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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 16:51

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Joseph Stiglitz : « 91% de la croissance est capturée par 1% en haut de l’échelle »
Mercredi, 2 Septembre, 2015
Humanite.fr
Photo : Francine Bajande
 
De passage à Paris pour la sortie de son dernier ouvrage, le prix Nobel d’économie relève que les inégalités sont au cœur de l’instabilité économique mondiale et développe ses positions alternatives.

À l’heure où François Hollande confesse un renoncement majeur en déclarant « assume(r) pleinement », dans un livre à paraître demain, son « acceptation du traité européen » Sarkozy-Merkel, le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz dresse un réquisitoire des politiques d’austérité. Dans l’entretien qu’il a accordé à l’Humanité à l’occasion de sa visite en France pour promouvoir son nouveau livre, la Grande Fracture (éditions Les Liens qui libèrent), l’économiste dénonce une Europe engluée dans l’austérité, dans laquelle « la France a peur » d’affronter l’Allemagne, comme on l’a vu lors de la crise grecque, cet été. Un problème économique qui devient un problème démocratique, souligne le prix Nobel, quand « les électeurs se disent partout : (…) les gouvernements ont trahi ». « C’est une autre logique qu’il faut suivre », affirme encore Joseph Stiglitz à propos du pacte de responsabilité de François Hollande, qui distribue des aides sans contreparties aux entreprises. Tirant enseignement de l’exemple grec, le prix Nobel, qui a soutenu le non d’Alexis Tsipras au référendum grec de juillet, se prononce pour une réforme de la zone euro, dans un sens plus « démocratique » et « solidaire », et dit l’espoir que suscite en lui l’essor des luttes des mouvements citoyens contre les inégalités aux États-Unis.

Lire l'entretien intégral (version longue en exclusivité sur l'humanité.fr)

Extrait :

Le gouvernement Hollande a décidé d’offrir 40 milliards d’euros de baisses d’impôts aux entreprises pour stimuler l’économie. Qu’en pensez-vous ?

Joseph Stiglitz. François Hollande fondait son espoir sur un regain d’investissements. Or il n’existe aucune preuve qu’un allégement des impôts sur les entreprises conduise mécaniquement à plus d’investissements. Il y a d’autres mesures que de faire un cadeau aux entreprises, ce qui revient à jeter de l’argent par les fenêtres et accroître l’inégalité. Si vous dites que vous investissez et que vous créez des emplois en France, à ce moment vous pouvez avoir une réduction d’impôts. Mais si vous n’investissez pas en France il faut que vous soyez imposé plus fortement. C’est une autre logique qu’il faut suivre, celle d’une incitation à la création d’emplois. Je l’ai dit, en son temps,  au gouvernement français mais je n’ai pas été entendu….

Vous faites la démonstration que des décisions politiques sont à l’origine des dysfonctionnements du système et vous dites que les solutions sont également politiques. Mais aux Etats-Unis Wall street bénéficie d’une législation qui lui permet de financer de façon illimitée les campagnes électorales. Est ce que les dés ne sont pas fondamentalement pipés parce que Wall street est ainsi, de fait, quasiment juge et parti ?

Joseph Stiglitz. C’est ce qui, à vrai dire, entame mon optimisme. Mais c’est aussi ce qui me renforce dans la conviction que l’on ne peut agir strictement sur le terrain des réformes économiques. Il faut promouvoir d’un même mouvement des changements dans la sphère politique. Une réforme de la loi électorale sur le financement des campagnes par exemple.

D’autres choses cependant me remplissent déjà d’espoir. Il y a eu des mouvements de citoyens qui ont réussi à surmonter ces terribles handicaps. Il y a eu des hausses du salaire minimum dans certaines grandes villes comme New – York, Los Angeles ou Seatle en dépit de l’influence des banques qui y étaient totalement opposées. Et à New-York, où se trouve le cœur financier du pays, on a même pu même élire un maire, Bill De Blazio qui a mené campagne contre les inégalités. .

Précisément en termes d’espoirs concrets, comment analysez vous le phénomène Bernie Sanders, le candidat à la primaire démocrate qui se réclame du socialisme ?

Joseph Stiglitz. L’aspect positif du débat aux Etats-Unis c’est que dans les deux partis il y a une reconnaissance du problème des inégalités. Et au sein du parti démocrate tous les candidats sont en faveur de réformes pour réduire les inégalités et mettre une muselière aux banques. Il y a ici et là des différences sur ce qu’il faudrait privilégier, s’il faut mettre davantage l’accent sur l’éducation ou sur autre chose mais il n’y a aucun désaccord entre les candidats sur cette philosophie contre les règles actuelles du capitalisme. Par exemple Hillary Clinton veut responsabiliser les entreprises sur leurs résultats à long terme. Il y a sur ce point unanimité en faveur des solutions progressistes. C’est sans doute aussi un reflet de la désillusion par rapport à la politique menée par Barack Obama et la montée de la conscience des dégâts occasionnés par les inégalités.

Quant à Bernie Sanders, c’est celui qui milite sur ces questions depuis le plus longtemps. J’ai travaillé à plusieurs reprises avec lui notamment sur les questions de la couverture santé. Ce qui est intéressant c’est qu’aujourd’hui il n’est plus isolé. Il est écouté dans le pays.  

Il ne faut pas se cacher cependant que si la grande fracture a produit cette intéressante évolution au sein du parti démocrate elle génère aussi une réaction totalement opposée, ultra-conservatrice dans le parti républicain.

lire la suite

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 15:35

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

EDF distille la propagande nucléaire dans les lycées avec le feu vert de l’Education nationale

21 juillet 2015 / Emilie Massemin (Reporterre)
 


 

 

EDF propose des conférences "sur le développement durable“ dans les établissements scolaires. Vantant subtilement l’énergie nucléaire et stigmatisant la transition énergétique. Reporterre s’est procuré l’enregistrement d’une de ces conférences, au lycée René Char d’Avignon. Analyse.


C’est une leçon un peu spéciale qu’ont reçue les élèves du lycée René Char d’Avignon le 20 avril dernier. A la place de leur cours de principes fondamentaux de l’économie et de la gestion (PFEG), un conférencier, Romain Gras, leur a parlé production d’électricité et développement durable pendant une heure et demie. Détail troublant, ce monsieur travaille pour l’agence Junium Diffusion, un prestataire d’EDF. Alors que la production d’électricité de ce dernier dans le monde était à 82,2 % nucléaire en 2014.

Cet enseignement était-il aussi neutre qu’on est en droit de l’attendre de l’éducation publique ? Pour le savoir, Reporterre s’est procuré un enregistrement de l’animation proposée par M. Gras aux lycéens de René Char.

En introduction, l’intervenant présente les différents types d’énergie. Il poursuit sur les véhicules électriques, puis sur le pétrole, le gaz et le charbon, dont il souligne le caractère néfaste pour le climat et l’économie française. C’est là qu’arrive le nucléaire, « moyen alternatif » de produire de l’énergie qui « coûtait moins cher » à la France, dépourvue de réserves de gaz, de charbon et de pétrole.

Puis M. Gras détaille le fonctionnement de la filière atomique, de l’extraction de l’uranium à la gestion des déchets radioactifs. Il ne dissimule pas l’impact environnemental de cette industrie même s’il souligne que « l’uranium a un avantage, c’est un minerai à la base peu cher, beaucoup moins que le pétrole ».

« Ceux qui travaillent là [dans le réacteur] sont soumis à la radioactivité, poursuit l’intervenant. On porte bien sûr des combinaisons pour s’en protéger. » Insouciant, il rapporte avoir « pris des doses de radioactivité supérieures à la normale » cet hiver. Des propos qui minimisent les risques, alors qu’une étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) montre que l’exposition prolongée à de faibles doses de radioactivité accroît le risque de décès par leucémie chez les travailleurs du nucléaire.

Tchernobyl, Fukushima, démantèlement, déchets : le grand déballage

Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima sont évoquées, ainsi que leurs conséquences – mise en en place d’une « zone interdite » et difficultés à gérer les quantités phénoménales d’eau radioactive à Fukushima.

Le grand déballage continue avec les problèmes du démantèlement - « on ne peut pas déconstruire totalement une centrale nucléaire » - et les déchets radioactifs - « il y en a une partie, (…) on ne peut pas enlever la radioactivité, on ne sait pas quoi en faire (…) donc on les stocke ».

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Un groupe scolaire installé à proximité de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher.
Démontrer que le nucléaire est la solution la moins mauvaise

Le conférencier de Junium ne semble donc pas promouvoir ouvertement le nucléaire. En tout cas, il ne cache pas les dangers de ce mode de production. Son discours est plus subtil : démontrer qu’en dépit de ses défauts, l’atome reste la source d’énergie la moins mauvaise. Chose rassurante, les lycéens ne semblent pas dupes.

« Si le nucléaire c’est tellement bien, pourquoi l’Allemagne veut s’en débarrasser, de toutes ses centrales ? », demande l’un d’eux. La réponse fuse, un peu agacée : c’est un « choix politique » suite à l’accident « rarissime » de Fukushima en 2011. Et dans la bouche de M. Gras, c’est loin d’être une bonne idée : « Depuis 2011, l’Allemagne rejette énormément de CO2, parce qu’elle a lancé des centrales qui brûlent du charbon. » Ce qui est exact : les émissions de CO2 allemandes sont passées de 742,2 Mt en 2011 à 755,3 Mt en 2012 (cf p. 36 de ce document de l’IAE) - mais ont diminué en 2014. Mais il est possible que ce retour au charbon ne soit que passager : la transition énergétique est en marche outre-Rhin.

