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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 17:21

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Grand format

La malédiction des phosphates : dans les coulisses polluées et désertifiées de l’agriculture chimique

par , Simon Gouin, Sophie Chapelle

 

 

 

 

En France et en Europe, le recours intensif aux phosphates dans l’agriculture provoque un appauvrissement des sols, pollue les rivières et génère la prolifération des algues vertes. Mais d’où viennent ces phosphates chimiques qui nous servent d’engrais ? De leur dispersion dans les campagnes françaises à leur extraction minière, Basta ! a remonté la filière du phosphate jusqu’en Tunisie, longtemps l’un des principaux fournisseurs de l’Europe. Oasis en voie de désertification, pathologies, pollution marine : ses impacts environnementaux, sanitaires et sociaux y sont également désastreux. Le phosphate, meilleur ami des agriculteurs, vraiment ? Reportage.

Pour profiter de ce reportage en grand format, c’est ici.

Sur les plages du Finistère, les algues vertes prolifèrent de nouveau depuis fin mai. A presque 3000 kilomètres de là, sur le littoral tunisien, les habitants de la ville de Gabès sont confrontés à une grave pollution de l’eau, de l’air et de leurs terres, et redoutent la disparition de leur oasis côtière. Le point commun entre ces maux ? Les phosphates.

En Europe, les phosphates sont abondamment utilisés dans l’agriculture comme engrais, en tant que source de phosphore, mais aussi d’azote, de calcium et d’aluminium. Initialement apporté aux cultures sous forme organique (fumiers ou compost par exemple), le phosphore est de plus en plus épandu sur les terres agricoles européennes sous forme chimique [1].

 

Si les conséquences de la sur-utilisation d’engrais phosphatés sont déjà visibles en France et en Europe [2], qu’en est-il en amont de la filière ? Basta ! a remonté la piste jusqu’en Tunisie où la production et la transformation du phosphate constituent l’un des principaux revenus du pays, avec le tourisme. La Tunisie était rangée au cinquième rang des producteurs mondiaux jusqu’en 2010 (4 % du PIB du pays, 10 % des exportations) [3]. Elle a été, pendant une décennie, l’un des trois principaux fournisseurs d’engrais chimiques de l’Europe, avec le Maroc et la Russie [4]. Confrontée aujourd’hui à des troubles sociaux, l’industrie du phosphate tunisienne est en perte de vitesse. Les contestations qui la paralysent ne sont pas sans lien avec les conséquences environnementales et sanitaires de la production et du traitement du phosphate. Et de décennies d’inconséquences.

Mais où est passée l’eau de l’oasis ?

Pour mieux comprendre l’impact du phosphate sur l’environnement, il faut se rendre à Gabès, à 450 kilomètres au sud de Tunis. Autour de cette ville grise qui borde la Méditerranée, on trouve une ceinture verte de palmiers, d’arbres fruitiers et de maraîchage. Un oasis maritime de 170 hectares où se rencontrent les eaux salées et les eaux douces. Pourtant, en ce mois de mars, seul de petites rigoles coulent ici ou là, dans le fond de la vallée. Une situation exceptionnelle ? Pas vraiment. « Les sources naturelles d’eau ont tari depuis des années », explique Mabrouk Jabri, un instituteur à la retraite. « Maintenant, on n’a accès à l’eau qu’avec des forages », ajoute Abdekhader Béji, un ouvrier agricole.

 

Mais où est passée l’eau qui faisait autrefois de cet oasis un petit paradis sur terre ? Tous les témoignages pointent le Groupe chimique tunisien (GCT). En 1970, cette entreprise d’État s’est installée sur les rives du golfe de Gabès. Elle transforme chaque année environ quatre millions de tonnes de phosphate en engrais et en détergent, dont 90 % sont ensuite exportés par bateau vers l’Europe ou le reste du monde. Une petite partie, l’engrais ammonitrate, serait consommée localement. Pour transformer le phosphate, l’usine utilise de l’eau, beaucoup d’eau. 7 à 8 mètres cubes sont nécessaires pour produire une tonne d’acide phosphorique. Soit la contenance de plus de 50 baignoires standard. « Depuis l’installation du GCT, il y a une diminution remarquable de l’eau dans l’oasis », avance Skandar Rejeb, un professeur d’université et membre de l’Association de sauvegarde de l’oasis de Chenini (Asoc).

 

Photos d’archives du Groupe chimique tunisien :

Photo du GCT, mars 2015 :

L’agriculture dans l’oasis a été bouleversée. Il est de plus en plus difficile de cultiver ses parcelles, particulièrement en été, où les paysans doivent attendre deux mois et demi pour irriguer leurs cultures. « Autrefois, c’était entre 10 et 15 jours », se rappelle l’instituteur Mabrouk Jabri. Puisque l’eau douce se tarit, l’eau salée devient plus présente et détériore les cultures. La biodiversité s’amenuise. « Des espèces d’arbres qu’on voyait dans chaque parcelle disparaissent progressivement, comme les pommiers, les pêchers et les abricotiers », raconte Abdekhader Béji. Face aux difficultés, les jeunes se détournent progressivement de l’agriculture. « L’oasis était un lieu de vie où chaque famille cultivait son lopin de terre. Aujourd’hui, c’est tout un savoir-faire qui est en train de disparaître. » L’oasis ne représenterait plus que 170 hectares. Il en comptait 750 en 1970. Un paradoxe, alors que les phosphates servent à augmenter les rendements agricoles, de l’autre côté de la Méditerranée !

Photos d’archives de l’oasis :

 

Photo de l’oasis aujourd’hui :

« La mer est malade »

L’agriculture de la région n’est pas la seule à être affectée par le Groupe chimique tunisien. En bord de mer, les chalutiers sont amarrés. Seuls de petits bateaux lèvent l’ancre. L’activité du port tourne au ralenti. « Avant l’implantation de l’usine, le golfe de Gabès était un paradis pour les pêcheurs, car c’est un lieu où les poissons se reproduisent, la pépinière de la Méditerranée, expliquent Abdelmajd Ghoul et Fathi Fetoui, deux armateurs. Aujourd’hui, 90 % des poissons ont disparu. La mer est malade. » Là aussi, le GCT est pointé du doigt : tous les jours, le groupe industriel rejette dans la mer environ 13 000 tonnes de boues chargées en phosphogypse, un des déchets de la transformation du phosphate. « Le fond de la mer est tapissé par ces boues, indiquent les pêcheurs. A cause du manque d’oxygène, les fonds marins se sont désertifiés. Les poissons manquent de nourriture. Et quand le soleil tape sur l’eau, une réaction chimique s’opère entre les boues et l’eau. »

 

Un désastre environnemental qui débute au pied de l’usine, où des boues noires affluent à longueur de journée et se jettent dans la Méditerranée. Pour les pêcheurs, les conséquences sont désastreuses. Un des deux armateurs employait 15 marins. Ils ne sont plus que sept. Pour trouver du poisson, ils doivent aller plus loin, vers le Nord et la ville de Sfax. Mais cela demande plus de carburant, donc les coûts augmentent. Faute de travail, de moins en moins de pêcheurs ont accès à la sécurité sociale. Certains ont vendu leur matériel ; d’autres continuent leur activité et réparent régulièrement leurs filets pris dans la colle jaunâtre qui tapisse les fonds marins. A cela s’ajoute un problème de surpêche de gros chalutiers et un manque de contrôle des

autorités.

 

 

Plus de maladies qu’ailleurs ?

En plus des pêcheurs, Gabès a vu ses plages désertées et les touristes disparaître. Les fumées de l’usine et l’odeur de soufre qui rend parfois l’air de la ville irrespirable ont eu raison de son attrait touristique. La dégradation de la qualité de l’air inquiète la population. Les rejets atmosphériques du GCT sont accusés de provoquer des cancers et des cas de fluorose. Cette maladie, Moekles, un jeune informaticien, en est atteint. « J’ai des douleurs aux os, et je peux facilement me casser quelque chose, explique-t-il. Je dois faire attention à chacun de mes mouvements. » Le médecin qui le suit n’a pas fait le lien avec les rejets de l’usine de fluor adossée au GCT. Mais les symptômes de Moekles ne sont pas rares.

Foued Kraiem, le président de l’Association tunisienne de l’environnement et de la nature, suit de près les conséquences de l’industrie du phosphate. Pour lui, la région de Gabès recense une forte densité de maladies, dont des cancers. « Dans certaines familles, plusieurs membres sont malades », atteste t-il, évoquant également des pathologies pulmonaires comme les allergies ou l’asthme. Les malades sont obligés de se rendre à Sfax, à 2h30 de route, pour être soignés, car Gabès n’a pas les infrastructures hospitalières nécessaires. « Nous demandons qu’il y ait une vraie étude épidémiologique, sur 3000 familles », réclame Foued Kraiem. Une étude qui permettrait enfin d’établir les éventuelles responsabilités de l’usine de transformation du phosphates. Et de contrebalancer l’extraordinaire poids économique qu’elle représente à l’échelle de la région, et de la Tunisie !

« Le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles »

Dans la région de Gabès, l’usine emploie officiellement près de 4000 personnes. En 2010, le GCT générait 2,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Des résultats qui sont tombés aux alentours de 700 millions d’euros, en 2012 et en 2013, à cause des grèves (voir ci-dessous) [5]. Malgré cette diminution, l’usine représente une manne financière extraordinaire pour la Tunisie, un véritable poumon économique... aux conséquences désastreuses sur le long terme.

« Quand l’usine de phosphate a été créée, nos parents ont applaudi : il y aura du travail », se souvient Mabrouk Jabri, l’instituteur de Chenini. Quarante ans plus tard, le bilan est catastrophique. Non seulement le GCT n’a pas investi dans le développement social de la région, mais il a détruit son environnement. « L’usine souhaite réaliser le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles, regrette Mabrouk Jabri. La région est touchée par la pauvreté culturelle et les problèmes de santé. Le GCT pourrait au moins résoudre ces problèmes grâce aux millions qu’elle gagne par jour. »

Depuis la révolution tunisienne, la liberté d’expression acquise est utilisée pour critiquer l’usine, autrefois intouchable. Les associations foisonnent, les mobilisations aussi. En 2011, les pêcheurs de Gabès ont bloqué le terminal commercial du GCT pendant une douzaine de jours, afin de faire pression pour que les rejets en mer cessent. Les jeunes de Gabès ont profité du Forum social mondial à Tunis, en mars 2015, pour alerter l’opinion publique sur la pollution environnementale. Les associations et les représentants de la société civile participent désormais à des négociations avec l’entreprise. « Avant la Révolution, il était impossible de discuter avec la compagnie », se souvient Mabrouk Jabri.

