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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 17:03

 

Source : www.reporterre.net

 

L’Agence sur la biodiversité est mal engagée

Syndicat national de l’environnement

jeudi 27 mars 2014

 

 

"L’Etat a décidé de passer en force en faisant financer la biodiversité par les redevances de l’eau, donc essentiellement par la facture d’eau de l’usager domestique."


- Le ministre de l’Ecologie Philippe Martin a présenté le 26 mars le projet de loi sur la biodiversité. Il prévoit notamment la création d’une Agence nationale de la biodiversité. Celle-ci souffrirait d’un vice structurel, selon le Syndicat national de l’environnement.


Face aux attentes des Français quant à la mise en œuvre des politiques publiques, vous avez récemment mis en perspective votre souhait de disposer d’un Etat plus dynamique, plus réactif et plus économe.

La première des conditions à la réalisation d’un tel souhait passe par la crédibilité des objectifs fixés et la cohérence de mobilisation des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre, qu’il s’agisse des financements ou des ressources humaines.

Tel n’est pas le cas des politiques environnementales que sont les politiques de l’eau et de la biodiversité. Pour l’eau et les milieux aquatiques, les gouvernances de bassin appuyées sur la sanctuarisation des financements par taxes affectées ont permis d’engager le minimum d’actions permettant de présenter un bilan acceptable au regard des engagements européens, pour la biodiversité, l’Etat a tout simplement toujours refusé d’engager les moyens nécessaires.

Depuis la disparition du Ministère de l’Environnement en 2007 et que ses agents soient fonctionnaires ou contractuels, l’administration s’est simplement contentée de ne rien gérer du tout, ce qui a entraîné gâchis généralisé (aucune gestion des corps pendant plusieurs années) et conséquences dommageables pour l’action publique (non-exécution par l’ONEMA des missions que la Loi lui avait confiées du fait de l’impossibilité de recruter les compétences nécessaires).

C’est dans ce contexte que se prépare le projet de loi sur la biodiversité, prévoyant notamment dans son titre III l’émergence d’une Agence Française pour la Biodiversité. Les arbitrages déjà rendus dans cette perspective obèrent par avance non seulement la réussite du projet, mais également par retour de conséquences les rares succès actuels de la puissance publique en ces matières.

Concernant le financement, l’Etat a décidé de passer en force en faisant financer la biodiversité par les redevances de l’eau, donc essentiellement par la facture d’eau de l’usager domestique...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 16:24

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Toxique 28/03/2014 à 11h53
Agriculture : « Seulement 0,3% des pesticides atteignent leur cible »
Antonin Iommi-Amunategui | Journaliste

 

 

 

« Seulement 0,3% des pesticides atteignent leur cible. Tout le reste se retrouve dans l’air, la terre et les milieux aquatiques. »

Extrait de la note de l’Iaurif

Dans la note [PDF] publiée en avril 2004 par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France, on peut lire :

 

« Lors de l’épandage, les pesticides atteignent les plantes mais aussi le sol, l’eau et l’atmosphère et l’on estime que, sur les 2,5 millions de tonnes utilisées chaque année dans le monde, 0,3% seulement atteindrait leur cible.

 

La majorité (80 à 90%) serait volatilisée, le reste étant soit entrainé par ruissellement (2% en moyenne), soit lessivé, soit stocké dans le sol. » A.I.A

Ce n’est pas la déclaration-choc d’un militant écolo, mais celle de François Chiron, enseignant-chercheur en écologie des communautés à AgroParisTech, prononcée au beau milieu d’une conférence à la Société nationale de l’horticulture de France (SNHF).

Comment le chercheur en est-il arrivé à un tel chiffre, aussi précis qu’accablant ? Il explique :

« C’est une référence que je tiens de l’Iaurif [Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France, ndlr] qui a publié en 2004 une note de six pages sur la quantité de matière active qui atteint sa cible (voir encadré).

Après, 0,3%, 5% ou 15%, ce n’est pas la question : une grosse partie est de toute façon diffusée dans l’environnement. »

Comprendre dans l’air, le sol, l’eau.

Moins de plantes, d’oiseaux, d’insectes

François Chiron n’est pas un excité antipesticides ; il est mesuré à ce sujet, quand bien même l’essentiel de ses recherches va dans le sens de leur réduction :

« Les pesticides, ça reste un outil efficace ; une efficacité que je ne remets pas en cause. Mais l’impact environnemental est considérable. Il y a une perte importante dans l’environnement, avec des conséquences sur l’eau, la biodiversité, la santé humaine. »


Un oiseau peint sur un mur (Sergey Ivanov/Flickr/CC)

Il poursuit :

« Je suis un spécialiste de l’impact sur le vivant : en l’occurrence, ça se traduit par des problèmes de reproduction, des effets sur la diversité des espèces, avec une diminution du nombre d’espèces de plantes, d’oiseaux, d’insectes pollinisateurs... C’est étudié depuis des années par les écotoxicologues.

Les herbicides, par exemple, vont limiter la présence de plantes qui ont un rôle de filtration et d’épuration naturelles. Comme il est montré et démontré que l’usage de pesticides limite la pollinisation. »

Les pesticides vs les « auxiliaires »

Pour le chercheur, on peut réduire les pesticides « grâce à la biodiversité, par l’introduction d’auxiliaires », c’est-à-dire « l’ensemble des espèces qui vont venir limiter la présence des ravageurs ».

D’autant que l’usage immodéré des pesticides s’avère selon lui contreproductif, pour au moins deux raisons :

  • les vermines visées peuvent devenir résistantes : « Plus on utilise de pesticides, plus on se rend compte qu’ils sont inefficaces » ;
  • leurs prédateurs naturels disparaissent  : « J’ai travaillé à l’échelle de plusieurs départements. On a observé que l’usage de fongicides diminuait la biomasse. Les oiseaux disparaissent, par exemple : les mésanges s’en vont et ne mangent plus leurs cinq cents chenilles quotidiennes. »

C’est un cercle vicieux. L’hypothèse de François Chiron, c’est que l’emploi des pesticides fait fuir les espèces insectivores, « ce qui rend impossible la capacité de l’écosystème à se réguler lui-même » et crée un besoin toujours plus grand en pesticides.

Changer la donne ? « Un choix de société »

Selon lui, il faut essayer d’inverser la tendance, recréer un cercle cette fois vertueux :

« Si on réduit les pesticides, on augmente les capacités de régulation naturelle. »

Comment faire évoluer les pratiques ?

« C’est un choix de société, et ce n’est plus du ressort du scientifique que je suis. Avec le plan Ecophyto, l’Etat veut réduire les pesticides de 30 à 50%. Parce que globalement, pour la santé publique, les pesticides représentent des coûts importants...

Moi, en tant que citoyen, j’y suis favorable. Et en tant que scientifique, je suis là pour accompagner cette transition. »

Une transition qui n’est pas gagnée : la Confédération paysanne dénonçait cette semaine « la passivité des pouvoirs publics » face à l’importance du trafic de pesticides, interdits en mais très facilement importés d’Espagne.

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 17:09

 

Source : www.reporterre.net

 

Ecologie

Il reste treize jours pour sauver la forêt française !

SOS Forêt France

mardi 25 mars 2014

 

 

 

A partir du 8 avril 2014, les sénateurs examineront le projet de loi d’avenir sur l’agriculture et la forêt (LAAF). Nos forêts ne seront bientôt plus qu’un joli souvenir si nous ne changeons pas le projet de loi actuellement discuté au Parlement.

 


 

Nous, SOS Forêt France, collectif rassemblant des dizaines d’associations, de syndicats forestiers et de personnalités qualifiées, nous lançons aujourd’hui l’alerte pour protéger nos forêts et sauvegarder les emplois de la filière bois.

