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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 20:50

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Si Rémi Fraisse n’avait pas manifesté, il ne serait pas mort : la nouvelle logique de la répression étatique

22 mai 2015 / Hervé Kempf (Reporterre)
 


 

La commission parlementaire sur le maintien de l’ordre aboutit à des propositions faisant reculer le droit de manifester et couvrant les pratiques dangereuses des forces de police.


La dégradation continue de l’esprit démocratique se poursuit avec un cynisme ahurissant. Après l’émoi qu’avait causé l’homicide d’un manifestant écologiste, Rémi Fraisse, en octobre 2014, par une grenade lancée par un gendarme, une commission d’enquête parlementaire a été créée en décembre. Son titre : « Commission d’enquête sur les missions et modalités du maintien de l’ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation ». La motivation en était de comprendre comment les forces de l’ordre avaient pu tuer un manifestant et comment changer les modalités de leur action pour éviter de tels drames - que complète, hélas, le nombre croissant de manifestants blessés gravement par les projectiles policiers.

Ce rapport a été présenté le 21 mai (il ne sera publié que dans quelques jours sur le site de l’Assemblée nationale). Mais que dit-il ? Par un stupéfiant retournement de raisonnement, les députés qui l’ont adopté ont ciblé essentiellement les manifestants. Et leur principale proposition est de créer une interdiction de manifester pour les personnes signalées par les services de renseignement comme « individus connus en tant que casseurs violents ».

Sans jugement, les policiers seraient ainsi autorisés, avant tout acte donc tout délit, à empêcher telle ou telle personne de participer à une manifestation - un droit pourtant inscrit dans la Constitution et constitutif des libertés publiques. Par exemple, comme l’a indiqué le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, lors de son audition, « de les attendre à la gare et de les interpeller ». Croisées avec la loi sur le renseignement récemment adoptée, ces méthodes ouvrent la voie à une interdiction de manifester pour toute personne qui sera jugée indésirable, sur des critères incertains, par les services de police.

Une autre proposition vise à rendre obligatoire une concertation préalable sur les manifestations. Comme le souligne le député écologiste Noël Mamère, président de la Commission - et qui a dû s’opposer au rapport de celle-ci -, « il y aurait dès lors un contrôle a priori et systématique de toutes les manifestations, ce qui entraînerait une restriction manifestement disproportionnée du droit de manifester. »

La Commission a paru faire un progrès en préconisant l’abandon des Flasballs. Mais c’est pour proposer de les remplacer par des LBD 40 (Lanceurs de balles de défense) plus puissants et plus précis...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

 

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 16:51

 

Source : http://www.mieux-vivre-autrement.com

 

Ils osent monétiser le monde du vivant

 

Source : http://www.arte.tv/guide/fr/050583-000/nature-le-nouvel-eldorado-de-la-finance

 

La course au profit généralisé et le marché global ont largement contribué à la crise écologique actuelle. Pourtant, les mondes de l'économie et de la finance prétendent renverser la tendance et sauver la planète en la protégeant à leur façon, c'est-à-dire avec de l'argent. C'est bien l'émergence d'un nouveau marché, celui de la protection environnementale, que décrypte le documentaire de Sandrine Feydel et Denis Delestrac  - l'auteur du Sable, enquête sur une disparition, récemment diffusé par ARTE. Encore embryonnaire il y a quelques années, ce marché est aujourd'hui l'un des plus prometteurs en terme de profit. Son mode de fonctionnement est simple. De plus en plus de sociétés financières ou d'assurances, parfois précédées par les économistes, attribuent un coût à la nature. Combien vaut la forêt d'Amazonie ? Quelle est la valeur marchande de l'incessant labeur de pollinisation accompli par les abeilles ? Jusqu'ici, l'"invisibilité économique" de la nature ne jouait pas en sa faveur : les marchés n'aiment ni l'abondance ni la gratuité. Mais avec la raréfaction des ressources et la disparition programmée de certaines espèces, l'équation a changé. La loi de l'offre et de la demande peut maintenant s'appliquer aux richesses naturelles. Ainsi, des banques et des fonds d'investissements, pourtant responsables de la dernière crise financière en date, achètent d'immenses zones naturelles riches en espèces animales et végétales menacées. Monétarisées et financiarisées, ces réserves sont ensuite transformées en produits boursiers possiblement spéculatifs. On peut donc acheter des actions "mouche", "orang-outan" ou "saumon". En investissant dans ces titres, les entreprises polluantes obtiennent des "certificats de bonne conduite" qui les dispensent de suspendre leurs activités les plus néfastes...

La nature de l'argent

Fruit d'un patient et minutieux travail d'investigation, Nature, le nouvel eldorado de la finance met en relief les mécanismes d'un système naissant qui pourrait se révéler une entreprise de tartufferie mondiale. Interrogeant financiers, experts et penseurs, le film confronte les points de vue antagonistes et multiplie les exemples concrets de populations et milieux naturels menacés par ces nouvelles pratiques. L'enquête dresse un vaste panorama des intérêts en jeu et des lobbies en action autour de ce "nouveau" capital naturel, se demandant au final quelles valeurs défendent réellement ceux qui attribuent un coût à la nature. Une nouvelle crise financière pourrait en effet résulter de la spéculation et de l'effondrement de ces nouveaux marchés...

 

 

 

Source : http://www.arte.tv/guide/fr/050583-000/nature-le-nouvel-eldorado-de-la-finance

 

 

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20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 20:40

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

La médecine du travail est à l'aube d'une petite révolution

|  Par Mathilde Goanec

 

 

 

Le député socialiste Michel Issindou rend cette semaine un rapport sur la médecine du travail à la demande des ministères du travail et de la santé. Certaines des conclusions qui ont commencé à fuiter reprennent de vieilles revendications patronales, sous couvert de simplification et de pénurie de médecins.

 

Si le gouvernement suit, et il y a de fortes chances qu'il le fasse, c’est une petite révolution. Le député socialiste Michel Issindou devait rendre aujourd’hui à François Rebsamen et Marisol Touraine son rapport sur la réforme de l’aptitude, pierre angulaire de la médecine du travail en France. Selon des informations de l'agence spécialisée AEF, confirmées par des proches du dossier consultés par Mediapart, la consultation obligatoire pour tous les salariés pourrait passer de deux à cinq ans, les visites restantes étant assurées par des infirmiers. La fiche d’aptitude, remise à chaque salarié à l'issue de chacune des visites, sera quant à elle vraisemblablement supprimée, sauf pour des postes présentant des risques accrus pour la sécurité des personnes, et remplacée par une simple « attestation de suivi ». Enfin, il est question d’encadrer plus strictement la délivrance par les médecins d’une aptitude « avec réserves », celle qui permettait jusqu'ici des aménagements de poste en cas de maladie, d’usure, ou de handicap.

Gabriel Paillereau, ancien délégué général de l'organisme représentant les services interentreprises de santé au travail Cisme (il a quitté l'institution avec fracas en 2009), actuellement consultant, attend les conclusions définitives du rapport, mais ne cache pas son inquiétude : « Dans la mesure où ce texte repose sur la volonté de simplification voulue par Thierry Mandon, on est dans l'allégement systématique des formalités pour les employeurs, même si c'est contraire à la santé des salariés. Le rapport risque donc de faire la part belle aux revendications du Medef. » Commandé par les ministères du travail et de la santé, le rapport s’inscrit en effet dans la mise en œuvre du fameux « choc de simplification », dont le constat était alors sans appel : la visite médicale des salariés, dans son format actuel, relèverait de la « formalité impossible » pour les employeurs qui les placerait dans une « insécurité juridique » permanente. Le gouvernement reprenait à son compte une vieille antienne patronale, sur la lourdeur et l’inefficacité des visites obligatoires. Cette position est effectivement revendiquée par la direction actuelle du Cisme, l’organisme représentatif des services de santé au travail, financés par les employeurs, et qui embauchent 90 % des médecins du travail en France.

La médecine du travail est effectivement en déliquescence : il y a seulement 5 700 médecins du travail en France, pour 25,8 millions d'actifs, et le ministère de la santé prévoit d’ici à 2030 une baisse de 62 % des effectifs, vu l’âge moyen des praticiens et le manque de renouvellement. Chaque médecin gère donc près de 3 500 dossiers de salariés en moyenne. Le ressenti des salariés à leur égard est souvent mitigé : nombre d’entre eux ignorent le lien exact qui unit médecins et employeurs, se moquent d’une visite réduite généralement à sa portion congrue, et qui leur semble protocolaire et déconnectée de leurs préoccupations professionnelles. La remise en cause de la fiche d'aptitude, dans ce contexte, est une cible facile. 