 

Entre déni et greenwashing

Le groupe chimique tunisien ouvre désormais ses portes aux journalistes. Il a même recruté un directeur en charge de l’environnement, Noureddine Trabelsi. Dans la salle de réunion sont exposés les différents produits fabriqués sur le site : acide phosphorique, engrais phosphatés, adjuvant d’aliment de bétail... « Nous sommes conscients des problématiques environnementales, que ce soit la pollution atmosphérique ou les rejets en mer, plaide t-il. Mais on injecte 7 millions de dinars dans l’économie de la région. Nous sommes la locomotive de Gabès ! » Face aux critiques, le groupe communique sur les « mises à niveau environnementales » du site de production. Noureddine Trabelsi égrène les millions de dinars investis dans de nouvelles technologies pour réduire, d’ici fin 2015, les émissions d’ammoniac et d’oxyde d’azote. Le groupe espère même « éliminer l’odeur de sulfure  », ce gaz malodorant qui envahit les rues de Gabès par intermittence. Les émissions seront donc toujours présentes, mais bien moins perceptibles, promet-on...

 

 

Si le groupe reconnaît le rejet de phosphogypse en mer – une tonne d’acide phosphorique produite pour cinq tonnes de phosphogypse ! – il dément son rôle dans la dégradation de la faune marine. Mais il admet que la pollution au phosphogypse peut avoir un effet sur la pêche, « l’amenuiser », tout en clamant que « les vrais responsables sont les grands bateaux qui drainent tout ». La responsabilité de la France est aussi pointée du doigt. « La première usine en 1972 a été créée par le SPIE Batignolles (groupe français de BTP, ndlr) qui a programmé ces rejets, rappelle Noureddine Trabelsi. A l’époque, la France rejetait le phosphogypse dans la Seine, avant que ce ne soit interdit à la fin des années 80. On ne savait pas qu’il y avait de la pollution derrière... ». Mais cette ignorance ne suffit plus à tempérer la colère des riverains.

 

Déplacer la pollution

Au fond de la salle, une immense carte du littoral dévoile les ambitions du groupe. « On va faire six pipelines enterrés sur 23 kilomètres pour transporter les boues de phosphogypse », détaille Noureddine Trabelsi. Soutenu par l’Union européenne, le projet visait initialement à stocker les boues à Ouedref, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Gabès. « On a proposé un stockage avec une géomembrane, mais la population a refusé... On vient de proposer deux autres sites à la société civile. » Aux craintes de contamination des nappes phréatiques s’ajoutent celles relatives à la radioactivité des boues. « Avec la Révolution, c’est devenu difficile. Les habitants ne veulent plus de décharges chez eux. Et en même temps, tout le monde veut être recruté par notre groupe. »

 

 

Le GCT rejette par ailleurs toute responsabilité dans l’épuisement des nappes. « Notre groupe, c’est 6 % de la consommation d’eau à Gabès. Or, le manque d’eau est dû à l’agriculture qui en consomme 80 % », se défend le responsable environnement de l’entreprise, sans être en mesure de nous transmettre la moindre étude à ce sujet. Une chose est sûre : la consommation d’eau du groupe s’est réduite ces dernières années suite à la division par deux de la production [6]. « On rencontre des difficultés dans l’approvisionnement en phosphates. Il y a des problèmes sociaux dans le bassin minier de Gafsa, là où sont extraits les phosphates. On espère que la situation va se débloquer... »

 

Dans les mines : « Les oubliés du phosphate »

Les rails qui longent le complexe industriel de Gabès mènent au bassin minier de Gafsa, un parcours de 150 kilomètres vers l’Ouest de la Tunisie. C’est là que les phosphates sont extraits du sous-sol avant d’être envoyés à Gabès pour y être transformés. Là aussi, c’est une entreprise liée aux phosphates, la CPG [7], qui reste le principal employeur de la région. L’entreprise est l’un des plus gros producteurs de phosphates dans le monde (8 millions de tonnes en 2010). Mais a quasiment cessé d’embaucher [8].

« Avec les modernisations des techniques d’extraction, la CPG a besoin de moins en moins besoin d’ouvriers, indique Taoufik Ain, de l’Association du bassin minier pour l’investissement et développement, à Moularés. Il y en avait 15 000 en 1980, on est à 5 000 aujourd’hui. » « En 2014, les pertes, aggravées par la baisse des cours du phosphate – entamée en 2012 et qui pourrait durer jusqu’en 2025 selon la Banque mondiale –, ont atteint 20 millions de dinars (8,8 millions d’euros) en 2014 », précise le journal Jeune Afrique.

 

Dynamite, poussières, cancers

Dans cette région du Sud-Ouest, le chômage atteint 29 %. A la désespérance sociale se mêlent les problèmes sanitaires. « Les poussières provoquent des maladies respiratoires, des cancers. Il y a aussi des problèmes de dents à cause du fluor présent dans l’eau. Les os peuvent se casser. » L’absence d’hôpital à Gafsa contraint les habitants à se rendre à Tunis ou Sousse. Dans cette zone aussi, les habitants constatent l’épuisement de l’eau souterraine. « Il n’y a pas d’agriculture possible avec ces ressources en eau qui diminuent. »

 

 

« Le problème, ce n’est pas le phosphate, mais la façon dont on le traite », précise Zaybi Abdessalem, de l’association Mlal environnement. « Pour l’extraire, on utilise de la dynamite. Les secousses sont entendues tous les jours, à midi. Elles ébranlent les maisons, causent des fissures chez ceux qui sont à un ou deux kilomètres. Plus on met d’explosif pour extraire davantage de phosphate, plus les poussières se dispersent sur le territoire. » Pour éviter que les poussières ne se répandent dans l’environnement, le phosphate doit normalement être humidifié lors du transport. « Comme ils veulent gagner du temps et de l’argent, ils ne le font pas. Au Maroc, ils respectent les normes alors qu’ils extraient deux fois plus de phosphate. Ici, ils veulent en vendre plus et ils se fichent de notre santé ! » Depuis quatre ans, la vie des « oubliés du phosphate » bat au rythme des revendications sociales, des grèves et des mouvements protestataires (voir la bande annonce de Maudit soit le phosphate, un documentaire sur les grèves et leur répression).

 

http://primed.tv/maudit-soit-le-phosphate/

De Gabès à Gafsa : « pollueur payeur »

Une telle industrie, même en s’adaptant, peut-elle être plus respectueuse de l’environnement ? C’est le point de vue des responsables des associations du bassin minier de Gafsa. « L’eau qui sert à laver le phosphate pourrait être réutilisée au moins deux fois pour le lavage des nouvelles roches », illustre l’un d’eux. Ce qu’ils espèrent surtout, c’est une redistribution d’une partie de l’argent du phosphate pour soutenir le développement de la région, en termes de soins de santé ou d’éducation. « Nous avons le droit de vivre dans un bassin minier propre. Il faut respecter la loi et sinon, on doit retirer la licence de l’entreprise ! »

A Gabès, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), centrale syndicale, réclame l’application du principe « pollueur payeur ». « Il n’y a pas d’équilibre entre un secteur qui produit beaucoup d’argent, mais aussi beaucoup de dégâts. Rien n’a été fait depuis les années 1970. Nos services sanitaires ne sont pas à la hauteur. Les habitants sont obligés d’aller à Sfax ou Sousse pour se faire soigner. Malgré les législations tunisiennes, aucune étude d’impact n’est réalisée. » Le syndicat demande lui aussi un soutien au développement économique et social de la région.

Changer de modèle de développement

Autour du complexe chimique, les citoyens n’attendent plus que l’entreprise agisse. Ils multiplient les projets pour sauvegarder l’oasis de Gabès, construisant des retenues d’eau, soutenant l’installation de paysans, développant un tourisme solidaire et la commercialisation de produits locaux (voir notre reportage). Ensemble, ils démontrent qu’un autre développement de la région est toujours possible. Mais réussiront-ils si l’eau ne revient pas ?

 

 

A l’autre bout de la filière, en France et en Europe, les engrais phosphatés contribuent à une dégradation générale de la situation environnementale. Combien de temps faudra t-il pour réguler un système destructeur pour l’environnement et la santé, dans lequel les habitants et les agriculteurs sont pris au piège ? Au-delà de la seule limitation des phosphates dans les lessives et détergents pour lave-vaisselles à usage domestique...

Texte : Simon Gouin et Sophie Chapelle

Images (photos et vidéos) : Nathalie Crubézy / Collectif à vif(s)
Sauf :
- Photo de Une (algues vertes) : CC Cristina Barroca
- Photo Algues vertes : CC TheSupermat

- Le reportage photo est tiré du projet en cours "Time for change : pour une production et une consommation soutenables des matières premières" porté par l’Aitec, en partenariat avec Attac, Bastamag et le collectif à-vif(s)

Notes

[1Voir les statistiques sur la consommation d’engrais en Europe

[2La concentration excessive de phosphates dans l’eau entraine une eutrophisation des rivières à débit lent des lacs, des réservoirs et des zones côtières, qui se manifeste par une prolifération d’algues bleu-verte, une moindre infiltration de la lumière, la raréfaction de l’oxygène dans les eaux de surface, la disparition des invertébrés benthiques et la production de toxines nuisibles aux poissons, au bétail et aux humains. Source

[3La Chine, le Maroc et les États-Unis assurent à eux-seuls plus des deux tiers de la production mondiale de phosphates, voir U.S. Geological Survey, Mineral Commodity Summaries, Janvier 2015 Source

[4The World Phosphate Market, What Risk for the European Union, Inra, Juin 2014 (voir ici).