En 2009, Nicolas Sarkozy lança l’idée que la France devait couper 40 % de bois en plus. François Hollande a bien entendu le message et imagine comme son prédécesseur que l’exploitation intensive de notre forêt est l’une des solutions à tous nos problèmes !

Face au déficit commercial du secteur bois et l’appétit grandissant de pays comme la Chine, nos dirigeants ne pensent qu’à court terme : gagner plus en coupant plus et plus vite. La forêt n’est pourtant pas une usine dont on peut accélérer les chaînes de fabrication.

 

La forêt de demain : ce qui nous attend

Les orientations actuelles du projet de loi favorisent la concentration économique de la filière autour de méga-scieries ou de méga projets bois biomasse qui projettent des volumes de coupe gigantesque incompatible avec la ressource et qui entrent en concurrence avec les entreprises existantes. Si la forêt française est la troisième d’Europe, elle est aussi l’une des moins denses.

Les petites et moyennes entreprises ne feront pas le poids face à ces traders qui auront les moyens d’aller chercher du bois plus loin et à prix cassés...

 

*Suite de l'article sur

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 17:33

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

L’arbitrage international, une pratique scandaleuse méconnue

6 janvier par Virginie de Romanet

 

 


Les organisations Transnational Institute (TNI) et Corporate Europe Observatory (CEO) ont publié conjointement un rapport sur l’arbitrage amplement documenté qui fera date |1|.

En effet, il s’agit d’un enjeu international de taille pour les États qu’ils soient du Sud ou du Nord qui demeure largement méconnu.

De quoi s’agit t-il exactement, le terme même d’arbitrage n’étant guère évocateur en dehors du domaine sportif ?
Il s’agit d’un cadre juridique spécifique qui permet aux entreprises multinationales d’attaquer via des traités sur l’investissement un pays qui aurait pris ou qui souhaiterait prendre des mesures sociales ou environnementales pour protéger sa population.
Les multinationales peuvent, elles, estimer que cela va porter préjudice à leurs bénéfices et réclamer devant des tribunaux d’arbitrage des indemnisations considérables.
Cet article se propose de lever le voile sur les ravages causés par l’industrie juridique de l’arbitrage.
En effet, si il est compréhensible d’avoir des instances chargées de régler des litiges, la critique de l’arbitrage doit se porter sur le système d’arbitrage en tant que tel. Le fondement de la critique tient déjà au fait que seules les entreprises multinationales peuvent traîner les Etats en justice devant ces tribunaux, la réciproque n’étant pas vraie, les Etats dont les multinationales qui opèrent sur leur territoire violent les droits humains ou contaminent l’environnement n’ont pas cette possibilité.

Une explosion du nombre de cas

En 1966, était créé le Centre international de règlement des différends liés à l’investissement (CIRDI), instance d’arbitrage partie prenante du groupe Banque Mondiale. Trente ans après sa création il n’y avait eu que 38 cas répertoriés.
La multiplication des Traités sur l’investissement - il en existe actuellement environ 3.000 au niveau mondial - la majorité d’entre eux bilatéraux, les autres étant multilatéraux comme dans le cas du Traité NAFTA entré en vigueur en 1995 entre le Canada, les États-Unis et le Mexique ou encore portent sur un sujet particulier comme le cas du Traité sur la Charte de l’énergie a été la base qui a permis le développement de l’arbitrage.

A côté du développement de la trame avec la multiplication du nombre de traités, le rôle offensif des cabinets d’avocats spécialisés dans l’arbitrage international est l’autre versant expliquant l’explosion des attaques dont sont victimes les États du Sud et du Nord qui portent préjudice à leur population.
Ainsi, si il n’y avait eu que 38 cas d’arbitrage répertoriés en 1996, en 2011 sur une période de 15 ans, leur nombre avait été multiplié par plus de 10 pour se monter à 450 avec parallèlement une explosion des montants en jeu.
Au cours des années 2009-2010, 151 cas ont été répertoriés dans lesquels les multinationales réclamaient une indemnisation se montant à au moins 100 millions de dollars |2|.

Une très lucrative industrie

L’aiguillon de ce qu’on peut réellement qualifier d’industrie de l’arbitrage ce sont les bénéfices astronomiques des firmes d’avocats spécialisés qui facturent jusqu’à 1000 dollars ... de l’heure par avocat et bien souvent c’est toute une équipe qui est engagée sur une affaire. Cela a pour conséquence que les coûts juridiques d’un dossier se montent en moyenne à 8 millions et dépassent dans certains cas les 30 millions |3|.
Le rapport donne l’exemple des Philippines qui ont dû pour se défendre à deux reprises contre les attaques de l’opérateur aéroportuaire allemand Fraiport débourser la somme de 58 millions de dollars, ce qui équivaut au salaire annuel de 12 500 profs ou à la vaccination de 3,8 millions d’enfants.
Les pays qui ne peuvent se le permettre ou qui refusent de mettre autant d’argent se trouvent généralement confrontés au fait que les arguments de défense de leurs avocats ne disposent que de références législatives incomplètes et dispersées, ce qui augmente le fait qu’ils soient plus souvent condamnés.
Le rapport cite le cas de la République Tchèque qui n’a réussi à se défendre avec succès dans deux cas qu’une fois qu’elle a remplacé les avocats tchèques par des cabinets spécialisés.

Bien évidemment avec une telle rentabilité c’est le serpent qui se mord la queue, les firmes d’avocats recherchent avidement des cas à exploiter d’où découle une multiplication des cas.
Ainsi, par exemple, quand le géant suédois de l’électricité Vattenfall a annoncé son intention de poursuivre l’Allemagne, un cabinet d’avocats britannique a évalué comment les multinationales opérant dans le secteur de l’énergie en Grande Bretagne pourraient introduire une plainte dans le cas où la Grande-Bretagne adopterait une décision similaire à celle de l’Allemagne. Ces pratiques extrêmement agressives ont fait que ces cabinets d’avocats ont pu être qualifiés de "chasseurs d’ambulances", terme qui a été forgé aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle pour faire référence aux avocats qui cherchaient à tirer profit des lésions ou accidents affectant une personne en suivant les ambulances vers les urgences et en incitant ces personnes à faire des procès contre le corps médical.

L’argument marketing massue de ces cabinets spécialisés est qu’ils connaissent les arbitres, ce à quoi chacun est sensible - et donc qu’ils savent présenter au mieux le cas pour faire valoir les arguments de leurs clients.

Tout comme les avocats, les arbitres sont grassement rémunérés - entre 375 et 700 dollars de l’heure selon l’instance d’arbitrage |4|. Pour un litige de 100 millions de dollars, un arbitre peut gagner en moyenne 350.000 dollars. Leur neutralité prétendue est en contradiction flagrante avec le fait que leurs principales sources de revenus et d’opportunités découlent des pratiques arbitraires et abusives des multinationales.

Il faut de plus souligner l’extrême concentration du monde de l’arbitrage où selon l’ancien secrétaire général de la Chambre de Commerce International Guy Sebban "tout le monde connaît tout le monde |5|" et ce sont 15 arbitres qui ont accaparé la prise de décisions dans 55% du total des cas connus jusqu’à la date de rédaction du rapport (soit 450 cas) |6|.

Par ailleurs, étant donné les multiples casquettes des participants au système d’arbitrage, certains agissent également en tant que conseillers de gouvernements pour les inciter à signer des traités d’investissements rédigés en des termes peu précis pour ainsi multiplier les possibilités des multinationales d’introduire des plaintes. Et ce alors même qu’ils seraient censés protéger les intérêts des gouvernements.
Les avocats du secteur ont également une facilité d’accès aux législateurs et aux fonctionnaires publics en charge de négocier les traités d’investissement.
Par ailleurs, certains de ceux qui ont négocié sont ensuite devenus des noms connus du marché de l’arbitrage.

