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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:59

 

 

 

 

Source : consocollaborative.com

 

Il y a exactement un an, nous terminions la campagne de crowdfunding de Babele  sur KissKissBankBank. Nous étions soutenus par OuiShare, à l’occasion notamment de l’événement Rencontre du 3ème Type en novembre 2012. La plateforme est aujourd’hui en ligne !

Babele est une plateforme ouverte qui aide les entrepreneurs à structurer  leurs idées dans un business plan conçu de manière collaborative grâce aux contributions de la communauté. Elle permet aux entrepreneurs de valider leurs hypothèses clés et de trouver les bonnes personnes pour les aider à développer leur projet.

 

 

La vision de Babele : soutenir un nouveau paradigme de création et de gestion, en se fondant sur la collaboration, les pratiques open source, l’intelligence collective, afin de concevoir et concrétiser des projets plus durables.

 

Et si on partageait nos projets ?

 

Le partage a le vent en poupe ces jours-ci. Le concept fait couler beaucoup d’encre du côté des économistes et entrepreneurs : pour en citer seulement quelques-uns, Nilofer Merchant, dans un article paru dans la Harvard Business review, Let your ideas go, ou Patrick Hull dans Forbes Magazine, Talk about your idea, it won’t get stolen. Les idées ne se volent pas : le plus difficile n’est pas d’avoir une idée, mais de la réaliser. L’exécution est la clé. Devenir entrepreneur demande beaucoup de courage, parfois même une certaine dose de folie : il y a peu de chances que qui que ce soit se lance dans la réalisation d’un projet si ce n’est l’entrepreneur qui a eu l’idée en premier lieu.

Pourtant, en tant que co-fondateurs de Babele avec Emanuele, nous l’entendons tout le temps : les gens ont peur de partager leurs idées parce qu’ils pensent que quelqu’un finira par leur “piquer” leur idée. Les porteurs de projets sont-ils prêts à se lancer dans la création ouverte de business models sur une plateforme comme Babele ? C’est en tout cas de cette façon que nous avons créé la plateforme, au fil d’ateliers participatifs qui nous ont permis de préciser notre vision. Au cours des “Cook your startup”, les participants ont l’occasion d’apprendre les méthodologies de business modeling, de structurer leurs projets et de se donner des conseils. Ces ateliers ont été si bien accueillis que nous en avons organisé une vingtaine dans neuf pays d’Europe.

 

Babele

 

A ce jour, plus d’une centaine d’entrepreneurs ont sauté le pas et partagent leurs idées sur Babele. Ils sont enthousiastes : la méthodologie les aide à structurer et à mettre leur projet sur pied. Mais il est possible de faire mieux grâce à la puissance de l’intelligence collective. Si l’expérience vous intéresse, si vous avez envie de changer les mentalités et de promouvoir l’entrepreneuriat collaboratif, rejoignez le mouvement !

 

A propos de Ruxandra Creostanu

 

Ruxandra est la co-fondatrice de Babele. Diplômée de l'ESCP Europe, promotion 2010, elle est passionnée par l'économie du partage, le développement durable et les pratiques collaboratives en général. Elle s'investit par ailleurs au sein des communautés OuiShare, Make Sense et Edgeryders.

 

 

Source : consocollaborative.com

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:40

 

Source : marianne.net

 

Le vote blanc au rabais
Lundi 16 Décembre 2013 à 12:27

 

J.D.

 

L'Assemblée nationale a enfin voté la reconnaissance du vote blanc. Il faut apporter cependant deux bémols à ce satisfecit.

 

Illustration - SIPA
Illustration - SIPA

L'Assemblée nationale a enfin voté la reconnaissance du vote blanc. Cette heureuse initiative permettra de ne plus jeter dans le même sac bulletins blancs et bulletins nuls.

Il faut apporter deux bémols à ce satisfecit.

1) La mesure n'entrera en vigueur qu'aux européennes et non aux municipales.

2) S'ils ne seront plus mélangés avec les nuls, les bulletins blancs ne seront toujours pas comptabilisés dans les suffrages exprimés. Le prétexte officiel consiste à dire qu'il ne faut pas trop amoindrir les scores des candidats.

Lors de l'élection présidentielle de 2012, François Hollande a-t-il été élu avec 51,64 % des voix au second tour ? Alors qu'en enlevant les bulletins blancs ou nuls, il n'aurait recueilli que 48,63 % des voix.

Cela ne change rien au résultat final. Il s'agit ainsi de sauver les apparences en gonflant artificiellement le score des uns et des autres, quitte à faire passer à la trappe un vote blanc encore pris avec des pincettes.

 

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:33

 

Source : mediapart.fr

 

Evasion fiscale : l'« affichage politique » de la France

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Dans un rapport de plusieurs ONG sur les politiques de lutte contre le blanchiment d'argent, la fraude et l'évasion fiscales, la France est décriée pour son manque d'action.

Dans un rapport rendu public lundi 16 décembre, plusieurs ONG analysent les politiques publiques mises en œuvre par 13 pays européens, dont la France, dans leur lutte contre les flux illicites de capitaux. 

Sur la foi de leur enquête, les ONG affirment que la France, qui se contente selon elles d'un « affichage politique », est en retard dans la mise en œuvre de mesures efficaces contre le blanchiment d'argent, la fraude et l'évasion fiscales.

Selon les ONG, la France tarde à prendre les mesures adéquates dans la lutte contre les montages financiers et juridiques (sociétés-écrans, trusts, paradis fiscaux) qui drainent la majorité des capitaux illicites. La France n'a pas non plus réformé le statut du parquet qui demeure dépendant de la Chancellerie en matière d'enquête fiscale, ni fait sauter le « verrou de Bercy ».

Enfin, les ONG déplorent que Tracfin, la cellule française de renseignements financiers, ait « peu de moyens » pour endiguer la circulation des capitaux illégaux. Oxfam France rappelle ainsi que les ONG « estiment que les entreprises multinationales sont largement responsables de la triche fiscale qui coûte à l'Europe près de 1 000 milliards d'euros par an, et entre 660 et 870 milliards d'euros aux pays en développement ».

 

 

 

 

Lire aussi

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:27

 

 

Source : mediapart.fr

En Angleterre, 500 000 personnes privées de soins

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Selon une étude, en Angleterre le nombre de personnes qui auraient, en temps normal, reçu des soins et une aide sociale a chuté de 483 000 du fait des coupes budgétaires.

Une étude montre l'effet de la crise financière en Angleterre sur les personnes les plus faibles et les plus âgées : ces dernières sont près d'un demi-million de moins à recevoir des soins et une aide sociale qu'elles ne l'auraient été avant 2007-2008. Ce travail a été mené par une unité de recherche sur les services sociaux, installée à la London School of economics et à l'Université de Kent.

Selon leurs résultats, le nombre de personnes âgées ou handicapées qui reçoivent des aides ou des soins étatiques a chuté de 347 000, depuis la crise et les mesures d'austérité qui ont suivi. En prenant en compte les changements de population sur la période étudiée, les chercheurs ont calculé que cette chute était en fait de 483 000 personnes, qui auraient reçu une aide selon les critères passés si les coupes budgétaires n'avaient pas eu lieu depuis cinq ans.

A lire sur le Guardian

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 22:31

 

Source : mediapart.fr

 

Peut-il y avoir des chefs bienfaisants ?

|  Par Antoine Perraud

 

 

 

Le philosophe Robert Damien théorise le leader altruiste dans Éloge de l'autorité. Généalogie d'une (dé)raison politique (Armand Colin). Tout meneur démocrate doit être questionné donc révocable, mutualiste donc garant des pluralités... Entretien et vidéo.

