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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 18:07

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

L’incroyable longévité des salades de fruits « sans conservateurs » de Fructofresh

 

Pour gagner des parts de marché, l’entreprise polonaise utiliserait du dicarbonate de diméthyle, interdit en Europe pour ce genre de préparations.

 

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 

 

L’usine Fructofresh de Czarnowice (Pologne).

A la lisière de Czarnowice, paisible village de l’ouest de la Pologne, les hautes palissades de l’entreprise Fructofresh détonnent dans le paysage. Entre champs en friches et corps de fermes isolées, le fabricant polonais de salades de fruits et jus de fruits frais, qui exporte la majeure partie de sa production en Allemagne et en France, n’a pas grand-chose à craindre du voisinage. Mais elle veille jalousement sur les secrets industriels qui ont construit le succès de sa marque. Les consommateurs l’ignorent : les concurrents français de Fructofresh entretiennent de lourds soupçons sur ses procédés de fabrication. Pour écraser le marché, l’entreprise, qui emploie des travailleuses nord-coréennes dans des conditions proches du travail forcé, joue également d’une autre arme redoutable. Elle propose une salade de fruits frais d’une date limite de consommation (DLC) de quatorze jours « sans ajout de conservateurs ». Aucun concurrent européen ne parvient à rivaliser.

 

« Fructofresh est le seul industriel qui ­affiche sur ses salades de fruits une DLC de quatorze jours sans conservateurs. En France, on ne sait pas faire mieux que sept à neuf jours sans conservateurs, et en ­utilisant des antioxydants naturels [acide ascorbique, acide citrique], constate Jean-Martin François, le directeur de Frugi Services, un petit acteur du marché face à Fructofresh et aux français Délifruits, Bharlev, Stalaven ou Florette. On a fait des milliers de tests pour freiner le vieillissement de nos salades, et pourtant on n’a jamais trouvé la technique. »

La...

 

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L’usine Fructofresh de Czarnowice (Pologne).
L’incroyable longévité des salades de fruits « sans conservateurs » de Fructofresh
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Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

 

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 16:55

*Note perso : édité il y a 2 ans, cet article reste, malheureusement, d'actualité...

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante

 

 

Etudiant en droit, je me suis retrouvé aide-soignant du jour au lendemain

Pierre cherchait un job d’été et a postulé pour être brancardier ; sans aucune formation, il a fini aide-soignant en gériatrie, dans un hôpital public. Au milieu de malades souvent impotents et de soignants déprimés.

 

 

 

Une perfusion

 

Comme beaucoup d’étudiants, j’ai cherché un job d’été à la fin de ma première année de fac. De longues recherches dans de multiples domaines et une inscription dans une agence d’intérim n’ayant pas abouti, je me suis résigné à marcher dans les pas de mon frère aîné en postulant pour un emploi de brancardier dans les hôpitaux de Paris.

Un mois après avoir posté ma candidature aux différents hôpitaux de l’assistance publique, une employée de l’administration d’un hôpital de la banlieue parisienne me rappelle.

 
Making of

Pierre T. est étudiant en droit. Il s'est retrouvé plongé du jour au lendemain dans le service de gériatrie d'un hôpital. Et on lui a demandé d'effectuer un travail pour lequel il n'a jamais été formé. D'un seul coup, il a découvert une réalité dont il ignorait tout. Mathieu Deslandes

Elle me demande si je suis prêt à travailler dans un service de gériatrie de nuit, sans plus de précision. Ayant besoin de cet emploi, j’accepte, dans l’idée que brancarder des personnes âgées n’est pas si terrible, d’autant que mon contrat ne durera qu’un mois.

Commencent alors de longs et fastidieux échanges avec l’administration de cet hôpital.

Travailler dans un service hospitalier nécessite des conditions de vaccination particulières, conditions que je ne remplissais absolument pas lorsque j’ai accepté l’emploi. Arriver à joindre la médecine du travail de l’hôpital étant presque impossible, c’est mon frère qui m’a renseigné sur les différents vaccins nécessaires.

Naïf, je crois que je vais nettoyer le sol

Après moult péripéties, j’obtiens un rendez-vous pour mon contrôle médical. On m’y apprend que j’aurais dû recevoir une convocation. Le médecin constate que les vaccins sont faits, et m’autorise donc à travailler.

Des doutes surgissent dès le mois de juillet. Ma mère, qui a été infirmière, me fait observer qu’il est curieux de recruter des brancardiers en gériatrie la nuit.

Je me souviens alors que lors de ma première conversation avec l’employée de l’administration, elle n’a jamais mentionné un emploi de brancardier, seulement un travail de nuit dans un service de gériatrie.

Je m’imagine en train de nettoyer le sol ou d’accomplir d’autres activités d’entretien nécessaires au fonctionnement d’un hôpital la nuit. Naïf, je n’imagine pas un seul instant que le système hospitalier français permette à un jeune sans aucune formation d’aller au contact des malades et de participer directement aux soins.

Mais lors de la journée d’accueil des remplacements de congés annuels (RCA), j’apprends que je suis effectivement affecté dans un service de soins. J’y rencontre un autre RCA qui lui est affecté aux cuisines. On passe la matinée d’intégration ensemble, ce qui consiste à écouter les consignes d’évacuation d’incendies, celles pour le nettoyage des mains et l’hygiène dans les services. Malgré tout, je m’accroche toujours à l’idée que si je remplaçais un aide-soignant, on m’aurait au moins formé aux démarches de toilettes basiques.

La réalité : je remplace une aide-soignante

Lors de mon premier jour, je me présente donc à 20h30 dans le service ou ma nuit commencera à 20h45. L’accueil des aides-soignantes, très souriantes, est rassurant mais la réalité est bien là : je remplace une aide-soignante. La nuit, les aides-soignants travaillent normalement en binôme sous la responsabilité d’une infirmière. A 20h45, mon binôme est arrivé. C’est une femme entre deux âges, énergique et très disponible.

Elle commence immédiatement son activité en appliquant des routines dont elle me croit informé. Me voyant les bras ballants, elle m’indique où trouver une tenue. Je vais me changer rapidement, et à mon retour, je lui demande comment aider. Elle me répond de préparer le chariot. Je lui explique que je n’ai aucune idée de ce que je fais ici ni de ce que « préparer le chariot » peut bien vouloir dire. Je la vois se décomposer. Elle dit, plus pour elle que pour moi : « Encore un qu’il faut former et qui va partir juste après. »

Elle me montre alors une feuille de suivi ou le nom de chaque patient apparaît, avec la taille des protections (comprenez : couches) correspondantes. Elle me montre comment remplir le chariot de protections de différentes tailles, de draps propres, de produits nettoyants, de serviettes et de gants. Elle m’explique ensuite la configuration du service.

Il est divisé en deux couloirs, un petit et un grand, avec des chambres individuelles et des chambres à deux lits. En moyenne, chaque service compte un peu moins de 30 patients, parfois un peu plus, selon les entrées, les sorties ou les décès.

Le service de nuit comporte deux pics d’activité :

  • à 21 heures, où il faut changer, nettoyer et coucher les patients ;
  • et un peu après 5h30, où il faut les changer et les nettoyer : ce sont des personnes âgées et souvent très malades et impotentes qu’on réveille à l’aube, qui se rendorment ensuite ou non, et qui sont levées plus tard par la première équipe de jour.

J’essaie d’avoir l’air calme mais je panique

Nous avons donc préparé le chariot pour le premier rush de 21 heures. L’aide-soignante entre dans une chambre et me dit de regarder ce qu’elle fait. Je la vois mettre une patiente sur le côté, doucement mais sans prévenir. Celle-ci se met à hurler sans qu’on ne puisse comprendre ce qu’elle dit, pendant que l’aide-soignante lui retire ses habits. S’étant auparavant munie d’une serviette humide et savonnée, elle retire la protection de la patiente et nettoie son intimité. Elle me tend ensuite la protection sale et m’en demande une propre.

J’essaie d’avoir l’air calme alors que je panique complètement devant une scène aussi inattendue, et qui me paraît brutale pour la patiente. L’odeur de selles s’ajoutant au spectacle, je ne peux retenir une grimace de dégoût qui ne manque pas d’agacer mon binôme. Je lui tends malgré tout une protection taille M qu’elle enfile en essayant d’apaiser la patiente. Elle ressort après lui avoir enfilé une robe de chambre et fermé les volets. La patiente ne s’est pas levé, et n’a fait que hurler tout le temps qu’a duré le change.

Celle qui est maintenant ma collègue entre dans une deuxième chambre sans perdre de temps. Je reste dehors, complètement perdu. J’ai envie de m’enfuir. L’infirmière responsable, une petite femme encore plus énergique que l’aide-soignante, passe en coup de vent. Elle me donne le bras d’une patiente et me dit « d’aller changer et coucher madame M. chambre 6 », avant de disparaître.

L’extrême vulnérabilité de madame M.

Je comprends que la dame qui s’accroche à moi est madame M. Je cherche mon chemin en essayant de rassurer la dame qui me pose des questions sans aucun sens. Finalement, nous entrons madame M. et moi dans la chambre 6. Je me retrouve avec une serviette, une protection propre, une robe de chambre et madame M. qui me regarde avec un air enfantin. Comprenant ce que l’on attend de moi, je panique complètement. Je discute avec la dame alors que celle-ci est visiblement complètement sénile. Je finis par me résigner.

Sans vraiment être conscient de ce que je fais, je lui demande de lever les bras pour lui retirer sa robe de la journée. Par chance, cette dame bien que sénile n’est pas en trop mauvaise condition physique, si bien qu’elle peut tenir debout en s’appuyant à son lit. Je la tiens donc du mieux que je peux en lui retirant ses habits.

Cela a été le premier vrai choc de ce mois à l’hôpital. Je me suis soudainement retrouvé responsable d’une personne si vulnérable qu’elle ne pouvait se changer seule. J’ai réalisé la situation de ces patients à ce moment-là, devant cette octogénaire nue que je devais changer, nettoyer et coucher, sans qu’elle ne comprenne ce que je faisais ni qui j’étais.

Après avoir retiré sa protection, je nettoie timidement ses parties intimes et je tente de placer la nouvelle protection. Une catastrophe. La protection n’est pas assez serrée, mal placée et mise à l’envers.

Fort heureusement, l’infirmière entre dans la chambre 6 accompagnée de mon binôme. Visiblement confuse, elle me lance :

« Désolée, tu aurais dû me dire que c’était ton premier jour, je ne t’aurais pas laissé seul ! »

L’aide-soignante était venue à ma rescousse en prévenant l’infirmière de mon manque complet de connaissance en matière de soins.

Horrifiée par mon travail, l’infirmière prend le temps de m’expliquer comment faire avant de me souhaiter bon courage et de repartir travailler.

Je rejoins donc le chariot et ma collègue, puis elle continue à me montrer comment faire son travail le temps que dure le change de tous les patients. Nous terminons le tour avec une demi-heure de retard, du fait de mon incompétence.

En juillet, plein d’aides-soignants non formés

A 23h30, tous les patients sont couchés et changés, on retourne à la salle de repos des aides-soignants. Ma collègue prend alors le temps de discuter avec moi. Elle me demande si je compte revenir le lendemain. Je lui explique que je n’en ai aucune idée et que je ne m’attendais pas du tout à faire ce genre de travail. Quand elle apprend que je suis étudiant en droit, elle peste contre l’administration hospitalière de m’avoir recruté et placé à ce poste sans aucune expérience. Pour autant, je ne suis pas le premier. Les RCA du mois de juillet eux aussi comprenaient leur lot d’aides-soignants sans expérience.

Elle me dit que certains ne reviennent pas. Mais elle essaie de me convaincre avec bienveillance de revenir le lendemain. Je le comprends lorsqu’elle m’explique que si je ne reviens pas, ils n’auront probablement pas de remplaçant avant une semaine ou deux. Et entre-temps, elle devra travailler pour deux. L’infirmière responsable, devant aussi s’occuper d’autres étages, elle ne pourra pas vraiment s’occuper des patients. Elle a une relation très affectueuse avec les patients, elle les voit comme des enfants.

