendent le dernier moment quand il faut choisir entre la nourriture, le loyer ou la santé", explique Mme Steiner Kelly.
    "Un docteur, c'est trop cher"
    En Virginie, la situation est d'autant plus aiguë pour les quelque 400.000 personnes en précarité qu'elles sont au centre d'une bataille politique sur la question de l'"Obamacare", la réforme de santé du Barack Obama.
    Les républicains, majoritaires en Virginie, ne veulent pas entendre parler d'une extension du nombre de bénéficiaires de "Medicaid", la couverture santé pour les plus démunis, optionnelle dans la réforme.
    Or, cet Etat tout proche de la capitale vient d'élire un gouverneur démocrate, Terry McAuliffe, qui a fait de cette extension son cheval de bataille.
    Plus d'une vingtaine d'Etats, tous à majorité républicaine, ont déjà annoncé leur opposition à cette extension qu'ils estiment trop coûteuse.
    Pour sa part, Mossamat Jhumu a déjà essayé deux fois de consulter le site internet de la réforme, dont le lancement a connu de spectaculaires ratés reconnus par Barack Obama.
    "Ca n'a pas marché. J'attends qu'ils réparent. J'espère pouvoir trouver une assurance", dit la jeune femme avant de prendre calmement sa place dans la file pour pouvoir s'inscrire et prendre un ticket.
    Puis chacun s'assoit en attendant le tirage. Claudia Nerio Mejia, 28 ans, "souffre du pied et a besoin de radios pour savoir d'où ça vient". "Un docteur, c'est trop cher", dit la jeune Salvadorienne qui, sans papiers, ne pourra jamais avoir d'assurance.
    Greg Bennett, 60 ans, qui présente des problèmes cardiaques, est citoyen américain. "Les gens dans ce pays ont des biens mais c'est le cash qui manque", dit-il en assurant que "les bords des routes américaines abondent en motos ou en voitures à vendre".
    Mme Steiner Kelly, traduite par une collègue hispanisante, rappelle à la cantonade les règles de la loterie: "La clinique n'est que pour les adultes, pas d'étudiants, et vous devez habiter les Etats-Unis depuis un an", dit-elle. Et bien sûr ne pas avoir d'assurance.
    L'heure est au tirage. Le ticket "A3" est sorti d'un petit panier d'osier. On s'exclame, on congratule le gagnant. Puis le 15 sort. "C'est comme gagner le gros lot!", s'exclame Mme Jhumu.
    Elle vient de remporter le droit de rejoindre les 1.700 patients traités par le centre, en consultation interne ou externe, grâce à un corps médical bénévole.
    Mme Steiner Kelly attend pour sa part avec impatience la mise en place de la réforme Obama. "Chaque patient nouvellement assuré laissera sa place à quelqu'un que nous ne pouvions pas prendre", dit-elle.
    Avant de lancer aux malchanceux, qui s'en vont en silence: "Prochaine loterie le 10 décembre !"

     

     

     

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    21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 15:33

     

    Source : mediapart.fr

     

    90 multinationales responsables de 60 % de la pollution mondiale

    |  Par La rédaction de Mediapart

     

     

    Alors que se déroule actuellement, en Pologne, une nouvelle conférence des Nations unies sur le changement climatique, le quotidien britannique The Guardian révèle que seulement 90 multinationales jouent un rôle majeur dans le réchauffement climatique.  

    Le quotidien britannique The Guardian révèle, mercredi 20 novembre, que plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, sont produites par seulement 90 multinationales.

    Les principales entreprises citées par le journal pour leur implication dans le réchauffement climatique, Chevron, Exxon et British Petroleum, ont des activités dans le pétrole et l'extraction de matières premières.

    Lire sur The Guardian

     

     

     

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    20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 15:39

     

     

    Source: mediapart.fr

    Espionnage des salariés : Ikea frappé à la tête

    |  Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

     

     

    Le patron d'Ikea France a été mis en examen dans l'affaire d'espionnage des salariés. Son prédécesseur a subi le même sort, bien qu'il ait assuré avoir tout ignoré de ces pratiques et suggéré aux enquêteurs que le dossier aurait été supervisé en direct par le responsable “sécurité” d'Ikea-monde.

    Cette fois, l’entreprise est touchée au cœur. Mardi 19 novembre, Ikea France a été mise en examen, en tant que personne morale, dans l’enquête sur l’espionnage de ses salariés (comme Le Monde l’a dévoilé). D’un coup, ce n’est plus l’histoire de quelques cadres intermédiaires déviants, mais bien celle d’un véritable système.

    Elle a aussi été touchée à la tête, puisque l’actuel directeur général, Stefan Vanoverbeke, a été mis en examen à titre individuel pour « complicité de collecte de données à caractère personnel » et « complicité de violation du secret professionnel », à l’issue d’une longue garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Versailles, de même que son prédécesseur Jean-Louis Baillot et que l’actuel directeur financier, Dariusz Rychert.

