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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:33

 

LE MONDE

13.06.2013 à 11h27 • Mis à jour le 14.06.2013 à 10h01

 

Par Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 
 
En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes.

En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes – cancers, maladies du sang, troubles neurologiques, malformations, etc. – dont l'incidence tend à augmenter dans le monde. C'est l'idée-force d'une impressionnante expertise collective menée sur l'ensemble des connaissances internationales actuelles, et pilotée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui l'a rendue publique jeudi 13 juin.

Cette synthèse rassemble les données épidémiologiques issues de nombreux pays (Etats-Unis, Canada, Australie, Finlande, Danemark, etc.), qui précisent les effets sanitaires des principaux produits phytosanitaires : insecticides, herbicides et fongicides. Une grande part du rapport concerne les expositions professionnelles (agriculteurs, ouvriers du secteur agrochimique, etc.), mais aussi les personnes vivant ou travaillant dans ou à proximité de zones agricoles. En France, terre d'agriculture, 15 % de la population sont ainsi concernés.

 

"AUGMENTATIONS DE RISQUES SIGNIFICATIVES"

Après avoir passé au crible la littérature scientifique internationale, les experts concluent que l'exposition à des pesticides conduit à "des augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies".

C'est ainsi que chez les agriculteurs, les ouvriers de l'industrie qui fabriquent ces produits ou ceux qui les appliquent, il y a une "présomption forte" d'association entre une exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de certaines proliférations malignes de cellules lymphoïdes (lymphomes non hodgkiniens) et de cancers de la prostate. Les agriculteurs et les applicateurs de pesticides sont également exposés à un risque accru de myélome multiple, une autre prolifération maligne dans la moelle osseuse. Et ce n'est pas tout. Que ce soit dans le cadre d'expositions professionnelles ou non, les adultes présentent un plus grand risque à développer une maladie de Parkinson.

Un lien avec d'autres pathologies comme les tumeurs du système nerveux central est aussi suspecté. En Gironde, par exemple, région viticole très consommatrice de pesticides, l'incidence de ces maladies est trois fois supérieure au niveau national. Entre 2000 et 2007, elle a augmenté de 17 %.

 

"ATTENTION AU SYNDROME DU RÉVERBÈRE"

Les travaux internationaux examinés mettent en lumière un autre fait majeur : la période de vulnérabilité que représente la grossesse. "Il y a une présomption forte d'un lien entre une exposition professionnelle de la femme enceinte à certains pesticides et un risque accru pour l'enfant de présenter un hypospadias ou de développer, plus tard, un cancer cérébral ou une leucémie", constate l'épidémiologiste Sylvaine Cordier (Inserm, université Rennes-I) et coauteure du rapport. Selon des données internationales, l'exposition professionnelle du père ou de la mère augmente de 30 % à 53 % le risque de tumeurs cérébrales de l'enfant à naître.

Les agricultrices enceintes ne sont pas les seules concernées. Celles qui habitent dans des zones agricoles d'épandage ou celles qui utilisent les pesticides à des fins domestiques le sont également : "Des études montrent un risque augmenté, pour l'enfant à naître, de leucémies, de troubles de la motricité fine, de déficit cognitif, de troubles du comportement comme l'hyperactivité", ajoute Mme Cordier.

Si les preuves sont suffisantes pour agir vis-à-vis de certains produits – les organochlorés et les organophosphorés –, Jean-Paul Moatti, directeur de l'Institut thématique "Santé publique" commun aux organismes de recherche publics français met en garde : "Attention au syndrome du réverbère où l'on ne regarde que ce qui est éclairé. Notre expertise collective pointe le développement de nombreuses pathologies, mais de futurs travaux pourraient découvrir des effets insoupçonnés des pesticides analysés, ou mettre en évidence la toxicité d'autres substances."


DES DÉCISIONS POLITIQUES ATTENDUES
 

Les auteurs recommandent donc d'"améliorer les connaissances sur l'exposition des populations" et d'obtenir la composition complète des produits mis sur le marché, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, les formules commerciales restant protégées par le secret industriel. En Europe, ces données ne peuvent être réclamées par un seul pays – comme aux Etats-Unis –, car elles relèvent de la règlementation communautaire.

"Si les auteurs de cette large expertise réclament surtout que l'on fasse plus de recherche, dit de son côté François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures, ils n'en tirent pas moins des conclusions très fortes, qui doivent mener à des décisions politiques : vente des pesticides interdites à des utilisateurs non professionnels ou interdiction pour les collectivités publiques d'y avoir recours..."

Retirer du marché les produits est parfois nécessaire mais pas toujours suffisant. Les scientifiques le savent bien. "De nombreux produits ont été interdits mais les plus persistants demeurent présents dans l'environnement ou s'accumulent dans la chaîne alimentaire, dont l'homme constitue le dernier maillon." Pour le député socialiste Gérard Bapt, qui avait déjà lancé l'alerte sur les dangers sanitaires du bisphénol A, et qui a organisé la présentation des résultats de l'expertise à l'Assemblée nationale, "ce travail montre l'ampleur du problème en matière de santé publique. La question est de savoir si, comme dans le cas du chlordécone aux Antilles, nous n'avons pas dépassé le point de non-retour".

Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:21

 

 

bastamag.net

Par Sophie Chapelle (5 juin 2013)

 


« Légumes clandestins » ! L’inscription ironique figure sur les pancartes que des jardiniers et des consommateurs brandissent ce 4 juin sous les fenêtres de la direction régionale de la concurrence et de la consommation à Toulouse. Ils dénoncent la pression sur les petits producteurs qui commercialisent des variétés de légumes non inscrits au catalogue officiel (lire nos précédents articles). Quinze jours plus tôt, le 17 mai, des petits maraîchers ont reçu la visite d’un agent de la répression des fraudes, sur le marché de Lavelanet, en Ariège. Leur délit : vendre des plants de tomates non inscrites au catalogue officiel et ne pas disposer de la carte du GNIS, l’interprofession nationale des semences et des plants. Ils encourent une amende potentielle de 450 euros...

« Bien que pour eux qui vendent moins de 10 000 plants par an, cette carte soit gratuite, pour le moment du moins, cette visite a causé un certain émoi, d’autant plus que jusqu’ici cette activité annexe était tolérée et que ces maraîchers ignoraient même que cette carte était obligatoire », réagissent plusieurs organisations [1] dans une lettre commune. Ces dernières voient dans ce contrôle « un abus s’inscrivant complètement dans une logique de généralisation du fichage de toutes les activités et de toutes les personnes qui échappent au contrôle des multinationales ». L’élu écologiste François Calvet, Vice-Président de la commission agriculture du Conseil régional Midi-Pyrénées, considère également ce contrôle comme « inopportun ». « La vente de plants par les maraîchers peut-être un revenu complémentaire non négligeable, écrit-il. Au moment où l’économie agricole est en crise, il n’est pas acceptable que ces paysans soient mis en difficulté par une application zélée de la réglementation sur la propriété intellectuelle ».

