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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 15:01

 

Source : mediapart.fr

Le patron de PSA empoche 21 millions, bravo l'autorégulation !

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Au printemps, Pierre Moscovici avait annoncé que le gouvernement ne légiférerait pas sur les hautes rémunérations du privé, préférant s'en remettre à « l'autorégulation exigeante ». Patron de PSA, Philippe Varin peut lui dire merci : il va pouvoir partir avec une retraite chapeau de 21 millions d'euros.

C’est la CGT de l’usine de Sochaux qui l’a révélé : le patron de PSA, Philippe Varin, qui va prochainement abandonner son poste, partira à la retraite avec 310 000 euros par an. Pour honorer sa retraite chapeau, le groupe a en outre provisionné près de 21 millions d’euros. En ces temps de crise, avec à la clef une multiplication des plans de suppression et de modération salariale, l’énormité de la somme suscite légitimement un haut-le-cœur. Mais un haut-le-cœur, pourquoi ? Parce que ce grand patron boulimique n’a pas le moindre scrupule à s’octroyer une somme aussi indécente alors qu’il n’a cessé, ces dernières années, de demander des sacrifices aux salariés de son groupe ? Sans doute. Mais si cette décision suscite l’indignation, c’est surtout parce qu’elle vient illustrer les conséquences du renoncement du gouvernement socialiste à légiférer en ce domaine. Sans être pris au sérieux par quiconque, le ministre des finances, Pierre Moscovici, avait justifié ce reniement en assurant qu’il comptait sur « une autorégulation exigeante » du patronat. Voilà donc à quoi conduit cette « autorégulation exigeante ».

L’information provient, de fait, de la CGT de l’usine PSA de Sochaux. Sur leur site Internet, les syndicalistes révèlent la somme énorme que Philippe Varin va percevoir sous forme de retraite chapeau, quand en début d’année prochaine, il sera remplacé par l’ex-numéro 2 de Renault, Carlos Tavares, à la tête du constructeur automobile.

Avant d’en venir au PDG actuel, ils évoquent d’abord le passé récent : « Pour ceux qui s'inquiètent de l'avenir de M. Varin, voici le triste sort des deux précédents PDG de PSA, et celui qui lui est réservé :

– Révoqué le 30 mars 2009 pour raison de santé, M. Streiff a vu son mandat de PDG transformé en contrat de travail (avec dispense d'activité) avec une rémunération mensuelle de 144 631 € (4 821 € par jour, samedi et dimanche compris) jusqu'à son départ de l'entreprise fin 2009 avec un parachute doré dont le montant n'a pas été publié. (Document de référence PSA 2009, pages 197 et 198.)
– M. Vardanega, qui a assuré pendant 2 mois et demi l'intérim entre M. Streiff et M. Varin, a retrouvé le 17 juin 2009, à l'issue de son mandat temporaire de PDG, un contrat de travail avec une rémunération mensuelle portée à 81 247 €. Mais il n'en a pas profité longtemps : il a fait valoir ses droits à la retraite le 31 décembre 2009. À cette occasion, il a perçu une prime de départ de 706 958 €. En retraite, il bénéficie du régime de retraite des dirigeants du groupe PSA qui lui garantit 50 % de sa rémunération antérieure. (Document de référence PSA 2009, pages 197/198.) »

Et la CGT en vient donc au cas plus récent de Philippe Varin : « Pour garantir la retraite-chapeau de M. Varin, PSA a déjà mis de côté à son intention la modique somme de 20 968 000 € . (Document de référence PSA 2012, page 203 : engagements de retraite) », peut-on lire sur le site de la CGT.

L’information n’est pas difficile à vérifier. Il suffit de se référer au « document de référence » établi par PSA pour l’année 2012, pour trouver, à la page 203, le chiffre évoqué par le syndicat. Pour être précis, Philippe Varin va percevoir la somme mirobolante de 20 968 000 euros, en plus de sa retraite de base versée par la Sécurité sociale et de sa retraite complémentaire versée par les régimes Agirc ou Arrco.

Voici ce document de référence :

Ce que révélait la feuille de paie de Jacques Calvet

On comprend sans peine l’indignation que ce chiffre astronomique a aussitôt suscitée. À cela, il y a une première raison : depuis trois ans, les salariés du groupe automobile se voient demander toujours plus d’efforts et d’économies, toujours plus de nouveaux sacrifices. Il y a eu la fermeture du site d’Aulnay et des cascades de plans sociaux ; il y a la menace qui pèse sur le site de Rennes ; il y a eu aussi l’accord dit de compétitivité, que le gouvernement a présenté comme modèle, et qui pour les salariés a été synonyme de modération salariale et de flexibilité accrue. Alors, il y a naturellement quelque chose d’indécent à constater qu’en parallèle aux sacrifices demandés aux plus petites rémunérations, les plus hautes se gorgent de passe-droits formidables. D’où la colère des salariés et syndicats du groupe, comme en témoignent les propos de Jean-Pierre Mercier, délégué CGT du site PSA d’Aulnay sur le plateau de LCI (vidéo ci-dessous) :

 

 

De son côté, le patronat, lui, n'a eu pour l'heure qu'une timide réaction, à l'initiative du Medef, et de son alter ego, l'Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe les firmes du CAC 40, au travers de ce rapide et elliptique communiqué : « Le Haut comité de gouvernement d'entreprise institué par le code Afep-Medef a décidé de se saisir du dispositif de retraite supplémentaire de M. Philippe Varin, Président du Directoire de PSA Peugeot Citroën. »

L’indignation est légitimement d’autant plus forte que cette retraite chapeau n’est pas une dérive isolée. Elle vient même ponctuer une évolution de long terme. Depuis quinze ans, le capitalisme français n’a, de fait, cessé de copier les travers les plus sulfureux du capitalisme anglo-saxon. Et l’industrie automobile a été l’un des principaux secteurs où cette mutation s’est produite, avec des rémunérations de plus en plus insolentes pour les mandataires sociaux et, en bas de l’échelle, une expansion de plus en plus spectaculaire des « working poors » – ces fameux travailleurs pauvres travaillant à temps partiel ou en intérim. C'est cela aussi dont Renault et PSA ont été le champ d'expérimentation : depuis près de deux décennies, les salariés y ont douloureusement appris que l'emploi ne les protégeait plus de la pauvreté.

Pour prendre la mesure de ce séisme social, il suffit de se souvenir qu’en 1989, Le Canard enchaîné avait suscité une forte émotion dans tout le pays en publiant la feuille de paie de Jacques Calvet, qui était le patron de Peugeot. Le chiffre, à l’époque, avait paru indécent par son énormité. Mais avec le recul, il paraît presque modeste. En euros constants d’aujourd’hui, la rémunération annuelle du patron était seulement – si l’on peut dire – de… 500 000 euros. À titre de comparaison, Carlos Ghosn perçoit, lui, aujourd’hui près de 11 millions d’euros au titre de sa double rémunération de Renault et de Nissan. Plus de vingt fois plus. Et donc, Philippe Varin peut, lui, partir avec une retraite chapeau de 21 millions d’euros. Cette dérive révèle à quel point notre capitalisme est devenu fou, régi par des règles d’un violent égoïsme social : en bas, la misère ; en haut l’opulence…

Mais si cette retraite chapeau apparaît insupportable, c’est aussi parce que l’État s’est très fortement engagé en soutien à l’industrie automobile – et au premier chef en soutien à Renault et à PSA. Dès 2009, au plus fort de la crise financière, l’État a ainsi mobilisé près de 6,5 milliards d’euros pour leur venir en aide, pactole dont PSA a été le premier bénéficiaire.

Et puis, sous le gouvernement socialiste, cette aide en faveur de PSA s’est encore accrue. Pour éviter une débâcle financière majeure, l’État a ainsi, entre autres, apporté sa garantie à la filiale bancaire du constructeur automobile à hauteur de 7 milliards d’euros, pour assurer son sauvetage, et il l’a placé, de facto, sous perfusion financière. Sans parler de toutes les autres aides gigantesques dont la puissance publique a inondé les entreprises ces derniers mois, et dont PSA a eu sa part, à commencer par le « choc de compétitivité » de 20 milliards d’euros qui a été offert sans contrepartie aux entreprises, à la suite de la mission de réflexion de Louis Gallois.

Signe que PSA est l’une des entreprises les plus chouchoutées par le gouvernement socialiste, ce dernier a mandaté ce même Louis Gallois, son homme de confiance, pour être « membre indépendant référent » au sein du conseil de surveillance de PSA. En clair, le gouvernement a fait de PSA le banc d’essai de sa politique industrielle – une entreprise modèle, en quelque sorte, éprouvée certes par la crise, mais enracinée en France et donc digne d’être fortement aidée.

Et voilà donc que les actionnaires de Peugeot confirment, comme cela était prévisible, qu’il s’agit d’un marché de dupes. Selon de nombreux échos de presse, il s’avère en effet que la famille fondatrice a pris la décision ces derniers jours de mettre sur la touche Philippe Varin sans même prendre le soin d’en informer l’État – tout juste bon pour apporter des subsides mais pas pour être mis dans la confidence. Et, nouveau camouflet à l’égard du gouvernement, Philippe Varin va partir avec un pactole indécent qui va déclencher une polémique embarrassante… pour les socialistes eux-mêmes.

Le “foutage de gueule” de Pierre Moscovici

Car, en plus de tout cela, cette affaire vient aussi illustrer l’un des reniements majeurs du gouvernement. Durant la campagne présidentielle, François Hollande avait en effet clairement fait comprendre qu’il mettrait de l’ordre dans les dérives de la finance et que, notamment, il prendrait des mesures d’encadrement des plus hautes rémunérations. Dans sa plate-forme (elle est ici), le candidat socialiste avait ainsi pris l’engagement – c’était la proposition n°26 – de plafonner les rémunérations publiques : « J’imposerai aux dirigeants des entreprises publiques un écart maximal de rémunérations de 1 à  20. » Et la proposition n°7 précisait : « Je supprimerai les stock-options, sauf pour les entreprises naissantes, et j’encadrerai les bonus. »

Et le candidat avait aussi clairement fait comprendre que les entreprises privées seraient, elles aussi, soumises à une enseigne identique.