Pour la plupart, les patients ne comprennent pas le monde qui les entoure ni les personnes qui agissent autour d’eux. Certains hurlent et insultent, d’autres crachent, mordent ou frappent. Certains ne disent plus rien et se murent dans le silence, d’autres respirent la joie de vivre sur leur lit de mort. Ce que ces patients dans les services de longue durée de gériatrie ont en commun, c’est la certitude qu’ils vont mourir dans cet hôpital.

Certains ne s’en rendent pas compte. La plupart des patients sont fous ou en train de le devenir, et certaines trajectoires semblent sortir d’un drame hollywoodien. Ainsi, un ancien aide-soignant de ce service est maintenant interné comme patient. Il y a travaillé huit ans plus tôt. Sa femme est décédée, il boit par dépit, cela accélère son Alzheimer si bien qu’il ne peut plus vivre seul. Il ne reconnaît plus l’infirmière avec laquelle il a travaillé et qui s’occupe de lui.

J’hésite à m’en aller le plus vite possible

Je décide d’aller fumer une cigarette pour réfléchir un peu. Je descends du quatrième étage et sors du bâtiment. En ce mois d’août, il fait assez chaud pour que les patients en souffrent. Si bien qu’avant de les coucher, on laisse les fenêtres ouvertes dans chaque chambre.

A l’intérieur du bâtiment, cela ne m’avait pas choqué, mais la nuit dans cet hôpital n’est pas du tout silencieuse. Deux ou trois patients font des bruits réguliers, d’autres hurlent sans raison particulière et un appelle sa mère. J’hésite alors à remonter chercher mes affaires et m’en aller le plus vite possible.

Je finis ma cigarette, remonte les quatre étages et rejoins la salle de repos. Mon binôme n’est pas dans la salle. Je la cherche dans le service, et je finis par la trouver dans une pièce avec un patient qu’elle essaie de doucher. Elle me demande de le tenir, ce que je fais sans très bien savoir ce qui se passe. Elle m’explique que le patient a pris ses selles dans ses mains avant de se promener dans le service. Le résultat étant plusieurs murs à nettoyer, le sol et le patient. Nous faisons le tour du service et on nettoie petit à petit les traces laissées par le patient.

A 1 heure du matin, le nettoyage est terminé. L’aide-soignante me propose d’aller me reposer pendant qu’elle lit et fait quelques tours du service. Je somnole pendant quelques heures en essayant de prendre une décision sur mon retour ou non le lendemain.

J’émerge à 4 heures du matin. Mon binôme est en train de coucher un patient qui s’était relevé. C’est un homme très gros, je l’aide à le coucher. Nous prenons ensuite un café en discutant tranquillement. Mon binôme, X., est d’origine malgache et me parle de Madagascar avec passion.

Le temps passe, rythmé par les rondes dans le service jusqu’à 5h30 du matin. C’est l’heure du second rush de la nuit. Nous retournons préparer un chariot, puis nous commençons le tour du service.

L’insoutenable odeur, la dépendance extrême

Si c’est la vision des malades qui m’avait choqué en arrivant le soir, à l’aube, c’est l’odeur qui me paraît insoutenable. L’odeur d’excréments est pire le matin que le soir. Il nous a même fallu vider la poche intestinale artificielle d’un patient malade. Si cela est pénible pour moi, c’est très dur pour le patient qui est dans un état de faiblesse impressionnant. C’est X. qui doit le faire à ma place, son expérience lui permet de soutenir le patient tout en effectuant ce travail.

Je commence alors à réaliser à quel point le travail des aides-soignants dans ce service de gériatrie est difficile, pénible, éprouvant. Il leur faut faire face à des patients dans des situations de dépendance extrême, qui souffrent de pathologies très diverses, et ils doivent rester humains, préserver leur dignité, dialoguer dans une situation qui ne s’y prête absolument pas.

Nous finissons notre tour, changeons presque tous les patients puis nous retournons à la salle de repos où X. rend compte de tous les événements de la nuit, pour chaque patient, sur le cahier de transmission, pour informer les personnels de jour qui prennent notre suite.

La nuit se termine sans événement particulier, même si nous devons descendre les poubelles contenant toutes les protections souillées dans les caves du bâtiment, ce qui est pour moi la dernière épreuve olfactive de la nuit.

L’équipe de la matinée arrive, X. fait les transmissions avec l’infirmière de l’équipe, puis nous pouvons quitter les lieux. Je reprends le métro avec l’idée plus ou moins installée que je ne reviendrai pas le soir.

Finalement, j’y retourne le lendemain

Je dors sept heures puis, à mon réveil, je réfléchis un peu et appelle ma famille. Ils arrivent à dédramatiser la situation et sans trop comprendre pourquoi, presque automatiquement, j’y retourne le soir même. X. est particulièrement surprise de me revoir. Elle pensait que la soirée de la veille m’avait convaincu de ne plus revenir.

Cette seconde nuit m’impressionne autant que la veille. Non pas en raison du travail que nous effectuons, auquel je commence à m’habituer, mais du fait des conditions d’hospitalisation des patients dont je prends plus conscience. Le manque de moyens est sensible un peu partout, surtout dans le manque de personnel pour aider les patients.

Lors des deux périodes d’activité intense du service de nuit, on ne peut passer que très peu de temps avec les patients et ce sont eux qui en payent le prix. Cet état de fait ne fera que se confirmer au fil de mes nuits à l’hôpital. L’emploi du temps du service de nuit n’est pas hebdomadaire. Le rythme est de trois nuits travaillées, deux nuits de repos, deux nuits travaillées, trois nuits de repos, soit quinze nuits travaillées sur un mois.

Après la pause suivant mes trois premières nuits dans le même étage du service du même bâtiment du service de gériatrie, je suis changé de bâtiment et d’étage. Je découvre alors un nouveau service en tout point semblable au premier. Avec une seule différence, mais très sensible : le conflit ouvert entre plusieurs binômes d’aides-soignants.

Les mêmes types d’événements ponctuent les nuits. Une personne atteinte d’Alzheimer me demande chaque nuit à quelle station nous descendons, puis lorsque je lui explique que nous nous trouvons dans un hôpital et non dans un train, elle me répond qu’elle n’est pas stupide, avant de reposer la même question. Il a fallu à chaque fois que je lui montre le parc à travers la fenêtre pour qu’elle prenne conscience de l’immobilité de l’hôpital. Et à chaque fois qu’elle comprend sa situation, son effroi est aussi visible que soudain.

Cela pose une réelle question pour les soignants : à quel point faut-il ramener ces patients séniles à la réalité alors que cette réalité est finalement plus pénible pour eux que les illusions dans lesquelles ils vivent ?

Un mouroir pour beaucoup de patients

Cette question est souvent revenue dans mes discussions avec les différents aides-soignants et infirmiers avec qui j’ai travaillé. Ils sont supposés faire l’effort d’expliquer leur situation aux patients, mais beaucoup m’ont avoué avoir arrêté de le faire.

En particulier parce que la situation des patients dans les services de gériatrie de longue durée n’est pas transitoire. La plupart de ces personnes sont atteintes de syndromes qui les empêcheront de retourner chez elles. Ces services font office de mouroir pour ces patients. Dès lors, certains soignants n’ont plus, humainement, le courage d’expliquer leur situation à des gens qui semblent heureux, ou du moins qui ne semblent pas malheureux dans leur folie.

Mais si un nombre considérable de patients ne comprennent plus le monde qui les entoure, d’autres ont encore une perception réaliste, ou partiellement réaliste de leur situation.

Un soir, je me suis ainsi retrouvé face à un patient atteint d’un cancer de la peau en phase terminale qui était en pleine possession de ses moyens. Il souffrait à chaque instant. Changer sa protection le faisait se tordre de douleur, même lui toucher le bras semblait lui faire souffrir le martyr.

Chaque soir, cet homme exprimait presque le désir d’être euthanasié, même s’il ne le formulait pas aussi directement. Il n’arrêtait pas de répéter que s’il en avait la possibilité, il en finirait lui-même.

Pendant les six nuits où j’ai travaillé dans cet étage, il n’a fait qu’agoniser dans la douleur. J’ai appris son décès une semaine après ma dernière nuit à cet étage.

La gestion catastrophique de l’hôpital

Heureusement, une aide-soignante et un infirmier exceptionnels exerçaient dans ce service. Un soir où je buvais un café avec lui, cet infirmier s’est un peu confié à moi. Il m’a parlé de la culture de la plainte que provoquent les conditions de travail dans cet hôpital. Chaque binôme d’aides-soignants est persuadé d’avoir le travail le plus dur et le plus ingrat. Mon collègue n’en rejette évidemment pas la faute sur les aides-soignants, à qui il reproche juste de mal se défendre, mais il dénonce la gestion catastrophique de cet hôpital. Il a eu l’occasion de travailler dans plusieurs hôpitaux et il m’assure n’avoir jamais vu un tel manque d’efficacité. Cette mauvaise gestion peut aller jusqu’à provoquer un déficit de matériel incompréhensible.

Dans un des services où j’ai travaillé, nous nous sommes retrouvés un soir à court de linge propre pour les lits des patients dans un service. J’ai changé quatre fois de service au cours du mois et j’avais pu constater dans d’autres services la profusion de draps propres disponibles, au point que les aides-soignants ne savaient plus très bien où les mettre. Et pourtant, ce soir-là, un service se trouve à court de draps propres.

Mais ma collègue du moment me défend d’aller chercher des draps propres dans le bâtiment voisin. Elle affirme que si on règle le problème par nous-mêmes, la situation ne changera pas à long terme dans la gestion des ressources.

J’ai compris ensuite que cette réaction s’expliquait par une hostilité à l’égard de l’administration de l’hôpital qui menait une campagne d’information sur la maltraitance, que les aides-soignants supportaient mal. Ils étaient fréquemment accusés de maltraitance aussi bien par les patients que par l’administration de l’hôpital.

A en croire des flyers disposés sur des tables dans chaque service, les aides-soignants peuvent être maltraitants sans même s’en rendre compte. Après avoir travaillé un mois dans ce service, je ne peux qu’exprimer des doutes à l’évocation de la maltraitance hypothétique des aides-soignants envers les patients.

Les aides-soignants se font insulter, frapper

J’ai travaillé avec sept ou huit aides-soignants différents dans plusieurs services de gériatrie. La moitié avait au moins dix ans d’expérience et deux d’entre eux n’avaient travaillé que dans des services de gériatrie. J’ai vu ces personnes se faire insulter, mordre, cracher dessus et frapper sans perdre leur calme pour autant. Certains ont peur des patients ou leur en veulent, mais restent professionnels. D’autres ont l’intelligence et surtout le recul suffisant pour continuer à garder de l’empathie même après plusieurs années passées à s’occuper de ces patients.

Je n’ai assisté qu’à un seul acte de « maltraitance ». Il s’agissait d’un aide-soignant qui a perdu patience face à une femme qui le griffait et hurlait depuis une quinzaine de minutes au milieu de la nuit. Cette femme devait parfois être attachée à son lit pour éviter qu’elle ne se blesse en se déplaçant. Elle déambulait dans les couloirs, l’aide-soignant a essayé de l’attacher et a fini par le faire de manière assez brusque.

J’ai eu l’occasion de discuter ensuite avec lui. Il avait commencé par faire le ménage dans l’hôpital avant de devenir aide-soignant grâce à une formation accélérée de quelques semaines. Normalement, le diplôme d’aide-soignant est délivré après une formation de dix mois.

C’est dans le dernier service où j’ai travaillé que j’ai rencontré les conditions de travail les plus déplorables de mon mois dans cet hôpital.

Arrivé un peu en avance pour mon premier soir dans ce nouveau service, je discute avec l’équipe de jour, dans laquelle une bonne ambiance règne visiblement, ce qui n’est pas toujours le cas. Les aides-soignantes me préviennent que je suis dans un service un peu particulier. Mis à part de rares exceptions, tous les patients sont des cas psychiatriques. Pour illustrer leur propos, elles me montrent un patient qui semble très sympathique et m’expliquent que cet homme a mordu une aide-soignante jusqu’au sang dans la journée.