[6« La quantité de phosphates produite a pu atteindre 3,9 millions de tonnes de phosphates maximum par an à Gabès, illustre Noureddine Trabelsi. Aujourd’hui on est à deux millions de tonnes. »

[7La CPG, compagnie des phosphates de Gafsa, est une entreprise publique qui a fusionné en 1994 avec l’un des principaux groupes industriels en Tunisie, le Groupe Chimique Tunisien (également public).

[8Un plan stratégique de réforme intitulé « Plan de réhabilitation de la CPG » fut mis en place par le gouvernement tunisien à partir de 1985. Financé par des prêts, de la Banque mondiale puis de la Banque africaine de développement, ce plan prévoyait notamment la mécanisation de la production, la réduction des charges et des coûts d’exploitation et la réduction des effectifs. Voir les rapports disponibles sur le site de la Banque africaine de développement

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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20 juillet 2015 1 20 /07 /juillet /2015 21:04

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Megasurprise 02/07/2015 à 15h09
Profs, EDF et banques devront aider les préfets à fliquer les étrangers
Thibaut Schepman | Journaliste Rue89

 

 

Officiellement, le projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve vise à renforcer les droit des étrangers. Pourtant, au moins l’un de ses amendement va considérablement porter atteinte à leur liberté et à leur vie privée.

Ce texte – qui sera étudié par les députés en lecture publique à partir du 20 juillet – prévoit en effet la création d’un « droit de communication » qui donne au préfet le pouvoir de demander « sans que s’y oppose le secret professionnel autre que le secret médical » des informations sur les personnes demandant ou possédant un titre de séjour, auprès d’institutions aussi variées que :

  • Les établissements scolaires et d’enseignement supérieur.
  • Les établissements de santé.
  • les banques et organismes financiers.
  • Les fournisseurs d’énergie et les services de communications électroniques.
  • Pôle emploi.
  • Les services d’état civil.
  • La Sécurité sociale.
  • Les tribunaux de commerce.

Le but étant de confronter les déclarations des requérants à des données provenant directement des organismes concernés.

Scandale en 2009, normal en 2015

En 2008 et 2009, Rue89 révélait que des ANPE, mais aussi la banque LCL avaient, par excès de zèle, aidé les préfectures à expulser des sans-papiers. Si ce texte est définitivement adopté, ces situations deviendront non seulement normales mais en plus obligatoires pour ces structures mais aussi pour EDF, des collèges ou des hôpitaux.

 

Contrôle d’identité dans le quartier de la Patrenelle, à Marseille, le 29 janvier 2013 (AFP PHOTO/BORIS HORVAT)

 

Le Défenseur des droits, interrogé par Libération, craint déjà des « contrôles inopinés et d’une ampleur sans précédent » et des « moyens disproportionnés ».

Lise Faron, responsable de la commission migrants de la Cimade – l’une des principales associations d’aide aux migrants en France –, nous détaille :

« Cette disposition porte atteinte à la vie privée. Dans la pratique, ça va mettre des personnes et des structures dans des situations très compliquées au niveau déontologique, cela peut aller à l’encontre de leur mission.

Que doit faire par exemple un professeur à qui l’on demande des informations sur le niveau ou le travail scolaire d’un élève ? De même, le texte assure que le secret médical sera le seul secret professionnel qui sera préservé, mais dans les faits c’est impossible.

Même s’il n’a pas accès au dossier médical, le préfet a déjà accès à des informations médicales importantes s’il reçoit des éléments venant d’une structure psychiatrique par exemple. »

La responsable met en parallèle cette nouveauté avec une autre disposition du projet de loi. L’article 8 va autoriser le préfet à contrôler « à tout moment » que l’étranger qui dispose d’un titre de séjour « continue de satisfaire aux conditions fixées pour la délivrance de cette carte ». S’il ne peut le justifier, ou s’il ne se rend pas à la convocation, sa carte de séjour peut lui être retiré immédiatement. Lise Faron commente :

« Ça encourage les préfets à faire plus de contrôles et à retirer des titres de séjour en dehors du cadre du renouvellement, ce qui se fait peu aujourd’hui. Surtout, ça leur donne le droit de retirer un titre sans aucune garantie procédurale, ils n’auront pas à saisir la commission du titre de séjour. »

En clair, un préfet pourra enquêter sur un étranger avec l’aide de sa banque, de son opérateur ou de l’école de ses enfants, le convoquer et lui retirer son titre de séjour sans autre forme de procès.

« Tout va se passer uniquement entre le préfet et l’étranger, c’est dangereux à nos yeux. »

Oui pour les étrangers, non pour les chômeurs

Petit rappel pour finir. En mai, le gouvernement avait proposé puis retiré dans la hâte un amendement qui donnait aux agents de Pôle emploi un droit de communication sur les données personnelles de chômeurs suspectés de fraude. « Le ministre [du Travail] s’est rendu compte que ça n’avait pas été suffisamment concerté », avait commenté l’entourage de François Rebsamen à l’AFP.

Devant la colère des associations d’aide aux migrants, le rapporteur du texte, Erwann Binet, s’est dit prêt ce mardi à réécrire les deux articles dénoncés. Mais le ministre Cazeneuve ne compte pas imiter le ministre Rebsamen. Il a répondu :

« Je suis prêt à améliorer la rédaction du texte mais absolument pas à l’affaiblir dans sa capacité à lutter contre la fraude. »

Ce qui est choquant pour les chômeurs ne l’est pas (encore) pour les étrangers.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 15:59

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Center Parcs: enquête sur une aberration faite de béton et de niches fiscales

|  Par Jade Lindgaard

 

 

 

Roi du bétonnage, le groupe Pierre et Vacances bénéficie d’un soutien financier inédit des pouvoirs publics, à coups de gigantesques niches fiscales, pour une offre de tourisme stéréotypée et déficitaire. C’est aussi un gros émetteur de gaz à effet de serre. Son dernier Center Parcs, à Roybon, est pour l'instant suspendu.

Vendredi 10 juillet, à 9 heures, Laurent Fabius avait inscrit un important rendez-vous à son agenda de ministre des affaires étrangères, l’inauguration d’un nouveau Center Parcs à Morton, dans la Vienne : 264 hectares de surface arborée, 800 cottages, une bulle d’air tropical avec piscine et toboggans. La veille, il a finalement annulé sa venue. Le nouveau site de vacances du groupe Pierre et Vacances appâte les dirigeants politiques. Ségolène Royal – encore présidente de la région Poitou-Charentes – est venue lancer le chantier en avril 2014 avec Jean-Pierre Raffarin, sénateur du cru.

 

Ségolène Royal, lors de l'inauguration du chantier du Center Parcs de Morton, dans un reportage de F3.
Ségolène Royal, lors de l'inauguration du chantier du Center Parcs de Morton, dans un reportage de F3.
 

Ce ne sont pas que de simples mondanités institutionnelles. C’est la marque d’un soutien officiel et répété des pouvoirs publics à un groupe qui bétonne des dizaines d’hectares chaque année, détruisant espaces naturels et paysages à grands renforts d’argent public et de subsides des particuliers, au service d’une offre de tourisme stéréotypée et gravement déficitaire.

Au premier semestre, le groupe Pierre et Vacances a perdu 87 millions d’euros, après en avoir consumé 110 l’an précédent sur la même période. Sur les trois dernières années, en exercice complet, il a perdu près de 102 millions d’euros (en résultat net). La construction puis l’exploitation des Center Parcs et autres résidences de villégiature émettent des dizaines de milliers de tonnes de CO2. Ce désastreux bilan carbone rend surréelle la présence du ministre de la COP 21, le sommet du climat, lors de la cérémonie d’ouverture à Morton.

En Isère, des dizaines de personnes occupent la forêt de Chambaran pour bloquer les travaux d’un autre Center Parcs, celui de Roybon. Et l'occupation pourrait bien durer, le tribunal administratif de Grenoble ayant décidé jeudi 16 juillet d'annuler un arrêté préfectoral indispensable à la construction du centre. « Cela n’a aucun rapport, Laurent Fabius vient avec sa casquette de soutien au tourisme », assurait le Quai d’Orsay avant d'annuler sa visite. C’est pourtant bien l’absence de lien fait entre la lutte contre le dérèglement climatique et la promotion de ce type de tourisme qui pose problème. 


La puissance publique ne ménage pas sa peine pour aider le groupe de Gérard Brémond, qui développe depuis la fin des années 60 un empire dans l’industrie du tourisme autour du principe de la location de résidences de vacances et de « temps partagé ». Son coup d’éclat initial fut la création de la station de ski d’Avoriaz. Pour « le Domaine du bois aux daims », nom du nouveau Center Parcs de la Vienne, c’est un partenariat public-privé qui finance les 138 millions d’euros d’investissement, sans aucune mise de fonds de Pierre et Vacances. Tous les coûts sont assumés par les collectivités locales et la Caisse des dépôts, dont un emprunt de 68 millions d’euros sur 22 ans, complétés par 5 millions de subventions de l’État. Les actionnaires de la société d’économie mixte locale toucheront un loyer versé par l’exploitant. Plus de la moitié des cottages ont été achetés par des investisseurs institutionnels. Bref : le promoteur du parc ne débourse quasiment rien.

 

Plan du Center Parcs à Morton dans la Vienne (DR PVCP).Plan du Center Parcs à Morton dans la Vienne (DR PVCP).
 

Des opposants au Center Parcs de Roybon ont calculé que le total des avantages publics pour le site, y compris le financement de voiries et les allégements fiscaux, s’élève à 112 millions d’euros. En mars dernier, le conseil économique, social et environnemental régional (CESER) d’Aquitaine a rendu un avis très réservé sur un projet de Center Parcs dans le Lot-et-Garonne (170 millions d’euros d’investissement) : « Il convient de s’étonner de la nécessité d’une telle mobilisation de fonds publics pour assurer le financement d’un projet privé à vocation purement commerciale. » Ses auteurs critiquent notamment le rôle de la Caisse des dépôts : « On peut s’interroger sur la mobilisation d’une partie de l’épargne destinée au financement de projets d’intérêt général, par exemple le logement social, au profit d’un projet bénéficiant à un groupe privé. Il y aurait captation indirecte de fonds d’intérêt public. »

 

 

Ce flot d’aides est à mettre en perspective avec l’effondrement du cours de l’action de Pierre et Vacances, divisé par trois entre 2000 et 2015.