Plus largement, les organisations associatives et paysannes demandent à « répondre à la forte demande des jardiniers de pouvoir trouver sur le marché des plants leur permettant de cultiver toute la diversité des variétés paysannes, locales ou exotiques qui ne pourront jamais être toutes inscrites au catalogue. » Entre 1954 et 2002, 80 % des variétés potagères auraient été radiées du catalogue selon le Réseau semences paysannes. Des 876 variétés potagères inscrites en 1954, il n’en restait plus que 182 au catalogue officiel français en 2002. La raison de ces radiations ? Le poids de l’industrie semencière, qui, depuis cinquante ans, cherche « à standardiser les semences pour les adapter partout aux mêmes engrais et pesticides chimiques », estime le Réseau semences paysannes. « Ces contrôles sont effectués avec pédagogie pour protéger les consommateurs mais aussi les producteurs », assure pour sa part la directrice régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, Catherine d’Hervé. Cette action intervient alors que la législation sur la commercialisation des semences et des plants est en cours de révision à l’échelle européenne.

Notes

[1Confédération Paysanne Midi Pyrénées et de tous les départements de la région, Réseau Semences Paysannes, Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Amis de la Terre Périgord, Nature & Progrès Ariège, Nature & Progrès Hautes Pyrénées, Nature & Progrès Quercy Gascogne, Nature & Progrès Haute Garonne, Nature et Progrès Aveyron, Croqueurs de carottes, Collectif anti-OGM31, Pétanielle, Terre en vie 65, ATTAC Toulouse, Toulouse en transition, Collectif des Semeurs du Lodévois-Larzac, Kokopelli, collectif des Faucheurs Volontaires, les herbes folles de Saverdun,...

 

 

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 16:05

 

 

Rue89

StreetPress 13/06/2013 à 11h24
Mathieu Molard | Journaliste à StreetPress

 

Info StreetPress) Branle-bas de combat chez les mormons. Après de nombreux mois de discussions, FamilySearch International, l’entreprise généalogique des mormons, a obtenu le feu vert de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour numériser et mettre en ligne une bonne partie des documents d’archive d’état civil français.

Alors que 70% de l’état civil français serait déjà dans le bunker de l’Eglise à Salt Lake City, suite à un accord conclu dans les années 60 entre les mormons et les archives nationales, l’accord de la Cnil ouvre un boulevard aux religieux en costard qui négocient en ce moment avec les archives départementales.

Objectif pour l’Eglise : obtenir les 30% d’états civils manquants, avoir le droit de les numériser et de les mettre en ligne… pour pouvoir baptiser ta grand-mère décédée. Le 25 avril dernier, la décision convoitée de longue date tombe enfin.

Gigantesque base de données numérique

 


Jeunes mormones (StreetPress)

 

La très sérieuse Cnil autorise l’Eglise à numériser les actes d’état civil (naissances, mariages et décès), les tables décennales et les cahiers de recensement.

Une gigantesque base de données numérique, qui sera conservée dans le bunker souterrain de l’Eglise à Salt Lake City, aux Etats-Unis, et qui à terme devrait être consultable par les internautes.

Pour les mormons, la Cnil impose quelques règles à respecter :

  • un dispositif ultra sécurisé ;
  • toutes les informations d’ordre privé, comme la religion, la santé ou d’éventuelles condamnations, devront être masquées, et ce pendant les 150 ans suivant le décès de la personne.

Des moyens financiers quasi illimités

Cet agrément n’est en fait qu’une première étape pour l’Eglise. En effet, la Cnil ne donne son avis que sur la partie technique du dossier. En clair, elle se charge seulement de vérifier que les données seront bien protégées et ne contiendront aucune information d’ordre privé. Delphine Carnel, en charge du dossier à la Cnil, explique :

« Nous ne pouvons pas leur interdire l’accès parce que c’est un organisme religieux, ce n’est pas de notre compétence. Ça, c’est du ressort des archives de France. »

Prochaine étape, donc, pour les mormons : convaincre les organismes publics de leur donner l’aval. Et pour ça, ils ont un argument de taille : des moyens financiers quasi illimités. Un fond alimenté par les 14 millions de croyants qui reversent à l’Eglise 10% de leurs revenus. Au total, un joli pactole estimé en 1997 par le Time Magazine à plus de trente milliards de dollars.

Entendons-nous bien, il n’est pas question pour l’Eglise de soudoyer les archives nationales mais plutôt de mettre à disposition des moyens techniques. Par le passé, l’argument a su convaincre. En 1960, la société généalogique d’Utah (devenue depuis FamilySearch) avait conclu un deal avec la direction des archives de France.

70% de l’état civil français à Salt Lake City

L’organisme public ouvre aux mormons les portes de ses archives, qui microfilment les documents, et chacun repart avec une copie. 70% de l’état civil français serait déjà enterré dans les bunkers de Salt Lake City.

La méthode a donc fait ses preuves, et FamilySearch retente le coup. M. Massela, représentant français de la compagnie mormone, explique franco :

« On cherche à connaître les besoins des archives, pour leur proposer nos services. »

Sauf qu’en un demi-siècle, la technologie a évolué. Les accords des années 60 ne prévoyaient pas la mise en ligne des documents, et pour cause : Internet ne s’est ouvert au grand public que trente ans plus tard.

Quant au coût de reproduction, il a très largement diminué avec l’arrivée des outils de copie numérique. Pas de bol pour les mormons, il faut renégocier, et ils ont moins d’arguments à mettre dans la balance !

Concurrence déloyale

« Nous avons eu de très nombreux échanges avec les archives de France, mais impossible d’arriver à un contrat national », raconte M. Massela. Raison invoquée par le service public : concurrence déloyale. Les services proposés par les mormons sont gratuits, « et aujourd’hui il y a d’autres acteurs privés sur le marché ».

Etonnant, en période de restrictions budgétaires, de voir à quel point les archives nationales tiennent à dépenser nos impôts ! Peut-être que l’actuel directeur, Hervé Lemoine, a plus de scrupules que ses prédécesseurs à signer un accord avec une organisation religieuse controversée. Malgré les nombreux coups de fil de StreetPress, il n’a pas trouvé le temps de nous répondre.

Les archives nationales refusent de s’engager avec les mormons. Qu’importe, ils tentent leur chance à l’étage d’en dessous : les archives départementales. « Nous sommes effectivement en discussion avancée avec plusieurs départements », explique le représentant de FamilySearch, « plutôt optimiste » ; mais impossible de savoir lesquels.