Mais la mission Issindou est critiquable, tout d'abord dans sa composition. Si l'universitaire Sophie Fantoni-Quinton, spécialiste de la santé au travail et juriste, ainsi que le chef de l’inspection générale des affaires sociales, Pierre Boissier, ont planché sur le sujet, aucun médecin du travail en exercice dans les entreprises n’a pris part au débat, hormis par le biais des auditions. Par ailleurs, les représentants des salariés n’ont pas été conviés à la rédaction de ce rapport, alors même que Christian Ploton, directeur des ressources humaines de Renault, faisait partie des quatre personnalités convoquées. De ce fait, les solutions préconisées alimentent les craintes d’une profession qui se dit depuis des années sciemment vidée de ses moyens, pour mieux justifier ensuite sa disparition. Et si le consensus est quasiment généralisé sur la vacuité actuelle de la fiche d’aptitude, sa disparition et le changement de rythme des visites affolent un certain nombre de professionnels.

L’association Santé et médecine du travail (qui milite pourtant depuis longtemps pour la suppression de l’aptitude, qui n’a pas empêché nombre de scandales sanitaires comme celui de l’amiante par exemple) crie au « sabotage ». « Plutôt que de former plus de médecins du travail, on revoit simplement le calendrier, se plaint l'un de ses membres, Alain Carré, ancien médecin du travail et militant CGT. Mais il ne faut pas se leurrer : en supprimant la visite tous les deux ans, et au vu de la multiplication des contrats précaires, il y a des salariés qu’on ne verra plus jamais. »

Supprimer la fiche d’aptitude au nom de la simplification et la remplacer par une attestation de suivi est « une catastrophe », argue de son côté Bernard Salengro, président du syndicat CFE-CGC santé au travail, très mobilisé sur cette question. « Cette fiche, c’est le seul moyen pour empêcher l’employeur de mettre son nez dans le pantalon du salarié et pour préserver le secret médical. La fiche d’aptitude a également un vrai rôle protecteur contre les discriminations pour raisons de santé ou de handicap. Elle nous permet d’apporter des réserves, de proposer des restrictions comme l'aménagement d'un poste pour un salarié en difficulté. »

Car l’autre point litigieux est bien la possible révision de la notion d’aptitude avec réserves. Elle offre actuellement au médecin du travail la possibilité de proposer des transformations, voire un changement de poste, lorsque les salariés ne sont plus capables d’assumer leur fonction pour des raisons de santé, d’usure et de handicap. Cette notion, qui tranche avec une position binaire, apte ou inapte, mais nécessite en général un investissement des entreprises pour la mobilité des personnels, est une épine dans le pied de nombreux employeurs. « L'opposition à un encadrement plus restrictif de l'aptitude avec réserves n'est pas un simple réflexe corporatiste, puisque les médecins du travail sont quasiment déjà morts, défend avec cynisme Alain Carré. Mais c’est un point fondamental du droit français qui est menacé, à l'œuvre depuis la création de la médecine du travail en 1946, celui d’adapter le travail à l’homme et pas l’inverse. » Gabriel Paillereau craint également que les médecins ne soient de facto privés « d'une partie de leur job », qui est de conseiller « le chef d'entreprise et le salarié » sur la santé des travailleurs. Aujourd'hui, le licenciement pour inaptitude, quand aucune solution n'a été trouvée, concernerait déjà près de 120 000 personnes chaque année, selon le rapport Gosselin

La réforme de 2011, dernier texte structurant sur la médecine du travail, avait déjà considérablement renforcé le poids des infirmiers et des paramédicaux dans le dispositif, ces derniers se substituant peu à peu aux médecins dans le suivi des salariés. Statutairement, ils ne sont pourtant pas aussi protégés que les médecins du travail. Ces derniers font partie des salariés dont le licenciement doit être validé par l'inspection du travail, mais bénéficient également de l'indépendance traditionnellement adossée à la figure du médecin. Potentiellement, les infirmiers et le personnel de prévention paramédical sont donc davantage soumis à la pression des employeurs, qui peuvent rechigner à suivre leurs recommandations. Si le gouvernement suit le rapport Issindou, les infirmiers seront pourtant encore davantage mobilisés et les médecins rendus à un rôle d’animateur d’équipe, au sein des services de santé au travail. « C’est la fin d’une médecine de première ligne systématique », regrette Dominique Huez, qui milite depuis longtemps pour une reconnaissance de l’importance de la « clinique du travail », fondée sur des entretiens individuels réguliers avec les salariés. Le médecin reste cependant modérément optimiste : « Les provocations du projet initial ont disparu, mais ce qu'on ne dit pas, c'est qu'il peut s'agir d'une démédicalisation progressive du secteur. » 

Ces propositions risquent fort d'être validées en l'état tant elles collent au mandat de départ, ce que montre la lettre de mission des deux ministres concernés, rédigée l'an dernier. Elles se devaient d'être « soutenables au regard de la disponibilité de la ressource médicale » et de « répondre à la volonté de simplification poursuivie par le gouvernement ». En évacuant la polémique, et notamment le recours à la médecine de ville pour une partie des visites, un temps envisagé, le gouvernement arguera d'une vision équilibrée. Mais une telle refonte de l'aptitude ne peut se passer d'un nouvel appareillage législatif, car cela contrevient par ailleurs à une directive européenne de 1999 sur la santé au travail. Le gouvernement a un temps imaginé accoler ces changements à la loi santé, puis à celle sur le dialogue social. Examinée en ce moment à l'Assemblée nationale, la médecine du travail version 2015 pourrait rentrer dans une loi Macron II, avant l'été.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 16:33

 

 

Source : http://information.tv5monde.com

 

Europe : les multinationales peuvent désormais breveter le vivant

 

 

Près de mille demandes de brevets de la part des industriels du secteur ont été effectuées en quelques années

Près de mille demandes de brevets de la part des industriels du secteur ont été effectuées en quelques années
(Thinkstockphotos)
 
 

On croyait le brevetage des plantes non modifiées génétiquement impossible en Europe. Pourtant, l'Office européen des brevets (OEB) vient d'octroyer plusieurs brevets pour des légumes au profit de firmes internationales. Comment cette décision a-t-elle été possible et avec quelles conséquences ?

 

C'est une décision de la Grande Chambre de Recours de l'Office Européen des Brevets datée du 25 mars 2015 qui a permis de faire avancer "la cause" des multinationales sur le brevetage du vivant .

A la question "si l'on découvre un lien entre une séquence génétique existant naturellement dans une plante cultivée et un caractère particulier de cette plante, peut-on devenir propriétaire de toutes les plantes qui expriment ce caractère" , la Grande Chambre de Recours de l'Office Européen des Brevets a répondu …"oui".

 

Un changement très important du droit


La décision de l'Office européen des brevets (OEB) d'accorder un brevet pour une  tomate et un autre pour un brocoli, fait donc réagir de nombreux acteurs de l'écologie, comme du secteur semencier et agro-alimentaire.

 

Certaines entreprises peuvent désormais attaquer en justice — pour contrefaçon — les agriculteurs qui cultivent des plantes sous brevets sans autorisation et paiement d'une redevance

 
Certaines entreprises peuvent désormais attaquer en justice — pour contrefaçon — les agriculteurs qui cultivent des plantes sous brevets sans autorisation et paiement d'une redevance
((thinkstockphotos)
 


 

 

Cette décision d'accorder des brevets pour des plantes non modifiées génétiquement était crainte et attendue : près de mille demandes de brevets de la part des industriels du secteur ont été effectuées en quelques années. Toutes ces demandes le sont pour des plantes dites "classiques".

Christine Noiville, présidente du Haut Conseil des biotechnologies, docteur en droit et directrice de recherche au CNRS confirme la propriété temporaire qu'obtient l’entreprise sur la plante : " Par cette décision, la Grande Chambre de Recours de l'Office Européen des Brevets confirme que l’entreprise peut bien obtenir un monopole temporaire sur le brocoli dit « anti cancer » et, au-delà, sur le caractère « anti cancer » lui même, tel qu’il pourrait être intégré dans n’importe quel autre type de plante. Donc les sélectionneurs, voire les agriculteurs, qui produiraient des plantes possédant ce caractère breveté seraient astreints à payer une redevance à l’entreprise détentrice du brevet. "

Jusqu'alors, en Europe, seul le Certificat d'obtention végétal (COV), lui-même déjà contesté par une partie des agriculteurs, pouvait être utilisé pour protéger la "propriété intellectuelle" de certaines semences issues des sélections naturelles.

L'inscription obligatoire au catalogue officiel [des semences] n'est pas toujours appréciée des agriculteurs, comme les redevances qu'ils doivent payer, mais dans l'absolu, l'échange de semences est toléré. Le COV semble un "moindre mal" comparé aux brevets, pour les agriculteurs. Pour la présidente du HCB, le basculement du COV vers les brevets est très important  : "Le principe qui consiste à accepter que des plantes issues de procédés essentiellement biologiques, donc les produits de sélections essentiellement conventionnelles, soient protégées par des brevets, est une étape supplémentaire très importante dans l’évolution qu’ont connue les droits de propriété intellectuelle dans la sélection végétale ces 20 dernières années."

