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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 16:04

 

Source : bastamag.net

 

30 000 euros d’amende pour avoir refusé... de polluer !

par Sophie Chapelle 25 novembre 2013

 

 

Emmanuel Giboulot, vigneron en biodynamie à Beaune, encourt jusqu’à six mois de prison et 30 000 euros d’amende. Son délit ? Avoir refusé de traiter son vignoble avec un insecticide pour lutter contre une maladie de la vigne, la flavescence dorée [1], comme en témoigne sa convocation au tribunal. En résumé, le vigneron est condamné pour avoir refusé de polluer...

Pourquoi ce scénario ubuesque ? En 2011, un foyer de flavescence dorée est identifié en Saône-et-Loire, au cœur des crus de Bourgogne. Branle-bas de combat à la Préfecture qui impose trois applications d’insecticides autour des communes concernées. Parmi les pesticides préconisés figurent des produits réputés pour leur toxicité, dont plusieurs perturbateurs endocriniens et un néonicotinoïde... Quant au « Pyrévert », seul produit préconisé en agriculture biologique, il est « photosensible, disparait rapidement, a seulement un effet choc et est toxique pour tous les insectes (dont les régulateurs de la population d’acariens) », souligne le site Veille au Grain.

Spirale infernale

Emmanuel Giboulot vit, lui, en Côte d’Or, département limitrophe, où aucun foyer de la maladie n’est identifié. Mais la Préfecture préfère prendre des précautions : via un arrêté le 7 juin dernier, elle exige « une lutte chimique contre le vecteur » qui doit se traduire par une application d’insecticide. « Je suis très conscient du danger que peut représenter cette maladie, mais ça me paraissait complètement démesuré de faire un traitement systématique alors qu’il n’y avait pas de foyer avéré, témoigne Emmanuel Giboulot, contacté par Basta !.

Ce vigneron cultive 10 hectares de vigne en biodynamie. Pour lui, recourir à un traitement insecticide n’est pas neutre. « Cela revient à détruire une partie de la faune auxiliaire, tout ce qui génère les équilibres de nos vignobles, sachant que nous cultivons des parcelles en bio depuis 43 ans ! » Il constate, amer, les dégâts causés par ces traitements chimiques systématiques en Saône-et-Loire. Le département en est à sa troisième campagne contre la flavescence dorée, avec trois traitements dans la saison. « La faune auxiliaire, qui sont les prédateurs naturels des acariens, a été complètement détruite, souligne t-il. Les vignerons sont obligés de faire deux traitements acaricides supplémentaires. » Une spirale infernale... « Ceux qui prennent ces décisions ne sont pas ceux qui sont sur les tracteurs pour épandre ».

Harcèlement ?

Plutôt que de traiter automatiquement, Emmanuel Giboulot et d’autres vignerons privilégient la « prospection collective ». Ils surveillent les parcelles, recensent les pieds atteints, vérifient en laboratoire que les symptômes sont bien ceux de la flavescence dorée, impossible à diagnostiquer à l’œil nu, avant d’arracher les pieds. « Il faut que chacun fasse une prévention systématique et obligatoire », préconise t-il. Mais le Service régional de l’alimentation, une sorte de « police du vignoble » rattaché à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, ne l’entend pas de cette façon. Il le contrôle le 30 juillet dernier pour vérifier s’il a bien traité ses vignes. « Les viticulteurs en bio en Bourgogne représentent 13 % de la surface en vignoble. Or, 50 % des viticulteurs en bio ont été contrôlés », note t-il. Un de ses collègues dans le Beaujolais vient d’ailleurs lui aussi d’être contrôlé, « après avoir clamé haut et fort sur TF1 qu’il ne traitait pas ses vignes ».

Emmanuel Giboulot a été convoqué une première fois le 12 novembre par le substitut du procureur et attend une seconde convocation. Outre les nombreux témoignages de soutiens individuels reçus, il bénéficie de l’appui de plusieurs associations de protection de l’environnement. En juin dernier dans le Vaucluse, un vigneron bio qui avait fait le choix de ne pas respecter la loi a été reconnu coupable. Mais il a été dispensé de peine pour avoir accepté de reprendre des traitements d’insecticides...

 

Notes

[1La flavescence dorée se traduit par le jaunissement de la vigne puis généralement par sa mort. Cette « jaunisse du raisin » est causée par un insecte, la cicadelle, qui, peu reconnaissante envers les souches dont elle se régale, leur transmet une vilaine bactérie appelée le phytoplasme.

 

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 22:51

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Capitalisme ou démocratie

20 novembre par Esther Vivas

 


Le capitalisme est le meilleur garant de la démocratie. C’est du moins ce qu’on nous a toujours dit. Mais la réalité, elle, contredit cette affirmation. La crise nous le démontre chaque jour.

Aujourd’hui, alors que les gens descendent dans la rue et manifestent face au Parlement espagnol, occupent des logements vides, chahutent les responsables politiques, se mettent en grève et cherchent à porter la démocratie jusqu’au bout, le discours du pouvoir déclare que ceux qui se lèvent en faveur de la justice sociale sont des anti-démocrates, des putschistes et des philo-fascistes. La démocratie actuelle est incapable d’assimiler les aspirations pleinement émancipatrices et démocratiques des gens. La disqualification et l’insulte est le recours de ceux qui ne convainquent déjà plus avec leurs tromperies. Ils ont menti au dessus de leurs moyens et leur crédit s’est épuisé.

Plus de capitalisme, c’est plus de marché et moins de démocratie. Nous avons ainsi pu le constater en novembre 2011 avec les coups d’Etat effectués par les marchés en Italie et en Grèce. En Italie, ce n’est les citoyens qui ont eu « l’honneur » de se débarrasser du Premier ministre Silvio Berlusconi, ce furent les marchés qui l’ont expulsé du gouvernement et l’ont remplacé par Mario Monti, un ancien de Goldman Sachs. En Grèce, Yorgos Papandréou a été remplacé en un tour de main par Lucas Papademos, ex vice-président de la Banque Centrale Européenne. Des hommes de Goldman Sachs occupent des postes clés dans toute l’Union Européenne. Des banquiers déguisés en politiciens toujours disposés à nous faire payer la facture de leur crise.

Avant de perdre son poste, Papandréou, comme tout politicien professionnel qui se respecte, a tenté par tous les moyens de se maintenir, allant même jusqu’à prévoir un référendum sur les mesures d’ajustement (à la bonne heure !). Mais le mot référendum a rendu très nerveux les marchés and co. (il suffit de relire les titres des journaux de cette période) : « Qu’est-ce que c’est que ces Grecs qui veulent donner leur avis sur les mesures de la Troïka ! » Finalement, la consultation n’a pas eu lieu. Pour reprendre une analogie : quand les marchés entrent par la porte, la démocratie s’enfuit par la fenêtre.

Le capitalisme veut une démocratie de salon, une démocratie à exhiber les jours de fête, une démocratie décorative qu’elle place sous une vitre. La démocratie, cependant, est prise de conscience, mobilisation, rue, protestation, désobéissance. Rien à voir avec la « loi et l’ordre » que veut le capital. La démocratie réelle est aux antipodes du capitalisme réel.

Ils nous disaient également que le capitalisme est le meilleur garant de la justice. Mais les prisons sont pleines de pauvres. L’Etat pénal avance à chaque millimètre que recule l’Etat social. Et la minorité qui occupe le pouvoir politique et économique a transformé la judicature en une marionnette à son service. La justice pour ceux d’en haut n’a rien à voir avec celle de ceux d’en bas. Les exemples sont nombreux, et nous en avons vu plusieurs cas ces derniers jours : du naufrage du Prestige, qui n’a aucun responsable, à une infante royale qu’il est impossible d’inculper jusqu’à une gifle considérée comme un attentat contre l’autorité et pour laquelle le procureur demande cinq ans de prison. Il est vrai que les baffes font mal, surtout pour l’image.

Capitalisme ou démocratie, that is the question. Opter pour la démocratie et la justice implique de s’opposer au capitalisme. Les droits de la majorité ne seront seulement effectifs qu’en abolissant les privilèges de quelques uns. La crise, au moins, permet de voir les choses telles qu’elles sont. Les mesures d’austérité minent la légitimité du système politique et de la politique représentative. Chaque jour, il y a de moins en moins de gens qui croient au conte de fées avec lequel ils nous ont endormis pendant des années. Leurs mensonges mis à nu, il reste désormais à accomplir la tâche de nous convaincre que ce monde injuste peut changer. De savoir que oui, nous pouvons le faire.

Source :
http://blogs.publico.es/esther-viva...

 

 

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 22:40

 

Source : blogs.mediapart.fr

 

Vinci, SNCM : le double jeu de la Commission européenne

Marie Batoux et Corinne Morel Darleux, du Parti de gauche, soulignent l'incohérence, selon elles, des décisions prises à Bruxelles, qui autorise l'Etat français à aider la filiale du groupe Vinci en charge de Notre-Dame-des Landes, mais pas la SNCM, qui assure le service public de transport entre la Corse et le continent.


 

A Bruxelles, la concurrence est libre et non faussée... Enfin, ça dépend des fois. C'est ainsi qu'on apprend que la Commission européenne vient d'autoriser l’État français à verser 150 millions d'euros à la filiale de Vinci en charge de la réalisation de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et dans le même temps qu'elle réclame en tout 440 millions d'euros à la SNCM pour remboursement d'aides du même État.

Voilà qui a de quoi étonner. D'un côté, le groupe Vinci, qui en 2011 affichait 1,9 milliard de résultat net. De l'autre, la SNCM, compagnie d’utilité publique, dont le chiffre d'affaires annuel n'atteint pas le seuil des 440 millions que lui réclame aujourd'hui la Commission européenne !


