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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 16:07

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Alstom - General Electric : les suppressions de postes, c’est maintenant

 
L'Américain General Electric (GE) a annoncé ce mercredi qu'il allait supprimer 6.500 emplois en Europe, parmi lesquels 765 en France, dans les activités énergie d'Alstom dont il a finalisé le rachat en novembre 2015. Encore de belles promesses qui partent en fumée...
 
Macron, conducteur du train Alstom qui fonce dans le mur - WITT/SIPA
 

Les dirigeants du géant américain General Electric (GE) ont gentiment attendu la fin de la séquence régionales pour l’annoncer officiellement : ils s’apprêtent à supprimer près de 800 postes en France, la plupart dans la banlieue parisienne. L’annonce, faite ce mercredi 13 janvier, n’est pas vraiment une surprise, des bruits de couloirs faisant état depuis plusieurs mois d’un plan massif de licenciements prévu chez Alstom, dont la prestigieuse branche Energie a été rachetée l'an dernier par GE. Reste qu'au moment de ce rachat, le groupe avait promis de ne pas supprimer d'emplois, et même d'en créer… Alors au gouvernement, où on a tant défendu la solution américaine dans le dossier Altsom, on a longtemps temporisé sur le sujet.

 

Rien n’est encore "définitif ", éludaient en substance cet été le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et son homologue à l’Environnement, Ségolène Royal. Emmanuel Macron brandissait même, quelques mois plus tôt depuis Belfort, ancien site emblématique d’Alstom, un objectif "zéro licenciement". On remarquera d'ailleurs que le site de Belfort a soigneusement été épargné par les coupes… Alors même que le dégraissage, en France, a déjà discrètement commencé, comme le révélait le Canard Enchaîné en novembre. Entre 2014 et fin 2015, 1.000 postes, sur un total de 18.000 en France, ont en effet déjà été touchés. Auxquels s'ajoutent désormais les 765 emplois voués à disparaître annoncés ce mercredi. 

 

Des belles promesses

Quand GE a racheté la branche Energie d'Alstom, au-delà des questions de stratégie et de compétitivité, l'Américain avait fait de belles promesses s’engageant précisément à créer 1.000 postes répartis un peu partout dans le pays. Promesse assise de surcroît sur des pénalités financières prévues si elle n'était pas tenue. Mais malgré les vagues annonces réitérées en décembre sur ces 1.000 créations d’emplois, rien de concret ne se profile à ce jour. Pis, selon une source proche du dossier une partie de ces emplois — plusieurs centaines — n’est en réalité que de "l’internalisation". Autrement dit, de l’intégration de postes déjà existants, par exemple en sous-traitance, comme dans le secteur turbine à gaz de... Belfort.

 

Autant dire que le ciel du président Hollande, qui a fait de l’emploi non seulement une priorité, mais en 2016 (pour la France et pour sa propre réélection), s’assombrit. L’ancien PDG d’Alstom, à l’origine de l’opération de rachat, se porte quant à lui comme un charme. En complément de la qu’il percevra dès le 1er février lorsqu’il quittera ses fonctions, Patrick Kron pourra jouir en plus d’une prime de 4 millions…

 

GE met la pression...

Bien que les suppressions d’emplois ne concernent (pour l’instant) que la région Ile-de-France, ailleurs dans le pays, les salariés d’Alstom, s’inquiètent. « On le vit très très mal », confie Gisèle Boruch, responsable Force Ouvrière (FO), qui précise qu’à aucun moment les syndicats n’ont été informés ni même associés aux décisions. « La presse a eu les informations avant les organisations syndicales ! », regrette encore la responsable.

 

En octobre 2015, un comité d'entreprise extraordinaire avait toutefois donné le ton. Il n’avait été question que de « rationalisation » des effectifs ou « d’alignement » organisationnel. Des termes obscurs qui peinent à répondre aux interrogations du personnel quant à leur avenir. « Quel est le plan industriel prévu par General Electric ? Lancera-t-il des nouvelles productions ? Quelles seront les nouvelles entités (ndlr nées du rachat de la branche Energie d'Alstom par GE) ? », questionne par ailleurs Gisèle Boruch.

A défaut d’entrevoir des réponses, les salariés se retrouvent face au chômage. Mais officiellement il ne s’agit que de « départs négociés ». Pourtant sur place, explique le représentant FO, on ne laisse pas beaucoup le choix aux salariés concernés. « On va les voir et on leur demande de bien réfléchir. On les sollicite sans arrêt… Certains collègues résistent... » Jusqu’à quand ?

Article actualisé à 16h20

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 15:51

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Formation alternative

Quand les jeunes en échec scolaire d’hier deviennent les diplômés du numérique de demain

par

 

 

 

Transformer les décrocheurs d’hier en développeurs numériques de demain : tel est l’objectif de SIMPLonMars qui, au cœur de la prestigieuse École centrale de Marseille, offre une nouvelle chance à ceux qui n’ont pas eu, jusqu’ici, un parcours d’excellence. Cette formation vise à sortir ces jeunes de la spirale de l’échec et leur redonner confiance en eux. Un reportage en partenariat avec le mensuel local Le Ravi.

 

Cité des Lauriers dans les quartiers Nord de Marseille (13e), Christopher, 20 ans, a le nez sur son ordinateur portable et les yeux rivés sur des pages de lignes de codes informatiques. Dans quelques mois, ces algorithmes donneront naissance au nouveau site internet de Massabielle, une association œcuménique qui œuvre dans le quartier, et qui vient de l’embaucher pour neuf mois comme développeur web et médiateur numérique. « Depuis tout petit, j’adore ça, mais je ne pensais pas que ça pouvait être un métier ! », note le jeune homme qui, après un CAP peinture, a cumulé les boulots alimentaires, serveur, vendeur en boulangerie ou équipier chez Quick. Aujourd’hui, il a trouvé sa voie et, son contrat terminé, il compte bien retourner sur les bancs de l’école pour en apprendre encore plus.

 

Christopher fait partie de la première promo de SIMPLonMars, « fabrique sociale de codeurs », branche marseillaise de Simplon.co, créée à Montreuil (Seine-Saint-Denis) en 2013 [1]. Pendant cinq mois, de mars à juillet dernier, vingt-quatre jeunes, entre 18 et 30 ans, ont été formés de manière intensive au code informatique au sein de la prestigieuse école d’ingénieurs qu’est Centrale (Marseille 1313e).

 

Issus pour la plupart des quartiers prioritaires de la ville, ils avaient tous pour point commun la difficulté à s’insérer professionnellement. Des parcours scolaires chaotiques pour certains, des chemins de vie difficiles pour d’autres, ou des études avortées par manque de moyens financiers, la majorité n’a pas le bac. Alors autant dire qu’au sein de Centrale et de ses élèves au parcours d’excellence, ces étudiants pas comme les autres ont rapidement été rebaptisés « les Marsiens » : contraction de Simlplonmarsiens qu’ils sont et d’extra-terrestres qu’ils peuvent symboliser pour d’autres.

 

« Un loft story hyper exigeant »

Pour suivre le cursus, pas de diplôme requis, pas d’expérience non plus, mais un test informatique et, surtout, de la motivation à revendre et une capacité à travailler en groupe et à s’entraider. Mieux vaut effectivement bien s’entendre lorsqu’on passe dix heures par jour à « bouffer » du code, comme ils disent ! Encore moins évident lorsqu’on veut en plus y introduire une certaine mixité sociale : « Le vivre ensemble, c’est important, même si la brutalité des rapports sociaux revient assez vite… », avoue Guillaume Quiquerez, à la tête du « labo sociétal » de l’École centrale, lieu de réflexion et de développement consacré aux innovations sociales en matière d’éducation et de formation. « Disons que c’est un Loft story mais hyper exigeant ! », ironise-t-il. La formation est gratuite pour le bénéficiaire [2], mais demande de s’y consacrer à plein temps. Pendant cette période, chacun vit comme il peut, de son allocation chômage ou du RSA pour le plus grand nombre.