Une transition énergétique qui ne semble guère convaincre M. Gras. « [Les Allemands] ont développé massivement l’éolien. Super, ironise-t-il. Vous la contrôlez l’éolienne ? (…) Vous contrôlez rien du tout. » Les autres énergies renouvelables ne trouvent guère grâce à ses yeux. Les centrales hydrauliques, c’est bien, « c’est plus puissant, ça produit plus ». Mais « impact à mesurer (…). Vous inondez une vallée. Donc on déplace des villages ». L’énergie marémotrice, c’est pas mal, les hydroliennes aussi, « mais il y a un souci, c’est d’ordre économique. Produire de l’électricité en pleine mer, (...) techniquement, on sait faire, mais en ce moment c’est très coûteux ».

En revanche, le conférencier n’évoque pas les coûts incontrôlés de la construction de l’EPR, du stockage des déchets et des démantèlements ?

Quant aux économies d’énergie, elles ne sont tout simplement jamais mentionnées, comme si la politique énergétique se résumait au choix de la production d’électricité.

« Pas neutre », juge un parent d’élève

L’intervention de l’envoyé d’EDF au lycée a fait grincer quelques dents chez les parents d’élèves. « Je trouve que ce n’est pas neutre, juge l’un d’eux. Le lycée aurait pu faire venir plusieurs intervenants différents, un dans les énergies renouvelables, un dans le nucléaire, un dans l’efficacité énergétique, pour que les élèves puissent avoir différents points de vue. »

 

« La question sur l’Allemagne était intéressante à poser, je voulais savoir ce qu’il allait répondre. Mais je trouve qu’il a évité le sujet », relève une élève. La remarque sur les doses de radioactivité l’a laissée perplexe : « Quand il a dit qu’il avait été irradié, il essayait de dédramatiser mais je n’ai pas trouvé ça convaincant. »

De son côté, la proviseure du lycée René Char a indiqué à Reporterre qu’elle n’avait « pas de commentaire à faire sur cette intervention ».

 

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Brochure de présentation des prestations proposées par Junium Diffusion pour EDF.
Une convention signée entre EDF et l’Éducation nationale

Cette conférence n’est pas un cas isolé. Elle est délivrée dans le cadre d’une convention qui lie EDF et l’Éducation nationale depuis le 30 avril 2002. Reporterre en a demandé le texte au ministère de l’Éducation nationale, qui ne lui a pas encore envoyé. Le producteur d’électricité propose ainsi quatre types de conférences aux établissements scolaires. Cinq mille interventions ont été réalisées en France pendant l’année scolaire 2013-2014, peut-on lire dans une note envoyée par le service pédagogique d’EDF.

- Télécharger la note d’EDF :

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EDF balaie du revers de la main tout soupçon de propagande nucléariste. Les conférences ne traitent pas des activités d’EDF, mais proposent « une vision globale de ce qu’est la production d’électricité et les enjeux d’un mix énergétique, par rapport aux trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental », y assure-t-on en réponse aux questions de Reporterre. En plus, les conférenciers ne sont pas payés par EDF, mais par Junium. Ceci, « pour pouvoir donner des conférences en toute neutralité ».

Conférencier... ou responsable d’équipe à la centrale du Tricastin ?

Pourtant, dès les premières minutes de l’enregistrement que s’est procuré Reporterre, la distinction entre conférencier Junium et salarié EDF est gommée. « Je travaille pour EDF, affirme l’intervenant. Une partie de mon métier, la principale, consiste à travailler à la centrale nucléaire du Tricastin...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 15:13

 

Source : http://www.terraeco.net

 

 

 

Comment (vraiment) sauver l’agriculture française avec 3 milliards

27-08-2015

 

 

 

Comment (vraiment) sauver l'agriculture française avec 3 milliards
(Crédit photo : Flickr - Renaud Camus )
 
Xavier Beulin, patron de la FNSEA, réclame cette somme pour sauver l'élevage. Et si, avec le même magot, on changeait de système ? L'exercice a inspiré la Confédération paysanne et l'agronome Marc Dufumier. Voici leur méthode.

L’agriculture française est en crise. Les éleveurs de porcs bretons se sont fait distancer par les allemands. Le prix du lait de Normandie ne rivalise plus avec celui d’Australie… Qu’à cela ne tienne ! Une perfusion de quelques milliards d’euros devrait remettre le système d’aplomb. C’est en tout cas ce que préconise Xavier Beulin. Dans une interview au Journal du dimanche, le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), premier syndicat agricole français, réclame « 3 milliards d’euros sur trois ans pour retrouver la compétitivité perdue ». Cet ingrédient devrait, selon le pédégé d’Avril-Sofiprotéol, une holding spécialisée dans le financement de l’agro-industrie, permettre à la France « de rattraper l’Allemagne dans les cinq ans ». Sa recette ? « Moderniser les bâtiments, automatiser les abattoirs, organiser les regroupements d’exploitations afin qu’elles soient plus productives ». Le tout, en supprimant les charges et en gelant les normes environnementales.

Pendant que l’homme d’affaires rêve d’un élevage industriel reparti « pour quinze ans », d’autres, partisans d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement, dépenseraient cet argent autrement. L’agronome Marc Dufumier et le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, nous détaillent comment.

1. Des prix plus rondelets pour les petits volumes

Et si les premiers litres de lait d’un paysan lui rapportaient plus gros que les suivants ? Et si les fruits, légumes et céréales récoltés sur les premiers hectares d’une exploitation étaient vendus à un prix plus intéressant ? Selon Laurent Pinatel, cette seule mesure aurait au moins trois bienfaits : « soutenir les petites exploitations, limiter la concentration et éviter la surproduction ». A la Confédération paysanne, on suggère, par exemple, un prix du lait à 350 euros la tonne pour les 150 000 premiers litres, ou encore une surprime pour les 25 premiers hectares (il en existe déjà une pour les 52 premiers hectares). Ainsi, en garantissant un revenu décent dès les premiers volumes, ce système pourrait encourager les installations ou du moins « stabiliser le nombre de paysans », estime Laurent Pinatel. Dans le même temps, il mettrait un coup d’arrêt à la course aux gros volumes, limitant ainsi les risques de surproduction, qui eux-mêmes entraînent des chutes de prix qui, à leur tour, incitent à courir après les gros volumes…

2. Réorienter les primes vers la qualité plutôt que vers la quantité

Les agriculteurs français ont-ils plutôt intérêt à produire des quantités modérées de lait voué à être changé en yaourts et en fromages vendus dans l’Hexagone ? Ou de gros volumes pour exporter, en concurrence avec l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, du lait en poudre sur le marché chinois ? A la Confédération paysanne, on choisit sans hésiter la première option. Ainsi, quand Xavier Beulin mise sur les fermes XXL, d’autres considèrent que le salut de l’agriculture française passera par les labels, le bio, les AOC… « Prenons le porc : même si on rattrapait les Allemands et les Espagnols sur les prix, si l’on garde les mêmes conditions d’élevage et d’alimentation, pour quelles raisons un consommateur préfèrerait-il acheter français ? », s’interroge Laurent Pinatel. Le syndicaliste préconise donc un positionnement sur le « haut de gamme ». Un avis que partage Marc Dufumier. « Il faut remettre les animaux sur la paille, revoir le contenu de leurs gamelles, les ramener sur l’herbe », abonde l’agronome. Quant aux fruits et aux légumes, il serait bon « de réduire l’usage d’engrais de synthèse et de pesticides », poursuit-il.

Mais, ce tournant engagé, les ménages aux petits budgets pourront-ils continuer à se nourrir français ? Oui, « à condition que les aides de la PAC (politique agricole commune) soient réorientées vers la qualité », estime Laurent Pinatel. A ses yeux, l’économie française a tout à y gagner. « A la tonne de viande vendue, un poulet de Bresse ou de Loué crée plus d’emplois que de la volaille industrielle », détaille-t-il.

3. Abattoirs, fromageries : créer des infrastructures de proximité pour valoriser les produits

Pour proposer en circuit court des produits à forte valeur ajoutée, encore faut-il pouvoir les transformer. C’est alors que les régions ont un rôle à jouer, celui de « mettre en adéquation les besoin de consommation et d’emplois d’un territoire et sa production », précise Laurent Pinatel. En bénéficiant d’une partie des 3 milliards d’euros, elles pourraient soutenir l’ouverture de yaourteries, de fromageries et d’abattoirs de petits volumes permettant aux bouchers de s’approvisionner au plus près. Le tout rendu possible par « la mise en place d’aides à la collecte au ramassage ».

