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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 12:01

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Que s’est-il passé de positif en juillet 2015 ?

19 août par Bonnes nouvelles

 

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice. Certains de ces combats mènent à des victoires…

Le site BONNES NOUVELLES poursuit l’objectif de rendre visibles ces petites et grandes victoires qui, bien que partielles et insuffisantes, nous aident à rompre avec le fatalisme et constituent des sources d’inspiration pour nos actions individuelles et collectives.

 

Le courage politique, ça existe !

  • Cuba, premier pays à éliminer la transmission du Sida et de la syphilis de la mère à l’enfant Lire
  • Utrecht, la ville où la pauvreté n’existera (peut-être) plus Lire
  • A Rennes, l’eau redevient un bien commun Lire
  • AVANT/APRES. Regardez comment la pub a déserté les rues de Grenoble Lire

 

C’est la lutte sociale qui paie

  • En Espagne, les citoyens font plier les banques... Lire
  • Victoire pour les travailleurs de la Deustche Post ! Lire

 

Le droit comme instrument de lutte

  • Médias : la justice abandonne les poursuites contre le site IAATA Lire
  • Epandage aérien de pesticides jugé illégal... Trois ans après Lire
  • L’obsolescence programmée est désormais un délit passible de prison Lire

 

Reconnaître ses erreurs

  • Barack Obama sur le mariage gay : « Une victoire pour l’Amérique » Lire
  • La CIA reconnaît son rôle dans le coup d’Etat en Iran en 1953 Lire

 

Seuls contre tous

  • Vincent Safrat, l’éditeur des pauvres Lire
  • À Londres, un collectif d’artistes rend les pics anti-SDF plus confortables Lire
  • Denis Lambert relaxé après avoir hébergé une famille sans papiers à Perpignan Lire

 

L’équipe de Bonnes Nouvelles : Kelly, Philippe, Vanessa, Brieuc, Jeanne-Marie, Hélène, Caroline, Dominique & Olivier

 

 
Auteur
 

Bonnes nouvelles

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice.
www.bonnes-nouvelles.be

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 23:26

 

 

 

mardi 4 août 2015

Ce que dit la hausse de la pauvreté en Allemagne
 
 
J’ai coutume de décrire le choc effrayant et brutal auquel les Grecs se sont soumis depuis plus de cinq ans. Mais en réalité, c’est toute l’Europe qui subit un choc antisocial de force variable, comme le révèlent les chiffres de la pauvreté en Allemagne, en progression constante depuis 15 ans.
 
 

 

Le grand appauvrissement, partout
 
Partout en Europe, l’Allemagne est présentée comme le modèle à suivre. Les partisans de ce « modèle » soulignent ses excédents commerciaux ou son budget équilibré. Mais de nombreux faits contredisent cette vision superficiel de ce qui est en réalité un faux modèle. D’abord, comme le rapporte les Echos, la pauvreté ne cesse de progresser, depuis 15 ans, puisque la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté est passée de 14 à 15,5% depuis 2006, soit 12,5 millions de personnes. La croissance du pays laisse sur le bord de la route un nombre grandissant de citoyens. D’ailleurs, Olivier Berruyer a montré dans son livre le caractère profondément inégalitaire du modèle allemand, avec une baisse des revenus de plus de 15% pour un tiers de la population quand le dernier décile progresse.
 
Guillaume Duval a également démontré dans un livre toutes les failles de ce modèle. On pourrait aussi rappeler les analyses de Jacques Sapir ou Olivier Passet, qui ont démontré le caractère asymétrique de ce modèle, qui repose sur le fait que ses principaux partenaires ne suivent pas la même direction. L’Allemagne s’enrichit au détriment de ses partenaires européens, parce qu’elle accumule des excédents commerciaux colossaux dont la simple existence souligne le caractère insoutenable de cette stratégie car tous les pays de l’UE ne peuvent pas simultanément être en forts excédents commerciaux… Mais ce que révèle la hausse de la pauvreté en Allemagne depuis 15 ans, c’est que le modèle économique de notre Europe ne marche pas car même les résultats du meilleur élève sont mauvais.
 
Des dopants à effets provisoires
 
 

Il ne faut pas oublier cette progression quasiment constante de la pauvreté dans les pays européens car nous pourrions bien rentrer dans une phase de petite reprise économique, aussi illusoire soit-elle, comme le démontrent notamment les chiffres allemands. En effet, même s’il y a une relative reprise, cette reprise pourrait bien ne se retrouver que dans les profits des grandes entreprises multinationales (et très souvent transférés dans des parasites fiscaux) et dans les revenus d’une petite minorité. Alors que la grande majorité continue à souffrir des conséquences d’une mondialisation barbare, qui les met en concurrence avec des pays où les salaires sont 10 à 20 fois plus bas, même si le taux de chômage baisse, comme on le voit en Espagne, même si un demi-million d’emplois ont été créé en 1 an.

 
C’est aux Etats-Unis que les chiffres sont les plus incroyables : de 2009 à 2012, si les revenus moyens ont progressé de 6%, ils ont baissé de 1,6% pour 90% de la population, le 1% le plus riche s’accaparant 93% de la hausse globale ! Bien sûr, une relative reprise économique semble se dessiner, avec la baisse de l’euro et du prix du pétrole, deux facteurs historiques de soutien à l’activité, aidés par la politique de la BCE qui a fait baisser les taux d’intérêt à des plus bas historiques (même Rome et Madrid empruntent à 2%), allégeant les politiques d’austérité, au risque de provoquer de nouvelles bulles financières. Mais si cela pourrait permettre une légère baisse du taux de chômage, il y a fort à parier que la reprise sera inégale, mais aussi seulement temporaire, tant se forment les ferments de la prochaine crise.
 

 

Dans le brouillard des chiffres et des statistiques, il est essentiel de montrer les déséquilibres de ce modèle, qui privilégie tellement une petite minorité, au détriment d’une grande majorité. Car à la prochaine crise, il ne faudra pas perdre l’occasion de repartir dans la bonne direction, contrairement à 2009.
 

à

 

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:39

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Pendant ce temps, les entreprises du CAC 40 engrangent des profits en nette hausse
fonds publics
Yves Housson
Jeudi, 6 Août, 2015
L'Humanité

 

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AFP
 
Au premier semestre 2015, selon un bilan partiel, les groupes 
du CAC 40, qui perçoivent aussi le CICE, ont engrangé 35 milliards d’euros 
de bénéfices nets.