Sitôt l’alternance, le gouvernement commence donc à honorer son engagement : un décret est pris qui plafonne à 450 000 euros le plafond brut annuel de rémunération des mandataires sociaux des entreprises publiques. Et il fait savoir que, conformément à la promesse du candidat, des mesures législatives seront prises pour encadrer aussi les rémunérations privées. C’est Pierre Moscovici, lui-même, qui en donne solennellement la confirmation, le 26 juillet 2012 : «  Une loi régulera, voire prohibera certaines pratiques qui nous semblent excessives et donnera davantage de place aux représentants des salariés dans les instances qui fixent les rémunérations », promet-il, donnant ainsi le coup d’envoi à des consultations qui sont conduites par la direction du Trésor.

Mais finalement, après bien des tergiversations entre Bercy et le patronat, qui promet un nouveau code de bonne conduite, le gouvernement décide… de ne rien faire ! Et c’est le ministre des finances lui-même qui l’annonce le 23 mai 2013, à l’occasion d’un entretien aux Échos : « Il n’y aura pas de projet de loi spécifique sur la gouvernance des entreprises. J’ai choisi d’agir dans le dialogue. Dans cet esprit, j’ai rencontré la semaine dernière la présidente du Medef, Laurence Parisot, et le président de l’Afep, Pierre Pringuet, qui se sont engagés à présenter rapidement un renforcement ambitieux de leur code de gouvernance. » Cela suffira-t-il à régler les problèmes, demande, incrédule, le quotidien patronal ? Réponse catégorique de Pierre Moscovici : « Ils m’ont assuré qu’ils étaient prêts à des avancées importantes, notamment en recommandant le "Say on Pay", qui permettra à l’assemblée des actionnaires de se prononcer sur la rémunération des dirigeants. Notre but est d’éviter de figer des règles dans la loi, quand celles-ci sont amenées à évoluer sans cesse dans un environnement international mouvant. Nous préférons miser sur une "autorégulation exigeante". Mais attention : si les décisions annoncées ne sont pas à la hauteur, nous nous réservons la possibilité de légiférer. »

Dans la foulée, Pierre Moscovici multiplie tout au long des mois suivants les amabilités à l’adresse des dirigeants du Medef, jusqu’à danser un véritable tango d’amour avec le président du Medef, à l’occasion de l’Université d’été de l’organisation patronale (lire Ce que révèle le tango d’amour Moscovici-Gattaz).

« Autorégulation exigeante » : la formule stupéfiante et désinvolte du ministre des finances est accueillie, quoi qu’il en soit, avec moquerie par de nombreux observateurs et chroniqueurs. Car tout le monde sait à l’époque que Pierre Moscovici vient de prononcer volontairement une stupidité et que l’enflure des mots choisis n’endiguera en rien… l’enflure des rémunérations. En clair, chacun comprend que « l’autorégulation exigeante » conduira immanquablement à de nouveaux scandales, pas loin de l’abus de biens. Résumant le climat général de moquerie et de sidération qui accueille la sortie de Pierre Moscovici, la journaliste de Marianne, Anne Rosencher écrit un billet ainsi intitulé : « Autorégulation du foutage de gueule ».

Pour familière qu’elle soit, la formule était frappée au coin du bon sens. Car avec Philippe Varin, on dispose désormais de la preuve des retombées désastreuses et assez prévisibles de cette autorégulation.

Il faut donc se poser la seule question qui vaille : faut-il parler du scandale Philippe Varin ? Ou n’est-il pas plus juste de s’indigner tout autant de la manipulation Pierre Moscovici ? À la sortie du Conseil des ministres, Pierre Moscovici a, certes, jugé cette retraite chapeau « inappropriée ». « Il faut évidemment tenir compte de la situation de l'entreprise, des sacrifices qui ont été faits par les salariés, tenir compte aussi du fait que l'État a accordé une garantie de 7 milliards d'euros pour la banque PSA finance », a ainsi déclaré le ministre des finances. Plus direct, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a estimé de son côté que le montant de cette retraite chapeau devait être « reconsidéré ». Il n'empêche ! C'est bel et bien Pierre Moscovici qui a mis au point cette machine infernale, et ce qui advient aujourd'hui chez PSA est exactement ce qui était prévisible.

Au début des années 1990, le publicitaire Jacques Séguéla avait baptisé son yacht Merci Béré parce qu'il l'avait acquis grâce aux sulfureuses mesures de défiscalisation aux Antilles prises par Pierre Bérégovoy. Si l'envie lui prend d'aller naviguer sous les tropiques, Philippe Varin serait bien avisé de baptiser son propre yacht d'un nom voisin : « Merci Mosco ».

 

 

 

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 18:06

 

Source : mondialisation.ca

 

Du poisson au césium de Fukushima dans les supermarchés suisses !

poisson

 

ALERTE ROUGE ! Très inquiétant ! Le 23 octobre dernier, un journal Suisse, annonçait l’impensable, du poisson contaminé au césium 137 de Fukushima aurait été retrouvé en vente sur les étalages des grands magasins suisses avec ce titre alarmant “In Schweizer Läden gibts Fukushima-Fisch” ”Du poisson de Fukushima en magasin Suisse” lien

L’impensable se serait-il passé ? Du poisson contaminé par Fukushima serait-il déjà en vente dans les magasins suisses ? C’est ce que présuppose très nettement, l’article paru dans le très populaire journal le “20min” le 23 oct 2013 (on s’étonne déjà que le journal n’a pas jugé utile de traduire cette article allemand en français puisque le journal est bilingue et qu’il est édité dans les deux langues) mai on s’étonne encore plus que depuis cette date, le silence des média est absolument total !

Une expertise de radioactivité a décelé deux thons contaminés au césium 137 dans les magasins suisses. Il s’agit d’un test effectué par Radio 105.

Radio 105 a acheté dans un supermarché, une part de chaque produit de thon et les a confié, au laboratoire de l’État de Bâle. Les résultats montrent, que sur les échantillons achetés, deux échantillons mesurés par spectrométrie gamma, ont montré la présence très nette de césium 134 et césium 137… une substance présente que dans les centrales nucléaires.. et une analyse qui signe la catastrophe de Fukushima.

 Les isotopes de ces analyses sont comme une signature, ce qui permet de dire que ces poissons on été, plus que très probablement en contact direct avec l’eau ultra radioactive de la centrale.

Bien que les poisson ont été pêchés aux Philippines, la présence césium 137 prouve en quelque sorte que ces poissons ont bien été contaminés par la catastrophe de Fukushima avant d’arriver au Philippines.

Voilà pourquoi selon Markus Zehringer, chef du laboratoire cantonal de Bâle, il est fort à parier, que cette contamination est liée directement à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Comme les poissons sont capable de parcourir de très longues distances, explique-t-il, il est très probable qu’ils ont probablement été contaminés au large de de Fukushima, où ils auraient ingurgité pendant des mois, ces isotopes radioactifs, avant de migrer aux Philippines.

Pour l’instant il se veut rassurant en disant que “Avec 0,4 becquerels par kilogramme de césium 137, les valeurs sont encore en deçà de la limite de 1.250 becquerels par kilogramme,” a-t-il déclaré, il n’y a donc pas de danger pour la santé pour le moment. D’autres tests périodiques seront faits par le laboratoire du canton de Bâle a-t-il assuré”

 Ce que l’article ne dit pas, c’est si on a trouvé cela sur 5 échantillons, analysés au hasard, nul ne nous dit qu’il n’y a pas des poissons beaucoup plus atteints en vente dans nos étalage, des poissons qui eux n’ont pas eux la chance d’être analysés !

De plus on sait que depuis l’accident de Fukushima, chaque jour, la centrale, rend les océans du monde entier de plus en plus radioactif et que la contamination durera au minimum 40 ans si tout va bien et si d’ici là on arrive à démanteler la centrale. D’ici là les mer du monde entier auront largement eu le temps d’être hautement contaminées !

 J’ai appris aussi qu’il ne suffit pas de passer les poissons au compteur Geiger pour savoir si ils sont contaminés, mais que cela demande des analyses très complexes et très coûteuses en laboratoire… j’ai donc peur, qu’il devienne alors impossible de contrôler tous les poissons mis en vente… que nos supermarchés, ne sont ni équipés pour contrôler les poissons qui sont en vente, ni n’ont les moyens pour pouvoir le faire sérieusement. Et donc j’imagine que dans peu de temps, des scandale éclateront au grand jour un peu partout pour dénoncer, cette fois-ci la vente de poisson radioactif, mais d’ici là la population aura déjà été largement contaminée, et nous nous tomberons tous malade. J’ai peur aussi que les média soient dans l’interdiction d’en parler car si ils en parlaient et que du jour au lendemain les gens cesseraient de manger du poisson, le système économique mondial s’effondrerait complètement. J’ai peur qu’on nous cache ces choses pour ces raison aussi, et pour moi se pose alors la véritable question : quel risque y a-t-il de se faire complètement contaminer par les poissons. Je sais que ma question est douloureuse, mais franchement je me dois de vous la partager.

Oliver Starc (son blog) mercredi 6 novembre 2013

Voici l’article qui annonce cela :

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 17:35

 

 

Source : mediapart.fr

La police a utilisé un programme illégal de surveillance téléphonique

|  Par Pierre Alonso et Emmanuel Fansten

 


Baptisé “Pergame”, ce programme de géolocalisation a été exploité pendant plus de deux mois, entre fin 2012 et début 2013. Plusieurs centaines de personnes ont été visées et des dizaines d'enquêtes sont aujourd'hui menacées. L’affaire est prise très au sérieux au ministère de la justice, où l'on dénonce « de graves infractions pénales ».

La direction centrale de la police judiciaire a mis en place et exploité pendant plus de deux mois, entre fin 2012 et début 2013, un programme illégal de géolocalisation, baptisé “Pergame”, visant plusieurs centaines de personnes au travers de leur téléphone portable, selon plusieurs documents et témoignages. L’affaire est prise très au sérieux au ministère de la justice. Une note interne rédigée par le secrétariat général de la place Vendôme, que Mediapart s'est procurée, va ainsi jusqu’à dénoncer « la transgression des dispositions réglementaires constitutive de graves infractions pénales ».

