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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 17:48

 

 

Médiapart

 

 

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De notre envoyé spécial à Bruxelles

 

Cela fait des semaines que la commission européenne propose d'interdire l'utilisation des trois pesticides nuisibles aux abeilles. Un nouveau vote doit avoir lieu lundi, mais des capitales restent réticentes. Les industriels Bayer et Syngenta se livrent à un lobbying effréné

 

A première vue, le dossier peut paraître anecdotique, alors que l'Europe compte ses millions de chômeurs et se cherche un avenir. Il est question de la survie des colonies d'abeilles sur le continent. Mais l'affaire en dit long, à sa manière, sur les méandres de la prise de décision au cœur de Bruxelles.  

Ce lundi matin, les Etats membres de l'Union décideront s'ils valident la proposition de la commission européenne, de suspendre pour deux ans l'utilisation de trois insecticides jugés fatals aux abeilles et autres bourdons. Un premier vote, le 15 mars, n'avait pas recueilli de majorité qualifiée, et rien ne dit que ce deuxième essai, en « comité d'appel », y parviendra.

Certains pays, comme la France ou les Pays-Bas, y sont pourtant très favorables. Deux études scientifiques – l'une britannique, l'autre française ont apporté des preuves des effets néfastes de l'utilisation de ces pesticides, dits «néonicotinoïdes», sur les colonies d'abeilles.

En janvier, c'était au tour de l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) de se prononcer: elle confirmait ce diagnostic alarmiste, qualifiant le risque d'« inacceptable ». En réaction, la commission proposait, non pas d'interdire à jamais, mais de suspendre pour deux ans l'utilisation de ces trois insecticides pour certaines cultures, comme le maïs.

Du simple bon sens ? Pourtant, en mars dernier, pas moins de neuf Etats ont voté contre. Et cinq autres, dont l'Allemagne et la Grande-Bretagne, se sont abstenus. Des observateurs n'ont pas manqué de voir dans ce résultat, les effets fructueux d'un intense lobbying mené à Bruxelles par les deux groupes qui commercialisent les fameux « néonicotinoïdes »: Bayer, géant allemand de la chimie et de la pharmacie, et Syngenta, poids lourd suisse dans le secteur de la chimie et de l'agroalimentaire.  

 

Une campagne de l'ONG Avaaz a récolté plus de deux millions de signatures pour «sauver nos abeilles». ©Avaaz 
Une campagne de l'ONG Avaaz a récolté plus de deux millions de signatures pour «sauver nos abeilles». ©Avaaz


« Syngenta et Bayer investissent beaucoup dans cette affaire, et leur objectif, à présent, est de constituer une majorité qualifiée contre le texte, lundi, ce qui aurait pour effet d'enterrer la proposition de la commission… », estime Bart Staes, un eurodéputé Vert belge, qui suit de près le dossier. Ce scénario semblait toutefois, à la veille du vote, peu probable.

 

 

Staes a publié avec son groupe, un argumentaire (à télécharger ici) qui prétend déconstruire les « dix mensonges » de Syngenta sur les néonicotinoïdes. « Ce sont des stratégies de lobbyistes que l'on connaît par cœur: ils cherchent à distiller de l'incertitude. Ce sont des “marchands de doutes” (voir le livre ci-contre, ndlr). Quel que soit le sujet, ils nous disent toujours que cette mesure va coûter des milliers d'emplois, ou un demi-point de PIB, ou encore qu'elle va freiner l'innovation », estime l'élu belge, qui effectue son troisième mandat au parlement.

L'ONG Corporate Europe Observatory, qui plaide pour davantage de transparence dans la bulle bruxelloise, a publié le 11 avril une série de lettres de Bayer et Syngenta qui confirment l'agressivité de leurs techniques de lobbying. Dans l'une d'elles, datée de juin 2012, c'est le PDG de Syngenta en personne qui prend la plume, pour s'adresser au commissaire européen alors chargé du dossier, le maltais John Dalli. Il lui explique sans ciller qu'il vient de déjeuner, en marge d'un G-8, avec François Hollande et Barack Obama, pour évoquer la contribution de son groupe à la lutte contre la faim dans le monde, et qu'il faut donc prêter attention à ses arguments.

 

Des menaces d'action en justice contre l'EFSA

Dans un autre courrier, envoyé en novembre, toujours à la commission, Syngenta met en garde contre rien de moins qu'un risque de délocalisation de la production de maïs hors d'Europe. Ailleurs, le chimiste estime que l'affaire coûtera jusqu'à « 17 milliards d'euros de pertes sur cinq ans » pour les agriculteurs européens, sans expliquer comment il établit ce chiffre.

Mais la lettre la plus étonnante est celle qu'a reçue l'EFSA, l'agence de sécurité alimentaire, le 15 janvier, soit à la veille de la publication du communiqué dans lequel elle fait état de risques «inacceptables» posés par les trois pesticides. Apparemment pris de panique, Syngenta exhorte la responsable du service de presse à modifier au plus vite le texte, dont le groupe suisse avait donc obtenu une copie en avance.

A ses yeux, l'agence va bien au-delà du mandat qui lui a été confié. Et Syngenta de menacer, au dernier paragraphe, d'une action en justice si l'EFSA ne confirme pas, par retour de courrier, que le communiqué sera modifié « d'ici demain 11h »Le texte sera publié sans retouche.

Dans un billet de blog publié sur son site officiel le 12 avril, Syngenta hurle à la caricature, ironise sur les gentilles ONG qui font elle aussi du lobbying à Bruxelles, et conclut son texte en invoquant un argument auquel on ne s'attendait pas: « C'est la beauté du free speech (de la libre expression, ndlr) ».  

Au-delà de ces ficelles assez grossières, le lobbying de ces industriels peut s'avérer plus subtil. Un centre de recherche baptisé Opera est parvenu à organiser, en février dans les murs du parlement européen de Bruxelles, une conférence sur « la santé des abeilles », avec des experts a priori indépendants. Sauf que l'on retrouve, dans les contributeurs techniques à l'étude publiée pour l'occasion, des salariés de Syngenta et Bayer. Sans surprise, le groupe suisse s'est ensuite fendu d'un courrier à certains eurodéputés pour leur recommander la lecture du texte.

« L'Europe est un projet de paix, et nous avons réussi à prévenir les conflits militaires sur le continent », avance le belge Bart Staes. « Mais l'on mène de nos jours une guerre d'un autre type, sur plusieurs terrains de la société, du climat à la réforme des banques, passant par l'alimentation. On se bat face à des industriels comme ces gens-là, qui veulent nous imposer leur vision ».

De l'avis de plusieurs observateurs proches du dossier, le scénario le plus probable, pour le vote de lundi, est qu'il ne se dégage aucune majorité qualifiée, dans un sens comme dans l'autre. Auquel cas il reviendra à la commission seule de décider, en dernier ressort, et donc, sauf énorme surprise, d'entériner la suspension des insecticides à partir de l'an prochain. Mais comme toujours dans ce genre d'affaires, les industriels réticents auront au moins réussi à repousser de plusieurs mois la décision – et de continuer à vendre leurs produits pendant ce laps de temps.

 

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 17:24

 

 

Le Monde.fr | 26.04.2013 à 17h59 • Mis à jour le 26.04.2013 à 18h18

 

 

Par Audrey Garric

 
 
saumon

Va-t-on pour la première fois trouver dans les assiettes américaines un animal génétiquement modifié ? La question est posée alors que s'achèvent, vendredi 26 avril, les consultations publiques menées par la Food and Drug Administration (FDA), l'administration américaine qui réglemente les produits alimentaires et pharmaceutiques, concernant l'autorisation pour la consommation humaine d'un saumon transgénique.

