Aux Pays-Bas, une perquisition a été menée dans une usine qui mélangeait de la viande de cheval et de boeuf et qui la revendait en faisant croire qu'il s'agissait d'une viande pure boeuf. On a également retrouvé du hachis parmentier censé être au boeuf mais contenant du cheval dans 47 écoles dans le Lancashire (nord-ouest de l'Angleterre) et des steaks hachés avec de la viande chevaline ont été fournis à des hôpitaux d'Irlande du Nord. L'Union européenne réagit face à ce scandale à grande échelle et approuve un plan de crise.
Une perquisition a été menée vendredi dans une usine du sud des Pays-Bas qui mélangeait viande de cheval et de boeuf avant de la revendre labellisée "pur boeuf", a indiqué le Parquet. Selon les éléments recueillis, "la société transformait des carcasses de chevaux en provenance des Pays-Bas et d'Irlande en morceaux de viande et les mélangeait à des morceaux de viande de boeuf", a indiqué le Parquet dans un communiqué. L'entreprise, dont le nom n'est pas cité dans le communiqué, revendait ensuite ces mélanges comme étant de la viande "pur boeuf".
"Il n'est pas encore clair s'il y a un lien avec les découvertes récentes de viande de cheval dans les hamburgers irlandais et les plats surgelés anglais", a souligné le parquet. Selon les médias néerlandais, il s'agirait de l'usine de la société Willy Selten, située dans la ville d'Oss. Sur son site internet, la société se décrit comme étant une "entreprise opérant au niveau international, spécialisée dans le désossement et la découpe de viande de boeuf", employant une centaine de personnes. Elle transforme de la viande importée de différents pays au sein de l'Union européenne et livre à des commerces de détail, aux grossistes en viande, aux bouchers et à l'industrie de transformation de viandes à travers l'Europe. La perquisition a été effectuée dans le cadre d'une enquête de grande ampleur menée par le Parquet, en collaboration avec l'organisme de surveillance de l'alimentation et de la consommation (NVWA) aux Pays-Bas. La société propriétaire de l'usine est soupçonnée de fraude et blanchiment d'argent, et des documents administratifs ont été saisis lors de la perquisition, selon la même source.
De la viande de cheval dans les cantines
Du hachis parmentier censé être au boeuf mais contenant du cheval a été livré à 47 écoles dans le Lancashire (nord-ouest de l'Angleterre) et des steaks hachés avec de la viande chevaline ont été fournis à des hôpitaux d'Irlande du Nord. L'Union européenne réagit face à ce scandale à grande échelle et approuve un plan de crise.
Un plat de "cottage pie" ou hachis parmentier, distribué dans les écoles du comté de Lancashire, a été testé positif à l'ADN de cheval, a déclaré Susie Charles, responsable des écoles au conseil local du comté de Lancashire. "Relativement peu d'écoles dans le Lancashire proposent ce plat, mais notre priorité est d'apporter l'assurance absolue que nos repas contiennent ce qui est écrit sur l'étiquette. Le fait que ce plat ne respectait pas cette règle nous a conduits, sans hésitation, à le retirer de nos menus", a-t-elle encore dit.
Dans le même temps en Irlande du Nord, des steaks hachés avec du cheval ont été livrés à des hôpitaux en Irlande du Nord, a indiqué vendredi l'entreprise chargée de fournir la viande aux établissements de santé dans cette région britannique. The Business Services Organisation (BSO) a indiqué qu'un lot fourni par une entreprise nord-irlandaise avait été retiré du circuit, sans préciser si une partie avait pu être consommée.
"Nous avons réagi immédiatement dès que nous avons eu l'information qu'il pouvait y avoir un problème de confiance, nous avons retiré les produits", a indiqué David Bingham du service médical du BSO. Enfin des pubs et hôtels du groupe Whitbread ont également reçu des plats présentant de l'ADN de cheval. Le groupe qui possède les chaînes Premier Inn, Beefeater Grill et Brewers Fayre, a précisé que les produits concernés ont été retirés des menus et ne seront pas remplacés tant que de nouveaux tests n'auront pas été effectués.