 

Par le biais de ce système, les plantes qui nourrissent la population peuvent devenir la propriété d'entreprises

Par le biais de ce système, les plantes qui nourrissent la population peuvent devenir la propriété d'entreprises
(Thinkstock)
 


 

 

 

Ce principe de brevetage du vivant — importé des Etats-Unis où il est actif depuis des décennies — est un cran au dessus du COV, et amène un changement majeur pour le monde agricole, et par ricochet, pour la souveraineté alimentaire et l'autonomie semencière du continent européen. Par le biais de ce système, les plantes qui nourrissent la population peuvent devenir la propriété d'entreprises — le plus souvent spécialisées dans la génétique. Ces entreprises peuvent attaquer en justice — pour contrefaçon — les agriculteurs qui cultivent des plantes sous brevets sans autorisation et paiement d'une redevance. Comme dans le cas des plants d'OGM brevetés, majoritairement interdits à la culture en Europe.

Différences entre un brevet et un COV :
 
Utilisation d’une variété protégée
par un brevet
par un COV
après la loi de décembre 2011
pour créer une nouvelle variété
Accès interdit
Accès libre
à titre expérimental
(sans production)
Accès interdit
Accès libre
après récolte pour ressemer son champ
(semences de ferme)
Accès interdit
Accès libre
pour au moins 21 espèces contre rémunération

 

Breveter le bien commun naturel ?

Est-il acceptable de breveter — et donc de privatiser — le patrimoine naturel que sont les plantes ? C'est cette question qui est posée aujourd'hui, avec la possibilité en Europe, pour une entreprise, de breveter le "caractère" d'une plante. C'est sur cette nuance très fine que s'est basé l'accord de l'OEB validé par la Grande Chambre de Recours de l'Office Européen des Brevets. Corinne Lepage, avocate, ancienne députée européenne écologiste-centriste, estime, pour sa part, que "cette décision de l'OEB est extrêmement contestable, et apparaît contraire au droit communautaire de refus de brevetabilité du vivant et qui confond allègrement la découverte et l'invention."

 

Les brevets sur les plantes arrivent en Europe. Tout le problème est donc désormais de savoir quelles volontés politiques s'exerceront à leur égard.

Les brevets sur les plantes arrivent en Europe. Tout le problème est donc désormais de savoir quelles volontés politiques s'exerceront à leur égard.
(Thinkstock)
 



Le principe de la brevetabilité est effectif — selon l'OEB — dans le cas de "l'obtention d’une plante avec un caractère précis qui ne relève pas d’une variété à proprement parler". Plant Bioscience, la firme qui a croisé un brocoli sauvage avec un brocoli cultivé, est donc devenue propriétaire de ce "nouveau caractère" de brocoli (par croisement naturel), et ce, pour 20 ans.

Quiconque utilisera les semences de ce brocoli devra donc avoir l'accord de Plant Bioscience et payer une redevance à Plant Bioscience, et tous ceux qui ne le feront pas, seront sous le coup des lois contre la contrefaçon. Une graine de brocoli de la firme Plant Bisocience tombe d'un camion dans un champ d'agriculteur et pousse sans que l'agriculteur  ne soit au courant ? Plant Bioscience pourra attaquer en justice l'agriculteur, comme ce fut le cas avec Percy Schmeiser dont l'un de ses champs a été contaminé par un camion de graines de Colza OGM Monsanto, et qui a fait faillite après que la firme l'a traîné en justice. Le Réseau semences paysannes, en pointe dans la dénonciation de ces pratiques, résume sur son site de façon très claire les problèmes engendrés par cette nouvelle "possibilité commerciale " :

 

Les sociétés multinationales disposant des moyens technologiques de décoder les séquences génétiques des plantes cultivées et des animaux d'élevage vont ainsi pouvoir s'approprier tout ce que nous mangeons. Les paysans ne pourront plus semer ou faire naître des animaux sans d'abord obtenir l'autorisation de la part du détenteur du brevet contre monnaie sonnante et trébuchante. « C'est un bond en arrière de trois siècles qui rétablit la dîme versée par les paysans aux seigneurs du moyen-âge et la porte ouverte à une biopiraterie généralisée » dénonce Michel Metz, administrateur du Réseau Semences Paysannes.
 

Recherche libre limitée et loi trop floue

Les brevets vont plus loin que la seule protection financière de leurs détenteurs et le paiement de redevances. Le brevet sur un légume, qui utiliserait un caractère [génétique] issu d'une banque, même libre et gratuite, permet d'attaquer quiconque utilisera ce caractère.

Les conséquences sont simples : une utilisation libre, dans le cadre de recherches par exemple, sur des types de matériels génétiques n'est plus possible, si un matériel génétique est contenu dans le brevet d'une plante ! A moins d'une autorisation de l'entreprise détentrice du brevet, avec ou sans paiement de redevance, au choix de celle-ci.

L’article 3.2 de la directive européenne 98/44 sur la brevetabilité stipule qu’"une matière biologique isolée de son environnement naturel ou produite à l’aide d’un procédé technique peut être l’objet d’une invention, même lorsqu’elle préexistait à l’état naturel".

C'est grâce à cet article de loi très vague que  les multinationales ont pu obtenir le droit à breveter les caractères des plantes.

 

<span class="st">Les semences sont à la base de l'alimentation humaine, les graines source de toute culture. </span>

Les semences sont à la base de l'alimentation humaine, les graines source de toute culture.
(photo Frantz Vaillant/TV5monde)
 
 

Corinne Lepage, interrogée sur cet état de fait, ne pense pas que les choses peuvent en rester là : "tout ça doit aller à la Cour de justice de l'Union européenne. Je pense que la Commission peut le faire, ou une majorité du Parlement européen, ou encore quelqu'un qui cultive des tomates sans payer le brevet et qui peut estimer qu'il y a une distorsion de concurrence et pourrait saisir un juge en déclarant que le brevet n'est pas légal."

Pour Ch. Noiville qui s’appuie sur les travaux du HCB, il y a certainement matière à réfléchir et mieux légiférer : "La ligne de partage entre les deux droits, le COV [européen, ndlr] et le brevet, devient progressivement assez floue. Petit à petit, le brevet grignote ce qu’on croyait être le champ du COV. C’est un constat dont il faut évaluer les conséquences avant que les politiques ne décident de s’emparer du sujet pour éventuellement clarifier le droit, aujourd’hui suffisamment flou pour que des décisions comme celle de l’OEB puissent être adoptées. On peut même se demander si la Grande Chambre de Recours de l'Office européen des brevets n’appelle pas elle-même à ouvrir le débat, obligeant en quelque sorte la sphère politique, notamment la Commission, à s’emparer du sujet ».

Les brevets sur les plantes arrivent en Europe. Tout le problème est désormais de savoir quelles volontés politiques s'exerceront à leur égard. Ce que Corinne Lepage résume en une phrase : "De toutes les façons, ça ne peut pas en rester là, ce n'est pas l'Office des brevets qui fait la loi dans l'Union européenne !"

 
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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 20:46

 

Source : http://www.franceinter.fr

 

Les abeilles américaines se meurent
 
 
 

Les Etats-Unis auraient perdu 42% de leur population d'abeilles domestiques en un an. © MaxPPP - 2015 / Franck Dubray

 

Selon un rapport préliminaire de l'organisme "Bee Informed Partnership" et du ministère de l'agriculture, les apiculteurs américains auraient perdu 42% de leurs colonies d’abeilles domestique en un an. C’est la seconde plus grande perte du secteur et elle inquiète jusqu’ici en France.

 

Les ruches américaines ont été tellement décimées entre avril 2014 et avril 2015 que les professionnels et même le ministère de l’agriculture pensent que le secteur ne pourra pas s’en relever. Surtout que la mortalité des abeilles ces dernières année, reste inexpliquée. Les mites, les parasites, les maladies, les pesticides et autres pollutions ont tous été montrés du doigt pour tenter d’apporter une réponse à l’effondrement des colonies.

 

Pas d’abeilles, pas de cultures

 

 

Surtout que les Etats-Unis sont déjà confrontés à la disparition des insectes polinisateurs sauvages qui assurent tout naturellement la reproduction des plantes. Aux USA, les abeilles domestiques viennent donc à la rescousse, transportées par camions entiers, sur plusieurs centaines de kilomètres au bout desquels les ruches sont disposées dans les grands vergers, aspergés de pesticides.

 

En cause particulièrement, selon les entomologistes et les militants des associations de protection des abeilles : les néonicotinoides. Des semences enrobées de pesticides qui se diffusent dans la plante tout au long de sa croissance. Trois sont interdits en Europe pour certaines semences, mais aux USA, ils sont tous autorisés. Il faut pourtant les abandonner définitivement, et dans le monde entier plaide le président de génération future, François Veillerette.

