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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 12:42

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Privatisation des bénéfices

Investissements autoroutiers : de maigres créations d’emplois, un gros enrichissement des actionnaires

 

par

 

 

Le 26 janvier 2017, le ministère des Transports a confirmé un plan d’investissement autoroutier de 800 millions d’euros portant sur une cinquantaine d’opérations. Elles s’ajoutent à la vingtaine de chantier déjà annoncés durant l’année 2015 par Emmanuel Macron. Ces grands travaux profiteront-ils à l’emploi et aux utilisateurs des autoroutes ? Ou en premier lieu aux sociétés autoroutières, grandes bénéficiaires des privatisations de 2005 ? L’État se révèle en tous cas incapable de défendre les intérêts des citoyens, qui financent d’un côté les travaux comme contribuables, et assurent les dividendes exorbitants des actionnaires de Vinci ou d’Eiffage lorsqu’ils passent à la caisse du péage.

A défaut d’enrayer l’augmentation régulière des tarifs des péages, l’État semble apprécier d’investir dans les travaux autoroutiers. Après une vingtaine de chantiers annoncés en 2015, le gouvernement vient d’enclencher, ce 26 janvier, un nouveau plan d’investissement de 800 millions d’euros portant sur une cinquantaine d’opérations supplémentaires. La « création » de nombreux emplois est mise en avant. Cette annonce intervient quelques jours à peine avant l’entrée en vigueur, le 1er février, d’une nouvelle hausse du prix des péages.

Ces deux événements se réaliseront-ils au double bénéfice des sociétés de concession autoroutière – trois géants du BTP – qui encaisseront d’un côté les bénéfices générés par le trafic, tout en attribuant les chantiers à leurs propres filiales de travaux ? Tout indique que les recettes tirées des autoroutes constituent une rente particulièrement rémunératrice pour les sociétés autoroutières... et pour leurs actionnaires.

 

En 2005, la privatisation d’une rente publique

Le réseau autoroutier français – 9 053 km à ce jour [1] – a été construit par sept sociétés concessionnaires, dans lesquelles l’État est resté actionnaire majoritaire jusqu’en 2005. Comme leur nom l’indique, ces sociétés sont liées à l’État par des contrats de concession, sous la forme d’une délégation de service public. Elles entretiennent le réseau, et se rémunèrent avec les péages.

En 2005, le gouvernement dirigé par Dominique de Villepin décide de vendre les actions détenues par l’État dans ces sociétés : les autoroutes françaises sont alors privatisées. Vinci achète les Autoroutes du sud de la France (ASF), Escota et Cofiroute, et devient propriétaire de la moitié du réseau français. Eiffage récupère les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) et Autoroutes Rhône-Alpes (AREA). Enfin, la SANEF (autoroutes du nord et de l’est) et la SAPN (Paris-Normandie) tombent dans le giron de l’entreprise espagnole Abertis. Trois groupes de bâtiment et travaux publics. L’État encaisse 14,8 milliards d’euros, mais se prive définitivement des recettes de ces sociétés globalement très bénéficiaires. Il reste simplement propriétaire des infrastructures.

Des hausses de tarifs régulières

Les contrats de concession passés entre l’État et ces sociétés désormais privées prévoient une augmentation annuelle des tarifs des péages basée sur l’inflation. Les investissements à réaliser sur le réseau sont également pris en compte. ASF répercute ainsi un chantier majeur sur les péages de son réseau : le dédoublement de l’A9 en périphérie de Montpellier. Depuis la signature par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, d’un accord avec ces sociétés en avril 2015, les modifications du niveau d’imposition sont également répercutées sur les péages.

De même, quand l’État augmente le « loyer » que lui paient les sociétés concessionnaires pour faire entrer de l’argent dans ses caisses, c’est désormais l’usager des autoroutes qui paie la différence. Un trajet Deauville-Paris coûtait ainsi 9,40 euros pour une voiture en 2006, et 11,80 euros en 2016. Soit une augmentation de 25 % en dix ans, supérieure à l’inflation sur cette période. Dans le même temps, le trajet Lyon-Valence Sud passait de 7,10 euros à 8 euros. Des hausses qui alimentent tous les ans le débat sur une rentabilité excessive des sociétés d’autoroutes.

Un plan de relance autoroutier pour créer « 10 000 emplois » ?

C’est d’ailleurs pour clore la polémique, en 2015, qu’Emmanuel Macron demande aux sociétés concessionnaires d’investir, en fonds propres, 3,27 milliards d’euros sur le réseau, en échange d’un allongement des durées de leurs concessions – les contrats courant jusqu’en 2032 en moyenne. Pour le gouvernement, les travaux créeront 10 000 emplois. A l’époque Emmanuel Macron assure qu’ils seront réalisés dans les trois ans. Deux ans plus tard, aucun chantier n’a débuté.

En juin 2014, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) alerte les pouvoirs publics sur le risque de perdre 60 000 emplois dans le secteur du BTP. Interrogée en avril 2015, la fédération indique que le plan de relance autoroutier permettrait, non pas de « créer », mais de « sauvegarder » 10 000 emplois. Quoi qu’il en soit, l’impact reste difficilement quantifiable tant que les travaux n’ont pas débuté.

Les chantiers autoroutiers peuvent employer de 30 à 300 ouvriers selon les phases. « Il n’y a pas de travailleurs détachés sur ces travaux », précise Frédéric Mau, secrétaire national de la CGT-Construction pour l’industrie routière. Des ouvriers présents sur les chantiers pendant plusieurs semaines, sont payés 1300 à 1400 euros nets par mois, hors primes de déplacement ou de nuit.

Des chantiers subventionnés par les collectivités locales

Au vu de ce maigre bilan en terme d’emplois comparé aux sommes consacrés, ce type de plan d’investissement est-il vraiment prioritaire ? Ce n’est pas sur les autoroutes que l’avenir des entreprises de travaux routiers se joue mais sur les routes départementales et communales qui se déploient sur 1,5 million de km. « Notre activité a chuté de 35 % depuis 2009 avec le manque d’investissements des communes et des départements », estime Pierre de Thé, directeur de la communication de l’Union syndicale de l’industrie routière de France. Un point de vue largement partagé par la CGT-Construction : « C’est un plan de relance sur le réseau secondaire que l’on attend », assure Frédéric Mau.

D’où l’incompréhension face à l’annonce par le ministre des Transports Alain Vidalies, du deuxième plan d’investissement autoroutier fin janvier, qui plus est financé en partie par les collectivités territoriales. Ces dernières n’arrivent plus à investir dans les routes, et l’État leur demande de mettre de l’argent sur les autoroutes. La communication passerait-elle avant toute autre considération ? Le nouveau plan est annoncé cinq jours avant la hausse des péages – 0,76% en moyenne – intervenant ce 1er février 2017. Le ministère annonce la création de « 5000 emplois », grâce à « 57 chantiers pour un montant de 800 millions d’euros. »

Une source au ministère tente une explication : « Il s’agit d’aider à la réalisation de projets locaux, en faisant appel au financement des péages pour aider les collectivités. » Concrètement, si votre communauté de communes, département ou région décide de mettre de l’argent sur la table pour financer la création d’un nouvel échangeur, vous, contribuables, paierez via les impôts locaux. Et si vous êtes usager des autoroutes, vous paierez une deuxième fois, parce que la société concessionnaire qui aura financé le chantier répercutera son investissement sur les péages.

Le beurre et l’argent du beurre

Si on additionne le plan de relance de 2015, et celui de 2017, ce seront donc plus de 70 chantiers qui doivent débuter. Toutes les entreprises vont-elles en bénéficier ? Apparemment pas. En 2014, l’Autorité de la concurrence dénonçait le fait qu’une part importante des chantiers autoroutiers était attribuée... à des entreprises elles-mêmes filiales des groupes propriétaires des sociétés exploitant les autoroutes : Vinci, Eiffage, et Abertis.

En avril 2015, les sociétés se sont engagées, sur l’honneur (sic), à réserver la moitié des travaux à des entreprises qui ne leur sont pas liées. Les marchés n’ayant pas encore été attribués, c’est à ce jour invérifiable. Pour bien faire, en septembre 2015, l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) et la FNTP ont créé un Observatoire des marchés passés par les concessionnaires d’autoroutes. Depuis, le silence radio règne concernant le travail de cet organisme.