Ce poisson, nommé AquAdvantage et mis au point par deux universités canadiennes, est produit par la firme américaine AquaBounty Technologies depuis vingt ans. Les œufs génétiquement modifiés sont produits dans un centre piscicole sur l'île du Prince-Edouard, au Canada, tandis que les saumons adultes sont élevés dans des bassins au sein de la forêt du Panama, que décrit un reportage du Guardian.

 

UN POISSON SURNOMMÉ "FRANKENFISH"

Particularité de ce "Frankenfish" – surnom que lui donnent ses opposants : l'insertion de deux gènes provenant de deux espèces différentes. Le premier code pour une hormone de croissance normalement présente chez le saumon royal de l'océan Pacifique ; le second, issu d'une anguille, doit faire grandir le saumon tout au long de l'année, même lors de la saison froide alors que sa croissance se met d'ordinaire en pause.

Au final, les saumons transgéniques deviennent adultes en deux fois moins de temps que leurs cousins sauvages, à savoir dix-huit mois au lieu de trois ans. Pour leurs promoteurs, ces animaux génétiquement modifiés représentent une protéine à bas prix et de haute qualité qui ne constitue pas une menace pour l'environnement et notamment des stocks de poissons sauvages limités.

Lire la note de blog Mangerons-nous du saumon transgénique ?

 

NE PRODUIRE QUE DES FEMELLES, EN THÉORIE STÉRILES  

Le saumon, dont AquaBounty Technologies cherche depuis dix-sept ans à obtenir une autorisation de mise sur le marché, en est actuellement à la dernière étape du processus d'homologation de la FDA, le New Animal Drug Application. Après avoir conclu en 2010 que le saumon AquAdvantage était sans danger pour la consommation humaine, l'agence américaine a annoncé en décembre 2012 qu'il ne posait pas non plus de menace pour l'environnement. 

Selon la FDA, AquaBounty Technologies a prévenu l'évasion des poissons transgéniques dans la nature, où ils pourraient affecter les populations sauvages, en les confinant dans des bassins sur terre – et non des parcs dans l'océan –, et en ne produisant que des femelles, en théorie toutes stériles. En cas de fuite, les eaux du Canada sont trop froides pour que les œufs survivent, tandis que celles du Panama sont bien trop chaudes pour les adultes, estime l'agence, qui concède toutefois que la technique de stérilisation employée n'est pas sûre à 100 %.

 

RISQUE POUR LES POPULATIONS DE SAUMONS SAUVAGES

Cela n'a pas suffi à rassurer les opposants au "Frankenfish", selon lesquels certains saumons transgéniques réussiront à disséminer leurs gènes et pourraient mettre en péril leurs cousins de l'Atlantique, en danger d'extinction. "La FDA indique que seulement 95 % des saumons pourraient être stériles, le reste étant fertile. Lorsque l'on parle de millions de poissons, même 1 % correspond à des milliers d'individus", déplorait ainsi la Consumers Unions, une ONG de défense des consommateurs, dans un communiqué, juste après la décision de la FDA. Et rien ne prouve que les saumons ne résisteront pas aux eaux chaudes et salées.

"Les consommateurs n'auront dans la plupart des cas aucun moyen d'éviter ce poisson, même s'ils le veulent. Alors que la loi prévoit un étiquetage par pays d'origine dans les supermarchés, cela ne s'applique pas au poisson vendu dans les marchés ou les restaurants. Dans les supermarchés, les consommateurs pourront s'abstenir d'acheter du saumon originaire du Panama, ils ne pourront pas y échapper ailleurs", prévenait alors Michael Hansen, responsable scientifique de l'association.

 

1,5 MILLION DE COMMENTAIRES

Depuis, le sujet a déchaîné les passions outre-Atlantique. Preuve de cette inquiétude : la période initiale de consultation du public, qui devait à l'origine s'achever fin février, a été prolongée de soixante jours à la demande d'un groupe de sénateurs américains, après avoir reçu plus de 400 000 observations. Le nombre d'observations s'élève aujourd'hui à 1,5 million. Plus de 2 500 supermarchés à travers le pays se sont par ailleurs engagés à ne pas vendre de saumons génétiquement modifiés. En outre, 260 chefs ont signé une lettre boycottant les poissons.

"Ces craintes proviennent d'un large éventail de la population : des consommateurs, des scientifiques, des producteurs de saumon, des médecins, des ministres ou encore des étudiants, précise Wenonah Hauter, directrice exécutive de Food & Water Watch. La FDA doit faire passer les intérêts de la population avant ceux de l'industrie des biotechnologies, qui semblent être seuls partisans du saumon transgénique. L'agence doit reconnaître que les risques environnementaux et les questions de sécurité alimentaire persistants ne justifient pas l'approbation de ce produit."

A l'issue de la fin du débat public, la FDA doit ensuite examiner, pendant un laps de temps indéterminé, les commentaires qui lui ont été soumis. Si aucune objection majeure n'est retenue, il ne restera plus qu'à donner l'autorisation d'introduction des saumons transgéniques sur le marché. Selon certains experts, l'AquAdvantage pourrait finir dans l'assiette des consommateurs, sans étiquette particulière, avant la fin 2013.

Audrey Garric

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 17:47

 

 

 

LE MONDE | 23.04.2013 à 13h02 • Mis à jour le 23.04.2013 à 13h02

Par Stéphane Foucart

 
 

 

 

La révélation pourrait alourdir encore l’atmosphère de défiance qui s’installe en France entre la société civile et les pouvoirs publics : des dizaines de produits phytosanitaires agricoles ou domestiques (insecticides, herbicides, fongicides, etc.) sont autorisées depuis plusieurs années, sans tenir compte des alertes de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

 

Des courriers, adressés par la direction générale de l’agence au ministère de l’agriculture, obtenus par l’association Générations futures et rendus publics mardi 23 avril, témoignent de profonds dysfonctionnements dans le système d’attribution ou de reconduction des autorisations de mise sur le marché des pesticides. Ces dernières sont délivrées par la direction générale de l’alimentation (DGAL), placée sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Ces anomalies justifient, selon l’association, des recours en justice et notamment, un dépôt de plainte pour  » mise en danger de la vie d’autrui « .

 

De quoi s’agit-il ? Dans un courrier daté du 27 août 2012, Marc Mortureux, le directeur général de l’Anses, rappelle à Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation, avoir déjà  » attiré l’attention «  de ses services, en octobre 2009, sur  » les problèmes posés «  par le fait que les avis de l’Anses relatifs aux pesticides ou aux produits fertilisants  » n’étaient pas tous suivis d’une décision par le ministère chargé de l’agriculture dans les délais prévus par la réglementation « . Le courrier divulgué par Générations futures pointe également  » le maintien sur le marché de produits pour lesquels – l’Anses – avait émis un avis défavorable ou un avis favorable avec restrictions « , précisant que  » des différences sont régulièrement repérées entre les avis de l’agence et les décisions  » de la DGAL.

 

Pour preuve, le directeur général de l’Anses joint à son courrier trois listes  » qui n’ont pas la prétention d’être exhaustives « , mais qui rassemblent tout de même quelque 200 produits pour lesquels  » des différences et anomalies ont été repérées dans ce cadre « .

 

A la date de l’examen, par les services de l’Anses, de la base de données des produits phytosanitaires autorisés – soit le 16 août 2012 -, plusieurs dizaines de pesticides étaient autorisées en France, en contravention avec les avis de l’agence nationale.  » De très nombreux pesticides restent autorisés alors qu’ils devraient, selon l’Anses, être interdits car non conformes aux exigences de la législation en vigueur « , s’insurge Générations futures.