À la suite de ces faits, une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des police, a été ouverte. De nombreuses auditions ont eu lieu, y compris dans les rangs de la haute hiérarchie policière, pour finalement conclure que les « garde-fous » qui auraient dû empêcher la mise en place de ce programme « n’ont pas fonctionné ». Contactée par Mediapart, la direction générale de la police nationale indique que “Pergame” a été installé à titre « expérimental ».

 

Manuel Valls et Fleur Pellerin, le 11 janvier 2013, dans les locaux de l'OCLCTIC. 
Manuel Valls et Fleur Pellerin, le 11 janvier 2013, dans les locaux de l'OCLCTIC. © (Intérieur)

Plusieurs documents démontrent pourtant que ce dispositif a été validé à plusieurs niveaux, au sein de la DCPJ. Les serveurs en cause étaient installés à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC), basé à Nanterre. Le système dont nous révélons aujourd’hui l'existence, baptisé “Pergame” pour « Plateforme d'Exploitation et de Recueil des Géolocalisations Appliquées à des Mobiles en Emission », a été utilisé entre le 7 novembre 2012 et le 11 janvier 2013, jour de son débranchement en catastrophe.

Ce 11 janvier 2013, l'OCLCTIC recevait la visite exceptionnelle de Manuel Valls. Accompagné de Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'économie numérique et aux PME, le ministre de l'intérieur visitait les locaux de cet office central pour marquer sa détermination à lutter contre la cybercriminalité (voir ici les photos de cette visite).

Le directeur général de la police nationale, Claude Balland, ainsi que Christian Lothion, le directeur central de la PJ, étaient également présents. La journée s’est déroulée sans le moindre incident jusqu'à 18 h 15. Peu après le départ de la délégation, un vent de panique s’est mis à souffler brusquement dans les locaux de l'OCLCTIC. Pour cause : la directrice du service, Valérie Maldonado, découvre alors un mail de sa hiérarchie lui ordonnant de couper immédiatement le dispositif “Pergame”.

À cet instant précis, deux cents lignes étaient “branchées”. En clair, deux cents téléphones portables dont les données de géolocalisation avaient été requises pour des enquêtes judiciaires, principalement dans des affaires de criminalité organisée, notamment de stupéfiants. Toutes ces enquêtes sont aujourd'hui menacées d'être frappées de vices de procédure. Tous les services sont concernés, police et gendarmerie. Après quelques hésitations, les serveurs ont été débranchés et les prises littéralement arrachées sur instructions pressantes de Valérie Maldonado. En quelques secondes, toutes les géolocalisations en cours ont donc brutalement été interrompues.

Cette mise hors ligne en catastrophe de “Pergame”  sera à l'origine de l'ouverture, le jour même, d'une enquête administrative de l'IGPN. La police des polices cherche à comprendre comment le serveur “Pergame” a pu être installé en dehors de tout cadre légal au sein de la DCPJ. En théorie, la plateforme aurait dû obtenir l'autorisation de la Cnil, et même faire l'objet d'un décret en conseil d'État, selon une source proche du dossier. Mais au sein du ministère de l’intérieur, personne ne s'est encombré de ces procédures.

Dans son courrier interne, le secrétariat général du ministère de la justice critique sévèrement ce système, dans des termes qui ne laissent guère la place au doute : « La mise en place de la plateforme Pergame s'est faite au prix de la transgression des dispositions réglementaires constitutive de graves infractions pénales. Toutes les personnes du ministère de l'intérieur (...) qui ont apporté leur concours à la mise en place de cette plateforme sont susceptibles d'être poursuivis comme auteur et complice » de ces infractions. Et de citer l'article 226-16 du code de procédure pénale : « Le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements de données à caractère personnel sans qu'aient été respectées les formalités préalables à leur mise en œuvre prévues par la loi est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. »


Extrait du courrier interne du ministère de la justice. Cliquer pour agrandir. 

Le sujet est d'autant plus sensible que la Cour de cassation vient de souligner dans deux arrêts récents que la géolocalisation constituait « une ingérence dans la vie privée, dont la gravité nécessite qu'elle soit exécutée sous le contrôle d'un juge ». Ces arrêts ont été suivis d’une circulaire du ministère de la justice exigeant que les parquets cessent immédiatement d'y avoir recours. De quoi inquiéter encore un peu plus les responsables de “Pergame”.

Mais pour comprendre l'affaire “Pergame”, il faut revenir aux bouleversements qui agitent actuellement le domaine des interceptions judiciaires (écoutes, fadettes, géolocalisations), dont le nombre a explosé ces dernières années. Aujourd'hui, une poignée de sociétés privées se partagent encore ce marché, assurant l'interface technique entre les opérateurs téléphoniques et les officiers de police judiciaire. Plus pour très longtemps.

Des policiers estiment avoir été manipulés...

Afin de sécuriser le dispositif, jugé trop poreux et trop cher (plus de 25 millions d'euros par an actuellement), le ministère de la justice a lancé son propre système d'interception confié au géant de la défense Thales. Après plusieurs années de travaux et pas mal de retard, la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) devrait être lancée début 2014. Écartées du dispositif et voyant leur pré carré leur échapper, les sociétés privées ont multiplié les recours en justice et les actions de lobbying afin d'être associées au projet. En vain.

Dans une ultime tentative pour reprendre la main, plusieurs d'entre elles, Azur Integration, Elektron, Foretec et Midi System, se sont constituées en groupe d'intérêt économique (GIE) en mars 2012. Ces quatre sociétés représentent à elles seules 95 % des prestations effectuées dans le domaine des interceptions judiciaires. Leur objectif à travers cette alliance : dénoncer les risques de la PNIJ tout en mutualisant leurs moyens pour proposer une solution alternative de géolocalisation. Pour ses promoteurs, Pergame présente alors deux avantages indéniables : offrir une solution plus simple d'utilisation et casser les prix alors en vigueur. Ce projet va recevoir le soutien actif d'un représentant du ministère de l'intérieur.

Dans l’histoire du programme “Pergame”, il y a un personnage clé, l’ingénieur Éric Lefèvre, actuellement conseiller à l'OCLCTIC. Chargé de trouver des solutions techniques qui soient les mieux adaptées aux enquêtes de police, il fait depuis plusieurs années l'intermédiaire entre son service et un grand nombre de sociétés privées spécialisées dans les interceptions, semblant jouer les VRP pour certaines d'entre elles.

Ainsi, en septembre 2011, il a organisé lui-même une démonstration de matériel dans les murs de l'OCLCTIC pour vanter les mérites d'un petit logiciel de captation de données informatiques mis au point par une société italienne à la réputation sulfureuse, Hacking Team. « Je pense que tu pourrais être intéressé par cette présentation, les Italiens venant spécialement ce jour-là de Milan pour présenter leur produit », écrit alors Éric Lefèvre à un de ses supérieurs. L'ingénieur est aussi l'un des artisans du système “Primatice”, un dispositif mis en place avec deux autres sociétés privées au sein de l'OCLCTIC pour intercepter les flux internet. Ses compétences techniques et sa position en font donc un interlocuteur privilégié pour le GIE, dont il connaît déjà bien certains membres.

Dès le mois de mars 2012, les sociétés privées vont également mettre dans la boucle une pointure de la police nationale, Jean Espitalier. Une caution morale a priori au-dessus de tout soupçon. Cet ancien directeur régional de la PJ de Versailles multiplie les casquettes : contrôleur général de la police nationale, il est aussi chef de la Miticom (une mission du ministère de l'intérieur sur les technologies d'information et de la communication), et “personnalité qualifiée” de l'UCLAT chargée de valider les écoutes administratives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Un domaine très sensible, couvert par le secret-défense.

Avec Éric Lefèvre, Jean Espitalier va être associé de très près aux premières démarches du GIE. Ensemble, les deux hommes ont participé à certains travaux préparatoires. Puis le 3 juillet, ils ont assisté à la première réunion officielle tenue dans les locaux de l'OCLCTIC afin de fixer les objectifs du GIE. C’est ce jour-là qu’est née l'idée d'installer une nouvelle plateforme de géolocalisation au sein du service. Elle ne suscitera aucune opposition, encore moins celle de Jean Espitalier. Dans son compte rendu de réunion, le GIE note même que le commissaire a ouvertement salué la « qualité » de ce système. De son côté, Éric Lefèvre assure pouvoir convaincre les opérateurs téléphoniques encore réticents. En effet, rien n'est possible sans leur accord puisqu'ils disposent des données brutes permettant de géolocaliser les propriétaires de portables.

Au cours des semaines suivantes, l'ingénieur va donc entamer les démarches directement auprès des opérateurs, auréolé de son titre de représentant du ministère de l'intérieur. Le 11 juillet 2012, accompagné d'un représentant du GIE, il est reçu par un responsable de Bouygues Télécom. Surpris par une démarche qui semble court-circuiter les instances officielles, ce dernier refuse de livrer ses données de géolocalisation et s'étonne d'être ainsi sollicité directement par une société privée.

Malgré ce refus, une première version de “Pergame” est testée sans Bouygues. Puis le 7 novembre 2012, les serveurs de la plateforme commencent à tourner dans les locaux de l'OCLCTIC. Ce choix reposerait avant tout sur des considérations techniques. La pièce qui les abrite est classée secret-défense, filmée 24 heures sur 24 et dispose des garanties de sécurité correspondantes. Elle est aussi équipée de fibre optique, facilitant le transfert des données entre les opérateurs de téléphonie et la plateforme de géolocalisation. Des précautions techniques donc, mais absolument pas bordées juridiquement. Pendant plus de deux mois, les serveurs vont ainsi fonctionner sans que personne y prête vraiment attention. Jusqu'à la visite de Manuel Valls, ce fameux 11 janvier.

Des documents que Mediapart a consultés attestent que la hiérarchie de la direction centrale de la PJ a été tenue informée des avancées du projet “Pergame”. Plusieurs sous-directeurs ont validé le projet sans ambiguïté. Des doutes sur la conformité du système apparaissent néanmoins au mois de décembre 2012 suite à la visite d'un membre du cabinet du directeur général de la police. Les principaux responsables sont alors aussitôt sommés de s'expliquer.