La loi Macron a cependant créé une Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (l’Arafer). « Avec son premier rapport sur l’économie des sociétés concessionnaires, l’Arafer a démontré qu’elle faisait son travail, » estime Laurent Hecquet, président du think tank Automobilités et Avenir. Cette analyse des comptes indique qu’en 2015, « les dividendes versés […] ont fortement augmentés pour atteindre 3,3 milliards d’euros (+127,5%) » Sur la même année, les effectifs à temps plein chutent de 3,1% en moyenne sur les sept sociétés historiques. Bref, les propriétaires des opérateurs autoroutiers se sont considérablement enrichis. Usagers et contribuables apprécieront.

Incompétence ou connivence ?

Alors qu’est-ce qui fait rouler nos ministres pour les autoroutes ? « L’État n’a pas les moyens de financer les infrastructures de transports, juge Jean-Paul Chanteguet, député PS et rapporteur de la mission d’information parlementaire sur la place des autoroutes. Ce qui n’est pas le cas des grands groupes. » Encore faut-il que leurs bénéfices soient consacrés à l’investissement... Cela permet également au gouvernement de communiquer sur la création de 15 000 emplois sans en assumer directement le financement. Mais, au final, c’est bien l’usager autoroutier, voire l’ensemble des contribuables, qu’ils utilisent ou non les autoroutes, qui paie la note. Pour Alain Fayard, retraité du ministère des Transports, c’est le fonctionnement de l’administration française en tant que telle qui est en cause, sans vision « au-delà de six mois ».

En 2013, la Cour des comptes estimait que l’État ne défendait pas suffisamment ses intérêts et ceux des usagers. « L’administration française n’a rien compris au système de la concession ! C’est de l’incompétence, » estime Alain Fayard. Le rapport de force serait inégal avec « des concessionnaires qui connaissent bien mieux le système que le concédant. ». Pourtant, les passerelles entre la puissance publique et les sociétés concessionnaires existent. Loïc Rocard (fils de Michel Rocard) s’occupe du pôle transport au sein du cabinet du Premier ministre, après avoir été directeur d’exploitation de Cofiroute (Vinci) depuis 2014. Alain Fayard lui-même, dans les années 70, a fait une parenthèse dans sa carrière de haut fonctionnaire en passant par ASF, alors entreprise publique. Ces passerelles favoriseraient-elles des convergences de point de vue, voire des connivences entre acteurs publics et privés, au détriments des administrés ?

Quoi qu’il en soit, si ce n’est pas l’usager, c’est le contribuable qui paie. Même lorsque le gouvernement envisage de mieux encadrer les hausses de péages ! Lorsque Ségolène Royal, ministre de tutelle des transports déclare, en octobre 2014 sur RTL, qu’elle est « favorable à la gratuité des autoroutes le week-end », elle déclenche une polémique qui se termine en 2015 par l’annonce du gel des tarifs par Manuel Valls, alors Premier ministre, dont Loïc Rocard était déjà le conseiller transport. Une décision qui entraîne un effet secondaire, résultant des contrats qui lient l’État aux sociétés privées : une compensation sur les années suivantes, répercutés sur les tarifs de péages, qui coûtera 500 millions d’euros supplémentaires aux usagers autoroutiers. Incompétence ou connivence ?

Isabelle Jarjaille

Photo : CC Jean-Baptiste L

 

 

Notes

[1Source : « État des routes 2016 », Union des syndicats de l’industrie routière.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 12:28

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Accaparement des profits

CAC 40 : augmentation record des dividendes en 2016 avec 56 milliards d’euros

par

 

 

Les entreprises du CAC40 ont distribué 56 milliards d’euros en dividendes et rachats d’actions en 2016. Un niveau record depuis la crise financière de 2008 [1]. Ce sont 13 milliards de plus qui ont été versés aux actionnaires comparé à 2015 (43 milliards d’euros). En moyenne, les grandes entreprises françaises ont ainsi redistribué 57 % de de leurs bénéfices aux actionnaires, contre 51 % en 2015.

Trois entreprises représentent à elles seules les deux tiers de ce montant : Sanofi et Total, les deux principales capitalisations boursières françaises, ainsi que Vivendi. Le groupe de médias et de divertissement a reversé en tout 9,6 milliards, dont 3,8 milliards de dividende exceptionnel ! Dans le cas de Vivendi, ces chiffres sont le résultat de l’arrivée de Vincent Bolloré, qui a puisé dans la trésorerie de Vivendi pour accroître les dividendes versés aux actionnaires – dont lui-même – ou acquérir des participations ailleurs [2].

Le groupe Sanofi (6,7 milliards de dividendes en 2016) est de son côté exposé à des affaires de sécurité sanitaire, comme celle de la Dépakine et de ses effets secondaires sur les femmes enceinte et leurs bébés, comme le rappelle Novethic,. Ces affaires pourraient lui coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros pour indemniser les victimes (lire cet article de l’Observatoire des multinationales).

Pour le pétrolier Total (5,9 milliards), les dividendes distribués chaque année constituent un pari sur sa capacité à extraire du pétrole et de gaz malgré leur rôle dans la crise climatique. C’est également autant d’argent qui ne sera pas consacré à une véritable transformation du modèle de Total pour répondre aux exigences de la transition énergétique (sur ce sujet, voir notre récent rapport Total : une stratégie climat en trompe-l’œil).

 

Deux fois plus de dividendes que d’investissement

Plusieurs observateurs ont souligné les risques intrinsèques à l’explosion des dividendes au détriment notamment des investissements, qui assurent la pérennité à long terme des firmes. Selon les calculs de Christian Chavagneux pour Alternatives économiques, les entreprises non financières françaises ont distribué en 2016 deux fois plus de dividendes qu’elles n’ont consacrées à l’investissement – une proportion inversée par rapport aux années 1980. Contrairement à un argument parfois invoqué, ces dividendes ne contribuent que très modérément à entretenir la prospérité de l’économie et de la société française dans son ensemble, au vu de la faible taxation du capital et du fait que plus de 50 % des actionnaires du CAC40 sont étrangers.

La hausse ininterrompue des dividendes illustre donc une nouvelle fois la manière dont les entreprises sont de plus en plus gérées uniquement dans l’intérêt immédiat de leurs actionnaires, au détriment de leur stratégie industrielle et de leurs travailleurs. Sans oublier la question de la prise en compte des coûts sociaux et environnementaux de leurs activités, qu’illustrent chacun à leur manière les exemples de Total et Sanofi.

Si, comme le rappelle Libération, les investissements et la part des salaires sont eux aussi repartis à la hausse, les profits générés par les entreprises restent très majoritairement consacrés à la rémunération du capital et des actionnaires. Malgré leurs discours sur le besoin d’investir sur le long terme, les fonds financiers comme BlackRock continuent à prioriser la distribution de dividendes. Plusieurs entreprises, dont EDF, doivent même s’endetter sur les marchés pour distribuer des dividendes, dont le premier bénéficiaire est en l’occurrence l’État actionnaire...

Olivier Petitjean

 

Notes

[1Le record historique de distributions de dividendes par les sociétés du CAC40 s’établit à 57,1 milliards d’euros. C’était en 2007, juste avant la crise financière globale.

[2Lire les articles de Libération ici et .

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 12:06

 

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=zQiLa3nS6jc

 

Frédéric LORDON - Soutenir Mélenchon?

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Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/actualite-et-verites-de-la-campagne-de-la-france-insoumise/article/280117/frederic-lordon-soutenir-melenchon

 

 

Frédéric Lordon: soutenir Mélenchon?
 
Mariefab nous propose un travail de retranscription de la vidéo-entretien de Daniel Mermet que «Là-bas si j'y suis» publie. Lordon analyse la situation politique et géopolitique actuelle ainsi que le positionnement de Mélenchon et de son apport dans le champ politique.

 

 

Frédéric Lordon:  soutenir Mélenchon? Émission du 27 janvier 2017 de Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet
http://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/frederic-lordon-soutenir-melenchon

 

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F.Lordon : Alors les prochaines élections ... C'est une drôle d'affaire. Moi ça m'inspire des sentiments tout à fait mêlés, cette perspective électorale. Des sentiments très contradictoires.

