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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 18:25

 

Rue89 - Bonnes feuilles 12/03/2013 à 11h33
Catherine Le Gall | journaliste
Nicolas Cori | Journaliste

 

 

En mai 2012, la Société de gestion immobilière du Nord-Pas-de-Calais (Soginorpa) se fait un nom. Son dirigeant, Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin et tout puissant patron de la fédération socialiste du Pas-de-Calais, se retrouve au cœur d’une enquête pour abus de biens sociaux. Il est accusé d’avoir utilisé la carte bancaire de l’établissement à des fins personnelles, notamment pour payer des notes de restaurant. Le préjudice serait de 50 000 euros.

 

Making of
Comment des hôpitaux, des communes, voire des bailleurs sociaux ont-ils pu dès les années 1990 se lancer dans une spéculation folle pour se financer, qui les laisse aujourd’hui endettés ? Les journalistes Catherine Le Gall et Nicolas Cori ont mené l’enquête. Au coeur du système : la banque Dexia, en qui les acteurs locaux avaient toute confiance et qui leur a proposé des emprunts dits « toxiques ». Voici un extrait de leur livre « Dexia, une banque toxique », qui sort le 14 mars 2013. Elsa Fayner

Le Parti socialiste décide alors de retirer l’investiture de Kucheida pour les élections législatives de juin, et présente un autre candidat, plus jeune et sans casseroles. Le maire de Liévin se maintient (en se présentant sans étiquette), mais il ne passera pas le premier tour. En octobre 2012, il est placé en garde à vue et renvoyé devant un tribunal correctionnel : un procès doit se tenir en avril 2013.

Déchu pour 50 000 euros. Kucheida doit trouver cela dérisoire. Car l’intéressé est responsable de pertes beaucoup plus importantes au détriment de la Soginorpa. Sous sa présidence, l’organisme s’est lancé dans une stratégie spéculative de grande envergure.

Au départ, y avait les corons


Vue des corons à Haillicourt, dans le Nord-Pas-de-Calais (Steve-c-Foto/Flickr/CC)

 

Tout commence en 2002, quand Kucheida obtient la gestion des 62 000 logements de mineurs, les anciens « corons » construits par les houillères du Nord-Pas-de-Calais. Jusque-là, c’était les Charbonnages de France (à travers leur filiale Soginorpa) qui s’en occupaient. Mais les Charbonnages s’apprêtant à fermer leurs portes, il a fallu leur trouver un remplaçant.

A l’initiative de Kucheida, une loi a été votée permettant la création de l’Epinorpa (Etablissement public immobilier du Nord-Pas-de-Calais), dont il prend la présidence. En 2002, l’Epinorpa rachète donc la Soginorpa.

Dès lors, Kucheida a la folie des grandeurs. Il lance un vaste programme de réhabilitation des logements, mais sans augmenter significativement les loyers. De 2002 à 2008, les dépenses de la société sont en hausse de 140%, passant de 75 à 178 millions d’euros, essentiellement financées par de l’endettement (qui décolle pendant la période, de 195 à 491 millions d’euros).

Pour diminuer les frais financiers, l’Epinorpa et la Soginorpa font de la « gestion active de sa dette » et contractent plusieurs dizaines de swaps auprès de Calyon (aujourd’hui CA CIB), Deutsche Bank, ABN Amro, Société générale et Natixis, pour se couvrir contre la variation des taux d’intérêt.

Les swaps, ce sont des opérations financières qui consistent en un échange de flux financiers entre deux contreparties, selon un échéancier fixé à l’avance. Certains sont indexés sur des produits de pente ou de change, d’autres sur des indices « propriétaires », c’est-à-dire concoctés par les banques et donc non transparents.

Le bailleur social joue en Bourse

Les emprunts toxiques et le logement social

CLF Finance commence à s’intéresser aux organismes de logement social en 1997. Le secteur fait l’objet d’un démarchage actif, qui se traduit dans les comptes de la filiale. De 1998 à 2003, les ventes d’emprunts financiers complexes au monde du logement social passent de 3% à 7%.

En 2004, le secteur se met à intéresser toutes les banques : le gouvernement décide de ne plus fixer seul le taux du Livret A, mais de le calculer à partir de l’Euribor trois mois et du niveau de l’inflation. Les taux se rapprochent de ceux pratiqués sur les marchés et l’offre des banques devient plus compétitive.

Les établissements inventent alors des produits qu’ils vendent comme des protections contre une hausse du Livret A.

Plus étonnant, la Soginorpa décide – à l’instar d’un petit porteur lambda – de jouer en Bourse avec une partie des sommes empruntées. Au lieu de placer ses excédents de trésorerie en achetant des bons du Trésor, elle confie son argent à cinq gestionnaires spécialisés, qui achètent des actions, des obligations d’entreprise et des parts de fonds communs de placements (FCP).

La Chambre régionale des comptes fait le calcul :

« De 2002 à 2008, le montant des placements en valeurs mobilières détenues par Soginorpa n’a cessé de croître, passant de 142 millions d’euros en 2002 à plus de 409 millions en 2008. »

Une stratégie très risquée qui est critiquée par plusieurs cabinets de conseil, dont celui de Michel Klopfer :

« Trois rapports adressés à Soginorpa ont été établis : deux ont été rédigés par des cabinets d’experts financiers indépendants et le troisième par les commissaires aux comptes, raconte la chambre régionale des comptes. Dès novembre 2005, une expertise qualifiait cette gestion d’“extrêmement risquée” et mettait en garde contre la possible tentation d’accroître encore la prise de risques afin de maintenir un niveau de rémunération élevé. »

Mais la direction de la Soginorpa fait la sourde oreille. Un expert-comptable, auteur d’un rapport pour le comité d’entreprise, explique :

« Les gains financiers importants des premières années ont conforté la présidence dans ses choix de gestion active de la dette, alors même que cette dernière a reconnu dans différents procès-verbaux ne pas tout comprendre du mécanisme financier des swaps spéculatifs. »

Près de 200 millions de perte au total

Son rapport met en exergue une absence totale de gouvernance au sein de l’établissement :

« Tout le pouvoir effectif est concentré entre les mains du président, qui en délègue une partie à la direction générale de Soginorpa. La concentration des pouvoirs entre les mains du président et de la direction générale est telle, et le contrôle du conseil d’administration est si formel mais en réalité si faible et inféodé, qu’aucun encadrement institutionnel ne semble exister en face. »

Au final, la stratégie se révèle doublement perdante quand, après la crise des subprimes, les marchés d’actions commencent à plonger. De 2009 à 2010, les swaps sont perdants de 54 millions d’euros. Et la Chambre régionale des comptes estime à 119 millions les pertes supplémentaires à venir.

