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23 mars 2015 1 23 /03 /mars /2015 18:47

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Les pauvres sont plus écologistes que les riches

16 mars 2015 / Paul Ariès

 

 

 

« Les potentialités qu’offrent les milieux populaires sont du côté de ce qu’exigent les transitions écologique, sociale et politique. (...) La force du système est de rendre invisible les milieux populaires (...). Les modes de vie populaires ne sont qu’endormis et il nous appartient d’aider à les faire revivre. »

 

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Paul Ariès

Thorstein Veblen est un grand économiste qui, à la fin du XIXe siècle, a développé la théorie de la rivalité ostentatoire. Celle-ci assure que les différentes couches de la société ajustent leur mode de vie en imitant celui des classes plus fortunées. Si Thorstein Veblen a raison, les milieux populaires ne seraient que dans l’imitation des modes de vie des classes dominantes et les pays du Sud dans celle des pays du Nord.

Si Thorstein Veblen a raison, nous pourrions dire que « les riches détruisent la planète », mais il n’y aurait rien de bon à attendre des milieux populaires, d’ici et d’ailleurs. Les milieux « écolos » aiment certes les milieux populaires, mais ceux d’avant, ceux d’ailleurs, jamais ceux d’ici, jamais nous-mêmes, signe d’une auto-culpabilisation.

La haine des gens du commun, c’est d’abord la haine des 99 % pour eux-mêmes. Thorstein Veblen, logique avec lui-même, n’avait d’ailleurs d’espoir que dans une prise de conscience des ingénieurs et techniciens, jamais dans un sursaut des « gens de peu ».

Les milieux populaires, plus écolos que les écolos

J’ai donc eu envie de pousser un coup de gueule contre cette idée qu’il n’y aurait rien de bon à attendre des gens ordinaires au regard de la situation sociale, politique, écologique. C’est à qui dénoncera le plus vertement leur rêve de grand écran de télévision, leurs vieilles voitures polluantes, leurs logements mal isolés, leurs achats dans les hypermarchés, leur goût pour la viande rouge et les boissons sucrées, leurs rêves de zones pavillonnaires et de vacances bon marché, etc.

Les élites auraient raison : « Salauds de pauvres qui consommez si mal ! » ; et il faudrait rééduquer les pauvres au moyen d’une « fiscalité verte » socialement injuste comme celle qui taxe en fonction du poids les ordures ménagères. Les élites auraient raison : « Salauds de pauvres qui votez si peu », et il faudrait frapper ceux qui ne votent pas d’une amende, comme le propose le député EELV François de Rugy.

Le pire est que ce discours condescendant et méprisant finit par contaminer ceux qui, à gauche et dans l’écologie, se disent le plus conscients des enjeux planétaires. Au moins, les riches achèteraient des produits bio, auraient des voitures électriques, des maisons bien isolées et lorsqu’ils prennent l’avion pour leurs vacances, ils achèteraient des compensations carbone.

Ce mépris des milieux populaires ne résiste pourtant pas à l’analyse. Tous les indicateurs prouvent que les milieux populaires ont un bien meilleur « budget carbone », une bien meilleure « empreinte écologique », un bien plus faible écart par rapport à la « bio-capacité disponible », un bien meilleur indice « planète vivante » (concernant l’impact des activités sur la biodiversité), un « jour de dépassement de la capacité régénératrice de la planète » plus tardif, une moindre emprise sur la « déplétion » des stocks non renouvelables, etc.

Bref, si on savait déjà que les milieux populaires sont plus « écolos » que les enrichis, ils le sont également davantage que les « écolos » déclarés !

Les modes de vie populaires du côté de la transition

L’erreur serait alors de croire qu’ils ont un meilleur bilan carbone faute de moyens financiers. Cette vision, rassurante pour la « bonne société », est démentie par toutes les recherches. Des centaines de travaux de sociologues, d’économistes, de psychologues, de géographes montrent que les « gens de peu » ne sont pas des riches auxquels il ne manquerait que l’argent, qu’ils ne se définissent pas d’abord en termes de manque (en économie : le manque de pouvoir d’achat, en culture, le manque d’éducation, en politique, le manque de participation, en psychologie, le manque d’estime de soi).

 

 

Les gens ordinaires entretiennent d’autres rapports au travail, à la consommation, au temps, à l’espace, à la nature, au temps libre, à la maladie, au vieillissement, à la mort donc à la vie.

Il ne s’agit pas d’idéaliser les milieux populaires en ignorant leurs contradictions. Nous n’avons pas besoin de cet angélisme pour démontrer que les potentialités qu’offrent les milieux populaires sont du côté de ce qu’exigent les transitions écologique, sociale et politique pour construire des sociétés soutenables.

Même la façon de regarder la TV des milieux populaires n’est pas la même que celle des bien pensants, ils sont moins dans une hypnose individuelle et davantage dans une attention oblique...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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23 mars 2015 1 23 /03 /mars /2015 18:34

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Fabrique du mensonge 23/03/2015 à 18h33
Cancer et herbicides : Monsanto préfère s’en prendre aux scientifiques
Thibaut Schepman | Journaliste Rue89

 

 

Un agriculteur pulvérise du glyphosate sur son champ de maïs dans l’Illinois, aux Etats-Unis, le 1er juin 2010 (Seth Perlman/AP/SIPA)

 

Vous ne connaissez pas le glyphosate ? En fait, si. C’est Monsanto qui a vendu le premier ce produit chimique, en 1974, via son célèbre Roundup. Depuis, le glyphosate est devenu l’herbicide le plus vendu au monde. Il est utilisé dans les champs mais aussi dans les jardins, les forêts, les rues, les cimetières.

Du coup, on en trouve dans l’air que l’on respire, dans l’eau que l’on boit et dans la nourriture que l’on mange, a rappelé ce vendredi le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), l’agence internationale de référence pour la recherche sur le cancer, qui a été créée par l’Organisation mondiale de la santé et qui est basée en France, à Lyon.

Dans son évaluation – publiée après un travail d’un an mené par dix-sept experts internationaux indépendants qui ont recensé l’ensemble des études scientifiques sur le sujet – le Circ a classé ce produit comme « probablement cancérogène ».

Un champ de blé français sur trois

L’information est énorme. En France, un champ de blé sur trois est traité au glyphosate. En Europe, pas moins de 400 entreprises en commercialisent, à travers 30 désherbants différents. Ailleurs dans le monde, une bonne partie des maïs et soja OGM ont été conçus pour être « Roundup ready », c’est-à-dire résistantes au glyphosate. Ce qui permet d’épandre du glyphosate sur un champ et y tuer toutes les plantes sauf les OGM. Ce qui permet à Monsanto de vendre à un agriculteur à la fois la plante et l’herbicide. Génial.

Mais revenons au Circ.

Cet organisme international de référence classe donc l’herbicide au rang de cancérogène probable, dans sa catégorie 2A. Pour comparaison, on trouve dans la même catégorie les formaldéhydes, ces produits chimiques biocides utilisés dans les colles, résines et dans le textile dont la mise sur le marché est interdite en France depuis 2012.

Les bitumes routiers, qui ont valu la condamnation en 2012 d’une filiale de Vinci après la mort d’un employé atteint d’un « cancer du bitume », ne sont classés eux que dans la catégorie 2B, c’est-à-dire cancérogènes possibles. C’est dire la prudence du Circ. Rappelons ensuite que jamais un agent classé cancérogène n’a ensuite été rétrogradé par le Circ à un échelon de dangerosité inférieur.

Nicolas Gaudin, directeur de la communication au Circ, ajoute :

« Nos évaluations correspondent à une méthodologies très précise. Nous appliquons les mêmes méthodes de travail depuis 40 ans, et nos évaluations sont utilisées comme références depuis 40 ans par les gouvernements du monde entier ».

La contre-attaque commence en France

Pourtant, les industriels du secteur mènent depuis plusieurs jours une contre-attaque en règle contre l’évaluation du Circ.

Tout commence par un « Livre blanc » [PDF], publié le 13 mars par les industriels français du secteur – dont Monsanto ou Syngenta – réunis dans un groupe appelé « plateforme glyphosate ».

On y lit notamment que la réduction de l’utilisation du glyphosate entraînerait un désastre économique, puisqu’il entraînerait une baisse de 30% des rendements. Source ? Une étude [PDF] de deux pages menée par deux chercheurs d’un cabinet, sans relecture par un comité scientifique. Surtout, on lit dans ce livre blanc que « le glyphosate n’est pas cancérigène ». Source ? « Des centaines de publications scientifiques. »

Comment expliquer que ce livre blanc paraisse une semaine avant l’avis du Circ ? Réponse d’Arnaud Dechoux, coordinateur de la plateforme :

« Notre livre blanc était en route depuis plus d’un an, nous n’avons pas voulu cette coïncidence, je ne peux pas vous en dire plus. »

Coïncidence ?

