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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 21:08

 

Le Monde.fr avec AFP | 08.02.2013 à 08h57 • Mis à jour le 08.02.2013 à 21h47


 

 

La découverte de cheval dans des lasagnes censées être au bœuf a provoqué un scandale au Royaume-Uni – où le cheval est vénéré et sa consommation taboue – et entraîné le retrait vendredi 8 février des plats incriminés en France et en Suède.

La viande de cheval trouvée en importantes quantités au Royaume-Uni (voire à hauteur de 100 %) dans les lasagnes de la marque de produits surgelés Findus était d'origine roumaine, a indiqué l'entreprise française Comigel, qui distribue ses articles dans 16 pays. Dans un premier temps, elle avait été présentée comme étant d'origine française par les autorités sanitaires du Luxembourg, où ces plats ont été préparés. Cette source a précisé que la viande avait été frauduleusement étiquetée "viande bovine".

 

"HISTOIRE TRÈS CHOQUANTE"


En soirée, la chaîne de supermarchés Aldi a annoncé que deux autres plats préparés distribués au Royaume-Uni par Comigel – des lasagnes et des spaghettis à la bolognaise – de la marque Today's Special contenaient entre 30 % et 100 % de viande de cheval. Le producteur suédois Findus, de son côté, a décidé de retirer des rayons français trois plats préparés – des lasagnes à la bolognaise, du hachis parmentier et de la moussaka – après avoir retiré lundi les lasagnes incriminées au Royaume-Uni, où elles étaient vendues en supermarché. En fin de journée, Findus a annoncé une mesure similaire en Suède, pour les lasagnes surgelées.

Le groupe suédois, qui a présenté ses excuses, a cependant insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de risque pour la santé. Mais pour le premier ministre britannique, David Cameron, cette "histoire très choquante est tout à fait inacceptable". Elle suscite un problème "de confiance", a-t-il estimé depuis Bruxelles, insistant sur la nécessité d'étiqueter correctement les produits. L'agence française de répression des fraudes a, elle, dénoncé une "tromperie".

Au Royaume-Uni, l'affaire revêt aussi une dimension culturelle : la viande équine n'est normalement pas disponible dans le commerce, contrairement à la France ou la Suisse, où elle est réputée pour sa tendreté. La découverte "n'est pas agréable en particulier pour les consommateurs britanniques", a reconnu Findus.

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 18:39

 

SPECIAL ARGENT

Marianne - Jeudi 7 Février 2013 à 05:00

 

Laurent Neumann - Marianne

 

 

Richard Drew/AP/SIPA
Richard Drew/AP/SIPA

Il aura donc fallu cinq ans. Cinq ans pour que la justice américaine se décide enfin à porter plainte contre la plus grosse agence de notation financière au monde, Standard & Poor’s (S&P).
Cette agence, propriété du groupe Mc Graw-Hill, est accusée d’avoir manipulé les notes qu’elle a attribuées aux produits financiers toxiques les plus fous, de 2004 à 2007, juste avant l’explosion de la crise des subprimes, ces prêts hypothécaires à risque qui sont à l’origine de la Grande Crise qui, depuis cinq ans, secoue la planète. Standard & Poors a « conçu et exécuté un système pour tromper les investisseurs », dit la plainte.

En clair, ce baromètre de l’économie de marché, cet oracle de la finance folle, aurait sciemment truqué, maquillé, falsifié ses analyses. En un mot : elle aurait donc abusé le monde entier ! Une tricherie dont les conséquences économiques, sociales, humaines surtout, sont incalculables.

Cinq ans, donc. Cinq ans pendant lesquels il fut quasiment interdit, par les tenants de la pensée économique dominante, de critiquer ces mêmes agences de notation qui, pourtant, n’ont cessé de se tromper et de tromper leur monde. Cinq ans pendant lesquels à la moindre objection, au moindre reproche adressé à ces pythies de l’ultralibéralisme, l’on était accusé de vouloir casser le thermomètre plutôt que d’affronter courageusement la crise. Cinq ans pendant lesquelles, surtout, ces agences ont servi de boussole aux Etats pour imposer la cure d’austérité réclamée par les fameux marchés financiers omnipotents.

Marianne, comme tant d’économistes, d’élus, de Prix Nobel, eut beau crier, hurler, vociférer, contre ces boussoles qui indiquaient systématiquement le sud, rien n’y faisait. Nous n’avions rien compris aux subtilités du marché, disaient-ils. Nous étions d’indécrottables ringards, sourds à la modernité du capitalisme financier, incapables de comprendre les vraies règles d’airain de la mondialisation heureuse.

Il ne faisait pourtant aucun doute que ces agences de notation s’étaient constamment fourvoyées, et pas seulement dans la crise des subprimes ou dans l’évaluation de ces produits financiers pourris – les fameux CDO, collateralized debt obligations – qui ont déclenché le séisme financier que l’on sait. Elles avaient déjà tout faux lorsqu’en 2001, elles gratifiaient le courtier en énergie Enron d’un triple A vérolé. Tout faux quand, en 2008, jusqu’au jour même de sa faillite, elles attribuaient la meilleure note possible à la banque Lehman Brothers.

Tout faux lorsqu’elles refusèrent de dégrader la note de l’assureur AIG dont le renflouement coûta plus de 180 milliards de dollars aux contribuables américains. Tout faux encore lorsqu’elles omirent de dégrader la note de la Grèce dont les comptes avaient été falsifiés par la banque Goldman Sachs… Comment d’ailleurs pouvaient-elles noter en toute impartialité des entreprises et des Etats qui étaient aussi leurs clients ? Un conflit d’intérêt patent qui n’a pourtant jamais défrisé les adeptes du néolibéralisme le plus échevelé. Mais de ces critiques, fondées, ils ne voulaient rien entendre.