 

 Si on n’interdit pas ces produits là rapidement on sera peut être un jour obligés de faire comme en Chine et de polliniser les cultures à la main avec des pinceaux, ce qui serait totalement absurde puisqu’aujourd’hui les insectes le font gratuitement.



Le reportage de Nathalie Fontrel pour France Inter >>> http://www.franceinter.fr/player/embed-share?content=1096713

 

 

 

Par France Inter avec agences, | 16 Mai 2015 à 06:30
 
 
 
 
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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:08

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Trois rapports décrivent une Agence du médicament en pleine crise

|  Par Michel de Pracontal

 

 

 

Trois rapports confidentiels, que révèle Mediapart, dressent un tableau inquiétant de la situation de l'ANSM, l'agence responsable de la sécurité des médicaments. Malgré une réorganisation, l’agence n’est pas plus apte que par le passé à traiter des alertes sanitaires comme celle du Mediator. Son directeur estime que la situation s'améliore, mais une source interne juge que « le bateau coule ».

Trois rapports confidentiels, que Mediapart a pu se procurer, brossent un tableau inquiétant de la situation de l’ANSM, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, issue en 2012 de la refonte de l’ancienne Afssaps à la suite de la crise du Mediator. La conclusion la plus préoccupante des rapporteurs est que malgré une complète réorganisation, l’agence n’apparaît pas plus apte que par le passé à traiter des alertes sanitaires comme celles du Mediator ou des prothèses PIP.

 

Les magistrats de la Cour des comptes, auteurs de l’un des rapports, mettent en cause la difficulté de l’agence à détecter et analyser « les signaux faibles c’est-à-dire les informations émises par des lanceurs d’alerte ». Pour les magistrats, « l’agence ne s’est toujours pas mise aujourd’hui en capacité de repérer ce type d’alerte et d’en tirer les conséquences en termes d’identification des risques puis d’action ».

 

© Reuters
 

Le deuxième rapport, établi par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), renchérit : « En dépit d’évolutions positives, de nombreuses faiblesses affectent la surveillance et la sécurisation du médicament. » Les inspecteurs signalent « des fragilités en situation d’urgence et de gestion de crise » et dépeignent des agents stressés, travaillant sous pression, « avec la peur de rater quelque chose ». Ils indiquent que « les personnes rencontrées sont apparues dans de nombreux cas épuisées et [que] les managers ont évoqué spontanément plusieurs cas de “burn-out” dans leur service ».

 

Et de conclure : « Compte tenu de la charge de travail et de la pression psychologique auxquelles le personnel est soumis, la situation actuelle n’est pas pérenne. Elle est non seulement porteuse de risques pour la santé physique et mentale du personnel, mais elle constitue un possible facteur de détérioration de la qualité du travail rendu par l’ANSM. »

 

Le troisième rapport, rédigé par Secafi, cabinet agréé par le ministère du travail, indique que « 44 % des agents sont en niveau de RPS [risques psychosociaux] fort à très fort », et que les tests font apparaître un taux de stress « éminemment élevé ».

 

Au total, les trois rapports livrent des diagnostics concordants : ils décrivent une agence encore traumatisée par les retombées du scandale Mediator, en perte d’influence internationale et européenne, fragilisée par un climat social dégradé et une réorganisation à grande échelle qui a affecté les fonctions de 80 % des agents. Précisons que ce triple constat ne reflète pas l’actualité immédiate, mais un passé récent : le document de Secafi date d’avril 2014, celui de la Cour des comptes de fin 2014 et celui de l’Igas de février 2015. Un cadre de l’agence, qui souhaite conserver l’anonymat, estime cependant que la situation ne s’est pas améliorée et que « le diagnostic est toujours aussi inquiétant qu’il y a six mois ».

 

Dans l’intervalle, la direction de l’ANSM a changé : en septembre 2014, le médecin et haut fonctionnaire Dominique Martin a succédé au professeur Dominique Maraninchi, cancérologue, qui dirigeait l’agence depuis février 2011.

 

Contacté par Mediapart, Dominique Martin ne nie pas les difficultés de l’agence, tout en dédramatisant : « Je confirme que la transformation de l’agence a créé une situation de tension, mais je ne considère pas qu’il s’agisse d’une crise, dit-il. Ce n’était pas un établissement en crise quand je suis arrivé et ça ne l’est pas aujourd’hui. Il est exact qu’il y avait un niveau de stress important et que le dialogue social devait être amélioré. Nous avons pris cette situation à bras-le-corps et un gros travail a été entrepris. Un plan de prévention des risques psychosociaux vient d’être voté, et nous cherchons à conclure un accord avec les syndicats d’ici la fin de l’année. Mon engagement est que l’agence fonctionne efficacement tout en assurant la qualité de vie au travail. »

 

Dominique Martin, directeur général de l'ANSM
Dominique Martin, directeur général de l'ANSM © DR
 

S’il est trop tôt pour juger de l’action de Dominique Martin, ce dernier ne se démarque pas radicalement de son prédécesseur : « Il n’y a pas de virage à 180°, dit-il. Je n’ai pas changé l’organisation mise en place par la direction précédente. Et j’ai maintenu les grands axes de la réforme de 2011. »

Cette réforme a-t-elle été correctement menée ? Et l’agence a-t-elle les moyens de fonctionner efficacement ? Les analyses de la Cour des comptes et de l’Igas mettent en évidence de sérieuses faiblesses.

 

UNE RÉORGANISATION « À MARCHE FORCÉE »

Dominique Maraninchi a été nommé en février 2011 à la tête de l’agence, qui s’appelait alors l’Afssaps, avec la difficile mission de lui rendre son crédit, entamé par l’affaire du Mediator, qui a mis en relief l’échec de la pharmacovigilance et l’omniprésence des liens d’intérêts. L’une des priorités a donc été de réduire l’influence de l’industrie. Cela s’est traduit par une vague de départs et par le choix de moins recourir à des experts externes, sur lesquels l’Afssaps s’appuyait largement.

 

L'un de ces experts externes estime que Dominique Maraninchi a « fait un sacré ménage », qui a permis une « réelle transparence » des liens avec l’industrie. Catherine Lassale, responsable des affaires scientifiques du Leem (le syndicat de l’industrie pharmaceutique), salue aussi l’action de l’ancien directeur : « La loi Bertrand de 2011 sur le médicament demandait que les agences ne s’appuient que sur des experts sans conflits d’intérêts, dit-elle. L’agence respecte la loi. Elle a un comité de déontologie qui fonctionne très bien. Aujourd’hui, il n’y a plus de conflits d’intérêts. Je dis chapeau. »

 

« La moitié des évaluateurs pharmacovigilance a peu d’expérience, ou aucune »

D’autres interlocuteurs jugent très sévèrement la refonte de l’agence. « Maraninchi a tout cassé », résume un agent. C’est que la réforme ne s’est pas limitée à faire la chasse aux conflits d’intérêts. Dans une logique de rupture avec le passé, Dominique Maraninchi a lancé une réorganisation de grande ampleur, qui a affecté les fonctions de 80 % des agents. Cette « bascule », selon le terme utilisé à l’agence, a été difficile à vivre pour une part importante du personnel.

 

D’après le rapport de l’Igas, les organisations syndicales estiment que la réforme a été menée « à marche forcée » et marquée par « le manque de transparence et d’information ». Selon un cadre interrogé par les inspecteurs, « la démarche de dialogue et d’écoute promue lors du lancement a rapidement été abandonnée au profit d’un mode de fonctionnement laissant penser que “tout était verrouillé” ». Commentaire de l’Igas : « On ne peut que noter la forte divergence entre le discours de la direction générale et la perception de certains acteurs sur le terrain. »

 

De plus, si la réorganisation devait améliorer l’efficacité et la réactivité de l’agence, le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne semble pas d’une clarté limpide. La terminologie employée en témoigne. La hiérarchie classique a été remplacée par une « organisation matricielle ». L’ancienne commission d’AMM (autorisation de mise sur le marché) est devenue la « Commission d’évaluation initiale du rapport bénéfice risque des produits de santé », et celle de pharmacovigilance est devenue la « Commission de suivi du rapport bénéfice risque des produits de santé ».

 

Dominique Maraninchi, directeur général de l'agence de 2011 à 2014
Dominique Maraninchi, directeur général de l'agence de 2011 à 2014 © DR
 

Concrètement, que recouvre ce vocabulaire bureaucratique ? Un ancien expert de l’Afssaps, qui a suivi la réforme mais ne travaille plus pour l’agence, décrit « un grand jeu de chaises musicales, très mal vécu, avec des personnes qui avaient une expertise très pointue et qui ont été chargées de faire tout autre chose ». Selon cet expert, « il y a eu un effet de sidération, la personne qui s’occupait du diabète et qui a été chargée de la toxicologie animale ne répondait plus au téléphone, parce qu’elle s’est retrouvée avec quatre-vingts dossiers en attente qu’elle ne connaissait pas ».