 

Si un formateur est là en appui, la technique Simplon consiste à faire avancer le Marsien par lui-même en apprenant de ses propres erreurs. « On ne peut pas reproduire sur des élèves qui ont eu des histoires un peu compliquées avec la scolarité standard des pédagogies qui ont déjà échoué, précise Guillaume Quiquerez. On est obligé de passer par une pédagogie par la pratique. Ce sont les jeunes entre eux qui vont se faire progresser. »

 

Ici, ni notes ni test final. Une méthode déconcertante pour Julie, 24 ans, une des quatre filles de la promo, qui, contrairement aux autres, a suivi un parcours scolaire classique (Bac éco, BTS tourisme et licence pro) : « Ça n’a pas été facile pour moi de m’y faire. Au début, c’était frustrant et difficile, mais finalement c’est la bonne façon d’apprendre du code, et, avec le recul, je peux dire que ça a fonctionné. » Après une année de chômage puis cinq mois à SIMPLonMars, Julie est désormais développeur multimédia dans une start-up marseillaise. Son CDD de six mois devrait se transformer en CDI sous peu. Par la suite, elle se verrait bien chef de projet web.

 

Solidarité et altruisme

« C’était véritablement ce que je cherchais, mais ça demande effectivement une bonne dose d’indépendance, explique Steven. La formation est gratuite, elle permet de redonner une chance à des jeunes comme nous. Alors si t’es pas capable de suivre par toi-même, personne ne va venir te tenir la main. » À 27 ans, après une seconde BEP électronique, il a passé quatre ans dans l’armée de terre. Pas facile de reprendre ensuite des études quand on a quitté le cursus et que l’on doit gagner sa vie. Il entame alors un bac pro sciences de l’électronique et du numérique en alternance, qui se termine aux prud’hommes à cause d’un patron peu scrupuleux. Il finit par bosser comme conseiller chez Free pendant un an.

 

Il découvre SimplonMars un peu par hasard. Surnommé « The Big Boss » par les autres « Marsiens », Steven est celui qui reste après les « cours » pour aider ceux qui n’ont pas compris. C’est lui aussi qui a coaché Julie une journée entière pour qu’elle obtienne son job actuel. « J’aime aider les autres », explique Steven, qui, à la sortie, a été pris en contrat Pro chez Spir Communication à Aix, et continue de se former. Solidarité et altruisme : c’est vraiment ce qui fait le distingo entre une formation comme Simplon et d’autres écoles – comme « code 42 », celle de Xavier Niel – qui favorisent la compétition.

 

Sortir des jeunes de la spirale de l’échec

Grâce à la mise en réseau tout au long du cursus des étudiants avec différentes entreprises et associations du département, la plupart des élèves ont trouvé un emploi. Iris, 26 ans, est désormais en CDI chez Urban Prod, à Marseille. Elle y est développeur web et enseigne le code à des enfants sur les temps périscolaires. Contrainte d’abandonner des études aux Beaux-Arts pour des raisons financières, elle débarque à Simplon avec un goût d’inachevé et des rêves envolés en fumée : « La formation a vraiment débloqué quelque chose en moi. » Elle qui s’est intéressée au langage dans son travail artistique a trouvé dans celui du code une nouvelle manière d’appréhender les choses, et l’intègre désormais à ses divers projets : « Cette vie qui bascule, c’est quelque chose de très important pour moi. J’ai l’impression que c’est mon premier emploi, alors que non ! Mais c’est la première fois qu’on me fait confiance, en tout cas. »

 

Sortir ces jeunes de la spirale de l’échec et leur redonner confiance en eux, c’est aussi ce que permet SIMPLonMars. Fin 2015, de nouveaux « Marsiens » ont atterri à Centrale. Cette fois ils s’installeront pour huit mois. La salle de formation est prête à les accueillir. En y entrant, on peut lire sur le mur cette phrase qui résonne comme un leitmotiv : « What would you do if you weren’t afraid ? » (Que ferais-tu si tu n’avais pas peur ?)

 

 

Samantha Rouchard (Le Ravi)

Photo : CC Christiaan Colen

 

Cet article a été réalisé en partenariat avec le mensuel satirique Le Ravi, dans le cadre du projet Médias de proximité soutenu par le ministère de la Culture. Le Ravi est en vente dans tous les bons kiosques de la région Paca.


Vers un label « Grande école du numérique »

Le projet de « Grande école du numérique » (Gen), annoncé par François Hollande en début d’année, prendra la forme du Label Gen et sera attribué à des formations courtes (de 3 mois à 2 ans) ouvertes en priorité à de jeunes décrocheurs, qui sélectionneront sur le talent et la motivation, sans pré-requis académique, et qui utiliseront les pédagogies innovantes. « Les fabriques » auront pour obligation d’inscrire leur cursus au répertoire national des certifications professionnelles. En contrepartie, les élèves pourront bénéficier d’un système de bourses, délivrées sur les mêmes critères que celles accordées aux étudiants. « C’est fondamental pour nos jeunes qui pendant la formation, se retrouvent dans une grande précarité », note Guillaume Quiquerez. Les 50 premières écoles sélectionnées devraient être dotées de 70 000 euros en 2016. 200 autres devraient être labellisées en 2017. Un fonds de 10 millions d’euros a été débloqué pour permettre leur financement. L’Etat a espoir de voir 10 000 jeunes formés pour 2017. SIMPLonMars devrait être fixée sur son sort d’ici la fin de l’année.

 

- Lire aussi : Quand les artisans du web investissent les quartiers populaires

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 15:39

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Goodyear: prison ferme pour avoir retenu deux cadres
13 janvier 2016 | Par Rachida El Azzouzi
 
 
 

Le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné, mardi 12 janvier, huit ex-salariés de Goodyear à neuf mois de prison ferme et quinze mois avec sursis pour avoir retenu, entre le lundi 6 et le mardi 7 janvier 2014, deux cadres du site menacé de fermeture. « C’est le signal du déclenchement d’une vraie campagne pour menacer tous les salariés qui voudraient exprimer leur révolte sociale de manière forte », analyse l’avocat des Goodyear, Me Fiodor Rilov.
 

Au départ, il a raccroché. Parce qu’il ne veut « plus parler à personne », qu’il en a « ras-le-bol ». Puis, deux minutes plus tard, il a rappelé. En s’excusant platement d’être « si à cran ». Jean-François Quandalle a appris ce mardi 12 janvier 2016 qu’il était condamné à deux ans de prison dont neuf mois ferme aménageables. La première condamnation sur son casier judiciaire, à la veille de souffler ses 53 bougies. Il a appelé sa femme, leur fils, qui étaient au travail, pour leur annoncer « la terrible nouvelle » en les rassurant, « la vie devait continuer », il allait « voir un JAP (juge d’application des peines) » le 27 janvier, il aurait « certainement un bracelet électronique ». Et leur dire qu’il « ne regrettait absolument rien ».

 

Jean-François Quandalle et sept autres anciens salariés de l’usine de pneus Goodyear d’Amiens-Nord (Somme) sont condamnés pour avoir « séquestré » deux de leurs anciens cadres : celui qui était à l’époque directeur des ressources humaines, Bernard Glesser, et celui qui était à la tête de la production, Michel Dheilly. Une décision judiciaire extrêmement lourde, inédite dans les annales du droit français, légèrement en deçà des réquisitions particulièrement sévères du parquet, de deux ans de prison dont un an ferme. Elle intervient alors même que le procès s’est déroulé, le 24 novembre dernier, sans plaignant : Goodyear ayant retiré sa plainte en application de l'accord de fin de conflit signé avec les syndicats, fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel.