Une fois que ma nouvelle collègue est arrivée, nous commençons à préparer le chariot et elle se presse, me parle peu, m’incite à accélérer le mouvement. Je me dépêche autant que je peux et comprends assez rapidement pourquoi elle veut que je fasse vite. Dès le premier patient, je réalise que par rapport aux services où j’ai travaillé précédemment, je suis face à des malades encore plus difficiles.

De longues minutes de lutte

La première patiente que je dois changer ne réagit pas à la parole mais exclusivement au contact, et uniquement en se débattant. Elle hurle et pendant que j’essaye de retirer sa robe de chambre, elle s’accroche aux barres de son lit pour m’empêcher de le faire. Je suis obligé de lui bloquer les bras d’une main pour retirer la robe de l’autre. Elle essaye alors de me donner des coups de pied. Elle est incroyablement forte pour une femme de cet âge, et elle concentre son énergie dans un seul but : m’empêcher de retirer ses habits et sa protection souillés.

Après de longues minutes de lutte, ma collègue entre dans la chambre et me demande ce qui prend si longtemps. Assez brutalement, elle arrache directement la protection puis noue la robe sale de manière à ce qu’elle fasse office de protection avant de me demander de passer à la pièce suivante. La patiente s’est calmée et a arrêté de bouger.

Les patients de ce service déambulent beaucoup plus que ce que j’avais pu voir dans les services précédents, mais les portes du service sont verrouillées par un code de sécurité. La plupart des patients ne comprennent pas qu’il y a un code et se contentent d’essayer de pousser la porte de temps à autre. L’un d’entre eux me fait pourtant rire : il est un des seuls à avoir compris qu’il y a un code et essaye sans cesse de le trouver, mais en me voyant marcher vers lui, il fait mine d’avoir oublié quelque chose et repart dans l’autre sens.

Malgré la maladie et la folie qui règnent dans cet endroit, certains patients conservent ainsi des bribes de comportements normaux, ce qui provoque souvent des situations cocasses comme celle-là. Je raccompagne ce monsieur à sa chambre, et lorsque je veux le coucher, il commence à essayer de me frapper. Rien de très violent, mais je n’ai pas oublié qu’il a mordu une aide-soignante au sang l’après-midi même et j’essaye donc de ne pas tomber dans le piège.

Impossible de faire ce travail humainement

A la fin de notre premier tour de service, il est 23h30. Nous avons fini largement en retard. Alors que je fais réchauffer mon repas dans le micro-onde de la salle de repos, je discute avec ma nouvelle collègue. Elle a choisi cette voie non par défaut mais parce qu’elle a un projet professionnel. Elle veut devenir infirmière. Puis elle me dit qu’elle veut quitter ce service au plus vite. En fait, elle essaie de justifier la brutalité qu’elle a manifestée avec la vielle dame qui me donnait des coups de pied.

La priorité est que les patients dorment, donc on ne peut pas passer trop de temps dans chaque chambre. Mais je suis trop inexpérimenté, surtout avec des cas psychiatriques, pour être capable de faire le travail dans un temps acceptable, et dans le cas de cette dame, j’avais perdu trop de temps. Elle m’explique que même si nous retournions la changer une fois que le service est dans un calme relatif, elle recommencerait à hurler, beaucoup de patients recommenceraient à déambuler et cela pourrait être dangereux. Nous sommes débordés. Il est impossible pour elle de faire convenablement et humainement son travail.

Pendant que nous discutons, certains patients recommencent à s’activer. Jusqu’à 2 heures du matin, je vais devoir ramener des patients dans leurs chambres. L’un d’entre eux a uriné dans le couloir.

Une malade est assise sur le fauteuil de sa chambre sans parler ni répondre mais crie lorsqu’on essaie de la lever pour l’emmener dans son lit. Je la laisse dans son siège. Mais lorsque je repasse devant sa chambre, elle n’y est plus. Je la retrouve devant les portes verrouillées. Elle m’annonce qu’on va bientôt venir la chercher en pointant du doigt l’ascenseur de l’autre côté des portes. Puis elle me demande très gentiment de la laisser sortir pour qu’elle puisse rejoindre ceux qui vont venir la chercher. J’essaie de lui répondre, mais elle se fait de plus en plus insistante. Elle me dit qu’elle n’a rien à faire ici, qu’elle va bien, qu’elle veut partir. Je finis par l’emmener dans sa chambre où elle sanglote en me suppliant de la laisser partir. Finalement, elle accepte de se coucher.

Ma collègue m’ayant rejoint, elle m’explique que cette dame ne souffre que d’un début d’Alzheimer et qu’elle n’a effectivement rien à faire dans ce service. Elle s’est relevée plus tard dans la nuit pour s’asseoir à nouveau sur son fauteuil.

Je ne suis plus revenu travailler dans ce service de malades psychiatriques et j’ai terminé mon mois de travail dans les services de gériatrie « normaux » où j’avais commencé. La « routine » a repris.

Une nuit, j’ai changé un patient sans savoir du tout quelle était sa maladie et il s’est mis à saigner abondamment du pénis. J’ai été pris de panique et j’ai couru vers la salle ou l’infirmière se trouvait et elle s’est occupée du patient à ma place. Il était atteint d’un cancer de la prostate très avancé et le saignement n’était pas surprenant. Sauf que je n’étais pas du tout formé pour réagir à ce type de situations et on ne m’a que très rarement indiqué les précautions à prendre avec les patients les plus difficiles.

Un personnel en situation de souffrance

Une fois pourtant, mon inexpérience m’a valu un compliment surprenant. Un patient m’a dit que je prenais beaucoup plus le temps avec lui et que je souriais plus que mes collègues. Je n’étais pas encore blasé devant ces patients parce que je n’avais pas eu le temps de me retrouver dans des situations aussi déplorables aussi longtemps.

J’ai eu par hasard depuis ce mois de travail l’occasion de discuter avec un ancien directeur d’une maison de retraite. Selon lui, la plupart des services de gériatrie sont nettement mieux gérés que celui où j’ai travaillé. Mais ce que j’ai retenu de cette expérience, c’est moins la difficulté du métier elle-même que le mal-être de ceux qui l’exercent. La plupart sont des gens volontaires qui croient en ce qu’ils font et qui pensent faire un beau métier. Ce sont souvent des femmes qui réussissent à concilier leur vie de famille avec un travail qui exige de donner beaucoup de soi. J’ai éprouvé pour elles de l’admiration pour leur dévouement, et j’ai réalisé à quel point leur vie m’apparaissait comme une sorte de sacrifice permanent que j’aurais été incapable de supporter plus de quelques semaines.

Mais le manque de moyens et la mauvaise gestion de cet hôpital créent une ambiance délétère qui met les personnels en situation de souffrance. Certains se rejettent la faute les uns sur les autres, mais pour avoir fait un tour des services de gériatrie de cet hôpital, sauf exception, tous sont dans la même situation et vivent les mêmes difficultés. Du moins tous les soignants.

J’ai décrit au début de ce témoignage ma visite auprès de la médecine du travail de l’hôpital. On m’avait annoncé que j’aurais dû recevoir une convocation pour une visite médicale en juillet, avant mon embauche. C’était vrai. J’ai reçu cette lettre au mois de novembre, trois mois après la fin de mon contrat.

Pierre T., étudiant

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante

 

 

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26 janvier 2017 4 26 /01 /janvier /2017 18:27

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

La liste noire des 91 médicaments à éviter

 

 

 

La liste noire des 91 médicaments à éviter

 

La revue "Prescrire" révèle sa liste des médicaments à retirer de nos armoires pour mieux nous soigner, mise à jour pour 2017.

 

Chaque année, elle tire la sonnette d'alarme. La revue "Prescrire" dévoile ce jeudi 26 janvier sa liste de près d'une centaine de médicaments "plus dangereux qu'utiles" à éviter en raison des risques sanitaires "disproportionnés" qu'ils font courir aux patients.

Cette liste noire, qui recense 91 médicaments, dont 82 vendus en France, à ne pas utiliser, à défaut de les voir retirer du marché, a été établie sur la base d'analyses publiées dans la revue au cours des années 2010 à 2016, soit sept années.

Pour 2017, la revue a décidé d'inclure les médicaments autorisés dans l'Union européenne, et analysés au cours de cette même période, qu'ils soit commercialisés ou non en France.

Tous les maux concernés 

Le registre des traitements critiqués - cancer, diabète, arthrose, allergies, maladie d'Alzheimer, nausées et vomissements - est vaste, que les médicaments en cause soient nouveaux ou anciens et les maux visés graves ou bénins.

"La persistance des firmes à les commercialiser et l'inertie des agences du médicament qui tardent à les interdire totalement exposent les patients à des risques injustifiés", s'indigne la revue.
  • A titre d'exemple, des médicaments contre le rhume, des décongestionnants, comme la pseudoéphédrine - une molécule présente dans un médicament anti-rhume sur deux (Humex, Dolirhume...), exposent à un risque de troubles cardiovasculaires graves voire mortels (poussées d'hypertension, AVC, troubles du rythme cardiaque).
  • D'autres, utilisés pour soulager des maux de gorge ou des toux, comme le Muxol ou le Bisolvon, sans efficacité prouvée au-delà de celle d'un placebo, peuvent entraîner des réactions allergiques et des réactions cutanées graves, parfois fatales.
  • Des médicaments utilisés dans le traitement hormonal substitutif de la ménopause comme le Livial, qui contient un stéroïde de synthèse (la tibolone), exposent à des troubles cardiovasculaires, des cancers du sein ou de l’ovaire.
Seulement une dizaine de médicaments retirés 

Sur la centaine de médicaments recensés par l'inventaire de la période 2013 - 2016, seulement une dizaine ont fait l'objet d'une suspension ou d'un retrait d'AMM (autorisation de mise sur le marché).

"Des décisions prises beaucoup plus souvent par l'Agence française du médicament ANSM que par l'Agence européenne du médicament (EMA)", constate "Prescrire". Quant au déremboursement, c'est "un pis-aller" et "une parade" quand l'agence française se heurte à l'impossibilité de retirer un médicament autorisé au niveau européen.

Cette liste fait l'objet d'un dossier spécial dans son numéro de février, mise en accès libre sur son site.

 

>> Voir la liste complète des 91 médicaments à éviter :

 

 

 

G. S. avec AFP

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 22:33

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Union européenne

À Bruxelles, plongez dans la discrète mais intense bataille que les lobbies livrent à l’intérêt général

 

par

 

 

Plus de 10 000 organisations spécialisées dans le lobbying sont enregistrées à Bruxelles, dont environ un millier sont françaises. Parmi elles, quelques ONG, mais surtout des grandes entreprises, des associations industrielles et des cabinets de consultants. Comment ces lobbyistes défendant les intérêts des milieux d’affaires œuvrent-ils pour faire entendre leurs positions auprès des décideurs européens ? Tous les acteurs de cette scène combattent-ils à armes égales ? Plongée au cœur du quartier européen de Bruxelles.

« Un jour, un collègue de mon cabinet me contacte. Une entreprise cliente va être obligée de transférer des lignes de production à l’extérieur de l’Union européenne. A cause du règlement Reach sur les substances chimiques [1] : un produit utilisé comme solvant dans un processus de fabrication ne sera plus autorisé dans l’Union. Cela signifie 150 emplois et 50 millions d’euros d’investissements qui vont partir ailleurs. Je lui réponds : “ Il faut en parler avec la Commission et l’agence Reach”. Des périodes transitoires sont possibles. ».

