De la viande dans plusieurs produits de légumes Bonduelle
Mauvaise nouvelle pour les végétariens. Vegemag est en mesure de révéler que de nombreux produits de légumes Bonduelle contiennent de la viande, alors même que rien ne l’indique sur les étiquettes.
Arômes naturels = Viande
L’information nous a été confirmée par le service consommateur de l’entreprise française leader mondial du légume prêt à l’emploi.
Il y a des « arômes naturels à base de viande » dans la plupart des produits vendus par l’entreprise.
Mais pour Bonduelle, nul besoin de préciser « à base de viande ». Pour ne pas déstabiliser le consommateur, qui s’attend à consommer des produits à base de légumes?
La lettre de Bonduelle qui confirme à Vegemag la présence de viande
Bonduelle met à jour son site Internet
L’entreprise Bonduelle s’est engagée à faire un pas en indiquant « Ne convient pas aux régimes végétariens » sur les fiches produits de son site Internet.
Pour autant, aucune modification des étiquettes d’emballages n’est envisagée.
LOI SUR LE RENSEIGNEMENT, DES SONDAGES COUSUS DE FILS BLANCS
Une loi liberticide, un "Patriot act" à la française, une surveillance de masse sans précédent... Non, la "loi pour le Renseignement" qui doit être votée le 5 mai ne fait pas vraiment l’unanimité.
Pourtant, selon les médias, cette loi a le soutien de l’opinion. D’après un sondage de l’institut CSA de la mi-avril, 63% des Français y sont favorables. Le chiffre est repris partout. Un excellent argument pour le gouvernement face à ses contestataires : les Verts, la gauche, la droite, la droite extrême, les militants politiques et syndicaux, les défenseurs des droits, y compris la CNIL...
Alors ?
Alors regardons d’un peu plus près ces sondages. C’est facile ils sont publiés sur le site de l’Institut CSA :
Question : Avez-vous entendu parlé de ce projet de loi ?
Réponse 1 - Non, je n’en ai pas entendu parlé : 27 %
Réponse 2 - Oui, mais je ne vois pas de quoi il s’agit : 40%
Donc, total des personnes qui n’y comprennent rien : 67%
À quoi s’ajoutent 5% qui sont sans opinion : 5%
Soit au total, ignorants, indifférents, incompétents : 72% !
Restent les « Oui, je vois bien de quoi il s’agit » : 28%
Question : Combien parmi ceux là sont favorables à la loi ?
Réponse : On ne sait pas
Question : D’où vient l’affirmation "63% des Français sont favorables à une limitation des libertés individuelles pour lutter contre le terrorisme" ?
Réponse : C’est un gros bobard.
Pas besoin d’être un grand de l’investigation pour le débusquer.
Abuser de la confiance, jouer sur les mots et sur les émotions avec autorité. Manipuler l’opinion est une vieille coutume. Ça ne marche pas toujours, heureusement. La preuve ce reportage d’Anaëlle VERZAUX et de Gaylord VAN WYMEERSCH dans les rues de Paris : SOURIEZ VOUS ÊTES SURVEILLÉS
Ferme des Mille vaches: un cheptel sous haute surveillance
Publié le 28/04/2015
PAR DENIS DEBLEDS (LE COURRIER PICARD)
Selon les opposants, la mortalité des animaux de la ferme des Mille vaches, située en Picardie, est très élevée. Sans dévoiler les chiffres, le responsable et les services de l’État avancent des explications.
Un taux de mortalité de 26 % à la ferme des Mille vaches ? Le chiffre aurait été communiqué lors de la réunion de l’instance locale d’information et de suivi (ILIS) de l’exploitation agricole, le 7 avril. Michel Kfoury, président d’honneur de l’association Novissen (Nos villages se soucient de leur environnement), opposée à la ferme située près d’Abbeville, l’a ensuite rendu public.
Ce taux est élevé. Concerne-t-il les vaches adultes, les jeunes, l’ensemble du cheptel ? S’il s’appliquait au nombre actuel d’animaux de la ferme (485 laitières adultes), 126 bêtes seraient mortes. S’il s’appliquait au cheptel de départ (13 septembre 2014), c’est-à-dire 135 vaches, on recenserait 35 décès.
Michel Welter, responsable de la ferme, refuse de donner les chiffres. « Un taux de mortalité se calcule en prenant le nombre d’animaux morts dans une année, par rapport au cheptel moyen de l’année. Nous n’avons que six mois de fonctionnement, on ne peut pas comparer à un taux calculé sur un an. »
Il poursuit : « Nous avons regroupé plusieurs élevages. Il y a des échanges de microbes et cela augmente toujours la mortalité. » Christophe Martinet, directeur départemental du service de la protection des populations, qui chapeaute les ex-services vétérinaires, confirme : « À chaque fois, les premiers mois sont difficiles. Chaque communauté d’animaux a son propre équilibre pour les microbes et les parasites. Un regroupement entraîne un déséquilibre. Mettre plusieurs troupeaux ensemble provoque un stress qui augmente la sensibilité aux maladies. »
Toujours sans dévoiler les chiffres, Michel Welter concède, pour les veaux nés à la ferme en décembre 2014, « une forte mortalité, mais ni plus ni moins importante que dans les élevages de la région suivis par notre cabinet vétérinaire ». « C’est dû au contexte climatique de décembre », affirme le responsable de la ferme. Les causes possibles sont multiples : problèmes pulmonaires, gastro-entérites… Les veaux de moins de 7 jours connaissent des pics de mortalité en juin, juillet et décembre, selon une étude de l’Institut national de la recherche agronomique.
Une chose est sûre, la ferme des Mille vaches est surveillée de près. L’État y a mené trois inspections interservices depuis son ouverture, alors que seuls 8 % des élevages de la Somme sont contrôlés chaque année : « Il a été décidé un suivi renforcé au démarrage de la ferme », commente Christophe Martinet.
Voilà une série documentaire interactive qui tombe à pic sur le fond, tout en étant une pure merveille sur la forme.
« Do Not Track », dont le premier épisodea été mis en ligne mardi, est produit par nos amis d’Upian, auxquels (outre le design de Rue89 depuis ses débuts...) on doit des webdocs comme « Alma » ou « Prison Valley ». Rue89 est partenaire de la diffusion de « Do Not Track ».
« Do not track »
Disons-le tout de suite, c’est flippant. « Do Not Track » nous met sous le nez l’ensemble des données que nous donnons sur nous-mêmes dans notre vie d’internaute (y compris, évidemment, sur Rue89...), et qui servent essentiellement à mieux « cibler » les pubs qui nous sont servies.
Les regrets de l’inventeur du pop-up
On le sait depuis longtemps, et pourtant on le vit de manière plus intense encore dans cette série, par une narration audacieuse, des tas d’exemples interactifs en entrant par exemple le nom de votre site d’info favori, et des témoignages d’acteurs et analystes de la saga numérique comme Ethan Zuckerman, l’inventeur du pop-up et qui l’a regretté depuis.
