Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 20:50

 

Source : http://blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

Le franc suisse, les « zozos » et les commerciaux sous la pression des banques

 

Jean Matouk
Economiste

Publié le 03/03/2015 à 16h22

 

 

 

La presse s’est fait, à nouveau, l’écho des collectivités locales qui avaient contracté des emprunts dits « toxiques » c’est-à-dire, entre autres, à des taux d’intérêt indexés sur le taux de change entre le franc suisse et l’euro.

 

La valeur du franc suisse a fortement varié au cours du temps. Dans les années 2005-2009, l’euro valait 1,5/1,6 franc suisse. En 2010-2011, forte baisse de l’euro jusqu’à 1/1,05 franc suisse, ce qui gêne les exportations suisses. La banque nationale suisse exerce alors une pression qui fait remonter le franc suisse à une valeur qui oscille autour de 1,2/1,25 franc suisse par euro. Face à la remontée du dollar de 2014, la banque nationale suisse, finalement, abandonne le maintien de sa devise et l’on repasse à des niveaux élevés autour de 1 à 1,05 franc suisse par euro.

 

Un certain nombre de banques, et notamment DEXIA, avant sa quasi faillite de 2008, ont proposé à diverses collectivités locales des prêts dont le taux d’intérêt évoluait parallèlement au taux de change franc suisse/euro. Si bien que déjà, en 2011, un certain nombre d’entre elles, qui avaient emprunté quand l’euro valait plus de 1,5 franc suisse, ont vu leurs taux d’intérêt fortement augmentés à partir de 2010, et avaient déjà fait appel à l’Etat pour les aider. Nouvel appel aujourd’hui, avec le passage de l’euro de 1,254 à 1,06 franc suisse, et l’Etat a réagi immédiatement en gonflant de 1,5 à 3 milliards le fonds de soutien alimenté par moitié par un fonds mutuels des banques et par moitié par l’Etat , donc le contribuable.

 

Mais l’on découvre aussi que des particuliers se sont laissés prendre. Notamment par un prêt de la BNP baptisé « Helvet Immo », qui, si j’ai bien compris le mécanisme, indexe aussi le capital, directement, ou indirectement par capitalisation des intérêts, sur le taux de change franc suisse/euro.

 

Le couple cité en exemple dans Le Monde du 25 février a emprunté 112.000 euros sur 25 ans au taux de change de 2008, qui était de 1,5/1,6 franc suisse par euro. En 2010- 2011, les voici endettés de 139.713 euro, soit 25% de plus. Environ 6000 foyers se seraient ainsi laissé prendre entre 2008 et 2009 par d’autres banques françaises. Tel autre couple de professionnels de santé a vu son capital dû grimper de 145.000 à 180.000 euro. La conséquence est évidemment une hausse forte des mensualités ou un allongement de la durée du crédit. Bien entendu ils attaquent l’établissement de crédit qui les a ainsi conduit dans un cauchemar qui risque d’être sans fin.

 

Le cas des Collectivités locales est évidemment différent de celui des particuliers. Dans les deux cas ce sont des commerciaux bancaires soumis à pression de résultats, auxquels on intime l’ordre de vendre de tels montages, et dont les revenus dépendent des résultats commerciaux. Il faut savoir que les banques, depuis 20 ans, gagnent moins d’argent sur leurs réseaux commerciaux que sur les marchés et exercent donc sur les employés du réseau une pression commerciale forte pour dégager le plus de « produit net bancaire » possible. Malgré les premiers ennuis apparus dans les années 2010-2011, il semble qu’ils aient réitéré récemment. Mais, en principe, les adjoints aux finances et les trésoriers des collectivités auraient dû avoir assez de jugeote, faute de savoir financier, pour se méfier de ces montages. Cela semble ne pas être le cas, et dans le cas des collectivités locales les plus importantes, il est dommage qu’elles aient confié ainsi leurs finances à des « zozos ».

 

Dans le cas des particuliers, la vente de tels montages relève, pour le coup, d’une véritable exploitation de faiblesse, et devrait être sévèrement sanctionnée.

 

Les avocats des banques ressortent le même argument que celui avancé par les dirigeants escrocs des banques américaines qui vendaient des titres et dérivés déjà perdants et le sachant, de façon à s’en débarrasser sans perte. « L’acheteur est libre d’acheter ou pas ; il est responsable de ses actes ». Argument ultra- libéral parfaitement hypocrite. Même la législation américaine n’accepte pas qu’on vende du pain ou du saucisson d’apparence sain, mais contenant du sable ou des déchets, ce qui est exactement le cas des produits vendus par ces escrocs américains.

 

Dans le cas présent, les produits de crédit n’étaient pas intrinsèquement malsains mais potentiellement, et cette potentialité n’était pas, intellectuellement, accessibles aux emprunteurs

 

En tout cas , le Gouvernement serait bien venu d’interdire aux Collectivités locales, sauf , peut-être aux futures grandes régions qui devraient quand même être capable de se payer des trésoriers à la hauteur, tout produit d’endettement, mettant en jeu des taux de change. Et les banques devraient être tenues de rembourser les suppléments de dette que les fluctuations de la monnaie suisse a imposé aux emprunteurs.

 

 

Source : http://blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

Partager cet article
Repost0
5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 18:02

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Austérité

L’Allemagne compte dix fois plus de nouveaux pauvres que la France

par Ivan du Roy 5 mars 2015

 

La Commission s’était engagée à faire sortir de la pauvreté 20 millions d’Européens d’ici 2020. Tel était l’une des ambitions sociales de sa stratégie « pour une croissance intelligente, durable et inclusive » définie en 2010. Concrètement, le nombre de personnes pauvres ou en situation d’exclusion sociale devait passer sous la barre des 100 millions en 2020. Cinq ans plus tard, à mi-parcours, on en est très loin ! Plus de 120 millions de personnes sont toujours considérées comme pauvres au sein des 28 États membres. Ce tableau de la pauvreté révèle quelques surprises [1].

« Étonnamment, l’incapacité de l’UE à respecter l’objectif fixé par l’initiative Europe 2020 sera principalement le fait des pays de l’UE-15, soit pour l’essentiel des pays dit « avancés » au regard de leur développement économique », pointe Sandrine Levasseur, économiste de l’OFCE (lire son analyse). Si la pauvreté recule en Europe de l’Est, principalement en Pologne, elle grimpe à l’Ouest. C’est là que se trouvent les nouveaux pauvres : 8,5 millions de personnes supplémentaires ont sombré dans la précarité, d’abord en Grèce, mais surtout en Italie, en Espagne et… en Allemagne, où, depuis 2005, le nombre de personnes devenues pauvres est dix fois plus importants qu’en France !

 

Qui est pauvre en Europe ?

Qui est « pauvre » au sens de l’Union européenne ? Il y a d’abord les ménages sous « le seuil de risque de pauvreté », fixé à 60% du revenu médian. En France, une personne gagnant moins de 12 569 euros par an – 1047 euros par mois – sera considérée comme menacée de pauvreté. À l’autre extrémité de l’Europe, un Roumain gagnant moins de 1242 euros par an – 103 euros par mois – entrera dans cette catégorie. C’est dire l’ampleur des disparités qui séparent encore les nouveaux États adhérents des pays fondateurs de l’Union.

