Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 17:29

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

« Les semences sont le socle de la lutte pour la souveraineté alimentaire »

8 octobre 2015 / Lorène Lavocat (Reporterre)

 

 

 

Au village Emmaüs Lescar-Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, des cultivateurs du monde entier se sont retrouvés fin septembre avec une idée en tête : « Semer la résistance ».

 

- Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantiques), reportage.

Sur une table, Nader Mahmoudi expose fièrement des bouquets d’épis dorés. Barbus, blonds, roux. Chez lui, en Iran, il cultive plusieurs centaines de variétés de blé. Un paysan français s’approche et lui tend un sac de graines d’épeautre : « C’est une céréale d’ici, mais elle se plaira peut-être chez vous ! » Nader ouvre de grands yeux : il n’a jamais vu cette espèce. À grand renfort de mimiques et avec l’aide d’une traductrice, les deux paysans discutent pendant plus d’une demi-heure de méthodes de culture et de conservation.

Blé contre épeautre, sorgho contre haricot, carotte contre patate. Ces échanges informels de semences et de savoir-faire fleurissent dans les allées du village Emmaüs Lescar-Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Entre le 24 et le 26 septembre, plus de 250 personnes du monde entier se sont retrouvées dans ce haut-lieu de la solidarité et de la convergence des luttes.

 

JPEG - 177.4 ko
La bourse d’échange des semences.

Paysans, compagnons ou citoyens, ils ont répondu à l’appel « Sème ta résistance ! » : « Les semences, base de toute production agricole, sont le socle de la lutte pour la souveraineté alimentaire », écrit dans un communiqué le Réseau semences paysannes, co-organisateur de l’événement. « Nous ne sommes pas là en tant qu’Africain, Latino ou Européen, confirme Jacques Nametougli, venu du Togo. Nous sommes ici en tant que membres de la communauté humaine, pour défendre ce qui est la base de notre alimentation. »

Neuf paysans sur dix sélectionnent, échangent et sèment chaque année une partie de leur récolte. Ils utilisent des semences diversifiées et adaptées à leur terroir. Ainsi, près de 70 % de notre nourriture dépend aujourd’hui de ces graines transmises à travers les siècles par des générations de paysans.

Les multinationales utilisent les brevets pour privatiser les semences

« Un agriculteur qui n’a pas de semences n’est pas un agriculteur, dit Omer Agoligan, cultivateur béninois. Malheureusement, ça disparaît vite, nous avons perdu la moitié de nos variétés de sorgho en moins de dix ans. » Un constat amer partagé par l’ensemble des participants : la biodiversité cultivée s’érode dramatiquement, et les paysans sont peu à peu dépossédés de leurs semences et de leurs connaissances.

Au Mali, en Syrie comme en Colombie, les conflits déplacent les populations paysannes loin de leurs terres, délitent les communautés rurales et détruisent les stocks de semences. « En Irak, après des années d’exil loin de leur village, quand les paysans ont enfin pu revenir, les semences traditionnelles s’étaient perdues et ils n’avaient plus les connaissances », rapporte Zoé Beau, de l’association Graines et Cinéma.

Petites lunettes et casquette plate, Alvaro Salgado représente la Red en defensa del maiz (le Réseau pour la défense du maïs), une organisation paysanne mexicaine. Avec d’autres, il lutte depuis plusieurs années contre la contamination des maïs traditionnels par des plants transgéniques. « Les firmes, appuyées par des scientifiques et les gouvernements, veulent contrôler le centre d’origine du maïs, en Amérique centrale, à travers la diffusion des OGM (organismes génétiquement modifiés), constate-t-il. Il s’agit d’une stratégie de contamination biologique afin de retirer aux peuples indigènes leurs terres, leurs moyens de subsistance et leurs savoir-faire. »

 

JPEG - 93.3 ko
L’atelier pain.