Plus que la crise elle-même, cette nouvelle affaire signe en réalité le fiasco intellectuel et moral du néolibéralisme. Les défenseurs de l’économie dérégulée et de la financiarisation sans limite vont-ils pour autant faire amende honorable, reconnaître leurs torts, avouer leur faute ? Nous sommes prêts à parier que non. Les agences de notation vont continuer de noter en rond, tout en étant juge et partie ; le cercle de la raison économique persistera invariablement à faire confiance à leurs horoscopes vérolés et les Etats ne tireront aucune leçon de ce énième scandale.

L’on apprend d’ailleurs incidemment que Standard & Poors a engagé avec Washington une négociation financière pour échapper à toute poursuite. Une amende de 1 milliard de dollars contre le retrait de la plainte ! C’est à cela que l’on reconnaît l’argent fou : il ose tout, il achète tout.

Un milliard de dollars pour s’acheter une (bonne) conscience ? Une peccadille au regard de ce que l’incurie des agences de notation aura coûté aux Etats surendettés, aux salariés licenciés, aux familles étranglées par les dettes, aux entreprises qui ferment, aux peuples surtout. Trop cher payé, ont pourtant jugé les dirigeants de Standard & Poors. Qu’on se le dise : aux yeux des dirigeants de ces agences de notation, la vie de ces millions de citoyens plongés dans la crise ne vaut pas un milliard, elle ne vaut rien !

Il n’empêche : si Standard & Poors venait à être condamné – l’Etat américain lui réclame 5 milliards de dollars –, il y a fort à parier que tous les investisseurs, privés ou institutionnels, qui ont perdu leur chemise dans la crise de 2008, pourraient se retourner contre l’agence. Et, au-delà, contre toutes les agences – puisqu’elles notent toutes de la même manière, avec les mêmes critères, les mêmes raisonnements, pour aboutir aux mêmes errements. Mais ce serait encore une bien trop faible sentence.

Et si ces centaines de milliers d’Américains, virés de leur logement, portaient plainte à leur tour ? Et si les millions d’Européens - Grecs, Portugais, Espagnols, Italiens… - saisissaient aussi la justice pour faire reconnaître le préjudice que la faillite éthique de ces agences leur a fait subir depuis cinq ans ? Chômage de masse, restrictions budgétaires, baisse des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite, suppressions de postes de profs, de flics, d’infirmières…

C’est cela, l’argent fou. Voilà pourquoi il est urgent de le remettre à sa place. Et voilà pourquoi Marianne a décidé d’y consacrer un dossier spécial de 40 pages et même un colloque, baptisé «l’Assemblée», qui sera tiendra à Nice les 14, 15 et 16 février.

Venez nombreux à Nice et, surtout, faites circuler ce numéro spécial auprès de vos amis, de vos proches. Pour que la véritable agence de notation, ce soit vous…

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:28

 

Rue89 - Réactions en chaîne 05/02/2013 à 18h40
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

Infosignalée par un internaute


Seringue (Zaldylmg/Flickr/CC)

 

« Un drame » : « 50 enfants paralysés » suite à la vaccination contre la méningite dans la sous-préfecture de Gouro, dans l’Est du Tchad, « à qui la faute ? ». Quand l’opposant tchadien Abdelkrim Yacoub, en charge de la diplomatie au Conseil national pour le changement et la démocratie au Tchad (CNCD), nous a signalé l’affaire, on s’est d’abord demandé si les petits Africains n’avaient pas servi « de cobayes ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit en fait d’un « syndrome collectif inexpliqué », également appelé « hystérie collective », sur lequel existe toute une littérature scientifique [PDF].

Une dépêche AFP confirme l’hospitalisation de 38 enfants suite à un incident vaccinal survenu fin décembre dans la province de Gouro. Le ministère de la Santé tchadien cité par l’agence a tardivement décrit « des réactions inhabituelles chez des dizaines d’enfants » et l’évacuation de « sept patients en Tunisie pour des examens complémentaires et pour une prise en charge encore plus spécialisée. »

Pourquoi ces convulsions ?

Les scènes décrites par la presse tchadienne sont impressionnantes : les enfants se seraient mis à gémir juste après la vaccination, à convulser, à faire des mouvements incontrôlables. Si bien que, selon un parent rencontré à l’hôpital par N’Djamena Matin :

« Rien que pour stabiliser les enfants, il fallait 3 à 4 personnes pour les maintenir. Paniquée par la tournure que prenaient les faits, l’équipe a pris la poudre d’escampette. »

Restent les nombreuses questions que la presse d’opposition posait le 12 janvier, toujours sans réponses. Le journal Al Wihda demandait ainsi :

« Pourquoi a-t-on vacciné 500 enfants dans une région qui ne dispose que d’un médecin, et qui n’a été capable de fournir des conseils ou de traiter les effets indésirables du vaccin qu’une semaine plus tard ? »

« Une manifestation théâtrale »

Voir le document

(Fichier PDF)

A la demande du ministère tchadien de la Santé, quatre experts de l’OMS ont remis un rapport (ci-dessous) le 21 janvier 2013. Notons que la même organisation onusienne prescrit les vaccins et analyse les incidents de vaccination, ce qui ne laisse pas présager d’une grande indépendance.

Les experts de l’OMS mettent hors de cause le vaccin MenAfriVac, dont le lot « ne présentait pas de défaut » et est « utilisé dans toute la région ». Les crises « sont déclenchées par le bruit, les visites de personnes étrangères et la survenue de crises chez d’autres patients ». Les victimes sont âgés de 8 à 25 ans, et 77% sont des filles.