La coïncidence n’en est peut-être pas une. Car l’évaluation était elle aussi annoncée depuis un an par le Circ, explique Nicolas Gaudin :

« Dans notre procédure d’évaluation, un appel officiel aux experts internationaux est lancé un an avant la publication. Dans ce cadre, notre procédure permet à des observateurs d’accéder à une partie des débats, sans y participer. Il y avait en l’occurrence trois observateurs liés à l’industrie, dont un expert de Monsanto. Monsanto a ensuite décidé de ne pas respecter notre embargo, et de communiquer contre notre évaluation avant sa publication. Ces gens ne sont pas très réglos. »

Monsanto et la plategorme glyphosate ont publié vendredi sur leurs sites respectifs des textes dénonçant la procédure du Circ. Monsanto avance ainsi :

« Le Circ a volontairement écarté des dizaines d’études scientifiques qui soutiennent que le glyphosate ne présente pas de risques pour la santé humaine. »

La plateforme glyphosate met en avant le même argument. Nous avons interrogé Kathryn Guyton, la chercheuse qui a coordonné l’étude du Circ à ce sujet :

« Les études auxquelles il est fait référence dans ce communiqué sont des études menées sur les bactéries et dont les résultats indiquent en effet l’absence de danger du glyphosate. Nous expliquons dans le sommaire de notre évaluation que les études menées sur les animaux et les êtres humains, qui indiquent elles que le glyphosate est probablement cancérogènes, sont plus significatives pour évaluer la dangerosité pour l’être humain.

Contrairement à ce qui est avancé, nous avons donc bien pris en compte les études sur les cellules, nous les avons simplement considérées comme moins significatives. »

« Ils demandent aux scientifiques de se taire »

Deuxième argument de la plateforme glyphosate :

« Le récent rapport de réévaluation (Review Assessment Report), généré dans le cadre du processus actuel de renouvellement de l’approbation du glyphosate par l’UE, a conclu que “aucune évidence de cancérogénicité n’a été obtenue” dans les études prises en compte »,

Encore un argument fallacieux selon Kathryn Guyton :

« Ce rapport n’était pas finalisé au moment de la publication de notre évaluation. Nous ne pouvions donc tout simplement pas le prendre en compte. Et si vous regardez la composition de leur groupe de travail, on voit qu’au moins quatre membres sont directement liés à l’industrie et sont donc en situation de conflit d’intérêts. »

Malgré la légèreté de ses arguments, la plateforme glyphosate se permet dans son communiqué de demander au Circ de retirer sa décision. Nicolas Gaudin s’étonne :

« C’est inouï et totalement naïf. Ce n’est pas le Circ qui s’exprime, mais un comité des meilleurs experts internationaux indépendants sur la question. Ces experts n’ont pas produit un rapport mais ont recensé les études publiées sur le sujet pour en tirer une évaluation. Et les industriels leur demandent de se taire. On peut admettre que des scientifiques soient en désaccord s’ils apportent des arguments scientifiques, mais là, en clair, ils nous demandent de retirer notre évaluation simplement parce qu’on n’a pas pris en compte les arguments qui leurs convenaient. »

La fabrique du mensonge

La méthode rappelle furieusement les pratiques des industriels décrites par le journaliste Stéphane Foucart dans son excellent ouvrage « La Fabrique du mensonge » (éd. Denoël, 2013). On y découvre comment des industriels, sous couvert de recherche scientifique, protègent leurs produits dangereux pour la santé et l’environnement. Il y raconte comment les industriels du tabac ont financé des études afin de produire du « doute » après la publication de travaux prouvant la dangerosité du tabac. Ou comment les industriels de la chimie ont réussi à noyer les études montrant la dangerosité des insecticides sur les abeilles en faisant publier… dix fois plus d’études aux résultats bien sûr contraires.

L’histoire se répète sans cesse. Le même Stéphane Foucart racontait dans Le Monde il y a quelques jours comment les industriels de la chimie ont tenté de torpiller un moratoire européen mis en place en 2012 sur certaines utilisations de quatre molécules insecticides. Moratoire qui intervenait à la suite d’un passage en revue de la littérature scientifique, établi par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui attestait de l’impact de ces molécules sur les abeilles et la biodiversité.

L’arme des industriels ? Une étude scientifique annonçant un cataclysme agricole et économique si ces produits étaient interdits. Bien sûr, malgré le moratoire, le cataclysme n’a pas eu lieu. Il n’empêche, une résolution proposée par plusieurs sénateurs français enjoignant la France a « à agir auprès de l’Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations de ces substances » a été rejetée en février par le Sénat.

Le journaliste termine son article par ces mots :

« L’histoire fait au moins comprendre une chose : l’état de notre environnement est souvent celui de notre démocratie. »

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 22:23

 

Source : http://www.marianne.net

 

Boucherie : les inepties du nouvel étiquetage

Dimanche 22 Mars 2015 à 12:00

 

Périco Légasse

 

 

Le nouvel étiquetage des viandes vendues en grandes surfaces était censé aider le consommateur à y voir plus clair. Mais le système de classement par étoiles peut être un moyen très lucratif de le tromper...

 

LEFEVRE SYLVAIN/SIPA

 

>>> Article paru dans Marianne du 13 mars

 

La nouvelle réglementation sur l'étiquetage des viandes vendues en grandes surfaces, qui institue des étoiles pour classer les morceaux et indique leur mode de préparation (à griller, à rôtir, à braiser), relève de l'aberration.

Dans un premier temps, ce classement étoilé, avec trois niveaux, comme au Guide Michelin, dirige de fait le consommateur vers les produits affichant trois étoiles, selon un critère arbitraire et aléatoire de tendreté, tels le filet ou le romsteck. Comme si le tendre était forcément meilleur, alors que le premier paramètre de qualité d'une bonne viande est avant tout sa sapidité, son goût, sa texture, ni trop molle, ni trop ferme. Le seul souci de tendreté participe de l'abaissement de notre culture gustative pour mieux répondre aux priorités du marché : vendre du mou doux.

Les morceaux deux étoiles n'ont donc qu'à bien se tenir, quant à ceux signalés par une seule étoile, les voici relégués au rang de parias. Ainsi la consommation de viande vendue en supermarchés passe-t-elle au dirigisme alimentaire, on vous dit quoi acheter et comment le cuisiner. Moutons de Panurge, comptez-vous !

 

 

Ineptie récemment constatée au rayon boucherie d'une enseigne célèbre : un morceau de romsteck « à griller » labellisé trois étoiles, vendu 29,90 €/kg, à côté d'un morceau de bavette de flanchet (improprement indiqué « steak de flanchet »), estampillé une étoile et vendu 26,50 €/kg. Or, la bavette de flanchet, même si elle ne vaut pas celle d'aloyau, est infiniment plus goûteuse que le pâle et insipide romsteck. Mais, comme ce dernier est plus lucratif, on le consacre avec trois étoiles pour inciter le client à se porter dessus. Une arnaque organisée avec l'approbation d'Interbev, organisme interprofessionnel de la viande qui a pactisé avec la grande distribution pour un plat de lentilles...

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 22:09

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Mediator : la stratégie d'intimidation de Servier

|  Par Michel de Pracontal

 

 

 

Une audience s'est tenue le 19 mars au tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre d'une procédure en diffamation intentée par les laboratoires Servier à la suite d'un reportage diffusé dans l'émission « Envoyé spécial ». Elle a illustré la stratégie d'intimidation tous azimuts exercée depuis deux décennies par le fabricant du Mediator.

Les laboratoires Servier, fabricants du Mediator, étaient présents jeudi 19 mars au tribunal de grande instance de Paris, non comme mis en examen, mais comme partie civile dans une procédure en diffamation. Le groupe pharmaceutique poursuit France Télévisions à la suite d’un reportage, réalisé par Jean-Pierre Métivet, diffusé en 2011 dans l’émission « Envoyé Spécial », intitulé « L’Affaire du Mediator ». Plusieurs médecins ou fonctionnaires de santé publique y font état de menaces et de pressions exercées par le groupe Servier, visant à nier les risques du Mediator et de l’Isoméride, coupe-faim produit par le même laboratoire.

 

Georges Chiche, auditionné au Sénat en 2011.
Georges Chiche, auditionné au Sénat en 2011. © DR
 

Comme on pouvait s’y attendre, Servier conteste formellement avoir exercé de telles pressions et s’estime diffamé par l’émission. D’où la procédure, dans laquelle sont mis en examen Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions, Jean-Pierre Métivet ainsi que sa collègue, Ghislaine Chenu. Il reste que l’audience du 19 mars a mis en évidence une stratégie d’intimidation exercée de manière constante par le laboratoire depuis une vingtaine d’années, et qui se poursuit aujourd’hui. Cette stratégie avait pour but premier d’empêcher que soient reconnus les dangers du Mediator. Dans la période récente, un deuxième objectif est apparu : chercher à atténuer la responsabilité du laboratoire pour s’opposer à l’indemnisation des victimes.