C’est ainsi qu’Hervé Jouanjean résume son nouveau travail depuis son bureau bruxellois. Avant ? Il était directeur général du Budget de la Commission européenne, après être passé par la direction générale au Commerce. C’est-à-dire les instances mêmes auprès desquelles il exerce désormais son activité de lobbying. À peine libéré par son ancien employeur, en 2014, le tout nouveau retraité devient consultant pour l’antenne bruxelloise d’un grand cabinet d’avocats français. La Commission, principal organe de pouvoir au sein de l’Union européenne (UE), Hervé Jouanjean la connaît donc très bien. Ce phénomène des « portes tournantes » - autrement dit des allées et venues entre Commission et secteur privé – est régulièrement dénoncé par les ONG bruxelloises.

Au-delà des cas emblématiques des anciens commissaires européens comme Manuel Barroso passé chez Goldman Sachs ou Connie Hedegaard chez Volkswagen [2], le phénomène concerne tous les échelons hiérarchiques de la Commission, et expliquerait en grande partie sa réceptivité aux arguments des lobbys. Des accusations que Hervé Jouanjean réfute, expliquant respecter à la lettre les règles déontologiques en vigueur. « J’ai quelques contacts qui me permettent d’être pris au téléphone, mais je les dérange peu. Ils savent que je suis sérieux sinon ils ne perdraient pas leur temps avec moi. Il faut d’abord des dossiers solides, c’est ce que j’explique aux clients quand je dis que la Commission travaille pour eux et non contre eux », explique le consultant.

Mille acteurs français impliqués dans le lobbying à Bruxelles

« Pour cette entreprise, j’ai proposé de rencontrer la Commission, de mettre le problème sur la table et d’examiner si, véritablement, il est aussi compliqué que cela d’obtenir une dérogation transitoire. Le dossier était solide : l’entreprise mettait de bonne foi en place un projet alternatif pour respecter Reach. Mais cela prend des années. Nous sommes donc entrés en contact avec la Commission et avec l’agence Reach, qui nous ont expliqué qu’elles étaient là pour aider et non pour tuer des emplois. »

10 000 organismes sont inscrits au registre européen des lobbies, dont plus de mille sont Français [3] Les acteurs défendant les intérêts du secteur privé sont très largement majoritaires. Parmi eux, une centaine de cabinets de consultants et d’avocats conseils pour des entreprises tels que celui d’Hervé Jouanjean. Les clients de son cabinet sont des entreprises de taille moyenne. Les grandes entreprises, en plus de faire appel occasionnellement à un cabinet de lobbying ou d’avocats, ont leurs propres représentants à Bruxelles. Dans le grand jeu du lobbying auprès des institutions européennes, les multinationales bénéficient ainsi d’un rapport de forces favorable non seulement par rapport aux ONG et aux syndicats, mais aussi par rapport à leur concurrentes plus petites et moins internationalisées.

Total, Engie, EDF : plus de 2 millions d’euros par an en lobbying

Le pétrolier Total, par exemple, a dépensé plus de 2,5 millions d’euros de frais de lobbying auprès des institutions européennes en 2015. L’entreprise pétrolière emploie six lobbyistes permanents, tous accrédités auprès du Parlement européen. Total agit aussi directement auprès de la Commission : elle a décroché sept rendez-vous avec ses représentants en 2015. Dont l’une directement avec le commissaire à l’Énergie et au Climat, Miguel Arias Cañete [4]. De quoi faire valoir les positions de Total au plus haut niveau. Il s’agissait alors d’évoquer avec lui les possibilités d’investissement en Iran dans la perspective de la fin des sanctions économiques contre la République islamique, après l’accord obtenu sur son programme nucléaire.

Les trois entreprises françaises qui dépensent le plus pour défendre leurs intérêts auprès de la Commission sont toutes issues du secteur de l’énergie. EDF et Engie ont respectivement 14 et 13 lobbyistes « maison » enregistrés à Bruxelles, et déboursent chacune plus de 2,25 millions d’euros de frais de lobbying auprès des institutions européennes [5]. C’est finalement peu au regard des financements européens reçus par ces deux entreprises : 113 millions d’euros pour Engie l’an passé, plus de 3,5 millions pour EDF.

Pour influer au mieux, multiplier les canaux

Et encore, s’il n’y avait que les lobbyistes des grandes multinationales, ou des cabinets conseillant telle ou telle entreprise de taille intermédiaire... « Une grande firme adhère à une kyrielle de fédérations. Ainsi, le plus souvent, une même position est portée par huit ou neuf canaux », explique le sociologue Sylvain Laurens, auteur du livre Les courtiers du capitalisme. Milieux d’affaires et bureaucrates à Bruxelles [6], et qui a étudié pendant plusieurs années le milieu du lobbying bruxellois.

Exemple ? Le secteur automobile français. Michelin, Renault, Peugeot ont leurs propres représentants à Bruxelles et sont directement inscrits au registre européen des lobbies. De même que le Comité des constructeurs automobile français, que l’Association européenne des constructeurs automobiles ou que le Conseil national des professionnels de l’automobile, autant de fédérations auxquelles les industriels de l’automobile sont adhérents. « Comme lobbyiste, vous êtes meilleur si vous défendez les intérêts du secteur, et pas seulement de votre entreprise », assure Antoine Féral, ancien lobbyiste pour un groupe automobile français. Il travaille depuis vingt ans à Bruxelles. Il a étudié au Collège d’Europe, la formation privilégiée des fonctionnaires et des lobbyistes européens, avant de travailler deux ans pour la Commission, puis comme assistant parlementaire, avant d’être recruté par le secteur privé.

« Approcher l’échelon de base, car c’est là que se rédigent les textes »

« Pour chaque secteur, en tant que lobbyiste, vous devez rencontrer régulièrement vingt à trente personnes de la Commission : le fonctionnaire junior, l’administrateur principal, le chef de secteur, le chef d’unité… Vous devez approcher l’échelon de base. C’est là que se rédigent les textes. Vous leur dites : “Ce point est important, car il y a tel type d’intérêt en jeu”. Le vrai travail se fait au niveau de la Commission. Le député complètera un vide dans un projet de directive, ou corrigera ce qui ne convient pas. Sur des sujets spécifiques, le parlementaire doit également être convaincu. Nous devons donc le voir et le revoir, détaille le lobbyiste. Pour être écouté, nous devons porter un message avec un contenu technique. »

Pour Antoine Féral, tout cela ne pose aucun problème. « Rien n’empêche que, une fois votre rendez-vous terminé, votre interlocuteur rencontre une entreprise concurrente, une ONG qui vous veut du mal, ou des élus d’un village concerné par l’activité de votre employeur… Chacun est libre de venir s’exprimer. Mais quand il y a des ONG qui disent “pas de voiture en ville”, la discussion est bloquée d’entrée de jeu. Je préfère qu’une ONG dise “pas de voiture qui pollue, mais faisons tout pour développer l’électrique” ».

« Ce sont les anti-OGM, les anti-pesticides qui fixent l’agenda »

C’est l’argument central des lobbyistes présents à Bruxelles : leur activité s’inscrit dans le débat démocratique. Les ONG n’ont-elles pas également la possibilité de faire entendre leurs voix ? « Le lobbying, c’est le contre-pouvoir de la société civile au sens large. C’est à dire celui des ONG, des milieux professionnels, des consommateurs, des syndicats qui essaient de peser sur les processus de décision communautaires pour faire valoir leur point de vue. Le lobbying fait partie intégrante du processus décisionnel à Bruxelles », estime par exemple Daniel Guéguen, lobbyiste auprès de l’Union européenne depuis quarante ans.

Daniel Guéguen dirige aujourd’hui son propre cabinet de conseil en affaires européennes, au cœur du quartier européen de la capitale belge. Selon lui, les ONG exerceraient même davantage d’influence que les multinationales : « Contrairement à l’avis général, l’influence des lobbies industriels et plus faible que celle de la société civile à Bruxelles. J’en suis convaincu. Ce sont les anti-OGM, les anti-pesticides qui fixent l’agenda, et les lobbies industriels courent derrière. »

L’industrie chimique : dix fois plus puissante que Greenpeace

Impression subjective d’un lobbyiste ou réalité des discrets rapports de force à l’œuvre, à chaque échelon de l’administration communautaire ? Les organisations non gouvernementales ont réussi à forcer un véritable débat politique sur des sujets que la Commission et le secteur privé auraient préféré gérer discrètement, en se cantonnant au plan technique. À l’exemple du débat public sur le traité transatlantique de libre-échange (le Tafta), ou de celui sur les dangers des perturbateurs endocriniens, avec la multiplication des alertes de scientifiques sur le sujet [7]. Cela suffit-il à conclure que les ONG seraient de taille à affronter les lobbyistes défendant de puissants intérêts privés ?

« Nous pouvons avoir l’impression que Greenpeace dispose d’une grosse force de frappe parce que leur bureau de Bruxelles compte quinze salariés et un budget de 1,6 million d’euros en 2015 [8]. C’est la plus grosse ONG à Bruxelles. Mais comparons la puissance de Greenpeace à celle de la Fédération européenne des industries chimiques, le CEFIC [European chemical industrie council, ndlr]. Eux disposent de 150 employés et 40 millions de budget par an, souligne Sylvain Laurens. Ce n’est pas à travers des campagnes d’influence concurrentes que les choses se jouent. L’enjeu se situe au cœur des comités d’expertise, là où les organisations industrielles sont souvent les seules à siéger. Les ONG n’ont pas toujours les moyens d’assister à ces huis-clos. Parce que le coût d’entrée est très élevé : il faut parler un langage de toxicologue, être capable d’amener un rapport de 250 pages écrit par des scientifiques qualifiés que l’on a éventuellement financés. »

« J’aime la confrontation idéologique et technique »

À la décharge des lobbyistes, la grande majorité de leur activité ne relève pas du scandale politico-financier, même si cela existe. En 2012, une enquête de l’Office européen de lutte anti-fraude révèle qu’en échange de 60 millions d’euros, le commissaire à la Santé de l’époque, le Maltais John Dalli, était prêt à adoucir la directive sur le tabac [9]. Le scandale a pris le nom de « Dalligate ». Le lobbying mené par les industriels consiste également à adresser des amendements clés en mains aux députés, libres à eux ensuite de les copier-coller ou non dans les projets de loi.

« Des lobbies, j’en vois très peu, témoigne Emmanuel Maurel, député socialiste au Parlement européen depuis 2014. C’est aussi dû à mon positionnement politique », précise l’élu issu de la gauche du PS. « Ce sont plutôt des ONG qui viennent me voir. Elles ont une expertise que je ne peux pas avoir. Sur un traité comme le Ceta [l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada, ndlr], qui fait 1 600 pages, les ONG mobilisent des experts et nous aident à en saisir les enjeux. J’ai aussi vu le secteur de la céramique, au sujet du statut d’économie de marché de la Chine et du Tafta. J’ai rencontré le secteur du foie gras, les entreprises Michelin, Alstom, ou encore une entreprise d’armement. » 

Le député, même peu perméable aux arguments de l’industrie, ne rejette pas en bloc le dialogue avec ses représentants. Au contraire. « Je vois souvent le Medef et la CGPME [Confédération générale des petites et moyennes entreprises, ndlr]. En général, nous ne sommes d’accord sur rien. Mais j’aime la confrontation idéologique et technique. C’est vraiment fécond. J’aime écouter ces points de vue, cela ne m’empêche pas d’avoir ma propre opinion. »

Un seul rendez-vous en deux ans pour la CFDT

Emmanuel Maurel fait partie des quelques acteurs du pouvoir européen davantage acquis à la cause des ONG environnementales ou des travailleurs qu’à celle des banques ou de l’industrie chimique. Si tant est que le lobbying ne poserait aucun problème démocratique, cela ne signifie pas nécessairement que l’ensemble des points de vue soient entendus. Les travailleurs, justement : qui, à part quelques élus de gauche au Parlement, fait valoir leurs intérêts ? Nombre de décisions prises à Bruxelles les concernent pourtant, comme les recommandations de la Commission aux États membres en matière de politique économique, qui ont largement inspiré la loi Travail en France [10]. Sans même évoquer la question du point de vue des travailleurs migrants polonais ou hongrois, directement touchés par les législations européennes sur le travail détaché.