Outre les OGM, les firmes multinationales recourent aujourd’hui aux brevets pour privatiser les semences. « Toute la diversité du vivant peut désormais être confisquée par des brevets octroyant la propriété industrielle sur des plantes ou des animaux, constatent les participants dans leur déclaration finale. Les plantes de nos champs pourront être, sans qu’on le sache, couvertes par un brevet industriel. » Brevet qui interdit de fait l’échange et la réutilisation des semences par les paysans.

Pour autant, « les firmes multinationales dominent parce qu’elles sont soutenues par des politiques publiques », estime Antonio Onoratti, éleveur italien. Catalogue officiel, accord international ou norme sanitaire favorisent ainsi les variétés commerciales au détriment des variétés paysannes.

 

« La fierté et la dignité d’être paysan »

Pourtant, la résistance paysanne et citoyenne s’organise. Au village Emmaüs, les compagnons élèvent des poules dont la race est en voie d’extinction, et accueillent la Maison des semences paysannes du Béarn, une petite cabane inaugurée lors des Rencontres, pour conserver la diversité des variétés d’ici… et d’ailleurs. Boliviens, Sénégalais et Roumains sont venus déposer des paniers remplis de graines sur des étagères fraîchement montées.

Comme à Pau, nombre d’initiatives de gestion collective des semences se développent dans le monde. « Casa de sementes criollas » au Brésil, « banco de semillas communitario » en Colombie ou « grenier à semences » au Togo. Leur objectif : conserver les graines produites par les paysans, les protéger de la biopiraterie, les multiplier pour ensuite les redistribuer dans les fermes. « Les semences appartiennent à la communauté paysanne, c’est à nous d’en prendre soin et de les gérer », estime Yenly Angelica Mendez, membre d’une organisation colombienne, la Asociacion campesina del valle de Cimitarra (l’Association paysanne de la vallée de Cimitarra).

 

JPEG - 185.7 ko
Le stand de l’Afrique.

Ces structures permettent de préserver les variétés locales, qui peuvent disparaître à tout moment. Au Nord-Mali, la guerre ayant détruit la plupart des cultures, les paysans ont pu se tourner vers le Centre agro-écologique de production de semences tropicales, à Gao, qui produit des graines adaptées aux conditions sahéliennes depuis 2006.

Outre les plantes, ce sont bien souvent les savoir-faire qui disparaissent. Le centre de Gao enseigne ainsi comment produire des semences. Au nord du Togo, à Cinkassé, Jacques Nametougli accueille dans son école des jeunes ruraux dans la détresse. « Il nous faut des paysans pour avoir des semences, observe-t-il. Or ce métier est partout dénigré, méprisé. Les jeunes préfèrent partir en Europe plutôt que de travailler la terre. Dans notre centre, nous leur redonnons la fierté et la dignité d’être paysan. »

 

Mener la lutte contre les transgéniques

Bien que la recherche agronomique se fasse souvent dans des laboratoires éloignés des réalités du terrain, quelques chercheurs retroussent leurs manches pour accompagner les agriculteurs. C’est le cas de Salvatore Cecarelli, spécialiste de la sélection de l’orge. L’ingénieur développe depuis plusieurs années des programmes de recherche participative, où il travaille avec les paysans, directement dans les champs...

 

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Partager cet article
Repost0
7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 14:31

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Joseph Stiglitz : la charade du libre-échange transpacifique

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Le prix Nobel d’économie analyse la portée du traité transpacifique qui vient d’être signé : « Cet accord est fait pour gérer les relations de ses membres, et ce au nom des lobbies d’affaires les plus puissants de chaque pays. » Un avertissement de plus, alors que le traité transatlantique est toujours en cours de négociation.

Le gouvernement américain triomphe : le partenariat transpacifique est approuvé. Au terme d’une séance marathon de cinq jours, un accord a été trouvé avec onze pays du Pacifique (Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Viêtnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande), lundi 5 octobre. Le traité doit être approuvé par la suite par chaque parlement. Cet accord est le pendant du traité transatlantique négocié dans la plus totale opacité à Bruxelles.

