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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 14:37

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Air France: premier passage au tribunal des salariés accusés de «violences»
1 décembre 2015 | Par Dan Israel
 
 
 

Cinq salariés sont poursuivis pour « violences en réunion » devant la justice. Parallèlement, l'entreprise a lancé des procédures de licenciement, mais le premier licencié n'est pas mis en cause par la justice. Avocats et syndicats dénoncent le manque de preuves.

Dans la salle d’audience, l’embarras devrait être sensible. Et au-dehors, la colère palpable. Ce mercredi, une quinzaine de salariés d’Air France sont convoqués devant le tribunal de grande instance de Bobigny, à la suite des échauffourées qui ont entouré le comité central d’entreprise le 5 octobre. Les images du DRH, Xavier Broseta, et du responsable des vols longs-courriers, Pierre Plissonier, chemises déchirées, obligés de passer les hautes barrières de sécurité pour se dégager d’une foule de salariés en colère, ont fait le tour du monde. La réaction judiciaire avait été sévère : à la suite de la dizaine de plaintes déposées par la compagnie et ses employés, six salariés avaient été interpellés le 12 octobre, la plupart à leur domicile à six heures du matin. Et ce, avec l’appui marqué du gouvernement.

Un des salariés a été depuis mis hors de cause. Les cinq autres (dont un délégué syndical) comparaîtront dans l’après-midi pour « violences en réunion ». Neuf autres seront, eux, poursuivis pour dégradations, accusés d’avoir forcé un portail d’accès au siège de la compagnie, à Roissy, pendant le CCE. Parallèlement au volet judiciaire, une procédure disciplinaire est en cours à Air France, et cinq salariés se sont vu notifier leur licenciement.

 

Xavier Broseta escorté par des vigiles, le 5 octobre. © Reuters - Jacky Naegelen Xavier Broseta escorté par des vigiles, le 5 octobre. © Reuters - Jacky Naegelen

 

Mediapart peut d’ailleurs révéler que ces deux procédures ne sont pas identiques : le premier salarié licencié par Air France, qui a reçu sa lettre vendredi, n’a en fait pas été mis en cause par les enquêteurs, et ne sera pas jugé. Autrement dit, Air France a trouvé assez d’éléments à son encontre pour se séparer de lui, mais la justice n’a pas estimé qu’il était condamnable pénalement. L’information est confiée par Lilia Mhissen, l’avocate de onze des salariés poursuivis. L'entreprise confirme qu'un employé en procédure de licenciement n'est pas visé par la justice. Inversement, un des hommes poursuivis en justice pour violences l’a été à la suite d'une plainte d’un vigile, mais il ne fait l’objet d’aucune procédure de la part d’Air France.

Durant l’audience à Bobigny, l’affaire ne sera pas jugée sur le fond, la juge se bornant à renvoyer le dossier à la fin mai. Elle a fait savoir aux parties concernées (en informant les avocats des salariés après que l’info a fuité dans la presse) qu’elle ne souhaitait pas juger le dossier seule, et qu’elle préférait qu’il soit renvoyé devant une formation de trois juges, habituellement réservée aux affaires plus graves. Bien que les salariés d’Air France risquent trois ans de prison au maximum, la magistrate a sans doute jugé bon de laisser passer un peu de temps, et de ne pas porter seule le poids de cette affaire devenue emblématique.

 

Il est vrai que l’ambiance risque d’être lourde devant le tribunal. La CGT, dont sont membres les cinq salariés poursuivis pour violence, a appelé à une mobilisation sur le parvis dès midi ce mercredi. Elle est appuyée par une large intersyndicale, composée notamment de FO, SUD Aérien et les syndicats de pilotes minoritaires Spaf et Alter. La CFDT et la CFE-CGC ne soutiennent pas cette action. La CGT, FO et SUD Aérien appellent en parallèle les salariés à faire grève. Interrogé par Mediapart, Mehdi Kemoune, secrétaire de la fédération transports CGT, indique que le rassemblement a été autorisé par la préfecture de Seine-Saint-Denis, et annonce la présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que de Jean-Luc Mélenchon. « Nous espérons réunir 3 000 personnes », signale-t-il. SUD PTT et Solidaires ont annoncé qu'ils seraient présents.

« Nous estimons que les procédures judiciaires et disciplinaires sont totalement disproportionnées, explique Jérôme Beaurin, représentant de SUD Aérien. Habituellement, la direction attend les décisions judiciaires avant de lancer les licenciements. Dans ce cas, la direction s’est dépêchée d’enclencher les procédures. Nous ne comprenons pas cette stratégie, sauf à y voir une attaque contre les salariés. » L’intersyndicale n’a pas digéré que Manuel Valls traite les employés d’Air France de voyous, alors que l’entreprise entend toujours faire baisser les effectifs de 2 900 personnes… et qu’elle vient d’annoncer des bénéfices records de 480 millions d’euros pour le troisième trimestre. Le plan d’économies annoncé n’est de toute façon pas présenté comme nécessaire à la survie de l’entreprise, mais comme devant la remettre dans le peloton de tête des compagnies aériennes les plus compétitives.

Face aux accusations de brutalité, l’entreprise déclare avoir lancé pour chaque employé « une procédure juste, équitable et proportionnée » et avoir « tout mis en œuvre pour écouter les salariés concernés ». Au départ, six salariés devaient être licenciés, mais la procédure a été abandonnée pour l’un d’entre eux. Une demande d’autorisation de licenciement du représentant syndical mis en cause a par ailleurs été adressée à l’inspection du travail. Onze autres salariés, accusés de dégradations, ont écopé de deux semaines de mise à pied avec retenue de salaire. Et deux pilotes, à qui l'on reproche d’avoir utilisé leur badge pour faire entrer les manifestants dans le bâtiment abritant le CCE, sont aussi mis en cause, mais devaient faire l’objet d’un entretien hiérarchique avant que l’entreprise ne se penche sur leur sort.

Les actions lancées par l’entreprise comme les procédures judiciaires se fondent principalement sur les images vidéo des événements du 5 octobre, issues des caméras internes, mais aussi pour certaines des rushs fournis par quelques chaînes de télévision présentes sur place. Or, selon les syndicats, « aucune des vidéos des salariés incriminés ne montre de violences physiques à l’encontre de qui que ce soit ». C’est ce qu’affirme également l’avocate Lilia Mhissen : « Aucun personne renvoyée devant le tribunal n’a arraché la chemise de Xavier Broseta, aucune n’a porté de coup », martèle-t-elle. Elle va jusqu’à affirmer que l’entreprise a « pris cinq personnes au hasard pour les licencier ». « Il y a une dimension politique, une volonté de montrer une grande sévérité, qui sont parfaitement injustes pour les salariés concernés », estime l’avocate, qui demande la relaxe pour tous ses clients, estimant que rien ne permet de les faire condamner.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 14:31

 

Recu par mail

 

*Info malheureusement un peu tardive mais lutte toujours d'actualité

 

 

Pour info, nous appelons à nous rassembler mercredi 2 décembre, à 12h, devant le Palais de justice de Nîmes, en soutien aux salarié-e-s en lutte d'Air France et en particulier aux syndicalistes licenciés suite à l'"affaire des chemises" des DRH. 
 
Ci dessous en lien, une petite vidéo que nous  avons réalisé  sur la lutte en cours à Air France, avec comme axe central l'interview de Léon Crémieux, co-fondateur de SUD aérien. 
 
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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 15:47

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Comprendre le fonctionnement de la COP21 en patates

 

Le Monde.fr | • Mis à jour le
 

Durée : 04:18

 

Eclairage

 

Les pays du monde entier vont vivre au rythme des négociations climatiques du 29 novembre au 11 décembre 2015. Un accord entre 195 pays doit être trouvé pour maintenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés, d’ici à 2050. Mais comment se déroulent les négociations derrière les portes du Bourget, où 150 chefs d’états et plus de 40 000 personnes sont attendus? Nous suivons Caroline Tubercule, membre de l’équipe française de négociation dans son marathon pour sauver la planète.

Le Monde.fr
 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

                                                            ******************************

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

 

Infographie : qui fait quoi lors de la COP21 ?