L’autorité s’avère exercice puissant et délicat. La France n’a cessé d’avoir le chef en tête, de la monarchie absolue à la monarchie républicaine, en passant par deux empires. Notre Ve République, en bout de course, a maudit l’omnipotence (de Nicolas Sarkozy), pour ensuite exiger une prééminence (chez François Hollande). L’opinion pousse des cris d’orfraie contradictoires, brûlant le dominateur qu’elle adorait, adorant le meneur qu’elle a brûlé.

Une visite s'imposait à Robert Damien. Ce professeur de philosophie vient de publier un ouvrage savant et stimulant : Éloge de l’autorité. Généalogie d’une (dé)raison politique (Armand Colin). Qu’est-ce qu’un chef ? Peut-il y en avoir de bons ? Pourquoi obéir et à qui ? Robert Damien a décidé de rompre « le silence stuporeux d’une anorexie intellectuelle »…

 

 

Robert Damien en pince pour la fraternité, éprouvée dans le combat militant, la ferveur partisane, l'aventure sportive, la satisfaction affective, l'émotion esthétique, la cérémonie ecclésiale, la liaison amicale ou la communion amoureuse. Comment parvenir à une autorité fraternelle de la République ? Robert Damien retrace dans son livre la « quête d’une philosophie républicaine de l’autorité inscrite dans une économie politique des conseils démocratiques ». Et il cite le Sartre de Critique de la raison dialectique (1960) : « Chacun se sent et sent tous les autres comme des leaders possibles mais personne ne prétend à la souveraineté sur les autres. Chacun est capable d’exprimer le sentiment du groupe au cœur de l’action comme une aide aux objectifs du groupe. »

MEDIAPART : Comment entendez-vous ces deux phrases de Jean-Paul Sartre ?

ROBERT DAMIEN : Sartre veut dire que ce qui commande c’est l’équipe ; elle fait chacun s’élever au-dessus de lui-même ; et chacun peut prétendre exprimer le tout qu’est l’équipe. Chacun, étant  l’égal de l’autre, a la capacité d’exprimer le “nous” au moment décisif les décisions qui devront être prises. Mais par-delà cette ossature constitutionnelle, il y a des moments où la décision exige d’être formulée, pensée, ordonnée. Elle oblige à une incarnation. Le problème avec Sartre, c’est sa difficulté à penser le chef d’équipe.

Il y a un moment de souveraineté, assumé par un(e). La question devient ensuite celle de la légitimité durable non pas d’un chef momentané, mais qui s’inscrit dans une continuité judicieuse.

Sartre demeure à mes yeux le seul philosophe d’envergure qui ait réfléchi sur l’équipe comme moteur et matrice de l’autorité. Sartre, à la fois théoricien et praticien du libre arbitre, cherchait à intégrer le marxisme, c’est-à-dire les contraintes socio-économiques et politiques qui déterminent et les situations et les libertés.

Tout en évitant un certain catéchisme marxiste alors en vigueur…

La tradition dans laquelle voulait s’inscrire Sartre n’était pas le marxisme de la totalité, mais le “coopérativisme”, c’est-à-dire la coopération, entendue comme la rationalité gouvernementale du socialisme. Doit primer la relation entre les êtres, qui constitue le devenir de chacun. D’où une gouvernentalité mutualiste : l’équipe est supérieure aux individus et permet à chacun de devenir plus lui-même par le “nous” même de l’équipe.

Il faut à la fois penser le système de coopération par la régulation et l’émergence d’une organisation de l’autorité, donc de chefs qui ont pour fonction de commencer et d’achever. Le chef c’est celui qui mène au terme de la décision. Sa légitimité sera refondée, ou remise en cause, en fonction du projet suivant.

L’avenir d’un socialisme est à penser dans la tradition coopérativiste, de la mutualité, de la réciprocité. Je m’inscris dans la tradition conseilliste. Après ce premier livre sur l’autorité, j’en publierai un second sur le conseil.

Qui se dit “soviet” en russe…

Il m’arrive, en guise de plaisanterie, de me présenter comme le dernier philosophe soviétique…

Remontons au XVIIIe siècle et au moment Rousseau, qui assurait que personne ne veut « prendre son semblable pour maître » en lui attribuant une supériorité naturelle ou divine…

C’est la question centrale du législateur, qui n’a pas de légitimité naturelle. Personne n’est capable d’être substantiellement premier comme on l’a longtemps cru. Il n’y a plus non plus de classe universelle détentrice de la vérité et du bien. C’est donc le groupe qui a substantiellement besoin de l’émergence d’une direction : un besoin d’incarnation dans une figure parlant le langage du tout. Une communauté a besoin de l’incarnation qui parle le “nous” mieux que nous le faisons nous même individuellement.

Mais tant de citoyens et de citoyennes ressemblent aux grenouilles qui demandent un roi !

Cet appétit pour une autorité autoritaire explique en partie la difficulté à penser l’autorité, qui est à elle-même son propre abus. Voilà un angle mort. Il y a eu retrait d’investissement analytique sur cette question, depuis l’auctoritas de la Rome antique.

Il nous faut penser la nécessité d’une autorité, mais une autorité contrôlée, une autorité renouvelée si besoin est. Comment penser une autorité révocable ? Comment une décision peut-elle s’avérer à la fois collective et incarnée ? Chez Rousseau, un tel rôle est donc dévolu au législateur. Dans mon livre, je m’attache à la figure de l’entraîneur…

 

 

Une autorité qui rend raison de ses raisons

Qu’est-ce que penser l’autorité ?

C’est penser la tension entre un appétit de figure motrice et matricielle incarnant le “nous”, parlant et décidant pour nous, et dans le même temps le danger extrême à la faire émerger. D’où la nécessité d’un contrôle et l’importance d’échapper à la fascination du chef. Cette tension est constitutive de tout exercice de l’autorité, même la plus minime – dans une classe, sur un chantier, au sein d’une équipe. Tout se joue entre l’attention au groupe et un excès d’affirmation – poussant à la solitude, à l’abstraction radicale des décisions, à la figure de la monstruosité césarienne...

L’exercice de l’autorité exige une esthétique du comportement, une intelligence des situations, une continuité dans la volonté. Le chef est une œuvre en péril, fragile et soumise à l’échec, qui suscite l’enthousiasme, voire l’amour, et en même temps la méfiance, la question.

Tout repose sur le questionnement…

La démocratie est originelle dans la philosophie occidentale par l’intermédiaire de Socrate, autorité par la question. Une des crise de la démocratie, c’est la crise de la question, du débat, de la délibération. Qui pose les questions et les bonnes questions ?

Nous voilà au cœur de la tension, dilemmatique, entre l’affirmation consubstantielle à tout ordre social d’une autorité en place, mais d’une autorité qui assume, qui rend compte, qui rend raison de ses raisons, publiquement – si elle cache les raisons, ce n’est plus une autorité démocratique. Et ces raisons, pour les connaître, il faut les questionner.

En questionnant le pouvoir, qu'est-ce qui est remis en question ?

Aucune autorité n’échappe à l’heure de vérité : à l’exercice de la raison d’État, cette nécessité fonctionnelle de l’ordre social. Choisir, c’est renoncer, c’est mutiler, c’est trancher en faveur du tout au détriment d’une partie. Telle est la mélancolie de toute autorité. C'est la responsabilité d’assurer le droit inhumain d’être inhumain ; le droit exorbitant d’être injuste au nom du tout, voire criminel au nom du tout, comme écrit Malraux dans L’Espoir.

C'est l'heure machiavelienne. Dans son opuscule de vingt-six chapitres, Le Prince (1532), Machiavel nous révèle que tout exercice d’autorité oblige à « entrer en mal ». Pire, cela s'avère une fécondité, Non pas le crime d’un César débile. Tout chef doit être injuste au nom de la justice du tout, en rendant raison publiquement, en répondant à la raison du pourquoi.

D'où la terrifiante réplique du kapo d'Auschwitz rapportée par Primo Levi : « Ici, il n'y a pas de pourquoi »...