Contacté par Rue89, le Dr. Patrick Zuber, responsable de l’équipe sécurité des vaccins à l’OMS, précise :

MenAfriVac

Quelque 100 millions de doses de ce vaccin contre la méningite ont été administrées dans la zone qui va du Sénégal à la Somalie, où cette épidémie sévit de manière saisonnière. Selon le Dr Zuber de l’OMS, ce vaccin a « un très bon profil de sécurité, des réactions fébriles occasionnelles et locales peuvent survenir mais il n’y a jamais rien eu de grave ».

« Il s’agit d’une réaction psychogène de masse. Par exemple, deux ou trois enfants vont décrire des crampes horribles, et ça va faire boule de neige.

Les analyses cliniques et biologiques n’ont pas permis de trouver de pathologie objective, la chaîne du froid a été revue, il n’y a pas de déviation des pratiques. C’est une manifestation théâtrale concernant une trentaine de personnes. »

« Epidémie »

Le phénomène a bien été décrit dans la littérature scientifique : par exemple en Iran en 1992, en Jordanie en 1998, où 122 enfants ont été hospitalisés après une vaccination antidiphtérique, en Australie en 2007 avec le Gardasil... des événements du même type peuvent sont rapportés avec différents vaccins dans différents pays.

Des « épidémies » de ce type ont aussi été rapportées en France par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) : des malaises dans un hôpital, au sein d’une chorale ou d’une mairie sont ainsi classifiés comme « syndrome collectif inexpliqué » ou « syndrome des bâtiments malsains ».

N’empêche, Abdelkrim Yacoub reste sceptique :

« Comment croire à ces conclusions ? Les institutions internationales n’avaient-elles pas intérêt à démontrer que la vaccination n’est pas en cause dans cette tragédie afin que le Tchad continue à recevoir des fonds, notamment de GAVI (l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination) qui finance l’introduction de nouveaux vaccins ?

La performance et l’efficience des programmes de vaccination nécessitent un renforcement des capacités humaines et techniques des pays en développement, notamment du Tchad, en vaccinologie et management sanitaire. »

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 17:39

 

 

http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5573#.UQuO9BR8ofw.twitter

 

chronique le 31/01/2013 par Anne-Sophie Jacques
Contenu reconnu d'Utilité Publique Ce contenu a été voté "d'utilité publique" par nos abonnés, ou sélectionné par la rédaction pour être gratuit. Il est temporairement accessible à tous, abonnés et non abonnés

"Pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l'économie moderne ?" A Davos, le président islandais plaide pour des banques à périmètre réduit. Plus ce secteur est puissant, plus il capte ingénieurs, mathématiciens, informaticiens qui pourraient faire valoir leur talent dans les secteurs innovants. Malgré la forte densité de journalistes présents, aucun media français n'a repris ses propos.

Eh non, l’éconaute n’a pas couvert le forum économique mondial de Davos qui s’est déroulé la semaine dernière dans la charmante station de sport d’hiver suisse. Elle n’a pas rendu compte non plus de la couverture médiatique sur cet événement qui réunit – selon la fiche wikipédia - dirigeants d’entreprise, responsables politiques ainsi qu’intellectuels et journalistes "afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète". Pourtant elle aurait dû car cette année il s’est trouvé un rebelle en la personne du président islandais. Olafur Ragnar Grimsson, c’est son nom, était interviewé par Stephen Cole de la chaîne Al-Jazeera et, en moins de trois minutes, il a tenu un discours pour le moins inédit sur les banques :

Pour mémoire, en octobre 2008, les trois plus grandes banques islandaises ont fait faillite. Mais l’Etat a refusé de les sauver et les a nationalisées. De fait, cette décision évite la banqueroute du pays. Grimsson revient sur cet épisode dans son interview qui, si elle a échappé à la sagacité d’@si (et de tous les médias français) a été soulignée sur le site belge Express.be (qui reprenait une note du blog Zero hedge).

Grimsson estime que leurs choix étaient les bons, vu que l’île connaît un renouveau économique sans précédent. Disons qu’il est dans son rôle de président qui vante la résistance de son pays – petite île mais grande démocratie - face aux puissances financières. Des choix par ailleurs confortés récemment par le tribunal de l'Association européenne de libre-échange comme nous le racontions ici.

Mais le président islandais va plus loin en reconsidérant le rôle des grandes industries bancaires : "pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l'économie moderne ? La théorie que vous devez payer pour sauver les banques est une théorie selon laquelle les banquiers peuvent jouir de leurs propres bénéfices et de leur succès, puis que les gens ordinaires payent pour leurs échecs au moyen des impôts et de l’austérité, et dans les démocraties éclairées, les gens ne l’accepteront pas sur le long terme."

L’obus envoyé aux grosses banques s’appuie sur un constat surprenant : "l’une des choses que nous avons apprises après l’effondrement des banques en Islande, c’est que les banques islandaises, comme les banques britanniques ou les banques américaines, sont devenues des entreprises de haute technologie, qui recrutent des ingénieurs, des mathématiciens et des informaticiens. Et quand elles se sont effondrées, le secteur innovant de notre économie, le secteur informatique, le secteur des TI s’est mis à prospérer, et en fait, sur les trois dernières années, il a eu de bien meilleurs résultats que jamais auparavant dans son histoire. Donc la leçon à en tirer, c’est la suivante : si vous voulez que votre économie soit compétitive dans le secteur innovant du 21ème siècle, un secteur financier fort qui prend les talents de cet autre secteur, même un secteur financier qui marche bien, est en fait une mauvaise nouvelle."

Conclusion : avec un secteur bancaire plus restreint et moins lucratif, les cerveaux se dirigeront vers les secteurs innovants susceptibles de relancer la croissance. Un argument de plus pour une réforme bancaire audacieuse ?