La CFDT est ainsi inscrite au registre européen des lobbys, en tant qu’organisation syndicale. Combien de rendez-vous a décrochés le syndicat, pourtant considéré comme ouvert aux réformes néolibérales, avec des commissaires européens ou des membres de leur cabinets ces deux dernières années ? Un seul. Combien pour Force ouvrière, présente également à Bruxelles ? Zéro. Seule la Confédération européenne des syndicats (CES), censée représenter l’ensemble des syndicats européens, a plus de chance. Elle a décroché une cinquantaine de rendez-vous avec des membres et collaborateurs hauts-placés de la Commission. Le Medef, quant à lui, a obtenu vingt rendez-vous pour la seule année 2014 [11]. Le Cercle de l’industrie, un think-tank qui a pour vocation de « faire valoir la position des grandes entreprises industrielles françaises auprès des Institutions européennes », en a obtenu 26. Et le puissant groupement des patrons de l’industrie allemande, le Bundesverband Deutscher Industrie (BDI) fait encore mieux, avec 41 rendez-vous. Sans parler des organisations patronales européennes comme BusinessEurope (111 rendez-vous). Que répondent les lobbyistes d’entreprises à cette inégalité d’écoute ?

« Les lobbyistes font croire que ce qui se passe à Bruxelles n’est pas politique »

« Le problème, c’est que l’accès aux institutions européennes n’est pas donné à tout le monde, concède le lobbyiste Stéphane Desselas, fondateur d’un cabinet qui compte des entreprises de l’économie sociale parmi ses clients. Le coût pour être représenté à Bruxelles constitue très certainement une barrière. Pour y remédier, j’avance l’idée d’un lobbyiste “commis d’office”, financé par les pouvoirs publics pour représenter ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un lobbyiste classique. Avec un tel dispositif, on ne pourrait plus dire que le lobbying est réservé à certains intérêts. Car à Bruxelles, nous sommes dans l’expertise, moins dans le politique. Ici, si vous avez techniquement raison, vous avez aussi politiquement raison. »

« Ce qui se passe au niveau de l’Union européenne, c’est politique, estime au contraire le député Emmanuel Maurel. « Quand vous rédigez un accord de libre-échange, même ce qui apparaît technique, comme les normes sanitaires ou environnementales, est bien politique. Quand vous élaborez une réforme de la TVA, c’est extrêmement technique, mais derrière il y a des questions politiques de fiscalité et de combat contre la fraude. Les lobbyistes veulent faire croire que ce qui se joue ici n’est pas politique. Mais ils font eux-même de la politique. La différence, c’est que la Commission leur est acquise idéologiquement », conclut celui qui n’a pas été missionné par un intérêt particulier, mais élu pour faire valoir l’intérêt général.

Rachel Knaebel

Photo : CC Molly

 

Cet article fait partie d’une série sur le lobbying réalisée en collaboration avec la rédaction du mensuel Alternatives économiques dans le cadre d’un projet commun de développement du journalisme d’investigation économique et social, soutenu par la Fondation Charles Leopold Mayer.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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19 janvier 2017 4 19 /01 /janvier /2017 22:04

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

Lettre ouverte. « Je suis juste une femme de terrain épuisée par un système obsolète »

« Je sais que je suis infirmière quand... ». Cri de colère contre des conditions de travail alarmantes

 

Publié le 11 janvier 2017

 

Peu avant les fêtes, la section CGT de l’Hôpital de Montauban a reçu la lettre anonyme d’une infirmière de ses services, adressée « à nos dirigeants de gauche comme de droite ». Dans une longue énumération, la soignante couche sur le papier son cri de colère qui fait écho à la souffrance et aux conditions de travail déplorables que connaît bien tout personnel soignant des hôpitaux de la fonction publique. Au manque de moyens et à la dégradation des services publics, elle oppose à raison le faste dans lequel vivent les dirigeants et les salaires des députés. Nous reproduisons ici l’intégralité de sa lettre, dont des extraits ont été publiés sur le site de la CGT de l’hôpital de Montauban, qui appelle le personnel hospitalier à des assemblées générales dans les jours prochains pour se mobiliser contre ces conditions de travail et de soin déplorables.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je commence mon service aux Urgences d’un centre hospitalier publique de province (ce pourrait être le CH de Montauban ou un autre, peu importe, nous sommes tous dans le même bateau à la dérive), et que les couloirs sont remplis de brancards sur lesquels, important de le préciser, des êtres humains sont dans l’attente de soins !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

L’attente de soins pour ces pauvres gens peut dépasser 5, 6, voire 7 heures et nous avons vu
pire encore !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je ne peux répondre en temps voulu aux besoins les plus simples et fondamentaux des personnes installées sur ces brancards de fortune. Non par manque d’humanité mais parce que j’ai toujours plus urgent à faire ! En collaboration avec un médecin : Sauver une vie, en stabiliser une autre, tout en surveillant un patient qui pourrait décompenser à tout moment ! Et entre temps, je n’oublie pas les prélèvements de fluides humains en tout genre des autres patients, les pansements et tous les autres actes non exhaustifs liés à notre métier de soignant. Je suis en mode machine de soins ou machine de guerre. Le tout avec sourire et bienveillance !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Le matériel obsolète voire inexistant nous rend la tâche encore plus pénible, les brancards, les pieds à perfusion, les scopes ne fonctionnent pas ou mal.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

J’ai honte d’accueillir mes concitoyens malades dans de telles conditions !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Notre directeur (Je ne mets pas de majuscule volontairement au mot directeur) nous dit d’aller chercher des brancards ailleurs quand nous n’en n’avons plus pour installer les patients ....) Ailleurs c’est où exactement monsieur le directeur ? (Toujours pas de majuscule au mot monsieur). Ne nous imposez pas ce que vous ne pourriez pas tolérer vous-même monsieur le directeur. Venez passer 12 heures de votre vie dans votre service et de préférence le samedi quand les urgences de la clinique voisine ferme ses portes !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je ne vois aucun responsable d’établissement, chef de pôle, et de service et autre administratif sur le terrain pour nous comprendre et nous soutenir. Un trou abyssal se creuse entre les agents opérationnels et les dirigeants d’établissement, voire même les cadres toujours en réunion à essayer de faire des plannings avec de moins en moins de personnels.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je vois mon cadre infirmier craquer de jour en jour et s’arrêter en maladie voire même partir du jour au lendemain, sans explication ! Tristesse

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Les pannes incessantes d’ordinateurs, d’imprimantes, photocopieuses et de téléphones nous prennent le temps que nous n’avons pas ! On parle de procédures dégradées ! Pour être dégradée, la procédure, elle 1’est !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Les locaux et zones d’attentes destinés à accueillir les patients ne sont plus adaptés à recevoir le flux incessant de personnes toujours de plus en plus nombreux au fil des années, de jour comme de nuit l

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je me fais insulter voire de temps à autre frapper par des personnes agitées, alcoolisées, droguées, ou simplement stupides, la violence aux urgences fait partie de notre quotidien.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je soigne toutes ces personnes de la même façon sans faire de différence

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je suis rappelée sur mes jours de repos parce qu’une collègue est malade. Heure sup ou pas heure sup ça dépend du temps ! Je ne suis malheureusement pas la coiffeuse de mon président de la république qui a la chance d’avoir ses heures supplémentaires payées à bon tarif pour le peu de cheveux à couper !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Mes jours de formation sont proposés sur mes jours de repos ! Un choix stratégique doit se faire et vite, être fatiguée et opérationnelle grâce à la formation en question ou être un peu moins fatiguée et non opérationnelle. Devinez ce que je choisis ???? Dilemme !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je vois des jeunes infirmiers et infirmières, non formés et inexpérimentés catapultés sur des postes clés et difficiles aux urgences. Infirmiers de psychiatrie à l’UHCD qui n’ont jamais fait de psychiatrie ! Infirmiers intérimaires qui n’ont aucune expérience en service d’urgences, infirmière faisant fonction de cadre qui n’a aucune formation et expérience dans ce service de haute voltige.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Un collègue de travail se tue sur la route après son travail car épuisé par des nuits bien chargées.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Le médecin du travail ne reste pas plus de six mois en poste, je le comprends au vu de la tâche à accomplir ! Les médecins du travail ne sont pas masochistes ! En plus, ils supportent mal la pression de 1’administration hospitalière qui leur dicte comment exercer leur métier. Parfois, nous n’en avons même pas.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je vois mes collègues infirmières partir en pleurant de leur service ! Je vois les aides-soignants à qui l’on demande toujours plus, craquer également. Savez-vous qu’un aide-soignant exerce plus de 4 métiers dans notre service, il peut être permanencier au 15, ambulancier SMUR, brancardier, et ASH, selon le créneau horaire. Je ne parle pas du poste fantôme G18 créé pour renforcer les équipes de jour !!! Il n’existe que par son nom !!!! La ligne sur le planning est vide de nom 350 jours sur 365 jours !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je lis le journal avec tristesse annonçant que cinq infirmiers se sont donné la mort depuis le mois de juin 2016, à Toulouse, au Havre, à Saint-Calais, près du Mans, et à Reims. Seul le suicide survenu à Toulouse a pour le moment officiellement été reconnu comme un accident du travail. Mais pour les syndicats, tous sont liés à la dégradation des conditions de travail.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Les risques de notre métier augmentent en raison de la fatigue accumulée, du stress, des accidents d’exposition au sang, du burn-out qui plane sur nos têtes, de la pénibilité du travail de nuit qui engendre des pathologies connues. Il parait même que nous vivons en moyenne quinze ans de moins que nos concitoyens ! Au moins, vous n’aurez pas de longues et petites retraites à nous payer !!!! Le risque doit être calculé ainsi ....

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Ces mêmes risques ne sont pas pris en compte dans la pénibilité de mon travail.

 

Je sais que je suis infirmière quand...
Mon dos, mes cervicales me lâchent parce que je dois installer seule ces personnes car mes collègues sont tout aussi occupées que moi ! Je sais que je suis infirmière quand ...
En fin de service mes jambes et mes bras me lâchent parce que je coure et ne vole pas, je n’ai
malheureusement pas les ailes d’un oiseau ! Avec grand regret, car je pourrais alors m’évader de temps en temps...

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Moi-même je ne peux aller uriner par manque de temps et développe de nombreuses infections urinaires, première pathologie du soignant normalement constitué !

 

Je sais que je suis infirmière de la Fonction Publique Hospitalière quand...

Je regarde les informations de PUJADAS où je suis montrée du doigt pour mon départ en retraite. Je me vois accusée des pires maux de la planète et surtout de voler les deniers publics de l’état. Alors que c’est faux, regardez le rapport officiel du COR (Conseil d’Orientation des Retraites). Ce qui me rend le plus triste, c’est que ce soit les dirigeants et dirigeantes pour lesquels j’ai voté, qui nous trahissent, soutenus par de pseudo journalistes sans éthique professionnelle. Pourquoi faut-il s’attaquer aux agents du service public : ils seraient trop nombreux et bénéficieraient de privilèges ruineux pour le pays ! Soigner, Eduquer et Protéger ne sont vraiment que futilité à vos yeux ? Attaquez-vous aux emplois fictifs de l’état !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

J’ai envie de crier face à ce genre de calomnies !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je partirai à la retraite au mieux à 62 ans au pire à 65 ans
Je sais que je suis infirmière quand...
Je n’ai jamais fait grève de ma vie parce que toujours réquisitionnée !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je regarde avec impuissance le gâchis fait au sein même de l’état qui nous critique, où de hauts fonctionnaires ne se poseront jamais la question des lendemains difficiles.

 

Exemple parmi tant d’autres :

La cour des comptes déplore le nombre grandissant des affectations « hors-cadre » de préfets rémunérés alors qu’ils ne travaillent pas. On nomme en réalité deux fois plus de préfets qu’il n’y a de postes territoriaux à pourvoir : sur 250 préfets, seuls 127 sont affectés à un poste territorial, le reste étant « en détachement » ou « hors-cadre ».