"C’est une fuite en avant"

L’argent public n’est pas la seule béquille du groupe de tourisme. Piégé par ses difficultés, Pierre et Vacances est pris dans une course contre la montre financière : il a besoin d’ouvrir toujours plus de centres et de résidences, car c’est dans la promotion immobilière qu’il réalise ses marges. Ce n’est pas seulement une logique de développement, c’est un enjeu de survie économique. Pour le chercheur Sylvain Zeghni, spécialiste en économie du tourisme et de l’environnement, c’est comparable à un « système de Ponzi » légal : « Plus ils construisent, plus ils gagnent de l’argent, alors qu’il y a une certaine tension sur la fréquentation. Le montage financier repose sur la rentabilisation de la construction qui renfloue la branche tourisme. C’est une fuite en avant. »

 

Manifestation contre le Center Parcs de Roybon (Isère), 20 octobre 2014 (Pcscp).Manifestation contre le Center Parcs de Roybon (Isère), 20 octobre 2014 (Pcscp).
 

Interrogé par Mediapart, le groupe réfute cette comparaison (voir leur réponse complète en Prolonger) : « Le modèle économique du groupe ne saurait être être comparé à un "système de Ponzi", notre stratégie étant construite autour d’un objectif clair : la combinaison de chaque activité (tourisme et immobilier) opérationnellement profitable doit générer une croissance accélérée des résultats. »

Plus précisément, le groupe explique que « l’origine de ce déficit est connue et le retournement de situation est désormais maîtrisé. La dégradation des résultats touristiques, qui concerne un nombre limité de résidences exploitées par le Groupe, résulte en effet de la forte dé-corrélation observée sur plusieurs années, et en particulier à partir de 2007/08, année de début de crise économique, entre la hausse de l’indexation des loyers versés par le groupe aux propriétaires particuliers et celle de l’indice des prix à la consommation (influant sur l’évolution des prix des séjours touristiques) ». Il compte économiser 67 millions d’euros entre 2012/13 et 2018 et affirme viser un retour à la profitabilité opérationnelle à partir de 2018. Au 30 septembre 2015, il s’attend à un retour à la profitabilité opérationnelle de ses activités touristiques et vise une marge opérationnelle tourisme de 5 % à horizon 2017.

Résultats du groupe Pierre et Vacances 2013/2014 (Rapport financier).Résultats du groupe Pierre et Vacances 2013/2014 (Rapport financier).
 

Mais la crise économique de 2008 n’explique pas tout. Leur activité de gestion d’équipement touristique (promotion d’un site résidentiel, location d’appartements et de cottages) reste déficitaire au fil des ans, alors que le développement immobilier (achat de terrains, construction, ventes d’appartements et de cottages) est bénéficiaire. Ainsi, au premier semestre 2014/2015, leur activité de tourisme accuse un déficit de 90 millions d’euros, alors que leur activité d’immobilier est bénéficiaire de près de 11 millions d’euros. L’année précédente, sur la même période, même schéma : plus de 100 millions de pertes pour le tourisme, près de 5 millions de gains pour l’immobilier.

Le rapport financier 2014/2015 indique bien que l’activité immobilière du groupe est principalement tirée par la construction du Center Parcs de la Vienne (96 millions d’euros) et, dans une moindre mesure, celui de Bostalsee (en Allemagne), ainsi que le programme Village Nature, développé avec Euro Disney. En 2011/2012, c’est l’extension de la station d’Avoriaz et du Center Parcs des Trois Forêts en Moselle qui a soutenu leur activité. Les Center Parcs représente près de la moitié du chiffre d’affaires du groupe. Dans les prochaines années, Pierre et Vacances pourrait tripler son nombre de lits. Un pari risqué alors que, selon le ministère du tourisme, la demande pour ce type de produit s’affaisse.

Les bénéfices engrangés sur la construction abondent en partie les loyers que l’exploitant verse aux particuliers et investisseurs institutionnels (Caisse des dépôts, fonds de retraites de fonctionnaires…) qui achètent ses résidences, qui sont à leur tour louées à des clients pour des séjours de quelques jours à quelques semaines. Le génie de ce système est de permettre à Pierre et Vacances de fonctionner avec très peu de fonds propres – le capital est dilué entre ces nombreux acteurs. C’est aussi sa fragilité, puisque le promoteur et exploitant ne possède qu’une petite partie de son parc. Il bénéficie par ailleurs de l’achat de terrains très bon marché, qu’il revend bien plus cher. Un mémoire de l’université de Lyon 2 indique qu’à Roybon, le groupe a acheté les terres de son futur Center Parcs 30 centimes le mètre carré, alors qu’il les a revendus 18 euros le mètre carré. Jolie culbute.

Mais la clef de voûte de ce système, c’est la défiscalisation. La loi Censi-Bouvard permet à l’acheteur d’une résidence de tourisme de bénéficier d’une réduction d’impôt de 11 % du prix d’acquisition d’un bien immobilier étalé sur neuf ans (plafonné à 300 000 €), et de récupérer la totalité de TVA. En 2014, cette niche fiscale a coûté 180 millions d’euros selon le rapporteur de la loi ALUR, le sénateur aujourd’hui décédé Claude Dilain. Ce dispositif devait s’éteindre en 2012 mais a été sauvegardé in extremis par Jérôme Cahuzac, alors ministre du  budget, sans aucune évaluation de son coût et de ses effets, comme le rappelle le site « enquêteouverte.info ». Quinze jours plus tôt, il avait rencontré Gérard Brémont, le PDG de Pierre et Vacances, ainsi que son directeur général. Ce qui fit alors s’interroger les Verts de l’Isère : « Le gouvernement est-il rentré à la niche ? »

 

Extrait de l'agenda de Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget.Extrait de l'agenda de Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget.

 


À Roybon, dans l’Isère, Pierre et Vacances bénéficie en outre du classement de la commune en zone de revitalisation rural (ZRR) qui peut l’exempter d’impôts sur les bénéfices, de taxe foncière, de cotisations sociales et de contribution économique territoriale (CET), qui a remplacé la défunte taxe professionnelle.

Pour Sylvain Zeghni, « Le modèle de Pierre et Vacances a très bien marché car les défiscalisations ont été fortes. Les collectivités locales y trouvaient un gain en recettes fiscales et en promotion touristique de leur territoire. Le modèle avait du succès pour ceux qui achetaient et pour ceux qui venaient y séjourner. Mais les comportements des vacanciers changent, attirés par de nouvelles offres comme AirBnB, et au bout de 10 à 15 ans, les charges de rénovation, élevées, sont imputées aux propriétaires ». Selon un rapport de mastère de l’université de Lyon 2, la niche fiscale totale du Center Parcs de Roybon s’élève à 27,5 millions d’euros.

Manuel Valls lors de la pose de la première pierre du chantier de Village Nature, de Pierre et Vacances/EuroDisney (©P Granier) Manuel Valls lors de la pose de la première pierre du chantier de Village Nature, de Pierre et Vacances/EuroDisney (©P Granier)
 

Sur les forums de discussion d’investisseurs immobiliers, on trouve de nombreux commentaires de propriétaires mécontents :

Emy74 : « P&V me renouvelle le bail avec une baisse de 80 % sur le dernier loyer que j'ai touché. »
Ritxi64 : « Après une longue hésitation et bcp de réflexion j’ai choisi P et V pour investir dans le cadre du LMP afin de m assurer des revenus complémentaires pour compenser un retraite insuffisante. Reçu nouveau bail sur un beau papier : au total 70% de baisse des loyers garantis + un 20% sur CA net non contrôlable et plus de 20.000 € de travaux me privant de 2 ans de ces maigres revenus. J'en suis malade de m’être fait rouler comme cela venant d’un groupe a priori respectable et solide financièrement mais c’était il y a 10 ans. De plus je suis chargé de crédit pour cet investissement qui se termine dans 7 mois ».
Titof82988 : « Propriétaire de deux appartements à Moliets je viens de recevoir mes deux baux. Surprise tout à été divisé par deux! Et en plus pour la rénovation on me demande 11 000€ soit 22 000 € pour les deux ! Je précise que ce sont juste deux t2 de 30m2. A ce prix la le sol des murs au plafond sont en or!!! »

Jusqu’ici, les loyers versés par le groupe étaient indexés sur l’indice des coûts à la construction, qui a augmenté de 40 % en 10 ans, grevant les comptes de l’exploitant. « Il n’est pas compliqué de comprendre que nous n’étions pas dans un modèle économique tenable », déclare Dominique Menigault, directeur général adjoint de Pierre et Vacances pour les conseils immobiliers au site spécialisé « enquête ouverte ». Selon lui, « on voit bien que nous sommes dans une conjoncture beaucoup plus difficile pour le tourisme qu’il y a dix ans ». Désormais, ils sont alignés sur l’indice des loyers, plafonnés à 2 % par an.

Depuis la signature de ces premiers contrats, « la situation économique s’est dégradée, en particulier depuis 2009. La plupart des produits financiers ont vu depuis leur rendement régulièrement ajusté à la baisse », répond le groupe Pierre et Vacances, qui affirme avoir tenu ses engagements.

Des propriétaires de time share, ces formules de « temps partagé » où l’on achète l’usage de nuitées mais pas de biens physiques, commercialisées par une marque du groupe Pierre et Vacances, Maeva, se pourvoient en justice pour sortir de contrats qui les étranglent. À l’exemple de Mme Lorderau, propriétaire de trois périodes de time shares à Tenerife, aux îles Canaries, qui s’est vu exiger plusieurs milliers d’euros de charges pour l’entretien d’un bien qu’elle ne possède pas. Après la perte de sa procédure judiciaire, l’argent a été saisi sur son compte en banque, explique son beau-fils, joint par Mediapart.