 

Le même interlocuteur ironise sur la nouvelle organisation « matricielle » : « Si vous avez un médicament du diabète de l’enfant qui expose à des complications rénales, il va être étudié par le groupe de pédiatrie, le groupe diabète, le groupe reins, et suivi au cours du temps, on découpe les dossiers horizontalement par disciplines et verticalement selon la chronologie. Le dossier est éclaté, il perd sa cohésion. »

 

Exagération ? Une source interne juge que la réforme a été faite en perdant de vue le sens du travail de l’agence. Le rapport de la Cour des comptes parle, lui, d’une « maîtrise défaillante de l’activité ».

 

UN « STOCK CACHÉ » DE DOSSIERS EN ATTENTE

Ce manque de maîtrise s’illustre dans le problème du « stock caché » de dossiers en attente. Fin 2012, la direction de l’agence a découvert un stock de 14 602 dossiers d’AMM non enregistrés, « dont certains étaient vieux de plus de quatre ans », selon la Cour des comptes. Ces dossiers concernent des modifications d’AMM, qui peuvent porter sur des points de détail comme sur des changements plus importants comme une nouvelle indication d’un médicament.

 

Le retard dans le traitement des dossiers s’est accumulé au point que, selon la Cour des comptes, 452 chèques reçus en paiement des taxes afférentes aux dossiers d’AMM, représentant un montant de 0,7 million d’euros, n’avaient pas été encaissés ; pour 114 chèques correspondant à 171 168 euros, l’action en recouvrement des créances était prescrite. L’agence a dû demander à ses tutelles des moyens supplémentaires pour inventorier et traiter ce stock de dossiers en attente. Selon l’Igas, cela représente une charge de travail correspondant à environ un quart du nombre moyen de dossiers d’AMM traités chaque année.

 

Pratiquement, les délais de traitement des dossiers tendent à s’allonger. Début 2015, « l’agence est en phase d’augmentation des stocks de dossiers à traiter en matière d’AMM ». L’Igas observe que « la prise en compte tardive de certaines demandes d’autorisation peut entraîner un risque sanitaire, notamment s’agissant des modifications d’AMM intervenant suite à la prise en compte de données de pharmacovigilance ».

 

Dominique Martin, interrogé sur le sujet, considère le problème du retard des dossiers comme « la priorité des priorités ». Il admet aussi qu’il s’agit d’une « problématique chronique », et que les mesures prises par sa direction n’ont pas encore d’effet à ce jour. Selon son estimation, il faudra de un à deux ans pour résorber le retard chronique des dossiers d’AMM.

 

UNE FAIBLESSE PERSISTANTE DE LA PHARMACOVIGILANCE

Domaine clé pour la détection des risques médicamenteux, la pharmacovigilance était l’une des priorités de la réforme de l’agence. Pourtant, le rapport de l’Igas pointe « de nombreuses faiblesses [qui] affectent la surveillance et la sécurisation du médicament ». Une direction consacrée à la surveillance des médicaments a été créée. Mais elle souffre, selon l’Igas, « d’un positionnement bancal qui ne lui permet pas d’assurer les missions pour lesquelles elle a été créée, notamment en matière de pharmacovigilance ».

 

Le nombre des « évaluateurs pharmacovigilance » a augmenté, mais ils ont des difficultés à jouer leur rôle. « La moitié des évaluateurs pharmacovigilance ne dispose que d’un faible niveau d’expérience, voire d’aucune expérience, en pharmacovigilance, note la mission de l’Igas. De plus, ils ne peuvent pas s’appuyer, comme cela était prévu lors de la réorganisation, sur des évaluateurs seniors qui auraient pu relire leurs rapports. »

 

« Le fondement d’une agence, c’est l’expertise. Il n’y est plus »

Difficulté supplémentaire : les pharmacovigilants sont répartis dans plusieurs directions, dont les responsables hiérarchiques viennent de la filière clinique et sont « peu sensibilisés aux enjeux de sécurité sanitaire ». Résultat : « Les évaluateurs pharmacovigilance sont isolés au sein des directions produits et ne disposent pas (…) d’un relais suffisant à l’extérieur de leur direction. »

Bref, les pharmacovigilants sont peu formés et encadrés par des chefs peu sensibilisés au sujet… Qui plus est, ils n’exploitent pas toutes les informations existantes, estime l’Igas. Ainsi, selon le rapport, les agents ne tiennent pas assez compte des informations sur le mésusage des médicaments, alors que «la France se distingue par un taux de prescriptions hors AMM élevé, entraînant des risques  importants sur le plan sanitaire ». Pour citer un exemple récent, la pilule Diane 35, qui ne devait être prescrite que pour l’acné, a été dans 77 % des cas donnée comme contraceptif en dehors de cette indication.

 

© Mutuelleprevoyancesante.fr
 

Les inspecteurs de l’Igas soulignent que la séparation entre l’ANSM et la HAS (Haute autorité de santé) entraîne une perte d’information. La commission de la transparence de la HAS évalue le service médical rendu par un médicament, autrement dit le bénéfice qu’il apporte au patient. Cette évaluation n’est pas sans relation avec l’évaluation bénéfice/risque effectuée par l’agence. Ainsi, lorsqu’un produit a un SMR faible, même un niveau de risque faible n’est pas acceptable. Or, selon l’Igas, « les conclusions de la commission de transparence de la HAS ne font pas partie des données utilisées par les évaluateurs pharmacovigilance ». Un découpage de compétences incompréhensible.

 

Enfin, l’Igas critique l’analyse insuffisante de la littérature scientifique : « Il n’y a pas, à ce jour, d’études documentaires prospectives qui pourraient aider les évaluateurs pharmacovigilance à cibler leurs analyses et établir des priorités parmi les événements indésirables qu’ils doivent traiter », écrivent les inspecteurs. Dans ces conditions, les pharmacovigilants manquent d’instruments pour établir des priorités et cibler les problèmes importants. « Une agence efficace sait tirer le gros gibier », commente un expert.

 

LES DIFFICULTÉS DU RECOURS À L’EXPERTISE INTERNE

Avant le Mediator, l’agence s’appuyait largement sur les avis d’experts externes siégeant dans ses commissions, notamment la commission d’AMM ou celle de pharmacovigilance. Ces experts, en général des professeurs hospitaliers, avaient de nombreux liens avec l’industrie. Pour s’en affranchir, l’agence a réduit le nombre de commissions de 12 à 4, et a diminué fortement le nombre de ses experts externes (il est passé de 1 245 en 2011 à 222 en 2013).

Si cette démarche a réduit l’emprise des liens d’intérêts, elle a conduit à reporter une part importante de l’expertise sur les évaluateurs de l’agence, qui n’y étaient pas préparés. Le rapport de l’Igas juge que le recours accru à l’expertise interne a un « effet anxiogène sur les évaluateurs ». Dominique Martin conteste que l’agence soit confrontée à une pénurie d’experts : « Les agents de l’ANSM ont un haut niveau scientifique, dit-il. Nous sommes en train d’assurer une montée en compétence et de renforcer l’expertise interne grâce à un important effort de formation. »

 

L’une de nos sources se montre plus pessimiste : « Ne rêvons pas, il faut cinq ans pour former un bon expert. Le fondement d’une agence, c’est l’expertise. Il n’y est plus. »

 

Le problème dépasse l’agence du médicament : la recherche pharmaceutique en France, très largement financée par les firmes, produit peu d’experts libres de tous liens d’intérêts. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où les experts de la FDA (Food and Drug Administration) sont royalement payés en dehors de tout lien avec l’industrie. Ni la France, ni l’Europe ne se sont dotés d’un corps d’experts indépendants comparable à celui de la FDA.

 

UNE PERTE D’INFLUENCE EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE

Jusqu’à une période récente, l’agence française avait une influence importante au niveau européen. La refonte de l’ANSM a eu un effet non négligeable sur le rayonnement français. Selon le rapport de l’Igas, l’ANSM a subi « un recul très significatif en matière de dossiers considérés comme stratégiques ». Elle est beaucoup moins présente dans les essais cliniques qui concernent la France : en 2013, l’agence française est rapporteur dans 5 dossiers d’essais cliniques européens (passant par la procédure dite d’harmonisation volontaire européenne), sur un total de 112, soit 4 % ; en 2010, la proportion était de 37 %.

 

La perte d’influence française se manifeste aussi dans le domaine des AMM qui passent par la procédure européenne centralisée, utilisée pour tous les produits innovants. L’ANSM a été rapporteur ou co-rapporteur de 24 dossiers sur 102 en 2010 (21,4 %), et de seulement 9 dossiers sur 90 en 2013 (10 %).