Le Monde.fr | | Par


 

 

 

 

Organigramme de la COP 21

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

 

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 15:25

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Le hub mondial du trafic de l’or – La Suisse, l’or et le pillage du monde

30 novembre par Jean Batou

 

 

CC Flickr - Oyvind Solstad

 

« L’or qui résidait initialement au ciel avec son confrère l’argent, comme le soleil et la lune, s’étant d’abord débarrassé de ses attributs sacrés pour venir sur terre comme un autocrate, pourrait maintenant se satisfaire du sobre statut de roi constitutionnel avec un cabinet de banques ; et il pourrait n’être jamais nécessaire de proclamer une république. Mais ce n’est pas encore le cas – et l’évolution pourrait être totalement opposée. Les amis de l’or vont devoir se montrer extrêmement sages et modérés s’ils veulent éviter une révolution »
(John M. Keynes, « Auri Sacra Fames », 1931).

 

Depuis dix ans, la Suisse n’a cessé de renforcer son emprise monopolistique sur le commerce mondial de l’or physique (les opérations de trading étant basées à Londres). Dans cette décennie, ses importations et ses exportations de métal jaune ont ainsi plus que triplé en volume, dépassant chacune les 3500 tonnes, tandis qu’elles ont été multipliées par 6 à 8 en valeur. Pour donner une idée de l’importance de ces transactions, il suffit de noter que de tels volumes sont supérieurs à la production annuelle mondiale d’or, estimée à 3000 tonnes, l’offre totale atteignant environ 4500 tonnes, compte tenu du métal recyclé.


Au cœur d’un trafic international

La Suisse achète-t-elle simplement l’essentiel de l’or mondial (70% en moyenne, ces dernières années) pour le revendre, servant ainsi de grossiste universel ? Non, son rôle est infiniment plus complexe. Tout d’abord, le métal précieux y est traité dans plusieurs raffineries (2/3 des capacités mondiales), qui le transforment en or pur à 99,99%. Le site internet de la principale d’entre elles, Valcambi au Tessin (filiale du Crédit Suisse jusqu’en 2003, rachetée récemment par une firme indienne), présente ainsi les atouts de cette industrie : transport assuré du métal précieux à l’échelle internationale ; analyse et certification de la qualité du produit livré ; raffinage et conditionnement certifiés (lingots, barres, pièces, etc.) ; étude des options de financement de chaque client ; stockage du métal dans des conditions de sécurité optimales.

 

En 2014, ces transactions figuraient pour la première fois dans les statistiques suisse du commerce extérieur, alors que précédemment elles avaient été assimilées à des transferts de paiements, et ainsi largement camouflées. De ce fait, l’or est soudain devenu le premier produit d’exportation du pays, devant les produits pharmaceutiques ou l’horlogerie, et représente aujourd’hui 1/5e de son commerce extérieur.

 

De surcroît, en mars 2015, sous la pression de ses partenaires étrangers, rompant avec 34 ans de secret, la Suisse a enfin révélé la distribution par pays de son commerce de l’or. Bien que ces données ne portent que sur le dernier pays de transit et le premier pays de destination, elles montrent le rôle clé du Royaume-Uni comme fournisseur, mais aussi celui de l’Inde, de la Chine (Hong Kong), des Emirats Arabes Unis ou de la Turquie en tant que clients. Comme je le montrerai plus loin, cette répartition est assez éloquente.

 


Une alchimie délicate

Sur les 175 mille tonnes de métal jaune produites jusqu’ici par l’humanité, 160 mille l’ont été pour répondre aux besoins du capitalisme triomphant, depuis la seconde moitié du 19e siècle (aujourd’hui, les réserves encore disponibles sont évaluées à 183 mille tonnes). En vérité, de son extraction des entrailles de la terre à ses différents usages sociaux, le circuit de l’or en dit long sur l’ordre économique des sociétés humaines.

 

Dans les années 2009-2013, ses différents usages se répartissaient ainsi : somptuaire : 48% (bijouterie, thésaurisation) ; financier : 35% (investissement) ; industriel : 10% (électronique, dentisterie, etc.) ; institutionnel : 7% (banques centrales). Il se trouve que les différents maillons de cette chaîne intéressent au plus haut point la Suisse. Tout d’abord, elle joue un rôle clé dans la transmutation du métal brut extrait ou recyclé, chargé souvent d’une lourde histoire, en métal pur, intraçable, anonyme. Et c’est sans doute cette délicate alchimie industrielle, financière, commerciale et politique, qui fait d’elle un passage obligé de la traite mondiale de l’or.

 

En effet, l’extraction du métal jaune, en Afrique subsaharienne (25-30%), en Amérique latine (15-20%), en Chine (15%) ou dans les pays de l’ex-URSS (15%) résulte le plus souvent de la surexploitation de travailleurs particulièrement exposés, souvent drogués aux amphétamines pour accomplir un travail dangereux et épuisant. Des centaines de milliers d’enfants y sont employés dans les pays du Sud et, de façon générale, les accidents professionnels y sont fréquents. Il n’y a en effet guère d’autre activité au monde où le producteur direct soit spolié à ce point du produit de son travail ! De surcroît, les conséquences environnementales et sur la santé publique de cette activité sont considérables (usage massif de mercure et de cyanure).

 


Blanchir les profits de l’esclavage et du crime

Il faut donc se poser la question de la provenance de l’or raffiné en Suisse. La statistique est sur ce point formelle : jusqu’au début des années 90, il était importé principalement d’Afrique du Sud, alors qu’aujourd’hui il vient essentiellement de Grande-Bretagne, siège mondial du trading de l’or (London Bullion Market Association), qui en fixe les cours deux fois par jour. Bien entendu, la Suisse ne cherche pas à connaître la chaîne de production du métal précieux qu’elle achète, ni les conditions sociales et écologiques qui la caractérisent.

 

Elle se montre même très peu curieuse en la matière, comme l’a montré une récente enquête de la Déclaration de Berne. Cette ONG a révélé qu’en 2014, près de 7 tonnes d’or, produites notamment par des enfants burkinabés, et acheminées en contrebande au Togo, ont été exportées en Suisse par un groupe libanais implanté en Afrique de l’Ouest et ayant pignon sur rue à Genève, pour y être raffinées par la société Valcambi. Ces faits ne font que confirmer un scandale durable, déjà dénoncé par le passé, concernant d’autres pays d’Afrique et d’Amérique du Sud.

 

L’or raffiné en Suisse ne permet pas seulement de « stériliser » un métal produit dans des conditions sociales et écologiques inacceptables. Il contribue aussi à « blanchir » du métal jaune recyclé, résultant de trafics plus ou moins légaux, dont l’affinage ne permet plus de déterminer l’origine. Ainsi, l’or volé et recelé par des réseaux mafieux, pillé par des groupes armés, ou récupéré en aval de diverses industries (bijouterie, dentisterie, circuits électroniques), souvent sans mesures anti-pollution adéquates, notamment en Asie, peut-il être conditionné en lingots irréprochables dès lors qu’il est acheminé en Suisse pour y être traité.

 


Contribuer à l’évasion fiscale des pays émergents

Nous venons de voir que le raffinage des métaux précieux permet d’abord de normaliser des activités fondées sur l’esclavage moderne et l’accumulation par dépossession. Mais il est aussi au cœur d’un autre trafic très lucratif : le blanchiment des énormes profits non déclarés des entreprises des pays émergents (Inde, Chine, Turquie, etc.). Ayant échappé à l’impôt, ceux-ci visent à brouiller les pistes concernant leur origine et à se protéger de la dépréciation de leur monnaie nationale en se convertissant en or.

 

Le métal jaune est ainsi importé légalement en Asie, même si une partie de ces transactions peuvent être dissimulées par des manipulations de la facturation (la Suisse n’exporte ainsi officiellement pas la même quantité d’or en Inde que ce pays n’en importe de Suisse). Il peut aussi être introduit en contrebande (en passant notamment par les émirats du Golfe, gros importateurs d’or suisse) pour y être détenu comme tel ou transformé en bijoux. Il peut enfin être déposé dans les coffres des établissements financiers, des raffineries, ou d’autres institutions plus discrètes comme les ports francs helvétiques, sous une identité d’emprunt (grâce à d’habiles montages dont les banques ont le secret).