Je dois dire que les années passant, et ça fait un moment que j'ai arrêté de voter pour ce qui me concerne, j'en suis venu vraiment à considérer que la pantomime électorale dans le cadre des institutions de la 5eme République était une affaire nulle et non avenue.

Et d'un certain point de vue, ce qui s'est passé sur Nuit Debout était l'expression de cette disposition d'esprit. Jouer le jeu dans ces institutions est une affaire soit perdue d'avance, soit entièrement privée de sens. Et que la seule question politique

D.Mermet : On peut être une caution, faire porter une caution

F.Lordon : Oui, voilà, c'est ça. Mais que la seule question politique vraiment pertinente à poser, c'est la transformation des institutions politiques en cessant immédiatement de les cautionner par notre participation.

Et puis contradictoirement, oui, je pense que c'est une élection à nulle autre pareille. Je pense que cette élection soulève des enjeux politiques d'une intensité qu'on a pas vue depuis 1981, et peut-être même supérieure, et que par là d'ailleurs, elle s'annonce d'une redoutable violence. Alors, où sont localisés ces enjeux qui font la singularité peut-être de cette élection? Bon pour l'instant je vais essayer de rester aussi analytique que possible. Là où un enjeu surgit, c'est autour de la candidature de Mélenchon.

Alors voilà, on peut avoir toutes les réserves du monde  vis à vis de Mélenchon, ou de sa personnalité ou de ses orientations politiques, etc, et on en discutera éventuellement tout à l'heure, mais il y a au moins une chose, si on regarde le paysage avec un tant soit peu de distance qu'on ne peut pas ne pas reconnaître, c'est qu’il est le porteur d'une, pour la première fois depuis très longtemps, bon il y a eu 2012 évidemment, il est porteur d'une différence significative de gauche dans le paysage de l'offre politique. Et ça ce n'est pas rien.

Qu'il y ait une différence significative installée dans le paysage de politique ça on le sait depuis longtemps, c'est le FN. Bon, mais c'était la seule, qui prospérait évidemment sur l'indifférenciation générale, ça va sans dire.

Mais là pour une fois, il y a une différence qui peut retenir notre attention et retenir l'attention de tous les gens qui se reconnaissent authentiquement de gauche. Bon on voit bien que nous vivons une conjoncture très particulière, dans laquelle précisément l’arrivée de cette différence peut peut-être produire des effets. Cette conjoncture très particulière, elle se signale par un symptôme caractéristique qui est la confusion générale.

Alors la confusion générale, on peut en donner plein de signes. Des électeurs de gauche se mettent le cervelet au court-bouillon pour savoir s’ils vont aller voter à la primaire de droite. Là c’est qu’il y a un truc qui ne va pas. Les médias eux-mêmes sont sujets à cette très grande confusion. Parce que à force de prendre baffe sur baffe, le niveau de contestation monte et ils ne peuvent pas ne pas l’intégrer d’une certaine manière. Ils se rendent compte que tout ce qu’ils disent est voué au démenti, que tous les candidats qu’ils portent sont menacés de finir dans le talus, que les vainqueurs des sondages finiront comme les perdants, etc. Les médias eux-mêmes commencent à tenir un discours sur les médias, ils disent “oh là là, on n’arrête pas de se tromper”.

Alors là, je voudrais que tu m’accordes une minute d’universitaire, très rapidement. Je vais faire un petit tour par un paradoxe qui est connu depuis la philosophie antique, qui a traversé les siècles, et qui est une grande question pour la logique. C’est le paradoxe d’Epiménide. Alors Epiménide est un bon gars, c’est un Crétois. C’est important qu’il soit Crétois. Les Crétois sont des bons gars. Alors Epiménide se pointe et dit ceci : moi Epiménide, Crétois, je dis tous les crétois sont des menteurs. Et puis il se taille.

Alors les gens qui voudraient savoir si les Crétois mentent ou disent la vérité, commencent à se mettre les méninges en surchauffe. Ils vont alors de mal en pis. Parce que, si Epiménide n’a pas menti, alors tous les Crétois sont des menteurs c’est vrai, donc tous les Crétois mentent. Donc Epiménide qui est Crétois ment aussi. Donc, s’il n’a pas menti, il a menti.

Mais si il a menti, alors la proposition tous les Crétois sont des menteurs est un mensonge. Donc tous  les Crétois disent la vérité. Et Epiménide qui est Crétois dit la vérité aussi. Donc s’il n’a pas menti, il a dit la vérité. Là on peut rester comme une poule devant un couteau cent sept ans devant ce truc là. On ne s’en sortira pas. La logique a fini par trancher, et elle dit : voilà, on un type d’énoncé dont la propriété très caractéristique est d’être auto référentiel. C'est-à-dire c’est un dire qui prend pour objet ce qu’il dit.

Eh bien ce type d’énoncé auto référentiel livre des propositions qui sont indécidables. On ne peut ni dire si elles sont vraies ni dire si elles sont fausses. Ce qui par parenthèse est embêtant pour les facts checkers, je referme la parenthèse. Eh bien voilà, les médias sont dans un devenir épiménide. Parce que les médias viennent et ils disent nous nous trompons. Donc, s’ils ne se trompent pas, c’est qu’ils se trompent. Et s’ils se trompent, c’est qu’ils ne se trompent pas (rires).

Alors évidemment là, si tu veux, le paradoxe n’est pas formulé avec ce degré de clarté dans les têtes médiatiques, mais ça les travaille souterrainement. Et ça les laisse tout neuneus. Alors oui, ah là là. Bon si on soutient Valls, il va perdre, puisque nous nous trompons. Alors mais oui, mais si jamais nous disons que nous nous trompons, est-ce que ça peut le faire remonter déjà? Tu vois, dans ces têtes c’est un merdier à n’en plus finir.

Là dessus passe Macron. Bon alors c’est un autre signe de confusion, quoi le gars qui se dit anti système qui a toutes les étiquettes du système, qui écrit un livre qui s'appelle “Révolution”, et qui se présente comme le chantre du progressisme! Bon ben là, c'est bon, quoi. Le filet est garni. Et donc, dans cette situation là qui devient, avec des degrés de liberté qui s‘ouvrent de partout, des idées qui sombrent, d'autres qui se mettent en torche, etc. il peut peut-être se passer quelque chose.

D.Mermet :  Ouais, c'est à dire

F.Lordon : alors, là, moi je ne sais pas parce que je n'ai pas de boule de cristal. je ne vais pas prendre le risque de me tromper, tu comprends, dans ces conditions. Je ne suis pas totalement idiot. Bon, il faut les prendre les uns ... bon on ne va pas parler du Parti Socialiste. parce que si tu veux, virtuellement ça n'existe plus. Là ça s'agite à la télé, tout ça. mais moi ça me fait vraiment penser à .. tu sais quand les astronomes nous disent qu'on reçoit de la lumière qui a voyagé si longtemps qu'elle a été émise par un astre qui est déjà mort, quand on l'observe. je pense qu'on est typiquement dans ce type d'observation

D.Mermet :  Tu ne vois pas de la lumière qui arrive?

F.Lordon : Ben tu vois, ça fait un petit peu scintiller nos écrans, mais je t'annonce la mire pour bientôt. Et puis la neige. C’est cuit et c'est quand même la bonne nouvelle de la période.

D.Mermet : Benoît Hamon n'a eu aucune grâce à tes yeux ? Moi je l'ai trouvé pas mal avec ses petits objets.

F.Lordon : (sourires) oui, hum, voilà, hum

D.Mermet : On a fait un petit pot en grès, on a fait un petit abat-jour en macramé, là y a l’atelier... Ça t'as pas ému un peu ? On a des petits objets politiques, qui n'ont pas tellement de liens entre-eux mais il y a plein de bonne volonté..

F. Lordon : Ben, il est ému comme un petit animal qui va disparaître lui aussi. (rires!) Non mais moi, j'ai pas de limite à la compassion. (rires dans la salle) Non mais c'est vrai, faut dire les choses. Bon c'est vrai, je suis peut-être un peu vache mais bon, à peine.