Le premier épisode, de la série réalisée par Brett Gaylor, avec le journaliste Vincent Glad en maître de cérémonie, nous fait revivre la montée en puissance du « tracking », des temps bénis où nul ne s’intéressait trop à ce qui se passait en ligne, jusqu’au règne impitoyable du « cookie » qui vous suit partout et auquel il est impossible de dire « non », sauf à se priver du Web.
Les initiateurs du projet s’expliquent :
« “Do Not Track” explore les différentes manières dont le Web moderne enregistre et traque nos activités, nos publications et nos identités. Pour vous aider à comprendre comment vos informations sont utilisées et collectées… nous vous demandons de participer avec vos données. Oui, vos données. Ça peut sembler paradoxal, mais c’est en vous prêtant au jeu que vous pourrez comprendre l’implication du tracking –- non seulement pour vous, mais pour vos amis ou votre famille.
Quelle est la valeur cachée derrière chacun de vos clics ?
Que se passe-t-il sans que vous vous en rendiez compte et sans votre consentement ?
Soyez curieux et reprenez le contrôle. »
Soyons des internautes conscients !
L’idée n’est pas de vous dégoûter du Web, la démarche est d’abord pédagogique, explicative, réalisée par des amoureux du Net, afin que nous soyions des internautes conscients ; premier pas vers la révolte ?
En poussant un peu plus loin la réflexion inspirée par ces images et ces témoignages, on rejoint évidemment le débat actuel sur la surveillance.
Plusieurs défenseurs du projet de loi gouvernemental ont défendu l’idée que les internautes ayant déjà cédé leur vie privée aux « marchands du temple » sur Internet, ils seraient malvenus de reprocher aux pouvoirs publics de faire la même chose alors que c’est pour leur sécurité.
Alors pour devenir des citoyens avertis, rendez-vous toutes affaires cessantes sur la plateforme « Do Not Track », non sans avoir autorisé les cookies à vous suivre, tout de même...
Le réseau social de Mark Zuckerberg a un appétit d’ogre pour vos données : non seulement si vous êtes sur Internet mais pas inscrit à Facebook, mais aussi de plus en plus dans le commerce « physique » aussi.
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, à Barcelone le 2 mars 2015 (AFP PHOTO/LLUIS GENE)
On le sait : Facebook collecte une quantité impressionnante d’informations sur le quotidien et le mode de vie de ses 1,4 milliard d’utilisateurs. Ce qu’on sait moins, c’est que Facebook ne se contente pas de collecter les données que vous postez volontairement. Votre navigation sur des millions d’autres sites est également prise en compte. Pour cela, il suffit d’insérer sur n’importe quelle page une touche « J’aime » ou une fonction de connexion, le fameux « login via Facebook ».
Making of
Wolfie Christl est chercheur, développeur web, activiste, artiste et plein d’autres choses encore. Il vit à Vienne, en Autriche. Il a écrit cet article dans le cadre du projet Do Not Track, dont Rue89 est partenaire, avec la participation de Christiane Miethge. Son texte est également publié, en allemand, par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La version française a été réalisée par Zineb Dryef. Rue89
Et même si vous n’avez pas de compte Facebook, vous n’échappez pas au tracking : les carnets d’adresses de vos amis inscrits sur le réseau social, dans lesquels sont répertoriés votre adresse mail et votre numéro de téléphone, sont soigneusement collectés.
Mais Facebook veut aller plus loin. Depuis 2013, le réseau social s’est adjoint les services d’autres fournisseurs de données : Acxiom, Epsilon, Datalogix ou Bluekai. Ces noms qui ne vous disent peut-être rien sont ceux des plus grosses boîtes de commerce de données.
Axciom gère les données clients de 15 000 entreprises partout dans le monde, y compris en France. Très discrète, cette firme américaine dispose ainsi des données (revenus, santé, opinion politique, etc.) de plus de 700 millions de personnes.
Données croisées
Ce que cette collaboration entre Facebook et ces boîteschange, c’est que désormais les deux mondes du « en ligne » et du « hors ligne » se rencontrent. Comment ? En croisant vos données. Celles de votre navigation sur le Net et celle de vos achats ou de vos intérêts manifestés dans un commerce (vous savez, ces fameuses cartes de fidélité et ces e-mails que vous laissez en quittant une boutique).
Bien sûr, ces informations ne sont jamais échangées directement (protection des données !). Les entreprises concernées ont dû se mettre d’accord sur une méthode d’anonymisation et transformer les adresses mails et les numéros de téléphone en codes numériques et alphanumériques. Mais toutes les autres données peuvent rester inchangées.
Le « hachage »est ainsi toujours effectué de la même manière, à partir d’une adresse mail ou d’un numéro de téléphone. Résultat : pas de nom, pas d’adresse mais un code. Et chaque code, malgré l’apparence de l’anonymat, correspond en réalité très précisément à une personne.
Jusqu’à maintenant, les utilisateurs étaient essentiellement surveillés en ligneà l’aide des cookies, ces petites données sauvegardées sur chaque ordinateur, sans même que l’utilisateur ne s’en aperçoive. Elles contiennent également un code spécifique, grâce auquel l’utilisateur peut être à nouveau identifié lors de sa visite suivante. Là, le ciblage ne peut fonctionner que si l’utilisateur utilise toujours le même ordinateur et le même logiciel de navigation. Dès que vous changez d’ordinateur, que l’ordinateur est utilisé par plusieurs personnes, les cookies se mélangent complètement. Ça ne marche carrément plus sur les smartphones et les tablettes.
Vous reconnaître sur tous les supports
C’est là qu’entre en jeu Atlas, la nouvelle acquisition de Facebook. Méconnue en France, cette plateforme publicitaire, rachetée à Microsoft en 2013, promet de contourner cette difficulté. Mieux, sa promesse est d’être capable de reconnaître une personne de façon précise, qu’elle soit connectée sur smartphone, sur tablette ou sur différents ordinateurs. Qu’elle utilise un objet connecté (bracelet de fitness, un appareil de navigation dans la voiture ou une télévision « intelligente) ou qu’elle fasse un achat en ligne, Atlas assure être toujours en mesure de la pister. Pour ne pas vous perdre de vue, la collecte d’informations est menée en continu.
Comment ? Chaque utilisateur Facebook possède un numéro spécifique, et Atlas connait ce numéro, car Facebook est inscrit sur le cookie Atlas lors de chaque connexion. Lorsqu’Atlas diffuse de la publicité sur l’un des sites internet liés à Facebook et que l’utilisateur consulte ce site, Atlas peut immédiatement reconnaître cet utilisateur.
