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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 13:33

 

Source : www.agoravox.fr


 

Le revenu universel est inévitable

 

 

 

 

Tout dans notre société est basé sur le travail. La révolution industrielle a rendu nécéssaire le fait d'ériger le travail en valeur. De fait, le travail est inconsciemment devenu la valeur première de la société. Le pire qui peut arriver à un individu est d'être "chomeur". On tolère la réussite à condition qu'elle soit basée sur un "dur travail". Inversement on n'aime pas la réussite facile d'un individu quand bien même celui-ci a du talent. Au XXIème siècle notre société va devoir se débarasser de la valeur travail et la remplacer par la valeur connaissance. Une révolution qui nécéssite l'adoption d'un revenu universel.

La société post-industrielle est différente. En favorisant un renouvellement technologique continu et extrême, elle ne permettra plus jamais à tous de travailler. Ceci devrait déja être apparent au travers de nos taux de chomages qui ne sont en réalité que peu liés à la crise. Les révolutions liées à l'informatique et l'internet ont permis d'énormes gains de productivité. Ces révolutions n'ont pas supprimé les emplois les plus bas de gamme mais ont au contraire détruit des emplois intermédiaire (secrétariat, employé administratif). Elles ont créé inversement des emplois très qualifiés en nombre important mais négligeable en rapport de ce qui a été détruit.

Toutes les études économiques constatent ainsi une polarisation des emplois. D'un coté les emplois "bas de gamme" ne nécéssitant quasiment aucune qualification et de l'autre des emplois très qualifiés. Les emplois intermédiaires nécéssitant une petite qualiffication intellectuelle mais pas très importante sont eux détruits à grande vitesse. La société ne parvient pas à s'adapter à cette donne.

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Les emplois bas de gamme ont été paradoxalement protégés pour de nombreuses raisons :

  • Leur faible coût comparé au coût d'automatisation (ménage).
  • Leur délocalisabilité.
  • Un frein politique à la mise en place. (Caisses réelement automatiques et sans scanner, échange de documents informatisés lisibles et non de vulgaires PDF).

Ceci est en train de changer pour de nombreuses raisons. La premiére étant la baisse de coûts de certaines technologies qui rend certains remplacements envisageables. La seconde est la relocalisation de l'activité en occident suite à la hausse des coûts en asie. Parfois l'automatisation a lieu en asie comme c'est le cas en ce moment chez Foxconn. C'est le cas pour les activités très polluantes (électronique). Cette relocalisation s'accompagne d'une automatisation énorme qui fait que l'usine relocalisée crée très peu d'emplois. Les freins politiques quant à eux finiront par céder.

Voici les emplois qui vont disparaitre en quasi totalité :

  • Facteur / Employé des postes
  • Saisie informatique que ce soit lié à la comptabilité ou à d'autres activités.
  • Caissière de supermarché.
  • Femme de ménage (des premières générations de robots sont déja disponibles, ils vont s'améliorer).
  • Des centaines de milliers d'emplois dans le commerce de proximité. (e-Commerce).
  • Convoyeurs de fonds : Le remplacement des billets par un support sous forme de carte à puce est techniquement possible et fiable.
  • Employés administratif que ce soit au secrétariat ou au contrôle de gestion. La plupart de ces activités vont pouvoir être en grande partie automatisées.
  • Chauffeur routier : Si les techniques développées par Google autour de la Google Car tiennent leur promesses nous auront des voitures à conduite entiérement automatique d'ici à 2020. Le fait de supprimer le besoin bien humain de "pause" en fait une killer-app pour le transport de personnes ou de marchandises.
  • Militaire : La plupart des missions de combat sont aujourd'hui mieux accomplies par des drones ou des robots que par des humains. Cette tendance va s'amplifier.

Le progrès technique crée bien sur de nouvelles activités et de nouveaux emplois. Mais les employés de google et de facebook tiendraient tous rassemblés à l'intérieur de Bercy là où les anciennes activités industrielles créaient des emplois par centaines de milliers lorsqu'il s'agissait d'inonder le monde.

Même en élevant le niveau de l'éducation et en y incluant des cours d'algorithmique et de programmation dès le primaire (ce qui reste une nécéssité absolue, ne pas connaitre les bases de la programmation est aujoutd'hui aussi grave que de ne pas savoir compter), il ne sera pas possible d'offrir du travail à l'intégralité de la population. En réalité il est même fort probable que le taux de chômage se mette à avoisiner les 50% dans les 30 années à venir. C'est un changement radical qu'il est nécéssaire d'anticiper afin que la société puisse s'y adapter.

Refuser le progrès technique n'est pas une option valable. Cette option a été choisie par la Chine à une époque où elle dominait le monde et où ses élites n'ont pas voulu d'un embryon de capitalisme naissant (ce fut bien avant notre révolution industrielle). Alors que ses marins avaient exploré une bonne partie du sud est asiatique toutes les expéditions maritimes ont vu leur financement stoppé. Le résultat c'est que ce sont les européens qui ont dominé le monde pour les siècles suivants. Le XXème siècle a ainsi été particuliérement humiliant pour ce grand pays.

Vers la fin de la valeur travail

Dans une telle société, il va être nécéssaire de maintenir la paix civile :

Ceci nécéssite plusieurs choses :

  • D'une part de verser des allocations monétaires à ceux qui sans cela n'auront aucun moyen de subsistance. Ces allocations devront permettre de satisfaire aux besoins primaires afin d'éviter une hausse de la délinquance trop importante. Elles devront également permettre aux inactifs de s'occuper dans des activités "non marchandes".
  • D'autre part de ne pas énerver ceux qui vont payer pour les gens qui touchent des allocations. Ceci nécéssite donc qu'ils puissent avoir un revenu nettement supérieur à ceux qui ne travaillent pas. Et ceci nécéssite d'abandonner le recours à la valeur travail. Nous verrons plus loin par quoi la remplacer.

Des formes d'allocations destinées aux inactifs existent déja : chomage, rsa, retraite, ... Elles ont déja été acceptées dans la plupart des pays développés mais ont plusieurs défauts :

  • La situation d'inactivité étant vu comme une "tare" (le travail est une valeur) ceux qui les percoivent sont stigmatisés. Ceci est souhaitable dans une société ou le plein emploi est possible. Dans une société ou le taux de chomage structurel risque d'avoisiner les 50% ceci n'est pas tenable.
  • Du fait de l'existence d'emplois peu qualifiés, de nombreuses personnes qui ne travaillent pas gagnent autant que ceux qui travaillent. Ceci crée un fort sentiment d'injustice.

La seule possibilité consiste ne l'instauration d'un dividende universel :

  • Des taxes sont collectées sur toutes les activités productives ainsi que sur les revenus.
  • Ces taxes sont divisées par le nombre d'habitant et redistribuées sans autres formes de traitement. (Dividende universel).

Le DU est efficace si :

  • La personne qui ne travaille pas voit ses besoins essentiels couverts et peut se consacrer à des activités associatives non marchandes.
  • La personne qui travaille cumule son revenu du travail et son dividende universel. De sorte, elle n'a pas à se plaindre de l'assistanat, elle est assistée tout autant que quelqu'un qui ne travailles pas.

Ce dividende universel viendrait bien sur en remplacement :

  • De la retraite : Le montant distribué permet de vivre. Les personnes qui travaillent pourront placer tout ou partie de leur DU pour se constituer une retraite.
  • Des allocations chomages et du RSA : Le chomeur vit sur son DU, libre à lui d'économiser en période d'emploi le montant de son DU pour se faire un filet de protection sociale. 
  • Des aides de la CAF et allocations logement.

L'objectif n'étant pas de réduire nécéssairement le montant de la redistribution mais au contraire d'assurer le DU le plus élevé possible sans nuire à la compétitivité des entreprises. Le fait de remplacer les aides traditionelles indexées sur le revenu par un DU contribue à rendre la société plus égalitaire :

  • Tout le monde est assuré d'un revenu minimum.
  • Ceux qui gagnent bien leur vie doivent épargner par eux mêmes pour avoir un bon revenu lors de leur retraite ou période de chômage. Dès lors ils ne pourront pas tout dépenser. L'état ne dépensera pas un centime de plus pour leur retraite que ce qu'il paye pour la retraite d'un ouvrier. Pourtant ils auront cotisé d'avantage. L'indice de gini des pays utilisant le DU va donc diminuer.


Parlons compétitivité

Puisque l'on parles de compétitivité, il faut prendre en compte :

  • Que le dividende universel doit être redistribué de maniére égale et sans traitement. Contrairement aux aides sociales actuelles il ne nécéssite donc aucune administration. Il coûte donc très peu cher.
  • Il est simple et facilement compréhensible. L'état n'a plus à communiquer et à payer des assistantes sociales pour que les gens connaissent leurs droits.
  • Le DU ne nécéssite que peu de contrôle. On peut imaginer tout au plus l'utilisation d'une empreinte génétique pour identifier le porteur. Ainsi, il sera quasi impossible de frauder.

Le DU permet donc d'offrir un haut niveau de redistribution des richesses sans que cette redistribution ne coûte cher à l'état. En étant plus lisible, il offre aux citoyens une sécurité financière plus importante que les dispositifs actuels. Là où certains craignent de ne pas recevoir leur aide de la CAF à temps car il manque un document, le DU tombe tous les mois à date fixe sans qu'il n'y ait de document à fournir ni de risque de trop perçu. Cette sécurisartion est importante pour la confiance des consommateurs.

Parlons financement

A partir du moment où l'argent liquide est devenu électronique (ce qui est déja techniquement faisable), il est possible de mettre en place une taxe sur tout mouvement d'argent (analogue à la taxe tobin) qui financera le dispositif sans pour autant être couteuse à collecter, puisque sa collecte pourra être automatisée à 100%. Ainsi, le financement du DU ne reposera pas que sur le travail, tout mouvement d'argent dans la société, y compris ce que l'on appelait du travail "au noir" contribuera à financer le DU. Il n'y aura donc plus lieu de contrôler le travail, la rémunération sera automatiquement taxée. Il n'y aura également plus lieu de remplir une déclaration d'impôts, toutes les taxes pourront de manière automatique être collectées. Ainsi, les entreprises verront leurs frais allégés car elles n'auront plus besoin de passer du temps à remplir des papiers et à s'assurer d'être en règle.
En clair, la méthode de financement du DU permet à son tour aux enrtreprises d'améliorer leur compétitivité.

Des méthodes de financement additionelles peuvent également être recherchées si le montant du DU n'est pas suffisant et notamment une taxation plus importante lors des successions (à l'exception de l'outil de travail qui doit pouvoir être transmis avec une franchise totale de taxe). 

Le but est d'arriver à un financement qui permette :

  • De se loger a minima. (pas dans le luxe mais ne pas être SDF).
  • De se nourrir a minima mais sans sauter de repas. (On ne parles pas ici de manger bio)

Atteindre ces besoins primaires est important car le coût de la gestion d'un SDF par l'état est très important. De même, l'insécurité vis à vis du logement et de la nourriture est une source importante de délinquance. Plutôt que de dépenser plus en police et en justice (des budgets importants), le mieux est encore de prévenir. Couplé à la légalisation des drogues et de la prostitution, une telle mesure permettrait de diminuer le cout du maintient de l'ordre. Au final, une réaffectation du budget de la police vers le DU est donc largement productive.

 

Et la valeur travail ?

Tout ceci est bien mais bute sur la valeur "travail". Toute société a besoin de valeurs et la nôtre est fondée sur le travail depuis le XIXème siècle. Une valeur qui convenait à la société industrielle.

Au XXIème siècle, le travail va être réservé aux gens qui possèdent une compétence particulière qu'elle soit intellectuelle, physique ou manuelle.

Néanmoins certaines compétences pourront être valorisées dans le cadre d'échanges non marchands. Le fait d'avoir un DU élevé permettra justement de favoriser ces échanges non marchands qui créent une vraie richesse pour la société même si les statistiques du PIB ne les mesurent pas.

La compétence peut donc bien être la nouvelle valeur du XXIème siècle, celle qui permet justement de faire partie des privilégiés qui ont un travail. Un lien avec la compétence, la connaissance et le savoir faire, des valeurs positives qui poussent à l'éducation.

Comment réussir ce changement

Pour réussir ce changement la gauche comme la droite doivent changer leur logiciel. Le DU doit être vu comme une source d'égalité : chaque citoyen part avec une chance identique et touchera le même revenu de base. Ce revenu de base permettra la satisfaction des besoins primaires. Même si elle ne les satisfera pas tous. En couplant ce système avec une collecte de l'impôt proportionelle au flux d'argent échangés (qui viendrait en remplacement des cotisations salariales) on crée aussi un moyen de réduire les inégalités et de fournir une réelle justice sociale. Paradoxalement en ne fondant plus la société sur la valeur travail, on revalorise celui-ci. Là où dans la société actuelle, le RSAiste risque de ne pas gagner plus en travaillant, avec un DU il y aura un réel intérêt pour lui à travailler.

Il faut enfin dans le même temps cesser de favoriser l'emploi dans nos politiques économiques. La technologie détruit de l'emploi et continuera d'en détruire. Il faut favoriser cette richesse afin de collecter plus d'argent.

Et bien sur, investir le maximum dans l'éducation tout en donnant aux élèves le goût de l'innovation et de la disruption (ce qui implique l'exact inverse qu'une structure hiérarchique ou le respect des règles est la norme).

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

 

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12 août 2014 2 12 /08 /août /2014 17:27

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Squat 12/08/2014 à 15h46
Expulsion de La Cantine des Pyrénées : fin d’un lieu de vie alternatif

Juliette Harau | Rue89
Léa Scherer | Journaliste


 

Depuis deux ans, on pouvait venir manger un morceau pour pas cher à La Cantine des Pyrénées, squat militant parisien dans le XXe arrondissement où les précaires venaient prendre quelques conseils pour des démarches sociales.

Ce lundi, la police a procédé à l’évacuation des lieux – situés en face de Rue89 – alors que les militants étaient en vacances. Les quatre personnes qui logeaient sur place se sont retrouvées à la rue.

Farida est assise sur sa valise. C’est là qu’elle garde ses dossiers médicaux. Cette chômeuse de 47 ans, expulsée à 7 heures du matin avec les trois autres squatteurs, attend sur le trottoir, entourée de son barda.


Farida entourée de ses affaires, après l’expulsion de La Cantine, le 11 août 2014 (Léa Scherer)

Dans les cabas en plastique : ses vêtements, son sac de couchage, un drap, un oreiller. Des ustensiles de cuisine dans un carton : « Surtout le couscoussier, si je l’ai pas, je suis pas bien. » Des provisions dans un chariot à roulette. Un bidon d’eau de 5 litres.

Chemisier bleu et lunettes rectangulaires noires, Farida « présente bien ». Lorsqu’on propose de la photographier, elle s’offusque avec humour de ne pas être encore maquillée. Il faut dire que les forces de l’ordre les ont surpris dans leur sommeil.