Il y a ensuite les personnes « en privation matérielle sévère », celles « dont les conditions de vie sont contraintes par un manque de ressources et font face à au moins quatre privations matérielles », explique Sandrine Levasseur. Ces privations vont de l’incapacité à payer son loyer, ses factures d’eau ou d’énergie, à l’impossibilité de manger chaque jour des protéines en quantité suffisante, de s’offrir une semaine de vacances hors de son domicile, d’acquérir une voiture ou un téléphone. Enfin, sont aussi comptées les personnes au chômage ou ne travaillant que très partiellement (un cinquième de temps plein). Un Européen sur quatre entre dans au moins une de ces trois catégories. Comme il y a cinq ans.

 

Italie, Espagne et Allemagne, champions en nombre de nouveaux pauvres

Pourquoi un tel échec ? Un taux de croissance correct – 3,2% entre 2004 et 2013 – favorise encore un relatif progrès social en Europe de l’Est. Cette croissance s’est effondrée en Europe de l’Ouest. Surtout, les « consolidations budgétaires » – comprenez les politiques de rigueur ou d’austérité – ont affaibli les mécanismes de redistribution des richesses et accru les inégalités. Si la Bulgarie et la Roumanie sont les pays qui comptent proportionnellement le plus de pauvres, la Grèce, symbole de la brutalité de ces « consolidations budgétaires », figure désormais en 3ème position, avec plus de 35% de sa population en situation de pauvreté (contre 20% en Allemagne et 17% en France).

C’est en Italie, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni que la pauvreté a le plus augmenté entre 2005 et 2013. 2,7 millions d’Italiens sont ainsi passés sous le « seuil à risque ». Plus d’un million d’Allemands et de Britanniques. Dix fois plus qu’en France, où 102 000 personnes sont devenues pauvres en huit ans. L’austérité budgétaire imposée par Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, ne fait pas des malheureux que dans le Sud de l’Europe. En Allemagne, les femmes sont particulièrement touchées par la précarité suite aux réformes « assouplissant » le marché du travail au nom de la compétitivité (lire notre article). Seules la Belgique, la Finlande et les Pays-Bas sont arrivés, à l’Ouest, à faire reculer la pauvreté. Pour l’instant.

 

Lire aussi : Pauvreté et exclusion sociale en Europe : où en est-on ?, sur le site de l’OFCE

 

Notes

[1] Toutes les données chiffrées sont issues d’Eurostats, certains calculs ont été réalisés par l’économiste Sandrine Levasseur.

 

Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Partager cet article
Repost0
5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 17:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Lobbying

Ces communicants qui redorent l’image des dictatures et des régimes répressifs auprès des Européens

par Simon Gouin 4 mars 2015

 

 

 

 

 

Une manifestation a été violemment réprimée, des opposants ont été torturés et des journalistes assassinés ? Pas de panique : des cabinets de relations publiques sont là pour défendre la réputation de tout régime répressif auprès des investisseurs et des opinions publiques européennes. Leurs prestations ? Placer interviews et tribunes dans les médias, changer les pages Wikipedia, ou recruter d’anciens premiers ministres européens pour vanter les mérites d’un président à vie ou d’un régime à poigne. La Russie, le Kazakhstan, le Bahreïn ou le Rwanda ont déjà fait appel, avec succès, à ces conseillers très spéciaux. Voici comment rendre une dictature presque sympathique, en dix leçons.

« Nous pouvons protéger votre réputation pour que vous puissiez exploiter les principaux marchés européens ». Tel est l’un des slogans promotionnels d’un cabinet de conseil, Gplus Europe, situé à Bruxelles, entre deux immeubles de la Commission européenne. En matière de protection de réputation, Gplus a du boulot. Le cabinet a été embauché par le Kremlin pour améliorer l’image de la Russie, en ces temps difficiles pour Vladimir Poutine, entre guerre civile ukrainienne et assassinat trouble de l’opposant Boris Nemtsov. Le cabinet a orchestré en avril 2014 l’envoi d’une lettre de Vladimir Poutine à la presse et aux gouvernements européens les menaçant d’interrompre son approvisionnement en gaz. La sécurité énergétique de l’Europe devrait-elle être sacrifiée au nom de la souveraineté territoriale de l’Ukraine ? « La Russie paie un énorme prix pour stabiliser l’économie de l’Ukraine et l’Union Européenne doit aussi prendre sa part », explique Gplus Europe.

La Russie n’est pas la seule à recourir à des cabinets de conseils pour redorer son image. C’est ce que décrypte un rapport très documenté de l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO), publié fin janvier [1]. Il détaille l’activité de ces conseillers spéciaux en relations publiques. Leurs clients ? Des dictateurs et des gouvernements autoritaires accusés de bafouer la liberté d’expression, de réprimer les opposants, de truquer les élections ou de favoriser la corruption. Des autocrates qui cherchent à regagner une crédibilité perdue après avoir fait tirer sur la foule, soutenu des crimes de guerre ou emprisonné des journalistes. Une sale réputation qu’il s’agit de faire oublier pour pouvoir accéder aux « principaux marchés européens », à ses investissements, à ses accords commerciaux et à ses contrats.

Fini le rôle autrefois essentiel des ambassades : désormais, la diplomatie s’externalise aux cabinets de conseil. Ce sont d’honorables sociétés de relations publiques françaises [2], britanniques, belges ou allemandes. Ces spécialistes de la « com » acceptent d’arranger l’image souvent bien laide de ces États. « Ces régimes peuvent largement dépenser dix à cinquante fois plus que les organisations des droits de l’homme, sur chacune de leur campagne, Andrew Stroehlein, d’Human Rights Watch. Ironiquement, cela coûterait en fait moins cher à ces régimes et ce serait plus efficace de seulement relâcher les prisonniers politiques plutôt que de payer des entreprises à travers l’Europe afin d’obtenir des rencontres, des couvertures médiatiques et de l’influence, de tenter de blanchir les réputations des dictateurs. Mais c’est le propre de l’autoritarisme. » Ils offrent une palette de services, de quelques dizaines de milliers d’euros à plusieurs millions. Voici, en dix leçons, comment un régime répressif peut redorer son image auprès de la communauté européenne

Leçon n°1 : Créer un groupe d’amis influents

Comment éviter d’être taxé d’autoritarisme et garder le soutien financier et politique de la communauté internationale ? Vingt ans après le génocide (qui a fait au moins 800 000 morts, en 1994), le Rwanda fait régulièrement l’objet de critiques sur le non-respect des droits de l’homme. Répression et assassinats d’opposants, restriction de la liberté d’expression, soutien à la milice M23 qui sévit en République démocratique du Congo, accusée de viols et d’exécutions sommaires : le président du Rwanda, Paul Kagamé, est désormais en première en ligne. Autrefois auréolé de sa lutte contre l’ancien pouvoir rwandais génocidaire, Paul Kagamé cherche à faire oublier le présent.

 

 

Kagamé serait un « visionnaire » et le Rwanda un « pôle de stabilité » dans la région des grands lacs si tourmentée. « Des sanctions seraient contre-productives ». Ces arguments sont mis en avant par Louis Michel, un ancien commissaire européen, fondateur des Amis du Rwanda. Ce groupe de députés européens a été lancé en 2010, deux mois après la publication d’un rapport de l’ONU accusant le Rwanda de crimes de guerre [3]. Les Amis du Rwanda ne s’en cachent pas : leur objectif est de « soutenir, renforcer et promouvoir les intérêts du Rwanda auprès des nombreuses institutions de l’Union européenne ». Les moyens semblent traditionnels : distiller des éléments de langages, montrer les progrès plutôt que les problèmes. Mais certains déploient des techniques moins classiques.