4. Booster la demande de bio et de produits locaux en allégeant les factures des cantines

Tandis que la France manque de légumes – le nombre de producteurs à chuté de 40% depuis 1996 –, les exploitants agricoles produisent toujours plus de céréales à exporter. De même, « alors que nos bovins élevés hors sol et nourris au soja brésilien partent vers Taïwan ou le Maghreb, nous allons chercher en Irlande des animaux engraissés à l’herbe pour répondre à la demande française », déplore Laurent Pinatel. Un système que la Confédération paysanne aimerait rééquilibrer. « Il faut arrêter de vouloir faire manger aux gens ce que l’on produit pour produire ce que les gens ont envie de manger », résume-t-il. Dans l’idée, les céréaliers devraient se faire un peu maraîchers. Partisan de ces conversions, Marc Dufumier mise sur les cantines pour donner l’impulsion. C’est alors qu’interviennent les 3 milliards. « Imaginez que, grâce à un soutien financier, collèges, lycées, maisons de retraites et restaurants d’entreprises n’aient pas à débourser plus cher pour des produits de proximité, avance-t-il. Dites ensuite à un céréalier qu’une école est prête à acheter à bon prix un volume croissant de légumes sur les six ans à venir et vous avez des chances de voir ses pratiques changer. »

5. Des revenus pour les services environnementaux rendus

Paysans, plantez des arbres dans vos champs ! Tel devrait être l’un des engagements du monde agricole en contrepartie des 3 milliards d’euros réclamés par la FNSEA. De même, la réintroduction de coccinelles pour chasser les pucerons, de scarabées pour s’en prendre aux limaces, devrait être récompensée. « En préservant les paysages, en limitant l’usage d’engrais et de pesticides, ces pratiques vont dans l’intérêt du contribuable, résume l’agronome. Les 3 milliards pourraient servir à rémunérer le producteurs pour les service rendus à la collectivité », estime Marc Dufumier. « Ce système, présent dans le second pilier de la PAC, pourrait être développé, confirme Laurent Pinatel. Il permettrait à des agriculteurs en intensif, qui, du fait de la [convergence des aides→http://www.terre-net.fr/convergence...], risquent de voir leurs primes baisser, de compenser ces pertes en changeant leurs pratiques. »

6. Soutenir l’emploi

Seul bémol, champs arborés et agriculture automatisée ne vont pas de pair. « Ce type d’agriculture est fatalement plus gourmande en main-d’œuvre, ce qui implique des coûts de production plus importants », reconnaît Laurent Pinatel. C’est précisément ce surcoût qu’une enveloppe de 3 milliards devrait également absorber.

7. Encourager la mise en culture de légumineuses pour lever le pied sur le soja

Pour fonctionner sur le modèle actuel, l’agriculture française importe beaucoup : « du soja brésilien, argentin et américain pour les protéines, du gaz naturel russe pour fabriquer les engrais de synthèses azotés… », résume Marc Dufumier. L’agronome assure que cette dépendance, et donc cette vulnérabilité aux variations des marchés mondiaux, n’est pas une fatalité. « La mise en culture de légumineuses( pois, féveroles, lentilles ) sur le territoire permettrait, en partie, de s’en libérer. » Quant aux engrais, Marc Dufumier estime qu’on peut regagner en indépendance à condition de « réassocier l’élevage et les cultures ». Ainsi, le fumier « fertiliserait les champs plutôt que les algues vertes bretonnes » . Autre technique : le « pré bois » ou l’art de planter des pommiers dans les champs de blé. « Leur racines vont chercher des minéraux très profondément dans le sol, ceux-ci se retrouvent dans les feuilles qui, quand elles tombent, nourrissent le sol et les cultures » rappelle ce partisan de l’agroforesterie.

L’ensemble de ces revirements met à mal les économies d’échelle, vocation première de l’agriculture industrielle. Mais à long terme, Marc Dufumier assure que même financièrement, ce pari sera gagnant. « Le système actuel nous coûte très cher : en importation d’aliments, d’engrais et d’énergies fossiles, en algues vertes, en traitement des eaux, en maladie d’Alzheimer et en chômeurs », résume l’agronome. Pour lui, utilisés comme l’entend la FNSEA, les 3 milliards tomberaient dans un panier percé. « La modernisation telle que l’entend M. Beulin, consiste à produire, sur le modèle des années 1950, la même merde qu’aujourd’hui avec encore moins de bras, pour au final encore moins de goût ! »

A lire aussi sur Terraeco.net :
- L’interview coup de point de Xavier Beulin
- Notre dossier « Le goût assassiné »

 
 
 
 
 
 
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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 14:52

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Main basse sur l’information!

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Accélération de la concentration dans la presse quotidienne et audiovisuelle ; multiplication de faits de censure ; consanguinité de plus en plus accentuée et malsaine entre les milieux d’affaires et les médias ; verrouillage de l’information sur de nombreux médias audiovisuels, à commencer par l’audiovisuel public : la France vit une grave régression démocratique ! C'est presque le retour à la presse de l'avant-guerre, celle du Comité des forges.

Pour la liberté et le pluralisme de la presse, et plus généralement pour la liberté et le pluralisme de l’information, ce sont décidément des jours très sombres que traverse la France. Accélération de la concentration dans la presse quotidienne et la presse audiovisuelle ; multiplication de faits de censure venant s’ajouter à des comportements très répandus d’autocensure ; consanguinité de plus en plus accentuée et malsaine entre les milieux d’affaires et les médias ; verrouillage de l’information sur de nombreux médias audiovisuels, à commencer par l’audiovisuel public… C’est peu dire que notre pays connaît une évolution qu’il faut bien qualifier pour ce qu'elle est : une grave régression démocratique !

Sous le précédent quinquennat, celui de Nicolas Sarkozy, ou dans les années juste antérieures, en prévision de l’alternance, le rachat de la plupart des grands quotidiens français par de richissimes amis du chef de l’État avait déjà fait grand bruit. Au fil des mois, on avait en effet assisté à une véritable boulimie d’acquisitions de la part de milliardaires dont la plupart n’avaient pas la presse pour métier, quand leurs activités ne dépendaient pas de la commande publique et qui pour beaucoup d’entre eux entretenaient des liens de forte proximité voire d’amitié avec le chef de l’État et qui faisaient partie des célèbres invités de la soirée du Fouquet’s.

Entrée au capital du Monde, en alliance avec les Espagnols de Prisa (l’éditeur d’El País), d’Arnaud Lagardère, qui s’est souvent présenté comme le « frère » de Nicolas Sarkozy ; rachat des Échos par Bernard Arnault, le témoin de mariage (avec Cécilia) du même Nicolas Sarkozy ; rachat du Figaro par Serge Dassault, sénateur UMP, et également ami proche du même Nicolas Sarkozy en lequel il voyait le fils qu’il aurait aimé avoir ; acquisition de Libération par le banquier Édouard de Rothschild, qui a souvent passé ses vacances à La Baule avec le même Nicolas Sarkozy : dès cette époque, ce mélange des genres, cette consanguinité avaient fait à juste titre scandale. On s’était pris alors à penser que la France, du Second Empire jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’époque gaulliste, ne s’était décidément jamais départie de ses terribles travers : ceux d’un régime présidentialiste qui dispose d’une culture démocratique faible et méprise les contre-pouvoirs, à commencer par celui de la presse.

Et pourtant, il faut bien admettre que dans ce domaine de la liberté de l’information et du pluralisme – comme dans beaucoup d'autres ! –, l’alternance de 2012 n’en a pas été une. Et que la régression démocratique s’est encore accentuée. Sans doute n’y a-t-il plus de lien d’amitié visible entre le chef de l’État et les grands patrons qui ont fait main basse sur l’information. Mais c’est pourtant presque pire : la consanguinité entre les milieux d’argent et les grands médias s’est dramatiquement accentuée. Et le pluralisme en a d’autant reculé.

L’indice le plus récent de cette appropriation de la presse française, écrite et audiovisuelle, par une petite camarilla de milliardaires est l’empire immense que vient de se constituer en à peine quelques mois Patrick Drahi, le patron de Altice Media Group (AMG), la filiale domiciliée au Luxembourg du groupe d'Altice (SFR, Numericable). Que ce grand patron ait du talent pour construire un groupe gigantesque en jonglant avec les milliards, dans une folle politique d'endettement, voilà qui ne fait guère de doute – on peut lire à ce sujet la longue enquête de ma consœur Martine Orange, dont on trouvera les deux volets ici et . Mais que l'on puisse y voir la garantie d'un rebond de la presse libre et indépendante, c'est évidemment une tout autre affaire…

À la manière d’un Jules Mirès, le célèbre homme d’affaires du Second Empire, qui entre ses folles spéculations sur la bulle de l’époque, celle des chemins de fer, investissait à tout va dans la presse pour mieux consolider son influence et entretenir des relations de connivence avec le pouvoir (lire La presse dans le piège de la démocratie illibérale), Patrick Drahi a racheté à une vitesse éclair tout ce qui était à vendre. Il a d’abord mis la main sur Libération, le journal créé en 1973 par Jean-Paul Sartre et Serge July. Cela a ensuite été le tour du groupe L’Express, fondé en 1953 par Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber, c’est-à-dire l’hebdomadaire éponyme et une ribambelle d’autres titres parmi lesquels L’Étudiant ou encore L’Expansion

Et puis, pour finir, fin juillet, il y a eu l’accord avec Alain Weill, au terme duquel Patrick Drahi va progressivement prendre le contrôle du groupe NextRadioTV, c’est-à-dire, là encore, d’un portefeuille considérable de chaînes et d’antennes, parmi lesquelles BFM-TV, BFM-Business ou encore RMC (lire Alain Weill ouvre les portes de NextRadioTV au milliardaire Patrick Drahi).