Quatre fourgons de gendarmerie

A côté, les maçons empilent les parpaings pour murer la devanture et les fenêtres du premier étage de feu cette maison de quartier improvisée et illégale. Des locaux occupés depuis décembre 2012 par un collectif se revendiquant de la lutte sociale et anticapitaliste, réuni sous l’association Kulture Zéphémère.

Le 331 rue des Pyrénées – sous les fenêtres de Rue89 – était devenu une cantine le midi et un local pour des ateliers, cours de français ou projections de films certains après-midi ou en soirées :

« Un espace de solidarité au sein d’un quartier pour permettre à celles et ceux qui y vivent, non seulement de se rencontrer, mais aussi de s’entraider. »


Un ouvrier mure la devanture de La Cantine (Léa Scherer)

Restent deux policiers qui veillent sur le travail des ouvriers. Les quatre fourgons de gendarmes mobiles dépêchés le matin sont partis sur les coups de 10 heures. Les huissiers, un peu plus tard.

L’un d’eux, qui ne peut ni ne veut parler, s’approche tout de même de nous :

« Il faut voir les deux côtés de la balance. Regardez ce qu’on a saisi. »

Sur son smartphone, le représentant de la justice montre la photo d’un « classeur des aides sociales en tout genre que l’on peut gratter ». Il se délecte de cette provocation des squatteurs tombée entre ses mains.

Une militante, amusée par l’anecdote, explique :

« On faisait de l’aide aux sans-papiers les samedis après-midi et on formait un collectif de mal-logés le dimanche. Le classeur permettait d’expliquer les procédures administratives auxquelles pouvaient avoir recours les personnes précaires. »

Quelles solutions ?

Par téléphone, la mairie du XXe arrondissement de Paris nous a précisé les options soumises aux militants de La Cantine. Un vœu a été présenté au Conseil de Paris les 12 et 13 novembre derniers, par Danielle Simonnet, membre du Parti de Gauche. Réponse donnée par le Conseil :

 

« La ville s’engage à étudier des solutions pour permettre la pérennité des activités de La Cantine, gérée par l’association Kulture Zéphémère. »

 

La mairie a proposé la mise à disposition temporaire d’un de ses locaux non-utilisés. Néanmoins, aucun des locaux actuellement à disposition n’est adapté à leur activité de restauration. La seule solution définitive aurait consisté en la signature d’un bail à tarif réduit auprès de Paris Habitat. Or, l’association refuse de s’engager dans un bail commercial, en contradiction avec ses convictions politiques. »

Pour ce qui est de la procédure juridique enclenchée à l’encontre du squat, les occupants se savaient en suspens.

Le tribunal de grande instance de Paris a rendu un ordre d’expulsion le 6 septembre 2013, décision confirmée en appel en janvier 2014.

L’activité militante avait néanmoins perduré. Depuis la mi-juillet, La Cantine avait pris ses congés d’été et devait rouvrir le 15 août.

La Miroiterie, « squart » (squat artistique) voisin, rue de Ménilmontant, a été délogé lui aussi en juillet.

La cohésion de quartier fonctionne encore ce mardi matin. Alertés par Facebook ou par SMS, quatre voisins viennent proposer leur aide.

Un militant passe des appels, il cherche un véhicule pour transporter les affaires des expulsés. Farida garde son calme, résolue. Une fois les affaires stockées quelque part, « le must, ce serait de prendre une douche ». Elle ne voit pas plus loin pour le moment.


Quatre voisins venus prêter main forte (Juliette Harau)

Son ex-« colocataire », Noëlla (le prénom a été modifié), est plus remontée. Les deux autres occupants de La Cantine ont déjà mis les voiles.

Farida, prioritaire Dalo (Droit au logement opposable), est la seule qui bénéficiait d’une proposition de relogement d’urgence à Nanterre. D’urgence donc temporaire. Elle préfère se débrouiller plutôt que de se déraciner pour quelques jours ou quelques semaines d’hôtel.

La Parisienne, bien rodée, a enchaîné les squats depuis qu’elle a perdu son appartement :

« Le Malandrin, puis le 194 rue des Pyrénées et le 210. Maintenant ici. »

« La propriétaire aussi a des difficultés financières »

Maryse habite le quartier et a déjà connu les galères de logement. Elle commente la situation depuis une terrasse de café :

« C’était bien La Cantine, les gens mangeaient pour pas cher, ils pouvaient venir chercher des conseils. Tant que c’est vide on devrait laisser les occupants y habiter. »


Le mur de briques en construction (Juliette Harau)

Le mur de briques, qui paralyse ce qui était encore hier un lieu de vie, laisse perplexe.

Vers 16 heures lundi, les squatteurs sont partis, restent les ouvriers qui achèvent leur travail :

« Il ne faut pas raconter n’importe quoi, la propriétaire aussi a des difficultés financières. »

Le locataire aurait arrêté de payer son loyer, avant de donner les clés aux squatteurs au moment de partir. L’ouvrier ajoute :

« Qu’est-ce que vous feriez si vos locataires ne payaient pas ? »

Une dame en sweat-shirt bordeaux se tient en retrait depuis le début de matinée. Désignée comme la propriétaire, elle semble bouleversée, ne souhaite pas s’exprimer auprès des médias. Elle est émue aux larmes quand elle évoque brièvement une situation personnelle qui l’étouffe.

En face, le collectif n’a « pas les moyens de payer un loyer exorbitant ». Les activistes appellent à se réunir ce mardi à 16 heures devant la mairie du XXe. Les négociations en vue de trouver d’autres locaux adaptés à leur activité n’ont jusque-là pas abouti.

 

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 11:52

 

Source : www.mediapart.fr

 

Le gouvernement tétanisé par le scénario noir de la rentrée

|  Par martine orange

 

 

 

La rentrée s’annonce sous de sombres auspices pour le gouvernement. Selon les prévisions du Trésor, toute l’Europe, y compris l’Allemagne, est prise dans une spirale déflationniste. Tous les espoirs de retrouver la croissance, d’endiguer le chômage, de redresser les comptes publics risquent d’être réduits à néant. Montebourg milite pour un changement de politique. Valls hésite et Hollande ne dit rien. 

Déflation. François Hollande a lâché le mot. « Il y a un vrai risque déflationniste en Europe. En France, l’inflation n’a jamais été aussi basse », déclare-t-il le 3 août au Monde. En marge d’un entretien sur les relations avec l’Allemagne au moment du centenaire de la Première Guerre mondiale, le président de la République n’a pu s’empêcher de s’attarder longuement sur les risques encourus dans la zone euro. Comme si, après avoir découvert les sombres prévisions économiques lors du séminaire gouvernemental du 1er août, il estimait urgent de préparer l’opinion publique à une rentrée difficile. Comme s’il lui fallait prendre tout de suite à témoin les Français pour leur annoncer que le sol se dérobait sous ses pieds.

Le premier ministre Manuel Valls avait eu, lui aussi, un ton alarmiste devant la presse à la sortie de ce séminaire gouvernemental. « La rentrée va être difficile en matière de conjoncture économique », avait-il annoncé. « À la mi-août, nous aurons quasiment les chiffres de croissance pour l’année 2014, ainsi que les chiffres de l’inflation. On peut constater et je constate qu’au niveau européen, la croissance et l’inflation sont en retrait par rapport à ce que nous pouvions atteindre. L’écart par ailleurs se creuse entre la zone euro et le reste du monde, le risque de déflation est réel », avait-il averti.

 

 
© Reuters

Le séminaire gouvernemental du 1er août ne devait être qu’un séminaire de plus pour faire le point avant les vacances. Pourtant, à en croire les témoins qui ont recueilli les confidences de certains participants, cette réunion marque un tournant. C’est un scénario noir qui se dessine pour le gouvernement. Toutes ses prévisions, ses espoirs de reconquête, ses engagements de redressement budgétaire, ses plans de retour de la compétitivité et d'allégement des charges paraissent être à terre face à une conjoncture économique en Europe qui se dégrade à toute vitesse.

« François Hollande semble avoir découvert la rupture profonde causée par la crise de 2008. Il vient de comprendre que tous ses schémas économiques appris il y a quarante ans n’étaient plus de mise », résume un témoin qui s’est fait raconter la scène. « François Hollande sait très bien que tout a changé », réfute un autre proche du pouvoir. « Mais il a triché avec la vérité. Maintenant, il est rattrapé par son mensonge. Il ne peut plus esquiver, faire miroiter un retour de la croissance, une reprise de l’emploi qui ne viennent jamais. Il est au pied du mur », dit-il.

Ce que le gouvernement a découvert lors de ce séminaire est tout sauf une surprise. De nombreux économistes ont mis en garde de longue date les responsables européens sur les dangers d’imposer partout en même temps des politiques d’austérité budgétaire et de restriction monétaire. Cela ne pouvait qu’entraîner la zone euro dans la déflation, ont-ils prévenu. Ces dernières semaines,  plusieurs rapports du FMI ou de l’OCDE ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation en Europe. Les prévisions du Trésor, présentées le 1er août, sont venues confirmer les appréhensions : souffrant d’une croissance nulle et d’une inflation proche de zéro (0,4 % en juillet), la zone euro est entraînée dans une spirale déflationniste. Le mal ne touche plus seulement les pays de l’Europe du Sud, mais atteint désormais le cœur du système : l’Allemagne se retrouve elle aussi prise dans la déflation.  

Des signes avant-coureurs annoncent le danger à venir. Le 30 juillet, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a pris tout le monde de court : il s’est prononcé en faveur d’une hausse des salaires. Une augmentation de 3 % ne serait pas malvenue, expliquait-il dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Sa déclaration a été incomprise par le monde économique allemand, tant patronal que syndical, qui depuis dix ans voit dans la modération salariale l’arme consacrant le retour de sa puissance. Les experts monétaires, eux, y ont vu un sombre avertissement : si le président de la Bundesbank, gardien de la plus stricte orthodoxie monétaire, en arrive à rompre avec ses principes les plus fermes, pas de doute, l’heure est grave.

Depuis, plusieurs chiffres sont venus confirmer que l’Allemagne, contrairement à ses espoirs de rester un îlot de prospérité dans une zone euro ravagée, est entraînée à son tour dans la chute européenne. Les prises de commande ont diminué de 3,2 % en juin par rapport au mois précédent. La production industrielle n’a augmenté que de 0,3 % en juin, alors que les analystes s’attendaient à un rebond d’au moins 1 % après une chute inattendue de 1,7 % en mai. Ces premiers chiffres font craindre une croissance très faible pour l’Allemagne au deuxième trimestre, et peut-être nulle par la suite. Car le ralentissement est intervenu avant la crise ukrainienne, les sanctions contre la Russie et la riposte de Poutine.

Les membres du gouvernement, même les moins familiers en économie, n’ont pas eu besoin d’explications pour comprendre ces prévisions. Si l’Allemagne ralentit, c’est toute l’Europe qui plonge. Tous les espoirs de redressement de la croissance en France sont réduits en cendres. Le Cice, le plan compétitivité, les dizaines de milliards d’euros que le gouvernement s’apprête à consentir aux entreprises, risquent d’être dépensés en pure perte. Jamais le gouvernement ne parviendra à enrayer la montée du chômage dans un environnement européen dépressif.

« Si l'on est au-dessus de 0,5 % de croissance à la fin de l'année, ce sera déjà bien », aurait déclaré le ministre des finances, Michel Sapin, lors de la présentation des prévisions selon le Canard enchaîné. Le ministère des finances a démenti ces informations par la suite, confirmant sa prévision de croissance de 1 % pour 2014. Le FMI, l’OCDE et l’agence de notation Moody’s ont déjà abaissé leurs prévisions pour la France. Au mieux, la croissance serait de 0,6 % cette année.

Mais des perspectives beaucoup plus sombres ont été évoquées lors de ce séminaire, selon nos informations. Si la production industrielle s’est redressée en juin (+ 1,3 %), après une baisse de 1,6 % en mai, elle affiche un recul de 0,5 % pour l’ensemble du deuxième trimestre, selon l’Insee. Les mois à venir s’annoncent beaucoup plus difficiles. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise font état d’une baisse constante des carnets de commande. Plus que du coût du travail, ceux-ci se plaignent d’une chute de la consommation. Depuis le début de l’année, la demande de crédit stagne. Les dépôts de permis de construire pour les logements sont en chute de 30 %. Les appels d’offres publics ont diminué de 60 %. Dans l’expectative jusqu’aux élections municipales, inquiètes de la suite des projets de réduction des dépenses publiques et de la réforme territoriale, les collectivités territoriales, qui sont les premiers investisseurs publics, ont gelé les projets d’investissement et commencent même pour certaines à réduire les budgets de fonctionnement.

Changer de politique, dit Montebourg

Plusieurs préfets ont déjà alerté le gouvernement, annonçant une rentrée catastrophique. De nombreuses entreprises, notamment de BTP, seraient menacées de faillite, faute de commandes publiques. Les retards de paiement s’accumulent. De nombreux plans de licenciement et de fermeture se préparent, ont-ils prévenu. « Nous sommes déjà à plus de 3 millions de chômeurs. À combien serons-nous à la fin de l’année, si la zone euro plonge ? », se demande un conseiller. François Hollande doit se poser aussi la question, lui qui a lié son avenir politique à la baisse du chômage.

« Michel Sapin a compris qu’il avait un problème. Sans croissance, il lui est impossible de redresser les comptes publics et de ramener le déficit budgétaire à 3,8 %, comme la France s’y est engagée auprès de la commission européenne. C’est toute la crédibilité du gouvernement qui est en jeu », note un proche du pouvoir.

Depuis quelque temps, Bercy sait qu’il n’est plus dans les clous de l’exécution budgétaire. Le scénario de 2013, décrit dans un rapport de la Cour des comptes, est en train de se répéter : les recettes budgétaires attendues ne sont pas au rendez-vous, en raison de la baisse de l’activité. À la mi-juillet, les rentrées des impôts sur les sociétés n’étaient qu’à 41,2 % de l’objectif fixé au lieu de 50 %, les recettes de la TVA étaient à 48,6 %. Pourtant, les objectifs ont été abaissés dans le cadre de la loi de finances rectificative. Seuls les impôts sur le revenu sont au-dessus des prévisions, en raison des nouvelles mesures fiscales (abaissement du quotient familial, fiscalisation des mutuelles, etc.). « La loi de finances a été bâtie sur des hypothèses de croissance de 1 % et d’inflation de 1,2 %. C’est tout à fait irréaliste. Si on abaisse les prévisions pour ramener la croissance à 0,5 % et l’ inflation à 0,5 %, ce qui serait déjà bien, cela se traduit par 10 à 15 milliards d’euros de recettes en moins », dit un connaisseur des finances publiques. Selon ses calculs, le déficit budgétaire est appelé à être de l’ordre de 4,3 % cette année au lieu des 3,8 % promis.

