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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 16:15

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

La ville de Metz condamnée à appliquer la loi obligeant une commune à héberger toute personne à la rue se trouvant sur son territoire
COLLECTIF MOSELLAN DE LUTTE CONTRE LA MISERE
Samedi, 26 Décembre, 2015
 
 
 
C’est une première en France qui vaudra jurisprudence.
Durant l’été 2013, et sur la base de l’article L 511-2 du Code de l’Action sociale et des familles, 4 personnes d’origine étrangère à la rue avaient demandé par écrit au maire de Metz un hébergement. Le maire de Metz avait rejeté leur demande par lettres des 30 juillet et 22 août 2013 au motif que le texte invoqué ne concernait que les français et pas les étrangers.
Saisie par le collectif,  la Commission départementale d’aide sociale de la Moselle avait déclaré, par décision du 11 septembre 2014, sans objet ce recours du collectif au prétexte que les personnes avaient été hébergées après être restés plusieurs semaines dans la rue.
Le collectif avait alors saisi en appel la Commission centrale d’aide sociale, dépendant du ministère de la Santé.
Le 17 novembre 2015, la Commission centrale d’aide sociale, présidée par Monsieur BELORGEY, au nom du peuple français, a décidé d’annuler l’ensemble des décisions de rejet de la mairie de Metz et de la Commission départementale d’aide sociale de la Moselle.
Le même jugement déclare que « la République mande et ordonne à la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes et à tous les huissiers à ce requis en ce qui concerne les voies de droit commun contre les parties privés, de pourvoir à l’exécution de la présente décision ».
 
Le collectif se félicite, au nom de tous les sans abris laissés pour compte dehors, d’où qu’ils viennent, de voir établie pour la première fois en France une jurisprudence rendant obligatoire dans les faits et la pratique l’hébergement de toute personne à la rue, française ou étrangère, sur la base de l’article L 511-2 du Code de l’action sociale et des familles.
 
Désormais, il faut savoir et faire savoir que ce texte, assez méconnu et jamais vraiment appliqué, rejette toute idée de préférence nationale. En effet, l’actuel maire de Metz, Dominique Gros, avait déclaré en juin 2008 à une délégation du collectif reçue en son bureau que cette disposition légale, émanant d’une loi du 17 janvier 2002 «  ne concernait que les Français »
 
La justice vient de donner raison au collectif.
 
Aujourd’hui encore à Metz comme ailleurs, des personnes vivent dehors, dans le plus grand dénuement. Compte tenu de l’extrême précarité de ces personnes, le collectif exige immédiatement l’application de cette loi et de la jurisprudence qu'il vient de créer à l'échelon national en s’appuyant sur le jugement qui vient d’être rendu le 17 novembre 2015.
 
 
 
 
 
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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 15:27

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

Un canal au Nicaragua (1/3): la saignée environnementale
30 décembre 2015 | Par Thomas Cantaloube
 
 
 

Le gouvernement sandiniste a annoncé il y a deux ans l’ouverture d’ici à 2020 d’un nouveau chenal transocéanique. Un projet gigantesque qui passe par l’expropriation de dizaines de milliers de paysans et des dégâts environnementaux considérables.

De nos envoyés spéciaux au Nicaragua. - Escuelita a le sens de la théâtralité. Ou peut-être pas, c’est juste sa nature. Au milieu de sa plantation de bananiers, il cale son pouce dans sa grosse broche de ceinturon, ajuste son chapeau sur son crâne, vérifie la tenue de son pistolet dans son holster, puis il déballe ce qui l’agite depuis plusieurs mois. L’ancien guérillero laisse la colère monter en lui. Son nom de guerre, Escuelita, « petite école », lui a été donné par ses compagnons car sa maison avait servi de premier camp d’entraînement pour le Front sandiniste dans sa lutte contre le dictateur Anastasio Somoza, puis dans la guerre civile pour éliminer les contras. C’est ce statut d’ancien combattant sandiniste qui l’autorise aujourd’hui à se promener avec son arme dès qu’il sort de chez lui.

Même s’il laisse entendre qu’il peut y avoir du danger, il ne risque pas grand-chose dans sa petite ville de Rivas, sur les berges du lago Cocibolca, où il connaît tout le monde. Le Nicaragua est aujourd’hui un des pays les plus tranquilles d’Amérique centrale, une région où la violence demeure pourtant endémique. Si Escuelita n’est pas menacé, sa vie l’est. Ou plutôt sa subsistance, ses terres et son mode de vie.

 

Cela fait maintenant deux ans que le gouvernement du Nicaragua, dirigé d’une main de fer par l’ancien guérillero Daniel Ortega, a annoncé la construction d’un gigantesque projet : le creusement d’un canal destiné à relier les océans Pacifique et Atlantique et à concurrencer le canal de Panama plus au sud. Ce projet vieux de deux siècles, relancé à intervalles périodiques, a été remis sur la table une fois de plus, avec l’assurance que cette fois-ci, c’est la bonne !

 

Canal Nicaragua © Reuters Canal Nicaragua © Reuters

 

Évidemment, un tel ouvrage – 278 kilomètres (contre 77 km au Panama), la traversée du plus grand lac d’eau douce d’Amérique centrale, la percée au cœur de la forêt équatorienne –, ne se fait pas sans dommages ni mécontentements. Mais la manière dont le gouvernement nicaraguayen a entrepris et annoncé ce projet, dont les détails restent en partie opaques malgré son ambition démesurée, a suffi pour braquer une partie de la population du pays le plus pauvre des Amériques après Haïti, au point de menacer la survie du régime clientéliste et corrompu d’Ortega. Ce qui nous ramène à Escuelita, de son vrai nom Rafael Angel Bermudez Hernandez.

 

Sur le lac Nicaragua : vue d'Ometepe depuis le ferry qui rallie l'île à la terre. © Jean de Peña Sur le lac Nicaragua : vue d'Ometepe depuis le ferry qui rallie l'île à la terre. © Jean de Peña

 

Après la révolution de 1979, le jeune combattant de l’époque s’est vu attribuer un lopin de terre, qu’il a fait prospérer, revendu et étendu. Aujourd’hui, à l’âge d’une retraite qu’il ne semble pas décidé à prendre, Escuelita gère 23 hectares de plantation, essentiellement des bananiers, dans une zone considérée comme une des plus fertiles du pays, en bordure du lac Nicaragua (l’autre nom du lago Cocibolca), par lequel le futur canal doit passer. Personne n’est venu lui parler directement ni l’informer du sort de sa propriété, mais il a découvert que le tracé du canal passait à proximité de ses terres, qui serviront à la construction d’un aéroport ou d’une zone franche – la finalité précise n’est pas claire, mais cela fait partie du secret qui entoure le projet, nous y reviendrons.

« On nous a annoncé que l’achat des parcelles se ferait au prix du cadastre », s’emporte Escuelita. « Mais c’est du vol ! S’ils veulent nous exproprier, qu’ils paient au moins la valeur réelle des terres, au prix du marché, qui est dix à cent fois plus élevé ! » C’est un euphémisme de dire qu’il est énervé et dégoûté. Dans sa modeste maison du centre de Rivas, il n’y a que des clichés de famille : lui, sa femme, ses huit enfants et une vingtaine de petits-enfants. « J’ai enlevé toutes les photos de mes années de guérilla… Je me suis battu pour un pays libre et démocratique… comme le Costa Rica. Pas pour Ortega, qui est devenu pire que Somoza ! »

« Nous avons un gouvernement, mais il n’est pas le propriétaire du pays ! »

Histoire de montrer qu’il n’est pas un vieux révolutionnaire égoïste gonflé d’amertume, et qu’il n’est pas seul dans sa révolte, Escuelita nous embarque dans son vieux 4×4 pour un tour dans les plantations. On réveille Victor Manuel Urbina en pleine sieste, mais il ne lui faut que quelques secondes pour nous emmener voir ses bananiers : « Ce sont les meilleurs terres du Nicaragua et même d’Amérique centrale. Elles n’ont pas de prix. Outre le lac, j’ai des sources d’irrigation sur mon terrain. Si tu vas à quelques kilomètres d’ici, il n’y a pas d’eau pour irriguer. S’ils m’exproprient, je ne retrouverai jamais de telles terres. Et que feront mes employés ? Je fais travailler 25 personnes, c’est-à-dire que je fais vivre 25 familles. Qu’est-ce qu’elles feront s’il n’y a plus que du béton ? »

Il a beau être jeune et posé, Victor est résolu à défendre son gagne-pain. Comme des dizaines d’autres, il a participé à plusieurs manifestations contre le canal, dont une qui s’est soldée par un séjour de sept jours au poste de police et toutes les brutalités qui vont avec… Cela l’a secoué : « On protestait pacifiquement, on faisait valoir nos droits, on demandait davantage d’information et l’État nous est tombé dessus comme de vulgaires délinquants. Il y a eu deux morts ! C’est difficile à accepter... »

À quelques kilomètres de là, Rodrigo Guttierez, 60 ans, est accoudé à sa cabane en bois, vêtu d’un tee-shirt constellé de taches de cambouis. Il possède quelques hectares où « tout pousse ». Ancien révolutionnaire, il est lui aussi remonté comme un coucou contre le canal : « Nous avons un gouvernement, mais il n’est pas le propriétaire du pays ! On n’expulse pas les gens sans les consulter ni les informer ! » Comme beaucoup au Nicaragua aujourd’hui, il se déclare « sandiniste mais pas danieliste ». C’est-à-dire qu’il proclame sa fidélité aux idéaux d’Augusto Sandino, le héros national de la lutte pour la liberté dans les années 1920 et 1930, qui a donné son nom au mouvement qui a renversé la dictature en 1979 ; mais qu’il s’oppose aux dérives de Daniel Ortega, un des leaders de la révolution devenu le dirigeant du pays de 1979 à 1990 puis depuis 2007.

Pour Rodrigo Guttierez, les promesses du gouvernement en matière de développement du pays et de créations d’emplois grâce au Canal ne valent rien : « J’ai vécu au Panama, je sais de quoi je parle. Tout est informatisé pour le passage des navires, il n’y a presque pas de jobs. Et qui a profité de l’économie du canal depuis un siècle ? Les États-Unis bien davantage que le Panama ! »

 

Plantation de bananes sur les meilleures terres de Rivas, où devraient être construits un aéroport ou une zone franche. © Jean de Peña Plantation de bananes sur les meilleures terres de Rivas, où devraient être construits un aéroport ou une zone franche. © Jean de Peña

 

Les premiers chiffres dévoilés par le gouvernement lorsqu’il a annoncé le projet promettaient la création de 250 000 emplois. Dans une nation de six millions d’habitants, dont près de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté défini par l’ONU, où les principales ressources sont agricoles, cette perspective résonnait comme le jackpot. Mais ces projections semblaient particulièrement irréalistes, et elles ont été ramenées depuis à 50 000 emplois. Un chiffre qui apparaît encore surestimé, pour la plupart des experts qui se sont penchés sur la question.

Pour Jairo Carion, un opposant au canal, ces promesses sont du vent : « Qu’on me trouve le moindre Nicaraguayen qui sache utiliser une méga-dragueuse de fond ! Il n’y en a pas. Nous n’avons aucune compétence locale pour utiliser les machines à creuser, ni pour faire les études nécessaires. Ceux qui vont gagner de l’argent, ce sont les concessionnaires et les investisseurs, pas nous. » Même son de cloche chez Rodrigo Guttierez : « La création d’emplois, ce sont des mensonges. Il n’y a personne ici qui sache manœuvrer les engins de construction nécessaires. Au Costa Rica par exemple, ils ont construit un stade uniquement avec des ouvriers et du matériel chinois », assure-t-il. Les Chinois, justement, évoquons-les.