Le pourquoi est essentiel. « On n'avait jamais le droit de demander pourquoi », voilà comment Nietzsche résume César. Et j'ai compris que la Chine était en train de changer du jour où mes étudiants cessèrent, là-bas, de m'expliquer que toute résistance serait vaine et vouée à l'écrasement, pour me confier, avec une évidence inflexible, il y a deux ou trois ans : « Quand on nous dit “c'est ainsi qu'il faut faire”, nous répliquons maintenant : “Et pourquoi ?” »

Pourquoi écrivez-vous : « L'autorité est le siège d'une motricité » ?

Pour devenir grands (autorité vient d'augere : augmenter, accroître), pour ne pas être réduits à nous-mêmes, finis, incertains et isolés – « l'homme seul est toujours en mauvaise compagnie » selon Paul Valéry ! –, il faut une puissance d'ascension. Au cours des siècles, l'Occident a trouvé plusieurs moteurs, qui nous exaucent et nous exhaussent  : Dieu, la nature, le prolétariat, la République... Aujourd'hui, nous vivons une crise de ces moteurs, tous considérablement affaiblis.

Or la démocratie n'est pas une “démarchie” (sur le modèle de monarchie ou d'anarchie). En démocratie, l'arke, principe de commencement et de commandement – que Platon fut le premier à mettre en lumière – n'est possédé par personne : ni un être, ni une nature, ni une classe, ni un lieu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, mais qu'elle est située nulle part. C'est donc le travail de la délibération, de la question, qui fait s'imposer une arke, décisionnelle, légitime, mais contrôlée donc révocable. Il faut produire l'arke, dans la conflictualité.

 

 

En démocratie s'impose ce “nous” collectif, coopératif, mutuel et réciproque, qui fait que rien ne m’est dû au nom de ma nature, au nom de ma position, au nom de mon intelligence ou de mes diplômes. Rien ne m’est dû que ce que le “nous” donne comme droits sociaux. D’où mon attachement à la République sociale du XIXe siècle, qui a inventé la fraternité non pas comme un sentiment affectif mais comme un système normatif de droits sociaux. Dans la mesure où tu appartiens à la société, où tu y travailles, où tu es malade, handicapé, vieux, veuf ou veuve (ce sont les veuves qui ont permis de penser les droits sociaux de la pension de réversion), tu as droit à l’attention mutelle et réciproque de l’État. Voilà pourquoi la mutualité m’apparaît constitutive d’un ordre démocratique.

La clef de tout cela, c’est l’impôt, qui se révèle système de légitimation et d’institutionnalisation de la fraternité, devenant ainsi une solidarité. L’impôt est un droit social (même si sa mesure où son assiette peuvent être discutés). Et je suis frappé par l’hystérie actuelle contre l’impôt, que je préfère appeler “contribution”, directe ou indirecte, pour la fraternité et les droits sociaux.

L'autorité permet la pluralité des possibles

Quel serait l'heureux pendant de la malheureuse devise nazie : Ein Volk ein Reich ein Führer ?

Peuple, République, Réciprocité.

En plus de la République, vous liez à la démocratie la “patrie”. A-t-elle encore à ce point droit de cité ?

La patrie c’est le “nous” qui nous fait citoyen, ce par quoi nous acquérons une identité littéraire, culturelle, intellectuelle. La patrie me semble démocratique, puisque c’est le cadre dans lequel s’exerce la question qui permet de demander des comptes. Dans la nation, il y a l’idée de naissance : elle est inscrite dans une forme de nature. Et sur la nation pèse le risque d’un nationalisme, tandis que la patrie est le cadre démocratique par excellence.

Votre côté Lavisse progressiste de notre post-modernité ne nous éloigne-t-il pas du “Tout-monde” (Édouard Glissant) et de son brassage fécond ?

La question du cosmopolitisme est belle et grande. Je la pense en différents termes. Nous avons des appartenances multiples. La question de la modernité, c’est la cohésion pluraliste des appartenances. Comment être à la fois patriote (avec sa langue, sa culture, son histoire, ses choix démocratiques, son intervention citoyenne) et en même temps Européen et cosmopolite ? Toute proportion gardée, c’est la même chose que vécut la science avec la crise des fondements scientifiques. Comment être à la fois newtonien et einsteinien ? Newton demeure vrai dans un système relatif d’axiomes, mais Einstein intègre Newton comme un cas particulier d’un autre système d’axiomes plus synthétique. La question politique majeure, aujourd’hui, touche à cette pluralité d’appartenances.

Penser en soi un être cosmopolite me semble une abstraction dangereuse. Nous ne pouvons exister que par nos appartenances. Nous sommes situés dans une histoire, nous avons un langage – et il n’y a pas de langue universelle, hormis les mathématiques.

Vous dérangez le pluriel des identités, pour revenir à des singuliers de fer : un langage, une histoire, une culture…

Non, je pense que la patrie est par définition ouverte à la pluralité. Elle n’est pas close. Contrairement à la légende, ce n’est pas une fermeture dans une identité fixe et mortifère. Toute patrie, avec son langage, sa littérature, son esthétique, son économie, détient une forme de l’universel. L’une n’est pas exclusive de l’autre. La patrie devient nationaliste quand elle croit que ce qu’elle détient, l’universel dont elle parle, s'avère l’universel absolu. La patrie est une forme de l’universel, qui peut se confronter à d’autres. Une confrontation ordonnée, sans guerre, avec interpellations réciproques.

Voilà donc le troisième angle de ce triangle des Bermudes de la démocratie contemporaine : crise de l’autorité, crise de la fraternité, crise de l’ouverture à la pluralité...

Oui. Le grand risque, c’est la clôture sur soi. La patrie, en tant qu’elle parle l’universel, m’apparaît comme l’une des modalités de l’ouverture. Mais croire qu’on peut devenir cosmopolite en supprimant l’instance patriotique me semble une impossibilité pratique et théorique. C’est l’un avec l’autre.

Nous nous confrontons à cela en ces temps de révolution informatique, donc du langage numérique, par définition pluralisé mais sous hégémonie américaine : comment trouver une expression à nos appartenances qui s’y intègre ? Comment exprimer une forme particulière de l’universel et par la même une confrontation avec la pluralité même de ces universalités ? Le grand penseur de demain, donc de la pluralité des universels, m'apparaît Gaston Bachelard, qui a pensé la normativité – autre nom de l’autorité – dans la pluralité des axiomes, des appartenances, des dualités – ce qu’il appelle le birationalisme, ou le plurirationalisme… Il a joué avec humour le prophète barbu alors qu’il se confrontait aux deux grandes machines conceptuelles de l’époque : la phénoménologie et le marxisme. Il incarne cette exigence contemporaine du pluralisme cohérent, auquel doit correspondre, désormais, l’exercice même de l’autorité, de la famille à l’État en passant par la moindre des petites équipes.

Jadis, la grande question platonicienne, qui a fondé toute la philosophie politique, consistait à faire une unité d'un monde hétérogène, disparate et par trop singulier. La question s’est aujourd’hui renversée. Comment, à l’intérieur d’un “nous”, permettre la pluralité des expressions ? Comment faire qu’un individu lui-même avec ses forces et ses faiblesses, devienne plusieurs en un ?

Pour employer la langue musicale, c’est passer de l’accord aux dissonances ?

Exactement. Nous vivons là une révolution puissante. Comment être en même temps Français, Européen et cosmopolite, tout en devenant davantage – puisque le succès est lié à un processus d’augmentation ?

Pourquoi Français et non de telle région ou de tel village ?