Pour que la SNCM redevienne un service public, il faut désobéir à l'Union

Celle-ci s'appuie, pour réclamer cette somme à la SNCM, sur la requalification en aides d’État de la recapitalisation au moment de la vente. La Commission européenne justifie ainsi la décision : « Les interventions des pouvoirs publics en faveur d'entreprises peuvent être considérées comme ne constituant pas des aides d’État au sens des règles de l’UE dès lors qu’elles sont effectuées à des conditions qu’un opérateur privé guidé par les critères du marché aurait acceptées (principe dit de l’investisseur en économie de marché) ». Mais quel opérateur privé dans un système capitaliste privilégie la continuité de service public plutôt que ses profits ? Les salariés en lutte, qui se font traiter de « mafieux » pour vouloir maintenir les traversées et l’emploi, le savent : la Corse n’est pas qu’une destination touristique ! 300 000 personnes y vivent, et plus du quart des natifs corses vivent sur le continent. Tous se déplacent toute l'année entre PACA et la Corse. Toutes et tous sont nos concitoyens et vivent sur le territoire de la République française. Ils ont droit à la mobilité et à la continuité d'un service public des transports ! Seulement voilà, en période « basse », cela est bien moins lucratif. Alors qui va prendre en charge des traversées nécessaires mais peu, voire pas rentables ? Pas le concurrent direct Corsica ferries, c’est certain. Il serait plus que temps de revenir à un véritable service public de transport entre la Corse et le continent.

Ce qui de fait n'est pas tout à fait le cas : l'attaque de la Commission européenne s'inscrit en réalité dans un contexte de délégation de service public attribuée en septembre à la SNCM. Rappelons que le capital de la SNCM a été ouvert au privé par le gouvernement de Villepin, permettant ainsi à Veolia, numéro un mondial de l'eau et des déchets de devenir actionnaire indirect de la SNCM par l'intermédiaire de Transdev, sa co-entreprise avec la Caisse des Dépôts, qui détient 66 % du capital. On est donc loin d'un monopole de service public. Pourtant, la Commission européenne se montre beaucoup moins sourcilleuse quand il s’agit des 150 millions d’euros perçus par Corsica ferries de la part de l’Etat français par le biais de l’aide au passager. C'est d'ailleurs ce groupe, écarté de la délégation de service public, qui avait déjà saisi la justice européenne en 2007.

Corsica Ferries bénéficie pourtant déjà d'un « avantage concurrentiel » grâce à la mise en concurrence entre travailleurs organisée par l’Union européenne, qui permet aux compagnies low-cost de faire du dumping social. Quand une compagnie maritime peut choisir le registre de son pavillon, la Commission lui permet en réalité de respecter ou non le droit du travail français. Démarche singulière qui permet à des opérateurs privés de contourner les lois françaises pour assurer une traversée d’un port français à un autre port français. En choisissant un pavillon de régime international, une compagnie peut ainsi recruter un personnel qui ne parle pas la même langue, ne pas respecter le salaire minimum défini par la loi française et les droits des travailleurs.

Il faut donc changer ces règles européennes, ou leur désobéir. Le ministre Cuvillier l’avait promis à sa dernière visite à Marseille, il ne laisserait pas couler la SNCM. Il est temps de passer du double discours aux actes clairs. 


Coup de pouce pour Vinci à Notre-Dame-des-Landes, en remerciement des bons et loyaux services de M. Ayrault ?

Au-delà du cas de la SNCM, la Commission européenne joue un double jeu, mis spectaculairement en lumière avec le cas Vinci. Elle a beau jeu d'écrire que « sans l'existence de ces règles communes, la concurrence au sein du marché unique de l'UE serait faussée par une “course aux subventions” entre les États Membres au profit d'entreprises particulières ». N'est-ce pas précisément ce qu'elle fait en autorisant l’État français à octroyer 150 millions d’euros à Vinci ? Pour un aéroport dont la pertinence économique est largement contestée, sans parler de son caractère anachronique à l'heure de l'urgence à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Est-ce vraiment aujourd’hui la priorité pour l’État français que d'aider Vinci, un groupe déjà à la limite du monopole ? Parkings privés, tunnels, autoroutes, transport ferroviaire de personnes : tous les partenariats publics-privés tombent déjà dans son escarcelle. Cela rapporte beaucoup aux actionnaires de Vinci et coûte en revanche cher à l'État et aux citoyens qui payent pour alimenter leurs profits deux fois, par l’impôt et par les péages !

L'explication des inconséquences de la Commission européenne est peut-être à chercher du côté des bons et loyaux services rendus par le gouvernement Ayrault à la Commission européenne : ratification du TSCG, application minutieuse de la règle d'or et des budgets d'austérité, annonce en pleine conférence environnementale de la privatisation accrue d'EDF et GDF, poursuite de l'ouverture du rail à la concurrence et plus largement organisation de la libéralisation à marche forcée de ces dangereux monopoles que représentent les services publics face à la “ concurrence libre et non faussée ”... 

Sans vergogne, la Commission européenne affirme que ce cadeau à Vinci de 150 millions est « compatible avec les règles européennes relatives aux aides de l’État ». En pleine cure d'austérité imposée par la même Commission européenne, en pleine annonce de hausse de la TVA pour financer le crédit d'impôt emploi compétitivité, cette double décision est une véritable provocation et un bras d'honneur fait par les oligarques de Bruxelles et le gouvernement Ayrault à toutes celles et ceux qui sont attachés à un usage juste et républicain des deniers publics, à la notion de service public et à l'écologie. La conséquence de ces politiques libérales du gouvernement et de l'Union europénne est toujours la même : le privé s'enrichit sur fonds publics et le service public pâtit de l'austérité. Ça suffit. Ce sont pour toutes ces raisons que nous serons nombreux à marcher le 1er décembre sur le portique de Bercy pour une vraie révolution fiscale !

Aider ce projet d'aéroport est un non sens, couler la SNCM est une aberration. Tant d'un point de vue économique, social qu'environnemental, c'est un signe de plus du fonctionnement oligarchique de la Commission européenne et une motivation supplémentaire pour dire que nous ne voulons plus de cette Europe-là.

 

Marie Batoux, membre du Bureau national du Parti de gauche (PACA), candidate aux municipales dans le 13-14e arrondissement de Marseille
Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l'écosocialisme du Parti de gauche et conseillère régionale FDG (Rhône Alpes), candidate aux élections européennes 2014

 

 


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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 22:19

 

 

 

Source : mediapart.fr

L’affaire Taubira ou la rencontre de l’impensé colonial et du néolibéralisme

|  Par christian salmon

 

 

Si Christiane Taubira est attaquée, c’est qu’elle résiste à la crise de souveraineté qui mine la politique. C'est aussi parce qu'elle trace une diagonale audacieuse entre les deux blocs qui arraisonnent le débat public, le souverainisme xénophobe nourri au racisme colonial et le mondialisme néolibéral.

«Pourquoi Christiane Taubira cristallise les haines », titrait presque innocemment Le Monde du 8 novembre 2013 sur une pleine page. Oui, c’est vrai : pourquoi Taubira cristallise-t-elle la haine d'Anne-Sophie Leclere ? Cette candidate FN affirmait sur son site internet qu’elle préférait la voir avec ses semblables « dans les branches de son arbre plutôt que de la voir au gouvernement ». Pourquoi la garde des Sceaux cristallise-t-elle les haines des catholiques de l’institut Civitas, opposants à la loi sur le mariage pour tous, qui manifestent dans les rues de Paris aux cris de : « Y a bon Banania, Y a pas bon Taubira » ?

Il doit bien y avoir une raison pour qu’une enfant de onze ans lance sur son passage en joignant le geste à l’insulte : « Elle est pour qui la banane ? » « Franchement, je suis incapable de vous dire ce qui a pu lui traverser l'esprit. Elle a dit “guenon” comme elle aurait pu dire “girafe” », relativisent les parents qui s’étonnent de l’écho qu’a reçu dans les médias l’« espiègle » apostrophe de leur fille. « Ce n'était en rien prémédité », proteste la mère, qui a pourtant emmené sa fille à ce qui ne mérite pas le nom de « manifestation » mais plutôt celui de « lynchage » : « La banane n'a pas été apportée sciemment pour provoquer la ministre », affirme-t-elle. Ah ! C’était juste pour le goûter ? Nous voilà rassurés. D’ailleurs la petite est « née aux Antilles », et a vécu « la moitié de sa vie en Outre-mer et en Afrique », renchérit le père en guise d’excuse, comme si les blagues racistes étaient incongrues sous les palétuviers.

 

Christiane Taubira (Reuters) 
Christiane Taubira (Reuters)

Les attaques contre Christiane Taubira ne constituent pas seulement une faute morale et une transgression de nos soi-disant « valeurs » républicaines qu’il suffirait de sanctionner par un sursaut républicain. Ou par un surcroît de morale, comme si cette république exemplaire ne s’était pas illustrée il y a moins d’un siècle en organisant des zoos humains en plein Paris, exhibant les populations des colonies à des spectateurs qui leur lançaient des victuailles. Cette violence symbolique, qui n’a d’égale que la violence réelle de la conquête coloniale, n’était pas gratuite que l’on sache. Si elle se plaisait à animaliser les populations des colonies, c’était pour légitimer l’entreprise civilisatrice de la colonisation.