 

D’un strict point de vue réglementaire, la DGAL n’est pas tenue de se conformer aux avis de l’Anses. Le grand nombre d’écarts relevés est cependant suffisamment anormal pour avoir suscité la réaction de l’agence sanitaire.

 

La plupart des risques ignorés par la DGAL concernent l’environnement, mais une demi-douzaine de produits épinglés présentent, selon les évaluations même de l’Anses, des risques sanitaires pour l’utilisateur, qu’il soit jardinier amateur ou employé agricole.

 

La situation a évolué depuis août 2012, fait-on valoir à la DGAL, et certains produits ont été mis en conformité avec les avis de l’Anses. Combien ? La DGAL ne peut, dans l’immédiat, le préciser. Elle ajoute que certaines anomalies peuvent être expliquées par des défauts de mise à jour de la base de données du ministère, ou encore par des agendas français et européens décalés.  » Avant de tenir compte d’un avis de l’Anses, il faut parfois attendre certaines réévaluations en cours au niveau européen « , plaide-t-on à la DGAL. C’est en effet à l’échelon communautaire que les molécules actives sont évaluées, les mélanges commerciaux étant ensuite évalués ou réévalués, puis autorisés (ou interdits) par chaque Etat membre.

 

Ces explications ne permettent cependant pas d’expliquer l’ensemble des dysfonctionnements mis au jour. Générations futures a annoncé son intention de former un recours pour  » carence fautive de l’Etat  » et de saisir une juridiction administrative pour obtenir le retrait des autorisations délivrées aux pesticides concernés.

 

Stéphane Foucart


 


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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 21:34

 

 

 

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Onze ans après avoir fait part de son intention, Arnaud Lagardère a enfin pu réaliser son projet : sortir d’EADS. Profitant du cours dopé grâce à la grande générosité du groupe aéronautique (voir le grand pillage par les actionnaires), Lagardère s’est empressé le 9 avril de liquider les 7,5 % qu’il détenait encore dans EADS.

Cette sortie n’a fait que des heureux. La direction d’EADS qui n’en pouvait plus de la présence de cet actionnaire velléitaire, qui ne lui a rien apporté, sinon des ennuis. Le gouvernement français qui se terrait en voyant cet actionnaire censé représenter les intérêts de l’État français se ridiculiser (revoir  une de ses émissions télévisées) et ne daignant même pas assister au conseil l’investissant comme président du groupe. Et surtout le groupe Lagardère. Dans un communiqué daté du 15 avril, celui-ci a confirmé que la vente réalisée dans des conditions inespérées lui a permis d’engranger 2,28 milliards d’euros, soit l’équivalent de 66 % de sa capitalisation boursière (3,6 milliards d’euros). Cette cession permet au groupe d’empocher une plus-value de 1,8 milliard d’euros.

Décidément, EADS aura été une excellente affaire pour le groupe Lagardère. Tout au long de cette histoire, le groupe a bénéficié de largesses inimaginables de la part de la République. Dans un rapport sur la politique de défense et le rôle de l’État actionnaire, remis la semaine dernière, la Cour des comptes relève l’exceptionnel cadeau, dénoncé maintes fois dans la presse, fait au groupe Lagardère au moment de la fusion avec Aérospatiale en 1998 : obtenir 30 % du capital du nouveau groupe, alors qu’Aérospatiale pesait 32 milliards de francs quand Matra en totalisait à peine 5 milliards. « L’État a accepté de diluer son pouvoir sans obtenir de ses partenaires de réelles contreparties », note la Cour des comptes. Quinze ans après, il est temps de s’en rendre compte.

Mais la générosité de l’État ne semble pas devoir s’arrêter là. Car le groupe Lagardère risque de ne payer pratiquement aucun impôt sur cette vente, selon nos informations. Contacté, le groupe Lagardère s’est contenté de nous répondre qu’il « suivrait la réglementation française », sans vouloir démentir ou confirmer nos chiffres. Mais cette dernière lui est justement particulièrement favorable. Le groupe Lagardère va profiter de la niche Copé, qui permet aux maisons mères d’être exemptées de la taxation sur les plus-values lors de la vente de titres de leurs filiales.

Cette niche Copé, qui bénéficie essentiellement aux grands groupes du CAC 40, coûte en moyenne au budget de l'État entre 4 et 6 milliards d’euros par an. Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, les socialistes n’avaient pas manqué de dénoncer cette niche et de demander sa suppression. Lors de la discussion de la loi de finances de 2013, cette volonté s’est évanouie. Le gouvernement a juste décidé de porter de 10 % à 12 % la quote-part des frais et charges à réintégrer dans le calcul de l’impôt sur les sociétés, en contrepartie de l’exemption totale de plus-values sur cession.

Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget, avait justifié ce choix devant l’Assemblée : « Quant au niveau de la mesure, je l’assume parfaitement. Pendant cinq ans, j’ai dénoncé les excès de la “niche Copé”, dont je rappelle qu’elle a coûté entre 4 et 6 milliards d’euros chaque année. Il est donc normal que nous tentions d’en corriger les effets sans en supprimer le principe. Cette disposition sera ainsi équilibrée », avait-il expliqué.

Dispense fiscale

L’équilibre, pour le groupe Lagardère, va être tout bénéfice. Au lieu de payer quelque 600 millions d’euros d’impôt, dans le cadre d’une  fiscalité normale sur les plus-values, il devra verser à peine 70 millions d’impôt pour cette cession. Et peut-être moins. Car le groupe Lagardère était en perte en 2011, en raison des déboires de sa branche sport (voir Le Qatar met Lagardère sous tutelle). Il avait aussi l'année précédente déprécié sa participation restante dans EADS, ramenée à 460 millions d'euros à peine, ce qui avait contribué à minorer son bénéfice. Les reports déficitaires vont permettre d’effacer un peu plus les plus-values actuelles.

Ce n’est pas la première fois que Lagardère profite de telles largesses. En 2006, Arnaud Lagardère avait déjà cédé 7,5 % du capital d’EADS dans des conditions si controversées qu’elles lui avaient valu d’être soupçonné de délit d’initié : le groupe avait vendu en même temps que l’autre co-actionnaire, Daimler, juste avant l’annonce de graves problèmes d’industrialisation sur l’A 380.

Dans le cadre de cette cession, le groupe Lagardère avait organisé, par l’entremise de Natixis, un montage complexe (ORAPA) afin de céder sur trois ans ses titres, mais en fixant par avance le prix de vente. L’opération lui avait permis d’empocher 1,9 milliard d’euros dont 900 millions de plus-value.

La Caisse des dépôts s’était alors portée acquéreur de 1,3 % du capital. Découvrant par la suite les déboires de l’A 380, elle avait engagé une action judiciaire contre Lagardère. Arnaud Lagardère s’était défendu de toute volonté de tromper la Caisse, en expliquant qu’il préférait « être considéré comme incompétent plutôt que malhonnête », mais avait dû malgré tout s’expliquer devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale.

En coulisses, Arnaud Lagardère se préoccupait surtout de préserver son patrimoine et d’éviter toute taxation sur ses plus-values. Sous la haute protection de son « frère » Nicolas Sarkozy, il demanda donc au ministère du budget, alors dirigé par Éric Woerth, un rescrit fiscal afin d’obtenir une garantie de l’administration fiscale que, malgré son montage compliqué, son groupe pouvait bien utiliser la niche Copé. Surprise ! L’administration fiscale lui donna toutes les assurances voulues. À nouveau, au lieu de payer quelque 250 millions d’euros d’impôts, le groupe n’a versé à l’époque, selon nos informations, que 23 millions d’euros. Dix fois moins ! Interrogé, le ministère du budget a refusé de confirmer l’existence de ce rescrit fiscal en évoquant le secret fiscal.