L’activité économique frémit tout juste (+ 0,6 % de croissance au premier trimestre, 1,1 % prévu sur l’année), cette reprise reste fragile de l’avis général, mais les profits, eux, redémarrent en fanfare. Selon un premier bilan établi il y a quelques jours par les Échos, portant sur les résultats de 28 groupes du CAC 40, ces sociétés ont réalisé un total de plus de 25 milliards d’euros de bénéfices nets au premier semestre 2015, en hausse de 8 % sur la même période de 2014. Si l’on y ajoute les résultats, publiés depuis, des groupes Axa, Société générale et BNP Paribas, la moisson atteint les 35 milliards. Parmi les plus fortes progressions, mentionnons Orange (+ 89,2 %, à 1,1 milliard d’euros), Kering (+ 129,3 %, à 423 millions), Renault (+ 86,4 %, à 1,4 milliard), Safran (+ 89 %, à 1,1 milliard), Publicis (+ 39,6 %, à 363 millions). En valeur absolue, Total garde le pompon du CAC, avec un résultat net de 5 milliards d’euros, en augmentation de 7 %, devant BNP Paribas (4,2 milliards, + 14,1 %), EDF (2,5 milliards, – 0,2 %), Sanofi (2,3 milliards, + 24,9 %). Même si les chiffres d’affaires sont en augmentation (de près de 3 %), ces profits semblent être, pour une large part, la résultante de restructurations internes, qui ont conduit les groupes à sabrer dans leurs effectifs et faire pression sur les salaires.

Ces chiffres viennent en tout cas souligner, si besoin était, l’aberration de la politique gouvernementale qui conduit à verser, sans conditions, de substantielles aides publiques à ces groupes archi-
bénéficiaires et qui ne changent rien à leurs priorités : la rentabilité pour 
l’actionnaire, avant l’emploi, les salaires et l’investissement. Le laboratoire 
pharmaceutique Sanofi, par exemple, bien parti pour engranger cette année un 
bénéfice supérieur à celui de 2014 (4,4 milliards), perçoit ainsi 11 millions d’euros au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) et 125 millions au titre du crédit d’impôt recherche (CIR). Cela ne l’empêche pas de supprimer des centaines d’emplois dans la recherche en France. Et d’arroser outrageusement ses actionnaires de dividendes (3,4 milliards d’euros sont allés dans leur poche au titre des résultats 2014).

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:21

 

 

Sur la traite, la France bat en retraite

|  Par Michaël Hajdenberg

 

 

 

Dans les salons de coiffure et de manucure du Xe arrondissement de Paris, des salariés, souvent sans papiers, sont exploités et humiliés. Mediapart a eu accès à un procès-verbal de l'inspection du travail édifiant, signalant une « traite des êtres humains » par un réseau constitué. La justice n'a pourtant pas retenu cette qualification, de peur de créer un précédent. 

 

Où s’arrête le droit et où commence la politique ? C’est la question que se posent les défenseurs de 18 salariés du salon de coiffure New York Fashion, du Xe arrondissement de Paris. Ces sans-papiers, généralement des femmes, ont été exploités, maltraités, sous-payés pendant six mois. Soutenus par la CGT, ils ont eu le courage de faire grève puis de porter plainte, comme les médias l’ont abondamment relayé à la fin de l’année 2014 (voir sous l’onglet Prolonger). Mais selon nos informations, le parquet de Paris a décidé de ne pas renvoyer les gérants des salons devant le tribunal correctionnel pour la qualification la plus lourde, celle de « traite d’êtres humains ». Selon l’inspection du travail, dont Mediapart a pu consulter le procès-verbal en intégralité (lire ici), les éléments étaient pourtant réunis pour un renvoi de ce type, qui aurait constitué une première judiciaire. Mais des considérations d’ordre politique ont visiblement primé. Le système mafieux, à l’œuvre depuis tant d’années dans le quartier, a donc toutes les chances de perdurer.

Le rapport de l’inspection du travail, rendu à l’automne 2014, est pourtant très définitif dans sa formulation : « En conclusion, il nous apparaît que le délit de traite des êtres humains est constitué. » La sentence vient clore une enquête fouillée, qui va au-delà des témoignages publiés dans la presse, et dresse un état des lieux lugubre des pratiques à l’œuvre dans des salons afro du boulevard de Strasbourg et de ses alentours, hyper fréquentés depuis les années 90.

 

Des salariés du salon de coiffure du 57, boulevard de Strasbourg, à ParisDes salariés du salon de coiffure du 57, boulevard de Strasbourg, à Paris © DR
 

Même si l'on peut subodorer un système qui touche l’ensemble du quartier, l’enquête se concentre sur le 57, boulevard de Strasbourg. 18 salariés, dont 14 sans-papiers, y ont longtemps travaillé en touchant un salaire de misère. L’inspection du travail s’est rendue sur place et observe : dans le salon, elle découvre « plusieurs enfants en bas âge et des nourrissons », « les salaires particulièrement bas ne permettant pas de les faire garder ».

Au rez-de chaussée, une pièce d’environ 15 m2 pour 8 postes de travail. Au 1er étage, une salle réservée à la manucure, avec des travailleurs d’origine chinoise. Au sous-sol, la coiffure pour hommes. Partout, les « salariés » sont présents de 9 heures à 21 heures, parfois jusqu’à minuit. Ils sont payés à la tâche : sans clients, pas de rémunération. L’inspection du travail a calculé un taux horaire variant de 1,30 à 4,70 euros (contre 9,53 euros brut pour le SMIC), et des émoluments versés sporadiquement.

Pour le reste ? Pas de congés. Pas de pause déjeuner. Pas de ventilation. Partout, une atmosphère humide, « irrespirable », une odeur désagréable et l’utilisation, toute la journée, de produits chimiques dont certains potentiellement dangereux. Les patrons ? Agressifs, insultants, menaçants. Si les salariés se plaignent, il leur est rétorqué qu’ils peuvent à tout moment être livrés à la police.

En juin 2014, certains l’ont pourtant fait. Ils ont rompu l’omerta en vigueur depuis tant d’années. Épaulés par la CGT, leur grève leur a permis d’obtenir un titre de travail et des autorisations temporaires. Sans garantie définitive ni protection assurée.

Très vite le salon a été liquidé, sans que le système soit ébranlé. Partout, les gérants de paille continuent de se succéder. Certains passent par la prison, reviennent, changent de salon. Tandis que les gérants nigérians et ivoiriens amassent l’argent des clients.