Plutôt que de pousser des cris d’orfraie devant la résurgence du racisme, nos républicains vertueux feraient mieux de s’interroger sur cet impensé colonial qui, faute d’être analysé, hante la société française et s’exprime à nouveau depuis dix ans à visage découvert. Ce fut la loi de février 2005 évoquant, dans sa première mouture, les « aspects positifs » de la colonisation ; le discours présidentiel de Dakar sur l’homme africain « qui n’est pas entré dans l’Histoire » ; la création du ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale ; le débat sur l’identité nationale, dont L’Identité malheureuse, le dernier livre d’Alain Finkielkraut plébiscité par les médias, est à la fois le navrant symptôme et une piqûre de rappel.

Loin de disparaître de l’inconscient (ou de la conscience) collectif, la « racialisation des esprits » et « l’animalisation de l’autre » sont les composantes indissociables de toute politique identitaire… Elles sont congruentes avec un effort de redéfinition de l’identité nationale, de réarmement national, l’accent mis sur une identité vécue comme inquiète ou menacée.

 

 

C’est un régime de signes qui détermine un certain langage, un certaine forme d’humour qui stigmatise, infantilise, animalise les autres qu’ils soient noirs, roms, étrangers. L’historien Pap Ndiaye, auteur de La Condition noire (Calmann-Lévy), attirait récemment l’attention sur le retour d’un « racisme biologique, fortement racialisé, avec des références animalières banales à l’époque coloniale… qui relèvent d’un registre qui semblait avoir disparu après la Seconde Guerre mondiale et la décolonisation » (lire ici notre article sur ce livre). 

Si on répète à bon droit que le racisme n’est pas une opinion mais un crime et que, comme l’a affirmé François Hollande à Jérusalem, « il n’y a pas de différence entre les paroles et les actes racistes », c’est que la parole raciste n’est pas seulement une parole attentatoire, un défi ou une insulte. C’est ce que les théoriciens du langage avec John Searle appellent un « speech act », c’est-à-dire une parole qui agit, un acte performatif qui a le pouvoir de réaliser ce qu’il énonce.

La parole raciste exclut de « l’espèce humaine », comme l’a rappelé Christiane Taubira, celui ou celle qu’elle animalise. Ce n’est pas une blague, c’est un scalpel qui permet depuis l’aube de la colonisation de tracer la frontière entre humains et esclaves, colons et colonisés, civilisés et sauvages. Et lorsque l’insulte se met en scène au travers des expositions coloniales et des zoos humains, le racisme devient une performance collective. C’est une cérémonie et un rituel. Sa fonction ? Redéfinir les contours de la communauté nationale.

Déconstruire le racisme

Jean-Marie Le Pen a accusé Christiane Taubira d’être « antifrançaise » reprenant la rhétorique de l’anti-France utilisée par la droite et l'extrême droite en France depuis l'affaire Dreyfus. Quant à Marine Le Pen, elle a euphémisé comme à son habitude mais en s’exprimant cette fois en sociologue : « Taubira a d’abord été indépendantiste guyanaise, c’est un élément essentiel dans sa construction politique. » Mais qui s’interroge sur « la construction politique » de Marine Le Pen, nourrie au lait de la xénophobie et du ressentiment colonialiste, les deux mamelles de l’ultra droite française ? Qui se demande dans les médias ce que signifie la reconfiguration du paysage politique opérée par les « Le Pen » à partir non plus de l’axe droite/gauche mais de la polarité patriote/mondialiste apparue à la faveur de l’affaire Dreyfus ?

C’est pourquoi il ne suffit pas de s’insurger contre le racisme, il faut le déconstruire. Il faut lui opposer non pas seulement des « valeurs », des manifestations et des concerts de SOS racisme, mais un travail patient de déconstruction qui consiste à défaire l’imaginaire colonial, son bestiaire, ses imageries, ses plaisanteries et à rendre contagieux un autre état d’esprit. Il faut opposer à l’imaginaire colonial des symboles, un récit, une histoire commune. Comme le fait par exemple en ce moment même l’exposition « Kanaks » au musée du Quai Branly (lire ici notre article sur cette exposition).

 

Exposition temporaire : "Kanak, l'art est une parole". Du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014 
Exposition temporaire : "Kanak, l'art est une parole". Du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014 © musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde

 

C’est ce que réussit Christiane Taubira lorsqu’elle fait adopter en 2001 la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l'humanité. Mais surtout lorsqu’elle bataille en 2013 à l’Assemblée pour défendre son projet de loi sur le mariage pour tous en démasquant l’imaginaire biologiste qui hante la droite. Elle fait sortir le débat sur le mariage pour tous du ghetto de la « norme biologique » dans lequel la droite voulait l’enfermer pour en faire l’enjeu d’un combat pour l’émancipation humaine, rappelant au passage que c’est toujours le droit des minorités qui trace l’horizon des nouveaux droits pour tous… On se souvient de sa formidable réplique aux députés UMP qui invoquaient les « lois naturelles »:

« Vous avez la fascination du naturel, du biologique et de la génétique ! (...) Vous faites revenir avec vénération et fascination les lois naturelles, revenant au temps de Lamarck et de l’évolutionnisme…. Il y a longtemps que les Lumières ont imprégné la réflexion philosophique et scientifique ! Il y a longtemps que l’on sait ce qu’est l’environnement social et culturel ! Et vous, vous en êtes encore aux lois de Mendel, qui travaillait sur les petits pois ! » Au cours de ce débat exemplaire, Taubira a démasqué la droite ; elle a mis fin à cette imposture qui veut que la droite se prétende depuis trente ans, moderne, transgressive et même « révolutionnaire » quand il s’agit de s’attaquer au droit du travail ou de déréguler la finance… Pour une fois la droite était renvoyée à son archaïsme, à ses fantômes biologistes, à ses fantasmes d’exclusion : biologisme. Petits pois de Mendel.

Christiane Taubira a réussi à faire revivre une crédibilité perdue de la parole politique, une certaine « entente » des signes d’autorité et d’intelligence. Si elle est attaquée, c’est qu’elle résiste à la régression médiatique du politique. Non qu’elle résolve à elle seule la crise de souveraineté qui mine le politique. Mais parce qu’elle trace une diagonale entre les deux blocs qui arraisonnent le débat public. Elle est le visage audacieux de ceux qui livrent bataille au-delà des lignes de front, suivant une diagonale d’invention… Loin de « cristalliser les haines », elle est un révélateur, au sens chimique, de ce moment politique. Un atout et un reproche pour le gouvernement, son récit manquant. Elle est le visage de ce que la gauche pourrait être et qu’elle n’est pas.

Les attaques racistes contre Christiane Taubira ne sont pas fortuites. Elles sont tout à la fois un symptôme et un instrument : le symptôme d’un impensé colonial et l’instrument d’une décomposition/recomposition du champ politique longtemps structuré autour de la bipolarité droite/gauche. Cette bipolarité cède la place à un affrontement entre un souverainisme qui fixe et un mondialisme qui disperse ou égare…

D’un côté les souverainistes de tous poils, nostalgiques de l’État qui exigent une reterritorialisation de la puissance, la sortie de l’Euro, la résurrection des frontières... Bref, le retour à la maison. D’un autre les mondialistes, les nomades, qui abandonnent tous les attributs de la Nation et jusqu’au système démocratique, et confient la politique aux experts, aux marchés financiers, aux capitaux. D’un côté la resubstantialisation de l’État ; de l’autre sa dissolution ; d’un côté le volontarisme nationaliste, de l’autre la déconstruction néolibérale ; d’un côté la règle, de l’autre la dérégulation ; d’un côté la chimère nationaliste, de l’autre l’utopie mondialiste… Nous avons le choix entre nous pétrifier ou nous dissoudre. Ces deux fronts, ces deux machines sont face à face ; elles se regardent en chiens de faïence. Dualisme funèbre dans lequel se consume l’échec du politique.

Le boomerang de l'insouveraineté de l'Etat

Chaque camp a son pathos. Si vous faites un pas de côté par erreur ou par distraction, il vous faudra chanter à tue-tête l’hymne national et vous enrouler dans le drapeau national quand ce n’est pas le bonnet rouge et le Gwenn ha Du, le “kit” du Breton en colère, tant il est vrai que la régression comme la fuite en avant ne connaissent pas de limite. Vous vouliez défendre la nation, vous voilà patriote de canton…

Si vous penchez du côté des mondialistes, acceptez de vous dissoudre dans l’éther néolibéral, abandonnez toute singularité et plongez dans ce nouveau monde fort bien décrit dans les pubs de HSBC, la banque des comptes en Suisse et des aéroports, qui annonce rien de moins qu’un eldorado néolibéral dont « les investisseurs seront les explorateurs, où tous les marchés auront émergé, un monde merveilleux où les déchets seront source d’énergie, où même la plus petite entreprise sera multinationale... ». À l’instar des affiches géantes du patronat US en pleine crise des années trente qui vantaient la supériorité du mode de vie américain au-dessus des files d’attente des chômeurs…

À chaque camp son récit. D’un côté le retour à la maison. De l’autre la conquête du monde. D’un côté l’Hexagone comme unique horizon, de l’autre l’horizon sans limite. D’un côté la ligne Maginot, de l’autre un monde imaginaire… D’un côté un récit de guerre régressif ; de l’autre une épopée naïve sans frontières.

