Sur les 200 plus grosses entreprises mondiales, près d'une sur deux milite contre la règlementation concernant le climat selon une nouvelle ONG, InfluenceMap. En France, l'organisation pointe du doigt le rôle trouble de Total et du Medef, qui s'en défend.

Côté climat, le Medef c’est zéro pointé. C’est en tout cas ce qu’estime l’ONG InfluenceMap, qui publie un classement des lobbys et des entreprises en fonction de leurs prises de position et de leurs actions sur la question climatique, histoire de mettre en relief le discours et les actes.

La France, qui organise la COP21, sort bien affaiblie de ce classement : le Medef obtient la pire note des lobbys, alors que Total, premier groupe pétrolier européen, obtient de son côté une très mauvaise note, soit E+ - les notes allant de A à F.

« Total s’est souvent montré en désaccord avec son propre message » souligne InfluenceMap, s’étonnant que la société ait signé un appel aux politiques pour une action ambitieuse en matière de changement climatique, tout en militant contre des contraintes trop strictes d’émission de CO2 en UE d’ici 2030.

Car le diable est dans les détails. Ainsi, tout en disant soutenir la réforme du système d’échange de quotas au sein de l’UE, Total a émis un certain nombre de doutes sur les propositions de la Commission, en tentant systématiquement de tirer vers le bas les ambitions du mécanisme.

Consulté par la Commission cette année, à l’occasion de la réforme du mécanisme européen d’échange de quotas, Total a ainsi proposé de réintroduire sur le marché les quotas mis de côté, alors que le système était destiné à rehausser les cours du CO2; le groupe estime aussi que le mécanisme est « moins adapté à l’industrie qu’à l’énergie » en raison des risques de fuite de carbone et de perte de compétitivité. Enfin la participation de Total aux deux pires lobbys européens en matière de climat, le lobby de la chimie, le CEFIC, et le Medef, représente un dernier point négatif. Interrogé par EurActiv, Total n’a pas répondu sur ce sujet.

Le Medef, de son côté, soutient les énergies fossiles et notamment le gaz de schiste, et semble avoir plaidé, par le passé, pour des contraintes de réduction d’émission de CO2 faibles pour 2030, souligne Influence Map. Ce à quoi le Medef a vivement réagi, jugeant ce classement « farfelu ». À propos des énergies fossiles, le Medef précise à EurActiv qu’il soutient « une suppression progressive, programmée à l’avance et concertée des subventions à toutes les formes d’énergies matures ».

À propos du prix du carbone, l’ONG s’étonne que le Medef ait lutté contre une taxe carbone en France avant de soutenir une taxe carbone au niveau européen. Le syndicat des patrons assure de son côté que « la création d’une taxe carbone ne peut s’envisager qu’au plan européen, qu’elle doit s’accompagner d’une réforme en profondeur des prélèvements obligatoires, d’exemptions pour les entreprises industrielles et les installations assujetties au mécanisme d’échange de quotas, et d’un mécanisme de compensation pour l’ensemble des entreprises. »

Au niveau européen, les investisseurs ont déjà montré du doigt le rôle trouble des lobbys industriels en matière de changement climatique. Alors que certaines entreprises plaident pour une action sérieuse contre le changement climatique, les lobbys auxquels elles participent militent parfois pour démolir certaines législations environnementales, par exemple.

 

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Les Américains, cancres du climat

Les énergéticiens sont globalement les plus mal notés du lot, à commencer par les pétroliers. En Europe, c’est BP qui obtient la pire des notes, soit E-, en luttant à la fois contre les mesures d’efficacité énergétique et contre une législation draconienne contre les émissions de CO2, mais BASF n’est pas loin. Les industriels et lobbys américains semblent néanmoins récolter le plus de bonnets d’âne. Certes, Google est premier de la classe toutes catégories ; mais les Américains sont aussi les seuls à récolter plusieurs « F », la pire note revenant à Koch Industries, un conglomérat de l’énergie réputé pour financer des groupes climato-sceptiques. Et qui s’avère avoir été très actif dans le financement d’hommes politiques luttant contre les projets de l’Environment Protection Administration, notamment.

Plus étrange, le géant des produits de grande consommation Procter et Gamble, qui fabrique notamment le Monsieur Propre, obtient une très mauvaise note en matière de réchauffement climatique, puisqu’il a déjà milité contre une législation de l’EPA également et s’est opposé activement à la législation européenne sur le climat.

 

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