Sur la crise islandaise, vous pouvez revoir l’émission consacrée au sujet ici. Sur la réforme bancaire dont le projet de loi est discuté à l’Assemblée, le dernier épisode en date est .

(merci à l'asinaute qui nous a signalé la vidéo)


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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 23:13

 

 

Lire aussi

 

 

L’exemple des pilules de troisième et quatrième génération illustre la difficulté à choisir les meilleurs (ou les moins mauvais) médicaments : la mode, le marketing des laboratoires, l’influence de médecins leaders d’opinion et médiatisés, ont abouti à une consommation excessive de ces pilules, qui n’ont pas d’avantage clinique démontré, et qui augmentent le risque de thrombose (voir notre article ici). Et cela, en dépit du fait qu’elles n’étaient souvent pas remboursées par la sécurité sociale. Et que depuis 2007, un avis de la commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) demandait qu’elles ne soient utilisées qu’en deuxième intention.

 

Couverture de la revue Prescrire 
Couverture de la revue Prescrire© DR

 

 

Certes, le cas de la pilule contraceptive n’est en rien comparable à celui du Mediator, dangereux et sans utilité médicale. La pilule, elle, a une grande utilité. De plus, elle évite les risques liés à la grossesse ou à l’IVG. Il n’en reste pas moins que la dérive des prescriptions de pilules de 3e et 4e génération illustre, une fois de plus, l’incapacité des autorités sanitaires à orienter la prescription dans le sens le plus souhaitable.

Cette incapacité concerne de nombreux médicaments. Certains sont anciens et se sont montrés plus nocifs qu’utiles. D’autres sont récents mais se révèlent moins efficaces que leurs prédécesseurs, ou plus nocifs. Dans son numéro de février 2013, la revue Prescrire publie une liste de médicaments « à écarter », sur la base des analyses qu’elle a publiées de 2010 à 2012 (l’article est en accès libre).

Les médicaments épinglés par Prescrire sont des produits qui devraient, d’après la revue, être retirés du marché, soit qu’ils exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent, soit qu’ils sont inefficaces, soit qu’il existe une meilleure option. 

« En France, début 2013, trop de médicaments à balance bénéfice-risques défavorable restent commercialisés, estime Prescrire. Les autorités de santé n’ont pas fait leur travail de protection des patients en autorisant ou en laissant ces médicaments plus dangereux qu’utiles sur le marché malgré leur des signaux d’alerte manifestes. »

D’une manière générale, la prudence dans le choix d’un médicament consiste, selon Prescrire, « à préférer les plus éprouvés, dont les effets nocifs sont rendus acceptables par une efficacité démontrée sur des conséquences concrètes ». Mais pour les patients, il est souvent difficile d’en juger, si l’on considère que des produits qui devraient être interdits depuis longtemps continuent d’être proposés et de faire l’objet d’une publicité importante.

Parmi les produits à écarter selon Prescrire, beaucoup ont soulevé des problèmes depuis longtemps, sans que cela n’entraîne d’action décisive des autorités. On remarque notamment :

• des produits contre le cholestérol comme le Lipanthyl (fénofibrate) ou le Lipanor (ciprofibrate), qui n’ont pas d’efficacité démontrée mais de nombreux effets indésirables ;

• le Vastarel (trimétazidine), utilisé en cardiologie, sans efficacité démontrée, qui peut entraîner des syndromes parkinsoniens ;

• le Stablon (tianeptine), utilisé comme antidépresseur mais qui expose à des dépendances et des atteintes du foie, et l’Effexor (venlafaxine), autre antidépresseur qui provoque des troubles cardiovasculaires ;  

• les coxibs, antalgiques qui entraînent des risques cardiovasculaires et cutanés ;

• le Protelos (strontium ranelate), traitement de l’ostéoporose qui fait l’objet d’une promotion excessive, compte tenu de ses nombreux effets adverses (voir notre article ici).

On peut remarquer que les laboratoires Servier sont fortement représentés dans la liste de Prescrire, avec six produits à l’index (Procoralan, Vastarel, Valdoxan, Stablon, Vectarion, Protelos). D'autres grands laboratoires apparaissent également, comme Astra Zeneca, Glaxo, Lilly, Novartis, Pfizer, Roche, ainsi que des firmes plus petites comme Fournier ou Menarini (énumération non exhaustive).

Pour voir la liste complète, utiliser le lien suivant :

http://www.prescrire.org/fr/3/31/48400/0/NewsDetails.aspx (à noter que le site, très sollicité, affiche parfois une erreur en lieu et place de la liste).

 

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 22:59

 

 

Marianne - Jeudi 31 Janvier 2013 à 12:00

 

 

Attention aux raccourcis, le scandale de l’anti-acnéique Diane 35 largement prescrit comme contraceptif par les gynécologues et les généralistes n’est pas celui du Médiator. Le rapprochement des deux affaires aurait comme effet de banaliser les pratiques du laboratoire Servier, inventeur du Mediator dont les tribunaux auront prochainement à juger.

DURAND FLORENCE/SIPA
DURAND FLORENCE/SIPA
Dominique Maraninchi, patron de l’Agence du médicament (ANSM) a tenu parole. Il y a quarante huit heures, il avait assuré à Marianne, à l’issue d’un débat sur le médicament organisé au Centre Pompidou à Paris par la revue Books, que la décision concernant la suspension de l’autorisation de mise sur le marché de Diane 35 et de ses génériques interviendrait dans la semaine, c’est fait.

Mercredi 30 janvier, le directeur de l’Agence a annoncé que le retrait serait effectif d’ici trois mois, invitant néanmoins les patientes à ne pas interrompre le traitement sans consulter leur médecin. Selon les données officielles, 4 décès sont directement imputables au Diane 35 et à ses génériques, auxquels s’ajoutent 109 cas trhromboemboliques veineux dont 7 guérisons avec séquelles.