Ce contexte extrêmement malsain a ainsi été ironiquement décrit par le professeur Gus van Harten de la faculté de droit d’Osgoode Hall à Toronto dans une interview :
"Les avocats d’arbitrage ne se contentent pas de chasser les ambulances. Ils créent également les accidents car ceux qui sont aussi arbitres interprètent les traités dans un sens très large. La chasse aux ambulances a lieu après que leur ami ait mis une peau de banane sur la route |7|".

Du renfort de la menace

Parfois la menace d’une plainte suffit pour qu’un gouvernement retire les mesures qu’il comptait mettre en place et cela ne concerne pas que les petits pays.
Ainsi l’Afrique du Sud qui avait adopté une loi pour la promotion économique de la population noire qui exigeait des multinationales opérant dans le pays comme les compagnies minières qu’elles transfèrent une partie de leurs actions entre les mains d’investisseurs noirs a été attaquée par un groupe d’investisseurs italiens. Le litige a pris fin après l’octroi à ces multinationales de nouvelles licences requérant un transfert d’actifs moindre.
De même, en 2009 et 2012 la multinationale suédoise de l’énergie Vattenfall a introduit deux plaintes contre l’Allemagne. La première réclamait à l’Allemagne 1,4 milliard d’euros pour les restrictions environnementales imposées à une de ses centrales de charbon. L’Allemagne a alors cédé et accepté de diminuer sa législation de protection de l’environnement. La seconde plainte réclamait une indemnisation de 3,7 milliards d’euros suite à la décision de l’Allemagne après la catastrophe de Fukushima de commencer à abandonner l’énergie nucléaire.

Suite aux programmes de réforme économique de blocages des tarifs de l’eau, de l’énergie, des télécommunications, mis en place consécutivement à la crise de 2001 pour protéger la population qui s’était massivement mobilisée, l’Argentine a été assaillie de plus de 40 plaintes.
Les Nations Unies ont d’ailleurs reconnu que les traités internationaux d’investissement, soubassement des plaintes - peuvent limiter gravement la capacité des Etats à lutter contre les crises financières et économiques |8|.

A l’autre bout du continent américain, un ex-fonctionnaire du gouvernement canadien témoigne de lettres envoyées par les cabinets de New York et Washington pratiquement à chaque fois que le gouvernement canadien voulait adopter une mesure législative de protection de l’environnement. Ca a été le cas pour pratiquement toutes les nouvelles initiatives et la majorité d’entre elles n’a jamais vu le jour.

Avec la signature du traité de libre-échange nord-américain (NAFTA) entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique entré en vigueur le 1er janvier 1994, ces avocats ont incité les multinationales a attaquer les trois pays. Celui-ci a d’emblée été perçu comme une nouvelle source de juteux bénéfices ; un des 15 principaux avocats au niveau mondial dans un article de 1995 se montrait enthousiasmé "par ce nouveau territoire pour l’arbitrage international". En 2001, le journaliste et écrivain William Greider décrivait le chapitre sur l’investissement du NAFTA comme étant le fruit d’une stratégie à long terme pour obliger les gouvernements à débourser une indemnisation chaque fois qu’ils mettent en place une mesure de régulation. Autant dire que ça leur lie les mains !

La menace est également un outil pour éviter une réforme de la pratique de l’arbitrage au motif que l’absence de possibilité de recours à l’arbitrage entraînerait la fuite des investisseurs.
Les associations du secteur et les cabinets d’avocats d’investissements ont mené des campagnes féroces pour neutraliser tout processus de réforme en raison du caractère extrêmement lucratif du secteur.

En quête du traité d’investissement le plus favorable

En raison du caractère international de leur capital, les multinationales peuvent s’adresser à plusieurs instances pour attaquer un même pays pour les mêmes faits.
Cette "guerre de plusieurs fronts" a été comparée à un jeu d’échecs en 3 dimensions. Ainsi le multimillionnaire de l’industrie cosmétique Ronald Lauder a attaqué la République tchèque sur base du Traité bilatéral sur l’investissement (TBI) entre les Etats-Unis et la République Tchèque. Il n’a pas gagné. Il a donc attaqué une seconde fois sur base du TBI entre les Pays Bas et la République tchèque (cela a été rendu possible par le fait que l’investissement avait été structuré à travers un véhicule d’investissement néerlandais). Avec la seconde attaque, la République tchèque a été condamnée à payer 270 millions de dollars, l’équivalent du budget de la santé du pays.

Les Pays-Bas sont un des pays qui offrent les traités les plus favorables aux multinationales.

Des opportunités de profit pour des tiers

A côté des bénéfices de l’industrie de l’arbitrage, ce secteur apparaît tellement porteur et lucratif avec des indemnisations se chiffrant en centaines de millions ou en milliards de dollars qu’on assiste à un développement massif du financement commercial des plaintes de la part de tiers.
La motivation des financeurs est bien sûr d’obtenir une part substantielle des montants obtenus par les multinationales. Des banques, compagnies d’assurances et hedge funds ont également été appâtés par la perspective de bénéfices considérables. Les bénéfices de deux de ces entreprises de financement ont été multipliés par 9 et 5 en 2011 par rapport à 2010 |9|. Certaines portent des offres en bourse qui leur ont permis de recueillir plus de 100 millions de dollars.
Le tableau ne s’arrête cependant pas là puisque certains fonds étudient la création d’un nouveau marché de produits dérivés |10|. Bien sûr là encore ces possibilités de financement externe donnent lieu à une croissance du nombre de cas en particulier de cas encore plus abusifs comme en témoigne le propos du co-fondateur du fonds Calnius Capital, Mick Smith :" il est faux de penser qu’une plainte doive être suffisamment solide pour avoir une chance de gagner, tout a un prix |11|" !
Tout ce système est emblématique de multiples conflits d’intérêt et fait penser au voile levé en 2010 sur les agences de notation dans leur rôle de catalyseur en dernier ressort dans l’augmentation de la dette grecque puisque la dégradation d’ampleur de la note a mécaniquement entraîné une hausse considérable des taux de financement.

L’investissement du monde académique

L’arbitrage s’installe également sur le terrain de l’enseignement et de la recherche dans les facultés de droit et se traduit par une augmentation d’instituts spécialisés, de publications et de doctorants dans lesquels les représentants du secteur sont largement dominants. Les critiques n’étant tolérées que tant qu’elles restent dans une certaine limite et ne questionnent surtout pas le système en tant que tel. Par ailleurs, les intérêts économiques des professionnels du secteur ne sont que rarement mentionnés.

En finir avec ce système de pillage légal

Tel qu’il fonctionne, ce système coûte extrêmement cher aux Etats du Sud mais aussi du Nord. Il s’agit véritablement d’un instrument puissant de soumission, de pillage des ressources naturelles, d’atteintes aux droits des travailleurs et à la protection de l’environnement.
Dans tous les pays qui sont contraints de verser tout à fait abusivement des montants considérables à des multinationales, cela a des conséquences catastrophiques en terme de réduction à l’accès aux services sociaux. On peut citer par exemple le cas de la République Tchèque qui a du verser transférer l’équivalent de son budget annuel de la santé - soit 270 millions d’euros - à une multinationale des cosmétiques.

On l’a vu dès le départ, ce cadre juridique qui ne permet qu’aux investisseurs de porter plainte contre les Etats alors que la réciproque n’existe pas est biaisé.
Cependant, il serait illusoire de penser qu’il suffirait que les Etats puissent également saisir les tribunaux d’arbitrage pour parvenir à un mécanisme de règlement des litiges qui soit juste.