L’exemple de Georges Chiche, cardiologue à Marseille, illustre de la manière la plus claire les pressions de Servier. Chiche a été le premier médecin à signaler, en 1999, un cas de valvulopathie cardiaque associée au Mediator. Il s’est retrouvé sur le bancs des prévenus aux côtés des journalistes de France Télévisions, pour avoir raconté son histoire dans le reportage d’« Envoyé spécial ».

Elle est édifiante. Début 1999, Georges Chiche observe qu’un de ses patients est atteint d’une fuite d’une valve cardiaque. Il apprend que son patient a pris du Mediator. Or, le cardiologue a été alerté depuis 1997 du risque de valvulopathie associé à l’Isoméride, qui a fait l’objet d’un article célèbre dans le New England Journal of Medicine. Cet article a identifié aux États-Unis une série de cas de valvulopathies liés à la prise de fenfluramine, la molécule active de l’Isoméride et du Ponderal, deux coupe-faim de Servier. À la suite de quoi les deux produits ont été retirés du marché américain et international. Mais pas le Mediator, qui n’était pas vendu aux États-Unis et que Servier a présenté comme un produit totalement différent de l’Isoméride, bien que sa molécule, le benfluorex, en soit très proche.

 

Roger Luccioni.
Roger Luccioni. © DR
 

« J’ai fait le lien entre le benfluorex et les anorexigènes, explique au tribunal Georges Chiche. Dès 1997, lorsque je voyais des patients qui prenaient du Mediator, je leur faisais arrêter. Quand j’ai vu ce patient,  je lui ai demandé s’il prenait du Mediator. Il m’a dit oui. J’ai déclaré le cas au “Centre anti-poison” – ainsi qu’on appelait le Centre régional de pharmaco-vigilance – et le dossier a été enregistré et transmis au Centre national à Paris… »

La présidente du tribunal demande à Georges Chiche si sa déclaration était exceptionnelle. « Oui, répond le médecin. Dans ce monde médical, il ne faut pas parler… Des collègues disaient “Georges, il a craché dans la soupe”. En fait, on ne mangeait pas la même soupe… » Le cardiologue va bientôt en avoir la confirmation. Il s’attendait à être tenu au courant des suites données à son signalement. Au lieu de cela, une réunion est organisée dans les locaux du Centre régional de Marseille, en présence de sa responsable et d’un médecin du département de pharmacovigilance de Servier, le docteur Colette Frisch (cette dernière a assisté à l’audience du 19 mars, et conseille régulièrement, en tant que « consultante indépendante », les avocats de Servier lorsqu’ils cherchent à contester les demandes d’indemnisation).

L’avocate de Servier, Me Nathalie Carrère, observe qu’il est normal que le laboratoire soit informé des signalements d’effets indésirables de ses médicaments. Mais Georges Chiche dit avoir été « choqué » par cette confrontation, qu’il n’a pas vécue comme un échange cordial d’informations, mais comme une tentative de discréditer son observation.

À la même époque, un visiteur médical de Servier se présente au cabinet de Georges Chiche : « Il m’a dit: “C’est quoi cette observation, c’est pas possible !” Depuis, je ne reçois plus de visiteurs médicaux. »

Un autre jour, Georges Chiche reçoit un coup de fil : « Mon associé décroche et me dit : “Je te passe la mairie de Marseille”, poursuit le médecin. C’était le professeur Roger Luccioni, éminent cardiologue, dont j’avais été l’étudiant et qui était adjoint au maire de Marseille. Luccioni m’a remonté les bretelles. Il m’a dit que c’était nul, impensable, m’a demandé de retirer mon observation. » Question de la présidente : « Avait-il des arguments scientifiques ? » Chiche : « Non, c’était une injonction marseillaise. »

Roger Luccioni est décédé en 2008. Dans un ouvrage, édité par le laboratoire, il est salué comme un « grand médecin », un « amateur de jazz », et l’un des « membres les plus actifs » du conseil scientifique de l’Institut Servier. Ses liens avec le fabricant du Mediator justifient-ils qu’il soit intervenu dans ce cas, alors qu’il n’exerçait aucune fonction liée à la pharmacovigilance ? A-t-il agi de son propre chef ? Pour Servier, il ne s’agissait pas d’une pression du laboratoire…

Par la suite, Georges Chiche dit avoir systématiquement demandé à ses patients d’arrêter le Mediator, mais n’a pas signalé de nouveaux cas de valvulopathies associées au produit de Servier. Il laisse entendre dans sa déposition qu’il a pu en voir d’autres (« Chaque fois que je dépistais une valvulopathie, je demandais au patient s’il avait pris du Mediator… Une fois sur trois on me dit oui »).

« Une erreur de retranscription regrettable »…

Qu’est-il advenu du signalement de 1999 ? Dans un premier temps, l’Agence du médicament a attribué à l’observation du docteur Chiche la mention « imputabilité plausible ». Ce qui signifiait que le médicament pouvait avoir causé la pathologie et que le cas devait retenir toute l’attention. Il le devait d’autant plus que, dès 1995-96, on pouvait craindre une toxicité du Mediator. En 1996, une étude, dirigée par le professeur Lucien Abenhaim et publiée par le New England Journal of Medicine, a montré une relation causale entre la prise d’Isoméride et l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), maladie gravissime du poumon.

 

Irène Frachon au tribunal de Nanterre en mai 2012.
Irène Frachon au tribunal de Nanterre en mai 2012. © Reuters
 

L’émission attaquée par Servier fait état de pressions diverses subies par le professeur Abenhaim, qui a indiqué notamment que l’hôpital dans lequel il travaillait à l’époque avait fait appel aux services d’une société de protection et qu’on avait essayé de lui faire parvenir, pour le compromettre, une rémunération sur son compte personnel. Lucien Abenhaim a également mentionné une lettre de l’épouse de Jacques Servier dans laquelle il était question de le « neutraliser ». À la même époque, le directeur de l’Agence du médicament, Didier Tabuteau, a, selon ses dires, reçu des coups de téléphone inquiétants, avec des « conseils de prudence ».  

En 1997, on l’a vu, le lien entre Isoméride et valvulopathies a été établi. En 1998, le Comité technique de pharmacovigilance observe que le Mediator et l’Isoméride libèrent dans le sang des quantités équivalentes de norfenfluramine, la molécule suspectée de produire la toxicité de l’Isoméride. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que le Mediator présente des effets indésirables similaires à ceux de l’Isoméride. Enfin, en mai 1999, peu après la notification de Georges Chiche, est signalé le cas d’une patiente de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart atteinte d’HTAP alors qu’elle n’avait pas d’autre facteur de risque que la prise de Mediator.

Le 3 juillet 2014, un jugement du tribunal administratif de Paris a déclaré l’État responsable de ne pas avoir suspendu ou retiré du marché le Mediator en 1999. Selon le jugement, le signalement d’un cas d’hypertension artérielle pulmonaire et d’un cas de valvulopathie cardiaque « imputables au benfluorex auraient dû faire tenir les dangers du benfluorex comme suffisamment caractérisés pour conduire à la suspension ou au retrait de l’autorisation de mise sur le marché du Mediator ».

C’est dire l’importance de l’observation de Georges Chiche. Pourtant, ce dernier a bel et bien fait l’objet de pressions. Et le cas qu’il avait signalé, qui avait été classé dans la catégorie « imputabilité plausible », a été étrangement reclassé en « imputabilité douteuse ». Cette modification a été faite alors que le document se trouvait dans le service d’évaluation de l’Agence du médicament, dirigé par le professeur Jean-Michel Alexandre. Ce dernier, qui a été un personnage-clé de l’Agence du médicament de 1985 à 2000, a été mis en examen dans la procédure pour tromperie, menée par les juges d’instruction de Paris contre le groupe Servier.

L’instruction a établi qu’après avoir quitté l’Agence en 2000, il avait utilisé ses compétences pour conseiller les laboratoires Servier dont il a perçu, entre 2001 et 2009, un montant total de 1 163 188 euros d’émoluments variés. C’est son service qui a reçu la déclaration de Chiche en 1999. Quand les magistrats lui ont demandé pourquoi ce cas considéré d’abord comme plausible avait été reclassé comme douteux, il a évoqué une « erreur de retranscription regrettable »

Cette « erreur » a conduit à mettre sous le boisseau la déclaration du docteur Chiche. Entre 1999 et 2003, aucun nouveau signal d’alarme n’a été lancé. En 2003, un cas de valvulopathie sous benfluorex en Espagne a été suivi du retrait du produit dans ce pays (Servier affirme qu’il a retiré le médicament pour des raisons commerciales). À son tour, l’Italie a retiré le benfluorex de son marché en 2005. En France, quelques cas de valvulopathies sont signalés entre 2004 et 2007, mais ne sont pas pris au sérieux.