 

 
© Reuters

Que faire ? Annoncer de nouvelles mesures de rigueur, de nouvelles réductions de dépenses, un nouveau programme d’austérité pour répondre aux injonctions européennes et respecter « les engagements de la France » ? Changer radicalement de politique, en essayant d’entraîner d’autres pays européens pour forcer l’Europe à sortir de l’austérité ? « On ne peut pas dire que le débat économique fait rage au sein du gouvernement. C’est plutôt le désarroi », raconte un proche du pouvoir.

Arnaud Montebourg, selon plusieurs témoignages, a malgré tout tenté de le lancer. Depuis plusieurs mois, le ministre de l’économie et du redressement productif milite pour un changement d’orientation de la politique économique. « Une politique de rétablissement des comptes publics est impossible sans croissance », n’a-t-il cessé de marteler. Lors de son discours programmatique du 10 juillet, il avait tenté de dessiner un autre chemin afin, expliquait-il alors, de redonner un peu de pouvoir d’achat aux Français et de relancer la demande.

Autour de la table du conseil dans le salon Murat, il a repris l’argumentation. Les prévisions du Trésor venaient confirmer ses analyses. D’abord, aurait-il expliqué, il y a urgence à dire la réalité de la situation. « Aussi difficile qu’elle soit, il faut dire la vérité. On ne peut plus promettre une croissance qui ne viendra pas, un abaissement du chômage qui ne se produira pas, si on maintient cette politique », a-t-il déclaré en substance.

Pour le ministre de l’économie, le problème n’est pas au niveau français mais au niveau européen. Il faut mener un combat politique pour obtenir une réorientation de la politique économique européenne, en finir avec les politiques d’austérité et de consolidation budgétaire qui condamnent la zone euro à une décennie de stagnation. « La croissance est une question politique. C’est à nous de prendre la tête de ce combat. La gauche a encore quelque chose à faire et à dire dans ce débat », a-t-il insisté face aux autres membres du gouvernement.

« Arnaud Montebourg est persuadé que l’Allemagne, à un moment ou un autre, va réagir si la déflation l’atteint à son tour. Pour lui, il importe que la France n’attende pas les décisions de Berlin, et se mette alors à sa remorque, mais qu'elle préempte le débat, pour ne pas se faire imposer des solutions qui ne lui conviennent pas », explique un de ses proches.

Prudemment, Michel Sapin semble être resté silencieux après la sortie d’Arnaud Montebourg. C’est Laurent Fabius qui a défendu la poursuite de la politique arrêtée par le gouvernement, au nom de la crédibilité de la France. Reprenant les critiques de l’Allemagne et de la Commission européenne, le ministre des affaires étrangères a expliqué que la France ne pouvait toujours se dédouaner de ses propres faiblesses sur les autres, qu’elle devait mener les réformes qu’elle s’était engagée à mener. Et puis, a-t-il fait valoir, les marchés ne manqueraient pas de sanctionner la France, si le gouvernement relâchait ses efforts.

Le dilemme de Manuel Valls

© Reuters

 

Les marchés ! Depuis l’élection présidentielle, François Hollande et le gouvernement vivent dans la hantise d’une attaque spéculative contre la France, comme l’ont connue l’Espagne, l’Italie ou le Portugal. La menace a été mille fois agitée par l’ancien ministre des finances, Pierre Moscovici, pour obtenir un alignement de la politique française sur les préconisations de la Commission européenne. Depuis dix-huit mois, la pression s’est relâchée sur la zone euro, grâce à l’intervention de la BCE. Les taux français n’ont jamais été aussi bas. « Le spread (différence de taux entre l’Allemagne et la France) est bon », s’est félicité François Hollande.

Mais qu’arrivera-t-il si la déflation s’installe durablement dans la zone euro, si les marchés prennent à nouveau conscience du montant insoutenable des dettes publiques dans certains des États comme l’Italie, si la France dévisse à nouveau ? Avant même que les tensions géopolitiques n’aggravent l’environnement, des messages de proches, familiers du monde des affaires, ont été adressés ces derniers temps à Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, et à Manuel Valls pour les avertir sur les possibles difficultés anticipées par les entreprises en 2015, détails à l’appui. C’est une entreprise du Cac 40, travaillant dans la grande distribution, qui donne consigne à son service de trésorerie d’assurer dès maintenant tous les financements, afin de ne pas dépendre du marché en 2015. C’est un groupe industriel, qui lui aussi prend toutes les précautions de financement, par peur de voir les marchés complètement fermés l’an prochain.

Ces mises en garde ont, semble-t-il, fait forte impression. Le gouvernement vit à nouveau dans la hantise des marchés. Les sombres prévisions de la rentrée renforcent ses craintes et le tétanisent. Quel signal envoyer pour rassurer les marchés et éviter une attaque ? Poursuivre la ligne politique arrêtée, comme le défend Laurent Fabius ? Ou changer de politique pour ramener la croissance, comme le propose Arnaud Montebourg ?

Au fil des semaines, Manuel Valls paraît de plus en plus convaincu de la nécessité de changer de braquet. Tous les chiffres viennent lui confirmer que le gouvernement semble ne plus avoir de prise sur la situation économique. Le capital politique dont il disposait à son arrivée à Matignon fond comme neige au soleil. La veille du séminaire gouvernemental, un sondage publié par le Figaro a créé un choc : quel que soit le candidat – Hollande ou Valls –, la gauche ne serait pas au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017. L'avenir politique du premier ministre est désormais en question. « Manuel Valls hésite entre être un premier ministre loyal à François Hollande ou se rebeller. Il attend d’en savoir plus sur la position de François Hollande », résume un de ses proches.

« Comme à son habitude, François Hollande est évasif. Il n’est rien sorti de ce séminaire gouvernemental », dit un participant. « Il a semblé très embêté. Il a dit qu’il fallait maintenir la ligne et prendre des décisions claires qui soient comprises par les Français », raconte un autre. Depuis, le conseil constitutionnel a censuré une de ses seules mesures compréhensibles par l’opinion publique, qui visait à redonner du pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes. Il a jugé que l’allègement des cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,3 fois le Smic, prévu dans le cadre du pacte de compétitivité, était « contraire au principe d’égalité ». Un nouveau revers pour le gouvernement.

Les ministres sont repartis du séminaire du 1er août, inquiets de ce qui pourrait se passer à la rentrée, ignorant tout de la direction du gouvernement. Depuis, ils ont vu que François Hollande essayait de façon brouillonne d’obtenir un changement de l’Allemagne. Ses appels à une relance économique ont donné lieu à une nouvelle rebuffade allemande. « Nous ne voyons aucun besoin d’apporter le moindre changement à notre politique économique. L’Allemagne est déjà le plus important moteur de la croissance en zone euro », a rétorqué la porte-parole du gouvernement, au nom d’Angela Merkel partie en vacances, en réponse aux propositions de relance de l’Élysée.

« Si la France veut obtenir un changement de la politique européenne, elle ne l’obtiendra pas en quémandant auprès de l’Allemagne, mais en construisant une alliance avec d’autres pays européens. L’ennui est qu’elle a raté le coche en 2012. Toute l’Europe du Sud attendait alors la France et était prête à la suivre. François Hollande a préféré signer le pacte de stabilité budgétaire sans discuter et promettre de ramener le déficit à 3 %. La France a perdu tout son crédit. Depuis, l’Italie a choisi d’aller son chemin. L’Espagne s’est rangée derrière l’Allemagne. Plus personne n’attend la France », constate un observateur.

Au cœur de l’été, l’Élysée et Matignon soupèsent l’avenir politique. Mais les petits calculs semblent encore l’emporter. Aucune vision, susceptible de redonner confiance, d’en finir avec le défaitisme ambiant ne se dégage. « Si Manuel Valls n’obtient pas un changement de politique à la rentrée, il n’a plus qu’à démissionner. Sinon, il est mort politiquement », dit un observateur proche du premier ministre. Celui-ci dit lui avoir donné ce conseil, ces derniers jours, par SMS.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 11:27

 

Source : lesmoutonsenrages.fr

 

 

Les « dark pools », nouveau front judiciaire pour les banques aux USA

Posté par Benji

11 août, 2014

 

 

Je vous laisse deviner quelle grande banque américaine est impliquée… Aucune surprise, la plus dangereuse et mafieuse de la planète, la Goldman Sachs, mais cela va faire comme le reste des scandales judiciaires avec ces banques criminelle, cela va finir par payer une amende pour échapper à toute poursuite devant un tribunal, et cela sera réglé…

Quand aux banques françaises… Elles sont tranquilles, l’ennemi intime de Hollande sont bien protégées, et elles n’ont jamais été inquiétées, ni pour le scandale du Libor, ni pour celui de l’Euribor, encore moins pour les intérêts sur les assurances des emprunteurs, quand aux prêts toxiques, une loi vient de passer pour les rendre inattaquables! Du gros foutage de gueule de la part de politiques qui roulent pour la finance…


bankster

Déjà cibles de multiples enquêtes, les grandes banques font face à un nouveau front judiciaire aux Etats-Unis, menaçant un de leurs relais de croissance: les « dark pools », des plateformes alternatives où s’échangent dans l’anonymat des milliards de dollars par jour.

Tour à tour, la britannique Barclays, les suisses UBS et Credit Suisse, l’allemande Deutsche Bank et les américaines Goldman Sachs et Morgan Stanley ont révélé avoir reçu des demandes de documents d’autorités américaines dans le cadre d’enquêtes concernant leur « dark pool » respective.

Elles disent coopérer.
A l’exception de Barclays, attaquée en justice, la plupart des investigations, menées par le procureur de l’Etat de New York Eric Schneiderman, le FBI et le régulateur des marchés financiers (SEC), sont encore à un stade préliminaire.
Une dark pool est une plateforme où les transactions, qui sont de gré à gré, se font à l’aveugle, c’est-à-dire que le prix et l’identité du vendeur et de l’acheteur ne sont connus qu’une fois l’opération conclue. L’opérateur, souvent une banque d’affaires, joue les intermédiaires.


A l’inverse des marchés réglementés, il y est difficile de tracer qui a acheté et vendu quoi.
Les dark pools sont fréquentées par les investisseurs institutionnels (fonds d’investissements, de pension ou spéculatifs) qui achètent et vendent de gros blocs de produits financiers (actions, obligations) et ne veulent pas que ça se sache.
« Ils viennent ici pour l’anonymat », explique à l’AFP Adam Sussman, un des responsables de la plateforme alternative Liquidnet, qui compte 700 participants affichant des portefeuilles d’actifs d’un montant total de 13.000 milliards de dollars.
Les dark pools représentent aujourd’hui 35% du volume des échanges boursiers aux Etats-Unis, contre 25% en 2009, selon des chiffres cités par la patronne de la SEC Mary Jo White lors d’un discours en juin.

Les enquêtes à leur sujet viennent allonger la liste déjà longue des litiges auxquels les grandes banques sont confrontées aux Etats-Unis: des prêts immobiliers toxiques « subprime » aux violations d’embargo américain en passant par les manipulations des marchés de changes ou du taux interbancaire Libor.

- Favoritisme -
L’angle d’attaque des autorités américaines porte sur le favoritisme supposé accordé aux traders de haute fréquence sur ces plateformes alternatives légales.
Depuis le krach éclair de Wall Street en mai 2010, pour lequel il avait été mis en cause, le courtage de haute fréquence, qui permet à des robots d’échanger des actions instantanément, est sous haute surveillance des autorités – bien que cette pratique ne soit pas illégale.

La parution au printemps du best-seller du journaliste Michael Lewis, « Flash Boys », qui relate l’histoire vraie d’un courtier en rébellion contre les méthodes de courtage les plus sophistiquées, a encore accentué la tendance.
Les régulateurs reprochent notamment aux banques d’attirer les traders à haute fréquence sur leurs dark pools en leur accordant des « avantages systématiques » au détriment des autres courtiers, selon les termes de la plainte déposée fin juin contre Barclays par Eric Schneiderman.

La banque britannique est ainsi accusée d’avoir « falsifié » un document marketing destiné aux gros investisseurs en y retirant le nom d’une maison de courtage spécialisée dans la haute fréquence et qui s’était déjà distinguée par des pratiques « agressives ».
La banque a saisi la Cour suprême de l’État de New York pour lui demander de « rejeter » cette plainte qu’elle estime « injustifiée ».
« Je suis inquiète par le manque de transparence des dark pools », avait déclaré en juin Mary Jo White, en rappelant que la transparence est un « outil important » censé protéger les investisseurs quel que soit le marché.

Pour elle comme pour les critiques du courtage alternatif, la dark pool alimente d’une façon ou d’une autre la spéculation.
Un investisseur peut par exemple jouer à la baisse une action sur un marché réglementé pour la racheter à très bon prix ensuite sur une dark pool.

Au Canada et en Australie, les autorités n’ont pas hésité à y interdire les transactions à moins que celles-ci ne s’effectuent à des prix supérieurs à ceux des marchés réglementés.
L’Europe et Hong Kong réfléchissent à faire de même.

Source: News-banques.com


À noter au passage, pour rester dans le domaine financier, deux autres petites infos:

 

 

Source : lesmoutonsenrages.fr

 

 

 

 

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10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 18:14

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

 

Dette, néolibéralisme et classes sociales

10 août par Renaud Duterme

 

 

 


Une des forces de l’argument du remboursement de la dette publique est l’apparente neutralité de la mesure. Rembourser la dette n’est qu’une question comptable dépourvue de tout agenda caché. « Il nous faut rembourser la dette car un État ne peut vivre au delà de ses moyens ». Imparable comme position. Pourtant, en creusant un peu, il est clair que l’analyse comptable permet d’occulter une vision en termes de classe, pourtant au cœur de la gestion de la dette telle qu’elle se fait depuis plusieurs décennies. Si l’utilisation de la dette comme moyen de domination n’est pas neuve |1|, les années 70 et le ralentissement de l’économie dans les pays du premier monde vont voir l’argument du remboursement de la dette être utilisé par les grandes puissances, avec un double objectif rapidement atteint : la mainmise sur les territoires nouvellement indépendants (le tiers monde) et la restauration du pouvoir de classe dans les économies dites du premier monde. Cet élément marque en quelque sorte les débuts d’une époque qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

New-York, nous voici !