Dans une tribune publiée sur le site Project Syndicate, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz critique violemment ce traité négocié dans le secret. « Vous entendrez beaucoup parler de l’importance du TPP pour le libre-échange. La réalité est que cet accord est fait pour gérer les relations de ses membres, et ce au nom des lobbies d’affaires les plus puissants de chaque pays », écrit-il.

A l’appui de cette accusation, il prend quelques exemples. Les droits de propriété sur les médicaments notamment, qui ont été une des pierres d’achoppement des discussions, les laboratoires américains entendant conserver leurs exclusivités pendant douze ans, alors que la moyenne dans les autres pays est de cinq ans. « L’accord, écrit-il, gérera le commerce des médicaments au travers d’une variété de règles (...). Le résultat est que les compagnies pharmaceutiques seront autorisées à étendre – parfois indéfiniment – leur monopole sur les brevets des médicaments, à exclure les génériques hors du marché, et à empêcher des concurrents d’introduire de nouveaux médicaments pendant des années. C’est ainsi que le traité réglera le commerce de l’industrie pharmaceutique, si les États-Unis obtiennent ce qu’ils veulent », prévient le prix Nobel d’économie.

Mais il risque d’en aller de même pour l’industrie du tabac, l’industrie agroalimentaire et bien d’autres, selon lui. Poursuivant l’analyse du traité, Joseph Stigliz met en lumière une disposition étonnante qui permettra aux entreprises de réclamer des dédommagements pour les profits perdus, au cas où les États prendraient des mesures d’interdiction. « Imaginez ce qu’il se serait passé si de telles mesures avaient été en place quant les effets mortels de l’amiante ont été découverts. Plutôt que de fermer les usines et d’obliger les groupes à dédommager les victimes, selon cet accord, les gouvernements auraient dû payer les entreprises pour ne pas tuer leurs citoyens. » « C’est ce qui arrive quand les discussions politiques excluent tous ceux qui n’appartiennent pas au monde des affaires, sans parler des représentants élus au Congrès », conclut-il. 

 Lire dans Project Syndicate

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Partager cet article
Repost0
7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 14:10

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Crédit Mutuel : le documentaire censuré décortique l'évasion fiscale

|  Par Fabrice Arfi

 

 

Censuré par Canal+, un documentaire d'enquête très attendu sur le Crédit mutuel sera diffusé, mercredi 7 octobre, à 23 h 15, dans l'émission Pièces à conviction, sur France 3. Mediapart diffuse plusieurs extraits du film, qui décortique un vaste système d'évasion fiscale.

Le Crédit mutuel risque fort de passer du statut de « banque à qui parler », si l’on en croit son slogan historique, à « banque dont on va parler ». Et pas qu’en bien. Largement révélée il y a un an par Mediapart (voir ici, ici et ), l’affaire Crédit mutuel se retrouvera, mercredi 7 octobre à 23 h 15, au centre d’un documentaire d’enquête très attendu de l’émission Pièces à conviction (France 3), dont nous diffusons plusieurs extraits en avant-première.

 

Après avoir connu une vie souterraine mouvementée – commandé et validé par Canal+ avant d’être brutalement censuré par Vincent Bolloré –, le film réalisé par Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi se fonde sur des dizaines de témoignages et des centaines de documents internes à la banque. Il faut dire que les soupçons, dont se sont également emparées les autorités judiciaires, que ce soit en France ou à Monaco, ne sont pas minces.

 

À l’instar d’UBS ou de HSBC, le Crédit mutuel est aujourd’hui suspecté d’avoir laissé prospérer en son sein un vaste système offshore ayant permis la fuite de capitaux de riches clients français vers l’étranger, par l’intermédiaire de plusieurs de ses filiales en Suisse et à Monaco. Pour le cinquième groupe bancaire français, qui aime à vanter son esprit mutualiste, par ailleurs premier opérateur de presse quotidienne régionale, cela fait mauvais genre.