Sur smartphones, la technologie diffère mais le principe est le même. Chaque appareil dispose d’un numéro d’identification unique qui fonctionne comme un cookie : dès que quelqu’un se connecte sur Facebook, le numéro de l’appareil se synchronise avec le numéro de compte Facebook.
Le réseau social prétend ainsi être en mesure de tracer en moyenne 60% du temps les applications, telles que Instagram et Whatsapp (rachetées par Facebook). Ainsi, si l’on combine les informations obtenues grâce aux cookies, aux numéros d’identification des appareils et au compte Facebook, le traçage entre différents navigateurs, appareils et plateformes est rendu possible.
Les achats en magasin aussi
Mais comment un achat en boutique peut-il être relié à un profil ? Il suffit qu’une adresse mail ou un numéro de téléphone soit indiqué lors du passage en caisse lorsque l’achat est réglé avec une carte de fidélité. Tout cela, Facebook le fait déjà mais toutes les possibilités de tracking sont loin d’avoir été entièrement exploitées et de nombreuses entreprises suivent les pas de Facebook.
Atlas annonce ainsi presque chaque semaine de nouveaux partenariats. Celui avec Merkle, une entreprise qui possède plus de quatre milliards de fichiers de données clients dans l’assurance et la finance, doit être dévoilé bientôt. BlueKai et Datalogix, avec lesquels Facebook collabore déjà, appartiennent désormais à Oracle, l’un des fabricants les plus importants au monde dans les domaines des bases de données et des logiciels permettant aux sociétés de gérer leurs données clients.
Des milliards de données exploitées pour des milliards de profits. En 2014, Facebook a vu son chiffre d’affaires atteindre 12,5 milliards de dollars, en hausse de 58%.
Accusé d’avoir participé à une manifestation interdite et d’avoir tenté de lancer un panneau sur un policier, Gaëtan Demay, un étudiant toulousain, a été condamné en appel à six mois de prison dont deux ferme. Dans la préfecture de Haute-Garonne, plus de 50 Toulousains ont été condamnés en six mois suite à des manifestations.
Sa condamnation a provoqué un large mouvement de solidarité sur les réseaux sociaux, allant bien au-delà des frontières françaises. Le 1er avril 2015, Gaëtan Demay, étudiant de 24 ans en histoire de l’art et archéologie à l'université du Mirail, écopait de six mois de prison dont deux ferme et de 1 100 euros de dommages et intérêts. Interpellé le 8 novembre 2014 lors d’une manifestation de soutien à Rémi Fraisse, le jeune homme est accusé d’avoir participé à un attroupement interdit et d’avoir tenté de lancer un panneau publicitaire sur un policier.
Les faits sont graves. Le 8 novembre, quelque 500 Toulousains, dont beaucoup d’étudiants venus du Mirail, manifestent sur les allées Jean-Jaurès à Toulouse contre les « grands projets inutiles », « les violences policières » et en mémoire du jeune écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive sur le chantier du barrage de Sivens. La veille, le préfet de Haute-Garonne a interdit le mouvement en raison des « exactions commises précédemment » et d’une déclaration faite « hors délai ». Toutes les artères adjacentes aux allées Jean-Jaurès sont bloquées par un impressionnant déploiement policier, prenant en étau les manifestants. (Voir le portfolio que nous avons publié au lendemain des faits.) Deux hélicoptères survolent la ville. Vers 18 heures, alors que le cortège se disperse lentement, Gaëtan Demay est interpellé boulevard de Strasbourg par des agents en civil de la Brigade spécialisée de terrain (BST).
Selon deux agents, il aurait tenté de forcer le cordon policier et aurait traité le fonctionnaire porte-bouclier de « fils de pute », avant de lancer dans sa direction le panneau publicitaire d’un vendeur de kebab voisin. Un lancer pitoyable, puisque le panneau, trop lourd, aurait atterri à un mètre du gardien de la paix. Ce dernier, qui n’a donc même pas été effleuré, dépose plainte pour violences volontaires. Dans sa déposition, ce policier de la BST indique qu’il était accompagné de deux collègues. Tandis que dans le procès-verbal d’interpellation rédigé par un autre policier, les flics étaient cinq à intervenir. Peu importe ces contradictions, Gaëtan Demay est embarqué pour 48 heures de garde à vue au commissariat de Toulouse. Circonstance accablante, il est porteur de deux bouteilles de bière vides, qui constituent, aux yeux des policiers, une preuve de sa volonté d'en découdre.
« Je suis militant féministe, insulter la mère des gens n’est pas mon style, proteste Gaëtan Demay. Et je ne vois pas qui serait assez stupide pour tenter de forcer tout seul un barrage de policiers avec casques et boucliers. D’après moi, les policiers devaient interpeller des gens et en ont pris un au hasard. » L’étudiant reconnaît sa participation à la manifestation interdite, mais dément tout le reste. « Vers 17 heures, l’étau s’est relâché, les manifestants ont commencé à repartir, mais les policiers ont continué leur ratissage jusqu'à 18 heures, explique Gaëtan Demay. Moi, je marchais le long du mur en écrivant un texto. Je ne faisais pas trop attention à ce qui se passait. Le cordon de CRS s’arrêtait à chaque intersection pour laisser passer la BAC (brigade anticriminalité) qui interpellait n’importe qui. Puis les policiers chargeaient. Ils m’ont dépassé deux fois et la troisième fois, je me suis pris un coup de matraque sur le mollet. Un policier en civil m’a poussé et mis des coups de matraque au sol. » L’étudiant affirme avoir boité pendant plusieurs jours et avoir eu des hématomes au dos, aux cuisses et aux avant-bras. Mais en garde à vue, le médecin qui l'a examiné ne lui aurait pas délivré d'interruption temporaire totale (ITT). La scène, plutôt confuse, est en partie visible sur cette vidéo (à partir de 5 min 4 s et jusqu'à 6 min 8 s). On voit d'abord Gaëtan Demay habillé d'un blouson en cuir, jean bleu et baskets blanches marcher avec une autre personne le long du mur tout à gauche, puis au sol au milieu de policiers, avec un foulard rouge.
Selon la police, 21 personnes ont été arrêtéeslors de cette manifestation. Au commissariat central, « les cellules étaient pleines, pas de couverture, ça sentait le vomi et la merde, et une geôlière chantait "Il est libre Max" », dit Gaëtan Demay. L’un de ses compagnons de cellule est « un jeune de 17 ans qui rentrait du travail ». Une première volée de manifestants sont condamnés en comparution immédiate le 10 novembre, dont un homme qui prend quatre mois ferme. Le 4 décembre, c’est au tour de Gaëtan Demay, qui a refusé la comparution immédiate, d’écoper de deux mois avec sursis et 1 100 euros de dommages et intérêts. Manifestement rédigé à la chaîne par le parquet de Toulouse, le procès-verbal de comparution immédiate fait référence, par erreur, au Code du sport (l'article L332-11 viséconcerneles interdictions judiciaires de stade !). Les faits de violences sont si peu établis qu’Hervé Barrié, le président du tribunal correctionnel de Toulouse, les requalifie en « tentative de violences volontaires », une infraction non punissable. Ce que relève immédiatement le procureur présent à l'audience.