Les inspecteurs de l’Igas estiment que l’ANSM doit développer une stratégie d’influence afin de peser davantage dans les instances européennes, notamment au sein du Prac, le comité responsable de la pharmacovigilance de l’agence européenne.

En a-t-elle les moyens, dans le contexte actuel de réduction budgétaire et de contraintes sur les effectifs ? Peut-elle sortir de la crise où l’ont plongée l’affaire du Mediator et la réorganisation qui a suivi ? « Le bateau coule et personne ne dit rien », dit le cadre que nous avons interrogé. Dominique Martin, lui, y croit : « Mon métier est d’être constructif, dit-il. On est en train de faire bouger les choses. Je vois des secteurs où des gains sont possibles. » Et il ajoute : « Je suis nommé pour trois ans, je serai jugé au résultat. »  

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 16:37

 

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/friture-mag

 

 

Catastrophe oléicole en Italie, inquiétude en France

 
 
 
 
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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 20:41

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

Brevetage du vivant, OGM autorisés, le bio attaqué, rien ne va plus !

 

3 mai 2015

 

Brevetage du vivant, OGM autorisés, le bio attaqué, rien ne va plus !

 

Le mois d’avril s’achève en laissant un goût amer dans la bouche des acteurs de la transition écologique. Une vague de décisions en défaveur d’une alimentation saine vient de s’abattre. Monsanto, l’agro-industrie, les pontes de la FNSEA peuvent sabrer le champagne. La course à l’information a malheureusement tiré un trait trop rapidement sur ces évènements pourtant si importants. Alors que nous devrions être frappés d’indignation, le suppositoire est passé tout seul. L’habitude, sans doute. Mais que s’est-il passé en ce mois d’avril 2015 qui énerve autant que désespère ?

 

Au regard de l’information, avril 2015 semble un mois particulièrement tourmenté pour le monde de l’agriculture alternative, un secteur qui, s’il fallait le rappeler, fournit l’élément fondateur de la stabilité des sociétés : l’alimentation. Nous avons choisi de revenir sur certains titres d’actualité qui, fondamentalement, sont liés par leur nature. Ces évènements qui nous indignent démontrent une volonté désormais assumée par les institutions et leurs sbires d’encourager le triomphe du capitalisme de connivence aux airs de corpocratie industrielle.

Il n’y aura bientôt plus besoin de craindre un quelconque traité transatlantique. Il est pratiquement déjà là. Sa logique ayant gangréné les institutions, à force d’un lobbying aussi puissant qu’invisible. Le dernier rapport de Transparency International, qui lutte contre la corruption, est pourtant sans appel : les gouvernements et les institutions de l’Union Européenne sont minés par les lobbies qui influencent à leur profit les propositions de loi. Pas un seul des 19 pays et des trois institutions européennes étudiées ne serait à l’abri de leur influence, selon le rapport. Et pourtant, si on en croit les apôtres du modèle dominant, le danger viendrait du petit agriculteur bio…

Un second vigneron « bio » poursuivi en justice pour avoir refusé de polluer

Le magazine Basta ! révélait fin avril qu’un second vigneron « bio » était poursuivi en justice pour avoir refusé de traiter son vignoble avec un insecticide. Cet homme qu’on convoque au tribunal correctionnel pour refuser de polluer (alors que c’est proprement l’objectif de son activité), c’est Thibault Liger-Belair. On lui reproche de refuser d’effectuer des « mesures de protection des végétaux contre les organismes nuisibles » … En cause, la flavescence dorée. Bien que l’homme soit investi depuis 2013 dans un collectif de réflexion contre ce nuisible, notamment pour appliquer des méthodes alternatives et écologiques contre le parasite, pour les autorités, la chimie est la seule voie de la rédemption. L’homme regrette ce manque de nuance et ce parti pris manifeste d’un pouvoir en faveur des techniques pétrochimiques industrielles.

« Quand une loi est mal faite, cela ne nous pousse pas à la suivre. (…) Qu’on veuille protéger nos vignobles, oui, mais qu’on le fasse intelligemment et de manière mesurée » On vous invite naturellement à signer la pétition de soutien à Thibault Liger Belair, homme que vous pouvez apercevoir dans cet extrait du reportage choc « Insecticide Mon Amour » …

 

Mais ce « quasi fait divers » n’est qu’un exemple symbolique d’un logique plus large, appliquée au niveau de toute l’Europe.

19 OGM autorisés par l’U.E., dont 11 de Monsanto

Avril 2015, c’est aussi la date du feu vert donné par la Commission pour l’importation et la commercialisation de 19 organismes génétiquement modifiés (OGM). Une décision qui arrive comme un coup de massue, s’imposant de manière peu démocratique, alors que les États membres ne se sont pas encore mis d’accord sur une proposition de réforme leur permettant d’interdire ces fameux OGM sur leur territoire. Cette autorisation s’impose donc sans possibilité pour la France et d’autres pays de s’y opposer à ce jour.

Parmi ces OGM, 17 sont pourtant directement destinés à l’alimentation animale et humaine. Soja, maïs et colza, 11 d’entre eux viennent de la firme Monsanto. Les autres, des multinationales Dupont, Bayer et BASF. Les états n’arrivant pas à trouver un compromis, la Commission a imposé son feu vert qui prend application immédiatement, vaut pour dix ans et s’impose de force à tous les États. Triomphe des multinationales. La démocratie a plus que jamais des airs de corpocratie.

Que faire alors des états membres qui s’opposent aux OGM ? La Commission propose une autre réforme qui faciliterait l’importation d’OGM au niveau européen tout en offrant aux « anti-OGM » la possibilité de restreindre ou d’interdire ces biens sur leur territoire. Une demi-mesure dénoncée par les écologistes. En effet, l’Union Européenne étant une zone de libre circulation des biens, ces OGM pourront facilement se retrouver dans nos assiettes sans véritablement pouvoir s’en assurer. Par exemple, un porc gavé d’OGM en Espagne se retrouvera peut-être, sous forme de jambon, sur les étales des magasins parisiens.

Les États-Unis trouvent au contraire que la Commission ne va pas assez loin. Les USA estiment que ces produits sont sans risques sur base des avis scientifiques de l’Union européenne. Le lobbying forcené qui gravite autour des institutions n’est évidemment pas au centre des débats. Les multinationales du « transgène » applaudissent la décision. 40 demandes d’OGM supplémentaires attendent leur tour. À ce jour, 75 OGM sont autorisés à l’importation pour la commercialisation dans l’UE pour l’alimentation animale et humaine. Au delà de l’organisme modifié lui-même (et sa toxicité ou non), c’est tout le débat de fond sur les techniques de productions industrielles polluantes s’y rattachant (Round’up & cie.) qui passe à la trappe.

 

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Feu vert pour le brevetage du vivant en Europe. Les multinationales disent merci.

 

Qu’une plante OGM soit privatisable, on le comprend. Mais qu’une plante naturelle comme une carotte, une tomate ou une haricot soit brevetable, dont privatisée, c’est pour le moins étonnant. Et pourtant, courant avril 2015, l’Office européen des brevets (OEB) a octroyé à des multinationales plusieurs brevets pour des légumes naturels…

Techniquement, si l’on découvre un lien entre une séquence génétique existant naturellement dans une plante cultivée et un caractère particulier de cette plante, on peut devenir propriétaire de toutes les plantes qui expriment ce caractère. En pratique, des entreprises en possession de ces brevets peuvent désormais attaquer en justice les agriculteurs qui cultivent des plantes sous brevets sans autorisation ou paiement d’une redevance spéciale. Vous voulez planter des tomates dans votre champ ? Il faudra payer une taxe, pas à l’état pour financer des hôpitaux ou des écoles, mais bien à un acteur privé comme Monsanto.

Un article publié sur TV5 Monde précise que plus de mille demandes de brevets de plantes dites « classiques » ont été effectuées par les industriels. Christine Noiville, présidente du Haut Conseil des biotechnologies, docteur en droit et directrice de recherche au CNRS explicite le mécanisme de privatisation du vivant : « Par cette décision, la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets confirme que l’entreprise peut bien obtenir un monopole temporaire sur le brocoli dit « anti cancer » et, au-delà, sur le caractère « anti cancer » lui même, tel qu’il pourrait être intégré dans n’importe quel autre type de plante. Donc les sélectionneurs, voire les agriculteurs, qui produiraient des plantes possédant ce caractère breveté seraient astreints à payer une redevance à l’entreprise détentrice du brevet. »

 

vieux choux

 

Malgré ces exemples accablants d’une main mise toujours plus ouverte des monopoles industriels sur le vivant et l’alimentation, certaines figures publiques manifestent ouvertement un soutien inconditionnel à l’agriculture « moderne » triomphante. Ce fut notamment le cas d’une intervention de Sylvie Brunel dans le journal Le Monde fin avril 2015. La logique ultra-libérale étant au centre du discours : l’air, l’eau, le vivant, tout doit appartenir à quelqu’un, si possible aux possédants, qui à ce jour sont représentés par une poignées d’industriels et d’entreprises transnationales.