 


Au carrefour du capitalisme mondialisé à dominante financière

En raison des dépôts croissants de métal jaune en Suisse, la statistique du commerce extérieur de l’or accuse un solde chroniquement déficitaire : en effet, les montants importés dépassent structurellement les montants exportés . De surcroît, cette accumulation vertigineuse de placements en or physique ne découle pas seulement du blanchiment des profits non déclarés des pays émergents, mais aussi de la volatilité des marchés boursiers qui incite l’ensemble des investisseurs à mieux se protéger en plaçant une partie de leur portefeuille en or.

 

Ainsi, au carrefour des évolutions les plus récentes du capitalisme mondialisé à dominante financière, la Suisse est devenue le hub mondial du trafic de l’or, à l’intersection des phénomènes très contemporains de la surexploitation du travail (en particulier dans les pays de la périphérie), de l’accumulation par dépossession (résultant du crime, du pillage et de la guerre), de même que de la spéculation endémique sur les formidables capitaux distraits de la sphère productive.

 


Article publié originellement en espagnol dans la revue en ligne Viento Sur.

 

 
Auteur
 
 

Mali : refuser la géopolitique du « moindre mal ».

11 février 2013, par Jean Batou

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 15:15

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

Grèce : vers une "grande coalition" ?

 | 

 

 

 

Alexis Tsipras voudrait élargir sa base parlementaire

Alexis Tsipras voudrait élargir sa base parlementaire (Crédits : Reuters)

 

Alexis Tsipras a appelé à une réunion des leaders politiques grecs. Il pourrait chercher à élargir une majorité affaiblie par les mesures demandées par les créanciers.

 

Alexis Tsipras s'apprête-t-il à élargir sa majorité parlementaire pour faire adopter la prochaine série de mesures demandée par les créanciers ? La rumeur en est forte à Athènes, et les indices se multiplient. Ce jeudi 26 novembre, le premier ministre hellénique a convenu avec le président de la République Prokopis Pavlopoulos d'organiser une réunion des dirigeants politiques du pays dès que ce dernier sera revenu d'un voyage officiel de deux jours à Rome. Cette réunion devra donc avoir lieu vendredi 27 novembre.

Trois défections et une majorité réduite de deux députés

Cette réunion pourrait être l'occasion pour Alexis Tsipras d'obtenir l'appui d'autres partis politiques pour la prochaine série de réformes que son gouvernement prépare, notamment celle des retraites. Le 19 novembre, lors du vote du paquet législatif permettant d'obtenir les 12 milliards d'euros du Mécanisme européen de stabilité (MES), la majorité du premier ministre s'est réduite de quatre à deux voix. Un député de Syriza, Stathis Panagoutis, s'est en effet abstenu lors du vote, et un autre, Nikos Nikopoulos, a voté contre. Tous deux ont été exclus immédiatement de Syriza. La veille, l'ancien porte-parole du premier gouvernement Tsipras, Gabriel Sakellaridis, avait démissionné de ses mandats, ce qui avait permis de préserver la majorité puisqu'il avait été remplacé par un député fidèle à Alexis Tsipras.

La question des expulsions

L'annonce de nouvelles règles sur les expulsions des possesseurs de résidences primaires a été le déclencheur de ces trois défections. Athènes a négocié pendant trois semaines un compromis sur ce dossier avec des créanciers qui voulaient réduire cette protection pour faciliter le renflouement des banques. Alexis Tsipras et son ministre des Finances Euclide Tsakalotos avaient obtenu le maintien d'une protection pour les débiteurs les plus fragiles et des aménagements pour une seconde catégorie. Mais, globalement, la nouvelle loi facilitait bien les expulsions, ce qui a été mal accepté au sein de Syriza. Désormais, donc, Alexis Tsipras ne peut s'appuyer que sur une majorité de 153 députés à la Vouli, le parlement grec, soit deux de plus de la majorité absolue.

 

La très sévère réforme des retraites à venir

Il se sent donc à la merci de nouvelles défections. D'autant que le gouvernement va devoir faire accepter de très sévères mesures dans les semaines à venir, notamment sur les retraites. Déjà, Alexis Tsipras a fait adopter le report de l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans, il a pris des mesures pour décourager les départs anticipés en retraite et a augmenté les cotisations santé sur les pensions de retraites et de retraites complémentaires. Mais ceci ne suffit pas aux créanciers qui veulent une unification des systèmes d'assurance vieillesse, ce qui devrait conduire à une baisse du niveau de certaines pensions. Longtemps, le gouvernement a promis de ne pas toucher aux pensions inférieures à 1.500 euros nets mensuels, mais cette ligne s'est effondrée début octobre lorsque George Katrougalos, le ministre du Travail a annoncé qu'il cherchait surtout à défendre les pensions inférieures à 1.000 euros.

 

Pas moins de 475.000 des 2 millions de retraités grecs qui touchent entre 1.000 et 1.500 euros ont donc dû s'attendre soudain à des baisses dans leurs pensions. Mais la ligne des 1.000 euros sera elle-même difficile à tenir, car 60 % des retraités grecs seraient alors protégés. Dans leur volonté de couper dans les dépenses, il y a fort à parier que les créanciers réclament un abaissement du niveau de protection. Le gouvernement entend compenser la protection de ces pensions faibles par une augmentation des cotisations pour les salariés, autrement dit par une ponction sur le pouvoir d'achat. On comprend que la prochaine réforme des retraites qui doit être votée début décembre fasse grincer des dents au sein de Syriza.

 

Elargir l'alliance de Syriza

Alexis Tsipras pourrait donc chercher une solution « politique » en tentant de faire céder le front de l'opposition « pro-européenne » décidé après les élections du 20 septembre. Après leur défaite électorale et le renouvellement de l'alliance entre Syriza et la « droite eurosceptique » des Grecs Indépendants (Anel), Nouvelle Démocratie (droite), To Potami (parti fortement pro-européen) et les sociaux-démocrates du Pasok avaient annoncé qu'ils voteraient contre les projets du gouvernement, y compris ceux demandés par les créanciers. Une position de pure forme, car ces partis avaient permis l'adoption de toutes les mesures jusqu'à la signature du mémorandum du 19 août, alors que Syriza était divisée. De plus, ces trois partis ne proposent pas réellement d'alternatives à des mesures qui sont imposées par les créanciers et plus ou moins « adoucis » ensuite par des négociations. Alexis Tsipras va sans doute chercher à obtenir sur le prochain train de réformes l'appui de tous ces partis ou de quelques-uns d'entre eux. L'enjeu sera de convaincre les créanciers de la détermination grecque à « mettre en place les réformes » afin de négocier une restructuration de la dette en janvier. La question sera de savoir s'il faudra faire entrer des partis centristes dans le gouvernement.

Echec de la stratégie politique de l'après 13 juillet

Reste que ce mouvement sanctionnerait l'échec de la tentative d'évolution d'Alexis Tsipras après son retournement le 13 juillet dernier et l'acceptation des conditions des créanciers. A ce moment, le premier ministre avait tenté de présenter l'austérité comme un « mal nécessaire » que Syriza était capable d'appliquer avec davantage d'humanité et justice que les partis de centre-droit. Alexis Tsipras avait aussi prétendu être capable de résister aux demandes supplémentaires des créanciers. S'il est vrai que le gouvernement a pu réduire l'impact de certaines mesures, comme celles sur les expulsions, ce discours est de plus en plus difficile à tenir compte tenu du niveau d'exigence des créanciers.

La position qui consiste à s'opposer à l'austérité en l'appliquant, illustrée par la participation de Syriza à la grève du 11 novembre contre la politique du gouvernement, est de moins en tenable. D'autant que la situation se tend. La grève du 11 novembre a été émaillée de violence alors qu'une deuxième grève est prévue pour le 3 décembre. Par ailleurs, lundi, un attentat a eu lieu lundi devant le siège de la fédération patronale grecque à Athènes sans faire de victime. Alexis Tsipras va donc sans doute parvenir à ce que les créanciers cherchaient à obtenir depuis le 25 janvier : placer Syriza sous la surveillance de partis « sûrs » dans le cadre d'une coalition.

