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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 17:02

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Pôle emploi face au chômage de masse

|  Par Mathilde Goanec

 

 

 

Selon le ministère du travail, le nombre de chômeurs s'établit toujours autour de 5,4 millions pour le mois de juin. Début juillet, la Cour des comptes a rendu un rapport assassin sur Pôle emploi. L'organisme est-il taillé pour affronter un tel nombre de demandeurs d'emploi ?  Mediapart ouvre le débat en vidéo avec Carole Tuchszirer, socio-économiste, et Jacqueline Balsan, du mouvement national des chômeurs et précaires.

 

Un petit millier de chômeurs en plus pour le mois de juin, selon le ministère du travail. Par le jeu des transferts d'une catégorie à l'autre, le gouvernement peut se targuer d'une quasi-stabilité depuis le mois de mai. Maigre consolation car au final, il reste 3,553 millions demandeurs d'emploi de catégorie A en France et 5,397 millions d'inscrits au chômage, toutes situations confondues. 

Face à une telle masse, de quelle marge de manœuvre Pôle emploi dispose-t-il ? L'organisme, né de la fusion de l'ANPE et de l'Unedic en 2008, compte un millier d’agences sur tout le territoire, embauche 53 000 agents et fonctionne avec un budget annuel de 5 milliards d’euros. Une somme conséquente, qui fait de Pôle emploi l'un des organismes les mieux dotés de la fonction publique, ce que n'a pas manqué de soulever la Cour des comptes. L'institution de contrôle vient de rendre un rapport au vitriol sur Pôle emploi, l'accusant notamment de n'être responsable du retour vers l'emploi que de 12 % des chômeurs. La réaction du directeur, Jean Bassères, ne s'est pas fait attendre. Il a immédiatement dénoncé un rapport « à charge », estimant que la Cour des comptes méconnaissait profondement le travail des ses agents et la réalité de la conjoncture.

 

Pour rebondir sur ce débat, Mediapart a convié deux acteurs qui, chacun dans leur rôle, gravitent autour de l'institution. Jacqueline Balsan, vice-présidente du mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), est coordinatrice du Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus, qui gère une maison des chômeurs et des citoyens solidaires à Montpellier. Carole Tuchszirer, socio-économiste au Centre d’étude pour l’emploi, suit depuis plus de vingt ans le service public de l’emploi.

Cet énième dénonciation de l'incurie de Pôle emploi ne les surprend guère : « La montée spectaculaire du chômage est arrivée en même temps que la fusion, rappelle Jacqueline Balsan. Je ne crois pas que remettre en question Pôle emploi soit la meilleure des réponses face au chômage. Des dysfonctionnements, il y en a. Mais ce rapport est calculé : quand on veut supprimer un service public, on dit qu'il fonctionne très mal. Et ça, c'est inacceptable. » Carole Tuchszirer, de son côté, n'est qu'à « moitié étonnée ». Et de citer les nombreux rapports à charge sur le service public de l'emploi, tels que celui de l'IGAS et de l'IGF. 

Pour autant, les points qui fâchent sont nombreux : la question du placement, la dématérialisation des procédures ou encore l'accès numérique aux offres d'emploi. Le gouvernement a d'ailleurs répondu en partie à ces critiques en dévoilant opportunément l'Emploi store, qui regroupe sur un nouveau site ses offres et celles collectées sur le web. Un « agrégateur » utile selon Carole Tuchszirer, qui voit d'un bon œil « le virage numérique » opéré ces dernières années par Pôle emploi. Jacqueline Balsan rappelle cependant les difficultés auxquelles se confrontent les plus précaires quant à l'outil numérique, tant sur le plan de la recherche d'emploi que de l'indemnisation. « Et on retrouve souvent dans cette catégorie les chômeurs de longue durée…»,poursuit la représentante du CNCP, qui pointe le risque d'un service de l'emploi à deux vitesses.

L'accès à l'indemnisation est relativement épargnée par la Cour des comptes. Pourtant, les crises récentes, et celle des droits rechargeables en particulier, ont considérablement terni l'image de Pôle emploi auprès des usagers. L'assurance chômage est « tout sauf un droit portable », confirme Carole Tuchszirer. La raréfaction du contact individuel et la rationalisation de processus sont également décriés tant par la militante que la chercheuse, qui en détaillent les conséquences pour les usagers comme pour les agents. Elles se rejoignent également sur le fond du problème. « Ce qui détermine le taux de chômage, c'est le niveau de croissance et pas Pôle emploi, qui ne crée ni ne détruit des postes. L'enjeu est d'abord économique. »

Le salut viendra-t-il du contrôle ? C'est en tout cas l'avis de l'OCDE, qui estime, comme la Cour des comptes, que Pôle emploi n'est pas assez sévère sur le contrôle de la recherche effective d'emploi. L'organisation économique va dans le même sens que le gouvernement, qui a décidé de consacrer plus de moyens à cette question, en créant des équipes dédiées dans chaque région (le système a déjà été expérimenté dans quatre régions pilotes, PACA, Poitou-Charentes, Haute-Normandie et Franche-Comté, avec un taux de radiation qui varie de 8 à 35 %). « Soyons clair, le contrôle sur des faits réels, sur des fausses déclarations, ou détournement d'indemnisation, je suis absolument d'accord, rappelle Jacqueline Balsan. Mais les contrôles seront faits comment, de manière aléatoire, sur dénonciation ? Aujourd'hui, les chômeurs nous disent quoi ? “On envoie des lettres de candidature, les employeurs ne répondent pas”, “Faut-il imprimer à chaque fois que je fais un mail pour justifier de ma recherche ?”... Je pense que ce dispositif, comme l'offre raisonnable d'emploi, ne peut pas être pérenne. » Vieille lune, le contrôle des chômeurs « revient systématiquement en période de chômage de masse », rappelle Carole Tuchszirer. « La crispation est permanente autour des 370 000 offres d'emploi non pourvues. Mais c'est une catégorie fourre-tout, car ce chiffre comprend aussi des entreprises qui avaient prévu de recruter et qui retirent leur offre ! Donc ce débat m'agace, personne n'est d'accord sur le chiffre car le sujet est éminemment politique. »

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 21:26

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Le grand bétonnage, une bombe climatique

|  Par Jade Lindgaard

 

 

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Center Parcs, autoroutes, zones d’activités commerciales : au nom du développement de l’activité économique, l’État mène une politique de destruction du territoire aux conséquences irréversibles. L’effet sur le climat est catastrophique : selon un calcul inédit de Mediapart, 100 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année, soit près de 20 % de toutes les émissions nationales, par ce bétonnage endémique. 

 

Depuis la création de Mediapart, je reçois chaque mois des lettres d’opposants à des constructions de lotissements, de supermarchés, de parkings, de routes. La plupart sont de petits projets qui passent inaperçus au niveau national. Quelques hectares, quelques tonnes de ciment. Incapable de tout traiter, je les conserve dans un dossier dédié à côté de mon bureau, et dans les archives de mon ordinateur. Ce sont les témoignages d’une inquiétude diffuse, souvent sans grand moyen d’action, face au bétonnage continu et croissant du territoire national depuis 40 ans.

 

Action sur le site du projet de barrage de Sivens (Tarn) en septembre 2014 (©Collectif pour la zone humide du Testet).Action sur le site du projet de barrage de Sivens (Tarn) en septembre 2014 (©Collectif pour la zone humide du Testet).


Chaque année, le développement de projets d’activité commerciale (centres commerciaux, centres de loisir,  zones logistiques, entrepôts de stockage de la grande distribution…), d’infrastructures de transport (routes, lignes ferroviaires à grande vitesse…) et surtout de logements, détruit entre 50 000 et 100 000 hectares de terres et d’espaces agricoles en France. Les sols artificialisés, c’est-à-dire qui ont perdu leur état naturel, recouvrent 9,3 % du territoire (en métropole). Ils ont augmenté de près de 70 % en 30 ans – moins depuis la crise de 2008 –, soit beaucoup plus vite que la population. L’équivalent d’un département disparaît tous les dix ans sous le béton. Plus d’un hectare sur deux est consommé par l’habitat individuel.

Ce grand bétonnage cause des dommages irréversibles aux terres agricoles. Entre 2006 et 2014, l’artificialisation s’est faite pour deux tiers à leurs dépens. Chantier après chantier, disparaissent les plaines, la beauté paysagère. Les oiseaux migrateurs perdent les mares où ils avaient l’habitude de se désaltérer. Des grenouilles, des campagnols, des tritons, des moineaux voient leur habitat rogné par les aires de parking. Le territoire se fragmente, s’imperméabilise et empêche les sols de résister aux inondations. Le cycle de l’eau se perturbe, créant un risque de pénurie, alors que la température se réchauffe, inexorablement.

 

Schéma de l'artificialisation (SSP-Agreste-Enquêtes Teruti-Lucas)
Schéma de l'artificialisation (SSP-Agreste-Enquêtes Teruti-Lucas)



Cette destruction du territoire est aussi une bombe climatique. Selon un calcul inédit réalisé pour Mediapart, le bétonnage du territoire français émet 100 millions de tonnes de CO2 chaque année. Cela représente 20 % de toutes les émissions de gaz carbonique du pays. C’est gigantesque. C’est presque autant que tous les rejets annuels des transports en France.

Et pourtant c’est un chiffre tabou. Les émissions de CO2 du bétonnage en France sont invisibles. Elles ne sont pas mesurées. Elles ne sont pas suivies et ne font l’objet d’aucune politique de réduction. Les données de base sont éparpillées dans les tableaux de l’inventaire national des gaz à effet de serre. Chaque année, le Centre d’études sur la pollution atmosphérique, le Citepa, recense toutes les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national. Il les classe par secteur d’activité (énergie, agriculture, déchets…), selon la présentation habituelle des États. Dans son état « naturel », le sol est un capteur de CO2, alors que recouvert de béton ou de ciment, il perd sa capacité de stockage. Les experts du Citepa prennent donc en compte le changement d’usage des sols comme source de CO2 : 12,6 millions de tonnes pour la France entière en 2013 (voir le détail en Prolonger). Mais ils ne calculent pas les émissions dues aux chantiers, à la voirie induite, aux caractéristiques du bâti sur ces terrains artificialisés. Bref, à toutes les activités qui se produisent sur les hectares en voie de dénaturalisation.