L’étudiant fait donc appel. Mais si la copie du jugement reçue par son avocat, Me Julien Brel, mentionne bien qu'il n'a fait que « tenter » de blesser le policier, la condamnation ne fait pas état de cette requalification. Et pour cause. En consultant le dossier de son client au greffe, Me Brel s’aperçoit que la note d’audience a été blancotée pour transformer la « tentative de violences volontaires » en « violences volontaires ». Stupéfait, il saisit, le 27 janvier 2015, le président du tribunal de grande instance de Toulouse, Henri de La Rosière de Champfeu.
Après enquête, le président se fend, le 4 février 2015, d’une lettre de trois pages à Me Brel et au bâtonnier des avocats de Toulouse pour leur expliquer qu’il s’agit d’une « méprise complète entre le juge et la greffière ». Et surtout pas d’un faux. « Rien ne vient établir qu’il y aurait eu la volonté, de la part du juge, de forger un faux pour couvrir une illégalité », assure le magistrat, qui insiste dans son courrier sur « la bonne foi » du juge et de la greffière, ainsi que sur le « caractère exceptionnel voire unique » de cette « erreur ».
Que s'est-il passé ? La greffière se serait méprise sur les propos du juge, qui lui aurait recommandé, à l'issue de l'audience, de ne rien changer malgré l'illégalité de la décision. Puis, Hervé Barrié aurait tout simplement signé le jugement rédigé par sa greffière sans remarquer qu’il ne mentionnait pas la requalification. Cette « inattentionconstitue une négligence », écrit Henri de La Rosière. Pour finir, la greffière, « pour assurer la conformité de la note d’audience avec le jugement, a recouvert avec du correcteur blanc la mention de la note d’audience relative à la requalification, ce qui constitue une faute ». D’inattention en négligence, Hervé Barrié, qui s’était déjà illustré en septembre 2013 en accusant les Roms de « piller la France », a été privé de la présidence des audiences correctionnelles et sa greffière mutée dans un autre service. « Concernant d'éventuelles sanctions disciplinaires, cela relève désormais du président de la cour d’appel », nous a indiqué, ce 22 avril, le secrétariat général du président du tribunal de Toulouse.
Criminalisation des mouvements sociaux
Assemblée générale à l'université Toulouse II, le 16 avril 2015.
Suite à cette « erreur », la cour d’appel de Toulouse n'a pu que constater la « distorsion entre le jugement prononcé à l’audience et le jugement rédigé ». Et a dû annuler, le 1er avril, la décision du tribunal correctionnel. Ce qui n’a pas empêché les juges d’alourdir la peine de prison de Gaëtan Demay, portée à six mois dont deux avec sursis. L'étudiant a été condamné pour « participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser » et « violences n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail sur personne dépositaire de l’autorité publique ». La cour d'appel a considéré que, malgré l'absence de casier judiciaire, les faits « présentent une gravité particulière, s’agissant non seulement d’une atteinte aux personnes, mais de plus, dirigée contre des policiers ».
Congrès de l'Unef le 12 avril 2015.
« Si le droit de manifester constitue une liberté fondamentale, l’adhésion aux valeurs que cette manifestation entendait exprimer(…) n’autorise pas sous ce couvert à développer une agressivité significative en profitant de la confusion consécutive à la situation du refus des manifestants de quitter les lieux et en se donnant les moyens matériels de développer sa violence, pour commettre des actes au préjudice des policiers(…) uniquement parce qu’ils constituent la représentation visible de la puissance publique », justifie-t-elle dans sa décision. Tout comme lors de la première audience, le policier « victime » n’était pas présent à l'audience.
Membre du syndicat Solidaires étudiant-e-s et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), l’étudiant a préféré ne pas se pourvoir en cassation, « à cause des délais » et « pour ne pas faire retomber » le mouvement de soutien qui s'est constitué autour de lui. Son père, militant à Sud PTT dans la Nièvre, qui « s’est démené pour que je ne sois pas incarcéré », a été hospitalisé lasemaien dernière suite à un infarctus. « Il était à bout et n’admettait pas que je sois condamné à deux mois de prison pour rien, dit Gaëtan Demay. On ne savait pas s’il allait survivre. Heureusement il va mieux, et s'est réveillé hier. » L’étudiant, qui travaille comme vacataire à la fac et dans une boulangerie, attend toujours un rendez-vous avec le juge d’application des peines : « On m’a dit au palais de justice que ça pouvait prendre trois, voire six mois. »
Mouvement interprofessionnel du 9 avril 2015.
Selon un décompte militant, quelque 54 Toulousains ont été condamnés depuis novembre 2014 et les premières manifestations interdites contre le barrage de Sivens. Souvent en comparution immédiate, une procédure qui « présente toujours le risque d'une plus grande sévérité, car les prévenus ont moins le temps de préparer leur défense et le tribunal dispose de moins d'éléments d'appréciation », souligne Odile Barral, déléguée régionale du Syndicat de la magistrature à la cour d'appel de Toulouse. Prenant prétexte dequelques débordements réelslors de rassemblements en soutien aux zadistes, la préfecture de Haute-Garonne s’oppose désormais presque systématiquement aux rassemblements en centre-ville. Et la nouvelle municipalité UMP n'est pas en reste. « Nous en sommes réduits à lutter pour avoir le droit de lutter, dit Gaëtan Demay. Alors que nous ne faisons qu’exercer un droit fondamental, que le gouvernement se gargarisait de représenter après l’attentat à Charlie Hebdo. Et au premier mouvement de contestation, ils mettent ces droits au pilori ! » Le 6 mars 2015, quelque 500 militants toulousains, qui protestaient devant le Capitole contrel’expulsion annoncéede plusieurs syndicats dont la CGT de leur siège historique à la Bourse du travail, ont été gazéspar des policiers municipaux.
Le 7 mars, la section toulousaine de la Ligue des droits de l’homme (LDH) s'estvu interdire le centre-ville par la préfecture pour une manifestation organisée dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes (lire le communiqué du NPA 31). L’association s’inquiète de la « dégradation progressive » de « l’exercice des droits fondamentaux » à Toulouse avec des interdictions en pagaille, « un contrôle policier grotesque et démesuré » et leur « cantonnement à l’extérieur du cœur de la ville ».Le 21 mars, c’est une modeste marche « contre tous les racismes » et « l'islamophobie » qui provoque à nouveau un dispositif sécuritaire ahurissant : près de 600 policiers pour 300 manifestants,selon l’AFP.