L’idée de la CGT, qui a mené une initiative avec le syndicat de la magistrature et des associations comme la Cimade, le Gisti, ou encore RESF, était d’attaquer le système dans sa structure, de mettre à mal la bande organisée. Au moins 80 salons de coiffure et d’esthétique sont en effet répertoriés dans le quartier, sans compter les magasins « de mèche » (dans tous les sens du terme).

Des politiques ont pris le relais, jusqu’à la mairie de Paris, via un vœu. Avec un angle d’attaque bien ciblé : « la traite », définie par l’article 225-4-1 du code pénal et dont on peut extraire les passages suivants : « la traite des êtres humains est le fait de recruter une personne (...) à des fins d’exploitation (...) en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération. L’exploitation (...) est le fait de mettre la victime à sa disposition ou à la disposition d’un tiers (...) afin (...) de permettre la commission contre la victime des infractions de (...) conditions de travail ou d’hébergement contraires à sa dignité. »

« La traite, ce serait forcément aller chercher des filles sur les trottoirs de Lagos »

En effet, dans la rue ou à la sortie du métro, les gérants visaient des sans-papiers. « Ils déplaçaient la main-d’œuvre à leur convenance, en les déplaçant d’un salon à l’autre, sans recueillir leur consentement », explique l’inspection. Par ailleurs, « les salariés étaient de fait contraints de rester au service des gérants, dans la mesure où ils espéraient percevoir leurs arriérés de salaire ». Les salariés étaient ainsi en situation de « soumission » ; les gérants leur octroyant, selon leur bon vouloir, 50 ou 100 euros une fois de temps en temps. « Les gérants avaient donc un pouvoir démesuré sur les salariés, contraire aux libertés individuelles et ont fait travailler ces 18 personnes dans des conditions contraires à la dignité. » L’inspection conclut en dénonçant tout « un système organisé dans le quartier Château d’eau ».

 

Dans le quartier Château-d'eauDans le quartier Château-d'eau
 

Dans un courrier dont Mediapart a pu prendre connaissance, le procureur de Paris, François Molins, a pourtant indiqué le 10 avril aux plaignants que, s’il envisageait de renvoyer les gérants des salons devant le tribunal correctionnel pour les faits de « travail dissimulé », « emploi d’étrangers sans titre de travail », ou encore des infractions en matière d’hygiène et de sécurité, il ne comptait pas faire de même sur l’infraction de « traite des êtres humains ».

En effet, selon le parquet de Paris, « les salariés ont toujours la possibilité de quitter leur emploi pour changer d’employeur et le font effectivement, lorsqu’ils sont en situation régulière ». Par ailleurs, « les salariés ne dépendent pas de leur employeur pour obtenir un logement puisque la plupart d’entre eux sont hébergés dans des hébergements familiaux, ou dans une chambre en hôtel social ». Contacté, le parquet précise : « On ne peut pas parler de soumission. Même les sans-papiers pouvaient partir. Ils n’étaient pas complètement dépendants de leur employeur. »

Des arguments qui ne convainquent pas Marilyne Poulain, qui a porté le dossier pour le compte de la CGT. « Ceux qui étaient en situation irrégulière étaient les plus nombreux. Et ils ne pouvaient pas partir, vu qu’ils attendaient en permanence d’être payés. Il y avait un asservissement par la dette. Quant à dormir sur son lieu de travail, ce n’est pas une condition indispensable pour que la traite soit reconnue… »

Marilyne Poulain estime que « dès le début, on a senti qu’il n’y avait pas de volonté d’enquêter sur les personnes qui tiennent le réseau. Les sans-papiers sont vus comme des délinquants, pas comme des victimes. Pourtant, je n’ai jamais vu de telles conditions de travail, avec une telle violence, un tel isolement. Des salariées étaient dans de telles situations de vulnérabilité qu’elles ont dû se prostituer. »

Pour la CGT, il aurait été logique que l’Oclti (Office central de lutte contre le travail illégal) soit saisi, avec des possibilités d’investigation, d’écoutes, et des moyens bien plus importants. Cela n’a pas été le cas. L’enquête, selon le syndicat, s’est faite a minima, sans volonté de démanteler un réseau.

Au sein des associations mais aussi de l’institution policière, des personnes interrogées ayant suivi le dossier au plus près évoquent une « volonté politique ». Car la circulaire Valls du 28 novembre 2012 invite à la régularisation des sans-papiers victimes de traite qui coopèrent avec les autorités  administratives et judiciaires. Du coup, ce serait pour ne pas avoir à régulariser que la traite ne serait pas reconnue. Pour ne pas « ouvrir la boîte de Pandore ».

L’avocat de la CGT, Maxime Cessieux, développe : « Le parquet a une vision extrêmement restrictive de la traite des êtres humains. Ce serait forcément un réseau de prostitution, des filles qu’on irait chercher sur les trottoirs de Lagos pour qu’elles viennent faire le tapin sur les trottoirs de Paris. Ou alors, la bonne Philippine de 16 ans qui travaille chez un diplomate, qui a été privée de passeport et qui est attachée à un radiateur la nuit. Mais cette vision va à rebours du texte du législateur, voté en 2013 en application d’une directive européenne, et qui voulait aller au-delà de ces situations. La loi doit être une arme contre les comportements criminels. Cela n’empêche pas une discussion devant le tribunal. Mais si le parquet s’autocensure déjà, c’est un message de tranquillité envoyé aux organisations criminelles. Il faut appliquer la loi. Mais certains ont visiblement peur que derrière, 500 coiffeurs ne demandent leur régularisation. » Puis le lendemain, les sans-papiers exploités dans la confection ou le BTP ?

Le Parquet ne cache pas que la question se pose. Mais il en fait une lecture diamétralement opposée : les sans-papiers pourraient se servir de la qualification de « traite » pour obtenir des papiers. Par ailleurs, estiment les services du procureur, « la traite des êtres humains est une infraction compliquée à caractériser. Il faut être très solide pour aller devant le tribunal ».

Pour Sylvie O’Dy, l’ancienne présidente du comité contre contre l’esclavage moderne, « la lecture française est extrêmement restrictive sur la traite à des fins économiques ». D’ailleurs, la circulaire Taubira du 22 janvier 2015 sur la traite ne l'évoque pas.