Ainsi, à toutes les étapes de la vie d’EADS, de sa création à sa sortie, le groupe Lagardère a systématiquement été favorisé au détriment de l’État. Il sort en ayant empoché 5 milliards d’euros, dont près de 3 milliards d’euros de plus-values, sans parler des dividendes. Sans se sentir pour autant redevable de quoi que ce soit. Selon les calculs, il versera au total à peine 100 millions d’impôts sur les plus-values.

Dans une lettre adressée en février au ministre des finances, Pierre Moscovici, le député UMP de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s’étonnait des avantages exorbitants dont bénéficiait le groupe Lagardère pour sa sortie et s’interrogeait sur leur légitimité ? Il n’a pas reçu de réponse. La question mérite pourtant d’être reposée. Au moment où le pays se débat dans la crise, que le gouvernement cherche tous les expédients pour boucler ses fins de mois, pourquoi accorder de tels cadeaux au groupe Lagardère ?

Car se priver de quelque 600 millions de recettes fiscales, ce n’est pas une petite somme. Dans le même temps, il envisage de laisser filer encore un peu plus le contrôle d’EADS et de faire racheter par le groupe aéronautique 1,56 % du capital qu’il détient. Cette opération, fait déjà miroiter Bercy, permettrait à l’État de gagner 456 millions d’euros. En un mot, l’intérêt général est perdant sur toute la ligne.

Pendant ce temps, le groupe Lagardère a annoncé que, grâce à cette « magnifique » cession, il versera un dividende exceptionnel. Les premiers bénéficiaires seront Arnaud Lagardère et les Qataris, devenus les premiers actionnaires du groupe.

 


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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 17:16

 

Rue89 - Docu 16/04/2013 à 07h33
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 
A film by Rue89

On sort du documentaire de Raoul Peck, « Assistance mortelle », sonné et en se posant une seule question : comment est-ce possible ? Comment est-il possible que le monde, bouleversé par le terrible séisme de 2010 en Haïti, qui a fait 230 000 morts et 1,5 million de sans-abris, ait été si incompétent à aider ce pays à se relever ?

Comment est-il possible que le beau mot d’« humanitaire », qui a suscité tant de vocations généreuses, qui a incarné un temps une utopie de remplacement à l’effondrement des idéologies, ait débouché sur ce spectacle que Raoul Peck n’hésite pas à qualifier de « pornographique », indécent.

Comment est-il possible que trois ans après le séisme, après la mobilisation de milliards de dollars, la mise en branle des plus grandes institutions mondiales et des plus petites ONG, le défilé de stars et l’engagement d’un ancien président américain, les Haïtiens, si l’on en croit Raoul Peck, vivent encore plus mal aujourd’hui ?

 

 

 

"Assistance Mortelle" :

Au lendemain du tragique tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti, le réalisateur Raoul Peck a entrepris de documenter, 24 mois durant, le processus de reconstruction sans précédent dans son pays. "Assistance Mortelle" s'attaque ainsi à dévoiler les coulisses et les méandres du gigantesque élan international déployé en Haïti, tout en questionnant son impact et ses conséquences.
Date de première diffusion : Aujourd'hui, 20h50

 

 

Enquête implacable

 


Raoul Peck, au Festival de Cannes, le 16 mai 2012 (NIVIERE/VILLARD/SIPA)

 

Comme dans tous ses films précédents, Raoul Peck, un réalisateur haïtien de 60 ans au parcours impressionnant, mène son enquête de manière implacable et convaincante :

  • il nous fait d’abord revivre le terrible séisme de janvier 2010, mesurer l’ampleur des dégâts, les drames humains ;
  • il nous plonge ensuite dans l’euphorie de la mobilisation internationale, une solidarité qui fait chaud au cœur, qui montre que la communauté internationale n’est pas un vain mot... Des milliards de promesses, un soutien politique au plus haut niveau puisque Bill Clinton, l’ancien président des Etats-Unis, est nommé représentant spécial des Nations unies et s’engage personnellement ;
  • il nous emmène ensuite sur les traces du désastre humanitaire, l’absence de coordination, l’argent qui ne va qu’aux projets médiatisables et pas, par exemple, au ramassage des décombres qui empêchent pourtant toute reconstruction, l’ego démesuré de Clinton, le « retour sur investissement » qui renvoie l’argent investi vers le pays d’origine, et la liste est longue...

Haïti, tombes des vicimes du séisme de 2010 (DR)

« Qui nous sauvera des sauveteurs ? »

Il pose surtout la question-clé de l’ingérence d’un humanitaire qui se fait malgré les autochtones et pas avec eux, avec de surcroît un agenda politique qui se manifeste lors d’une élection présidentielle mouvementée et controversée.

C’est ce qu’en retire aussi Pierre Salignon, directeur général de Médecins du monde, l’ONG française qui, dans Télérama, voit dans ce film « un appel salutaire à refonder le système de l’aide pour le rendre respectueux des attentes de ceux qui en bénéficient ».

Au bout du compte, on ne peut que partager ce cri du cœur final de Raoul Peck :

« Qui nous sauvera des sauveteurs ? »

Il ne s’agit pas ici de jeter le discrédit sur tous les humanitaires partout dans le monde, ce serait injuste et faux. Mais de s’interroger sur une machine infernale devenue folle, et surtout nuisible là même où elle aurait pu servir de cas d’école exemplaire, à un moment exceptionnel.

Haïti, tel que le décrit Raoul Peck, était une catastrophe dont on aurait pu sortir un bien, l’émergence d’une communauté internationale capable de faire des miracles quand elle parvient à se fixer un objectif commun. Le miracle n’a pas eu lieu. Il en reste un film beau, fort, qui suscite désespoir et colère.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 14:21

 

 

 

Le Monde.fr | 11.04.2013 à 10h07 • Mis à jour le 11.04.2013 à 11h15

Par Audrey Garric

 

 

 

 

 

 
Sur une vidéo filmée en caméra cachée, des ouvriers agricoles brûlent les chevilles de chevaux du Tennessee avec des produits chimiques. Une autre montre des éleveurs dans le Wyoming donner des coups de poings et de pieds à des porcs et porcelets, les bousculer ou les jeter en l'air. Et chez l'un des principaux fournisseurs d'œufs du pays, on découvre des poules en cage aux côtés de cadavres en décomposition d'oiseaux, tandis que des ouvriers brûlent et cassent le bec de poussins.

Ces films d'une cruauté extrême, réalisés au cours des deux dernières années par des militants de la cause animale, essentiellement Mercy for Animals, The Humane Society of the United States et PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ont choqué l'opinion publique et entraîné une réaction rapide : le dresseur de chevaux du Tennessee a été reconnu coupable d'avoir enfreint la loi. Des autorités locales du Wyoming ont inculpé neuf ouvriers agricoles de cruauté envers les animaux. Et le fournisseur d'oeufs a perdu l'un de ses plus gros clients, la chaîne de restauration McDonald.

"LOIS BÂILLONS"

Pourtant, depuis quelques mois, une douzaine d'Etats américains ont proposé ou adopté des lois criminalisant la dénonciation de ces pratiques dans les élevages et abattoirs. Avec quelques différences selon les Etats, ces législations interdisent de filmer ou de prendre des photos secrètement au sein de fermes d'élevage et de postuler pour un emploi dans l'un de ces établissements sans divulguer des liens avec des groupes de défense des animaux – un délit punissable d'un an d'emprisonnement et de 1 500 dollars d'amende en Utah. Elles contraignent aussi les ONG à livrer les vidéos dénonçant des abus aux autorités dans les 24 ou 48 heures qui suivent leur réalisation. Le plus extrême de ces textes, en Arkansas, va même jusqu'à proposer d'interdire à quiconque d'autre que les autorités d'enquêter sur les animaux.