Cette opération de concentration est l’aboutissement d’une longue histoire. Et le capitalisme de connivence à la française avait déjà abîmé beaucoup de ces titres, avant même que Patrick Drahi ne s’en empare. Épuisé par de longues années de crise et tout autant de plans sociaux qui ont vu des générations entières de journalistes expérimentés quitter le navire, le Libération d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec le Libération d’hier qui était la propriété de la société des journalistes (la SCPL), système de gouvernance inspiré de celui du Monde, qui garantissait son indépendance. De même, L’Express d’aujourd’hui, avec ses couvertures « Spécial immobilier » ou « Classement des hôpitaux » – voire pire, ses couvertures machistes (« Ces femmes qui lui gâchent la vie ») ou carrément xénophobes (« Le vrai coût de l’immigration ») – n’a plus grand-chose à voir, et depuis bien longtemps, avec la publication dans laquelle écrivaient Albert Camus ou Jean-Paul Sartre, et qui fut parmi les premiers journaux, avec Combat, à dénoncer la torture en Algérie.

Dans le rachat par Patrick Drahi de tous ces titres, qui ont chacun une histoire longue en même temps qu’une relation passionnée depuis longtemps avec leurs lecteurs, il y a comme un aboutissement. C’est une triste fin de cycle !

« Assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance »

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une bonne partie de la presse française a vécu en effet une refondation. Pour prendre en compte le programme du Conseil national de la résistance (CNR) (on peut le consulter ici) qui fixait comme priorité le fait « d’assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des influences étrangères », beaucoup de journaux ont, par divers moyens, cherché à l’époque les garanties de leur indépendance. Le Monde – imité vingt-cinq ans plus tard par Libération – a construit son indépendance à l’égard « des puissances d’argent » grâce à un système de gouvernance dans lequel la société des journalistes détenait le contrôle majoritaire du journal. Ailleurs, d’autres modèles ont été inventés, comme une société coopérative ouvrière pour Le Courrier picard, et d’autres modèles encore…

Pendant plusieurs décennies, le legs démocratique du CNR a survécu, dans des formes juridiques multiples. Et dans leur fonctionnement, bien des journaux ont gardé des types de fonctionnement attestant qu’ils étaient des produits hybrides : des produits, certes marchands, devant trouver leur équilibre financier, mais aussi des instruments de la démocratie, garantissant le droit à l’information des citoyens.

L’ère Drahi sonne donc la fin de cette époque. C’est en quelque sorte pour la presse la fin d’un long déclin. Avec l’irruption du roi du câble dans le secteur de la presse, il est maintenant établi que la presse n’est plus qu’un produit marchand, qui s’achète et se vend, dans de pures logiques commerciales ou d’influence. C’est le retour à l’époque d’avant le CNR : le retour à la presse de l’avant-guerre, celle du Temps, le journal du Comité des forges, avec lequel Hubert Beuve-Méry, le fondateur du Monde, voulait rompre à la fin de la guerre, au motif qu’il avait été trop près des puissances d’argent (en même temps que du Quay d’Orsay !), trop emblématique de ce qu’il qualifiait « la presse d’industrie ». La presse de connivence…

Mon confrère Antoine Perraud vient d’ailleurs de faire une trouvaille. Il a déniché dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) une vidéo d’Hubert Beuve-Méry, le fondateur du Monde, qui permet de mieux comprendre l’ambition originelle de ce journal, qui rejoint celle du CNR.

Hubert Beuve-Méry (1902-1989), interrogé en 1985, revient sur la création du “Monde”

Au cours de cet entretien, Hubert Beuve-Méry répond à l’interpellation d’un journaliste :

« Quand vous avez créé ce journal en 1944, qu’avez-vous voulu faire ? » lui demande celui qui l'interroge.

— Avant tout un journal indépendant, qui ne doive rien à personne, ni à l’État, ni aux puissances d’argent, ni aux puissances constituées, que ce soient des Églises, des syndicats. Un journal qui puisse vraiment n’avoir aucune espèce de fil à la patte », répond Hubert Beuve-Méry.

Tout est dit ! C'est cette ambition, au cœur du projet de refondation de la République à la fin de l'Occupation, qui a été progressivement abîmée par des coups de boutoir successifs de ces « puissances d'argent ». Désormais, une bonne partie de la presse s'est retrouvée enlacée par ce « fil à la patte » avec lequel voulait précisément rompre Hubert Beuve-Méry.

Signe des temps et de ce naufrage que connaît la presse française, Altice, qui est la holding de tête du groupe de Patrick Drahi, multiplie donc ses emplettes dans la presse française et enrôle dans le même mouvement Michel Combes comme président de son conseil d’administration et directeur des opérations du groupe. Lequel Michel Combes vient de quitter la direction du groupe Alcatel-Lucent avec un scandaleux pactole de 14 millions d’euros. Autant dire que les directeurs des publications des titres du groupe y regarderont peut-être à deux fois désormais avant de faire des éditoriaux vengeurs contre les abus des patrons du CAC 40, quand ils se couvriront d’or, comme ils en ont la détestable habitude, sous forme de stock-options, golden hellos, golden parachutes ou autres rémunérations variables…

Si les achats en cascade de Patrick Drahi retiennent l’attention, c’est, donc, parce qu'ils sont l’achèvement d’une opération main basse sur la presse et sur l’information qui a connu d’autres épisodes, tout aussi graves. C’est, en bref, l’une des dernières pièces du puzzle qui se met en place et qui montre de la presse française est l’image de ce qu’elle est lentement devenue : une presse totalement sous le contrôle des puissances d’argent, de plus en plus prisonnière des logiques d’influence.

Si le constat saute aux yeux, c’est qu’en face de l’empire Drahi dans la presse et l’information, un autre s’est constitué auparavant, autour du milliardaire et patron de Free Xavier Niel, le banquier de chez Lazard Matthieu Pigasse et le milliardaire Pierre Bergé. Un autre empire, qui a mis la main sur le groupe Le Monde puis sur le groupe du Nouvel Observateur et qui pourrait à l’avenir avoir encore d’autres ambitions, par exemple dans l’audiovisuel. Un autre empire de presse dont les logiques internes sont les mêmes que celles d’Altice, beaucoup plus proches de ce qu’était Le Temps d’avant guerre que du Monde d’Hubert Beuve-Méry. En bref, c’est bel et bien le retour, à peu de choses près, à ce qu’était la presse du temps du Comité des forges.

Et ce n’est pas tout ! Car dans cette opération main basse sur la presse et sur l’information, il faudrait encore citer beaucoup d’autres évolutions pour le moins inquiétantes pour le pluralisme et la liberté de l’information : la prise de contrôle imminente du Parisien par le même Bernard Arnault, déjà propriétaire des Échos ; la prise de contrôle du quotidien La Provence par Bernard Tapie, bien que l’argent investi dans ce journal provienne d’un arbitrage frauduleux qui a valu à son principal bénéficiaire et quelques autres acteurs de l’affaire une mise en examen pour « escroquerie en bande organisée » et « recel de détournement de fonds publics » ; le contrôle de plus en plus spectaculaire de tous les quotidiens de la façade est de la France par le Crédit mutuel…

Bref, les milieux d’argent sont partout à l’offensive. Et ce spectaculaire appétit ne s’arrête pas à la presse écrite : les mêmes milieux d’affaires lorgnent avec de plus en plus de gourmandise les joyaux qui pourraient être à vendre dans l’audiovisuel. À preuve, la prise la prise de contrôle progressive de NextRadioTV par Patrick Drahi que nous venons d’évoquer ; à preuve encore, l’intérêt que les nouveaux propriétaires du groupe Le Monde-Nouvel Observateur ont manifesté pour la chaîne d’info en continue LCI, quand le bruit a circulé que Martin Bouygues pourrait s’en séparer…

Or, ce qu’il y a de très spectaculaire dans ce système de verrouillage de l’information en France par quelques grandes fortunes, c’est que tout y concourt, et que la puissance publique elle-même apporte de facto son appui à cet immense mouvement de spéculation et de concentration de l’information.

Comme l’a établi récemment une longue enquête de Mediapart sur le trafic des fréquences audiovisuelles délivrées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), les tribulations récentes de la chaîne Numéro 23, fondée par Pascal Houzelot (lire Le fructueux trafic des fréquences audiovisuelles), illustrent le fonctionnement ahurissant du capitalisme de connivence à la française. Financé par une partie du gotha français des affaires ainsi que par un oligarque russe ; ami du banquier Matthieu Pigasse et du milliardaire Pierre Bergé et coopté par eux au conseil de surveillance du Monde ; par ailleurs soutenu et conseillé par David Kessler qui fut le conseiller pour les médias de François Hollande à l’Élysée après avoir été celui du même Matthieu Pigasse, Pascal Houzelot a en effet obtenu à titre gracieux au printemps 2012 une fréquence, alors que tout le monde se doutait qu’à peine le délai légal de deux ans et demi imposé par la loi serait dépassé, il revendrait la chaîne. En réalisant une formidable culbute financière.