C’est désormais ce double front qui structure le débat politique… D’un côté les sédentaires zemourriens (de Éric Zemmour), de l’autre les nomades attaliens (de Jacques Attali). Depuis la crise de 2008, les attaliens perdent du terrain, les zemourriens capitalisent sur la crise, la peur du lendemain rameute les foules orphelines… Entre les « zemmouriens » favorables à un retour négocié à la maison avec armes et bagages, frontières et ancien franc, et les « attaliens » qui plaident pour un « élargissement » (des nations, de l’Europe, du monde même), il n’y a pas de compromis possible. Les uns sont tournés vers un passé illusoire, les autres louchent vers un avenir sans visage. Les uns et les autres s’accusent de tous les maux. C’est « l’anti-France ! » s’insurge les uns, allergiques à la diversité, extracteurs de quintessence nationale, en mal d’identité. « Ce n’est pas la France ! » s’indignent les autres antiracistes sincères, haltérophiles endurcis… Bref, une France fantasmée contre une France idéalisée. Deux mythologies, deux croyances : la source et le creuset, l’identité et l’altérité, la France des villages et des clochers contre l’Europe des marchés…

La seconde devait présider aux commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale comme une victoire sur les nationalismes, mais la première s’est invitée sous les traits de la petite Angevine de onze ans et de sa funeste banane comme un retour du refoulé colonial qui est venu contaminer le récit de la Grande Guerre.

Les insultes racistes dont est victime Christiane Taubira sont le symptôme d’une fusion dangereuse de trois séries de phénomènes hétérogènes que la droite décomplexée (et son double, l’extrême droite complexée) ont réussi à ré-assembler dans une splendide illusion : l’impensé colonial de la France, la politique néolibérale répressive à l’égard des étrangers, et l’insouveraineté de l’État.

 

Le 11-Novembre, sur les Champs-Elysées 
Le 11-Novembre, sur les Champs-Elysées © (Elysée)

Depuis les manifestations contre la loi sur le mariage pour tous jusqu’à la jacquerie des bonnets rouges en Bretagne et les manifestations à venir contre la TVA ; des sifflets lors des cérémonies du 11-Novembre aux insultes racistes contre Christiane Taubira et aux coups de feu tirés contre Libération qui ont fait un blessé grave, c’est la même crise qui s’approfondit sous nos yeux ; non plus seulement l‘impopularité de tel ou tel homme politique, le discrédit de tel ou tel gouvernement, mais une crise de la souveraineté de l’État.  

L’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral avaient contribué à brouiller durablement la répartition des pouvoirs entre les deux têtes de l’exécutif et exposé la fonction présidentielle à une télé présence de tous les instants, hyperprésence plutôt qu’hyperprésidence, qui a eu pour effet de banaliser la figure présidentielle et de décrédibiliser la parole publique sous le quinquennat précédent. Les mensonges d’un ministre du budget, responsable de la politique fiscale et garant de la justice des efforts demandés aux contribuables, ont achevé de décrédibiliser la parole publique. Comment éviter que le pouvoir de lever l’impôt, une des fonctions régaliennes de l’État, ne soit contesté après une telle faute.

Les manifestations qui se multiplient contre l’écotaxe et une nouvelle hausse de la TVA dépassent ainsi la simple défense d’intérêts catégoriels pour acquérir la signification d’une rupture du principe du consentement à l’impôt qui est la base de la souveraineté de l’État. Affaibli de l’intérieur par les affaires et la perte de crédit de la parole publique, l’État endetté est soumis de surcroît à la tutelle des marchés sur lesquels il emprunte et des agences de notation qui évaluent sa  crédibilité financière. La nouvelle dégradation de la note française par Standard & Poor's n’a fait que confirmer ce discrédit.

En abandonnant le pouvoir de battre monnaie et le contrôle de ses frontières, l’État n’a pas seulement concédé des abandons de souveraineté, il a asséché le terrain symbolique sur lequel s’édifie sa crédibilité. La souveraineté fuit de partout : par le haut, au bénéfice de la Commission européenne et des marchés ; par le bas, au bénéfice des régions, qui aujourd’hui se soulèvent contre l’État comme la Bretagne qui fut le terrain d’élection des socialistes et le terreau de la hollandie. Effet boomerang de l’insouveraineté…

Une idéologie, la xénophobie néolibérale

Comment s’étonner alors que l’autorité de l’État n’apparaisse plus que comme une fiction trompeuse qu’on s’efforce de crédibiliser à coups de menton sécuritaires et de politique répressive à l’égard des Roms, des exclus et des étrangers. C’est ce qui donne à la politique néolibérale son caractère nécessairement répressif. Non pas pour protéger une population apeurée, menacée par les vagues migratoires et l’explosion de l’insécurité, mais pour faire acte d’autorité et recharger un crédit qui se dissipe de tous côtés.

 

Des lycéens défilent à Paris le 17 octobre, contre l'expulsion d'élèves étrangers. 
Des lycéens défilent à Paris le 17 octobre, contre l'expulsion d'élèves étrangers. © Reuters

D’où ce visage de Janus des politiques ultralibérales, hostiles à toute régulation en matière économique et financière et animées d’une véritable passion de la réglementation quand il s’agit de la sécurité et de l’immigration. C’est qu’il s’agit moins de flatter l’instinct répressif des foules que de redessiner le champ d’un affrontement fictif en opposant une majorité silencieuse, dont les souffrances demeurent dans l’ombre, à des minorités assistés et hypervisibles qu’elles soient roms, étrangères, noires de peau.

Il ne faut pas chercher ailleurs l’inspiration de tous les discours de Grenoble, de Dakar et d’ailleurs, et leurs effets de légitimation du racisme et de la xénophobie ; il ne s’agit pas d’une dérive populiste mais d’une idéologie, que cette xénophobie néolibérale, un prisme déformant permettant de reconfigurer la société, en traçant une « frontière » entre les honnêtes contributeurs et les profiteurs du modèle social français, entre les insiders voués à s’intégrer et les outsiders qui n’ont vocation qu’à s’en aller. Cette construction fictive d’un ennemi (intérieur ou axe du mal) est la “masse de manœuvre” que l’État insouverain se donne pour manifester son pouvoir de police, dernier refuge régalien, dernier reflet de sa souveraineté perdue. C’est l’intrigue néolibérale qui nous maintient en haleine depuis trente ans.

Il y a donc une spirale périlleuse de l’insouveraineté où s’entraînent et s’enchaînent le refoulé raciste de l’histoire coloniale, la xénophobie néolibérale et l’impuissance politique à proposer des récits alternatifs. C’est là que ce qu’il faut bien appeler « l’affaire » Taubira prend tout son sens : pour paraphraser Lautréamont, elle réalise la rencontre fortuite de l’impensé colonial et du néolibéralisme sur la table de dissection de l’État impuissant.

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 21:44

 

Source : rue89.com

 

Explicateur 23/11/2013 à 10h56
Le smic en Allemagne, une bonne nouvelle. Mais pas si vite...
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

Sans y croire, Angela Merkel s’est résolue cette semaine à un salaire minimum. Inutile de trop rêver pour autant... Explications.

 


Angela Merkel dans une Volkswagen, durant une visite au Brésil, en 2008 (Andre Penner/AP/SIPA)

 

C’est une bonne nouvelle pour l’Europe : les deux mouvements qui s’apprêtent à former la coalition qui gouvernera l’Allemagne, le CDU-CSU et le SPD, qui discutent pied à pied leur accord de coalition, sont tombés d’accord cette semaine pour qu’il existe enfin dans ce pays un salaire minimum interprofessionnel.

L’Allemagne est accusée par ses partenaires d’une part de ne pas soutenir suffisamment sa demande intérieure (et donc ses importations de biens européens), d’autre part de pratiquer le dumping social en laissant certains secteurs exportateurs payer les travailleurs, souvent venus des pays de l’est, trois ou quatre euros de l’heure. On récemment a beaucoup parlé du cas abattoirs allemands, par exemple. Dans le land de Mecklenburg Pomeranie occidentale, certains employés de bureau touchent 1,37 euro de l’heure !

Les mini-jobs

Les min-jobs sont des contrats rémunérés 450 euros, quelle que soit leur forme (temps plein ou partiel, à durée déterminée ou indéterminée...). Le salarié ne paye aucune cotisation sociale (retraite, maladie...). Ces mini-jobs servent pour les emplois de service, les gardes d’enfants, etc. Ils peuvent être cumulés avec une aide sociale. Plus de sept millions de mini-jobs sont recensés. Leurs effets sur l’emploi sont contestés.

Angela Merkel a finalement accepté à reculons le principe d’un salaire minimum, une victoire du SPD.

« Nous allons prendre des mesures que je ne considère pas comme justes, parmi lesquelles un salaire minimum généralisé », a déclaré, jeudi 21 novembre, la chancelière allemande. Je n’y crois pas, mais je vais le faire quand même...

« Les sociaux-démocrates ne concluront pas les négociations sans un accord sur un salaire minimum légal universel », s’est-elle justifiée.

Dans les sondages, 83% des Allemands se déclarent favorables à un salaire minimum, mais la stratégie de la droite allemande repose sur la flexibilité du marché du travail et les « mini-jobs » (lire encadré).

Pour autant, il ne faut pas trop rêver encore. Ce n’est probablement pas un smic à la française dont vont se doter les Allemands. La compétitivité des entreprises reste l’alpha et l’omega de la politique économique allemande, et il est peu probable qu’elle soit sacrifiée par Angela Merkel sur l’autel de deux causes pourtant excellentes : la coopération européenne et le progrès social.

                                                                                                                                                                                                                               1 Un salaire minimum qui devra être négocié

 

S’il n’y a pas de smic national en Allemagne, ce pays n’a jamais été, sur le plan social, un pays sans foi ni loi. Des salaires minimums existent dans plusieurs branches, selon des conventions négociées au niveau national ou régional. Ces salaires minimums peuvent varier de 7 à 13 euros.

Mais ce système a été mité par les réformes de l’ancien chancelier Gerhard Schröder sur le marché du travail, qui a conduit à une réduction du nombre de salariés couverts par des conventions entre syndicats et patronat.