Si tu veux, moi, ça fait très longtemps que je pense que l'un des grands enjeux pour la gauche, c'est de parvenir à opérer cette conversion symbolique qui réussisse enfin à priver le parti socialiste de l'étiquette « gauche ». Et il me semble que nous avons vécu un quinquennat Hollande qui, à défaut d'être révolutionnaire, aura été réellement historique. Je pense réellement que ce quinquennat là est historique. Il est historique parce que précisément, il aura réussi cette performance de convaincre un nombre de plus en plus important de personnes, que qualifier ce personnel politique là de « gauche » était une erreur majeure et que maintenant il faut travailler, presque psychologiquement pour ceux qui y ont cru, il faut travailler à s'en débarrasser.

Et je pense que, tu vois sur cette histoire de Hollande, du Hollandisme etc, j'ai toujours pensé que le lexique de la « trahison » était inadéquat. On a beaucoup dit : « Hollande a trahi, il a trahi, il a trahi le discours du Bourget ! », mais non, je ne crois pas, et je ne pense pas qu'ils aient trahi en fait. Moi, ma thèse, c'est plutôt qu'ils sont fidèles à eux-mêmes. Alors, je complète la thèse, c'est-à-dire qu'évidemment quand on remonte le fil des ans, il leur arrivait jadis de faire un petit truc de gauche, tu vois une verroterie par-ci, par-là, etc, mais en réalité depuis toujours, c'était des hommes de droite ; mais c'était des hommes de droite contrariés.

Et oui, ils étaient contrariés par une histoire, éventuellement quelques médias qui continuaient de les taquiner, etc, mais ça fait très longtemps qu'ils sont de droite. Et simplement ce qui s'est passé, c'est que, les années s'écoulant, de plus en plus, ils se sont déboutonnés et ils ont fini par envoyer toute contention à la rivière (rires) et sous Hollande, enfin, ils ont pu être eux-mêmes. Alors ça tu vois, y a un effet de révélation très puissant.

Alors je voudrais te lire une petite chose que j'ai dégoté dans un bouquin que je recommande qui s'appelle « Le concert des puissants ». C'est la dernière production de « Raisons d'agir », les petits livres tu sais, « Raisons d'agir » de la collection « Bourdieu » et ça été fait par François Denord et Paul Lagneau-Ymonet. Il y a un encadré sur des documents que publiait le parti socialiste et notamment ceux du parti socialiste qu'on appelait « les trans-courants » dont Hollande était un représentant notoire. Tu vas voir, ça décoiffe hein, ça annonce tout. Quand t'as lu ça, t'as tout compris aux trente années qui suivent parce que ça date de 1985. Alors accrochez-vous, voilà ce qu'écrivent les fameux trans-courants :

« Le toujours plus et le besoin d'assistance ne sont pas l'apanage d'un groupe social mais semblent faire l'objet d'un certain consensus. L'excès de réglementation et de bureaucratisation ne sont pas toujours le symptôme d'un socialisme rampant, mais correspond le plus souvent à des demandes catégorielles [F.Lordon : grhhh] , un souci de protection des rentes et des privilèges. Bureaucratisation et corporatisme : même combat. Dans un tel contexte [F.Lordon : c'est là qu'est le point crucial], dans un tel contexte, la déréglementation change de camp. La généralisation des pratiques concurrentielles devient une exigence pour la gauche, afin d'assurer une plus grande mobilité sociale. » etc, etc.

Donc tu vois, là, dès le milieu des années 80, la matrice idéologique est formée. Alors tu comprends évidemment, crier des choses comme ça sur les toits en 1985, c'est un peu compliqué donc c'est des documents internes au PS, un peu publiés mais pas trop lus etc. Trente ans plus tard nous avons la loi Macron. Et nous avons le gouvernement Valls-Hollande. Donc voilà, là si tu veux, le grand cycle est accompli, et il est temps de le refermer.

D. Mermet : Oui, je crois entendre les sifflets qui accompagnaient l'arrivée de François Mitterrand à Charléty en juin 1968. Ils ont toujours trahi, ces gens-là ont toujours trahi, c'est une coutume chez eux, et là ils viennent de le faire à nouveau, voilà.

F. Lordon : Ben oui...

D.Mermet : Alors, t'as confiance en Mélenchon, euh, lui c'est la gauche...

F.Lordon : Écoute...

D.Mermet : ...parce que je me souviens d'un Lordon, « on peut rien faire dans ce cadre là, il faut changer le cadre, il faut renverser la table, etc.. ». Tout d'un coup tu dis que ben non, peut-être que dans ce cadre-là, on peut faire quelque chose et puis alors après, parce que j'ai entendu ça aussi en 2012 de la part de certains de nos amis qui disaient « Attends attends, aujourd'hui dans les urnes et puis demain dans la rue. Hollande on va lui mettre la pression après. Votons Hollande (contre Sarkozy), votons Hollande et puis après on va lui mettre la pression ». Même certains amis parlaient de « Hollandisme révolutionnaire », c'était du deuxième degré mais ça quand-même été dit. Est-ce que tu ne crains pas aujourd'hui de perdre un peu de...un Lordon un petit peu moins radical que d'habitude ?

F.Lordon : Non non, t'en fais pas. Je suis toujours aussi méfiant et cependant, je maintiens ce que j'ai dit tout à l'heure. Je pense que pour la première fois, nous avons une différence significative qui est émise, qui a pris sa place dans l'offre politique et qu’on ne peut pas complètement faire l'impasse dessus. Alors, ne pas faire l'impasse, ça ne veut pas dire se rendre avec armes et bagages...

 

*Suite de l'article sur mediapart

 

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/actualite-et-verites-de-la-campagne-de-la-france-insoumise/article/280117/frederic-lordon-soutenir-melenchon

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 22:02

 

 

Source : http://www.nvo.fr/0-0-4849-les-chantiers-honteux-de-vinci

 

 

Mis à jour le 26.01.2017 à 16h00 | Publié par Nathalie Carmeni – Photo : Pierrick Villette
 
 
 
 

Les chantiers honteux de Vinci

 

ConstructionSur un chantier majeur de la RATP, une cinquantaine de travailleurs kurdes et turcs, sans contrat de travail et sans salaire depuis des mois, sont entrés en grève, le 24 janvier à minuit. Soutenus par la CGT, ils luttent pour la reconnaissance de leur travail et mettre fin à une situation de quasi esclavage.

Les chantiers honteux de Vinci

Sur un chantier majeur de la RATP, une cinquantaine de travailleurs kurdes et turcs sans contrat de travail et sans salaire depuis des mois, sont entrés en grève, le 24 janvier à minuit. Soutenus par la CGT, ils luttent pour la reconnaissance de leur travail et mettre fin à une situation de quasi esclavage.

Sur l'échelle du pire, on ne sait pas bien où positionner cet énième cas scandaleux d'exploitation de travailleurs migrants en situation d'extrême vulnérabilité par des entreprises championnes du CAC40. Nous voici chez Vinci, l'opérateur BTP à 2 milliards d'euros de résultat en 2015. Comme souvent, Vinci a remporté l'appel d'offres pour un gros chantier de construction. En l'occurrence, celui de la RATP (maître d'ouvrage) pour la rénovation de sa plus grande station de métro qui va de Châtelet à Châtelet-Les Halles. C'est un très gros chantier, et les travaux sont importants, qui concernent la réfection totale de toutes les surfaces (sol et parois), des piliers de soutien, des plafonds en volutes, des coffrages, etc.

 

Sous-traitance à gogo

Le donneur d'ordres pour cette rénovation n'est pas celui qui a remporté l'appel d'offres, mais une entité tierce, l'entreprise SOGEA TPI, qui n'est autre qu'une filiale du groupe Vinci. Or SOGEA TPI a confié la réalisation des travaux à l'un de ses sous-traitants habituels, la société FH Service dont l'arbre généalogique du patronyme varie (FC 10, puis France Ouvrage, Intertravaux, FH Service, etc.) au gré de l'éclatement des scandales, toujours les mêmes : travail dissimulé, impayés de salaires, chèques sans provision, emploi de travailleurs en situation irrégulière et autres fraudes fiscales aux cotisations patronales jamais versées à l'URSSAF.