La plupart de ces projets de loi punissent non seulement les militants qui prennent des photos et des films, mais aussi les médias et les organisations de défense des droits des animaux qui diffusent les documents.

Elevage de porcs en Mayenne.

Ces futures lois, surnommées "agriculture bâillonnée" ("ag-gag" en anglais), sont actuellement débattues dans les Etats de l'Arkansas, la Californie, l'Indiana, le Nebraska, la Pennsylvanie, le Tennessee et le Vermont. Elles ont d'ores et déjà été votées dans l'Iowa, l'Utah et le Missouri, à la fin de l'année dernière. Dans le New Hampshire, le Nouveau-Mexique et le Wyoming, par contre, leur examen a été reporté en raison de l'opposition des défenseurs des droits des animaux, mais également des organismes veillant sur la sûreté sanitaire, comme le Food and Water Watch.

THINK-TANK CONSERVATEUR

Selon le New York Times, ces tentatives de l'industrie de l'élevage de mettre fin aux enquêtes dans leurs enclos ont en partie été chapeautées par l'American Legislative Council (ALEC), un think-tank conservateur connu pour ses travaux législatifs controversés – comme la loi "Stand your Ground" ("Défends-toi") qui autorise tout citoyen à utiliser la force, quitte à tuer, s'il se sent menacé. Cet organisme avait aussi proposé le premier texte en matière de bien-être animal, en 2002, le Animal and Ecological Terrorism Act (AETA), qui interdisait de pénétrer "dans une ferme pour prendre des photos ou vidéos avec l'intention de porter atteinte à l'image de l'établissement ou de son propriétaire", les contrevenants se voyant placer sur un "registre terroriste".

Plusieurs législateurs des récentes lois "ag-gag" sont liés à l'industrie agro-alimentaire et l'ALEC, confirme le journaliste d'investigation indépendant Will Potter. "Ces lois ne portent aucune trace de leurs auteurs, et il est impossible de savoir si elles proviennent de l'ALEC, mais cet organisme fait sans aucun doute partie du contexte général qui a permis de les promulguer", affirme l'enquêteur.

Elevage de porcs. Le Plan Ecoantibio 2017 prévoit de réduire de 25% l'usage vétérinaire des antibiotiques en France.

"DROIT DE SAVOIR"

Selon les représentants des firmes d'élevage, ces tournages, dont ils mettent en cause l'honnêteté, nuisent injustement à la réputation de la filière. "C'est aussi une question de droits à la propriété et à la vie privée, estime, dans les colonnes d'Associated Press, Bill Meierling, porte-parole de l'ALEC. Vous ne voudriez pas que je vienne dans votre maison avec une caméra cachée."

"Ces projets de loi pourraient créer un précédent dangereux dans le pays en fermant les portes de fermes d'élevage industriel et en permettant aux abus d'animaux, aux atteintes à l'environnement, et à la contamination de la nourriture de passer inaperçus", rétorque Nathan Runkle, directeur exécutif de Mercy for Animals, interrogé par ABC. Car pour les ONG, les agences officielles, dont le nombre d'inspecteurs est réduit par les coupes budgétaires, ne disposent pas de ressources suffisantes pour empêcher l'ensemble des cas de maltraitance animale et de manquements aux normes sanitaires.

Elevage de poules pondeuses en batterie.

"Les fermes industrielles, comme toutes les maisons et entreprises, sont déjà protégées par la loi contre les intrusions. Les lois "ag-gag" n'ont en réalité rien à voir avec la protection des biens, dénonce le New York Times dans un éditorial engagé, mardi 9 avril. Leur seul but est de maintenir les consommateurs dans l'obscurité, afin de s'assurer qu'ils en savent le moins possible sur le fonctionnement sombre de l'élevage industriel. Ces projets de loi sont poussés par le lobbying intensif des sociétés de l'agrobusiness. A la place, nous avons besoin de lois qui garantissent notre droit de savoir comment notre nourriture est produite."

Audrey Garric

 

 

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 12:59

 

Ce documentaire bien que datant de 2005 reste malheureusement plus que d'actualité

 

Extrait : Claude Bourguignon, agronome amoureux de la terre est un de ces résistants de l'agrochimie qui expérimente des alternatives visant une sécurité alimentaire pour tous

*Le documentaire complet est visible à la fin de l'article

 

 

 

http://www.voiretagir.org/ALERTE-A-BABYLONE.html

 

ALERTE À BABYLONE

Réalisation : Jean DRUON
Production : CULTURE PRODUCTION

95 mn, 2005

 

Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l’histoire du futur. On leur dirait qu’on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l’homme avait allumé et qu’il était incapable d’arrêter. Que c’était comme ça, qu’il y avait des sortes d’incendie qu’on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne.

Entretien avec Marguerite DURAS, Le Matin, 4 juin 1986

 

DESCRIPTIF DU FILM

Babylone était cette cité assiégée de l’extérieur.
Ce qui menace aujourd’hui la société globale d’effondrement résulte de la mystérieuse contrainte qui s’impose à elle de poursuivre son développement sans limite. Et cette contrainte ne peut être satisfaite que par la restriction toujours plus poussée des libertés humaines.
À travers une série de déplacements et rencontres au sein de la Cité moderne, ce film nous propose un constat actualisé de cette inquiétante perspective.

Le développement de la société techno marchande ne se fait pas sans que chaque jour de nouveaux dangers soient identifiés, qui menacent les êtres vivants. Et s’il est devenu courant d’admettre que la prolifération des dispositifs technologiques ne va pas sans risques, il est en revanche toujours difficile de savoir comment prévenir ces risques. Une des plus importantes difficultés réside sans doute dans le fait que ces dispositifs supportent généralement la croissance économique, fondement du fonctionnement des sociétés occidentales. Ainsi toute alerte qui vise à prévenir un risque sanitaire ou écologique engendre simultanément le risque de freiner cette croissance. Nombreux sont ceux qui veulent croire que la vitalité des institutions économiques, à travers le travail qu’elles offrent, sont encore le garant de notre prospérité et de notre bien-être.
Alerte à Babylone en examinant une série de problématiques actuelles entend moins recenser les grands dangers qui nous assaillent que d’actualiser le constat depuis longtemps entrevu de l’artificialisation de la vie ; ce processus ne pouvant que s’accompagner du contrôle toujours plus poussé des organismes vivants et de leur enfermement social.