Si rien n’est fait, une crise de trésorerie est inévitable d’ici à 2014. Une seule solution s’impose pour se tirer de cette impasse : mettre à contribution les pouvoirs publics.

 

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 17:28

 

 

Rue89 - Ctrl+C - Ctrl+V 08/03/2013 à 17h54
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

 

Nul n’est dupe quant à l’influence des lobbies privés sur certaines décisions politiques, a fortiori lorsqu’elles se prennent à Bruxelles. Le site d’open data LobbyPlag a décidé de laisser les spéculations de côté pour apporter des preuves tangibles.

Leur idée : comparer les amendements au projet de loi relatif à la protection des données et les recommandations qu’ont transmis les lobbyistes aux députés.

Les résultats sont édifiants : certains amendements ne se contentent pas de s’inspirer des rapport des entreprises privées, mais vont jusqu’à faire littéralement un « copier-coller ». Des dizaines d’amendements ont ainsi été passés au crible par le site et les internautes zélés.



Capture d’écran de l’outil comparatif de LobbyPlag

 

Eva Lichtenberg, députée verte, 60% de copier-coller

Le portail offre toute une interface permettant à l’internaute de s’informer et comparer :

  • des résumés sur les amendements et leurs implications ;
  • les propositions des lobbies rendues publiques grâce à des sites tiers (La Quadrature du Net, Dataskydds...) ;
  • un outil comparatif ;
  • les députés ayant pris part à leur rédaction, avec une fiche sur chacun d’eux et leur ratio d’amendements proposés présentant du contenu provenant des lobbies.

La palme du copier-coller revient ainsi à Eva Lichtenberg, députée autrichienne affiliée au groupe des Verts, et son impressionnant ratio de 60% (15 amendements sur 25 en partie dictés par les lobbies).

Amelia Andersdotter, députée suédoise du même groupe, pourrait aussi figurer sur le podium, avec un ratio de 22,89% et surtout ses 65 amendements sur 285.

 


Capture d’écran des ratios des députés européens par LobbyPlag

 

Amazon, eBay, Apple...

Richard Gutjahr, Marcos Maas et Sebastian Vollnhals, les trois fondateurs du site, on décidé de porter leur enquête exclusivement sur ce projet de loi relatif à la protection des données des citoyens européens, qui prévoit de renforcer et moderniser le cadre juridique de la protection des données personnelles et de la vie privée. Le texte définitif devrait être adopté en 2014 et entrer en vigueur deux ans plus tard.

Le texte y est découpé et présenté partie par partie, avec les amendements proposés et un compteur notifiant le nombre de ces amendements présentant des propositions de lobbies. Le « recital 34 », par exemple, présente à lui seul 9 de ces propositions sur les 9 amendements proposés.

Si la forme et la méthode peuvent faire grincer des dents, l’influence des lobbies n’est pas toujours choquante d’un point de vue moral. Les deux députées vertes Eva Lichtenberg et Amelia Andersdotter, ont repris les propositions et paragraphes de deux lobbies de défense des droits sur Internet (Digital Civil Rights in Europe et Bits of Freedom).

D’autres, en revanche, font peuvent faire tiquer :

  • Amazon : 10 amendements (179, 210, 333, 334, 336, 263, 261, 624, 625, 626) ;
  • eBay : 5 amendements (180, 210, 151, 152, 399) ;
  • Chambre américaine de commerce : 16 amendements (171, 108, 109, 111, 421, 408, 871, 872, 422, 409, 304, 305, 387, 294, 219, 525) ;
  • Fédération européenne des banques (EBF) : 15 amendements (186, 188, 191, 408, 741, 392, 393, 304, 305, 387, 231, 182, 183, 127, 128) ;
  • DigitalEurope (Apple, Microsoft, Samsung...) : 6 amendements (421, 408, 871, 872, 422, 409).

Bruxelles, un « service de reprographie »

Banques, assurances et multinationales (Google, Facebook, Microsoft, Apple, Amazon, Ebay...) figurent donc parmi les acteurs du secteur privé les plus influents. Et leurs propositions sont reprises dans les secteurs les plus stratégiques : réduction des pénalités pour infractions, réduire la marge de manœuvre des ONG, limiter l’influence du contrôleur public ou encore limiter le champs d’application de la loi.

Devant ce constat accablant, Richard Gutjahr ne mâche pas ses mots : pour lui, Bruxelles n’est qu’un « service de reprographie ».

Cette proximité entre députés et lobbies est tellement normalisée que les lobbyistes vont jusqu’à formuler leurs recommandations sous format Word (et non PDF, le format professionnel par excellence), avec des polices et tailles de caractère ad hoc pour faciliter la manipulation « copier-coller ».

 

 

Appel au soutien citoyen de LobbyPlag

 

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 16:55

 

 

LE MONDE | 08.03.2013 à 12h19 • Mis à jour le 08.03.2013 à 13h50 Par Paul Benkimoun et Audrey Garric


Capture d'écran du site d'Ikea qui présente la tarte "chokladkrokant".

Le coup est rude pour Ikea, dans un contexte marqué par le scandale alimentaire de la viande de cheval. Un peu plus de 6 000 parts de tartes au chocolat, potentiellement contaminées par des bactéries coliformes, ont été commercialisées en France par l'entreprise suédoise. Ces bactéries indiquent une contamination fécale et signalent la présence possible de pathogènes plus dangereux encore. Les tartes suspectes ont été consommées en novembre et en décembre 2012 dans des cafétérias des magasins de l'Hexagone.

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui enquête sur le dossier, a réalisé un contrôle chez Ikea France afin de vérifier l'efficacité du système d'auto-contrôle mis en place par l'entreprise. Elle a aussi procédé, jeudi 7 mars, à des prélèvements dans des cafétérias de plusieurs enseignes Ikea en France. Les résultats des analyses bactériologiques seront connus la semaine prochaine. 

"Les lots potentiellement contaminés ayant tous été consommés, les prélèvements ont été réalisés sur d'autres séries de ces produits, explique la DGCCRF. Il s'agit de dire s'il y a eu contamination. Ce qui est sûr, c'est que tous les lots n'ont pas été contaminés."


"NIVEAU EXCESSIF DE BACTÉRIES COLIFORMES"

Tout commence en Chine en novembre 2012, quand les douanes du port de Shanghaï trouvent "un niveau excessif de bactéries coliformes" dans des Chokladkrokant ("Croquants au chocolat"), des tartes aux amandes avec du chocolat, de la crème au beurre et du caramel importées par Ikea Shanghaï. Le mois suivant, les autorités sanitaires chinoises détruisent 1 800 gâteaux.