Il n’a pas fallu longtemps pour qu’Ortega soit affublé du surnom de « vendepatria »

On ne bâtit pas un canal transocéanique comme un gratte-ciel ou un aéroport. Et pourtant, c’est l’impression que donne le gouvernement nicaraguayen depuis le début de cette affaire. Ou, en tout cas, depuis la rencontre en 2012 entre Daniel Ortega et Wang Jing, un jeune et obscur entrepreneur chinois des télécoms, quasiment inconnu malgré un poids financier qui se chiffre en milliards de dollars. Quelques mois après s’être serré la main pour la première fois, les deux hommes ont passé un accord et créé le Hong Kong Nicaragua Canal Development Group (HKND), un consortium privé chargé de développer, construire et exploiter le passage transocéanique. Un an plus tard, en 2013, l’Assemblée nationale nicaraguayenne approuvait en quelques heures la « loi 840 », octroyant à HKND des privilèges exorbitants concernant la concession du canal : droits d’exploitation pour cent ans (avec rétrocession à l’État nicaraguayen de 1 % par an), droits d’expropriation de 10 km sur chaque rive, contrôle de deux ports en eaux profondes, d’un aéroport, d’une zone franche, d’un chemin de fer, de diverses routes, ainsi que de plusieurs complexes touristiques sur le tracé… Le tout pour une rémunération de 10 millions de dollars par an (!) pour le Nicaragua. Un pourboire.

 

L'épouse d'Escuelita tient un journal signalant que la police intimide les opposants au Canal © Jean de Peña L'épouse d'Escuelita tient un journal signalant que la police intimide les opposants au Canal © Jean de Peña

 

Il n’a pas fallu longtemps après la découverte de ces conditions pour qu’Ortega soit rapidement affublé du surnom de « vendepatria » (bradeur de la patrie), la même insulte que celle qui était brandie par Augusto Sandino contre la mainmise des États-Unis et des grands propriétaires et gouvernants à leur solde dans les années 1930. Il n’arrange rien que l’origine de la fortune de Wang Jing reste assez mystérieuse, de même que son ascension au sein de l’élite économique chinoise. Inconnu il y a cinq ans, il aurait construit sa richesse dans l’exploitation de mines en Asie du Sud-Est avant de racheter la société de télécommunications Xinwei en 2010. Mais il ne possède aucun projet d’envergure à son actif. Cela ne l’a pas empêché de garantir qu’il n’aurait aucun problème à trouver les 50 milliards de financement jugés nécessaires pour creuser le canal, et à en ouvrir les écluses en 2019 !

« Beaucoup de rumeurs font état de sa proximité avec l’armée populaire, d’autant que Xinwei a exécuté plusieurs contrats pour l’institution », estime un diplomate français qui a été en poste à Pékin. « L’armée chinoise a également acquis depuis plusieurs décennies une expérience en matière de grands projets, notamment des chemins de fer dans l’Himalaya. De toute manière, les enjeux stratégiques autour du canal sont tels qu’il est peu probable que le gouvernement chinois laisse un entrepreneur s’avancer seul. Au minimum, Pékin regarde par-dessus son épaule. » Les Chinois sont en effet de plus en plus intéressés par l’Amérique du Sud.

Outre les avantages considérables qui semblent avoir été accordés à HKND par le pourvoir nicaraguayen et qui ont choqué la population, la question environnementale demeure celle qui agite le plus les citoyens du sud du pays, ceux qui se trouvent sur la route probable du canal.

L’île d’Ometepe, une langue de terre entre deux volcans, semble posée au milieu du lac Nicaragua comme un avant-goût du bonheur. Des eaux tranquilles, des plages de sable, des mangroves, des cultures en terrasse sur le flanc des cratères, très peu de circulation : les habitants ont conscience de la beauté de leur lieu de résidence, même si la vie y est dure, entre agriculture et pêche de subsistance et un peu de tourisme pour routards. Aujourd’hui, ils contemplent rien moins que la disparition de peu qu’ils possèdent.

 

Jairo Carion est fermement planté sur une plage au bout d’Ometepe, désignant le large : « Vous voyez là-bas, si le canal se fait, il y aura de gigantesques navires qui passeront toute la journée. » Ce n’est pas la perspective d’un changement d’horizon qui l’inquiète, mais les bouleversements écologiques d’un tel projet. Le lac n’est pas assez profond aujourd’hui pour que les gigantesques porte-containers modernes puissent le traverser, et il va donc falloir draguer un chenal de 10 à 15 mètres de profondeur sur une centaine de kilomètres. Jairo craint donc que « le creusement puis le mouvement des bateaux ne contaminent le lac et ne modifient tout l’écosystème. Ici, tout le monde dépend du lac à des degrés divers : pour boire, pour se nourrir, pour irriguer, pour l’accueil des touristes… »

 

« Dieu a créé cette île pour que nous en prenions soin, pas pour que nous la détruisions »

 

Des camions-citernes viennent régulièrement s'approvisionner en eau potable dans le lac Nicaragua pour ravitailler les villages alentour. © Jean de Peña - Collectif À-vif(s) Des camions-citernes viennent régulièrement s'approvisionner en eau potable dans le lac Nicaragua pour ravitailler les villages alentour. © Jean de Peña - Collectif À-vif(s)

 

De plus, tous ceux qui se sont rendus à Ometepe et sur le lac ces dernières années l’ont remarqué : le niveau de l’eau baisse. En 2015, la sécheresse a sévi encore plus fortement que les années précédentes, taxant dangereusement les ressources lacustres. À côté de l’embarcadère des ferrys qui font la navette entre Ometepe et la rive, il y a désormais une buvette en bord de plage là où l’on aurait pu tremper ses pieds dans l’eau il y a deux ans… Selon plusieurs études (dont celle-ci), le Nicaragua fait partie des dix pays dans le monde qui ont le plus à craindre des changements climatiques. Le canal risque d’affecter encore plus une zone qui souffre déjà.

Dans la capitale, Managua, Victor Campos, le directeur du Centro Alexander Von Humboldt, une ONG de défense de l’environnement, a l’œil et la moustache tristes quand il évoque ce qui se dessine : « La construction du canal risque de provoquer une grande variété de dégâts, notamment pour le lago Cocibolca, qui est la plus grande réserve d’eau potable d’Amérique centrale. L’eau des océans va rentrer dans le lac et donc le saliniser. Le trafic et le dragage du chenal vont augmenter les particules en suspension, ce qui va diminuer l’oxygénation de l’eau et affecter les poissons et la qualité de l’eau. Il y a plus de 100 000 personnes qui s’en servent pour leur eau potable, et des milliers de familles pêchent dedans. Enfin, le tracé du canal va affecter la libre circulation des espèces dans le corridor biologique méso-américain entre le nord et le sud : le canal sera un barrage à la circulation, en particulier pour de grandes espèces qui sont déjà menacées d’extinction. »

 

Viquincha Rivera, une ouvrière qui sera expropriée de sa maison où elle vit avec ses cinq enfants si le canal est construit. © Jean de Peña Viquincha Rivera, une ouvrière qui sera expropriée de sa maison où elle vit avec ses cinq enfants si le canal est construit. © Jean de Peña

 

Alberto Lopez possède la faconde d’un rappeur. Né à Ometepe, il a été le maire-adjoint de sa principale commune, et donc assez proche du Front sandiniste, le parti omniprésent du président. Mais aujourd’hui, il s’épanche comme un résistant au pouvoir. Au fur et à mesure qu’il parle il goûte l’emballement de ses mots : « Dieu a créé cette île pour que nous en prenions soin, pas pour que nous la détruisions. Ce lac pourrait servir à l’alimentation en eau du Honduras, du Guatemala, du Costa Rica… il pourrait être une source pour réduire les difficultés en eau de la région d’ici 15 ans. Au lieu de cela, nous prenons le risque de faire disparaître le lac et toutes ses espèces ! Où allons-nous vivre ? Sur les flancs du volcan encore en activité ? Allons-nous envahir Managua comme des réfugiés et mourir de faim dans les rues ? »

Photos et vidéos : Jean de Peña - Collectif à-vif(s)

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 15:01

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Grèce : l'Europe au secours des médecins... qu'elle a elle-même rendus malades

 
 
 
 
Finies les journées interminables pour les médecins dans les hôpitaux grecs. La Cour de justice de l'Union européenne vient de les juger illégales. Seulement elle oublie que cette surcharge horaire n'est autre que le fruit de l'austérité que l'Europe a elle-même imposé au pays.
 
 
Un hôpital d'Athènes - Petros Giannakouris/AP/SIPA
 

Dans les hôpitaux grecs, les médecins ne savent plus à quel stéthoscope se vouer. Enchaînant des journées interminables pouvant atteindre 32 heures - sans repos entre la période de garde et les consultations classiques -, des semaines à rallonge allant jusqu`à 93 heures d'astreinte, ils ont décidé de saisir la Commission européenne qui a, à son tour, demandé à la Cour de justice de l'Union de statuer. 

Patatras ! Les juges ont alors constaté, écrit , que "la Grèce ne respectait pas la législation européenne," à savoir selon la directive n° 2003/88/CE citée par le quotidien, que la "durée hebdomadaire maximale de 48 heures garantit pour chaque période de 24 heures travaillées, un repos minimum de onze heures consécutives." 

Cocasse quand on sait que l'Europe, si friande d'austérité, a elle-même plongé le système de santé grec dans le chaos, et notamment les médecins qu'elle prétend aujourd'hui sauver. Les coupes budgétaires ayant en effet entraîné, entre autres maux, le licenciement de milliers de praticiens hospitaliers, ( sur 6000 dans le public soit la moitié des effectifs) reportant sur les restants une importante surcharge de travail. 

15.000 postes au total dans le public ont ainsi été supprimés selon les chiffres du , qui évoque une réduction du budget santé depuis l'arrivée de la Troika en 2010 de l'ordre de 35%. La Troika ? FMI, Banque centrale et... Commission européenne.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 14:40

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

Les Suisses voteront pour ôter aux banques leur pouvoir de création monétaire

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La Banque nationale suisse aura-t-elle le monopole de la création monétaire dans la Confédération ? Il faudra voter.

La Banque nationale suisse aura-t-elle le monopole de la création monétaire dans la Confédération ? Il faudra voter. (Crédits : © Ruben Sprich / Reuters)

 

Une initiative populaire visant à donner à la banque centrale suisse le monopole de la création monétaire a obtenu assez de signatures pour organiser une votation. Son adoption serait une révolution dans la Confédération.

Avec la crise qui a débuté en 2007, l'idée d'ôter aux banques le pouvoir de créer de la monnaie commence à faire son chemin, progressivement, dans l'opinion. L'an passé, un rapport parlementaire islandais a clairement proposé d'en finir avec ce pouvoir. Mais - et ce n'est pas le moindre des paradoxes - le débat pourrait s'accélérer à partir de la Suisse, pays connu pour son système bancaire démesuré.

 

Vers une votation

Jeudi 24 décembre, en effet, la chancellerie fédérale helvétique a enregistré officiellement l'initiative populaire « monnaie pleine » qui vise à donner à la Banque nationale suisse (BNS) le monopole absolu de la création monétaire. Cette initiative, lancée en juin 2014 par un groupe dirigé par un instituteur alémanique, Hansruedi Weber, a recueilli 111.824 signatures, soit davantage que les 100.000 nécessaires pour provoquer une votation, autrement dit un référendum.

C'est une étape importante pour cette initiative. Désormais, le conseil fédéral (gouvernement) et le parlement suisses vont devoir se prononcer sur le projet qui prévoit la modification de l'article 99 de la constitution helvétique. Puis, à une date qui reste à définir, le peuple suisse sera amené à se prononcer dans une votation. Pour être acceptée, cette initiative devra alors obtenir non seulement la majorité populaire au niveau fédéral, mais aussi dans au moins 12 des 23 cantons de la Confédération.

Les problèmes de la situation actuelle.