« Nous préférons rester discrets avant que les négociations n’aboutissent », explique M. Massela. L’Eglise de Jésus Christ des saints du dernier jour n’a pas toujours bonne presse, et une indiscrétion pourrait faire capoter l’accord.

10 000 bénévoles pour l’Eglise

Elle prépare d’ores et déjà la suite des événements. Dans chacun de leur « pieu » – diocèse mormon – un directeur d’indexation va être nommé. Quinze responsables au total, pour coordonner le travail des 10 000 bénévoles que l’Eglise affirme pouvoir mobiliser pour réaliser l’indexation des un à trois millions d’images que représente l’état civil d’un département.

Parmi les bénévoles, sans doute une partie des 36 000 membres français revendiqués par l’Eglise, mais aussi de très nombreux passionnés de généalogie.

Pourquoi L’Eglise de Jésus Christ des saints du dernier jour dépense-t-elle tant d’énergie pour connaître le petit nom de ton arrière-arrière-grand-oncle ? Auprès de la Cnil, FamilySearch a déclaré vouloir protéger un patrimoine en péril. Les documents, comme les microfilms, sont victimes des attaques du temps.

Autre argument invoqué : les rendre plus facilement accessibles au grand public. « C’est vrai qu’ils n’évoquaient pas leurs motivations religieuses, même si elles sont évidentes pour tout le monde », confirme Delphine Carnel.

Anne Frank baptisée

Si les mormons s’intéressent tant à la généalogie, c’est en fait parce qu’ils considèrent que leur première obligation est d’accomplir certains sacrements religieux pour tous leurs ancêtres. Et en gros, comme de près ou de loin nous sommes tous cousins, ils tentent en quelque sorte de reconstituer l’arbre généalogique de l’humanité.

« Notre philosophie, c’est de donner l’occasion à nos ancêtres de recevoir les sacrements » explique M. Massela : baptême, mariage, scellement aux parents et aux enfants… Toujours en présence d’un membre de l’Eglise qui aura pu établir un lien de parenté, même lointain, avec le défunt.

Lire l’intégralité de l’article sur StreetPress

Street Press
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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 14:57

 

 

Médiapart

 

 

 

New York, correspondance

Le scandale des programmes américains de surveillance à grande échelle, dont l’existence fut révélée la semaine dernière par le Washington Post et le Guardian, a désormais des répercussions dans le monde entier. En Europe, la réaction de Bruxelles est venue de Tonio Borg, commissaire à la santé, déclarant mardi que « la commission européenne demandait un engagement clair de la part des États-Unis quant au respect du droit fondamental de tous les citoyens européens à la protection de leurs données personnelles ». Une discussion doit avoir lieu « avec fermeté et détermination », vendredi, entre la commissaire chargée de la justice, Viviane Reding, et des représentants américains.

L’objectif est notamment de comprendre, selon Tonio Borg, « si l’accès à des données personnelles dans le cadre du programme Prism (permettant à l’Agence pour la sécurité nationale, la NSA, de surveiller l’activité d’étrangers sur Internet grâce à la collaboration de neuf géants du web basés aux États-Unis) se limite à des cas individuels reposant sur des soupçons fondés et spécifiques ou s’il s’agit d’un transfert en vrac ».

Aux États-Unis, les débats sur le programme Prism enflamment les médias et les défenseurs des libertés civiques, puisqu’il est difficile d’imaginer que ce programme n’ait été cantonné qu’aux « étrangers ». Selon le document secret sur le fonctionnement de Prism publié jeudi dernier par le Washington Post, le programme utilise une recherche par « mots-clés » devant lui assurer « à 51 % » que seuls des étrangers sont visés… Les inquiétudes sont encore plus vives sur le programme de surveillance téléphonique dont l’existence a été révélée par le Guardian : il aurait permis à l’agence entourée de secret qu’est la NSA de récupérer quotidiennement les relevés téléphoniques de tous les clients américains de l’opérateur mobile Verizon, à savoir de 98,9 millions de personnes, depuis au moins six ans.

Le Wall Street Journal avance en outre que Verizon n’est pas la seule entreprise concernée. Selon le quotidien, citant des sources anonymes, l’opérateur mobile AT&T, comptant 107,3 millions d’abonnés, et Sprint, 55 millions, auraient également été ciblés.

Mardi, huit sénateurs consternés par l’ampleur de ce système de surveillance, que l’administration américaine continue de présenter comme légal et efficace, ont donc introduit un texte de loi pour y voir plus clair. Cette proposition de loi veut obliger le gouvernement à rendre publics des documents actuellement classés secrets et qui permettraient de comprendre comment la loi a été interprétée pour justifier une opération de surveillance de cette ampleur. « Que les Américains comprennent comment notre gouvernement interprète le Patriot Act et le FISA Act », a ainsi déclaré Jamal Raad, le porte-parole du sénateur démocrate à l’origine de cette loi, Jeff Merkley. Ces deux textes ont servi de cadre légal aux systèmes de surveillance, selon le gouvernement.

Plus radicale est l’initiative de l’organisation américaine historique de défense des droits civiques, l’ACLU. La grande association vient de porter plainte contre le gouvernement qu’elle accuse de collecter abusivement des métadonnées (non pas le contenu des appels, mais les numéros appelés, les heures, les lieux et la durée des appels) dans le cas Verizon, et ainsi de violer des droits constitutionnels des Américains, de la liberté d’expression au droit à la vie privée.

Elle espère également obtenir la publication de documents jusque-là gardés secrets afin de comprendre comment le Patriot Act a été interprété pour permettre l’obtention de « données commerciales (celles des entreprises du web) en vrac », sans faire état de soupçon préalable comme c’est normalement requis.

 

Edward Snowden, le "lanceur d'alerte". 

Edward Snowden, le "lanceur d'alerte".© (dr)

 

Pendant ce temps, à Hong Kong, le lanceur d'alerte Edward Snowden se cache. L’Américain de 29 ans par qui tout est arrivé, un ancien employé de la CIA et ancien consultant pour la société Booz Allen Hamilton, à laquelle la NSA sous-traite des missions d’analyse de données, a dévoilé son identité dimanche et expliqué pourquoi il avait tenu à révéler l’existence de Prism dans un entretien filmé et disponible sur le site de The Guardian.

Il n’a pas fallu plus de quelques heures à l’administration américaine pour commencer à engager des poursuites contre lui, et préciser qu’une demande d’extradition serait ensuite transmise à Hong Kong. Depuis, Edward Snowden a disparu de son hôtel chinois… Il a peut-être déjà quitté Hong Kong, où il s’était réfugié depuis le 20 mai, et a dit penser à demander l’asile politique à l’Islande.