Le scandale européen de la viande de cheval faussement étiquetée concerne 750 tonnes de viande, 4,5 millions de plats frauduleux vendus dans 13 pays européens. En Belgique, les contrôles sont élargis à tout produit contenant de la viande hachée. Outre les supermarchés, les petits commerces et producteurs sont visités par des inspecteurs. L'Union européenne a approuvé le plan de lutte contre la crise de la viande de cheval qui prévoit une série de tests ADN dans les plats cuisinés censés contenir du boeuf. Ce plan va être mis en oeuvre "immédiatement", pour une durée initiale d'un mois, selon la Commission.
Les 27 Etats membres se sont mis d'accord pour procéder à environ 2.250 tests sur des plats préparés à base de boeuf pour vérifier s'ils contiennent du cheval. De 10 à 150 tests sont prévus dans chacun des pays de l'UE, en fonction de leur taille, "principalement au niveau des distributeurs, sur des produits alimentaires destinés au consommateurs final", indique la Commission.
Des tests seront aussi effectués sur la viande de cheval pour détecter la présence éventuelle de phénylbutazone, un anti-inflammatoire nocif pour la santé. Un échantillon sera prélevé par 50 tonnes de viande de cheval et chaque Etat effectuera au moins cinq contrôles.
L'opération sera co-financée à 75% par la Commission européenne et pourra être prolongée de deux mois si nécessaire. La publication des résultats est prévue le 15 avril, a précisé la présidence irlandaise de l'UE.
"Les consommateurs attendent de l'UE, des autorités nationales et de tous ceux qui sont impliqués dans la chaîne alimentaire qu'ils leur redonnent toute la confiance nécessaire concernant le contenu de leur assiette", a déclaré le commissaire européen à la Santé, Tonio Borg, cité dans le communiqué.
Le plan d'action avait été proposé mercredi par la Commission européenne à l'issue d'une réunion de crise avec huit pays concernés par le scandale, qui s'est répandu en Europe depuis la découverte le 8 février de viande hachée chevaline estampillé boeuf dans des lasagnes de la marque Findus vendues en Grande-Bretagne. Bruxelles avait alors recommandé de procéder à partir du 1er mars à 2.500 tests ADN sur des plats cuisinés, ainsi qu'à 4.000 tests de détection du phénylbutazone sur des carcasses de cheval.
"Selon les règles actuelles, le nom des produits qui suggéraient la présence de boeuf alors qu'ils contenaient également d'autres espèces de viande, était trompeur et contrevenait à la législation", a insisté l'exécutif européen.
Des traces de cheval dans des produits au boeuf, notamment des lasagnes, ont été récemment découvertes en Grande-Bretagne, France, Allemagne, Autriche, Norvège et Suisse. M. Borg, en déplacement à Athènes, a rappelé vendredi que le scandale relevait d'un problème d'étiquetage et ne représentait pas pour le moment une menace sanitaire. L'office européen de police, Europol, a été chargé de coordonner les enquêtes judiciaires menées dans plusieurs pays de l'UE.
• Spanghero coupable? Les autorités françaises ont accusé de "tromperie économique" la société agroalimentaire Spanghero, fournisseur de viande des surgelés Findus, au coeur du scandale et lui ont supprimé son agrément sanitaire, première sanction d'importance dans ce scandale qui s'étend en Europe. Spanghero, basé dans le sud-ouest de la France, savait qu'elle revendait comme viande de boeuf du cheval, moins cher, selon le ministre français de la Consommation, Benoît Hamon.
A savoir
Le scandale européen de la viande de cheval faussement étiquetée concerne 750 tonnes de viande qui ont servi à la fabrication de plus de 4,5 millions de plats frauduleux vendus dans 13 pays européens. Selon les autorités françaises, la société agroalimentaire française Spanghero, fournisseur de viande des surgelés Findus, a "réceptionné" durant six mois en pains de 25 kilos 750 tonnes de viande de cheval, "avec l'étiquette douanière" correspondant à de la viande de cheval comme l'ont montré les factures saisies entre un trader chypriote et la société française basée dans le sud-ouest. Sur ces 750 tonnes, 550 tonnes ont été livrées à l'usine luxembourgeoise de Comigel étiquetée "Viande boeuf origine UE", mais munie d'un code douanier signalant le cheval. Ces 550 tonnes ont alors servi à la fabrication de plus de 4,5 millions de produits frauduleux vendus par Comigel à au moins 28 entreprises dans 13 pays européens, selon la direction de la répression des fraudes.