 

L’intervention hallucinante de Sylvie Brunel dans le journal Le Monde.

Comme pour clôturer un mois bien terne en matière de décisions en faveur d’un système inique, il convient de citer cet article à peine croyable publié le 28.04.15 sur lemonde.fr. Sylvie Brunel, désormais citée dans les tribunes de la FNSEA, livre un torchon de complaisances envers les multinationales et les lobbies agro-industriels, donnant la nausée à ceux qui luttent sur le terrain (et on sait à quel point c’est difficile) pour le développement d’une agriculture alternative et responsable.

Dans un ton conservateur assumé, voire réactionnaire, sans le moindre chiffre, ni source, ni argument, Mme Brunel nous sert un discours éminemment consensuel dont il est permis, à sa lecture, d’émettre un sérieux doute sur la neutralité intellectuelle de son auteur. Concentré d’arguments d’autorité, l’article balaye de la main toute opposition, toute nuance, reléguant les critiques (fussent-ils universitaires, grands chefs cuisiniers, agronomes ou paysans) à des « extrémistes verts » qui, par leur promotion du local, de l’artisanal et du biologique, représenteraient un danger majeur pour la France, sa Sainte Croissance et ses industries triomphantes.

Sylvie Brunel s’en prend d’une traite, telle l’incarnation d’une armada de lobbyistes, aux végétariens, aux zadistes, aux anti-OGM, aux producteurs sans intrants chimiques et aux critiques de la logique productiviste. Traduisez : « Vive la Croissance. CQFD. Vous pouvez rentrer chez vous. » Pourtant, avec plusieurs grands prix et une belle expérience dans l’humanitaire, Mme Brunel avait su faire patte blanche jusqu’en 2008 où elle publie un pamphlet contre le développement durable, critiquant les ONG et les écologistes qu’elle décrit comme des fanatiques religieux adeptes de gadgets « éco-responsables » ! On croit rêver.

Sans la moindre démonstration scientifique, elle impose l’idée que la nature est dangereuse et que l’homme doit la dompter par des process modernes industriels. Les alternatives écologiques seraient, au contraire, signes de régression. Il ne faudrait surtout pas manger moins de viande. Il n’existerait pas d’alternatives écologiques efficaces et celles-ci nous plongeraient dans la pauvreté. L’agriculture biologique, quant à elle, est affublée de pratique religieuse, trop chère et mauvaise pour la planète. Vient ensuite la promotion des semences génétiquement modifiées car de toute façon « Resemer…le paysan peut le faire, mais il ne le souhaite pas ! » nous dit-elle. Monument d’obscurantisme, il faut la croire sur parole alors que le plus grand mouvement paysans international, la Via Campesina (représentant environ 200 millions de paysannes et de paysans), se bat pour que les paysans conservent le droit de replanter leurs semences !

Sylvie Brunel conclut par un appel à soutenir les paysans, non pas locaux, ni biologiques, mais bien agro-industriels de type Mille Vaches car « ce sont eux qui tiennent notre avenir entre leurs mains« … Une valse de non-arguments d’un gout douteux que l’ont pourrait entendre dans la bouche d’un ponte du CAC40.

 

illusdruilhe

 

En substance, on retiendra de ce discours autant que de l’actualité : vive Monsanto, vive l’industrie, vive la pétrochimie, à mort les écologistes. On en revient à notre bon vieux Thibault Liger Belair, attaqué pour son engagement en faveur d’une agriculture plus juste, crucifié en place publique par la rhétorique de « quelques Sylvie Brunel ». Sauvez la France, mangez du Tricatel et ne posez pas de questions, un terroriste vert sommeille peut-être en vous.

Heureusement, le même jour, on pouvait également lire dans Le Monde une tribune sérieuse et argumentée en faveur d’une transition vers une agriculture éco-responsable : Pour une nouvelle transition alimentaire de Christian Rémésy, nutritionniste, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique. Lui aussi, probable terroriste vert…


Source : rfi.fr / lefigaro.fr / information.tv5monde.com / wikipedia.org/wiki/Sylvie_Brunel / Imagine à la une Banksy

 

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 16:37

 

Source ; http://www.mediapart.fr

 

 

Les «Six heures contre la surveillance»

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Ce lundi 4 mai, de 16 heures à 22 heures, Mediapart a organisé une opération exceptionnelle « Six heures contre la surveillance »: débats, interpellations, chroniques, chansons, duplex. À la veille du vote solennel des députés sur le projet de loi sur le renseignement, il s'agissait de fédérer et relayer toutes les initiatives, de donner la parole à tous ceux qui s'inquiètent ou refusent un texte qui menace nos libertés individuelles et collectives.

 

Ce lundi 4 mai, de 16 heures à 22 heures, Mediapart a organisé une opération exceptionnelle « Six heures contre la surveillance »: débats, interpellations, chroniques, chansons, duplex. À la veille du vote solennel des députés sur le projet de loi sur le renseignement, il s'agissait de fédérer et relayer toutes les initiatives, de donner la parole à tous ceux qui s'inquiètent ou refusent un texte qui menace nos libertés individuelles et collectives.

 

Parallèlement à notre émission, un rassemblement s'est tenu place des Invalides, à Paris. Ce rassemblement était appelé par dix-huit organisations, qui participaient aussi à notre opération « Six heures contre la surveillance ».

 

  • 16h-18h. Nous sommes tous concernés (animé par Edwy Plenel)


 

 

La Parisienne Libérée et Jérémie Zimmermann chantent en duo « Rien à cacher »

Julien Bayou (24 heures avant 1984) et Eliott Lepers (24 heures avant 1984)

Laurent Chemla (cofondateur de Gandi)

Thomas Guénolé et Katerina Ryzhakova (la pétition citoyenne)

Guillaume Chocteau (Ressources-Solidaires)

Pierre Tartakowsky (Ligue des droits de l'homme)

Dominique Curis (Amnesty France)

«Klaire fait grr»

Un épisode spécial de «Bonjour tristesse»

Florian Borg (Syndicat des avocats de France)

Laurence Blisson (Syndicat de la magistrature)

Philippe Aigrain (la Quadrature du Net)

 

Suite des vidéos à voir sur  mediapart.fr

 

 

Avec entre autres :

 

Tristan Nitot (fondateur de l'association Mozilla Europe et membre du Conseil national du numérique, signataire de l’appel Ni Pigeons, ni Espions)

 

Sophie Gironi, directrice de la communication de Gandi (signataire de l’appel Ni Pigeons, ni Espions)

 

Bluetouff (hackeur et co-fondateur de Reflets)

 

Montage à partir du documentaire «Citizen Four»

 

...

 

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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 15:15

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Démocratie

Surveillance de masse, atteintes aux libertés : ce qui inquiète dans le projet de loi Renseignement

par

 

 

 

Des rassemblements sont prévus ce lundi 4 mai contre le projet de loi sur le renseignement que l’Assemblée nationale se prépare à voter mardi. Les organisations de défense des libertés et des droits dénoncent un texte qui met en place une surveillance de masse de la population. De la captation en temps réel des métadonnées des abonnés à Internet, à la mise en place d’algorithmes pour la détection automatique des profils suspects sur le réseau, petite synthèse des points qui font débat dans cette loi.

 

La nouvelle loi sur le renseignement doit être votée ce mardi 5 mai à l’Assemblée nationale, soit moins de deux mois après sa présentation en Conseil des ministres. Le projet était déjà dans les cartons l’année dernière. Mais après les attentats de janvier, le gouvernement l’a fait passer en procédure accélérée. Le texte est pourtant loin d’être sans conséquences. Il va encore élargir les possibilités de surveillance du net, déjà étendues par la dernière loi de programmation militaire de 2013 et la loi antiterroriste votée en novembre 2014 (lire notre article Logiciels mouchards, métadonnées, réseaux sociaux et profilage : comment l’État français nous surveille).

De fait, cette loi a très vite réuni contre elle les défenseurs des libertés et des droits (Ligue des droits de l’Homme, syndicats de la magistrature et des avocats de France, associations de défense des libertés numériques…). Même la Commission nationale consultative des droits de l’homme (ici) et le défenseur des droits Jacques Toubon (ici) ont émis des avis critiques. Une partie des acteurs de l’économie numérique sont aussi vent debout. De nombreuses organisations appellent un rassemblement le lundi 4 mai pour alerter une dernière fois les parlementaires sur ce qu’ils s’apprêtent à voter. Quels sont les points qui inquiètent dans ce projet de loi ?