Une évolution qui va à rebours de ce qui se passe à l’étranger. Aux États-Unis, la situation de salariées travaillant dans des salons de manucure a provoqué la réaction des pouvoirs publics qui les ont défendues. En Grande-Bretagne, une loi anti-esclavage vient d’être votée, qui vise aussi à renforcer les droits liés au travail effectué dans des conditions contraires à la dignité humaine. La Belgique, les Pays-Bas et d’autres pays de l’Union européenne ont décidé d’emprunter le même chemin. La France, elle, attendra.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:47

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Manipulations et fantasmes
Maurice Ulrich
Mercredi, 5 Août, 2015
L'Humanité

DR
 
L'éditorial de Maurice Ulrich. Combien de temps encore va-t-on accepter que la France, notre France, condamne de fait des hommes et des femmes à vivre dans ce que l’on appelle « la jungle », comme si cela allait de soi  ?

Combien de temps allons-nous accepter que ces mêmes hommes et femmes qui ont fui la misère, la guerre, les dictatures soient devenus comme les otages des débats politiciens et des surenchères ? Combien de temps encore pouvons-nous accepter que l’accueil de quelques milliers de personnes sur le sol national n’appelle que des mesures sécuritaires, des barbelés, des zones de non-droit, des campements infâmes ? Combien de temps encore allons-nous accepter que la question des migrants ne soit que mensonges et manipulations de fantasmes, instrumentalisation des peurs, mise en condition de l’opinion, régression intellectuelle et défaite morale.

Oui, sans doute, il y a à Calais une situation critique, mais si 3 000 migrants décidés à passer coûte que coûte en Grande-Bretagne s’y retrouvent c’est parce que la France, la Grande-Bretagne, l’Europe ont failli. Alors il faut rappeler des chiffres. Les mettre sur la table et dans le débat public. Les migrants qui arrivent illégalement en Europe chaque année ne représentent que 0,05 % de la population. Si la France accueillait, clairement, dignement, à la mesure d’une démocratie moderne et ouverte, 10 000 migrants, cela ne représenterait qu’une personne en plus pour 6 000 habitants ! Et c’est avec de tels chiffres que l’on entend les clameurs des cassandres sur les remparts de l’Europe forteresse !… 57 % des immigrés en France viennent des pays d’Europe, les deux tiers ont au moins le niveau du bac ? à Calais, plus d’un tiers viennent de profession intellectuelle, sont des cadres moyens ou supérieurs… Dire cela, ce n’est pas « rassurer l’opinion », c’est en finir avec les mensonges. La France et l’Europe ne subissent pas une intolérable pression de déshérités du Sud avides de notre pain et de notre niveau de vie. Ce qui ne va pas, ce sont les choix politiques de l’Europe et de la France.

 

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 21:52

 

Source : http://www.lesechos.fr

 

 

Retraites : des pensions de moins en moins proches du dernier salaire
Solveig Godeluck / Journaliste |
 
 
 
 
 
 

Le taux de remplacement médian à la retraite frôle 75 %. Il se réduit au fil des générations, suite aux nombreuses réformes successives.

Petit à petit les pensions des retraités s’éloignent du dernier salaire. Le taux de remplacement s’effrite au fil des générations, montre une étude que vient de publier la Direction de la recherche (Drees) du ministère des Affaires sociales. La génération née en 1946, qui a liquidé ses droits autour de 2006, touche à peu près les trois quarts du montant de son dernier salaire. Le taux de remplacement médian par les régimes de base et complémentaires, hors pensions de réversion, s’élève à 74 % chez les hommes, et à 72,5 % chez les femmes, qui ont moins souvent des carrières complètes. En comparaison, les retraités nés dix ans plus tôt perçoivent 80 % de leur dernier salaire.

Cet effritement n’est pas en soi alarmant. D’abord parce que le montant moyen des pensions continue à grimper : de 1.609 euros pour la génération 1936, il est passé à 1.672 euros pour la génération 1946. Ensuite, parce que la baisse du taux de remplacement signifie que les carrières sont plus lucratives qu’autrefois. Mieux on gagne sa vie, plus le taux de remplacement baisse. C’est mécanique. Les pensions de la génération 1946 sont calculées sur les 23 meilleures années de travail. Or les cadres très bien payés ont une plus grande amplitude de salaire au cours de leur carrière que les ouvriers qui débutent au SMIC et finissent à peine mieux rémunérés – sans même parler des personnes qui passent d’un minimum social au minimum retraite. Quant aux hauts fonctionnaires, qui touchent plus de primes que les agents moins qualifiés, ils sont pénalisés par la non-prise en compte de leurs primes dans le calcul de leur retraite.

réformes successives

Les réformes des retraites successives ont accentué la baisse du taux de remplacement. L’augmentation de la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans, votée en 1993, a contribué à accroître l’amplitude des salaires entre le début et la fin de carrière. Au même moment, on a décidé de calculer le salaire annuel moyen sur les 25 meilleures années à partir de la génération 1948, contre 10 ans auparavant. Il a donc fallu remonter aux débuts professionnels, avec des salaires moindres, ce qui a forcément réduit les pensions.

Les mesures de redressement prises par l’Agirc-Arrco ont aussi tiré vers le bas les taux de remplacement des hommes – qui sont plus souvent cadres que les femmes, avec une part importante de leur retraite en dehors du régime de base. Ainsi, avec la baisse du rendement du point, le taux de remplacement médian via une pension complémentaire est passé pour eux de 33 % pour la génération 1936 à 29 % dix générations plus tard (hors retraite de base). La dégradation n’est sans doute pas finie, puisqu’une nouvelle négociation est en cours pour redresser le régime complémentaire de retraite des salariés du privé.


 

Source : http://www.lesechos.fr

 

 

 

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 21:47

 

Source : http://www.slate.fr

 

 

Wall Street: 99% des échanges n’apportent rien à l’économie et même aux investisseurs

Les grandes banques d’affaires américaines pourraient travailler une semaine par an et fermer leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle.

John Bogle, le fondateur du groupe financier Vanguard, est une légende de la finance. Il a créé en 1976 le premier fonds d’investissement construit sur les indices boursiers. Et à 85 ans, il dénonce le parasitisme grandissant de l’industrie financière qu'il a contribué à créer.