La France nous a fait vivre ceci : demeurer attaché à son pays natal, tout en appartenant à un tout supérieur, qui permet au pays natal de devenir plus et mieux. La France a permis à chaque partie d’elle-même de trouver sa puissance d’expression et de devenir supérieure. Imaginons ce qu’était le pays natal sans État, sans République : l’enfermement. L’enfermement dans la position de naissance : être ce qu’était son père, sans aucune possibilité de choix. Demeurer un manant. L’enfermement dans une seule possibilité, c’est pour moi l’aliénation. L’autorité, justement, c’est ce qui permet la pluralité des possibles en étant capable de jouer sur nos déterminations, de les multiplier, de les faire s’affronter…

 

Robert Damien Éloge de l'autorité. Généalogie d'une (dé)raison politique (Ed. Armand Colin, collection “Le Temps des idées”, 558 p. 29,90 €)

 

Lire aussi

Par Antoine Perraud

 

 

Source : mediapart.fr

 


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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 22:16

 

 

Source : mediapart.fr

L'autorité bancaire européenne assouplit l'encadrement des bonus

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Les banquiers pourront échapper à l’encadrement de leurs primes, s’ils ne prennent pas de risques.

Alors que l’Union européenne entendait strictement limiter les bonus bancaires, l’autorité bancaire européenne (EBA) a décidé d’assouplir les règles d’encadrement des rémunérations des banquiers. Selon le règlement publié vendredi 13 décembre, les banquiers de l’Union européenne gagnant plus d'un demi-million d'euros par an pourront échapper à l'encadrement des primes s'ils ne prennent pas de risques majeurs au nom de leur banque.

Cette règle concernera les sommes versées à partir de 2014. Elle  prévoit que les bonus ne pourront excéder le montant du salaire, ce seuil pouvant être doublé si une majorité d'actionnaires y est favorable.

 Au départ, l’Europe voulait encadrer tous les bonus pour les salariés dont les  rémunérations dépasser 500 000 euros. Le dispositif devait concerner environ 40 000 personnes y compris les dirigeants bancaires. L’autorité bancaire européenne a révisé cette règle. Les établissements dont les salariés gagnent de 500 000 euros à 750 000 euros et qui souhaitent les exclure du champ concerné devront le notifier à leurs « autorités compétentes ». De 750 000 euros à 1 million d’euros ou pour ceux qui font partie des 0,3 % des salariés touchant les plus hauts revenus dans la banque, un accord préalable sera nécessaire. Enfin, au-delà c’est l’EBA elle-même qui statuera.

 La notion de risque, mise en avant pour justifier l’assouplissement, risque de donner lieu à de nombreuses interprétations. Cette semaine encore, l’Autorité de régulation financière britannique a infligé de lourdes amendes (28 millions de livres environ 40 millions d’euros) à la Lloyds pour avoir vendu des produits toxiques à sa clientèle. Elle soulignait dans ses attendus combien le système de rémunération accordant des primes ou des pénalités aux salariés en fonction du nombre de produits vendus avait été pervers.

 

 

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 22:05

 

 

Source : mediapart.fr

Europe: radiographie d'une social-démocratie à la dérive

|  Par Ludovic Lamant

 

 

Dans un ouvrage ambitieux, trois universitaires cartographient le « désarroi » de ces partis de gouvernement à travers l'Europe : chute de l'électorat, effritement du nombre d'adhérents, relation difficile avec la société civile… Ils insistent sur les effets de la crise, mais aussi sur le « pacte » conclu avec Bruxelles.

Ce sont trois visages d'une social-démocratie mise à mal par la crise financière, qui cherche à se réinventer partout en Europe. En Allemagne, plus de 369.000 militants du SPD ont donné leur feu vert à la formation d'une grande coalition avec la CDU-CSU de la conservatrice Angela Merkel, d'après les résultats de la consultation publiés ce samedi: il devrait y avoir six ministres SPD, sur un total de 14 postes ministériels. En Italie, Matteo Renzi, le maire de Florence, est le grand vainqueur des primaires de la gauche italienne organisées en fin de semaine dernière, avec un programme encore flou, mais qui semble miser sur un nouveau rapprochement du parti démocrate (PD) avec le centre.

Quant à l'Espagne, l'ex-patron du PSOE, José Luis Rodriguez Zapatero, vient de publier un livre dans lequel il regrette, à demi-mot, le tournant vers l'austérité qu'il a engagé, à partir de mai 2010 : « Le dilemme a été de faire ce que jamais je ne pensais devoir faire : prendre des décisions, pour le bien du pays, qui allaient à l'encontre de mes convictions idéologiques. » À l'heure des politiques d'austérité anti-keynésiennes, tandis que la « troisième voie » vantée par Tony Blair a pris un sérieux coup de vieux, y a-t-il encore un avenir pour la social-démocratie sur le continent ?

 

 

Dans un épais manuel, rédigé en anglais, qu'ils co-dirigent aux éditions Palgrave Macmillan, trois universitaires auscultent les évolutions – et les errances – de la social-démocratie au cours des années 2000, dans 27 des 28 États membres de l'Union. Jean-Michel De Waele, professeur de science politique à l'université libre de Bruxelles (ULB), Fabien Escalona, chercheur en science politique à l'IEP de Grenoble et Mathieu Vieira, chercheur en science politique à l'IEP de Lille et à l'ULB, constatent en particulier le « désarroi idéologique » et le « vide stratégique » de ces partis de gouvernement, en Europe de l'Ouest, que la crise de 2008 a encore approfondi. La social-démocratie n'aurait plus « de modèle, d'originalité idéologique ou (…) d'électorat spécifique aisément identifiable », pour reprendre les termes d'un autre chercheur, Stefan Berger.

Assumant un parti pris comparatif et exhaustif (chaque pays a droit à son chapitre), à l'aide de nombreux tableaux compilant des données souvent inédites, les trois auteurs en arrivent à soutenir, notamment, une thèse stimulante, qui n'est pas sans écho avec l'hypothèse formulée dans le pamphlet dirigé par l'économiste Cédric Durand en début d'année (En finir avec l'Europe, La Fabrique) : la social-démocratie aurait été piégée en acceptant de jouer le jeu de l'Europe « ordo-libérale ». Les sociaux-démocrates paieraient aujourd'hui le prix de leur ralliement trop enthousiaste au projet européen. « Le mot d’ordre formulé par François Mitterrand en 1973, “L’Europe sera socialiste ou ne sera pas”, n’a pas résisté à l’épreuve des faits », écrivent-ils.

Afin de rendre compte d'une partie de ces travaux massifs, Fabien Escalona et Mathieu Vieira ont accepté de publier, dans les pages qui suivent, certains des tableaux qui accompagnent leurs recherches et de les commenter. Retour en cinq temps sur une entreprise qui peut servir de boussole, à l'approche des élections européennes.

 

1 - L'effet dévastateur de la crise

Tableau de l'évolution des résultats électoraux des partis sociaux-démocrates sur les périodes 2000-2006 et 2007-2013 :

 


 

Le commentaire de Fabien Escalona et Mathieu Vieira : « En comparant deux périodes équivalentes avant et après l’éclatement de la grande crise économique contemporaine, on observe un recul assez net de la social-démocratie ouest-européenne. Impossible d’incriminer la seule crise, mais au moins on peut constater qu’elle n’a pas créé de sursaut global. On a certes assisté à plusieurs retours dans les exécutifs nationaux, mais dans des conditions souvent médiocres, à la tête de coalitions hétérogènes ou en tant que partenaire minoritaire.

Dans les pays où les sociaux-démocrates étaient au gouvernement au moment de l’éclatement de la crise financière et des dettes souveraines, comme en Grande-Bretagne et en Europe du Sud, les reculs ont été massifs. Cela n’est pas étonnant : dans les années 1930, les rares sociaux-démocrates qui « profitèrent » de la crise et furent innovants eurent en fait du temps pour s’adapter. Ce qui est préoccupant, c’est que six ans après la crise, on ne distingue guère de réponses originales produites et circulant dans les milieux sociaux-démocrates. Les propositions d’eurobonds (mise en commun d'une partie des dettes publiques à l'échelle de la zone euro – ndlr) et de taxe sur les transactions financières ne font pas un nouveau modèle, si tant est que la social-démocratie les défende encore en 2014.