 

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 15:03

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

Zoe Konstatopoulou : Une femme au service de la démocratie et des droits humains

27 novembre par Brigitte Marti , Marie-Hélène Le Ny , Zoe Konstantopoulou

 

 

 

Zoe Konstantopoulou

 

Zoe Konstantopoulou a été la plus jeune présidente de la Vouli (Parlement Grec) de janvier à octobre 2015. Lorsqu’elle était députée, cette avocate dénonçait déjà les montages imposant les mesures d’austérité comme seule solution à la précarisation financière de la société grecque. Elle ne voulait plus voir des mascarades de débats, comme en septembre 2013, lorsqu’une série de textes de lois avait été adoptée par le président du parlement, sans débats et dans une Vouli quasiment vide.

 

La scène était édifiante, pendant que Mr Virividaki annonçait d’une voix monocorde l’adoption des articles à l’unanimité, alors qu’aucun vote n’avait eu lieu car seuls trois membres du comité pour la vérité de la dette était présents, la voix de Zoe Konstantopoulou résonnait demandant à chaque annonce « qui est en train de voter ? ». Cet épisode est représentatif d’un système de mise sous tutelle, qui n’a aucune difficulté à occulter la voix du peuple et la voix des femmes.

 

C’est pourquoi, en janvier dernier, une fois élue, avec 60% des voix, présidente du Parlement, Zoe Kostantopoulou a tout de suite entrepris de redonner au parlement sa raison d’être démocratique. Elle a aussi tout de suite démontré sa rigueur pour lutter contre toute forme de corruption se faisant ainsi quelques ennemis.

 

Pour Zoe Konstantopoulou, il fallait célébrer les luttes des femmes comme celle des femmes de ménage du ministère des Finances qui avaient construit un mouvement emblématique de résistance aux restructurations frauduleuses du droit du travail.

 

Il revenait, pour elle, au Parlement de contester légalement les mémoranda et les mesures d’austérité adoptées sans aucun respect pour les droits humains et les principes démocratiques de la Grèce. Dans cet esprit de droit des Etats démocratiques, elle mandata en avril 2015 un audit de la dette publique grecque avec la formation du comité pour la vérité sur la dette publique.

 

Elle avait déclaré en mai dernier a Paris : « l’austérité tue, elle tue la société, des êtres humains et tue la démocratie et l’Europe des peuples. » Il fallait bien toute la force de cette femme d’exception pour former et soutenir de telles initiatives.

 

Le rapport préliminaire du comité a amplement démontré l’illégalité et l’immoralité ainsi que l’insoutenabilité de la dette. Mais cette vérité qui dérange a conduit à la dissolution du Parlement et a réouvert une période d’instabilité politique et économique avec le dernier mémorandum, probablement un des plus dur imposé à un Etat souverain.

 

Zoe Konstantoupoulou continue en dehors du Parlement son travail de construction d’une coalition solidaire, toujours animée par sa quête de justice dans le respect du droit démocratique qui ne peut exister sans la participation des femmes.

 


Pourquoi la Grèce ? Pourquoi maintenant ?
 

 

Quelles actions en faveur des femmes avez-vous développé ?

 

 

Quel a été votre engagement dans le comité pour la vérité sur la dette ?

 

 

Comment résister aujourd’hui en Grèce ?

 


L’instrumentalisation du racisme par les politiques et les médias a-t-il favorisé le développement d’Aube Dorée ?

Aube Dorée
 
*A écouter ici
 

 

Source : 50/50 Magazine

 

 

Auteur
 
Zoe Konstantopoulou

avocate et femme politique grecque. Députée du parti de la gauche radicale Syriza, qui a gagné les élections législatives du 25 janvier 2015 en Grèce, a été élue le 6 février 2015 présidente du parlement. Elle est, à trente-huit ans, la plus jeune présidente de la Vouli et la deuxième femme seulement à exercer cette fonction.

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 14:55

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Espagne : et si l’audit de la dette commençait par les municipalités ?

27 novembre par Fátima Martín , Jérôme Duval

 

 

 

Le 24 mai 2015, lors des élections municipales, des centaines de nouvelles formations, aussi appelées « candidatures d’unité populaire », émergent et raflent les votes dans toute l’Espagne regroupant divers partis politiques parfois appuyés par des mouvements sociaux. Ahora Madrid, Barcelona en Comú, Guanyem, Ganemos... quelles que soient leurs appellations, celles-ci remportent un grand succès pour un changement de politiques fondé sur un processus participatif et transparent. De plus en plus de ces partis de confluence se positionnent en faveur d’un audit citoyen de la dette municipale.
L’audit de la dette de l’État espagnol a commencé par des « municipalités du changement » nouvellement élues, avec en tête Madrid. Pourtant, les entités locales sont les administrations publiques les moins endettées : elles représentent près de 3 % de l’ensemble la dette publique, contre 75 % pour l’administration centrale.
 |1|

 

L’Espagne étant soumise au Protocole de déficit excessif (PDE), elle devrait mener un audit de sa dette comme le stipule le règlement européen :
« Un État membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation d’un niveau de dette excessif ainsi que de détecter toute irrégularité. » |2|

 

La majeure partie de la dette publique a été contractée au niveau de l’État central. Elle représente 75 % de l’ensemble la dette publique espagnole tandis que la dette des municipalités en représente à peine 3 %. |3| Mais ce qui est intéressant avec l’audit, lorsque celui-ci inclut la participation citoyenne, c’est qu’il permet de tirer des leçons et de renforcer la population sur des questions qui la touchent directement, à l’échelle locale, régionale ou nationale. Par exemple, savoir quel type de politiques sont menées par les pouvoirs publics avec l’argent issu des impôts des contribuables. Savoir quels postes budgétaires ont été sous-représentés pour donner la priorité au remboursement de la dette, lorsqu’ils ne subissent pas de coupes claires dans leurs financement, etc.

 

Face à des expériences non participatives, comme celle du maire de Ceutí (province de Murcie), Juan Felipe Cano, qui a refusé de mener un audit de la situation financière de la municipalité à la demande du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) en arguant qu’il avait déjà été effectué en 2007, le mouvement gagne davantage de forces depuis les élections municipales du 24 mai. |4| Depuis cette date, plusieurs municipalités, où gouvernent désormais des candidatures d’unité populaire, introduisent des audits de la dette de différentes natures, selon les contextes politiques et sociaux locaux.

 

Ahora Madrid , avec à sa tête Manuela Carmona, a remporté la mairie de la capitale avec le soutien du PSOE, mettant ainsi fin à 24 années consécutives de gouvernement du Parti Populaire (PP). La Plateforme pour l’Audit Citoyen de la Dette (PACD) travaille en collaboration avec le conseiller municipal de l’économie et des finances, Carlos Sánchez Mato et avec celui chargé de la participation citoyenne et de la transparence, Pablo Soto (tous deux membres de la nouvelle équipe de la maire Manuela Carmena), en vue de mener un audit de la dette avec participation citoyenne.

 

La PACD a organisé plusieurs rencontres sur la question de la participation citoyenne, notamment les 17 et 18 octobre 2015, sous le slogan « Madrid Audita Madrid » où les citoyenNes ont été invitéEs à participer au processus. Parallèlement, de nombreuses municipalités de la même région ont pris des mesures contre la dette et ont fait part de leur intention de mener des audits citoyens, par exemple El Molar, Leganés, Parla ou Ciempozuelos.