Bref, les dangers du Mediator ont été oubliés, ou ignorés, par les autorités sanitaires. Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, les redécouvre en 2007. Elle observe plusieurs cas d’HTAP sous Mediator. La même année, le cardiologue Yannick Jobic, avec qui elle collabore étroitement, diagnostique une valvulopathie cardiaque chez une femme, elle aussi exposée au Mediator.

À partir de cette première observation, Irène Frachon va retrouver toute une série de cas de valvulopathies imputables au Mediator, ce qui la conduira à lancer une nouvelle alerte. Elle présente ses observations le 29 septembre 2009 à l’Afssaps (nouveau nom de l’Agence du médicament, devenue aujourd’hui l’Ansm), tout juste dix ans après l’observation de Georges Chiche. « L’équipe Servier est là, au complet, et descend mon travail, laissant entendre que l’étude est falsifiée », nous a-t-elle raconté.  

En juin 2010, Irène Frachon publie un livre qui fera connaître l’affaire à la France entière : Mediator 150 mg, combien de morts ? Quelques jours après la parution, la force de frappe des avocats du groupe Servier se manifeste : un jugement interdit le sous-titre « combien de morts ? ». Il faudra réimprimer et changer la référence du livre.

Un effet collatéral de cette publication touche Christian Riché, professeur de pharmacologie au CHU de Brest, où travaille Irène Frachon, et responsable du centre régional de pharmacovigilance. Riché a soutenu Irène Frachon dans son entreprise. D’après l’émission d’« Envoyé spécial », il a été menacé par un médecin influent ayant des liens avec Servier. Le laboratoire juge cette allégation diffamatoire. Interrogé dans le reportage, Riché n’a pas confirmé ces menaces.

« Les méthodes de Servier n’ont pas changé »

D’après un témoignage recueilli par Mediapart, il a effectivement été apostrophé, peu après la parution du livre d’Irène Frachon, par le professeur Jean-Roger Claude, toxicologue, en ces termes : « Tu t’es sali les mains avec cette fille. Tu vas le payer personnellement et professionnellement. » Jean-Roger Claude a été membre de la commission d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de 1987 à 2013. Il a été consultant de Servier à partir de 1989, et a eu des contrats avec le laboratoire jusqu’à 2013.

Le professeur Claude a été mis en examen par les magistrats parisiens. D’après un document du dossier d’instruction que nous avons pu consulter, depuis 1989, il a reçu de Servier des rémunérations d’un montant total s’élevant à plus de 1,6 million d'euros, avec des contrats annuels allant de 45 000 à 60 000 €, auxquels s’ajoutent des contrats spécifiques pour plusieurs médicaments de Servier, notamment le Protelos, le Coversyl et le Stablon. Jean-Roger Claude a eu un autre lien avec Servier, son épouse, Nancy Claude, ayant été embauchée comme toxicologue par le laboratoire.

L’émission jugée diffamatoire par Servier était donc en-dessous de la réalité. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Irène Frachon, venue témoigner le 19 mars, a décrit une nouvelle manifestation de la stratégie d’intimidation du laboratoire. Un jeune médecin qui travaille au CHU de Brest a participé à une publication récente sur l’évolution des cas de valvulopathie associés au benfluorex. Cet article décrit les cas de 20 patients (dont 18 femmes) hospitalisés pour défaillance cardiaque après des valvulopathies induites par le benfluorex. Le médecin concerné a eu la surprise de recevoir, en deux semaines, trois lettres recommandées de la division Pharmacovigilance de Servier, lui demandant de remplir 20 fiches de pharmacovigilance avec les noms, prénoms et dates de naissance des patients, censés être couverts par le secret médical.

Outre que ce médecin s’est senti fort désagréablement harcelé, il faut comprendre que les valvulopathies associées au benfluorex sont désormais établies par toute une série de publications scientifiques. Les déclarer à la pharmacovigilance ne constitue plus une priorité. Et même si le médecin jugeait utile de le faire, c’est à l’Ansm qu’il devrait logiquement adresser ces informations. En aucun cas, le laboratoire n’est censé être le premier destinataire d’informations, qui plus est nominales.

Irène Frachon a correspondu avec un médecin d’un autre hôpital qui a, lui aussi, reçu des demandes de Servier pour obtenir des informations détaillées sur des patients étudiés dans un article. Dans un mail adressé à la pneumologue, ce médecin se dit « traqué par la pharmacovigilance » de Servier. Il dit avoir reçu « deux emails identiques en seulement quelques heures », et s’être trouvé dans l’incertitude, ne sachant pas s’il devait ou non répondre : « Tout cela paraissait très officiel et… je me sentais coupable de ne pas y donner suite. »  Or, il n’était en aucun cas tenu de répondre à Servier.

On peut se demander pourquoi le laboratoire insiste tant pour connaître l’identité des malades dont les cas sont mentionnés dans les articles récents sur le Mediator. Il semble que, sous couvert de mettre à jour sa banque de données, le groupe Servier cherche à obtenir un maximum d’informations sur les patients susceptibles de demander une indemnisation. Les avocats du laboratoire cherchent à exploiter la moindre contradiction dans un dossier pour contester le bien-fondé de l’indemnisation.

Irène Frachon estime que « les méthodes de Servier n’ont pas changé » depuis deux décennies. En 1996, le problème était de faire apparaître le signal le plus bas possible. Aujourd’hui, il s’agit de démonter, un par un, tous les dossiers de demande d’indemnisation et de nier contre vents et marées la responsabilité du Mediator dans les pathologies constatées.

Pour Me Nathalie Carrère, il n’y a ni menace ni violence dans les propos rapportés par Georges Chiche et les témoins. Rien ne prouve, selon elle, que le groupe Servier ait chargé le professeur Luccioni de contacter son ancien étudiant ou qu’il ait appelé Didier Tabuteau. Elle parle d’accusations « intolérables », de « fantasme », de « légende ».

Mais les sommes impressionnantes versées par le laboratoire à ses consultants – pratique sont Servier détient le record en France, selon le professeur Philippe Even, qui lui aussi a témoigné le 19 mars – ne sont pas un fantasme. Ni la crainte évidente que Servier a inspiré à certains médecins. Didier Tabuteau n’a peut-être pas reçu d’appels de Servier, ni Lucien Abenhaim de couronnes mortuaires, comme l’évoque « L’Affaire du Mediator ». Mais il n’est pas contestable que si les dangers du Mediator ont été connus en 1999, le produit n’a été retiré qu’en 2009. Il faudra bien expliquer comment le déni de Servier a pu si longtemps s’opposer à la vérité médicale et scientifique.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 19:51

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/helene-duffau

 

Qui veut la peau des ZAD ?

15 mars 2015 | Par Hélène Duffau

 

par Célia Izoard et Matthieu Amiech

 

 

Était-ce de l’ironie ? Le 6 mars, jour même où la Zone A Défendre (ZAD) de la forêt de Sivens a été une nouvelle fois évacuée par la police, Manuel Valls s’est inquiété du « silence de la société et des intellectuels » devant la montée de l’extrême-droite (cf. Le Monde du 7 mars). Vue du Tarn, où les opposants à la construction du barrage de Sivens ont été pendant tout le mois de février confrontés à des pratiques d'inspiration fasciste, la déclaration du Premier ministre apparaît comme une insolente provocation. Car c’est bien sur une frange de l'extrême-droite que son gouvernement s’est appuyé pour affaiblir la lutte contre le projet de barrage et faciliter l’évacuation de la ZAD du Testet. Pour rendre intelligible cette affirmation, un bref retour sur des faits peu médiatisés est nécessaire.

 

A partir du weekend du 31 janvier dernier, de petits groupes d’hommes commencent à bloquer l’accès de la ZAD à tous ceux qui veulent s’y rendre. Pour couper le contact entre les zadistes et leurs nombreux soutiens dans la région, ces groupes n’y vont pas de mainmorte : ceux qui apportent des vivres aux défenseurs de la forêt sont dévalisés de leur chargement ; d’autres se retrouvent les pneus crevés, la voiture dans le fossé ou même renversée sur le toit, faute d’avoir fait profil suffisamment bas ; tous sont ouvertement menacés, et parfois suivis quand ils s’éloignent des barrages de ces « pro-barrages ».

 

C’est ainsi que le maire d’une petite commune du Sud du Tarn, Patrick Rossignol, venu participer à une discussion sur la ZAD le 1er février, est « filé » de Sivens jusqu’au centre-ville de Gaillac. Y ayant garé sa voiture le temps d’une réunion, il retrouve à la sortie son pare-brise éclaté. Dans le témoignage qu’il a fait tourner sur internet, il relate aussi comment le groupe de militants gaillacois venus l’accompagner à la gendarmerie pour porter plainte, quelques minutes plus tard, est attaqué à la barre de fer par des « pro-barrages » ; les gendarmes ne daignant sortir de leur bâtiment qu’au dernier moment, alors que les faits se déroulent juste sous leurs fenêtres.