Réunis dans le réfectoire de la RATP, station Châtelet, les ouvriers attendent l'arrivée de la CGT. C'est un ancien collègue qui les a adressés à la centrale syndicale, désormais célèbre pour ses combats contre le travail dissimulé et l'exploitation humaine.

Ils sont de tous âges, très jeunes ou très âgés, mais ils ont en commun de porter les marques d'une existence sans confort, mais pas sans dignité. La plupart ont d'ailleurs une famille, présente sur le territoire, et nombreuse, qui dépend totalement d'un seul revenu pour cinq à sept bouches à nourrir. Autre point commun: ils parlent bien le français, voire d'autre langues étrangères dont la bonne maîtrise témoigne de leurs déplacements successifs pour la quête de travail.

Arnaques en cascade

À tour de rôle, ils relatent leur cas: les retards de versement de salaires, les chèques en bois, les accidents du travail non déclarés, l'absence de protection contre l'amiante qui est partout dans les murs de la station Châtelet; le chantage à l'emploi et au versement du salaire, exercé par le patron ; ses menaces récurrentes en cas de rébellion, de grève ou de dénonciation. Et dernièrement, signe que la tension monte, la privation de salaire (de 1 300 euros en moyenne) depuis trois à six mois pour la majorité d'entre eux. « On a tenté les débrayages et la grève plusieurs fois, mais il menace de nous foutre dehors et de nous empêcher d’accéder au réseau RATP », explique Gulen. « On connaît bien ce processus psychologique de “soumission à la dette du salaire impayé” qui maintient les exploités dans une dépendance totale par rapport à leur exploiteur », explique Marilyne Poulain, du collectif confédéral CGT des travailleurs migrants.

Pour ce travail de nuit, les ouvriers embauchent à 22h30 et finissent à 5 ou 6 heures du matin, sans aucune pause, sous le contrôle d'un chef de chantier omnipotent qui décide de tout : s'il faut continuer ou s'arrêter à l'horaire prévu, et, en cas de protestation, s'il faut « aller voir ailleurs si j'y suis ».

En présence de la CGT (fédération de la construction, union départementale 75, collectif confédéral des travailleurs migrants...) qui s'engage avec eux dans une longue bataille contre FH Service, Vinci, voire la RATP, la parole des salariés se libère et l'envie de se battre reprend le dessus. Comme prévu, l'inspection du travail intervient sur le coup de 23 heures et constate l'existence d'une relation de travail entre ces ouvriers exploités et FH Service, leur employeur. Bien décidés à se battre, les ouvriers de l'ombre ont voté la grève à l'unanimité et cessé le travail. Première étape d’une longue bataille.

 

 

 

Source : http://www.nvo.fr/0-0-4849-les-chantiers-honteux-de-vinci

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 19:10

 

 

Source : https://france.attac.org

 

Dossier : après les scandales, en finir avec l’évasion fiscale ?
mardi 31 janvier 2017, par Attac France

 

Ces dernières années, la multiplication des affaires a jeté la lumière sur le scandale de l’évasion fiscale. Avec la complicité des banques ou des cabinets d’affaire, de riches particuliers et des multinationales utilisent aujourd’hui des moyens sophistiqués pour éviter de payer leur part d’împots. La libre circulation des capitaux leur permet de profiter des avantages de juridictions complaisantes dans des pays qui ont, pour certains, fait de l’évasion fiscale une véritable industrie.

 

À travers ces articles, nous vous proposons une « plongée » dans le monde de l’évasion fiscale, à travers les scandales de ces dernières années : UBS, SwissLeaks, Offshore Leaks, LuxLeaks, Panama Papers… Ces affaires ont permis des avancées réglementaires dans la lutte contre l’évasion fiscale, sur lesquelles nous reviendrons. Mais du chemin reste à parcourir !

Retrouvez ci-dessous le sommaire complet.

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 18:17

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

900.000 euros pour Penelope Fillon : le "Canard enchaîné" enfonce le clou

 

 

 

Penelope Fillon aurait reçu 900 000 euros au total, selon « Le Canard Enchaîné »

 

Le candidat de la droite à la présidentielle a également rémunéré deux de ses enfants comme assistants parlementaires lorsqu’il était sénateur de la Sarthe, entre 2005 et 2007, selon l’hebdomadaire.

 

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le

 

 

François Fillon et son épouse, le 30 janvier, à Paris.

Les révélations du Canard enchaîné se poursuivent à l’encontre du couple Fillon. Dans son édition du 1er février, l’hebdomadaire affirme que Penelope Fillon, soupçonnée d’avoir bénéficié d’emplois fictifs, aurait en fait reçu au total plus de 900 000 euros, comme assistante parlementaire et en tant que conseillère littéraire à la Revue des deux mondes.

La semaine dernière, l’hebdomadaire révélait que Mme Fillon avait touché 500 000 euros d’argent public en tant qu’assistante parlementaire de son époux entre 1998 et 2002, puis durant six mois en 2012. Elle avait également été employée comme collaboratrice par le suppléant de M. Fillon, Marc Joulaud, de 2002 à 2007.

 

Lire aussi :   En meeting à Paris, François Fillon défend son épouse et crie au complot

 

Dans son édition du 1er février, Le Canard enchaîné chiffre désormais à 831 440 euros brut la somme perçue par Penelope Fillon, et révèle qu’elle aurait aussi été assistante parlementaire entre 1988 et 1990.
S’expliquant vendredi au « 20 Heures de TF1 », le candidat de la droite à la présidentielle avait pourtant déclaré que sa femme travaillait « depuis toujours » à ses côtés bénévolement mais qu’il l’avait embauché « en 1997 » après le départ d’un collaborateur parlementaire.

Penelope Fillon a également été collaboratrice de son époux jusqu’au 30 novembre 2013, et non pas fin 2012, comme l’avançait l’hebdomadaire satirique la semaine dernière. Soit un mois avant que François Fillon soit dans l’obligation de déclarer les revenus de sa femme et le nom de ses collaborateurs parlementaires - comme l’ensemble des parlementaires -, à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, mise en place quelques semaines avant.

Interrogé par Le Monde, le camp Fillon tente de minimiser l’impact de cette nouvelle révélation :

“Ce n’est pas une affaire nouvelle mais seulement une somme plus impressionnante. Cela ne change pas grand chose sur le plan juridique et cela répond à la même problématique qui est de savoir si Penelope Fillon travaillait ou non. Après, cela complique la donne au niveau politique car l’accumulation et la manière dont « Le Canard enchaîné » feuilletonne donne l’impression que c’est une autre affaire."

Perquisitions

Penelope Fillon aurait par ailleurs touché 100 000 euros pour sa collaboration à la Revue des deux mondes. Des travaux dont Le Canard enchaîné dit ne pas avoir trouvé trace. D’après Michel Crépu, qui dirigeait à l’époque la revue littéraire, l’épouse de François Fillon « a bien signé deux ou peut-être trois notes de lecture », mais « à aucun moment (…) je n’ai eu la moindre trace de ce qui pourrait ressembler à un travail de conseiller littéraire »

 

Lire aussi :   Affaire Penelope Fillon : perquisition à « La Revue des deux mondes »

 

Dans la foulée de ces révélations, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet national financier, le 25 janvier, portant sur des chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits. Des enquêteurs se sont ainsi rendus mardi à l’Assemblée nationale pour se faire remettre des documents.

La veille, M. et Mme Fillon ont été entendus séparément à Versailles, dans les locaux du groupe d’intervention régional, par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières. Le suppléant de François Fillon, Marc Joulaud, va être entendu mercredi par le parquet financier.

Ces investigations doivent permettre de déterminer si Mme Fillon a effectivement exercé une activité pendant ces années où elle était assistante parlementaire et employée par la Revue des deux mondes.

 

Lire aussi :   Affaire Penelope Fillon : des policiers à l’Assemblée nationale pour chercher des documents

 

M. Fillon a employé deux de ses enfants

Par ailleurs, toujours selon Le Canard enchaîné, le candidat de la droite à la présidentielle a rémunéré deux de ses enfants comme assistants parlementaires lorsqu’il était sénateur de la Sarthe entre 2005 et 2007. Marie Fillon aurait reçu au total plus de 57 000 euros bruts et Charles Fillon plus de 26 600 euros.