Mardi 5 mars, Ikea annonce qu'il retire de ses cafétérias dans 23 pays tous les gâteaux du même lot, fabriqués par son unique fournisseur pour ce plat, l'entreprise suédoise Almondy. Les tartes, coupées en 12 parts et emballées par paquets de 6, étaient envoyées depuis la Suède dans tous les magasins Ikea du monde – à l'exception des enseignes suédoises du groupe, qui ne proposent pas ce dessert. Les tartes possédaient une date limite d'utilisation optimale courant jusqu'à 2014.

Les bactéries coliformes se retrouvent fréquemment dans l'environnement et dans les intestins des mammifères. Généralement, elles n'entraînent pas de maladie, en dehors de certains membres de la famille des Escherichia coli, notamment la bactérie 0157 : H7, responsable d'intoxications avec de la viande de boeuf haché, ou la O104 : H4, en cause dans l'épidémie de gastro-entérite et, plus grave, de "syndrome hémorragique et urémique", liée à des graines germées qui a touché l'Europe en 2011.

Les troubles éventuels prennent la forme d'une gastro-entérite (diarrhée, vomissements), accompagnée de fièvre et de douleurs abdominales. Dans les cas des tartes d'Ikea, l'affaire ne se traduit pas par ce type de problèmes de santé humaine, précise le docteur Simon Le Hello, directeur adjoint du centre national de références de E. coli, salmonelles et shiguelles à l'Institut Pasteur.

 

SAUCISSES CONTENANT DES TRACES DE CHEVAL

Les contrôles effectués sur les aliments se font sur des échantillons prélevés de manière aléatoire au sein d'un lot. "Si l'échantillon comporte des bactéries pathogènes, on considère que le lot est potentiellement contaminé", explique Gilles Salvat, directeur du laboratoire de l'Anses à Ploufragan-Plouzané (Côtes-d'Armor).

Pour l'instant, aucune information n'a été donnée sur le type de bactérie coliforme retrouvée dans des tartelettes commercialisées par Ikea, ni sur le moment lors duquel cette contamination s'est produite. Elle a théoriquement pu survenir lors de la fabrication, du conditionnement, du transport, voire lors de sa réception en Chine. Cependant, "s'agissant d'aliments ayant subi une cuisson au four, la contamination est vraisemblablement postérieure à cette étape", estime le docteur François-Xavier Weill, responsable de l'unité des bactéries pathogènes entériques à l'Institut Pasteur.

Ikea précise que son fournisseur a testé le lot incriminé, sans trouver la présence d'E. coli ou de bactérie intestinale. Mais l'affaire tombe mal pour le groupe suédois. Fin février et début mars, il a dû retirer de la vente dans 25 pays des boulettes de viande après la découverte de viande de cheval qui n'était pas mentionnée sur l'étiquette.

Jeudi 7 mars, ce sont des saucisses contenant des traces de cheval qui ont été retirées de la vente en Russie. Des découvertes qui pourraient porter préjudice au groupe, alors que l'alimentation a représenté 4,7 % de son chiffre d'affaires en 2012, avec des ventes s'élevant à 1,3 milliard d'euros.

Paul Benkimoun et Audrey Garric

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 17:23

 

 

Rue89 - Arrêt sur images 07/03/2013 à 09h49
Arretsurimages.net"
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images
 

Tiens tiens ! Le Canard enchaîné nous en apprenait hier une bien bonne. Le médiateur choisi par l’Etat, dans les difficiles négociations entre les éditeurs de presse et Google, le dénommé Marc Schwartz, par ailleurs patron du cabinet d’avocats d’affaires Mazars (si vous avez manqué des épisodes, regardez donc notre émission avec Fleur Pellerin), a envoyé sa facture. 450 000 euros, à répartir entre l’Etat, les éditeurs de presse et Google, soit un tarif d’environ 9 000 euros par jour.

Mais la cocasserie principale, celle qui fait le bonheur du matinaute, est ailleurs. Tout à fait logiquement, le matinaute se rend sur son moteur de recherche préféré et y tape le nom de Marc Schwartz, pour apprendre ce que pense la presse de cette info du Canard enchaîné. Ô surprise... pas une occurrence d’un grand média sur la nouvelle.

Ni L’Obs (pourtant en pointe dans le dossier), ni Le Figaro, ni Libé, ni Le Monde, pour ne prendre qu’eux, ne l’ont donc relayée. On ne peut pas penser un seul instant que ces respectables journaux auraient craint de déplaire au dénommé Marc Schwartz, pressenti pour présider la commission qui distribuera le pactole de 60 millions d’euros (combien facturera-t-il la présidence de cette commission, l’histoire ne le dit pas).

Il faut donc en déduire que Google, dans la nuit, a modifié son algorithme, pour faire descendre les références aux enquêtes de la presse, très bas dans les résultats de recherches. Diaboliques Américains.

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 16:03

 

telerama.fr

 

Documentaire | La série documentaire “Les Dessous de la mondialisation” s'intéresse à l'élevage porcin en Roumanie. Entretien avec la réalisatrice Marie-Pierre Camus.

 

Le 07/03/2013 à 00h00 - Mis à jour le 07/03/2013 à 17h01
Virginie Félix


 

 

 Image extraite de l'épisode Roumanie, éleveurs porcins à terre , de la série documentaire “Les Dessous de la mondialisation” .

Image extraite de l'épisode Roumanie, éleveurs porcins à terre, de la série documentaire “Les Dessous de la mondialisation”.

 

 

Qui se cache derrière le très franchouillard Justin Bridou ? Une multinationale de l'agroalimentaire nommée Smithfield food… Smithfield, un « king » du cochon qui possède aussi les marques Aoste, Cochonou ou Jean Caby… Un ogre à l'appétit féroce qui n'en finit pas de se tailler des côtelettes sur le marché mondial du porc, comme l'illustre une enquête diffusée ce jeudi 7 mars 2013 à 22h30 sur Public Sénat, qui retrace l'implantation du groupe en Roumanie depuis 2004 et ses effets désastreux sur les producteurs locaux.

Méthodes de production industrielles intensives, petits éleveurs mis à genoux, pollution des nappes phréatiques… Un tableau sombre dont on avait déjà eu un aperçu dans le remarquable documentaire de Frédéric Brunnquell, Nos vies discount (diffusé le 29 janvier dernier sur France 2) qui levait un coin du voile sur les pratiques du géant. Et que vient éclairer à son tour Roumanie, éleveurs porcins à terre (cinquième volet de la série que Public Sénat consacre aux Dessous de la mondialisation). Un film où se télescopent problématiques économiques, enjeux écologiques. Sans oublier la question, très de saison, des origines toujours plus floues des produits industriels que nous mangeons. Explications de la réalisatrice, Marie-Pierre Camus.

“Aux Etats-unis, le groupe Smithfield Food
a écopé de la plus grosse amende
pour pollution jamais donnée.”