 

Tout au long du mois, les participants à la lutte contre le barrage sont fréquemment menacés et molestés en présence des forces de l’ordre (les zadistes, eux, ont la chance de l’être sans témoin dans la forêt, à toute heure du jour et de la nuit). Les gendarmes se présentaient aux abords de la ZAD en mission d’interposition, mais leur connivence avec les « pro-barrage » était grossière. Dimanche 1er mars, un jeune homme tentant de gagner la ZAD en soirée se voit ainsi barrer la route et sommer de descendre de son camion, lequel est promptement incendié sous les yeux des gendarmes. Ceux-ci se disant trop peu nombreux pour s’y opposer, ce qui les empêchera même de dresser un procès-verbal… Mercredi 4 mars, enfin, les forces de l’ordre qui encerclaient le site pour empêcher tout renfort et tout approvisionnement aux zadistes laissent les « pro-barrage » (plus nombreux à ce moment-là) déferler sur le campement d’opposants, où les témoignages font état de chasses à l’homme, de saccage et d’incendie, jusqu’à des cabanes abritant des animaux (voir les reportages du site Reporterre.net).

 

Cet effrayant élan de citoyenneté active a d’abord été mené sans étiquette politique visible, si ce n’est les brassards « anti-pelluts » (anti-chevelus) qu’arboraient les « pro-barrages ». Dans la presse locale, ces petits groupes pratiquant l’intimidation étaient présentés comme des « agriculteurs du coin en colère » ; mais les gens qui les connaissent les disent électeurs voire militants du Front National, et pas tous agriculteurs. Les sites internet revendiquant ces actions tiennent un discours de droite dure (anti-chômeurs, anti-étrangers) agrémenté de menaces de mort contre les zadistes. L'un des animateurs du blog Testet.sivens.com serait contributeur du journal Boulevard Voltaire. Sur place, certains 4*4 arboraient des écussons du Front national. En assumant publiquement l’organisation d’une semaine de blocage de la ZAD à compter du 2 mars, la FNSEA (qui avait depuis plusieurs mois encouragé l’action de ces « ultras » au niveau local), a apporté sa caution officielle à des pratiques crapuleuses. En ne les dénonçant pas, le gouvernement de Hollande et Valls leur a aussi donné son approbation.

 

En fait, pour tous ceux qui ont été confrontés à cette offensive, la situation a ceci de troublant qu’on ne sait pas dire si la police était en soutien des « pro-barrage » civils ou si ce sont ces miliciens qui ont aidé la police à réprimer une occupation insupportable, aussi bien aux yeux des barons du Conseil général du Tarn qu’à ceux du Premier ministre.

 

Par ailleurs, le contraste est assez frappant entre l’extrémisme des moyens employés pour remettre la forêt de Sivens à disposition des bétonneurs, et le caractère consensuel des arguments servant à justifier ce coup de force. Prenons l’appel des Jeunes Agriculteurs de Midi-Pyrénées aux agriculteurs FNSEA de toute leur région (28 février) : «La comédie n’a que trop duré. Il faut passer d’une phase ou les «anti-tout» peuvent tout bloquer à une phase de développement responsable où les projets économiques structurants pour nos territoires peuvent être engagés et réalisés. Au-delà de cette retenue sur le Tescou, c’est l’enjeu global de Sivens». Voilà un mot d’ordre auquel personne dans la classe politique ne saurait s’opposer, à part peut-être Jean-Luc Mélenchon quand il va à la pêche aux voix en masquant son vieux fond productiviste. Le secrétaire d’État à la Réforme territoriale, André Vallini, n’a-t-il pas déclaré récemment « Pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme » ? Mais cela pourrait être François Bayrou, Xavier Bertrand ou Marine Le Pen.

 

Cela veut dire qu’en allant bastonner dans le froid et la pluie les jeunes chevelus qui tentent concrètement de rendre un autre monde possible, les miliciens du FN et de la FNSEA défendent les intérêts de l’élite politico-économique qu’ils disent honnir. Celle-ci continue généralement de se présenter comme modérée et démocrate, mais elle peut apparemment compter sur des hommes de terrain pour empêcher, par tous les moyens nécessaires, qu’émergent des alternatives idéologiques et pratiques au développement industriel, à la société de croissance et à son inévitable saccage, humain et écologique. On est là au cœur de l'identité historique de l’extrême-droite – au-delà de ce qu’elle charrie évidemment de chauvinisme et de xénophobie, au-delà des votes essentiellement protestataires qui font son succès électoral : l’extrême-droite s’enracine dans la société quand les classes dirigeantes sont contraintes de lui confier un rôle dans le maintien de l’ordre, c’est-à-dire la répression de mouvements anti-capitalistes et la pérennisation des affaires courantes (que le business puisse continuer as usual). Ce rôle est en général tenu par des individus et des groupes qui devraient aussi s’en prendre au système économique, car celui-ci s’apprête à les broyer, mais qui pour tout un ensemble de raisons, personnelles et sociologiques, se rangent du côté de l’ordre – le leitmotiv des « pro-barrage » pendant toutes ces semaines était « nous demandons à l’État d’appliquer la loi »... quitte bien sûr à exercer cette pression en piétinant nombres de lois.

 

Au moment où l’Etat français s’engage dans une gigantesque opération de com’ environnementale, qui culminera en décembre prochain avec la conférence Paris Climat, il est crucial pour lui d’étouffer la voix qui se fait, poussivement mais avec insistance, entendre depuis quelques années en France et ailleurs, notamment à travers les luttes contre les grands projets utiles au capitalisme : seul l’arrêt du développement industriel, suivi d’un inventaire poussé dans notre civilisation de machines, peut nous rendre l’espoir d’un monde vivable, socialement et écologiquement. Cela implique bien sûr un changement politique immense que nos élites veulent conjurer à tout prix, en jouant sur les peurs et les contradictions au sein du peuple.

 

Si l’ambiance était plus légère ces temps-ci, on pourrait rire longuement de cette fanfaronnade de Manuel Valls en vue du sommet de décembre : « Comme la France des Lumières a su montrer un chemin, le modèle environnemental français doit inspirer le monde. C’est en quelque sorte un nouvel universalisme que nous devons proposer. » Après les derniers rebondissements du conflit de Sivens et le blanc-seing donné par le gouvernement à la FNSEA, on sait donc que le Diderot du XXIè siècle s’appelle Xavier Beulin, et que le nouvel universalisme français consistera à encourager partout sur la terre l’usage de pesticides dans les mêmes quantités que chez nous.

 

Trêve d’ironie grinçante : pour les nombreux habitants de la région de Sivens qui se sentent meurtris par les derniers événements, comme ils l’avaient été par la mort de Rémi Fraisse il y a 4 mois, tout n’est pas encore joué. Le barrage reste à construire et peut donc être empêché. Mais nous savons désormais jusqu’à quelles extrémités les défenseurs de cet ouvrage sont prêts à aller – nombre d’articles de presse sur la réunion du Conseil Général le 6 mars attestent d’ailleurs que certains élus tarnais n’ont aucune intention de construire un barrage plus petit que celui initialement prévu.

 

  • Matthieu Amiech est un des éditeurs du recueil Sivens sans retenue (La Lenteur, 2015) et Célia Izoard est traductrice et journaliste. Tous deux habitent le Tarn et sont opposés au projet de barrage sur le Tescou.

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/helene-duffau

 

 

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21 mars 2015 6 21 /03 /mars /2015 22:36

 

Source : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

Emprunts toxiques : les départements pris au piège de taux d'intérêt démesurés

Le Monde.fr | 21.03.2015 à 12h12 | Par Mathilde Damgé

 

 

Alors que les élections départementales mettent en lumière des situations budgétaires problématiques, les « emprunts toxiques » s'invitent dans la campagne. Exemples dans le Rhône, l'Ain et la Seine-Saint-Denis.

L'histoire de ces produits financiers et des affres dans lesquelles ils ont plongé près de 1 500 collectivités publiques – communes, départements, hôpitaux – commence dans les années 1990. Avec la décentralisation, les collectivités voient leurs attributions augmenter et s'endettent en recourant à des produits à la mode sur les marchés financiers, des produits dits « structurés ».

 

Lire : Tout comprendre des emprunts toxiques en dix questions

 

Ces produits financiers étaient très attractifs parce qu'ils proposaient dans un premier temps des taux d'intérêt bien plus intéressants que le marché, mais ils comportaient une deuxième phase qui se déclenchait au bout de quelques années et comprenait une part de risque importante, liée à l'évolution d'indices, de monnaies...

Un risque qui s'est matérialisé avec la crise financière de 2008 : les taux explosent et les collectivités se retrouvent au bord du gouffre. Un paradoxe cruel : alors qu'aujourd'hui les taux d'emprunt sont au plus bas (le taux directeur de la Banque centrale européenne est descendu près de zéro), certaines collectivités doivent faire face à des taux d'intérêts qui atteignent jusqu'à 56 % (dans le cas du syndicat des ordures de la ville de Saint-Germain-en-Laye, le Sidru).