Leçon n°2 : Se payer des trolls pour pourrir blogs et articles critiques

Un « site d’attaque » pour défendre l’État rwandais. Telle est l’initiative du cabinet anglais BTP Advisers. Son directeur, Mark Pursey, enregistré à son insu, a ainsi expliqué en 2012 le principe de ce site que sa société a conçu [4]. Il s’agit d’une page Internet qui dénonce les opposants au président Kagamé. Autre possibilité mise en avant par les spins doctors aux journalistes se faisant passer pour des clients potentiels : proposer à des contributeurs rémunérés de commenter négativement tous les articles un peu critiques publiés sur les clients du cabinet de conseil. En langue d’internautes et d’aficionados des forums, on appelle cela des trolls. Dans cet entretien, Pursey reconnaît avoir été rémunéré pour améliorer l’image du gouvernement rwandais, dont il admet qu’il est controversé. Un travail essentiel pour que le Rwanda continue à bénéficier largement des bailleurs de fonds internationaux. En septembre 2014, l’Union européenne a annoncé avoir versé 460 millions d’euros au Rwanda pour améliorer son agriculture et son secteur de l’énergie [5].

Leçon n°3 : « Corriger les mauvaises les informations » des ONG

Que ces organisations non gouvernementales sont ennuyeuses ! Avec leurs missions de terrains, leurs rapports, les déloyaux témoignages de citoyens plaintifs qu’elles relaient ! Quand la pression de la société civile devient trop forte, les cabinets de conseils suggèrent un changement d’angle. Il faut mettre en avant une autre facette du client, plus glorieuse. Le britannique Racepoint a organisé un événement à l’ambassade du Rwanda, à Londres, avec un faux village de cabanes traditionnelles, où les journalistes étaient invités à s’asseoir. On y présentait un Rwanda idyllique, le pays des mille collines avec ses gorilles, ses cultures de café et de thé, ses vallées propices au tourisme et à l’investissement.

Racepoint a aussi aidé le Rwanda en « plaçant » des interviews de Kagamé et de ses ministres dans de grands médias internationaux, sur le sujet des droits de l’homme. « Éduquer et corriger les mauvaises sources et les informations incorrectes perpétrées par certains groupes d’expatriés et d’ONG » : tel est le but recherché, selon Racepoint. Peu importe que les témoignages d’expatriés, approchés par le régime afin d’assassiner des opposants, se multiplient [6], que les émissions de la BBC y ont été censurées et qu’un journaliste vient d’être condamné à 25 ans de prison.

Leçon n°4 : Valoriser sa mansuétude envers les opposants réprimés

Tous ces services ont un coût. Que les États n’hésitent pas à payer. A une condition : obtenir un retour sur investissement. C’est le pari fait par le Bahreïn. Depuis 2011, cette île du Golfe persique aurait dépensé 32,5 millions d’euros pour améliorer son image. Le royaume en a besoin. Ses forces de l’ordre sont accusées d’avoir tué au moins une centaine de manifestants lors du printemps arabe local en 2011. D’après le journal Orient XXI, des grenades lacrymogènes d’origine française auraient été utilisées. Quatre ans après les soulèvements, la répression se poursuivrait. Dans ces conditions, comment rester un territoire attractif pour les investisseurs ? Confrontée au soulèvement pacifique, la monarchie décide de faire appel à Bell Pottinger, une entreprise basée à Londres. Face aux critiques, la firme affirme qu’elle se concentre uniquement sur le « développement économique ». Uniquement ?

 

 

Alors que les manifestations se multiplient, au printemps 2011, Bell Pottinger met en place un centre de médias au Bahreïn, pour aider les journalistes qui couvrent la révolte et la répression. Il envoie même régulièrement des courriels à la presse pour relayer... la position du gouvernement. L’un de ces communiqués met en avant l’empressement des autorités à accueillir les blessés dans les hôpitaux. En réalité, les médecins et les infirmiers qui viennent en aide aux manifestants blessés sont arrêtés. Certains sont torturés. Mais cet aspect ne fait pas partie de la prestation de communication.

Leçon n°5 : Acheter des services de surveillance

Au Bahreïn, une autre entreprise entre en jeu, britannique elle aussi. Pour 104 000 euros, Protection Group International a mis en place un système d’analyse des médias internationaux. A priori, c’est cher payé. Mais c’est sans compter sur une option, moins avouable, que l’on découvre sur la description de la technologie développée par l’entreprise : « Les agences de sécurité peuvent appliquer cette capacité [de collecte des informations sur Internet] à leurs efforts de détection et de suivi des activités des insurgés (…). » Comme un air de ressemblance avec le système de surveillance vendu par l’entreprise française Amesys, à la Libye de Kadhafi [7].

Leçon n°6 : Modifier les pages Wikipedia de son beau pays

L’image du pays véhiculée sur Internet est scrutée... et modelée. Le Kazakhstan, un État d’Asie centrale riche en pétrole, réprime et torture ses opposants, interdit des partis politiques, ferme des médias, écrase des mobilisations sociales ? Les entreprises Portland, à Londres, et Media Consulta, à Berlin, modifient à plusieurs reprises les pages Wikipedia du Kazakhstan et de son président à vie, Nursultan Nazarbayev. Car l’encyclopédie en ligne est l’un des dix sites Internet les plus fréquentés au monde. Ses pages sont bien plus stratégiques que tous les sites de promotion possibles. Manque de chance, Wikipedia enregistre l’adresse IP (la trace que laisse chaque ordinateur lors d’une visite en ligne) de l’auteur de chaque modification. Les deux firmes sont vite repérées par les journalistes du site d’information EurasiaNet.org.

 

 

Autre action : pour le 20ème anniversaire de son indépendance de l’URSS, en 2011, Portland réalise pour le Kazakhstan une belle infographie. On peut y admirer l’incroyable trajectoire de ce pays, son développement économique, ses élections (son président est réélu depuis 1991 avec plus de 90% des votes !), ses années de paix et de création. Le jour où l’infographie est publiée, quinze manifestants non armés sont tués par les militaires.

Leçon n°7 : Se payer les services de Tony Blair ou de Gerhard Schröder

Si tout cela ne suffit pas, une dictature qui en a les moyens peut toujours se payer les services d’anciens premiers ministres européens, avec une image de réformateur si possible. Pour réussir ses opérations de séduction, l’État d’Asie centrale engage les services de Tony Blair, à partir de 2011 et jusqu’en 2013. Son objectif officieux, contre un chèque de plusieurs millions d’euros : « Polir l’image internationale de Nazarbayev ». Parmi ses actions, l’ancien premier ministre britannique fournit des conseils pour séduire les médias occidentaux, et offre des éléments de discours pour une conférence du président kazakh devant l’Université de Cambridge [8]. Ses services ont-ils été à la hauteur ? Malgré ses piètres résultats en matière de droits de l’homme, le Kazakhstan a signé un accord de partenariat et de coopération avec l’Union Européenne, en octobre 2014. Il a aussi intégré le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en 2012.

Autour de Tony Blair, qui est également très proche du président rwandais, s’est aussi constitué un Groupe de conseil international. Un « véritable club d’anciens premiers ministres », note le CEO. On retrouve notamment l’italien Romano Prodi, l’allemand Gerhard Schröder, l’ex-président polonais Aleksander Kwasniewsky, l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères Marcelino Oreja Aguirre. Ces personnalités se rencontrent à plusieurs reprises dans la capitale, Astana. Dans la foulée, des contrats sont signés comme la construction d’une ligne de train à grande vitesse pour une entreprise espagnole ou encore de nouveaux forages pétroliers pour des italiens.