Une des raisons principales mise en avant par l’Agence pour justifier sa décision est le nombre important de prescriptions hors AMM, (autorisation de mise sur le marché), entre 50% et 75% selon que le prescripteur est un généraliste ou un gynécologue : Diane 35 et ses génériques disposent d’une autorisation pour soigner l’acné alors qu’il a été largement prescrit comme contraceptif.
Comment accepter que des prescriptions hors AMM, donc non autorisées, produisent des victimes ? Impensable. Inacceptable. Les prescripteurs ont évidemment leur part de responsabilité dans cette affaire, tout comme ceux qui ont prescrit larga manu le Mediator en dehors de son AMM, mis sur le marché en tant qu’anti-diabétique et détourné comme coupe-faim.
Là s’arrêtent les ressemblances. Deux raisons écartent Mediator et Diane 35 l’un de l’autre.

1. Servier, inventeur du Médiator est un laboratoire français, alors que Bayer, fabricant de Diane 35, est allemand. D’où la grande proximité voire même la perméabilité du premier avec les autorités de la santé amplement démontrée par le rapport de l’IGAS  (Inspection générale de l’action sanitaire) de janvier 2011, plus difficile à mettre en œuvre pour le second. En tout cas, rien pour l’heure ne prouve que de tels rapprochements ont été opérés.

2. Pour la pneumologue brestoise Irène Frachon, « le Médiator est un cas de pharmacodélinquance, alors que Diane 35 relève de la pharmaconégligence ». Traduction : Servier a tout fait pour non seulement masquer la vrai nature de la molécule mise sur le marché, mais aussi pour minimiser les effets secondaires dramatiques de son produit, année après année durant 17 ans jusqu’à recourir à des méthodes dont les tribunaux vont avoir à juger prochainement.

Bayer en revanche a mis en circulation une molécule parfaitement identifiée ; en outre la notice indique clairement les risques de la prise de son médicament. Les risques sont donc quantifiés, reconnus par le laboratoire, de l’ordre de 4 pour 10.000. Rien de tel avec le Médiator, où Servier en est encore à nier le nombre de victimes. Les auteurs du rapport de l’IGAS ont qualifié les pratiques du laboratoire Servier « d’enfumage des experts ». Rien de tel concernant Bayer.
 
Alors d’où vient ce sentiment de déjà vu ? A dire vrai, c’est à l’occasion de l’investigation sur les pratiques qui conduisent les laboratoires Servier devant la justice qu’ont été révélées les lacunes du système mis en place en France pour contrôler le fonctionnement des médicaments ; c’est en outre à cette occasion que le comportement de certains médecins prescripteurs a été mis en lumière révélant toute la force de conviction des visiteurs médicaux pour les amener en douceur aux prescriptions hors AMM. Or ces lacunes et ces pratiques médicales douteuses se retrouvent dans l’affaire de Diane 35 et de ses génériques. Les symptôme sont les mêmes, les causes bien différente.

Quelque chose ne fonctionne pas dans le système de santé français, et le laboratoire Servier en a profité pour « enfumer les experts ». Diane 35 après le Médiator, sans oublier le scandale des prothèses mammaires PIP : Dominique Maraninchi a des pilules sur la planche.
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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 18:06

 

 

Rue89 - Rétorsion 30/01/2013 à 12h12
Docu sur ses dangers : Coca-Cola va-t-il retirer sa pub de France Télé ?
Zineb Dryef | Journaliste Rue89

 

 

 

D’après Le Canard enchaîné de ce mercredi, Coca-Cola n’aurait pas du tout apprécié le documentaire « Coca-Cola et la formule secrète » diffusé sur France 2 le 8 janvier dernier.

Au point d’écrire à Rémy Pflimlin, le patron de France Télévisions, une lettre pour se plaindre du contenu du documentaire et pour annoncer que Coca-Cola « sucre sa pub en 2013 sur les chaîne du groupe public ». L’hebdomadaire affirme qu’il s’agit de « quelque 2 millions d’euros de manque à gagner, selon des sources internes ».

Des nouvelles de Coca-Cola dans la journée

Contacté par Rue89, Bruno Belliat, directeur de la communication de France Télévisions publicité, est resté évasif :

« S’il y a une lettre, elle n’a pas dû arriver chez France Télévisions publicité. Nous sommes le 30 janvier, je ne sais donc pas ce que Coca-Cola a prévu pour son budget publicitaire. Par ailleurs, je ne peux pas me prononcer sur les décisions internes et stratégiques de Coca-Cola.

La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’en 2012, ils ont été fortement présents pour les Jeux olympiques. »

La chaîne nous a rappelé pour préciser que « France Télé ne ferait aucun commentaire sur ce sujet ». Du côté de Coca-Cola, on n’est pas plus disert :

« On ne souhaite pas communiquer sur notre relation avec France 2. Cela reste entre nous et France Télévisions. »

Les ingrédients (secrets) de la boisson

Dans le documentaire mis en cause, Olivia Mokiejewski alerte contre les dangers de la boisson à la recette secrète. Grande consommatrice de Coca-Cola, elle explique, dans sa note d’intention, que son objectif est de comprendre comment l’eau a presque disparu de sa consommation :

« Est-ce vraiment normal de ne pas connaître les ingrédients du soda le plus consommé au monde ?

Mon but avec ce film n’était pas de partir en croisade contre la marque la plus puissante du monde mais juste d’obtenir des réponses à des questions légitimes.