D’après l’hebdomadaire satirique, Marie, la fille aînée, qui « vient tout juste de terminer ses études de droit » a été employé par son père à partir du 18 septembre 2005 et rémunérée au départ 3 773 euros brut mensuels puis 3 814 par mois en tant qu’« assistante de sénateur ». Elle restera à ce poste jusqu’au 31 décembre 2006.

Dès le lendemain de son départ, M. Fillon la remplace par un de ses fils, Charles. Mais le salaire n’est pas le même. Selon Le Canard enchaîné, il est rémunéré « 4 846 euros brut mensuels, soit 27 % de plus que sa soeur aînée ». Il restera jusqu’au 17 juin 2017 alors que François Fillon, nommé à Matignon par Nicolas Sarkozy, a quitté son poste de sénateur.

Lors de ce même entretien au « 20 Heures » de TF1, vendredi, François Fillon avait révélé qu’il avait rémunéré « pour des missions précises deux de ses enfants [Marie et Charles] qui étaient avocats en raison de leurs compétences » lorsqu’il était sénateur de la Sarthe. Or, ces deux enfants sont effectivement aujourd’hui avocats, mais ils n’étaient pas encore diplômés au moment où leur père siégeait au Sénat.

 

Lire aussi :   Fillon prétend avoir employé deux de ses enfants comme avocats, alors qu’ils ne l’étaient pas encore

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

 

                                                                          ************************

 

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

900.000 euros pour Penelope Fillon : le "Canard enchaîné" enfonce le clou

 

 

 

 

Penelope Fillon a empoché plus de 900.000 euros brut comme collaboratrice de son mari et à la "Revue des deux mondes", selon de nouvelles révélations du "Canard enchaîné".

L'affaire était déjà suffisamment embarrassante pour le candidat. Les nouvelles révélations du "Canard enchaîné", dans l'édition du 1er février, ne devraient rien arranger.

D'après l'hebdomadaire, Penelope Fillon, soupçonnée d'emplois fictifs, a touché au total plus de 900.000 euros brut comme collaboratrice de son mari François et à "la Revue des deux mondes". "Le Canard enchaîné" avait dans un premier temps évoqué la somme de 500.000 euros brut.

D'après ces nouvelles informations, l'épouse de François Fillon a donc touché 831.440 euros brut comme assistante parlementaire de son mari et de son suppléant Marc Joulaud.

Et pas seulement de 1998 à 2002, comme nous l'avions appris la semaine dernière, mais aussi de 1988 à 1990. 

Penelope Fillon a aussi perçu quelque 100.000 euros brut pour un emploi au sein de "la Revue des deux mondes".

 


84.000 euros pour les enfants

Par ailleurs, le candidat de la droite à la présidentielle a rémunéré deux de ses enfants comme "assistants" parlementaires quand il était sénateur de la Sarthe entre 2005 et 2007, affirme aussi l'hebdomadaire : Marie Fillon aurait perçu 57.084 euros brut, et Charles Fillon 26.651 euros.

François Fillon avait lui-même révélé jeudi soir sur TF1 qu'il avait salarié deux de ses enfants "pour des missions précises", et alors qu'ils "étaient avocats".

Vérification faite, les deux jeunes Fillon n'étaient pas encore avocats à ces dates-là. Marie a prêté serment fin 2007, alors que son père avait déjà quitté le Sénat, et Charles en 2010.

 

Lire aussi François Fillon a bien de la chance d'être candidat en France…

Perquisition et audition

Ces nouvelles révélations interviennent quelques heures après la visite d'enquêteurs dans le bureau du député Fillon et dans différents services à l'Assemblée nationale. Le président du groupe LR à l'Assemblée, Christian Jacob, a évoqué une "perquisition".

Les enquêteurs recherchent des preuves matérielles de l'emploi pour lequel Penelope Fillon a été rémunéré durant plusieurs années.

Elle et son mari ont par ailleurs été entendus lundi à Versailles dans les locaux du Groupe d'intervention régional par les policiers de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières.

Le suppléant de François Fillon, Marc Joulaud, sera lui entendu mercredi par le paquet financier, a-t-on appris ce mardi soir.

(Avec AFP)

 

Au-delà de Penelope : ces deux autres affaires qui inquiètent Fillon

 

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 15:05

 

 

Source : http://www.streetpress.com/sujet/1485429231-cette-greve-au-bengladesh-dont-vous-n-avez-pas-entendu-parler-vous-concerne

 

 

Cette grève au Bangladesh dont vous n’avez pas entendu parler vous concerne

 

par Nayla Ajaltouni, 38 ans, coordinatrice d'Ethique sur l'Etiquette. Ce collectif d'associations lutte pour de meilleures conditions de travail des ouvriers du textile dans le monde.

 

 

Depuis des semaines, les ouvrières bangladaises du textile luttent pour de meilleures conditions de travail. Et elles ont besoin de votre soutien.

Depuis plus d’un mois, au Bangladesh, des milliers de personnes se battent (link is external) pour des conditions de travail dignes. Vous n’en avez peut-être pas entendu parler car peu de médias occidentaux ont repris l’info.

Pourtant, cette lutte sociale qui a lieu à des milliers de kilomètres vous concerne. Et vous avez un rôle à jouer en tant que consommateur-citoyen.

Le 12 décembre dernier, plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers du textile de la province d’Aschulia, grande région industrielle du Bangladesh s’arrêtent de travailler. Ces femmes (85% des travailleurs du textile dans le monde et dans ce pays sont des femmes) se battent pour un salaire décent, en l’occurrence le triple de leur salaire actuel, de 5300 takas.

 

 

 


« Au Bangladesh, revendiquer de meilleures conditions de travail est dangereux. Le pouvoir est l’ami des industriels du secteur. »

 

Nayla Ajaltouni, coordinatrice d’Ethique sur l’étiquette

 

Ce dernier les oblige à travailler des dizaines d’heures supplémentaires pour simplement survivre. Ces grèves ont lieu car leur salaire ne leur permet pas de vivre décemment! Car au Bangladesh, l’Etat de droit est pas garanti, et revendiquer de meilleures conditions de travail est dangereux. Là-bas, le pouvoir est l’ami des industriels du secteur, et la corruption est très répandue.

La répression ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. 60 usines ont été fermées par leurs propriétaires, 1500 à 2000 travailleurs en grève ont été immédiatement licenciés, avec des plaintes portées contre 1000 d’entre eux. A ce jour, 14 leaders syndicaux sont toujours emprisonnés, sans motif valable. Nous craignons pour leur sécurité, la répression est violente et les maltraitance fréquentes dans les prisons.

Nos grandes enseignes sont présentes sur place

Ici, en France et en Europe en général, on est tous liés à ces ouvrières. D’abord, parce que ce sont elles qui fabriquent les vêtements que l’on achète et que l’on porte tous les jours. Des marques comme Benetton, H&M, Primark ou Auchan, et des dizaines d’autres sous-traitent la fabrication de leurs vêtements sur place.

C’est d’autant plus important que si on ne se montre pas solidaire, leur combat n’avancera pas. Parce que ces travailleurs sont loin d’être passifs, ils luttent tous les jours pour défendre leurs droits, depuis 2010, de nombreuses manifestations ont lieu pour réclamer des conditions de travail dignes, mais au Bangladesh, qui ne reconnaît pas le droit de s’organiser en syndicat, défendre ses droits est dangereux.

La répression contre les ONG et les mouvements sociaux est forte, elle s’accompagne de menaces, de mauvais traitements, d’emprisonnements sans motif voire de tortures. Un militant, Aminul Islam, a été retrouvé assassiné en 2012, probablement avec la complicité de la police, sans que des poursuites n’aient été engagées. Ces ouvrières ont donc besoin de nous pour les appuyer dans leur combat.

En tant qu’ONG, on peut faire pression sur le gouvernement, mais ce lobbying doit s’accompagner d’une pression des grandes marques. Car les multinationales qui fabriquent au Bangladesh ont un tel pouvoir économique qu’il leur donne aussi un poids politique sur l’Etat! (on peut le regretter, mais c’est ainsi).