Myriade de petits projets

Pour obtenir le vrai bilan climatique du grand bétonnage, Mediapart a fait appel à une spécialiste des bilans carbone en France, Hélène Le Teno, ingénieure et directrice entreprise du cabinet de conseil Auxilia. Elle a patiemment agrégé les rejets de dioxyde de carbone nécessaires à la fabrication du béton et des matériaux de chantier, ceux des travaux, et enfin ceux des voiries (tunnels, métros, routes…) pour s’y rendre, une fois les constructions achevées. « Je ne prends pas seulement en compte la destruction du milieu mais aussi ce qui est construit sur le sol », explique-t-elle (voir le détail de son calcul en Prolonger). Elle obtient ainsi l’estimation d’environ 100 millions de tonnes de CO2 annuels pour le bétonnage en France. C’est une évaluation prudente, qui ne tient pas compte des émissions de gaz à effet de serre produites par l’usage de ces sites, par exemple de toutes les voitures et de tous les camions qui vont rouler sur les nouveaux tronçons routiers et polluer l’atmosphère d’autres substances dangereuses (particules fines, dioxyde d’azote…).

 

Centre commercial d'Aéroville, tout près de l'aéroport de Roissy (DR). Centre commercial d'Aéroville, tout près de l'aéroport de Roissy (DR).



Il ne serait pourtant pas difficile à l’État de surveiller les gaz à effet de serre du bétonnage : les projets d’activité commerciale font l’objet d’autorisation des préfets de région et de départements. Ils pourraient remonter chaque année le nombre d’hectares autorisés à la destruction. Ce suivi n’existe pas. Quant aux nouveaux logements, ils disposent de permis de construire délivrés par les mairies, et recensés dans la base de données Sitadel. Cette absence de coordination statistique fabrique l’invisibilité des effets climatiques de la destruction du territoire. Aucun outil n’est mis en place pour contrôler la consommation des espaces, alors qu’une multitude d’indicateurs sont utilisés chaque jour pour administrer la France. C’est plus que le signe d’une indifférence à ce saccage environnemental : le reflet d’une vision de l’aménagement du territoire inchangée depuis les Trente Glorieuses, et selon laquelle il est toujours bon d’ériger des bâtiments. Sans conscience que ces constructions diverses sont aussi des destructions du patrimoine et des richesses nationales.

Les grands projets d’aménagement, dits « grands projets inutiles et imposés » par leurs opposants, comme le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le tunnel ferroviaire du Lyon-Turin, le grand stade de Lyon, le centre commercial Europa City… ne sont pas les seuls en cause. Il y a toute la myriade de petits projets autorisés chaque jour : un nouveau centre de logistique, l’agrandissement d’un centre commercial, l’extension d’un parking. C’est la nappe diffuse, quotidienne, du bétonnage qui mite le territoire dans l’indifférence généralisée.

Depuis l’élection de François Hollande, comme sous le mandat de Nicolas Sarkozy – malgré les promesses du Grenelle de l’environnement – les projets d’aménagement pullulent. Près d’Agen, une « technopole » géante de 600 hectares (300 pour la zone d’activité, 300 pour les rocades et barreaux routiers) doit voir le jour à Sainte-Colombe-en Brulhois, sur des terres alluviales, très fertiles. Dans l’Allier, un projet de golf et de villas à Montcombroux-les-Mines doit dévorer 300 hectares. Dans la plaine de Gonesse, en région parisienne, le groupe Immochan veut développer un projet de centre commercial et de divertissement (dont une piste de ski), Europa City, sur 300 hectares. Non loin de là, en Seine-et-Marne, Pierre et Vacances s’associe à Disney pour créer un village nature sur 260 hectares. À Roybon dans l’Isère, un Center Parcs doit s’implanter sur 60 hectares. Et à Notre-Dame-des-Landes, la zone réservée pour le projet d’aéroport il y a 40 ans couvre 1 700 hectares (mais l’aérogare sera plus petite).

 

Projet de nouvelle gare à Créteil, dans le cadre du Grand Paris (DR).Projet de nouvelle gare à Créteil, dans le cadre du Grand Paris (DR).



L’énorme chantier du Grand Paris, avec les 68 nouvelles gares du Grand Paris Express, va lui aussi artificialiser des pans entiers du territoire francilien. A priori, l’augmentation de l’offre de services de transports collectifs permet de réduire l’usage de la voiture individuelle et donc de réduire le CO2 des routes. Sauf qu’en réalité, tout dépend du calibrage des sites, de l’importance des travaux et des conditions d’accès à ces nouvelles rames. Au vu de l’immensité du chantier à venir, 40 années d’utilisation des nouvelles installations pourraient être nécessaires pour compenser tout le CO2 qui aura été émis pour la construction des sites (c’est ce qu’on appelle le « temps retour sur carbone »), selon une estimation du cabinet Carbone 4. Il faudrait attendre presque un demi-siècle pour que leur effet soit bénéfique pour le climat. Ils pointent en particulier le problème du creusement des tunnels, très émetteurs (environ 40 000 tonnes de CO2 par km souterrain). « Le projet de transport et l’urbanisation collatérale sont par eux-mêmes source d’émissions. Les émissions absolues de la région Ile-de-France sont susceptibles d’augmenter par apport de la population et développement d’activité économique », préviennent-ils. Selon eux, du point de vue climatique, il faut choisir des infrastructures légères, des raccordements tram/train et la rénovation des lignes existantes, plutôt que la multiplication de gares somptueuses et d’un maillage excessif sous nos pieds.

"Pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports"

Le drame, c’est que les critères d’émission de CO2 ne contraignent pas les décisions d’aménagement du territoire. D’ailleurs, quel argument les contraint vraiment ? Les préfets sont les autorités décisionnaires et le relais du soutien politique à ces projets. Ils signent les avis des autorités environnementales et délivrent les autorisations de travaux. L’État est juge et partie. Pour le barrage de Sivens, « la procédure a bien été légale, mais elle est loin d’avoir été démocratique », résume Ben Lefetey, porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, dans son livre Sivens, un barrage pour la démocratie.

La tenue de la COP 21, le sommet sur le climat, au Bourget en décembre a inscrit la question climatique dans l’agenda politique national. Les déclarations d’intention fusent sur le climat et se radicalisent à l’approche de la conférence. François Hollande a récemment déclaré qu’un accord permettant de contenir le réchauffement planétaire à 2 °C « signifierait refuser d’accéder à 80 % des ressources fossiles encore disponibles » et qu’il faut préserver les terres agricoles car elles « pourraient stocker 7 à 8 gigatonnes de CO2, tout en stimulant la fertilité des sols : cela nous permettrait de nourrir l’humanité ». Et en même temps, son gouvernement relance le plan autoroutier (3,2 milliards d’euros de travaux). Tandis que son secrétaire d’État à la réforme territoriale, André Vallini, déclare que « pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme »

 

Laurent Fabius en couverture du magazine Décisions Durables (juin 2015).
Laurent Fabius en couverture du magazine Décisions Durables (juin 2015).
 

Manuel Valls appelle « tous les pays à se fédérer contre le réchauffement » et accorde le label grande cause nationale à la coalition climat 21, qui regroupe des dizaines de mouvements, associations et syndicats. Et, en même temps, veut lancer les travaux à Notre-Dame-des-Landes, pose la première pierre du village nature de Pierre et Vacances et Euro Disney en Ile-de-France, et signe un accord avec le premier ministre chinois Li Keqiang pour développer les Center Parcs en Chine. Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, annonce un programme de recherche pour améliorer les stocks de matière organique des sols (« 4 pour 1 000 »). Et en même temps, signe le prolongement de l’autorisation de défrichement de la zone où veut se construire le Center Parcs de Roybon. Laurent Fabius, aux affaires étrangères, est le ministre de la COP 21. Et en même temps, il promeut EuropaCity, le giga-centre commercial d’Immochan dans le Val-d’Oise (300 hectares d’artificialisation).

C’est le festival de la dissonance cognitive. Elle crée de la confusion là où l'on aurait besoin de clarté sur les arbitrages économiques et d’une vision cohérente. Le sujet du climat semble servir de rideau de fumée pour que se poursuive une politique de développement de courte vue et bloquée au XXe siècle.

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 21:10

 

Source : http://www.journaldemontreal.com

 

 

 

Les goinfres insatiables

 

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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 18:32

 

Source : http://www.acatfrance.fr

 

Verdict de l'ONU : La France n’est pas le pays des droits l’homme

 

 

Le 23 juillet 2015 dans l’après-midi, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a rendu ses recommandations concernant la France, faisant suite à l’examen périodique qui s’est déroulé au début du mois de juillet à Genève.
 
 
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Le 24 / 07 / 2015

Le comité des droits de l’homme rend son verdict : La France n’est pas le pays des droits l’homme 

Le 23 juillet 2015 dans l’après-midi, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a rendu ses recommandations concernant la France, faisant suite à l’examen périodique qui s’est déroulé au début du mois de juillet à Genève. Lois antiterroristes, surveillance, respect des minorités, milieux carcéral et violences policières, droit d’asile et le sort des migrants, des Roms, Outre-Mer : la France est loin d’être le pays des droits de l’homme. 