Le cas d’Edward Snowden fait bien sûr couler beaucoup d’encre aux États-Unis. Héros ou traître ? La question n’est pas là, tranche l’éditorialiste du Washington Post, Eugène Robinson. Soulignant la position paradoxale du jeune homme, qui prône la désobéissance civile mais choisit l’exil pour éviter de faire face aux conséquences, M. Robinson résume l’affaire ainsi : « C’est un messager imparfait. Mais son message ne doit pas être ignoré. »

Pour le moment, son message semble loin d’être ignoré, à en juger par la somme d’articles et de prises de position, demandant à Washington d’éclaircir le mystère de ce gigantesque système de surveillance américain, dont on a du mal à cerner le fonctionnement, et surtout, les buts.

 

Trop de secret tue le secret ?

En effet, les questions qui se posent désormais ne portent pas seulement sur la légalité des programmes révélés (surtout que sous le Patriot Act, l’impression dominante est que tout et n’importe quoi peut être déclaré légal), mais aussi sur leur intérêt, leur efficacité et leurs limites. Des questions d’autant plus prégnantes que les sondages montrent qu’aux États-Unis, l’opinion reste partagée vis-à-vis de la surveillance à grande échelle, qu’une majorité accepte.

 

Le mode d'emploi de la NSA pour expliquer le programme Prism à ses agents. 
Le mode d'emploi de la NSA pour expliquer le programme Prism à ses agents.

Une étude du Pew Center réalisée après les révélations du Washington Post et du Guardian indique que 56 % des Américains trouvent acceptable que la NSA obtienne secrètement une ordonnance d’un tribunal lui donnant le droit de traquer les appels de millions d’Américains, contre 41 % trouvant cela inacceptable. Cette étude montre encore que les Américains sont très partagés quand on leur demande si le gouvernement doit pouvoir surveiller les emails de tout un chacun pour prévenir une quelconque menace terroriste : 47 % se disent contre, 45 % pour. Cette étude nous montre enfin que l’opinion a très peu changé depuis 2002, aux lendemains des attaques du 11 Septembre.

« L’opinion reste fragmentée. Nous avons finalement du mal à identifier une tendance dominante, certains trouvent ce système de surveillance essentiel, d’autres abusif et il y a aussi des gens qui s’en fichent », résume Steven Aftergood, interrogé par Mediapart, expert en surveillance à la Federation of American Scientists (FAS), un think tank de Washington centré sur les questions de sécurité.

Le chercheur, qui ne cache pas sa surprise face à l’ampleur de ces révélations « indiquant l’existence d’un système de surveillance allant bien plus loin que ce qu’on pensait », estime en fait que le problème central est celui de la classification du secret, qui ne se justifie pas assez selon lui« Si le Congrès, dont le gouvernement prétend qu’il était au courant, faisait un meilleur travail d’information du public, ces fuites n’auraient pas de raison d’être », explique-t-il.

Cet avis est partagé par Shane Harris, auteur d’un ouvrage important sur la construction du système de surveillance américain ces vingt-cinq dernières années, intitulé The Watchers : The rise of America’s surveillance state (Ceux qui nous observent : l’expansion de l’État-surveillance américain). « Plus le fonctionnement étatique est entouré de secret, plus les attentes voire la paranoïa sont grandes et plus il y a de chances de susciter des vocations de lanceurs d’alerte », analyse-t-il.

Shane Harris cite l’exemple de Daniel Ellsberg, l’expert militaire à l’origine de la fuite des « Pentagon papers » (les papiers du Pentagone), révélés en 1971 par le New York Times, montrant que le gouvernement américain mentait au public au sujet des avancées de la guerre du Viêtnam. Cela avait valu à M. Ellsberg d’être considéré à l’époque comme « l’homme le plus dangereux des États-Unis » par le secrétaire d’État, Henry Kissinger. Il cite encore Bradley Manning, le jeune soldat en procès depuis le 3 juin, accusé de « collusion avec l’ennemi » et risquant la prison à perpétuité pour avoir transmis des documents secrets de l’armée américaine à Wikileaks.

« Ils ont agi à partir du moment où ils n’ont plus supporté le secret et le mensonge, la dichotomie entre la réalité et ce qui est raconté. Un certain niveau de secret est bien sûr nécessaire, mais la question est : dans ce pays, trop d’informations ne sont-elles pas classées secrètes ? » poursuit l’écrivain et journaliste du magazine politique National Journal. Selon lui, cela s’explique entre autres par la culture et le fonctionnement bureaucratique des agences de surveillance américaine : « Elles sont une douzaine liées au renseignement, dont la NSA, c’est énorme ! Et elles protègent jalousement leurs méthodes, leurs données… Trop de documents sont classés secrets sans que cela soit nécessaire, de l’aveu même de ceux qui y travaillent. »

Cela ne va pas en s’arrangeant, le système de surveillance américain n’en finissant pas de grossir et de se complexifier. « Il y a tant de gens impliqués que n’importe qui peut devenir l’un des “maillons faibles” de cette chaîne, sans compter la prolifération des consultants et des sous-traitants », note Shane Harris. La masse d’informations collectées croît en conséquence…

Dans quel but ? Autre chose que de l’antiterrorisme ? Cette question-là reste pour le moment sans réponse. Le doute est de rigueur. « Il y a toujours un risque d’utilisation des données à mauvais escient. Et les agences de surveillance de ce pays ont un passif, elles ont déjà abusé de leur pouvoir. La confiance n’est pas au rendez-vous », conclut Shane Harris.

 

 

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 14:49

 

Marianne

  Mercredi 12 Juin 2013 à 11:56

 

Alexandre Coste
Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes En savoir plus sur cet auteur

 

Quel sens du timing ! Alors que Microsoft est accusé de jouer les « Big Brother », le dernier spot TV de la firme de Redmond apparaît en total décalage avec l’actualité. Ironie garantie.

 

Chez Microsoft, vous prendre pour des buses est notre priorité !
« Chez Microsoft, votre vie privée est notre priorité. » Ce slogan est le point d’orgue de la dernière publicité de Microsoft, qui prête à rire tant la firme à mauvaise presse en ce moment entre les révélations du programme  PRISM, qui permet à la NSA d’avoir accès librement aux données des géants du web, et la levée de boucliers face à la prochaine X-Box One qui s’annonce des plus intrusives dans la vie des joueurs, la faute à une caméra et un micro branchés en permanence dans votre salon.
 
« Il y a des informations personnelles que vous acceptez volontiers de partager sur Internet. Mais pas toutes. Chez Microsoft, nous cherchons des solutions pour vous donner plus de contrôle sur vos données personnelles. Car, même dans un monde interconnecté, certaines choses doivent rester privées. » Vous la sentez l’hypocrisie là ?