 

« Un audit citoyen de la dette sera mené, chaque facture, ainsi que son origine, sera étudiée » a déclaré la maire Chus Alonso nouvellement élue de Ahora Ciempozuelos, le parti de confluence pour la ville de Ciempozuelos, à l’occasion des débats avant les élections locales. |5| Dans le cas de Leganés, la candidature d’unité populaire, rassemblée dans le nouveau parti Leganemos, a présenté une motion pour effectuer un audit citoyen municipal, participatif, transparent, démocratique et aux visées sociales, qui a été adoptée lors de la plénière du 9 juillet 2015, ouvrant ainsi la voie à sa concrétisation. |6|

 

Le 15 juillet 2015, a été créé l’Observatoire citoyen municipal (OCM) de La Zubia, |7| le premier de la province de Grenade (Andalousie), comme outil pour promouvoir la participation citoyenne, pour faciliter l’accès et la compréhension de l’information, et renforcer l’exercice du contrôle populaire sur les comptes publics. |8| Dans cette ville, le parti Ganemos La Zubia para la gente du nouveau maire Antonio Molina, a remporté 27,82 % des suffrages, 5 sièges au conseil municipal, et a été le parti le plus voté, dépassant le PP et le PSOE. |9|

 

Barcelona en Comú, le parti moteur des candidatures d’unité populaire dans tout le pays, a recueilli le plus de voix lors ces élections municipales. Il a remporté 11 sièges au conseil municipal, dépassant les partis CiU (10 sièges), Ciudadanos (5), Esquera Republicana (5), le PSC (4), le PP (3), la CUP |10| (3) et a réussi à propulser Ada Colau à la mairie de Barcelone. « Pour qu’il y ait audit citoyen, il faut de la transparence dans les données et les mettre à disposition des citoyenNEs. L’idée est la suivante : tout document servant à la gestion municipale doit aussi pouvoir être évalué par les citoyenNEs » a souligné à ce sujet Fernando Pindado, responsable de la transparence et de la participation à la mairie de Barcelone. Il a promis de mettre sur Internet toutes les informations à la disposition des citoyenNEs et de les expliquer. |11|

 

En Catalogne, le gouvernement local de Badalona, |12| mené par la nouvelle maire, Dolors Sabater du parti Guanyem Badalona en Comú, déclare vouloir initier un processus d’audit transparent des comptes municipaux dans le cadre des 24 premières mesures d’urgence du nouveau gouvernement de gauche. |13| De surcroît, dans certains cas, on souhaite profiter de la présence d’un observatoire citoyen municipal (OCM) comme instrument pour mener un audit : « Terrasa est un autre exemple où le maire socialiste a affirmé lors de l’investiture qu’il y aura un processus d’audit via l’observatoire municipal (OCM) sur place, même s’il n’y a pas encore eu de réunion pour décider de l’objet et du point de départ de l’audit » nous confie Enric Pons, membre de la Plateforme pour l’Audit Citoyen de la Dette (PACD). Á Vilassar de Dalt, sur initiative de la CUP, une motion a été adoptée pour mener un processus d’audit citoyen. |14|

 

Á l’occasion d’une réunion avec des représentants de l’OCM de Terrassa |15| et de la PACD, Jordi Ballart, maire de Terrassa depuis 2012, et l’adjoint aux services généraux et au gouvernement ouvert, Alfredo Vega (tous deux du PSC, Parti Socialiste Catalan), ont convenu de mener un audit citoyen de la dette municipale de la troisième ville la plus endettée de Catalogne. Un groupe moteur formé des membres des deux collectifs (OCM et PACD) et des fonctionnaires municipaux a pour objectif de définir le processus de l’initiative. Nous soulignons le niveau de transparence déjà atteint avec le portail http://transparencia.terrassa.cat/, qui permet aux citoyenNEs de voir les budgets de la mairie de façon pratique et simple. Le site http://opendata.terrassa.cat/ rassemble également un large éventail de données en accès libre, actualisées et en format facilement accessibles.

 

La CUP, qui, avec 10 sièges au Parlement catalan, s’est révélée être un élément clé pour le gouvernement de la Generalitat, a une position très claire concernant la dette : « Nous ne paierons pas votre dette », annonçait son programme qui proposait d’en finir avec la Troïka pour répondre aux besoins de la population. La CUP défend un audit populaire et déclare nul et non avenu le paiement de la dette illégitime aux fonds d’investissement et aux banques internationales. L’idée est de suspendre « immédiatement le paiement de la dette et de décréter le non-paiement définitif de l’usure légalisée pour répondre aux besoins des classes populaires ».

 

Le 30 juillet 2015, la plénière du conseil municipal de Ávila (Castille-et-León) a adopté à l’unanimité la réalisation d’un audit citoyen des comptes et des contrats conclus lors des deux dernières législatures, dans le but de faire connaître la véritable situation financière de la municipalité depuis les deux derniers mandats. Sur la proposition de Trato Ciudadano, une des deux nouvelles forces politiques qui ont fait irruption dans le panorama local le 24 mai dernier, l’initiative a profité du soutien de tous les groupes politiques représentés dans la municipalité (PP, Ciudadanos, PSOE, Trato Ciudadano, IU et l’UPyD). « Nous voulons tous la transparence », a affirmé le maire de Ávila, José Luis Rivas du PP, qui ne détient qu’une minorité (son parti détient 9 des 25 membres du conseil municipal) alors qu’au cours des 24 dernières années, le PP y détenait la majorité absolue. |16|

 

À Saragosse, où les travaux pour l’Exposition internationale et l’AVE (TGV espagnol) ont endetté la ville à hauteur de plus de 800 millions d’euros, une commission de travail a été créée avec les conseillers municipaux en charge de l’économie et de la participation citoyenne pour étendre la problématique de la dette aux quartiers, où l’on espère que d’ici à la fin de l’année on puisse former des commissions avec les fonctionnaires, pour analyser tous les travaux financés par la ville.

 

À l’échelle de la région, la porte-parole de Izquierda Unida pour la Commission des finances publiques du Parlement andalou, |17| Elena Cortés, a annoncé la réalisation d’un audit citoyen de la dette de la Junte (la Junta de Andalucía qui organise le gouvernement autonome de la région) pour « déterminer les parties illégitimes de la dette, les créanciers et les surcoûts ». |18|

 

À Cadix, José María González, alias ‘Kichi’, le leader local de Podemos et tête de liste de Por Cadiz sí se puede a mis fin aux années de pouvoir absolu de Teófila Martínez (PP) et ouvre la voie vers une nouvelle étape... Mais il est au pouvoir en minorité avec ses huit conseillers et conseillères de Por Cadiz sí se puede et deux de Ganar Cádiz en Común face aux seize conseillers et conseillères cumuléEs par l’opposition : le PP (10), le PSOE (5) et Ciudadanos (1). Quoi qu’il en soit « l’audit est fondamental et se fera le plus tôt possible » a déclaré le conseiller David Navarro, délégué en charge de l’économie et des finances publiques de la mairie de Cadix, à l’occasion de l’Assemblée extraordinaire de Por Cadiz sí se puede organisée le 17 juin 2015. Il a annoncé que pour 2016, la mairie devra consacrer environ 26 millions d’euros aux remboursements des prêts du « plan de paiement aux fournisseurs » (« plan de pago a proveedores »), ligne de crédit assortie de forts intérêts créé par le gouvernement espagnol en 2012 et destinée aux régions autonomes. Sur le total de cette somme, 3,3 millions seront destinés aux seuls intérêts bancaires. À ce sujet, il a rappelé que cette année, grâce à un accord conclu avec le Ministère de l’économie et des finances publiques, « l’intérêt des crédits de paiement aux fournisseurs est de 0%. Mais l’année prochaine, à partir de janvier, des intérêts de plus de 4% vont commencer à s’appliquer ». |19| Le conseiller de Cadix en charge de la participation citoyenne, Adrián Martínez, précise : « Nous sommes en train d’examiner tous les postes budgétaires des différents départements et entreprises publiques (...) À partir de septembre nous déléguerons ce travail interne aux citoyenNEs pour réaliser un audit externe en bonne et due forme et pour ce faire nous créerons des jurys populaires, des conseils de quartier et des conseils sectoriels de délibération (…) Les jurys populaires seront formés après une petite formation technique et seront choisis selon la disponibilité des membres, une partie par tirage au sort, une autre choisie par l’autorité municipale et une autre par les citoyenNEs », explique le conseiller municipal qui assure : « Les citoyenNEs détermineront quelle dette est légitime et quelle dette est illégitime ». |20|

 

Dans la province de Cadix, la nouvelle formation politique Por Chiclana Sí Se Puede, même si elle ne jouit pas de la majorité à la mairie de Chiclana de la Frontera, va proposer un audit de la dette municipale « qui pourra aussi être encadré et contrôlé par les citoyenNEs ». |21|

 

Que cela plaise ou non au ministre des Finances de l’État, Cristóbal Montoro, la volonté populaire exprimée par de nombreuses municipalités dans tout le territoire espagnol, par la PACD et d’autres organisations en vue de mener un audit citoyen de la dette et de refuser le paiement de la partie illégitime gagne du terrain. À tel point que le 31 août 2015, le ministre Montoro a fini par avertir les gouvernements des communautés autonomes et des municipalités que la dette contractée par les différentes administrations publiques avait déjà été « auditée et identifiée » intégralement et « qu’il fallait payer ». Il a poursuivi, menaçant : « Il faut payer la dette et parler moins. Les critères éthiques sur le fait de savoir si l’on aurait dû ou non contracter la dette, ça c’est autre chose. Mais la dette est bien là et va être remboursée. Et, sans aucun doute, le responsable municipal qui prétend ne pas payer la dette parce qu’il la considère illégitime devra faire face au gouvernement espagnol, qui appliquera la loi et les mesures correctives et afférentes ; parce que la dette se paie en temps et en heure et au montant prévu ».