« Doit-on se réjouir ou s’inquiéter ? La quasi-totalité des violations des droits de l’homme dénoncées par lACAT a fait l’objet de recommandations du comité au gouvernement français, sur les questions de rétention de sureté, sur les violences policières,  de surpopulation carcérale, sur les procédures prioritaires et l’absence de recours effectif et égal pour tous les demandeurs d’asile, et sur le sort des migrants, notamment en outre-mer » commente  Eve Shahshahani, responsable asile à l’ACAT.

 

  • VIOLENCES POLICIERES ET SURPOPULATION CARCERALE

Le comité a notamment estimé qu’il  n’y a actuellement en France pas assez de contrôle sur la manière dont les forces de l’ordre font usage de la force, ce qui accroit les risques de violences policières et alimente un climat d’impunité. La dignité des personnes détenues, qu’il s’agisse de nationaux ou de migrants, en métropole et plus gravement encore en Outre-Mer, fait l’objet d’une vigilance particulière du  Comité.

  • ASILE

En matière de droit d’asile, les experts considèrent que la France ne respecte toujours pas le droit à un traitement égal et à un accès effectif au recours et au juge pour tous les demandeurs d’asile. Ils insistent sur la nécessité d’examiner au fond chaque demande d’asile et mettent en garde contre les présomptions légales et les risques de refoulement[6].

D’une manière générale, le Comité souligne que c’est la logique administrative et répressive qui règne en France, sans garanties légales et transparentes suffisantes, qui met la France en faute.

« Le gouvernement, dont on attend des mesures concrètes pour obéir aux recommandations des experts de l’ONU, semble bien peu disposé aux compromis.  La France a au contraire passé en force de nombreuses réformes contraires à l’esprit des recommandations du Comité, notamment en ce qui concerne l’asile et l’immigration, et persiste dans sa surdité, sans dialogue, comme le démontre l’actualité récente sur le Flashball »  déclare Salomé Linglet responsable prisons, police et justice à l’ACAT.

 

Contacts :

Salomé Linglet, responsable prisons, police et justice à l’ACAT : 06 69 94 89 64

Eve Shahshahani, responsable asile à l’ACAT : 07 82 06 92 14

 

 

Source : http://www.acatfrance.fr

 

 

 

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 20:45

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

ENQUÊTE - 5 - Xavier Beulin, l’homme aux mille bras

2 mars 2015 / Barnabé Binctin et Laure Chanon (Reporterre)
 

 

 


 

 

Au cœur d’Avril-Sofiproteol et de la FNSEA, un homme, Xavier Beulin. Indestructible, faiseur de ministres, lié au grand patronat, il applique la politique de l’industrialisation de l’agriculture française. Au prix de la disparition de dizaines de milliers d’exploitations agricoles et de la destruction de l’environnement.

C’est le symptôme le plus évident de sa puissance : d’« Agricultor » pour Libération à « Agrobusiness man » pour Le Monde, toute la presse nationale a tiré la caricature de cet « homme d’affaires [qui] détonne dans le milieu agricole » selon Le Point. Mais rien n’y fait. Xavier Beulin semble indestructible.

Cheveux gominés, chaîne en or, montre Breitling et villa en Tunisie, son train de vie n’est pas un mystère. M. Beulin n’est plus guère paysan, et il s’en fiche. Difficile de trouver un cliché de lui sur son tracteur ; et quand Reporterre lui propose en juillet dernier une rencontre sur son exploitation de 500 hectares dans le Loiret, il refuse. Son véritable lieu de travail est son bureau installé dans les beaux quartiers du 8e arrondissement de Paris, dans lequel il a de nouveau reçu le quotidien de l’écologie.

« Fossoyeur de l’agriculture », selon Marianne, il ne cache pas sa vision des choses : il n’y a d’autre choix possible que l’industrialisation de l’agriculture :

- Ecouter Xavier Beulin :

 
 
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Et pourtant. « Beaucoup d’agriculteurs ne se rendent toujours pas compte qu’ils sont en train d’être vendus à un industriel », dit Grégoire Frison, avocat de Novissen, l’association en pointe dans le combat contre la ferme-usine des Mille vaches. Lors d’une plaidoirie, il avait tenté de stigmatiser ces petits réseaux qui contrôlent l’agriculture moderne. « Mais les juges ont fermé yeux et oreilles ».

En revanche, M. Beulin peut injurier les opposants au barrage de Sivens, les taxant de « djihadistes verts » sans que personne s’en émeuve, hormis les écologistes.

Rien n’ébranle l’autorité de Xavier Beulin. Et pour cause, l’homme est puissant. Celui qu’on présente parfois comme le « ministre occulte de l’agriculture » fait plus que murmurer à l’oreille des ministres. Il est l’homme providentiel, une sorte de super-ministre tapi dans l’ombre des ministres officiels, le sauveur masqué des soirs de réveillon :

- Ecouter :

 
 
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En décembre 2013, François Hollande avait fait spécialement le déplacement pour les trente ans de Sofiprotéol, y prononçant un discours flatteur.

 


- François Hollande aux trente ans de Sofiproteol en décembre 2013 -

 

Cumul des mandats et conflit d’intérêt

Le pouvoir de M. Beulin tient à sa position centrale dans les multiples réseaux qui irriguent le monde agricole. Président du premier syndicat agricole français, la FNSEA, vice-président du syndicat agricole majoritaire représenté à Bruxelles, le Copa-Cogeca, il est aussi président de l’EOA, l’alliance européenne des oléo-protéagineux, vice-président du CETIOM (un institut de recherche spécialisé dans les filières oléagineuses), vice-président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Loiret, département dont il est issu. Egalement secrétaire-adjoint de la Chambre régionale d’agriculture du Centre, il avait été president du Haut conseil à la cooperation agricole et du conseil d’administration de FranceAgriMer, l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer.

L’association nationale des producteurs de lait s’est amusée, en 2012, à schématiser les différentes structures tombées sous la casquette de Xavier Beulin. Le tableau n’est pas exhaustif :

Les responsabilités de l’homme aux mille bras, d’ailleurs, ne se cantonnent pas au milieu de l’agriculture : il préside aussi l’IPEMED, un institut de coopération avec les pays du bassin méditerranéen, le CESER (Conseil économique social et environnemental régional) du Centre et et le conseil de Surveillance du Port autonome de La Rochelle, premier port français d’importation des produits forestiers et deuxième exportateur des céréales.

Toutes ces responsabilités cumulées induisent des conflits d’intérêt, au sens de « situation de fait dans laquelle se trouve placée une personne face à deux intérêts divergents ». Interrogée par Reporterre sur le combat qu’elle avait eu à mener contre la Copa-cogeca au sujet des agrocarburants – pierre angulaire du développement de Sofiprotéol – Corinne Lepage raconte : « Sous couvert du discours de l’intérêt général qu’on peut porter comme syndicaliste, ces revendications lui permettaient de défendre au plus haut ses propres intérêts ». De son coté, Michelle Rivet, vice-présidente du conseil régional du Centre, témoigne : « A l’échelle de notre territoire, il est à la fois juge et partie. Avec le CESER, il est censé faire du conseil à la collectivité en toute impartialité, mais il est dans le même temps responsable syndical, sans compter ses intérêts industriels ».

La FNSEA, la machine de guerre de l’homme d’affaires

Le cœur de ce mélange des genres – homme d’affaires, syndicaliste, représentant de collectivités publiques – est la machine de la FNSEA, qu’il préside. Pourquoi Xavier Beulin, patron d’industrie fort occupé, déjà pourvu de multiples casquettes, a t-il pris la tête de la FNSEA en 2010 ? Parce que la FNSEA est une machine de guerre. Dès sa naissance en 1946, elle a cogéré l’agriculture et les budgets agricoles avec les gouvernements. La gauche de 1981 a tenté de changer les habitudes mais le naturel est vite revenu. Le syndicat pousse les portes et les ministères accèdent à ses demandes.

La puissance de la FNSEA repose sur une main-mise historique sur les chambres d’agriculture, leur budget et leurs services, dont le plus important concerne l’accès aux aides publiques, fondamentales en agriculture. L’argent des « chambres » sert à une politique agricole qui converge avec celle dessinée par Sofiprotéol.

S’appuyant sur sa représentativité et ses quelques 300 000 adhérents, elle entend être l’interlocuteur unique des pouvoirs publics. Elle est souvent seule à négocier, ne tolérant pas la présence de la Confédération paysanne, de la Coordination rurale ou du Modef, trois syndicats minoritaires, souvent en désaccord avec elle.

Certes, les agriculteurs ne représentent guère que 1 % de la population française, mais leurs manifestations musclées et le poids des votes dans les campagnes, font peur aux hommes politiques. Les gouvernements, UMP ou PS, composent avec leur représentant officiel, la FNSEA.

Ainsi, en décembre 2011, alors candidat à l’élection présidentielle, François Hollande répond à une lettre que lui avait envoyée Xavier Beulin : celui-ci s’inquiétait de l’alliance entre les socialistes et le parti écologiste EELV. Hollande le rassure, promettant que « rien ne se fera sans les organisations agricoles » s’il était élu président.

Reporterre dévoile cette lettre en exclusivité :

- Télécharger :

PDF - 206 ko


- François Hollande et Xavier Beulin -

M. Hollande a tenu parole. Quand Xavier Beulin, coiffé de son chapeau de la FNSEA, monte au créneau, il obtient gain de cause. Avant les élections de 2012, il s’était prononcé pour un ministère de l’Agriculture et de l’agroalimentaire, il l’a obtenu. Il souhaitait voir Stéphane Le Foll plutôt qu’un autre au ministère de l’agriculture en cas de victoire du PS ; son vœu a été exaucé. Le rejet de l’ecotaxe ? Après des manifestations plus que musclées, il a été accepté. Agrandissement des élévages ? C’est fait pour les porcs et les volailles. « Directive nitrate »  ? La FNSEA en fait une grosse colère, Manuels Valls l’a remise en cause. Aides aux retenues d’eau pour l’irrigation ? Le ministre Le Foll obtempère.