La part de ces derniers n’est plus que de 53% en 2012 dans les anciens Länder de l’Ouest, et de 36% dans les nouveaux Länder, contre respectivement 70% et 56% en 1996.

Le SPD exige un salaire minimum national de 8,5 euros (contre 9,43 euros en France).

Finalement, même si le principe d’un tel salaire minimum a été retenu, il fera l’objet d’aménagements négociés chaque année au sein d’une commission patronat-syndicat : trois représentants des salariés, trois représentants des employeurs et deux experts choisis par chacun des deux camps.

Le patronat, qui considère que le salaire minimum va entraver le marché de l’emploi et créer du chômage, va tout faire pour que ces aménagements soient importants.

                                                                                                                                                                                                                             2 Le salaire minimum grimpera progressivement jusqu’en 2016

 

Actuellement, 17% des salariés allemands se situent sous le seuil de 8,5 euros, soit 5,6 millions de personnes, selon les syndicats. L’Allemagne ne va pas imposer un salaire minimum de 8,5 euros dès le 1er janvier 2014. L’objectif est fixé pour 2016, ce qui laisse le temps d’aménager les situations les plus compliquées.

Un premier salaire plancher sera fixé par le gouvernement pour 2014. La commission paritaire mise en place devra chaque année fixer son augmentation, pour atteindre 8,5 euros en 2016.

                                                                                                                                                                                                                             3 Plusieurs minimums selon les secteurs, les âges, les régions...

 

La commission paritaire sera chargée de définir des aménagements au salaire minimum, selon des critères qui peuvent être l’âge du salarié, le secteur concerné, la localisation (l’est du pays n’est pas considéré comme compétitif sans ses bas salaires). Autrement dit, il faut s’attendre à des salaires minimums différents, selon que l’on travaille à l’est ou à l’ouest, dans l’agriculture, les services ou l’industrie, selon que l’on sera jeune ou pas.

Le salaire minimum qu’exige le SPD ne s’imposera pas forcément à tous. « Avec ces exceptions possibles, cet accord sur le salaire minimum se rapproche des positions de la CDU, qui exigeait de la souplesse », commente l’économiste Odile Chagny, co-auteure d’une étude sur cette question pour l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques).

                                                                                                                                                                                                                             4 Un compromis qui doit encore être accepté par les partis

 

Jeudi, certains analystes restaient incrédules à l’idée que la CDU ait accepté un tel recul sur le salaire minimum. Une spécialiste allemande des questions sociales allant jusqu’à évoquer l’hypothèse « manoeuvre tactique » pour que le deal avec le SPD soit rejeté par la base de la CDU, ce qui provoquerait de nouvelles élections législatives.

Le SPD a prévu de consulter par référendum ses quelque 470 000 adhérents au cours du mois de décembre sur un accord de coalition. La CDU devrait décider d’en faire de même.

Plus les jours passent, plus l’éventualité de déclencher une nouvelle élection peut être tentante. L’opinion est de moins en moins convaincue par l’idée de grande coalition CDU-SPD. Selon un sondage pour la chaîne publique ARD publié ce vendredi, il ne reste plus que 55% des personnes interrogées à la souhaiter, alors qu’ils étaient 66% début octobre...

 

 

 

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 21:13

 

Source : rue89.com

 

Vote 24/11/2013 à 15h03
Bon dimanche pour les patrons : les Suisses ne plafonnent pas les salaires
Nolwenn Le Blevennec | Journaliste Rue89

 

 

 


A Zurich, le 2 novembre 2013, manifestation des Jeunes socialistes qui arborent le visage du directeur de la banque UBS (FABRICE COFFRINI/AFP)

 

Les électeurs suisses ont voté contre l’initiative 1 : 12 – Pour des salaires équitables, lancée par la Jeunesse socialiste suisse (JS), selon les premières tendances issues des bureaux de vote après leur fermeture, ce dimanche à 11 heures.

L’initiative avait peu de chance d’aboutir (54% de Suisses s’y déclaraient opposés). Si elle avait abouti, les patrons n’auraient pas pu toucher plus de douze fois le salaire le plus bas de leur entreprise.

Mais ce qui est intéressant, c’est que cette idée fracassante soit lancée en Suisse, un pays riche, stable, où l’argent est au cœur de l’économie. Pourquoi ici ?

Un chèque de 72 millions de Francs suisses

Jean-Philippe Schaller, journaliste suisse à la TSR, analyse :

« Les grandes fortunes ne posent pas de problème. Elles s’installent et investissent dans le pays. Ce qui choque, ce sont les salaires pharaoniques des patrons des grandes boîtes. La Suisse a une vraie culture d’égalité. C’est un pays de PME, où les patrons gagnent rarement sept à huit fois plus que leurs employés. »

Au cours de l’année, deux cas ont choqué la population suisse :

  • les dirigeants d’UBS se sont offerts 2 milliards d’euros en bonus en 2012, quand la banque essuyait des pertes à peu près équivalentes ;
  • le débat sur les salaires des dirigeants a été alimenté au début de l’année par la polémique liée au chèque de 72 millions de Francs suisses (58 millions d’euros) promis au président de Novartis, Daniel Vasella, pour son départ en retraite.

« Sale temps pour l’argent »

Déjà, en mars dernier, suite à ces excès, les Suisses avaient largement approuvé « l’initiative Minder », qui prévoyait d’interdire les parachutes dorés.

A l’époque, ce vote favorable à 68% avait déjà fait beaucoup de bruit. Frédéric Burnand, journaliste à Swissinfo, commente :

« Avec cette proposition, les jeunes socialistes ont décidé de prendre la balle au rebond de l’initiative Minder. Mais visiblement, la Suisse n’ira pas plus loin.

Ici, les revenus sont très élevés par rapport à la France, mais le coût de la vie est haut et l’assurance maladie coûte de plus en plus cher. Cette initiative ne vient pas d’un prolétariat enragé, mais d’une classe moyenne fragilisée qui voit les très hauts salaires comme une insulte. Il y a ici beaucoup de multinationales et de banques à l’échelle d’un petit pays. »

Le journal suisse, Le Temps, titre aujourd’hui « Sale temps pour l’argent ». Le quotidien propose des rencontres avec des multimillionnaires qui se jugent en disgrâce.

La démocratie directe, capable du pire et du meilleur

Si c’est en Suisse qu’une telle proposition arrive à faire son chemin, c’est aussi parce que le peuple suisse peut déclencher un référendum pour modifier la Constitution. Pour cela, 100 000 signatures doivent être récoltées en dix-huit mois. Frédéric Burnand, journaliste à Swissinfo, commente :

« La démocratie directe permet de limiter les mouvements de mécontentement. On a l’expression en direct des courants qui font bouger la population suisse. Elle permet de participer aux décisions, c’est la démocratie au sens le plus basique du terme.

Même quand les initiatives ne passent pas, ce n’est pas inutile. Un bon politicien prendra en compte les résultats. »

La démocratie directe donne leurs chances aux idées les meilleures comme aux pires. De France, on entend surtout parler des initiatives de l’UDC – extrême droite suisse – qui ont beaucoup de succès.

C’est par elle qu’en novembre 2009, l’interdiction de la construction des minarets a été votée en Suisse. La prochaine, intitulée « contre l’immigration de masse », sera mise en votation en février prochain. Elle a de fortes chances de passer.

Fuite des capitaux

Et en France ?
Pour rappel, en France, un projet de loi destiné à encadrer les rémunérations privées a plusieurs fois été annoncé mais toujours reporté. En mai dernier, le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici, a annoncé que le gouvernement renonçait pour le moment à légiférer sur ce sujet. Le PS préfère miser sur l’impôt (la tranche à 75%, proposée par François Hollande). Jean-Luc Mélenchon a défendu l’idée d’un salaire maximum dans son programme présidentiel en 2012.

Si la loi sur l’encadrement des rémunérations avait été adoptée, les salaires les plus élevés auraient été plafonnés autour de 576 000 Francs suisses (467 000 euros) par an.

En comparaison, le salaire moyen des dirigeants des principales entreprises cotées du pays a atteint 6,7 millions de francs en 2012, selon le cabinet de conseil PwC.

En Suisse, ces dernières semaines, le patronat s’était bien organisé, faisant basculer l’opinion de son côté. Il a réussi à faire passer l’idée qu’une telle loi forcerait les entreprises à quitter le territoire. Notamment les entreprises étrangères qui n’auraient plus la possibilité de payer décemment leurs grands chercheurs et leurs « top managers ».

Par exemple, le directeur général de l’anglo-suisse Glencore, société de courtage, Ivan Glasenberg, a déclaré à la presse que l’adoption du texte contraindrait son groupe à quitter le pays. Il a lui-même touché un salaire équivalent à 130 millions d’euros en 2012. A priori, Ivan Glasenberg va finalement pouvoir rester en Suisse.

 

 

 

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:55

 

Source : emploi.blog.lemonde.fr

 

Le documentaire qui déplait à la direction de Pôle emploi

 

 

 

Capture d'écran du film de Nora Phillippe sur Pôle emploi

Capture d'écran du film de Nora Phillippe sur Pôle emploi

 

Le documentaire de Nora Philippe sur Pôle emploi, diffusé dimanche 24 novembre à 20h30 sur LCP, fait mal. Pendant dix-huit mois, la réalisatrice a observé, puis posé sa caméra dans l'agence d'une commune tranquille de Seine-Saint-Denis, Livry-Gargan. Après une telle plongée, on aurait pu s'attendre à ce que le film – intitulé "Pôle emploi, ne quittez pas" – renvoie une image moins mauvaise que d'habitude de l'institution, déjà largement critiquée. Mais les images ne sont pas tendres. Elles montrent l'incroyable violence dont fait preuve Pôle emploi envers ses conseillers.