Quand nous fumons ou quand nous buvons de l’alcool, nous en connaissons tous les risques. Avec Coca, le seul danger identifié est le surpoids puisque nous ne connaissons pas sa formule… »

 

 

 

 

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 14:30

 

LE MONDE | 29.01.2013 à 11h38 • Mis à jour le 31.01.2013 à 09h47 Par Sophie Landrin

 

 

Antenne relais à Laon

Ce devait être la première avancée législative dans le domaine des ondes électromagnétiques. L'Assemblée nationale doit examiner, jeudi 31 janvier, une proposition de loi déposée par la députée (EELV) Laurence Abeille, visant à instaurer un principe de précaution pour limiter les risques sanitaires liés à l'exposition aux appareils sans fil – téléphones mobiles, Wi-Fi, etc. Mais les ambitions du texte ont été très largement revues à la baisse par les députés socialistes, lors de son examen devant la commission des affaires économiques.

Sans céder aux demandes de certaines associations de fixer le seuil limite d'exposition à 0,6 volt par mètre (V/m), au lieu des 41 V/m autorisés aujourd'hui, le texte posait la définition d'un nouveau seuil basé sur le principe "As Low As Reasonably Achievable", c'est-à-dire aussi bas que possible.

Le texte demandait, pour protéger les jeunes enfants, d'interdire le Wi-Fi en crèche et de privilégier la connexion filaire dans les établissements scolaires et dans les lieux d'accueil du public, comme les bibliothèques. Il proposait d'instaurer le principe d'une étude d'impact sanitaire et environnemental, réalisée par des équipes scientifiques indépendantes, avant toute mise en œuvre de nouvelles applications technologiques ayant pour conséquence l'émission de rayonnements électromagnétiques. En clair, cette disposition empêchait le déploiement de la 4G sans études d'impact préalables.

 

 "LE GOUVERNEMENT N'EN VOULAIT PAS"

La proposition de loi demandait également, dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la loi, la remise d'un rapport sur l'électrosensibilité aux champs magnétiques, afin, notamment, de pouvoir reconnaître la qualité de travailleur handicapé aux personnes souffrant de cette pathologie. Ces dernières années, des cas de personnes ne supportant pas les ondes et vivant presque en ermites ont été recensés, sans être pris au sérieux.

Lire (édition abonnés) :  Un rapport controversé souligne les risques liés aux radiofréquences

La commission des affaires économiques n'a retenu que des dispositions anecdotiques, comme la désactivation possible du Wi-Fi sur les appareils, l'interdiction d'une installation émettrice de champs électromagnétiques dans un local privé sans l'autorisation des occupants, ou encore l'interdiction de toute publicité vantant les appareils sans fil à destination des enfants de moins de 14 ans. On est très loin des objectifs poursuivis.

"Le texte a été vidé à 90 %, selon Mme Abeille. Le gouvernement n'en voulait pas. La ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, parce qu'elle ne veut pas froisser les opérateurs et les fabricants de téléphonie. Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, parce qu'il défend un projet numérique à l'école. La ministre de la santé, Marisol Touraine, parce qu'elle récusait le principe d'une étude sur les électrosensibles."


"POTENTIELLEMENT CANCÉRIGÈNES"

La ministre de l'économie numérique, tout en promouvant les kits mains libres pour réduire l'exposition aux ondes émises par les téléphones mobiles, a mis en garde contre des "peurs irrationnelles" en soulignant que la nocivité des ondes "n'est pas scientifiquement étayée".
Mme Pellerin craint des mesures trop restrictives qui freineraient le déploiement en cours du réseau de téléphonie mobile de quatrième génération (4G), qui doit permettre d'améliorer la couverture dans certaines zones périurbaines ou rurales. Un déploiement qui représente "un investissement de 3 milliards sur les cinq prochaines années et des dizaines de milliers d'emplois", a-t-elle ajouté.

Avec le développement de la téléphonie mobile et d'Internet, les ondes ont envahi notre quotidien. Rues, domicile, écoles, bibliothèques, entreprises, transports, rares sont les lieux qui échappent à l'exposition aux ondes. Selon l'Agence nationale des fréquences, la France compte 150 000 installations de radiotéléphonie, sur le territoire métropolitain et outre-marin. Plusieurs études soupçonnent leur nocivité sur la santé, mais aucune n'est suffisamment conclusive pour forger un consensus sur les dangers réels ou non de la communication sans fil.

Le débat scientifique n'est pas tranché, mais, dans chaque ville ou village, l'installation des antennes relais suscite de nombreux conflits avec ceux qui craignent pour leur santé et celle de leurs enfants, tout en continuant à utiliser massivement leur téléphone portable.

 

 "IL EST INUTILE D'ATTENDRE"

Pour leur défense, les parlementaires socialistes et le ministère de l'écologie font valoir qu'ils attendent, pour se prononcer, de nouvelles études scientifiques. L'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) doit actualiser, d'ici à juin, l'avis qu'elle avait rendu en 2009, alertant sur les dangers des ondes.

Par ailleurs, le Copic, le comité d'étude mis en place lors du Grenelle des ondes organisé en 2009, doit également se prononcer sur la faisabilité d'un abaissement du seuil d'exposition du public à 0,6 V/m et sur les conséquences que cela aurait sur la qualité du service. Ce comité est présidé par le député (PS) de l'Isère François Brottes, et réunit tous les acteurs du secteur.

Pour l'association Robin des toits, le Copic a d'ores et déjà montré que l'abaissement du seuil d'exposition était possible à condition de multiplier par trois le nombre d'antennes relais moins puissantes. Une expérience aurait été menée avec succès dans le XIVe arrondissement de Paris. L'association a annoncé, le 28 janvier, qu'elle quittait ce comité, soupçonnant les opérateurs d'ignorer volontairement ces résultats et de vouloir imposer de nouvelles études.