La publicité nous présente la vie de la petite Adèle, de sa naissance à son adolescence. Une vie idéale, entre grands moments conviviaux à partager et petits secrets à garder pour elle tels que sa « nuit dernière », évoquée alors que sa mère jette un regard réprobateur à la caméra (à la voix off ?), mais sans méchanceté. Un clin d’œil au public adolescent friand de réseaux sociaux et que Microsoft, n’en doutons point, cherche à accompagner dans leur désir de faire la part des choses entre ce qui peut être partagé et ce qui doit rester secret.
 

 

Chez Microsoft, vous prendre pour des buses est notre priorité !
Les avertissements reçus en cours ? :D
 
La nuit dernière avec ce mec si mignon ? Chuuuut ;)
 
On nous encourage dans cette publicité à adopter le logiciel «Do not track». Le principe du logiciel, c’est d’indiquer aux sites sur lesquels vous naviguez si vous voulez que vos données ne navigation soient collectées ou non. Mais libre à ces sites d’accepter ou de refuser ! Pour paraphraser un article de ZDNet, Do Not Track fait un peu office de simple autocollant «pas de publicité» collé sur une boîte aux lettres. Ne me suivez pas: une formule choc pour une efficacité toute relative…
 
Donc malgré ces promesses merveilleuses de la part de Microsoft, il y a tout de même fort à parier que la prochaine Window soit celle qui s’ouvre sur votre vie privée…
   
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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 13:32

 

 

Extrait

 

 

Cash investigation - Diffusé le : 11 Juin 2013 à 20:45 - Durée : 110 min

 

Les journalistes Valentine Oberti et Wandrille Lanos ont obtenu le témoignage d'Hervé Falciani, l'ex-informaticien de la banque HSBC Genève qui avait quitté l'établissement en 2008, emportant avec lui la liste des clients. Trois disques durs remplis de noms, d'adresses et de numéros de comptes révélant l'identité de tous ceux qui fraudent le fisc en cachant leurs avoirs en Suisse. Menacé de mort et placé sous la protection de la police, l'homme livre sa vérité sur l'évasion fiscale. Accusé de vol de données par la justice suisse, il avait choisi de partager la liste avec les services fiscaux de Bercy. Mais certains acteurs du dossier accusent le gouvernement français d'avoir fait entrave au bon déroulement de l'enquête. Cash investigation revient aussi sur le cas des entreprises «fraudeuses» implantées en France.

présentateur : Lucet Elise

 

Pour revoir l'émission dans son intégralité, , cliquer ici

 


 

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 17:28

 

lien

 

 

 

 

Vous voulez savoir ce qui rend vos Fromages et yaourts si Onctueux ???
Les végétariens, les Juifs et les musulmans apprécieront tout particulièrement la “transparence” bien connue des industriels...
Avec la bénédictions des pouvoirs publics bien sûr...
22/11/2009
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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 16:14

 

 

Rue89

Big Brother 10/06/2013 à 16h14
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

 

 

Ecoutes téléphoniques, portails d’accès aux serveurs centraux, détournement de milliards de données personnelles, sans oublier les références à Orwell et Big Brother...

Vendredi dernier, le Guardian et le Washington Post révélaient l’existence d’un programme américain secret baptisé Prism espionnant les citoyens à échelle internationale, plongeant dans l’embarras les neuf entreprises ayant collaboré, dont les géants du Web Google, Microsoft, Apple et Facebook. Et intriguant les internautes que nous sommes.

Cinq questions concrètes auxquelles Rue89 répond.

                                                                                                                                                                                                                             1 Les Américains et leurs interlocuteurs étrangers sont-ils sur écoute ?

 

 


Extrait de « La Vie des autres » (&copy ; Oc&eacute ; an Films)

 

Pas vraiment. Le programme concerne en réalité la collecte de métadonnées – les informations « externes » – et non le contenu des appels téléphoniques ou l’identité des appelants. Sont ainsi collectés les numéros de téléphone appelant et recevant l’appel, les numéros IMSI et IMEI, l’identifiant de la communication, l’heure à laquelle a été passé l’appel et sa durée.

La National Security Agency (NSA) reçoit ces données de l’opérateur Verizon pour toutes les communications entre les Etats-Unis et l’étranger ou à l’intérieur du territoire américain, et peut même localiser géographiquement les individus au moment de la communication – si ceux-ci se trouvent à une distance raisonnable des antennes-relais.

Si la mise sous surveillance apparaît (pour le moment) ne pas être une mise sur écoute à proprement parler, elle reste massive : l’opérateur Verizon compte plus de 100 millions de clients, soit près d’un Américain sur trois, et son réseau fixe compte 44 millions de lignes.

                                                                                                                                                                                                                             2 Cette surveillance est-elle légale ?

 

Le document qui a fuité est une ordonnance judiciaire émise par un tribunal fédéral compétent en renseignement étranger (le Fisa). L’opération reste donc dans le champ de la légalité, puisqu’elle est soumise à l’autorisation préalable et au contrôle de ce tribunal.

En réalité, l’administration Obama est bien plus respectueuse des droits de ses citoyens que celle de Bush, qui extrayait ces informations de manière unilatérale et sans contrôle.

L’ordonnance émise le 25 avril est encadrée temporellement et devait expirer le 19 juillet. Enfin, le programme est supervisé par le Congrès, qui a accès à toutes les ordonnances et avis donnés par la Fisa.

                                                                                                                                                                                                                               3 Comment marche la surveillance sur le Net ?

 

Le scandale, qui a démarré par la mise sous surveillance téléphonique, a pris de l’ampleur lorsque les géants du Web ont été accusés d’avoir coopéré eux aussi à ce programme. Ils auraient donné à la NSA l’accès à leurs serveurs centraux contenant toutes les données relatives à leurs abonnés. Le New York Times résume bien le procédé :

« En gros, on a demandé aux entreprises de créer une boîte aux lettres verrouillée et d’en donner la clé au gouvernement, selon des personnes au courant des négociations. Facebook, par exemple, a construit un système de demande et de partage d’informations, selon les mêmes sources. »

Le journal américain tempère cependant l’ampleur de l’opération, en précisant qu’il n’y a pas d’automaticité et que les entreprises gardent la main sur leurs données et leur accès :

« Les données ainsi partagées, selon ces sources, le sont après que les avocats des entreprises ont vérifié que la requête sur la base de Fisa est conforme aux pratiques de la compagnie. Elles ne sont donc pas envoyées automatiquement ou en vrac, et le gouvernement n’a pas un accès illimité aux serveurs des compagnies. Au contraire, selon ces sources, il s’agit d’un moyen plus sûr et plus efficace de remettre les données. »

                                                                                                                                                                                                                             4 Les Européens sont-ils concernés ?

 

Oui, dans la mesure où les Européens utilisent massivement les produits d’Apple et de Microsoft ou les services de Google et Facebook. Les quatre géants du Web font tous partis du programme, ainsi que Yahoo, AOL ou Skype.