Le chemin est donc encore long. Mais une chose semble certaine : le débat aura bien lieu. Que propose concrètement cette initiative ? Pour ses promoteurs, la constitution helvétique est aujourd'hui inadaptée. Cette dernière reconnaît dans son article 99-1 à la « Confédération » seule le droit de battre monnaie et donne dans son article 99-2 à la BNS reconnue « indépendante », le droit de mener « une politique monétaire servant les intérêts généraux du pays. » Rien de plus.

Concrètement, ceci donne de fait à la BNS le monopole de l'émission des pièces et billets, les seules formes monétaires qu'elle maîtrise. Mais elle ne maîtrise pas l'essentiel de la monnaie créée qui, en Suisse, comme ailleurs, est de la monnaie « scripturale », faisant l'objet d'un jeu d'écriture et non d'échanges physiques. Cette monnaie est, pour l'essentiel, créée par les banques lors de l'attribution de crédits à l'économie physique ou à d'autres banques.

Pour les auteurs de l'initiative, cette situation pose deux problèmes. D'abord, en « privatisant » via les banques la création monétaire, l'Etat perd là un revenu. Ensuite, contrairement à ce que prévoit la constitution, la BNS ne maîtrise que difficilement la création monétaire. Certes, la politique de taux joue en théorie sur le prix du crédit et donc sa distribution, mais cette transmission est imparfaite, on le constate encore en zone euro. La capacité de création monétaire donnée aux banques encourage la formation de bulles spéculatives ou, au contraire, freine la production de crédit lorsque celle-ci serait nécessaire. La financiarisation de l'économie a été le corollaire de ce pouvoir monétaire des banques.

 

Transmettre à la BNS le pouvoir de création monétaire

Pour disposer d'une économie plus stable et mieux maîtrisée et d'une création monétaire plus centrée sur l'économie réelle, les auteurs de l'initiative proposent donc de préciser que la BNS « émet désormais seule » non seulement la monnaie physique, mais aussi la « monnaie scripturale. » Conséquence : les banques perdront leur capacité de créer de l'argent ex nihilo. Tout prêt accordé par une banque devra ainsi être couvert par de la monnaie de la banque centrale au bilan de l'établissement. Dès lors, la BNS maîtrisera entièrement la création monétaire.

Le rôle des pouvoirs publics

L'initiative prévoit trois modes de distribution de l'argent créé par la BNS. D'abord via un transfert de cet argent aux pouvoirs publics pour alimenter l'économie. Ce transfert ne se fera pas sous forme de prêt, mais de « don. » La BNS alimentera donc directement les caisses publiques de la Confédération et des Cantons à la hauteur qu'elle aura déterminée. Certains s'émeuvent de la perte d'indépendance de la BNS, mais Reinhold Harringer, le porte-parole du groupe à l'origine de ce projet contacté par La Tribune, estime qu'une « complète indépendance n'existe jamais. » Il compare cette indépendance à celle de la justice fédérale : ses tribunaux sont « sous la pression de l'opinion publique, mais ses décisions sont acceptées par tous. » La BNS aura un « mandat légal clair » et « pourra agir en toute indépendance », tout en devant « rendre des compte à l'opinion publique. » Concrètement, la BNS ne fournira pas tout l'argent dont aura besoin les budgets publics, elle alimentera ce budget à la hauteur qu'elle jugera juste. Quitte, du reste, à utiliser ceci comme un moyen de pression sur les autorités pour les contraindre à réduire leurs dépenses qui, par ailleurs, en Suisse, sont déjà encadrées par une « règle d'or. »

Un « QE pour le peuple » ?

Deuxième moyen de transmission de l'argent de la BNS : les ménages eux-mêmes. Le nouvel article 99-a-3 de la constitution fédérale proposée par l'initiative prévoit l'attribution directe d'argent de la BNS aux particuliers. L'initiative émet donc la possibilité d'un « QE pour les gens », idée qui circule actuellement en Europe. Mais il est possible d'imaginer que cet argent soit aussi celui d'un revenu de base qui est actuellement en discussion en Suisse, comme en Finlande.

L'importance du circuit bancaire demeure

Dernier mode d'alimentation de l'économie en argent de la banque centrale : les banques elles-mêmes. Mais cette fois, à la différence d'aujourd'hui, les banques ne pourront prêter que l'argent qu'elles auront auparavant emprunté à la BNS selon les moyens traditionnels déjà existant de refinancement. « Il est important de conserver cette possibilité », explique Reinhold Harringer pour qui c'est un moyen important d'une gestion « fine et adaptée » des besoins de l'économie. Avec cette proposition, la distinction entre l'argent de banque centrale et la masse monétaire disponible pour l'économie disparaît. La capacité des banques d'alimenter des bulles est alors réduite, car elle doit rembourser l'argent qu'elle prête. Or, en zone euro, par exemple, c'est un des problèmes de la BCE : son bilan enfle avec l'assouplissement quantitatif, mais le crédit aux entreprises reste en faible croissance.

Gestion plus efficace pour la croissance ?

 

Cette gestion directe de la masse monétaire par la banque centrale sera-t-elle alors plus « efficace » que le système actuel pour générer de la croissance ? Reinhold Harringer le croit. « La banque centrale dispose d'une vision globale de l'économie de meilleure qualité que chacune des banques qui agissent avec une vision commerciale propre », souligne-t-il. Il estime aussi que la banque centrale disposera également des moyens de mieux réagir aux évolutions conjoncturelles, que ce soit un risque de ralentissement ou de surchauffe. Mais le but de l'initiative est clairement de disposer d'une croissance de « meilleure qualité », plus centrée sur l'économie réelle et plus stable.

Changement de modèle pour la finance helvétique

Cette initiative dispose du soutien de plusieurs économistes, suisses et européens. Mais elle fait, on s'en doute, l'objet de vives critiques de la part du secteur bancaire helvétique, qui est, avec près de 12 % du PIB suisse, un des piliers de l'économie nationale. Mais Reinhold Harringer estime que l'initiative va permettre au secteur de revenir à une activité « plus traditionnelle et plus solide. » Il cite le cas de banques comme la banque postale suisse, qui, sans avoir la possibilité de créer de la monnaie, réalisent de bons bénéfices. Reste que, pour les géants bancaires comme Credit Suisse ou UBS, qui vivent sur les activités de marché, le coup pourrait être rude et ils pourraient ainsi décider de quitter le pays. Mais l'initiative semble viser un changement de système : mieux vaut des banques plus modestes, mais plus utiles, que des géants bancaires instables et qui font peser un risque continuel sur les comptes publics. Une vraie révolution, donc.

Le risque de la transition

Egalement critique, le think tank libéral Avenir Suisse, financé par les grandes sociétés du pays, prône plutôt une politique de « petits pas mesurés » dans la réforme de la finance plutôt que la révolution prônée par l'initiative « monnaie pleine. » Selon Avenir Suisse, ce système de « monnaie pleine » conduirait à un « état transitoire permanent » dangereux. Reinhold Harringer, lui, répond qu'une phase de transition est prévue. Le premier jour, les engagements vis-à-vis des clients des banques vont devenir des engagements vis-à-vis de la banque centrale et seront sortis du bilan des banques. Mais rien ne sera changé. Les remboursements des crédits contractés par les clients viendront alimenter les remboursements à la banque centrale. Le tout, affirme-t-il, pourra être corrigé en cas de besoin.

Une idée ancienne

L'initiative n'est, il est vrai, pas fondée sur du sable. Elle s'inscrit dans une longue histoire. C'est, dans les années 1930, l'économiste Irving Fisher, qui avait lancé la proposition dans le cadre du « plan de Chicago » proposé au président Franklin Delano Roosevelt. Ce dernier a rejeté cette proposition, mais elle a été reprise par plusieurs économistes, dont le monétariste Milton Friedman. Cette idée a cependant été progressivement oubliée sous le triomphe de la financiarisation de l'économie. C'est la crise de 2007-2008 qui la fait revivre avec notamment une étude de deux économistes du FMI, Jaromir Benes et Michael Kumhof, qui reprennent et valident les thèses d'Irving Fisher, voyant dans le retrait aux banques de la création monétaire, un moyen de dynamiser la croissance en réduisant les risques de crise.

L'Islande a ouvert le bal

L'idée a alors retrouvé des défenseurs. Fin mars 2015, un parlementaire islandais Frosti Sigurdjonsson a remis au premier ministre de l'île nordique un rapport très complet sur le sujet en recommandant d'ôter aux banques la capacité de création monétaire. Ce rapport n'a pas débouché sur une proposition concrète pour le moment, mais il a amplifié le débat autour de cette idée entre économistes. Plusieurs autres initiatives visent à renforcer le pouvoir des banques centrales vis-à-vis des banques commerciales. En Irlande, le parti conservateur Fianna Fàil propose ainsi dans son programme des élections de 2016 de donner à la banque centrale irlandaise le moyen de limiter la capacité des banques à émettre des emprunts immobiliers.

Révolution dans la finance ?

Une adoption par la Suisse de cette initiative serait indéniablement une révolution dans le monde de la finance et ses conséquences dépasseraient largement les frontières de la Confédération. Car la Suisse n'est pas la petite Islande, c'est un des centres financiers les plus importants de la mondialisation. Or, les rares sondages sur la question ont donné une large majorité au « oui » à l'initiative. Le plus récent, datant d'août, donnait 57 % pour l'initiative, mais il doit être pris avec beaucoup de précaution, car il n'a pas été réalisé par un institut de sondage reconnu. Reinhold Harringer estime que les sondages montrent, au moins, que les citoyens helvétiques rejettent majoritairement le système actuel et se dit donc « confiant. »

Rien ne dit cependant que cela débouchera sur une majorité pour l'initiative. Le secteur bancaire va sans doute peser de tout son poids dans la campagne, emportant une partie des partis de droite, traditionnellement favorables à ce secteur. D'autant que, dans le cas qui nous occupe, il faudra aussi obtenir une majorité dans la moitié des cantons (et il existe en Suisse six demi-cantons comptant pour une demie voix). Mais les votations helvétique ont des résultats parfois surprenants.

Au-delà des divisions traditionnelles

Une chose est certaine : le sujet dépasse les divisions politiques traditionnelles. Les porteurs de ce projet sont plutôt des conservateurs et des libéraux alémaniques, inspirés par les idées monétaristes de stabilité. Mais l'idée de réduire l'influence des banques et de placer la BNS face à sa responsabilité économique en termes de croissance peut séduire plus d'un électeur de gauche, plus nombreux en Suisse romande. Si les partis politiques suisses n'ont pas encore pris position dans ce débat, il n'est pas certain que leurs consignes de vote soient ici réellement suivies. La Suisse pourrait donc donner le ton à un changement notable dans la finance internationale.

 

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 22:40

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Banque : voilà comment refuser la facturation de votre compte courant

 

Louis Morice

L'Association française des usagers des banques incite les clients à écrire pour refuser les nouveaux tarifs proposés par la plupart des établissements.

 

Les grandes banques se préparent à facturer la tenue des comptes courants (GILE MICHEL/SIPA)Les grandes banques se préparent à facturer la tenue des comptes courants (GILE MICHEL/SIPA)
 
 

2,50 euros prélevés chaque mois pour la tenue de votre compte courant. 30 euros par an. La BNP ne se mouche pas du pied. Après les chèques payants, la facturation des retraits, les banques innovent, encore et toujours.

Dans le domaine, elles font même preuve d'une imagination débordante, voire sans limite. A partir du 1er janvier, la plupart d'entre elles va facturer des frais de tenue de compte. Et la tendance est à la généralisation du système de pompe : toutes les grandes banques s'y mettent.

Au point de laisser planer un soupçon d'entente entre les différents établissements.

On ne peut qu'être surpris par ce mouvement généralisé des banques", lance Serge Maître, secrétaire général de l'Association française des usagers des banques.

L'association compte bien saisir l'Autorité de la concurrence à ce sujet.