Avocate de l’association APAF-VTP dédiée aux dangers du time share, Lise Nicole explique que le litige avec Maeva, la filiale de Pierre et Vacances, sont les seuls à ne pas trouver d’issue. « Plus de 80 % des porteurs de parts sont satisfaits de la formule, parce qu’ils l’utilisent, répond le groupe. Pour les 20 % des clients non utilisateurs, désireux de sortir du système, plusieurs alternatives existent. »

Ces déboires locatifs ont en partie été recouverts par la bonne image du groupe, ses publicités mettant en scène des familles resplendissantes dans un cadre de vie végétal et luxuriant. Pourtant, en contradiction avec cet apparent amour de la nature, les Center Parcs sont de très gros émetteurs nets de gaz à effet de serre et donc de très gros contributeurs au dérèglement climatique. Pour le site prévu au Rousset, en Saône-et-Loire, l’étude réalisée dans le cadre du débat public estime son bilan carbone à 10 500 tonnes équivalent CO2, pour sa construction, sa consommation d’énergie lors de l’exploitation, les déplacements des clients…

À titre de comparaison, un aller-retour en avion Paris-Tokyo n’émet « que » deux tonnes de CO2. Pour le Center Parcs des Trois Forêts en Moselle, c’est encore pire : plus de 20 000 tonnes de CO2. L’affichage naturaliste de ces sites de vacances, les photos de daims et de forêts, et les normes HQE pour les cottages sont un leurre mensonger. La bulle tropical de bassins aquatiques et de toboggans sinueux, aussi décorées soit-elles de faux rochers et de cascades artificielles, n’a pas le pouvoir d’extraire ses clients des chaos du monde.

 

Répartition des émissions de gaz à effet de serre du projet de Center Parcs au Rousset, Saône et Loire (cabinet Elan).Répartition des émissions de gaz à effet de serre du projet de Center Parcs au Rousset, Saône et Loire (cabinet Elan).


À ces arguments, on oppose en général la création d’emplois. « L’ouverture du Center Parcs du Bois aux Daims va être un formidable amplificateur de cette attractivité touristique dont bénéficie aujourd’hui la Vienne », veut croire Bruno Belin, nouveau président (LR) du département. Des emplois : les élus cherchent à en créer par tous les moyens. Mais avec quels effets ? À Morton, 80 % des 600 emplois seront en CDI mais 35 % à temps partiel. Si bien qu’en réalité, seuls 390 équivalents temps plein verront le jour.

En général, les contrats précaires des Center Parcs portent sur neuf heures hebdomadaires et rapportent aux employés 280 euros par mois, un quart de Smic. En Moselle, sur 700 emplois au total, on ne décompte que 470 équivalents temps plein. À Roybon, des opposants ont calculé que chaque équivalent temps plein promis par Center Parcs coûterait près de 240 000 euros au contribuable. Dans le Lot-et-Garonne, Center Parcs promet entre 250 et 500 emplois en phase de travaux, et 300 emplois en phase d’exploitation.

Ce n’est pas rien, dans un bassin de vie où le taux de chômage global oscille entre 13 % et 14 % et dépasse 30 % pour les jeunes. Mais en prenant en compte le ratio aides publiques/emplois créés, soit environ 130 000 euros par emploi, le même niveau d’investissement au profit d’acteurs locaux « pourrait certainement générer une autre dynamique de développement porteuse d’un nombre d’emplois plus conséquent », analyse le Ceser Aquitaine dans son avis de mars dernier.

Toutes ces failles économiques, sociales, climatiques et environnementales restent invisibles aux yeux des responsables politiques. Arnaud Montebourg, ancien ministre du redressement productif, fait l’éloge du Center Parcs en projet en Saône-et-Loire. Manuel Valls a posé la première pierre du Village Nature en projet en Ile-de-France en association avec Euro Disney. En visite à Toulouse début juillet, le premier ministre chinois Li Keqiang a signé en présence de Manuel Valls un accord pour développer les Center Parcs en Chine. Le chef du gouvernement vient de signer en catimini, avec Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, le prolongement de l’autorisation de défrichement de la zone où veut se construire le Center Parcs de Roybon, comme l’a révélé Reporterre.

Aucune de ces informations n’est secrète. Il faut les chercher dans les bilans financiers, les notes des organes consultatifs, les mémoires scientifiques. Mais tout est public. Et pourtant, rien n’altère à ce jour le cours du soutien systématique et dispendieux des pouvoirs publics à ce groupe industriel bâti sur un modèle du passé.

 

 

Boîte noire :

Cet article est le premier d'une série consacrée au grand bétonnage de la France. Merci au chercheur Sylvain Zeghni et au journaliste Erwan Seznec pour leur aide. Le week-end des 11-12 juillet se tient le rassemblement annuel des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes où le projet de Center Parc à Roybon sera notamment discuté.

Cet article a été mis à jour le 16 juillet, après la décision du tribunal administratif de Grenoble d'annuler un arrêté préfectoral indispensable à la construction du Center Parcs de Roybon.

 

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 17:21

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Renseignement : la France a déjà négocié l'achat de logiciels espions

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

Les documents piratés chez le fabricant de logiciels de surveillance Hacking Team montrent que, dès 2013, la société a été en contact avec les autorités françaises pour la vente de son produit phare, Galileo, un virus prenant le contrôle des ordinateurs. 

 

Une bien étrange entité que cette Sagic. Son nom complet, CNET Sagic Service Administratif, pourrait faire penser à un cabinet d’expert-comptable. Pourtant, son code « APE », affecté par l’Insee en fonction de l’activité d’une entreprise, indique « autres services de restauration », c’est-à-dire une cantine ou un restaurant d’entreprise. Et fonctionnant sous la forme d’une association, sans aucun salarié actuellement. Mais surtout, pourquoi un de ses membres s’est-il retrouvé chargé de négocier, pour le compte du gouvernement français, l’achat d’un logiciel de surveillance à une société italienne ?

La Sagic aurait pu rester dans l’ombre encore de nombreuses années. Mais le piratage retentissant dont ont été victimes les mercenaires numériques italiens de Hacking Team place directement la Sagic sous les projecteurs. Dimanche 5 juillet, un groupe de hackers (jusqu’à présent non identifié) a littéralement vidé et mis sur la place publique les ordinateurs de plusieurs dirigeants et ingénieurs de Hacking Team. Cette société de vente de logiciels de surveillance basée à Milan était depuis de nombreuses années accusée de vendre des solutions de surveillance, et d’intrusion, à de nombreux régimes autoritaires. Les documents mis en ligne ont déjà confirmé ces soupçons. Non seulement Hacking Team fabrique des logiciels « offensifs », permettant par exemple de prendre le contrôle d’un ordinateur, mais en plus les vend à des dictatures, notamment au Soudan, pays pourtant visé par un embargo sur les armes décrété par les Nations unies.

Mais on a également appris que les armes numériques de Hacking Team intéressent de nombreuses démocraties. À commencer par la France. Les documents montrant l’intérêt de certains pays européens ont été notamment compilés sur le site Medium. Les négociations portent sur l’achat d’un « Remote Control Service » (RCS), un logiciel utilisé dans des attaques ciblées à distance. Le produit, auparavant dénommé Da Vinci, a depuis quelque temps été renommé « Galileo » ; en voici une vidéo de présentation :

 

 

 

Une fois installé dans l’ordinateur de la victime, ce virus permet de récupérer toutes les données stockées et de récupérer toutes les conversations (tchat, emails, Skype…), avant même qu’elles ne soient chiffrées, ainsi que tous les mots de passe tapés. Ce « produit » de Hacking Team a notamment déjà été utilisé pour espionner des journalistes éthiopiens basés aux États-Unis, avaient révélé le Citizen Lab, un laboratoire de l’université de Toronto qui suit depuis plusieurs années les activités de la société italienne. Les prix proposés varient en fonction des options. Le « module renseignement » est ainsi facturé entre 50 000 et 90 000 euros « en fonction de la configuration ». Le module de traduction, lui, coûte à lui seul 110 000 euros.

 

Hacking Team semble, dans ce projet, s’être associé à une société anglaise, la Knightsbridge Company Services (KCS Group). Les extraits de mails montrent que c’est tout d’abord le ministère de la défense qui s’est intéressé au « RCS » italien. Une première réunion, et une démonstration, avaient déjà été organisées dès la fin d’année 2013 au Novotel de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, comme le montre cet échange de mails mis en ligne par WikiLeaks. Mais le 25 août 2014, le directeur financier de KCS Group, Brian Groom, écrit à Marco Bettini, directeur des ventes de Hacking Team, pour l’informer que d’autres services français seraient également intéressés. « Il apparaît qu’un autre département au sein du gouvernement français a reçu une présentation sommaire du système Galileo ces derniers jours et qu’il y a un intérêt très sérieux et authentique pour ce produit HT. Il y a maintenant une demande pour une démonstration globale de toutes les possibilités offertes par Galileo la première semaine de septembre (au même endroit que la démonstration de Da Vinci). »

On en apprend plus sur cet autre « département » dans un mail en date du 27 mars, compris dans l'échange de messages mis en ligne par WikiLeaks. Philippe Vinci y prend contact avec un certain Benoît B., dont l'adresse termine par « @sagic.fr », et lui propose un rendez-vous pour lui présenter ses produits. Celui-ci doit avoir lieu le vendredi 3 avril. Sans que l'on sache s'il existe un lien avec cette proposition, un compte-rendu de réunion a bien été rédigé, mais daté du 2 avril (voir en bas de page). Celle-ci est organisée en présence de deux responsables de Hacking Team, dont son vice-président Philippe Vinci, et de trois représentants du ministère de l’intérieur, dont un « ex-DGSI », précise le compte-rendu de la rencontre.