 

« La séquestration. » C’était il y a deux ans, entre le lundi 6 et le mardi 7 janvier 2014. Dans les locaux de l’usine de pneumatiques sous tension maximale, en partie occupée par des salariés à bout, Jean-François et quelque 300 collègues retenaient durant trente heures les deux cadres, pour faire pression sur l’équipementier, Titan, Américain lointain aux milliards d’euros de bénéfices et qui veut les sacrifier sur l’autel de la rentabilité, alors que cette usine c’est toute leur vie, celle de leur famille, de leur père et grand-père. C’était un geste de désespoir, de révolte face au drame de la perte de son travail après des années, des mois de conflits, de débrayages, de chantages à l’emploi. Une ultime action de la CGT, syndicat ultra majoritaire, avant la fermeture de l’usine et la suppression de 1 173 postes dans une région sinistrée par le chômage et la misère. Un acte pour obtenir la réouverture d’un dialogue social, de négociations pour sauver le site.

 

Durant le conflit à l'usine Goodyear, en janvier 2014. © Reuters Durant le conflit à l'usine Goodyear, en janvier 2014. © Reuters
 

Ce n’était pas « une séquestration », ni « un kidnapping », qui prive une personne de ses allées et venues, comme les médias l'ont longuement affirmé, mais une détention sans violences physiques. « Les deux cadres avaient leur liberté de mouvement, leur téléphone portable, s’ils voulaient sortir fumer, manger, ils pouvaient. Au contraire, on les a protégés des dérapages, les débordements du personnel très en colère », a plaidé, le 24 novembre dernier, Jean-François Quandalle devant la présidente du tribunal correctionnel d’Amiens lors d’une audience fleuve. « Avec tout le foin autour de la chemise déchirée du DRH d’Air-France », Jean-François Quandalle, 33 ans de maison dont 20 à la CGT, s’attendait à être condamné à une peine de prison avec sursis mais pas à de la prison ferme. Et aussi parce que «Sous Sarkozy, quand les gars avaient tapé du CRS à Rueil-Malmaison lors d'une manif, ils avaient pris six mois avec sursis».

 

Parmi les condamnés dont six sont relaxés de l’accusation de violences en réunion (et ce n’est pas rien), cinq sont syndicalistes CGT : Jean-François Quandalle, Reynald Jurek, Hassan Boukri, Mickaël Mallet, et « Micka », Mickaël Wamen, le meneur « des barjots du syndicat communiste », avait dit le PDG de Titan, la figure médiatique et volcanique de la lutte des Goodyear, saga sociale à multiples rebondissements et souffrances depuis 2007. « Que le parquet maintienne ses accusations alors qu’il n’y a eu aucune agression physique et pas de plaintes interroge sur la répression pénale à l’œuvre qui résonne avec la montée de l’autoritarisme », note le professeur de droit Emmanuel Dockès. « Abasourdi » par la décision, « l’incroyable disproportion entre ce qu’ils ont fait et ce qu’ils vont subir », il constate « inquiet, combien les puissants demeurent bien lotis en France quand les faibles sont réprimés ».

 

« D’ordinaire, dans les conflits sociaux, les magistrats prennent en compte le contexte des événements et ne prononcent pas de prison ferme, au pire, du sursis », poursuit le juriste, qui plaide pour « une vraie juridiction du travail ». Selon lui, « nous sommes ici face à des magistrats totalement déconnectés du monde du travail auxquels on demande de juger des conflits sociaux et qui les jugent à la chaîne entre un vol de Mobylette et un trafic de stupéfiants, en les isolant du contexte social dans lequel ils ont lieu. Or, ce sont des conflits valides dans une société démocratique qui autorise le droit constitutionnel, fondamental, au conflit, à la grève ».  

 

« C’est le signal du déclenchement d’une vraie campagne pour menacer tous les salariés qui voudraient exprimer leur révolte sociale de manière forte », renchérit, tout aussi « sonné », l’avocat des Goodyear, Me Fiodor Rilov, du barreau de Paris, qui a aussitôt interjeté appel. Pour cette bête noire des grands patrons qui licencient à tour de bras, auquel il est reproché une trop grand proximité avec Mickaël Wamen, « cette décision, qui s’inscrit dans l’air du temps, est politique. Il n’est pas possible qu’un parquetier décide tout seul de condamner à de la prison ferme des salariés qui se battent pour défendre leur usine, leur travail. Ce jugement est une tentative d’intimidation qui va lourdement peser sur le climat social en France dans la façon dont on conduit une grève, occupe une usine ». Il est « l’arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leurs droits et leurs emplois », dit de son côté la CGT d’Amiens.

 

« On s’est foutu de notre gueule »

Contactés par Mediapart, ni la ministre du travail Myriam El Khomri, ni la ministre de la justice Christiane Taubira n’ont souhaité commenter cette décision de justice. La première s’est fendue d’un laconique SMS via son attachée de presse : « La justice est indépendante, la ministre ne commente pas les décisions de justice. Elle comprend cependant la désespérance des salariés de Goodyear qui ont été licenciés mais la séquestration et la violence sont inacceptables. Elles ne font pas partie des outils du dialogue social. » La seconde a fait de même : « La garde des Sceaux n'intervient pas dans les affaires individuelles et a fait inscrire cette interdiction dans la loi du 25 juillet 2013. »

 

Pourtant, cette décision pourrait bien marquer un avant et un après, y compris politiquement, à quelques mois d’une présidentielle qui pourrait remettre en selle François Hollande. Goodyear-Amiens-Nord, c’est cette usine où, en octobre 2011, François Hollande, alors député de Corrèze en campagne pour la primaire socialiste, était venu, sur le parking, promettre une loi contre les licenciements boursiers et « se faire mousser avec des ouvriers », lâche Jean-François Quandalle. Dépassé par l’amertume, il ne vote plus ou alors « blanc », quand « des copains sont passés au FN ». « Je ne suis pas comme [un] autre qui vient devant les travailleurs et leur promet ce qu’il n’est pas capable de tenir après », leur avait assuré Hollande, devenu depuis chef de l’État.

 

Certes, c’était il y a quatre ans, il y a un siècle. Depuis, des torrents ont coulé sous les ponts d'un gouvernement supposé de gauche et des promesses ont été englouties sous le poids des pressions, des réformes et des sirènes néolibérales. Depuis les attentats du 13-Novembre, c’est même le règne autoritaire de l’état d’urgence. Le code du travail a été bouleversé et va l’être un peu plus, totalement réécrit. Comme la loi sur les licenciements boursiers, l’amnistie sociale, cette loi portée par le Front de gauche et approuvée à l’unanimité de la gauche sénatoriale, a été enterrée en 2013. Elle devait amnistier une « cinquantaine » de syndicalistes (selon le décompte de Christiane Taubira) condamnés sous la droite à des peines de moins de 5 ans de prison lors d’actions militantes. Soit l’un des fondamentaux de lutte de la gauche, une tradition républicaine sous Mitterrand.