Seuls les socialistes français et les travaillistes irlandais ont su progresser significativement, mais cela risque de n’être que provisoire. Dans les pays dits « du Nord » où la crise a été moins brutale, les sociaux-démocrates sont aussi en recul. Dans ces cas, d’autres facteurs que la crise ont sûrement joué, qui sont à l’œuvre depuis une trentaine d’années, autrement dit depuis le moment où la taille du continent social-démocrate a commencé à s’éroder, à l’instar de celle des grands partis de pouvoir en général.

Cette évolution pose la question de la stratégie d’alliance de la social-démocratie. Si jamais celle-ci veut vraiment s’opposer aux blocs conservateurs qui dominent en Europe, il lui faudra mieux connaître et dialoguer avec ses partenaires à gauche, y compris la famille de gauche radicale, qui a légèrement progressé depuis la crise. »

2 - Les adhérents : moins nombreux, plus vieux

 

Les adhérents sociaux-démocrates en Europe de l'Ouest. ©JMDW, FE, MV. 
Les adhérents sociaux-démocrates en Europe de l'Ouest. ©JMDW, FE, MV.

Le commentaire de Fabien Escalona et Mathieu Vieira : « Un examen des effectifs des partis sociaux-démocrates ouest-européens confirme un constat établi depuis plusieurs années : ils ne sont plus des partis de masse. Seuls les partis allemand, espagnol et italien ont des effectifs supérieurs à 400 000 membres. Les adhérents des principaux partis de la famille sociale-démocrate (à savoir le SPD allemand, le PS français et le Labour britannique) ne représentent même pas 1 % de leurs électorats.

L’un des autres enseignements majeurs de notre ouvrage est que les partis sociaux-démocrates ont dû faire face à une véritable hémorragie militante depuis le début des années 2000. Hormis les partis ayant opté pour l’ouverture aux sympathisants via des primaires (France, Italie, Grèce), la grande majorité des autres formations a perdu près d’un tiers de ses effectifs : -34 % en Suède, -32 % au Portugal, -28 % en Allemagne, -26 % en Autriche…

Outre ce déclin du militantisme, la plupart des études de cas répertoriés dans notre livre indique que la pyramide des âges est déséquilibrée, dans la mesure où le corps militant est majoritairement âgé de plus de 50 ans. À titre d’exemple, 61 % des militants du PS wallon et 47 % des militants du  SPD allemand ont plus de 60 ans. Seul le PS portugais peut s’enorgueillir de compter parmi ses membres près de 24 % de moins de 30 ans.

Tous ces phénomènes s’accompagnent de l’approfondissement d’une autre tendance engagée dans la décennie 1990, à savoir la professionnalisation des appareils partisans. »

3 - Vers une rupture avec les classes populaires ?

Fabien Escalona et Mathieu Vieira : « La “rupture” dont il est souvent question entre classes populaires et sociaux-démocrates doit être nuancée. Dans plusieurs cas à l’Est, leur électorat est largement composé de secteurs désavantagés de la société. À l’Ouest, des fractions encore importantes des couches populaires votent tout de même encore pour eux. Elles sont parfois nouvelles et en ascension démographique, comme les milieux populaires issus de l’immigration : on le remarque en France, mais aussi en Grande-Bretagne.

Cela dit, il est clair que les grands partis sociaux-démocrates ont perdu beaucoup d’électeurs ouvriers ou employés. En France, le désalignement des ouvriers est achevé. Cela fait plusieurs scrutins présidentiels qu’ils ne votent pas plus pour le candidat PS que le reste des votants. En Allemagne, le soutien des employés et ouvriers pour le SPD a décliné parallèlement à son niveau général, et les pertes se calculent en centaines de milliers de voix. En Angleterre, pour chaque électeur de type CSP+ perdu par le Labour entre 1997 et 2010, il en perdait trois parmi les catégories les plus déshéritées.

Il est donc logique d’attendre de ces partis qu’ils performent davantage auprès des milieux populaires. En même temps, il n’est pas anormal que leur électorat se renouvelle. Le capitalisme change, la structure sociale avec, et les forces politiques doivent s’y adapter. Historiquement, le dynamisme des gauches a d’ailleurs reposé sur leur association avec les couches ascendantes de la société. Il aurait été absurde après les années 1970 de camper sur un discours ouvriériste.

Le vrai enjeu consiste en fait à intégrer une large part des classes populaires dans un bloc sociologique majoritaire, partageant un “sens commun” alternatif à celui des droites. C’est tout le sens de la “bataille culturelle” à laquelle appellent des chercheurs comme Gaël Brustier, et qui n’a rien à voir avec les tentations tactiques de “gauchir” les discours, ou au contraire de les conformer à un air du temps jugé conservateur. Ce combat serait vain s’il ne s’accompagnait pas de la refonte d’un projet social-démocrate capable de restaurer la primauté du politique, et d’offrir un progrès humain non dépendant de forts taux de croissance. Une autre condition cruciale serait de renouveler les réseaux partisans au sein de la société, car ils se sont atrophiés et n’incluent pas de nouvelles formes de solidarités et de modes de vie qui se développent à la base. Il s’agit dans ce cas de redessiner une “géographie militante”. »

4 - Le pacte faustien de l'intégration européenne

Fabien Escalona et Mathieu Vieira : « Pour renouveler sa doctrine et mobiliser davantage les milieux populaires, la social-démocratie doit aussi régler le dilemme que lui pose l’UE, à savoir comment mener une politique sociale-démocrate dans un système conservateur. La métaphore que nous utilisons, celle du “pacte faustien”, ne vise pas à condamner mais à comprendre pourquoi les sociaux-démocrates ont embrassé et promu une intégration européenne dont ils s’étaient historiquement plutôt méfiés. Nous suggérons qu’il s’agissait selon eux du prix à payer pour recréer les conditions favorables à un “compromis de classe positif” pour le salariat.

Après l’échec de la dernière expérience de keynésianisme national et le “tournant de la rigueur” français de 1982-83, les sociaux-démocrates jugent que le réformisme passe désormais par le niveau européen. Toutefois, un véritable “euro-keynésianisme” aurait impliqué une véritable stratégie, avec un objectif global et de long terme, en l’occurrence une Europe sociale-démocrate. Or, sans une réflexion a priori sur la faisabilité d’une politique sociale-démocrate dans un cadre institutionnellement conservateur et économiquement néo-libéral, les socialistes ont eux-mêmes participé à légitimer puis à encourager l’approfondissement de ce cadre.

D’une part, ce “pacte faustien” avec l’intégration européenne s’est décliné sur le terrain institutionnel. « Les forces d’opposition à un nouveau régime commencent par refuser mais finissent par l’accepter avec l’espoir de l’utiliser » : ces trois étapes théorisées par Olivier Duhamel pour qualifier le rapport de la gauche française à la Cinquième République s’appliquent parfaitement au ralliement des sociaux-démocrates à l’esprit et aux pratiques des institutions européennes. Si les sociaux-démocrates ont espéré utiliser le niveau européen pour défendre leur projet, le système institutionnel conservateur de l’UE, peu propice à une logique partisane, les en a empêchés. De plus, les sociaux-démocrates n’ont jamais véritablement remis en cause une logique consensuelle taillée sur mesure par les libéraux et les démocrates-chrétiens, et qui ne permet pas une réelle politisation des enjeux européens.