Mi-décembre, Jean Espitalier se fend d'un rapport expliquant qu'il a été « instrumentalisé ». Certes, la plateforme “Pergame” l'intéressait, mais à titre « expérimental » et dans le cadre des réquisitions administratives. Sur le reste, le commissaire est formel : il n'a jamais été associé « ni à la conception, ni au développement, ni à l'installation de la plateforme ». Les explications fournies à la DGPN en décembre la convainquent de transmettre le dossier à la police des polices, l'Inspection générale de la police nationale.

Entendus dans la foulée, deux membres du GIE expliquent aussi s'être fait manipuler, dénonçant ouvertement le rôle d'Éric Lefèvre dans cette affaire. Un lâchage en règle. Mais ce dernier, entendu par l'IGPN le 7 février 2013, refuse d'endosser à lui seul la responsabilité de “Pergame”. Pendant huit heures et en présence de son avocat, il a expliqué, preuves à l'appui, avoir agi avec l'aval de la hiérarchie.

 

Valérie Maldonado, la patronne de l'OCLCTIC 
Valérie Maldonado, la patronne de l'OCLCTIC

Dans le cadre de son enquête, l'IGPN a également auditionné Valérie Maldonado, directrice de l'OCLCTIC. Jointe par Mediapart, elle refuse de commenter cette affaire et renvoie vers le service de presse. Plusieurs sous-directeurs ont eux aussi été entendus, et jusqu'à la numéro 2 de la PJ, Mireille Ballestrazzi, aujourd'hui présidente du comité exécutif d'Interpol. L'enquête a été close en juin, mais aucune de ses conclusions n'a été communiquée aux avocats des protagonistes entendus.

William Bourdon, avocat d'Éric Lefèvre, préfère interpréter ce silence comme un bon présage : « Je ne peux pas imaginer que les explications qu'il a fournies n'aient pas été totalement convaincantes. Si tel n'était pas le cas, on entrerait dans une logique de bouc émissaire et de fusible, ce qui serait inacceptable. »

Le rapport final de l'IGPN a été rendu le 15 juillet dernier. Si l'enquête n’a relevé « aucune faute individuelle », elle a permis en revanche d'établir que les « garde-fous qui auraient dû permettre d’éviter que cette plateforme ne rentre dans sa phase opérationnelle n’ont pas fonctionné ». 

Mais aujourd'hui une autre menace guette les services enquêteurs : l'illégalité de “Pergame” pourrait frapper de nullité toutes les géolocalisations réalisées grâce à ce système. Une hypothèse d'autant plus crédible que les deux arrêts de la Cour de cassation viennent d'annuler des actes de procédure issus de géolocalisation dans le cadre d'enquête préliminaires. À cette occasion, les procureurs ont rappelé combien la géolocalisation pesait parfois lourd dans les dossiers, qui se retrouveraient bien vides en cas de nullité de certains actes.

Depuis cette affaire, le Directeur central de la police judiciaire a d'ores et déjà « pris des mesures internes afin que ce processus ne puisse se reproduire », fait savoir le ministère de l'intérieur.

 

 

 

 

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 17:26

 

Source : mediapart.fr

Espionnage: après Ikea, Quick

|  Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

 

 

Le détective privé qui travaillait pour l'entreprise Ikea, mise en examen pour l'espionnage de ses salariés, cachetonnait aussi chez Quick. La chaîne de restauration jure qu'il s'agissait de récupérer des données sur ses franchisés, pas sur ses employés. Des pratiques de toute façon illégales.

L’affaire d’espionnage des salariés d’Ikea va sans doute éclabousser d’autres enseignes. D’après nos informations, le groupe Quick, numéro deux de la restauration rapide en France, a eu recours au même détective privé que le géant du meuble et à des pratiques également illégales.

 

 
© DR

En consultant plusieurs pièces de l’instruction sur Ikea menée par le juge Alain Gallaire, Mediapart a en effet découvert que l’ancien policier en question, Jean-François Fourès, avait encaissé avec sa société Eirpace plus de 165 000 euros du groupe Quick entre janvier 2009 et juin 2011, un montant plus de deux fois supérieur aux émoluments versés par Ikea sur la même période.

Ces informations apparaissent sur des relevés bancaires d’Eirpace débusqués par les enquêteurs lors d’une perquisition chez le comptable de Jean-Pierre Fourès, en mars 2012. Dans la liste de ses clients apparaissent deux ou trois autres entreprises (Thales Security systems, Control risks group ou SCAIC), mais pour des versements beaucoup plus limités. Pour Quick, les policiers insistent : « (C’était) une source importante de revenus d’Eirpace », écrivent-ils dans leur synthèse d’enquête préliminaire.

 

Extrait de relevé bancaire de la société Eirpace. Cliquer pour agrandir. 

Sollicité par Mediapart, le groupe Quick a confirmé avoir contracté avec la société de sécurité privée de Jean-Pierre Fourès de 2006 à 2011, notamment pour des « vérifications » sur des antécédents judiciaires et bancaires, selon une porte-parole. Une pratique qui enfreint clairement la loi : en France, l’accès aux casiers judiciaires et au fichier des interdits bancaires n’est pas ouvert à tous les vents ni toutes les curiosités, au nom de la nécessaire protection de la vie privée.

Aucun dirigeant de Quick n’a cependant souhaité nous répondre en direct, préférant missionner une agence de communication de crise pour déminer le dossier. « Eirpace n’a jamais été utilisée pour enquêter sur la vie professionnelle ou personnelle des salariés, mais uniquement dans les procédures de recrutement des franchisés », assure ainsi Agnès Catineau, de la société Brunswick, balayant tout parallèle avec le “profilage” massif d’employés mis en œuvre chez Ikea.

Environ 80 % des restaurants de Quick sont en effet exploités en franchise (par des entrepreneurs indépendants qui contractent avec la chaîne pour développer le concept). « (Le groupe) reçoit des centaines de dossiers de candidature, poursuit Agnès Catineau. Or la restauration est une activité qui brasse beaucoup d’argent liquide. Quick a donc demandé des renseignements sur la capacité des candidats à gérer un business, leur réputation, leur capacité à appliquer l’éthique… » Concrètement ? « Ne pas être frappé d’interdiction bancaire, ne pas être condamné pour des actes de gestion frauduleuse, des abus de bien sociaux, etc. Je pense que c’est licite. » Ça ne l’est pas.

L’accès au fichier central des chèques (FCC), qui recense les individus interdits de chèques et de cartes bleues, est en effet réservé aux services judiciaires, aux établissements bancaires et à la Commission de surendettement (voir les explications sur le site de la Banque de France). Quant au casier judiciaire (en particulier le B1, voir article 774 du code de procédure pénale), il n’est délivré qu’aux autorités judiciaires.

De toute façon, sachant qu’une “fiche” extraite du Stic (fichier de police géant) coûtait seulement 180 euros par salarié à Ikea, comment la somme de 165 000 euros versée par Quick entre 2009 et 2011 peut-elle correspondre seulement à quelques centaines d’enquêtes sur les franchisés (ou candidats à la franchise) ? Mediapart a proposé à la chaîne de restauration de communiquer ses contrats signés avec Eirpace, sans résultat.

Ces derniers ne figurent pas non plus dans le dossier d’instruction Ikea, et pour cause. Une semaine après les premières révélations de Mediapart et du Canard enchaîné sur l’implication de Jean-Pierre Fourès dans cette affaire, le détective privé a fait détruire les archives de sa société, jusque-là stockées dans un box (comme Le Monde l’a raconté). Le contenu de « trois armoires hautes métalliques », « quelques cartons et plus ou moins de 100 kg d’archives » ont ainsi été broyés, d’après une pièce du dossier consultée par Mediapart.

L’été dernier, dans Le Monde, l’avocat de Jean-Pierre Fourès niait toute volonté de son client de détruire la moindre preuve : « Il s’agissait d’une opération programmée à la suite de la cessation d’activité d’Eirpace… » Le hasard fait tout de même bien les choses. Et Jean-Pierre Fourès continuait de nier toute activité illégale au service d’Ikea, malgré les aveux répétés de son “correspondant” au cœur du groupe suédois (lire notre article).

Le parcours du “privé” préféré d’Ikea et de Quick, par ailleurs, ne manque pas d’interpeller. Cet ancien inspecteur divisionnaire affecté aux RG (renseignements généraux) puis à la DST (direction de la surveillance du territoire) a quitté la police en 1980, pour faire fructifier son réseau. À son domicile, les enquêteurs ont trouvé « une note blanche (…) citant les liens de M. Fourès avec le service d’action civique », le SAC, organisation gaulliste aux méthodes archimusclées souvent qualifiée de police parallèle. « (M. Fourès) aurait été un membre actif du SAC », rapportent les policiers dans leur synthèse d’enquête préliminaire.

La même « note blanche » suggère des « liens entre M. Fourès et M. Foccart », ancien collaborateur du général de Gaulle chargé des affaires africaines, pour ne pas dire de la “Françafrique”. Eirpace devait travailler au Gabon encore récemment, puisque les policiers sont tombés sur plusieurs factures adressées à l’État gabonais – la dernière d’un montant de 858 935 euros datant de janvier 2006 –, ainsi que des courriers adressés à la Présidence…

Pour interroger Jean-Pierre Fourès sur la nature exacte des prestations vendues à Quick, Mediapart a laissé plusieurs messages sur le portable de son avocat, Didier Leroux, sans succès. Quant au comptable d'Eirpace, il n'a pas souhaité s'exprimer.

Ces dernières années, l’achat par les grands groupes de données confidentielles puisées illégalement dans le fichier policier Stic semble en tout cas s’être banalisé (voir notre article sur la condamnation d’un gérant du Castorama d’Antibes). En juin, Eurodisney a ainsi été condamné à 150 000 euros d’amende pour avoir récupéré les fiches Stic de milliers de candidats à l’embauche (entre 1997 et 2004), avec la complicité de gendarmes véreux. Interrogé par Mediapart, le porte-parole de l’entreprise évoque des « raisons de sécurité » et des « précautions supplémentaires », mises en œuvre en réaction au viol d’un enfant par un employé.

En 2009, la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) avait pourtant estimé que 17 % seulement des fiches de personnes mises en cause dans le Stic (où 20 millions de Français sont cités) étaient exactes. « Un taux d’erreur sidérant », selon son président de l’époque.