Il fait tellement mal, que la direction de Pôle emploi a décidé d'empêcher la réalisatrice de le montrer aux conseillers de l'agence. Alors qu'on lui avait promis qu'une projection serait organisée en sa présence, Pôle emploi a décidé à la dernière minute de ne pas le faire. "Après le visionnage organisé fin octobre à la direction générale, on nous avait pourtant promis de faire une diffusion collective suivie d'un débat", assure Nora Philippe. Mais la réalisatrice a appris par les conseillers de l'agence, qu'une projection était organisée, sans elle, vendredi 22 novembre.

 

RATÉS DU SYSTÈME

"Nous avons dit avec ma production que c'était inacceptable, mais la direction régionale n'a rien voulu entendre. Nous avons refusé toute projection en notre absence", explique Mme Philippe, qui s'est tout de même rendue à l'agence vendredi. "Les portes étaient fermées et les équipes de direction ont refusé de nous ouvrir", assure-t-elle. Le film n'a finalement pas été diffusé, mais Mme Philippe se désole que la direction "refuse de voir la réalité", après avoir accepté que l'agence ouvre ses portes pendant plusieurs mois.

"Nous comprenons que Nora Philippe soit perturbée, mais la direction régionale et la directrice de l'agence se sont senties trahies par la réalisatrice après avoir vu son film", a expliqué au Monde une porte-parole de l'organisme. "Ils ont préféré dire aux agents de le. regarder dimanche soir, car ils ont craint la réaction qu'ils pouvaient avoir vis-à-vis de Mme Philippe si elle était présente. C'est très difficile pour les agents d'avoir le recul nécessaire et d'analyser ça comme un documentaire distancié alors que c'est leur quotidien."

Qu'est ce qui explique ce soudain retournement ? Le film n'est pas tendre, mais il est indubitablement très proche du quotidien des conseillers. Il montre les ratés du système Pôle emploi, incarnés par quelques séquences fortes. Tous les matins, une dizaine de demandeurs d'emploi s'engouffrent dans la salle d'accueil, à peine les portes ouvertes. Ils sont le symbole d'une masse qu'il faudra accueillir, conseiller et surveiller tant bien que mal.

Face à eux, quarante conseillers, qui collent des panneaux « En panne » sur toujours plus d'ordinateurs, rigolent - jaune - des acronymes absurdes de l'organisme, se résolvent à recevoir les chômeurs collectivement alors qu'ils s'étaient promis de s'en tenir à des entretiens individuels. « Soit on ne reçoit pas les demandeurs d'emploi, soit on les reçoit en groupe. C'est quoi la meilleure solution à votre avis ? », leur lâche la directrice d'agence, elle-même noyée sous les consignes incompréhensibles de sa propre hiérarchie. Jusque tard le soir, elle s'arrache les cheveux pour les appliquer correctement.

 

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Jusque tard le soir, la directrice de l'agence s'arrache les cheveux pour appliquer les consignes correctement

 

VOCATION SOCIALE

« Les tâches bureaucratiques à Pôle emploi sont considérables, elles bouffent les agents », raconte la réalisatrice Nora Philippe, qui tient à souligner l'universalité de son documentaire. « J'ai filmé une agence, mais Pôle emploi est extrêmement hiérarchisé, ce qui se passe au niveau micro reflète complètement le système. » A cause de cette bureaucratie et de l'explosion du nombre de chômeurs, « les agents sont en craquage, ils en perdent leur humanité, comme pourraient le faire des infirmiers dans un centre de soins palliatifs », explique la réalisatrice. Au téléphone, une chômeuse, qui veut simplement savoir quand et combien elle sera indemnisée, se fait éconduire violemment. Les conseillers semblent pourtant tous avoir voulu au départ faire ce métier par vocation sociale, telle cette agente d'accueil de banque, filmée lors d'un émouvant entretien d'embauche.

Mais à l'arrivée, ils passent de fait très peu de temps à véritablement conseiller les chômeurs, une mission pourtant censée être au coeur de leur activité. « On leur demande de la performance, de produire des chiffres et d'appliquer des consignes contradictoires », dénonce la réalisatrice. Il faut du courage aux conseillers de Livry-Gargan, dépourvus de toute autonomie, pour garder la foi. Peu de chômeurs apparaissent toutefois à l'écran, ils auraient pourtant largement de quoi se révolter. Et les soudaines réserves de la direction de Pôle emploi ne font que le confirmer.

 

>> Lire aussi : "Dans la galère quotidienne d'un agent Pôle emploi"

 

 


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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:30

 

Source : reporterre.net

 

La fin pitoyable d’une conférence sur le climat vampirisée par les multinationales

Hervé Kempf (Reporterre)

vendredi 22 novembre 2013

 

 

 

Les ONG écologistes ont décidé de quitter la conférence des Nations unies sur le climat qui s’achève aujourd’hui à Varsovie. Elles n’ont plus rien à faire dans une enceinte envahie par les multinationales et où les pays les plus responsables du changement climatique refusent d’avancer d’un pouce.


Une BMW surpuissante est-elle le meilleur moyen de lutter contre le changement climatique ? C’est ce que laisse croire la firme - et l’ONU qui a accepté cette provocante turlupinade - en exhibant un de ses derniers modèles à l’entrée du lieu de la conférence sur le climat à Varsovie. Elle n’était d’ailleurs pas seule, puisque les firmes multinationales ont lourdement marqué leur présence durant la conférence : « Dès l’entrée, les logos sont partout : les distributeurs d’eau sont siglés Alstom, les fauteuils Emirates, le mobilier Ikea…Ce fut un vrai choc à notre arrivée ! », décrit sur Novethic Célia Gautier, du Réseau Action Climat. Et derrière l’affichage, les lobbies industriels, recensés par Corporate Europe Observatory, occupaient couloirs et sièges d’observateurs.

Le pays hôte, la Pologne, en a rajouté dans la provocation, accordant le statut de partenaire à douze entreprises, relève Basta !, tout en organisant un sommet sur le charbon au moment même de la conférence sur le climat et à cinq cent mètres de celle-ci.

Excédées et désolées, les ONG environnementales présentes ont décidé de ne plus participer à cette mascarade, quittant en masse la conférence jeudi 21 novembre.

Car, pendant que les multinationales paradaient, les gouvernements avaient multiplié les signes d’abandon : le Canada, qui avait quitté le protocole de Kyoto fin 2012, a salué la décision de l’Australie de n’envoyer qu’un fonctionnaire et non son ministre de l’Environnement à la conférence de Varsovie, tandis que le Japon annonçait qu’il augmenterait ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 !

Quant aux discussions elles-mêmes, elles n’ont pas avancé d’un pouce, notamment sur le volet financier : comme l’explique Oxfam France, "la réunion des ministres des Finances n’a amené quasiment rien de concret sur la question des financements et les négociations sur un mécanisme international de réparation des ’pertes et dommages’ sont restées au point mort". En fait, les pays riches refusent de tenir leurs engagements financiers envers les pays pauvres de les aider à s’adapter à un changement climatique dont ils sont les premières victimes.

Ils renâclent aussi à s’engager dans un accord contraignant de réduction des émissions : comme le rapporte l’AFP, les grands pays émergents veulent que les pays industrialisés, responsables historiquement du réchauffement, fassent beaucoup plus d’efforts qu’eux. Une position rejetée par les États-Unis, qui refusent que la Chine bénéficie d’un traitement de faveur. "Un accord basé sur cette ligne de partage entre pays développés et en développement ne fonctionnera pas", a déclaré le négociateur en chef des Etats-Unis, Todd Stern. A quoi le Chinois Zhenhua Xie répondait qu’il y a d’un côté des pays en cours "d’industrialisation" et d’autres "qui sont post-industriels", et que "cette division subsistera après 2020". Zhenhua Xie souhaite que l’accord de 2015 comprenne des "objectifs de réduction drastique d’émissions de gaz à effet de serre" pour les pays riches, et que les pays du Sud ne s’engagent qu’à "renforcer leurs efforts" en ce sens.

Face à cette divergence radicale de points de vue, on voit se dessiner une logique qui ferait d’un traité en 2015 une coquille vide, laissant à chaque pays le soin de prendre des initiatives en propre.

La France, qui accueillera au Bourget, près de Paris la conférence de 2015, pourra-t-elle peser pour que le rendez-vous débouche sur un traité réellement contraignant ? Il faudra déjà, pour cela, qu’elle ait elle-même une vraie légitimité environnementale, aujourd’hui défaillante si l’on considère son triste bilan en la matière. Un élément pourrait faire pencher la balance du bon côté : une mobilisation citoyenne internationale, comme l’écrit Maxime Combes, d’Attac. Les jeunes qui ont joyeusement rempli le train climatique de Bruxelles à Varsovie ont montré que ce n’était pas là des vains mots. Mais cela suppose une stratégie internationale des écologistes qui n’a pas encore émergé.


Source : Hervé Kempf pour Reporterre.

Photos :
. BMW : Réseau Action Climat.
. ONG quittent conférence : Friends of the earth.

Lire aussi : Marché ou lutte contre la finance : l’enjeu caché de la Conférence Climat à Varsovie.


Pour une information libre sur l’écologie, soutenez Reporterre :

 

 

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:04

 

Source : mediapart.fr

Allemagne: un salaire minimum pour en finir avec l'ère Schröder

|  Par Thomas Schnee

 


Angela Merkel accepte la création d'un salaire minimum légal, revendication centrale des sociaux-démocrates. C'est un tournant historique dans la lutte qui oppose depuis dix ans les partisans de la dérégulation libérale à la « mode Schröder », à ceux qui estiment que les déséquilibres sociaux deviennent intenables. Un Allemand sur six vit sous le seuil de pauvreté.