Pas moins de 32 000 milliards de dollars de titres sont échangés tous les ans à Wall Street avec à peu près aucun impact positif pour les investisseurs explique-t-il. Et le financement des entreprises et de l’économie, la raison de l’existence de Wall Street, représente une fraction infime de l’activité de l’industrie financière. Les grandes banques d’affaires américaines pourraient travailler une semaine par an et fermer leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle...

«Le métier de la finance est d’apporter du capital aux sociétés. Nous faisons cela avec 250 milliards de dollars par an sous forme d’introductions en Bourse de société et d’augmentations de capital» déclare John Bogle au magazine Time. «Qu’est-ce que nous faisons d’autre? Nous poussons les investisseurs à échanger environ 32 000 milliards de dollars de titres par an. Donc si je calcule bien, 99% de ce que nous faisons dans cette industrie consiste en des échanges d’une personne avec une autre dans le seul intérêt de l’intermédiaire. C’est un gâchis considérable de ressources.»

Car 32 000 mille milliards de dollars, c’est presque le double du Pib des Etats-Unis constitué pour l’essentiel d’une rente qui consiste à prendre quoi qu’il arrive un pourcentage d’une transaction, comme à un péage, qui n’apporte la plupart du temps rien à l’économie et à son initiateur. Et les traders, contrairement aux conseillers financiers, ne donnent pas d’avis à leurs clients sur les meilleurs placements au risque de se tromper.

«Les études ne cessent de le montrer, les traders ne font rien qui a une valeur. Ils ne savent pas quelles actions vont monter et pourquoi. Ils ne savent pas quels types d’actifs vont être plus performants cette année ou les suivantes. Personne ne sait. C’est cela la vérité… C’est pourquoi les traders ont besoin que vous fassiez des transactions et beaucoup. Parce que c’est comme cela qu’ils gagnent de l’argent…».

 

 
 
 
 
 
Le conseil de John Bogle du haut de ses 60 ans d’expérience: «ne faites rien, juste restez là».
 

 

 

 

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 21:12

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Des bénéfices aux dépens de tous
Cécile Rousseau
Vendredi, 31 Juillet, 2015
L'Humanité

 

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AFP
 
La Poste a présenté jeudi des résultats en progression au premier semestre 2015, réalisés au prix de 5 098 suppressions d’emplois.
 

La Poste persiste dans son obsession du chiffre. 
Le groupe a présenté jeudi des bénéfices en hausse de 31,7 % au premier semestre 2015, à 424 millions d’euros, un chiffre d’affaires en augmentation de 4,5 % et un résultat d’exploitation qui s’élève à 616 millions d’euros, soit + 44,3 %. Dans un communiqué, la direction de l’entreprise s’est félicitée que les « résultats du groupe enregistrent une progression, illustrant les premières réalisations du plan stratégique “La Poste 2020 : conquérir l’avenir” ».

Sauf que derrière les discours triomphants, l’austérité s’amplifie pour les agents. Les bénéfices des six derniers mois reposent en partie sur 5 098 suppressions d’emplois, laissant présager au moins 10 000 disparitions de postes d’ici la fin de l’année. Avec 90 000 emplois passés à la trappe en dix ans, un malaise social toujours aussi fort, les limites sont atteintes. Pour Bernard Dupin, administrateur CGT, « cette politique de suppressions de postes ne pourra pas durer encore longtemps. Nous ne supportons plus cette logique gestionnaire. La seule chose qui intéresse Philippe Wahl, PDG du groupe, c’est d’obtenir des résultats rapidement ! La Poste est l’entreprise qui touche le plus de crédit impôt compétitivité emploi (CICE), avec 341 millions d’euros prévus en 2015 » ! L’entreprise se débarrasse des emplois, mais amplifie l’externalisation. Comme le note la CGT, « les services extérieurs et la sous-traitance générale ont augmenté de 51 millions, soit 7,41 % », celle des transports a, elle, « progressé de 237 millions, soit 14,55 % ».

L’autre levier expliquant les résultats du groupe est la hausse du prix du timbre. L’augmentation historique de 7 % en janvier 2015 sera bientôt suivie par un nouveau renchérissement de 3,6 % en janvier 2016. La lettre à timbre vert grimpera de 0,68 à 0,70 euro tandis que celle à timbre rouge passera de 0,76 à 0,80 euro. Une aberration pour Régis Blanchot, administrateur SUD PTT : « On n’a même pas encore mesuré tout l’impact de cette première augmentation sur le courrier qu’on en prévoit déjà une autre  ! On assiste à une accélération de la baisse du trafic, à cause des accumulations des hausses de tarifs qui font fuir les utilisateurs ! La Poste a déjà utilisé la moitié des augmentations autorisées par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes – NDLR), quelle stratégie va-t-elle trouver après ? »

 

Le service public 
continue de faiblir

La Poste justifie cette énième revalorisation des prix par la nécessité de maintenir le volume de courrier, alors que ce sont précisément ces tarifs élevés qui organisent leur chute, argument propice aux restructurations incessantes dans les centres de tri et de distribution. Pendant ce temps-là, le service public continue de faiblir. Régis Blanchot rappelle que « l’Arcep a informé La Poste qu’elle ne remplissait plus son obligation de qualité de service à J + 2 (courrier qui arrive bien deux jours après l’envoi – NDLR) alors que la norme avant était à J +1 ! La Poste ne rend plus le service correctement et veut demander aux gens de payer plus cher » ! Mais La Poste persiste dans cette logique. Elle espère ainsi atteindre ses objectifs de hausse de 3 % du chiffre d’affaires pour l’année 2015. En tondant la laine sur le dos des usagers et des salariés.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 21:13

 

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Bienvenue à Dunkerque, son chantier pharaonique, ses esclaves à 300 euros par mois
cyprien boganda
Jeudi, 30 Juillet, 2015
Humanité Dimanche

 

Gilles Rollé
 
Deuxième plus important chantier industriel de France, le terminal méthanier doit entrer en service industriel et commercial fin 2015. Pendant des mois, la loi du silence a prévalu sur le chantier soi-disant modèle du terminal méthanier de Dunkerque, devenu le paradis du dumping social. Mais des soupçons de travail dissimulé commencent à filtrer, éclaboussant le propriétaire du méthanier, filiale d’EDF. Les syndicats alertent depuis un an et demi.