Qu'est ce qui vous a amenée à mettre le nez dans les élevages de porcs roumains ?
D'abord l'envie, avant même qu'éclate le scandale autour de la viande de cheval (puisque notre film a été tourné fin janvier), de m'intéresser à l'industrialisation d'une filière alimentaire en Europe, sous l'effet de l'intrusion d'un grand groupe multinational. Et puis, l'histoire de Smithfield me paraissait très intéressante à raconter. C'est un énorme groupe, le premier producteur de porc mondial.

Un groupe initialement implanté aux Etats-unis, où il a écopé de la plus grosse amende pour pollution jamais donnée (9,4 millions d'euros), parce qu'il produisait dans des conditions désastreuses pour l'environnement. Smithfield s'est ensuite implanté au Mexique, puis en Pologne où il a racheté Animex, une ancienne structure d'Etat. Et donc en Roumanie, où il a commencé par racheter Comtim, ancien complexe d'Etat sous l'ère communiste, qui comprenait des fermes, des abattoirs et une chaîne de distribution.

La Roumanie a toujours été une très grosse productrice de porcs, pour sa consommation et pour l'exportation. Smithfield y a racheté ferme sur ferme, il en possède aujourd'hui plus de cinquante, et détient aussi l'un des plus gros abattoirs du pays. Sa stratégie est de maîtriser toute la chaîne, de l'élevage à la distribution. Stratégie illustrée aussi par le rachat récent de Campofrio, groupe espagnol leader européeen de la charcuterie et propriétaire des marques Justin Bridou, Aoste, Cochonou, Jean Caby, que l'on trouve dans nos supermarchés en France.

Vous vouliez montrer comment une firme met la main sur tout un pan de l'économie locale et la transforme ?
Absolument. Aujourd'hui, moins de dix ans après son arrivée, en 2004, Smithfield, détient 75 % de la production des porcs en Roumanie. Il s'est installé dans un pays où la main-d'œuvre n'était pas chère (un ouvrier roumain est payé 2 euros de l'heure, 150 euros par mois) et où toutes les structures d'Etat existaient déjà car le pays a toujours produit du porc. Il a racheté des fermes, et les a modernisées en touchant des subventions de l'Europe et de l'Etat roumain. Il vend son porc à des tarifs imbattables avec lesquels les petits éleveurs ne peuvent pas rivaliser.

 

 

En outre, en 2007, les fermes de Smithfield ont été frappées par une épidémie de peste porcine, et ont subi une interdiction d'exportation vers l'Europe qui a duré jusqu'à janvier 2012. Pendant tout ce temps, ils ont exporté ailleurs et surtout pris énormément de parts de marché sur le marché national roumain. En quelques années, le pays est passé de 470 000 à 50 000 éleveurs, c'est un effondrement total.

 

 

Quelles sont méthodes de production de Smithfield ?
Pour commencer, il faut savoir que chez Smithfield, il y a une opacité totale. On ne peut pas filmer dans ses fermes, on ne peut pas les approcher, on ne peut pas faire d'interview. Les informations sont très difficiles à obtenir sur le terrain car les salariés sont soumis à des clauses de confidentialité, même une fois qu'ils ont quitté l'entreprise. Ils vivent aussi dans la crainte de représailles pour leur famille ou leurs proches car Smithfield est un employeur important de la région.

Notre enquête nous a quand même permis de découvrir que dans une ferme qui comprend environ 8 000 porcs, il n'y a que quatre employés. Tout est mécanisé. A l'époque où Comtim appartenait à l'Etat, 30 000 personnes y travaillaient. Aujourd'hui, Smithfield, qui a racheté non seulement Comtim mais aussi cinquante fermes, n'a plus que 2 000 employés dans toute la Roumanie. Son implantation n'a pas été génératrice d'emplois, ce qui était pourtant un des espoirs lors de l'arrivée du groupe.

Par ailleurs, les cochons élevés par Smithfield sont des hybrides, des races que l'on mélange pour obtenir des bêtes qui engraisseront le plus rapidement possible. Chez Smithfield, on abat les porcs à 6 mois. Dans des bonnes conditions d'élevage, il faut entre dix et seize mois pour « faire » un cochon du même poids. C'est du simple au double. Ce sont des cochons qui arrivent à grossir très vite parce que leur chair retient l'eau. Ils sont nourris avec du soja OGM. Comme toute l'agroalimentaire industrielle, ils reçoivent une grande quantité de traitements médicamenteux pour satisfaire les normes sanitaires européennes.

Aujourd'hui, Smithfield est en train de s'implanter de la même manière en Chine et en Afrique où il fait exporter ses porcs hybrides, les mêmes que ceux qui sont élevés en Roumanie. Là aussi, il est en train de dézinguer l'économie locale. Elever un porc sur seize mois coûte forcément plus cher en fourrage qu'un porc élevé en batterie de manière mécanique et à grande vitesse.

 

“On sait que l'industrie porcine est
extrêmement polluante […]

La population locale ne peut plus boire l'eau.”


L'implantation de Smithfield est également lourde de conséquences écologiques…
On sait que l'industrie porcine est extrêmement polluante… Le problème de ces immenses fermes industrielles, c'est qu'elles ont énormément de déjections à éliminer, qu'elles épandent, via des sous-traitants, sur les terrains autour, au détriment de la population locale, qui ne peut plus boire l'eau, et des producteurs agricoles, qui voient leurs terres souillées.

La loi roumaine prévoit des contrôles de la pollution des sols par les autorités locales… Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ces contrôles ne sont pas extrêmement réguliers, il y a un peu de négligence de la part de tout le monde… Les rares contrôles ont permis de mesurer que les nappes phréatiques sont touchées et qu'il y a des traces de nitrites dans les urines des habitants des villages alentours. Le problème est grave.

 

Votre film soulève aussi une question dans l'air du temps : celle de la traçabilité et des circuits toujours plus complexes de la chaîne alimentaire. Peut-on penser que les produits vendus en France par le groupe proviennent de ces fermes roumaines ?

Aujourd'hui, dans l'état actuel de la législation, il impossible de connaître l'origine de la viande qui compose les produits. Il suffit que la dernière étape de transformation (l'emballage par exemple) ait lieu en France pour que le produit soit labellisé NF. Moi, en tant que consommatrice, quand je lis NF sur une étiquette, je pense que la viande est issue d'un animal élevé et abattu en France. Rien ne l'assure. Quand on achète un saucisson Justin Bridou aujourd'hui, par exemple, on n'a aucun moyen de savoir précisément d'où proviennent les produits à l'intérieur.