Si elles exigent du gouvernement bangladais l’arrêt de la répression — notamment pour une raison cynique, la désorganisation de la chaîne de production — ce dernier ne sera pas insensible, en raison du poids de leurs investissements. C’est aussi la responsabilité des multinationales d’agir en ce sens, et au-delà, d’adopter des pratiques respectueuses des droits humains au travail

Elles profitent d’une main-d’oeuvre corvéable à merci

Le problème est que les multinationales sous-traitent justement dans ces ces pays pour profiter d’une main-d’oeuvre à bas prix, qu’on peut facilement faire taire, car elle dépend fortement du secteur textile pour survivre, et augmenter leurs profits. Or, cela se fait en notre nom, au nom! Le principal argument de ces marques est : « Nos consommateurs veulent des prix bas »!

D’abord, aucun prix bas ne saurait justifier que l’on exploite une main d’oeuvre à l’autre bout du monde. Nous sommes de de plus en plus nombreux à refuser que nos vêtements se fassent au prix du sang et de la sueur des travailleurs du monde. Ensuite, c’est aux marques, qui profitent le plus de ce système extrêmement rentable pour elles, d’assurer un salaire décent.

Surtout, dans le prix d’un vêtement, la part du marketing et de la publicité est considérable. Rêvons un peu : et si H&M payait moins Beyoncé pour faire sa promo et construisait ses prix sur la base d’un salaire vital, qui permettrait au travailleur de vivre décemment ?

 

 

 


« Nous sommes de de plus en plus nombreux à refuser que nos vêtements se fassent au prix du sang et de la sueur des travailleurs du monde. »

 

Nayla Ajaltouni, coordinatrice d’Ethique sur l’étiquette

 

Le drame du Rana Plaza a provoqué une prise de conscience

Le drame du Rana Plaza du 23 avril 2013, quand 1138 personnes sont mortes dans l’effondrement de cet immeuble qui abritait 8 usines textiles, a alerté le monde occidental sur le sort de ces ouvrières qui nous permettent de remplir nos placards de vêtements à bas prix et à durée de vie limitée – la mode jetable. Et sur la responsabilité de ces grandes multinationales de l’habillement.

Il y a cinq ans seulement, en tant qu’ONG, il fallait encore souvent expliquer pourquoi nous devions agir en tant que consommateur des pays du Nord pour des travailleurs situés à des milliers de kilomètres, dans des pays du Sud. Aujourd’hui, il y a eu une prise de conscience et les citoyens se posent des questions sur les pratiques des grandes marques de fast-fashion dans les pays en développement.

Depuis le drame, quelques améliorations ont vu le jour : les blessés et les familles ont été indemnisés par les marques, une inspection indépendante des usines a été financée et de nombreux ateliers insalubres ont été fermés ou rénovés. Et ça, c’est grâce notamment à la pression que les ONG comme le Collectif Ethique sur l’Etiquette, mais aussi les consommateurs ont mis sur les grandes marques, via les réseaux sociaux, en signant nos pétitions, en questionnant le marques, en diffusant l’information.

Mais c’est insuffisant

Mais il ne faut pas être dupe, même si les choses avancent, c’est surtout le discours marketing qui a évolué, avec la multiplication des chartes éthiques et même des collections dédiées. La marque « conscious » d’H&M s’inscrit dans cette nouvelle communication sur l’éthique et la transparence des marques de vêtements. Mais il faut plus y voir du social et du green washing qu’autre chose. De la poudre aux yeux, finalement.

Ainsi, maintenir la pression est essentiel : interpeller ces grandes marques sur les réseaux sociaux, poser des questions dans les magasins, envoyer des mails sur le décalage entre leurs pratiques et la réalité. ce sont de outils que nous proposons.

 

 

 


« Il ne faut pas être dupe, même si les choses avancent, c’est surtout le discours marketing qui a évolué. »

 

Nayla Ajaltouni, coordinatrice d’Ethique sur l’étiquette

 

Si l’on n’exprime pas notre refus de ces pratiques, si l’on ne soutient pas ces travailleurs, on est forcément complices de leur exploitation. Il faut refuser fermement que nos vêtements soient fait au prix de leur sang, de leur mauvaise santé et de leurs salaires de misères.

Il n’y a pas qu’au Bangladesh que les grandes marques imposent leur modèle de pression sur les salaires et les conditions de travail, pour générer plus de profit. Auchan nous donne un très mauvais exemple, en ce moment, en France, sur la façon dont il traite ses propres salariés dans ses magasins, ici encore, majoritairement des femmes, en contrat précaires.

En fait, les mauvaises conditions de travail à 10 000 kms ont un impact direct sur les conditions de travail ici-même. Les grandes enseignes font jouer la concurrence entre les travailleurs du monde. Ne les laissons pas faire.

Propos recueillis par Alice Maruani
 

 

 

Source : http://www.streetpress.com/sujet/1485429231-cette-greve-au-bengladesh-dont-vous-n-avez-pas-entendu-parler-vous-concerne

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 14:47

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Assistants parlementaires du FN : Marine Le Pen doit passer à la caisse avant ce soir

 

 

 

Accusée d'avoir eu recours à des assistants parlementaires fictifs dans le cadre de son mandat d'eurodéputée, la patronne du Front national, Marine Le Pen, doit rembourser au total près de... 340.000 euros. La date limite est aujourd'hui, mardi 31 janvier.

 

Si prompte à dénoncer les dérives de la classe politique, Marine Le Pen s’est bien gardée ces derniers jours d’épingler François Fillon, empêtré dans le "PenelopeGate". Et pour cause : accusée d’avoir elle aussi eu recours à des assistants parlementaires fictifs dans le cadre de son mandat au Parlement européen, la patronne du FN a été sommée de rembourser avant ce mardi 31 janvier près de 300.000 euros. Ou plus exactement 296.497,87 euros indûment encaissés, entre 2010 et 2016, par son assistante et ex-belle sœur, Catherine Griset.

Car l’intéressée, officiellement employée par Bruxelles, exerçait en réalité, comme et Mediapart cet automne, une "activité reconnue" au siège du FN à Nanterre sous l'autorité directe de Marine Le Pen, selon l’enquête menée par les inspecteurs de l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf).

 
Quelque 340.000 euros détournés

"Je me battrai, je suis convaincue que je gagnerai contre le Parlement européen", s’est toutefois défendue Marine Le Pen vendredi dernier lors d'une conférence de presse. Un argument qui aura d’autant plus de mal à convaincre les enquêteurs qu’un second dossier d’emploi fictif du FN au Parlement européen fait à ce jour l’objet d’une procédure de recouvrement.

Celui-ci vise le garde du corps de Marine le Pen, un certain Thierry Légier, inscrit comme assistant parlementaire pendant une période de trois mois en 2011. Une courte durée qui a tout de même donné lieu au détournement de 41.554 euros, qui devront être à leur tour remboursés par le FN d’ici au 28 février.

Visée en France par une information judiciaire pour abus de confiance, recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé, Marine Le Pen pourrait se voir d’ores et déjà retirer, en cas de non remboursement des sommes, 340.000 euros au total de son salaire d'eurodéputée...

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 14:31

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

L’ancien employeur de Penelope Fillon carburait à seulement 1169€
 
 

 

 

Marc Joulaud a longtemps joué les remplaçants pour François Fillon à l'Assemblée, est devenu eurodéputé... et est aussi passé par la case "assistant parlementaire" entre 2012 et 2014. Pour un salaire bien éloigné des sommes gagnées par Penelope Fillon en son temps.
 

Avec l’affaire Penelope Fillon, chacun aura compris la grande latitude dont disposent les parlementaires pour utiliser l’enveloppe visant à rémunérer leurs collaborateurs. Il y a la catégorie luxe, ceux qui épuisent à eux seuls la quasi totalité de la somme - c’est le cas de l'épouse de François Fillon, avec au plus fort jusqu'à 7 900 euros brut, . Et puis il y a les gagne-petit.