Si l’on évoque fréquemment la crise de la dette des pays du Sud au début des années 80, c’est pourtant à New York que va débuter un processus de dépossession des classes populaires via la dette. J’emprunte l’analyse qui suit à David Harvey |2|. Dans son livre Brève histoire du néolibéralisme, il décrit un « putsch des institutions financières au détriment du gouvernement démocratiquement élu de New-York ». Dans les années 70, plusieurs éléments structurels (désindustrialisation, appauvrissement du centre-ville suite au développement des banlieues) entraînèrent la ville dans des difficultés financières. Résolues durant un temps par le déficit, ces difficultés s’aggravèrent en 1975 suite à la décision d’une banque d’affaire de refuser de couvrir la dette de la ville, provoquant de facto une sorte de défaut de paiement. Suite à ce défaut, l’administration du budget de la ville passa sous le contrôle de nouvelles institutions non élues, lesquelles visaient prioritairement le remboursement des créanciers. Débuta alors un refrain qui se généralisera rapidement aux quatre coins du monde : coupes budgétaires dans les services publics et sociaux, gel des salaires des fonctionnaires et affaiblissement des syndicats, notamment par l’obligation leur étant faite d’investir leur fond de pension en obligations de la ville. David Harvey donne une grande importance à cet événement « local » car selon lui, « la gestion de la crise budgétaire de New-York prépara la voie aux pratiques néolibérales, tant sur le plan national sous Reagan qu’au niveau international avec le FMI |3| dans les années 1980 ». Et d’ajouter qu’elle posa les bases du principe suivant : « dans le cas d’un conflit opposant l’intégrité des institutions financières et les bénéfices des actionnaires au bien-être des citoyens, on (les pouvoirs publics) privilégierait les premiers ». Par conséquent, « le gouvernement avait pour rôle de créer un climat favorable aux affaires plutôt que de prendre en charge les besoins et le bien-être de la population en général » |4|.

Étape suivante : le tiers monde

Après New-York, c’est le Mexique qui aura le triste privilège d’ouvrir le bal de l’austérité.

L’explosion des taux d’intérêt décidée unilatéralement par les Etats-Unis, appliquée conjointement à la chute des prix des produits d’exportation du pays vont conduire le gouvernement mexicain dans l’incapacité à honorer ses dettes. La méthode newyorkaise va dès lors être appliquée par le FMI et la Banque mondiale |5|. En plus des coupes budgétaires, ces derniers imposeront également des mesures structurelles telles que la réduction des barrières douanières, des privatisations massives et davantage de flexibilité du marché du travail |6|. Les conséquences seront doubles et augureront la nouvelle ère néolibérale : précarisation massive de la population mexicaine (entraînant une hausse de l’emploi informel, de la criminalité, de l’insécurité alimentaire, …) et enrichissement d’une « élite » étrangère (banques créancières, entreprises américaines) et nationale (24 milliardaires sont apparus suite aux différentes réformes imposées à l’économie mexicaine, dont Carlos Slim, un temps l’homme le plus riche de la planète) |7|. Les choses se dérouleront à peu près de la même façon pour une grande partie de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et dans une moindre mesure de l’Asie. Pour bien des auteurs, dont David Harvey, il est clair que la crise de la dette fut à l’origine du virage néolibéral dans la plupart des pays du Sud |8|. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la façon dont les choses se sont passées n’émanait pas du hasard mais était préparée de longue date, notamment par les disciples de Milton Friedman, lesquels ont peu à peu colonisé le FMI et la Banque mondiale. Naomi Klein résume : « confrontés aux chocs à répétition des années 80, les pays endettés n’avaient d’autre choix que de s’adresser à la Banque mondiale et au FMI. Ils se heurtaient alors au mur d’orthodoxie dressé par les Chicago Boys qui, en raison de leur formation, voyaient les catastrophes moins comme des problèmes à régler que comme de précieuses occasions qu’il fallait saisir au vol afin d’ouvrir de nouveaux territoires au libre-marché » |9|. Bien que le Nord ne fût pas épargné par cette attaque |10|, c’est suite à la crise de la dette grecque en 2010 que l’offensive de dépossession par les créanciers va être la plus brutale.

Une gestion de la dette au service du 1 %

Ce qu’il faut comprendre, et c’est ce qu’Harvey démontre de façon magistrale, c’est que le néolibéralisme n’est en réalité rien d’autre qu’une coquille idéologique dissimulant la réaffirmation d’un pouvoir de classe |11|. Ainsi, « la principale réussite de la néolibéralisation réside dans la redistribution, et non dans la création, de richesses et de revenus » |12|. Christian Vandermotten ne dit pas autre chose quand il écrit que « quelques soient les modalités de son apparition, le néolibéralisme se traduit par une réaffirmation du pouvoir économique des classes dominantes » |13|. Par conséquent, plus qu’une idéologie, il faut considérer cette vague néolibérale avant tout comme un projet politique de renforcement de la domination en faveur des détenteurs de capitaux. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les multiples entorses faites à la théorie néolibérale, même parmi les plus fervents défenseurs de ce système. La gestion des crises de la dette est probablement le meilleur exemple. « En donnant toute autorité au FMI et à la Banque mondiale pour négocier les allègements de dette, les États néolibéraux en venaient à protéger les principales institutions financières mondiales de la menace d’un défaut. En réalité, le FMI couvre, du mieux qu’il peut, l’exposition aux risques et aux incertitudes sur les marchés financiers internationaux. Pratique difficile à justifier par rapport à la théorie néolibérale, puisque les investisseurs devraient en principe être responsables de leurs propres erreurs » |14|. Joseph Stiglitz va dans le même sens. Prix Nobel d’économie et ancien économiste en chef à la Banque mondiale, il écrit : « dans l’économie de marché normale, si un prêteur consent un prêt qui tourne mal, il en subit les conséquences (…). Dans la réalité, à de multiples reprises, le FMI a fourni des fonds aux États pour tirer d’affaire les créanciers occidentaux » |15|. Il résume les choses de façon limpide : « si l’on examine le FMI comme si son objectif était de servir les intérêts de la communauté financière, on trouve un sens à des actes qui, sans cela, paraîtraient contradictoires et intellectuellement incohérents » |16|. Dans un registre similaire, les sauvetages bancaires suite à la crise de 2007-2008 aux États-Unis et en Europe dévoilent également des intérêts de classe : loin de l’idéal libéral de responsabilité des investisseurs, on assiste plutôt à un mécanisme de privatisation des bénéfices et de socialisation des pertes. Et tant pis pour le fameux aléa moral, pourtant invoqué pour justifier le remboursement de la dette par les pays du Sud.

Un autre point de discordance |17| par rapport à la théorie est le choix des priorités budgétaires. À de rares exceptions près, on remarque que dans la plupart des pays soumis à l’austérité, le budget militaire n’est pas ou peu concerné par les coupes dans les dépenses publiques. Il en était déjà ainsi sous Reagan, qui malgré une rhétorique très antiétatique, a maintenu des budgets militaires faramineux, financés pour l’essentiel par le déficit. Comme le note Harvey, « bien qu’en désaccord avec la théorie néolibérale, l’augmentation des déficits fédéraux a fourni une justification commode au projet de démolition des programmes sociaux » |18|. La double explication est sans doute d’une part l’existence et la puissance du complexe militaro industriel et ses liens avec l’administration américaine, et d’autre part un impérialisme toujours omniprésent de la puissance américaine vis-à-vis du reste du monde (Naomi Klein utilise l’expression capitalisme du désastre pour décrire le phénomène associant ces deux éléments). La gestion de la dette grecque conduit à une analyse semblable puisque le budget de l’armement du gouvernement, parmi un des plus élevés de l’Union Européenne, a été au début épargné des mesures d’austérité, au détriment des dépenses sociales, de santé et d’éducation. Le fait que la France et l’Allemagne soient deux des grands vendeurs d’armes à la Grèce n’y est sans doute pas étranger.

Crises et technocrates

Par ailleurs, la crise sert souvent de prétexte à l’imposition de mesures impopulaires. Naomi Klein a décrit ce phénomène sous le nom de stratégie du choc : en résumé, cela consiste à profiter du désarroi d’une population face à un évènement brutal pour imposer des mesures qu’il serait difficile, voire impossible de faire passer en temps normal. De nouveau, la crise de la dette, dans le tiers monde ou en Europe, illustre parfaitement ce phénomène. « La menace que représentent les dettes publiques pour la stabilité bancaire est devenue à la fois un écran de fumée pour dissimuler les responsabilités des banques et un prétexte pour imposer des politiques antisociales afin d’assainir les finances publiques » |19|. De plus, l’argument de la crise ou de l’insoutenabilité de la dette tend à évincer de plus en plus de processus démocratiques. En atteste « le goût des néolibéraux pour les institutions non démocratiques, qui n’ont de compte à rendre à personne ». Harvey résume l’imposture néolibérale : « de fortes interventions de l’État et un gouvernement des élites et des « experts », dans un monde qui n’est pas censé être interventionniste » |20|. Cinq ans après avoir écrit ces lignes, la gestion de la crise grecque et européenne lui donne entièrement raison puisqu’ont été placés au pouvoir différents « techniciens » directement en provenance du monde de la finance. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, est d’ailleurs un ex-dirigeant de Goldman Sachs. Ce qui est regrettable, c’est de voir l’inertie de la sphère politique par rapport à cela. Ainsi, la fameuse règle d’or, qui grave l’austérité dans le marbre et impose des choix budgétaires faisant fi des choix électoraux des populations, n’a pour ainsi dire pas rencontré de protestation de la part des gouvernements en place et de la plupart des partis traditionnels. Pourtant, il est clair que nous sommes face à un nouveau processus d’accaparement des richesses par une minorité |21|. Tous les néolibéraux ne sont évidemment pas des êtres perfides et dépourvus d’état d’âme. Nombre d’entre eux sont sans doute de bonne volonté mais baignent dans un ensemble de croyances et de mythes |22| associés – souvent à tort – à l’idéal libéral ou capitaliste. Malgré ça, il existe bel et bien une élite, financière, politique, entrepreneuriale, qui bénéficie des mesures néolibérales imposées la plupart du temps de façon non démocratique. Reconnaître cet état de fait doit nous conduire à dénoncer et à lutter contre la dette illégitime et les plans d’austérité.

Notes

|1| Déjà au XIXe siècle, l’Empire Ottoman, l’Amérique latine ou la Chine on vu la généralisation de prêts bancaire en provenance des métropoles du nord (banques londoniennes) devenir un moyen de contrôle de leurs finances publiques et de leurs richesses. Voir à cet égard TOUSSAINT Éric, http://cadtm.org/Retour-dans-le-pas...

|2| HARVEY David, Brève histoire du néolibéralisme, Les Prairies Ordinaires, Paris, 2014, p76.

|3| Si le FMI, et sa consœur la Banque mondiale furent à l’origine crées respectivement pour stabiliser l’ordre économique mondiale et financer le développement des pays les plus pauvres, ces deux institutions vont rapidement être transformées en outil d’imposition du néolibéralisme, en particulier par les élites nord-américaines. Leur localisation à Washington ainsi que leur système de fonctionnement dominés par les pays occidentaux (et en particulier les États-Unis) expliquent largement cet état de fait.

|4| HARVEY, op. cit., p80.

|5| Cette façon de faire se combinera rapidement aux méthodes impérialistes américaines qui, contrastant avec le colonialisme européen, constituaient davantage en la mise en place d’un pouvoir « indépendant » mais entièrement soumis aux intérêts américains. L’endettement servira alors à la fois à la corruption de ces gouvernements fantoches mais également, du fait de la gestion par la Banque Mondiale et le FMI, à un transfert de richesses des peuples du Sud vers les élites financières (américaines ou autres).

|6| Ces mesures seront également encouragées par l’adhésion du Mexique au GATT ainsi qu’à l’ALENA en 1994.

|7| HARVEY, op. cit. pp149-154

|8| VANDERMOTTEN Christian, La production des espaces économiques, Éditions de l’ULB, Bruxelles, 2010, p345 ; KLEIN Naomi, La stratégie du choc, Acte Sud, Paris, 2008, pp256-261.

|9| KLEIN Naomi, op. cit, p252.

|10| Fin des années 70, la montée des taux d’intérêts suivie des tournants Reagan et Thatcher vont augurer la liquidation par divers moyens de l’héritage interventionniste omniprésent pendant les trente glorieuses. Par ailleurs, à l’instar de New-York quelques années auparavant, plusieurs villes feront office de laboratoire pour l’imposition de l’austérité dans les budgets publics. Tel fut le cas de la ville de Liège dans les années 80. Cette politique sera élargie à l’ensemble de la Belgique, notamment à travers le gouvernement Martens-Gol. Après quelques années de réformes progressistes, la France mitterrandienne s’engouffrera également dans la brèche néolibérale, tout comme les pays de l’Est après l’effondrement de l’Union Soviétique.

|11| HARVEY, op. cit., p223

|12| HARVEY, op. cit, p226.

|13| VANDERMOTTEN, op. cit., p339. Voir également TOUSSAINT Éric, Bancocratie, Aden, Bruxelles, 2014. Ce dernier écrit : « les politiques néolibérales généralisées depuis les années 80 ont permis aux capitalistes d’augmenter leur part dans le revenu national alors que diminuait la part qui revient aux salaires » (p56).

|14| HARVEY, op. cit., p115.

|15| STIGLITZ Joseph, La grande Désillusion, Fayard, Paris, 2002, pp321-322

|16| STIGLITZ Joseph, op. cit., p330.

|17| Il y en a évidemment d’autres. Un qu’il est intéressant de souligner est le décalage entre le fameux principe de concurrence libre et non faussée et l’existence dans de nombreux domaines de situation d’oligopoles qui contrôlent une grande partie du marché. La sphère financière est encore une fois emblématique puisque selon Éric Toussaint, « entre 1997 et 2010, les 5 plus grandes banques sont passées de 52 à 75% du marché en Belgique et de 50,9 à 86 % en France » (op. cit., p153). La situation est semblable dans bien des domaines d’activité, de l’automobile à l’aviation en passant l’agroalimentaire.

|18| HARVEY, op. cit., p136.

|19| TOUSSAINT Éric, Bancocratie, op. cit., p190. De nouveau, l’objectif n’est que théorique puisque les politiques d’austérité contractant la demande et donc diminuant les recettes fiscales, ne résolvent en rien la question des déficits. Le cas de la Grèce est emblématique.

|20| HARVEY, op. cit. p111.

|21| Pour s’en convaincre, il suffit de voir les statistiques quant au nombre de milliardaires et de millionnaires, partout en augmentation. Dans un même registre, le marché du luxe (sacs Vuitton, cigares haut de gamme, voitures de sport…) ne s’est jamais aussi bien porté.

|22| Parmi ces mythes, mentionnons la figure du travailleur entrepreneur, l’efficacité du marché, les bienfaits du libre-échange et de la liberté économique, le rattrapage économique des pays du Sud…

Renaud Duterme Auteur de Rwanda, une histoire volée , éditions Tribord, 2013 et co-auteur avec Éric De Ruest de La dette cachée de l’économie, Les Liens qui Libèrent, 2014.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

 

 

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10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 17:19

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Coup de flouze 09/08/2014 à 10h54
Comment nos députés investissent leur argent...
Rémi Noyon | Journaliste Rue89

 


Comment choisir ses investissements ? (SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA)

Certains multiplient les parts dans les entreprises, que ce soient des géants cotés en Bourse ou de plus modestes boîtes implantées dans leurs circonscriptions. D’autres préfèrent gérer leur argent en famille ou faire confiance à leurs banques. La majorité n’a en tout cas rien de loups de la finance.