"Il est inutile d'attendre, assure Mme Abeille. Nous avons profité de la seule niche parlementaire dont le groupe dispose. Et nous avons suffisamment d'éléments qui nous conduisent à penser qu'il y a un risque pour la santé publique. Outre l'avis de l'Anses, l'OMS a classé les ondes comme potentiellement cancérigènes et la Commission européenne a préconisé un abaissement des seuils d'exposition." Les députés écologistes espèrent revenir sur leur version initiale en faisant voter des amendements en séance plénière avec l'appui des différents groupes de gauche.

Lire aussi :  Robin des toits conteste en justice la charte de téléphonie mobile de Paris

Sophie Landrin

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 17:06

 

http://www.dailymotion.com/video/xv74c4_the-brussels-business-docu_news#.UQgCVPLuqn8

 

 

 

 


Un long-métrage documentaire sur l’influence grandissante des lobbies sur le processus de décision dans les institutions européennes. Le film explore les opérations et les opportunités du Business bruxellois ainsi que ses répercussions.

Au début des années 90, deux jeunes hommes se rendent compte de l’impact considérable des lobbies sur les décisions de l’Union européenne prises à Bruxelles. Le premier se lance alors dans une enquête et une lutte, et devient le garde-fou des lobbies de l’Union européenne ; le second devient un lobbyiste haut placé de 40 multinationales.

Le film dévoile les coulisses des lobbies, les réseaux secrets du pouvoir et l’influence des grandes entreprises sur les décisions européennes prises à Bruxelles. Autrement dit, c’est une version officieuse de l’Intégration européenne depuis les années 80, l’histoire de l’emprise néolibérale dans la politique européenne.

A l’heure où l’Europe connaît une récession sans précédent qui pourrait bien mener à l’écroulement de l’économie mondiale, ce film tente de répondre à une question que des millions d’entre nous se posent : Qui dirige réellement l’Union européenne?

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Bio des réalisateurs:

Friedrich Moser a obtenu un MA d’histoire et d’études germaniques/ Autriche. . En 2001 il a fondé la blue+green communication. Il a tourné plus de 20 documentaires diffusés en Autriche, Allemagne et Italie. Il enseigne aussi l’histoire, le documentaire et la production dans diverses écoles.

Matthieu Lietaert est docteur en sciences politiques et enseignant en études européennes. Il est consultant en webdoc et cross-media dans des écoles de cinéma et dirige la Not So Crazy! Productions.
19-11-2012
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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:25

 

Rue89 - Détricotage 28/01/2013 à 12h30
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 

Une proposition de loi contre les nuisances électromagnétiques va être discutée cette semaine. Elle a été expurgée de tout ce qui aurait pu fâcher les opérateurs.

 

 


François Hollande regarde son smartphone dans les studios de Martinique première, le 4 juillet 2011 (Patrick Coppée/AFP)

 

Y a-t-il, en germe dans les ondes électromagnétiques, un potentiel « scandale de l’amiante » ? Au nom du principe de précaution, les écologistes ont déposé une proposition de loi, en décembre dernier, pour protéger le public des technologies sans fil. Le débat, qui démarre jeudi prochain au Parlement, est un pétard mouillé.

Il ne reste déjà presque plus rien du texte d’origine, après son passage mercredi en commission. Denis Baupin, vice-président Europe écologie - Les Verts de l’Assemblée nationale, résume :

« La logique du gouvernement est plus dictée par l’envie de développer les services en matière de nouvelles technologies que de protéger la population.

Nous, on pense que ce ne sont pas les opérateurs qui décident des politiques publiques. »

C’était pourtant écrit en toutes lettres dans l’accord de gouvernement PS-EELV, signé avant la victoire de François Hollande :

« Nous appliquerons le principe de précaution sur les champs électromagnétiques. »

Le principe de précaution, ôté du titre

Las, la commission des affaires économiques a dépouillé le texte de la députée Laurence Abeille (EELV) point par point, allant même jusqu’à faire changer son titre (le « principe de précaution » a disparu).

La niche parlementaire dévolue au groupe écologiste est déjà étroite (une journée par an pour 17 députés). Mais le sort que subit sa proposition de loi-phare en dit long sur le rapport de force que le gouvernement est en train d’imposer à son allié. Plus fort, la ministre de l’Ecologie Delphine Batho a l’intention de réglementer elle-même sur les seuils d’exposition, après la remise en juin 2013 d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), nous confirme son cabinet.

« Nous voilà revenus à avant 2009 et l’organisation du Grenelle des ondes », se désole Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits, qui milite depuis dix ans pour empêcher un « scandale sanitaire ».

 


« Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire ? » de Etienne Cendrier, éd. du Rocher (RobinDesToits.org)

 

Pourtant, les champs électromagnétiques de radiofréquences, ont été classés en mai 2011 dans la catégorie « peut-être cancérogènes pour l’homme » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS. La seule mesure prise par la France depuis est d’édicter des règles de bonne conduite aux usagers des téléphones mobiles.

Pour la première fois donc, les pouvoirs publics allaient se doter d’outils coercitifs. Mais la volonté de ne pas fâcher les opérateurs, qui commencent à déployer la 4G, ajoutée à ce que Noël Mamère a appelé le « problème culturel [des écologistes] avec le reste de la gauche » ont eu raison de la promesse initiale.

Récit en trois moments d’un minutieux torpillage.

                                                                                                                                                                                                                             1 Attendre... la fin des expérimentations

L’abaissement des seuils à 0,6 V/M serait possible, mais...

 

La pollution par les ondes a été l’une des grandes oubliées du Grenelle de l’Environnement, en 2007. Mais devant l’inquiétude des riverains d’antennes-relais, et les démontages ordonnés par la justice, la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet avait voulu calmer le jeu. Et mit tout le monde autour de la table, dans une grand-messe qui s’est terminée par un claquage de porte d’une partie des ONG.