Il n'est pas question de porter l'accusation seulement sur Smithfield. En France aussi, on produit du cochon de manière industrielle… Mais on a le droit de savoir d'où proviennent les produits que l'on consomme. Et ça, la réglementation actuelle ne le permet pas…

On peut espérer que cela change rapidement, au vu des récents scandales. De nombreux députés demandent que sur n'importe quel produit soient indiqués l'origine de la bête, le lieu d'abattage et de transformation du produit. Si on y arrive, ça aura peut-être aussi des retentissements dans les autres pays, ça va peut être remettre au goût du jour des manières plus traditionnelles d'élever. Redonner un poids à une production plus traditionnelle, un respect du temps nécessaire. Que ce soit moins l'argent qui gouverne.

A voir

Roumanie, éleveurs porcins à terre, jeudi 7 mars à 18h00 sur La Chaîne parlementaire.

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 15:06

 

 

 

Lire aussi

La multinationale Vinci ne gagne certes pas encore beaucoup d'argent avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, encore à l'état de projet, mais en gagne déjà avec l’aéroport de Nantes. En vertu du contrat de concession signé le 31 décembre 2010, le no 1 mondial de la concession a obtenu la charge du « développement, renouvellement, entretien et exploitation » de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, jusqu’au transfert de ses activités au nouvel aérogare, aujourd’hui si décrié.

Beaucoup moins médiatisée, cette clause du contrat s’avère juteuse pour le no1 mondial de la concession, comme le révèlent ses derniers résultats d’activité. En 2012, l’aérogare de Nantes-Atlantique a généré au total 155 millions d’euros de flux financiers. C’est « l’impact direct » mesuré par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nantes-Saint-Nazaire, dans une étude qu’elle vient tout juste de finaliser (dont la synthèse est à lire en cliquant ici).

Pas mal pour le 8e aéroport français en terme de fréquentation, en 2009 (selon la DGAC, voir ici son rapport), derrière Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux ! Ces 155 millions d’euros proviennent de l’activité cumulée du concessionnaire – Aéroport du grand ouest (AGO), filiale de Vinci à 85 % –, des services d’État, des sous-traitants, des compagnies aériennes, des services aux compagnies, des commerces et services de l’aérogare, du transit et du fret. Tout cet argent ne revient pas à Vinci. Mais il en touche une partie, par le biais d’AGO, mais aussi de la gestion des parkings.

 

Destinations aériennes au départ de Nantes. 
Destinations aériennes au départ de Nantes.

 

L'aéroport ne dévoile pas la répartition de ces 155 millions d'euros. En revanche, la consultation des comptes de son concessionnaire est très instructive. En 2011, pour la première année de sa gestion de Nantes-Atlantique, AGO a réalisé un chiffre d’affaires de 49 millions d’euros, et 15 millions d’euros de bénéfices (Ebitda). La marge bénéficiaire monte à 18 millions d’euros si l’on en retire les opérations engagées sur le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les principales ressources pour Vinci sont les redevances des services publics aéroportuaires (15,9 millions), les taxes d’aéroports (12,4 millions) et les tarifs de parking de voitures (11,3 millions).

En 2012, le trafic passagers de Nantes-Atlantique a progressé de 12 %. Depuis 2004, leur nombre a quasiment doublé, passant de 1,9 million à 3,6, selon l’étude d’impact de la CCI. Le nombre moyen de passagers par avion a bondi de 44 en 2004 à 71 en 2012. Ce développement s’explique par l’essor des vols des compagnies low cost (28 % du trafic de l’aéroport en 2012) et l’accueil de compagnies basées sur l’aérogare, et non plus seulement opératrices de vols décollant d’ailleurs. « C’est le plus grand changement, un avion “basé” représente en moyenne 7 destinations par jour », explique Jean-François Gendron, président de la CCI, actionnaire minoritaire d’AGO et ancienne gestionnaire de l’aéroport. Il souligne la continuité de gestion entre la CCI et Vinci : même personnel, même stratégie commerciale. À une inquiétude près, révélatrice de l’écart entre les intérêts financiers du concessionnaire et ceux de ses clients : « Il va falloir arrêter la hausse des prix de parking, nous sommes vigilants pour éviter les dérives des pratiques tarifaires. »

Un préjudice tout relatif

À qui profite ce développement ? L’étude d’impact de la CCI estime à 205 millions d’euros les effets indirects de l’aérogare (l’argent dépensé par les voyageurs qui passent au moins une nuit sur place) en 2012 et à 720 millions les effets induits (les dépenses réalisées par les bénéficiaires de ces dépenses). Ce dernier type de calcul est regardé avec suspicion par les économistes car il reste très approximatif.

Le bilan en termes de créations d’emplois est lui clairement décevant : elles ne progressent que de 13,4 % sur la période étudiée, alors que le nombre de passagers augmente de 87 %. C’est l’effet des low cost, qui emploient peu de salariés, et des nouveaux modes d’enregistrement en ligne qui rend superflue la présence de personnels. De plus, les activités commerciales et de services aux passagers « ne se sont que très peu développées » au regard de la croissance du trafic, du fait du manque d’espace. Si bien que le concessionnaire et les compagnies aériennes semblent bien être les principaux bénéficiaires de cet essor d’activité.

Qu’en conclure ? Que les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes vont un peu vite quand ils en font le symbole d’un modèle économique en décrépitude. Au contraire, tout en étant sensible aux cycles financiers et aux événements internationaux (11 Septembre, Eyjafjöll...), l’activité aéroportuaire se développe localement. Cet essor n’est pas compatible avec la lutte contre le changement climatique, qui passe par la réduction de nos émissions de CO2, ni avec la préservation des terres agricoles. Mais en termes purement quantitativistes, en passagers transportés et en euros générés, il est bien réel. À ce titre, le bilan de Nantes-Atlantique, dans une ville à deux heures de TGV de Paris, devrait être un sujet de premier choix pour le débat national sur la transition énergétique, censé ouvrir la voie vers une mobilité soutenable, moins polluante.

Il apparaît aussi que les comptes de la concession sont jusqu’ici favorables à Vinci. Le groupe a peu dépensé : à peine 3 millions d’euros d’investissements en 2011 dans l’actuel aérogare et celui de Saint-Nazaire (également couvert par le contrat). Un peu plus pour Notre-Dame-des-Landes : 5,5 millions d’acquisition de terrains auprès du conseil général, 2 millions d’engagements à verser des indemnités d’éviction partielle d’habitants, 700 000 euros de droits de délaissement, 265 000 d’acquisition d’autres terrains...  Soit environ 11,5 millions d’euros, comme l’indique le bilan financier d’AGO. Dans le même temps, le groupe a d’ores et déjà touché 12,5 millions de subventions de l’État et des collectivités locales. En les additionnant à sa marge bénéficiaire de 2011, cela représente donc environ 19 millions d’euros encaissés par la multinationale.

Si le gouvernement décide de suspendre le projet de Notre-Dame-des-Landes, il peut être rassuré sur ce point : notre fleuron national du BTP est d’ores et déjà bénéficiaire de l’opération. La notion de préjudice que pourra brandir le groupe sera donc toute relative.