Leçon n°8 : Créer un think tank soi-disant indépendant

Quand il n’invite pas d’éminentes personnalités politiques, le Kazakhstan s’installe à Bruxelles. En novembre 2014, il crée le Conseil eurasien sur les affaires étrangères (Eurasian Council on Foreign Affairs). Officiellement, le think tank est indépendant. Dans la pratique, c’est le ministère des Affaires étrangères kazakh qui le finance [9]. Ce qui explique certainement la place occupée par le Kazakhstan sur le site Internet du think tank, par rapport aux quatre autres États d’Asie centrale censés en faire partie. A l’intérieur du Conseil eurasien sur les affaires étrangères, on retrouve des membres du parlement européen, l’ancien secrétaire d’état aux affaires étrangères britannique Peter Lilley – et accessoirement actionnaire de l’entreprise pétrolière Tethys Petroleum présente au Kazakhstan –, l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar ou d’anciens présidents d’Europe centrale.

La Russie de Vladimir Poutine fait aussi appel à cette pratique. A Paris, c’est l’Institut pour la démocratie et la coopération qui est chargé de relayer la voix du Kremlin. Un think tank situé à deux pas de Matignon, créé en 2008 par l’administration de Poutine et critiqué pour ses liens avec l’extrême droite française. Sa vocation est notamment de « participer au débat sur la relation entre la souveraineté des États et les droits de l’homme ». Ses statuts déposés en préfecture entendent « promouvoir les études visant à lutter contre la xénophobie, le racisme et le terrorisme »... « Il s’agissait de répondre aux critiques faites par l’Occident contre la Russie pour son respect des droits de l’homme, explique au journal Slate Tatiana Kastoueva-Jean, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri). L’institut cherche en retour à pointer les entorses aux droits de l’homme pratiquées par les Occidentaux [10] ». Un relaie bien utile aujourd’hui alors que les troupes russes sont impliquées la guerre civile ukrainienne.

 

Leçon n°9 : Abreuver les médias internationaux de tribunes présidentielles

En cas d’obstacles toujours insurmontables, le Kazakhstan fait aussi appel au cabinet BGR Gabara, basé à Bruxelles. Un mois de travail en 2010, facturé 45 000 dollars. Son rôle, c’est Ivo Ilic Gabara, le fondateur du cabinet, qui l’explique lui-même. Piégé par le Bureau du journalisme d’investigation, il affirme que son entreprise est parvenue à une exposition médiatique phénoménale du Kazakhstan pendant sa présidence de l’OSCE (Organisation européenne de la sécurité et de la coopération), en fournissant au média « un flux constant d’informations sur ce que le pays était en train de faire pour s’améliorer ».

 

 

Il ajoute : « Toutes les tribunes que vous lisez (dans les médias internationaux) sur le Kazakhstan, signées par Nazarbayev, par le ministre des affaires étrangères, l’ambassadeur auprès de l’Union européenne, l’ambassadeur à Washington, c’est de notre fait, notre travail. » [11]

 

Leçon n°10 : Faire confiance aux dirigeants européens pour tout pardonner

Le gaz, le pétrole, l’uranium et l’or du sous-sol kazakh attirent. Tandis que les liens commerciaux se tissent, les droits humains passent au second plan. L’Union européenne est le principal partenaire commerciale du Kazakhstan. Après avoir signé un accord de libre-échange, en octobre 2014, elle le soutient dans son accession à l’Organisation mondiale du commerce. « La situation des droits de l’homme dans mon pays s’est significativement détériorée depuis que les négociations pour un partenariat renforcé ont commencé en 2011, explique Yevgeniy Zhovtis, président du Bureau international kazakh pour les droits de l’homme. Pendant ce temps, l’Union européenne semble avoir oublié ses promesses de lier des relations renforcées au respect des droits de l’homme. » Les cabinets de relations publiques auraient-ils atteint leurs objectifs [12] ?

Simon Gouin

Photos :
Une / CC Alexandre Prévot
Mobilisation contre président rwandais, à New York, le 20 septembre 2010- CC Sampol, Carrero
Bahreïn, février 2011, CC Mahmood Al-Yousif

A lire sur l’Observatoire des multinationales : Rachida Dati, GDF Suez et l’Azerbaïdjan : quand le Parlement européen se penche sur les conflits d’intérêt en en sein

 

Notes

[1] Lire le rapport.

[2] Des entreprises, des structures ou des personnalités françaises apparaissent dans ce rapport. On trouve par exemple Rachida Dati et l’Azerbaijan, l’Institut pour la démocratie et la coopération, un think tank russe proche de l’extrême droite française ; Eurofuture qui travaille sur l’image de l’Éthiopie ; Image sept et la Côte d’Ivoire, 35° Nord et la RDC et le Bénin, et Marston-Nicholson Group et le Kazakhstan.

[3] Lire l’interview du journaliste Charles Onana

[4] Lire l’article et voir la vidéo

[5] Source

[6] Lire l’article

[7] Lire l’article

[8] Lire l’article

[9] Lire l’article d’Intelligence Online

[10] Lire l’article

[11] Lire l’article

[12] A lire également sur le sujet : L’Union de l’énergie tend la main à des régimes autoritaires

 

 

Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 15:34

 

Source : http://www.gaullistelibre.com

 

mardi 3 mars 2015

Les progrès dérisoires de la taxe Tobin européenne

 

 

The Economist, qui s’est toujours fait le porte-parole de la finance, qui s’oppose dogmatiquement à toute taxation des transactions financières, a conté dans un récent papier les timides progrès de l’initiative des pays européens. Tellement timides qu’ils n’en font pas grand cas…

 

 

La mini-taxe européenne

 

The Economist rapporte que la France et l’Italie ont récemment mis en place des taxes sur les transactions financières. La France s’est inspiré de l’impôt de bourse anglais en 2012 et a mis en place une taxe de 0,2% limitée aux seuls achats d’action. Même le Crédit Suisse a reconnu que l’impact sur les volumes échangés a été très limité. Le cas de l’Italie est plus intéressant car, en 2013, Rome a mis en place une taxe de 0,12% sur les actions et de 0,22% sur les échanges hors cote. Six mois plus tard, les dérivés ont aussi été taxés. En revanche, le volume des transactions a fortement baissé par rapport aux autres pays selon le Crédit Suisse. Londres et Luxembourg s’opposent à toute taxe.

 

Malgré cette opposition, en 2014, onze pays européens ont décidé de lancer une initiative européenne. La position de la France est ambiguë. Si elle pousse le projet, elle s’est longtemps opposée à la taxation des dérivés, dont ses banques échangent un quart des volumes européens. Les débats portent également sur les principes de la taxation : faut-il se baser sur le pays d’émission des titres, le pays de l’acheteur ou celui du vendeur ? Début janvier, la France a changé d’opinion, appuyant une large base de taxation, s’alliant avec l’Autriche et l’Italie. The Economist conclut en notant que les financiers, qui pensaient que la taxe ne verrait jamais le jour, pensent désormais que cela est possible.

 

Ce que révèle ce débat

 

En prenant un peu plus de distance, il faut rappeler ici l’appui apporté par Joseph Stiglitz dès 2001 à une telle taxe, pour la double raison qu’elle permettrait de faire davantage contribuer le secteur de la finance à la collectivité et qu’elle contribuerait sans doute à réduire les phénomènes de bulle, qui se caractérisent en principe par une augmentation des volumes de transaction (et donc une plus forte taxation). Mais il faut noter qu’en l’absence de frontières pour les flux financiers, toute taxation est compliquée, si ce n’est illusoire, les capitaux pouvant chasser les parasites fiscaux pour échapper à toute contribution à la collectivité. Voilà pourquoi il est capital de mettre fin à l’anarchie financière.