Le pouvoir de dire non

"Il faut refuser. Le client a le pouvoir de dire non", encourage l'Afub. Serge Maître met en avant l'article L312-1-1 du code monétaire et financier. Les banques ont dû informer des nouveaux tarifs deux mois avant leur application et les clients ont jusqu'au 31 décembre pour envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception pour refuser la nouvelle tarification, comme le permet la loi. La banque devra alors appliquer le tarif antérieur, c'est-à-dire la gratuité pour la tenue de compte, si tel était le cas.

L'Afub a reçu de nombreux témoignages de personnes qui ont franchi le pas. Et certains établissements ont tenté de jouer l'intimidation en demandant aux clients récalcitrants de clôturer leur compte et de changer de banque.

C'est de la manipulation pure et simple. La banque ne peut contraindre ni à résilier un compte ni à accepter les nouveaux tarifs. La loi est très précise", tempête Serge Maître.

Si, entre deux réveillons, vous ne vous sentez pas d'écrire à votre banque, l'absence de réponse vaudra accord. Les nouveaux tarifs s'appliqueront automatiquement à partir du 1er janvier. Et, il faut bien le reconnaître, batailler contre sa banque n'est pas de tout repos.

La facturation devient la norme

D'autant que, face à ce mouvement général qui transforme la facturation de la tenue de compte en norme, le client se trouve coincé : il est tenu d'avoir un compte bancaire pour percevoir son salaire ou ses revenus. Il lui reste pourtant la possibilité de faire jouer la concurrence !

 

  • BNP : 30 euros par an
  • Société générale : 24 euros par an
  • HSBC : 24 euros par an
  • CIC : 24 euros par an (comme c'était déjà le cas)
  • La Banque postale : 6,20 euros par an
  • Banque populaire, Caisse d'Epargne, Crédit agricole, Crédit mutuel : tarification variable selon les régions.
  • LCL : rien pour le moment mais une tarification sera mise en place pendant l'année

 

Les écarts restent donc notables mais dans la jungle des frais bancaires. A la BNP, ce sera donc 2,50 euros par mois. 2,50 euros qui devraient lui rapporter quelque 150 millions d'euros par an. La Société générale va se contenter de 2 euros par mois. A la Banque postale, les frais de tenue de compte restent modestes mais vont tout de même passer de 4,20 à 6,20 euros par an.

Comment justifier une telle facturation à l'heure où les clients effectuent de plus en plus eux-mêmes leurs opérations sur internet ? Les établissements bancaires parviennent même à renverser l'argument pour justifier cette facturation : développer les services en ligne, construire des systèmes contre la fraude, proposer des applications plus simples d'utilisation, ça coûte...

Pas chez les banques en ligne

Mais alors, comment font les banques en ligne qui, pour la plupart, ne vont pas facturer la tenue des comptes courants ? Ces dernières font justement des économies de fonctionnement conséquentes grâce au web. Le secteur est en pleine expansion. Inconvénient, pour y ouvrir un compte, elles exigent bien souvent un revenu minimum.

En fait, cette "innovation" bancaire a pour but principal de compenser les pertes liées au plafonnement des agios en cas de découvert. Ce que les banques ne peuvent plus toucher d'un côté, elles le prennent de l'autre.

En revanche, elles se gardent bien de proposer une rémunération des comptes courants. Soi-disant impossible dans un contexte persistant de taux bas. Un argument que Serge Maître balaie rapidement :

Malgré les taux bas, les banques de détail ont augmenté leurs bénéfices de 7% au premier semestre 2015. Peut-on vraiment parler d'une situation difficile dans ce contexte ? Je ne le pense pas."

 

Louis Morice

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 22:18

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

Je ne mange plus de produits industriels : 5 règles pour éviter les aliments transformés
 
 

LE PLUS. E 330, E 420 ou E 621... Vous êtes-vous déjà demandé ce que signifiaient ces sigles sur les emballages alimentaires ? Ces additifs se trouvent dans de nombreux produits industriels. Stéfane Guilbaud, auteur et conférencier "pour la désobéissance alimentaire", a décidé de les bannir de sa consommation. Il explique pourquoi.

 

Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

Illustration d'un supermarché (Flickr/chat_44/CC)

 

J’ai grandi au cœur des agences de communication, convaincu que la publicité était utile parce qu’esthétique. Je me trompais. Elle encourage la surconsommation et l’industrialisation. 

 

Alors, comment se comporter dans une société propulsée à l’ère agroalimentaire ?

 

Sédentaires au fil du temps

 

L’humanité a profondément changé d’alimentation au fil des millénaires. De cueilleurs-chasseurs, nous sommes devenus sédentaires et consommateurs d’une alimentation en grande partie transformée. En moins de cent ans, notre silhouette, notre santé et notre équilibre alimentaire en ont été bouleversés.

 

Industrie, marketing et immenses profits

 

L’alimentation industrielle s’est développée grâce au marketing. Le citoyen est devenu une cible, un consommateur en quête de plaisir qu’il faut appâter et satisfaire. Ce plaisir est devenu un droit, un dû.

 

L’envers du décor est alarmant, triste et accablant. En dix générations, nous avons certes augmenté notre espérance de vie, mais en faisant chuter le critère de "bonne santé". Nos paysans se suicident, nos enfants ne parlent de nourriture qu’à travers les marques et, plus dramatique encore, les maladies liées à une mauvaise alimentation (diabète de type II, maladies cardiovasculaires, cancer, obésité…) explosent dans toutes les classes sociales et, depuis peu, à tous les âges.

 

C’est décidé je change d’alimentation !

 

Un aliment industriel est un aliment qui, sous la pression de la mécanisation, du réseau de distribution, du positionnement produit ou tout simplement de la course effrénée au profit, est constitué de matières premières de moindre qualité. Les ingrédients les plus coûteux sont remplacés par des alternatives chimiques ou moins nobles. 

 

C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé, du jour au lendemain, de quitter un univers, qui tout compte fait, ne correspondait pas aux valeurs que mes parents m’avaient transmises. Il y a quinze ans, j’ai alors changé de camp pour rejoindre l’ingénierie pédagogique. Mon rapport à la nourriture s’est épanoui. J’ai commencé à traquer les aliments.

 

L’ancien fils de pub rejette désormais les marques, les promos, les temples de la consommation survoltés et les produits farfelus. L’ancien formateur en changement de comportements alimentaires rejette, à son tour, les ingrédients "intrus", les matières premières nobles "substituées" et les traçabilités douteuses.

 

Depuis 15 ans, j’applique à moi-même et mon entourage le fruit de mon expérience. Je suis arrivé à éliminer de mon quotidien le produit industriel et reste vigilant lorsque je dois faire des exceptions. Mon approvisionnement chez de petits producteurs ou de petites surfaces bios est devenu un plaisir.

 

N’intégrant que l’essentiel et privilégiant la qualité pour son savoureux et son goût, je m’économise les ajouts de sucre, de sauces ou de condiments.

 

Mon alimentation, plus authentique et riche en nutriments, a répercuté une baisse de presque 20% sur mon budget alimentaire et tout cela pour une qualité de toute évidence incomparable.

 

Changer le futur en regardant le passé

 

Pour changer les choses, commençons d’abord par nous-mêmes et refusons de consommer ces aliments industriels. Privilégions les Amap, les réseaux locaux et les bons plans. Informons-nous auprès d’acteurs indépendants… et changeons, non pas le confort de nos vies immédiates, mais celui de nos enfants.

 

Notre modèle alimentaire occidental n’est pas une référence à suivre et il existe des solutions en chacun de nous, pour peu que l’on prête attention à ce que ce système tente d’éradiquer, de faire oublier, de modifier à son profit.

 

Illustration d'un marché en Bretagne (Flickr/Francois R THOMAS/CC)

 

Les 5 règles pour éviter les produits industriels

 

 1. Fuyez les produits transformés

 

Orientez-vous le plus possible vers des aliments à l’état brut. Pas d’épices en poudre, pas de viandes reconstituées ni de légumes cachés dans des pâtes ou crêpes. 

 

2. Évitez les aliments "packagés" aux allégations alléchantes

 

"Offre promotionnelle", "nouvelle recette", "ouverture facile", "vu à la télé", rapide, "prêt à l’emploi", "saveur de l’année" sont autant de termes estampillés sur les emballages destinés à la grande distribution.

 

On est loin du circuit artisanal ou des PME qui produisent des aliments simples, sans fioritures.

 

3. Ne consommez pas les aliments "stars" du petit écran

 

Un fabricant qui vante les mérites de son produit à la télévision est un industriel. Aucun producteur artisanal ne peut se payer un spot télévisé de plusieurs millions.

 

Tous ces jambons, biscuits, fromages qui prônent le terroir et un savoir-faire authentiques ne m’émeuvent pas. Mais peut-être suis-je insensible ?!

 

4. Écartez tout ingrédient que vous ne connaissez pas

 

La liste des additifs autorisés, nomenclaturés avec la lettre E suivis de quelques chiffres, vous pose problème, car vous ne les connaissez pas ? Aucun souci !

 

J’ai depuis bien longtemps banni de mon alimentation tout aliment contenant le moindre additif "E". Je veux consommer des ingrédients que je connais et réfléchir en toute connaissance de cause.

 

Un artisan respectueux des matières premières utilisera des produits et un vocabulaire que vous comprenez tels que farine, sucre, beurre, légumes, sel… et non E 330, E 420 ou E 621.

 

5.  Ne pas fréquenter les temples de la consommation

 

Ce conseil semble le plus évident et pourtant… Le meilleur moyen de consommer local, pas cher, artisanal ou en petite production reste les marchés de producteurs, les éleveurs près de chez vous, les artisans de votre quartier et tous les plans "débrouilles" de bouche à oreille, loin des canaux de distribution de marques nationalisées.

 

La paysannerie et l’artisanat alimentaire souffrent. Ils n’attendent que vous pour continuer d’exister et de produire de la qualité à juste prix.

 

Le pouvoir est en vous, ne l’oubliez jamais !

 

 

 

Stéfane Guilbaud est l'auteur de "Je ne mange pas de produits industriels", Ed. Eyrolles, 2015. 

 

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 20:19

 

Source : http://www.lesinrocks.com

 

 

Laprimaire.org: le site qui veut renouveler la classe politique française
27/12/2015 | 08h27
 
 
Thibault Favre et David Guez lors du lancement de laprimaire.org en octobre 2015

Les dernières élections régionales l’ont bien prouvé : le vote en France se fait par défaut, et souvent par dépit.
Et si vous pouviez enfin choisir VOTRE candidat à la présidentielle de 2017 ? C’est le pari fou de deux hommes, Thibault Favre et David Guez, qui vont mettre en ligne dès février le site LaPrimaire.org qui a pour but de mettre en place une primaire qui désignera un candidat indépendant pour les présidentielles de 2017. Explications et rencontre.

 

 

 C’est l’histoire de deux mecs “normaux”

A priori, rien ne prédisposait Thibault Favre, 34 ans, et David Guez, 43 ans, à s’inviter dans l’arène des élections présidentielles française. Les deux amis se sont rencontrés il y a cinq ans lorsque Thibault, alors jeune entrepreneur dans les startups, cherchait un conseil juridique pour monter sa société. Et c’est auprès de David qui est avocat, qu’il l’a trouvé.

A l’été 2014, Thibault vend sa boîte AllMyApps qui avait pour but de créer le premier “AppStore pour PC” mais la startup “s’est faite bouffer par Google” selon ses propres dires, et il a dû la liquider. Après cet échec, Thibault a fait le point, et a tout remis en question, jusqu’au fonctionnement même de la France ! Selon lui, la plus grande source de mécontentement des français vient de l’offre politique qui peine à se renouveler et à comprendre leurs besoins. Aussi s’est-il mis en tête ce même été, et avec l’appui de David Guez, d’apporter une alternative à un système rouillé.