 

Le travail des journalistes, piloté par le rédacteur en chef Jean-Pierre Canet (l’un des cofondateurs de l’émission Cash Investigation), est considérable. Pour la première fois, les trois lanceurs d’alerte à l’origine du scandale s’expriment longuement face à une caméra. Il a fallu un an pour convaincre les trois banquiers de parler.

 

Depuis qu’ils ont signalé à la justice de présumés faits de fraude fiscale et de blanchiment, les lanceurs d’alerte sont dans le viseur de la banque. Le président du Crédit mutuel, Michel Lucas, est même allé jusqu’à les traiter publiquement, sur Radio Classique, de « racketteurs ». Pourtant, dans le même temps, la banque tentait de négocier discrètement avec les impétrants. Ils ont refusé, craignant de voir leur silence acheté.

 

Toute l’affaire est partie de Monaco. Et plus particulièrement de l’agence de la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel au moment des faits – depuis le scandale, le Crédit mutuel s’est opportunément séparé de sa filiale, en la vendant à une banque luxembourgeoise. C’est à Monaco que travaillaient les lanceurs d’alerte. Là qu’ils ont été témoins de ce qu’ils n’avaient jamais vu auparavant dans leur carrière. Et ils ont pris peur, ne voulant pas devenir complices d’un système de blanchiment international.

 

Cela ne s’invente pas : dans les milieux financiers, la banque Pasche est surnommée sur le Rocher la « banque cash » tant les espèces y coulaient à flots sans le moindre contrôle (voir nos nouvelles révélations).

 

Le documentaire de Pièces à conviction balaie avec minutie et pédagogie, documents à l’appui, tous les trucs et astuces mis en place par la banque pour maquiller l’arrivée de cash non déclaré. Cela commence, par exemple, avec un certain Luca S., officiellement vendeur de vêtements sur un marché en Italie, mais qui encaisse en réalité des centaines de milliers d’euros d’espèces en quelques mois seulement, sans que la banque n'y voie quoi que ce soit à redire. Le dossier de Luca S. offre d’ailleurs l’une des scènes les plus savoureuses du film. Quand le journaliste lui demande si, en fait, l’intéressé ne travaillerait pas plutôt pour une organisation criminelle, Luca S. répond : « Moi, criminel ? Tu veux que je vienne et que je te casse le bras ? »

 

Pour visualiser la 1ère vidéo cliquer ici

Mais le cas Luca n’est qu’un aperçu du système. Le magazine de France 3 diffuse également l’aveu enregistré du directeur de la Pasche Monaco, Jürg Schmid, lors d’un entretien avec l’un des lanceurs d’alerte. Ce dernier lui demandait de signaler aux autorités de contrôle monégasques tous les comptes litigieux de la banque, ainsi que la loi l’impose. Réponse du patron : « Je n’ai pas envie de m’expliquer à droite, à gauche… On va tous se retrouver à la rue […]. Nous, à la banque Pasche de Monaco, on doit accepter de temps en temps des clients que d’autres banquent n’accepteraient certainement pas pour ouvrir des comptes. »

À cet instant, l’affaire prend une tout autre ampleur. En effet, parmi les clients sulfureux que la Pasche accepte, et pas les autres, figure un certain Ricardo Teixeira, un ancien dirigeant de la FIFA impliqué dans plusieurs dossiers de corruption. « J’en ai un, qui est le grand Brésilien, que personne n’a accepté à Monaco parce que c’est un fer chaud », avoue Jürg Schmid. Un « fer chaud » est un client brûlant, risqué. C’est bien le cas de Teixeira : il a déposé 30 millions d’euros d’origine suspecte à la Pasche Monaco. Or, dans le cadre de l’enquête internationale qui secoue depuis plusieurs semaines la FIFA, le FBI évoque un pot-de-vin en faveur de Teixeira de 30 millions d’euros, versé à Monaco, en marge de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar. Mais ceci ne doit être qu’un hasard.