Cela signifie donc que toutes vos données Facebook, vos courriers reçus et envoyés sur Gmail et vos dossiers entreposés en Cloud sur les services de ces entreprises sont potentiellement accessibles par le gouvernement américain.

Les Européens sont d’autant plus concernés que rien n’a été fait au niveau national ou communautaire pour les protéger efficacement. Une étude du Parlement européen parue en 2012 soulignant les risques d’une surveillance américaine massive sur les citoyens européens était passée relativement inaperçue.

Les choses pourraient changer : l’eurodéputée Françoise Castex a saisi aujourd’hui la Commission pour savoir si elle connaissait l’existence du programme Prism, et ce qu’elle prévoit de faire en termes de protection des données européennes.

                                                                                                                                                                                                                             5 Comment peut-on y échapper ?

 

Protéger sa vie privée n’est pas une tâche facile sur le Net. Elle l’est encore moins lorsque Google, Apple et Facebook sont impliqués. La seule option réside dans le choix du prestataire de service. Le site Salon.com fournit une liste détaillée des alternatives disponibles.

Quant aux réseaux sociaux, seul Twitter semble avoir résisté aux mandats du gouvernement américain, ce qui lui a valu les félicitations de la fondation de défense de la vie privée Electronic Frontier – elle a récompensé le réseau social de sa note maximum.

Les blogueurs devront renoncer à Blogger, détenu par Google, et Tumblr, lié à Yahoo, mais pourront se réfugier chez Wordpress. Les moteurs de recherche Google Search, Yahoo et Bing sont à proscrire. Restent les indépendants Blekko et DuckDuckGo.

La liste des services populaires à éviter est interminable : Gmail, Yahoo Mail, Hotmail/Outlook, Google Maps, Skype, YouTube et bientôt Dropbox, qui devrait rejoindre sous peu le programme Prism.

Sans oublier que si vous avez un téléphone portable utilisant Android, iOS ou Windows Phone, il vous faudra également lui préférer un Blackberry ou renoncer tout simplement au smartphone. Tel est le prix pour protéger au mieux sa vie privée.

 


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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 17:01

 

Marianne

Samedi 8 Juin 2013 à 18:00
Vladimir de Gmeline - Marianne

 

Le géant du commerce culturel en ligne n'en finit plus de progresser, balayant sur son passage les libraires. Accusé d'irrégularités fiscales, il est aussi mis en cause sur son volet social. Dans une enquête choc, "En Amazonie", le journaliste Jean-Baptiste Malet décrit les conditions de travail souvent très dures au sein de la firme. On réfléchira désormais avant de cliquer.

FAYOLLE PASCAL/SIPA
FAYOLLE PASCAL/SIPA
Si vous avez aimé et acheté l'Horreur économique, de Viviane Forrester, il est probable que vous aimerez et achèterez Capitalisme, désir et servitude, de Frédéric Lordon. Selon la critique mise en ligne sur amazon.fr, dans le premier de ces essais, «dénonçant le culte de la rentabilité et la tyrannie du profit, l'auteur prend l'exact contre-pied de l'idéologie libérale qui prétend subordonner toute décision politique aux seuls impératifs de l'économie». Dans le second, on s'interroge sur la manière dont le patronat cherche à enrôler ses employés pour en faire des «salariés contents, qui désireraient conformément à son désir à lui». Tiens, tiens, intéressant tout ça...

Imaginons ainsi Adrien, ou Christophe, père de famille concerné et engagé, séduit par cette description, qui explore aussi les «notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux». Adrien/Christophe commande en quelques clics sur le site d'Amazon et s'en va faire son marché bio. Ce dont il n'a pas forcément conscience, c'est qu'il vient d'enclencher un processus qui produit et exploite précisément ce que décrivent les deux livres qu'il s'apprête à lire : la rentabilité à tout prix et le consentement forcé des salariés afin d'en tirer toujours plus. La devise d'Amazon ? «Work hard. Have fun. Make history.» Dans des entrepôts gigantesques, des armées d'intérimaires travaillent ainsi jour et nuit à la satisfaction des clients, surcaféinés, le dos en compote et suivis à la trace par des leads contrôlant par ordinateur leur degré d'efficacité et de rentabilité, avec, peut-être, un jour, l'espoir d'accéder au Graal, la récompense suprême : le CDI.

Un récit glaçant

Cette course à la satisfaction du désir d'un client toujours plus exigeant, Jean-Baptiste Malet la raconte dans une enquête intitulée En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», parue chez Fayard.

Comme Amazon refuse d'ouvrir ses portes à la presse, ce jeune journaliste de 26 ans s'est fait embaucher sur le site de Montélimar, rejoignant les 1 200 intérimaires recrutés pour faire face à l'afflux des demandes précédant les fêtes de fin d'année. Un récit glaçant, tout en gris, qui raconte ces vies en suspens, l'émergence d'un Lumpenproletariat des services, d'autant plus impressionnant et dérangeant qu'il pointe nos propres contradictions, comme l'avaient fait les révélations sur les conditions de fabrication de l'iPhone à Foxconn, principal sous-traitant d'Apple en Chine, où l'on met des filets sous les fenêtres pour prévenir les suicides.

Au départ, tout n'était pas gagné pour Amazon. Créée en 1995 par Jeff Bezos, qui regrettait d'avoir raté l'âge d'or des débuts d'Internet, l'entreprise est introduite en Bourse en 1997, mais elle tarde à réaliser des profits. Dès le départ, le site, qui se veut «la plus grande librairie du monde», se heurte à l'hostilité des libraires, comme Barnes & Noble qui le poursuit en justice en estimant qu'il n'est qu'un «revendeur de livres», et des géants de la grande distribution, comme Wal-Mart qui lui reproche d'avoir volé des secrets commerciaux en embauchant certains de ses anciens cadres. Les deux affaires seront réglées à l'amiable. Partant de là, Amazon va progresser inexorablement, concurrençant aussi bien les librairies de quartier que les enseignes spécialisées dans les produits culturels comme la Fnac et Virgin, ébranlées par les coups de boutoir d'un site qui pratique aussi bien systématiquement les 5 % de remise légale (limitée en France par la loi Lang, sur le prix unique du livre) que la gratuité du port et des remises de bienvenue.

Des conditions de vente qui vont faire l'objet d'une retentissante bataille judiciaire dès 2004, opposant Amazon au Syndicat de la librairie française (SLF), qui l'assigne pour violation des dispositions de la loi Lang, vente à perte, concurrence déloyale et dommage causé à la profession de libraire indépendant. Amazon est condamné en 2007, bombarde ses clients de mails pour défendre la gratuité du port et bénéficie en 2008 d'un arrêt de la Cour de cassation dans une autre affaire qui la rend désormais possible. Une page est tournée, le pire est à venir.