Il est donc fondamental de faire connaître les ravages causés par un processus prétendument neutre qui organise dans le champ juridique la soumission des Etats aux intérêts privés des multinationales bien loin de la conscience des populations des pays qui en sont les victimes.

Face à la puissance de lobbying du secteur pour éviter des réformes, la diffusion de ses impacts est clé.

Heureusement, certains pays commencent à questionner l’arbitrage. Le processus est encore relativement nouveau et à cet égard c’est l’Amérique latine qui est en pointe du combat. En 2007, le président bolivien Evo Morales annonçait la sortie par la Bolivie du CIRDI - sans doute la plus importante instance d’arbitrage - , en 2009 c’était au tour de l’Equateur puis du Venezuela en 2012. Sous d’autres latitudes, l’Australie a annoncé à l’automne 2011 qu’elle n’intégrerait plus de mécanisme de règlement des différends lors de la signature de prochains accords de libre-échange. L’Afrique du Sud, elle, a signalé qu’elle ne renouvellerait plus les accords de libre-échange signés avec certains pays à l’expiration de ceux ci. Le mouvement est certes encore loin d’être massif mais ces initiatives pourraient donner l’exemple à d’autre pays.

Par ailleurs, l’Equateur qui s’était déjà montré en pointe en organisant un audit officiel de sa dette qui a donné lieu la reconnaissance d’une partie illégitime de la dette et à une économie de 7 milliards de dollars fait à nouveau figure de pionnier puisque le pays a mis en place une commission d’audit sur les traités d’investissement. Puisse la connaissance des conséquences catastrophiques de l’arbitrage et l’exemple de pays comme l’Equateur être une source d’inspiration.
Ce système en effet ne tient qu’à l’acceptation des pays. Si ils retirent leur consentement les plaintes deviennent sans objet.

Etant donné les enjeux économiques considérables pour les peuples du Sud comme du Nord, il est important que de plus en plus de pays quittent le CIRDI et imposent des moratoires sur les traités de libre-échange tels qu’ils sont constitués actuellement.

Enfin, il faut signaler la volonté au sein de l’Union des Nations Sud américaines (UNASUR) créée en 2008 de la constitution d’une nouvelle instance d’arbitrage pour l’Amérique du Sud en remplacement du CIRDI qui pourrait être l’embryon d’une nouvelle organisation juridique qui mettrait au premier plan le respect des droits humains et de l’environnement et qui contraindrait tout investissement au respect de ce cadre |12|.

Notes

|1| TNI/CEO Cuando la injusticia es negocio. Cómo las firmas de abogados, árbitros y financiadores alimentan el auge del arbitraje de inversiones, http://www.tni.org/sites/www.tni.or... ; également disponible en anglais http://www.tni.org/sites/www.tni.or...

|2| Ibid, p 7

|3| OECD (2012), Scoping paper for Investor-State Dispute Settlement Public Consultation 16 May - 23 July 2012, p18 in Ibid page 17

|4| Ibid page 35

|5| Goswarni Nina (2008) ICC left reeling as arbitration court chairman Tercier resigns ; The Lawyer, 31 mars in Ibid p.36

|6| Ibid p.38

|7| Ibid p.24

|8| UNCTAD (2011) Sovereign Debt Restructuring and International Investment Agreements, Issues Note No 2, July in Ibid page 31

|9| TNI/CEO, p 58

|10| Un produit dérivé est une opération à terme dérivant d’un actif dit " sous-jacent " (qui peut être une devise, une action, une matière première ou n’importe quel actif financier). Un exemple de produit dérivé est l’option d’achat (call) : une banque émet sur le marché une option d’achat sur, par exemple, le cours de l’action Monsanto (action " sous-jacente " de laquelle dérive l’option) au prix de 100 et à 10 mois ; moyennant le versement d’une prime, un investisseur va acheter cette option d’achat et ainsi détenir un droit d’achat sur l’action Monsanto au prix de 100 et sur un terme de 10 mois. A cette échéance, soit l’action vaut plus que 100 et l’investisseur peut acheter une action moins cher qu’elle ne vaut. Dans le cas inverse d’une action valant moins de 100 au terme des 10 mois, l’investisseur abandonne son option et le banquier empoche la prime. Si ces produits ont à l’origine été créés pour répondre aux fluctuations (sorte d’assurance offerte par un opérateur d’accord de courir le risque), ils en causent en définitive davantage en provoquant des vagues spéculatives (l’émetteur et l’acheteur de l’option vont ainsi spéculer sur l’action sous-jacente durant les 10 mois). Il existe une multitude de produits dérivés plus complexes les uns que les autres. Certains sont négociés sur des marchés organisés et contrôlés, mais la plupart des opérations se déroulent de gré à gré, c’est-à-dire en dehors de tout contrôle et dans une totale opacité.

|11| TNI/CEO, p 59

|12| "Avanza proceso de constitución para Centro de Arbitraje de UNASUR", 7 octobre 2013, http://cancilleria.gob.ec/avanza-pr...

 

 

Source : cadtm.org

 

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 18:09

 

Source : www.60millions-mag.com

 

Environnement - 20 mars 2014

Eau : le grand gaspillage qui va coûter très cher

 

 

 

Des milliers de kilomètres de tuyaux d’eau obsolètes vont devoir être remplacés. En attendant, ils continuent à fuir. Quelles villes sont les plus impactées ? La fondation France Libertés et 60 Millions de consommateurs publient le palmarès des fuites dans les grandes villes françaises.

Chaque année, 1,3 milliard de mètres cubes d’eau traités par les usines n’arrivent jamais au robinet. Soit 20 % des volumes perdus, mais payés par les consommateurs, même si c’est invisible sur les factures ! Le réseau de 850 000 km de canalisations qui achemine chaque jour  l’eau potable à 65 millions de Français souffre de nombreux dysfonctionnements.

Dans le cadre de leur Opération transparence commune sur l’eau, la fondation Danielle Mitterrand France Libertés et 60 Millions de consommateurs publient le palmarès des fuites dans les grandes villes françaises.

Ce classement a été établi à partir des données 2011 de la base statistique de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et des rapports annuels locaux sur le prix et la qualité du service de l’eau, ainsi que des informations directement fournies par les collectivités.

Un taux supérieur à 25 % dans un quart des préfectures

Deux préfectures sur trois n’atteignent pas l’objectif national. Le bilan parle de lui-même. Parmi les 97 préfectures (sur 101) dont les données ont pu être récupérées, deux préfectures sur trois n’atteignent pas l’objectif national fixé par la loi Grenelle II de 2010, visant à limiter le taux de fuites à 15 % de l’eau produite.

Dans un quart des préfectures, le taux de fuites dépasse même les 25 %. C’est notamment le cas, en métropole, à Digne-les-Bains (54 %), Bar-le-Duc (48 %) ou Nîmes (37 %), Tulle ou Evreux (36 %), ainsi que, dans les DOM, Saint-Denis-de-la-Réunion (46 %) ou Fort-de-France (41 %).

Dans le haut du classement, on trouve 33 préfectures avec un taux variant de 4 % à 15 %. Deux villes se hissent sur la première marche du podium : Le Mans et Rennes (4 %), devant Blois (5 %), Orléans et Moulins (7 %).

Tous les résultats sont disponibles sur le site prixdeleau.fr.

Un enjeu financier de 1,5 à 2 milliards d’euros par an

Pour rénover canalisations et branchements, encore faut-il connaître leur état. Le décret n° 2012-97 du 27 janvier 2012 obligeait les services de l’eau à dresser un descriptif très détaillé de leur réseau avant le 31 décembre 2013. Or nombre d’entre eux sont en retard.

À la veille des élections municipales et de la journée mondiale de l’eau, France Libertés et 60 Millions s’inquiètent de l’état du réseau et de l’incapacité qu’ont de nombreuses collectivités à anticiper les travaux à venir.