Selon les données recueillies par Mediapart, le montant des dépenses accordées aux anciens premiers ministres a dépassé 2,9 millions d’euros, entre 2011 et 2014, sans compter leurs frais de sécurité, et 860.000 euros rien qu’en 2014. Que de postes de soignants vous pourriez créer dans les hôpitaux avec tout cet argent !!!

Le salaire mensuel brut d’un député est fixé à 7100,15 euros. Ce montant correspond à la somme de son indemnité de base (5514,68 euros), de son indemnité de fonction (1420,03 euros) et de son indemnité de résidence (165,44 euros). Une fois déduites les cotisations et les contributions applicables, le salaire net d’un député s’élève à 5189,27 euros par mois.

Mais à ce montant s’ajoutent des indemnités et des avantages supplémentaires. Certains parlementaires cumulent les fonctions de député avec celles d’élu local (celle de maire notamment). Les indemnités perçues au titre de ce mandat local ne peuvent être cumulés que dans la limite d’1,5 fois le montant de l’indemnité de base d’un député (fixée à 5514,68 euros). Un député qui cumulerait plusieurs mandats ne peut donc pas toucher plus de 5514,68 X 1,5 = 8272,02 euros par mois. En plus de l’indemnité parlementaire, chaque député bénéficie d’une indemnité représentative des frais de mandat visant à prendre en charge les dépenses liées à l’exercice de ses fonctions. Son montant est de 6412 euros bruts mensuels. Un député dispose également d’un crédit affecté à la rémunération de collaborateurs recrutés par lui, et dont les effectifs varient de 1 à 5. Son montant mensuel est de 9138 euros. Enfin, différents moyens pratiques sont également mis à la disposition d’un député. En matière de déplacement, il bénéficie notamment d’un accès gratuit à l’ensemble du réseau SNCF en 1ère classe et de la prise en charge de 80 déplacements aériens par an entre Paris et sa circonscription. Il dispose également d’un bureau individuel au sein du Palais Bourbon ou de ses dépendances. Chaque député bénéficie de la prise en charge de ses frais de communication (Internet, téléphone, courriers, ...).

L’indemnité représentative de frais de mandat de députés et sénateurs, s’élève à 5 770 euros par mois, et permet aux élus de régler leurs frais professionnels. Mais aucun contrôle n’est exercé sur la manière dont ils dépensent cet argent.

 

Pendant ce temps je dois compter les compresses que j’utilise pour soigner et faire des économies.

Le prix de la démocratie en France est très onéreux alors que dans certains pays nordiques, il est cent fois moins ! En France, on dépense l’argent qu’on n’a pas et surtout celui des contribuables, et tout le monde s’en fout !!! Nous sommes de gentilles petites chèvres dociles et imbéciles ! Nous sommes des CONS, certes bienveillants mais des cons quand même !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je touche 2.73 euros d’indemnité par mois pour mes chaussures !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je regarde ma feuille de paye avec plus de 15 ans d’ancienneté et que j’arrive péniblement à 2100 Euros. Je vous assure mesdames et messieurs les dirigeants que je n’ai pas l’impression de voler l’état ! Je n’irai pas planquer mon argent comme CAHUZAC parce que je n’en ai pas et en plus je paye des impôts !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Certains hommes politiques remettent en question les 35 heures hebdomadaires de travail. Savez-vous qu’à l’hôpital cela fait bien longtemps qu’on ne fait plus 35 heures mais plutôt 40
à 48 heures hebdomadaires voire plus et que nos surplus d’heures sont mis sur un compte
épargne temps parce que 1’hôpital ne nous paye pas ces heures supplémentaires annuelles effectuées. On les récupérera peut-être à la retraite ! Si on y arrive ! Alors vos 35 heures Mr FILLON, elles sont loin déjà et depuis très longtemps !!!Monsieur FILLON nous sommes plus d’un million de paramédicaux et nous serons au rendez-vous en 2017 pour voter ! Les urnes parleront... Mais d’ici là, vous retournerez votre petite veste en cachemire comme tous les autres !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je travaille de nuit et que je suis rémunérée de 0,17€ de l’heure pour une heure normale, et de 0,90€ par heure pour travail intensif effectué entre 21 h et 6 h. Les taux des indemnités sont fixés par arrêtés des 20 avril et 30 aout 2001 et n’ont jamais été réévalués depuis cette date ! Chouette je peux en fin de mois offrir une petite sortie ciné ou un petit plus à mes enfants ! Mais pas tous les mois, car point trop n’en faut ! Il parait que nous sommes trop payés en nuit ?? Auquel peut s’ajouter l’Indemnité forfaitaire dimanches et fêtes qui s’élève à 44.89 euros. Cela tombe bien car je travaille en moyenne entre deux à trois weekend par mois. Je tiens à préciser que cela ne sera pas pris en compte dans ma retraite que je prendrai peut-être à 65 ans comme beaucoup et si j’y arrive. En effet, les primes ne rentrent pas en compte dans le calcul de la retraite.

 

Je sais que je suis infirmière quand...

J’aimerai avoir un planning un peu plus d’un mois en avance afin d’organiser la vie de mes enfants et la mienne accessoirement. Je ne parle même pas des congés annuels que je pourrais peut-être poser avant le 31 mars. Cette année comme beaucoup d’autres soignants de mon service, je ne partirai pas en vacances car je ne peux réserver aucun séjour ou location n’ayant aucun déroulé de planning prévisionnel ! On nous puni comme des enfants parce que quelques collègues courageuses sont allées se plaindre aux syndicats de cette anomalie. Alors pam pam la fessée à tous et à toutes !!! Cela vous apprendra de vouloir des plannings à peu près corrects et un peu en avance ! Puisque c’est ça, la réunion des Congés se fera le 31 mars et puis c’est tout !

 

Je sais que je suis infirmière quand ...

J’habite dans une ville de 60 000 habitants où le secteur de la santé est partagé entre cliniques hautement bénéficiaires avec actionnaires rémunérés par de grands groupes et le Centre hospitalier hautement déficitaires dans lequel je travaille. Imaginez une minute que tout ce qui rapporte beaucoup d’argent dans le secteur du soin appartient aux cliniques privées : Dialyse, plateau technique de coronarographie, chirurgie spécialisée et j’en passe. C’est donc indirectement que notre CPAM et nos mutuelles financent 1’actionnariat ! Je préférerais que cet argent alimente les caisses de l’hôpital plutôt que les poches déjà bien remplies des actionnaires des cliniques.

Par contre, rassurez-vous ou inquiétez-vous, souvent, le vendredi, le samedi et dimanche soir à minuit, les urgences de cette super clinique sont fermées pour des raisons toujours assez obscures. Moralité, ils pompent bien l’argent de notre CPAM mais ne remplissent pas leur mission de service auprès de notre population.

En attendant, aux urgences de l’hôpital, nous acceptons toujours tout le monde. Place ou pas place ! L’ARS devrait mieux nous expliquer cette répartition incroyable des soins qui rapportent et des soins qui ne rapportent pas ! Ou comment nous annoncer la mort programmée de notre accès aux soins dans les petits départements grâce à l’argent qui part dans le privé ! Rassurant ou pas, nous sommes sous un gouvernement de gauche !!! Waouhhhhhh ! « Moi Président ... mon véritable adversaire, sera le monde de la finance » Et patati et patata !

 

Je sais que je suis infirmière quand...

Je ne souhaite pas dévoiler mon identité par peur de représailles et de pression supplémentaire, je vous assure que je le regrette bien ! Le courage me manque pour cela mais le peu qu’il me reste, je le garde pour vous soigner le mieux que je puisse, dans les conditions que vous nous imposez.

Peut-être un jour, mes enfants ou petits-enfants trouveront cette lettre en rangeant mes affaires et ils diront, c’est maman qui l’a écrite un jour « de ras le bol ». J’espère qu’ils diront aussi
« Nous sommes fiers d’elle, maman c’était quelqu’un de bien ! »

Cette lettre est un cri de colère. Faites ce que vous voulez avec. Elle ne m’appartient plus. Je ne suis pas une intello, ni une journaliste d’investigation. Certains chiffres seront peut-être erronés, mais l’intention y est ! Quelques fautes d’orthographe et de syntaxe se seront sans doute glissées aussi dans ce courrier. Je ne sais pas trop bien écrire mais là, ici et maintenant cela me fait beaucoup de bien !!! Je suis juste une femme de terrain épuisée par un système obsolète.

 

 

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

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16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 14:37

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

De pire en pire : 8 personnes plus riches que la moitié la plus pauvre du monde

 

 

Au rythme où va l'accroissement des inégalités mondiales, 2017 sera-t-elle l'année où un seul homme sera plus riche que la moitié la plus pauvre de la population de la planète ? Le dernier rapport d'Oxfam, publié ce lundi, le fait craindre…

 

Alors que s'ouvre le forum économique mondial à Davos, Oxfam rappelle que les inégalités entre plus riches et plus pauvres n'en finissent pas de se creuser dans le monde. - Michel Euler/AP/SIPA

"Indécent." Huit personnes sur la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, pointe l’ONG britannique Oxfam publié ce lundi 16 janvier, alors qu'est sur le point de s'ouvrir le Forum économique mondial (World Economic Forum) de Davos, qui attire chaque année les plus puissants PDG, banquiers et responsables politiques du monde entier.

 

"Quand on sait qu'une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour, explique l’ONG par la voix de sa porte-parole en France, Manon Aubry, il est indécent que tant de richesses soit concentrées dans les mains d'une si infime minorité." Et par "infime minorité", Oxfam qui a déjà sonné l’alarme en 2015 - - signifie qu’en 2016, les huit chanceux se partagent à eux seuls une fortune évaluée à plus de 400 milliards de dollars, selon le célèbre classement du magazine économique américain

Et un regard dans le rétroviseur donne le tournis sur la vitesse à laquelle s'accroissent les inégalités. Pas plus tard qu'en 2010, il fallait cumuler les richesses de 388 personnes dans le monde pour égaler la moitié la plus pauvre de la populaiton de la planète ! Un chiffre tombé à 177 dès l'année suivante, puis à 62 en 2015…

En France, 21 milliardaires concentrent les richesses

Parmi les huit, le plus riche d’entre tous, l'indétrônable Bill Gates, ex-patron de Microsoft (75 milliards de dollars), volontiers présenté en philanthrope reconverti, à travers les œuvres de sa Fondation Bill-et-Melinda-Gates, dans la lutte contre le paludisme. Pour résoudre le problème des inégalités, qui permettrait notamment aux populations un meilleur accès aux soins, il faudra en revanche attendre.

Car les entreprises comme celles de Bill Gates ou de ses comparses, l'Espagnol Amancio Ortega (67 milliards de dollars), fondateur de la marque de vêtements Zara, ou encore l'Américain Warren Buffett (60,8 milliards) à la tête du fonds d’investissements Berkshire Hathaway - actionnaire de plusieurs grandes compagnies, à l’instar de Coca-Cola -, pratiquent allègrement, en marge de ces belles oeuvres de charité, l’optimisation fiscale, pointe Oxfam dans son rapport, "privant ainsi les Etats des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire" lesdites inégalités.

Quant à la France, elle n'échappe pas aux critiques. Selon l'étude de l'ONG, 21 milliardaires y possédent autant que les 40% les plus pauvres de la population en 2016...

 

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 17:04

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

Sur les réseaux
Enquête sur l’algo le plus flippant de Facebook

 

 

 

 

Si la section « Vous connaissez peut-être » vous faisait parfois flipper en vous proposant des profils précis et éloignés de vos réseaux habituels, vous n’avez encore rien vu.

 

La section « Vous connaissez peut-être » (« People you may know ») de Facebook est une source inépuisable de spéculations. Cette fonction, en apparence sympathique puisqu’elle nous propose d’ajouter de nouveaux amis, semble détenir des informations très personnelles sur chacun d’entre nous.