"Ce trafic de viande durait depuis plusieurs mois" et portait sur plus de 750 tonnes, dont 550 tonnes livrées à la société française Comigel via la société Tavola, un sous-traitant qui fabrique les plats préparés et est situé au Luxembourg, a affirmé Benoît Hamon.
Ces 550 tonnes, dont l'origine reste encore très floue, ont servi à la fabrication de plus de 4,5 millions de produits frauduleux vendus par Comigel dans 13 pays européens à au moins 28 entreprises, dont Findus, selon l'agence française de la répression des fraudes. Pour sa défense, Comigel a affirmé jeudi que la "tromperie" était difficilement détectable.
♦ Spanghero dément: "Je ne sais pas qui" est à l'origine de la fraude "mais c'est forcément pas nous", a déclaré vendredi le patron de Spanghero, Barthélémy Aguerre, à la radio Europe 1. "J'ai été sidéré" par les accusations des autorités françaises, a-t-il dit.
Le panel des contrôles a été élargi en Belgique
Le panel des contrôles menés dans le cadre de l'affaire de la viande de cheval a été élargi en Belgique, a indiqué vendredi le SPF Economie. Les résultats des contrôles visant à détecter la présence ou non de viande de cheval dans des produits censés contenir du boeuf seront connus début de la semaine prochaine.
Des contrôles ont d'abord été menés sur des lasagnes avant d'être étendus aux produits de viande hachée. Les contrôles ne visaient dans un premier temps que les grandes surfaces avant de concerner aussi les petits magasins et les producteurs. Les résultats de ces contrôles devraient être connus début de la semaine prochaine, a précisé le SPF Economie.
Pour rappel, l'Union européenne a demandé à ses Etats membres de procéder à une campagne de 2.500 tests ADN sur les plats de boeuf et a demandé de réaliser quelque 4.000 contrôles pour détecter la présence éventuelle de phénylbutazone.
Premières arrestations
Cet énorme scandale, qui révèle la complexité commerciale du circuit de la viande, a débouché jeudi sur des premières interpellations, au Royaume-Uni.
Express
DANS LES TORTELLONI AUSSI
Ce vendredi, c'est en Norvège que la présence de viande de cheval dans des lasagnes a été confirmée. Et en Autriche, des traces de viande de cheval non déclarée ont été trouvées dans des "tortelloni viande de boeuf" de l'industriel allemand Gusto GmbH.
Trois hommes soupçonnés de fraude ont été arrêtés: deux dans l'usine galloise de Farmbox Meats et un dans l'abattoir anglais de Peter Boddy, des établissements qui avaient été perquisitionnés mardi.
Selon l'Agence britannique de sécurité alimentaire (FSA), l'abattoir a fourni des carcasses de chevaux à l'usine de Farmbox Meats. La police n'a pas précisé exactement les soupçons qui pèsent sur les trois hommes.
De l'anti-douleur nocif pour la santé
Plus tôt jeudi, le scandale avait pris une dimension sanitaire, au vu de tests effectués au Royaume-Uni. Six carcasses de chevaux abattus dans le pays et contenant des traces de phenylbutazone, un anti-douleur proscrit dans l'alimentation, ont été envoyées en France et sont "peut-être entrées dans la chaîne alimentaire", ont affirmé les autorités britanniques.
En bref
En Belgique, c'est l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA)qui est chargée de mener des contrôles visant à détecter la présence ou non de phénylbutazone, qui rendrait la viande impropre à la consommation.
Le ministère de la Santé s'est cependant voulu rassurant, estimant que la viande en question représentait un "très faible risque pour la santé humaine". Aux niveaux auxquels la phenylbutazone a été décelée, "une personne devrait manger 500 à 600 hamburgers par jour, composés à 100% de viande de cheval, pour se rapprocher de la dose quotidienne limite pour l'homme", a assuré le ministère.
• L'anti-douleur n'a en revanche pas été détecté dans les produits Findus.