L’enjeu financier de la rénovation du réseau est colossal : il faudrait engager entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an pour réaliser les travaux nécessaires partout en France, soit plus du double du rythme actuel.

Plus on attend, plus la facture sera lourde

Et plus les élus attendent, plus la situation s’aggrave et plus grand est le risque de devoir agir dans l’urgence, endetter la collectivité et augmenter fortement la facture des usagers.

Au-delà de l’aspect économique, une question sanitaire est aussi en jeu : le vieillissement des réseaux peut aussi menacer la qualité de l’eau potable, qu’il s’agisse d’anciens branchements en plomb ou de canalisations plus récentes en PVC, susceptibles de relarguer des composés plastiques dans l’eau du robinet.

 

 

 

Source : www.60millions-mag.com

 

 

 

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19 mars 2014 3 19 /03 /mars /2014 16:11

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/la-redaction-de-mediapart

 

CO2 : la carte de la pollution mondiale


Depuis plusieurs jours, les médias et le gouvernement nous alertent sur la qualité de l’air, mettant en cause principalement les particules fines et oubliant un peu le CO2. L'infographie interactive ci-dessous permet de voir l’évolution des émissions de dioxyde de carbone dans une quarantaine de pays entre 1971 et 2007, de comparer les taux d’émissions de différents pays à une date donnée, d'inspecter l’évolution des émissions en France et ailleurs, et d’évaluer ainsi l’impact des politiques de diminution d’émissions suite à la ratification de différents traités internationaux sur l’environnement, comme le protocole de Kyoto. Cette infographie interactive a été développée par Jeremy Boy, chercheur en sciences de l'information et de la communication, afin d'étudier le comportement des internautes vis-à-vis de la visualisation « narrative » de données. En naviguant dans ce site, vous participez donc à sa recherche.

 


Objectif et méthodologie de la recherche

La littérature en InfoVis (Information Visualization) déclare souvent qu’une visualisation narrative (storytelling) peut engager le lecteur dans l’exploration de données. Le travail de thèse de Jeremy Boy consiste à vérifier cette idée reçue.

Pour mesurer la capacité de la narration à engager le lecteur dans l’exploration des données, le chercheur trace toutes les actions de bas niveau (interactions, temps passé, etc.) des lecteurs. Les données sont enregistrées à l’aide d’un système de traces développé à l’Inria dans le cadre de ce travail de recherche. Les données recueillies sont anonymes et ont pour vocation d’être utilisées uniquement pour ce projet. Les données ne seront pas partagées avec un tiers.

Etre relayé par Mediapart contribue « grandement à la validité écologique l'étude. Cela nous permettra d’avoir accès à un terrain intéressant composé de lecteurs réels situés dans des conditions réelles », écrit le chercheur.

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Ce projet s’inscrit dans le travail de thèse de Jeremy Boy en Sciences de l'Information et de la Communication.
Cette thèse est co-encadrée par Françoise Detienne (CNRS / Telecom ParisTech) et Jean-Daniel Fekete (Inria), avec le support de Remy Bourganel (EnsadLab). Ce travail est financé par l’Inria/Équipe Aviz.

Jeremy Boy est diplomé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) en design graphique / multi-média. Il est actuellement doctorant à l’Édite de Paris, inscrit à Télécom ParisTech. Il travaille principalement dans les laboratoires Aviz (Inria) et Sociable Media (EnsadLab). En parallèle, il poursuit une activité de designer graphique en freelance. Pour plus d’information
sur son travail, veuillez consulter son site: http://jyby.eu.

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 22:32

 

Source : www.reporterre.net

 

Le trafic des pesticides interdits est en plein boom

Olivier Mary (Reporterre)

mardi 18 mars 2014

 

 

 

Les fraises sont bourrées de pesticides interdits de longue date. On trouve aussi de ces poisons dans les carottes, radis, abricots, selon un rapport officiel passé inaperçu. Un véritable trafic de ces pesticides est en place, et se développe continuement. L’administration n’a plus les moyens de l’enrayer.


Fin 2013, la Direction générale de l’alimentation du ministère de l’agriculture (DGAL) a rendu publique une note d’information, faisant le bilan des plans de surveillance et de contrôle mis en œuvre par l’organisme en 2012. Les résultats sont édifiants.

Sur les 546 échantillons prélevés à la récolte, dont 324 échantillons de légumes et 222 de fruits, 55 présentent des résultats supérieurs aux limites maximales de résidus (LMR) et/ou des substances actives sans autorisation de mise sur le marché sur la culture (voir page 76 du document) :

Quarante-et-un d’entre eux affichent à la fois des traces de molécules interdites et dépassent les limites autorisées. Carottes, radis, abricots, ou concombres : aucun n’est épargné :

Mais c’est le cas des fraises qui est le plus inquiétant. Déjà révélé en juillet 2013 par une enquête de l’association Générations Futures, l’épandage en quantité de produits phytosanitaires parfois interdits par l’Union européenne, en particulier sur ces fruits rouges, est confirmé par les fonctionnaires du ministère de l’agriculture.

Imidaclopride, Pymétrozine, Acetamipride, Dicofol, et Endosulfan, voici le cocktail explosif présent sur les fraises contrôlées par le ministère. Le Dicofol, s’il n’est pas parmi les produits les plus toxiques, est quand même interdit depuis 2010 par les autorités de Bruxelles. Quant à l’Endosulfan, il est prohibé depuis 2008 suite à une décision européenne prise en 2005 !

En 2011, des représentants de 127 gouvernements se sont réunis à Genève afin de limiter la présence de cette substance dans les pesticides et insecticides et l’ont inscrite sur la liste noire de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP). L’objectif est son interdiction complète.

Irritations, hyperplasies de la thyroïde, diminutions de taux des hormones, voici quelques-uns des effets constatés chez les mammifères. Mais il est aussi extrêmement toxique pour les poissons d’eau douce, oiseaux et abeilles. Comment expliquer que l’on retrouve ce poison en de telles proportions plusieurs années après son retrait du marché européen ?

Des achats transfrontaliers illégaux

« Il est certain que certains agriculteurs se fournissent en produits phytosanitaires interdits à l’étranger, et notamment en Espagne, où, pendant des années, on a beaucoup utilisé l’Endosulfan dans des plantations de poivrons, » dénonce François Veillerette, porte parole de Générations Futures.

Un constat partagé par l’industrie des pesticides : « En Languedoc-Roussillon, ces importations pourraient représenter 70 % du marché total, évalué à trente millions d’euros. Il s’agit principalement de produits génériques achetés sous le couvert d’une AMM [autorisation de mise sur le marché] espagnole, qui n’ont pas fait l’objet d’une demande d’homologation en France ou, plus grave, de produits interdits en France mais vendus en Espagne par dérogation obtenue au motif de nécessité locale absolue. Tel a été, pendant des années, le cas de l’arsenic de sodium interdit en France depuis 2002 », a reconnu lors d’une audition au Sénat Daniel Roques, président de l’Association des Utilisateurs et Distributeurs de l’Agro-Chimie Européenne (AUDACE).

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 19:27

 

Source : animaux.blog.lemonde.fr

 

Amériques: le cauchemar des chevaux en fin de carrière

 

 

Des chevaux émaciés, malades ou blessés s’échangeant à bas prix sur les marchés aux enchères. Des bétaillères bondées, parcourant des milliers de kilomètres sans distribution d’eau ni de nourriture. Des centres de rassemblement regroupant des milliers d’animaux exposés au nord à la neige et au grand froid, au sud au soleil ardent ...  Tel est le calvaire qu’endurent la plupart des chevaux traversant les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, l'Uruguay ou l'Argentine avant de finir... dans les supermarchés français. Donc dans nos assiettes. Une réalité au parfum de scandale que révèle aujourd’hui l’association française L214 , spécialisée dans la défense du mieux-être des animaux d’élevage, au sortir d’une vaste enquête internationale menée en 2012 et 2013 avec les associations Tierschutzbund Zürich (Suisse), Animals Angels (USA), GAIA (Belgique) et Eyes on Animals (Pays-Bas).