C’est simple : sous Hollande, on ne dit pas non à Xavier Beulin.

« Une confusion des genres assez troublante »

La source essentielle de la puissance de la FNSEA est qu’elle tient les chambres d’agriculture : un outil impressionnant, que le rapport du député Nicolas Perruchot, portant sur le financement des syndicats, publié non sans difficulté en 2012, a permis d’évaluer précisément.

- Télécharger le rapport Perruchot (lire notamment à partir de la page 94 :

PDF - 2.1 Mo

Car le syndicat agricole gère en quasi-totalité les chambres d’agriculture, que gère en quasi totalité la FNSEA, soit un budget atteignant 700 millions d’euros en 2014.

Les chambres apportent à la fois des fonds et des hommes aux ordres sur le terrain. « Présentes dans chaque département et chaque région, les chambres d’agriculture sont des établissements publics dirigés par 4 200 élus professionnels, tous représentants des diverses activités du secteur agricole et forestier. Ces élus sont assistés par 7 800 collaborateurs, afin de coopérer à la réalisation de projets territoriaux en matière agricole et d’accompagner les agriculteurs dans leur installation ou leur développement.”

Le député poursuivait : “ Le contrôle de ces instances confère aux organisations d’exploitants majoritaires une position stratégique, sur le plan de la représentativité bien sûr, mais aussi pour l’accès aux moyens du réseau, qui s’élèvent à quelques 500 millions d’euros.”

Et M. Peruchot d’enfoncer le clou : “Une part importante des moyens financiers est fréquemment détournée dans l’intérêt des représentants du syndicalisme majoritaire”.

A tel point qu’il assimile ces moyens à « des subventions déguisées” au profit du syndicat majoritaire qui “ne se trouvent (pas) valorisées dans les comptes”.

Pour lui, il y a bel et bien « confusion des genres » : “De fait, la FNSEA et le Centre national des jeunes agriculteurs [syndicat majoritaire des agriculteurs de moins de 40 ans] exercent une influence sans partage sur le réseau. Dans certaines situations, il en résulte une certaine confusion des genres assez troublante”, précise le rapport.

Des services publics contre adhésion au syndicat

 

 

“De même, l’adhésion au syndicat majoritaire se trouve-t-elle encore favorisée par son caractère incontournable dans la gestion des différents dispositifs d’aide aux agriculteurs”, constate le rapport. Car lorsqu’un agriculteur s’adresse à sa chambre d’agriculture, passage obligé pour formuler une demande d’aides publiques, mieux vaut qu’il soit adhérent de la FNSEA s’il veut que son dossier aboutisse.
Un témoin entendu par le rapporteur explique : “Dans le syndicalisme majoritaire, l’adhésion paraît quasi obligatoire : il est de notoriété publique que, sans adhésion à la FNSEA ou aux JA, il est difficile d’obtenir des prêts – bien qu’il y ait eu une évolution en la matière depuis la fin du monopole du Crédit agricole –, d’agrandir son exploitation, voire d’obtenir des conseils juridiques : dans certaines chambres d’agriculture, le conseiller juridique suggère d’abord à l’agriculteur de prendre sa carte à la fédération départementale, la FDSEA. Bien sûr, de telles conditions ne sont jamais exposées par écrit”.

Un autre témoin raconte qu’il a été incité à adhérer au syndicat majoritaire pour obtenir un avis favorable à sa demande d’installation en tant qu’agriculteur. Cette influence de la FNSEA sur les demandes d’installation explique en partie la grande difficulté de l’agriculture biologique à se développer en France malgré la forte croissance de la demande.

Omniprésence et capacité d’action

La FNSEA est incontournable. Pas seulement au sein des chambres d’agriculture. Elle siège dans les Safer qui autorisent ou refusent les achats de terres agricoles. Elle siège dans les banques qui accordent ou non les prêts. Elle est présente au sein des assurances (Groupama), de la sécurité sociale des agriculteurs (MSA), des organismes de formation, de l’enseignement agricole, de la recherche publique, au Conseil économique et social, au Haut conseil aux biotechnologies.

Politiquement, la FNSEA a ses entrées dans toutes les structures, des mairies rurales, aux conseils généraux et régionaux dans les territoires. Il n’est pas rare que des élus soient adhérents du syndicat qui lui apporte son soutien. C’est le cas du maire de en Vendée. Elle a des relais dans les administrations et tous les ministères à Paris, à la Commission européenne à Bruxelles.

Qui tient la FNSEA tient l’agriculture en France. Les ministres, le président, se plient, en échange de la paix sociale sur le front agricole. Et quand cette puissance se cumule avec celle d’un grand groupe agro-industriel, comme Avril-Sofiproteol, on est, simplement, dans une logique oligarchique, où public et privé se combinent à l’avantage des intérêts privés.

Un homme au cœur du « Milieu » des affaires

Car en tant qu’homme d’affaires, M. Beulin déroule aussi un fort réseau d’intérêts économiques qui le place en relation avec le cœur du capitalisme français. C’est ce dont témoigne la composition du nouveau conseil d’administration d’Avril :

 

 

On y trouve Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva (dont le chiffre d’affaires ne pèse guère plus que celui d’Avril-Sofiproteol, malgré une notoriété infiniment supérieure). Une personne clé, tant par ses relations avec le pouvoir politique, que parce qu’elle préside la commission Innovation 2030, avec ses 300 millions d’euros à distribuer.

 


- Anne Lauvergeon -

 

Y siège aussi Pierre Pringuet, un « parrain du capitalisme français », selon le journal économique L’Expansion : il préside l’Association française des entreprises privées (AFEP), qui regroupe les cent plus grandes entreprises françaises. Un lobby moins visible que le Medef, mais largement aussi influent.

Les autres membres du conseil d’administration d’Avril sont des pivots de l’agriculture française : Arnaud Rousseau et Gérard Tubéry viennent représenter la FOP, la fédération française des oléagineux et protéagineux, dont M. Beulin était président jusqu’en 2011. Bernard de Verneuil préside le CETIOM dont le vice-président est M. Beulin. Patrice Gollier, lui, est l’ancien directeur général d’InVivo, la plus grande coopérative agricole de France, présente dans les semences, par le biais de RAGT Semences, au capital duquel participe Sofiprotéol. On notera enfin la présence du milieu bancaire – que Xavier Beulin connaît bien en tant quadministrateur du Crédit Agricole – avec Jean-Pierre Denis, qui représente le Crédit Mutuel. Ancien secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac, l’homme avait alors succédé à son « amie »… Anne Lauvergeon. Le monde est toujours petit, autour de Xavier Beulin.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 20:19

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

François Brottes, de l'Assemblée à EDF sans transition

|  Par Jade Lindgaard et Mathieu Magnaudeix

 

 

 

François Brottes, président de l’influente commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, devrait prendre la tête de RTE, la filiale d’EDF chargée de transporter l'électricité. Une récompense à 33 000 euros par mois, qui soulève la question du conflit d’intérêts pour ce proche de François Hollande.

 

Au lendemain du vote de la loi sur la transition énergétique dont il a présidé la rédaction à l’Assemblée, le député socialiste François Brottes (Isère) a été choisi comme président du directoire par RTE, gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, filiale d’EDF.

L’art de passer d’un mandat électif à la direction d’une grande entreprise est pratiqué de longue date par les dirigeants politiques français. Mais la reconversion professionnelle de ce proche de François Hollande, qu’il conseillait lors de la campagne présidentielle de 2012, pose la question du conflit d’intérêts : à la tête de RTE, il deviendrait l’un des principaux dirigeants au sein du groupe EDF, après avoir contribué à écrire la loi qui en régit l’activité. C’est d’autant plus problématique que plusieurs articles correspondent à ce que le géant français de l’énergie voulait y trouver. Rétrospectivement, l’action parlementaire de François Brottes, spécialiste des questions énergétiques, suscite de fortes interrogations.

« Le conseil de surveillance de RTE, réuni ce 23 juillet 2015, a proposé après accord de la ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, François Brottes au poste de président du directoire de RTE », a confirmé jeudi l’entreprise dans un communiqué. François Brottes, qui siège au Palais-Bourbon depuis dix-huit ans, devrait prendre ses fonctions le 1er septembre 2015. « Atteint par la limite d’âge fixé par les statuts de l’entreprise », son prédécesseur, Dominique Maillard, ne pouvait solliciter un nouveau mandat.

La nomination de Brottes est quasiment acquise – la Commission de régulation de l’énergie (CRE) doit encore en examiner la conformité aux critères déontologiques du code de l’énergie, mais son avis est consultatif. Et les règles sont minimales : le code de l’énergie prévoit simplement que les dirigeants ne peuvent détenir d’actions des sociétés concernées et ne doivent pas venir d’une autre filiale du groupe dans lequel ils sont nommés.

 

François Brottes et le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, le 15 juillet dernier, lors d'une audition à l'Assemblée nationale.François Brottes et le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, le 15 juillet dernier, lors d'une audition à l'Assemblée nationale. © Reuters
 

Ce transfert, préparé depuis des mois au sommet de l’État, ressemble fort à un service rendu à ce soldat loyal de François Hollande. Pour l’Élysée, la nomination de Brottes à la tête de RTE est la garantie d’y trouver un fidèle et un homme de confiance, en plein bouleversement économique et technologique sur le marché européen de l’énergie.

Il est inédit qu’un parlementaire élu au suffrage universel, qui plus est président d’une des commissions les plus prestigieuses de l’Assemblée, quitte son mandat en cours de législature pour présider une entreprise publique. Une façon d’envisager son avenir avec sérénité : tandis que ses collègues voient se profiler en 2017 une débâcle digne de la dégelée législative de 1993, Brottes, 59 ans, nommé pour cinq ans chez RTE, n’aura pas à se confronter au verdict des urnes et pourra ensuite faire valoir ses droits à la retraite. Dans l'entreprise, il retrouvera une de ses proches, Frédérique Rimbaud, ancienne responsable des relations de RTE avec les collectivités territoriales.