 

Ce mardi, à l’énoncé de la décision, la colère a fusé dans les rangs des anciens Goodyear, comme dans ceux des syndicats et aussi de la gauche (du NPA au PS). Les réseaux sociaux ont été le premier réceptacle. Secrétaire d’État aux droits des femmes, la socialiste Pascale Boistard, ancienne députée de la Somme (jusqu’à sa nomination en 2014), a été la seule et l’unique à vraiment se mouiller à l’échelon gouvernemental : « Devant une si lourde condamnation, je ne peux qu’exprimer mon émotion fraternelle », a-t-elle écrit sur Twitter. La fédération du Parti socialiste de la Somme l’a appuyée, exigeant que la ministre de la justice intervienne auprès du parquet afin qu’il revoie « ce cas particulier » et « cette décision choquante », pour obtenir « une réquisition d’apaisement qui tienne compte du retrait de la plainte par la direction de Goodyear ». Ces salariés « se sont battus dignement pour défendre leur outil de travail et les emplois face à une direction qui a toujours privilégié l’accroissement des profits à court terme », écrit-elle.

 

Toujours sur Twitter, le député socialiste du Cher, Yann Galut, s'est dit « très choqué par la condamnation », réclamant « la même sévérité à l'égard des patrons voyous ». Un avis partagé par le président des Jeunes Socialistes, Benjamin Lucas, « abasourdi » par cette décision, qui, dans un tweet, rappelle : « un combat contre l'injustice et le mépris du système. » Lors des questions au gouvernement, ce mardi, le député PS Pascal Demarthe a aussi exigé des réponses. Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, lui a répliqué « que malgré tous les efforts du gouvernement, il n’y avait plus de solution industrielle pour le site Goodyear », que « Titan avait des exigences pas acceptables et qui n’ont pu être remplies », et que « les décisions de justice tombées ce mardi n’ont pas à être commentées ».

 

À l’extrême gauche, les réactions ont été vigoureuses. André Chassaigne, qui mène le Front de gauche, a dénoncé un jugement « ignoble » : « Que l’on puisse condamner à neuf mois de prison ferme des salariés qui ont défendu leur outil de travail, qui soi-disant ont fait preuve d’une forme de violence, alors que d’autres au jour le jour pratiquent une violence autour du tapis vert pour supprimer des centaines, des milliers d’emplois, je trouve que c’est véritablement une décision judiciaire qu’on ne peut pas accepter. » Jean-Luc Mélenchon l’a suivi d’un tweet vengeur : « 8 ouvriers#Goodyear condamnés à 24 mois de prison dont 9 ferme. Pourtant pas de plainte. Merci Taubira. »

 

Dans Libération, Xavier Mathieu, icône des Continental de Clairoix (Oise), devenu comédien, condamné à 4 000 euros d’amende pour la dégradation de la sous-préfecture de Compiègne, en marge du conflit social, puis à une amende de 1 200 euros, pour refus de prélèvement d’ADN, exulte : « C’est un scandale pur et simple. C’est écœurant. On a voulu faire un exemple. Mais en matière d’exemplarité, c’est toujours les petits qui trinquent. Jamais les patrons. Ceux qui ferment illégalement les entreprises, comme cela a été le cas pour Continental en 2009. Ceux qui sont responsables d’accidents mortels de salariés par manque de sécurité. Pas plus que les hommes politiques qui piquent dans la caisse. Eux ne font jamais de prison. »

 

« Qu’ont fait les mecs de Goodyear ? poursuit le leader des Conti. Ils se sont juste révoltés contre une injustice. Ils ont juste gardé des cadres parce qu’ils n’obtenaient pas de réponses à leurs questions. On est loin des séquestrations qu’on a pu connaître par le passé dans la métallurgie. Les types ont pu boire de l’eau, appeler leurs proches. C’était plus du baby-sitting qu’autre chose. La violence, elle n’est pas de leur côté. Ce sont les fermetures d’usine qui sont violentes. Celles qui mettent les gens dans la merde, qui les poussent vers le suicide, l’alcoolisme, la drogue, la dépression, le RSA. »

 

Jean-François Quandalle, lui, « hallucine ». « Tu défends ton boulot et tu finis au trou » Il commence à réaliser l’impact du jugement : « Comment on va faire pour retrouver du travail ? Un des collègues condamnés devait entamer une formation de taxi pour se reconvertir, mais c’est mort car il faut un casier vierge. » Il a « la haine » : « Mélenchon a parlé mais il ne se passe rien à l’extrême gauche. Avant, on manifestait pour la moindre bricole. Aujourd’hui, plus on s’en prend, plus on reste chez nous ». Quand on l’appelle, il est devant l’usine avec une vingtaine de collègues à réfléchir sur « la riposte », dont une pétition à signer ici. « Nous sommes tous des Goodyear », « pour organiser le plus grand rassemblement solidaire en prévision de l'appel. » « On s’est foutu de notre gueule. L’usine est vide, tout a été revendu à un Polonais et Titan a construit une usine en Russie. On a porté des plaintes collectives en justice sur la harcèlement moral au travail et les suicides, mais le parquet n’a ouvert aucune enquête. » Depuis la fermeture de l’usine, il y a eu plus d’une quinzaine de suicides. « Des morts à cause du travail dont personne ne parle », souffle Jean-François Quandalle. Il est convaincu « d'une justice de classe » et veut « arrêter le syndicalisme après ça »

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 18:07

 

Source : http://www.franceinfo.fr

 

 

Nice : les contribuables de plus en plus indésirables aux services des impôts
INFO FRANCE BLEU AZUR par David Di Giacomo mardi 12 janvier 2016 06:41
 
 
 
 

Le site internet des impôts très privilégié dans les Alpes-Maritimes © MaxPPP
 

Dans une consigne que s'est procurée France Bleu Azur, la direction des impôts demande à ses agents des Alpes-Maritimes de ne plus prendre de messages téléphoniques, afin d'envoyer les contribuables vers internet.

Dans les Alpes-Maritimes, il est préférable de s'être inscrit sur le site internet des impôts. Pour la deuxième fois en quelques mois, la direction départementale des Finances publiques incite ses agents à couper les ponts avec les contribuables.

L'orientation forcée des contribuables vers le site internet des impôts : un reportage de David Di Giacomo de France Bleu Azur
 

 

Dans un courriel interne, la direction invite les employés à paramétrer leur répondeur pour qu'il ne puisse plus enregistrer les messages des contribuables. Les appareils diffusent désormais l'annonce qui précise que "toutes les lignes sont actuellement occupées". Il est donc conseillé de passer par le site impots.gouv.fr.

Dans sa consigne, la direction justifie la mesure en précisant que les dernières enquêtes ont montré des "difficultés à assurer convenablement ce type d'accueil"  téléphonique, ajoutant que la majorité des services ne réussit plus à répondre aux messages laissés par les contribuables. La direction des impôts des Alpes-Maritimes a refusé de commenter l'information.

En octobre dernier, France Bleu Azur avait déjà révélé que les agents des impôts étaient incités à décourager les contribuables dès l'accueil aux guichets, afin de les orienter vers le site internet.

A LIRE AUSSI ►►►Nice : la note incitant les agents des impôts à décourager le contribuable contestée

Cette révélation d’une nouvelle consigne donnée aux agents intervient alors que ce mardi, en comité technique local, la direction doit acter la suppression de 45 postes en 2016 dans le département. Un rassemblement de salariés est prévu devant le siège des impôts à Nice.

par David Di Giacomo, Rédaction de France Info mardi 12 janvier 2016 06:41
 
 
 
 
 
 
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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:55

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Les multinationales priées de rembourser les avantages fiscaux belges
Lundi, 11 Janvier, 2016
Humanite.fr

Le ministre des finances belge
reuters
 
Comme le Luxembourg et les Pays-Bas, la condamnation européenne condamne le « tax ruling » de la Belgique. Les 35 multinationales qui avaient bénéficié d’accords fiscaux sont sommées de rembourser 700 millions d’euros à l’Etat belge, qui n’en veut pas...