Et c’est donc ce qui s’est effectivement passé : si le CSA – qui réexaminera l’affaire à la mi-septembre – n’y met pas le holà, Pascal Houzelot et ses alliés feront une plus-value insensée de 88,5 millions de vente, en cédant à NextRadioTV la chaîne Numéro 23, dont la fréquence a été attribuée gratuitement. Lequel groupe NextRadioTV a lui-même été revendu dans l’intervalle à Patrick Drahi, au terme de cet immense et sinistre jeu de Monopoly qui bouleverse tout le paysage de la presse audiovisuelle française…

Retour à la presse du Comité des forges

Mais dans cette enquête de Mediapart, nous soulignions aussi que l’affaire Houzelot, pour être la plus scandaleuse de toutes, n’en révélait pas moins les tares d’un système pernicieux qui permet à de richissimes hommes d’affaires de spéculer grâce à des fréquences qui leur sont attribuées gratuitement, d’arrondir ainsi leur fortune, ou d’asservir des médias audiovisuels à leurs caprices personnels.

Des exemples du même type que celui de l’affaire Houzelot, on peut en effet en citer d’autres : celui de Claude Berda (AB Productions), qui a revendu en mars 2010 une fortune – 192 millions d’euros pour être précis – ses chaînes TMC et NT1 à TF1. Et même l’État s’est mis à donner le mauvais exemple, puisqu’il a finalisé en octobre 2014 la rétrocession pour près de 25 millions d’euros au groupe Lagardère des 34 % du capital que France Télévisions détenait dans la chaîne de la TNT Gulli. Pour les plus grandes fortunes, la loi qui encadre la TNT est donc une bénédiction : elle autorise toutes les spéculations possibles et imaginables. Ou presque toutes.

Mais l’exemple le plus spectaculaire qui résume la folie du système français, c’est celui de Vincent Bolloré, le célèbre homme d’affaires qui fut l’un des invités vedettes du Fouquet’s (et celui qui prêta son jet personnel et son yacht à un Nicolas Sarkozy tout juste élu !). Car c’est précisément grâce à ce système de spéculation autour des fréquences de la TNT que l’homme d’affaires peut monter au capital du groupe Vivendi et, par ricochet, devenir le véritable patron de sa filiale, le groupe Canal+. Tout cela grâce à cette loi qui offre à titre gracieux des canaux pouvant ensuite être revendus à prix d’or.

Quand, à la fin de l’été 2011, Vincent Bolloré cède le contrôle de 60 % des deux chaînes de la TNT qu’il contrôle, Direct Star et Direct 8, il réalise une affaire en or. Direct Star, c’est l’ex-Virgin 17, qu’il a racheté au groupe Lagardère quelque 70 millions d’euros et qu’il rétrocède à Canal, pour près de 130 millions d’euros. Et Direct 8, il l’a obtenue gracieusement, au terme d’une autorisation que le CSA lui a accordée le 23 octobre 2002.

Dans le « deal » que Vincent Bolloré fait avec le groupe Vivendi, les deux chaînes sont valorisées 465 millions d’euros, alors que l’industriel breton et ami de Nicolas Sarkozy n’a investi pour elles guère plus de 200 millions d’euros. Grâce à l’État, il fait donc une culbute financière exceptionnelle…

La culbute est d’autant plus importante que Vincent Bolloré est payé en titres Vivendi, à un cours exceptionnellement bas, de 17 euros, du fait de la crise financière qui est à l’époque encore très violente – le cours est aujourd'hui à plus de 23 euros. Dès à présent, Vincent Bolloré a donc fait une culbute presque 50 % au-dessus de ce que l’on pensait à l’époque où il a vendu les deux chaînes de la TNT. Et dans la foulée, il est devenu l’homme fort du groupe Vivendi (il devient le président du conseil de surveillance en juin 2014), et donc aussi, l’homme fort de sa filiale, le groupe Canal+.

En somme, tout concourt, y compris la puissance publique, à ce que le système de l’information soit en France totalement – ou presque – verrouillé par quelques grandes fortunes. La presse dans toutes ses composantes : la presse écrite comme la presse audiovisuelle…

Et de ce système stupéfiant, on devine sans grand peine les ravages : même s’il s’agit d’une valeur fondatrice de la République, le droit à l’information des citoyens est en France sans cesse malmené – beaucoup plus qu’il ne l’est en tout cas dans les pays qui ont des cultures fortes de contrepouvoirs. Et comme par un fait exprès, de nombreux exemples sont venus illustrer ces derniers temps les risques d’un système qui livre la presse aux ambitions, aux intérêts ou aux caprices des puissances d’argent.

Le cas le plus récent et le plus flagrant est celui de la censure décidée par le même Vincent Bolloré, comme l’a révélé récemment Mediapart (A Canal+, Vincent Bolloré censure un documentaire sur le Crédit mutuel): dans son enquête, mon confrère Fabrice Arfi a révélé par le menu comment le tout-puissant patron de Vivendi et homme fort de sa filiale Canal+ a personnellement censuré d’un simple coup de téléphone un documentaire sur le Crédit mutuel et la fraude fiscale, qui devait être diffusé sur la chaîne cryptée. Lequel Vincent Bolloré a avec le Crédit mutuel de nombreux liens d’intérêt.

Dans le même registre, on peut encore citer la spectaculaire reprise en main qui se dessine pour les Guignols de l’info de Canal+ que le même Vincent Bolloré a d’abord envisagé de supprimer avant, face au tollé, d’avancer en crabe, en commençant par placer l’émission en mode crypté, en se débarrassant sinon du producteur historique du moins de toutes les signatures connues qui ont fait son succès, et en la repositionnant pour qu’elle se moque plus des « people » que des politiques.

Il ne s’agit, certes, pas ici d’information. Mais cela donne la mesure de l’humeur du nouveau maître des lieux. Et quand les saltimbanques sont remis au pas, les journalistes ont eux-mêmes tout à craindre. Vieille leçon de l’histoire : sous le Second Empire, il n’y avait pas que la presse qui devait être à la botte ! Les caricaturistes l’étaient tout autant et devaient avant parution soumettre leurs dessins au ministère de l’intérieur…

Cette spectaculaire montée en puissance des milieux d’argent dans la presse audiovisuelle a donc généré des phénomènes de désinhibition. Les patrons de la presse ou de l’audiovisuel n’hésitent plus à donner des coups de canifs publics dans le droit à l’information. Et même, sans fausse pudeur, à le revendiquer publiquement. Témoin le patron du groupe M6 Nicolas de Tavernost qui n’a pas eu le moindre scrupule, en juin dernier, à admettre exercer des pressions sur les journalistes de sa chaîne et notamment ceux qui réalisent l’émission Capital, pour « ne pas contrarier des clients ». Il était l’invité d’une émission de Canal+, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a dit les choses en toute franchise (dans une vidéo dont il est malheureusement impossible d'expurger la publicité !) :

Le néolibéralisme en terrain conquis dans l'audiovisuel public

On savait certes, déjà, que la censure existait à M6. Car l’affaire évoquée par Nicolas de Tavernost est ancienne. Dans cet entretien, il fait allusion à la censure d’une enquête de la chaîne qui portait sur Xavier Niel en 2013, et dont Mediapart s’était fait l’écho (lire Les secrets de Xavier Niel (6) : le papivore). Mais il y a aujourd’hui quelque chose de nouveau : les oligarques parisiens qui contrôlent la presse et l’audiovisuel n’hésitent plus même à admettre publiquement qu’ils répugnent à ce que leurs journaux respectifs fassent des enquêtes corrosives sur le voisin.

Et le plus inquiétant, c’est que cette pratique fait visiblement jurisprudence, même si d’autres propriétaires de médias n’osent pas encore l’avouer publiquement. Imagine-t-on une grande enquête du Monde sur l’affaire Pascal Houzelot, lequel siège au conseil de surveillance du groupe de presse ? On l’attend toujours. Espère-t-on de grandes enquêtes des innombrables quotidiens contrôlés par le Crédit mutuel sur les actes de censure de Vincent Bolloré ou sur l’écheveau opaque des sociétés holding qui lui assure le contrôle de son groupe, dont certaines sont au Luxembourg (lire à ce sujet cette autre remarquable enquête de ma consœur Martine Orange, consultable ici, , et encore ) ?

En fait, on voit bien au travers de ces questions les effets ravageurs de ce système, celui du capitalisme de la barbichette : comme dans la petite cour de récréation des milieux d’affaires parisiens, tout le monde connaît tout le monde, il est des territoires économiques entiers où même les journalistes les plus pugnaces peinent à s’aventurer. Avec au bout du compte, le triste résultat que l’on sait : si dans quelques médias, le journalisme d’investigation peut encore être pratiqué dans les affaires qui touchent à la politique, la corruption ou la fraude, l’investigation économique et financière est le plus souvent sinistrée.