 

Traduction de l’espagnol : Marion Antonini

 

 
Notes

|1| L’Espagne est divisée en 17 communautés autonomes dont la communauté de la région de Madrid. L’endettement de ces communautés autonomes représente les 20 % restant de la totalité de la dette publique de l’État espagnol. La communauté autonome de Madrid se lance aussi dans un audit de la dette de la région. Voir : Jérôme Duval, 4 novembre 2015 : Les « municipalités du changement » se coordonnent à Madrid contre la dette illégitime

|2| Règlement (UE) Nº 472/2013 du Parlement européen et du Conseil, du 21 mai 2013 sur le renforcement de la supervision économique et budgétaire des États membres de la zone euro dont la stabilité financière connaît ou court le risque de connaître de graves difficultés. Disponible sur http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ ... Cité par Eric Toussaint, 2015. http://cadtm.org/Si-Syriza-siguiera...

|3| Données de dette publique selon le Protocole de déficit excessif (PDE) de la Banque d’Espagne : http://www.bde.es/webbde/es/estadis...

|4| « El alcalde niega una nueva auditoría y atribuye la deuda actual a los socialistas », 15.08.2015, La opinión de Murcia. http://www.laopiniondemurcia.es/municipios/2015/08/15/alcalde-niega-nueva-auditoria-atribuye/670253.html

|5| 13.05.2015, http://www.sermadridsur.com/noticias/debate-electoral-ciempozuelos_49862/

|6| Lire la motion de LEGANEMOS pour que la municipalité de Leganés mène un Audit citoyen : http://leganemos.org/informa/2015/08/mocion-para-realizar-una-auditoria-ciudadana-municipal-y-otras-iniciativas-en-el-pleno/ et http://leganemos.org/wp-content/uploads/2015/07/auditoria-deuda.pdf Voir la vidéo de Fran Muñoz, Porte-parole du groupe municipal Leganemos, lors de la plénière : https://www.youtube.com/watch?v=98T..."

|7| OCM La Zubia, http://ocmlazubia.org/

|8| http://www.infolibre.es/noticias/club_info_libre/librepensadores/2015/07/16/nace_observatorio_ciudadano_municipal_zubia_35504_1043.html

|9| Source : Ministère de l’Intérieur, Élections 2015.

|10| Parti indépendantiste catalan de gauche, Candidature d’Unité Populaire.

|11| Soto Díaz, Cuarto Poder, 15.08.2015, “Los “ayuntamientos del cambio” impulsarán auditorías ciudadanas de sus deudas a partir de septiembre” : “En septiembre vamos a colocar en la web toda la información. Pondremos los datos a disposición de la ciudadanía, pero además los explicaremos”, añade Pindado. http://www.cuartopoder.es/lentesdecontacto/2015/08/15/los-ayuntamientos-del-cambio-impulsaran-auditorias-ciudadanas-de-sus-deudas-a-partir-de-septiembre/1396

|12| Le nouveau gouvernement de Badalona formé par Guanyem Badalona en Comú, ERC et ICV-EUiA a succédé au PP de García Albiol à la tête de la municipalité.

|13| Voir le point 7 de la liste des mesures proposées par Guanyem Badalona en Comú : « 24 mesures per a les primeres 24 setmanes ». http://guanyembadalona.org/24-mesures-per-a-les-primeres-24-setmanes

|14| Soto Díaz, Cuarto Poder, 15.08.2015, ibidem. http://www.cuartopoder.es/lentesdecontacto/2015/08/15/los-ayuntamientos-del-cambio-impulsaran-auditorias-ciudadanas-de-sus-deudas-a-partir-de-septiembre/1396

|15| OMC Terrassa : http://ocmterrassa.org/

|16| EFE, Ávila, 30 juillet 2015 : « El pleno acuerda por unanimidad realizar una auditoría interna desde 2007 ». http://www.lavanguardia.com/economia/20150730/54434686447/el-pleno-acuerda-por-unanimidad-realizar-una-auditoria-interna-desde-2007.html

|17| Le dimanche 22 mars 2015, des élections anticipées d’un an se sont tenues au Parlement andalou (109 députéEs au total, 8 pour chaque province minimum et les 45 autres sont répartiEs proportionnellement à la population) pour la Xe législature. Il s’agit des deuxièmes élections à l’échelle des communautés autonomes sans élections législatives nationales ou européennes concomitantes depuis 1990.

|18| « IU reclama la auditoria ciudadana de la deuda de la Junta de Andalucía », Tercera Información, 17-07-2015. http://www.tercerainformacion.es/spip.php?article89429

|19| Beatriz Estévez, 18.06.2015, El diario de Cádiz, « La deuda es muy importante y el año que viene va a ser complicado ». http://www.diariodecadiz.es/article/cadiz/2054588/podemos/senala/boquete/considerable/las/cuentas.html

|20| Soto Díaz, Cuarto Poder, 15.08.2015, « Los “ayuntamientos del cambio” impulsarán auditorías ciudadanas de sus deudas a partir de septiembre ». http://www.cuartopoder.es/lentesdecontacto/2015/08/15/los-ayuntamientos-del-cambio-impulsaran-auditorias-ciudadanas-de-sus-deudas-a-partir-de-septiembre/1396

|21| http://www.diariobahiadecadiz.com/noticias/chiclana/por-chiclana-si-se-puede-ante-las-divergencias-sobre-la-deuda-municipal-entre-psoe-y-pp-reclama-su-auditoria-publica/

Auteur

Jérôme Duval

est membre du CADTM et de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Espagne (PACD).


http://auditoriaciudadana.net/

Auteur
 
 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 14:45

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Multinationales

Le « Lobby planet Paris » : une cartographie de l’influence des gros pollueurs pendant la COP21

par

 

 

 

L’Observatoire des multinationales publie conjointement avec plusieurs partenaires français et européens Lobby Planet Paris COP21, un guide des lobbies économiques qui tentent d’influencer la Conférence climat. Objectif : permettre aux citoyens, aux journalistes et aux militants de mieux s’y retrouver dans la grande foire d’influence et de défense des intérêts économiques des gros pollueurs qui se déroule à l’occasion de la conférence sur le climat. Des visites guidées sont également organisées.

 

Le gouvernement français a décidé d’entraver la mobilisation de la société civile en vue de la Conférence climat en interdisant les manifestations sur la voie publique. Les multinationales et les lobbies économiques, elles, pourront peser de tout leur poids sur les négociations. Sans entraves. Leur influence n’a cessé de s’accroître dans les discussions internationales sur le climat. La COP21 ne fera pas exception à la règle. Le secteur privé y sera omniprésent, aussi bien au Bourget, lieu officiel du sommet climatique, qu’à Paris. Dans le contexte sécuritaire créé par les attentats qui ont frappé Paris, cette influence pourra s’exercer sans véritable contrepoids de la société civile.