Pour collecter leurs sinistres images, réunies dans un documentaire d'une trentaine de minutes, ces enquêteurs militants sont allés partout : sur les marchés aux enchères, dans les stations de collectes et les enclos d'exportation, aux points de contrôles vétérinaires, dans les feedlots (parcs d'engraissements intensifs) et dans les abattoirs. « Nous avons filmé de nombreux chevaux avec des plaies ouvertes, des yeux crevés, des membres déboités ou cassés, laissés sans soin ; d'autres morts, en décomposition, dans les feedlots », énumèrent-ils.  En plus d’être traités de façon indigne, ces chevaux ont souvent reçu au cours de leur vie des anti-inflammatoires de type phénylbutazone : une substance potentiellement dangereuse pour la consommation humaine, et interdite d’usage sur les animaux destinés à la boucherie dans l'Union européenne.

Dans plusieurs pays d’Amérique, « la phénylbutazone est en vente libre, les contrôles vétérinaires sporadiques, les registres inexistants ou non fiables », explique Brigitte Gothière, porte-parole de L214, qui précise que « plusieurs chevaux ayant reçu de la phénylbutazone ont été tracés jusque dans les abattoirs canadiens ». Les chevaux n’étant pas, à de rares exceptions près, considérés comme de la nourriture potentielle sur le continent américain - en Argentine, une loi en interdit même la commercialisation -, leurs propriétaires ne sont pas alertés sur le fait qu’ils finiront à la casserole. Selon les enquêteurs, ce sont le plus souvent« des animaux en fin de carrière (sport, travail ou loisirs), vieux, malades ou blessés, considérés comme désormais inutiles ou encombrants ». En bonne logique, ils ont donc reçu durant leur vie des traitements correspondant aux pathologies de leur espèce.

Pour les associations de défense des animaux d’élevage, le pire n’est pas ce (relatif) danger sanitaire.  Ce qui leur semble le plus inacceptable au regard des normes  de l’Union, ce sont les conditions de transport des chevaux. «  Si un abattoir, pour exporter, doit être agréé et appliquer la réglementation européenne, il n’est rien exigé concernant le transport », expliquent-elles. En Europe, le transport des animaux d’élevage est encadré, depuis 2005, par un règlement assez restrictif .Mais sur le continent américain, les législations sont très différentes.

« Les chevaux, précisent-elles, peuvent légalement être transportés jusqu’à 36 heures d’affilée en Argentine, en Uruguay et au Canada (contre 24h en Europe), dans des bétaillères sans ventilation, sans séparation voire sans toit. Il n’est alors pas rare de trouver des chevaux piétinés par les autres, des chevaux déshydratés et épuisés par ces transports très longs et éprouvants. Nous en avons rencontrés beaucoup au cours de notre enquête ».

En conséquence, L214 demande aux supermarchés français – Carrefour, Système U, Cora, Leclerc, Auchan, Intermarché, Casino - « de prendre leur part de responsabilité et de stopper les ventes de viande de cheval en provenance de ces pays, pour ne pas contribuer à maintenir le système en place et faire subir aux animaux des traitements cruels et illégaux en Europe ». Un vœu plus facile à formuler qu’à réaliser : en 2012, la France a importé 16.900 tonnes de viande de cheval pour une valeur de plus de 66 millions d'euros, dont au moins 60% provenait du continent américain.

Catherine Vincent

 

 

Source : animaux.blog.lemonde.fr

 

 

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 15:30

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

 

« Ondes, science et manigance »

Comment les géants de la téléphonie parviennent à semer le doute scientifique

par Simon Gouin 13 mars 2014

 

 

 

 

 

Semer le doute, financer des experts, alimenter la contradiction par de fausses recherches, jouer sur les mots : le documentaire Ondes, science et manigances nous plonge dans les stratégies des industriels de la téléphonie pour éviter tout débat sur les risques sanitaires des ondes électro-magnétiques. Pourquoi, malgré des centaines de recherches scientifiques, les responsables politiques peinent-ils à adopter des lois pour mieux protéger les populations ? Entretien avec les deux auteurs, Nancy de Méritens et Jean Heches.

 

Basta ! : Pourquoi avez-vous réalisé ce film ?

Jean Heches : Notre film est parti de cette question : comment les autorités sanitaires comme l’Organisation mondiale de la Santé peuvent nier la toxicité des rayonnement électromagnétiques, alors que des éléments scientifiques alimentent une importante controverse ? Dans le domaine scientifique, on ne peut parler de « preuve » que si on peut identifier les mécanismes d’action qui déclenchent une maladie. C’est la preuve absolue. Pour l’amiante, par exemple, comme on retrouve des particules dans les organismes malades, on a la preuve que le cancer a été déclenché par la fibre, visible au microscope. Entre ce niveau de preuve et le début d’un doute sur un agent toxique, il y a une gradation de la preuve à plusieurs niveaux. Aujourd’hui, avec la téléphonie mobile, on est à mi-chemin, avec une classification « probablement cancérigène ».

Mais comme nous ne sommes pas au plus haut niveau de la preuve, avec la connaissance des mécanismes d’action, les industriels martèlent : « Il n’y a pas de preuves ! ». Sous entendu, pas de preuve absolue. Il a fallu 30 ans pour comprendre le rôle du tabac dans le déclenchement du cancer du poumon. Les industriels, en exigeant la preuve absolue, gagnent du temps et écoulent leurs produits. Étrangement, l’OMS reprend cette terminologie : pas de preuves, donc pas d’effets.

Nancy de Méritens : On peut expliquer cette position en examinant les parcours des responsables de l’OMS. Le créateur du département ondes électromagnétiques, Michael Repacholi, a travaillé pour l’industrie nucléaire, puis comme expert pour les industries de l’électricité et de la téléphonie. Depuis son départ de l’OMS, il continue à faire la promotion de la technologie du « sans fil » pour les industriels. L’actuelle responsable, Emilie Van Deventer, est ingénieure en électronique et n’a aucune compétence médicale. Elle a co-signé des études avec des scientifiques qui sont au-delà du conflit d’intérêt. Ce sont des « scientifiques mercenaires », à la solde de l’industrie qui produisent une « fausse science », qu’ils arrivent à faire publier dans des revues à comité de lecture et polluent la vraie recherche. Ces « scientifiques » travaillent au sein de cabinets de défense de produits, des agences de communication spécialisées dans les questions scientifiques pour les industries à problème.

 

)

 

Quel est le rôle de ces cabinets de défense de produit ?

Jean Heches : Les premiers cabinets de défense de produits apparaissent aux États-Unis dans les années 50, pour défendre l’industrie du tabac, au moment où sont établis les premiers indices de la nocivité de la cigarette. Les ventes baissent. Grâce à des documents confidentiels déclassifiés, on sait que les industriels de la cigarette ont mis en place une stratégie qui s’appuie sur la création d’un doute scientifique artificiellement construit. Ils financent des études qui ne trouvent plus les résultats négatifs des études initiales. Ils communiquent alors sur ces études pour jeter le doute sur les premières, en disant : « Avant de pénaliser une industrie importante, il faut plus de preuves ». Dans le doute, les politiques ne prennent pas de décision. Ils retardent les lois pendant 30 ans, en vendant des milliards de paquets de cigarettes et en provoquant probablement la mort de milliers de personnes, qui croyaient que le tabac est inoffensif. Ces méthodes sont appliquées dans tous les domaines qui posent question : réchauffement climatique, OGM, pesticides, dioxine…

Nancy de Méritens : On retrouve les mêmes méthodes pour l’industrie de la téléphonie mobile. Avec le même scénario : dans les années 90, des études révèlent la toxicité des ondes électromagnétiques. Les gens annulent leurs abonnements. On a les preuves que Motorola met en place, à cette époque, une stratégie de défense de produit, en faisant appel au cabinet « Exponent » spécialisé dans les industries à problèmes. Les industriels financent ensuite beaucoup de recherches... qui ne trouvent pas d’effets nocifs à cette technologie. Ils financent aussi les universités en créant des liens de dépendance entre l’industrie et les étudiants, qui pourront devenir des collaborateurs serviables.