Au cours de celle-ci, les Français se sont montrés au fait des implications techniques et juridiques du logiciel de Hacking Team. Ses deux représentants listent par ailleurs les aspects qui, selon eux, ont visiblement le plus intéressé leurs interlocuteurs. Ainsi, ils ont noté une « excellente réaction de langage corporel » pour la solution « ISP Network injection », une technique d’intrusion consistant à injecter directement dans le réseau internet d’un fournisseur d’accès un logiciel espion pour cibler une personne. Cette méthode est particulièrement efficace car elle dispense d’avoir à pénétrer l’ordinateur de la cible ou de le piéger en le faisant télécharger le virus. Elle est également particulièrement agressive car elle implique d’infecter tout un réseau, et ce en amont, directement chez fournisseur d’accès à Internet.

 

 

« Je ne peux rien vous dire, il faut contacter le cabinet du premier ministre »

Contacté par Mediapart, le ministère de l’intérieur confirme que Hacking Team a bien approché la DGSI ainsi que le Groupement interministériel de contrôle (GIC), l’organisme chargé des interceptions de sécurité et placé directement sous la responsabilité du premier ministre. Il confirme également la tenue de la « réunion de présentation » « dont la société a fait état dans un des documents diffusés sur Internet ». Mais la place Beauvau assure « qu’aucune suite n’a été donnée à cette réunion ».

La démonstration, à laquelle Benoît G. a bien assisté comme en témoigne l'échange publié par WikiLeaks, semble en tout cas avoir beaucoup plu aux Français. « Je peux vous assurer de mon intérêt pour une démonstration dans vos locaux et avoir l'avis de l'un de vos utilisateurs », écrit-il ainsi le 7 avril au matin à Philippe Vinci. Rendez-vous est pris dans les heures qui suivent. La démonstration aura lieu la « semaine du 21 mai » à Milan. Et une rencontre avec des carabinieri est même programmée à Rome.

Quel est donc le statut, et le rôle, de cette entité ne publiant aucun compte, ne disposant d'aucun statut légal mais à qui le gouvernement délègue visiblement des négociations aussi sensibles en termes de libertés individuelles ? Le site internet de la CNET Sagic Service Administratif ne permet pas d’en savoir plus sur les activités de ce « service administratif », censé faire de la restauration, mais chargé d’organiser des rencontres entre services français et sociétés étrangères. Il ne propose en effet qu'une page de connexion. Ce restaurant d’entreprise dispose en tout cas de locaux de luxe : le 51, boulevard de La Tour-Maubourg. Le problème est qu’à cette adresse, on ne trouve aucune enseigne au nom de « Sagic ». En revanche, on peut y admirer les bâtiments officiels de l’Armée française : certains services de son ministère, le musée de l’Armée ou encore le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).

Le 51, boulevard de La Tour-MaubourgLe 51, boulevard de La Tour-Maubourg © Google Street View
 
 

Un appel téléphonique permet cependant d’en apprendre un peu plus, en tout cas de confirmer l’existence de cette entité.

« Bonjour, suis-je bien à la Sagic ?

… Heuu oui. Enfin, qui demandez-vous ? (…)

J’aurais aimé savoir exactement quelle est votre activité ?

Je ne peux rien vous dire, il faut contacter le cabinet du premier ministre. »

L’auteur du mail, lui, « n’est pas là ». Et pour toutes les autres questions, il faut contacter « les services du premier ministre ».

Un mail, envoyé le 8 avril, au lendemain de la prise de rendez-vous à Milan, confirme que la Sagic n'est à l'évidence qu'une émanation du GIC. Philippe Vinci écrit à son ingénieur Alessandro Sacarafile d’organiser « une présentation et une démo complètes du produit pour un prospect français, le GIC ». « Le GIC est aujourd’hui chargé des interceptions administratives, directement sous le premier ministre français… ce qui signifie des interceptions extra-judiciaires… principalement pour la prévention, les interceptions anti-terroristes, etc. », précise Philippe Vinci.

 

La fin du mail est particulièrement instructive au regard de l’actualité récente. On y apprend par exemple que le GIC gère déjà une plateforme utilisant le produit de la société française Aqsacom, spécialisée dans l’interception légale et qui semble être un outil de gestion centralisé pour l’ensemble des services. Plusieurs documents concernant cette société avaient été révélés en 2011 par WikiLeaks dans le cadre de son opération « SpyFiles », dont une brochure expliquant son travail. Celui-ci consisterait à fournir une interface de gestion des demandes d’interception afin d’assurer la coordination entre les différents services (forces de l’ordre, service pratiquant l’interception, autorité judiciaire ou administrative…).

En revanche, souligne Philippe Vinci, le GIC semble « n’avoir aucune connaissance » des « solutions offensives ». Mais le gouvernement français paraît déterminé à combler ses lacunes. « Ils veulent se préparer à un changement de régulation qui va certainement intervenir en France et qui permettra bientôt les interceptions par hacking pour ces domaines comme l’antiterrorisme. » Trois mois plus tard, le Parlement adoptait le très controversé projet de loi renseignement, offrant de nombreux nouveaux pouvoirs aux services français, et étendant considérablement leurs domaines d’activité.

Cette hypothèse d’une commande effectuée en prévision de la future adoption du projet de loi renseignement est confirmée par un autre mail de Philippe Vinci en date du 15 juin, relevé par le site Reflets. « Quatre personnes assistaient à la session de démonstration. Discussions après la démo avec le chef du département GIC. La nouvelle loi a été votée en France au Parlement. Maintenant, elle doit être votée au Sénat. La prochaine étape est de faire une démo privée/plus technique à Paris ou Milan »… Les services du premier ministre ayant refusé de répondre à nos questions, il est pour l’instant impossible de savoir si ces négociations ont finalement débouché sur la signature d’un contrat.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 17:01

 

Source : http://www.reporterre.net

 

L’Europe prête à accepter des niveaux élevés de radioactivité dans les aliments

9 juillet 2015 / Philippe Desfilhes (Reporterre)
 


 

Reporterre observe les temps forts de la session du Parlement européen. Au programme des députés cette semaine, les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive en cas d’accident.


Les députés européens se prononceront jeudi 9 juillet sur la contamination radioactive légale dans les denrées alimentaires et les aliments pour bétail en cas d’accidents nucléaire. « Ce projet de règlement a pour but d’harmoniser les normes au niveau communautaire mais les NMA [Niveaux maximum admissibles] proposées par la Commission correspondent à des niveaux de risque inacceptables, en particulier pour les enfants », dénonce Michèle Rivasi, député Verts/ALE.

La député s’appuie sur un travail réalisé par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), dont elle a été la première présidente. L’association a procédé à l’analyse du rapport scientifique qui valide le choix des NMA. « Elle a mis en évidence toute une série d’erreurs, d’incohérences et d’irrégularités. Ces erreurs sont graves et vont toutes dans le même sens : minimiser les risques et aboutir à la fixation de limites de contamination excessivement élevées. C’est pour cela que nous demandons que des amendements soient votés pour diminuer par 10 les limites définies pour les aliments solides et par 100 celles définies pour l’eau potable », indique la député.

 

JPEG - 317.9 ko
Dans la zone sous contrôle de Fukushima, au Japon, en juin 2014

Les NMA du règlement européen ont été définis selon un scénario peu crédible. « Les experts considèrent l’impact d’un accident lointain, survenant à plus de mille kilomètres des frontières de l’Union européenne. Partant de là, ils estiment que la contamination ne toucherait qu’une faible part de la ration alimentaire des consommateurs européens », explique-t-elle. Il faut donc, soit revoir à la baisse, et de façon drastique, les NMA, comme le demandent les députés Verts-ALE, soit rédiger un second règlement applicable aux accidents susceptibles d’affecter fortement les Etats membres. « C’est urgent : plus de 42 % des 438 réacteurs électronucléaires en fonctionnement dans le monde sont implantés en Europe », insiste la député du sud-est de la France.

Co-rapporteuse du texte pour la commission Envi (Environnement, santé publique et sécurité alimentaire), Michèle Rivasi dénonce aussi le manque de transparence qui a entouré le travail des députés...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 19:26

 

Source : https://bgug.wordpress.com

 

 

 
Le Monde du silence, un film de Cousteau naïvement dégueulasse

 

 

Commandant Cousteau

 

A l’époque, le film du Commandant Cousteau et de Louis Malle avait été encensé par la critique, allant même jusqu’à remporter en 1956 la Palme d’or à Cannes. Depuis, des millions de gens l’ont vu en salle et à la télévision (j’en suis) et jamais le film, qui passait comme un des premiers documents phares de la conscience écologique, n’a été remis en question. Eh bien voilà, c’est fait…

Il a fallu 60 ans pour que le romancier et cinéaste français Gérard Mordillat attire l’attention des gens sur ce que présentait peut-être vraiment le chef-d’œuvre du commandant Cousteau. Nos normes changent, les méthodes aussi.

Ce qui était acceptable hier, ne l’est peut-être plus aujourd’hui et en voilà un bel exemple. Regardez la chronique de Gérard Mordillat intitulée « Le Monde du silence, un film naïvement dégueulasse » et vous comprendrez ce que bien des gens n’avaient pas vu dans ce film, moi inclus…

 

En écoutant cette chronique, en voyant ces images plutôt violentes face à la nature, je repense à l’équipe de Cousteau qui avait fait la manchette il y a quelques années au Québec parce qu’ils étaient « brusques » avec les baleines du St-Laurent…

 

Pour ceux qui veulent revoir le tout premier film de Louis Malle, mettant en vedette le Commandant Cousteau et sa bande… Voici une copie du documentaire « Le Monde du silence » disponible sur YouTube

 

lien ici

 

N.B. Merci à Michel Rochon, journaliste scientifique à Radio-Canada, d’avoir attiré mon attention sur cette chronique de Gérard Mordillat.

 

 

Source : https://bgug.wordpress.com

 

 

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 14:36

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Mille vaches et pas mal d'hypocrites

 

 

Il aurait dû y avoir un débat sur les "règles" permettant la naissance dans notre pays de la fameuse "ferme des 1 000 vaches". Car cela marque un tournant dans l'histoire de l'agriculture française. Mais voilà, l'hypocrisie sur le sujet est générale. Quand ce n'est pas l'absurdité...
 