Derrière son image (officielle) de banque ouverte sur les autres, empathique et solidaire, le Crédit mutuel et ses filiales montrent dans le documentaire de France 3 un tout autre visage. Celui de l’omerta. De l’esquive. Et de la gêne. Impossible pour les reporters de Pièces à conviction d’obtenir le moindre commentaire officiel, malgré les nombreux documents qu’ils sont prêts à opposer à la banque. Exemple avec Jürg Schmid, toujours lui, qui va jusqu’à menacer l’un des journalistes et tente de lui chiper ses papiers : « Je vous tape dessus », dit-il. Ou encore avec Alain Fradin, directeur général du groupe Crédit mutuel, qui, interrogé dans la rue après de multiples refus d’entretien, prend la tangente.

 

Pour visualiser la 2ème vidéo cliquer ici

 

Impossible également pour les journalistes d’obtenir une entrevue avec le patron de la banque Pasche en Suisse, Christophe Mazurier. Il y en avait, pourtant, des questions à lui poser. Bailleur de fonds de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, il a personnellement déposé en 2011 plus de 4 millions d’euros d’origine inconnue sur le compte d’une société offshore au Panama, la Para Inversiones Assets.

Mais le meilleur restait à venir. Dans la seconde partie de leur enquête, consacrée aux soupçons d’évasion fiscale vers la Suisse organisée directement depuis les agences du Crédit mutuel de Paris et de Lyon, les journalistes ont mis la main sur une pépite. Il s’agit d’un carnet manuscrit, car il ne faut laisser aucune trace informatique. Il appartenait à l’un des chargés d’affaires de la banque. Il contient tous les pseudonymes des clients fraudeurs. Ces derniers sont en fait dissimulés derrière le nom d’un écrivain célèbre, comme dans une très mauvaise série. Et derrière chaque roman associé se cache un compte (voir ici).

Pour vérifier le caractère opérationnel de ce carnet, les reporters filment une scène qui devrait rester dans les mémoires. Ils appellent le siège de la banque Pasche en Suisse, se faisant passer pour l’un des faux écrivains (mais vrai fraudeur) du carnet.

 

Pour visualiser la 3ème vidéo cliquer ici

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 16:40

 

Source : http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/gard

 

 

Un car remplace le train cévenol sur toute la ligne Clermont-Ferrand/Nîmes

 

 

Depuis le 27 avril et un éboulement survenu sur la commune d’Alleyras, en Auvergne, un car remplace le train cévenol sur une partie de la ligne Clermont-Ferrand/Nîmes. Mais depuis dimanche dernier, deux autocars remplacent le train sur toute la ligne, au grand dam des usagers.

 

    • Par Zakaria Soullami
    • Publié le 29/09/2015 | 11:11, mis à jour le 29/09/2015 | 17:28

 

 
La ligne Clermont-Ferrand/Nîmes du train cévenol est remplacée par un car de substitution jusqu'à la fin des travaux prévus mi-décembre 2015. © France 3 LR

© France 3 LR La ligne Clermont-Ferrand/Nîmes du train cévenol est remplacée par un car de substitution jusqu'à la fin des travaux prévus mi-décembre 2015.

 

 

 

 
 


La continuité n’est plus assurée sur la ligne Clermont-Ferrand/Nîmes, celle du train cévenol, depuis le 27 avril dernier et un éboulement survenu sur la commune d’Alleyras, en Auvergne.
Pendant 5 mois, des cars de substitution ont permis aux voyageurs de continuer à prendre cette ligne de train en évitant la partie interrompue par le glissement de terrain. Le train, lui, continuait ses voyages sur la partie intacte du réseau.

Mais depuis dimanche dernier, deux cars remplacent le train sur toute la ligne de Clermont à Nîmes, et ce, jusqu’à la fin des travaux sur la voie, espérée pour la mi-décembre. Le temps de trajet est considérablement allongé pour les usagers qui doivent prendre le car plus tôt, pour arriver à destination plus tard.