Avec :

Susan et Arpad Pusztaï, toxicologues congédiés du Rowett Institute (Ecosse)
Vassili Nesterenko, Directeur du laboratoire indépendant Belrad, œuvrant aux soins auprès des populations contaminées par les nouvelles conditions de vie autour de Tchernobyl
Martin Hirsch, Directeur Général de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et Alimentaire (AFSSA)
Gilles-Eric Séralini, membre de la Commission du Génie Biomoléculaire et Directeur scientifique du Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN)
Gilles Heriard-Dubreuil, Président de Mutadis, entreprise privée de gestion sociale du risque
Jean-Michel Truong, romancier, entrepreneur
Charles Pilet, ancien Président de l’Académie de Médecine
Claude Bourguignon, agronome indépendant
André Cicolella, Président de la Fondation Sciences Citoyennes
Jacques Philipponneau, Editions de l’Encyclopédie des Nuisances
Jean-Pierre Berlan, Directeur de Recherche placardisé à l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA)
Eric Alt, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature
Pierre Boussange, Maria, Alain et Denis, activistes écologiques et anarchistes
Claude Birraux, Vice-Président de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques
Frédérick Lemarchand, Socio-anthropologue du risque, Université de Caen
PMO (Pièces et Main d’Oeuvre), groupe de citoyens en lutte contre le diktat du technopôle grenoblois

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Jean DRUON
Images : Nicolas GUICHETEAU

Son : Eusebio SERRANO

Montage : Audrey MAURION et Alejandra RIERA

Musique : Christophe CHEVALIER et Nicolas DEUTSCH

Mixage : Charles SCHLUMBERGER

Production : CULTURE PRODUCTION

POUR PROLONGER LE FILM :

Du côté des lanceurs d’alerte :
Sciences citoyennes
Pièces et main d’oeuvre

Pour que le monde de Monsanto ne devienne jamais le nôtre

 

Le documentaire complet

 


 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 15:00

 

http://actuwiki.fr/dossier/15771


stephane-hessel1-sarahmoon

Fabrice Nicolino, journaliste, jette un sacré pavé dans la mare dans Le Monde de ce lundi. Pour lui, un autre scandale alimentaire s’annonce : celui des médicaments présents dans la viande. Un constat que fait aussi l’Union vétérinaire belge qui tire la sonnette d’alarme.

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Samedi, le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll annonçait que trois carcasses de viande de cheval contenant des produits potentiellement nocifs pour la santé humaine avaient été consommées en France. Ces carcasses avaient été détectés positives au phénylbutazone, un anesthésiant anti-inflammatoire pour les chevaux de course, en Grande-Bretagne et exportées vers la France. Trois ont été bloquées mais trois autres n’ont pas été retrouvées et ont donc été consommées.

Le ministre a cependant relativisé : les doses retrouvées ne sont pas dangereuses.

Oui, mais… Selon le journaliste d’enquête Fabrice Nicolino, qui s’exprime dans Le Monde, tout n’est pas si simple. Et cette histoire n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il cite ainsi deux études : l’une datant de 2011, qui montrait la présence dans le lait d’anti-inflammatoires, d’antibiotiques, de bêta bloquants; l’autre datant de 2012 qui avait trouvé la présence d’antibiotiques et d’antiparasitaires dans les petits pots pour bébé. Tout ça en doses très faibles.

La législation est assez complète concernant la prise d’antibiotiques et de médicaments. Ainsi, une limite maximale de résidus est définie au niveau européen.

Mais, explique le journaliste dans Le Monde, aucune étude n’est menée sur les effets combinés de ces médicaments sur la santé humaine.

L’utilisation d’antibiotiques, un danger

Pis, il pointe le problème des antibiotiques administrés aux animaux : les maladies deviennent plus résistantes à ces remèdes. Des tests sont ainsi menés en Belgique. En 2011, « la présence de staphylocoque aureus résistant à la méticiline (MRSA) a été détectée dans 6,5% des élevages de poulets de chair et 0,7% des élevages de poules pondeuses« , explique l’Afsca. Et cette résistance peut devenir une menace réelle pour la santé publique.

La législation l’a d’ailleurs pris en compte depuis quelques années. « Les antibiotiques vétérinaires ne peuvent être utilisés que pour un usage thérapeutique. Toute utilisation préventive ou comme facteur de croissance est interdite dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2006« , précise le porte-parole de l’Afsca.

Depuis des années également, Test-Achats dénonce la présence d’antibiotiques dans l’alimentation des Belges. En 2010, l’association de défense des consommateurs a ainsi testé six produits, dont des crevettes, du pangasisus, du porc et de la dinde en Belgique, en Italie, en Espagne et au Portugal. Les résultats étaient plutôt encourageants.

Seul un échantillon espagnol de crevettes contenait du chloramphénicol, un produit potentiellement toxique, les autres denrées testées ne posaient pas de problème. A l’époque Sigrid Lauryssen, experte alimentation de Test-Achats, concluait : « Ce sont les auto-contrôles du secteur et les contrôles officiels qui doivent garantir que la législation est respectée. C’est pourquoi Test-Achats continue à encourager le secteur agroalimentaire à utiliser les antibiotiques de manière raisonnable et responsable dans l’élevage« .

Le cri d’alerte des vétérinaires

Mais, justement, le secteur ne semble pas si bien s’auto-réguler. Réagissant au scandale de la viande de cheval, l’Union professionnelle vétérinaire belge a tenu à rappeler un combat un peu oublié dans le scandale actuel : celui du trafic de médicaments. « Nous prions instamment les autorités sanitaires et judiciaires de soutenir ce combat contre les brebis galeuses du secteur. Entre autres, l’importation de produits alimentaires provenant de pays tiers, le trafic de médicaments par internet, la pratique de vétérinaires d’autoroute doivent faire l’objet d’une vigilance toute particulière de la part des autorités« , expliquaient-ils dans un communiqué.

Et Alain Schonbroodt, de l’Union vétérinaire, de noter qu’il y a de gros problèmes avec les médicaments vendus sur internet, mais également avec les éleveurs peu scrupuleux qui détournent les médicaments qui leur sont prescrits. Il pointe aussi la viande provenant d’autres pays, où les contrôles pourraient ne pas être aussi développés. Selon lui, les hormones ne sont plus vraiment un problème, mais les fraudes aux anti-inflammatoires et aux antibiotiques se répandent de plus en plus.

A travers les mailles du filet

Bien sûr, des contrôles existent en Belgique, mais ils ne sont pas systématiques.

Ainsi, précise l’Afsca, 9627 échantillons ont été prélevés dans les abattoirs en 2011 avec 99,9% de conformité pour ce qui est des résidus de médicaments.

« A chaque abattage un vétérinaire officiel expertise l’animal vivant et la carcasse. Chaque année un certains nombre d’animaux sont exclus de la chaine alimentaire sur base de ces expertises ( 2125 bovins, 29 482 porcs, 4 000 000 volailles), en cas de doutes des échantillons peuvent être prélevés. 230 échantillons suspects ont été prélevés à l’abattoir en 2011, 61, 3% étaient conformes« , explique le porte-parole de l’Afsca, se basant sur le rapport annuel de 2011.

Des contrôles sont aussi pratiqués dans les autres Etats membres de l’Union. Et la législation européenne s’applique également aux entreprises hors UE. C’est l’Office alimentaire et vétérinaire de la Commission européenne qui veille au respect des ces exigences.

Pour ce qui est de l’utilisation des médicaments dans les exploitations, c’est l’Afsca qui contrôle l’administration des médicaments au niveau des exploitations agricoles. L’Agence des médicaments contrôle le respect des bonnes pratiques vétérinaires.

« Le stock de médicaments, la présence d’un registre, de documents de fournitures des vétérinaires… y sont notamment inspectés. Sur les 4151 inspections menée en 2012, seuls 2% étaient non conformes« , explique le porte-parole Jean-Paul Denuit.

Mais même si être pris peut coûter cher, certains tentent de passer à travers les mailles du filet…

Julie Calleeuw sur rtbf

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 14:52

 

http://www.l214.com/communications/20130410-transport-chevreaux-20-ans-d-infractions

 
 
transport de chevreaux dans des cages à dindes

Les services du ministère de l'Agriculture viennent d'annoncer l'interdiction de transporter les chevreaux dans des cages à dindes. La France à l'avant-garde du bien-être animal ? Il s'agit plus exactement de mettre un terme à 20 ans d'infraction à la réglementation européenne sur le transport d'animaux. Pour L214, c'est l'issue laborieuse de quatre années de procédures juridiques.

Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214: « Pendant 20 ans, les chevreaux ont été transportés illégalement dans des cages à dindes avec la bénédiction des autorités. Nous restons donc vigilants et attentifs aux contrôles que l'Etat exercera pour faire appliquer cette interdiction enfin reconnue. »

Entassés dans des cages à dindes

A ce jour, les chevreaux - rebuts de l'industrie laitière - sont conduits à l'abattoir dans des conditions très inconfortables, obligeant les animaux à se tenir couchés et quasiment immobiles. Les cages à dindes empilées dans les camions laissent ruisseler l'urine et les excréments sur les animaux des étages inférieurs. La manipulation des chevreaux est douloureuse : le ministère précise que « du fait de la hauteur des cages pré-installées sur les camions, certains manipulateurs lancent brutalement les chevreaux dans les cages du haut, au risque de les cogner voire de les faire tomber. »

La note de service de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) publiée le 26 mars dernier annonce que cette tolérance prend fin. Tous les transporteurs doivent être en règle au plus tard le 1er novembre.

4 ans de procédure pour L214

La maltraitance routinière des chevreaux transportés est dénoncée depuis 2009 par L214, qui a porté plainte tour à tour auprès des services vétérinaires départementaux, du ministère de l'Agriculture et de la Commission européenne. Jusqu'à aujourd'hui, les appels de l'association étaient restés sans effet. En mars 2013, L214 témoignait encore à l'abattoir de Lapalud dans le Vaucluse de cette violation du droit européen sur la protection des animaux.

20 ans de tolérance des autorités

Le point réglementaire qui énonce que « les animaux doivent disposer de suffisamment d'espace pour rester debout dans leur position naturelle » d'une Directive relative à la protection des animaux en cours de transport est applicable depuis 1993 dans toute l'Europe. Une exigence entérinée en 2005 par un règlement européen.

Deux décennies ont donc été nécessaires à l'Etat français pour rappeler les industriels à la réglementation. Reste à s'assurer qu'aucune demande de report ne trouve d'écho au sein de l'administration et à espérer que des contrôles en assurent convenablement l'application*.

→ Historique du dossier et actions de L214

→ Vidéo de transport de chevreaux (mars 2013)

→ Galerie photos des enquêtes sur le transport de chevreaux

* Au sujet de la rareté et de l'inefficacité des contrôles de la réglementation sur la protection des animaux, voir notre communiqué du 15 février 2013.

 

 

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 16:02

 

 

LE MONDE | 09.04.2013 à 10h40 • Mis à jour le 09.04.2013 à 11h44

Par Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 


Rarement – jamais peut-être – une agence de sécurité sanitaire aura rendu des conclusions aussi alarmantes sur un polluant à ce point omniprésent dans notre environnement quotidien. Au terme d'un travail de longue haleine ayant rassemblé les contributions d'une centaine de scientifiques, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a rendu public, mardi 9 avril, un avis sur le bisphénol A (BPA) singulièrement inquiétant pour les générations à venir.

De toutes les substances chimiques de synthèse capables d'interférer avec le système hormonal ("perturbateurs endocriniens"), le BPA est celle qui entre dans la composition du plus grand nombre d'objets (plastiques, conserves, canettes, amalgames dentaires, etc.) ; il imprègne l'ensemble de la population occidentale.

Selon l'agence française, "certaines situations d'exposition de la femme enceinte au BPA présentent un risque pour la glande mammaire de l'enfant à naître". En d'autres termes, les enfants exposées in utero à des taux de BPA rencontrés dans la population générale pourront avoir un risque accru de contracter un cancer du sein plus tard dans leur vie.

 

 RISQUE ACCRU DE CANCER DU SEIN POUR L'ENFANT À NAÎTRE

D'autres risques (troubles du comportement, défauts de l'appareil reproducteur femelle, obésité) pour l'enfant à naître ont été évalués comme "négligeables" pour la population générale, mais ne sont pas exclus pour certaines catégories. D'autres risques encore – pour la prostate, la thyroïde, la fertilité masculine, etc. –, avérés ou suspectés sur l'animal, n'ont pu être évalués par les experts, faute de données suffisantes. "Ces risques ne sont pas pour autant exclus", dit-on à l'Anses.

Sur la foi de nombreuses études, menées depuis une vingtaine d'années sur des animaux de laboratoire, le risque retardé de cancer du sein après exposition au stade fœtal est connu de longue date. Mais c'est la première fois qu'une agence d'expertise sanitaire procède à une analyse des risques en complétant la littérature scientifique par de nombreuses mesures d'exposition de la population.

La mesure de BPA dans l'air à l'intérieur des habitations, les poussières, l'alimentation, l'eau, les tickets de caisse, etc. a permis à l'agence d'évaluer cette exposition. Dans 23 % des situations, les femmes enceintes sont potentiellement exposées à des taux de BPA présentant un risque accru de cancer du sein pour l'enfant à naître.

 

RÉSINES ÉPOXY QUI GAINENT L'INTÉRIEUR DES BOÎTES DE CONSERVE 

Ce taux de 23 % ne peut être directement extrapolé, mais il rend plausible le fait qu'entre un cinquième et un quart des femmes enceintes ont un taux d'imprégnation au BPA excédant une valeur de référence calculée par les experts de l'Anses. Fait notable : pour demeurer en deçà de ce seuil d'imprégnation, la dose journalière admissible établie par l'Autorité européenne de sécurité des aliments devrait être réduite de plusieurs milliers de fois...

Selon l'Anses, la première source d'exposition est de loin l'alimentation, qui contribue à quelque 84 % de l'exposition de la femme enceinte au BPA. Environ la moitié de l'exposition totale provient des résines époxy qui gainent l'intérieur des boîtes de conserve. Les eaux en bonbonne sont un risque additionnel. Les sources d'environ 25 % à 30 % de la contamination des aliments consommés (en particulier des produits animaux) n'ont pas pu être déterminées : elles demeurent énigmatiques.

La situation la plus inquiétante est celle des caissières qui manipulent des tickets de caisse en permanence : en cas de grossesse, les risques pour l'enfant à naître, outre ceux de cancer du sein, peuvent concerner les troubles du comportement, le risque d'obésité et d'éventuelles altérations de l'appareil reproducteur féminin.

 

D'AUTRES BISPHÉNOLS AUTANT, VOIRE PLUS PROBLÉMATIQUES

Quant aux tickets de caisse estampillés "sans bisphénol A", une bonne part contient comme substitut d'autres bisphénols autant, voire plus problématiques.

L'Anses a ainsi également étudié les alternatives au BPA. Elle s'est appuyée pour cela sur son inventaire des alternatives au BPA publié en février 2012, recensant 73 substances. Cet inventaire, qui n'est "probablement pas exhaustif", comporte notamment les résultats d'un appel à contributions lancé en 2011 sur les "effets sanitaires, usages et substitutions du BPA".

Parmi ces alternatives, certaines "sont actuellement utilisées sur les marchés européen et non européen alors que d'autres n'en sont encore qu'à un stade de recherche et développement", note l'agence, mais il n'en existe aucune qui pourrait remplacer le BPA dans tous ses usages.

 

"PROPRIÉTÉS OESTROGÉNIQUES"

Au vu des données disponibles sur la toxicité, l'Anses constate que "même si la plupart de ces composés chimiques ont été (pré) enregistrés sous Reach , ceux-ci n'ont pas pour autant fait l'objet d'essais complets dans le domaine de la toxicologie, notamment vis-à-vis de la reproduction et/ou de leur caractère de perturbateurs endocriniens".