Je me suis amusé à éplucher les participations financières de nos députés, rendues publiques le jeudi 24 juillet. C’est un fouillis imbitable. Cela va de la société civile immobilière (SCI) aux actions et parts sociales, en passant par l’épargne salariale et les plans d’épargne en actions (PEA). Parfois, un nom d’entreprise surgit sur la page, sans autre précision sur le produit financier concerné.

1 Les écolos : petits joueurs et projets citoyens

 

En clair, c’est le bordel

L’association Regards Citoyens a mis en ligne une numérisation des déclarations d’intérêts des parlementaires. Il a fallu l’aide de 8 000 personnes pour recopier dans un tableur les gribouillis de nos députés et sénateurs. Du fait de la mauvaise volonté manifeste de beaucoup, les données sont imparfaites, vagues et probablement incomplètes.

 

Je me suis ici basé sur la section de la déclaration qui concernait « les participations financières directes » dans le capital de sociétés. La Haute autorité de la vie publique précisait qu’il fallait y indiquer les titres, parts, actions et autres participations financières. Les fiches ont été remplies il y a quelques semaines : les situations financières ont pu évoluer depuis.

 

Le cliché : on les imagine se renseigner longuement sur Internet avant de soutenir des boîtes qui font dans la transformation de crottes de loirs en biogaz.

La réalité : la fibre écolo transparaît chez Denis Baupin, député de Paris, qui déclare posséder cinq actions (pour une valeur de 500 euros) dans Energie Partagée Investissement, qu’il définit fièrement comme un « fonds solidaire de développement de projets citoyens de production d’énergie renouvelable » [PDF]. Celui-ci fut l’un des premiers à surfer sur la vague de l’économie verte – en soutenant par exemple le photovoltaïque.

Le coprésident du groupe vert à l’Assemblée nationale, François de Rugy, est actionnaire de GDF Suez (677 euros) et de Rexel (1 150 euros), un grand groupe français qui se spécialise dans la distribution de matériel électrique [PDF].

Joint par Rue89, il explique avoir obtenu ses actions via la Banque postale et avoir fait une bien mauvaise affaire, avec des moins-values de 12% environ :

« Je regarde de temps en temps si ce n’est pas trop catastrophique, mais je ne suis pas du tout un boursicoteur. La seule conclusion que j’en ai tiré c’est que je ne devais plus souscrire à ce genre d’offre. »

La députée de l’Essonne, Eva Sas, a travaillé dans le cabinet Secafi. A Rue89, elle explique qu’elle a conservé « des actions » pour un montant de 36 324 euros dans le groupe amiral, Alpha [PDF].

2 Les cocos : pas touche au grand capital

 

Le cliché : pas de ça chez nous. Les parlementaires communistes préfèrent les merguez de La Courneuve à Boursorama.

La réalité : du côté des communistes et apparentés, pas de surprises. On évite de se compromettre avec le grand capital. La seule déclaration non vierge est celle de Marc Dolez qui a possédé dix actions de 39 euros dans une société HLM à Douai. Il a tout vendu au début de l’année [PDF].

3 Les centristes : la gâchette enthousiaste

 

Le cliché : le centriste feuillette les pages saumons dans le TGV qui le ramène en circo. Ce sont des libéraux, que diable ! On les veut entrepreneurs, avec le goût du placement risqué.

La réalité : certains aiment l’humus et le crottin. Le très sage Charles Amédée du Buisson de Courson, député de la Marne, est au capital de sociétés qui donnent dans la valorisation du bois et dans la production d’énergie par biogaz [PDF]. Tant de compétences lui permettent d’être très précis lorsqu’il demande au gouvernement de ne pas augmenter la TVA sur le « bois énergie »... Au Sénat, Jacqueline Gourault, qui chuchote à l’oreille de Bayrou, garde les bottes dans la boue grâce à une société d’élevage [PDF]. Ses parents, déjà, étaient marchands de bestiaux.

D’autres sont beaucoup moins rustiques : c’est le cas de Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy, qui a des participations dans Orange, GDF et Vivendi (tous au CAC 40), mais n’a reçu que 740 euros en coupons pour 2013 [PDF]. C’est clinique.

Pourtant, leurs collègues pourraient leur donner des idées d’investissements plus incarnés :

  • Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine, possède encore un bon quart d’Export Entreprises, dont il a été le PDG jusqu’en 2012 [PDF]. La boîte s’est spécialisée dans l’aide à l’exportation ;
  • député de la Polynésie, Jonas Tahuaitu a des parts dans une société de construction de barrages hydrauliques [PDF]. Cela tombe bien, il est aussi président du syndicat d’électrification des communes du sud de Tahiti ;
  • le député du Territoire de Belfort, Michel Zumkeller, est un homme accommodant. Il a investi 2 500 euros dans Cryoservice. Une boîte lancée par sa suppléante porte ce nom. Elle se spécialise dans « le nettoyage industriel écologique » [PDF].

On aurait pu en parler : Meyer Habib, député des Français de l’étranger, estime à plus de deux millions d’euros la valeur de sa holding [PDF]. Député de la Côte d’Or, François Sauvadet déclare une action Bernard Loiseau et des parts sociales au Crédit Agricole [PDF].

4 Les radicaux : en bons pères de famille

 

Le cliché : quand on se prévaut des fondements de la République, on ne prend pas de risques. On achète et on conserve ( « buy and hold »).

La réalité : pas grand-chose chez les députés. Il faut aller voir au Sénat pour se mettre quelque chose sous la dent. C’est là que règne le matador : Jean-Michel Baylet, véritable baron du Sud-Ouest. Détailler son portefeuille prend du temps : il a notamment des actions dans le Groupe Dépêche et La Nouvelle République des Pyrénées, dont il est aussi le PDG [PDF]. Gros porteur et patron de presse, c’est la plus pure tradition du radicalisme.

A côté, ses camarades sont des petits joueurs : la sénatrice Anne-Marie Escoffier ne déclare qu’un maigre placement d’environ 1 000 euros sur un compte-titre (destiné à investir).

Mais le vrai radical, c’est le sénateur Jean-Pierre Plancade, qui possède des parts dans des chambres d’hôtes. Son collègue Pierre-Yves Collombat (PS mais au groupe RDSE), a lui investi dans le « pivot gastronomique » de Draguignan. Voilà pour le cliché cassoulet.

5 Les socialistes : en ordre dispersé

 

Le cliché : ils se disent convaincus des bienfaits de l’entreprise. Qu’ils le prouvent plutôt que de faire des stages chez Nature et Découvertes.

La réalité : ils ne sont finalement pas nombreux à s’impliquer financièrement dans des sociétés (si ce n’est dans des SCI). D’autant plus surprenant que les députés ont généralement les ressources disponibles pour investir.

La plupart des déclarations concernent des formes spécifiques établies pour des besoins professionnels : les pharmaciens (comme Catherine Lemorton), les avocats (Yann Galut et Denys Robiliard) et les agriculteurs (Yves Daniel, Dominique Potier, Jean-Luc Bleunven).

Il y a ensuite la ribambelle de ceux qui se sont tournés vers le conseil. Les meilleures amies du PS, Karine Berger et Valérie Rabault, se retrouvent ainsi dans Ecomining, une société de « conseils pour affaires » qui n’a tenu que deux ans. On peut aussi citer Yves Blein, Patrice Prat, Christophe Borgel et Razzy Hammadi.

Certaines participations sont toutefois moins attendues :

  • élu de la Seine-Saint-Denis, Mathieu Hanotin, l’un des protégés de Claude Bartolone, possède 25% du capital de ViaCivis, une « agence de voyage politique », qui propose des séjours tels que « Istanbul, mutations urbaines » ou « Londres, au cœur du capitalisme financier » ;
  • le fil de Bourvil, Dominique Raimbourg, a toujours une société de production cinématographique à son nom [PDF]. Même si les derniers films remontent à 1964 ;

Il n’y a pas de boursicoteurs assumés : ancien de France Télécom, Jean-Louis Bricout (Aisne), a encore de l’épargne salariale chez Orange, Marie-Arlette Carlotti (Bouches-du-Rhône) a aussi gardé une participation dans EADS et Olivier Faure (Seine-et-Marne) revendique une action de 16 euros au Crédit Agricole. Celle-ci lui a été précieuse puisqu’elle lui a permis d’enquiquiner Bernard Tapie dans l’affaire du Crédit Lyonnais.

Il y a tout de même Alain Rousset, député de Gironde, qui peut se considérer petit porteur avec 45 000 euros dans un PEA (qui a l’avantage d’être peu imposé) et une épargne salariale de 173 000 euros [PDF].

Une mention spéciale pour Sébastien Pietrasanta. Le député des Hauts-de-Seine possède une action Dexia, qui ne vaut qu’une poignée de centimes. A Rue89, il rappelle qu’il l’avait acheté pour pouvoir assister à l’assemblée générale des actionnaires de la banque. Sa ville – Asnières – avait contracté des emprunts toxiques et il ressentait le besoin de pousser une gueulante.

On aurait pu en parler : député de l’Hérault, Patrick Vignal détient 50% du capital d’un espace d’« entretien corporel » tenu par sa femme – Acquaforme [PDF].

6 La droite : bravo les gros bonnets

 

Le cliché : les gaullistes investissent dans des secteurs stratégiques pour l’Etat.

La réalité : à l’UMP, il y a de très grosses fortunes, comme Olivier Dassault, le fiston, ou Philippe Briand, questeur de l’Assemblée.

  • Le très fortuné Philippe Briand, député d’Indre-et-Loire, déclare une participation colossale de 120 millions d’euros dans la SAS Arche... Sans compter une tripotée de SCI [PDF] ;
  • quant à Olivier Dassault, élu de l’Oise, il reçoit de substantiels dividendes – plus de trois millions d’euros – du Groupe Marcel Dassault et de la holding du Rond Point Immobilier [PDF].

Parmi leurs collègues, certains ont fait des efforts de diversification :

  • diplômé de HEC et ancien de Procter & Gamble, Bernard Brochand, député des Alpes-Maritimes, déclare des actions dans des sociétés non cotées aussi diverses que Riviera Web, Global Sport, Waycom, Bee to Bee, Boxtale, Kwaga, Greenwishes. Il détient plusieurs portefeuilles de titres et des fonds de placement [PDF]. Mais rassurez-vous, il a écrit un livre pour que, vous aussi, vous puissiez « réussir l’impossible » ;
  • Avec moins de moyens, Jean-Luc Warsmann, élu des Ardennes, a aussi mis ses oeufs dans plusieurs paniers. Il estime à 127 932 euros sa participation dans de nombreuses entreprises du CAC 40 : Alcatel, Danone, Lafarge... [PDF] ;
  • Dominique Tian possède la holding Overline, dont la plus value théorique est de 15 millions d’euros. Le député des Bouches-du-Rhône est au capital de nombreuses SCI, mais aussi de Thalassa Form (2,4%) et d’Empire Hotel (0,0129%) [PDF].
Un petit village qui sent la violette

Dans la série des chanceux, on peut aussi citer Franck Riester, qui dirige plusieurs concessions Peugeot en Seine-et-Marne dont il détient des actions [PDF]. Il y a également Valérie Pécresse (Yvelines), dont le conjoint, Jérôme, est devenu membre du comité exécutif d’Alstom après un passage par Imerys, qui œuvre dans les minéraux industriels. Conséquence : la députée déclare des participations ou options de souscriptions dans ces deux groupes [PDF].

Plus modeste, Sophie Dion, élue de la Haute-Savoie, bénéficie toujours du téléphérique de Pleney, réalisé par son grand-père [PDF]. Sur son site, celle qui a été monitrice de ski affirme même que sa famille est à l’origine du développement touristique de Morzine. Les députés UMP sont d’ailleurs accrochés à leurs montagnes : Charles-Ange Ginesy (Alpes-Maritimes) est toujours propriétaire d’un hôtel à Péone – un village de 900 habitants près de la station de Valberg [PDF].

Et puis, il y a les sportifs. L’ancien judoka David Douillet, reconverti en député des Yvelines, est au capital d’Ours Blanc – la société qui gère son image – et de Double D, qui importe du matériel sportif [PDF]. L’ancien escrimeur, Jean-François Lamour, député de Paris, a préféré placer 5 000 euros dans Babyloan, qui se présente comme une « plateforme de microcrédit solidaire ». Enfin, le député de la Somme, Alain Gest, est au capital de Prosport, ce qui lui rapporte 35 000 euros en dividendes annuels.

La palme de la clarté revient au libéral Alain Moyne-Bressand. Le député de l’Isère a joint à sa déclaration un schéma pour récapituler ses investissements [PDF].


Détail de la déclaration d’intérêts

On aurait pu en parler : Luc Chatel, le nouveau secrétaire général de l’UMP, est, en compagnie de plusieurs membres de sa famille, au capital de Saint Dizier Participations [PDF]. Cette société n’a plus déposé de comptes depuis 2011. A cette date, elle déclarait un résultat net de 448 500 euros.

 

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 18:06

 

Source : cadtm.org

 

 

CADTM

 

Super Mario pour les banquiers

7 août par Eric Toussaint

 


La BCE a annoncé le jeudi 7 août 2014 qu’elle maintenait les mesures adoptées à la réunion du 5 juin 2014. Elle fait cela dans un contexte d’échec patent des politiques qu’elle applique depuis le début de la crise |1|. L’Italie est en récession : le PIB a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre 2014, après une baisse de 0,1 % au précédent |2|. Au Portugal qu’on disait sorti d’affaire, la quasi banqueroute de la deuxième banque du pays, Banco Espirito Santo (un véritable empire économique à l’échelle de ce pays) entraîne un coût énorme pour le Trésor public qui une nouvelle fois socialise les pertes. En Allemagne, la production industrielle n’a augmenté que de 0,3 % en juin 2014, alors qu’on annonçait une hausse de 1,2 %. Sur un an, l’activité industrielle allemande s’est contractée de 0,5 % (+ 0,3 % attendu). L’inflation, est tombée à 0,4 % en juillet 2014 dans la zone euro alors que la BCE est selon ses statuts tenue de rapprocher le taux d’inflation de 2%. Dans la zone de la monnaie unique, le taux de chômage se maintient au niveau élevé de 12%. Malgré des résultats économiques mauvais, Mario Draghi reçoit les éloges des grands médias. Dans la suite de cet article sont analysées les mesures prises par la BCE depuis juin 2014. Cet article sera suivi d’une série intitulée : Les États au service des banques au prétexte du « Too big to fail » (elle comprendra 8 parties).

Au lendemain d’une importante réunion de la BCE, le quotidien Le Monde ne tarissait pas d’éloge à l’égard du président de l’institution financière basée à Francfort : « Mario Draghi a fait preuve, une fois de plus, jeudi 5 juin, de la maestria avec laquelle il pilote la Banque centrale européenne. Plus que jamais, l’Italien est au rendez-vous : l’homme qu’il faut à l’endroit où il faut. » |3|(voir l’encadré sur le CV de Mario Draghi) Le Financial Times et l’ensemble de la presse dominante ont abondé dans le même sens. Les marchés financiers ont réagi très positivement, les Bourses ont frémi d’aise.