D’autre part, le “pacte faustien” s’est décliné sur le terrain de la politique économique. Loin d’avoir été les spectateurs de l’édification du projet ordo-libéral qui guide aujourd’hui la politique économique de l’UE (avec comme piliers la libre circulation des capitaux, l’indépendance de la BCE et la stabilité des prix), les sociaux-démocrates ont joué le rôle de co-bâtisseurs. Or, la compatibilité d’un programme social-démocrate axé sur la demande avec l’édifice ordo-libéral européen est douteuse. L’adoption d’un “traité social”, promis depuis le milieu des années 1980, n’arrangerait les choses qu’à la marge s’il venait à s’ajouter et à dépendre de des règles existantes qui le contredisent. Ce ne sont pas les dispositifs du TSCG qui risquent de démentir ce diagnostic!

En bref, on se retrouve dans une situation où cette famille politique n’a pas les moyens de changer le système existant, mais n’a pas non plus l’intention de le subvertir. On est donc dans un vide stratégique. »

5 - Une famille social-démocrate fracturée

Les partis sociaux-démocrates en Europe de l'Est. ©JMDW, FE, MV. 
Les partis sociaux-démocrates en Europe de l'Est. ©JMDW, FE, MV.

Le commentaire de Fabien Escalona et Mathieu Vieira : « Notre manuel offre un panorama exhaustif du paysage social-démocrate dans les pays d'Europe centrale et orientale (PECO). Il nous confirme qu’à l’échelle de l’UE, on a plutôt affaire à une famille recomposée, voire artificielle. Certains chercheurs et responsables politiques attendaient beaucoup de transferts d’idées et de pratiques de l’Ouest à l’Est, mais il s’agissait d’une vision naïve et peut-être un peu paternaliste. Le poids de l’histoire ne s’efface pas si vite, et les scènes politiques des PECO sont très différentes de celles des vieilles démocraties consolidées. On peut même se demander si ce n’est pas la destructuration amorcée des systèmes partisans occidentaux qui risque de les rapprocher !

Contrairement au processus d’homogénéisation qui se poursuit à l’Ouest, la branche orientale est caractérisée par sa grande hétérogénéité. Les partis ont des tailles électorales très diverses, allant de plus des 2/5e de l’électorat à la quasi-inexistence. Ces disparités dans l’espace se doublent de disparités dans le temps : en une décennie, les formations polonaise et slovaque sont respectivement passées de plus de 40 à moins de 10 %, et de 13 à 44 % des suffrages. On observe une même hétérogénéité en ce qui concerne la sociologie de ces partis.

En termes programmatiques, les nouveaux enjeux démocratiques dits « post-matérialistes » (libération des femmes, autonomie des styles de vie, écologie politique…) sont largement ignorés par les sociaux-démocrates des PECO, qui sont aussi très orthodoxes sur le plan socio-économique, et doivent gérer d’autres problèmes, comme le rapport aux minorités ethniques ou linguistiques (Roms, russophones…).

Au final, la perspective d’une stratégie européenne commune à tous les sociaux-démocrates, qui irait plus loin qu’une ode aux droits de l’homme et à la justice sociale, apparaît encore lointaine. »

 

Lire aussi

 

 

 

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 19:52

 

Source : marianne.net

 

Les riches peuvent remercier les banques centrales
Vendredi 13 Décembre 2013 à 15:00

 

Michel Santi*

 

Les actions de la Réserve fédérale US, de la Banque d’Angleterre et de la Banque du Japon destinées à relancer les économies de leurs pays respectifs contribuent-elles à accroître les inégalités.

 

Les riches peuvent remercier les banques centrales

Les actions de la Réserve fédérale US, de la Banque d’Angleterre et de la Banque du Japon destinées à relancer les économies de leurs pays respectifs contribuent-elles à accroître les inégalités ? Ces interventions déterminées consistant à inonder leur système de liquidités crées à la faveur de leur planche à billets ont-elles pour effet collatéral d’enrichir davantage les riches, tandis que les pauvres et que la classe moyenne subissent toujours la récession ? De fait, les inégalités, comme les écarts sur le plan des revenus et de la fortune, se sont accentués depuis le déclenchement de la crise, c’est-à-dire depuis 2007.  C’est ainsi qu’une étude conduite par l’économiste Emmanuel Saez de Berkeley a constaté que seul l’extrême sommet de la pyramide de la richesse – soit 1% de la population US – avait bénéficié de la reprise économique américaine entre 2009 et 2011. Les revenus de cette élite a ainsi progressé de 11.2% sur cette période et, ce, pendant que le revenu des 99% restants s’était affaissé de 0.4%. Le schéma est similaire dès lors que l’on étudie l’évolution de la fortune des privés aux Etats-Unis, puisque le Pew Research Center a pour sa part conclu  que les 7% les plus riches avaient pu gonfler leur fortune de 28% entre 2009 et 2011…Pendant que les 93% restants s’étaient appauvris de 4% !


Comment comprendre et expliquer cette explosion des inégalités alors que l’objectif des baisses de taux quantitatives est d’assouplir encore et toujours la politique monétaire, c’est-à-dire de permettre précisément aux ménages et aux entreprises d’accéder plus facilement au crédit ? A travers ses injections mensuelles de 85 milliards de dollars – dont pas moins de 40 milliards sont ouvertement destinés à racheter des obligations et des titres hypothécaires -, la Fed ne tente-t-elle pas en effet de soutenir massivement son marché immobilier ? Et, de fait, sa politique n’est-elle pas couronnée de succès puisque l’indice S&P/Case-Shiller jaugeant le marché immobilier est en progression permanente  depuis le début de l’année 2012, sachant que certains Etats comme la Floride ont bénéficié d’une flambée de leur marché immobilier de plus de 30% ? La crise ayant démarré avec les subprimes dès 2007, la reprise du marché immobilier est donc déterminante pour l’ensemble de l’économie du point de vue de la Fed, lequel se défend et se comprend tout à fait.


Pourtant, l’effondrement des taux hypothécaires américains et des prix immobiliers aura tout au plus permis aux riches d’emprunter moins cher et d’acheter moins cher, c’est-à-dire de s’enrichir davantage. Une année environ après le lancement du programme QE 4 de la Réserve fédérale (consistant à injecter 85 milliards tous les mois), et plus de cinq ans après le premier programme de création monétaire lancé à l’automne 2008, les marchés boursiers et immobiliers se sont considérablement appréciés dans les pays qui se sont lancés dans l’aventure inédite des baisses de taux quantitatives. Avec des retombées incontestablement positives…pour les riches. Autrement dit, pour ceux dont les liquidités ont permis de rafler des actifs et des titres à bon prix, comme pour la classe aisée qui a pu se refinancer à des taux toujours plus avantageux. Car en effet, les banques – dont les standards en matière de crédits sont devenus très stricts – ne prêtent qu’aux riches et, ce, en dépit de taux d’intérêts à des niveaux ridiculement bas. C’est donc le sommet de la pyramide des revenus et de la fortune qui bénéficie de ce coût du crédit à des taux historiquement bas. Seuls en effet des personnages comme Mark Zuckerberg peuvent de nos jours financer leur bien immobilier à 1.05% …


Dans le même ordre d’idées, 10% des familles les plus fortunées aux Etats-Unis sont investies à hauteur de 81% en actions, selon étude de l’Université de New York. Et sont donc à même de profiter pleinement de la hausse spectaculaire des bourses propulsées par les interventions des banques centrales. Alors que cette même étude dévoile que les familles les moins aisées aux Etats-Unis n’investissent que 3.8% de leurs avoirs en actions… Les craintes intuitives se confirment donc puisque cette embellie conjoncturelle ne concerne qu’une infime minorité qui consolide davantage son emprise et sa richesse. Les détenteurs de biens immobiliers et ceux qui sont engagés sur les marchés financiers utilisent donc ces baisses de taux quantitatives comme levier ou comme rampe de lancement pour achever d’opérer à leur seul avantage une redistribution agressive, laissant sur le carreau une proportion immense de leurs concitoyens. Les banques centrales seraient-elles donc aujourd’hui devenues le vecteur des inégalités ? Oui, si l’on en croit Donald Trump – pourtant fort peu suspect d’altruisme – et qui a récemment déclaré sur la chaîne CNBC que « des gens comme moi en bénéficient » (« People like me will benefit from this ») !
 