 

 

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 22:44

 

Source : reporterre.net

 

L’Etat organise un simulacre de débat public autour d’un site géant de déchets dangereux

Collectif Destocamine

samedi 23 novembre 2013

 

 

 

En Alsace, le site de stockage de déchets industriels ultimes, Stocamine, a stoppé son activité depuis plus de dix ans suite à un incendie. Alors que les associations militent pour le déstockage de tous les déchets ainsi que le prévoit la loi, le gouvernement a choisi un autre scénario, et organise un "débat public" visant à le valider.

 


 

Il existe à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin, un lieu de stockage de déchets industriels ultimes unique en France (44 000 tonnes de déchets de classe 0 et 1 contenant du cadmium, du mercure, de l’antimoine, de l’amiante et autres produits chimiques toxiques).

Ce stockage a été réalisé à partir de 1999 par l’entreprise Stocamine dans des mines de potasse, sous la plus grande nappe phréatique d’Europe qui alimente tout le bassin rhénan.

Le 10 septembre 2002, un incendie de plusieurs mois (impossible selon les experts) stoppe l’activité de Stocamine. Son directeur est condamné pour "violation délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, ayant entraîné un risque de mort ou de blessure".

L’hypothèse de pressions exercées par un des actionnaires de Stocamine, l’entreprise Séché Environnement, sur le directeur lampiste, n’est pas irréaliste quand on sait que le même Séché a été à l’origine du stockage de colis de déchets non conformes, descendus quelques semaines plus tôt malgré plusieurs alertes formulées par le personnel.

Les actionnaires privés se sont bien vite retiré de l’entreprise Stocamine et l’État français est à présent seul chargé de la fermeture du site.

Pendant dix ans, de 2002 à 2012, nous avons eu droit à des expertises, débats publics, création de COPIL (Comité de Pilotage), etc. Dix ans de palabres et soixante millions d’euros dépensés en entretien du site.

Le collectif Destocamine, composé d’associations et de syndicats, demande le déstockage de tous les déchets ainsi que le prévoit l’arrêté préfectoral d’autorisation du 3 février 1997.

De nombreux conseils Municipaux, le Conseil général du Haut-Rhin, le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional), le Conseil régional d’Alsace, tous votent des motions en faveur du déstockage total ainsi que tous les élus locaux.

 

 

Fin 2012, Madame Batho, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie annonce le déblocage de cent millions d’euros pour le déstockage des déchets mercuriels.

Alors que le seul expert du COPIL a avoir de l’expérience de déstockage pour avoir assaini plusieurs sites pollués en Suisse, Marcos Buser, affirme qu’il faut tout déstocker pour un coût nettement moindre que celui d’un déstockage partiel (60 millions d’euros), cela fait désordre dans le scénario proposé par l’exploitant Stocamine, et cette proposition n’a jamais été prise en compte.

L’entreprise plaide depuis toujours pour le confinement de tous les déchets.

 

Et voilà le comble qui arrive en octobre 2013 :

Après cette décision d’État, voici un nouveau débat public qui est proposé pour décembre 2013 !

Et pourquoi un débat après décision ? Tout simplement pour fermer définitivement le site après la sortie d’une partie des déchets mercuriels, cette procédure exigeant légalement un débat public.

Pourquoi est-ce l’entreprise Stocamine qui est chargée de l’organisation du débat public ? Parce que c’est la loi qui impose au maitre d’œuvre de l’organiser, et en l’occurrence il est de fait juge et partie !

Pourquoi le débat reste-t-il confiné au niveau local alors que la problématique de la gestion des déchets toxiques dépasse la cadre du seul bassin potassique alsacien, et qu’il devrait être national ?

Pourquoi le nouveau médiateur, Alain Dorison, est-il un chargé de mission au conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies, conseil placé sous l’autorité de Monsieur Moscovici (économie) et de Monsieur Montebourg (redressement productif) ? Où est le ministère de l’Ecologie ? Après le débat public, ce médiateur conseillera le ministre. Lequel ?

Ce débat, biaisé dès le départ, sert uniquement à respecter la procédure de fermeture de la mine.

Démonstration est faite que l’esprit de la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité et du Grenelle de l’environnement n’est pas respectée dans ce débat public tant il apparait que les décisions ont déjà été prises par l’Etat.

Les débats publics sont une fausse démocratie et que quoiqu’il en sorte, les décisions sont prises a priori au plus haut niveau.

 


 

Source : Courriel du Collectif Destocamine à Reporterre.

Contact : yan.flory (arobase) orange.fr

Photos : L’Alsace.fr

Lire aussi : Déchets nucléaires : à Bure, dans la Meuse, des défis techniques insolubles rapidement

 

 

 

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:17

 

Source : rue89.com

 

 

Futur sans oubli 21/11/2013 à 16h39
« La vie privée, une anomalie » : Google de plus en plus flippant
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

« Le vie privée pourrait en réalité être une anomalie. »

Non, cette phrase n’a pas été lâchée par James Clapper ni un autre responsable de la NSA. On la doit à Vint Cerf qui n’est autre que le « chef évangéliste de l’Internet » de Google.

Cet homme, considéré comme l’un des pères fondateurs d’Internet, avance que vivre sans aucune intimité n’a non seulement rien de neuf, mais rien de bien inquiétant.

Il explique ainsi qu’il a lui-même grandi dans une petite ville de 3 000 habitants, sans ligne téléphonique, où le postier savait de qui venait toutes les correspondances. L’idée d’anonymat serait selon lui apparue avec l’urbanisation et la révolution industrielle et n’est plus nécessairement compatible avec notre société contemporaine.

« Il sera de plus en plus difficile pour nous de garantir la vie privée. »

Cette déclaration peut nous choquer, nous faire peur. Elle est cohérente avec le discours du patron de Google, Eric Schmidt, président du conseil d’administration et ancien PDG de la firme au célèbre slogan « Don’t be evil » (ne soit pas maléfique).

 


Eric Schmidt à Hong Kong, le 4 novembre 2013 (Vincent Yu/AP/SIPA)

                                                                                                                                                                                      1 Google, le gentil monstre

« Implanter des choses dans votre esprit franchit la ligne rouge. Du moins, pour l’instant. »

 

Pour poser le décor, revenons sur une déclaration d’Eric Schmidt au Washington Ideas Forum en 2010 :

« Google a pour règle d’aller jusqu’au bord de ce qui pourrait vous donner la chair de poule et de ne pas aller plus loin. Je dirais qu’implanter des choses dans votre cerveau franchit cette ligne rouge. Du moins pour l’instant, jusqu’à ce que la technologie s’améliore. »

Qu’on se rassure donc, il faudra attendre que les implants ne soient pas rejetés par le corps ou ne nous détruisent pas les synapses pour se les implanter. Pas question d’éthique ici, juste de fiabilité technique...

Ne voyez pas le mal partout, les gens de Google ont une idée très précise du bon et du mauvais, ils savent ce qu’ils font (Abu Dhabi, mars 2010) :

« Il y a beaucoup, beaucoup de choses que Google pourrait faire, mais choisit de ne pas faire... Un jour nous avions cette conversation où nous débattions si oui ou non nous pourrions tout simplement prédire [les fluctuations de] la Bourse. Et puis nous avons conclu que c’était illégal. Alors on a arrêté de le faire. »

                                                                                                                                                                                      2 Google, un ami qui vous veut du bien

« Les gens veulent que Google leur dise quelle est la prochaine action qu’ils devraient faire. »

 

Si vous avez raté un épisode, le grand projet de Google tient en un mot : « Personnalisation ». Le but ultime de la firme est de créer pour chaque individu un Internet à sa taille, conçu pour lui et par lui (à son insu), afin que finalement, Google lui soit totalement indispensable.

Eric Schmidt a tout avoué au Financial Times en mai 2007 :

« Nous allons devenir de plus en plus forts au niveau de la personnalisation. L’objectif, c’est que les utilisateurs de Google puissent en venir à poser une question comme “ que dois-je faire à présent ?” ou encore “ quel job devrais-je prendre ?” ».

Il récidive en 2010 avec le Wall Street Journal :

« Une idée serait que de plus en plus de recherches soient effectuées en votre nom, sans que vous ayez à les taper. Je pense véritablement que la plupart des gens ne souhaitent pas que Google réponde à leurs questions. Ils veulent que Google leur dise quelle est la prochaine action qu’ils devraient faire. »

« La technologie du ciblage individuel sera si performante qu’il sera vraiment dur pour les gens de regarder ou consommer quelque chose qui n’a pas été d’une manière ou d’une autre taillé pour eux. »

En bref, si j’ai regardé trop de nanars dans ma jeunesse,difficile voire impossible pour moi de tomber un jour sur un Wong Kar Waï ou un Rohmer : c’est la fameuse bulle de verre théorisée par Eli Pariser dans son ouvrage « The Filter Bubble » (Ed. Penguin Press, 2011).

                                                                                                                                                                                       3 Google est moral

« Si vous faites quelque chose que vous souhaitez que personne ne sache, peut-être devriez vous commencer par ne pas le faire. »

 

Mais revenons un instant au concept googlien de la vie privée et des conséquences que peuvent entraîner sa violation ou son exposition sur la Toile. La philosophie Google est assez simple : au même titre que nous nous baladons dans le monde réel munis de papiers d’identité, notre vie numérique doit porter une empreinte qui permette de nous identifier.

La justification ? La voici :

« Pas d’anonymat. Et la raison est que dans un monde de menaces asymétriques, le vrai anonymat est trop dangereux. […] Ce n’est pas possible d’avoir tel ou tel terroriste faire telles ou telles terribles choses sous le couvert d’un anonymat absolu. »

Et pour les non-terroristes, Eric Schmidt dit :

« Si vous faites quelque chose que vous souhaitez que personne ne sache, peut-être devriez vous commencer par ne pas le faire. »

A noter que le PDG de Google n’a pas toujours eu pour habitude d’appliquer à lui-même cette logique implacable. Les journalistes du site américain CNET par exemple ont été blacklistés pendant plus d’un an par Google pour avoir publié des infos sur Eric Schmidt (salaire, adresse, hobbies et certaines donations politiques) toutes obtenues grâce au moteur de recherche de la firme.