Le ministre belge des finances envisage de faire appel. Il ne veut pas que les 35 multinationales remboursent à son pays les 700 millions d’euros. Voilà un ministre qui a clairement choisi son camp… Johan Van Overtveldt, ultralibéral et nationaliste flamand, est pourtant officiellement chargé de renflouer les caisses de l’Etat et de lutter contre l’évasion fiscale. Ces 700 millions d’euros qu’il refuse sont des cadeaux faits aux seules multinationales, comme le cigarettier britannique British American Tobacco (BAT) ou le numéro 1 de la bière AB InBev. Les entreprises belges, elles, n’ont pas droit à ce régime fiscal favorable sur les bénéfices, négocié en avance. C’est une bien étrange concurrence déloyale…

"Au moins 35 multinationales, principalement basées dans l'UE, ont bénéficié de ce régime et doivent maintenant rembourser les impôts impayés à la Belgique", a annoncé ainsi la Commission européenne. "Si l'Europe devait exiger la récupération des 700 millions d'euros, les conséquences pour les entreprises concernées seraient très importantes et la récupération en tant que telle s'avérerait particulièrement complexe", s’est alarmé en réponse le ministère belge des Finances, au chevet des multinationales.

Le 27 octobre dernier, la Commission européenne avait fait ce même genre d’annonce concernant le Luxembourg et les Pays-Bas. La Commission avait alors estimé que ces deux pays avaient accordé, respectivement à Fiat Finance and Trade (filiale de Fiat basée au Grand-Duché et fournisseur de services financiers) pour le premier et à Starbucks pour le second, des "avantages fiscaux (...) illégaux au regard des règles européennes en matière d'aides d'Etat". Elle avait sommé les deux entreprises de rembourser à ces deux pays les avantages fiscaux qu'ils leurs avaient accordé. Les deux pays, fiers d’assumer leur statut de paradis fiscal, avaient eux aussi décidé de faire appel de la décision de la Commission.

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:39

 

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Contrat de travail, licenciements… Le patronat à nouveau à l’offensive
Mardi, 12 Janvier, 2016
Humanite.fr

AFP
 
Assouplissements du contrat de travail et nouvelles facilités de licenciement… Le Medef redouble de pression sur le gouvernement en cette période de consultation liée au plan d’urgence sur l’emploi. Les syndicats sont vent debout.
 

"Le marché du travail est bloqué en France. On a peur d'embaucher parce qu'on ne sait pas licencier", a lancé Pierre Gattaz, le président du Medef, à l'issue de son entretien avec Manuel Valls et la ministre du Travail, Myriam El Khomri. Dès dimanche, le Medef, a lancé l’offensive pour un contrat de travail "agile", dans lequel les causes de licenciement d'un salarié seraient davantage "clarifiées" en amont, afin de minimiser le "risque" juridique pour les chefs d'entreprise.
Le patronat réclame, et lorsqu’on lui rappelle ses engagements du pacte de responsabilité, Pierre Gattaz répond que la création d'un million d'emplois était "un objectif, pas un engagement"... Pour embaucher davantage, il faut une "multimédication": baisse des charges, assouplissement du licenciement et plafonnement des indemnités prud'homales. Rien que ça. Sur ce dernier point, le patronat semble avoir déjà gagné: le gouvernement veut en effet plafonner les indemnités décidées aux Prud'hommes en cas de licenciement abusif pour éviter les condamnations les plus lourdes. La ministre du travail a confirmé ce mardi matin qu’elle planchait sur un nouveau barème, au grand regret de l’intégralité des syndicats. Cette mesure était déjà prévue par la loi Macron, mais a été censurée par le Conseil constitutionnel car elle créait une distinction illégale en fonction de la taille des entreprises. Pour les autres exigences patronales, le gouvernement a renvoyé aux annonces qui seront faites par le président le 18 janvier, quand il annoncera son « plan d’urgence pour l’emploi », dans lequel il y aura, selon ce que l’on sait déjà, les 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, la nouvelle prime à l'embauche pour les PME et des mesures en faveur de l'apprentissage.

 

Opposition et propositions

"J'en ai assez des vieilles recettes du patronat", s’est énervé Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, qu’on n’a pas l’habitude de voir aussi vindicatif. "Il est hors de question de toucher au contrat de travail, de faire peser sur les salariés la responsabilité du chômage. C'est une ligne jaune".
"Ça n'est pas en facilitant le licenciement qu'on va créer de l'emploi", a renchéri Philippe Martinez, pour la CGT. Et Selon Jean-Claude Mailly, de FO, le contrat de travail "agile n'est qu'un contrat de travail fragile". Les syndicats sont combatifs et s’opposent frontalement au patronat. Ils ne tombent pas cependant dans le piège de rester sur le terrain du Medef et avancent leur propositions pour le plan d’urgence sur l’emploi. La CGT a ainsi insisté sur la nécessité de "formation tout au long de la vie" et prôné une "mutualisation" des moyens avec une participation accrue des grandes entreprises. FO a défendu notamment un "soutien à l'investissement public", assurant avoir obtenu sur ce point des "réponses positives". Selon M. Mailly, François Hollande pourrait faire des annonces en ce sens mardi lors du bicentenaire de la Caisse des dépôts et consignations.
Quant à l'aide à l'embauche, la CFDT l'a liée à une révision du Pacte de responsabilité et de ses 40 milliards de baisse de coût du travail pour les entreprises. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé une prochaine réunion avec les signataires de ce pacte. "Quand on a engagé 40 milliards (...), il est normal que chacun rende compte de ce qui a été engagé", a souligné le Premier ministre. Ce ne serait pas trop tôt…

 

 

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:31

 

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Le libre échange ruine les paysans et détruit la planète
Gérard Le Puill
Mardi, 12 Janvier, 2016
Humanite.fr
Photo Noah Seelam / AFP
 
Trois années de production agricole mondiale légèrement supérieure à la demande solvable auront suffit pour mettre en difficulté des centaines de millions paysans sur tous les continents, les agriculteurs européens étant souvent les plus durement impactés par cette baisse des cours en raisons des facilités données aux pays tiers pour exporter sur le vieux continent . Analyse.
Selon la FAO, les cours des principales denrées alimentaires ont fléchi pour la quatrième année consécutive en 2015. Ils sont en baisse de 19,1% en moyenne par rapport à l’année précédente. Ainsi, selon l’indice de la FAO, le prix des céréales, y compris le riz, a régressé de 15,5% en 2015 par rapport à 2014. La chute est de 28,5% pour les produits laitiers, de 15,1% pour la viande en moyenne, de 19% pour les huiles végétales et de 21% pour le sucre.
 
 L’Union européenne n’en finit pas de négocier des accords de libre échange sur fond de réduction des tarifs douaniers entres différents groupes de pays dans toutes les régions du monde. Elle vient aussi de produire son étude. Elle montre, sans que cela soit dit, que ce libre échange a favorisé la surproduction et la chute des cours sur le marché communautaire. Selon cette étude, 71% des produits agricoles et alimentaires importés dans les pays membres du l’Union européenne sont entrés sans le moindre doit de douane et seulement 20% se sont vu appliquer les droits de douane en vigueur au taux plein. Beaucoup de productions en provenance des pays tiers ont bénéficié de tarifs douaniers réduits.
 