«Ex-em-plaire. » Maîtres d’oeuvre et gouvernement, tous n’avaient que ce mot-là à la bouche pour qualifier le chantier du futur terminal méthanier (1) de Dunkerque, lancé fin 2012. Vendu comme le nouveau poumon économique d’une région sinistrée, ce projet à 1 milliard d’euros se devait d’être une vitrine sur le plan social. Mais le verre a commencé à se fissurer à la fin du mois de juin, lors d’une opération de contrôle surprise menée sous l’égide du parquet de Dunkerque (« la Voix du Nord » du 18 juillet). Ce jour-là, des enquêteurs de plusieurs services (police aux frontières, inspection du travail, Urssaf…) déboulent à l’improviste sur le chantier.

Entre les auditions menées par les policiers et les documents dénichés par l’inspection du travail, il semblerait qu’une entreprise italienne exploite des dizaines de travailleurs roumains en toute illégalité. Ces derniers effectueraient jusqu’à 60 heures par semaine, pour un salaire effectif de 300 euros par mois, une fois déduits les « prélèvements » opérés par les patrons. Rappelons que des travailleurs détachés en France doivent toucher au moins le SMIC et ne pas dépasser la limite légale de 48 heures par semaine… Selon plusieurs sources, de nombreux salariés roumains dorment par ailleurs entassés dans des campings de la région.

 

DES OUVRIERS PAS PAYÉS
A priori, cette affaire ne serait que la partie émergée de l’iceberg. Elle n’étonne pas les syndicalistes, qui remuent ciel et terre depuis un an et demi pour alerter les pouvoirs publics sur les conséquences d’un dumping social acharné. Dès le début, les délégués CGT et CFECGC ont soupçonné le pire, en voyant affluer les salariés étrangers par centaines. Sur 1 200 ouvriers employés sur le chantier, plus de la moitié sont des travailleurs détachés – Roumains, Italiens, Portugais –, trimant pour une cascade de sous-traitants. Au total, une bonne centaine de sociétés étrangères ont opéré sur le terminal depuis son lancement. « On s’est vite mobilisé, raconte François Croquefer, de l’union locale CGT. Il nous a fallu huit mois de blocage devant le terminal pour que la direction accepte de nous laisser un local sur le chantier, où nous pouvions parler aux salariés. Les histoires racontées sont édifiantes. Les sous-traitants effectuent toutes sortes de prélèvements sur les fiches de paie : transport, hébergement, nourriture… À l’arrivée, certains ouvriers ne touchent même pas un euro de salaire ! »

 

POUR 300 EUROS PAR MOIS, DES DIZAINES DE TRAVAILLEURS ROUMAINS SONT EXPLOITÉS 60 HEURES PAR SEMAINE.

Au sommet de la myriade de soustraitants, trône le maître d’ouvrage, Dunkerque LNG (2). Il s’agit d’une filiale à 65 % du groupe EDF, à 25 % du belge Fluxys (transport de gaz) et à 10 % du géant Total. Fort de sa participation majoritaire, c’est bien EDF qui pilote le chantier, comme le rappelle d’ailleurs le site Internet du projet. Il est difficile d’imaginer que le mastodonte tricolore ait été totalement ignorant des conditions de travail désastreuses imposées par certains soustraitants, au vu des tarifs pratiqués.
Fin 2013, par exemple, la direction du chantier lance un appel d’offres pour y installer l’électricité. Chose plutôt rare, les deux géants du BTP, SPIE Batignolles et Vinci, s’allient pour décrocher le marché. À la surprise générale, c’est une société italienne qui remporte le gros lot, en affichant un tarif 25 % inférieur à ceux de ses concurrentes. « On a rapidement compris qu’il y avait anguille sous roche, se souvient Fabienne Deroy, déléguée CFE- CGC chez SPIE. On ne peut pas pratiquer des prix aussi bas, tout en respectant la durée légale du travail. »

 

ENCORE DEUX MORTS EN JUIN

CGT et CFE-CGC commencent alors à faire la tournée des pouvoirs publics (dont la DIRECCTE et la préfecture), pour réclamer un minimum de transparence. À chaque fois, ils se heurtent à un mur. L’inspection du travail non plus n’a pas chômé. Selon les informations de l ’« HD », au moins quatre procèsverbaux ont atterri sur le bureau du procureur de Dunkerque depuis 2012, pour des motifs allant du non-respect du repos dominical à des infractions plus graves, en lien avec l’hygiène et la sécurité. Ces dernières étaient très souvent liées à des accidents du travail survenus sur le chantier. Deux ouvriers auraient encore trouvé la mort en juin, à la suite de malaises cardiaques. « Cela n’a malheureusement rien d’étonnant, souligne un syndicaliste. Les gars n’arrêtent pas de bosser, au-delà de ce que permet la législation. Le midi, ils doivent se contenter d’un simple sandwich parce que les patrons ne veulent pas leur payer de vrai repas. Il y a plusieurs mois, un salarié étranger est mort dans un tunnel. Son corps a été rapidement rapatrié dans son pays: les patrons ne veulent surtout pas de vagues. »
Pas de vagues, donc, pour ne pas éclabousser le chantier « vitrine », ardemment désiré à la fois par les élus locaux et les grands groupes de l’énergie (voir encadré). Les syndicalistes espèrent cependant que le couvercle s’entrouvre enfin, maintenant que la justice s’en est mêlée.
Les prochains jours permettront peut-être de briser l’omerta.

(1) Port accueillant des méthaniers, c’est-à-dire des navires transportant du gaz naturel liquéfié dans leurs citernes.

(2) Jointe par l ’« HD », la direction de Dunkerque LNG a refusé de commenter les soupçons de travail dissimulé avant de connaître les résultats de l’enquête.

 

UN TERMINAL ÉNORME, À L’UTILITÉ DISCUTÉE

C’est le deuxième plus gros chantier de France après l’EPR de Flamanville. Prévu pour ouvrir en novembre prochain, le terminal méthanier de Dunkerque sera capable d’accueillir en France les plus grands navires méthaniers du monde. En pratique, le chantier nécessite la création de trois réservoirs de GNL (gaz naturel liquéfié) de 190 000 m 3 et un tunnel de 5 km de long qui acheminera les eaux tièdes de la centrale nucléaire de Gravelines vers le terminal. EDF, actionnaire ultramajoritaire, en a fait son cheval de bataille. Mais les syndicalistes sont sceptiques depuis le début, à l’instar de Laurent Langlard, de la fédération mines et énergie de la CGT (« Basta », 1 er septembre 2011): « Le gaz ne sera pas destiné à la France puisqu’il ne sera pas odorisé, contrairement à ce qu’exige la loi française sur le transport du gaz (l’odorisation du gaz permet de détecter d’éventuelles fuites grâce à l’odeur). Il sera donc vendu dans tout le reste de l’Europe, dans le but unique de faire fonctionner le marché. » Conclusion: ce sera surtout l’occasion pour EDF de faire du business sur le continent européen.
Pour Total, actionnaire à 10 %, il s’agissait de redorer son blason après la fermeture de la raffinerie de Dunkerque. Mais le compte n’y sera pas. À l’arrivée, le terminal emploiera 57 salariés, alors que la raffinerie en comptait 600!