                                                                                                                                                                                      4 Google, lui, ne vous abandonnera jamais

« Nous connaîtrons votre position au mètre près. »

 

Allez, une dernière citation pour vous empêcher de dormir. Eric Schmidt lors de la conférence TechCrunch Disrupt en 2010 :

« C’est un futur où vous n’oubliez rien. Dans ce futur nouveau, vous n’êtes jamais perdu. Nous connaîtrons votre position au mètre près et bientôt au centimètre près. Vous n’êtes jamais seul, vous ne vous ennuyez jamais, les idées ne viennent jamais à vous manquer. »

 

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 19:02

 

 

Source : lemonde.fr

 

"Blackfish" lève le voile sur les conditions de vie des orques en captivité

Le Monde.fr | 21.11.2013 à 14h59 • Mis à jour le 21.11.2013 à 15h47 | Par Elvire Camus

 
 
Le drame, survenu le 24 février 2010 dans le parc SeaWorld d'Orlando, en Floride, a suscité de nombreuses réactions de la part de la presse et du grand public.

Lorsque Dawn Brancheau est morte, le 24 février 2010, après avoir été attaquée par l'orque vedette de Seaworld, parc aquatique animalier de référence aux Etats-Unis, la tragédie a enflammé les chaînes d'information en continu. Près de quatre ans plus tard, la sortie de Blackfish, un documentaire qui enquête sur la mort de la soigneuse, déclenche à son tour un torrent de réactions, aussi bien dans les médias que du côté du public.

Seaworld est une véritable institution. Le groupe est propriétaire de onze parcs aux Etats-Unis, dont deux principaux à San Diego (Californie) et à Orlando (Floride). Ils sont l'équivalent de notre Disneyland : c'est l'endroit où tous les parents emmènent leurs enfants au moins une fois. L'entreprise, cotée en Bourse depuis le mois d'avril, enregistre plus de 10 millions d'entrées par an, à 60 euros le billet en moyenne.

Comme dans beaucoup de parcs aquatiques, à Seaworld, le clou du spectacle est le "show" des orques, les "baleines tueuses" en anglais ("killer whale"). Pendant une demi-heure, petits et grands s'émerveillent de voir le plus grand prédateur marin exécuter des pirouettes à la manière d’un animal de compagnie. Les soigneurs glissent leur tête dans la gueule ouverte des épaulards pour leur embrasser la langue, surfent sur leur dos et plongent à leurs côtés dans les bassins d'eau de mer.

TILIKUM, UNE ICÔNE AUX ÉTATS-UNIS

Tilikum, plus gros orque vivant en captivité, se présente aux visiteurs épatés du parc d'Orlando, en Floride.

L'Amérique est donc sous le choc au moment du drame de 2010 qui fait les gros titres de la presse nationale : comment cette attaque a-t-elle pu avoir lieu à Seaworld, où les animaux sont heureux et les soigneurs en sécurité, selon la pensée commune ? La victime, Dawn Brancheau, était la soigneuse la plus expérimentée du parc d'Orlando, et l'orque impliqué dans sa mort, Tilikum, le plus célèbre des cétacés : il entre en scène quelques minutes avant la fin des spectacles pour inonder les gradins lors du fameux "grand splash".

 

 

Gabriela Cowperthwaite, réalisatrice de Blackfish, n’est pas une activiste. C’est d’abord en tant que mère de famille ayant emmené plusieurs fois ses enfants à Seaworld qu'elle se sent concernée par la tragédie, comme la plupart des Américains. "Je ne comprenais pas comment une soigneuse aussi expérimentée avait pu être tuée par un orque, dans un lieu comme Seaworld. J’ai commencé à enquêter et ce que j'ai découvert m'a profondément choquée", confie-t-elle.

Lorsqu'elle commence à "tirer les fils" de son enquête, elle découvre que les origines de l'attaque du 24 février sont profondément ancrées dans l’histoire de Tilikum en particulier et des orques en captivité en général. "Je me suis rapidement rendu compte que pour traiter cette histoire de la meilleure façon, je devais commencer par le début", explique-t-elle.  

COMMENCER PAR LE DÉBUT 

 


 

L'histoire de Blackfish, du nom donné aux orques par les indiens d'Amérique qui pêchaient aux côtés des épaulards, remonte aux années 1970 et aux premières battues dans les eaux territoriales de Washington. Avant cette date, des orques avaient déjà été capturés, mais c'est la première fois que les animaux sauvages étaient destinés aux piscines de béton des parcs d'attractions.

Dans le documentaire de Gabriela Cowperthwaite, un pêcheur présent lors de ces premières captures livre les détails glaçants de ce qu'il qualifie lui-même de "chasse". Du "kidnapping" des petits (les seuls pêchés car moins chers à transporter), à l'éventrage des individus retrouvés morts dans les filets de pêche que l'on remplissait ensuite de pierres ou d'ancres et que l'on coulait pour s'en débarasser.

Tilikum a été pêché de cette manière en 1983, en Islande. Après sa capture, il passe les premières années de sa vie dans un parc au Canada, raconte Blackfish, images d'archives et témoignages à l'appui. Les nuits, il est enfermé dans une "boîte en fer flottante" de six mètres de long et neuf mètres de profondeur, avec deux autres femelles. Durant cette période, il est régulièrement attaqué et blessé jusqu’au sang par ses deux congénères. A ce moment-là, l'orque a probablement pu développer une forme de psychose, note un expert interrogé dans le film. C'est dans ce parc que Tilikum fera sa première victime. Il tuera en tout trois fois pendant ses années de captivité.

 VERSIONS DIVERGENTES

Seaworld a toujours refusé de reconnaître que manipuler des orques en captivité représentait un danger. Le drame de février 2010 est à attribuer à l'imprudence de Dawn Brancheau et n'est en aucun cas lié à un acte d'agression de la part de l'animal de cinq tonnes et demie, assure le parc.

Malgré les versions contradictoires apportées par la direction de Seaworld (qui explique au départ que la dresseuse a glissé dans l'eau, avant de se rétracter en racontant qu’elle s'est fait emporter dans le bassin par la queue de cheval), la polémique finit par s'atténuer et disparaît des écrans de télévision. Seule conséquence de l’accident de février 2010, le géant des parcs aquatiques doit désormais mettre une barrière physique entre ses orques et ses soigneurs pendant les spectacles pour des raisons de sécurité. Seaworld conteste cette interdiction et pour l'heure, Tilikum continue d'"exercer".

"Après plusieurs jours de débat, tout le monde était convaincu que Dawn était morte à la suite d'un jeu qui avait mal tourné avec Tilikum. Le public pensait que l'histoire se résumait à cela", se rappelle Gabriela Cowperthwaite, qui livre une tout autre version dans son documentaire.

L'enquête de Blackfish révèle que Tilikum a tiré la soigneuse par le bras alors que celle-ci se trouvait dans un endroit du bassin où elle avait pied. L'orque l'a ensuite entraînée au fond de l'eau. Lorsque le corps sans vie de la jeune femme de 40 ans a finalement été récupéré, il apparaissait qu'elle avait souffert de nombreuses fractures et contusions. Tilikum l'a littéralement "mutilée", réagit un ancien collègue de Dawn Brancheau.

EN CAPTIVITÉ, LES ORQUES MEURENT JEUNES

Le principal argument des parcs aquatiques pour justifier la captivité des animaux est d'assurer qu'ils ont une vie meilleure dans leurs bassins, car ils bénéficient de très bons soins médicaux. Dans un communiqué rédigé en réaction à Blackfish et publié par CNN, Seaworld qualifie le documentaire d'"inexact" et de "trompeur", rappelant que le parc "est l'une des institutions zoologiques les plus respectées au monde" et "alloue des millions de dollars chaque année pour la conservation et la recherche scientifique".

Or, en captivité, les communautés d’épaulards sont séparées et les individus mélangés. A l'état sauvage, les orques vivent en "familles" de vingt ou cinquante individus et parcourent des dizaines de kilomètres par jour. Chaque famille possède ses propres codes, son propre langage. Dans les bassins, les orques sont en proie aux agressions et ne peuvent nager nulle part. Les experts interrogés dans le documentaire sont unanimes : la captivité fabrique des animaux frustrés, qui s’ennuient et meurent jeunes. L'institution zoologique "la plus respectée au monde" n'est pas comparable à la liberté.

Au fur et à mesure qu'avance l'enquête, le documentaire semble hésiter entre deux arguments pour sensibiliser le public : d'un côté, la cruauté de l'homme, responsable conscient de souffrances atroces sur des animaux très intelligents, de l'autre, les risques élevés qui découlent de la captivité des orques. Depuis 1988, plus de cent attaques, dont quatre mortelles, ont été attribuées à des orques en captivité, selon les chiffres de Seaworld. Tilikum est impliqué dans trois d'entre elles.

Aucune attaque d'un homme par un épaulard en liberté n'a jusqu'ici été recensée.

"C'est mauvais pour les orques et c'est mauvais pour les dresseurs aussi, je les considère tous deux comme des victimes d'un même système", explique la réalisatrice. Si rien de bon ne découle de ces pratiques, pourquoi continuer à élever des orques en captivité ? Car l'industrie de l'orque pèse lourd.

Tim Zimmermann a coécrit Blackfish et est l'auteur de "The killer in the pool", un article publié par le magazine Outside, qui a servi de base au documentaire. Selon lui, Shamu (le nom générique donné à tous les orques du parc), est responsable de plus de 70 % du profit de Seaworld. "Si l'on ne connaît pas le chiffre exact, il est tout à fait juste de dire que Shamu est le cœur de métier de Seaworld", affirme Tim Zimmermann. Ce qui explique pourquoi le groupe se bat pour ne pas l'abandonner, selon Blackfish.

Au-delà des épaulards, le film veut remettre en question l'industrie du divertissement animalier dans son ensemble. "Il ne s'agit pas que des baleines tueuses. Si nous sommes capables d’utiliser des animaux aussi intelligents pour l'industrie du divertissement, qui n'est régulée que par le profit, ça nous en apprend beaucoup sur la façon dont nous considérons les animaux et sur ce que nous sommes capables de faire par intérêt", affirme Tim Zimmermann.

De nombreux articles ont été publiés dans les journaux américains et en Europe à propos de l'attaque de 2010. De nombreuses personnes ont enquêté, mais jamais aucune production, pas même "The killer in the pool", n'a eu l'écho que rencontre en ce moment Blackfish.