 

Pour permettre aux citoyens, aux journalistes et aux militants de mieux s’y retrouver dans cette grande foire d’influence et de défense des intérêts économiques établis, lObservatoire des multinationales animé par l’équipe de Basta !, conjointement avec l’Aitec, Attac France, le Corporate Europe Observatory et le Transnational Institute, publie un « Lobby Planet Paris » (téléchargeable ici : un petit guide de l’influence des « criminels du climat » et de leurs lobbies dans le cadre de la COP. Organisé par thème, assorti de cartes pointant les principaux lieux d’influence autour de la Conférence, cet ouvrage présente les grandes entreprises, les institutions financières, les organisations internationales et les associations professionnelles mobilisés pour promouvoir le point de vue des milieux économiques sur le climat.

 

 

Qu’attendent les entreprises et que redoutent-elles de la COP ? Pourquoi le gaz, de plus en plus promu par les géants des énergies fossiles comme une « solution », n’est pas moins problématique que de brûler du charbon ? Pourquoi la société civile dénonce-t-elle les « fausses solutions » promues par les entreprises ? En quoi un « prix mondial du carbone », basé sur les fonctionnements du marché, et revendiqué par les milieux économiques, ne suffira-t-il pas à répondre à la crise climatique ? Pourquoi les sponsors de la COP21 sont-ils problématiques ? Quels sont les liens entre l’enjeu climatique et les projets actuels d’accords de libre-échange ? Comment les lobbies essaient-ils concrètement de peser sur la Conférence ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans ce petit ouvrage de 36 pages.

 

La COP des multinationales

Le gouvernement français affiche depuis plusieurs mois son intention de faire de la COP21 la « COP des solutions ». Elle sera surtout la « COP » des multinationales. Cette année, la plupart des grandes entreprises, y compris dans le secteur de l’énergie, affiche une attitude plus positive à l’égard de l’enjeu climatique, loin de leur image passée de réticence – voire de résistance – face à l’urgence de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Ces firmes ont-elles réellement changé, ou continuent-elles au fond à défendre les mêmes positions, sous un léger vernis vert ? Une autre publication du Corporate Europe Observatory détaille les ingrédients de la « mauvaise cuisine climatique » que les multinationales concoctent pour la COP : une recette cuisinée à base de croissance économique et de compétitivité à tout prix, d’une bonne dose de gaz présenté comme une « énergie propre », d’un zeste de marché avec le « prix mondial du carbone » comme solution miracle, et servie en compagnie de « fausses solutions » technologiques plus ou moins hypothétiques. Un plat finalement très allégé en véritable transition énergétique, repoussé aux calendes grecques.

 

 

Le gouvernement français et les organisations internationales sont prêts à y goûter. Cela se vérifie dans le choix de leurs convives : faire appel aux entreprises pour sponsoriser la COP21, y compris des firmes impliquées dans des activités très polluantes comme le charbon. Cela se vérifie dans le choix d’accueillir au Bourget, à côté du lieu des négociations, un espace commercial destiné à permettre aux entreprises de présenter leurs « solutions ». Cela se vérifie aussi dans le nombre d’événements dédiés aux entreprises ou aux « collaborations » entre public et privé organisés en marge de la COP, comme le salon Solutions COP21 (lire notre enquête).

Les multinationales occuperont aussi une place de choix dans l’« agenda des solutions » que le gouvernement français propose d’annexer à un futur accord international conclu à Paris. Or cet agenda n’inclut aucun garde-fou ni aucun critère sur ce qui constitue véritablement une « solution » pour le climat : toutes les entreprises, y compris les plus polluantes, peuvent y inscrire leurs initiatives, même les plus modestes ou les plus controversée. Après y avoir découvert avec effarement la présence de Total et d’autres majors pétrolières, ainsi que des projets d’« agriculture climato-intelligente », les ONG ont écrit à François Hollande pour lui demander leur exclusion de l’« agenda des solutions » [1]. Sans succès.

 

Lobby tours

Parallèlement à la publication du « lobby planet », des « lobby tours » seront également organisés : promenades commentées à La Défense ou dans le VIIIe arrondissement sur les traces des entreprises, des discrets cabinets de lobbying, des associations professionnelles et organisations internationales qui placent leurs intérêts privés au dessus de l’avenir climatique.

Deux lobby tours sont proposés le 30 novembre et le 7 décembre à 11h30. Le jeudi 3 décembre à 11h30 aura lieu un « lobby tour » spécialement dédié aux entreprises nominées au « prix Pinocchio du climat », dont les résultats seront annoncés le même soir.

Les inscriptions pour ces lobby tours (durée : environ une heure et demie) se font par courriel à l’adresse cop.lobbytours@corporateeurope.org.

- À lire : Lobby Planet Paris COP21 (pdf).

 

 

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 17:09

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

ça bouge ! Mouvements sociaux

Comment manifester pour le climat ce 29 novembre malgré l’état d’urgence

par

 

 

 

La COP21 s’ouvre ce dimanche à Paris. Les principales manifestations pour le climat ont été interdites à Paris mais aussi dans d’autres villes de France. Certaines organisations appellent à se mobiliser de manière virtuelle, d’autres contournent l’interdiction par la formation d’une chaîne humaine ou appellent à braver l’état d’urgence ce 29 novembre. Une déclaration signée par une large coalition de mouvements internationaux demandent également à François Hollande de lever les interdictions de manifester durant la conférence internationale : « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »

 

Suite aux attentats du 13 novembre, les autorités ont déclaré l’état d’urgence et interdit la marche pour le climat initialement prévue le 29 novembre à Paris, réduisant au silence citoyens et société civile souhaitant exprimer leur point de vue face à celui des gouvernements et des lobbys économiques. Ailleurs en France, plusieurs autres manifestations sur le climat ont également été interdites, notamment à Lyon, Briançon et Aix-en-Provence. Paradoxalement, les marchés de Noël et les rencontres sportives sont maintenus. Plusieurs personnes ont déposé un recours contre l’interdiction de manifester, dont l’une vient d’être assignée à résidence. « Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante », réagit la Ligue des Droits de l’Homme dans un communiqué.

 

Des intellectuels ont décidé de lancer un appel à braver l’état d’urgence en se retrouvant dimanche à 14h, place de la République. « S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police, écrivent-ils. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester. » Le Collectif des désobéissants appelle à venir dès midi sur la place de la République, « dans le calme, sans haine et sans violence, conscient des risques certes, mais présent parce que le risque est plus grand de ne pas nous manifester : combien de sécheresses, d’inondations, de famines, de guerres, combien de millions de victimes pouvons-nous éviter si nous affirmons la voix des citoyens du monde entier ? »

 

Plusieurs autres initiatives, réelles (dans la rue ou un lieu) ou virtuelles (sur les réseaux sociaux) sont également proposées par des organisations membres de la Coalition climat 21 :

 

- Une chaîne humaine pour un climat de paix : à l’initiative d’Alternatiba et d’Attac, une chaîne humaine sera formée de 12h à 13h sur les trottoirs entre place de la République et Nation, sur le boulevard Voltaire. « À tous ceux qui veulent nous empêcher de nous exprimer, nous répondons : unis et solidaires nous voulons vivre ensemble sur une Terre juste et vivable », lancent les organisateurs. Toutes les modalités sont à retrouver ici.

 

- March4me.org : à l’initiative de France nature environnement (FNE), de la Fondation Nicolas Hulot, WWF et Greenpeace, un outil virtuel a été mis en ligne « pour permettre à tous ceux qui ne peuvent pas marcher ce jour-là, de Beyrouth à Bamako en passant par Paris, de se faire représenter par tous ceux qui marcheront en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Ces derniers représenteront les marcheurs « empêchés » en arborant leurs photos et prénoms dans les défilés ».

 

- Nos chaussures marcheront pour nous : à l’initiative d’Avaaz, la place de la République sera recouverte de chaussures qui « symboliseront les pas des personnes qui devaient participer à la marche pour le climat à Paris ». Ces chaussures sont collectées chaque jour à différents points dans Paris.

 

- Action #EyesonParis #ClimateChange : à partir du 29 novembre, Oxfam proposera aux citoyens de poster sur les réseaux sociaux des photos de leur regard accompagné de messages pour défendre la justice climatique. L’objectif ? Montrer aux décideurs que les citoyens ne les quitteront pas des yeux et seront attentifs à leurs engagements pour le climat. Les photos circuleront sur Twitter, Facebook ou Instagram avec les hashtags #EyesOnParis #ClimateChange

 

- Une grande clameur pour la rue ! : la « Grande Clameur pour le climat » propose d’exprimer de manière sonore l’engagement des citoyens dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Nous pouvons faire entendre notre voix en faisant du son, et même de la musique ! »

 

- Un symbole commun pour le climat : en terrasses de café, dans les boulangeries, les coins de rue, les balcons et les fenêtres, et même sur les vêtements, un symbole commun sera proposé par les artistes qui soutiennent la Coalition climat 21. Il sera mis en ligne dans les jours qui viennent et distribué le 29 novembre.