Le musée des Confluences à Lyon

L'exemple du Rhône

Dans le Rhône, les taux d'intérêts à régler par le conseil général ont grimpé jusqu'à plus de 27 % sur un premier prêt, près de 20 % pour un deuxième et 9 % avec le troisième. Les trois emprunts, qui ont financé en partie le musée des Confluences, à Lyon, ont été contractés auprès de la SFIL, la structure qui a remplacé Dexia après que celle-ci eut fait faillite, et indexés sur l'évolution de l'euro par rapport au franc suisse, qui s'est envolé dans les derniers mois.

Deux autres emprunts, avec Dexia cette fois, et indexés sur l'évolution du dollar par rapport au yen, ont été soldés en 2013 avec des pénalités totales de 36 millions d'euros. Au total, il resterait 135 millions d'euros d'emprunts toxiques, si l'on se fie au budget primitif 2015 du département – transférés en partie à la métropole de Lyon depuis sa création, le 1er janvier.

Une situation moins dramatique qu'en 2009, quand la ville avait huit emprunts structurés pour un total de 460 millions d'euros de crédits. Mais qui reste une question centrale dans l'élection à venir, l'UMP Christophe Guilloteau, qui n'a jamais participé à l'exécutif départemental, ne manquant pas de pointer la responsabilité de son adversaire centriste Daniel Pomeret.

Le département est en contentieux avec la banque sur les trois prêts encore en cours. Cette dernière demande 380 milllions d'euros pour annuler les emprunts ; le tribunal de Nanterre tranchera le 26 mars.

Indemnités délirantes

380 millions d'euros d'indemnités pour annuler 135 millions d'emprunt... La situation, aussi ubuesque qu'elle apparaisse, n'est pas isolée : dans l'Ain, c'est le Crédit agricole qui est à l'origine d'un des prêts les plus risqués. Un emprunt sur 20 ans, une durée qui dépasse largement celle du mandat. La banque mutualiste demande 34 millions d'euros d'indemnités pour rembourser par anticipation le capital restant dû, qui est lui de 14 millions.

Les taux continuant de s'envoler (près de 30 %), le département de l'Ain a décidé de suspendre unilatéralement une partie de ses remboursements sur ce prêt et a porté l'affaire en justice. Il est aussi en contentieux avec la SFIL concernant un autre prêt de 16 millions d'euros. A fin 2014, il reste au total 133 millions d'euros d'emprunts toxiques dans les comptes de l'Ain, soit 41 % de la dette.

Les collectivités les plus touchées sont souvent tentées de passer par les tribunaux qui, pour l'instant, leur donnent plutôt raison. Les instances chargées de la surveillance des comptes publics sont en revanche moins claires dans leurs décisions : ainsi, la chambre régionale des comptes de Rhône-Alpes a intimé au département de l'Ain de rembourser sa dette au Crédit agricole, jugeant qu'il s'était enferré dans son erreur, alors qu'elle avait pris une décision contraire dans le cas de la commune de Sassenage, située dans la même région.

Lire aussi : Collectivités locales : alerte aux déficits

Pas de garde-fou

Plus grave, certaines de ces chambres régionales n'ont pas du tout vu venir le problème. Département emblématique de la lutte contre les emprunts toxiques, la Seine-Saint-Denis incarne ainsi les limites de la puissance publique en termes de supervision : si les élus ont été bernés, les autorités de surveillance auraient dû tirer la sonnette d'alarme.

Or, il n'y a pas eu de garde-fou efficace puisque dans un premier temps, la chambre régionale des comptes passe complètement à côté des emprunts toxiques souscrits par les équipes financières du conseil général. Dans un rapport de 2006, elle note que « le département a bénéficié de la baisse significative des frais financiers résultant de la baisse des taux d'intérêt ».

Du côté du citoyen, qui peut demander des comptes à ses élus, il est certes possible de consulter le budget primitif et le compte administratif, comme pour les communes, mais il faut encore savoir lire ces tableaux et y débusquer les emprunts toxiques.

 

La puissance publique juge et partie

Le cas du « 93 » est aussi révélateur des contradictions de la puissance publique, laquelle se retrouve juge et partie depuis qu'elle a sauvé Dexia. En somme, l'Etat, actionnaire de la SFIL, décidera comment indemniser les victimes de cette dernière.

« J'avais découvert, lorsque je fus élu à la présidence du conseil général de Seine-Saint-Denis en 2008, que 97 % de la dette du département contractée par mes prédécesseurs était constituée d'emprunts toxiques », explique Claude Bartolone sur son blog.

Le second département le plus endetté de France (1,13 milliard d'euros) est l'un des seuls à publier, comme le demande la puissance publique, un état détaillé de sa dette : cette dernière montre que le département a encore une exposition au risque bien supérieure à la moyenne nationale. Mais la Seine-Saint-Denis a réussi à assècher considérablement son volume d'emprunts toxiques : il n'en resterait plus qu'environ 150 millions d'euros.

Or depuis qu'il a été nommé à la présidence de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone a singulièrement changé d'attitude à l'égard des victimes des emprunts toxiques – au rang desquelles il rangeait son département.

« La loi du 29 juillet 2014 sur les emprunts structurés est une victoire de la présente majorité contre la finance folle. Elle est une victoire contre les menaces qui inquiétaient les collectivités locales victimes des spéculateurs financiers, en créant un fonds ad hoc destiné à les apaiser », explique-t-il encore. Cette loi entérine la validation rétroactive de ces emprunts à risque et préserve les intérêts de l'Etat.

Elle avait d'ailleurs scandalisé ses camarades d'Acteurs publics contre les emprunts toxiques (Apcet), l'association qu'il a créée pour venir en aide aux collectivités victimes de ces produits financiers. Apcet avait jugé cette loi « désastreuse pour les finances locales [...] au moment même où plusieurs décisions de justice donnaient raison aux collectivités, en ramenant le taux d'intérêt de leurs prêts [...] au taux d'intérêt légal proche de 0 % ».

Concernant le fonds lui-même, en dépit de son doublement fin février, il est loin de faire l'unanimité. Les modalités d'accession restent problématiques : la collectivité doit en effet renoncer à tout recours aux tribunaux sans savoir combien le fonds de soutien pourra lui verser.

Surtout, ajoute David Barthès, attaché du groupe majoritaire au conseil général de l'Ain et responsable de la communication d'Apcet, « le montant consacré par le fonds, 3 milliards d'euros sur 15 ans, est dérisoire par rapport aux sommes en jeu : les responsables publics les chiffrent entre 13 et 18 milliards d'euros pour l'ensemble des collectivité territoriales ». L'ardoise des emprunts toxiques est donc encore loin d'être effacée.

60

départements apparaissent touchés par les emprunts toxiques au 31 décembre 2009, si l'on se fie au fichier que s'était procuré Le Monde il y a cinq ans. Et deux collectivités ultramarines : Nouvelles-Calédonie et Polynésie française.

Le combat de l'Etat et des collectivités en 5 dates

  • 8 février 2013 : le tribunal de grande instance de Nanterre donne raison au département de la Seine-Saint-Denis, qui attaque Dexia Crédit local – la banque franco-belge auprès de laquelle elle a souscrit des emprunts toxiques – au motif que le contrat de prêt a été conclu sur la base de documents ne mentionnant pas le taux effectif global (TEG).
  • 25 septembre 2013 : le projet de loi de finances intègre un dispositif destiné à « apporter une solution pérenne et globale au problème des emprunts structurés les plus risqués » ; un dispositif qui protège les établissements de crédit contre des recours éventuels en justice.
  • 29 décembre 2013 : le Conseil constitutionnel censure ce dispositif car la validation, telle qu'elle est formulée, recouvre « un champ d'application extrêmement large », ce dont se félicitent les collectivités qui critiquaient une « amnistie bancaire ».
  • 17 juillet 2014 : le Parlement adopte un nouveau projet de loi de protection des intérêts de l'Etat, validant la légitimité de ces emprunts.
  • 24 juillet 2014 : le Conseil constitutionnel, saisi par le groupe UMP de l'Assemblée nationale, valide la loi, qui est promulguée le 29 juillet.
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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 22:15

 

Source : http://l-arene-nue.blogspot.fr

 

 

mercredi 18 mars 2015

 

Europe : « avec Maastricht, on rira beaucoup plus » !

 

 





On a parfois la chance de tomber, en fouillant dans les recoins de certaines bibliothèques familiales, sur quelques perles dont on soupçonnait pas l'existence.

C'est ainsi que je suis récemment tombée sur ce petit bouquin hilarant paru en 1997 et que je n'avais pas encore eu le bonheur de feuilleter : Le Bêtisier de Maastricht. Il recense les âneries les plus épaisses ayant été proférées pendant la campagne référendaire de 1992 par les partisans du « oui ».