 

Une loi pour… légaliser des pratiques illégales

Le gouvernement met en avant le fait que cette loi permettra de mieux encadrer des pratiques déjà existantes des services de renseignements, en matière de surveillance du net et des communications électroniques. Bref, la loi vise à légaliser ce que les services font déjà, illégalement. Elle autorise en ce sens les services à utiliser toute une batterie de techniques supplémentaires de surveillance : interceptions de correspondances électroniques, pose de micros dans un appartement ou un véhicule, géolocalisation…

Le cadre dans lequel les agents pourront recourir à ces nouveaux outils va largement au-delà de la seule prévention du terrorisme. Ils pourront s’en saisir également pour (entre autres) la défense des « intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs » du pays, « la prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, des violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale » et « la prévention de la criminalité et de la délinquance organisées ».

Les « boîtes noires » ou la captation en temps réel des métadonnées

C’est une mesure qui fait réagir fortement une partie des acteurs de l’économie numérique : la pose de « boîtes noires » directement chez les fournisseurs d’accès à Internet et les hébergeurs. C’est-à-dire de dispositifs de recueil « en temps réel sur les réseaux des opérateurs » des métadonnées, appelées également « données de connexions » – qui écrit à qui ou appelle qui, à quel moment, quels sites sont consultés…

« Le ministre de l’Intérieur passe son temps à argumenter qu’il n’y a que les métadonnées qui seront ainsi surveillées. Mais les métadonnées donnent en fait plus d’informations sur quelqu’un que le contenu des conversations », analyse Benjamin Bayart, de la FFDN, une fédération des fournisseurs d’accès à Internet associatifs, qui regroupe une trentaine de fournisseurs sur toute la France (lire notre article). « Surveiller les métadonnées, c’est en fait extrêmement intrusif. »

Conséquence : des hébergeurs français partent à l’étranger

Cet article de la loi préoccupe sérieusement les hébergeurs. « Imposer aux hébergeurs français d’accepter une captation en temps réel des données de connexion et la mise en place de « boîtes noires » aux contours flous dans leurs infrastructures, c’est donner aux services de renseignement français un accès et une visibilité sur toutes les données transitant sur les réseaux », dénonçaient les hébergeurs OVH, Afhads, Gandi, IDS, Ikoula, Lomaco et Online le 9 avril. La loi pourrait même les contraindre à délocaliser leur activité : « Les hébergeurs français n’hébergent pas que des clients français : ils accueillent des clients étrangers qui viennent se faire héberger en France. (…) Ces clients viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses « boîtes noires », il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français. Pour nous le résultat est sans appel : nous devrons déménager nos infrastructures, nos investissements et nos salariés là où nos clients voudront travailler avec nous. »

Un amendement à cet article a ensuite été apporté, selon les hébergeurs. Un amendement qui donne des engagements concrets concernant la préservation des données personnelles et le « caractère ciblé, limité dans le temps et non systématique de ce dispositif de surveillance ». Les hébergeurs indiquent tout de même rester vigilants quant à l’application de la mesure dans les mois à venir. OVH, troisième société d’hébergement Internet dans le monde, attend la décision du Conseil constitutionnel – qui doit être saisi par un groupe de parlementaires, et par le président de la République (une première dans l’histoire de la cinquième République) –, pour en dire plus sur sa position.

Deux hébergeurs ont en tous cas déjà décidé de plier bagages. Altern a fermé ses services juste après le premier vote de la loi à l’Assemblée nationale mi-avril, « pour les réouvrir dans quelques jours dans un pays plus respectueux des libertés individuelles », selon ses propos. Eu.org a annoncé procéder « au déménagement de tous ses serveurs de noms hors de France. »

Un traitement automatisé pour détecter les profils suspects

Pour la prévention du terrorisme, la loi prévoit aussi la mise en place de dispositifs de traitement automatisé de ces données récoltées auprès des fournisseurs d’accès à Internet et hébergeurs de sites. Il s’agirait d’algorithmes programmés pour déterminer un profil de « menace terroriste ». Or, pour établir des profils suspects, il faut d’abord ramasser un grand nombre de données.

« La loi est très floue sur ce point. Mais ce type d’algorithmes est rarement fiable, tout comme ceux qui servent à proposer des pubs ciblées, fait remarquer Benjamin Bayart. Avec seulement 1 % d’erreur, cela veut dire que ce système de détection va remonter à des milliers de gens qui n’intéresseront pas les services de renseignement. Alors même que le gain n’est pas évident, ces systèmes de surveillance ont un effet sur la société toute entière. Cela modifie la façon dont les gens pensent et agissent. »

Une commission consultative pour seul contrôle indépendant

Pour mettre en œuvre ces nouveaux dispositifs de surveillance, les services de renseignements n’auront besoin ni de l’accord d’un juge, ni de celui d’une autorité indépendante du politique. Seul le Premier ministre aura à donner son autorisation. La loi prévoit bien la création d’une Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), une autorité administrative indépendante chargée de contrôler ces dispositifs, composée de treize membres – trois députés, trois sénateurs, trois membres du Conseil d’État, trois magistrats, une personnalité qualifiée en matière technique. Mais l’avis de cette commission ne sera que consultatif. Et encore, en cas « d’urgence absolue », les services et le Premier ministre pourront la contourner.

De quoi douter de son réel pouvoir. D’autant que cette structure va venir remplacer l’actuelle Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) qui se plaignait encore dans son dernier rapport d’activité de manquer de moyens nécessaires à sa mission.

Une opposition croissante

Des syndicats de presse alertent également sur la mise en péril du secret des sources pour les journalistes. « L’amendement adopté pour introduire un traitement particulier de certaines professions, dont les journalistes, n’offre pas de garde-fou suffisant à la liberté d’informer et d’être informé, et ne répond pas aux inquiétudes des entreprises de presse », indiquent ainsi le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL, dont Basta ! est membre) et le Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (GESTE). « Le principe de la protection des sources apparaît gravement fragilisé », poursuivent ces organisations, qui demandent instamment aux parlementaires de voter contre ce texte, les termes de la loi laissant « ouvertes des marges d’interprétation incompatibles avec, notamment, la Convention Européenne des Droits de l’Homme et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ».

Les critiques se multiplient également du côté des responsables politiques. Europe Écologie-Les Verts dénonce un projet « dangereux pour la démocratie et la citoyenneté ». « Après avoir suivi les débats, lu les argumentaires des uns et des autres, le 5 mai, en conscience, je voterai contre le PJL [projet de loi] renseignement », a déclaré le 18 avril Nicolas Bays, vice-président socialiste de la Commission de la défense à l’Assemblée nationale. « Le gouvernement lui-même a annoncé qu’il y a entre 1 500 et 3 000 personnes à surveiller dans le domaine antiterroriste. Pourquoi, dans ce cas, jeter le filet sur des millions de Français ? », questionne le député socialiste Pouria Amirshahi, qui votera également contre. « Je veux, explique-t-il dans une interview, comme Léon Blum contre les lois de 1893-1894 dénoncer "avec quelle précipitation inouïe ou quelle incohérence absurde ou quelle passivité honteuse" elle risquent d’être votées ».

Un débat précipité

Le débat politique précipité, sur un sujet aussi important et complexe, est loin d’être satisfaisant, pointe la Quadrature du Net, spécialisée dans la défense des libertés numériques : « Les trop rares députés qui se sont opposés au rapporteur Urvoas et aux ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense se sont vus opposer des réponses fuyantes ou elliptiques à leurs questionnements pourtant très précis du point de vue technique et juridique. ». Les « modifications cosmétiques et opportunistes » apportées en première lecture à l’Assemblée nationale n’ont pas modifié l’équilibre du texte, qui « reste inacceptable pour une démocratie », alerte l’association.

Le gouvernement a choisi de faire passer cette loi au Parlement en procédure accélérée, ce qui signifie moins de débats dans les deux assemblées parlementaires. « Au Parlement européen, ce genre de texte est discuté entre six et huit mois. Là, les députés en ont débattu seulement cinq semaines, regrette Benjamin Bayart. La méthode retenue de procédure accélérée ne permet pas au Parlement de réfléchir et de travailler correctement sur des problèmes aussi compliqués, qui touchent à la fois aux services de renseignements, au numérique, à la question de la surveillance. Je suis stupéfait que les députés aient accepté ça », déplore le porte-parole des fournisseurs d’accès à Internet associatifs. Les députés entendront-ils enfin les avertissements des associations, syndicats et experts, lors du vote solennel de ce mardi ?

Rachel Knaebel, avec Agnès Rousseaux

 

A lire aussi :
- Le portail wiki sur la loi

- Le texte proposé au vote le 5 mai à l’Assemblée nationale

- Loi sur le renseignement : « Lettre à ceux qui s’en foutent », par Laurent Chemla

- La loi renseignement expliquée à mes parents, par Jean-Baptiste Favre

- Le site des opposants à la loi, Sous-surveillance.fr :

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