Selon le rapport de la Commission, les fruits, les légumes, les noix et leurs préparations sont les produits qui ont le plus bénéficié d’un accès préférentiel au marché européen. Les préparations alimentaires sont le second secteur à avoir le plus disposé de réductions tarifaires bilatérales, tandis que les huiles végétales (en particulier l’huile de palme) et les produits non comestibles (tabac brut et fleurs coupées) étaient les autres produits profitant le plus du système de préférences généralisées appliquées par l’l’UE, indique aussi cette étude.
Il faut ici introduire un éclairage sur le rôle déstabilisateur joué tardivement par l’accord « Tout sauf les armes » négocié par le Français Pascal Lamy quand il était commissaire européen en charge du Commerce. C’était quatre ans avant qu’il ne devienne directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013. Cet accord permettait à 49 pays pauvres d’exporter en Europe des contingents de plus en plus importants de produits agricoles aussi divers que du bois d’œuvre, des fruits, du riz de l’éthanol, du sucre , de l’huile de palme, des crevettes d’élevage dans les pays membres de l’Union européenne . Assurés d’avoir des débouchés, notamment à partir de 2010, beaucoup de pays ont fait de la déforestation à grande échelle dans le but d’exporter du riz, du sucre, de l’huile de palme en Europe. L’étude de l’Union européenne le confirme à sa manière puisqu’elle révèle que les produits qui ont bénéficié des plus grandes facilités d’accès au marché européen ont été la viande, les préparations de viande, le blé, le maïs et le riz ainsi que le miel. 
 
Le double résultat de cette politique d’ouverture des frontières de l’Europe à cette gamme de produits des pays tiers, dont beaucoup sont situés en Asie, a été une baisse des cours des produits agricoles, notamment en 2015, au sein des pays membres de l’Union européenne. Souvent, les paysans des pays exportateurs ont parallèlement été dépossédés des terres qu’ils cultivaient au profit des firmes impliquées dans l’agrobusiness et tournées vers l’exportation. Avec un bilan carbone désastreux, via une vaste déforestation de ces pays, à commencer par le Cambodge.
 
Aujourd’hui, en dépit des difficultés que cette politique d’importations sans restriction impose aux paysans européens en perturbant les marchés , l’Europe continue d’ouvrir d’autres champs de ruines en négociant le TTIP avec les Etats Unis et en ouvrant une négociation parallèle avec les pays du Mercosur dont les plus gros exportateurs de produits agricoles sont le Brésil et l’Argentine. Et l’on découvre à l’occasion que les syndicalistes européenne du COPA-COGECA, structure européenne dans lequel figurent la FNSEA et les représentants des coopératives agricoles française, rappellent dans un courrier à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, qu’elles « soutiennent le processus de pourparlers de libre échange avec les Etats Unis » tout en s’inquiétant de l’ouverture de négociations avec le Mercosur, en quoi elle n’ont pas tort pour le coup.
 
Mais là encore, elles se contentent de faire part de leurs doutes concernant la « réelle volonté d’ouverture du marché » des pays du Mercosur. Elles notent que plusieurs d’entre eux ont augmenté en 2014 leurs tarifs douaniers sur les fruits et légumes et que le Brésil a reconduit pour cinq ans une mesure antidumping sur la poudre de lait de l’UE « alors qu’aucune entreprise européenne n’en avait exporté auparavant un seul kilo». Et de juger, en mettant déjà un peu d’eau dans leur vin, qu’il est « évident qu’un accord sur le chapitre agricole devra être significativement positif pour l’UE dans les deux négociations avec les Etats Unis et le Japon afin de compenser les pertes qu’engendrerait un accord avec le Mercosur ».
Ces « syndicalistes » ne semblent pas vivre sur la même planète que les paysans qu’ils ont pour mission de défendre auprès la Commission présidée par Jean-Claude Juncker. Surtout quand on lit ceci à propos de l’élevage aux Etats Unis : « Un rapport de l’administration américaine de l’alimentation et du médicament (FDA) publié au mois de décembre 2015, constate qu’entre 2009 et 2014, la quantité d’antibiotiques à usage vétérinaire distribuée dans le pays a augmenté de 22% (…) Aux Etats Unis, la majorité des antibiotiques est disponible en « vente libre » et ne nécessite aucune prescription ou surveillance vétérinaire. Les antibiotiques vendus exclusivement pour leurs indications thérapeutiques ne représentaient que 28% du volume des ventes en 2014. Les autres antibiotiques disposaient de l’indication « promoteur de croissance », combinée ou non avec l’indication « usage thérapeutique ». 
Malgré cela la négociation entre l’Europe et les Etats Unis se déroule normalement sous l’œil vigilant- mais très compréhensif - des pontes européens du COPA-COGECA totalement déconnectés des paysans qu’ils disent représenter ! 
 
 
 
 
 
 
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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:19

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

Interview
Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort»
Par et (mis à jour le )

 

 

Alain Badiou

 

Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort»Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort» Dessin Sylvie Serprix

Le philosophe publie un ouvrage sur la tuerie du 13 Novembre, dont il impute la responsabilité à l’impossibilité de proposer une alternative au monde tel qu’il est. Il pointe notamment l’effondrement des idées progressistes, victimes d’une crise profonde de la pensée depuis l’échec du communisme.

 

Comment comprendre l’énigmatique pulsion de mort qui anime les jihadistes ? Des tueries de janvier à celles de novembre, chacun cherche les causes, sociales ou religieuses, de cette «radicalisation» qui, ici et ailleurs, cède à une violence inouïe. Pour le philosophe Alain Badiou, les attentats sont des meurtres de masse symptomatiques de notre époque, où règne sans limite le capitalisme mondialisé. Dans son dernier ouvrage, Notre mal vient de plus loin : penser la tuerie du 13 Novembre, qui sort le 11 janvier chez Fayard, il rappelle la nécessité d’offrir à la jeunesse mondiale, frustrée par un capitalisme qui ne tient pas ses promesses, une alternative idéologique.

Quelles différences voyez-vous ­entre les attentats de janvier et ceux de novembre ?

Dans les deux cas, on a le même contexte historique et géopolitique, la même provenance des tueurs, le même acharnement meurtrier et suicidaire, la même réponse, policière, nationaliste et vengeresse, de la part de l’Etat. Cependant, tant du côté du meurtre de masse que du côté de la réponse étatique, il y a des différences importantes. D’abord, en janvier, les meurtres sont ciblés, les victimes choisies : les blasphémateurs de Charlie Hebdo, les juifs et les policiers. Le caractère idéologique, religieux et antisémite des meurtres est évident. D’autre part, la réponse prend la forme d’un vaste déploiement de masse, voulant symboliser l’unité de la nation derrière son gouvernement et ses alliés internationaux autour d’un mot d’ordre lui-même idéologique, à savoir «nous sommes tous Charlie». On se réclame d’un point précis : la liberté laïque, le droit au blasphème.

En novembre, le meurtre est indistinct, très évidemment nihiliste : on tire dans le tas. Et la réponse n’inclut pas de déploiement populaire, son mot d’ordre est cocardier et brutal : «guerre aux barbares». L’idéologie est réduite à sa portion congrue et abstraite, du genre «nos valeurs». Le réel, c’est le durcissement extrême de la mobilisation policière, avec un arsenal de lois et de décrets scélérats et liberticides, totalement inutiles, et visant rien de moins qu’à rendre éternel l’Etat d’urgence. De là résulte qu’une intervention rationnelle et détaillée est encore plus urgente et nécessaire. Il faut convaincre l’opinion qu’elle ne doit se retrouver, ni bien entendu dans la férocité nihiliste des assassins mais ni non plus dans les coups de clairons policiers de l’Etat.