 

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 14:53

 

Marianne - Mercredi 6 Mars 2013 à 09:36

 

Périco Légasse - Marianne

 

Le géant suédois du meuble a annoncé le 5 mars qu’il retirait de ses cafétérias des tartes montrant des traces de contamination fécale suite à des analyses effectuées par les services sanitaires chinois.

 

JOHANNES CLERIS/AP/SIPA
JOHANNES CLERIS/AP/SIPA
« C’est de la merde ! » On se souvient encore du célèbre coup de gueule de Jean-Pierre Coffe (avant que notre hussard du goût juste ne vende son âme pour un plat de lentilles Leader Price) balançant en direct une tranche de jambon chimique à travers un plateau de télévision. Bien sûr, la formule était au sens figuré, car si la salaison était en effet saturée de saloperies, elle ne contenait rien de fécal.
 
Eh bien, de la merde, on en a trouvé pour de vrai, cette fois-ci, dans des tartes industrielles au chocolat vendues dans les magasins Ikea. Le géant suédois du meuble a en effet annoncé le 5 mars qu’il retirait de ses cafétérias des tartes montrant des traces de contamination fécale suite à des analyses effectuées par les services sanitaires chinois. Ayant procédé à la destruction d’un lot de 1800 pâtisseries à base d’amandes, de chocolat, de crème au beurre et de caramel, intitulées « choklad-krokant », les douanes du port de Shangai ont signalé que les tartes contenaient « un niveau excessif de bactéries coliformes ».

 

Et ça continue… des matières fécales dans la tarte Ikea !

 

Fabriquées par la société suédoise Almondy pour le compte d’Ikea, ces tartes étaient distribuées dans 23 pays. On réalise l’ampleur du problème quand un industriel de l’ameublement s’adresse à un industriel de la pâtisserie pour fournir ses magasins à travers le monde. L’image est aussi forte que le symbole. C’est la civilisation du kit à tous les niveaux, du préfabriqué prédécoupé prédigéré. 

Le plus fabuleux dans l’affaire est la précision apportée par Mme Ylva Magnusson, porte parole du groupe, qui a souligné que « les niveaux de concentration des bactéries ne présentait pas de danger pour la santé publique ». On se sent rassuré. Comme disait Edouard Herriot (c’était à propos de l’andouillette) : la tarte au chocolat c’est comme la politique, faut que ça sente un peu la merde, mais pas trop.
 
Ainsi va le système industriel mondialisé. Ne surtout pas confier à une société chinoise le soin de fabriquer des gâteaux, il vaut mieux les faire venir de Suède par bateau. C’est encore moins cher qu’en Chine transport compris. On imagine la qualité des produits de base pour en arriver là. A ce niveau de tarif, le minerai de viande de cheval roumain trouve toute sa place dans les lasagnes. Et la merde dans les tartes au chocolat Ikea. Quelque chose nous dit qu’on est au début de la série.
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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:37

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 05.03.2013 à 15h59 • Mis à jour le 05.03.2013 à 16h18

 

 
 
Une enseigne Ikéa en Allemagne, le 27 avril 2006.

Le géant suédois de l'ameublement Ikea a annoncé mardi 5 mars qu'il retirait de ses cafétérias dans vingt-trois pays des tartes sur lesquelles les autorités sanitaires chinoises ont trouvé des bactéries généralement témoins d'une contamination fécale.

Lire : Viande de cheval : Ikea retire ses boulettes de viande dans 15 pays européens

Ikea a indiqué à l'AFP avoir pris cette décision après la destruction par les douanes chinoises de 1 800 gâteaux appelés "Chokladkrokant" ("croquants au chocolat", une tarte aux amandes avec du chocolat, de la crème au beurre et du caramel) interceptés dans le port de Shanghaï en novembre.

"UN NIVEAU EXCESSIF DE BACTÉRIES COLIFORMES"

D'après le quotidien anglophone Shanghai Daily, des tests avaient permis de déterminer qu'ils contenaient "un niveau excessif de bactéries coliformes". Ces bactéries, normalement peu dangereuses pour les consommateurs, sont généralement "une indication de contamination fécale, même si ce n'est pas toujours le cas", a expliqué à l'AFP un microbiologiste de l'autorité de sécurité alimentaire suédoise, Mats Lindblad. Les tartes retirées ont été fabriquées par un fournisseur suédois, Almondy.

Une porte-parole d'Ikea, Ylva Magnusson, a souligné que le niveau de concentration de ces bactéries ne représentait pas de danger grave pour la santé publique. "Il y a des indications selon lesquelles les niveaux de bactéries découverts sont bas, mais nous devons évidemment connaître le chiffre exact et savoir ce qui s'est passé", a-t-elle déclaré.

Fin février et début mars, Ikea avait retiré de la vente dans 25 pays des boulettes de viande, après la découverte de viande de cheval qui n'était pas mentionnée sur l'étiquette. L'alimentation a représenté, lors de l'exercice 2011-2012 (achevé fin août) 4,7 % du chiffre d'affaires d'Ikea, avec des ventes de 1,3 milliard d'euros.

 

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:20

 

 

 

S’il est trop tôt pour mesurer la portée réelle de l’accord sur la réforme du marché du travail, signé le 11 janvier dernier (que vous pouvez retrouver dans son intégralité ici), Mediapart vous propose un décryptage des grandes mesures, leurs enjeux et leurs conséquences, celles qui donnent de nouveaux droits aux salariés et celles qui offrent encore plus de flexibilité aux entreprises, au détriment de la protection des travailleurs.

Article 1: généralisation de la couverture complémentaire des frais de santé

Cette mesure, qui a divisé le patronat, sur fond de bataille entre organismes assureurs pour le marché des complémentaires santé d’entreprises, constitue un progrès social, réclamé de longue date par les syndicats. En France, un salarié sur quatre n’a pas de mutuelle car la loi n’oblige pas les entreprises à co-financer une complémentaire santé pour leurs salariés.

Avec ce nouveau dispositif, le salarié devra se voir proposer un panier minimum par son employeur, qui se situe entre le ticket modérateur et la CMUC : 100 % de la base Sécu pour une consultation, 125 % pour les prothèses dentaires et un forfait optique de 100 euros par an. Mais la mise en place de cette mesure, renvoyée à des accords de branches, n’est pas pour demain.

Les entreprises prendront le relais dans les branches qui ne seront pas parvenues à un accord d’ici au 1er juillet 2014, et cela dans le cadre de l’obligation annuelle de négocier sur la prévoyance. En cas d’échec de la négociation dans l’entreprise, cette dernière aura l’obligation d’instaurer au plus tard le 1er janvier 2016 un régime santé, non familial, cofinancé à 50-50 par l’employeur et les salariés, et prenant en charge au minimum le panier de soins prévu par l’accord.