Qui ose enquêter sur un Vincent Bolloré ? Les journalistes qui s’y sont risqués savent que c’est immensément compliqué. Qui ose enquêter sur l’immensément riche et puissant Xavier Niel ? À Mediapart, nous avons cette liberté (on retrouvera nos enquêtes ici, , , , ou encore ). Mais beaucoup de confrères savent qu’ils vont au-devant de grandes difficultés. Et le pire, c’est que ce verrouillage de l’information a un effet de contagion sur l’audiovisuel et tout particulièrement l’audiovisuel public, où les journalistes qui tiennent le haut du pavé sont le plus souvent ceux qui professent avec application les points de vue dominants de ces mêmes cercles des milieux d’argent parisiens. Écoute-t-on le journal de France 2 ? Pas le moindre souci de pluralisme des approches – alors que c’est la richesse de l’économie : avec François Lenglet, on a toujours un seul son de cloche – néolibéral il va sans dire. Écoute-t-on France Inter ? Pour l’éditorial du matin, les journalistes économiques qui y officient et qui sont très compétents ont depuis toujours été mis sur la touche, au profit hier de l’ultraréactionnaire Jean-Marc Sylvestre, au profit aujourd’hui de l’éditorialiste des Échos Dominique Seux qui fait des libelles à peine plus nuancés que ceux du Medef. Écoute-t-on même France Culture ? Même la « matinale » de la radio qui, plus encore que d’autres, devrait pourtant avoir le souci du débat intellectuel contradictoire et du pluralisme a lentement dérivé au fil des mois vers le « tout-libéral » et assène périodiquement un seul point de vue en économie, celui de Philippe Manière, l’ancien pamphlétaire radical du Point. Et que dire de C dans l’air, l’émission de France 5 : n’y pérorent, le plus souvent, que les mêmes imposteurs de l’économie, ceux qui défendent depuis des lustres ces mêmes points de vue, ceux de la pensée unique néolibérale.

Tout juste y a-t-il quelques poches de résistance, comme Cash Investigation sur France 2, et quelques rares autres émissions de ce type…

Ainsi vont la presse et l’audiovisuel français : même si beaucoup de journalistes qui y officient essaient, envers et contre tout, de faire dignement leur travail, ils rencontrent, pour beaucoup d’entre eux, des difficultés croissantes. Terrible constat ! Si beaucoup de journalistes souffrent de cette situation, notamment les jeunes générations qui arrivent ; si beaucoup de citoyens ont une claire conscience des systèmes de connivence qui sont à l’œuvre, le piège est en train de se refermer : la presse et l’audiovisuel auraient besoin de faire l’objet d’une ambitieuse refondation démocratique, pour garantir ce droit à l’information, mais à l’inverse, la mainmise des milieux d’argent se renforce gravement.

 

Pierre Rosanvallon: la presse et l'enjeu... par Mediapart

 

Dès le 15 décembre 2008, à l’occasion d’une soirée avec Reporters sans frontières au cours de laquelle avait notamment pris la parole l’historien et professeur au Collège de France Pierre Rosanvallon (voir ci-dessus son intervention), Mediapart avait engagé une campagne pour souligner l’enjeu démocratique majeur de ces questions du pluralisme et de la liberté de l’information.

Depuis, la situation s’est encore aggravée. Et la refondation démocratique est encore plus impérieuse…

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 16:45

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphones

LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Par

 

 

Delphine Ernotte, le 17 mars à Paris.   AFP PHOTO / ERIC PIERMONT

 

Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.

« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.

 

« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »

La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.

 

« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».

La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »

Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

 

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 16:26

 

Source : http://www.franceinfo.fr

 

 

L’économiste Joseph Stiglitz : "La France torpille son avenir "
L'interview éco par Jean Leymarie lundi 31 août 2015
 
 
Le lundi 31 août 2015

 

Le prix Nobel 2001 critique la politique économique de François Hollande et appelle à une réforme de la zone euro : "La monnaie unique pourrait disparaître".

 Sur la politique économique de la France : "Pour stimuler l’économie, il faut dépenser plus. Pour moi, cette stratégie de l’investissement dans l’avenir (…) est la seule manière d’avoir une croissance durable à l’avenir. Avec les politiques d’austérité que vous avez et qui mènent à 12% de chômage, vous êtes en train de torpiller l’avenir de la France".

Sur la zone euro : "La monnaie unique pourrait disparaître. Un euro à plusieurs vitesses pourrait apparaître. Il y a des façons de sortir de l’euro tranquillement qui n’auraient pas trop d’effets négatifs et qui amèneraient à une reprise plus rapide de l’Europe, et la diviseraient moins (…) Peut-être que la seule façon de sauver l’Europe, c’est de laisser disparaître l’euro".

 

 

 

Source : http://www.franceinfo.fr

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 16:08

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Aide juridictionnelle : la réforme qui inquiète les petits avocats

|  Par Michel Deléan

 

 

 

Malgré une enveloppe globale en légère hausse, le futur mécanisme de prise en charge des frais de justice des citoyens les moins aisés risque en fait de léser ceux qui les défendent, les avocats de proximité, selon un document du ministère.

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 17:26

 

Source : http://www.lalibre.be

Migrants: voici dix raisons d'ouvrir les frontières

 

 

Contribution externe Publié le - Mis à jour le

 

 

 

Opinions

 

Une opinion de François Gemenne, politologue, chercheur et enseignant à l'Ulg (CEDEM) et à Sciences Po (Paris) et Michel Agier, Anthropologue, directeur de recherches à l’Institut de Recherche pour le Développement et directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

 

 

Alors que l’Europe se barricade, pensant que les murs qu’elle dresse la protégeront d’un fantasmatique danger migratoire, voici, au contraire, dix raisons d’ouvrir les frontières.

Entre 2000 et 2014, 40 000 migrants sont morts aux frontières, dont 22 000 en tentant de rejoindre l’Europe, qui est aujourd’hui devenue la destination la plus dangereuse du monde pour les migrants. Depuis le début de l’année 2015, plus de 2 500 sont morts noyés en Méditerranée, alors qu’ils fuyaient violences et oppression en Syrie, en Erythrée ou dans d’autres endroits du monde. Le décompte macabre continue chaque jour, tandis que la répartition de ceux qui ont survécu au voyage fait l’objet de marchandages politiques souvent sordides, jalonnés de déclarations incendiaires. Face à cette faillite de l’Europe, nous affirmons qu’il serait plus rationnel, plus juste, plus sûr, d’ouvrir les frontières.

Contrairement à une idée trop répandue dans les médias et les discours politiques, cette proposition n’a rien d’un fantasme naïf et irréaliste. Au contraire : elle permettrait de sortir enfin d’un engrenage de violences qui a déjà fait des milliers de morts, et de dessiner un horizon pour un véritable projet politique européen en matière d’asile et d’immigration.

Voici dix raisons pour lesquelles il faut ouvrir les frontières.

 

 

1 - Fermer les frontières ne sert à rien

 

 

Notre premier argument est de bon sens. Le fait migratoire est un fait social, une réalité du monde contemporain, auquel il est absurde de vouloir résister. Vouloir empêcher les migrations est aussi vain que de vouloir empêcher la nuit de succéder au jour. Les gens ne choisissent pas de migrer ou de rester parce qu’une frontière est ouverte ou fermée. L’idée que la fermeture des frontières puisse limiter les flux migratoires est irréaliste et criminelle, et méconnaît complètement la réalité des migrations. Elle ne fait que rendre les déplacements plus précaires, plus coûteux et plus dangereux, transformant la Méditerranée en charnier. Ouvrir les frontières, c’est avant tout permettre aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes, c’est arrêter le massacre, mettre un terme à la tragédie qui se joue actuellement aux frontières de l’Europe.

 

 

2 - Coup d’arrêt au business des passeurs

 

 

C’est la fermeture des frontières qui permet le business des passeurs. Au contraire, ouvrir les frontières, légaliser les mobilités de tous, c’est tuer dans l’œuf le business de ceux qui ont fait profession du trafic de cargaisons humaines, en profitant d’une économie de la prohibition. C’est la manière la plus efficace de lutter contre les passeurs.

 

 

3 - Le fantasme de l’invasion

 

 

L’invasion annoncée est un fantasme. Aucune enquête n’a prouvé la véracité des "appels d’air" ou des "invasions" tant annoncées et fantasmées. Faire croire que l’ouverture ou la fermeture des frontières permet la maîtrise des flux migratoires est un mensonge électoraliste. La construction du mur entre le Mexique et les Etats-Unis n’a nullement ralenti les flux migratoires entre les deux pays, pas plus que l’ouverture de la frontière entre l’Inde et le Népal n’a provoqué d’afflux massifs de migrants.

 

 

4 - Faciliter la mobilité

 

 

L’ouverture des frontières permettrait à de nombreux migrants de rentrer au pays et de revoir leur famille. Cela faciliterait la circulation des personnes, c’est-à-dire aussi les mouvements d’allers et retours, d’entrées et de sorties. Beaucoup de migrants sont aujourd’hui coincés dans leur pays de destination, dont ils n’osent pas sortir par peur de ne plus pouvoir y revenir ensuite.

 

 

5 - Effacer les zones d’ombres

 

 

Cela ferait disparaître les zones d’ombres de l’illégalité dans lesquelles les migrants se retrouvent de force, et non par choix. Soyons légalistes : le fait d’autoriser et d’accompagner les libres circulations permettrait de mieux les "voir" et les connaître. Ouvrir les frontières, ce n’est pas supprimer les frontières : c’est simplement permettre la libre circulation, pour mieux accompagner les migrations et s’assurer qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions possibles.