 

Leur réflexion a abouti à la création d’une association d’intérêt général, Démocratech qui a mis en œuvre une application laprimaire.org, qui sera lancée en février 2016. Cette primaire ouverte donne l’opportunité à chacun, dans la limite du cadre légal, de se présenter en tant que candidat. Pour pouvoir être qualifié par la suite et concourir il faut que le candidat trouve 500 “supports citoyens”. Durant cette phase d’identification chaque candidat fait sa campagne lui-même, Democratech ne participe en rien. Puis à la fin de cette première phase, tous les candidats pré-qualifiés seront rendus public, ainsi que leur équipe et leur programme, à la fin de l’été 2016 et en septembre arrivera la phase de sélection.

A ce jour laprimaire.org compte plus de 5 500 inscrits”de tous âges et tous horizons confondus même si l’on trouve beaucoup de 25-35 CSP +, connectés et urbains” explique David Guez.

Aucun des deux hommes ne se dit politisé, et n’a jamais été encarté ou même militant. “On s’intéresse un peu à la politique comme tout le monde, on peut en parler pendant des heures lors de repas, mais notre intérêt s’arrêtait là” assure David Guez. Leur action se rapproche davantage d’un éveil de conscience et d’un sursaut citoyen que d’un quelconque acte militant pour ou contre tel ou tel parti.

” Mon idée est née d’un ras le bol et d’un constat : en France il y a ceux qui ont de l’argent, et leur réaction face aux politiques est de dire « Ils me font chier, mais s’ils me font trop chier, je me barre à l’étranger. » Mais l’immense partie de la population n’a pas les moyens de partir, elle parvient à peine à joindre les deux bouts, elle subit. Et elle n’a pas non plus les moyens de changer les choses. Ceux qui peuvent agir s’en branlent et préfèrent s’acheter un appart. Avec David on fait plutôt partie de ces gens là. On a en a marre de cette mentalité « Jusqu’ici tout va bien » en attendant que le pire arrive. C’est pour ca qu’on veut essayer d’aider à un changement” nous raconte Thibault Favre.

 

Un constat qui s’appuie sur des chiffres et des faits

Ce dernier est ingénieur de formation et en bon scientifique qui se respecte, il s’est appuyé sur des chiffres : 9 Français sur 10 ont une mauvaise image globale des partis politiques selon un sondage réalisé par Odoxa au moment des régionales.

 

Par ailleurs, on compte aujourd’hui 365 000 adhérents de partis politiques en France, ce qui ne représente que 0,5 % de la population française. Or c’est bien cet infime pourcentage qui détient le monopole sur la désignation des candidats. Une situation absurde et éculée selon David Guez :

“Pendant les élections régionales je suis allé à Versailles, au bureau de vote de Valérie Pécresse pour distribuer mes tracts (les Democratol). Je pensais que j’allais me faire insulter mais des jeunes autant que des mamies BCBG m’ont écouté avec beaucoup d’attention. Aujourd’hui les gens ne votent plus par conviction mais par défaut ou contestation. Il y a un mois environ je me souviens de Gaspard Koenig qui a sorti sur un plateau télé, les noms des législatives de 1994, où il y avait Bayrou, Juppé, etc. Déjà les mêmes !”

 

democratol recto

democratol verso

 

Quand on leur demande ce qu’ils ont à gagner dans cette activité à laquelle ils consacrent tout leur temps, et qui les empêche d’exercer leurs activités professionnelles en parallèle, leur réponse fuse :

“On est intéressés par la politique comme le français moyen, et nous sommes habités par la même frustration. Nos compétences, qu’on a acquises en France grâce a l’école de la République nous permettent de faire quelque chose. Et on veut mener ce projet à bien pour un juste retour des choses”.

 

https://www.facebook.com/LaPrimaire/?fref=ts

https://laprimaire.org/

 

 

Source : http://www.lesinrocks.com

 

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 19:20

 

Source : http://reporterre.net

 

 

« Tout va s’effondrer. Alors... préparons la suite »

7 mai 2015 / Entretien avec Pablo Servigne
 


 

Le pic pétrolier, le climat qui se dérègle, la biodiversité qui disparaît… Les scientifiques nous bombardent de nouvelles alarmistes, mais que faire ? Prenons-les enfin au sérieux, préconise Pablo Servigne, co-auteur de « Comment tout peut s’effondrer ». Mais pas de panique : même si le chemin n’est pas facile, il faut l’accepter, pour commencer à préparer le monde d’après.

 

Sur quels faits vous appuyez-vous pour affirmer que l’effondrement est possible ?

Nous avons rassemblé un faisceau de preuves qui viennent des publications scientifiques. Les plus évidentes sont liées au fait que notre civilisation est basée à la fois sur les énergies fossiles et sur le système-dette.

Le pic de pétrole conventionnel a eu lieu en 2006-2007, on est entrés dans la phase où l’on exploite le pétrole non conventionnel : sables bitumineux, gaz de schiste, pétroles de schiste, etc. Déjà, c’est un signe qui ne trompe pas.

Ensuite, il y a un siècle, on investissait un baril de pétrole et on en retirait cent. On avait quatre-vingt-dix-neuf barils de surplus, on nageait dans le pétrole. Un siècle après, ce taux de retour est descendu à dix ou vingt, et cette diminution s’accélère. Or, en-dessous d’un certain seuil, entre quinze et vingt, c’est dangereux pour une civilisation. Pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus d’énergie. Or il y en a toujours moins. Donc à un moment, il y a un effet ciseaux.

En même temps, pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus de croissance. Pendant les Trente glorieuses, les deux-tiers de notre croissance faramineuse venaient des énergies fossiles. Sans énergies fossiles il n’y a plus de croissance. Donc toutes les dettes ne seront jamais remboursées, et c’est tout notre système économique qui va s’effondrer comme un château de cartes.

 

Dans ce schéma, quelle place a la crise écologique ?

Dans notre livre, on prend la métaphore de la voiture. Il y a la question du réservoir d’essence : à un moment il sera vide. C’est ce que je viens d’expliquer. Et il y a un autre problème : la voiture va de plus en plus vite et sort de la route. La science s’est rendue compte que le climat s’est emballé, que la biodiversité s’effondre littéralement. On dépasse des seuils qu’il ne faudrait pas dépasser sous peine de déstabiliser les écosystèmes qui nous maintiennent en vie. La voiture risque de se prendre des arbres. Si on va au bout, certaines études montrent que l’on peut vraiment éliminer presque toute vie sur Terre. On en est à ce point là.

 

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Pablo Servigne

Donc la crise écologique est beaucoup plus grave que les crises économiques. Certaines civilisations anciennes se sont effondrées économiquement et politiquement. Quelques siècles après, ça renaît. Et puis il y a des civilisations qui se sont effondrées pour des cause écologiques. L’effondrement de l’environnement provoque l’effondrement de la civilisation. Là, en revanche, la civilisation ne repart pas parce que le milieu est épuisé, mort.

 

Parmi toutes ces catastrophes, quelle est celle qui risque de déclencher les autres ?

Ce qui est important, pour l’étincelle qui déclenchera les autres, c’est la rapidité. Et là, c’est le système financier qui est le plus fragile. Les effondrements financiers sont très rapides, même s’ils sont moins graves. Le problème, c’est qu’ils peuvent déclencher un effondrement économique, donc du commerce physique, qui peut déclencher un effondrement politique, et plus tard un effondrement des institutions sociales, de la foi en l’humanité, de la culture, etc.

 

On utilise plutôt les mots « crise » ou « catastrophe » : pourquoi avoir choisi de parler d’« effondrement » ?

On a quand même utilisé les mots catastrophe et crise. Catastrophe, on l’aime bien parce qu’il est provocateur. En fait nous sommes devenus catastrophistes. Cela ne veut pas dire qu’on souhaite les catastrophes ou qu’on arrête de lutter contre. Cela veut juste dire qu’on est lucides et qu’on les accepte.

Le mot crise, lui, ne convient pas parce qu’il sous-entend que l’on peut revenir à l’état de normalité qu’on avait avant la crise. Or ce n’est pas le cas. Donc parler de crise est un abus de langage, même si on l’a quand même un peu utilisé dans le livre.

Effondrement est un mot qui nous plaît bien parce qu’il est très large. Il permet d’être aussi bien du côté de la raison, de parler des rapports scientifiques, que de toucher l’imaginaire. Quand on parle d’effondrement, les gens voient Mel Gibson avec un fusil à pompe, ou des films de zombies. Mais il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent émerger. Donc notre travail, c’est de donner chair à ce mot d’effondrement. D’arriver à décrire ce à quoi il pourrait correspondre dans notre société, pour la génération présente, en-dehors des mythes hollywoodiens.

 

Et cela permet aussi de se rendre compte que c’est un processus.

Oui. Dans notre imaginaire, on a la notion d’apocalypse. Du jour au lendemain, il n’y a plus rien et c’est la barbarie. En fait non. Quand on parle d’effondrement, on parle aussi bien d’une catastrophe financière qui arrive en quelques heures, que d’une catastrophe climatique qui arrive en quelques décennies voire en quelques siècles. Toutes les grandes civilisations qui se sont effondrées ont mis des dizaines voire des centaines d’années à le faire.

 

Si ça s’effondre, qu’est-ce qui s’effondre exactement ?

On a creusé cette question en partant de ce qui était vulnérable. Aujourd’hui dans nos sociétés, on a une économie, des lignes d’approvisionnement, un système financier, des structures de flux – tout ce qui est système alimentaire, système d’approvisionnement en eau, système médical. Tout cela est devenu extrêmement fragile parce que complexe, inter-connecté. Donc ce qui va s’effondrer, c’est tout ce qui dépend des énergies fossiles. Cela inclut les énergies renouvelables et le nucléaire, car pour les fabriquer, il faut des énergies fossiles. Quand on se rend compte que quasiment toute notre nourriture dépend du pétrole, qu’est-ce qu’on va manger ? Ce qui va s’effondrer est absolument gigantesque.

 

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Des maisons au Hameau des buis

Une autre manière de répondre est que plus un pays est riche et industrialisé, et hors sol, plus il va tomber de haut. Aux périphéries, cela va être beaucoup moins grave et il va y avoir des jeunes pousses qui vont pouvoir relancer une civilisation. Par exemple, pendant la crise des subprimes de 2008, il y a eu trente-cinq pays qui sont entrés en émeutes de la faim, juste à cause d’une fluctuation des matières premières. Au Mozambique, ils n’étaient pas connectés au système mondial économique, et ils n’ont pas subi cette crise.

 

Est-il possible d’éviter cet effondrement ?

Non, c’est un des grands messages du livre. L’éviter voudrait dire qu’on continue notre trajectoire de croissance. Or non seulement ce n’est plus possible (on l’a montré avec la fin des énergies fossiles), mais si on continue de croître, le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité provoqueront un effondrement de notre civilisation. L’autre voie pour éviter un effondrement serait de bâtir une économie qui n’ait pas besoin de croissance. Mais sans croissance, la civilisation industrielle actuelle s’effondre. Donc de tous les côtés, ça s’effondre. On est cernés.

La posture du livre est de l’accepter. Il y a un effondrement, d’accord, on respire. On apprend à gérer sa raison, à gérer ses émotions, à gérer son rapport avec les autres, avec l’avenir. J’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour moi, mais j’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour mes enfants. C’est très douloureux. Une piste de sortie, c’est que l’effondrement peut être vu comme une opportunité incroyable d’aller vers quelque chose qu’on peut commencer à construire dès maintenant.

 

Est-ce qu’on le saura, quand l’effondrement arrivera ?

Vous connaissez la fable de la grenouille ? Quand on met une grenouille dans l’eau bouillante, elle saute. Quand on la met dans l’eau froide et qu’on fait peu à peu monter la température, elle reste jusqu’à en mourir parce qu’elle ne se rend pas compte que l’eau devient bouillante… Notre intuition est que peut-être, en Grèce, en Espagne, en Syrie, l’effondrement a déjà commencé. Nous, on n’est pas encore touchés parce qu’on est riches.