Article 3: création de droits rechargeables à l’assurance-chômage

Permettre aux salariés qui reprennent un emploi après une période de chômage de conserver le reliquat de tout ou partie de leurs droits aux allocations-chômage non utilisées : c’est une vieille revendication des syndicats. Le dispositif n’a cependant pas fini de faire parler de lui. Rien n’a été arrêté sur son paramétrage, la durée des droits, le taux d’indemnisation et la période que l’on retient pour les calculer.

Il sera véritablement négocié lors de la prochaine convention Unedic dans le courant de l’année et les débats s’annoncent déjà très durs. Des syndicats, notamment la CGT, redoutent que « le Medef propose en contrepartie, pour ne pas grever le déficit de l’Unedic, de remettre en place la dégressivité de l’allocation pour tous les demandeurs d’emploi ou alors de baisser le niveau des allocations de 10 à 15 % pour tous, bref de déshabiller Paul pour habiller Jacques », explique Maurad Rabhi. L’accord prévoit aussi un maintien des droits santé et prévoyance pendant 12 mois pour les chômeurs (d'ici 1 à 2 ans).

Article 4: majoration de la cotisation d’assurance-chômage des contrats à durée déterminée

C’était le point de crispation qui menaçait de faire capoter la négociation, taxer les contrats courts qui ont remplacé les CDI dans bien des entreprises. Le patronat a cédé à la dernière minute. Désormais, la cotisation d’assurance-chômage qui était de 4 %, quelle que soit la durée du contrat, va être majorée : de 3 points, à 7 % pour les CDD de moins d’un mois ; de 1,5 point, à 5,5 % pour les CDD entre un et trois mois, et de 0,5 point, à 4,5 %, pour les contrats d’usage inférieurs à un mois. Le dispositif ne s’attaque pas aux contrats saisonniers, aux CDD de remplacement ainsi qu’à l’intérim qui concerne pourtant 17 millions de personnes (dont la branche va négocier un statut de CDI intérimaire).

Cette avancée, jugée significative pour les trois syndicats signataires (CFDT, CFTC, CFE-CGC), ne résoudra pas, cependant, la question de fond, qui est la conversion du CDD en CDI et ne freinera qu’une minorité d’abus. « Cette mesure est folklorique, elle n'aura aucun effet. On touche seulement aux contrats de trois mois. Les employeurs sauront trouver des moyens pour la contourner en allongeant les CDD au-delà du seuil de majoration », dénonce Stéphane Lardy, le négociateur de FO non-signataire. En échange de cette sur-cotisation chômage, qui d'après le Medef coûterait 110 millions, l’employeur bénéficiera, selon la taille de l’entreprise, d’une exonération de trois à quatre mois pour l’embauche d’une personne de moins de 26 ans en CDI, une compensation estimée à 155 millions d'euros...

 

Article 11: travail à temps partiel

C’est, pourrait-on dire, l’un des points positifs de l’accord : la lutte contre le temps de travail partiel imposé qui concerne plus de trois millions de salariés, à 85 % des femmes et à 80 % des non-qualifiés. Mais les partenaires sociaux ne sont pas allés au fond du problème et, à y regarder de près, on a l’impression que le temps partiel est encouragé et que les entreprises auront plus d'une corde pour déroger à ce dispositif. Il sera intéressant de voir comment ce dispositif s’appliquera dans un secteur comme la grande distribution.

Au plus tard le 31 décembre, tout contrat à temps partiel devra avoir une durée minimale de 24 heures par semaine, à l’exception des salariés de particuliers employeurs ou étudiants de moins de 26 ans. Des dérogations à ce seuil minimum seront toutefois possibles à la demande écrite et motivée du salarié, par accord de branche. Toute heure effectuée au-delà de ce minimum devra être majorée de 10 % ou 25 % selon les cas. Les branches dont au moins un tiers des effectifs sont à temps partiel devront par ailleurs négocier dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur de l’accord sur la répartition du temps de travail pour permettre aux salariés des compléments d’heures auprès d’un autre employeur.

Article 12: Information et consultation anticipée des instances représentatives du personnel (IRP)

C’est un article tout à la fois encourageant et inquiétant dans son intitulé et son contenu, enveloppé de flou. Les entreprises comptant plus de 10 000 salariés dans le monde ou 5 000 en France vont devoir faire rentrer dans les vingt-six mois un à deux représentants des salariés avec voix délibérative au sein de leur conseil d’administration. Leurs voix compteront-elles réellement ? Comment cela sera-t-il articulé ?

Dans les plus petites entreprises, les syndicats auront accès à « une base de données uniques » pour améliorer en amont l’information-consultation des IRP (CE-CHSCT). Mais comment sera alimentée cette base de données ? L’employeur ne pourra-t-il pas cacher des informations s’il le souhaite ? Quel en sera le détail ? Autant d’interrogations qui vont nécessiter des éclaircissements.

Les paragraphes 4 et 5 suscitent nombre d’interrogations. Le premier laisse perplexe : « Les demandes d’information ou d’éclaircissement ne doivent en aucun cas conduire à empêcher la bonne marche de l’entreprise, y compris le fonctionnement des organes de gouvernance. » Le second prévoit de faire payer les recours aux experts sur les deniers du budget des IRP (à hauteur de 20 %), ce qui est fort de café.

C’est dans cet article, paragraphe 6, qu’est effleurée la promesse de François Hollande d’une loi M-Real-Arcelor pour obliger toute entreprise qui veut fermer un site rentable pour assécher la concurrence à le céder. Loi qui n’est pas près de voir le jour et qui, rappelons-le, avait été repoussée en septembre dernier notamment à la demande des syndicats, dont l’ancien leader de la CFDT François Chérèque, qui n’auraient pas compris que le législateur la promulgue sans un dialogue social préalable. Il ne dicte pas d’obligation et dit simplement qu« il convient d’envisager la recherche de repreneurs dès l’annonce d’un projet de fermeture ». En réalité, c’est une patate chaude. Le patronat n’a jamais voulu négocier cette reprise de sites rentables. Le Parlement interviendra-t-il ?

Article 15: mobilité interne

C’est l’une des grandes inconnues qui fait bondir la CGT, FO et nombre d’experts, augurant d’un grand recul social si cet article est transposé en l’état. Il révèle la mainmise sur cet accord du patronat et la mise à mal du licenciement pour motif économique.

L’article offre la possibilité aux entreprises de restructurer sans plan social en imposant aux salariés la « mobilité interne ». Elles lanceront une négociation sur les conditions de mobilité professionnelle ou géographique interne avec des mesures d’accompagnement (formation, aides à la mobilité). Et en cas de refus d’un poste, le salarié pourra être licencié « pour motif personnel » pas pour « motif économique » !