Le 31 mars, Jean-Luc Moudenc, le maire UMP de Toulouse, refuse au NPA l’usage d’une salle municipale pour la tenue d’une réunion publique dénonçant « L’Apartheid, de l’Afrique du Sud à Israël ». Dans un communiqué, l’élu argue qu’il ne peut « tolérer qu’une réunion publique prônant la discrimination à l’égard de personnes de confession juives et de produits commerciaux associés à la religion juive et à l’État d’Israël se tienne à Toulouse, dans une salle municipale ». Il invoque également des « risques de trouble à l’ordre public ». À nouveau, la LDH s'insurge de cette décision « arbitraire qui s’inscrit dans la dérive actuelle qui tend, en termes de liberté d’expression, à faire prévaloir les décisions de coercition administrativea priori sur le pouvoir de contrôle judiciaire, garant du respect des libertés des personnes ».
En avril, chez des employés de Coca-Cola en lutte à Madrid.
Emmanuel Barot, maître de conférences en philosophie à l’université du Mirail, très actif au sein du collectif de soutien à Gaëtan Dumay, note une « convergence entre la préfecture et le nouveau maire UMP pour étouffer toute contestation radicale en criminalisant les mouvements sociaux ». « Depuis novembre, les manifestations sont fliquées et quadrillées avec un déploiement policier qui témoigne d’une volonté de ne laisser la rue à personne, estime-t-il. Ce qui peut faire penser que Toulouse sert de laboratoire d’un nouveau mode de gestion de la rue. »
Le 16 avril, au Mirail, une assemblée générale réunissant étudiants et personnels a voté la création d'un collectif unitaire contre la répression. Deux rassemblements en soutien à Gaëtan ont eu lieu vendredi 17 avril devant la fontaine Saint-Michel à Paris et place Jean-Jaurès à Toulouse. Le même jour, le secrétaire national du Parti de gauche Éric Coquerel et l’ex-porte parole du NPA Olivier Besancenot ont dénoncé lors d’une conférence de presse « la répression et la criminalisation du mouvement social ». « Le cas de Gaëtan condense deux scandales en un, estime Olivier Besancenot dans un communiqué commun. D'abord une peine révoltante à elle seule, qui porte sur le seul fait d'avoir manifesté. Et ensuite tout ce que ça implique, quand on voit la loi sur le renseignement. Parce que si cette loi passe, des Gaëtan il va y en avoir partout. » Dans Libération, une cinquantaine de personnalités se sont, elles, alarmées sous le titre « Manifester en France, c'est risquer de finir en prison ».
Les militants toulousains cherchent désormais à tisser des liens avec les comités de soutien d’autres manifestants condamnés, comme cet étudiant italienarrêté le 18 mars à Francfort (Allemagne) lors dela journée d'actioncontre la Banque centrale européenne organisée par la coalition Blockupy. « Nous voulons reconstruire une solidarité à une nouvelle échelle entre tous ceux qui sont condamnés pour avoir manifesté leur opposition aux politiques sociales, environnementales et économiques actuelles », dit Emmanuel Barot. Malgré sa condamnation, Gaëtan Demay est déterminé à « leur montrer qu'on ne se laissera pas faire ». « Nous voulons construire autre chose et leur répression ne nous impressionne pas », lance le jeune homme.
Boîte noire : Toutes les photos (à l'exclusion de la première) utilisées dans cet article proviennent dela page Facebook « Pas de prison pour Gaëtan ».Me Julien Brel, qui ne défend plus Gaëtan Demay, n'a pas souhaité s'exprimer.
L’examen du projet de loi sur le Renseignement a pris fin jeudi 16 avril. Le texte est vivement critiqué pour son caractère dangereux, intrusif, attentatoire aux libertés. La Quadrature du Net appelle les députés à rejeter le projet de loi lors du vote solennel du 5 mai.
Le 5 mai, le texte final du projet de loi relatif au Renseignement sera soumis à l’adoption de l’Assemblée nationale en vote solennel, avant d’être envoyé au Sénat pour une lecture unique, dans le cadre de la procédure d’urgence.
Points anti-démocratiques
Alors que de nombreuses questions soulevées lors de la discussion en séance n’ont pas reçu de réponse satisfaisante du gouvernement et du parlement, les principaux points noirs du texte ont été votés :
légalisation massive des pratiques illégales des services de renseignement, permettant une surveillance large et très intrusive pour la vie privée des citoyens, ainsi que des conservations très longues des données collectées ;
extension des champs d’action du renseignement intérieur et extérieur, avec des finalités extrêmement vastes et dangereuses pour la démocratie ;
dispositions permettant la collecte généralisée des données des citoyens sur Internet afin de permettre le tri par algorithmes des comportements « suspects » ;
mise en place d’un régime de « surveillance internationale » pour les communications « émises ou reçues à l’étranger », qui concernera donc massivement les résidents français tout en contournant les maigres protections prévues pour la surveillance nationale ;
installation d’une commission de contrôle n’ayant qu’un avis consultatif sur les demandes d’interceptions, celles-ci demeurant dans la main du pouvoir politique (Premier ministre).
Modifications cosmétiques et opportunistes
Les trop rares députés qui se sont opposés au rapporteur Urvoas et aux ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense se sont vus opposer des réponses fuyantes ou elliptiques à leurs questionnements pourtant très précis du point de vue technique et juridique...
Près de 700 personnes sont décédées dimanche dans les eaux de la mer Méditerranée. Quelques jours auparavant, quasiment dans les mêmes conditions 400 personnes étaient déjà mortes. Depuis le début des années 2000, ce sont ainsi plus de 20 000 êtres humains qui ont disparu, après avoir embarqué sur des navigations de fortune, risquant leur vie tout simplement dans l’espoir d’un lendemain meilleur.
Cette liste macabre doit cesser de s’allonger semaine après semaine.
Les gouvernements des pays d’Europe, et du bassin méditerranéen doivent réagir immédiatement et prendre des mesures efficaces sans attendre.
Sans quoi, l’horreur va continuer, et d’autres drames identiques, voire plus meurtriers, se reproduiront. La non assistance à migrants en danger doit cesser.
L’immigration ne doit plus être un sujet instrumentalisé par des forces politiques, provoquant peurs et fantasmes semblant tétaniser bon nombre de responsables politiques. Les migrants ne sont pas des coupables, ils sont des victimes des grands désordres du monde du 21e siècle.
A contre courant du flot de paroles mensongères et simplistes que l’on entend, un débat apaisé et sérieux doit avoir lieu en France et en Europe, sur les politiques d’immigration. Eclairés par des arguments rationnels, nos concitoyens doivent se forger une opinion et saisir tous les enjeux de ces difficiles problématiques.