A quoi sert de contribuer à doubler les valorisations boursières si l’écrasante majorité de la population ne se sent pas – et n’est pas – concernée ? Nos banques centrales sont-elles seulement conscientes que leurs baisses de taux quantitatives (dont je partage la légitimité et l’opportunité) créent néanmoins une reprise à deux vitesses – voire une créature économique hybride – où l’extrême richesse côtoie un océan de précarité ? Que faut-il donc pour nos banques centrales s’intéressent enfin aux pauvres?
 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan).

 

 


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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 18:31

 

Source : mediapart.fr

 

Le plan de carrière emblématique d’une oligarque de Bercy

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

Tout juste titularisée dans le grade d'inspectrice générale des finances, Marie-Anne Barbat-Layani devient directrice générale de la Fédération bancaire française. Le parcours de cette haute fonctionnaire révèle la porosité croissante entre l'État et la finance.

A première vue, l’histoire de Marie-Anne Barbat-Layani est d’une parfaite banalité et ne mérite pas qu’on s’y arrête. Inspectrice générale des finances, elle va en début d’année prochaine quitter Bercy pour rejoindre la Fédération bancaire française. Un chemin que d’innombrables hauts fonctionnaires ont emprunté avant elle, avec des points de chute similaires dans le monde de la finance. Un pantouflage, un de plus, voilà tout ! Et comme il a sûrement été fait dans les règles, après l’approbation de la Commission de déontologie de la fonction publique – qui a vu sa crédibilité entachée depuis le scandale Pérol –, il n’y a aucune raison de s’y attarder.

Et pourtant si ! Car le parcours de cette haute fonctionnaire est emblématique des mœurs qui sévissent au ministère des finances – les mœurs d’une petite oligarchie parisienne qui tient le haut du pavé dans la haute fonction publique ou dans la vie des affaires, et parfois des deux côtés alternativement, dans un mouvement d’essuie-glace. Ce qui pèse lourdement sur le fonctionnement de l’État, et contribue à la dilution du sens de l’intérêt général sinon même à une confusion entre l’intérêt général et les appétits privés.


 

Née le 8 mai 1967, Marie-Anne Barbat-Layani fait donc, à ses débuts, un parcours des plus classiques – il est retracé dans son curriculum vitae présenté sur le site de la fédération patronale. Passée par l’École nationale d’administration (1993), elle rejoint aussitôt après la plus influente direction du ministère des finances, celle du Trésor, avant de devenir attaché financier à la représentation de la France auprès de l’Union européenne, à Bruxelles.

Mais ensuite, son cheminement devient plus intéressant. Elle rejoint alternativement des cabinets ministériels de gauche puis de droite, pour mettre en œuvre des politiques qui sont censées être opposées. En 2000, elle est ainsi conseillère technique auprès de Christian Sautter, qui est alors pour une très courte période ministre des finances. Puis, quelques années plus tard, on la retrouve en 2010-2012 directrice adjointe du cabinet du premier ministre, François Fillon, en charge des questions économiques.

Avec des hauts fonctionnaires, toujours les mêmes, qui conseillent alternativement la gauche et la droite, allez vous étonner, ensuite, qu’il n’y ait plus guère de différence entre les politiques économiques d’un camp et de l’autre. C’est le propre de l’oligarchie : elle survit à toutes les alternances et peut défendre perpétuellement les mêmes intérêts.

Mais, de l’époque de Christian Sautter jusqu’à celle de François Fillon, Marie-Anne Barbat-Layani n’est pas restée inoccupée. Entre ces deux fonctions, elle a fait une immersion dans le privé, de 2007 à 2010. Et où cela, précisément ? Dans une grande banque, évidemment. Et cela aussi est évidemment symbolique car, au fil des ans, la direction du Trésor, qui joue un rôle majeur dans la conduite des affaires économiques et financières françaises, est devenue une annexe des grandes banques privées et une caisse de résonance des puissants intérêts du lobby bancaire, lequel lobby se montre en retour généreux et embauche à tour de bras les figures connues de cette même direction. Pendant les trois années qui ont précédé son arrivée à Matignon, Anne Barbat-Layani a donc été directrice générale adjointe de la Fédération nationale du Crédit agricole.

Et ces allers et retours entre le public et le privé ont aussi valeur de symbole : ils révèlent la porosité qui s’est installée entre l’intérêt général et les affaires privées, conduisant à un mélange des genres étonnant.

Mais poursuivons. Si le parcours de notre haute fonctionnaire retient l’attention, c’est aussi à cause de la suite de sa carrière. Par un décret du président de la République, Nicolas Sarkozy, en date du 8 mai 2012 – on peut le consulter ici – elle « est nommée inspectrice générale des finances ».

Cette nomination est légale, certes, mais doublement stupéfiante. Car pour pouvoir être nommée inspectrice générale des finances, une haute fonctionnaire doit avoir au moins 45 ans. Or, dans le cas de Marie-Anne Barbat-Layani, la règle était embarrassante car son 45e anniversaire tombait précisément le 8 mai 2012, soit deux jours après le second tour de l’élection présidentielle qui a vu la victoire de François Hollande sur… Nicolas Sarkozy.

Cela n’a pourtant pas gêné Nicolas Sarkozy, qui est resté en fonction jusqu’à la cérémonie de passation des pouvoirs, le 15 mai. Loin d’expédier seulement les affaires courantes, il a donc aussi signé quelques décrets avantageant certains de ses proches. Dont celui qui a permis à Marie-Anne Barbat-Layani de faire un grand pas dans sa carrière professionnelle.

Cette promotion de dernière minute surprend d’autant plus que les postes à l’Inspection générale des finances sont évidemment en nombre limité et que d’autres hauts fonctionnaires avaient peut-être d’importants états de service à faire valoir et voulaient se mettre au service de l’intérêt général pour de longues années.

Oui, pour de longues années ! Car avec Marie-Anne Barbat-Layani, nous ne sommes toujours pas arrivés au bout de nos surprises. Lorsque l’on devient inspectrice des finances, il faut en effet attendre un an et demi pour devenir définitivement membre titulaire de ce grand corps de l’État. Et ce statut est une formidable protection : c’est la garantie d’un emploi à vie. Quand bien même décide-t-on de « pantoufler » dans le privé, on peut à tout moment revenir à l’Inspection en cas de pépin.

Or, nommée ric-rac à l’Inspection générale des finances, Marie-Anne Barbat-Layani y est restée pile 18 mois, pour en être titulaire. Par un nouveau décret en date du 15 novembre 2013 (consultable ici) du président de la République, devenu dans l'intervalle François Hollande, elle a donc été titularisée dans le grade d'inspectrice générale des finances à compter du 8 novembre précédent. Mais l'encre de ce décret était à peine sèche que déjà la haute fonctionnaire faisait... ses valises ! Et c’est ainsi que le 10 décembre, la Fédération bancaire française, qui est le quartier général de la finance française, a annoncé par un communiqué (il est ici) que Marie-Anne Barbat-Layani devenait sa nouvelle directrice générale, à compter du 2 janvier 2014. 

En clair, l’intéressée a juste attendu les délais de convenance, son titre d’inspectrice générale des finances en poche, pour sauter du train en marche et, abandonnant le service de l’intérêt général, passer dans le camp de la finance.