Dans les couloirs de l’Assemblée, la rumeur d’une nomination prochaine de Brottes courait depuis des mois. Les socialistes ne sont donc pas surpris. D’autant que des députés socialistes candidatent déjà pour succéder au « Président » (il aime qu'on le nomme ainsi), comme Frédérique Massat (Ariège) ou Yves Blein (Rhône ) – ce dernier est lié aux Mulliez, la famille des propriétaires d’Auchan, ce qui en fait un candidat controversé au sein du groupe socialiste. Le nom de Frédéric Barbier (Doubs) est également cité.

Pourtant, depuis l’annonce de la nomination de François Brottes à RTE, certains élus socialistes s’égosillent. En cause : son futur salaire. L’actuel titulaire du poste, Dominique Maillard, gagne jusqu’à 33 300 euros brut par mois, part variable comprise : c’est près de quatre fois plus que le montant de l’indemnité d’un député de base.

« C’est dégueulasse, dit un socialiste sous couvert d’anonymat. C’est plus qu’un ministre, plus que le président de la République. Il va aller tranquillement jusqu’à la retraite comme ça, avec les avantages qui vont avec. La belle vie ! » « En termes d’exemplarité, vu la période, c’est quand même hallucinant », s’inquiète un autre. Début 2015, François Brottes avait été épinglé pour avoir, comme d’autres élus, acquis sa permanence parlementaire avec son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), un pécule de 7 000 euros par mois dont l’usage n’est quasiment pas contrôlé – il n’a pas démenti.

Défense des intérêts énergétiques

Autre problème, démocratique celui-là : anticipant cette nomination, le gouvernement avait chargé en février François Brottes d’une mission « sur la sécurité d’approvisionnement en électricité, en France et en Europe ». À l’époque, personne ne s’en était rendu compte. Mais cette astuce de procédure permet en réalité d’éviter une législative partielle. Selon le code électoral, un député dont la mission est prolongée au bout de six mois transmet automatiquement son siège à son suppléant sans repasser par les urnes. Quand il démissionnera, François Brottes sera donc remplacé par Pierre Ribeaud, conseiller général PS de l’Isère. Opportun pour le PS, qui n’a plus de majorité absolue à l’Assemblée et voit sa ligne économique contestée par les frondeurs.

Mais ce qui fait le plus grincer les dents à l’Assemblée nationale est qu’un député en exercice quitte son poste pour diriger une entreprise qui faisait partie de ses interlocuteurs réguliers en tant qu’élu de la Nation, et dont la maison mère exerce une puissante influence sur les élus. Très actif à l’Assemblée sur le sujet de la production et de la tarification de l’électricité – il est l’auteur de la loi sur la tarification progressive, finalement censurée par le Conseil constitutionnel en 2013 –, François Brottes y a, à de très nombreuses reprises, défendu les intérêts du secteur énergétique.

Début juillet, c’est lui qui a repris et déposé à l’Assemblée l’amendement de Gérard Longuet au Sénat rendant possible l’enfouissement géologique profond des déchets nucléaires. Alors que le gouvernement s’était engagé à ne pas faire avancer le projet Cigéo, nom du futur site de stockage, à Bure, il s’est dédit à la dernière minute et a profité du passage en force de la loi Macron par 49.3 pour y glisser un article confirmant la voie de l’enfouissement. Pourtant, l’Autorité de sûreté du nucléaire n’a même pas encore rendu son avis définitif sur ce projet contesté et très onéreux.

La loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte tout juste votée a fait l’objet d’un lobbying intense d’EDF et d’Engie (ex-GDF Suez) pour y préserver au maximum leurs intérêts économiques. Ils y sont parvenus, sur un point extrêmement sensible, mais technique et donc passé inaperçu aux yeux du grand public : il concerne les réseaux d’électricité et le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (le Turpe), payé par tous les consommateurs sur leur facture.

En 2012, le Conseil d’État a annulé le mode de calcul du Turpe, considérant qu’il était « erroné en droit » car il ne rend pas compte des coûts réels d’usage du réseau. Les collectivités locales sont propriétaires de leurs réseaux d’électricité. L’immense majorité d’entre elles en délèguent l’exploitation à EDF, qui les valorise dans ses comptes, sans investir autant qu’elle le devrait dans leur entretien. C’est cet arrangement comptable que le Conseil d’État a sanctionné. Or la loi sur la transition énergétique prend le contre-pied de ce jugement, en établissant que l’investissement dans les réseaux est indépendant de leur régime de propriété (article 153). C’est exactement ce que souhaitait EDF, maison mère d’ERDF, filiale chargée de la distribution de l’électricité.

Le même article crée un « comité du système de distribution publique d’électricité » chargé de surveiller les investissements d’ERDF. Cette très légère concession d’EDF à un regard extérieur sur la politique de sa filiale de distribution lui permet de sauver les apparences et de maintenir son statut très particulier en Europe. Alors que le droit européen oblige à séparer les activités de production et de distribution d’électricité, en application des directives libéralisant le marché de l’énergie, EDF maintient dans son giron ERDF et RTE. Dispositif qui lui permet de faire profiter le groupe de son activité de distribution. Là encore, cet article de la loi met en œuvre ce que l’électricien souhaitait.

En tant que président de la commission spéciale chargé de l’élaboration de la loi, François Brottes a joué un rôle déterminant dans la rédaction du texte. Président de la commission du développement durable à l'Assemblée, Jean-Paul Chanteguet a dénoncé dans Le Monde une loi qui « aurait pu être écrite par EDF : ce n'est pas un texte de transition, mais d'adaptation de notre modèle énergétique, organisé essentiellement autour de l'électricité. Environ 40 % des articles sont consacrés à l'électricité, la capacité de production électronucléaire est maintenue à son niveau actuel et le développement de la voiture électrique devient une priorité ».

À d’autres occasions, le député de l’Isère est monté au créneau pour défendre les intérêts du secteur électrique. Par exemple, lorsqu’il a tenté d’introduire, fin 2014, un article favorable au chauffage électrique dans la loi de transition énergétique. L’amendement a finalement été retiré. Il risquait de remettre en cause la réglementation thermique 2012, dite RT 2012, qui limite la consommation énergétique des nouveaux logements. Cette réglementation fait l’objet depuis plusieurs années d’attaques de la part d’EDF et d’un recours devant le Conseil d’État déposé par le GIFAM, le lobby des appareils ménagers, qui la rendent responsable de la chute des parts de marché de l’électricité dans les logements neufs. D’ailleurs, en 2012, lors d’un colloque organisé par Les Échos, François Brottes avait déjà relayé leurs inquiétudes et appelé à réviser la réglementation.

Autre action notable : la création du cadre légal de l’effacement diffus, pratique qui consiste à couper temporairement la consommation d’électricité de clients volontaires. Alors qu’existent les plus grands doutes sur l’efficacité de ce dispositif pour économiser de l’énergie, François Brottes l’a défendu mordicus, au risque de créer un formidable effet d’aubaine pour la société Voltalis, spécialisée sur ce créneau. Elle est présidée par Pâris Mouratoglou, ancien dirigeant d’EDF Énergies Nouvelles, qui a fait fortune grâce à la bulle du photovoltaïque de 2009. En mars, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a porté plainte devant le Conseil d’État contre ce dispositif jugé « scandaleux ».

 

« La loi, c'est comme un chewing-gum »

En octobre 2014, en commission d’enquête sur les tarifs de l’électricité, Dominique Maillard, alors président de RTE, remercie devant tout le monde le député François Brottes, futur président de RTE, pour les services rendus à la bonne marche de la filiale d’EDF : « Je remercie la représentation parlementaire – et vous en particulier, monsieur Brottes, pour votre implication » (à lire ici). Quel est l’objet de ces félicitations ? « Avoir introduit dans la loi une simplification des procédures relatives aux enquêtes publiques. » En clair, ne plus obliger la société à supporter le rythme, jugé trop lent, des commissions particulières du débat public qui précèdent toute installation de lignes à haute tension (souvent contestées localement). Et pouvoir désormais expédier cela par le biais de débats beaucoup plus rapides. Un progrès pour la productivité du maître d’ouvrage, mais un recul pour la démocratie locale. L’autre simplification appréciée par RTE doit lui permettre de raccorder plus facilement les éoliennes offshore aux terres, en dérogation à la loi Littoral. Un député remercié pour son œuvre législative par le chef d’entreprise à qui il va succéder : la situation n’est pas banale. Sollicité deux fois par Mediapart, l'élu socialiste ne nous a pas répondu.

Élu d’une circonscription de montagne, François Brottes a aussi fait de la promotion et de la défense de la “houille blanche”, autrement dit les barrages électriques, l'un de ses chevaux de bataille. « Dans la vallée de l’Isère, là où est née la houille blanche, les acteurs du territoire savent ce qu’ils doivent à l’électricité »expliquait-il en 2010 sur le site de RTE.

Il s’oppose sur ces sujets aux écologistes – qu’il apprécie peu et tient pour des ennemis dans son département, ex-fief socialiste où ceux-ci ont emporté la mairie de Grenoble face au PS. « Il est influencé par EDF, mais il n’est pas le seul », soupire un bon connaisseur de ces sujets au Parlement. Même s’il a parfois critiqué EDF – par exemple pour les hausses des tarifs électriques –, François Brottes passe de longue date pour un grand avocat de l’opérateur public au sein de l’Assemblée nationale. « Comment ne pas relire tous ses engagements passés à la lumière de cette nomination ? » s’étrangle un responsable du groupe PS.