Convaincu que nous ne pourrons vivre réellement libre si nous laissons des milliers d’êtres humains périr dans le silence des eaux glacées des calculs égoïstes, le Musée de l’immigration, fidèle à la mission que lui ont confié les pouvoirs publics, entend prendre toute sa place dans cette réflexion exigeante.
Benjamin Stora
Président du Conseil d’orientation du Musée de l’immigration
Jusqu'au printemps 2015, le drame de Lampedusa d'octobre 2013 – au cours duquel 366 migrants avaient trouvé la mort –, demeurait la plus grande tragédie migratoire de la Méditerranée de ce début du XXIe siècle.
1 600C'est le nombre de migrants portés disparus en mer Méditerranée depuis le 1er janvier 2015, sur les 35 000 arrivés par bateau dans le sud de l'Europe, selon les estimations du HCR.
1600, c'est donc aussi le nombre de morts qui pourrait avoir été atteint en l'espace de seulement quatre mois – déjà 900 morts recensés depuis le début de l'année, auxquels pourraient s'ajouter les quelque 700 disparus du naufrage de ce week-end –, contre à peu près 90 lors de la même période de l'année dernière. Soit environ, depuis le 1er janvier 2015, 400 morts par mois et, en moyenne, un mort toutes les deux heures si ce bilan se confirme.
« Si les chiffres sont confirmés, cela porterait à plus de 1 500 le nombre de migrants qui se sont noyés dans les eaux entre la Libye et l'Italie depuis le début de l'année », note, elle aussi, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un « chiffre par défaut » qui devrait encore s'alourdir en fonction de l'évolution des bilans – pour l'heure, le bilan officiel du naufrage du 19 avril est de 24 morts et 28 rescapés, selon les gardes-côtes italiens.
21 191 C'est le nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes depuis le 1er janvier 2015, d'après les estimations de l'OIM au 17 avril – un bilan qui ne prend pas en compte les arrivées qui pourraient faire suite au naufrage du 19 avril.
A titre de comparaison, au 30 avril 2014, le nombre total d'arrivées s'élevait à 26 644, d'après les données fournies par le ministère de l'intérieur italien. Quant au nombre d'arrivées sur toute l'année 2014, il est estimé à 170 000. Chaque jour, entre 500 et 1 000 personnes sont récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands.
150 000 C'est, au moins, le nombre de personnes qu'a permis de secourir l'opération « Mare Nostrum » entre octobre 2013 et octobre 2014, selon la marine italienne, soit plus de 400 personnes par jour en moyenne. L'opération militaro-humanitaire lancée par l'Italie pour surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre la Méditerranée a aussi permis d'arrêter 351 passeurs.
3 millions C'est le budget mensuel, en euros, de l'opération « Triton », lancée le 1er novembre 2014 après la fin de « Mare Nostrum ». La durée de l'opération, qui n'a pas été définie, dépend essentiellement du budget alloué à l'Agence de contrôle des frontières extérieures de l'Europe (Frontex) en 2015 : à hauteur de 114 millions d'euros (soit environ 9,5 millions d'euros par mois, l'équivalent du budget mensuel alloué à la seule opération « Mare Nostrum », de 9 millions d'euros par mois), il demeure modeste.
2 510 000 C'est la superficie en kilomètres carrés de la mer Méditerranée. « Nous ne pouvons pas oublier que la Méditerranée est immense [...], on ne peut pas contrôler et surveiller absolument toutes les zones où l'on peut éventuellement avoir des migrants et tenter d'éviter des tragédies », a déclaré lundi 20 avril le directeur adjoint de Frontex, Gil Arias.
Au rang des solutions pour éviter les naufrages de migrants, ce dernier a dit envisager l'ouverture de « nouvelles voies d'immigration légale » pour les personnes fuyant les conflits.
5 C'est le nombre d'Etats de l'Union européenne – l'Italie, l'Allemagne, la France, la Suède et le Royaume-Uni –, sur vingt-huit, qui acceptent d'accorder l'asile politique aux migrants.
« Cinq sur vingt-huit… Le fardeau doit être mieux réparti. En Italie, nous sommes submergés, et il n'y a même plus de place dans les cimetières de Sicile pour ensevelir les morts », a déclaré au Monde le secrétaire aux affaires européennes, Sandro Gozi.
Voilà une série documentaire interactive qui tombe à pic sur le fond, tout en étant une pure merveille sur la forme.
« Do Not Track », dont le premier épisode a été mis en lignemardi, est produit par nos amis d’Upian, auxquels (outre le design de Rue89 depuis ses débuts...) on doit des webdocs comme « Alma » ou « Prison Valley ». Rue89 est partenaire de la diffusion de « Do Not Track ».
« Do not track »
Disons-le tout de suite, c’est flippant. « Do Not Track » nous met sous le nez l’ensemble des données que nous donnons sur nous-mêmes dans notre vie d’internaute (y compris, évidemment, sur Rue89...), et qui servent essentiellement à mieux « cibler » les pubs qui nous sont servies.
Les regrets de l’inventeur du pop-up
On le sait depuis longtemps, et pourtant on le vit de manière plus intense encore dans cette série, par une narration audacieuse, des tas d’exemples interactifs en entrant par exemple le nom de votre site d’info favori, et des témoignages d’acteurs et analystes de la saga numérique comme Ethan Zuckerman, l’inventeur du pop-up et qui l’a regrettédepuis.
Le premier épisode, de la série réalisée par Brett Gaylor, avec le journaliste Vincent Glad en maître de cérémonie, nous fait revivre la montée en puissance du « tracking », des temps bénis où nul ne s’intéressait trop à ce qui se passait en ligne, jusqu’au règne impitoyable du « cookie » qui vous suit partout et auquel il est impossible de dire « non », sauf à se priver du Web.
Les initiateurs du projet s’expliquent :
« “Do Not Track” explore les différentes manières dont le Web moderne enregistre et traque nos activités, nos publications et nos identités. Pour vous aider à comprendre comment vos informations sont utilisées et collectées… nous vous demandons de participer avec vos données. Oui, vos données. Ça peut sembler paradoxal, mais c’est en vous prêtant au jeu que vous pourrez comprendre l’implication du tracking –- non seulement pour vous, mais pour vos amis ou votre famille.
Quelle est la valeur cachée derrière chacun de vos clics ?
Que se passe-t-il sans que vous vous en rendiez compte et sans votre consentement ?
Soyez curieux et reprenez le contrôle. »
Soyons des internautes conscients !
L’idée n’est pas de vous dégoûter du Web, la démarche est d’abord pédagogique, explicative, réalisée par des amoureux du Net, afin que nous soyions des internautes conscients ; premier pas vers la révolte ?
En poussant un peu plus loin la réflexion inspirée par ces images et ces témoignages, on rejoint évidemment le débat actuel sur la surveillance.