Berlin, correspondance

La chancelière allemande a confirmé, jeudi 21 novembre, que l’Allemagne allait se doter d’un salaire minimum légal. « Une analyse réaliste de la situation montre vite que les sociaux-démocrates ne pourront pas sortir de ces négociations sans avoir obtenu un salaire minimum légal universel », a-t-elle expliqué à un parterre de patrons comme consternés. Cette concession est la seule option envisagée par Angela Merkel pour s'assurer de la formation d’un gouvernement de grande coalition (conservateurs/sociaux-démocrates) et éviter la tenue de nouvelles élections à quelques mois du scrutin européen.

 

Angela Merkel. 
Angela Merkel. © Reuters

Mise sous pression par une base militante qui répugne très fortement à voir son parti « perdre son âme » une nouvelle fois en s’alliant aux conservateurs, la direction du SPD a en effet décidé que ses 473 000 adhérents se prononceront par référendum du 6 au 12 décembre sur le programme de gouvernement en cours de négociation. Or si ce programme ne comprend pas le salaire minimum, il ne fait aucun doute que les militants le rejetteront, ouvrant la voie à de nouvelles élections.

Le geste de Mme Merkel n’est bien sûr pas gratuit. En échange, celle-ci entend encore obtenir des assurances de la part du SPD. Par exemple celle du maintien ferme et définitif de la retraite à 67 ans. Les négociations entre les conservateurs et le SPD sur le salaire minimum s’achevant mardi prochain, Angela Merkel a précisé que son parti ferait tout pour limiter les effets négatifs sur l’emploi que l’introduction d’un tel salaire pourrait induire. Pour l’instant, la commission de négociation, qui réunit les chefs de parti, n’a pas décidé si le futur « Smic allemand » serait identique pour tous les secteurs d’activité, sur tout le territoire et d’un montant minimum de 8,50 euros de l’heure, comme le veulent les sociaux-démocrates.

L’annonce de la chancelière est un tournant important dans le long combat sur les salaires qui a démarré en 1995, après la dernière grande grève de l’IG Metall. À l’époque, l’Allemagne est considérée comme le « malade de l’Europe » et connaît déjà un chômage de masse. La grève déclenchée cette année-là par les métallos, pour obtenir une augmentation salariale de 6 %, part de la Bavière et s’étend vite à toute l’Allemagne. Pourtant, dans les nouveaux Länder, les troupes traînent des pieds. Une partie importante des ouvriers de la métallurgie comprend mal que leur syndicat revendique une telle augmentation en pleine crise. À tel point que le syndicat est obligé d’affréter des bus qui emmènent des métallos de l’Ouest pour assurer les piquets de grève dans les usines de l’Est.

Pendant ce temps, chez Volkswagen, où 20 000 emplois ont été maintenus grâce à l’introduction en 1993 de la fameuse « semaine de quatre jours », les syndicalistes admettent à mi-mots que l’entreprise ne pourra pas longtemps maintenir cette situation de sureffectifs qui pèse sur sa compétitivité. Cette grève, qui s’achève par une augmentation modeste, marque le début d’une longue période de modération salariale, d’abord forcée, puis acceptée par des syndicats affaiblis et dont les effectifs fondent comme neige au soleil. De 1991 à 2004, le nombre des adhérents des syndicats allemands passe ainsi de 12 à 6,5 millions

Au début des années 2000, rien n’y fait. La modération salariale et les réformes lancées par Gerhard Schröder pour faciliter l’adaptation des entreprises allemandes à la mondialisation n’empêchent pas la croissance du chômage : il culmine, en 2005, à 5 millions de chômeurs. En 2003, Schröder décide de lancer une réforme radicale du marché de l’emploi qui doit rendre le « travail plus intéressant que le chômage ». Il annonce alors le fameux Agenda 2010 qui, schématiquement, généralise le recours à l’intérim, crée les mini-jobs (jusqu’à 60 heures par mois pour un salaire de 400 euros par mois avec des cotisations sociales réduites). Il fusionne l’allocation chômage longue durée et l’aide sociale. La nouvelle et désormais célèbre allocation « Hartz IV » place alors les chômeurs sous une pression parfois insoutenable qui doit les motiver à rechercher un travail, quel qu’il soit.

« À l’époque, nous avions déjà proposé la création d’un salaire minimum universel. Mais il a été refusé par les conservateurs », se rappelle aujourd’hui Thomas Oppermann, secrétaire général du groupe parlementaire du SPD. En réalité, les syndicats sont également opposés à la création d’un Smic par la loi. À l’époque, ils y voient surtout une grave atteinte à leur monopole de négociation. Ils n’ont pas prévu que les réformes de l’Agenda 2010 vont être massivement utilisées par les patrons pour faire pression sur les salaires, flexibiliser l’emploi à l’extrême et faire reculer la négociation collective sectorielle au profit des accords d’entreprise.

Aujourd’hui, le résultat est là. L’Allemagne affiche des records à l’exportation et un taux de chômage spectaculairement bas (6,9 % en octobre 2010). Mais selon l’Institut sur le travail et la qualification, de l’université de Duisbourg-Essen, 6,8 millions d’Allemands travaillent pour un taux horaire brut de moins de 8,50 euros en 2012 ; 2,5 millions d’entre eux sont même rémunérés à moins de 6,50 euros de l’heure. Par ailleurs, près de 1,31 million de salariés plein temps sont obligés de quémander un « complément de revenu» auprès de l’Agence fédérale pour l’emploi afin de pouvoir assurer le minimum vital à leur famille. Enfin, la pauvreté progresse nettement.

Améliorer l'image de l'Allemagne en Europe

Les chiffres livrés en octobre dernier par l’Agence fédérale des statistiques montrent qu’en 2011, 1 Allemand sur 6, soit 13 millions de personnes ou 16,1 % de la population, vit sous le seuil de pauvreté (environ 980 euros brut par mois pour un célibataire). De son côté, le principal groupe de sociétés de recouvrement de créances, Creditreform, qui publie régulièrement des statistiques sur l’endettement des Allemands, précise que près de 10 % des Allemands adultes sont surendettés (6,59 millions de personnes en 2012). Pendant que les exportations bondissent de record en record au point que même Washington s’en inquiète et que Bruxelles décide de lancer une enquête, la consommation des ménages allemands reste atone. En 2009, les dépenses des Allemands avaient augmenté de 13 % par rapport à 1995, contre 37 % pour les Français, 45 % pour les Britanniques et 47 % pour les Espagnols.

Dans l’Allemagne d’aujourd’hui, personne n’est dupe. L’économie allemande est gagnante à cause de son excellence technologique, d’un remarquable dispositif de cogestion du monde du travail ou encore d’un système d’apprentissage qui assure la formation d’un personnel hautement qualifié. Mais elle est aussi gagnante à cause de la dualité de son marché du travail. Pendant qu'une élite salariée réalise les tâches « nobles », un nouveau prolétariat assure à moindre coût les services plus vils. Angela Merkel et l’aile « sociale » du parti conservateur savent qu’à terme, les déséquilibres ainsi créés sont dangereux.

Chaîne de montage chez Audi. Le salaire minimum est déjà supérieur à 8,50 euros de l'heure. 
Chaîne de montage chez Audi. Le salaire minimum est déjà supérieur à 8,50 euros de l'heure. © Reuters

Sous ces deux premiers mandats, Mme Merkel se résout à accepter des solutions sectorielles là où les partenaires sociaux sont suffisamment implantés. De 2005 à 2013, 14 secteurs tels l’intérim, les services postaux, le gardiennage, la coiffure ou le nettoyage industriel, se dotent ainsi d’un salaire minimum sectoriel, la plupart du temps égal ou supérieur à 8,50 euros /heure. En revanche, et jusqu’à aujourd’hui, la Chancelière a toujours refusé toute solution générale comme un Smic à la française. La droite libérale a toujours refusé de parler de « salaire minimum », lui préférant le terme de « minima salariaux ».

Le rapport de force politique issu des élections la conduit aujourd’hui à accepter cette solution qu’elle qualifie de « mauvaise ». Les adversaires du Smic, qui se sont livrés ces dernières semaines à un matraquage médiatique exceptionnel, espèrent encore que les derniers arbitrages permettront d’éviter un vrai salaire minimum identique pour tous et dans toute l’Allemagne. Le week-end dernier, les quatre grands patrons de l’automobile, Dieter Zetsche (Daimler), Martin Winterkorn (Groupe Volkswagen), Norbert Reithofer (BMW) et Karl-Thomas Neumann (Opel), ont même menacé de délocaliser une partie de leur production si ce salaire arrivait.

En réalité, personne ne sait vraiment quels seront les effets d’une telle mesure sur l’économie allemande. Certains spécialistes du ministère des finances évoquent la destruction possible de 1,8 million d’emplois. D’autres, plus impartiaux, comme Viktor Steiner de l’université libre de Berlin et Kai-Uwe Müller de l’institut DIW, estiment à 500 000 le nombre d’emplois menacés. Selon eux, l’instauration de cette revendication sociale-démocrate risque surtout d’avoir un effet réduit sur le salaire net des personnes concernées : après la hausse des cotisations sociales, de l’impôt sur le revenu et surtout la diminution des prestations sociales consécutives à leur basculement dans une autre catégorie, il resterait en moyenne une augmentation nette des revenus de 900 euros par an, expliquent-ils.