La ferme de Fair Oaks est un des plus gros élevages de vaches laitières des Etats-Unis - Michael Conroy/AP/SIPAMichael Conroy/AP/SIPA
 

On ne sait ce qui doit le plus inquiéter avec les dernières nouvelles de la « ferme des 1 000 vaches ». Ce qu'elles nous apprennent. La manière dont elles nous parviennent. Ou le peu d'écho qu'elles provoquent. Cette « innovation », symbole d'un tournant de l'histoire de l'agriculture française, continue de baigner dans l'hypocrisie générale. Hypocrisie commençant avec le terme de « ferme », premier mensonge pour désigner cette usine à vaches laitières qui s'installe dans la Somme.

 

C'est un site environnementaliste (Reporterre.net), créé par un journaliste viré d'un grand quotidien, qui nous apprend que ce projet mélange déjà sordide et illégalité. Un employé témoigne de l'état physique et sanitaire pitoyable des animaux qui, ne voyant jamais un brin d'herbe, pataugent dans leurs excréments. Et il révèle que s'entassent près de 800 vaches, contre les 500 autorisées, l'usine ne disposant pas encore d'assez de terrains pour répandre les tonnes de résidus de 1 000 bêtes.

 

« Votre article a éveillé l'intérêt des services de l'Etat », a réagi la préfecture. Les autorités, qui avaient la tête ailleurs, ont vérifié et remercié Reporterre.net d'avoir fait leur propre travail. « Il y a là un manquement, il sera sanctionné », a renchéri Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement. Sachant le dossier sensible, il a ajouté : « J'applique toutes les règles et toute la loi, et rien que les règles et rien que la loi. » Justement, plus que le laxisme de ses services de contrôle, voilà le vrai problème. Les « règles ». Des règles permettant ces « 1 000 vaches » auraient dû faire débat en France. Pour empêcher une entreprise si contraire à tous les beaux discours officiels.

 

Contraire à la politique en matière de souffrance animale. La loi votée le 16 février prescrit que les bêtes, « êtres vivants doués de sensibilité », doivent être protégées contre les « mauvais traitements ». Or, les éthologues qualifient tel le sort de ces vaches entassées dans un hangar, nourries au maïs ensilé et auxquelles des robots imposent trois traites par jour pour maximiser la production.

 

Contraire à la politique énergétique et écologique. EDF rachète à prix majoré l'électricité issue de la méthanisation des bouses, mais de telles usines consomment plus de calories que l'élevage à l'herbe et rejettent en masse nitrates et résidus médicamenteux dont on voit la Bretagne inondée par ses élevages industriels porcins.

 

Contraire à « l'agroécologie » prônée par le ministre de l'Agriculture. Il récompense de « trophées de l'agriculture durable » des fermes modèles employant du personnel et dans lesquelles les bêtes sont nourries avec les céréales produites sur place. Mais il laisse se créer des usines folles. Tout en précisant, gêné, qu'il n'y est pas « favorable ». Et en plaidant la « cohabitation ». Autre hypocrisie. Il n'y a pas de synthèse possible en la matière. Avec ces « règles » favorisant l'industrialisation, ce sous-lait à prix cassé va sinistrer les fermiers déjà fragilisés par la fin des quotas laitiers. C'est achever la soumission de l'agriculture aux réflexes financiers du lobby agroalimentaire. Lequel ne se demande pas ce qu'il produit, mais comment le faire au plus bas coût et avec le plus de marge. Modèle : l'Allemagne, où il va déjà acheter du lait dans ces milliers d'ex-kolkhozes de l'Est reconvertis avec les méthodes américaines et les salaires d'Europe centrale à 3 € l'heure.

 

L'investisseur de la « ferme des 1 000 vaches », grande fortune française, est un géant du BTP. D'autres annoncent 2 000 vaches et chèvres laitières en Touraine, 200 000 poules pondeuses dans la Somme. Avec ces nouveaux acteurs, visant le profit plutôt que la qualité, l'élevage bovin, encore peu industrialisé, basculera dans un autre monde que celui des paysans. Ces paysans que Montesquieu aimait parce qu'« ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers ».

 

Car l'hypocrisie couvre l'absurdité. Outre le scandale écologique qu'elle constitue, cette industrialisation heurte d'abord le bon sens économique. Le créneau commercial français est celui des terroirs, des appellations et de leurs savoir-faire. La valorisation d'un héritage et d'une géographie culturelle. Mais à l'absurdité s'ajoute le mépris pour un monde paysan dont on ne reconnaît plus la valeur ajoutée, comme le résume Elisabeth de Fontenay : « Voilà près de cinquante ans que le Crédit agricole et la FNSEA montent les fils contre les pères, qu'on piétine la prudence des traditions, pour faire triompher la démesure du productivisme et la pollution qui toujours l'accompagne. » La philosophe ajoute que personne n'ose dire aux paysans qu'« ils sont des hommes de trop sur la Terre ».

 

Mercredi 17 juin, quelques-uns de ces vrais paysans, condamnés pour une tentative de « démontage » de la « ferme des 1 000 vaches », se sentaient bien seuls devant la cour d'appel d'Amiens. A part José Bové et Jean-Luc Mélenchon, pas un leader des Verts pour les soutenir. En revanche, l'ancien rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation était là. Olivier De Schutter s'était déplacé pour les défendre, expliquant que, acculés dans « une impasse complète », ils n'avaient « pas d'autre choix ». Avant de conclure que « la question est de savoir pourquoi les canaux politiques sont autant asservis aux intérêts de l'agro-industrie ».

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>>> Retrouvez cet éditorial dans le numéro de Marianne actuellement en kiosques.

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant

 

 

 

 

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

 

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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 20:39

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

L'inquiétante baisse des grands réservoirs d'eau souterrains

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Un tiers des 37 plus grands aquifères mondiaux sont surexploités, ce qui menace à terme l'alimentation de 2 milliards d'humains, selon deux études de l'université de Californie.

Aucune région de la planète n'est épargnée. De la péninsule arabique en passant par l'Inde et la Californie, un tiers des 37 plus grandes réserves d'eau souterraines mondiales sont pompées plus vite qu'elle ne se remplissent, selon deux études de l'université de Californie à Irvine rapportées par le New York Times. Ces aquifères géants se vident à un rythme « assez rapide », s'inquiète le professeur de sciences de la terre Jay S. Famiglietti, leader des deux études. « Il n'y a pas autant d'eau que nous le pensions », ajoute-t-il. Ces très grands réservoirs naturels souterrains représentent un enjeu majeur, car ils fournissent l'eau nécessaire à de grandes régions agricoles dont dépend l'alimentation de deux milliards de personnes.

À lire dans le New York Times.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 15:28

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Linky, le compteur qui va augmenter notre exposition aux ondes électro-magnétiques

24 juin 2015 / Aurélie Delmas (Reporterre)
 


 

Les compteurs Linky d’ERDF, censés réduire la consommation d’énergie, seront 35 millions sur le territoire français d’ici 2021. Ce déferlement fait peu de cas des inquiétudes sur le respect de la vie privée et sur les impacts sur la santé dus aux rayonnements électro-magnétiques. Passage en revue des zones d’ombre qui entourent ces compteurs.


Ils seront 35 millions sur le territoire français d’ici 2021. Bientôt rendu obligatoire par la loi sur la transition énergétique qui passera en deuxième lecture devant le Sénat au mois de juin, le compteur « Linky » d’ERDF, va progressivement remplacer tous les compteurs électriques. Les avantages de ce compteur « communicant » ? Une facture « calculée sur la base de la consommation réelle, des interventions réalisées à distance et dans des délais beaucoup plus courts », promet ERDF.

Cette nouvelle technologie devrait faciliter les économies d’énergie. Pourtant, Linky a ses détracteurs. Ils dénoncent une décision prise malgré les nombreuses interrogations qui persistent sur le respect de la vie privée et l’innocuité de ces appareils.

Indolore pour le consommateur ?

Une première phase de déploiement de 3 millions de compteurs débutera en décembre. Pour cette phase et les suivantes, ERDF a prévu de débourser près de 5 milliards d’euros. Grâce aux relevés automatiques, et à la réduction de la marge d’erreur, le distributeur compte amortir son investissement en vingt ans. Ce dispositif dont les répercussions en termes d’emplois ne sont pas connues à ce jour, devrait permettre à l’entreprise de réaliser des économies surtout parce qu’il ne sera plus nécessaire qu’un technicien se déplace pour relever les consommations, ouvrir un contrat ou changer la puissance des installations.

Côté consommateurs, cette somme de 5 milliards restera théoriquement indolore. Mais ce n’est pas pour autant qu’il verra sa facture se réduire. « Les économies ne seront pas répercutées pour le consommateur parce qu’elles permettront de financer le déploiement », met en garde Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie et environnement à l’UFC Que Choisir. Et le risque de dépassement des estimations n’est pas nul. « Sur la facture des ménages, on ne devrait rien voir passer (…) Mais il y a quand même une incertitude. Si les coûts d’installation augmentent, ou si le compteur est obsolète, c’est le consommateur qui paiera », explique-t-il à Reporterre.

 

 

Selon une étude de 2013 publiée par l’association de consommateurs et dont ERDF a contesté la méthodologie, la généralisation du compteur « intelligent » pourrait même alourdir la note. 37 % des clients seraient aujourd’hui « sous-abonnés » et paieraient pour une puissance d’abonnement inférieure à la puissance réellement utilisée. « Cette situation est rendue possible grâce à une grande tolérance des anciens compteurs dans les dépassements de puissance », explique l’étude.

Disjonctions et factures qui flambent en Indre-et-Loire

En suivant les dépenses électriques de manière détaillée, Linky peut théoriquement démasquer les comportements énergivores afin que le client réduise le gaspillage. Sauf que plus de 50 % des compteurs seraient situés à l’extérieur des logements et la plupart des autres ne sont pas facilement accessibles. Si un portail internet d’ERDF permettra de visualiser sa consommation en direct, « tous ceux qui ont des difficultés d’accès à internet sont écartés », pointe Nicolas Mouchnino. Et pour obtenir un afficheur déporté, qui permette d’accéder aux relevés depuis l’endroit de son choix, il faudra souscrire à un service payant proposé par le fournisseur d’électricité.