  • Une journaliste de la rédaction s’est ainsi vu proposer un flirt dont elle n’avait pas noté le téléphone dans son portable ;
  • un autre collègue s’est vu proposer un pote qu’il n’a pas revu depuis 10 ans et qui venait de lui envoyer un mail ;
  • une autre enfin, sa femme de ménage, dont elle a le numéro de téléphone dans son portable, mais avec laquelle elle n’a jamais eu aucune interaction en ligne.

Beaucoup ont aussi vu apparaître des gens rencontrés sur des applis de rencontre comme Tinder ou Grindr. Plutôt embarrassant, non ?

Folles rumeurs

Entre nous, les mots de « magie noire » et « espionnage » sont prononcés. Sur Internet, les rumeurs les plus folles circulent sur la façon dont cet algorithme plutôt intrusif fonctionnerait.

  • Il existerait un « profil fantôme » de chacun d’entre nous, pré-rempli et automatiquement activé dès notre inscription.

C’est la théorie d’un utilisateur de Reddit. Il raconte avoir créé un profil anonyme avec un mail jamais utilisé et s’être vu proposer plein de contacts connus.

  • A Rue89, on en formule une autre pour se faire peur : Facebook nous proposerait aussi les personnes qui nous « stalkent » (espionnent en ligne) ou que nous avons récemment « stalkées ».

Je découvre que cette rumeur existe déjà, et que beaucoup d’utilisateurs y croient dur comme fer. Facebook l’a toujours démentie.

  • Dans le même genre, la sérieuse BBC affirmait, via des témoignages concordant et une société de sécurité informatique, que Facebook se connectait à des applications type Tinder ou Grindr pour vous faire des suggestions d’amis.

Un journaliste du Huffington Post a fait la même hypothèse. Ce que le réseau social a nié avec force.

Fabrice Epelboin, spécialiste des médias sociaux et entrepreneur du Web, croit les dires de Facebook, comme Vincent Glad :

« Ce serait très dangereux économiquement. Facebook n’est pas une société idiote, elle prend des risques calculés. »

Pour lui, l’explication est beaucoup plus simple :

« Quand on “date” quelqu’un sur Tinder, on lui donne bien son numéro avant, non ? Facebook se connecte en fait à votre répertoire. »

Ah bon ?

Un aspirateur à données, via votre téléphone

On résume. Il faut imaginer l’algorithme de Facebook comme un aspirateur à données géant.

 Visages et Facebook

Visages et Facebook - Pixabay/CC0

Dans un article du Washington Post, qui fait référence en la matière, il est expliqué que l’algorithme de « Vous connaissez peut-être » est basé sur la « science des réseaux ».

En définissant les réseaux auxquels on appartient, Facebook calcule nos chances de connaître telle ou telle personne. Et il peut même prédire nos futures amitiés. Un peu de probabilités et c’est dans la boîte.

« Ce n’est pas de la magie, mais juste des mathématiques très pointues », apprend-on.

Avertissement de Messenger, dont la

Avertissement de Messenger, dont la « synchronisation » permet au contact de « se connecter sur Facebook »

Couverture

 

En fonction des amis que l’on a, de nos interactions plus ou moins fortes et fréquentes avec eux, de l’endroit où on vit, des lieux où on a étudié et travaillé, l’algorithme fait ses calculs. Il tente aussi de définir les personnes « clés » de votre réseau, celles qui vous présentent aux autres. Enfin, il utilise votre géolocalisation, ce qui a probablement mené ce lundi à l’arrestation du voleur de la voiture d’un internaute, qui est apparu dans ses suggestions d’amis.

Surtout, depuis qu’il est arrivé sur votre mobile, via les applis Facebook et Messenger, le réseau social a un tas d’autres informations à mettre sous la dent de leur algo :  vos contacts téléphoniques et vos mails.

Vous l’avez autorisé, probablement sans en avoir conscience, au moment de l’installation de l’une et/ou l’autre application.

Le test ultime : le Nokia de Xavier de La Porte

Comme c’était un jour de pluie, j’ai voulu tester la puissance de cet algorithme qui marche donc sur deux pieds :

  • La « science des réseaux » ;
  • des tonnes de données « scrapées » de notre mobile notamment.

Je décide de créer un compte avec un numéro de téléphone et avec un faux nom. Le mien est déjà lié à un compte, donc Facebook le refuse.

En effet, il est interdit, en théorie, de créer un faux compte ou de doublonner, selon sa politique de « l’identité réelle » – les personnes transgenres en savent malheureusement quelque chose.

Il y a une personne dans ces bureaux qui n’a pas lié son compte Facebook à son numéro. J’ai nommé : Xavier de La Porte. Il possède un charmant Nokia cassé sur le dessus.

Le téléphone de Xavier, bolide de la protection des données

Le téléphone de Xavier, bolide de la protection des données

« J’ai 20 contacts dessus, seulement ma famille et mes amis proches », jure-t-il.

Il n’est évidemment pas question d’applications quelconques. Avec le numéro de Xavier, Facebook accepte la création du compte de « Mathilde Machin », 21 ans.

 

« Mathilde Machin », couverture très discrète

Et là, un truc vraiment effrayant arrive : des dizaines de contacts sont proposés, amis, famille, collègues de bureau, sources de Xavier. Ils ne sont pas dans son répertoire. Et ne sont pas non plus tous amis avec lui sur Facebook. A partir de là, deux hypothèses s’offrent à moi :

  • Son compte a été lié un jour à ce numéro de téléphone, et Facebook se rend compte qu’il s’agit de la même personne. Il lui propose logiquement d’ajouter les amis du compte de Xavier.

Mais, Facebook refuse d’ouvrir deux comptes avec le même mail ou le même numéro. Il s’agirait d’une sorte de faille de sécurité, puisque le téléphone sert justement à sécuriser votre compte. Et cela n’expliquerait pas pourquoi Mathilde Machin se voit proposer des personnes qui ne sont pas dans les amis Facebook de Xavier.

  • Les contacts proposés sont ceux qui possèdent le numéro de Xavier dans leur répertoire. Et qui ont donné à Facebook l’autorisation de scraper leurs données. Ce qui veut dire que l’algorithme de suggestion est tellement puissant qu’il réussit, en quelques secondes, à « inverser » la recherche.

Facebook, après s’être creusé les méninges un moment – c’est un peu technique –, me confirme la dernière hypothèse.

C’est vertigineux. Mais inscrit noir sur blanc dans les flippantes « Confidentialités et conditions » de Facebook. Qui autorisent l’application à utiliser les « données que vous importez ou synchronisez de votre appareil », type répertoire, mais aussi : 

« Les contenus et informations que les autres personnes fournissent lorsqu’elles ont recours à nos services notamment des informations vous concernant, par exemple lorsqu’elles partagent une photo de vous, vous envoient un message ou encore lorsqu’elles téléchargent, synchronisent ou importent vos coordonnées. »

Un algo gourmand

Facebook m’explique donc que l’algorithme se nourrit aussi des données que les autres ont sur vous (votre mail, votre numéro). Pour le dire autrement, quelqu’un qui a votre contact et l’importe dans son appli Facebook va probablement apparaître dans vos suggestions d’amis. C’est aussi fou que les rumeurs. Facebook insiste sur le fait que :

  • Le processus est transparent ;
  • l’algorithme, gentil, ne cherche qu’à vous faire retrouver vos amis et échanger avec eux ;
  • « Facebook ne possède pas et n’utilise pas » votre numéro de téléphone, il s’en sert pour mettre en relation des profils ;
  • et les paramètres de votre compte sont personnalisables.

Un samedi soir, vous êtes tombée amoureuse d’un ami d’ami. Le lendemain, vous demandez à l’ami commun son numéro. Vous hésitez à envoyer un message, vous bloquez plusieurs jours. Sachez donc que ce mec, à qui vous n’avez rien envoyé, vous a peut-être déjà vu apparaître dans « Vous connaissez peut-être ». Et qu’il a déjà peur de vous.

Article initialement publié le 2 juin 2016.

 

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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12 janvier 2017 4 12 /01 /janvier /2017 21:27

 

 

Source : http://www.streetpress.com

 

 

Je suis SDF, voici comment j’arrive à survivre à la rue

 

10 Janvier 2017

 

par Christian Page, Malgré une demande de logement social et un dossier de droit au logement opposable, Christian Page, 44 ans, dort à la rue depuis qu’il a divorcé, perdu son emploi puis son logement. Cela fait deux ans.

 

411 personnes sont mortes dans la rue en 2016 selon le Collectif des Morts de la Rue. Christian Page, SDF, raconte comment il y survit.

Là, c’est ma chambre à coucher avec mes quatre couvertures, mon duvet [Christian montre la grande poche de son sac à dos kaki, puis ouvre une petite poche intérieure]. Là c’est mon bureau avec mes papiers, mes stylos. Tout en bas, j’ai la salle de bain avec le déo, le gel douche, les cotons-tiges. Et puis ici [il sort une gourde de la pochette du dessus], c’est le bar : elle est vide, mais c’est dans celle-ci que je mets de l’eau et je précise bien, que de l’eau ! Sinon la bière, elle perd son gaz.

J’ai toujours tout sur moi. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Comme ça, si je me retrouve à l’autre bout de Paris, je peux dormir sur place. Car le vrai problème, c’est le logement. J’ai un petit endroit où je dors avec Ervé et les copains. Si t’es tout seul, tu peux te faire dépouiller. On a trouvé un coin à l’abri du vent, au bord du canal Saint-Martin, quai de Jemmapes. C’est l’entrée d’un centre de loisirs de la ville de Paris [Espace Jemmapes]. Parfois le personnel apporte du café au réveil. Pas tout le temps… Mais on ne peut pas demander aux gens de remplacer l’Etat ! J’aimerais bien qu’Emmanuelle Cosse m’apporte mon petit café le matin, en admettant : « Excuse-moi, je suis ministre du logement et je n’ai rien pour toi ! ».

 

 

 

Couverture

 

« J’aimerais bien qu’Emmanuelle Cosse m’apporte mon petit café le matin, en admettant : “Excuse-moi, je suis ministre du logement et je n’ai rien pour toi !”. »

Christian Page, sans-abri

 

 

Si j’ai choisi ce quartier c’est parce que c’est un vrai quartier populaire, où les gens veillent encore les uns sur les autres. Quand ça a commencé à faire frisquet, une dame est descendue et m’a donné une couverture. Il y a l’épicier de la rue Bichat qui nous file toujours un truc en plus quand on va faire nos courses et le gars qui nous ramène les pizzas qui lui restent après la fermeture du restaurant. Ils ont peur de devenir comme nous. Ils se disent : « Si je l’aide à s’en sortir, si un jour je me retrouve à sa place, quelqu’un m’aidera. »

Droit au logement opposable et hébergement d’urgence

Il y a bien l’hébergement d’urgence. T’appelles le Samu social à 6h du mat’. Tu tapes le 115… Une fois que tu auras passé le quart d’heure de disque – « You’re phoning le 115… » – ils répondent : « Rappelez à partir de 19h parce qu’on n’a plus de place. » A 19h, ils te disent rappelez à partir de 21h. A 21h : « Écoutez, allez vous mettre à Nation, quai du RER A, direction Boissy-St-Léger. » A cet endroit, alors que le dernier bus est passé, les mecs du Samu arrivent et annoncent : « Bon, les gars, il y a neuf places… » Voilà. Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’il y a aussi le DAHO, le droit à l’hébergement opposable. Si au bout de six mois, on ne t’a pas trouvé un hébergement, alors t’as le droit de porter plainte contre l’Etat. T’es seul, t’es à la rue, tu déposes plainte contre l’Etat… C’est bien, mais en gros t’as aucune chance. J’en suis là.

 

 

 

Couverture

 

« Le DAHO ? T’es seul, t’es à la rue, tu déposes plainte contre l’Etat… C’est bien, mais en gros t’as aucune chance. J’en suis là ».