 

 

6 - Un droit fondamental

 

 

La liberté de circulation est un droit fondamental. C’est à la fois une question de liberté fondamentale et une question d’égalité. Aujourd’hui, le destin des uns et des autres reste avant tout déterminé par l’endroit où ils/elles sont né-e-s. C’est la fermeture des frontières qui crée cette inégalité insupportable, ce privilège du lieu de naissance. L’ouverture des frontières reconnaît la légitimité de toute migration, et le droit à la mobilité de chacun. Le droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais la fermeture des frontières empêche de le mettre en œuvre.

 

 

7 - Progrès social

 

 

C’est la condition d’un progrès social. La légalisation des migrants permet d’augmenter et de rendre visible la contribution aux prestations sociales des travailleurs immigrés et de leurs employeurs, tout en améliorant leurs conditions de rémunération. La migration ‘illégale’, par nature, ne peut plus exister avec des frontières ouvertes : les situations de précarité administrative disparaissent et les conditions de travail s’améliorent et s’harmonisent.

 

 

8 - Potentiel économique

 

 

Cela permettrait aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans les pays de destination et d’origine. Toutes les études montrent que la contribution économique à leur pays de destination est d’autant plus positive que leur situation y est sûre et légale. Rendre toutes les migrations légales ferait de facto disparaître l’immigration "clandestine", et permettrait aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans le pays d’accueil. Leur contribution économique est aussi dirigée vers leur pays d’origine : l’apport financier des migrants par leurs transferts d’argent au pays est au moins trois fois plus important que "l’aide au développement" officielle des pays industrialisés, trop souvent instrumentalisée dans le but fallacieux et vain de réduire les flux migratoires.

 

 

9 - Cesser la guerre aux migrants

 

 

Pour remettre l’hospitalité au centre de la politique. Partout en Europe, on voit des voisins solidaires et mobilisés, un tissu associatif dense capable d’organiser l’accueil des étrangers et d’aider leur insertion. Ce sont les formes d’une hospitalité sans condition qui existent déjà et qu’un gouvernement aurait la possibilité de mobiliser et d’aider, à l’opposé de la guerre aux migrants qui forme aujourd’hui le régime officiel de pensée et d’action.

 

 

10 - L’humanisme comme valeur politique

 

Parce que l’ouverture des frontières permet de réaffirmer l’unité de l’Homme. Contre toutes les formes de déshumanisation que nous ne cessons d’observer dans le monde, contre le retour de l’idée d’indésirabilité d’une partie des humains qui avait déjà marqué les années 1930 à propos des Juifs ou des exilés espagnols, nous avons le choix de redire l’unité de l’Homme et de traduire cette idée en politique. Contre le retour des effets désastreux de l’obscurantisme, il s’agit simplement de relancer l’humanisme comme valeur politique.

Titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.

 

 

Source : http://www.lalibre.be

 

 

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 15:22

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Entretien avec Yanis Varoufakis : « Notre appareil d’État a été contaminé par la Troïka »

31 août par Christos Tsiolkas , Yanis Varoufakis

 

 

 

 

« Je crois que s’est en train de sécher. Qu’est-ce qu’on fait ? » _ « Serre plus fort ! »

 

L’écrivain Christos Tsiolkas a réalisé un entretien avec Y. Varoufakis, publié dans la revue The Monthly. Il y dévoile le positionnement du FESF (Fonds européen de stabilité financière) qui, à en juger par son attitude, est plus un Fonds d’instabilité financière. Grâce à Varoukakis, nous apprenons ce que la presse, au service de la Troïka, se charge d’occulter : les obscènes conditions et mécanismes avec lesquels ils soumettent la Grèce.

Christos Tsiolkas

“… Il n’y a aucun filet de sécurité, de sécurité sociale, le chômage, le sous-emploi sans rémunération sont devenus la norme. Les pensions étaient trop généreuses. Qu’à cela ne tienne ! Réduisons-les. Mais s’il n’y a aucune allocation, aucun travail, que voulez-vous que la personne de 50 ans fasse ? Mourir de faim ! Laissez-moi vous assurer cela arrive.”

Varoufakis détecte ma fureur. Il dit tranquillement, « La conscience de classe de la Troïka a été ahurissante. »

"Notre appareil d’État a été contaminé par la Troïka, très, très gravement. Laisse moi te donner un exemple. Il y a quelque chose appelé le Fonds hellénique de stabilité financière, qui est une émanation du EFSF (The European Financial Stability Facility). Il s’agit d’un fonds qui comportait initialement 50 milliards d’euros - au moment où je pris mes fonctions il y en avait 11 milliards - et dont l’objectif est de recapitaliser les banques grecques.

C’est de l’argent que les contribuables grecs ont emprunté dans le but de renforcer les banques. Je ne peux pas choisir son PDG et je ne suis pas parvenu à avoir un impact sur la façon dont il a conduit ses affaires vis-à-vis des banques grecques. Le peuple grec qui m’a élu n’a aucun contrôle sur la façon dont l’argent qu’ils avaient emprunté allait être utilisé.

Je découvris à un certain moment que la loi qui constituait le FESF me permettait une seule prérogative, celle de déterminer le salaire de ces personnes. Je me rendis compte que les salaires de ces fonctionnaires étaient monstrueusement élevés, selon les standards grecs. Dans un pays avec tant de famine et où le salaire minimum a chuté à 520 euros par mois, ces gens gagnaient environ 18 000 euros par mois.

Je décidai donc, puisque j’en avais le pouvoir, je voulais l’exercer. J’ai utilisé une règle très simple. Les pensions et les salaires ont baissé en moyenne de 40% depuis le début de la crise. J’ai émis un arrêté ministériel par lequel je réduis les salaires de ces fonctionnaires de 40%. Encore un salaire énorme, encore un énorme salaire. Vous savez ce qui est arrivé ? Je reçus une lettre de la Troïka, en disant que ma décision a été annulée, car elle avait été insuffisamment expliquée.

Ainsi, dans un pays où la Troïka insiste pour que les personnes bénéficiant d’une pension de 300 euros par mois vivent désormais avec 100 euros, ils refusaient mon exercice de réduction des coûts, ma capacité en tant que Ministre des Finances de réduire les salaires de ces personnes. »

 

L’interview originale en anglais se trouve sur le blog de Varoufakis (posté le 3 août 2015).
Version en français ici.

 

 
Auteur
Yanis Varoufakis
Auteur

Christos Tsiolkas

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 13:12

 

Source : http://www.lefigaro.fr

 

Le thé des ex-Fralib arrive chez Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Franprix

Les anciens salariés de Fralib ont relancé la production de l'usine de Géménos, sous la marque 1336, en référence aux 1336 jours de lutte avec leur ancien propriétaire Unilever.

 

Scop-TI, la coopérative de production lancée par les ex-salariés de Fralib à Gémenos, a signé ses premiers contrats avec la grande distribution. La production a repris le 13 août et les premiers sachets de thés et infusions vendus sous sa marque 1336 arriveront en rayons début septembre.

C'est la concrétisation de plusieurs années de lutte. Cinq ans pile après la décision du géant anglo-néerlandais Unilever de fermer son usine de thés et d'infusions (Lipton, Éléphant) Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône), les premiers sachets de Scop.Ti -qui a repris l'activité de l'usine en 2014- vont rejoindre les rayons de la grande distribution française. La Société Coopérative Ouvrière Provençale de Thés et Infusions a ainsi signé cet été des contrats avec 300 Franprix, 7 Auchan, ainsi qu'avec plusieurs Géant Casino, Casino, Carrefour, Intermarché au niveau national.

Ces centaines de magasins vendront d'ici quelques jours sa gamme «1336», en référence aux 1336 jours de lutte avec Unilever pour empêcher la fermeture et la délocalisation du site en Pologne. Le site fournira aussi Système U pour six variétés de thés à marque de distributeur (MDD), malgré la présence sur le marché d'un gros fournisseur de MDD, Pagès.

Appel d'offres avec Leclerc

Après que la coopérative qui regroupe une soixantaine de salariés (sur les 182 que comptait l'usine au temps d'Unilever) a repris la production le 13 août, ses premiers sachets seront livrés début septembre dans les Auchan de Bouches-du-Rhône et du Vaucluse s'étant engagés à les référencer, puis en octobre dans les autres enseignes. Un appel d'offres est par ailleurs en cours avec Leclerc, toujours pour la marque 1336. En revanche, aucun référencement n'a encore été acté pour la deuxième marque de la coopérative: «Scop-Ti», une gamme bio qui vise les réseaux spécialisés comme Biocoop, Naturalia, Bio C'Bon ou la Vie Claire.

 

La gamme à marque propre «1336» est déclinée en 16 parfums.

 

«On est en train de démontrer la pertinence de notre projet», estime Gérard Cazorla, ex secrétaire CGT de Fralib désormais président de Scop-Ti, même si beaucoup de chemin reste à faire. Après plus de 3 ans et demi de lutte avec Unilever et l'annulation de plusieurs plans de sauvegarde de l'emploi, les ex-Fralib avaient en effet réussi à solder le conflit avec le géant anglo-néerlandais, moyennant 19,3 millions d'euros. Une somme ajoutée à leurs indemnités de licenciements pour lancer leur projet. La coopérative compte désormais étendre le nombre de magasins référençant ses marques. Elle compte produire au terme de sa première année 250 tonnes (à comparer avec 6000 tonnes produites par an du temps d'Unilever) et frôler les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. À plus long terme, Scop Ti vise les bénéfices dès mi-2016 et veut atteindre 9 à 10 millions d'euros de vente d'ici 2019.