Un car remplace le train cévenol sur toute la ligne Clermont-Ferrand/Nîmes A. Grellier et Y. Le Teurnier

 

Des trains pas rentables

Chaque année, l’Etat verse une enveloppe à la SNCF pour assumer le coût de ces lignes qui ne sont pas rentables car le Cévenol est un train d'équilibre territorial.
Le gouvernement doit redéfinir la carte de ces trains d’équilibre du territoire d’ici la fin de l’année.

 

 

                                                ********************************

 

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=t40mnbHs8I8

 

SNCF: Le transfert de l'intercités Cévenol en autocar intégral ne passe pas!

train cévenol

 
Ajoutée le 29 sept. 2015

29 septembre 2015: Reportage 19/20 France 3 Languedoc Roussillon, suite au transfert du service intercités Cévenol sur la route. Depuis le 27 septembre 2015, le service est assuré en autocar sur le parcours intégral, entre Clermont-ferrand et Nîmes. Sncf avance des arguments économiques qui ne tiennent pas, et l'ensemble des acteurs (usagers, associations, élus et cheminots) demande de revenir au plan de transport qui était en place jusqu'au 26 septembre, et qui utilisait les 2/3 de la voie ferrée praticable... Avec l'autocar, le temps de parcours est rallongé de 30%, les conditions de transport sont déplorables, et les correspondances à Nimes de/vers Marseille suspendue. L'Etat est autorité organisatrice de ce service.

 

 

Source : http://www.ensemble-gard.fr/index.php/ecologie/241-gard-non-au-remplacement-des-trains-par-des-autocars

 

 

GARD : NON AU REMPLACEMENT DES TRAINS PAR DES AUTOCARS

 

 

Les représentants des organisations réunies autour du  « Projet en Commun » pour les élections régionales,  ont accueilli en gare routière de Nîmes, le car en provenance de Clermont-Ferrand

 

Non au remplacement des trains par les autocars

Dans deux mois, la France accueille la COP21 : la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015. Pourtant derrière l’affiche, la réalité est très inquiétante.

Alors que la course au profit provoque un scandale écologique chez le premier constructeur automobile mondial, le gouvernement français, dans la logique de l’Union européenne, s’apprête à supprimer des milliers de kms de lignes ferroviaires.

Dans notre région aussi, nous  subissons cette politique qui tourne le dos aux enjeux climatiques et sociaux. La ligne du Cévenol est depuis des mois clairement menacée

Ainsi, depuis ce dimanche 27 septembre, la SNCF a décidé de remplacer le train Intercités « le Cévenol » reliant Nîmes à Clermont-Ferrand par un autocar. Jusqu’alors, suite à un éboulement sur la voie ferrée en avril 2015, une petite partie de ce trajet était assurée par un car en attendant la remise en état de la voie.
La Région Languedoc-Roussillon, qui est  « autorité organisatrice des transports (AOT) », plutôt que de lancer un Plan-rail pour moderniser et pérenniser le réseau ferroviaire a préféré valider la proposition de la SNCF de remplacer le train le Cévenol  par un autocar de bout en bout.

S ‘agit-il d’habituer les usagers à la perspective d’un trajet de 6h30 au lieu de 5h la semaine dernière ?

S’agit-il de les convaincre des charmes des routes sinueuses afin qu’ils fassent bon accueil aux « cars Macron », ces cars low-coasts qui encombreront nos routes, hiver comme été ?

Les représentants des organisations réunies autour du  « Projet en Commun » pour les élections régionales de décembre,  ont accueilli en gare –routière - de Nîmes ce mercredi 30 septembre à 19h07, le car en provenance de Clermont-Ferrand.

Ils ont rappelé leur attachement à cette ligne ferroviaire, classée « Train d’Équilibre du Territoire », à sa mission de service public. Ils  ont rappelé la nécessité de considérer les habitants des zones rurales comme des citoyens à part entière en garantissant une desserte efficace et sécurisée de leur territoire. Ils  ont rappelé que la Région doit assumer son rôle d’Autorité Organisatrice des Transports plutôt que de se défausser sur la SNCF.