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 21:03

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

L'économie a une histoire 2/6
1773 : les Anglais inventent la propriété privée

 
 
Cette année-là, le Parlement prend acte d'une révolution légale. En autorisant les propriétaires à clore leurs champs, la Chambre des communes inaugurait la possibilité d'utiliser, d'user et de disposer d'un bien. La propriété exclusive était née.
 
John Locke - MARY EVANS/SIPA
 

>>> Article paru dans Marianne daté du 24 juillet 2015

« Le Parlement anglais peut tout faire sauf changer une femme en homme », professait au XVIIIe siècle un juriste calviniste et rousseauiste du nom de Jean-Louis de Lolme. Sans doute notre Genevois fut-il impressionné lorsque, en 1773, le Parlement de Sa Gracieuse Majesté réussit une véritable révolution légale. Par le vote de l'Inclosure Act (1), la Chambre des communes autorisa les propriétaires à entreprendre une action tout à fait inouïe : clore leurs champs pour en interdire l'accès à toute personne et à tout animal.

Les Anglais inauguraient le droit de propriété privée individuelle et exclusive. Les suites se racontent comme un film de Ken Loach. Pour fermer ses champs, la loi exigeait bien une pétition collective des habitants ainsi qu'une enquête par un commissaire. Mais la rapacité des propriétaires et la corruption des fonctionnaires balayèrent ces obstacles, provoquant une concentration de la propriété foncière sans égale en Europe, la paupérisation des paysans locataires et un exode rural massif. Quelques dizaines de milliers de landlords dominèrent alors les campagnes, punissant durement ceux qui attentaient à leurs biens. Comme le dit une chanson populaire de l'époque : « Ils ont pendu l'homme et fouetté la femme qui avaient volé l'oie dans le champ. / Mais ils ont laissé courir le méchant qui avait volé le champ où mangeait l'oie. »

Une dure bataille qui dure depuis le Moyen Age entre propriété individuelle et propriété collective était gagnée. Jusque-là deux types de propriétés cohabitaient, une commune et une individuelle. Les communaux venaient de la nuit du néolithique, vestiges des anciennes communautés paysannes. Les bois, les friches, les haies, les marais, étaient souvent exploités en commun par tous les paysans d'une localité. Quant au droit de propriété des champs, il était limité, le glanage et la vaine pâture permettaient de se nourrir des restes et de faire paître son bétail sur toutes les terres après les récoltes, sur les siennes comme celles des voisins. Coexistence difficile. Dès le XIIe siècle, le droit de propriété individuelle grignote les autres droits. Les contestations du « droit d'exclure » (2) sont légion. En 1516, le juriste et humaniste anglais Thomas More tance les propriétaires qui clôturent les prés pour y mettre leurs troupeaux. « Vos moutons que vous dites d'un naturel doux et d'un tempérament docile dévorent pourtant les hommes... » écrit-il dans Utopia. Pendant la révolution anglaise, les « niveleurs » partagent les terres, contre les maîtres et les propriétaires. Ainsi en avril 1649 des journaliers occupent-ils des terres de la paroisse de Walton (Surrey) affirmant : « C'est indéniablement affaire de justice que le peuple travailleur puisse bêcher, labourer et habiter sur les communs, sans avoir à louer ni à payer une redevance à quiconque. » Le phénomène est européen, outre-Rhin les « rustauds » se révoltent contre ce grignotage. Ici aussi, l'aristocratie et la bourgeoisie exproprient des communes établies depuis des siècles. En 1525, une armée de paysans communisants est massacrée (près de 100 000 morts) par les armées de l'aristocratie appuyée par Luther. Mais, au bout du processus séculaire, les prolétaires agricoles, qu'ils soient anglais ou allemands, n'ont plus qu'à aller mendier dans les villes et à se préparer à servir de main-d'oeuvre bon marché pendant l'ère industrielle.

 

TOUR DE PASSE-PASSE

Des philosophes vont donner au mouvement une assise théorique. John Locke, présenté comme « le fondateur de la propriété privée au sens moderne du terme » par Fabrice Flipo, dans son Deuxième Traité du gouvernement civil, en fait un « droit naturel », une évidence indiscutable. A la fin du XVIIe, le philosophe anglais fait un constat : « Tout homme possède une propriété sur sa propre personne. » Il l'étend ensuite à son travail, pour en conclure qu'il est normal que sa récolte, « si elle n'est pas gaspillée, soit aussi marquée du sceau de la propriété ». En revanche, que se passe-t-il si la production dépasse les besoins des propriétaires, si à force d'acquérir des terres elle devient excédentaire ? Dans ce cas, la récolte risque de pourrir. Inadmissible, affirme le philosophe libéral, les famines sévissent encore. Mais il trouve immédiatement la parade. Si la récolte est vendue, alors tout s'arrange, car l'argent de la vente, dit Locke, « ne pourrit pas ». Par un joli tour de passe-passe, voilà le droit de propriété individuelle étendu quasi sans limites. Avec la bénédiction du philosophe, les grands propriétaires fonciers vont pouvoir exproprier tous les communaux. Les renards libres peuvent s'en donner à coeur joie.

La critique de Locke ne tarde pas. Jean-Jacques Rousseau attaque les enclosures. « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : "Ceci est à moi", et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eut point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant un fossé, eût crié à ses semblables : "Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus." » Adam Smith, injustement passé à la postérité comme infâme libéral sans morale, voit dans la propriété privée de la terre l'origine de la rente. Le laboureur, écrit l'auteur de la Richesse des nations, doit désormais « payer pour avoir le droit de récolter les fruits naturels de la terre, en retournant au propriétaire une partie de ce que son travail avait toujours produit. Cette portion, ou le prix de celle-ci, c'est la rente de la terre ».