Mario Draghi

De 1991 à 2001, Mario Draghi est directeur général du ministère du Trésor public italien, chargé des privatisations. À ce titre, il est membre du conseil d’administration de plusieurs banques et sociétés qui étaient en phase de transfert vers le secteur privé (Eni, IRI, Banca Nazionale del Lavoro-BNL et IMI). Par la suite, Mario Draghi est, de 2002 à 2005, vice-président de la branche européenne de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. C’est à cette époque que cette banque est rémunérée par les autorités grecques afin de maquiller leurs comptes publics. Le 16 janvier 2006, Mario Draghi devient gouverneur de la Banque d’Italie, nommé par le président du Conseil Silvio Berlusconi, avec un mandat renouvelable de six ans. Mario Draghi est devenu président de la BCE le 1er novembre 2011.

Une chose est sûre : les décisions prises par la BCE ne vont pas améliorer la situation économique, elle ne vont pas permettre de générer des emplois et les conditions de vie de la population de la zone euro ne vont pas gagner en qualité. La BCE garde le même cap : soutien total aux grandes banques et au patronat contre l’écrasante majorité de la population.

Quelles sont les mesures annoncées par la BCE le 5 juin 2014 ?

Fixer à 0,15% le taux payé par les banques pour emprunter à la BCE

La BCE a décidé de baisser une fois de plus le taux auquel elle prête de l’argent aux banques privées. Le taux est passé de 0,25% (en vigueur depuis novembre 2013) à 0,15% à partir du 11 juin 2014 |4|. C’est tout bénéfice pour les banques privées qui peuvent ensuite prêter cet argent aux Etats à des taux qui varient de 1,40% (c’est le cas de l’Allemagne fin juin 2014) à 6,00% pour la Grèce |5|… Officiellement, la baisse du taux devrait pousser les banques à prêter davantage aux entreprises (en particulier, aux PME qui représentent en Europe le plus gros employeur) et aux ménages. Mais on se rend compte que les banques préfèrent prêter aux Etats : c’est plus sûr. Acheter des titres de la dette souveraine leur permet d’atteindre plus facilement le ratio imposé par les autorités de contrôle des banques concernant le minimum de capital requis en rapport au bilan total (ou le total des actifs) |6|.

Fixer à 0,10% le taux payé par les banques pour déposer de l’argent au jour le jour à la BCE

La BCE a également décidé que les banques qui lui confient chaque jour de l’argent pour le mettre en sécurité devront payer un taux de 0,10%. Officiellement, cette mesure vise également à pousser les banques à prêter aux PME et aux ménages l’argent dont elles disposent plutôt que de le déposer à la BCE. En réalité, on constate que cela ne marche pas. Les prêts aux PME et aux ménages stagnent ou baissent selon les pays.

Pourquoi les banques déposent-elles des liquidités à la BCE ? Parce que c’est une façon de montrer aux autres banquiers et aux autres fournisseurs privés de crédit (Money Market Funds, fonds de pension, compagnies d’assurances), à leurs créanciers en général, à leurs actionnaires et aux autorités de contrôle qu’elles disposent de cash en permanence afin de faire face à l’explosion des bombes à retardement qui se trouvent dans leurs comptes. Si elles n’avaient pas ce cash disponible, les prêteurs potentiels se détourneraient d’elles ou leur imposeraient des taux très élevés. Les détenteurs d’actions les revendraient et leur cours s’écroulerait.

Accorder 400 milliards d’euros supplémentaires de crédits de longue durée aux banques

La BCE a aussi annoncé qu’elle allait prêter aux banquiers privés 400 milliards d’euros à taux fixe (on peut imaginer qu’il sera très bas, proche de 0,15%). La BCE laisse entendre qu’elle octroiera ces nouveaux crédits à long terme à la condition que les banques les prêtent aux PME afin de relancer la production et de créer des emplois. Il faudra être attentif à la réalisation concrète de cette annonce, car la BCE n’a jamais jusqu’ici contraint les banques à faire quoi que ce soit avec les fonds qu’elle leur prête. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de banques parmi celles qui ont emprunté 1 000 milliards d’euros entre décembre 2011 et janvier 2012 dans le cadre du LTRO (Long Term Refinancing Operations) pour une durée de 3 ans ont un urgent besoin de nouveaux crédits à long terme, appelés TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operations). Ces nouveaux crédits devraient leur permettre de faire la soudure sous peine de devoir se déclarer en faillite pour incapacité de remboursement.

Pour comprendre pourquoi ce nouveau crédit est vital pour une série de banques importantes, il faut saisir ce qu’est le LTRO (voir encadré).

LTRO : qu’est-ce que c’est ?

L’opération consiste à accorder aux banques des prêts à long terme. Entre décembre 2011 et février 2012, la BCE a ainsi prêté à un peu plus de 800 banques, plus de 1 000 milliards d’euros pour une durée de 3 ans au taux d’intérêt de 1 % (à un moment où l’inflation atteignait environ 2 %). En réalité, le cadeau fait aux banques est plus important que le laisse supposer un taux d’intérêt de 1 % (pourtant déjà très avantageux). Pour deux raisons simples :
1) Les intérêts sur la somme empruntée ne sont à verser qu’au moment du remboursement de cette somme. Donc si une banque a emprunté pour 3 ans et ne rembourse pas de manière anticipée, elle ne paie les intérêts qu’à l’issue des 3 ans.
2) Le taux a été abaissé par la suite à plusieurs reprises pour atteindre 0,15 % à partir de juin 2014.

Prenons une banque comme Dexia qui a emprunté plus de 20 milliards d’euros à la BCE sur une période de 3 ans au début 2012, elle ne devra rembourser les 20 milliards qu’au début 2015. À cette somme, s’ajoutera le paiement des intérêts que l’on calculera de la manière suivante : 1 % de taux d’intérêt jusqu’en juillet 2012, 0,75 % pour la période juillet 2012 à mai 2013, 0,50 % de mai 2013 à novembre 2013, 0,25 % entre novembre 2013 et juin 2014, 0,15% d’intérêt à partir de juin 2014 |7|. La banque ne paiera ces intérêts qu’au moment du remboursement de la somme empruntée. Que se passera-t-il à ce moment-là ? Il est évident que de nombreuses banques, comme Dexia, la principale banque italienne Intesa Sanpaolo (qui a reçu 24 milliards d’euros dans le cadre du LTRO) ou encore la banque portugaise Esperito Santo en pleine déconfiture depuis juillet 2014, ne seront en mesure de rembourser la somme empruntée que si elles procèdent à un nouvel emprunt plus ou moins équivalent à l’emprunt précédent. A qui ces banques emprunteront-elles ? A la BCE pardi, dans le cadre du TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operations). C’est en réalité la véritable raison d’être de ce TLTRO. Mais la BCE ne peut pas le déclarer officiellement car elle doit contribuer à faire croire que les banques vont bien, qu’elles ont assaini leurs comptes, qu’elles ne manquent pas de liquidités… Du coup, Mario Draghi annonce que le TLTRO servira à financer les PME...

La BCE met la pression sur les banques privées pour qu’elles produisent plus de produits structurés

Les banques ont réduit les crédits aux ménages et aux entreprises, en particulier aux petites et aux moyennes entreprises qui représentent la majorité des emplois. En 2013, les crédits bancaires ont diminué de 2 % dans la zone euro, les crédits aux entreprises non financières ont diminué d’environ 3,5 %. Quant aux collectivités locales, elles sont de plus en plus orientées vers les financements obligataires. Les économies périphériques dans l’Union européenne sont bien sûr les plus touchées.

Ce que propose Mario Draghi aux banquiers européens pour les encourager malgré tout à augmenter leurs crédits aux PME, c’est d’accroître la production de produits structurés constitués d’un ensemble de prêts à ces PME. De quoi s’agit-il : les banques qui octroient des crédits aux PME peuvent les sortir de leur bilan en les titrisant via leur assemblage dans un produit structuré (Asset Backed Securities). La BCE propose ensuite aux banques de déposer ces produits structurés comme collatéral (= en garantie) auprès d’elle afin d’obtenir en échange du crédit à 0,15 %. Sachant que les taux exigés des PME par les banques oscillent en 2014 entre 5 % et 6 % en Espagne et en Italie, entre 3 et 4 % en France et en Allemagne, les banques pourraient faire des bénéfices tout à fait intéressants affirme Mario Draghi. Malgré cette proposition alléchante, les banques renâclent à augmenter leurs crédits aux PME et à accroître la fabrication de produits structurés tels que proposés par le président de la BCE |8|, qui en est très déçu et avance toujours la même proposition chaque fois qu’il en a l’occasion. C’était une fois de plus le cas lors de la réunion du directoire de la BCE le 5 juin 2014.

La prolifération des produits structurés a été au centre de la crise bancaire qui a commencé en 2007-2008 et tout ce que trouve Mario Draghi comme moyen de relancer le crédit aux PME, c’est de pousser les banques européennes à en produire de nouveau !

La BCE augmentera encore les liquidités en circulation

Depuis 2008-2009, la BCE n’a cessé d’augmenter les liquidités mises à la disposition des banques au point que ces liquidités inondent l’économie réelle (voir plus loin). Elle a annoncé le 5 juin 2014 un changement dans sa politique de rachat des titres souverains qui aura pour conséquence d’augmenter un peu plus les liquidités. Dans le jargon, cela s’appelle mettre fin à la stérilisation du programme de rachat des titres souverains (le Securities Markets Program suivi à partir de fin 2012 du Outright Monetary Transactions OMT-). Jusqu’ici, quand elle rachetait aux banques des titres souverains (italiens, portugais, grecs, irlandais, espagnols…) qu’elles avaient acquis sur le marché primaire, la BCE reprenait aux banques un volume équivalent de liquidités. A partir de juin 2014, la BCE paiera aux banques les titres qu’elle leur rachète sans leur demander l’équivalent de liquidités. En faisant cela, « la BCE augmentera mécaniquement les liquidités à disposition du système bancaire » déclare Frédéric Rollin, conseiller en stratégie chez Pictet |9|. Cela représente environ 170 milliards d’euros.

L’économie européenne est tombée dans le piège de la liquidité

A cause des politiques menées par les banques centrales et les gouvernements, l’économie des pays les plus industrialisés est tombée dans ce que Keynes appelait le piège de la liquidité. Alors que les banques centrales injectent des liquidités et baissent les taux d’intérêt, les banques et les grandes entreprises privées préfèrent garder ces liquidités à portée de la main, pour faire face à des coups durs liés aux bombes à retardement qu’elles détiennent dans leur bilan et aux nouvelles bulles qu’elles contribuent activement à fabriquer |10|. Les entreprises industrielles et de services considèrent que cela ne vaut pas la peine d’investir puisque la demande privée et publique est anémique. Elles s’assoient pour ainsi dire sur un énorme tas de liquidités ou les utilisent pour spéculer. Les entreprises européennes détenaient en 2012 en liquide 2 400 milliards d’euros (soit 16 fois le budget annuel de l’Union européenne !) |11|. C’est du jamais vu.

Selon Keynes, pour sortir du piège de la liquidité, il faut que les gouvernements augmentent les dépenses publiques afin de relancer la demande et, du coup, l’économie : dépenses d’investissement (on pourrait évidemment investir massivement dans la transition écologique, les énergies renouvelables, les grands travaux publics utiles, les bâtiments scolaires et collectifs), dépenses pour engager du personnel dans les services publics et pour mieux les rémunérer, dépenses sociales (santé, éducation, services sociaux), dépenses pour augmenter les montants des retraites et de différentes allocations sociales… Mais de cela, les banquiers centraux et les gouvernements ne veulent pas en entendre parler parce qu’ils veulent aller plus loin dans les attaques contre les conquêtes sociales.

Une offensive pour aller plus loin dans les politiques néolibérales

Mario Draghi a multiplié récemment les déclarations |12| et les initiatives allant dans le sens d’une plus grande austérité budgétaire et d’un développement des mesures structurelles de précarisation des mécanismes de protection sociale et de solidarité collective : plus grande flexibilisation des contrats de travail afin de faciliter les licenciements, de réduire les salaires, d’augmenter l’intensité et la durée du travail, attaques contre les retraites...

Le rapport annuel de la Banque des règlements internationaux (BRI) publié en juin 2014 va exactement dans la même direction : « La combinaison des politiques structurelles appropriées varie nécessairement d’un pays à l’autre, mais elle comprend fréquemment la déréglementation des secteurs protégés, comme les services, l’amélioration de la flexibilité du marché du travail, l’augmentation des taux d’activité et la réduction de l’hypertrophie du secteur public. Donner plus de poids à l’assainissement et aux réformes suppose d’en donner moins à une gestion expansionniste de la demande. Ce principe s’applique à la politique budgétaire. Après les premières mesures de stimulation budgétaire, on a en partie redécouvert la nécessité d’assurer la viabilité à plus long terme. Cette découverte est bienvenue : mettre de l’ordre dans ses affaires budgétaires est primordial, et il faut résister à la tentation de s’écarter de cette voie. » |13| En d’autres mots, la BRI veut que les gouvernements aillent encore plus loin dans les attaques contre les conquêtes sociales de l’après seconde guerre mondiale et dans la réduction des dépenses publiques.

Conclusions

L’énorme croissance des liquidités qu’a connue l’Europe depuis 2007-2008 a servi à maintenir intacte la puissance des grandes banques privées sans pour autant sortir les économies concernées de la crise. Grâce à l’intervention de la BCE et d’autres banques centrales (et bien sûr, aux décisions des gouvernements), les grandes banques privées poursuivent leurs activités massivement spéculatives et souvent frauduleuses, voire criminelles. Elles sont soutenues par un mécanisme de transfusion permanente de ressources (crédits publics illimités à taux d’intérêts quasi nuls ou clairement négatifs). Certaines d’entre elles, et non des moindres, sont simplement maintenues en vie sous respiration artificielle (aux crédits publics illimités s’ajoutent une injection de capitaux publics afin de les recapitaliser et des garanties publiques concernant leurs dettes). Le métier de la banque est trop sérieux pour être laissé dans les mains du secteur privé. Il est nécessaire de socialiser le secteur bancaire (ce qui implique son expropriation) et de le placer sous contrôle citoyen (des salariés des banques, des clients, des associations et des représentants des acteurs publics locaux), car il doit être soumis aux règles d’un service public |14| et les revenus que son activité génère doivent être utilisés pour le bien commun.