 

Comment êtes-vous arrivé à concentrer vos recherches sur l’effondrement ?

Un spécialiste du pic pétrolier, dans un colloque, a un jour parlé de ce qu’il appelle des « Oh my God points » [des points « oh mon Dieu » - NDLR]. Ce n’est pas un choc de la tête, c’est un choc du ventre et du cœur et après, plus rien n’est pareil.

Mon premier, c’était le pic pétrolier. J’ai vu un documentaire sur comment Cuba a survécu au pic pétrolier, et ça m’a tellement bouleversé que j’y suis allé pendant deux mois. Un autre grand « Oh my god point » est ma rencontre avec Dennis Meadows, le co-auteur du rapport du club de Rome [Rapport sur les limites de la croissance, 1972 - NDLR]. Son message est clair : il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer au choc, et construire des petits systèmes résilients parce que l’effondrement est là. Cela fait quarante ans qu’il dit cela, personne ne l’écoute. Le rapport prévoit un effondrement pour le début du 21e siècle et c’est ce qu’on est en train de vivre.

 

 

Pourtant, la grande majorité des gens ne voient pas l’effondrement.

Ils sont dans le déni, parce que c’est trop violent.

Après plein de gens savent. C’est le grand problème de notre époque : on sait mais on ne croit pas. Les mythes sont toujours plus forts que les faits. Notre mythe, c’est la croissance infinie, la techno-science qui domine la nature. Si on trouve un fait qui ne colle pas avec ces mythes, on le déforme pour le faire rentrer. On dit qu’on trouvera de nouvelles énergies, par exemple.

C’est pour cela qu’avec ce livre on est sur le terrain de l’imaginaire, qui est beaucoup plus fort que les faits, et structure la manière de donner sens au monde. On dit que l’utopie a changé de sens : les utopistes sont aujourd’hui ceux qui croient qu’on peut encore continuer comme avant.

Accepter l’effondrement, c’est comme accepter la mort d’un proche. Il faut dépasser les phases du deuil : le déni, le marchandage, la colère, la tristesse et l’acceptation. Beaucoup de gens sont encore dans le déni, mais il y en a aussi dans la tristesse, dans la colère. Et il y en a qui sont dans la joie, parce qu’ils sont déjà dans l’acceptation.

 

A la fin de l’année se déroulera une grande conférence sur le climat à Paris. N’est-ce pas la preuve que nos élites politiques ne nient plus l’effondrement et cherchent des solutions ?

Non, je pense que les politiques n’y croient pas. C’est bien que des gens se mettent autour de la table pour parler de climat, cela a au moins une vertu pédagogique. Mais parler de solutions, c’est tordu. Cela laisse la porte ouverte à tous les techno-béats qui sont là à trépigner avec la géo-ingénierie. Et cela empêche de se rendre compte que le changement climatique, même si tout s’arrête d’un coup, c’est déjà trop tard, il s’est emballé.

Mais on peut limiter les dégâts, c’est pour cela que c’est bien de mener des négociations. Et surtout on doit le faire parce qu’aujourd’hui, il n’y a aucun grand conflit international. C’est le moment idéal pour des négociations.

 

Que peut-on faire d’autre au niveau politique pour faire face à l’effondrement ?

On est dans des paradoxes, car si quelqu’un au niveau politique commence à parler d’effondrement cela va créer une panique des marchés financiers, qui va provoquer l’auto-réalisation de l’effondrement. Il va provoquer ce qu’il voulait éviter.

En revanche, on peut agir au niveau micro-politique. Avec l’effondrement, les macro-structures vont souffrir. On va retourner à des sociétés beaucoup plus locales. Le mouvement de la transition est en train de redonner du pouvoir aux gens au niveau municipal. C’est cette échelle qui permet de passer à l’action rapidement.

 

Vous dites que pour décrire l’effondrement, les faits scientifiques ne suffisent pas. Il faut aussi avoir l’intuition qu’il arrive. Ceux qui portent des alternatives sont-ils ceux qui ont cette intuition ?

Pour beaucoup, oui. Il y a des millions d’individus dans le monde qui sont déjà dans le monde post-pétrole, post-effondrement : le monde d’après.

Le problème est que si on n’a pas encore mis les lunettes de la transition, on ne voit pas ces initiatives. On ne comprend pas pourquoi tel paysan a développé la traction animale. Or dans vingt ans, l’agriculture industrielle se sera effondrée et tout le monde sera à la traction animale.

Il faut se mettre en transition, c’est une opportunité de changer le monde. Cela veut dire construire des « réseaux des temps difficiles ». C’est retrouver le lien aux autres, à la nature, avec nous-mêmes. C’est accepter l’interdépendance de tous les êtres. Quand une civilisation s’effondre, les bâtiments peuvent s’effondrer, il reste les liens humains....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 18:34

 

Source : http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/frederic-lordon-syriza-podemos-le-combat-continue

 

 

 

TEXTES À L’APPUI. Frédéric LORDON

Frédéric LORDON, SYRIZA, PODEMOS, LE COMBAT CONTINUE

Le

 

 

 

2015 restera l’année de la Grèce. Un espoir formidable puis un échec face à une Europe de fer. Fallait-il sortir de l’Euro ? À l’heure où Podemos fait une percée en Espagne, la question demeure. Dans notre émission du 18 septembre, Frédéric LORDON a retracé cette épopée. En voici la transcription.

Désormais, nous vous proposons une version écrite de certaines de nos émissions, « TEXTES À L’APPUI ». Notez que les éditions Les Liens qui Libèrent publient les articles de Lordon sur la Grèce : On achève bien les Grecs : chroniques de l’euro 2015. Retrouvez le blog de Frédéric sur le site du Monde diplomatique "La pompe à phynance".


Retranscription de l’intervention de Frédéric LORDON dans notre LÀ-BAS Hebdo n°24 du 18 septembre 2015, à écouter ici « FRÉDÉRIC LORDON : LA GRÈCE EST PASSÉE SOUS LA TABLE » ou à voir là « J’ai peur que Podemos finisse aussi mal que Syriza »


 

 


Daniel Mermet : En janvier dernier, quelques jours avant la victoire aux législatives du parti Syriza et la nomination d’Alexis Tsipras comme Premier ministre, nous étions déjà autour de cette table. Et tout de suite, tu nous as fait part de tes doutes. Ce qu’on a eu du mal à comprendre. Pour nous, c’était formidable, la gauche de la gauche arrivait en Grèce ! Aujourd’hui, force est de reconnaître que tu n’avais pas entièrement tort. Même si tu avais vraiment cassé l’ambiance ce soir-là !
Malgré tes doutes, cette victoire du 25 janvier nous a procuré un plaisir immense. C’était la première fois, depuis bien longtemps, qu’un pouvoir de gauche arrivait en Europe. Lors du référendum du 5 juillet autour de la crise de la dette publique, on a tous appris le mot formidable : « oxi », le « non » massif des Grecs aux nouvelles mesures de rigueur imposées par l’Europe. Malheureusement aujourd’hui, l’euphorie est retombée et on ne peut pas dire que l’heure soit aux grandes réjouissances. Même si cette séquence historique reste riche de promesses.

Frédéric Lordon : On va reprendre la chronologie des évènements. Ca commence avec les législatives très prometteuses de juin 2012, quand Syriza loupe d’un cheveu la majorité au Parlement. À la place, arrive aux manettes, le parti du Premier ministre Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie), un gouvernement aussi vérolé que tous ceux qui l’ont précédé.
Le 25 janvier 2015, retournement de situation, Syriza remporte les législatives. Un moment extraordinaire parce que c’est la première véritable alternance politique en Europe depuis des décennies. L’espoir est considérable, même si l’avenir s’annonce rude pour les finances publiques grecques. L’échéancier 2015 du remboursement de la dette grecque est sacrément imposant. C’est à coup de milliards qu’ils allaient devoir payer le FMI ou la Banque centrale européenne.
Arrive le 21 février 2015, première étape significative : la Grèce et les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) signent un accord qui prolonge de quatre mois le plan d’aide à Athènes. Quatre mois de répit, avec une clause de revoyure en juin pour renégociation sérieuse. Laquelle, évidemment, se passe aussi mal que prévu, le mois de juin arrivé.
C’est alors que Tsipras fait un formidable coup stratégique : pour contrer l’ultimatum des créanciers, il décide d’en appeler au peuple par voie de référendum. Une façon de circonvenir les institutions européennes et de leur rappeler qu’en Europe, la démocratie existe. Une semaine de campagne échevelée démarre et le jour du référendum, c’est le raz-de-marée : le « non » au diktat de l’Eurogroupe gagne à plus de 60%. Un succès considérable.
Et c’est là que tout bascule à nouveau. Dans les deux jours qui suivent le referendum, Tsipras fait un tête-à-queue et repart exactement à l’opposé de ce vers quoi le propulsait l’appui populaire. Un vrai jeu de montagnes russes…

 

DM : Il était coincé, le camarade ! Obligé d’avaler un plat de couleuvres avec un revolver sur la tempe.

FL : Dès le mois de janvier, j’ai compris qu’à partir du moment où Tsipras refusait par principe d’envisager l’option de la sortie de l’euro, il se privait du seul instrument stratégique à sa disposition pour essayer de contrebalancer, a minima, l’asymétrie du rapport de force entre la petite Grèce et les institutions européennes. Partant de là, les carottes étaient cuites ! Ou plutôt, elles étaient dans l’autocuiseur, le feu était allumé et il n’y avait plus qu’à attendre.


Le grand débat autour de la sortie de l’euro

 

DM : Selon toi, Tsipras a donc mal joué. Mais que pouvait-il faire puisque l’opinion grecque, elle-même, dit qu’elle ne veut pas sortir de l’euro !

FL : Ce sont les sondages qui affirment que l’opinion grecque dit qu’elle ne veut pas sortir de l’euro. C’est très différent. Depuis quand fait-on de la politique au cul des sondages ? Parce que c’est exactement ce qu’a fait Tsipras ! Il s’est abrité derrière les sondages pour rationnaliser son incapacité radicale à envisager la sortie de l’euro. Mais qu’est-ce qu’un sondage qui, au débotté, pose une question aux gens sans leur avoir laissé le temps de s’en saisir, de la malaxer, individuellement ou collectivement ?
Je rappelle qu’en France, en janvier 2005, les sondages sur le traité constitutionnel européen donnaient le « oui » à 60%. Et finalement, au référendum du 29 mai, c’est le « non » qui est sorti dans les urnes à 55% ! Tout simplement parce qu’entre-temps, il y a eu cinq mois de débats intenses. Un moment démocratique et historique exceptionnel.
Ce que je reproche à Tsipras, c’est précisément de ne pas avoir engagé le capital symbolique et politique de sa victoire électorale, pour mettre l’opinion grecque au travail sur la question. Ce qui, malgré tout, n’a pas empêché les Grecs d’analyser tout seuls le problème. C’est ainsi que lors du referendum, en dépit du terrorisme intellectuel qui a pilonné, jour après jour, que voter « non » c’était voter pour la sortie de l’euro, les Grecs ont maintenu le cap à 60%. Quand une société est ainsi en marche, c’est à l’homme politique de lui faire une proposition.

 

DM : Tu isoles Tsipras, mais autour de lui, il y a le parti Syriza, des conseillers, tout un mouvement intellectuel… Tu dis toi-même que, dans l’ensemble, Syriza ne voulait pas faire mûrir le débat sur la sortie de l’euro, ni proposer de referendum.