Ensemble, nous voulons faire de la grande Région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon un modèle écologique et économique en matière de transports, en privilégiant un service ferroviaire au plus près de la population, qui améliore leur quotidien, connecté avec d’autres modes de transports doux ou collectifs.

 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 16:06

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Le Kit de survie Cop 21. Deuxième volet : Où trouver les infos sur le climat ?

3 octobre 2015 / Aurélie Delmas (Reporterre)
 


 

 

La température mondiale se réchauffe, l’équilibre climatique vacille, les risques progressent. Comment parvient-on à de telles conclusions ? Qui les formule ? Où trouver rapidement les bonnes informations scientifiques ? Reporterre vous explique où trouver les bonnes informations sur le climat. Émilie Massemin, journaliste à Reporterre, vous explique en vidéo, et en moins de 2 minutes, comment elle déniche les bonnes infos. Et toutes les pistes dans notre PDF à télécharger.

Video : comprendre l’essentiel en 1’55’’

Émilie Massemin est journaliste à Reporterre, chargée notamment des questions climatiques. Elle explique comment aborder simplement les rapports du Giec, qui serviront de support aux négociations de la COP 21, qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 10 décembre.

Émilie Massemin de « Reporterre ».

 

Les principaux points à retenir concernant les sources d’informations sur le climat

- Le Groupement d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec) est un organisme intergouvernemental qui a été créé en 1988. Ce n’est pas un organisme de recherche mais un lieu d’expertise destiné à synthétiser les travaux menés dans les laboratoires du monde entier. Le Giec a publié son cinquième rapport en 2014.

- En France, de nombreux organismes relaient et décryptent les rapports du Giec comme l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Institut de recherche en sciences de l’environnement Pierre-Simon Laplace…

- Les ONG mènent aussi un important travail de vulgarisation. Le Réseau action climat France s’attache depuis de longs mois à développer des outils pédagogiques en vue de la COP 21.

Télécharger la fiche Climat : où trouver les infos ? :

 

 

PDF - 3.2 Moici
 

LES LIENS UTILES

- Le site du Giec (en anglais)
- Le résumé du rapport du Giec en français
- Le rapport sur le climat de la France au XXIe siècle

...voir les autres liens sur le site

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 15:31

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Climato-business

« Solutions climat » : entrez dans la grande foire du greenwashing et du lobbying

par

 

 

 

 

Agenda des solutions, trophée des solutions, galerie des solutions, temps des solutions… Il sera beaucoup question de « solutions » au début du mois de décembre, lorsque Paris accueillera la 21e Conférence sur le climat organisée dans le cadre des Nations unies, la COP21. « Venez vivre l’expérience climat », et entrez dans le monde de l’optimisme préformaté, où chaque entreprise vient vendre ses solutions pour le climat, à grand renfort de publicité et de greenwashing. Et avec la bénédiction de l’État français, promoteur de cette vaste foire.

 

À rebours de l’atmosphère de résignation qui prévaut généralement dès que l’on aborde la crise climatique, le gouvernement français a choisi de placer la Conférence sur le climat sous le signe de la positivité, sinon de l’optimisme. La COP21 sera donc la COP des « solutions », mais aussi des « partenariats pluri-acteurs » et des « collaborations ». Un bel unanimisme pour faire diversion face à l’impuissance réelle de la COP21 et à l’emprise croissante du secteur privé et de ses « fausses solutions » ? Un des points d’orgue de ce grand effort de communication et de positivité : l’initiative « Solutions COP21 ». Respirez, tournez vos regards vers le ciel, laissez vos cheveux voler au vent, souriez : entrez dans le monde merveilleux de « l’expérience climat ».

 

Solutions COP21 sera avant tout une grande exposition publique au Grand Palais à Paris, du 4 au 10 décembre 2015. 50 000 visiteurs y sont attendus, qui pourront choisir entre 250 conférences et débats, 7 concerts, ou admirer les œuvres de 8 artistes internationaux. Sont également prévus un pavillon dans l’espace de la « société civile » au Bourget, où se tiendra la conférence officielle, des visites en région, et une plateforme web « contributive », le « hub des solutions climat. Le tout dans le cadre d’une communication soigneusement orchestrée pour nous faire positiver sans retenue – au risque d’en oublier le sérieux de la crise climatique, notamment pour ses premières victimes dans les pays pauvres.