La politique appliquée jusqu’ici par la BCE, les autres banques centrales et les gouvernements a entraîné une très forte augmentation de la dette publique en conséquence de plusieurs facteurs qui sont liés : le coût du sauvetage des banques ; le coût de la crise dont les banques centrales, les gouvernements, les banques privées et les autres grandes entreprises portent la responsabilité ; l’interdiction faites aux États d’emprunter auprès de la banque centrale ; la poursuite des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux grosses fortunes… Cela donne un caractère clairement illégitime à une partie très importante de la dette publique. En particulier, la dette publique contractée pour sauver les banques est clairement illégitime et doit être répudiée. Un audit citoyen doit déterminer les autres dettes illégitimes, illégales, odieuses, insoutenables… |15| et permettre une mobilisation telle qu’une alternative anticapitaliste crédible puisse prendre forme.

Dans ce contexte, la politique de la BCE est à la fois illégitime, odieuse, insoutenable et illégale. Elle est illégitime parce qu’elle favorise une infime minorité de la population, qui de surcroît est responsable de la crise et en tire profit. Elle est illégitime parce qu’elle porte préjudice à l’écrasante majorité de la population. Cette politique de la BCE est d’autant plus illégitime que ceux qui la conçoivent sont conscients de ce qui précède. Dans le cas des pays soumis aux mémorandums imposés par la Troïka dont la BCE constitue un acteur central, cette politique est odieuse car elle viole des conventions et des traités sur les droits humains (économiques, sociaux, civils et politiques) et qu’elle est imposée par des institutions qui n’ont pas été mandatées par le peuple pour poser de tels actes. Cette politique est également insoutenable |16| car elle conduit à l’appauvrissement d’une grande partie de la population, à une dégradation de la santé et de l’éducation publique, à l’augmentation du chômage… Enfin, cette politique est illégale car elle ne respecte pas les statuts de la BCE (statuts que nous réprouvons par ailleurs). Par exemple, mais ceci n’est pas exhaustif, la BCE n’a aucun mandat dans ses statuts pour intervenir dans les relations de travail. Or de manière permanente, elle cherche à dicter des modifications des lois concernant le droit du travail.

Il faut revoir complètement la politique monétaire ainsi que le statut et la pratique de la BCE. La BCE et les banques centrales en général doivent pouvoir financer directement des États afin d’atteindre des objectifs sociaux et environnementaux qui garantissent la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Le financement direct par la BCE et les banques centrales ne suffit pas en soi, ces financements devront s’inscrire dans une dimension sociale et être au service de l’intérêt général. En effet, si les États-Unis et le Royaume-Uni financent de manière importante leur dette par leur banque centrale |17|, on ne peut pas dire que cette politique est menée dans l’intérêt de la majorité de leur population.

La mobilisation citoyenne et l’auto-organisation sociale constituent la condition sine qua non à la réalisation d’un programme de sortie de crise qui favorable aux peuples |18|. Sans elles, il n’y aura pas de véritable issue émancipatrice à la crise actuelle.

Notes

|1| Attention, si l’échec est patent à l’aune des objectifs officiels poursuivis, il n’en va pas de même si on prend en compte l’agenda caché de la BCE et des dirigeants européens. L’objectif des dirigeants européens des pays les plus forts et des patrons des grandes entreprises, au stade actuel de la crise, n’est pas de relancer la croissance et de réduire les asymétries entre les économies fortes et les faibles au sein de l’UE. Ils se félicitent au contraire de l’existence d’une zone économique, commerciale et politique commune où ils tirent profit de la débâcle de la Périphérie et des sacrifices imposés à tous les salariés d’Europe pour renforcer la profitabilité des entreprises et marquer des points en termes de compétitivité. Pour avancer dans la plus grande offensive menée depuis la seconde guerre mondiale à l’échelle européenne contre les droits économiques et sociaux de la majorité de la population, les gouvernements et le patronat utilisent plusieurs armes : l’augmentation très importante du chômage, le remboursement de la dette publique qui a fortement augmenté, la recherche de l’équilibre budgétaire comme prétexte à des coupes sévères dans les dépenses sociales et les services publics, la quête de l’amélioration de la compétitivité des États membres de l’UE les uns par rapport aux autres ainsi que par rapport aux concurrents mondiaux. De ce point de vue là, la politique de la BCE ne constitue pas un échec. J’y reviendrai dans des articles ultérieurs. Voir également Bancocratie, chapitre 33.

|2| http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0203688232137-litalie-en-recession-pousse-les-taux-allemands-a-un-plus-bas-historique-1030888.php#gauche_article

|3| Le Monde, « L’arsenal de Mario Draghi contre la déflation », 6 juin 2014, http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/06/06/l-arsenal-de-mario-draghi-contre-la-deflation_4433369_3232.html

|4| La BCE a commencé à baisser son taux d’intérêt directeur par paliers successifs à partir de 2008. En octobre 2008 il s’élevait à 3,75%. Voir : https://www.banque-france.fr/economie-et-statistiques/changes-et-taux/les-taux-directeurs.html

|5| Il s’agit des taux des titres souverains à 10 ans. Les taux pratiqués pour les autres pays fin juin 2014 s’élevaient à 1,75% pour la France, à 1,86% pour la Belgique, à 2,75% pour l’Espagne, 2,85% pour l’Italie, à 3,57% à la Pologne, à 3,60% au Portugal,…

|6| J’ai expliqué cela dans http://cadtm.org/Les-banques-bluffent-en-toute publié le 19 juin 2013 ; http://cadtm.org/Banques-bulletin-de-sante-trafique publié le 23 juillet 2013. Voir également mon livre Bancocratie, Aden, Bruxelles, chapitres 8 et 9. A commander via : http://cadtm.org/Bancocratie

|7| Voir sur le site de la BCE : « In this longer-term refinancing operation, the rate at which all bids are satisfied is indexed to the average minimum bid rate in the main refinancing operations over the life of the operation », http://sdw.ecb.europa.eu/servlet/desis?node=100000133

|8| En 2013, en Europe, les émissions de tous les types d’ABS pris ensemble ont fondu de 38 % par rapport à 2012 (Financial Times, 18 février 2014). En 4 ans, la chute est de plus de 80 % ! (Financial Times, 3 septembre 2013).

|9| Cité dans Le Monde du 7 juin 2014.

|10| Plusieurs bulles spéculatives sont en expansion et menacent d’éclater : bulle boursière, bulle sur les matières premières, nouvelle bulle immobilière, bulle sur les obligations souveraines ou sur les obligations d’entreprise, … Voir Eric Toussaint, Bancocratie, Aden, Bruxelles, 2014, chapitre 38.

|11| Financial Times, « European Corporate buybacks sink to 2009 lows », 2 novembre 2012. L’article se réfère aux calculs de Thomson Reuters. Selon The Economist, les entreprises canadiennes détenaient 300 milliards de dollars de cash en 2012, soit 25 % de plus qu’en 2008. Le phénomène concerne l’ensemble des pays les plus industrialisés : au Japon, en 2012, les entreprises conservaient sous forme liquide l’équivalent de 2 800 milliards de dollars, soit 75 % de plus qu’en 2007 ! (The Economist, « Dead money. Cash has been pilling up on companies’ balance-sheets since before the crisis », 3 novembre 2012).

|12| Voir notamment Financial Times, “Draghi coaxes politicians to take lead in next batch of reforms », 11 juillet 2014.

|13| BRI, 84e Rapport annuel, 1er avril 2013–31 mars 2014, Bâle, 29 juin 2014, p. 17 http://www.bis.org/publ/arpdf/ar2014_1_fr.pdf

|14| Le secteur bancaire devrait être entièrement public à l’exception d’un secteur coopératif de petite taille avec lequel il pourrait cohabiter et collaborer.

|15| Voir CAC, Que faire de la dette ? Un audit de la dette publique de la France, mai 2014, http://www.audit-citoyen.org/wp-content/uploads/2014/05/note-dette.pdf Pour la Belgique voir : ACiDe, BRISER LE CERCLE VICIEUX DE LA DETTE ET DE L’AUSTÉRITÉ, mémorandum de l’audit citoyen de la dette en Belgique, AVRIL 2014, http://www.auditcitoyen.be/wp-content/uploads/memorandum.pdf

|16| Sur le plan économique, cette politique est soutenable du point de vue de l’intérêt des capitalistes, elle est insoutenable du point de vue des droits humains.

|17| Ces dernières années, la FED a racheté pour plus de 2400 milliards $ de bons du trésor des Etats-Unis (en octobre 2014, le volume de bons du trésors détenu par la Fed atteindra 2450 milliards), ce qui représente 18% du volume total des bons du trésor en circulation. Source : Natixis, EcoHebdo, 25 juillet 2014, N°29, http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=78192 Attention, contrairement à une idée largement répandue, la Fed n’achète pas les bons du trésor au Trésor directement, elle les achète via des opérations d’open market aux banques privées qui les ont acquises préalablement. Voir la législation des Etats-Unis en la matière : http://www.federalreserve.gov/aboutthefed/section14.htm

|18| Voir un large éventail de propositions dans : Eric Toussaint, « Europe : alternatives à la crise », avril 2014, http://cadtm.org/Europe-alternatives-a-la-crise

Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, Aden, 2014, http://cadtm.org/Bancocratie ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010.

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 17:00

 

Source : www.mediapart.fr

 

Les riches seraient beaucoup plus riches qu'on ne le croit

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Les fortunes des plus riches, souvent cachées dans des paradis fiscaux, seraient sous-estimées selon de nouveaux travaux économiques.

Les plus riches seraient beaucoup plus riches qu’on ne le croit, selon de nouvelles études menées parallèlement par l’économiste de la BCE Philip Vermeulen et l’économiste Gabriel Zucman. Leurs fortunes, souvent cachées dans des paradis fiscaux, seraient sous-estimées, selon leurs travaux : « Ne pas appréhender correctement la réalité des fortunes et des revenus accumulés signifie que les économistes et les politiques n’ont pas une bonne compréhension des inégalités. Par exemple, savoir que les revenus et les actifs sont plus concentrés pourrait inciter à changer la structure de la fiscalité », explique Gabriel Zucman.

Lire dans Bloomberg

 

Tiré de l'article de Bloomberg

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 21:19

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 

Sept idées reçues sur l'immigration et les immigrés

Le Monde | 06.08.2014 à 18h33 • Mis à jour le 07.08.2014 à 19h28 | Par Samuel Laurent

 
Des migrants sur le navire militaire italien "Chimera", dans le port de Pozzallo, en Sicile, le 30 juin.

L'été, période propice à relancer de vieux débats ? D'Eric Ciotti à Hervé Mariton en passant par Christian Estrosi, les ténors de la droite se bousculent sur les plateaux télévisés pour parler... d'immigration.

Aides sociales, afflux de migrants, « laxisme », tout est bon pour dénoncer une fois encore l'arrivée ou la présence d'immigrés sur le sol français. Cette thématique, souvent épidermique en France, où les enquêtes d'opinion montrent une montée du sentiment xénophobe, est riche en clichés. Des clichés qui sont le plus souvent relativisés, voire démentis par les faits.

 1. « Il y a une "explosion" de l'immigration en France »

Premier cliché démenti par les faits : la part des immigrés et des étrangers en France est certes en hausse depuis trente ans, mais à un rythme qui est loin de « l'explosion », et qui ne s'accélère pas sur les dernières années.

En 1982, on comptait 4 millions d'immigrés (nés étrangers dans un pays étranger), et 3,5 millions d'étrangers (vivant en France sans avoir la nationalité française) pour 55 millions d'habitants. En 2011, on compte 5,4 millions d'immigrés et 3,7 millions d'étrangers pour 65 millions d'habitants.

Ramenée en pourcentage de la population, c'est donc, en trente ans, une hausse de 1,2 points de la part d'immigrés (de 7,2 % à 8,4 %) et une légère baisse de la part d'étrangers de (6,3 % à 5,8 %).

Un tiers des immigrés provenaient en 2008 de pays de l'UE, 38 % d'Europe. On compte ensuite 42,5 % d'immigrés originaires d'Afrique et du Maghreb, 14,2 % d'Asie, et 5,3 % d'Amérique ou d'Océanie, selon l'Insee.

Même si on regarde le très long terme, la variation depuis les années 1920, compte tenu d'un contexte de mondialisation des économies et des personnes, permet de relativiser les choses, on le voit ci-dessous.

Des migrants sur le navire militaire italien "Chimera", dans le port de Pozzallo, en Sicile, le 30 juin.

2. « Il y a une hausse massive des arrivées de migrants en Europe depuis deux ans »

Second cliché : la vision de « hordes » de migrants qui se presseraient aux frontières de l'Europe. Là aussi, on est dans l'exagération.

Il est exact que l'Europe est une destination privilégiée depuis plusieurs années, et que les conflits mondiaux poussent des réfugiés vers le vieux continent. Et certaines « routes » connaissent un afflux massif en 2013, notamment les migrants en provenance de l'Erythrée et de la Syrie, qui se pressent en Italie et à Malte. Mais d'autres, au contraire, voient le nombre d'arrivants diminuer.

Des « poches » où les migrants se pressent, comme autour de Calais où ils essaient de rallier l'Angleterre, ou de Lampedusa en Italie, attirent l'attention médiatique et donnent une impression de flux en hausse perpétuelle. Mais là aussi, il faut relativiser. Par définition, on ne connaît pas précisément le nombre d'immigrés clandestins. La seule variable disponible est celle de l'activité déployée pour les juguler. C'est le rôle de l'agence euroéenne Frontex.

Si on consulte ses données globales, on constate une hausse pour 2013, mais qui fait suite à une baisse en 2012. Sur trois ans, la tendance est plutôt stable : 104 000 migrants illégaux recensés en 2010 et 2009, 107 000 en 2013. De même, le nombre d'étrangers en situation irrégulière appréhendés est stable depuis trois ans lui aussi en Europe. Ces données permettent là aussi de relativiser la vision de millions de réfugiés qui se presseraient aux portes de l'Europe.

Par ailleurs, le nombre d'étrangers en situation irrégulière est stable depuis trois ans lui aussi en Europe.

3. « La France accueille plus d'immigrés qu'ailleurs dans l'Union européenne »

Troisième cliché : la France serait une terre d'accueil privilégiée des migrants. Là encore, c'est faux. On le voit sur ce premier graphique : d'autres pays de taille comparable, de l'Allemagne au Royaume-Uni en passant par l'Italie, connaissent plus d'immigration que la France.

De même, la France a moins d'étrangers sur son sol que la plupart de ses voisins européens. Et se situe, au niveau mondial, à la 80e position pour l'immigration, derrière les Etats-Unis ou de nombreux autres pays européens.

La France se distingue pour une chose : le poids relatif de ses enfants d'immigrés, qui sont donc français de naissance. Selon l'Insee, en 2008, les descendants directs d'un ou de deux immigrés, représentaient 6,5 millions de personnes, soit 11 % de la population. Trois millions d'entre eux avaient leurs deux parents immigrés. 

Enfin, si elles ont diminué, les reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière se poursuivent, et donnent lieu à une guerre de chiffres entre gauche et droite.

Manifestation de sans-papiers à Paris, le 5 octobre.