FL : Lors de l’accord intermédiaire Eurogroupe du 21 février, j’ai eu la faiblesse d’espérer, comme tout le monde, que Tsipras avait compris à qui il avait affaire et qu’aucune discussion rationnelle n’était possible. Je pensais qu’il était lucide et qu’il avait signé cet accord pour gagner quatre mois, afin d’avoir le temps de préparer, sur le plan logistique et politique, l’animation d’un débat public en vue de la sortie de l’euro. Il n’en a rien été. Alors c’est vrai, Tsipras n’est pas tout seul. Il y a Syriza derrière. Mais il faut comprendre que Syriza est loin d’être une entité monolithique. C’est un rassemblement assez hétéroclite, avec une aile droite, une aile gauche… Et si, effectivement, la majorité de ses membres refusaient la sortie de l’euro, il y avait quand même une grosse minorité - un peu plus de 40% - qui pensait, elle, exactement le contraire. Tout simplement parce qu’imaginer échapper à la camisole du mémorandum tout en restant dans l’euro était une contradiction ! Et qu’il fallait donc choisir entre les deux termes de cette contradiction.

 

DM : Il ne faut pas oublier non plus la pression qu’ont exercée sur la Grèce les gouvernements et les médias européens, notamment français.

FL : C’est vrai, la pression était totale et venait de partout. Parmi les nombreuses erreurs stratégiques commises par Tsipras, il y a eu cette idée folle qu’il allait pouvoir faire alliance avec ce qu’il croit encore être la gauche, en France et en Italie. Comme si François Hollande ou Matteo Renzi pouvaient, à quelque titre que ce soit, être qualifiés d’hommes de gauche ! Et comme s’ils avaient pu avoir la moindre velléité de venir à son secours en pesant sur le bloc allemand et en essayant d’infléchir les politiques économiques européennes. Tsipras a fait une erreur d’appréciation stratégique colossale.
Les Grecs étaient totalement isolés. D’un côté, ils avaient les durs dont la seule intention était de leur faire la peau, et de l’autre, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, pas du tout prêts à les soutenir. A priori, c’est vrai que c’étaient les seuls sur lesquels Tsipras aurait pu espérer compter, au titre de la solidarité des malmenés. Mais pour ces pays qui étaient passés au travers de la purge, obtenir avec la Grèce une détente du mémorandum aurait été se tirer une balle dans le pied. Ayant eux-mêmes imposé comme des abrutis l’austérité à leurs peuples, ils se voyaient mal aider les Grecs à sortir leur épingle du jeu ! Donc tout le monde était contre lui. Et en premier lieu, les médias, spécialement français, dont l’européisme obtus est une constante de longue période.


Le martyr des Grecs comme arme de dissuasion

 

DM : Le néo-keynésien américain Joseph Stiglitz, pour qui « un autre capitalisme est possible », est exactement sur ta ligne concernant la Grèce. Il pense qu’on s’acharne sur les Grecs « pour faire un exemple » et dissuader tous ceux qui seraient tentés par l’indiscipline. [1]

FL : C’est absolument vrai. Et Stiglitz est loin d’être un gauchiste ! Mais les économistes américains, qui n’ont aucun investissement affectif ou dogmatique dans la construction européenne en soi, sont dégagés et détachés de toute pulsion fétichiste. Ils voient les choses avec un sang-froid rationnel qui échappe totalement aux économistes européens. Voire même à certains économistes des gauches critiques européennes qui communient dans la foi alter-européiste selon laquelle un autre euro est possible.
Stiglitz, lui, analyse les choses rationnellement : la construction monétaire européenne est une architecture de règles et de principes auxquels il est rigoureusement impossible de déroger. C’est une construction entièrement juridique, inscrite dans les traités et donc irréversible et rigidifiée au dernier degré. Peu importe les nécessités de la conjoncture, il n’y a pas la moindre possibilité d’ajustements.
Évidemment, cet édifice a été validé par tous les États européens qui ont été emportés par la vague néolibérale des années 1980. Mais si tous les États sont égaux, certains le sont plus que d’autres : au premier chef, l’Allemagne. Pour Berlin, il était hors de question d’entrer dans la construction européenne autrement qu’en faisant de cette Europe l’exacte décalcomanie de ses propres institutions monétaires. L’Allemagne tenait à ce qu’il y ait des règles, que ce soit les siennes, et que jamais on ne puisse les modifier. C’est notamment cette dinguerie fondamentale que dénonce Stiglitz.


Une sortie de l’euro, c’est possible. Comment ?

FL : Une sortie de l’euro est possible. Sauf que la question n’est pas, comment sortir de l’euro ? Mais, sortir de l’euro pour quoi faire ?
On peut sortir de l’euro par bien des côtés, mais qui sont loin de se valoir tous. Imaginons que le Front National parvienne au pouvoir. Et qu’il fasse la sortie de l’euro comme il le claironne (une escroquerie à laquelle je ne crois pas du tout). Ce serait, quoiqu’il en soit, d’une manière qui n’aurait rien à voir avec celle qu’est en train d’envisager, par exemple, Unité Populaire [2]. Parce que la sortie de l’euro, c’est à la fois très simple dans ses principes, mais assez compliqué dans sa mise en œuvre opérationnelle.
Restons sur le cas de figure de la Grèce : pour sortir de l’euro, techniquement, on fait quoi ? On commence par réarmer la banque centrale nationale. Aussitôt, on décrète qu’elle s’extrait du système des banques centrales européennes et qu’elle se remet à émettre une nouvelle monnaie dont la conversion s’établit au pair, c’est-à-dire, qu’un euro égal une drachme. Sur les marchés de change, ça va tanguer, c’est certain ! Mais on dit ça au départ.
Une fois réarmée, la banque centrale grecque entreprend de conduire une politique monétaire qui n’a plus rien à voir avec celle de la banque centrale européenne. On l’autorise, par exemple, si les conditions s’y prêtent et qu’elle a une réserve importante, à accorder des financements monétaires au déficit public. Évidemment, on envoie paître tous les memoranda et les mesures d’austérité imposés par l’Europe. Et tant qu’on y est, on fait défaut sur la dette. Quand on en arrive à ce genre de rupture, autant ne pas faire les choses à moitié ! Donc, on ne rembourse ni la BCE, ni le FMI, ni les créanciers privés. Et on ne rembourse pas le Mécanisme européen de stabilité (MES), c’est-à-dire le fonds d’assistance aux pays endettés. (Il est certain que la situation financière de l’économie grecque s’en trouve tout de suite largement amélioré.) Pour autant, afin de ménager le système bancaire grec et empêcher qu’il ne s’effondre, l’État peut continuer à payer, au moins en partie, la dette qu’il détient.
Évidemment, il faut prendre un tas de mesures d’accompagnement. Notamment, instaurer un contrôle des capitaux. Ce qui est de toute façon souhaitable, indépendamment de la sortie de l’euro. Car ce dont il est question en réalité, ce n’est pas seulement de changer de monnaie, ni même de pouvoir dévaluer. Le but, c’est de recréer complètement un modèle de politique économique sur la base de principes entièrement rénovés. Et même de refaire une partie des structures économiques en desinsérant l’économie grecque de la circulation internationale des capitaux. Donc en se mettant en retrait (pas complètement mais sélectivement) des marchés financiers internationaux et surtout en refaisant les structures bancaires. Autrement dit, dès qu’on sort de l’euro, on nationalise tout le système bancaire.


La sortie de l’euro : une révolution, d’abord intellectuelle

DM : Quelle est la position des partisans du plan B sur la question de la sortie de l’euro ?

FL : Franchement, je ne sais pas ce qu’est ce fameux plan B. J’ai d’abord cru que c’était une tentative de bonne foi pour tirer les conséquences des évènements terribles qui se sont déroulés en Grèce cet été [3]. Et que ses partisans prenaient acte de la nécessité stratégique impérieuse de réintégrer la sortie de l’euro dans le paysage des options disponibles. Aujourd’hui, je suis moins sûr de mon coup. J’en veux pour preuve l’attelage passablement hétéroclite qui est en train de se former autour du plan B.
Si l’on examine la ligne de Varoufakis [4], par exemple : de son propre aveu, son plan B était juste une roue de secours pour rejoindre la station service et essayer de faire le plein. Ca devait aider à tenir quelques jours, histoire de renégocier (des clopinettes, à mon sens) avec l’Eurogroupe. Ce n’était absolument pas un plan de sortie de l‘euro.
Varoufakis a été viré par Tsipras, certes, mais fondamentalement, tous deux partagent le même refus radical d’une sortie de l’euro. Il suffit d’écouter en quels termes Varoufakis en parle : « la sortie de l’euro, c’est la fragmentation nationaliste et xénophobe de l’Europe… ».

 

DM : En gros, Varoufakis est dans le camp des réformateurs qui veulent agir à l’intérieur du cadre en repeignant le tableau par petites touches. Rien à voir avec les révolutionnaires qui proposent de faire un autre tableau, dans un autre cadre.

FL : Pour moi, c’est le grand mystère. Varoufakis s’acharne à vouloir peindre à l’intérieur du cadre, alors qu’il s’est pris son seau de peinture sur la tête et qu’il s’est fait traîner à la sortie de la ville à califourchon sur un rail. Mais il persiste ! J’y vois la force sociale de la croyance.
C’est très comparable à ce qui s’est passé dans les années 1920 avec l’étalon-or. Ce système monétaire international avait des propriétés formellement très semblables à celles de l’euro. Ce système, qui ne cessait de diffuser des effets dépressionnaires et récessionnistes, a produit les pires catastrophes au moment de la crise de 1929. Jusqu’à ce que l’étalon-or finisse lui-même par éclater tant c’était rigoureusement intenable.
Pourtant, on n’imagine pas la puissance de cette croyance en l’étalon-or chez les élites de l’époque ! Une croyance quasi religieuse. Le spectacle des effets catastrophiques de la chose avait beau se dérouler sous leurs yeux, les entendements étaient bloqués. Pas moyen de leur faire admettre la moindre révision. C’est exactement ce qui nous arrive avec l’euro. Et le pire, c’est que même ceux qui ont été le plus violemment maltraités par l’euro en demeurent, d’une certaine manière, mentalement prisonniers. Ils ne peuvent pas sortir du cadre.
En l’occurrence, il n’existe pas un seul et unique cadre, mais une multitude, emboîtés les uns dans les autres. Dans la Malfaçon [5], j’explique qu’il faut d’abord sortir du cadre de la construction monétaire européenne, avant de pouvoir sortir de celui du capitalisme. Pour moi, la cause est entendue, l’urgence c’est l’euro : si nous restons à l’intérieur du système, nous n’obtiendrons rien de différent et continuerons d’y souffrir mort et passion. Donc, ce cadre-là, il faut le péter. C’est d’ailleurs comme ça qu’on aura des chances de faire trembloter le capitalisme. Parce qu’un plan de sortie de l’euro par la gauche implique qu’on refasse les structures de la banque et de la finance. Ce qui revient à s’attaquer au cœur du réacteur du capitalisme.


L’Europe ou les camps ?

 

DM : Ce qui mine les débats sur l’Europe, c’est cette hantise très intériorisée du repli nationaliste. On se souvient de Jean-Marie Cavada disant en 2005 « il faut voter oui, car voter non c’est voter Auschwitz ». On a intégré l’idée que la gousse d’ail et le crucifix contre le nazisme et toutes les horreurs, c’est l’Europe.