Des scientifiques qui travaillent pour ces cabinets ou des officines de promotion de l’industrie attaquent les chercheurs indépendants qui continuent à trouver des résultats inquiétants. Ce harcèlement à base de calomnie a pour but de nuire à la réputation des lanceurs d’alerte. Et partout dans le monde, des scientifiques en situation conflits d’intérêts, ou proches de l’industrie, siègent dans les instances de régulation sanitaire. Ce sont eux qui définissent les normes sanitaires sur la base de la « fausse science » déployée par l’industrie.

 

Dans le cas des ondes électromagnétiques, vous parlez de la « science au poids »...

Nancy de Mértiens : Les industriels financent souvent des « réplications », qui ne vont pas trouver les mêmes résultats que l’étude initiale. Ensuite, ils vont mettre ces études en parallèle : « Regardez : trois études montrent des effets négatifs et cinq études ne montrent rien. » C’est de la science au poids ! La réplication d’une étude est presque un non-sens, puisque de nombreux paramètres changent d’un labo à l’autre, le matériel, la situation géographique, le personnel, certains produits utilisés... Et parfois, on observe des modifications importantes dans les réplications, comme la durée d’expositions des rats, par exemple 30 minutes au lieu de deux heures dans l’étude initiale. Comme les décideurs lisent juste les conclusions des études, et qu’ils ne s’intéressent pas aux conflits d’intérêts de ces scientifiques, cela fonctionne.

Jean Heches : Les industriels ont dominé la recherche ces dernières années. Du coup, si on comptabilise les études « au poids », c’est plutôt le « pas de risque » qui l’emporte. Par contre, dans l’épidémiologie, l’étude des facteurs déclencheurs de maladies sur les populations, il y a des signaux inquiétants, sur les gros utilisateurs de téléphones, dont la probabilité d’avoir un cancer du cerveau est augmentée. Ces études ne peuvent pas être répliquées mais elle peuvent être ré-interprétées. C’est ce que vendent les cabinets de défense de produits aux industriels.

 

Dans votre film, vous citez une étude danoise emblématique de cette manipulation...

Jean Heches : Une véritable « prestidigitation scientifique ». Dans cette étude danoise sur les utilisateurs de téléphones portables, sur les 700 000 cas étudiés, les chercheurs ont écarté de l’étude 200 000 utilisateurs qui avaient des abonnements professionnels, donc les plus gros utilisateurs, ceux qui ont le plus de risques de développer des cancers. Si vous enlevez les gros fumeurs d’une étude sur le tabac, les chiffres seront faussés... Dans la présentation de leur étude devant la presse et les politiques, ils font leur mea culpa : « Il y a un gros problème de mauvais classement, en effet, mais néanmoins, l’étude fournit des preuves d’absence de risque de tumeur cérébrale majeure. » Hop, le tour est joué !

Cette étude a été ensuite largement reprise par les agences de santé publique, sur le net, partout. Pas étonnant que la plupart des gens croient que les ondes sont inoffensives. Ce qu’on oublie aussi de dire, c’est qui a financé cette étude : des opérateurs de téléphonie danois, à travers une fondation !

 

Vous avez aussi rencontré des victimes des ondes électromagnétiques, et notamment des personnes électrohypersensibles (EHS).

Jean Heches : Nous avons suivi des électrosensibles en Suède quand la 4G était déployée. La Suède est un enfer pour les électrosensibles ! La prise en charge proposée par l’Etat implique que les EHS acceptent de passer par la case psychiatrique et suivent une thérapie cognito-comportementale pour apprendre à se concentrer sur autre chose que leurs symptômes, quand ils souffrent. Pour avoir vécu le quotidien d’Ulrika, que l’on suit dans son déménagement dans le film, c’est une solution inadaptée à la situation des EHS. Elle est un cas extrême : elle vivait à côté d’un émetteur de télévision étant enfant, elle a travaillé ensuite comme commerciale avec son téléphone portable à l’oreille huit heures par jour. Elle ressent les antennes relais, les portables, les radars embarqués dans les avions, la WIFI des voisins, qui lui procurent des maux de têtes violents, des troubles de la circulation sanguine, des convulsions, et de l’atonie musculaire. Quand la goutte fait déborder le vase, par exemple un portable dans la rue, elle s’effondre par terre, ses muscles ne la portent plus. Quand elle s’éloigne ou se protège des rayonnements, ses symptômes s’atténuent et elle récupère. Elle a dû quitter son travail, la ville où elle habite pour une maison isolée en pleine nature.

Le plus tragique dans son histoire c’est que personne ne la croit. Elle souffre à longueur de journée. J’avais l’impression de faire un film sur la torture à Guantanamo en étant à leurs côtés. Le plus choquant, c’est que ces symptômes sont connus depuis les années 1970. L’armée américaine a étudié les effets des ondes pulsées des radars (la même technologie que les téléphones portables) sur les personnels des bases aériennes. On sait depuis quarante ans que cette technologie est nocive. Les militaires ont aussi noté la recrudescence des cancers des personnels exposés aux radars. Même si les normes d’exposition ont baissé, l’étude Interphone, en 2009, a montré que les gros utilisateurs de portables avaient un risque accru de cancer du cerveau. En épidémiologie, le suédois Leonard Hardell a montré de son côté que les adolescents avaient cinq fois plus de probabilité de développer des cancers du cerveau que les adultes à cause de l’usage des téléphones portables.

 

Vous êtes allés dans le Nord de la France, à Rexpoëde, où des cancers rarissimes sont apparus chez deux enfants d’une école située à proximité d’une antenne relais.

Nancy de Méritens  : Suite à cette affaire, l’association Priartem a tenté de déclencher une enquête sanitaire. Les services de l’État freinent des quatre fers, au motif qu’il faudrait un troisième enfant malade ! En France, il y a quand même six exemples où des enfants sont atteints de maladies rares, avec des installations à proximité des écoles. Les autorités se rangent du côté des industriels et n’ont pas une attitude précautionneuse. Les attributions de fréquences rapportent beaucoup d’argent à l’État, et le chantage à l’emploi n’est pas loin. Et puis, beaucoup de politiques confondent avancée technologique et progrès de civilisation. La manipulation de la connaissance est une véritable régression pour une civilisation, un retour à l’obscurantisme.

Jean Heches : Il y a quand même un aspect positif dans tout ça. Dans le film on peut voir à quel point le travail de la société civile est important. Si les associations n’allaient pas au charbon dans les conférences scientifiques, les auditions, ou dans les médias, les scientifiques mercenaires auraient la voie libre. Certains accusent les associations d’être « d’horribles groupes de pressions » qui attaquent les pauvres industriels qui ne peuvent plus travailler. C’est impressionnant de voir, malgré le déséquilibre des forces, comment les associations mettent en échec cette mécanique énorme. C’est un des aspects importants que nous avons voulu montrer dans le film, pour que les gens comprennent qu’ils peuvent agir et que cela donne des résultats.