En 2011, François Brottes intègre le staff de campagne de François Hollande. Il y est nommé pour s’occuper, déjà, des sujets d’énergie. Avec Bernard Cazeneuve, alors député de Cherbourg (où se trouve l’usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague), il joue un rôle actif dans la réécriture de l’accord PS-écologistes, qui aboutira à biffer un paragraphe sur la reconversion de la filière MOX, un combustible nucléaire jugé ultra-dangereux par les écologistes. 

Questionné en mars dernier par des journalistes sur son rapport aux lobbies, François Brottes assumait d’« écouter tout le monde » quand il prépare une loi. « La loi, c’est comme un chewing-gum. En quinze jours, j’ai reçu 150 contributions sur la loi de transition énergétique. Heureusement qu’on a des inspirateurs ! Je refuse d’aller à des déjeuners organisés par des agences de communication, mais j’écoute tout le monde et j’ai des contacts avec les entreprises. » D’autres responsables de l’Assemblée, comme la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Lemorton, ou la rapporteure générale du budget, Valérie Rabault, sont en la matière plus regardantes.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 19:52

 

Source : http://www.alterecoplus.fr

 

 

L’Allemagne défait 70 ans de politique européenne

David Gow

24/07/2015

 

 

Quand j’étais correspondant en Allemagne, il y a une vingtaine d’années, durant la préparation de la réunification et au-delà, les interviews avec Helmut Kohl, Hans-Dietrich Genscher et autres politiciens chevronnés – comme Wolfgang Schäuble, qui négocia l’union des deux Allemagnes en une – se terminaient toujours par le mantra suivant : « Nous voulons une Allemagne européenne, et non pas une Europe allemande. » C’était vrai alors, ça ne l’est plus maintenant.

Presque 25 ans après cette nuit d’octobre 1990 où je fis la manchette du Guardian avec le gros titre « Un nouveau colosse est né en Europe », la crise grecque a exposé au grand jour la transformation de l’Allemagne, de « nain politique et géant économique » en « tyran politique et économique » qui provoque peur et exécration chez ses victimes, anxiété chez ses amis.

L’Allemagne est devenue satisfaite d’elle-même et arrogante à propos de ses prouesses économiques

Chez les germanophiles comme moi, le pays a suscité une énorme admiration pour l’honnêteté, parfois féroce, même exagérée, dont elle a fait preuve dans le traitement de son terrible passé. Il y eut des revers : les incendies meurtriers de centres d’accueil ou de maisons turques, l’usage détestable par Kohl du terme « tourisme des condoléances » pour balayer d’un revers de main son absence de ces scènes de drame, l’étrange défilé d’une bande de skinheads nazis issus du lumpenprolétariat – chacun de ces événements apparaissant grotesquement exagéré dans les médias étrangers, comme si la « vague brune » était de retour. En 2006, pendant la Coupe du Monde, nous avons observé et célébré une Nouvelle Allemagne : jeune, détendue, à l’aise avec elle-même (et son drapeau national) – et ouverte sur le monde.

Imposer son modèle

La crise de 2008 et ses suites ont mis en pièces une bonne partie de cet héritage durement acquis. L’Allemagne est devenue satisfaite d’elle-même et arrogante à propos de ses prouesses économiques, de son bilan à l’export, de son équilibre budgétaire, enfin, et là n’est pas la moindre de ses fiertés, de ses « réformes » – principalement des changements sur le marché du travail introduits par un chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, qui ont conduit à plusieurs années de dégradation des conditions de vie pour les travailleurs, de profits et salaires record pour les entreprises et les membres de leurs conseils d’administration. Elle essaye à présent d’imposer ce modèle au reste de la zone euro – « partenaires » historiques français inclus, objets de dérision de l’autre côté du Rhin pour leur étatisme irréformable. Am deutschen Wesen soll Europa genesen1 est assurément en train de faire un retour malvenu. Tout comme ce mantra très orgueilleux d’« ancre de stabilité », psalmodié par les présidents successifs de la Bundesbank, de Pöhl à Weidmann.

 

Intimider et brutaliser les Grecs pour qu’ils acceptent un train de réformes absurdes et contre-productives, c’est scandaleux

 

« Qui a demandé à l’Allemagne de juger d’autres peuples ? », écrit Heribert Prantl dans le libéral Süddeutsche Zeitung, critiquant Schäuble pour sa campagne pour le Grexit et plaidant pour un retour à une Allemagne meilleure, plus européenne. Ce n’est pas comme si l’Allemagne ne faisait pas elle-même face à des réformes sans cesse remises à plus tard – comme son système de retraites qui doit gérer ces millions de « Graue »2, le rôle ultra-dominant des partis politiques dans les chaînes de radio et télévision publiques, et même ce dimanche ouvré qu’elle exige avec hypocrisie en Grèce. Intimider et brutaliser les Grecs pour qu’ils acceptent un train de réformes absurdes et contre-productives, et ce afin de prendre soin des intérêts de ses banques (toujours pas réformées) est pire que désagréable. C’est scandaleux. Bien moins d’Überheblichkeit, un peu plus de Demut3 seraient de bon ton.

 

Critiques infondées

Mes collègues et amis allemands en sont conscients, bien entendu. Certains vont même trop loin dans la dénonciation des leurs : l’« Allemagne sans cœur, dominatrice et hideuse (herzlos, herrisch und hässlich) est de retour », dit le leader Vert Rainer Bütikofer – et il en fait porter le blâme à Schäuble, s’attirant en retour une vague de critiques furieuses. Rien ne sert de se faire l’écho des cris au « nazisme » et slogans du même ordre vus et entendus sur la place Syntagma4 ; ils sont absolument injustifiés. Egalement déplacée est l’obsession d’une politique économique se conformant à des règles, que l’on voit régner chez de trop nombreux avocats de la chancellerie à Berlin et du ministère des Finances, et chez de trop nombreux économistes conservateurs.

 

Le comportement de Schäuble est particulièrement déconcertant et dérangeant pour ceux d’entre-nous qui suivent sa carrière politique depuis de nombreuses années

 

Le fait que ce soit Schäuble qui complote et calcule comment éjecter au mieux la Grèce de la zone euro est particulièrement déconcertant et dérangeant pour ceux d’entre-nous qui suivent sa carrière politique depuis de nombreuses années. Cet homme est le même qui, avec Kurt Lamers, a écrit le document de positionnement de 1994 prônant non seulement une Europe à deux vitesses, mais encore une UE de plus en plus fédérale, union politique aussi bien que monétaire et, implicitement, une version transfrontalière du Länderfinanzausgleich allemand, qui transfère de l’argent des Etats fédéraux les plus riches vers ceux les plus pauvres. (Ces hypothétiques eurobonds dont Angela Merkel refuse ne serait-ce que de parler.) Les sentiments pro-européens passionnés de ce membre du Bundestag pendant 43 ans sont les souvenirs indélébiles que je garde d’interviews avec lui sur ce jeu capital de propositions de 1994.

 

Surtaxe de solidarité

A l’époque, d’autres expatriés et moi-même nous étions, avec plus ou moins d’enthousiasme, acquittés de notre Solidaritätszuschlag (surtaxe de solidarité) pour aider à financer la reconstruction de l’économie est-allemande, alors entièrement en ruines (tout comme sa société). Elle est toujours payée à l’heure actuelle (jusqu’à 5,5 %) par des contribuables sans aucun doute un peu las, après deux décennies d’efforts pour permettre au ministère des Finances d’engranger plus de 200 milliards d’euros. Aujourd’hui, un « bon » Allemand, Clemens Fuest, à la tête de l’institut de prévision économique ZEW, a proposé de faire augmenter la surtaxe jusqu’à 8 % sur trois ans afin de lever 22 milliards d’euros pour le peuple grec – arguant que cela sera in fine moins coûteux qu’un défaut de paiement/un Grexit, et d’un montant équivalent à ce que devra de toute façon payer l’Allemagne pour le 3e plan d’aide à la Grèce. Cela serait une « union de transfert », d'après lui – du même type que celle jadis ébauchée par Schäuble et reprise par d’autres depuis.

 

Ce serait un véritable exemple d’une Allemagne se montrant solidarisch und europäisch. A la place, ce sont les Grecs, dans leur misère économique, qui paient actuellement la contribution de solidarité. Que cette issue soit celle que semble préférer l’Allemagne est un bien triste reflet du cheminement rétrograde qu’elle opère depuis 2008. De façon stupide, sa classe politique, dont d’impardonnables leaders socio-démocrates, est en train de défaire sept décennies de politique étrangère – et, ce qui est pire, de reconstruction de l’image du pays dans le monde.

 

David Gow est journaliste à Social Europe et ancien journaliste en charge de l’économie européenne chez le Guardian. Il a été correspondant du Guardian en Allemagne de 1989 à 1995.

 

Traduit de l’anglais par Anouch Missirian

Cet article a été initialement publié sur le site Social Europe

  • 1. NDLR : L’Europe se rétablira grâce au caractère allemand.
  • 2. NDLR: Gris.
  • 3. NDLR: arrogance ; humilité.
  • 4. NDLR: Place du centre d’Athènes, en face du Parlement.

 

Source : http://www.alterecoplus.fr

 

 

 

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23 juillet 2015 4 23 /07 /juillet /2015 17:12

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Mon ami Linky 23/07/2015 à 11h21
Electricité, gaz : les compteurs intelligents, si malins que ça ?
Andréa Fradin | Journaliste Rue89

 

C’est la fin d’une longue aventure. Qui propulse la France dans le futur : mercredi, la loi sur la transition énergétique a été adoptée à l’Assemblée. Et avec elle, la perspective de voir fleurir partout sur le territoire des compteurs dits « intelligents ». Autrement dit, capables de dire en temps réel l’énergie que vous consommez. Et d’aboutir à une facture qui ne serait plus seulement fondée sur une estimation.