 

Il est probable que la montagne accouchera d’une souris, si jamais elle aboutit à quoique ce soit. Mais parce que les efforts sont bloqués par la libre circulation des capitaux, le nom politiquement correct de l’anarchie financière, ils montrent que le rétablissement des frontières est la condition pour la mettre en place.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 15:28

 

Source : http://www.marianne.net

 

Prime d’activité : quand la gauche s'éloigne de son projet progressiste

Mercredi 04 Mars 2015 à 5:00

 

Emmanuel Lévy

 

 

Manuel Valls a dévoilé ce mardi les contours de la prime d'activité née de la fusion de la Prime pour l’emploi et du RSA. Mais en y regardant de plus près, derrière ce nouveau dispositif pointe un projet que les conservateurs, même d’obédience libérale, ne renieraient pas : concentrer cette aide sur les plus démunis. Du coup, l’effort consenti vers ces plus pauvres se retrouve porté par ceux qui se situent juste au-dessus !

 

SIPA

 

Emmanuel Macron a de la suite dans les idées. Et des idées le ministre de l’économie en a quelques unes. Rapporteur de la Commission Attali pour la Croissance installée par Sarkozy en 2008, il en avait listées 316. Certaines comme le travail du dimanche ont trouvé leur place dans la loi qui porte son nom. D’autres sont sur les rails comme celle qu’a annoncé hier le Premier ministre : la fusion de la Prime pour l’emploi (PPE) et du Revenu de solidarité active (RSA) qui donnera naissance à une prime activité dont le versement sera concentrée sur les moins fortunés des salariés. Cibler la prime pour l'emploi sur les bas salaires ? La proposition figurait, elle aussi, en bonne place dans le rapport Attali, mais avait été abandonnée au profit de la création du revenu de solidarité active (RSA). Voilà donc qui est « corrigé » : le nouveaux dispositif équivaut, dans les faits, à une absorption de la PPE par le RSA.

Avec ce genre d’outil, le diable se niche dans les détails du paramétrage. Ensemble la PPE et le RSA bénéficiaient à près de 8 millions de personnes. Pour un budget identique, la prime d’activité, elle, ne devrait en concerner que la moitié. En plus, le gouvernement se base sur une hypothèse : près de la moitié des personnes éligibles ne se présenteront pas au guichet ! Dans le cas contraire, le coût du dispositif pourrait se monter à 6 milliards d’euros.

Cette prime a tout du « filet garni » de compensation pour les salariés soumis au temps partiel subiQui peut y prétendre ? Ecartés du RSA, les jeunes de 18 à 25 ans pourront désormais en être. Il leur faudra comme tous les autres travailleurs gagner entre 0,5 et 1,2 Smic, soit entre 570 et 1 360 euros net. Le montant de la prime varie en forme de cloche selon le revenu avec un maximum de l’ordre de 215 euros quand on perçoit 0,8 Smic (un peu plus de 800 €). Résultat : si 300 000 jeunes devraient bénéficier du dispositif, des millions de ménages, comme ceux dont les personnes gagnent entre 1,2 et 1,3 Smic, devraient ne plus rien toucher.

L’architecture, comme la philosophie globale du système, diffère peu du RSA. Et comme lui, il porte les mêmes travers, comme l’avait expliqué Thomas Piketty à sa création en 2008 : « L'impact global sur l'offre de travail de cette nouvelle forme de subvention au temps partiel que constitue le RSA - et que ne manqueront pas d'utiliser les employeurs, en proposant davantage d'emplois à temps partiel - serait alors négatif. » L’argument est battu d’un revers de manche par Matignon cité par le Monde : « Il s’agit de ne pas inciter les tout petits contrats à temps partiel. (…) Le dispositif doit fonctionner comme une incitation à travailler davantage. »

On en doute, les chiffres Insee sont cruels. Le paramétrage du dispositif colle quasi point à point à la morphologie du temps partiel : le salaire mensuel net moyen des salariés à temps partiel est de 996 euros (contre 1 997 euros pour des temps complets). Et dans le détail, en moyenne, les salariés à temps partiel « choisi » gagnent l'équivalent d'un Smic mensuel (1 122 €) ; et 746 € pour les salariés à temps partiel « subi ». Ce dernier montant correspond, on l’a vu, au point haut du dispositif. Celui-ci a donc tout du « filet garni » de compensation pour les salariés soumis au temps partiel subi…

Voilà un projet que les conservateurs, même d’obédience libérale, ne renieraient pasRéformes de l’allocation logement, de l’allocation familiale, de l’impôt sur le revenu avec une moindre progressivité, baisse aussi du quotient familial, forfait sécu et autres déremboursements de soin et des médicaments… Et maintenant cette prime d’activité. Tout converge pour que l’essentiel de l’effort consenti vers les plus pauvres soit porté par ceux qui se situent juste au-dessus. C’est donc au travers d’une redistribution au sein des classes populaires et moyennes que se fait le gros de l’ajustement. Mais en concentrant le bénéfice de la redistribution vers le tout bas de l’échelle, la gauche s’éloigne de son projet progressiste et d’Etat providence, pour se rapprocher de celui plus classique de protection des pauvres, que les conservateurs, même d’obédience libérale, ne renieraient pas.

Un des plus proches conseillers du ministre du Budget le concédait : « On n’a pas le choix. Sans recette, c’est la moins pire des décisions ». Problème : le gros des classes populaires se sentant exclues de la redistribution, celles-ci pourraient vite basculer dans la remise en cause du système de protection sociale universelle. Pour son plus grand malheur… La quasi-totalité des études sérieuses montrent en effet que les pauvres gagnent beaucoup grâce aux prestations chômage et aux aides sociales. Mais ce sont les classes populaires qui en retirent plus d’avantages encore via les prestations de santé, d’éducation ou de retraite. Autant de digues de protection qui, toutes, ont été largement ébréchées.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 15:18

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Le salarié de Sanofi, Elise Lucet et le patron aux 508 smic

 

  • Publié le :
    03/03/2015 à 18h48

 

Voici un extrait du magazine « Cash Investigation » diffusé ce mardi 3 mars 2015 sur France 2. Elise Lucet se rend à l’assemblée générale des actionnaires de Sanofi. Elle veut savoir si le patron du groupe pharmaceutique ne juge pas sa rémunération excessive :

« Vous gagnez 508 fois le smic par an [...]. Est-ce que ça n’est pas trop au vu des résultats [de l’entreprise] et du contexte actuel ? »

Juste avant son intervention, un salarié de Sanofi à Montpellier (site où 200 personnes viennent d’être licenciées) saisit un micro. « Sans nous, vous ne seriez rien », lance-t-il aux actionnaires. Choc des cultures. L’homme finit évacué.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 15:07

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

Arrêt sur images 04/03/2015 à 10h21

Safran : l’Etat vend un bijou de famille pour faire de la location ensuite

 

Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 

 

Le logo de la société Safran, le 6 décembre 2013 à son usine de Fougères (AFP Photo / Frank Perry)

 

 

Vous ne le savez pas pas, tout le monde s’en fiche, et ça ne fera sans doute pas plus de dix posts dans le forum, mais l’Etat vend 3,96% de Safran. Safran, c’est la boîte issue de la fusion en 2005 de Snecma et de Sagem. Moteurs d’avion, trains d’atterrissage, hélicoptères, fusées, civil et militaire, du lourd de chez lourd, du fleuron français, du stratégique. Et donc, l’Etat vend. Pas tout. Il en garde parait-il assez pour rester actionnaire principal et garder le contrôle, mais il vend 3,96%. Ce qu’on appelle un bijou de famille. Rentrées escomptées : un milliard d’euros.