Plusieurs défenseurs du projet de loi gouvernemental ont défendu l’idée que les internautes ayant déjà cédé leur vie privée aux « marchands du temple » sur Internet, ils seraient malvenus de reprocher aux pouvoirs publics de faire la même chose alors que c’est pour leur sécurité.
Alors pour devenir des citoyens avertis, rendez-vous toutes affaires cessantessur la plateforme « Do Not Track », non sans avoir autorisé les cookies à vous suivre, tout de même...
L’article à lire pour comprendre le projet de loi sur le renseignement
Surveillance de masse, renforcement des moyens contre le terrorisme, libertés individuelles et sécurité… Francetvinfo démêle pour vous le texte qui arrive à l'Assemblée nationale.
Etienne Combier
Mis à jour le , publié le
C’est un texte qui agite les défenseurs des droits et des libertés depuis sa présentation, le 19 mars dernier. Le projet de loi sur le renseignementdéchaîne les passions entre le gouvernement et les opposants à ces dispositions.
Le texte, qui arrive lundi 13 avril en première lecture à l’Assemblée nationale, dispose d’un vaste soutien politique. Le PS comme l'UMP sont décidés à le voter, dans un réflexe d’union nationale après les attentats des 7 et 9 janvier. Mais au vu du peu de temps disponible pour lire ce projet très technique, les opposants craignent que peu de députés comprennent véritablement ce qu’ils s'apprêtent à voter. Francetvinfo a fait ce travail d'éclairage pour vous.
Pourquoi une nouvelle loi ?
Après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge, et porte de Vincennes, le gouvernement a insisté sur le manque de moyens donnés aux services de renseignement. Plus particulièrement, le projet de loi sur le renseignement veut mettre en place un cadre légal sur des pratiques des services qui étaient illégales. Si un rapport parlementaire a été publié en 2013, proposant des réformes des services de renseignement, les attentats de janvier ont tout accéléré. Au point que le gouvernement souhaite voir sa copie adoptée d'ici l'été.
Pour le gouvernement et les partisans de ce texte, il s’agit de réformer la dernière loi antiterroriste, qui date de 1991. Il est à noter que les services disposent déjà de moyens étendus depuis la loi de programmation militaire votée en décembre 2013, mais aussi depuis la loi de lutte contre le terrorisme en 2006, qui permet déjà aux services de procéder à des écoutes des communications dites “administratives”, c’est-à-dire uniquement du ressort du Premier ministre. Aujourd’hui, environ 6 000 écoutes sont demandées chaque année.
Qu'y a-t-il de plus dans cette nouvelle loi ?
Cette loi autorise les services de renseignement à faire des écoutes bien plus intrusives que précédemment. Si ce projet est adopté en l'état par le Parlement, les services pourront poser des micros dans un appartement ou un véhicule, installer des balises GPS ou écouter des communications téléphoniques, sans l'accord d'un juge. Ils pourront également utiliser des IMSI-catchers, un dispositif qui permet d’écouter toutes les communications (téléphoniques comme électroniques) dans un rayon de 500 mètres à un kilomètre.
Et comme le terrorisme se développe de plus en plus sur internet, le renseignement sera désormais autorisé à récupérer les “métadonnées” des échanges électroniques, soit les informations qui entourent une conversation : qui envoie un message, à qui, quand, par quel support. Ces métadonnées sont différentes du contenu explicite des messages, qui ne sera pas collecté. Une surveillance du clavier d’un suspect, ou keylogger, pourra également être demandée, ce qui permettra aux services de tout savoir de ce que l’on tape sur son clavier. Enfin, l’internet français pourra être espionné à la source, chez les fournisseurs d'accès et hébergeurs, à l’aide de "boîtes noires".
Concrètement, les services pourront ainsi surveiller physiquement et électroniquement des individus particuliers : d’une voiture au téléphone en passant par les communications électroniques.
Attendez, ça veut dire que tout internet sera espionné ?
De fait, oui. Car la surveillance à la source d’internet se fera à l’aide de "boîtes noires", ce qui pose le plus problème. Le projet de loi prévoit d’installer des boîtiers chez les fournisseurs d’accès internet et les hébergeurs de données pour surveiller l’ensemble du trafic internet qui transite par la France. Ces boîtes noires auront comme objectif de détecter des “comportements suspects” en analysant les comportements des citoyens français sur la toile. La détection se fera au moyen d’un algorithme, soit un mécanisme élaboré par des humains mais mis en œuvre par des machines. Si ce type de comportement est remarqué, une alerte sera envoyée aux services de renseignement. On ne sait pas encore ce à quoi correspond un “comportement suspect”.
Un comportement suspect est-il forcément celui de quelqu'un qui veut commettre un acte terroriste ?
Non, pas seulement. Contrairement à ce qui dit la communication gouvernementale, le projet de loi ne concerne pas uniquement la lutte antiterroriste. Le renseignement, c’est la recherche d’informations et leur analyse. On y inclut les domaines économique, financier ou scientifique. Concrètement, l’espionnage industriel, la lutte contre le blanchiment ou la veille scientifique font partie du renseignement.
Cette dimension très large est présente noir sur blanc dans le projet de loi. De fait, les moyens ne s’appliqueront pas uniquement au terrorisme, mais dans sept domaines définis par le projet de loi, dont "l’indépendance nationale", "les intérêts majeurs de la politique étrangère", les "intérêts économiques industriels et scientifiques majeurs de la France", ou même "la prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, des violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale, de la reconstitution ou d’actions tendant au maintien de groupements dissous". Les motifs se révèlent particulièrement vastes.
Et je peux être surveillé, moi ?
Malgré les dénégations du gouvernement qui jure qu’il ne s’agit pas d’une surveillance de masse, la formulation extrêmement vague du comportement suspect ou même des motifs de surveillance possibles font craindre aux opposants que cette loi puisse être utilisée pour surveiller l’ensemble de la population. Car si les "boîtes noires" ne font remonter que les comportements suspects, elles analyseront tout le trafic internet.
De plus, si des communications chiffrées sont interceptées sur internet ou par les écoutes des services, les données pourront être conservées indéfiniment, afin de laisser du temps aux services de décrypter les échanges. Si ces données ne sont pas chiffrées, elles pourront être conservées entre 12 mois et 5 ans. Mais rien ne décrit dans la loi comment ces données seront utilisées ou contrôlées. Nos confrères de Libération ont, à ce propos, réalisé un questionnaire qui vous permet d'estimer à quel point vous êtes concerné.
Mais si je n’ai rien à me reprocher ?
Comme expliqué précédemment, l’ensemble du trafic internet français sera espionné d’une manière ou d’une autre par les "boîtes noires". Donc, même si vous n’avez rien à vous reprocher, il y a des chances que vous puissiez être espionné sur internet. Un autre point clé de cette loi est qu’elle cherche à "prévenir" le terrorisme.