Vous analysez le 13 Novembre comme un «mal» dont la cause serait l’échec historique du communisme. Pourquoi ? C’est une grille de lecture qui paraît nostalgique et dépassée…

J’ai essayé de proposer un protocole d’explication aussi clair que possible, en partant des structures de ­notre monde : l’affaiblissement des Etats face à l’oligarchie privée, le désir d’Occident, et l’expansion du capitalisme mondialisé, face auquel aucune alternative n’est proposée aujourd’hui. Je n’ai aucune nostalgie passéiste. Je n’ai jamais été communiste, au sens électoral du mot. J’appelle «communisme» la possibilité de proposer à la jeunesse planétaire autre chose que le mauvais choix entre une inclusion résignée dans le dispositif consommateur existant et des échappées nihilistes sauvages. Il ne s’agit pas de ma part d’un entêtement, ni même d’une tradition. J’affirme seulement que tant qu’il n’y aura pas un cadre stratégique quelconque, un dispositif politique permettant notamment à la jeunesse de penser qu’autre chose est possible que le monde tel qu’il est, nous aurons des symptômes pathologiques tels que le 13 Novembre.

Donner toute la responsabilité à l’emprise tentaculaire du capitalisme mondialisé, n’est-ce pas ignorer la responsabilité de la pensée, des intellectuels qui voulaient précisément promouvoir un autre modèle ?

A partir des années 80, un certain nombre d’intellectuels, qui sortaient déçus et amers, faute d’un succès immédiat, du gauchisme des années 60 et 70, se sont ralliés à l’ordre établi. Pour s’installer dans le monde, ils sont devenus des chantres de la sérénité occidentale. Evidemment, leur responsabilité est flagrante. Mais il faut aussi tenir compte du retard pris du côté d’une critique radicale de l’expansion ­capitaliste et des propositions alternatives qui doivent renouveler et renforcer l’hypothèse communiste. Cette faiblesse est venue de l’amplitude de la catastrophe. Il y a eu une sorte d’effondrement, non seulement des Etats socialistes, qui étaient depuis longtemps critiqués, mais aussi de la domination des idées progressistes et révolutionnaires dans l’intelligentsia, singulièrement en France depuis l’après-guerre. Cet effondrement indiquait une crise profonde, laquelle exigeait un renouvellement conceptuel et idéologique, notamment philosophique. Avec d’autres, je me suis engagé dans cette tâche, mais nous sommes encore loin du compte. Lénine disait des intellectuels qu’ils étaient la plaque sensible de l’histoire. L’histoire, entre le début des années 70 et le milieu des années 80, nous a imposé un renversement idéologique d’une violence extraordinaire, un triomphe presque sans précédent des idées réactionnaires de toutes sortes.

Dans le monde que vous décrivez, il y a l’affaiblissement des Etats. Pourquoi ne pourraient-ils pas être des acteurs de régulation face au capitalisme mondialisé ?

Nous constatons que les Etats, qui avaient déjà été qualifiés par Marx de fondés de pouvoir du capital, le sont aujourd’hui à une échelle que Marx lui-même n’avait pas prévue. L’imbrication des Etats dans le système hégémonique du capitalisme mondialisé est extrêmement puissante. Depuis des décennies, quels que soient les partis au pouvoir, quelles que soient les annonces du type «mon adversaire, c’est la finance», la même politique se poursuit. Et je pense qu’on a tort d’en accuser des individus particuliers. Il est plus rationnel de penser qu’il y a un enchaînement systémique extrêmement fort, un degré saisissant de détermination de la fonction étatique par l’oligarchie capitaliste. La récente affaire grecque en est un exemple frappant. On avait là un pays où il y avait eu des mouvements de masse, un renouvellement politique, où se créait une nouvelle organisation de gauche. Pourtant, quand Syriza est arrivé au pouvoir, cela n’a constitué aucune force capable de résister aux impératifs financiers, aux exigences des créanciers.

Comment expliquer ce décalage entre la volonté de changement et sa non-possibilité ?
 

Il y a eu une victoire objective des forces capitalistes hégémoniques, mais également une grande victoire subjective de la réaction sous toutes ses formes, qui a pratiquement fait disparaître l’idée qu’une autre organisation du monde économique et social était possible, à l’échelle de l’humanité tout entière. Les gens qui souhaitent «le changement» sont nombreux, mais je ne suis pas sûr qu’eux-mêmes soient convaincus, dans l’ordre de la pensée et de l’action réelles, qu’autre chose est possible. Nous devons encore ressusciter cette possibilité.

Jürgen Habermas parle de l’économie comme la théologie de ­notre temps. On a l’impression que cet appareil systémique est théologique. Mais comment expliquez-vous ce qui s’est passé en France ?

Je voudrais rappeler que la France n’a pas le monopole des attentats. Ces phénomènes ont à voir avec le cadre général dans lequel vivent les gens aujourd’hui, puisqu’ils se produisent un peu partout dans des conditions différentes. J’étais à Los Angeles quand a eu lieu en Californie, après l’événement français, un terrible meurtre de masse. Cela dit, au-delà des analyses objectives, il faut entrer dans la subjectivité des meurtriers, autant que faire se peut. Il y a à l’évidence chez ces jeunes assassins les effets d’un désir d’Occident opprimé ou impossible. Cette passion fondamentale, on la trouve un peu partout, et c’est la clé des choses : étant donné qu’un autre monde n’est pas possible, alors pourquoi n’avons-nous pas de place dans celui-ci ? Si on se représente qu’aucun autre monde n’est possible, il est intolérable de ne pas avoir de place dans celui-ci, une place conforme aux critères de ce monde : argent, confort, consommation… Cette frustration ouvre un espace à l’instinct de mort : la place qu’on désire est aussi celle qu’on va haïr puisqu’on ne peut pas l’avoir. C’est un ressort subjectif classique.

Au-delà du «désir d’Occident», la France semble marquée par son passé ­colonial…

Il y a en effet un inconscient colonial qui n’est pas liquidé. Le rapport au monde arabe a été structuré par une longue séquence d’administration directe et prolongée de tout le Maghreb. Comme cet inconscient n’est pas reconnu, mis au jour, il introduit des ambiguïtés, y compris dans l’opinion dite «de gauche». Il ne faut pas oublier que c’est un gouvernement socialiste qui, en 1956, a relancé la guerre d’Algérie, et un Premier ministre socialiste qui, au milieu des années 80, a dit, à propos de la population en provenance d’Afrique, que «Le Pen pos[ait] les vraies questions». Il y a une corruption historique de la gauche par le colonialisme qui est aussi importante que masquée. En outre, entre les années 50 et les années 80, le capital a eu un impérieux besoin de prolétaires venus en masse de l’Afrique ex-coloniale. Mais avec la désindustrialisation forcenée engagée dès la fin des années 70, le même capital ne propose rien ni aux vieux ouvriers ni à leurs enfants et petits-enfants, tout en menant de bruyantes campagnes contre leur existence dans notre pays. Tout cela est désastreux, et a aussi produit cette spécificité française dont nous nous passerions volontiers : l’intellectuel islamophobe.

Dans votre analyse, vous évacuez la question de la religion et de l’islam en particulier…

C’est une question de méthode. Si l’on considère que la religion est le point de départ de l’analyse, on ne s’en sort pas, on est pris dans le schéma aussi creux que réactionnaire de «la guerre des civilisations». Je propose des catégories politiques neutres, de portée universelle, qui peuvent s’appliquer à des situations différentes. La possible fascisation d’une partie de la jeunesse, qui se donne à la fois dans la gloriole absurde de l’assassinat pour des motifs «idéologiques» et dans le nihilisme suicidaire, se colore et se formalise dans l’islam à un moment donné, je ne le nie pas. Mais la religion comme telle ne produit pas ces comportements. Même s’ils ne sont que trop nombreux, ce ne sont jamais que de très rares exceptions, en particulier dans l’islam français qui est massivement ­conservateur. Il faut en venir à la question religieuse, à l’islam, uniquement quand on sait que les conditions subjectives de cette islamisation ultime ont été d’abord constituées dans la subjectivité des assassins. C’est pourquoi je propose de dire que c’est la fascisation qui islamise, et non l’islamisation qui fascise. Et contre la fascisation, ce qui fera force est une proposition communiste neuve, à laquelle puisse se rallier la jeunesse populaire, quelle que soit sa provenance.•

 

Robert Maggiori , Anastasia Vécrin

 

Notre mal vient de plus loin, Penser les tueries du 13 novembre, Fayard, 72 pages, 5 euros.