Marc Joulaud, l’éternel doublure de François Fillon, qui le remplace tant à la tête de la Communauté de communes de Sablé, qu’à l’Assemblée comme suppléant de 2002 à 2005 puis de 2007 à 2012, celui-là même qui a appointé Penny et , est de ceux là. Après avoir longuement remplacé Fillon comme député de la Sarthe, Joulaud est devenu... simple assistant parlementaire. Un job occupé entre 2012 et 2014, après que l'ex-Premier ministre a retrouvé son siège de député et avant que Joulaud ne dégote un mandat d'eurodéputé.

Durant deux ans, Joulaud a donc joué les assistants parlementaires auprès du sénateur Jean-Pierre Chauveau, pour une rémunération de 1 169 euros - nets, cette fois.

 
Chaises musicales

Un aimable renvoie d'ascenseur : le sénateur de la Sarthe Jean-Pierre Chauveau est aussi un redevable de Fillon François. C’est par abnégation qu’il démissionne en 2005 du Palais du Luxembourg, provoquant une élection partielle... qui permet à l’actuel champion de la droite de . A l’époque, Il s’agissait de recaser le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, renvoyé du gouvernement par Jacques Chirac, furieux de son ralliement au maire de Neuilly-sur-Seine. L’élection de 2007 qui offre ensuite Matignon à François Fillon, permet de re-céder sa place de sénateur à son suppléant... toujours Jean-Pierre Chauveau ! Et celle de député fraîchement élu à… Marc Joulaud. La boucle est bouclée.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 17:15

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/sante

Source : http://sante-secu-social.npa2009.org

 

 

Des médecins affichent sur Internet leur refus de soigner les patients précaires

 

LE MONDE

27.01.2017

Par François Béguin et Isabelle Rey-Lefebvre

 

Des médecins affichent sur Internet leur refus de soigner les patients précaires.

Ce ne sont que douze cas. Mais ils racontent la réalité des refus de soins régulièrement rencontrés par les patients les plus précaires, bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) ou de l’aide médicale d’Etat (AME). Dénonçant des refus « affichés et assumés », Médecins du Monde, la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) et le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), un regroupement de quarante associations de patients, ont, le 10 janvier, saisi le Défenseur des droits des cas de douze médecins ou dentistes qui avaient fait figurer « pas de CMU » ou « pas d’AME » sur leur page Doctolib.fr ou Monrdv.com, des sites de prise de rendez-vous.

 

Dans la foulée, l’autorité indépendante a ouvert une instruction et adressé des demandes d’explications à ces praticiens qui refusent ouvertement de soigner ces patients au tarif « conventionnel », sans dépassement d’honoraires, comme la loi les y oblige. « Ces refus de soins envers les précaires sont massifs et répétitifs, explique Florent Gueguen, le délégué général de la Fnars. Mais avec cet affichage sur les sites, un pas de plus est franchi, la démarche de rejet est décomplexée. » « Ces pratiques ne sont pas tolérables, si elles sont avérées, des poursuites disciplinaires seront engagées », promet André Deseur, vice-président du conseil national de l’ordre des médecins.

 

La santé des SDF se détériore

La population concernée est nombreuse : 1,35 million de personnes sont affiliées à la CMU, 5,5 millions bénéficient de la CMU complémentaire (CMU-C), 1,12 million de l’aide à la complémentaire santé (ACS) tandis que 63 130 personnes sont éligibles à l’AME. « Beaucoup de médecins n’acceptent pas les SDF dans leurs cabinets, raconte Dominique Calonne, du collectif des SDF de Lille. Quand nous annonçons “CMU”, il y a un blanc dans la conversation, puis le secrétariat refuse ou donne des rendez-vous à cinq ou six mois. Résultat, les SDF se découragent, ne se soignent pas, abandonnent leur traitement et leur santé se détériore. »

 

« Il est très fréquent que des kinésithérapeutes ou des médecins refusent de prendre des réfugiés en consultation, alors on anticipe cette attitude et on pose d’emblée la question “acceptez-vous les bénéficiaires de la CMU ou de l’AME ?” et on ne perd pas notre temps à faire un recours. De toute façon, ces patients, dont la situation administrative est fragile, ne le feront pas », ajoute Chloé Authelet, éducatrice spécialisée dans le centre d’hébergement de l’Armée du salut, à Paris (20e arrondissement). Résultat : les travailleurs sociaux intègrent ces refus et finissent par toujours orienter vers les mêmes médecins.

 

Contactés, certains des professionnels visés ont répondu franchement, comme une oto-rhino-laryngologiste des Hauts-de-Seine qui confie : « J’ai eu deux ou trois cas d’AME où je n’ai pas été payée pour des actes techniques, or une consultation à 23 euros ne suffit pas. » Elle a finalement retiré de sa page Internet la mention « pas d’AME » mais oriente désormais les patients vers l’hôpital. « Je passe trente minutes par consultation. Si je demande le tarif conventionnel de 23 euros, je travaille à perte, car 46 euros de l’heure, cela ne permet pas de faire tourner un cabinet à Paris », témoigne un gynécologue du 7e arrondissement, récemment installé en secteur II, à 60 euros la consultation : « Je vais accepter des patients en CMU uniquement parce que la convention avec l’Assurance-maladie m’y oblige, mais je vais peut-être leur réserver des créneaux plus courts, sans fournir le service que j’apporte aux autres patients. »

 

Le phénomène est difficile à quantifier, car les plaintes sont rares en raison de procédures que les personnes en situation de précarité renoncent à activer. Le médiateur de la caisse nationale d’assurance-maladie a, en 2015, été saisi 407 fois pour refus de soins. Le défenseur des droits annonce « une quarantaine » de dossiers en cours. Mais seuls huit ont été examinés, en 2015, par les chambres disciplinaires de l’ordre des médecins, un seul blâme ayant été finalement infligé, et une dizaine de dossiers en 2016, avec une ou deux sanctions prononcées.

 

Chez les chirurgiens-dentistes, les chiffres sont également modestes, avec moins de cinq cas rapportés l’année dernière. « Le phénomène n’est pas de l’ampleur qu’on le dit », tempère Gilbert Bouteille, président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes, qui regrette que « quelques praticiens jettent l’opprobre sur l’ensemble de la profession ».

 

Réalité des refus de soin « niée »

 

Les opérations de « testing » permettent de mieux mesurer la dimension de ces discriminations. La dernière enquête de ce type, réalisée par le CISS et deux autres associations, commence cependant à dater. Réalisée en 2009, elle concluait que, sur 496 médecins libéraux spécialistes exerçant en secteur 2, dans 11 villes de France, 22 % refusaient de prendre en charge les bénéficiaires de la CMU, 5 % acceptaient sous condition, c’est-à-dire à certains horaires ou dans des délais longs. Le taux de refus grimpait même à 50 % à Paris.

 

Mais les ordres sont globalement opposés à cette technique. « Le premier testing autour de la CMU a été mal vécu, explique André Deseur. Nous sommes réticents à cette méthodologie, qui comporte des biais. Il faudrait que des garanties soient apportées. » Face à cette hostilité du corps médical, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait renoncé à défendre le dispositif dans la loi santé, adoptée en janvier 2016. C’est finalement par le biais de commissions, mises en place au 1er janvier 2017, que les ordres et les associations doivent définir ensemble la meilleure façon de diagnostiquer les refus.

 

Estimant que « le conseil de l’ordre nie la réalité » des refus de soins et que « lorsque les patients se tournent vers cette instance professionnelle, il ne se passe rien », Jacques Toubon, le Défenseur des droits, regrette que la loi santé ne soit pas allée plus loin. « Elle aurait dû caractériser précisément ce qu’est un refus de soin selon des critères de discrimination et établir des sanctions, en inversant la charge de la preuve, dit-il. Ce devrait être au médecin de démontrer qu’il n’y a pas eu discrimination, qu’il n’avait vraiment pas de rendez-vous disponible avant six mois quand il a refusé un patient, et non l’inverse. Mais Marisol Touraine a cédé face aux médecins, elle avait des points plus importants à faire passer, comme le tiers payant. »

 

Isabelle Rey-Lefebvre
Journaliste au Monde

François Beguin
Journaliste au Monde

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/sante

Source : http://sante-secu-social.npa2009.org

 

 

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