L'équipe du film se réjouit que de nouveaux mouvements voient le jour pour tenter de faire plier l'industrie de l'orque en captivité : certains activistes s'adressent directement aux partenaires économiques de Seaworld et leur demandent de les remettre en question. Le film a également permis à des initiatives plus anciennes de gagner en exposition. Lolita, une orque qui a passé plus de quarante ans de sa vie au Seaquarium de Miami, en Floride, est ainsi devenue le porte-étendard de la cause, alors que la campagne en faveur de sa libération s'intensifie.

Blackfish, sélectionné par plusieurs festivals, dont celui de Sundance, est sorti en salles cet été aux Etats-Unis. Le documentaire a depuis été distribué en Europe (Belgique, Allemagne, Suisse, Pays-Bas et Espagne). Il sera diffusé en France l'été prochain, en 2014, sur Arte.

Elvire Camus
Journaliste au Monde

 

 

 


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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 18:03

 

Source : huffingtonpost.fr

 

Les dessous des fast-foods américains ne sont pas très ragoûtants

Le HuffPost  |  Publication: 21/11/2013 14h05 CET  |  Mis à jour: 21/11/2013 14h54 CET

 

ALIMENTATION - 8 Américains sur 10 mangent dans un restaurant rapide au moins une fois par mois. Et un sur deux, une fois par semaine. Avec 263 944 fast-foods en 2012, le moins qu'on puisse dire, c'est que les Américains en raffolent. Ce serait peut-être moins le cas s'ils avaient en tête les images repérées par le HuffPost américain lorsqu'ils franchissent la porte de leur restaurant préféré.

Parce que la France n'est pas en reste, ce qui suit va probablement vous intéresser. En effet la France est le deuxième marché du fast-food dans le monde. Les ventes de ce secteur ont explosé depuis 2004, de 74%. En 2012, le marché de la restauration rapide a représenté 34 milliards d'euros de vente.

Lire aussi:
» Les ingrédients de certains nuggets de poulet ne vont pas vous plaire
Un délicieux sandwich aux œufs de Subway

subway

Si seulement ce n'étaient que des œufs

Subway Breakfast B.M.T.

David DiSalvo, qui écrit chez Forbes, a enquêté sur ces œufs. En fait, ils seraient une étrange mixture d'oeufs et... de "mélange d'oeufs": de la glycérine, un solvent qu'on trouve dans des crèmes de rasage, un peu de silicone... En France, Subway ne propose pas de formule petit déjeuner. Pas de sandwiches aux œufs à l'horizon, donc. Mais ce même David DiSalvo explique que les oeufs de McDonald's ne sont pas forcément meilleurs. Ils seraient pasteurisés avec du phosphate de sodium, de l'acide citrique, et d'autres conservateurs, qui empêchent la moisissure.

Mmmmh, les bons McNuggets

mcnuggets

Sauf qu'en fait...

chicken

Le "poulet" est en fait un mélange pas très ragoûtant d'os, de carcasse de ce qui reste d'un poulet. C'est ce qui s'appelle de la "viande séparée mécaniquement". Sur cette photo, c'est un chef cuisinier, Jamie Oliver, qui a décidé de créer cette mixture rose pour montrer à quoi ça ressemble, en théorie. Sur Reddit, l'utilisateur "Dfunkatron", qui revendiquait être un ancien employé de McDonald's, a raconté une histoire un peu terrifiante...

" [...] J'ai accidentellement laissé un sac entier d'environ 100 nuggets de poulet sur un comptoir pendant bien trop longtemps. Ils ont fondu. Une sorte de flaque liquide. Je n'ai jamais compris pourquoi. Mais ils étaient complètement indiscernables des nuggets que je connaissais."

Rassurez-vous, au sein de l'Union européenne, les viandes séparées mécaniquement sont normalement interdites.

Un taco "Doritos Locos" de Taco Bell, une chaîne à thème mexicain

taco

La viande, avant qu'elle n'aille dans ce taco

Ce truc qui ressemble à du pain d'épice, c'est de la viande en sac. En 2011, un scandale avait frappé Taco Bell: leur viande ne serait constituée que de 36% de bœuf. Depuis, la controverse a pris fin mais ils reçoivent toujours leur viande enrobée dans du plastique. De quoi douter de la qualité.

Un bon McRib

mcrib

Et la façon dont McDonald's la reçu

Le McRib est un hamburger à base de côte de porc, qui était en édition limitée. Il a créé la polémique lorsqu'un utilisateur de Reddit a posté l'image ci-dessus, qui montre à quoi ressemble la viande de ce burger lorsqu'elle est congelée. Heureusement pour vous, ce hamburger n'est vendu qu'aux États-Unis et Canada.

Essayons avec quelque chose de plus sain: une salade

salad

Mais la salade est un peu chimique

Side Salad from Burger King

La plupart des fast-foods, indique le HuffPost US, ne donnent pas la liste exacte des ingrédients. Pour garder les feuilles de salade bien croustillantes, du propylène glycol serait ajouté. Ce produit est considéré comme étant sans danger mais peut être trouvé dans des antigels ou des lubrifiants. Ici, une salade de Burger King, qui devrait revenir en France prochainement.

La sauce tomate

meatballs

Mais cette sauce pourrait contenir des asticots et des mouches...

Meatball spaghetti

Dans un communiqué, l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), explique qu'il est "acceptable" pour les sauces de contenir, dans 100 grammes "30 œufs de mouche ou plus" et "un asticot ou plus". Impossible de le remarquer, mais quand même...

Les frites que tout le monde adore

fries

Et voici à quoi elles ressemblent trois ans plus tard

old fries
(Credit: Imgur/atopiary)

Ces frites de McDonald's et de KFC ont été placées dans ces pots bien étanches en 2008. La photo a été prise en 2012. On voit que les frites de McDonald's n'ont pas l'air d'avoir pris une ride. Et pour cause, elles seraient pleines de conservateurs. Marion Nestle, présidente d'un programme d'études sur la nourriture, explique que McDo a dû utiliser une quantité considérable de propanoate de sodium pour éviter la moisissure.

Et le plus classique: le hamburger de chez McDonald's

hamburger

Toujours le même 14 ans plus tard, quelle chance

En 1999, un homme oublie son hamburger dans la poche de son manteau. Il le retrouve 14 ans plus tard, et c'est comme s'il était encore chaud (ou presque). Aucune trace de moisissure, aucune odeur. Selon les spécialistes, c'est la conséquence des substances ajoutées pour éviter que les ingrédients ne moisissent.

Bon appétit.

 

 

 

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 15:23

 

Source : reporterre.net

 

Le Sénat discute d’une loi visant à limiter la liberté des semences

Marie Astier (Reporterre)

mercredi 20 novembre 2013

 

 

 

Le Sénat examine mercredi 20 novembre une proposition de loi "sur la contrefaçon", qui vise à contrôler davantage la liberté de semer. Plusieurs organisations écologistes et paysannes critiquent cette démarche, que soutient en revanche l’industrie semencière.

Si vous faites du jardinage, il vous est sans doute déjà arrivé de conserver les graines produites par vos fleurs pour ensuite les ressemer l’année suivante. C’est ce que font encore beaucoup d’agriculteurs : on appelle cela les "semences de ferme".

Mais cette pratique n’est que tolérée par la loi : depuis le début des années 1960, les semenciers peuvent protéger leurs variétés grâce à un "certificat d’obtention végétale" (COV). "Cela concerne 90% des semences utilisées aujourd’hui par les agriculteurs", indique Guy Kastler, délégué général du réseau Semences Paysannes. Théoriquement, l’agriculteur n’a pas le droit de ressemer ces variétés d’une année sur l’autre. Au nom de la propriété intellectuelle, il doit racheter au semencier (producteur de semences) des graines chaque année.

Mais dans les faits, de nombreux agriculteurs gardent une partie de leur récolte pour la semer l’année suivante. Selon un document du Groupement national interprofessionnel des semences et des plants (GNIS), la part des semences de ferme atteint 60% pour certaines espèces (blé dur, féveroles, pois protéagineux, etc).

 

Les semences de ferme, de la contrefaçon

Cette pratique est donc considérée comme relevant de la contrefaçon depuis la loi du 8 décembre 2011 relative aux certificats d’obtention végétale. Le texte n’autorise les semences de ferme que dans deux cas :
- soit l’agriculteur utilise des variétés tombées dans le domaine public, qui ne sont plus protégées par un certificat d’obtention végétale. "Mais elles sont difficiles d’accès : les semenciers n’ont plus intérêt à les mettre sur le marché puisqu’ils n’ont plus de droit dessus", explique Roxanne Mitralias, chargée du dossier semences à la Confédération Paysanne.
- soit il utilise une des vingt-et-une espèces que la loi autorise à ressemer (certaines céréales, des fourragères, etc.) : dans ce cas l’agriculteur doit payer des royalties au semencier qui détient le certificat d’obtention végétale.

 

 

Ainsi aujourd’hui quand un agriculteur ne paye pas les royalties pour une de ces vingt-et-une espèces, ou quand il ressème une variété protégée par un certificat d’obtention végétale, il est dans l’illégalité. "Mais il n’existe pas de test simple pour prouver qu’il fait des semences de ferme et reproduit une variété certifiée", dit Roxanne Mitralias. Les possibilités de recours des semenciers sont donc limitées. Le GNIS signale huit actions en justice, où l’entreprise productrice de semences a toujours été gagnante.

Mais la proposition de loi "tendant à renforcer la lutte contre la contrefaçon", discutée à partir de ce mercredi 20 novembre au Sénat, pourrait apporter de nouvelles armes aux producteurs de semence. Le texte traite les certificats d’obtention végétale comme les autres domaines concernés par la contrefaçon (objets de luxe, logiciels, films, musiques...) et il donne les moyens à l’Etat de mieux les contrôler. "Il pourra saisir une récole sur simple présomption de contrefaçon !", s’insurge Guy Kastler.

"Et il n’y a pas que les semences qui sont concernées, ajoute Roxanne Mitralias. Les mâles reproducteurs dans l’élevage ou certains procédés microbiologiques, comme celui du levain pour le pain, rentrent aussi dans le champ de la loi !"