 

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 15:07

 

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A la barre
Neuf mois de prison ferme contre d'anciens salariés de Goodyear
Par

 

Le syndicaliste CGT Mickaël Wamen, de l'usine Goodyear, fait partie des condamnés. Il manifestait à Amiens en janvier 2014. Photo François Nascimbeni.AFP

 

Les ex-employés de l'usine d'Amiens-Nord, pour la plupart syndiqués à la CGT, étaient poursuivis pour «séquestration et violence en réunion». En 2014, ils avaient retenu deux cadres pour protester contre la fermeture de leur usine.

 

 

Un verdict exceptionnellement sévère pour des syndicalistes. Le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné, mardi,  huit anciens salariés de l’usine Goodyear à 24 mois de prison, dont 9 ferme, pour «séquestration». Parmi eux, sept étaient encartés à la CGT, dont le très énergique Mickaël Wamen, ancien délégué syndical de l'entreprise. Deux des huit salariés ont également été condamnés pour «violences en réunion», mais sans peine supplémentaire. Les faits poursuivis: la «retenue» durant trente heures, entre le 6 et le 7 janvier 2014, du DRH et du directeur de la production, pour protester contre la fermeture de l’usine, intervenue quelques jours plus tard. 

«Détresse sociale»

Cette décision n'est pas très éloignée des demandes du parquet, qui lors de l’audience du 24 novembre, avait réclamé 24 mois de prison, dont un an ferme «aménageable», pour «séquestration et violence en réunion».  Et ce, alors même que la direction de Goodyear Dunlop Tires France, ainsi que les deux cadres de l’usine concernés par les faits, avaient retiré leur plainte. A la barre, les prévenus avaient alors évoqué «un coup de colère» face à une direction qui «n’apportait aucune réponse» à la «détresse sociale» dans laquelle se trouvaient les 1 142 salariés du site. 

«C’est un jugement hallucinant», a réagi mardi Fiodor Rilov, l’avocat des salariés, qui met également en cause l’exécutif: «Ça participe d’une répression grandissante à l’égard des syndicalistes qui se battent contre la fermeture de leur usine. Et je ne peux pas croire que le parquet, qui avait réclamé de la prison ferme, ait élaboré son réquisitoire en dehors de tout cadre fixé par le gouvernement». Un verdict qui, selon lui, «va désormais peser comme une épée de Damoclès sur tous les salariés qui aujourd’hui se battent pour sauver leur entreprise». Et de prédire une grande mobilisation pour le procès en appel, «à laquelle François Hollande aura à assister en tant Président»

 

Dans un communiqué publié dans la matinée, la CGT Goodyear d’Amiens-Nord ne manque pas, elle aussi, de politiser l'affaire, qualifiant ce jugement d'«arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leurs droits et leurs emplois. Le but est de faire peur aux syndicalistes pour qu’ils cessent de se battre pendant que le gouvernement prépare la suppression de la moitié du Code du travail». Réaction outragée, également, de l'ex-syndicaliste CGT des Conti, Xavier Mathieu: «C’est écœurant, on a voulu faire un exemple. Mais en matière d’exemplarité, c’est toujours les petits qui trinquent, jamais les patrons qui ferment les entreprises illégalement, comme cela a été fait pour Continental en 2009. Au final, les Goodyear payent pour ce qui s’est passé à Air France. Le but, c’est d’intimider». Et de rappeler son propre passage devant les juges: «En 2010, j’ai été condamné à une amende de 4000 euros, alors que le parquet avait requis cinq mois avec sursis. Et c’était sous Sarko...»

Ce verdict clôt - provisoirement - huit ans d’un conflit sans fin entre la direction du groupe de pneumatiques et une partie des syndicats de l’usine, dont la CGT. A l’origine de ce bras de fer: la volonté des dirigeants, en 2007, de réorganiser le travail sous la forme des 4x8 dans leurs deux usines d’Amiens (Goodyear et Dunlop). Un système complexe et controversé, rejeté à l’époque par les syndicalistes et les salariés de Goodyear lors d’un référendum, mais pas par leurs collègues de l’usine Dunlop, située de l’autre côté de la rue. La direction annonce alors un plan de 478 suppressions d’emploi pour les Goodyear. Une «punition pour avoir mal voté», estiment à l’époque les syndicalistes. S’en suivront des années de batailles judiciaires, le plus souvent remportées par la CGT, avant le baisser de rideau définitif. Puis l’échec de la reprise d’une partie du site par le PDG américain de Titan, Maurice Taylor, à l’automne 2014. Une sorte de Donald Trump du pneumatique, qui déclarait en 2014, après avoir insulté la CGT: «La France est devenue un pays communiste et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir». Dernier acte de cette saga, enfin, avant ce jugement au pénal: l’enterrement par la direction, à l'automne 2015, du projet de Scop (Société coopérative et participative) porté par les salariés pour reprendre une partie de la production. Quelques semaines plus tard, Goodyear et Titan signaient pourtant un accord pour produire des pneus... en Russie

Luc Peillon

 

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 14:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Conditions de travail

Samsung accusé de pratiques commerciales trompeuses en France

par

 

Des enfants de moins de 16 ans qui travaillent plus de 10 heures par jour, sans protections contre les substances dangereuses qu’ils manipulent : cela se passe en Chine et en Corée, dans les usines sous-traitantes du géant de l’électronique Samsung. Et c’est l’ONG locale China Labor Watch (CLW) qui révèle ces violations des droits humains. Ce n’est pas la première fois que Samsung se fait épingler pour le travail des enfants chez ses sous-traitants. China Labor Watch a déjà révélé à plusieurs reprises que des enfants turbinent pour fabriquer les smartphones vendus par Samsung.

A chaque fois, l’entreprise promet que le problème sera réglé. Elle assure être une « entreprise responsable et citoyenne, qui [mène] des actions à travers le monde pour tendre vers un monde meilleur, protéger l’environnement et renforcer les communautés qui [l’entourent] » . Cet écart entre le discours de l’entreprise et les constatations de China Labor Watch a déjà valu au géant coréen une plainte pour « pratiques commerciales trompeuses », déposée en France en février 2013 par les associations Peuples Solidaires, Sherpa et Indecosa-­CGT, l’association de consommateurs de la CGT. Après 18 mois d’enquête, la plainte a été classée sans suite.

La solidité des éléments du dernier rapport de China Labor Watch a convaincu Sherpa et Indecosa-­CGT de recourir à nouveau aux tribunaux pour tenter de faire condamner Samsung, toujours pour « pratiques commerciales trompeuses ». Les plaignants ont cette fois retenu la citation directe, une « option » judiciaire qui ne nécessite pas d’enquête et exige donc d’avoir à sa disposition des éléments sérieux permettant de prouver l’infraction lors de l’audience et des débats. « Alors que le leader mondial du smartphone se targue de mettre en place des engagements éthiques exemplaires dans ses usines afin de prévenir les violations des droits humains, nous souhaitons faire juger ce double discours mondial qui consiste à séduire les consommateurs par une communication éthique tout en fermant les yeux sur des comportements absolument contraires », expliquent les associations. L’audience se tiendra ce lundi 11 janvier.

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  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
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DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

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          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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