Principale avancée de ce Grenelle : la mise en place d’un comité opérationnel sur la diminution de l’exposition aux ondes électromagnétiques. Pilotée par l’Agence nationale des fréquences (ANFR) et le ministère de l’Ecologie, associant opérateurs et associations, une expérimentation a été menée sur la faisabilité d’une moindre exposition du public aux ondes. Les seuils maximum, actuellement situés entre 41 et 61 volts/mètre sont obsolètes : l’exposition moyenne du public est de l’ordre d’1 V/M.

Du coup, a été testé l’abaissement à 0,6 V/M, seuil déjà adopté par la ville de Salzbourg en Autriche et recommandé par le Conseil de l’Europe, au nom du principe de précaution. Les résultats de ces tests réalisés dans seize villes sont attendus pour juin, mais déjà disponibles pour : Paris, Grenoble et la commune rurale de Grandchamp (Morbihan). Prolème : ils n’arrangent pas les opérateurs et l’Agence nationale des fréquences va les retravailler. L’association Robin des toits a décidé de suspendre sa participation au groupe de travail, estimant, selon son porte-parole Etienne Cendrier, que :

« Le contrat initial n’est pas respecté : nous avions obtenu de haute lutte la reconfiguration, c’est-à-dire la reconstitution concrète de la baisse de l’exposition à 0,6 V/M et on voit que c’est possible. Or ils refusent de donner les résultats car ça ne les arrange pas.

A Paris, il faut multiplier par trois le nombre d’antennes, à Grenoble par 1,6, ils auraient préféré qu’il faille les multiplier par dix, ç’aurait été dissuasif. »

A l’Agence nationale des fréquences, le directeur de la stratégie, Bernard Celli, voit une « impossibilité pratique » à multiplier par trois le nombre d’antennes (il y en a déjà 60 000 en France), et craint que ça ne « renchérisse considérablement le prix des abonnements ».

Face à ce que Robin des toits qualifie de « sabotage », l’association annonce qu’elle ne « joue plus » et va reprendre les recours en justice contre les antennes.

                                                                                                                                                                                                                               2 Attendre... encore les études sanitaires

Les effets sur la santé sont potentiels, mais...

 

Le rapport que va rendre l’Anses à l’été est le troisième sur le sujet depuis 2003. Un groupe de travail désormais pérenne va analyser la littérature scientifique récente. L’agence jure que ses experts sont dénués de lien d’intérêts avec l’industrie, mais la composition du groupe n’étant pour l’instant pas connue, il n’est pas possible de le vérifier.

L’agence espère arriver à une position tranchée, alors que les points de vue sont aujourd’hui irréconciliables entre :

  • le rapport de Bioinitiative, un rassemblement de chercheurs sans lien avec l’industrie, selon lesquels « le risque biologique est clairement établi », même à faible exposition, avec des effets sur la fertilité, et sur la barrière hémato-encéphalique, et un risque accru de cancer du cerveau ;

L’Anses ne veut évidemment pas dire dans quel sens elle penchera, mais le chef de l’unité qui conduit l’évaluation, Olivier Merckel, nous confie que :

« D’après les études épidémiologiques, on est plutôt sur des risques faibles. A des niveaux de champs élevés on sait ce qui se passe (ça chauffe), mais LA question là c’est de savoir si la nature des signaux, modulés et par exemple avec des modulations différentes, a un effet sur le vivant, c’est la question.

Aucune étude sanitaire ne pourra être faite en préalable au déploiement de la 4G, on va analyser les modifications sur l’exposition que cela va entraîner, mais il n’y a pas encore d’étude biologique, ou sur le comportement des animaux. »

                                                                                                                                                                                                                             3 Ne pas attendre pour retirer les mesures simples

Une à une, toutes les restrictions ont été retirées

 

La proposition pragmatique, lancée par Corinne Lepage en 2011, qui consiste à rendre l’oreillette obligatoire, ne figure même pas dans la proposition de loi de Laurence Abeille. L’interdiction d’utilisation pour les enfants n’existe pas, seule la publicité pour les moins de 14 ans est retenue.

L’idée d’interdire le WiFi dans les crèches et de le limiter dans les écoles, collèges et lycées a aussi été supprimée par le PS, pour ne pas contrarier le plan numérique de Peillon. Ce à quoi la députée Laurence Abeille répond :

« L’école numérique, ce n’est pas l’école du WiFi, on pourrait se connecter par câble, y compris pour les iPad, à terme. »

« On est pour la modernité ET la réduction des impacts, c’est comme quand on a imposé les ceintures de sécurité dans les voitures », ajoute son collègue Denis Baupin.

La mutualisation des réseaux, c’est-à-dire la possibilité pour les opérateurs, de partager les antennes (effective depuis l’arrivée sur le marché de Free, qui loue le réseau d’Orange), est une autre piste pour réduire l’exposition des populations. René Dutrey, adjoint au Développement durable de Paris et élu du XIVe arrondissement, est persuadé que :

« C’est l’avenir, cela permettrait d’abaisser le seuil à 0,6 V/m, et les opérateurs y ont intérêt car ils savent que la concurrence ne se joue plus sur la couverture mais sur les services. »

Mais l’article prévoyant un réseau unique a lui aussi été supprimé en commission.

Finalement que restera-t-il de ce qui devait être la grande proposition de loi écologiste de l’année ? Quelques mesurettes comme :

  • la désactivation par défaut du WiFi,
  • l’indication de l’émission électromagnétique sur tout appareil qui émet des ondes,
  • une campagne de prévention sanitaire...

Bref, des broutilles. « Au moins, le débat aura été ouvert », se consolent des élus EELV.

 

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