Dans les faits, ce déploiement est imposé [PDF] depuis 2009 par Bruxelles. Et tous les acteurs concernés par le bouzin – ERDF (la filiale d’EDF en charge de l’installation des compteurs), les associations de consommateurs, les parlementaires, les différentes agences en charge de l’énergie... – sont au taquet depuis au moins 2010. Le texte voté ce mercredi (et son article 7) prévoit simplement de sanctionner le fait de ne pas se conformer à cette exigence.

Néanmoins, ce vote relance les craintes soulevées depuis des années par ces compteurs : sont-ils dangereux pour la santé ou pour notre vie privée ? Permettent-ils vraiment aux consommateurs de faire des économies ?

 

Capture d’écran d’un rapport de l’Ademe montrant le circuit de fonctionnement de Linky (Ademe)

 

Des questions d’autant plus cruciales qu’elles concernent tous les foyers français : en tout, c’est 35 millions de compteurs électriques (baptisés « Linky ») qui sont attendus d’ici à 2020. Sans compter ceux pour le gaz (les « Gazpar »). Mais Linky, Gazpar et compagnie sont-il aussi malins qu’on le dit ? Panorama des différentes critiques et louanges qui leur sont adressées.

 
 

1 « C’est dangereux pour la santé »

Difficile à dire

 

Pour envoyer leurs infos, les compteurs électriques Linky se servent du circuit électrique classique. Ils le doublonnent, en quelque sorte, d’un réseau informatique – c’est la technique des « courants porteurs en ligne ».

Le problème, c’est que cette communication génère des ondes radio. Ce qui inquiète les associations qui alertent sur les dangers de ce genre de technologies. Robin des toits évoque par exemple un « surcroît de pollution électromagnétique ».

Certains parlementaires ont donc demandé à ce que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) scrute de près ces compteurs intelligents. Ce qu’elle a fait succinctement à l’occasion d’une vaste étude de 2013 [PDF] visant à trancher l’inextricable débat sur l’impact des technologies sans fil sur la santé.

Si elle considère bien ces compteurs comme une source d’exposition potentielle, l’agence précise que cette dernière demeure assez faible, « en comparaison avec un téléphone mobile par exemple ».

Néanmoins, elle reconnaît qu’il est difficile de trancher de manière catégorique sur le sujet : ces technologies sont encore en enfance et le mode de transport des données, quelque part entre réseau électrique et tuyau de télécommunication, ne fait pas encore l’objet de règles très claires...

 
 

2 « Ça craint pour notre vie privée »

Si c’est mal fait, ça sent en effet mauvais

 

Sur ce point, pas de doute : si aucune précaution n’est prise, les compteurs intelligents peuvent en dire long sur notre vie privée. Sa gardienne, la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), a d’ailleurs été l’une des premières à le faire valoir, expliquant sans détour en 2010 :

« Les informations de consommation d’énergie transmises par les compteurs sont très détaillées et permettent de savoir beaucoup de choses sur les occupants d’une habitation, comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster…). »

Une sacrée lorgnette, donc, dans notre quotidien. Qui a forcé la Cnil à formuler de nombreuses recommandations sur la collecte et l’utilisation de ces données. Dont notamment :

  • la confidentialité et la traçabilité des données ;
  • la limitation du temps de collecte : la Cnil a demandé à ce que les relevés de consommation se fassent au maximum toutes les dix minutes.

En parallèle, la Cnil a aussi soulevé la question de la sécurité d’accès aux nouveaux compteurs et à leurs données, avançant que ces dispositifs « permettent notamment de modifier la puissance de l’abonnement, voire même de couper l’alimentation électrique à distance, via une interface web ».

A ce titre, la gardienne de la vie privée a sollicité l’intervention de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), tour de contrôle, pour sa part, de la cyber-sécurité en France. La Cnil confirme qu’un tel audit a eu lieu, quand l’Anssi, de son côté, confirme travailler main dans la main avec les concepteurs de Linky.

Bonne volonté vs piratage

De son côté, ERDF se veut rassurant. Sur le site dédié à Linky, la filiale d’EDF garantit :

  • « un cryptage » des données ;

  • le fait que les compteurs n’ont ni accès au détail de consommations, ni aux données personnelles ;

  • une certaine transparence : « Les données de consommation appartiennent au client et ne peuvent être utilisées sans son accord » ;

  • et, faute de mieux en la matière, un « code de bonne conduite » engageant les salariés d’ERDF.

A l’occasion d’un rapport mené fin 2011 par les sénateurs Lenoir et Poniatowski [PDF], l’entreprise précisait aussi :

« Les données ne seront stockées dans le compteur que pendant une durée
maximale de deux mois. »

Mais la bonne volonté affichée par ERDF doit faire face aux démonstrations, toujours plus nombreuses ces derniers mois, de piratage. De la même façon qu’avions, voitures, distributeurs et pacemakers n’y ont pas résisté, des petits malins (en Allemagne ou en Espagne) ont réussi à s’amuser avec des compteurs électriques, parvenant à connaître les appareils utilisés dans un foyer, ou à falsifier les données...

Réponse d’ERDF à l’affaire allemande : circulez, y a rien à voir, vu que les compteurs piratés ne correspondent pas à Linky. Le compteur made in France a-t-il fait l’objet d’attaques ? Contacté, ERDF n’a pour le moment pas donné suite à nos sollicitations.

3

« C’est chouette pour l’environnement »

A voir...

 

Reste la question de l’environnement, utilisée comme faire-valoir de ces compteurs : ces derniers permettent-ils vraiment de faire des économies d’énergie ?

Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ils représentent clairement « de nouvelles opportunités » [PDF], pour peu que les Français s’en emparent. Le problème, c’est que ça ne semble pas vraiment être le cas.

Un compteur intelligent Linky à Tours, le 18 mars 2009 (ALAIN JOCARD/AFP)

 

Si elle a été jugée concluante, l’expérimentation lancée en 2009 dans la zone du Grand Lyon, « Watt et moi », n’a incité qu’un locataire sur cinq a se connecter au service permettant le suivi de leur consommation.

Autre élément qui laisse songeur : l’Allemagne, pourtant souvent citée comme un modèle de la transition énergétique, n’a pas jugé opportun de se plier aux exigences de Bruxelles. Après les conclusions d’un rapport commandé au cabinet Ernst&Young, le ministère de l’Economie a rejeté l’installation généralisée des compteurs intelligents en 2013. Expliquant que le coût d’un tel déploiement dépasserait les bénéfices à en attendre...

4

« C’est bonnard pour le porte-monnaie »

A voir...

 

Là encore, c’est un argument que l’on retrouve souvent dans la bouche du gouvernement. Comme Ségolène Royal, qui plaidait en 2014 :

« Du côté du consommateur, ce compteur intelligent, auquel je veux que tout le monde ait droit, permet d’économiser, sans perdre en qualité de vie, jusqu’à 20% sur la facture. »

Mais là encore, cette économie fait débat. Et dépend en tout premier lieu de l’investissement des abonnés. C’est également un argument qu’a fait valoir l’Allemagne en rejetant l’adoption des compteurs intelligents. L’Ademe elle-même avançait [PDF] en 2011 :

« Si le compteur Linky, tel qu’il est actuellement conçu, apporte des bénéfices en termes de comptage et de gestion du réseau électrique, voire de diminution du contenu CO2 du kWh électrique, ses bénéfices pour le consommateur en termes de maîtrise de la demande restent encore théoriques. »

L’association des consommateurs UFC-Que Choisir va même plus loin, qualifiant l’opération de « mauvais tour pour les consommateurs ». Et concluait en 2013 :

« En l’état actuel du projet, le compteur Linky ne favorisera pas les économies d’électricité : il est conçu avant tout dans l’intérêt d’ERDF et des fournisseurs d’électricité, EDF en tête. »

Des économies pas redistribuées aux consommateurs

L’un des reproches adressés à ERDF est le coût des compteurs, évalué entre 120 et 240 euros l’unité – le déploiement étant estimé aux alentours de 6 milliards d’euros. L’entreprise et l’Etat l’assurent : rien de tout cela ne sera facturé au consommateur. A un détail près selon l’UFC-Que Choisir, citée par Le Parisien :

« Au lieu d’être répercutées sur l’abonnement, les économies permises par le compteur seront conservées par ERDF. Le compteur n’est donc pas gratuit : les économies de consommation ne sont pas redistribuées au consommateur mais plutôt sans surcoût pour celui-ci. »

A l’époque, ERDF avait contesté l’étude de l’association.

Par ailleurs, UFC regrette que la promesse initiale des compteurs, qui consiste à pouvoir suivre sa consommation en temps réel, ne soit pas respectée. Ce qui permet aux distributeurs de proposer des contrats juteux : début 2014, l’association dénonçait par exemple une offre de Direct Energie réservée aux abonnés Linky.

5

« Ça booste l’emploi en France »

A voir...

 

Dernier bienfait supposé des néo-compteurs : ils donneront un sacré coup de pouce à l’emploi. Selon Ségolène Royal, toujours en 2014 :

« 11 000 emplois, avec les entreprises qui furent les lauréats de l’appel à projet – Landis + Gyr, Itron, Sagemcom, ZIV, MAEC et Elster, qui produiront ces compteurs en France –, ainsi que les PME et les artisans qui les installeront et les mettront en service. »

Une aubaine confirmée par ERDF aux sénateurs Lenoir et Poniatowski dès l’expérimentation menée à Lyon, qui aurait permis de créer 300 emplois, tout en impliquant « au total trois fournisseurs de compteurs sélectionnés à l’issue d’un appel d’offres européen, dont deux disposent d’usines de fabrication en France ». L’entreprise évoquait même lundi « un total de 10 000 emplois sur le territoire français ».