     

    S. Vanoverbeke 
    S. Vanoverbeke © DR

    « Stefan Vanoverbeke conteste toute implication, réagit aujourd’hui son avocat, Me Alexis Gublin, interrogé par Mediapart. Il a toujours condamné ce type de pratiques et pris les mesures correctrices nécessaires quand les faits ont été révélés. »

    Dans ce dossier instruit depuis avril 2012 sur plainte du syndicat FO, une dizaine de personnes ont déjà été mises en examen, dont quatre policiers et l’ex-directeur de la gestion du risque d’Ikea France, Jean-François Paris, l’homme qui a mis les mains dans le cambouis en achetant auprès d’une société de sécurité privée (Eirpace) des masses de données confidentielles sur des employés illégalement extraites du fichier policier Stic (cette base de données géante qui répertorie les citoyens déjà mis en cause pour une infraction, condamnés ou non, avec un taux d’erreur affligeant de 40 %).

    Ce rebondissement est un coup dur pour l’actuelle direction du groupe qui tentait, depuis les révélations de Mediapart et du Canard enchaîné de février 2012, de circonscrire le scandale aux années passées, imputant l’essentiel des responsabilités à l’ex-directeur général Jean-Louis Baillot (aux manettes de 1996 à 2009) et à son subordonné en charge de la sécurité, Jean-François Paris, parfait fusible licencié avec fracas dès le mois de mai 2012.

    D’après des procès-verbaux de 2013 consultés par Mediapart, ce dernier a bien concédé devant le juge Alain Gallaire avoir initié l’achat de données policières (au tournant des années 2000), mais il a déclaré avoir généralisé ce système sur l’injonction de Jean-Louis Baillot lui-même, aux alentours de 2006 ou 2007. À cette époque, « c’est Baillot qui m’a demandé de faire des recherches systématiques des antécédents judiciaires des nouveaux collaborateurs que nous embauchions pour les nouveaux magasins », a affirmé Jean-François Paris sur PV, le 22 janvier 2013. « Je demandais (au directeur du magasin) de me fournir la liste du personnel qu’il souhaitait faire valider (…) ; il me donnait plusieurs dizaines de noms (…) ; ça allait de 80 à 120. (…) Les directeurs de magasins ont reçu des consignes de M. Baillot. »


    © Reuters

    Pour sa défense, mardi, Jean-Louis Baillot a non seulement juré qu’il avait tout ignoré du “flicage” illégal mis en place par Jean-François Paris et de la nature exacte des prestations achetées à Eirpace – tout en admettant avoir signé plusieurs factures de sa propre main. Mais pour mieux se dédouaner, l’ex-numéro un d’Ikea France a surtout donné une dimension internationale inédite au dossier : d'après nos informations, il a suggéré que s'il n'avait jamais échangé avec Jean-François Paris sur le “profilage” des salariés, c’est sans doute que ce dernier a plutôt géré ce dossier sensible avec son référent « Sécurité » en Suède, directement au siège d’Ikea monde.

    En clair, Jean-Louis Baillot a soufflé aux policiers que l’espionnage des salariés pourrait être autre chose qu’une spécificité hexagonale, sans apporter toutefois d’éléments probants à ce stade. Interrogé par Mediapart sur ce sujet, l’avocat d’Ikea France, Me Alexis Gublin, conteste formellement ces allégations.

    Quoi qu’il en soit, d’après la lettre de licenciement de Jean-François Paris (que Mediapart a pu consulter), la société ne conteste plus en interne la réalité des pratiques illégales commises dans ses magasins entre 2001 et 2011, bien au contraire. Signé de Stefan Vanoverbeke en personne (l’actuel DG), ce courrier s’appuie sur des « vérifications » maison menées « parallèlement à l’enquête judiciaire » et accuse Jean-François Paris, noir sur blanc, d’avoir « eu recours au service de prestataires et enquêteurs privés pour (se) procurer des renseignements d’ordre personnel et confidentiel (sur les salariés)... tels que leurs casiers judiciaires, leurs situations familiales, leurs situations financières et bancaires, etc. ». Et de confirmer plusieurs cas dénoncés par Mediapart, notamment celui d’une « cliente de la société avec laquelle nous avions un différend commercial » !

    Simplement, l’actuel patron d’Ikea (arrivé à son poste en janvier 2010) écrit n’avoir « eu connaissance (de ces faits) que le 29 février 2012 », date de publication des premiers articles de presse. Sa ligne de défense apparaît ainsi clairement : rien vu, rien entendu.

    Lors d’un interrogatoire daté de janvier dernier, Jean-François Paris a pourtant précisé que sa « dernière demande faite à (Eirpace) » datait de « novembre 2011 ». Stefan Vanoverbeke était-il au courant ? lui a aussitôt demandé le juge. « Je ne suis pas sûr (…) Je ne lui en ai jamais parlé... »

    Dans le courrier de licenciement consulté par Mediapart, Stefan Vanoverbeke semble toutefois se tirer une balle dans le pied, puisqu’il accuse Jean-François Paris d’avoir fait « la promotion (de ses pratiques illégales) au sein de la société au travers de mails envoyés à des responsables de magasins ». Comment le siège, lui seul, aurait-il pu les ignorer ?

     

     

     

     

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