Christian Page, sans-abri

 

 

Tous les matins, je vais rue Bichat, dans un accueil de jour de la fondation Abbé Pierre. On peut tout faire : prendre une douche, faire une machine à laver, petit-déjeuner. L’hiver, il faut manger beaucoup plus parce que le froid te fait dépenser plus de calories. Je mange que des choses fraîches. Donc je vais dans des associations qui cuisinent. Sinon ce sont des barquettes Sodexo et c’est de la merde. Il n’y a aucune valeur nutritive. On a besoin de vitamines, de sels minéraux. Donc je prends toujours un bon petit-dèj, histoire de remettre le corps à température, puis je fais ce que j’ai à faire. Malheureusement, j’ai souvent rien à faire.

Rendez-vous et petits jobs au black

J’ai parfois des rendez-vous quand même, et pas que avec ma bière ! Je vais voir des assos qui donnent des bons pour des soins ou pour aller voir un ophtalmo – j’ai des lunettes [avec un verre cassé]. Dans ce cas-là, j’y vais à pieds. Je pars une heure en avance. Je ne prends pas le métro. C’est très con : quand je travaillais, je payais les transports. Depuis que j’ai les transports gratuits [avec le RSA], je marche.

Il m’arrive aussi de filer un coup de main à une mamie parce que faut ramener un pack de lait chez elle ou l’aider pour un déménagement. Un jour une personne âgée m’a juste demandé de décrocher ses rideaux et de les emmener au pressing puis de les raccrocher. Un petit débarrassage de câbles de temps en temps… Ouais c’est du black, que je ne déclare pas, mais bon qu’ils viennent me faire un procès et moi je leur apprends ce que c’est que l’article 345 2-2 du code de l’action sociale qui dit que toute personne devrait avoir accès à un hébergement.

Mon fils m’aide à tenir

Ce qui me fait tenir ? [Il sort son portable. Un ado en photo d’arrière-plan] C’est la seule photo que j’ai. C’est mon fils. Il s’appelle Pierrick, il a 13 ans. Il vit avec sa mère à Perpignan. Je ne l’ai pas vu depuis deux ans et je ne peux pas communiquer avec lui. Tout doit passer par sa mère. Elle a intenté une procédure pour m’enlever tous les droits parentaux du fait que je suis SDF. C’est dégueulasse. Mais au mois d’août, j’étais au bord du canal, un peu dépressif en pensant à tout ça et puis un gars costard-cravate débarque et me demande s’il peut faire quelque chose pour moi. Je le regarde et lui dis : « A moins que vous soyez ministre de la justice, vous pouvez rien faire. » Et là, le mec me répond : « Ben écoutez je suis avocat, on peut peut-être s’y mettre… » Je lui ai montré la procédure. Il m’a donné rendez-vous le lendemain à 11h à son cabinet, juste à côté dans le quartier. Je suis tombé sur un très très bon avocat qui est en train de remettre tout ça dans l’ordre.

 

 

 

Couverture

 

« Le problème dans la rue c’est que tu meurs quand tu as accepté ta condition. »

Christian Page, sans-abri

 

 

Le problème dans la rue c’est que tu meurs quand tu as accepté ta condition. Alors là, le compteur se met en route, tu t’isoles, tu ne prends plus soin de ta santé, plus soin de ton apparence et tu crèves au bout d’un moment. Si tu renonces à tout ça, et que tu te dis « non, non je suis quelqu’un, je vais me battre, je prends soin de moi ». Là tu survis.

Edité par Sarah Lefèvre
 

 

 

 

Source : http://www.streetpress.com

 

 

 

 

 

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12 janvier 2017 4 12 /01 /janvier /2017 20:33

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

« C’était même pas : dans quelles conditions elle est décédée… c’est : mon Dieu la famille va arriver »

Marseille. Deux aides-soignantes virées pour avoir dénoncé pressions et maltraitance !

Publié le 11 janvier 2017

 

 

Deux aides-soignantes d’un établissement pour personnes âgées du groupe KORIAN, à Marseille, ont été licenciées après avoir dénoncé des cas de maltraitance et des pressions subies au travail par le groupe KORIAN situé à Marseille. Déjà licenciées à l’heure du reportage sur France Culture, les deux aides soignantes avaient témoignées de nouveau à la radio de leurs conditions de travail en décrivant les pressions que subissaient les employé-e-s, ainsi que les maltraitances que subissent les résidents. L’inspection du travail va mener une enquête sur les risques psycho-sociaux que représente l’établissement. La CGT Santé et Actions sociale a lancé une pétition demandant leurs réintégrations.

Les situations et citations sont basées sur leurs témoignages sur France Culture.

Un manque cruel d’effectif : « Si on veut respecter la personne, on ne peut pas respecter le planning »

 
Les aides-soignants, qui s’occupent intégralement de personnes très âgées souffrant de démence, ne sont qu’au nombre de deux par étage, parfois même seuls, et peuvent avoir en charge jusqu’à 24 résidents. À deux, ils doivent faire prendre leur douche aux résidents, leur faire prendre leur repas et gérer les crises de démence et les décès. Mais, avec le peu de temps qu’ils ont, impossible pour eux de s’occuper convenablement des patients, notamment à cause du temps perdu à s’occuper des patients les plus difficiles, ce qui les amène à bâcler leur travail pour pouvoir s’occuper de tous les résidents.

Malgré leur demande à la direction pour avoir plus de personnel, leur effectif reste inchangé. Les employés se sont plaints que la direction cherche à les culpabiliser pour les mauvais traitements qu’ils infligent aux patients faute de temps et que tout est fait pour les responsabiliser dans des situations parfois insoutenables.
 

« Ils ont travaillé toute leur vie pour se payer une retraite… ils payent leur maltraitance et leurs morts »

 
Les résidents payent environ 6000 € par mois et leurs repas pour la journée (petit-déjeuner et goûter inclus) coûtent… 4 €. Et ce prix n’est sûrement pas dû à des salaires mirobolants pour les aides-soignants ! Par exemple, les deux évoquées en début d’article sont chacune payées 1230 € et 1290 € par mois. Une belle usine à fric… subventionnée par l’État.

Une des aides-soignantes s’occupait d’une vieille dame de 87 ans, qui posait peu de problèmes en dehors de crises d’angoisse qui arrivaient notamment si on fermait sa porte. Mais, une nuit, des intérimaires peu formés et ne connaissant pas les patients, s’occupaient de l’étage et ont fermé la porte, ont mis leurs bipeurs (qui prévient l’aide-soignant quand un patient a besoin d’aide) dans leur chariot pour pouvoir dormir pendant leur pause. Les aides-soignantes ont retrouvé la vieille femme le lendemain matin, face contre terre, baignant dans son sang. Elles n’avaient aucune idée de ce qui lui était arrivée, et, sous le choc, ont appelé un infirmier qui s’est occupé de la remettre dans son lit et de nettoyer la chambre. « C’était même pas : dans quelles conditions elle est décédée… c’est : mon Dieu la famille va arriver ». « Il fallait faire toute une mise en scène pour que quand la famille arrive on s’imagine une mort naturelle ». Elles racontent avoir fait part de cet accident à la direction, qui a nié en bloc et remis en cause leurs témoignages. « On ne peut pas le marquer sur l’ordinateur, sur le DRI, parce que sinon on va se faire massacrer par la direction ».
 

« Il faut que je dénonce ces monstres »

 
En décembre, deux d’entre elles se sont faites licencier et demandent leur réintégration au sein de l’établissement ! Elles espèrent que l’enquête de l’inspection du travail va permettre à d’autres employés de témoigner des cas de maltraitance et des pressions subies au travail, la direction niant en bloc toutes ces accusations.

Il est indispensable de soutenir les deux aides-soignantes qui ont eu le courage de porter sur la place publique la réalité qui se cache derrière les murs de l’établissement. En effet, le traitement inhumain infligé aux personnes âgées et les pressions physiques et morales infligées au personnel sont la résultante d’une volonté, pour la direction, d’une maximisation du profit. C’est pour cela qu’il s’agit non seulement d’exiger la réintégration des deux aides-soignantes, car leur licenciement est avant tout un avertissement envers tous les employés, mais aussi l’embauche de personnel et des équipements adaptés pour qu’une telle tragédie ne puisse plus avoir lieu.

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 17:34

 

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com
 
 
 
Arrêt sur images
La police confisque des couvertures aux migrants, mais chut !

 

 
Initialement publié sur Arretsurimages.net

 

 

La police a confisqué des couvertures à des migrants à Paris. Par grand froid. C’est Médecins sans Frontières qui l’affirme. L’ONG a été avertie par des collectifs d’aide aux migrants. L’affaire se serait produite aux abords du centre de premier accueil, qui a ouvert le 10 Novembre dernier, Porte de la Chapelle, dans le Nord de Paris, et qui est déjà saturé.

Ce centre accueillant les résidents selon le critère « premier arrivé, premier servi », les migrants attendent dehors, parfois plusieurs jours de suite. Et selon MSF :

« La police a très clairement des instructions pour qu’on ne voit pas trop les migrants. Dans la queue, ils obligent les gens à rester debout, ils ne veulent pas les voir allongés et veulent éviter qu’ils s’installent. »

Une simple « mise à l’abri »

Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux était interrogé dimanche sur le sujet par les journalistes de RTL et de LCI. Sur le cas particulier, Le Roux ne répond pas. Après le « circulez » réglementaire (« faut arrêter ce sport national de mise en cause des policiers ») il ne fournit qu’une réponse générale :

« Ce que font les forces de police, c’est de faire de la mise à l’abri de personnes vulnérables, et ce n’est pas aux policiers de faire la différence sur leurs statuts [...] C’est vrai, quelquefois il peut y avoir une forme de contrainte à mettre à l’abri quelqu’un ».

Il ne dit pas : « je ne suis pas au courant, je vais me renseigner ». Il ne dit pas : « j’ai demandé une enquête, je vous tiendrai au courant ». Non.

Donc, jusqu’à preuve du contraire, dans le cas particulier, c’est vrai. Des policiers parisiens, par grand froid, ont confisqué leurs couvertures à des migrants. Ils avaient peut-être de bonnes raisons de le faire. C’est peut-être une manière de les « mettre à l’abri ».

Peut-être ces policiers étaient-ils accompagnés d’une camionnette qui a aussitôt recueilli les migrants, pour les convoyer vers un foyer agréable et chauffé, avec un thé à la cannelle. Peut-être leur ont-ils rendu les couvertures. Peut-être leur ont-il donné d’autres couvertures. Peut-être n’y a-t-il pas eu beaucoup de cas.

On ne le sait pas, puisque le ministre de l’Intérieur, manifestement, n’a pas demandé d’éclaircissements à ses services sur cette affaire précise. Donc, en l’état actuel de l’information, on en reste là : des policiers français, par grand froid, ont confisqué leurs couvertures à des migrants.

Le JT muet

Rentrant de week-end après avoir suivi l’affaire sur Twitter, je regarde évidemment le 20 Heures de France 2, dimanche soir. Bien entendu, Delahousse va nous éclairer sur cette affaire. Rien. Pas un mot.

Il y a de nombreuses raisons, pour lesquelles ne pas parler de cette histoire de couvertures au 20 Heures de France 2. D’abord, parce qu’il y a d’autres faits d’actualité. La grippe a fait 13 morts dans une maison de retraite de Lyon (3 sujets). Un accident de car a fait quatre morts en Saône et Loire (3 sujets). Un biopic sur Dalida va sortir la semaine prochaine (1 sujet).

C’est peut-être pour ces raisons, que Delahousse ne parle pas de cette affaire de couvertures. Pourtant, c’est un twittos frénétique, Delahousse. Toute la soirée de dimanche, il va re-tweeter les tweets de compliments sur son beau prime time sur DSK et les turpitudes du PS (et je vous en informe, même si Delahousse a bloqué Arrêt sur images, qui n’a pas le droit de voir ses tweets).

 

Capture d'écran du compte Twitter de Arrêt sur Images

Capture d’écran du compte Twitter de Arrêt sur Images
 
 

Reste le fait : à Paris, par grand froid, la police a confisqué des couvertures à des migrants, et le journal de la principale chaîne d’Etat n’en a pas dit un mot.

 

 

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Source : http://rue89.nouvelobs.com
 
 

 

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