Et c’est une mauvaise affaire. Ce n’est pas moi qui le dis. Vous ne me croiriez pas sur parole et vous auriez raison, je ne me prétends pas expert en politique industrielle. C’est François Lenglet, de France 2. Il est colère. Colère à la Lenglet, bien sûr. Ce n’est pas lui qui va aller interpeller Macron, au milieu de la foule, avec son petit micro, comme Elise Lucet avec le patron de Sanofi dans Cash investigation. Chacun son style. Mais furieux tout de même.

Une décision stupide pour complaire à Bruxelles

Habituellement, Lenglet, il est plutôt chèvre chou, thèse antithèse synthèse, il y a du bon et du mauvais partout, très 20 heures fédérateur, en somme. Pas cette fois. Pas sur Safran. Sur Safran, en gros, il trouve stupide de vendre une participation qui rapporte chaque année des dividendes à l’Etat, alors que l’Etat, en ce moment, pourrait s’endetter quasiment à coût zéro.

Mais alors, pourquoi l’Etat prend-il cette décision stupide ? Parce que Bruxelles, dit Lenglet. Il faut adresser un signal à la Commission. Montrer qu’on rentre des sous, qu’on fait tout pour faire baisser le déficit. Il lui en faut, à la Commission. La loi Macron au 49-3, c’est déjà fini, oublié, il faut passer à autre chose, l’Ogre réclame chaque jour sa ration.

Mais Bruxelles ne sait donc pas que c’est stupide, et qu’il vaudrait mieux engranger tranquillement les dividendes de Safran ? Voilà ce que Pujadas pourrait demander à Lenglet. Mais il ne faut pas exagérer, on n’a pas tout le 20 Heures non plus. Lenglet répondrait que oui, bien sûr, Bruxelles sait, mais Bruxelles s’en fout, il faut faire baisser le déficit, point final. Comme la Troïka en Grèce : on sait que ça ne marche pas, que ça ne marchera jamais, mais on continue J’arrête là, j’ai l’impression de me répéter.

Hypothèse hasardeuse

Il y a tout de même du nouveau dans l’histoire même si Lenglet, faute de temps, ne le dit pas. Le milliard que l’Etat va ainsi récupérer en vendant ces 3,96% de Safran, il pourrait l’injecter dans une « société de projet » militaire. Une quoi ? Une société de projet. Voilà la nouveauté (ça date de la loi Macron). Ça vient de sortir, j’ai dû relire dix fois avant de comprendre, et je ne suis pas sûr d’avoir compris. Donc, c’est la dernière idée géniale de Hollande et Le Drian, pour maintenir à niveau le budget de la Défense. Parce que c’est bien joli, de pourchasser l’égorgeur au Mali, en Libye, en Syrie, au Nigeria, où on voudra, mais ça coûte. Où trouver l’argent ? Dans les « sociétés de projet », donc.

Je résume ce que j’ai compris. Avec les milliards retirés de la vente des bijoux de famille, l’Etat crée une société, dont le capital sera largement ouvert au privé (si le privé veut bien venir). Cette société achète des avions militaires ou des frégates. Et elle les reloue immédiatement à l’armée, qui paie donc des mensualités de location. Ainsi, l’armée ne sera plus propriétaire de ces avions, de ces frégates. Elle en sera seulement locataire. Car un avion ou une frégate, c’est comme une voiture : dans l’immédiat, moins cher à la location qu’à l’achat. Sauf si on en a besoin à temps plein, pendant dix ans.

Si je poursuis le parallèle, le calcul repose donc sur l’hypothèse suivante : la traque aux égorgeurs islamistes sera de courte durée, ou intermittente. C’est une hypothèse. Hasardeuse. A l’arrivée, après dix ou vingt ans, l’armée fera les comptes, et on se dira qu’on aurait mieux fait d’acheter. Mais c’est dans dix ou vingt ans.

Calcul à court terme dont (presque) aucun politique ne parle

C’est bancal ? C’est un calcul à court terme ? Ca risque d’être retoqué par le Conseil constitutionnel ? Sans doute. Même Bercy le redoute. En tout cas, dans l’immédiat, c’est incompréhensible. Mais le déficit. Mais les 3%. Mais Bruxelles.

Une dernière chose. Ces petits tours de passe-passe budgétaires, quels politiques en parlent ? Aucun. Ah si. Une réaction . « Le gouvernement poursuit sa politique folle de désengagement des fleurons français, aussi incompréhensible politiquement qu’économiquement. (...) D’un point de vue économique, il est incompréhensible de se séparer d’entreprises aussi rentables, à l’image de Safran, qui versent chaque année à l’État des dividendes colossaux. » Je vous laisse découvrir qui est le trouble-fête. Alors ? Alors rien, je dis ça comme ça

 

 

Publié initialement sur
Arretsurimages.net

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

Partager cet article
Repost0
3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 18:08

 

Source : http://www.midilibre.fr

 

Elise Lucet au patron de Sanofi : vous gagnez "508 fois le smic, ce n'est pas trop ?"

il y a 2 heures 20 MIDI LIBRE

PHOTO FRANCE 2 / CASH INVESTIGATION

 

 

L 'émission Cash investigation ce mardi 3 mars sur France 2 s'en prend aux "actionnaires qui prennent nos emplois", un extrait montre la journaliste Elise Lucet interpellant le patron de Sanofi sur sa rémunération.

"Quand les actionnaires s'en prennent à nos emplois" c'est le titre de ce nouveau numéro de Cash investigation à 20 h 45 sur France 2 ce mardi 3 mars. Le magazine s'interroge, cette fois-ci, aux rémunérations de plus en plus généreuses de certains très grands patrons et actionnaires alors que des milliers de personnes n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois ou se retrouvent sans emploi...

 

 

Des rémunérations qui explosent

"Les actionnaires ne connaissent pas la crise. Leur rémunération explose. 56 milliards d'euros en 2014 en France, uniquement pour les entreprises du CAC40, ce qui en fait un des pays qui distribuent le plus de dividendes. Plus de mille milliards de dollars dans le monde. C'est historique. Mais pour atteindre de tels montants, les grandes entreprises françaises ont recourt à des stratégies et des méthodes difficilement avouables. Plans sociaux, licenciements, pressions sur les salariés au point de les pousser à bout… Certaines de nos grandes entreprises sont prêtes à tout pour dégager toujours plus de cash au profit de leurs actionnaires. Ce sont parfois ces mêmes entreprises qui bénéficient d'aides publiques massives." détaille le descriptif de l'émission de France 2.

+ 15 % d'augmentation en 1 an

Dans un des extraits diffusés pour promouvoir l'émission, on voit d'abord un premier intervenant très remonté, puis la journaliste Elise Lucet prendre le micro en pleine assemblée générale de Sanofi (2e entreprise du CAC40) et questionner Christopher Viehbacher (précédent patron de Sanofi) sur sa rémunération. "Votre augmentation sur un an est de plus de 15%. Vous gagnez 508 fois le smic par an. Dans le même temps, les résultats de Sanofi baissent. Il y a des milliers de suppressions de postes... Est-ce que votre rémunération de plus de 8 millions d'euros, ce n'est pas trop au vu de ces résultats et aussi du contexte actuel ?"