Aujourd'hui, alors que les fermetures s'accélèrent, que les magasins Virgin Megastore ferment leurs portes et que, ironie de l'histoire, Amazon va s'installer à Clichy dans un immeuble qui abritait auparavant les bureaux de la Fnac, le cybermarchand affiche des taux de croissance insolents, investit et recrute sans relâche. Alors que, en 2002, la part de marché des ventes de livres par Internet était de 2,2 %, elle était en 2010 de 13,1 %, et Amazon vend aujourd'hui plus de 8 % des livres en France. Les chiffres d'affaires sont faramineux, et le fisc britannique comme le français s'intéressent maintenant de très près à l'entreprise : ainsi le site n'aurait-il payé que 3,7 millions d'euros d'impôts au Royaume-Uni en 2012, pour un chiffre d'affaires de 4,9 milliards. Et, en France, il se serait acquitté de 3,9 millions d'euros d'impôts, pour un chiffre d'affaires déclaré de 110 millions d'euros en 2011. Cependant, Amazon a reconnu que ce dernier était en réalité de 889 millions d'euros. Grâce à un savant montage, la plupart des stocks et des employés se trouvent aujourd'hui dans l'Hexagone, mais les bénéfices, eux, sont au Luxembourg. L'administration fiscale française réclame donc à Amazon, pour ses exercices de 2006 à 2010, 198 millions d'euros d'arriérés d'impôts, d'intérêts et de pénalités liés à la déclaration à l'étranger du chiffre d'affaires réalisé en France.

"Eclatez-vous bien !"

Outre ces volets économiques et financiers, c'est aussi dans le domaine social qu'Amazon se distingue, et pas vraiment à son avantage. En Angleterre et en Allemagne, plusieurs enquêtes ont dévoilé les conditions de travail imposées notamment aux travailleurs temporaires à l'approche de Noël. Et, comme les visites de l'entreprise ne sont pas autorisées aux journalistes et que ses employés refusent de s'exprimer, Jean-Baptiste Malet s'est porté candidat, seul moyen de découvrir ce qu'il se passe exactement de l'autre côté de l'écran.

Il est devenu picker, c'est-à-dire chargé de récupérer dans leurs bins («cellules») les milliers de produits culturels (disques, livres, DVD...) qui seront ensuite emballés par les packers. En équipe de nuit, de 21 h 30 à 4 h 50, il expérimente le décalage et la fatigue, les 20 km par jour dans un entrepôt grand «comme cinq terrains de football», sous le contrôle permanent des leads.


Chez Amazon, les termes anglais et le tutoiement sont de rigueur, les applaudissements avant de commencer le travail aussi, à grand renfort d'«éclatez-vous bien», car, à Amazon, on «s'éclate». Il y a aussi le screening, une sorte de check-point par lequel il faut passer lors des deux pauses de vingt minutes accordées aux employés (l'une à la charge de l'entreprise, l'autre, de l'employé), destiné à s'assurer qu'il n'y a pas de vol. Il y a encore les messages d'alerte s'affichant sur le scan du picker quand son rythme ne satisfait pas l'un de ses supérieurs. Et pour compenser ce work hard, il y a le fun, avec jeux concours organisés durant les temps de pause («A quoi sert l'origami dans "Prison break" ?», «D'où vient le problème à la jambe du Dr House ?») qui permettent de gagner DVD et téléviseurs.

Et alors, pourrait-on dire ? N'est-ce pas partout la triste réalité de la grande distribution dans son ensemble ? Le monde du travail n'est-il pas par nature impitoyable, toujours plus dur et plus désincarné, faisant miroiter à des mères célibataires en situation de précarité, à des jeunes sans diplôme et à des chômeurs de longue durée la possibilité d'avoir un jour un véritable emploi ? En partie seulement, car Amazon va plus loin, adoptant notamment des règles de confidentialité draconiennes qui vont bien au-delà de la simple protection du secret industriel, et contreviennent de manière flagrante au droit du travail. Ainsi de l'annexe 7 du règlement intérieur, intitulée «Politique relative aux relations avec le public», qui proscrit toute déclaration aux médias, impose l'anonymat (interdiction de divulguer au public ou à la presse le nom d'une personne travaillant à Amazon !), restreint et même proscrit toute possibilité de s'exprimer en public sans l'accord écrit de la hiérarchie, sous peine de sanction pouvant aller jusqu'au licenciement. Une politique d'intimidation qui donne une seule envie : celle de s'indigner. Une anecdote suffirait d'ailleurs à souligner le comble du cynisme marchand de la firme. Ainsi le site de recrutement d'Amazon s'enthousiasme : «En 2011, l'ensemble des livres Indignez-vous ! expédiés par le site de Montélimar aurait atteint le sommet de la tour Eiffel si on les avait empilés les uns sur les autres.» Comme le disait Alphonse Allais - lui aussi en vente sur amazon.fr bien sûr : «Une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites.»

En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», de Jean-Baptiste Malet, Fayard, 155 p., 15 €.

 
"RIEN N'EST JAMAIS INÉLUCTABLE"


Fondateur de The New Press, l'éditeur franco-américain André Schiffrin, auteur de "l'Argent et les mots" (2010), revient sur l'avancée apparemment irrépressible du géant Amazon. Propos recueillis par Aude Lancelin

Marianne : Vous êtes notamment célèbre pour avoir dénoncé la destruction de la chaîne du livre par les conglomérats mondialisés dans un livre retentissant : l'Edition sans éditeurs (La Fabrique), en 1999. Comment évaluez-vous la nouvelle menace que fait peser Amazon sur ce même marché depuis quelques années ?


André Schiffrin : Amazon se réclame désormais ouvertement d'une politique d'élimination des libraires. Ce ne sont pas des menaces en l'air. Aux Etats-Unis, les gens d'Amazon y sont parvenus. Après les indépendants, même les chaînes ferment maintenant. Ils commencent également à agir comme des éditeurs. Ils commandent des livres à des auteurs connus. En France, fort heureusement, vous avez encore la loi Lang sur le prix unique. Mais, aux Etats-Unis, les rabais peuvent aller jusqu'à 40 %, l'effet de souffle a été ravageur. Il y avait 333 libraires à New York lorsque j'étais jeune, il n'y en a plus qu'une trentaine aujourd'hui.

Pensez-vous que les appels au boycott d'Amazon, venus d'Angleterre notamment, peuvent avoir une quelconque efficacité ? D'où voyez-vous venir une alternative possible à une telle hégémonie ?