Sur le terrain, les craintes des entreprises semblent moins consistantes. Et ce, même dans les services, secteur le plus concerné par les bas salaires. Le hard-discounter Lidl a ainsi fait savoir qu’il pourrait très bien vivre avec 8,50 euros/ heure puisque, via un accord-maison, il offre déjà un salaire minimum de 10 euros de l’heure ! Quant à Amazon Deutschland, actuellement menacé par la grève à cause de son refus de signer une convention collective, l’entreprise paye un minimum de 9 à 10 euros de l’heure. Dans l’industrie, le patron du comité d’entreprise de Volkswagen, Bernd Osterloh, a de son côté expliqué que 8,50 euros, c’était « très insuffisant ». Il faut savoir que si le « cœur exportateur » de l’industrie allemande (métallurgie, automobile, machine-outil) utilise de plus en plus d’intérimaires ou de travailleurs sous contrat de prestation (en tout 1 million sur 3,6 millions de salariés !), les employeurs de ces secteurs payent bien au-delà de 8,50 euros.

La crainte de nombreux employeurs et économistes est plutôt liée aux effets que pourrait induire l’introduction d’un salaire minimum légal, par exemple une pression généralisée à la hausse sur les salaires, qu’au salaire minimum lui-même. Reste que des secteurs « sauvages » comme l’hôtellerie, la restauration, les petits enseignes du commerce ou encore la tristement célèbre filière « viande » et ses abattoirs à bon marché, vont probablement subir un choc.

Il n’est en tout cas pas certain qu’Angela Merkel soit entièrement désolée par cette évolution. D’une part, parce que personne ne conteste le problème posé à long terme par la fracture sociale. Et d’autre part, parce que les effets du Smic sur la consommation intérieure allemande pourraient jouer positivement au niveau européen. Une telle évolution, saluée hier par le ministre français de l’économie Pierre Moscovici, serait aussi une réponse positive aux critiques des partenaires de l’Allemagne. À terme, cela pourrait nettement améliorer l’image et la marge de manœuvre politique de Berlin au sein de l’Union européenne.  

 

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 16:49

 

Source : mediapart.fr

La réforme fiscale, une nouvelle austérité?

|  Par Mathieu Magnaudeix

 

 

 

En même temps que l'annonce d'une grande réforme fiscale, Jean-Marc Ayrault a confirmé une réduction des dépenses publiques de 15 milliards d'euros par an dans les années à venir. Certains élus PS s'inquiètent déjà, alors que la TVA va également augmenter au 1er janvier.

Ils sont soulagés, les députés socialistes. L'annonce, lundi, par Jean-Marc Ayrault dans Les Échos, d'une « remise à plat » de la fiscalité les sort de la profonde déprime dans laquelle ils étaient plongés depuis des mois. Déprime que la fronde fiscale tous azimuts des dernières semaines n'a fait qu'aggraver. Du coup, ils ne mégotent pas sur les superlatifs pour saluer l'initiative. « C'est un très beau rebond politique », salue Thierry Mandon, porte-parole des députés PS. « C'était absolument indispensable », salue François Marc, rapporteur du budget au Sénat. « Finement joué », se félicite Christian Eckert, son homologue de l'assemblée nationale.

Une fois les partenaires sociaux consultés (lundi et mardi prochains), un groupe de travail associant des piliers de la majorité (spécialistes du budget, membres des différentes commissions) va prochainement être créé au parlement pour réfléchir à l'architecture de la grande réforme fiscale, un immense chantier qui « prendra le temps du quinquennat », comme l'a expliqué mercredi François Hollande.

« Jean-Marc Ayrault a repris la main et il a l'ensemble des députés socialistes derrière lui », affirme la députée Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l'économie. Son rapport sur la réforme fiscale, prêt en septembre, avait été prestement enterré par l'exécutif, alors opposé à tout big bang fiscal.

« C'est une contre-attaque politique bienvenue : Ayrault a recrédité son compte, se félicite Thomas Thévenoud, un proche d'Arnaud Montebourg. Mais nous sommes encore en état de grande convalescence. » De fait, le pouvoir va devoir, en parallèle des grands travaux fiscaux, gérer la hausse de la TVA au 1er janvier, destinée à financer le crédit impôt compétitivité emploi (CICE) voté l'an dernier.

Et cela préoccupe déjà certains parlementaires. « Il y a tout de même un bémol sérieux aux annonces du premier ministre : la réforme fiscale n'apparaîtra pas aux Français tant qu'ils n'en verront pas les effets. Elle va mettre du temps à se mettre en place. Pendant ce temps, le 1er janvier, la TVA va augmenter, accréditant l'idée d'une hausse des impôts. D'ici quelques jours, le débat va peut-être ressortir », explique Laurent Baumel, l'un des membres de la Gauche populaire qui réclame bruyamment depuis des semaines des mesures en faveur du pouvoir d'achat.

« Le pays est au bord de la crise de nerfs : s'il y a un mouvement social sur la TVA autour du 1er janvier, l'affaire pourrait se compliquer », ajoute-t-il. « La TVA va augmenter au 1er janvier, nous l'avons votée. Mais c'est un impôt bien injuste pour les Français les plus modestes », concède François Marc, qui demande des « arbitrages » dans les mois à venir, « pour équilibrer les différents impôts, trancher notamment la question de la répartition entre impôts progressifs et impôts proportionnels comme la TVA. » Le Front de gauche appelle le 1er décembre à une manifestation contre les hausses de TVA (lire notre entretien avec Jean-Luc Mélenchon).

« Il ne faut pas que l'on casse la croissance »

D'autres s'inquiètent déjà de l'autre annonce contenue dans l'entretien de Jean-Marc Ayrault aux Échos, et passée inaperçue : la confirmation d'une réduction, à train très soutenu, des dépenses publiques au cours des prochaines années. « Nous allons réaliser 15 milliards d’euros d’économies en 2014, mais il faudra continuer au moins au même rythme en 2015, en 2016, en 2017 », a ainsi annoncé le premier ministre. La France s'est en effet engagée auprès de la Commission européenne à ramener son déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) fin 2015.

L'ampleur de ces coupes n'est pas tout à fait une surprise. Début novembre, alors que le gouvernement excluait obstinément toute réforme fiscale d'ampleur, le ministre délégué au budget, Bernard Cazeneuve, avait même laissé entendre dans Les Échos que le niveau des économies pourrait être encore plus élevé.

« Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, argumente Karine Berger. On l'a toujours dit ! Dans son programme, François Hollande parlait de 50 milliards d'économie sur cinq ans. On fait juste un peu plus à cause du crédit impôt compétitivité emploi. » Pour cette économiste, « il ne s'agit en rien d'austérité, mais d'un fort ralentissement de la progression des dépenses publiques ». De fait, les dépenses publiques augmentent mécaniquement d'environ 35 milliards par an. Les économies annoncées sont donc en réalité une réduction de la hausse tendancielle, ce que critique d'ailleurs régulièrement l'opposition, qui réclame des coupes bien plus claires dans les dépenses publiques. « C'est beaucoup, mais on y est arrivé cette année. Et c'est nécessaire, car on ne peut plus augmenter les impôts », explique Christian Eckert.

La rigueur qui s'annonce inquiète pourtant franchement ce député influent au sein du groupe PS, qui s'exprime sous couvert de l'anonymat : « 60 milliards d'économie en quatre ans, c'est inouï. Sarkozy, que nous vilipendions alors, avait fait 10 milliards d'euros sur trois ans ! » D'autant que l'essentiel de ces économies « porteront sur la dépense », comme cette année, rappelle le sénateur François Marc. Autrement dit sur les dépenses de fonctionnement, les opérateurs de l'État, les collectivités locales, les dépenses sociales et l'assurance-maladie (médicaments, hôpitaux, etc.) Pour plusieurs élus, la question se pose avec d'autant plus d'acuité que la réforme fiscale nécessite des moyens financiers, aujourd'hui non chiffrés. « Ça nécessite des marges de manœuvre que nous n'avons pas forcément », s'inquiète déjà un interlocuteur de confiance de François Hollande.

« 15 milliards par an, ça me paraît beaucoup. Il faut faire les choses de façon raisonnable », soutient le député Pierre-Alain Muet, ancien conseiller économique de Lionel Jospin à Matignon, un proche de Martine Aubry. Lui plaide plutôt pour un effort plus réduit, « autour de 10 milliards d'euros, le bon rythme pour ne pas endommager la croissance ».

« Ces annonces ne sont pas forcément rassurantes, s'alarme Laurent Baumel. Les 15 milliards prévus dans la loi de finances pour 2014, ça commence déjà à faire mal. Il ne faut pas que l'on casse la croissance (la commission européenne prévoit une faible croissance pour 2014, de l'ordre de 0,9 %  ndlr). Je souscris à l'idée de réduction des déficits, mais pas à marche forcée. » Baumel veut croire que les chiffres annoncés, fixés au doigt mouillé, sont en réalité destinés « davantage aux institutions européennes ou aux marchés qu'à l'opinion ».

Pour le député d'Indre-et-Loire, ils rouvrent surtout le débat européen. « Alors que même la commission européenne s'interroge sur les dégâts de l'austérité, il faut d'urgence reprendre la discussion avec l'Allemagne », dit-il. Dans un livre qui vient de paraître (L'urgence européenne, téléchargeable ici), le président de l'assemblée nationale, Claude Bartolone, partisan de longue date d'une « confrontation » avec l'Allemagne, invite lui aussi la gauche européenne à  rompre « le dogme néolibéral » et l'« Europe disciplinaire », si elle veut éviter une déroute aux européennes des 22-25 mai 2014.

 

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