Les deux parlementaires eux-mêmes n’ont d’ailleurs pas manqué à l’époque de mettre en avant « l’opportunité considérable pour l’industrie française et pour l’emploi » que représente Linky :

« S’il est généralisé, Linky permettra à une filière industrielle française de pointe de conserver une avance certaine dans un environnement soumis à une concurrence mondiale de plus en plus forte. »

Des espoirs que nuançait, en 2012, la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME CGT), alors interrogée par Bastamag. Celle-ci estimait que 4 000 postes de techniciens pouvaient être supprimés en raison du déploiement de Linky.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 21:11

 

Source : http://www.informaction.info

 

La Finlande prête à expérimenter la fin du travail?

Par Michel Lachkar@GeopolisFTV | Publié le 20/07/2015 à 09H28, mis à jour le 22/07/2015 à 14H23

Sculpture à gloire travail à Helsinki en Finlande
Scultpure à la gloire du travail à Helsinki, en Finlande. © Afp/ Jonathan Nackstrand
 

Une première en Europe, la Finlande veut expérimenter une forme de revenu universel. Le nouveau gouvernement de centre droit évoque une allocation de base pour tous les citoyens. Si son montant devait atteindre les 1000 euros mensuels, le travail deviendrait alors «un choix de vie». La Finlande en a peut-être les moyens (voir en bas de p.) mais certains hésitent devant cette révolution culturelle.


On ne connaît pas encore les détails de ce projet de loi annoncé au Parlement par le nouveau Premier ministre Juha Sipilä, mais tous les citoyens finlandais, quel que soit leur âge ou leur situation sociale, auraient le droit à un revenu de base garanti. Ce revenu universel, versé sans contrepartie, serait suffisant pour vivre modestement.

Les citoyens qui souhaitent avoir un niveau de vie plus élevé pourront bien sûr compléter ce revenu de base en étant salarié, artisan ou entrepreneur. Ce salaire universel remplacera toutes les aides sociales existantes, y compris les retraites de base.
La Finlande a un PIB par habitant supérieur à l’Allemagne et à la France. Mais ce revenu de base est aussi rendu possible par une réduction sensible du nombre de fonctionnaires en charge de ses programmes sociaux.
 
Ce projet est soutenu par une grande partie de l’échiquier politique finlandais. Si certains évoquent un RSA amélioré de 500 euros, les libéraux, à l'image du député Bjorn Wahlroos, souhaitent un revenu compris entre 850 et 1000 euros par mois, pour éliminer la pauvreté.

Dans un premier temps, il sera introduit dans les régions confrontées à un fort taux de chômage a toutefois précisé le Premier ministre Juha Sipilä. En effet, malgré la richesse du pays, le chômage dépasse les 9% de la population.
 
Une Utopie aux effets pervers?
Les opposants critiquent une idée utopique, vouée à l’échec. Ils estiment que ce revenu social garanti va inciter la population à se détourner du travail, notamment des emplois pénibles qu'il faudra mieux payer.
Si on peut en effet redouter les effets pervers d’une telle mesure, les sondages montrent que 79% de la population finlandaise soutiennent cette idée à l’exception des fonctionnaires (concernés) qui y voient une menace pour leur emploi.
 

Le nouveau Premier ministre finlandais Juha Sipilä

Le nouveau Premier ministre Juha Sipilä, partisan d'un revenu universel, se dit prêt à partager le gâteau finlandais (20 avril 2015).  © AFP/ Marti Kainulainen / Lehtikuwa


D’autres en Europe, ceux qui ne croient plus au plein emploi, vont suivre de près cette expérimentation. Ils y voient une mesure révolutionnaire pour en finir avec le chômage de masse. Pour une partie de la gauche et des écologistes, il faut réduire le temps de travail, ou aller vers un travail choisi. Il est vrai que les robots qui remplacent déjà les ouvriers dans les usines n’achèteront jamais rien. Si la dynamique du capitalisme, c’est de produire plus avec de moins en moins de salariés, il a toujours besoin de consommateurs pour écouler sa production.
 
Le chômage pèse sur la consommation, à moins de distribuer un revenu à ceux qui n’ont pas de travail. C’est de cette contradiction que naît l’idée d’un revenu universel défendu par plusieurs économistes. La consommation se maintiendrait malgré le manque d’emplois.

Une façon de sortir du credo : une croissance forte pour entretenir la consommation et l’emploi, avec toutes les limites environnementales et climatiques que l’on connaît.
 
Révolution des mentalités
Ce revenu universel est surtout une révolution culturelle. Un arbitrage entre temps libre et consommation. Un autre rapport au travail. «A l’heure ou le travail se fait rare et précaire, le revenu de base est un outil pour permettre à chacun de mieux arbitrer ses choix de vie», affirme Stanislas Jourdan responsable du mouvement français pour un revenu de  base.

Avec ce temps libre dégagé, chacun pourrait être utile autrement : s’occuper de ses enfants, de ses proches, de son quartier, de son environnement. Aide aux devoirs, jardinage, faire son marché pour une meilleure santé, s’occuper des plus âgés aujourd’hui relégués, s'investir dans une assocation. Toute une utilité sociale en dehors du salariat.

Chacun pourrait faire un choix (difficile) entre temps et argent… Entre une vie simple et sans contrainte professionnelle ou confortable mais laborieuse. Pour les écologistes, cela veut aussi dire moins de déplacements domicile-travail, moins de voiture, moins de routes encombrées, moins de pollution, moins de pétrole… L’idée que l’on puisse être utile en dehors du travail salarié et de la «surconsommation» est une idée neuve en Europe. Une utopie qui mérite réflexion.
 
Erratum
Vous avez été nombreux sur les réseaux sociaux à nous alerter sur une inexactitude publiée dans la première version de cet article. Il avait été indiqué que la Finlande était «riche de son pétrole». La Finlande n'est pas la Norvège.

 

 

Source : http://www.informaction.info

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 19:22

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Il a osé le dire
"Il ne s’agit pas d’inverser la courbe du chômage mais de diminuer le nombre de chômeurs"

 
 
Invité ce matin sur les ondes d'Europe 1, François Rebsamen, ministre du Travail, a fait tout son possible pour ne pas avoir à commenter les chiffres du chômage. Résultat des courses : on sent surtout que "Rebs" ne rêve plus que d'une chose, partir loin, très loin, de cette satanée courbe du chômage qui lui colle aux basques.
 
SOMER-POOL/SIPA
 

« Putain, encore deux ans ! », doit se répéter inlassablement, François Rebsamen. Lui qui se rêvait en premier flic de France s’est décidemment fait joué un sale tour par son ami François Hollande. Placé au ministère du Travail, « Rebs » est devenu cet oiseau de mauvais augure pour les Français, obligé de venir leur annoncer les mauvais chiffres du chômage chaque mois, tout en essayant de les convaincre que, tout compte fait, ils ne sont pas si mal que ça.

 

Invité ce matin d’Europe 1, Rebsamen a dû de nouveau se soumettre à l’exercice. Et à la question fatidique et désormais traditionnelle sur « François Hollande a dit qu'il ne se représentera pas sans inverser la courbe du chômage, vous êtes en quelque sorte son dernier espoir ? », Rebsamen a d'abord répondu par un long soupir qui en dit long sur son enthousiasme actuel. Puis, sans rire, le même a articulé cette phrase : « Non, non, parce qu’il ne s’agit pas d’inverser la courbe du chômage. Il faut faire diminuer le nombre de chômeurs, c’est ce qui pèse sur le moral des français. » Une réponse de Normand de la part d'un Bourguignon, c'est rare... On ne comprend pas trop où il veut en venir. Cherche-t-il à nous expliquer, à juste titre, que la réélection d'Hollande est secondaire par rapport au sort des chômeurs ?

Et d’embrayer vite, très vite, pour éviter d’avoir à annoncer les chiffres du chômage : « Là, j’ai des bonnes nouvelles qui vont être publiées dans la journée (…) Au deuxième trimestre, les déclarations d’embauches ont augmenté de 1,2 %. Elles avaient augmenté de 1,9 % au premier trimestre et il y a un dynamisme des déclarations d’embauches en CDI. On crée de l’emploi dans ce pays, il ne faut pas qu’on croit qu’on détruit de l’emploi ».

Ah bon ? Donc s'il y a un tel « dynamisme », le chômage devrait donc se résorber rapidement… Eh bien non, puisque le ministre du Travail doit faire face à un autre « dynamisme » qui annule l'opération : « On a un tel dynamisme démographique qu’il faut créer suffisamment d’emplois pour faire reculer le chômage. On crée de l’emploi mais on n'en crée pas encore assez pour faire reculer le chômage. » Donc le chômage ne recule pas, si on le suit bien… Oui, mais non, car nous dit-il, « à la fin de l’année, sur la base des prévisions, moi je suis obligé de me baser sur les prévisions, à cet instant, sur la base des prévisions de croissance à 1,2 %, on aura stabilisé le nombre de demandeurs d’emplois... » Et d’ajouter, dans un murmure, « ... et il baissera début de l’année prochaine, fin de l’année. »

Résultat : on ne comprend plus rien et on sent que pour Rebsamen, les vacances sont proches et qu’il n’a qu’une envie, c’est de partir loin, très loin de toutes ces données statistiques et de cette courbe qui ne veut décidémment pas se retourner. Surtout, il est bien décidé à ne pas avoir à commenter ces satanés chiffres du chômage. Car face à l’insistance du journaliste qui le questionne de nouveaux sur les chiffres que Pôle emploi s’apprête à publier, notre ministre du Travail botte carrément en touche : « Cet outil statistique qui est donc composé des chiffres publiés suite à Pôle emploi… heu... suite au recensement de Pôle emploi, ne constitue pas pour moi un outil statistique le plus fiable et je préfère les statistiques du BIT (le Bureau international du travail, ndlr) ou de l’Insee (l'Institut national de la statistique et des études économiques, ndlr) ». Pratique, puisque les chiffres fournis pas l’Insee sont toujours beaucoup moins catastrophiques que ceux délivrés par Pôle emploiEt de conclure « Je ne fais pas de pari sur les chiffres du chômage, j’agis pour qu’ils baissent ».

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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