En passant, elle s’inspire de la NSA américaine, l'agence de sécurité des Etats-Unis, en prévoyant de surveiller les personnes à N+1, le N étant le suspect. Si vous entrez en contact avec lui d’une manière ou d’une autre, vous pourrez être espionné. Au-delà des spécificités techniques, le projet cible le "préterrorisme", fondé sur une présomption de culpabilité, qui abaisse considérablement le seuil de la détection.
C’est pour cela que des opposants manifestent ?
Cette surveillance de masse est précisément un des points clés de la manifestation organisée lundi 13 avril par les opposants à cette loi devant l’Assemblée nationale. Ils vont, a recensé Le Monde, du juge antiterroriste Marc Trevidic à l’association de défense des libertés individuelles sur internet la Quadrature du net en passant par la Ligue des droits de l’homme, la Cnil ou Reporters sans frontières. Ils craignent que ce projet de loi soit une atteinte irrémédiable à la vie privée des individus surveillés, et globalement une perte de sécurité dans les communications. Les "boîtes noires" ou les IMSI-catchers sont particulièrement combattus, car ils sont très intrusifs. Face à l’importance de ce texte, les opposants réclament plus de temps, alors que le projet de loi est examiné en "procédure accélérée", soit une seule lecture par l’Assemblée nationale et le Sénat.
Ils luttent également pour obtenir des garanties plus importantes face à l’étendue des nouveaux moyens confiés aux services. Et notamment qu’un juge procède au contrôle des écoutes. Car, dans le projet de loi actuel, les nouveaux moyens des services de renseignement pourront être mis en œuvre sans le contrôle d’un juge. Plus précisément, le contrôle est laissé à la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) qui ne dispose que d’un avis consultatif. Le vrai pouvoir de décision reste entre les mains du Premier ministre.
Et si jamais les services se trompent ?
Le gouvernement a bien insisté sur le contrôle du processus par la CNCTR. Concrètement, les services font une "demande motivée" au Premier ministre pour utiliser un moyen de surveillance. Cette demande est examinée par la commission, qui rend un avis. Mais en cas d’urgence décrétée par le Premier ministre, aucun avis n’est requis, et aucun contrôle n’est possible pendant 48 heures. Ainsi, le chef du gouvernement a toute latitude pour autoriser ou non les écoutes.
Cependant, si la CNCTR s’oppose à une écoute, elle peut saisir le Conseil d'État. Innovation du texte, un citoyen pourra également saisir directement cette institution s’il pense être surveillé. Si le Conseil d'État considère que l’écoute a été réalisée sans motifs réels, il ordonne la suppression des données collectées. Le citoyen ne pourra cependant pas savoir comment il a été surveillé, ni même ce qui a été surveillé.
J'ai eu la flemme de lire tout l'article, vous pouvez me faire un résumé ? ;)
Après les attentats de janvier en France, le gouvernement a voulu réagir et a présenté un projet de loi de renseignement, qui est examiné le 13 avril à l’Assemblée nationale. Le gouvernement veut le voir adopté d’ici à l’été prochain. Ce texte étend les moyens des services de renseignements, qui pourront écouter une personne dans sa voiture, son appartement, lors de ses appels téléphoniques et sur internet. Tout cela sans le contrôle d’un juge. De plus, le projet de loi prévoit l’installation de "boîtes noires" qui pourront espionner l’ensemble du trafic internet en France à la recherche de "comportements suspects" qui seront ensuite remontés aux services. Le projet de loi n’est pas uniquement destiné à la lutte antiterroriste, mais également au renseignement économique, technique et scientifique.
Côté politique, le PS et l’UMP soutiennent le texte, qui a de grandes chances d’être adopté en l’état. Cependant, les opposants sont nombreux, du juge antiterroriste Marc Trevidic à l’association de défense des libertés individuelles sur internet la Quadrature du net en passant par la Ligue des droits de l’homme, la Cnil ou Reporters sans frontières. Ils réclament plus de contrôle sur les nouveaux moyens accordés aux services et l’abrogation de la partie du projet de loi sur les boîtes noires. Pour l’instant, le Premier ministre a toute latitude, selon le texte, pour autoriser ou non les écoutes. Une commission est chargée de contrôler a priori et a posteriori, mais elle ne dispose que de pouvoirs consultatifs.
Dans un silence assourdissant, l'Office Européen des brevets (OEB) vient de décréter la brevetabilité du vivant ! Une interprétation des textes abracadabrantesque...
"Dépêchons-nous d'en rire, avant d'avoir à en pleurer"... se dit aujourd'hui le milliard et demi de paysans qui replante d'années en années les semences issues de leur propre récolte.
La Grande chambre des recours de l'OEB du 25 mars a décrété qu'un "produit obtenu par un procédé essentiellement biologique est brevetable". C'est-à-dire que toute nouvelle variété obtenue par croisement naturel, dont celles se développant toutes seules, comme des grandes, dans la nature, sont brevetables !
Petits recours entre amis
Reprenons. En 2002, unbrevet sur le brocolia été accordé à la société britannique Plant Bioscience, avant d'être contesté. Par des assoces crypto-complotisto-altermondialistes ? Non, pas du tout. Par Limagrain et Syngenta, deux géants de l'industrie biotechnologique, qui étaient alors aussi en attente de brevets du même (troisième) type. Curieux... Selon "No patents on seeds", la coalition internationale d'associations créée pour l'occasion, "il est probable que ces sociétés se soient principalement opposées à ce brevet pour que le Bureau Européen des Brevets confirme, au lieu de révoquer, la brevetabilité des graines traditionnelles".
Bonne pioche ! Après 13 années d'un insoutenable suspens, le résultat est enfin là : c'est open bar sur les brevets. Et des milliers de breloques en attente devraient être attribuées d'ici peu. Une voie royale ouverte à Syngenta, Monsanto et consorts pour prendre le contrôle de notre alimentation, y compris pour les variétés millénaires, comme pour ce brevet accordé en 2014pour une variété de poivron copiée d’une plante sauvage existant en Jamaïque. Et, si leurs semences venaient à être brevetées, des centaines de millions de paysans seront contraints d'abandonner leurs graines ancestrales pour les racheter au prix fort à leurs fabricants. Un véritable désastre.
L'ONG "No patents on seeds" se raccroche tout de même à un très mince espoir : leparlement européen, de même que plusieurs pays, dont l'Allemagne, la France et les Pays-Bas, commencent timidement à réaliser l'ampleur du problème. Mais en Europe, c'est la Commission qui décide.
Lorsque Dieu a créé l'homme et la femme, il a bêtement oublié d'en déposer le brevet, si bien que maintenant le premier imbécile venu peut en faire autant. George Bernard Shaw