Pourtant, à ce jour, aucune étude indépendante n’a prouvé l’influence des compteurs communicants sur la consommation des ménages et les premiers constats sur le terrain ne sont pas franchement probants. La pose de ces nouveaux compteurs a débuté dans des zones test en 2010. Les compteurs de 150 communes et ceux d’environ 70 000 ménages des environs de Tours, ont été remplacés par des compteurs Linky.

En mars 2011, le Syndicat Intercommunal d’Energie d’Indre-et-Loire (SIEIL) a interrogé 1500 ménages du département et les maires de 150 communes ayant participé à l’expérimentation. « 9 % seulement indiquent consulter plus souvent leur consommation et 6 % annoncent avoir changé d’habitudes de consommation », précise le rapport. Le bilan est sans appel : 61 % des particuliers ne sont pas convaincus de l’utilité de ce nouveau compteur.

Plusieurs problèmes ont été pointés comme le fait que certaines personnes s’estimaient incapables de l’utiliser. Seuls 43 % des habitants interrogés estimaient d’ailleurs avoir eu une explication détaillée sur Linky lors de l’installation, malgré la complexification à venir des tarifs. Un an après l’installation le nouveau compteur, plus sensible, a aussi provoqué des disjonctions car il s’arrête dès que la puissance souscrite est dépassée, endommageant certains appareils. Les utilisateurs concernés ont donc dû changer d’abonnement pour augmenter la puissance disponible.

Un compteur un peu... intrusif

Linky inquiète aussi sur le plan du respect de la vie privée. Le système doit pouvoir éteindre certains appareils électriques à distance pour lisser les pics de consommation, mieux adapter l’offre à la demande et éviter les pannes. On parle d’« effacement » : des équipement en marche, par exemple le chauffage, sont coupés quelques minutes à distance, sans que l’utilisateur soit prévenu. Là encore, aucune étude indépendante ne mesure le gain effectif du consommateur.

Concrètement, le distributeur collecte les données de consommation avant de transmettre des informations au fournisseur. A priori, ces données ne seront stockées que sur demande explicite du consommateur. Mais les potentialités de ce système inquiètent. Pour la Commission Nationale de l’Informatique et des Liberté (CNIL), « une analyse approfondie des courbes de consommation pourrait permettre de déduire un grand nombre d’informations sur les habitudes de vie des occupants d’une habitation : heures de lever et de coucher, heures ou périodes d’absence, la présence d’invités dans le logement, les prises de douche, etc. »

 

 

En Face, ERDF promet que « toutes les données de consommation sont cryptées dès la source » et « garantit ainsi la protection de ces informations personnelles qui sont la propriété du client ». Mais Pierre Le Ruz, président du Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) souligne le risque de piratage du système de communication de Linky qui fonctionne avec du Courant Porteur en Ligne (CPL). « On peut lire ce qui rentre et ce qui ressort du CPL. Avec la forme et la déformation de la fréquence, on peut connaître le type de matériel utilisé », assure-t-il avant d’alerter : « Si le danger n’est pas très grand pour les particuliers, pour une entreprise de pointe ou de technologie militaire, cela peut poser problème. »

« Il y a une intrusion, mais de là à dire qu’on sait ce que vous faites, il ne faut pas exagérer », relativise Nicolas Mouchnino. « Il est impossible de savoir si vous allumez la télévision ou écoutez la radio. Il n’y a pas de traceurs sur les équipements et la différence de consommation est insuffisante. Mais effectivement, on sait que vous êtes chez vous », explique-t-il, suggérant l’installation d’une mémoire directement sur le compteur pour que les données ne quittent pas le domicile.

Une nouvelle source d’ondes électro-magnétiques

Mais Linky pourrait aller encore plus loin dans l’intrusion...

 

*suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 14:26

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Quand une multinationale s’achète une forêt pour en faire un parc éolien industriel

24 juin 2015 / Iona de Beaulieu
 


 

En achetant la forêt de Lanouée en 2007, la multinationale Louis-Dreyfus est devenue le premier propriétaire forestier privé en Bretagne. Le défrichement d’une douzaine d’hectares où doit être installé un parc éolien a débuté dans une quasi indifférence.


La forêt de Lanouée (Morbihan) est le second ensemble forestier breton par sa taille. À ceci près que les 7 000 hectares du premier, la forêt de Paimpont (Ille-et-Vilaine), sont divisés entre une multitude de propriétaires quand les 4 000 hectares de Lanouée sont aux mains d’une seule société, la multinationale Louis-Dreyfus. Avec ses 30 000 salariés, le groupe opère au sein de 53 pays dans divers domaines : le négoce de grain, le transport maritime, la distribution d’électricité, etc.

 

Éolien international

C’est en 2007 que la multinationale acquiert la forêt de Lanouée via sa filiale Ressources Forestières, afin d’asseoir sa stratégie de développement des énergies renouvelables. Après l’achat d’un massif en Grande-Bretagne et des négociations en Suède, « cette acquisition est une pièce importante d’un projet européen pour le groupe », expliquent alors François de Broucker et Bernard Hidier, responsables de Ressources Forestières France, au quotidien régional Le Télégramme.

Le projet se précise lors de l’élaboration du schéma régional « climat air énergie » à partir de 2010. La maitrise d’ouvrage est assurée par la société Les Moulins de Lohan, filiale à 100 % de Ressources forestières, elle-même filiale à 100 % du groupe Louis-Dreyfus.

Cette forêt, où deux secteurs sont classés ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), doit donc accueillir une ferme éolienne mais aussi être exploitée pour son bois d’œuvre ou de chauffe. « Le massif forestier continue ce faisant à jouer son rôle de puits de carbone, de réservoir de biodiversité et de ressource en bois d’œuvre, de construction, et de chauffage », conclut sans sourciller le résumé non-technique de l’étude d’impact.

L’installation des 16 ou 17 éoliennes implique le défrichement de plus de 11 hectares. Les associations Bretagne Vivante et le Groupe mammologique breton (GMB) ont fait front commun lors de l’enquête publique afin de dénoncer l’atteinte que ce déboisement représenterait à l’encontre de plusieurs espèces protégées, notamment des chauves-souris. Outre les chiroptères, la destruction de cet habitat pourrait nuire à des populations d’oiseaux et d’amphibiens.

Actuellement, la forêt est constituée de deux tiers de résineux et d’un tiers de feuillus. « Elle s’est beaucoup artificialisée au fil du temps, déclarait Xavier Grenier, responsable du CRPF (Centre régional de la propriété forestière) à Rennes, au journal Ouest-France en 2007, mais elle reste remarquable à cause de sa taille et de la richesse de sa faune. »

"Compensation" : sophisme et pantalonnade

Un projet de développement industriel est encore une fois promu sous couvert de la lutte contre le changement climatique. Et la « compensation » qui devait être un ultime recours pour la construction d’infrastructures, après en avoir « évité » et « réduit » les impacts, devient un faire-valoir pour les porteurs de projet. La démarche d’évitement est en fait inexistante, parce que d’emblée, il a été choisi de mener le projet dans un lieu à fort enjeu environnemental.

 

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Logo du géant du négoce Louis-Dreyfus

 

Dans la forêt de Lanouée, les mesures compensatoires prévues sont de deux ordres : la recréation de milieux et la gestion forestière. Dans le premier cas il s’agit de reboiser douze hectares, en lisière et à l’intérieur de la forêt. Mais « sur des terrains dont les caractéristiques écologiques sont mal connues » et avec « un temps de résilience important », comme l’ont fait remarquer les associations environnementales.

« La démarche d’évitement relève ici d’un inadmissible sophisme où rien n’a été fait pour imaginer sortir les éoliennes de la forêt », constate le juriste de Bretagne Vivante, Romain Écorchard. L’amélioration de la gestion forestière semble quant à elle relever de la pantalonnade puisqu’elle fait déjà partie des engagements de l’exploitant à travers le programme de labellisation des ressources forestières PEFC. Par ailleurs, l’absence de données de référence sur la gestion antérieure de ce massif et le refus du propriétaire actuel de transmettre son plan de gestion aux associations ne permettent pas d’évaluer cette amélioration supposée.

L’étude d’impact a été menée par Biotope, bureau d’étude déjà vivement critiqué pour ses approximations et l’inefficacité de sa méthode compensatoire dans le dossier d’impact environnemental du projet d’aéroport du Grand Ouest. Ce sont les modes de calculs remis en cause par les experts à Notre-Dame-des-Landes qui sont ici froidement proposés.

Une justice qui passe trop tard

En dépit des avis négatifs de la commission faune du CNPN (Conseil national de la protection de la nature) et du CSRPN (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel), les demandes de permis de construire, de défricher et d’exploiter une ferme éolienne ont reçu un avis favorable de la commissaire enquêteur et les permis ont été accordés en février 2014 par le préfet. Les associations de protection des paysages ont déposé un recours contre les permis de construire tandis que Bretagne Vivante et le GMB ont déposé un recours contre l’autorisation d’exploiter en août 2014.

Le dossier de dérogation concernant la destruction des espèces protégées n’a été mis à disposition du public qu’au mois de janvier 2015. Le GMB et Bretagne Vivante se sont efforcés d’émettre un avis solide dans le court délai imparti mais la demande de référé en suspension a été rejetée le 5 mars. Le projet de parc éolien « va créer un impact irréversible sur les populations d’espèces protégées avant même que nous puissions faire quoi que ce soit pour faire valoir nos droits, regrette Thierry Amor, secrétaire général de l’association Bretagne Vivante, dans un communiqué du 23 février. C’est un véritable camouflet pour la démocratie, qui conduira à un massacre programmé pour une partie de la biodiversité de la forêt de Lanouée. Bien que nous soyons favorables au développement des éoliennes, nous affirmons que celles-ci doivent absolument éviter les zones à fort enjeu écologique. »

 

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Affiche du permis de défricher ©Bretagne Vivante

L’association envisage encore un recours mais le porteur de projet s’est engouffré dans cette fenêtre de tir et a démarré le déboisement le 16 février...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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