Tout cela est parfaitement légal. Il n’empêche ! Cela révèle l’extrême porosité que l’État tolère désormais entre la finance et lui-même. Et cela révèle l’emprise de la finance jusqu’au cœur même de l’État. Au diable le service de l’intérêt général ! Un seul précepte désormais commande, celui rendu célèbre par Benjamin Constant quand il a rallié l’empire : « Servons la bonne cause et servons-nous ! »

 

 


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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 18:11

 

Source :ininegalites.fr

 

Combien gagnent les élus ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

12 décembre 2013 - Les revenus des élus font souvent l’objet de critiques. Les élus nationaux et les ministres sont très bien payés, mais leur situation instable. Les élus locaux sont quant à eux moins favorisés, ce qui incite au cumul des mandats. Par Noam Leandri, de l’Observatoire des inégalités.


Les ministres perçoivent depuis mai 2012 un revenu 1,4 fois supérieur au traitement de base moyen (hors primes) des hauts fonctionnaires, soit 7 720,55 euros bruts par mois (contre 14 076 euros en 2009), majoré d’une indemnité de résidence de 3 % et d’une indemnité de fonction de 25 %, soit un total de 9 940,20 euros bruts par mois en 2013. Le traitement du premier ministre est calculé à partir du plus haut traitement que peut percevoir un fonctionnaire, majoré de 5 % pour atteindre 14 910 euros par mois.

Le salaire des ministres a connu une augmentation de 70 % en 2002, lors de la disparition des fonds secrets mis à leur disposition pour toutes les dépenses qu’ils jugeaient utiles. L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s’était, quant à lui, adjugé une augmentation de 170 % en 2008 afin de gagner un peu plus que le premier ministre. L’une des premières décisions prises en mai 2012 par François Hollande en tant que chef de l’État a été de réduire de 30 % le traitement brut mensuel des membres du gouvernement et du président de la République. Alors que le traitement mensuel brut du président de la République représentait 17 mois de Smic en 2009, il équivaut aujourd’hui à 10 mois. De même, le traitement des ministres représente désormais 7 mois de Smic au lieu de 11 en 2009. Les avantages en nature tels que les appartements et les voitures de fonction ne sont pas comptabilisés.

 

  * Tableau en fin d'article

 

Les parlementaires - députés ou sénateurs - perçoivent une indemnité principale de 7 100 euros bruts par mois (5 149 euros nets) pour compenser la perte de leur revenu professionnel... bien qu’ils aient la possibilité de continuer à exercer, en particulier les professions libérales (avocats, médecins). En plus de cela, ils reçoivent deux indemnités forfaitaires et conséquentes pour couvrir leurs frais liés à leurs déplacements vers leur circonscription électorale, aux vêtements, aux restaurants, à un local dans leur circonscription et à la rémunération de leurs collaborateurs (secrétaire, attaché parlementaire).

Parmi les avantages en nature non comptabilisés ici, il y a des billets de train et d’avion gratuits.

 

   * Tableau en fin d'article

 

Enfin, les élus locaux sont indemnisés en fonction de la taille de leur collectivité. Les conseillers municipaux de Paris ont aussi la casquette de conseiller général et cumulent donc deux indemnités. Ce qui est souvent le cas des élus locaux. Le cumul de mandats est toutefois limité à deux, les présidents ou maires ne peuvent diriger une autre collectivité et le total des indemnités perçues ne peut dépasser 8 165 euros, sauf pour les indemnités des établissements inter-collectivités (syndicats de communes, communautés d’agglomération, etc.), sans compter les indemnités de frais de représentation qui peuvent atteindre 2 054 euros par mois pour le maire de Paris.

 

 

   * Tableau en fin d'article

 

 

Commentaire

Les indemnités des élus et en particulier des ministres sont avantageuses. Leurs responsabilités sont élevées et leur situation instable. L’argent ne fait pas tout, mais pour recruter des citoyens qualifiés à ces postes, il faut leur proposer un certain niveau de vie [1]. Les revenus que nous présentons, y compris les divers avantages, sont très nettement inférieurs à ceux que peuvent toucher les cadres dirigeants du secteur privé pour des responsabilités parfois bien moindres. Une partie des critiques faites « aux politiques » dans ce domaine constitue une forme de mise en cause de la démocratie elle-même.

Ceci dit, face au risque de perte d’emploi, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les fonctionnaires sont assurés de retrouver leur emploi une fois leur mandat terminé. Les avocats, médecins et autres professions libérales peuvent continuer d’exercer ou sous-traiter leur activité. En outre, depuis 2009, les députés nommés ministres peuvent retrouver leur siège s’ils ne sont pas maintenus au gouvernement.

S’ils ne sont pas réélus ou maintenus, les députés bénéficient d’un régime d’indemnités de chômage bien meilleures qu’au Pôle emploi, et les ministres continuent de percevoir leur rémunération pendant six mois. Les élus locaux non reconduits reçoivent une indemnité de fin de mandat qui leur permet de conserver au plus 80 % de leur indemnité pendant un an.

Il n’est pas étonnant que les hommes politiques cumulent les mandats pour se prémunir du risque de perte de revenus. Toutefois, le cumul d’indemnités électives est plafonné à 8 272 euros brut par mois depuis le 1er juillet 2010, à comparer au salaire mensuel moyen des cadres du privé de 3 963 euros nets en 2010 [2], des cadres dirigeants du privé et des entreprises publiques (8 025 euros nets) [3] ou des cadres d’état-major administratifs, financiers, commerciaux des grandes entreprises de 11 524 euros bruts par mois en 2010 (voir notre article Professions : qui gagne combien ?). Évidemment, le système a ses failles. Le plafond n’intègre pas les indemnités pour frais, ni les indemnités spécifiques aux ministres, ni les indemnités des élus des établissements de coopération intercommunale (syndicats mixtes, communautés d’agglomération, etc.). Bref, toute la transparence mériterait d’être faite à ce sujet, au bénéfice d’ailleurs sans doute des élus eux-mêmes.

 

 

 



 

Combien gagnent le président de la République et les ministres ?
Unité : euros

 

Traitement mensuel brut

En mois de SMIC *

Président de la République

14 910

10

Premier ministre

14 910

10

Ministre

9 940

7

Secrétaire d'Etat

9 443

7

* pour un smic mensuel brut de 1 430 euros en 2013. 

Source : décrets n° 2012-766 du 17 mai 2012 et n° 2012-983 du 23 août 2012 - 2012 

 

 

 

Combien gagnent les députés et les sénateurs ?
Montants bruts par mois
Unité : euros

 

Député

Sénateur

Indemnité parlementaire

7 100

7 100

Indemnité représentative de frais de mandat

5 770

6 037

Crédits pour la rémunération de collaborateurs

9 504

7 548

 

Indemnité des présidents

nd*

14 157

*nd : non disponible 

Source : Assemblée nationale - Sénat - 2013 

 

 

 

Combien gagnent les élus locaux ?
Montants bruts par mois
Unité : euros

 

Montant mensuel brut

Maire de Paris

8 684

Maire d'arrondissement parisien

5 512

Conseiller de Paris

4 186

 

Maire d'une commune de plus de 100 000 habitants

5 512

Adjoint au maire d'une commune de plus de 200 000 habitants

2 756

Maire d'une commune de 10 000 à 19 999 habitants

2 470

Adjoint au maire d'une commune de 10 000 à 19 999 habitants

1 045

Maire d'une commune de 1 000 à 3 499 habitants

1 634

Maire d'une commune de 500 habitants

646

Conseiller municipal

228

 

Président de conseil régional ou général

5 512

Conseiller régional (+ 3 millions d'habitants)

2 661

Conseiller régional (moins de 1 million d'habitants)

1 520

Conseiller général (+ de 1,25 million d'habitants)

2 661

Conseiller général (moins de 250 000 habitants)

1 520

 

Source : Ministère de l'intérieur - circulaire du 19 juillet 2010, Opendata Paris (2013) - 2010 

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          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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