 

 

Source : http://www.lefigaro.fr

 

 

                                                                     *******************************

 

 

Rappel des mobilisations locales à ce sujet

 

 

Source : http://local.attac.org/attacnimes/?Appel-au-boycott-UNILEVER-soutien

 

 

Appel au boycott UNILEVER/soutien FRALIB

 

8 décembre 2013

Samedi 7 décembre à 11h, dans l’hyper-marché Carrefour Nîmes Ouest, une vingtaine de citoyens ont appelé au boycott des marques de la multinationale UNILEVER et en premier lieu la marque LIPTON, en soutien aux salariés de FRALIB (Thé l’Eléphant, à Géménos proche de Marseille). Contre la fermeture de leur site décidée unilatéralement par la multinationale UNILEVER malgré 3 décisions de justice en leur faveur, les FRALIB voudraient relancer leur activité avec un projet de coopérative s’appuyant sur des productions locales.

Midi-Libre 10 déc 2013Cette action, comme des dizaines d’autres en France, fait suite à l’appel national pour un boycott des produits d’Unilever (Lipton, Amora, Maille, Cif, Omo, Sun, Signal, Dove, Axe, Rexona, Cornetto, Knorr,...et tant d’autres encore, voir ci-après). Cette incitation au boycott a pour but d’exiger de la multinationale Unilever (51 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 5 milliards de profits nets en 2012) :
- la cession du nom de marque « Éléphant » (qu’UNILEVER a pourtant décidé d’abandonner au profit de LIPTON !) - un certain volume de commandes pendant la période de démarrage de l’entreprise en SCOP (Société coopérative et participative).

Cette action, à l’appel local de l’association ATTAC Nîmes [1], s’est déroulée dans le calme et a permis, par la distribution de tracts, d’autocollants et la discussion, de sensibiliser à cette cause de nombreux clients et même le personnel, qui ont généralement réagi très favorablement, certains clients allant même jusqu’à vérifier qu’ils n’avaient pas mis dans leur caddie (par inadvertance certainement !) des produits de cette multinationale. Autant de monde appelé à boycotter UNILEVER, pour que vive FRALIB !

*************APPEL NATIONAL*********************************

http://www.france.attac.org/article... Nous, personnalités représentatives de diverses sensibilités, organisations et réseaux du mouvement social, politique et intellectuel, avons décidé, en accord avec les salariés de Fralib, de lancer un appel à la mobilisation citoyenne le 7 décembre prochain. Nous proposons à toutes celles et ceux qui le veulent d’organiser localement ce jour-là des actions symboliques dans les supermarchés visant à populariser le boycott d’Unilever. Une page Facebook https://www.facebook.com/liberezelephant est mise en place pour faciliter la coordination des actions au plan local. Merci à toutes et tous, et que vive l’Eléphant ! Pour que vive Fralib : boycott d’Unilever !

Une entreprise industrielle ancrée dans son territoire, la Provence. Relançant par ses commandes une production locale et écologique de plantes– tilleul, verveine, menthe...- jusqu’alors en déshérence. Liée à ses fournisseurs et à ses clients par des relations commerciales équitables et durables, avec des prix justes. Fondée sur la démocratie interne et la participation de toutes et tous aux décisions. Tel est le projet des travailleurs de Fralib à Géménos, près de Marseille, qui veulent relancer leur entreprise sous forme de coopérative. Depuis trois ans, elles et ils luttent pour obtenir de leur ancien employeur, la multinationale Unilever, le soutien minimum dont ils ont besoin pour se lancer : la cession du nom de marque « Éléphant », qu’Unilever a décidé de faire disparaitre au profit de LIPTON marque milliardaire du Groupe, et un certain volume de commandes pendant la période de démarrage.

Mais Unilever ne veut rien savoir. Bien que la justice ait refusé à trois reprises un plan social injustifiable et annulé tous les licenciements, Unilever a cessé de payer les salaires depuis le 1er avril 2013 et refuse d’accorder une aide au démarrage de leur projet. Unilever (chiffre d’affaires 2012 : 51 milliards d’euros ; profits nets : 5 milliards) veut détruire leur savoir-faire et leur collectif. Devant cette intransigeance, les Fralib avec leurs syndicats CGT et CFE-CGC ont appelé les consommateurs à boycotter toutes les marques du groupe Unilever, à commencer par LIPTON.

Alors que le chômage, la précarité et les dégâts écologiques ne font qu’empirer, le succès du projet des Fralib serait un signal d’espoir et ouvrirait la voie à d’autres possibles. Les Fralib appellent à une première journée d’action pour le boycott massif des produits Unilever le samedi 7 décembre. Répondant à leur appel, nous nous associons à cette action pour inciter Unilever à accéder aux demandes des Fralib. Leur lutte est la nôtre, celle de toutes celles et ceux qui cherchent à engager dès aujourd’hui la transition vers un autre monde, vivable.

Paul Ariès (politologue, mensuel "Les Zindignés"), Clémentine Autain (Fase-FdG), Geneviève Azam (Attac), Olivier Besancenot (NPA), Martine Billard (PG- FdG), Jean-Marc de Boni (La Nef), Benoît Borrits (Association Autogestion), Fabienne Brugel (Compagnie NAJE), Alain Caillé (sociologue), André Chassaigne (PCF-FdG), Sergio Coronado (EELV), Léo Coutelec (Miramap), Thomas Coutrot (économiste), Txetx Etcheverry (Bizi !), François Longérinas (journaliste), Dominique Méda (sociologue), Laurent Pinatel (Confédération paysanne), Xavier Renou (Les Désobéissants), Patrick Viveret (philosophe) et les salariés de FRALIB en lutte depuis plus de 3 ans.

Toutes les marques du Groupe UNILEVER sont identifiables avec ce logo :

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Notes

[1] ATTAC : Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (contact : nimes@attac.org)

 

 

                                                                 ************************************

 

 

Action soutien FRALIB

Nouvelle action

Communiqué de presse

19 janvier 2014

2e Action d’appel au boycott UNILEVER/soutien FRALIB (samedi 18 janvier à Nîmes).

Après la réussite de laction du samedi 7 décembre dans l’hyper-marché Carrefour Nîmes Ouest, c’est le Géant Casino de Carré Sud à Nîmes qui a été visé par une vingtaine de citoyens pour l’action d’appel au boycott des marques de la multinationale UNILEVER et en premier lieu la marque LIPTON, en soutien aux salariés de FRALIB (Thé l’Eléphant, à Géménos proche de Marseille).

Contre la délocalisation en Pologne et la fermeture de leur site décidée unilatéralement par la multinationale UNILEVER malgré 3 décisions de justice en leur faveur, les salarié-e-s de Fralib ont monté un projet de reprise du site sous la forme juridique de Scop (société coopérative et participative), qui a été reconnu économiquement viable et qui concernera une centaine de personnes. La scop « T.I » (pour Thés et Infusions) pourrait démarrer, mais Unilever refuse toujours de céder la marque « Éléphant » !

Cette action, à l’appel local de l’association ATTAC Nîmes (*), s’est déroulée dans le calme et a permis, par la distribution de tracts, d’autocollants et la discussion, de sensibiliser à cette cause de nombreux clients et même le personnel, qui ont généralement réagi très favorablement, certains clients allant même jusqu’à vérifier qu’ils n’avaient pas mis dans leur caddie des produits de cette multinationale. Autant de monde appelé à boycotter UNILEVER, pour que vive FRALIB !

ATTAC Nîmes a appelé à cette action car le projet des FRALIB représente une véritable occasion de transition écologique et citoyenne ; écologique en s’appuyant sur des productions locales et de qualité, et citoyenne par la réappropriation de l’outil de travail et le fonctionnement en coopérative.

à noter : 31 janvier et 1er février : Première rencontre européenne « L’Économie des travailleurs » chez Fralib Elle se déroulera dans l’usine occupée Fralib, les 31 janvier et 1er février 2014. Cette rencontre est une continuité des Rencontres internationales « L’Économie des travailleurs » organisées depuis 2007 à partir de l’expérience des entreprises récupérées et d’autres mouvements pour l’autogestion du travail en Amérique latine. Cette rencontre s’annonce déjà comme un succès comme en témoignent les nombreuses inscriptions d’acteurs de reprises d’entreprises par les salariés, de militants et sympathisants de ces expériences venant d’Allemagne, de Catalogne, d’Espagne, de France, de Grèce, d’Italie, du Pays Basque, du Royaume-Uni et de Serbie sans compter une présence significative de latino-américains (Argentine, Brésil, Mexique). Vous trouverez ci-joint le dépliant de l’événement. Elle se déroulera dans l’usine occupée Fralib – 500, avenue de Bertagne, 13420 Gémenos. http://www.autogestion.asso.fr/?p=3841 (*) : ATTAC : Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (contact : nimes@attac.org)

 
 

 

 

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