FL : Les débats ont atteint un tel degré de polarisation antinomique que le choix c’est : l’euro ou les camps ! À une autre époque c’était : la mondialisation ou la Corée du Nord !
Euclid Tsakalotos, le ministre des Finances qui a succédé à Varoufakis, a dit lui-même que sortir de l’euro c’était se préparer au retour des camps. C’est Stathis Kouvelakis, d’Unité Populaire, qui le raconte dans un long entretien qu’il a donné à la revue américaine Jacobin [6], au lendemain de l’Eurogroupe.
Je me bats contre cette connerie depuis le début de la crise européenne. Mais on a beau répéter les choses cent fois, ça ne passe pas. Pourtant, il suffit de se souvenir de la vie avant l’euro. Ce n’est pas si vieux ! À l’époque de la CEE, il n’y avait ni monnaie, ni grand marché uniques et, à ce que je sache, nous n’étions pas en pleine troisième guerre mondiale et les extrêmes droites ne tenaient pas le haut du pavé. Je dirais même qu’elles avaient tendance à être beaucoup moins présentes qu’aujourd’hui. Je rappelle par ailleurs qu’il y a cent quatre-vingt pays qui n’ont pas le grand bonheur d’appartenir à la zone euro et qui, pour autant, ne sont pas tous des nazis.
C’est par infirmité intellectuelle qu’on est incapable de comprendre que les nations européennes peuvent entretenir entre elles des liens fructueux et denses qui ne passent pas par la monnaie, la circulation des capitaux, des containers et des camions.
Le vrai internationalisme est celui de la culture, du tourisme, de la science, de la pensée. Il faut voir tout ce que l’Europe a réussi à faire quand l’euro n’existait pas, Airbus, Ariane, le CERN, Erasmus… Si on réussit à défaire l’euro, il faudra pousser à fond les cursers dans toutes les autres directions, dans tous les autres compartiments du jeu. Ce n’est pas ce qu’on appelle le repli national !

 

DM : Le problème avec la question de la souveraineté, c’est qu’elle peut conduire à de drôles d’alliances. Depuis que Jacques Sapir fait du pied au Front National, tout le monde s’interroge. Est-ce qu’un jour, on ne va pas retrouver Lordon en train de guincher avec Marine ?

FL : La souveraineté, selon son concept, ne signifie rien d’autre que : décider ensemble. Elle appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants. On sait bien que la comédie parlementariste n’est pas une réalisation satisfaisante de cet idéal, mais pour autant l’idéal existe et il travaille dans les esprits. Les euroépistes fanatiques, eux-mêmes, sont des souverainistes puisqu’ils sont les partisans d’une reconstitution de souveraineté, mais à l’échelle européenne ! Donc, arrêtons avec ces confusions conceptuelles à n’en plus finir.
Maintenant, parlons de Jacques Sapir. C’est une catastrophe, même si c’était assez prévisible. Au moment où l’épisode grec a vraiment fait bouger les choses, Sapir a déboulé en nous servant une louche bien épaisse de Front National. Quatremer, Colombani, Leparmentier n’attendaient que ça pour agiter l’épouvantail du Front National, le seul argument qu’il leur reste.
Ceci étant, il serait idiot de nier que des forces de convergence troubles sont à l’œuvre. Une réalité d’autant plus dangereuses que l’époque est dangereuse elle-même. Dans les époques de confusion, il faut tenir un cap intellectuel et idéologique avec une rigueur de fer. Ne pas céder au moindre pas de côté, parce que sinon, c’est le début d’une glissade qui peut se révéler irréversible. Avec Sapir, manifestement, c’est le cas.


No Podemos !

 

DM : Parlons maintenant du parti Podemos en Espagne. Ils ont suscité un grand enthousiasme, on s’est dit que c’était un mouvement formidable qui réinventait la politique. Mais aujourd’hui, c’est en train de tourner curieusement. Les sondages sont moins bons et on assiste à des rapprochements beaucoup moins révolutionnaires que ceux que l’on aurait pu imaginer.

FL : Encore une fois, on va croire que j’ai une passion mauvaise pour le chamboule-tout et que j’ai décidé de dégommer tous ceux en qui on a envie d’espérer. Mais je suis navré de le dire, Podémos est bien pire que le Syriza de Tsipras. Aujourd’hui, les gauches européennes sont dans un tel désarroi qu’elles surinvestissent massivement la première occasion d’espérer, à rebours de toute lucidité analytique. C’est comme ça qu’on a surinvesti le Syrisa de Tsipras, puis héroïsé et iconisé Varoufakis. Maintenant, c’est au tour de Podemos.
Je ne dis pas qu’il faille abandonner toute espérance, parce qu’il existe quand même un paysage dans lequel il y a eu Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Corbyn au Royaume-Uni, Bernie Sanders, le candidat démocrate tout à fait inattendu aux États-Unis... Ca veut dire que la sociale démocratie occidentale est en phase terminale. Elle est en pleine décomposition et il va falloir que tout ça rejoigne très vite les poubelles du restaurant.
En même temps, ce qui se construit par-dessus cette pourriture est encore un peu trouble. Je dirais même que Podemos va être encore plus incertain que Syriza parce qu’à la différence de Tsipras, les Espagnols n’essaieront même pas d’aller plus loin. C’est mon anticipation.
J’ai apporté une vidéo éclairante qu’a faite Iglesias, le fondateur de Podemos, sur le site du quotidien La Republica, le 31 juillet 2015 [7]. Il dit : « Ce qu’a fait le gouvernement grec est malheureusement l’unique chose qu’il pouvait faire. Nous ne pouvons pas faire de grandes choses, une réforme fiscale, nous battre pour la déprivatisation de la santé, pour une éducation publique, nous ne pouvons pas faire beaucoup plus ». « No podemos hacer grandes cosas. No podemos hacer mucho mas que…etc »
C’est un parti qui s’appelle Podemos et qui n’arrête pas de dire « no podemos ». C’est vraiment ballot ! Pour eux, la croyance en l’euro est inébranlable et il est hors de question d’engager le rapport de force avec les institutions européennes.
Pour moi, Podemos est un tigre de papier qui s’affalera avant même d’être arrivé au pouvoir parce que le parti a fait de l’efficacité électorale son leitmotiv absolu. Leur dernier congrès a vu triompher une motion qui mettait sur le côté les « cercles Podemos », c’est-à-dire la démocratie participative locale du mouvement. Tout ça pour pouvoir reconstruire un parti politique des plus classiques, avec leader et objectif d’accession au pouvoir. Par rectifications successives et accélérées, tous les espoirs que l’on pouvait mettre dans le Podemos du début de l’année ont été abandonnés en cours de route. Et malheureusement, j’ai peur que cela finisse aussi mal que Syriza.


Et la gauche française dans tout ça ?

 

DM : Quelle est l’influence de tout cela sur la gauche française ? Se pose-t-elle des questions, en tire-t-elle des leçons ?

FL : Il ne s’est pas rien passé, c’est sûr. La gauche que j’appelle « alter européiste », et qui défend la thèse que nous allons reconstruire un autre euro et nous débarrasser de l’austérité par le rapport de force, a été très ébranlée. Pour Attac ou la fondation Copernic par exemple, c’est le commencement des grandes révisions stratégiques. Je ne dirais pas que l’aggiornamento est à portée de main, mais les gens avec lesquels j’ai ferraillé amicalement se sont mis en mouvement. C’est manifeste, ils ne disent plus les mêmes choses depuis le juillet grec. Même si l’idée qu’il faut un acte de rupture avec l’euro pour y arriver n’a pas encore totalement pris consistance. Du coup, on reste coincé dans cette espèce de dialectique du plan A et du plan B : on va ouvrir le rapport de force, aller à l’épreuve et si – et seulement si - on n’y arrive pas, alors on sortira.
Ce qui est intéressant dans cette dialectique, c’est cette idée d’aller au bout du rapport de force pour obtenir la vérification ultime, par acquis de conscience en quelle que sorte, que ça ne pouvait pas marcher. Je trouve la démarche très sympathique. Simplement, il ne faut pas se raconter d’histoires, le plan A va vivre ce que vivent les roses, l’espace d’un matin. Très rapidement, il va se transmuter en plan B, du seul fait de l’opposition radicale du bloc allemand.
Soit dit en passant, ce qu’on occulte systématiquement, c’est que cette Allemagne intraitable puisse foutre le camp un jour ! Je suis convaincu que si elle se retrouvait dans un rapport de force un tant soit peu défavorable, avec un groupe de pays qui la contraigne à mettre de l’eau dans son vin, ses règles et ses principes, c’est elle qui prendrait la tangente. Je serais presque tenté de dire que les forces objectivement les plus puissantes de la décomposition de l’euro ne sont pas du côté des pays dominés, mais du côté des pays dominants. La Finlande, par exemple, ne veut plus entendre parler de l’euro, l’Allemagne se pose des questions… Et on n’est pas passé loin de la rupture avec la Grèce qui est un tout petit État. Si jamais un bloc de pays comme l’Espagne commençait à mettre le souk dans l’ordonnancement européen, ça pourrait aller très mal.


Unité Populaire ?

 

DM : Que peut-on espérer du petit parti dissident Unité Populaire ? Pour l’instant, il ne pèse pas lourd dans les sondages, mais il est cohérent et a été rejoint par le créateur de Syriza, Manolis Glézos.

FL : Tsipras a précipité les élections législatives pour empêcher Unité Populaire, qui est un parti très jeune, de s’organiser et de monter en puissance. Moyennant quoi, Unité Populaire doit faire 5 ou 7% dans les sondages, ce qui est déjà admirable, compte tenu de la brève existence du mouvement.
Le drame c’est que, comme l’explique Stathis Kouvelakis, la vague d’opprobre qui est en train d’emporter Syriza est telle, qu’elle frappe toute la gauche de manière indiscriminée. Au point qu’Unité Populaire, qui a pourtant défendu une ligne opposée à celle de Tsipras, risque d’être balayée de la même manière.
Pour les camarades grecs, la chose est claire : le mouvement Syriza va disparaître et ce sera la grande réussite de Tsipras. On va assister à la fin d’un cycle politique et au commencement d’un autre. À l’évidence, Unité Populaire est maintenant un parti homogène du point de vue de la ligne stratégique. Mais tout va dépendre de la conjoncture macroéconomique des douze prochains mois. Ca va être terrible ! La Grèce va vers une récession encore plus saignante qu’en 2010 et 2012. Et à l’épreuve de ces immenses difficultés, l’option de la sortie de l’euro va retrouver de la consistance et regagner du crédit. En tout cas, c’est ce qu’il faut espére

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 16:58

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

Agnès Sinaï: «Le projet égalitaire est au coeur de la décroissance»
28 décembre 2015 | Par Joseph Confavreux et Jade Lindgaard
 
 
 

Qu'est-ce que la décroissance : un programme économique, un projet politique ou un mouvement culturel ? Un peu de tout cela, et plus encore. Un livre tente de lier ces approches et de les expliciter, Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère. Entretien avec l'une de ses auteurs, Agnès Sinaï, dans ce nouvel épisode de notre émission « Le champ des possibles ».

 

Agnès Sinaï : politiques de décroissance

 

Agnès Sinaï : politiques de décroissanceDepuis son apparition dans un texte d'André Gorz en 1972, le mot « décroissance » a beaucoup voyagé. Développé par l'économiste Nicholas Georgescu-Roegen en lien avec la notion d'entropie, venue de la thermodynamique pour mesurer le degré de désordre d'un système, il sert aussi à décrire un mouvement effervescent de militants et d'intellectuels alternatifs.

 

Cette galaxie est hétéroclite. On y trouve des penseurs des « communs », des écologistes radicaux, des défenseurs du revenu d'existence, des désobéissants, des créateurs de monnaie locale… Ils ne prônent pas un système politique à proprement parler, ne portent pas un programme bien défini. Mais ils partagent la vision d'une société libérée de la tyrannie du profit, de la performance et de la compétition généralisée.

 

Pour la première fois, un livre tente de lier ces approches et de les expliciter à destination d'un plus large public. C'est un dictionnaire, ou plutôt une encyclopédie d'idées contribuant à imaginer l'après-capitalisme : justice environnementale, bonheur, emploi garanti, monnaie publique, convivialité, État, Ubuntu…

Journaliste, fondatrice de l'Institut Momentum, un think tank décroissant, auteure de l'article sur l'anthropocène (ainsi nommée cette nouvelle ère géologique causée par l’activité humaine), Agnès Sinaï explique que le projet de la décroissance est « d'organiser la descente inéluctable des sociétés de croissance ».

 

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Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère
Livre coordonné par Giacomo d'Alisa, Federico Demaria et Giorgio Kalis
Le Passager clandestin, 523 p., 25 euros.

 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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