Quant aux limites de « la mobilité géographique », elles ne sont pas définies et sont reportées à une autre négociation. De quelle ampleur seront-elles ? « Au démarrage de la négociation, on avait mis soixante kilomètres et 1 h 30 de temps de trajet. Aujourd’hui, il n’y a plus rien. on pourra envoyer un salarié de Paris à Pointe-à-Pitre ! » gronde Maurad Rabhi de la CGT.

Pour les spécialistes du droit du travail, le recul social est énorme. « Cet article est très dangereux et pas clair du tout », analyse Pascal Lokiec, professeur d’économie à Paris-Nanterre. Il y aura une résistance de la jurisprudence, notamment sur le respect de la vie familiale normale. »

 

Article 18: accords de maintien dans l’emploi

C’est l’une des victoires emblématiques du patronat. Sous Nicolas Sarkozy, ils étaient baptisés « compétitivité emploi ». Sous Hollande, ils seront dénommés « accords de maintien dans l’emploi ». Soit la possibilité de réduire le temps de travail et/ou le salaire pendant une période allant jusqu’à deux ans pour éviter les licenciements « en cas de graves difficultés conjoncturelles ». À condition que les syndicats représentant une majorité de salariés l’acceptent, ou à défaut l’administration, et qu’une clause prévoie le partage des fruits de la croissance à son retour.

L’objectif est d’éviter les suppressions de postes. Les salariés qui refuseront seront licenciés pour motif économique et la qualification ne sera pas contestable devant le juge. De tels dispositifs sont déjà à l’œuvre chez PSA, Air France, Poclain Hydraulics... L’actualité autour de Renault le rappelle. Mais désormais le cadre juridique est précisé.

Cette disposition, qui rappelle celle inscrite dans la seconde loi sur les 35 heures de janvier 2000, prévoyant le licenciement pour motif personnel des salariés refusant d’appliquer l’accord de réduction du temps de travail, soulève, cependant, de nombreuses questions et points de litige, au-delà du fait que c’est une forme de chantage à l’emploi. L’article ne dit rien de l’accompagnement qui sera proposé au salarié en cas de refus. Or la loi impose en cas de licenciement économique individuel un contrat de sécurisation professionnel pour les entreprises de moins de mille salariés ou un congé de reclassement au-dessus.

Si vingt salariés refusent de s’y soumettre, l’entreprise échappe au plan social et aux mesures d’accompagnement prévues par la loi. De quoi susciter l’ire des syndicats non-signataires et de nombreux experts. « Il faudrait une obligation de réembauche au moins pour ceux qui refusent de signer ! » tempête un juriste, qui voit déjà les employeurs abuser de ce nouveau système qui leur évite un coûteux plan de sauvegarde de l’emploi.

Article 20: règles relatives au licenciement de 10 salariés et plus sur une même période de 30 jours dans les entreprises de moins de cinquante salariés

Cet article en dit long sur l’ampleur de la réforme des plans sociaux qui se trame et sur la manière dont la négociation a été conduite par les partenaires sociaux, au détriment des salariés. Il s’affranchit des règles du droit du travail en vigueur en matière de licenciement économique et bouleverse radicalement la procédure en la « fixant » soit par accord majoritaire avec les syndicats, soit par une homologation administrative dans les 21 jours, réduisant et pré-établissant des délais de contestation impossibles à tenir. Au cabinet du ministère du travail, les conseillers s’arrachent les cheveux pour transposer ce dispositif, inapplicable en l’état tant il nécessite d’être éclairci dans son libellé et son contenu.

Le syndicat de la magistrature en résume assez bien l’esprit et l’enjeu sur son site : « Pour supprimer, encore, le contrôle du juge sur le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi et sur le respect de la procédure d’information et de consultation des représentants du personnel, l’accord organise deux procédures, alternatives, de licenciement économique collectif (10 salariés et plus sur 30 jours). La première renvoie aux institutions représentatives du personnel le soin de signer avec l’employeur un accord de méthode dont la contestation est très encadrée. La seconde attribue le pouvoir de contrôle à l’administration du travail, qui n’aura pas les moyens de l’exercer réellement dans le bref délai imparti. Au lieu d’empêcher les licenciements collectifs qui satisfont des intérêts purement financiers, cet accord organise donc, au contraire, la neutralisation du juge judiciaire, conformément aux vœux du Medef, dont c’était l’une des toutes premières préoccupations. »

Article 25 : faciliter la conciliation prud’homale

Derrière ce bel intitulé, visant à alléger la charge des Prud’hommes, se niche un article très discutable qui révèle la déjudiciarisation du licenciement en cours en France. Le patronat invente un nouveau moyen pour éviter la case « juge » en cas de contestation du licenciement. Il prévoit d’instaurer un barème d’indemnisation forfaitaire du salarié au stade de la conciliation prud’homale, un barème ridicule, comme quatre mois de salaire pour deux à huit ans d’ancienneté, 14 mois de salaire au-delà de 25 ans d’ancienneté !

Pour le syndicat de la magistrature, ce dispositif « rompt avec le principe de réparation intégrale des conséquences de la perte d’emploi et dissuade le juge d’exercer son pouvoir d’appréciation sur l’étendue du préjudice réellement subi par le salarié ». Heureusement, le salarié est libre de ne pas opter pour cette “barémisation” et de poursuivre la procédure sur le plan judiciaire.

L’article 26 qui suit, consacré aux délais de prescriptions, est tout aussi régressif. Il réduit les délais de prescription, déjà dérogatoires en droit du travail : deux ans pour saisir le juge (délai ramené à un an en cas de licenciement économique collectif), et rappels de salaires ou d’heures supplémentaires limités à une période de 3 ans (au lieu de 5 actuellement)

 

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 15:34

 

Médiapart - 04 mars 2013 Par ATTAC FRANCE

 

 

 

 

Le 11 janvier, les organisations patronales et trois syndicats (CFDT, CFE-CGC et CFTC) ont conclu un accord sur la prochaine réforme du marché du travail, au terme d’une négociation commencée en octobre dernier. Dans la presse, la signature de l’accord a été quasi unanimement acclamée.

Pour les habituels prescripteurs d’opinion l’accord serait « gagnant-gagnant », « audacieux », ou encore « une bouffée d’air au dialogue social »… Pourtant ce texte est bien loin d'être une bonne nouvelle pour les salariés. Une vidéo pédagogique qui revient sur les problèmes posés par ce texte.

Conception / réalisation : Pierre Wolf / SFJ, direction artistique et animation : Julie Huyguen studiotricot.com, conception sonore et mixage : Christian Cartien, Musique : Brice Cavallero, produit par FO.

 


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