4. « La citoyenneté française est "bradée" »

Autre cliché : la citoyenneté française, qui serait accordée de plus en plus facilement à des étrangers. Là aussi, c'est tout simplement faux. Il suffit d'observer ce graphe pour le constater : on accorde aujourd'hui moins de fois la citoyenneté qu'en 2007.

Et là aussi, si on regarde la part des français par acquisition dans la population depuis 1960, on est bien loin de l'explosion (de 2,8 % en 1962 à 4,5 % en 2011).

5. « Les immigrés sont tous pauvres et sans qualification » 

Autre oubli fréquent dans les discours sur l'immigration : sa structure. On a tendance à oublier que dans les flux de titres de séjour délivrés, tous ne le sont pas pour le même motif. Les cas « humanitaires » sont très minoritaires face aux étudiants étrangers ou au regroupement familial.

Celui-ci, consacré comme un droit par le Conseil d'Etat en 1978, mais qui a connu depuis une série de restrictions, n'est autorisé qu'aux étrangers eux-même titulaires d'une carte de séjour ou de résident, qui doivent justifier de leurs ressources : au minimum 1 128 euros par mois sur la dernière année pour une famille de deux ou trois personnes. Qui ne peuvent pas provenir d'un minima social, mais doivent l'être d'une activité.

Il existe d'autres restrictions, notamment disposer d'un logement ou ne pas être polygame.

Lire aussi : les régularisations ont bondi de 50 % en 2013

Une étude de l'Insee en 2008 montrait par ailleurs que les conjoints venus en France tendaient, au bout de quelques annéees, à avoir une activité, même si leur taux de chômage était supérieur à la moyenne.

6. « On accorde le RSA à tous les étrangers dès leur arrivée »

Venons-en aux propositions formulées par l'UMP. Hervé Mariton, par exemple, propose « que tout nouvel entrant en France, qu'il soit en situation régulière ou irrégulière, n'ait pas accès aux aides sociales contributives avant un délai de plusieurs année ».

Or... c'est déjà le cas ! En réalité, il faut un statut d'immigrant régulier pour toucherdes aides sociales. Et surtout, le RSA, par exemple, n'est accordé qu'au bout de cinq années de résidence en France. Il y a cependant des exceptions, notamment pour les réfugiés, les apatrides (17 000 personnes ont obtenu une carte de séjour du fait d'un statut humanitaire en 2013) ou les mères isolées.

Lire aussi : Les intox d'Eric Ciotti sur l'immigration

13,2 % Comme le rappelait Libé Désintox en 2013, de 2004 à 2011, la part des étrangers non communautaires dans les bénéficiaires du RMI, puis du RSA n'a pas varié, passant de 13,3 % à 13,2 %.

Cette polémique est typique des discours autour de l'immigration. Autre exemple, celui des bénéficiaires du minimum vieillesse (Allocation de solidarité aux personnes âgées ou Aspa). Là aussi, le même Hervé Mariton avait dénoncé en 2013 - figure classique - la mainmise d'étrangers qui, n'ayant jamais cotisé en France, viendraient le toucher sur le territoire.

Il suffit de retrouver, sur le site de l'Assemblée, nationale, une question posée au gouvernement en 2011, pour constater que la polémique, ancienne, est en réalité très exagérée : on comptait, en 2012, 32 % d'étrangers parmi les bénéficiaires de l'ASPA, contre 30 % en 2005.

En 2011, donc, le gouvernement estimait à 2 000 le nombre de bénéficiaires étrangers de l'Aspa. Ils résidaient en France en moyenne depuis dix ans. Et seuls 439 étaient en France depuis moins de cinq ans.

7. « L'immigration ruine les finances publiques »

De manière plus générale, le discours autour de l'immigration et des immigrés à tendance à ne considérer que les coûts, sans jamais leur opposer les revenus générés par ceux-ci.

Il est extrêmement complexe de chiffrer le coût ou l'apport de l'immigration pour les finances publiques.

En 2010, l'économiste Xavier Chojnicki avait été chargé par le gouvernement d'une étude sur le coût de l'immigration, qui fait désormais autorité. Si elle faisait le constat d'une « surreprésentation des populations immigrées parmi les bénéficiaires d'allocations familiales ou de logement », ainsi qu'aux « allocations chômage et au RMI », elle rappelait que la population immigrée cotisait également.

Or, concluait l'étude, du fait de la structure d'âge différente de la population immigrée, plus jeune, « la contribution nette globale de l'immigration au budget de l'Etat serait ainsi positive et de l'ordre de 12 milliards d'euros pour l'année 2005 ; un immigré aurait effectué en moyenne un paiement net de l'ordre de 2 250 euros contre un peu plus de 1 500 euros pour un autochtone ».

+ 3,02 mds ? L'étude estimait ainsi à 68,4 milliards d'euros les prestations versées aux immigrés et à 72,026 milliards leurs cotisations.

D'autres études ne sont pas de cette avis. Ainsi, François Gemenne, autre chercheur, évoque un coût net de l'ordre de 5 à 10 milliards d'euros. Mais il explique également que ces coûts sont imputables en partie à la politique migratoire elle-même, notamment les reconduites à la frontière, qui représentent 400 millions d'euros par an. Et les travaux de divers chercheurs tendent à montrer que le problème de la France vient aussi du fait que les immigrés y ont un moindre accès aux emplois rémunérateurs.

– 0,3 points de PIB ? Une étude comparative de l'OCDE montre que dans la plupart des pays, l'impact fiscal de l'immigration est nul ou positif. Pour la France, l'étude estime que l'impact fiscal est négatif de 0,3 point de PIB, soit moins qu'en Allemagne (1,13 point). En moyenne, il est positif de 0,3 points de PIB.

Lire : Coût de l'immigration, l'impossible chiffrage

La plupart des économistes s'accordent également pour estimer qu'avec le vieillissement de la population, le recours à l'immigration de travail deviendra de plus en plus nécessaire dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord.

 Samuel Laurent
Journaliste au Monde

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 

 


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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 18:51

 

Source : www.mediapart.fr

 

Jan Philipp Albrecht, eurodéputé: « Pas un gouvernement européen n'a tiré les conséquences des révélations Snowden »

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

Protection des données personnelles, conservation des données pour lutter contre le terrorisme, surveillance de masse : le parlement européen a pris des positions offensives sur ces dossiers sensibles ces derniers mois. Mais les capitales ne l'entendent pas de cette oreille. L'eurodéputé allemand Jan Philipp Albrecht explique à Mediapart pourquoi le parlement n'a pas – encore ? – perdu la bataille.

De notre envoyé spécial à Bruxelles. Ce fut l'un des moments forts de la mandature du précédent parlement : en mars 2014, une très large majorité d'eurodéputés adoptait une batterie de textes plutôt offensifs sur la protection des données et l'espionnage de masse révélé par les documents d'Edward Snowden. Que sont devenus ces textes dans les méandres du circuit législatif bruxellois ? Alors que les capitales sont sur la défensive, face à un lobbying souvent féroce dans ce secteur, les députés ont-ils une chance d'être entendus ? Quels liens avec les négociations du traité de libre-échange avec les États-Unis ?

À 31 ans, Jan Philipp Albrecht entame cet été son second mandat d'eurodéputé. Cet Allemand, membre du groupe des Verts, est l'un des spécialistes des questions de plus en plus complexes posées par l'essor du numérique sur nos libertés civiles. Il fut rapporteur, l'an dernier, d'un texte révisant la législation sur la protection des données qui établit par exemple la règle du « consentement explicite » (qui obligerait un Google, par exemple, à demander plus explicitement aux utilisateurs s'ils acceptent de confier certaines données au moteur de recherche). Entretien.

Le texte dont vous étiez rapporteur, sur la protection des données, semble aujourd'hui bloqué : le conseil européen, qui représente les capitales, est divisé. Pourquoi ?
Le texte n'est pas vraiment bloqué. Disons que certains États membres ne veulent pas avancer très rapidement. Ils refusent le principe de règles spécifiques qui les encadreraient de manière trop précise. Nous, au parlement, depuis 2011, réclamons un standard unifié pour la protection des données, qui s'applique à l'ensemble de l'UE, et dans tous les secteurs. Quiconque traite des données devrait suivre ces règles. Le parlement l'a voté en mars avec une majorité très large, cela rend le processus irréversible. La seule question, c'est de savoir combien de temps ça prendra de convaincre les capitales.

Quels sont les États membres les plus réticents ?
Avant tout la Grande-Bretagne, le Danemark et la Hongrie. Ils rejettent le principe général d'une régulation.

Jan Philipp Albrecht lors de la commission d'enquête du parlement européen sur les révélations Snowden, en 2013. 
Jan Philipp Albrecht lors de la commission d'enquête du parlement européen sur les révélations Snowden, en 2013. © Flickr - Parlement européen.

L'Allemagne est aussi sur la défensive. C'est étrange, quand on observe l'ampleur des débats dans ce pays sur les questions de l'espionnage de masse – beaucoup plus vifs qu'en France (lire ici). Comment l'expliquez-vous ?
L'Allemagne a déjà adopté, pour ses 16 Länder, des régulations très précises en la matière, et Berlin ne souhaite pas donner de compétences à l'UE sur ce sujet. C'est effectivement une position étrange parce que, sur le fond, beaucoup d'Allemands sont favorables à durcir les règlements de protection des données. Au parlement européen, beaucoup d'élus allemands ne comprennent pas la position de Berlin.

À l'inverse, la France, la Pologne, l'Italie, et même l'Irlande (connue pour héberger les sièges européens de nombre de poids lourds américains, comme Facebook, ndlr), y sont, eux, favorables. S'ils décident d'aller au vote au conseil, ils sont majoritaires. C'est pour cela que je pense que le texte n'est pas bloqué.

Berlin redoute un abaissement des standards en matière de protection des données, si l'on confie cette compétence à Bruxelles. Que répondez-vous ?
C'est faux. Les fonctionnaires allemands sont incapables de dire précisément, à partir de la lecture des textes en débat, en quoi cela abaisserait leur législation. Nous leur avons demandé des dizaines de fois de nous dire sur quels documents reposaient leurs analyses, et ils ne répondent jamais.

En parallèle se déroulent, entre Bruxelles et Washington, des négociations pour un accord de libre-échange UE/États-Unis (TTIP – lire ici). Cela complique forcément les choses…
Depuis le début des discussions, la commission a affirmé à de nombreuses reprises qu'elle ne transigerait pas sur la protection des données personnelles. C'est l'une de leurs « lignes rouges ». Dont acte. Mais bien sûr, ils vont négocier dans certains secteurs sur les marchés numériques, et sur des services de traitement de données. Il faut donc que l'UE obtienne que n'importe quelle entreprise qui voudrait vendre ses biens et services en Europe, se plie au règlement sur la protection des données de l'UE.

De manière plus générale, je suis très sceptique sur le TTIP, et les Verts devraient voter contre. L'avenir de la coopération internationale, ce n'est pas de conclure ce type d'accords commerciaux. Ces accords fonctionnent sur la reconnaissance mutuelle de standards différents, et à chaque fois, c'est le standard le moins exigeant qui l'emporte. À l'inverse, il faut imaginer des accords pour définir, à l'échelle internationale, des normes en matière de protection des données, d'OGM ou de santé, selon des procédures transparentes et démocratiques. C'est un vaste chantier…

Le rapport sur Snowden, déjà lettre morte ?

En avril, la cour de justice européenne a rendu un arrêt très remarqué, à propos de la directive sur la conservation des données utilisées pour lutter contre le terrorisme. Elle a invalidé ce texte de 2006, qui autorisait les opérateurs de télécommunications à archiver jusqu'à deux ans certaines données relatives au trafic et à la localisation des utilisateurs (lire ici). Vous avez commandé une étude auprès d'universitaires (à télécharger ici) qui décrypte cet arrêt. Pourquoi ?
L'arrêt de la cour de justice est une étape historique pour le développement des droits fondamentaux en Europe. Pour la première fois, à l'échelle européenne, ces droits sont très fortement protégés. Nous avons demandé à des experts quelles implications, théoriques et politiques, cela pouvait avoir. Jusqu'à présent, les États membres pensaient qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient en la matière. C'est une très bonne nouvelle de voir que la cour de justice est montée au créneau pour dire le droit.

Concrètement, qu'est-ce qui peut changer ?
La conclusion de cette étude, c'est que les capitales, et les parlementaires, ont du travail devant eux pour rendre les législations conformes à cet arrêt (et en particulier les règlements nationaux qui transposaient cette directive, ndlr). Cela concerne à la fois les dossiers des passagers aériens, les échanges de données bancaires, etc., autant de secteurs qui ne respectent plus les droits fondamentaux. Jusqu'à présent, dire cela, c'était émettre une opinion politique. Désormais, c'est une réalité juridique.

Autre dossier important : la réaction de l'Union face à l'espionnage de masse dévoilé par Edward Snowden. Là encore, le parlement européen a adopté un rapport ambitieux sur la question (lire ici). Mais ce n'est qu'un rapport, sans effet certain. Le parlement européen a-t-il un pouvoir en la matière ?  
Sur l'espionnage de masse, mené par la NSA américaine, mais aussi par d'autres services de renseignement, dont la France, le parlement est la seule institution qui a parlé de manière très forte sur ces questions. Nous avons mené une enquête en profondeur. Et nous avons adopté deux recommandations importantes : la suspension de l'accord SWIFT (l'accès aux données bancaires des Européens par les Américains, au nom de la lutte contre le terrorisme, ndlr) et de l'accord dit « safe harbor » (qui autorise les entreprises américaines travaillant en Europe à transférer leurs données aux États-Unis, à certaines conditions, ndlr).

Mais ce ne sont que des recommandations dans un rapport qui risque bien de rester lettre morte…
Ce texte n'est pas juridiquement contraignant, pour la commission européenne ou pour le conseil européen. En ce qui concerne le « safe harbor », il suffit d'une décision de la commission. Quant à SWIFT, il faudrait une proposition de la commission, puis un vote en conseil. Tout cela est possible. Mais ces deux institutions ont choisi de ne pas avancer. Ce n'est plus acceptable.

Le parlement semble impuissant face à ces deux accords internationaux.
Non. Par le passé, le parlement a déjà montré qu'il pouvait bloquer certains textes, lorsqu'une résolution qu'il a adoptée est totalement ignorée. On peut dire à la commission : nous ne voterons aucun autre texte tant que vous n'avancez pas sur SWIFT. Nous pouvons aussi faire pression sur la future commission : des auditions des commissaires vont commencer à l'automne (jusqu'à fin octobre, ndlr). Le parlement va demander à la future commission si elle s'engage à suspendre ces deux accords.

Un an après les premières révélations Snowden, pas un seul gouvernement de l'UE n'en a vraiment tiré les conséquences. Donc sans les citoyens, qui doivent faire pression sur leurs gouvernements et les appeler à prendre leurs responsabilités, rien ne va changer. Il faut accentuer la pression sur les capitales dans les mois à venir.

 

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Source : www.mediapart.fr

 

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