En France, malgré la mise en garde de Rousseau, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 sanctifie la propriété privée. L'article 2 entend faire respecter « la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression ». Exit la propriété commune, toute propriété est privée, l'association entre ces deux termes devient un quasi-pléonasme. Pour les rebelles et les durs d'oreille, l'article 17 précise que « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité ». La philosophie a fait son oeuvre, reste au droit de porter l'estocade.

Quinze ans plus tard, le Code civil de Napoléon consacre cette évolution majeure par un de ses articles et en fait également une liberté publique. Voilà notre concept cristallisé dans sa définition actuelle. Elle agrège trois concepts ; la possibilité d'utiliser le bien, d'en user (usus), de bénéficier de ses fruits (fructus) et d'en disposer (abusus) - donc éventuellement de s'en séparer en le vendant.

 

DIFFICILE ACCEPTATION

Le nouveau droit est entré dans la loi et est surprotégé par son statut de liberté publique. La droite orléaniste et la gauche libérale se réjouissent. Mais cette victoire va faire réagir les socialistes et les anarchistes. La résistance va durer tout au long du XIXe et une grande partie du XXe siècle. Le combat enflamme toute l'Europe, Engels dans la Guerre des paysans en Allemagne réhabilite Thomas Müntzer et sa « propriété commune des choses ». En France, la diatribe de Pierre-Joseph Proudhon, « la propriété, c'est le vol », est encore dans toutes les mémoires. Il n'est pas le seul, les socialistes Jaurès et Mauss militent de concert pour des sociétés coopératives, avatars des anciens biens communs autogérés.

Les campagnes aussi résistent. Les historiens soulignent la difficile acclimatation des paysans. Alain Corbin, dans un très beau livre (3), raconte les difficultés des paysans à respecter la propriété privée. Les actes des tribunaux de police en témoignent. Un exemple parmi d'autres : « La veuve Maillard, des Hautes-Roches, est prise en flagrant délit par le garde Dupuis. Elle pousse une chèvre dans un bois. »

Mais la nouvelle classe dominante est la plus forte. « Avec l'avènement de la bourgeoisie louis-philipparde, le vol et les atteintes à la propriété sont le plus sévèrement poursuivis », écrit Jacques Julliard dans Marianne. Tout le monde s'y met. Il faut faire la pédagogie de cette nouvelle norme. A son corps défendant, Victor Hugo s'en fera l'instituteur. Quinze ans de bagne pour avoir volé du pain, c'est le sort de Jean Valjean ; de quoi dissuader les plus téméraires. Le très conservateur Charles Maurras remet le couvert : « La première des libertés est la sécurité des biens et des personnes. » Même Proudhon modère son propos. En 1849, dans les Confessions d'un révolutionnaire, il affirme : « La propriété, c'est la liberté. »

 

RÉSISTANCE DES INSTITUTIONS

Mais, dès 1917, la révolution russe et le développement d'une société communiste, ainsi que la crise de 1929 avec ses conséquences désastreuses, redistribuent les cartes. En 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme fait un pas de travers, une légère concession à la propriété commune. Son article 17 affirme que « toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété ». Cette nouvelle notion permet à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Italie de nationaliser sans se retrouver au ban des nations libres. La mode est au collectif et parfois même au communisme. S'il est facile de qualifier les nationalisations de propriété collective, il est plus difficile de faire rentrer la protection sociale dans cette catégorie-là. N'est-ce pas le retour d'une propriété commune ? Il est évidemment hors de question de revenir à cette notion. Preuve s'il en est, à l'échelon européen, l'Europe adopte le 4 novembre 1950 la Convention européenne des droits de l'homme qui énonce en son article 1er du protocole additionnel no 1 : « Toute personne physique ou morale a droit au respect de ses biens. Nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause d'utilité publique et dans les conditions prévues par la loi et les principes généraux du droit international. »

L'arrivée au pouvoir des néolibéraux va mettre fin pour un temps aux escarmouches. En France, le 16 janvier 1982, le Conseil constitutionnel réussit un coup de maître. Jugeant de la loi de nationalisation du gouvernement « socialo-communiste » de Pierre Mauroy, il inscrit dans le marbre que l'un des buts de la société politique est de défendre le droit de propriété et rappelle qu'il est un « droit naturel ». Cette décision s'impose « aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles », elle a plus de force qu'une loi, plus de force même que la souveraineté nationale. Ce jour-là, la victoire semble totale.

Pourtant, certaines institutions résistent encore. Ainsi le droit de glanage est toujours reconnu en France. Dans certains départements du Nord, il est courant de voir des familles ramasser en toute légitimité des pommes de terre ou des haricots verts après la récolte. Il existe d'autres scories institutionnelles qui remettent en cause l'abusus. En France, les tableaux des collections nationales sont inaliénables, personne ne peut les vendre. Cette décision remonte à bien avant la Révolution française... La culture n'est pas la seule à profiter de cette protection. Les forêts domaniales sont, elles aussi, incessibles. Les communs n'ont pas dit leur dernier mot.

 

Lorsque la propriété redevient absurde
Dans le monde intellectuel aussi les choses ne sont pas jouées. En 2009, Elinor Ostrom est la première femme prix Nobel d'économie, pour son travail sur les biens communs. Les écologistes utilisent la notion de « biens publics mondiaux » pour lutter contre les pollutions. Récemment, quelques francs-tireurs de l'université française s'attaquent à ce bastion. Autour de Benjamin Coriat, une équipe d'économistes vient de publier un Retour des communs. La crise de l'idéologie propriétaire (Les Liens qui libèrent). Les vulgarisateurs ne sont pas en reste. « La formidable montée en puissance des nouvelles technologies de l'information au tournant du XXIe siècle a propulsé la société dans une nouvelle ère de coût marginal quasi nul... Cela signifie que, avec un coût de production d'une unité supplémentaire se rapprochant de zéro, l'abondance devient telle qu'un nombre croissant de secteurs s'émancipent des lois du marché », explique Jeremy Rifkin dans Libération du 19 octobre 2014. Et, « lorsque la rareté disparaît, que la quantité d'offre et de demande n'a plus d'effet sur les prix, le profit, qui se fait à la marge, se tarit, la propriété devient absurde ».

(1) Inclosure : du vieil anglais, devenu par la suite enclosure.
(2) Le Retour des communs, la crise de l'idéologie propriétaire, Les Liens qui libèrent, 2015, p. 88.
(3) Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Sur les traces d'un inconnu, 1798-1876, d'Alain Corbin, Champs Histoire no 504, 2002.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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