 

 

CASH Investigation
Émission TV · 20 229 J’aime · Hier, à 16:59 ·

Cash Investigation "Quand les actionnaires s'en prennent à nos emplois" J-1

 

 

Cette prime de 4 M€ qui passe mal...

Cette enquête de Cash investigation s'est déroulée sur plus d'un an, "d'Hénin Beaumont, à Toronto en passant par Londres et Boston" et ces images chez Sanofi ont été tournées en mai 2014 avant la récente nomination du nouveau patron, Olivier Brandicourt, dont la prime d'arrivée de 4 M€ (en plus de sa rémunération approchant les 3 M€/an) a déclenché de vives réactions au sein même du gouvernement pendant que l'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé que le groupe pharmaceutique Sanofi méritait "plutôt" des félicitations pour avoir "réussi à convaincre" Olivier Brandicourt "de revenir en France".

L'émission a interrogé aussi le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron :

 

CASH Investigation
Émission TV · 20 229 J’aime
· 1 mars, 23:30 · Modifié ·

Cash Investigation "Quand les actionnaires s'en prennent à nos emplois" J-2

 

 

Source : http://www.midilibre.fr

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 16:37

 

Source : http://www.politis.fr

 

Pôle emploi : 500 000 victimes de leurs droits

Par Charles Thiefaine, Thierry Brun - Suivre sur twitter - 2 mars 2015

 

 

Des milliers de chômeurs font les frais du régime des droits rechargeables, mis en place en octobre 2014. Au point que syndicats et patronats doivent discuter d’une révision de la mesure phare de la convention d’assurance chômage.

 

 

Quatre mois après sa mise en œuvre, le nouveau régime des droits rechargeables mis en place par l’assurance chômage a des effets catastrophiques pour les demandeurs d’emploi. La mesure phare du gouvernement adoptée dans la loi de sécurisation de l’emploi puis présentée comme une avancée dans la très controversée convention d’assurance chômage, signée par la CFDT, FO et CFTC, n’a cessé d’être critiquée, notamment par la CGT et les associations de chômeurs, depuis sa mise en place en octobre 2014.

Plusieurs études leur donnent raison : en janvier, une note de l’Unedic, organisme de Pôle emploi, gestionnaire de l’assurance chômage, indique que les « droits rechargeables » lèsent 30 000 chômeurs par an, qui touchent temporairement une indemnité inférieure à celle qu’ils auraient touchée sous l’ancien régime d’assurance chômage. En moyenne, cela représente pour les chômeurs un manque à gagner d’environ 500 euros par mois, jusqu’à épuisement de leurs anciens droits, selon la note de l’Unedic.

« 30 000, c’est très réducteur », estime Denis Gravouil, secrétaire général de la fédération CGT-Spectacle. De son côté, la CGT brandit une autre note de l’Unedic, parue en juin 2014, selon laquelle 500 000 demandeurs d’emploi seraient concernés. Les permanences associatives et les collectifs locaux « sont submergés d’appels, de messages, de visites auxquels nous devons faire face. Ces débordements révèlent une situation bien plus dramatique que le chiffre communiqué par l’Unedic », témoigne une Coordination nationale des permanences d’accueil juridiques contentieux.

 

Des indemnisations calculées sur les anciens droits, une pénalisation des chômeurs

Avant la nouvelle convention d’assurance chômage, une procédure de « réadmission » des droits était en place, explique le syndicat. Les droits ouverts étaient calculés en fonction de l’indemnisation la plus favorable. Mais depuis la mise en place des droits rechargeables, un allocataire retrouvant un emploi mieux payé « doit attendre que ses droits initiaux soient expirés pour accéder à ses nouveaux droits lorsqu’il se réinscrit au chômage », explique Éric Aubin, secrétaire confédéral de la CGT, en charge de l’Assurance chômage. Les indemnisations versées aux demandeurs d’emplois sont calculées sur les anciens droits tant qu’ils n’ont pas été écoulés. Ce qui les pénalise.

« Les principales victimes sont les femmes, les jeunes diplômés, les intérimaires, et les intermittents du spectacle », constate Éric Aubin. Une jeune femme explique qu’elle est inscrite à Pôle emploi depuis le 1er janvier après un contrat de trois ans dans la fonction publique : « Mon salaire était de 1 450 euros net par mois. Avant cet emploi, j’occupais un contrat unique d’insertion à temps partiel. Quelle horreur de découvrir que le montant de mon indemnité est calculé sur cet ancien emploi ! », explose la jeune femme.

« Je touche désormais 750 euros maximum d’indemnités mensuelle, soit la moitié de mes revenus. Et ces droits sont ouverts pendant 609 jours ! Or ma situation a changé en trois ans. J’ai un enfant de 8 mois et un loyer de 560 euros. Comment vivre avec 190 euros par mois ? J’ai 34 ans et je vais devoir retourner vivre chez ma mère alors que j’ai travaillé et cotisé. Chercher un emploi n’est absolument pas possible car je ne peux pas m’offrir une garde d’enfant… », explique-t-elle.

Le nouveau régime lèse particulièrement les premiers demandeurs d’emplois alors qu’ils sont dans une situation précaire. Ainsi une thésarde qui a décroché son premier CDD se retrouve dans une impasse :

« Mes droits à l’époque avaient été ouverts uniquement pour me permettre de soutenir ma thèse et pour très peu de temps. Il faudrait aujourd’hui, après avoir travaillé pendant trois ans, que je perçoive une allocation calculée sur un salaire d’étudiant. Cela constitue une perte importante chaque mois. Je suis un peu désespérée. J’ai fait des études très longues et aujourd’hui j’ai l’impression d’être pénalisée pour celles-ci. »

 

De « vraies négociations » ?

L’Unedic reconnaît dans ses notes que « verser systématiquement le reliquat de droit plutôt que l’allocation la plus élevée se traduit par une baisse de l’allocation pour environ 500 000 allocataires ». Surtout, la mesure phare du gouvernement décourage les chômeurs dans leur recherche d’emploi et les incite à accepter des petits boulots, et même à ne pas déclarer leur boulot le temps d’épuiser leurs anciens droits. Ces effets auraient pu être anticipés : « On a combattu cette nouvelle convention d’assurance chômage adoptée le 22 mars 2014. Et on a montré que 3 personnes sur 4 serait pénalisées », explique Denis Gravouil. « Encore faut-il qu’il y ait de vraies négociations. On nous a présenté cette convention d’assurance chômage sans qu’il y ait de vérifications », critique Éric Aubin.

Pour la CGT, « les droits rechargeables non épuisables depuis le 1er octobre, générent des économies considérables sur le dos des seuls privés d’emploi indemnisés », au point que syndicats et patronat doivent se retrouver le 3 mars dans les locaux du Medef pour discuter de leurs effets indésirables. La coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France a prévu le même jour une « journée d’information et d’action contre l’Unedic et le dispositif des droits rechargeables ». La CGT compte proposer de « remettre en place le principe de la réadmission, avec effet rétroactif au 1er octobre », tout en conservant le principe des droits rechargeables. En clair, les demandeurs d’emploi toucheraient leur droit le plus élevé pendant toute la période d’indemnisation.