 

- Ensemble pour le climat : affichons-nous ! : A l’initiative d’Agir pour l’Environnement, des affichettes sont proposées pour que chaque citoyen puisse les disposer là où bon lui semble : moyen de locomotion, lieu de travail ou à la maison, ou encore sur un panneau d’affichage associatif. Par ces affiches, les citoyens sont invités à porter un message pour le climat, la fraternité et la paix à l’ouverture de la COP21.

 

A noter qu’une coalition internationale d’ONG, des groupes de la société civile et des figures comme Naomi Klein et Susan George appellent François Hollande à lever les interdiction de manifester durant la COP21 à Paris. « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »

 

Photo de une : CC Stephen Melkisethian (marche pour le climat à New York, le 21 septembre 2014)

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 16:28

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

 

L'état d'urgence planétaire

 

Ivan Segré, philosophe et talmudiste, signataire de l'Appel : « Bravons l'état d'urgence, appelons à manifester le 29 novembre » pense que les autorités françaises auraient dû laisser la liberté à chacun de manifester ou non. « Le message du gouvernement aurait été alors le suivant : nous sommes tous responsables de nos vies, comme nous sommes tous responsables de l'avenir de cette planète. »

Lorsqu'une Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP21) a lieu à Paris une quinzaine de jours après un attentat particulièrement criminel, cynique et vicieux opéré par des hommes de main de « Daesh », et qu'une grande manifestation était prévue la veille de cette Conférence dans le but d'alerter les gouvernements du monde entier sur le danger que représentent, pour les générations futures, l'exploitation et la gestion irraisonnées des ressources d'une planète que nous habitons tous, de quelque ethnie, nation ou confession que nous soyons, qu'est-ce qui est le plus responsable : interdire la manifestation au nom d'un impératif de sécurité publique, ou bien appeler à manifester, avec ou sans la bénédiction des autorités françaises, au nom des générations futures, au nom de nos enfants et petits-enfants ?

 

Passons sur les motivations inavouables que certains pourraient être tentés de prêter aux autorités en question. Car il n'en reste pas moins qu'il est du devoir d'une autorité politique de garantir la sécurité des gens, et que nous savons tous que des hommes de main de «Daesh» sont présents sur le territoire français ou non loin, et de quoi ils sont capables lorsqu'ils passent à l'action.

 

Ceci étant posé, prenons un peu de recul et tâchons de préciser les contours des forces en présence : les Etats, en premier lieu la République Française, sur le sol de laquelle a lieu la Conférence des Nations-Unies; les hommes de mains de l'organisation terroriste « Daesh »; enfin des manifestants venus de France, d'Europe, du Monde.

 

Ce que sont les Etats, dont la République Française, on le sait tous plus ou moins : ce sont les autorités qui gouvernent ce monde. Ce qu'est « Daesh », et plus précisément ses hommes de main présents sur le territoire français, ou non loin, et susceptibles de récidiver n'importe où et n'importe quand, on le sait beaucoup moins. À vrai dire, on ne cesse d'en discuter depuis le crime du vendredi 13 novembre : sont-ce des musulmans radicalisés par une religion appelant au « djihad » contre les mécréants ? Sont-ce des individus, d'origine musulmane ou non, immigrée ou non, qui, après avoir vainement tenté de réussir par le biais de la pornographie, ou du gangstérisme, ou d'autre chose, épousent la cause d'un « djihad » sans religion, parce qu'il leur promet la « gloire » ici et maintenant, en quelque sorte à peu de frais (savoir utiliser une kalachnikov contre des civils aux mains nues, et savoir actionner le détonateur d'une ceinture d'explosif) ?

 

Comme le remarque Olivier Roy dans les colonnes du Monde (daté du 25 novembre) : les terroristes islamistes qui ont tué en France, depuis Toulouse jusqu'à Paris, « n'ont presque jamais un passé de piété et de pratique religieuse, au contraire ». Plutôt que de croire sur parole des assassins qui prétendent agir au nom de l'islam, on serait donc peut-être mieux inspiré de s'en tenir aux faits : des jeunes gens sans passé de piété ni de pratique religieuse se convertissent en quelques semaines au soi-disant « djihadisme », adoptent l'apparence vestimentaire et rhétorique de la religion, puis s'arment d'une ceinture d'explosifs et d'une kalachnikov, enfin se rendent dans quelque lieu public, terrasse de café, stade de football ou concert de musique pop, afin d'y régner en maîtres absolus l'espace de quelques minutes, avant de se donner la mort en même temps qu'ils la donnent. Tels sont les faits.

 

Or ils ne sont pas sans évoquer un fait récent, tout aussi criminel, cynique et vicieux, tout aussi nihiliste : le crash d'un avion de la Lufthansa reliant Barcelone à Düsseldorf le 24 mars 2015. On sait en effet que le copilote, Andreas Lubitz, souffrant de dépression, a volontairement empêché le commandant de bord d'entrer dans le cockpit, et a volontairement écrasé l'avion dans les Alpes, tuant 150 personnes. L'espace de quelques minutes, il était maître à bord. La vie de tous était entre ses mains, et il n'avait pas l'intention de la leur rendre. Il a ainsi joui de son emprise absolue sur le gouvernail, de son emprise absolue sur la vie des autres.

 

Une fois posé que les criminels du Bataclan ne sont pas sans quelque ressemblance avec le criminel de la Lufthansa, venons-en à la troisième force en présence : les hommes et les femmes qui viendront manifester, avec ou sans autorisation, la veille de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques. Qui sont-ils ? Répondons : des hommes et des femmes qui exprimeront leur volonté de ne pas laisser aux gouvernants du monde la liberté de nous mener tous au désastre.

 

Qu'il soit à craindre que les hommes de main de « Daesh » tirent sur la foule des manifestants, certes, ce serait cohérent avec leur doctrine. Que les autorités françaises décident aussitôt, sans l'ombre d'un débat, d'interdire la manifestation, voilà qui en revanche n'est pas sans poser un problème de cohérence, puisque c'est écarter d'un revers de main l'autre possibilité qui s'offrait à elles : expliquer qu'il y a un danger à venir manifester, car si les forces de l'ordre feront bien entendu leur maximum pour assurer la sécurité des manifestants, elles ne seront toutefois pas en mesure de la garantir, sachant ce que sont les circonstances... Le message du gouvernement aurait été alors le suivant : nous sommes tous responsables de nos vies, comme nous sommes tous responsables de l'avenir de cette planète.

 

Une police française s'efforçant de garantir la sécurité de manifestants venus affirmer, au péril – qui sait ? - de leur vie, la nécessité de prendre vraiment en considération les générations futures, voilà qui aurait donné une signification certaine à la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, ainsi qu'à la « guerre » des gouvernements français, américains et russes contre « Daesh ». Hélas, nos gouvernants semblent avoir une tout autre vision des choses.

 

Concluons dès lors que le dimanche 29 novembre, il ne sera pas nécessaire de s'armer d'une hache et tenter désespérément de défoncer la porte d'un cockpit afin de reprendre les commandes d'un avion parti pour s'écraser, il suffira de venir manifester pacifiquement, en dépit des menaces des uns et des autres. N'abandonnons ni les terrasses de café, ni les stades de football, ni les concerts de Eagle of death metal ou de Jean-Sébastien Bach, ni, surtout, les commandes de l'avion. Et célébrons le ciel et la terre. Telle sera notre «guerre contre Daesh». Telle sera notre victoire.            

 

Par Ivan Segré, philosophe et talmudiste.

 

 

Pour lire la tribune « Bravons l'état d'urgence, retrouvons-nous le 29 novembre place de la République », cliquez ici.

Pour signer la pétition, c'est ici.

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Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

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