A.S. : Toute action est utile. Rien n'est jamais inéluctable. C'est justement la stratégie d'Amazon de vouloir donner le sentiment que l'évolution technologique rend la chose fatale. Les seules mesures qui soient cependant assurées d'une efficacité totale sont celles que les gouvernements décideront d'engager contre un tel monopole. L'Europe devrait s'engager fermement dans ce combat. Qu'Amazon puisse ne pas payer d'impôts en s'installant au Luxembourg est proprement insupportable.

Certains pensent que le système de distribution physique du livre cédera, de toute façon, un jour la place aux e-books, plus rapides d'accès et moins coûteux. Est-ce votre sentiment, croyez-vous à une disparition du papier à un horizon de dix ou vingt ans ?

A.S. : Il y a trop de variables, il est trop tôt pour spéculer. Au stade où nous en sommes, la vente des e-books fonctionne exclusivement pour un certain type de livres : les best-sellers. Dans une librairie, on peut feuilleter, découvrir, le geste n'est pas du tout le même.

En France, ces dernières années, de nombreux succès sont pourtant venus d'éditeurs indépendants et de petites maisons - on peut notamment songer à Actes Sud ou aux Arènes et à leur revue XXI. Y voyez-vous un signe encourageant par rapport à votre sombre pronostic ?

A.S. : Il est très sain que ce genre de maisons indépendantes existe encore. J'admire beaucoup ce que font Les Arènes, qui ont depuis l'origine connu de grands succès. Mais la question est de savoir si de telles réussites pourront exister encore demain si nous n'agissons pas décisivement aujourd'hui.
 
Propos recueillis par Aude Lancelin

 

 

 

 

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 21:02

 

Politis

Les blogs de Politis > Thierry Brun >

  Par  Thierry Brun - 6 juin 2013
Eau potable : une nouvelle preuve du scandale des analyses privées

Du nouveau sur un scandale de santé publique en devenir. En complément de l’enquête sur les analyses de l’eau potable, publiée jeudi 6 juin (lire ici), les laboratoires publics départementaux chargés du contrôle sanitaire de l’eau et les personnels de certaines agences régionales de santé tirent la sonnette d’alarme et mettent en cause, preuve récente à l’appui, les laboratoires privés.

Ce devrait être une bonne nouvelle pour la commune de Saint-Paterne-Racan (Indre-et-Loire) : il n’y aurait plus de pollution aux nitrates et par conséquent « l’eau d’alimentation [serait] conforme aux exigences de qualité en vigueur pour l’ensemble des paramètres mesurés », peut-on lire dans le document daté du 23 mai qui nous a été transmis par les agents de l’agence régionale de santé (ARS) Centre et par les personnels de du laboratoire public de Touraine, qui a perdu récemment le marché des prélèvements et des analyses du contrôle sanitaire de l’eau au profit d’Eurofins, un groupe privé.

Ce document parvenu à l’ARS Centre, que nous publions ci-dessous, est qualifié de « perle » par un spécialiste. Il s’agit d’une fiche de contrôle sanitaire des eaux transmise par le laboratoire privé Eurofins, dont les résultats doivent être affichés en mairie.

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A la ligne des paramètres « azotes et phosphores », on lira que la pollution aux nitrates a quasiment disparu : inférieure à 0,5 mg/l. Mais l’ARS Centre note dans sa « conclusion sanitaire » (surligné sur le document, en bas) : « Il est à noter la valeur des nitrates qui n’est pas représentative de l’eau qui est habituellement distribuée à Saint-Paterne-Racan (environ 40 mg/l) ».

Commentaire de notre expert : « Une ressource en eau connue depuis des lustres pour se situer à un niveau de pollution aux nitrates à 40 mg/l se retrouve comme par miracle à 0 mg/l. Cela veut dire que maman peut faire le biberon de bébé avec cette eau sans problème ».

Pour lui, «  c’est rigoureusement impossible. Une eau polluée ne peut pas se retrouver du jour au lendemain non polluée ! C’est une honte. Cela doit être sanctionné par l’annulation du marché en cours pour incompétence notoire. Quand je pense qu’il y a à Tours un laboratoire public [du conseil général d’Indre-et-loire] accrédité et agréé, sur lequel ne pèse aucune suspicion ».

Ce cas, qui n’a rien d’exceptionnel, montre que de potentielles affaires de santé publique sont en devenir sur le contrôle sanitaire de l’eau. En effet, la loi de 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) a ouvert à la concurrence le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine et des eaux de loisirs, désormais piloté par les agences régionales de santé (ARS).

En quelques années, deux groupes privés, Eurofins et Carso, ont fait main basse sur des segments de ce marché, plus rentables que d’autres.

Les grands laboratoires privés ont délaissé les analyses des eaux de loisirs et les ressources privées, dont les contraintes logistiques sont fortes et rendent difficilement rentable un service de proximité que seuls des laboratoires publics départementaux sont en mesure de réaliser. Mais ils se sont emparés du marché du contrôle de la qualité de l’eau potable. Il est aujourd’hui entre les mains d’un monopole privé aux pratiques tarifaires très agressives.

« Comment assurer des résultats de qualité quand certaines offres de prix correspondant à des réductions de 70 à 80 % des tarifs précédemment pratiqués ? Que penser notamment de la disparition soudaine de certains pesticides dans l’eau quand les analyses ne sont plus confiées à un laboratoire public ? », s’interrogent l’association des directeurs et des cadres des laboratoires publics agréés pour les analyses des eaux (ASLAE) et l’association des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses (ADILVA).

« On ne doit pas jouer avec la santé des gens. Des affaire récentes devraient faire réfléchir les responsables », conclut notre expert. L’enquête publiée dans le numéro de Politis daté du 6 juin (Lire ici), rappelle que le cas de Saint-Paterne-Racan n’est pas isolé.

Une note d’information de la direction générale de la santé (DGS), adressée aux agences régionales de santé, qui concerne l’accréditation d’Eurofins, indique qu’en cas « de constatation de nouveaux dysfonctionnements l’agrément pourrait être retiré en urgence. (...) Le retrait de cet agrément pour les micropolluants organiques aurait pour conséquence la suspension d’une partie des prestations des marchés en cours du contrôle sanitaire et la réquisition de laboratoires agréés par le ministère chargé de la Santé ». Ce que demandent plusieurs élus à la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Le marché du contrôle de la qualité des eaux a été remporté par Eurofins et Carso dans la plupart des départements.

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Deux groupes privés ont le monopole du contrôle de l’eau potable

Carso, acteur majeur du dumping commercial, a obtenu en 2010 20 millions d’euros du Fonds stratégique d’investissement (FSI) pour financer son développement. En 2012, Eurofins optimise ses résultats en délocalisant son siège social de Nantes à Luxembourg. La même année, son chiffre d’affaires a dépassé le milliard d’euros et le groupe s’est fixé comme objectif d’atteindre 210 millions d’euros de bénéfice en 2013.

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