"Des lois pour l’industrie semencière"

Surtout, souligne Guy Kastler, cette loi va se combiner avec une disposition déjà adoptée dans la loi du 8 décembre 2011 : désormais, les agriculteurs qui produisent des semences sont contraints de s’enregistrer. "Les industriels ont donc la liste de tous les agriculteurs qui utilisent des semences de ferme", explique le paysan. Il sera donc d’autant plus facile de soupçonner un agriculteur de contrefaçon, et de faire saisir sa récolte.

"Pour l’instant l’Etat ne peut pas agir tant qu’il n’a pas prouvé qu’il y a contrefaçon. Et si on demande à un agriculteur s’il a utilisé des semences de ferme, il n’est pas obligé de répondre." Mais la proposition de loi inverse la charge de la preuve : "Ce sera à l’agriculteur de prouver qu’il n’y a pas contrefaçon. S’il n’a pas de factures d’achat de semences, ce sera très compliqué..."

"L’Etat va pouvoir se mêler de droit privé." s’étonne Roxanne Mitralias. "Ce sont des lois pour l’industrie semencière, qui visent à obliger les paysans à acheter de la semence certifiée."

"La loi sur la contrefaçon n’aura aucun effet sur le domaine des semences", rétorque François Burgaud, directeur des relations extérieures du GNIS. "Le contrôle de la propriété intellectuelle reste dans le domaine privé. Pour prouver une contrefaçon, il faudra toujours un huissier assermenté et mandaté par un vendeur de semences."


"Protéger nos entreprises"

"Il s’agit simplement de regrouper ces contentieux dans certain nombre de tribunaux : ils seront plus compétents et spécialisés", détaille le sénateur PS Richard Yung, à l’origine de la proposition de loi sur la contrefaçon. Le texte prévoie aussi le paiement de dommages "à la hauteur du préjudice : ils seront proportionnels au chiffre d’affaires qu’aurait pu faire l’entreprise avec le produit copié", continue le parlementaire.

Pour lui, il faut "protéger nos entreprises". Il rappelle que l’industrie semencière française est la première en Europe et la troisième dans le monde pour son chiffre d’affaires. "Le risque, c’est que vous développiez une nouvelle plante, et qu’elle soit reproduite sans que l’on vous paye", justifie le sénteur. C’est comme dans tous les autres domaines : les gens copient." Un point de vue partagé par le GNIS, qui explique que les agriculteurs qui pratiquent la semence de ferme empêchent de financer la recherche et développement : "Treize programmes de sélection ont été abandonnés ou fusionnés", déplore le syndicat des semenciers.

Mais du point de vue des défenseurs des semences de ferme, l’industrie s’approprie ainsi "un travail engagé par les paysans depuis des millénaires". C’est ce qu’expliquent le Collectif Semons la biodiversité et l’association Humanité et Biodiversité dans une lettre ouverte adressée à l’ensemble des sénateurs : "En dix mille ans d’agriculture, on ne s’était jamais posé la question. Les paysans ont semé et choisi, saison après saison, les graines qu’ils allaient replanter. De la même manière, les éleveurs ont sélectionné leurs reproducteurs. C’est leur métier. C’est ce qui fait aujourd’hui de l’agriculture un domaine riche de savoirs, ce qui nous a permis de conserver la diversité du vivant. C’est un patrimoine universel qui n’a pas de prix."



 

Source : Marie Astier pour Reporterre.

Photos :
. Plein Champ
. Le semeur : lamontagne.fr.

Complément d’information : Les raisons de défendre les semences de ferme selon la Coordination Rurale.

Lire aussi : En Colombie, guerre contre les semences au nom du libre-échange.

 

 

 

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 18:01

 

 

Source : lemonde.fr

 

 

 

Un nouveau droit des semences pour protéger la biodiversité et notre alimentation

 

Le Monde.fr | 19.11.2013 à 16h23 | Par Priscille de Poncins (membre des Poissons roses), Philippe de Roux (co-fondateur des Poissons roses), Bernard Perret (essayiste), Guy Kastler (délégué général du Réseau des semences paysannes) et Marc Dufumier (agronome, membre du comité scientifique de la Fondation Nicolas-Hulot pour la Nature et l'Homme)

 
 
Après le MON810 de Monsanto, le maïs TC1507 de Pioneer pourrait obtenir le feu vert de Bruxelles.

Que diriez-vous s'il n'était plus possible de choisir une alimentation saine et variée, une eau non polluée par les pesticides ? Ce choix ne sera possible que si la biodiversité cultivée demeure riche et disponible. Les semences sont une clé de la préservation de la biodiversité et d'une agriculture moins carbonée.

Les semences de ferme et paysannes, fruits d'une tradition millénaire d'adaptation aux terroirs, aux évolutions climatiques, sont essentielles pour garantir notre alimentation de demain.

Pourquoi le débat est-il si vif en France ? Notre pays est devenu en 2012 le premier exportateur mondial de semences devant les Pays-Bas et les Etats-Unis. Sous couvert de compétition économique, un seul modèle est promu : la production à grande échelle de quelques variétés. La qualité gustative et nutritionnelle, l'adaptabilité des cultures avec peu d'engrais et pesticides, ne sont pas des critères de sélection pertinents dans ce modèle.

 

CONFISCATION DU VIVANT

Là où autrefois, nos agriculteurs avaient sélectionné des variétés adaptées à nos différents terroirs, ce sont maintenant les terroirs qu'il faut adapter à un très faible nombre de variétés, au risque de les fragiliser (perte d'humus et de fertilité) et de devoir employer maints intrants chimiques, sources de pollutions diverses. Ces nouvelles variétés, sélectionnées pour des utilisations industrielles, ne peuvent supporter le moindre changement, et laissent les agriculteurs sans recours face aux conséquences des changements climatiques.

 Le scénario noir d'une confiscation du vivant par quelques firmes agroalimentaires puissantes risque de devenir une réalité si les parlementaires ne se saisissent pas de cette question. Dans les jours à venir, ils devront se prononcer sur trois textes qui vont dans le même sens, protéger les entreprises vendant des semences avec droits de propriété intellectuelle (DPI).

Une proposition de loi qui étend la chasse aux contrefaçons jusque dans les champs et les étables des paysans qui reproduisent leurs propres semences ou animaux sera votée par le Sénat mercredi 20 novembre ;  le lendemain, la haute assemblée devra se prononcer sur la ratification du Brevet unitaire européen ; et, enfin, le projet de loi pour " l'avenir de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt" sera présenté au Parlement en décembre.

En faisant du paysan qui reproduit ses propres semences ou animaux un contrefacteur en puissance, ces lois détruiraient l'entraide à la base de la vie sociale rurale. Tout paysan demandant à un collègue de le dépanner de quelques graines ou d'un animal reproducteur deviendrait un délateur en puissance, les produits échangés étant, si ces lois passent, des contrefaçons illégales.

 

APPAUVRISSEMENT DE LA BIODIVERSITÉ

C'est cette menace constante de poursuite en contrefaçon qui a conduit les agriculteurs américains à cultiver en moins de dix ans plus de 90% de leurs champs de soja et de maïs avec des OGM brevetés et qui a condamné à la faillite ceux qui ont voulu résister. Rappelons que 10 entreprises multinationales concentrent 73 % du marché mondial des semences. Ce sont elles qui font pression dans ce sens.

L'interdiction des semences paysannes est la conséquence du verrouillage progressif de la propriété intellectuelle sur le vivant au travers des certificats d'obtention végétale (COV) et des brevets. Cette rupture très récente entre le métier d'agriculteur et la sélection des plantes monopolisée par l'industrie semencière contribue à l'appauvrissement de la biodiversité.

C'est une menace pour l'humanité. Il faut préserver ce qui a constitué la base de la sélection des plantes pendant des siècles : la reproduction et l'échange entre agriculteurs de leurs propres semences.

Les semences de ferme et paysannes ne peuvent pas être considérées comme des contrefaçons, ni l'échange entre agriculteurs comme un acte commercial, qui induit une toute autre réglementation. Il est vital pour la préservation de la biodiversité cultivée que le choix demeure possible entre les semences de ferme ou paysannes et les semences certifiées du commerce.

En l'état, le brevet unitaire européen, voté à Strasbourg fin 2012 et qui doit aujourd'hui être retranscrit dans chaque pays de l'UE, n'autorise l'utilisation libre de plantes brevetées uniquement dans le cadre de travaux de recherche.

Nous souhaitons que cette utilisation possible soit étendue à tous pour l'obtention de nouvelles variétés, sans paiement de royalties aux détenteurs de DPI sur les composants utilisés. Cette option est soutenue par l'organisation professionnelle des semenciers hollandais, Plantum.

 

UNE VISION "HUMANISANTE" DE L'ÉCHANGE

Il reste à se mobiliser aussi pour que ce " privilège de l'obtenteur " ne soit pas une exclusivité laissée aux seules firmes de sélection végétale, mais qu'il bénéficie aussi aux agriculteurs qui produisent et sélectionnent leurs propres semences. Cette précision ne suffira pas à régler tous les problèmes posés par la multiplication des brevets sur le vivant, mais elle est une première étape.

Le politique doit être le porte-parole de ceux qui ne peuvent pas se faire entendre, surtout lorsqu'il s'agit de promouvoir une vision " humanisante " de l'échange et de l'économie. Tel est l'enjeu d'actions de sensibilisation lancées récemment.

La campagne " Semons la Biodiversité " lancée en 2011 par 22 associations et syndicats promeut le respect absolu du droit des agriculteurs de réutiliser et d'échanger leurs semences. La campagne européenne " No Patents on Seeds " se mobilise pour l'interdiction de tout brevet sur le vivant et rejoint les mobilisations autour de la santé humaine : voir l'affaire récente de Myriad Genetics.

Malgré le déséquilibre apparent du rapport de force, nous réaffirmons avec Paul Ricœur que " l'espérance est la passion du possible "...

Priscille de Poncins (membre des Poissons roses), Philippe de Roux (co-fondateur des Poissons roses), Bernard Perret (essayiste), Guy Kastler (délégué général du Réseau des semences paysannes) et Marc Dufumier (agronome, membre du comité scientifique de la Fondation Nicolas-Hulot pour la Nature et l'Homme)

 

Les Poissons roses sont un mouvement personnaliste de gauche qui vise à relier les questions d'éthique et de justice sociale.

 

 

 

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