Autre proposition mise sur la table des négociations : « élargir le droit d’option, déjà existant pour les apprentis, à tous les demandeurs d’emploi ». Les anciens apprentis peuvent déjà renoncer aux droits acquis pendant leur période d’alternance, pour passer directement aux nouveaux droits acquis par la suite. Quelle que soit la solution retenue, elle aura un coût supplémentaire que le Medef n’est pas prêt d’assumer. L’organisation patronale veut avant tout respecter les « équilibres financiers » de la réglementation actuelle.

Nota Bene :

Photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP

 

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

Partager cet article
Repost0
3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 15:15

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Agriculture : "On fabrique des fermes de merde, littéralement"

Lundi 02 Mars 2015 à 5:00

 

Aline Joubert

Le Salon de l'agriculture s'est achevé hier. L'occasion de revenir, grâce à cette carte interactive de la Confédération paysanne, sur cette trentaine d'exploitations à côté desquelles la ferme des Mille vaches ferait presque pâle figure. Des "fermes-usines" aux proportions titanesques...

 

Des exploitations de plus d’un million et demi de volailles par an, l’engraissement de 120 000 agneaux ou la production en batterie de 23 000 porcelets sont autant de projets agricoles qui ont reçu l’approbation des différentes préfectures concernées.

On apprend ainsi qu’une ferme à Espelette (64) élève 3 000 brebis laitières et 300 chèvres, une autre à Souraïde (64) possède déjà 4 500 brebis laitières et 700 chèvres ou encore à Rullac-Saint-Cirq (12) 120 000 agneaux sont engraissés à la chaîne.

 

 

TEICH/CARO FOTOS/SIPA

 

 

Des exploitations de plus d’un million et demi de volailles par an, l’engraissement de 120 000 agneaux ou la production en batterie de 23 000 porcelets sont autant de projets agricoles qui ont reçu l’approbation des différentes préfectures concernées.

On apprend ainsi qu’une ferme à Espelette (64) élève 3 000 brebis laitières et 300 chèvres, une autre à Souraïde (64) possède déjà 4 500 brebis laitières et 700 chèvres ou encore à Rullac-Saint-Cirq (12) 120 000 agneaux sont engraissés à la chaîne.

 

Les élevages de volailles sont les plus effrayants. Il est impossible de se représenter fidèlement plus d’un million de poules entassées dans des volières géantes. Impossible puisqu’inhumain. Pourtant, à Pamproux (79), la société Pampr’œuf a implanté un élevage qui compte 600 000 poulettes et 600 000 poules pondeuses. Un total d’un million deux cent mille gallinacés s’entassent sous de gigantesques hangars en tôle pour produire 700 millions d’œufs par an. Soit près de 5% de la consommation française à lui tout seul.

La Confédération paysanne recense six autres fermes aviaires similaires dont celle de Steinseltz qui compte 1,5 million de poules à l'année. Réunies, ces sept fermes concentrent 4,2 millions d’animaux élevés la plupart du temps en cage ou en volière sans voir la lumière du jour, soit environ 10% de la totalité des poules d’élevage en France.

 

 

Avec ce type d’exploitations, l’industrie a pris le pas sur l’agriculture paysanne. Pourquoi toujours plus gros ? La faute à la PAC, nous explique Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Les aides publiques européennes ne sont pas versées en fonction des besoins de l’exploitation, mais proportionnellement au nombre d’hectares cultivés ou de têtes de bétail. « Ce que nous voulons, poursuit-il, c’est une allocation calculée en fonction du nombre d’emplois sur l’exploitation. Le système agricole actuel arrive au bout de sa logique. Les paysans disparaissent en France et les méga exploitations ternissent l’image de la gastronomie française. Les produits de ces usines perdent leur authenticité et leur goût parce que les bêtes sont parquées à mille dans des endroits confinés qui favorisent la transmission de maladies. Alors, en prévention, elles sont gavées d’antibiotiques. »

Les 29 grandes exploitations en question s’inspirent de ce qui se fait aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne ou encore en Afrique du Sud. Les règlementations y sont beaucoup plus permissives qu’en France et les élevages comptent parfois des dizaines de milliers de têtes.

Outre la compétitivité internationale, l’autre argument avancé par les défenseurs de cette agriculture démesurée est l’entraide que peuvent s’offrir les agriculteurs ainsi rassemblés à la tête de ces fermes usines. Tout agriculteur, s’il travaille seul, est en quelque sorte esclave de son exploitation. L’élevage ne connaît en effet ni dimanche, ni vacances, ni jour férié, et encore moins les 35 heures. Certains prônent donc le regroupement pour s’accorder de temps en temps un repos bien mérité.

C'est d'ailleurs ainsi que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll nous présente ces « méga fermes » qui seraient d'abord la combinaison de plusieurs agriculteurs amenant chacun dans ses bagages une dizaine de têtes et d’hectares. « Moi je suis pour que l’on donne aux agriculteurs une capacité à se regrouper. Je prends l’exemple du projet sur les 1 000 veaux dans la Creuse. Tout le monde est contre. Mais ce projet est porté par 52 fermes qui préfèrent se regrouper plutôt que d’avoir 52 fois un petit atelier d’engraissement ».

Mais la pratique, comme souvent, envoie paître la théorie. Les exploitations décrites par le ministre existent, mais elles sont rares. Celles dénoncées par la Confédération paysanne sont pour la plupart des agrandissements de structures déjà existantes et qui conservent les mêmes effectifs qu’avant expansion, c’est-à-dire rarement plus de quatre personnes. Ce qui équivaut le plus souvent au nombre de personnes travaillant pour le GAEC (le Groupement agricole d'exploitation en commun) fondateur... Par exemple, à Bréhan (56) l’EARL Ropert aurait entièrement robotisé la production laitière de ses 280 vaches, selon la Confédération paysanne. Cette partie de l’exploitation n’emploierait donc plus que 2 personnes, six fois moins que la moyenne nationale.

Toujours selon la Confédération paysanne, derrière la PAC, on trouve les grands groupes industriels, avec en tête le groupe Avril (ex-Sofiprotéol) dirigé par Xavier Beulin, président de la FNSEA, premier syndicat agricole de France. Incarnation même de l’« agro-business » avec ses 500 hectares dans le Loiret, Beulin est capable de déclarer au Monde que « celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons n’est pas agriculteur ». Pas gêné par l'idée de présider un syndicat agricole et diriger, dans le même temps, un des plus grands groupes agro-industriels français, Beulin soutient activement deux projets de méga exploitations : des maternités industrielles de 900 truies à Trébrivan (22) et à Poiroux (85). « Xavier Beulin met en place une agriculture qui met aussi en danger les paysans qui cotisent à la FNSEA » dénonce Laurent Pinatel.

Pis encore, ce qui motive financièrement ces fermes-usines, ce n'est pas le lait que produisent leurs vaches, mais plutôt... leurs quantités astronomiques d'excréments ! La suproduction, notamment laitière, fait baisser les prix, et au final, tout le monde y perd. Le plus rentable, ce n'est pas la production alimentaire mais les déjections, transformées en énergie dans des méthaniseurs. La Confédération paysanne s'insurge contre ces « fermes de merde, littéralement ».

Stéphane Le Foll a beau s’emporter (« Ce modèle d’exploitations démesurées n’est pas pérenne et ce n’est pas le projet de la France ! »), cette trentaine d’exploitations existe bel et bien. Et si les préfectures continuent d'approuver ces projets, il sera temps de dire « adieu veau, vache, cochon, couvée », et bonjour aux dieux Productivisme et Terroir-caisse...

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22