Propos recueillis par Simon Gouin

Ondes, science et manigances sort en salle le 19 mars. En savoir plus ici

Photo de une : antenne de Breitenbach, en Alsace (Ondes, science et Manigances)

 

A lire sur Basta !  :
- Comment les industriels utilisent la science comme un instrument de propagande

Sur les ondes :
- Wifi, téléphonie, antennes : les députés plus sensibles aux intérêts commerciaux qu’à la santé des consommateurs ?
- Ondes électromagnétiques : vers un nouveau scandale sanitaire ?
- Opérateur de téléphonie cherche population cobaye
- Ondes électromagnétiques : encore une loi aux oubliettes

 

 

 

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Source : www.bastamag.net

 

 

 

 

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 16:10

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

Le coup d’Etat ukrainien a bien été piloté par les Etats-Unis : la preuve
Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 11/03/2014 à 16h08

 

 

« L’arroseur arrosé », rigole Olivier Berruyer sur son site les-crises.fr en transcrivant la fameuse discussion téléphonique piratée entre Olivia Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie d’Obama, et l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt. Dire qu’il y en a encore pour croire que Poutine est le seul responsable de la crise ukrainienne !

Cet enregistrement, datant vraisemblablement de fin janvier 2014, est disponible sur le web. Le fait qu’il ait été révélé par les autorités russes ne le rend pas moins crédible.

 

)

 

L’enregistrement de la conversation Nuland-Pyatt (en anglais)

On s’étonnera juste – ou au contraire, on ne s’étonnera pas du tout – qu’aucun média occidental n’ait jugé bon de mettre l’ensemble du texte un peu plus en évidence (à part le savoureux « fuck the EU ») tant il est accablant pour les autorités américaines.

Vous voulez juger par vous-mêmes ? Voici la transcription en français de la conversation entre une ministre américaine et un ambassadeur en poste dans un secteur très sensible.

« Je ne pense pas que Klitsch devrait être dans le gouvernement »

Victoria Nuland  : Que pensez-vous ?

Geoffrey R. Pyatt : Je pense que nous jouons. La pièce Klitschko [ex-boxeur et leader des émeutiers de la place Maïdan, ndlr] est évidemment l’électron le plus compliqué ici, en particulier le fait qu’on l’ait annoncé comme vice-Premier ministre. Vous avez vu mes notes sur la difficulté du mariage en ce moment, nous essayons d’obtenir une lecture très rapide pour savoir s’il fait partie de l’équipe. Mais je pense que votre raisonnement à son sujet, que vous aurez besoin de lui dire – je pense que c’est le prochain coup de téléphone que vous souhaitez organiser – est exactement celui que vous avez fait à Yats [surnom de Iatseniouk, actuel Premier ministre ukrainien]. Je suis heureux que vous l’ayez mis sur la sellette (…) Il s’inscrit dans ce scénario. Et je suis très heureux qu’il a dit ce qu’il a dit.

Victoria Nuland  : Bon. Je ne pense pas que Klitsch [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée .

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques. Je ne fais que réfléchir, pour trier les options pour avancer, nous voulons garder ensemble les démocrates modérés. Le problème sera avec Tyahnybok [leader du parti ultranationaliste Svoboda] et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch [président ukrainien déchu].

« Je pense Yats, c’est le gars »

Victoria Nuland  : Je pense Yats, c’est le gars. Il a de l’expérience économique et de l’expérience de gouverner. C’est le gars. Vous savez, ce qu’il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Nous aurons besoin de leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitschko entre, il va devoir travailler à ce niveau avec Iatseniouk, c’est juste que ça ne va pas marcher…

Geoffrey R. Pyatt : Ouais, ouais , je pense que c’est vrai. Ok , bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ?

Victoria Nuland  : Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ?

Geoffrey R. Pyatt : Non, je pense que c’est ce qu’il a proposé, mais connaissant leur dynamique interne lorsque Klitchko était le chien dominant, il va prendre son temps avant de se pointer à une de leurs réunions et doit déjà être en train de parler à ses gars. Donc je pense que si vous vous adressiez directement à lui, cela aiderait à faire de la gestion de personnalités parmi les trois. Cela vous donne également une chance d’agir vite sur tout cela et nous permettra d’être derrière avant qu’ils s’assoient et qu’il explique pourquoi il n’est pas d’accord.

Victoria Nuland  : Ok. Bon. Je suis heureuse. Pourquoi ne le contacteriez-vous pas pour voir si il veut parler avant ou après.

Geoffrey R. Pyatt : Ok, je vais le faire. Merci.

« Nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté »

Victoria Nuland  : Je ne me souviens pas si je vous ai dit ou si je n’en ai parlé qu’à Washington : quand j’ai parlé à Jeff Feltman [sous-secrétaire des Nations unies pour les Affaires politiques] ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU : Robert Serry [envoyé de l’ONU en Crimée, renvoyé comme un malpropre]. Je vous ai écrit à ce sujet ce matin.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, j’ai vu cela.

Victoria Nuland  : Ok. Il a obtenu aujourd’hui, à la fois de Serry et de Ban Ki-moon (secrétaire général de l’ONU), que Serry vienne lundi ou mardi. Ce serait formidable, je pense, ça aiderait à souder ce projet et d’avoir l’aide de l’ONU pour le souder et, vous savez quoi, de baiser l’Union européenne [le fameux « fuck the EU »].

Geoffrey R. Pyatt : Non, exactement. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour le faire coller à nous, parce que vous pouvez être sûre que s’il commence à prendre de l’altitude, les Russes vont travailler dans les coulisses pour essayer de torpiller. Et encore une fois le fait que c’est sur la place publique en ce moment, dans ma tête, je suis encore à essayer de comprendre pourquoi Ianoukovytch (…) ça. En attendant, il y a actuellement une réunion d’un courant du Parti des Régions et je suis sûr qu’il y a un débat très animé dans ce groupe à ce sujet. Mais de toute façon , nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté si nous nous agissons rapidement. Alors laissez-moi travailler sur Klitschko et si vous pouvez juste conserver… Je pense que nous devrions juste chercher à trouver quelqu’un avec une personnalité internationale pour accoucher de notre projet. L’autre question concerne Ianoukovytch, mais nous en reparlerons demain, nous verrons comment les choses commencent à se mettre en place.

Victoria Nuland  : Donc, sur ce point, Jeff, quand j’ai écrit la note, Sullivan [conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain] m’a répondu d’une manière très formelle en disant que j’avais besoin de Biden [vice-président des Etats-Unis] et j’ai dit probablement demain pour les bravos et pour réussir à faire coller les détails. Donc, Biden est prêt.

Geoffrey R. Pyatt : Ok. Très bien, merci.

Et le coupable est...

Bon, ça va, vous avez compris ? Qui osera dire après ça que les Etats-Unis d’Obama n’ont pas récupéré ce qui était au départ un mouvement de révolte populaire pour piloter directement le coup d’État ukrainien ? On notera qu’en s’excusant officiellement pour sa sortie sur ses pâles comparses européens, Victoria Nuland a de fait authentifié la réalité de cette conversation.

Les anglophones auront de plus apprécié le langage trivial employé par Mrs Nuland. A peu près aussi vulgaire que celui tenu par un ex-président français placé sous écoute par la justice de son propre pays. C’est qu’on se s’embarrasse guère de délicatesse chez les voyous.

Reste qu’il se trouvera toujours des sceptiques – ou affectant de l’être – qui hurleront au complotisme, ou en appelleront à la présomption d’innocence, ou tenteront de détourner l’attention sur les méfaits du vilain Poutine.

Je renvoie ceux-là à l’ensemble des billets consacrés à la crise ukrainienne par Olivier Berruyer qui, en bon actuaire, n’est pas du genre à avancer des affirmations sans sérieux biscuits.

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

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