 

Parce que ça semble plus actuel que jamais et parce qu'il vaut mieux en rire, voici quelques extraits !

 

***

 

 

« L’Europe est la question d'avenir à la question du chômage (…) en s'appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde, sur une monnaie unique, la plus forte du monde, sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois » - Michel Sapin, 2 août 1992.

* Au bout du compte, Sapin a commencé très tôt à rencontrer des problèmes dans la réalisation de l’œuvre de sa vie : l'inversion de la courbe. Courage Michel, avec un peu de bol, dans 20 ans, on y est !

 

 

« Maastricht apporte aux dernières années de ce siècle une touche d'humanisme et de lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves cruelles du passé » - Michel Sapin, 6 mai1992.

* Magnifique ! Dommage que sa carrière de poète ait été si courte. Et que sa carrière de ministre soit si longue....

 

« Maastricht permettra d'équilibrer une réalité financière par une réalité politique et sociale » Laurent Fabius, 16 septembre 1992.

* Dommage que sa carrière de prophète ait été si courte. Et que sa carrière de ministre, etc.(cf.supra).

 

«On ne peut dire que oui : oui à la paix, oui à la compréhension entre les peuples, oui à l'union qui fait a force ». Jacques Delors, 24 août 1992.

* On dirait les dialogues d'un film pour adultes : oh oui, oh oui, oh ouiiiiiiiiiiiii !

 

« Le oui étant majoritaire chez les jeunes, faut-il inventer une gériatrie du non ? ». Bernard Kouchner, 31 août 1992.

* Quid d'une gériatrie spécifique pour les types tellement séniles qu'ils ne savent plus s'ils sont socialistes ou sarkozystes ?

 

« Peut-être que le Président considérera que sa tâche est accomplie et que, le oui l'ayant emporté, il préférera arrêter son mandat. (…) Je n'ai aucune information me permettant de penser cela ». Dominique Strauss-Kahn, 15 septembre 1992.

* Parfois, il y en a qui préfèrent ne même pas le commencer, leur mandat.

 

« Le monde entier a les yeux fixés sur la France ». Jacques Delors, 18 septembre 1992.

* Nationaliste !

 

« Ce traité lutte contre la bureaucratie. Le Parlement européen va désormais mieux contrôler la Commission ». Laurent Fabius, 26 août 1992.

* C'est vrai : vingt ans plus tard, la bureaucratie est terrassée.

 

« Il faut expliquer, expliquer, expliquer pour convaincre, convaincre, convaincre ». François Mitterrand, 26 août 1992.

* Tout à fait : il faut faire de la pédagogie, de la pédagogie, de la pédagogie.

 

« La traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l'expérience socialiste pure et dure » Alain Madelin, 4 septembre 1992.

* Ça en revanche, c'était bien vu. On aurait pu aller plus loin, et y voir un torpillage définitif de toute idée de gauche.

 

Au sujet du « non » danois au référendum du 2 juin : « Ce ne sont tout de même pas ceux qui ont laissé en Europe que les traces dévastatrices des Vinkings et les petits contes d'Andersen qui vont arrêter une construction aussi grandiose que celle de la Communauté européenne ». Patrick Devedjian, 3 juin 1992.

* Les Scandinaves, de toute façon, tous des barbares....

 

« Nous aurons l'Allemagne que nous méritons (…) Otto von Bismark est mort. Le 20 septembre, en refusant de ratifier le traité de Maastricht, nous pouvons le ressusciter, pour notre plus grand désagrément ». Franz-Olivier Giesbert, 15 septembre 1992.

* Germanophobie, quand tu nous tiens....

 

«Moi aussi, j'ai peur. Peur de l'Allemagne. De ce que deviendrait l'Allemagne dans une Europe désagrégée où, dégagée des Contraintes de la Communauté, elle se déploierait. Il ne faut pas prendre l'Allemagne pour un gros chien dressé parce qu'elle a été irréprochablement démocratique depuis 45 ans ». Françoise Giroud, 3 septembre 1992.

* Oui : la France a peur. Car les Teutons, de toute façon, tous des barbares....

 

« Je suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent non à Maastricht ». Michel Rocard, 17 septembre 1992.

* Et qu'on se le tienne pour dit : c'est soit l'Europe, soit les nazillons.

 

***

 

Et il y en a des dizaines d'autres comme ça dans le livre, qu'encore une fois je conseille. Il est désopilant. En attendant, une conclusion en images avec cette petite vidéo que je me suis permise de piquer sur le blog de l'excellent Nico !

 

 

 

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 21:37

 

Source : http://news360x.fr

 

Les députés votent à l’unanimité le doublement de la durée de leur indemnisation en cas de défaite électorale !

By Mickael - Fondateur de News360x -

mar 20, 2015

 

 

À quelques jours des élections départementales, c’est ce qui s’appelle avoir le sens du « timing » !

 

Les parlementaires sont-ils totalement déconnectés du réel ? La question se pose alors qu’on apprend qu’une loi vient d’être votée à l’unanimité et prévoit de doubler de six mois à un an la durée d’indemnisation des élus en cas de défaite électorale.

Peut-être plus grave encore, le texte prévoit d’obliger une entreprise privée à réintégrer l’élu à la fin de son mandat, y compris dans les communes de 10 000 habitants et plus. Ainsi, l’entreprise ne sera plus libre de son recrutement.

S’il est vrai que l’équivalent dans le public (l’élu réintègre son administration à la fin de son mandat) est contestable, il faut dire que nous militons depuis des années pour que les fonctionnaires élus démissionnent de la fonction publique (dont le statut fait l’objet d’une proposition de loi visant à la supprimer, que nous soutenons), comme cela se pratique en Allemagne et au Royaume-Uni. Outre-Manche, les hauts fonctionnaires doivent même démissionner de la fonction publique avant la campagne électorale !

Le pire vient des justifications données par le rapporteur du texte, le député socialiste du Val d’Oise Philippe Doucet.

Ce dernier explique qu’«[u]n maire battu aux élections n’a pas le droit à Pôle emploi. Il s’agit que les élus n’aient pas moins de moyens que le reste de la population parce que ça peut freiner les ambitions de ceux qui voudraient s’engager», alors que les privilèges des élus sont nombreux, et leurs rémunérations très avantageuses.

Doucet avance également que cette loi n’a pas pour seul objectif d’atténuer le choc des défaites électorales, mais surtout de diversifier le profil des élus, en facilitant l’engagement des salariés du secteur privé et des femmes notamment. Comme il est commode que ce souci de renouvellement du personnel politique coïncide avec le renforcement des avantages de l’actuel !

Doucet assure enfin que la date du vote de cette loi n’a rien à voir avec les élections départementales puisqu’elle ne devrait pas bénéficier aux battus de dimanche. «La loi entrera en vigueur au 1er janvier 2016. On voulait initialement qu’elle s’applique aux municipales de 2014 mais le calendrier parlementaire n’ a permis de voter le texte que maintenant».

Si Doucet et les parlementaires qui l’ont suivi à l’unanimité sont sincères sur les motivations de cette loi, c’est que ces derniers sont complètement coupés des électeurs qui, en tant que contribuables, sont leurs employeurs. Comment ne pas être frappé par la simultanéité de ce vote et le scrutin des 22 et 29 mars ?

SOURCEContribuables et Associés

 

 

Source : http://news360x.fr

 

 

                                                       ************************************

 

Correction, ajoutée le 21 03 15

 

Source : http://www.slate.fr

 

 

Non, les députés n'ont pas voté une loi doublant leur indemnité de fin de mandat (*Ils en ont doublé la durée de versement...)

 

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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 17:03

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Politique

Départementales : quand les écologistes, le Front de gauche et Nouvelle Donne s’inspirent de Podemos et Syriza

par Ivan du Roy 19 mars 2015

 

 

 

 

Une très forte abstention, un enracinement de l’extrême droite et une débâcle du PS : tels sont les principaux éléments attendus à l’issue du scrutin pour l’élection des conseillers généraux, les 22 et 29 mars. Une nouveauté ignorée des sondages pourrait cependant s’ajouter à ces prévisions : l’émergence électorale de listes de l’union des gauches alternatives, regroupant les écologistes, le Front de gauche ainsi que, dans les cantons urbains, le jeune parti Nouvelle Donne. Dans plusieurs départements, ces alliances pourraient créer la surprise, y compris face au FN. Et constituer la base d’une nouvelle dynamique politique à gauche, davantage ouverte aux citoyens.