L'Anses a passé en revue les autres composés de la famille des bisphénols. Outre le BPA, elle comporte en effet le Badge (BPS diglycidyl ether) et les bisphénols B, F, S et M. "L'analyse des données disponibles montre que la structure chimique commune aux composés de la famille des bisphénols leur confère des propriétés oestrogéniques", mimant l'action d'hormones féminines, précise l'Anses. Tout ce qu'il faut pour faire un perturbateur endocrinien.

Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 

 

                                                                              **************************************

 

 

http://www.sudouest.fr/2013/04/09/bisphenol-a-nouvelle-alerte-pour-les-femmes-enceintes-1019712-4696.php

 

Bisphénol A : nouvelle alerte pour les femmes enceintes

 

 

L’Agence de l’alimentation et de l’environnement (Anses) lance une nouvelle mise en garde contre ce produit chimique utilisé dans les contenants alimentaires, les tickets de caisse et les facturettes

 

 

La situation des femmes enceintes qui manipulent des produits imprégnés au bisphénol A – les papiers thermiques comme les tickets de caisse et les reçus de cartes bancaires – est la plus problématique.
La situation des femmes enceintes qui manipulent des produits imprégnés au bisphénol A – les papiers thermiques comme les tickets de caisse et les reçus de cartes bancaires – est la plus problématique. (archives Laurent Theillet)
 

Le bisphénol A, l’un des perturbateurs endocriniens les plus célèbres, est désormais cerné. Suspectée depuis des années d’effets délétères sur la santé humaine, ciblée par les pouvoirs publics qui en restreignent l’usage, cette substance chimique fait l’objet depuis ce mardi matin d’une nouvelle mise en garde émanant de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

  • Quels sont les risques pour la santé ?


L’avis, qui pèse quelques centaines de pages avec ses annexes, fait état d’un "risque potentiel pour l’enfant à naître des femmes enceintes exposées". Ce risque porte sur la modification de la glande mammaire chez le fœtus, qui est susceptible d’entraîner ultérieurement des cancers du sein.

Bientôt interdit dans les tickets de caisse ?


Résultat de l’avis publié ce mardi, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a annoncé qu'elle proposerait à la Commission européenne l'interdiction du bisphénol A dans les tickets de caisse. Elle a aussi demandé à l'Anses d'étudier les autres produits suspectés d'être perturbateurs endocriniens. Le Réseau environnement santé a salué ce "rapport courageux" qui aboutit à calculer des "valeurs toxicologiques de référence entre 5 000 et 20 000 fois inférieures" à celles défendues par l'EFSA. Ces valeurs sont d'ailleurs si faibles qu'elles conduiront à une interdiction progressive de l'usage du PBA, souligne le RES. De son côté, le député socialiste Gérard Bapt a appelé à supprimer le bisphénol A de "l'ensemble des contenants alimentaires" au niveau européen.

Chez l’enfant à naître, le bisphénol A pourrait aussi avoir des effets sur "le cerveau et le comportement, le métabolisme et l'obésité ou encore l'appareil reproducteur féminin", indique l'Anses.

Ces conclusions confirment les précédents travaux de l’Agence sur le sujet. En septembre 2011, celle-ci s’était déjà penchée sur les risques pour l’enfant à naître. Elle avait prôné son remplacement dans tous les articles de la vie courante pour lesquels l’opération était possible. Mais l’avis publié aujourd’hui est bien mieux étayé. Il repose sur l’exposition réelle des populations : par l’alimentation (80% de l’exposition), par l’inhalation de l’air ambiant et par voie cutanée (au contact des produits de consommation).

  • Où le trouve-t-on ?


Sans surprise, la situation des femmes enceintes qui manipulent des produits imprégnés au bisphénol A – les papiers thermiques comme les tickets de caisse et les reçus de cartes bancaires – est la plus problématique. Les caissières entrent évidemment dans cette catégorie. Mais également les femmes enceintes qui consomment de l’eau aux fontaines installées dans les entreprises. Celles-ci sont approvisionnées par des bonbonnes plastiques de type polycarbonate, résistantes aux chocs et aux variations de température, qui contiennent du bisphénol A. Et leur enveloppe plastique "largue" une partie de ce bisphénol A dans l’eau avalée.

Cette molécule de synthèse connaît d’innombrables applications industrielles dans les équipements automobiles, les amalgames dentaires, le matériel électrique et électronique, les jouets en plastique… Le bisphénol A a aussi été utilisé dans les biberons en plastique. Il entre encore dans la composition de la résine epoxy qui couvre l’intérieur des boîtes de conserve.

  • Interdit dans les biberons


Difficile d’y échapper, donc. Ce devrait être un peu plus aisé à l’avenir. Définitivement adoptée par le Sénat en décembre dernier après un marathon parlementaire long de deux ans, la loi bannit depuis le 1er janvier 2013 le bisphénol A des contenants alimentaires destinés aux enfants de mois de trois ans. Le changement le plus marquant concerne les biberons plastiques, translucides et incassables. Il était d’autant plus impératif que le chauffage du plastique favorise la migration du bisphénol A du récipient vers le contenu. La loi prévoit une deuxième étape au 1er janvier 2015, quand le bisphénol A sera interdit dans tous les conditionnements au contact des denrées alimentaires. Ce délai vise à laisser aux industriels le temps de trouver des molécules de substitution et à en vérifier l’innocuité. La bataille législative avait été initiée par le député PS de Haute-Garonne, Gérard Bapt, et relayé par sa collègue girondine Michèle Delaunay, devenue ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie.

"Cette nouvelle législation devrait conduire à une baisse très significative du niveau d'exposition au bisphénol A" juge aujourd’hui l'Anses qui s'inquiète pourtant des produits de remplacement à venir. Ceux-ci appartiennent généralement à la même famille de molécules, les bisphénols, qui ont des propriétés voisines. En particulier les bisphénols M, S, B, AP, AF, F et BADGE. "En l'absence de données scientifiques complémentaires, l'Agence n'encourage pas à utiliser d'autres bisphénols comme solution de substitution au bisphénol A", avertit l’Agence qui appelle à "la plus grande prudence".

  • Pourquoi les scientifiques s'y sont intéressés


Les travaux sur le bisphénol A sont maintenant nombreux et convergents. Il est classé perturbateur endocrinien car il "mime" l’action des hormones femelles et trompe l’organisme receveur. Il est prouvé depuis plusieurs années qu’il augmente l’incidence des cancers mammaires chez le rat. Dans une étude publiée en mai 2012, il est apparu que les changements de morphologie de la glande mammaire dans la descendance touchaient également les singes.

Certains pays ont réagi rapidement. Le Canada a interdit le bisphénol A dans les biberons dès 2008. En France, l’Afssa (devenue Anses par la suite) a conclu à son innocuité cette année là avant de reconnaître pour la première fois le bien-fondé des alertes en 2010. Ce revirement s’est appuyé sur le fait que le bisphénol A peut entraîner des effets sanitaires inquiétants à des doses infimes. Ce qui tranche avec l’adage sacro-saint dans la communauté des chimistes qui veut que "la dose fait le poison". Le Réseau environnement santé (RES) du toxicologue André Cicolella se battait depuis des années pour ce changement de paradigme.

Dans ce débat, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) reste encore à la traîne. Elle s’en tient au concept de la "dose journalière acceptable". Son désaccord avec l’Anses sur l’innocuité du bisphénol A est de notoriété publique. Elle a cependant entamé l’an dernier une réévaluation du bisphénol A pour ses effets éventuels à faible dose.

 

 

 

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          Depuis le 26 Mai 2011,

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                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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