Les sondages ne les voient pas. Le ministère de l’Intérieur fait tout pour les ignorer en les fondant dans l’étiquette politique fourre-tout « divers gauche », réservant au PS quand il est allié avec une autre force politique l’appellation « Union de la gauche ». Pourtant, une offre politique se voulant alternative est bien présente lors de ces élections départementales. Ces 400 cantons environ, où une alliance entre Europe écologie – Les verts (EELV) et le Front de gauche, ou une de ses composantes (PCF, Parti de gauche, Ensemble), s’est dessinée. Chez les écologistes comme au Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, on assure y observer « une dynamique militante », renforcée ici ou là par Nouvelle Donne, le mouvement lancé en 2013 par l’ancien socialiste Pierre Larrouturou et des personnalités issues de la société civile.

« Reste à voir ce que cela va donner électoralement », prévient David Cormand, secrétaire national adjoint d’EELV. Quelles sont les zones à suivre ? « Il y a des accords significatifs avec EELV dans une trentaine de départements », comptabilise Eric Coquerel, son homologue au Parti de gauche (PG). En Isère, la dynamique qui a permis à l’écologiste Eric Piolle et à ses alliés du Parti de gauche de ravir la mairie de Grenoble au PS, s’étend à presque tout le département. L’union des gauches « alternatives » peut potentiellement réunir 23% des voix si l’on se base sur l’addition de leurs scores aux élections européenne [1]. De quoi en théorie damer le pion au PS et à l’UMP et faire jeu égal avec le FN. Mais le Parti communiste local, favorable au projet controversé du Center Parcs de Roybon, a préféré faire alliance avec le PS.

Ne pas se contenter « d’une coalition de logos »

Dans le Limousin, l’attelage alternatif peut espérer faire aussi bien, voire mieux, que le PS, avec un potentiel électoral avoisinant les 18% en Haute-Vienne et en Corrèze – le fief de François Hollande – ainsi qu’en Indre (région Centre). Mais il faudra attirer des abstentionnistes pour espérer être présent au second tour dans plusieurs cantons face à l’UMP alliée aux centristes ou… au FN qui y a réalisé des scores supérieurs à 20%. Dans le Lot (Midi-Pyrénées), si véritable dynamique de gauche il y a, avec un cumul de 30% des voix lors du scrutin européen, EELV, Front de gauche et Nouvelle donne peuvent devancer largement le FN, l’UMP et le PS [2]. Le potentiel électoral est similaire dans les cantons toulousains, où l’alliance des « 50 nuances du vert au rouge », selon les mots de David Cormand, pourrait créer la surprise. Comme dans d’autres villes moyennes, à Poitiers, Clermont-Ferrand ou au Havre.

Et ensuite ? « Les militants décideront, mais cela donnera peut-être envie d’aller plus loin pour des élections régionales de décembre », espère David Cormand. « Mais il ne faudra pas que ces convergences soient seulement une coalition de logos, nous devrons rassembler militants et citoyens autour d’un nouveau projet. » La position est identique du côté du Parti de gauche. « Si on observe une réelle dynamique dans ces départements, tous ceux qui proposent cette ligne vont en sortir renforcés. Nous pourrons alors envisager l’étape suivante : les élections régionales », confirme Eric Coquerel. « Matérialiser des alliances entre organisations est toujours utile, mais nous devons aller plus loin. J’observe que Cécile Duflot a la même préoccupation », ajoute-t-il.

« On a raté le virage que Syriza et Podemos ont réussi »

« Après 2012, le Front de gauche a été incapable de concrétiser la dynamique des présidentielles. Cela a été une erreur. On a raté le virage que Syriza et Podemos ont réussi », regrette le responsable du PG. Dans un contexte de défiance et d’abstentions, alors que le FN se renforce, les élections départementales puis régionales permettront-elles aux partis de gauche alternatifs de se rattraper ? Des « chantiers de l’espoir » rassemblant ces composantes ont été lancés en janvier. Le Mouvement pour la 6ème République (M6R) fédère des militants autour d’une réforme constitutionnelle. Mais ces initiatives peinent encore à sortir de la confidentialité et à s’étendre plus largement « aux citoyens ».

Il reste encore des obstacles. Les écologistes demeurent divisés sur la stratégie à suivre. L’alliance avec une ou plusieurs composantes du Front de gauche a été largement choisie, localement, par les écologistes. Dans 400 autres cantons, ils battent la campagne électorale en « autonomie », sans partenaires. Ils ne font cause commune avec le PS que dans 160 cantons environ. Et en privilégiant, si possible, des candidats socialistes plutôt critiques de la politique gouvernementale actuelle. En Essonne (Île-de-France), ils se sont alliés avec les candidats proches de Jérôme Guedj, l’un des leaders des frondeurs socialistes. Et en Seine-Saint-Denis, avec la fédération tenue par Claude Bartolone, qui « ne figure pas parmi les pro Manuel Valls », estime le secrétaire national adjoint d’EELV. Dans le Nord-Pas-de-Calais, plutôt que les candidats de Martine Aubry, les écologistes ont cependant choisi le Front de gauche. Reste que plusieurs parlementaires écologistes seraient toujours prêts à figurer au gouvernement en cas de remaniement.

Des alliances effacées de la photographie électorale

Pour le Parti de gauche, des alliances même locales et ponctuelles avec le PS demeurent la ligne jaune à ne pas franchir. « Nous sommes disponibles pour envisager des accords avec des socialistes dissidents, clairement en rupture avec les politiques du gouvernement, mais nous n’en avons pas encore trouvé », ironise Eric Coquerel. Le congrès du PS en juin éclaircira peut-être ce complexe panorama. En attendant, le gouvernement est accusé de vouloir « disperser façon puzzle le décompte des voix qui se porteront sur les candidatures PC, PG, FDG, Nouvelle Donne et EELV ou des alliances regroupant tout ou partie de ces différents partis », déplore David Cormand.

Au soir des résultats, le ministre de l’Intérieur leur attribuera une variété d’étiquettes. Un moyen de faire disparaître de la photographie électorale et médiatique ces alliances naissantes gênantes. Et de livrer un angle d’attaque à l’aile droite du PS pour faire peser sur la division de la gauche la responsabilité de la probable débâcle. « Il y a une tentation autodestructrice au sein de la gauche », dénonce déjà le député de Paris Christophe Caresche pour expliquer la défaite. C’est sûr que la politique menée par le gouvernement n’y sera absolument pour rien.

Ivan du Roy (@IvanduRoy sur Twitter)

Photo : Préparation du premier meeting de François Hollande au Bourget lors de la campagne présidentielle de 2012 / CC Benjamin Géminel

Notes

[1] EELV 12,26%, Front de gauche 6,43%, Nouvelle donne 4,29%.

[2] EELV 13,65%, Front de gauche 10%, Nouvelle donne 3,57%.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 16:19

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

100 000 euros pour rénover le bureau du PDG de Radio France

18 mars 2015 | Par La rédaction de Mediapart

 

 

Le Canard enchaîné révèle que Mathieu Gallet s'est fait refaire son bureau, pourtant déjà refait à neuf un an auparavant.

 

Cela rappelle fâcheusement une des révélations qui avaient poussé le patron de la CGT Thierry Lepaon à démissionner. Le Canard enchaîné révèle ce mercredi que Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, a ordonné de lourds travaux pour rénover son bureau, alors même que le groupe est dans une situation financière difficile. En moins de deux mois, Gallet a tout fait changer, assure l’hebdomadaire satirique : moquette, peintures, stores électriques, mobilier... Ces travaux ont coûté 35 000 euros.

Le reste de la facture vient de la rénovation des murs, habillés « de boiseries précieuses en palissandre ». Ces travaux supplémentaires, payés plus de 72 000 euros, ont fait grimper l'addition à 105 000 euros. Une dépense fort peu compréhensible puisque le bureau avait déjà été rénové en novembre 2013.

Ces dépenses n'ont « rien d'excessif », a réagi la directrice générale de Radio France, Catherine Sueur, interrogée par France Info, en comparant ce chantier à la réhabilitation totale de la Maison de la radio, qui a coûté 430 millions d'euros. La direction du groupe de radio publique précise aussi, dans un communiqué, que « la restauration des boiseries et meubles de ce bureau et de ses annexes était prévue dans le budget 2014 adopté en décembre 2013 », c’est-à-dire avant la nomination de Mathieu Gallet.

Pas de quoi rasséréner les syndicats, qui rappellent que la radio publique doit faire face à un déficit colossal, qui pourrait grimper jusqu'à 50 millions d'euros en 2019 si rien n'est fait d'ici là. Mathieu Gallet s'est donc lancé dans un plan d'économies sévère. Craignant un plan social, les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée, à partir de jeudi.

« Alors qu'un plan social menace, et que l'entreprise doit se battre pour faire entendre sa voix auprès de la tutelle, son PDG Mathieu Gallet devient totalement inaudible pour n’avoir pas réfléchi, une minute, au prix de travaux, absolument non essentiels, qu’il a jugé bon de faire exécuter dans son bureau », a jugé le SNJ dans un communiqué. Le syndicat se dit « abasourdi, choqué et consterné », « mais aussi très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ».

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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