 

Mieux se déplacer, mieux se nourrir, mieux se loger, maîtriser l’énergie, mieux se divertir et communiquer : Solutions COP21 entend montrer comment le changement climatique est aussi « une opportunité d’améliorer notre vie de tous les jours ». De la production d’énergie à partir de marc de café aux quartiers à énergie positive, il y en a pour tout le monde. On en perdrait presque de vue que le dérèglement climatique a deux causes principales bien identifiées : la combustion massive d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) et l’agriculture industrielle. Et que la priorité devrait sans doute être de trouver des « solutions » qui s’attaquent directement à ces deux causes.

 

Des « solutions » confisquées par les multinationales ?

Solutions COP21 n’est pas une initiative des pouvoirs publics. Elle est portée par deux clubs très liés, le Comité 21 et le Club France développement durable, qui regroupent institutions publiques, petites et grandes entreprises, collectivités, associations et ONG, et instituts de recherche. Mais pour les festivités prévues en décembre, les associations semblent avoir disparu du paysage. Parmi les partenaires de Solutions COP21, quelques organismes et collectivités comme la mairie de Paris, la région Pays de Loire ou encore l’Agence française de développement. Mais surtout une ribambelle de multinationales, parmi lesquelles Engie – qui organise son « Tour de France des solutions climat » et une campagne de spots publicitaires sur « Le temps des solutions » [1] –, Carrefour, Ikea, Suez environnement, Michelin, Schneider Electric, Generali, Renault Nissan, L’Oréal et La Poste – sponsors officiels de la COP21. On retrouve aussi parmi les partenaires des entreprises comme Veolia, Sanofi, Avril-Sofiprotéol et Coca-Cola.

 

Le gouvernement français s’est déjà attiré les foudres des ONG lorsqu’il a annoncé la liste des entreprises sponsors officiels de la COP21, dont certaines comme Engie, EDF ou BNP Paribas sont massivement impliquées dans les énergies fossiles (lire notre article). Même problème pour Solutions COP21. Cette initiative permet « aux grandes entreprises de promouvoir leurs solutions technologiques mystificatrices et basées sur une logique purement commerciale », dénonce l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO), sur le point de publier une note très critique sur Solutions COP21, dont nous avons pu prendre connaissance [2].

 

« Les ONG ont toute leur place »

Le poids disproportionné des grandes entreprises se retrouve sur le « hub des solutions climat ». Sur 284 « solutions » mises en ligne, plus des deux tiers émanent d’entreprises, à quoi il faudrait ajouter celles qui proviennent d’associations professionnelles ou d’institutions de recherches très proches des milieux économiques [3]. Les PME se comptent sur les doigts de deux mains. En revanche, des grandes entreprises comme Engie (27 solutions, près de 10% des solutions du site !), Suez environnement (18), Veolia (12) ou Bouygues (11) sont présentes en force. Un peu plus d’une quarantaine de solutions proviennent de collectivités locales, et à peine 17 sont d’origine associative. Seule une poignée des solutions mises en ligne sur le hub sortent un tant soit peu du moule économique dominant.

 

Gilles Berhault, Président du Comité 21 et du Club France Développement Durable, qui a accepté de répondre à nos questions, admet que « certaines entreprises ont été les premières à profiter de l’opportunité de présenter ce qu’elles font », mais promet que la participation des associations « n’ira que croissant » et que le déséquilibre sera corrigé au Grand Palais : « Les ONG y ont toute leur place dans une répartition qui devrait être moitié public, moitié privé. » Qu’en pensent justement les ONG ? La Coalition Climat 21, qui regroupe 130 organisations de la société civile française (syndicats, organisations confessionnelles, associations), a refusé d’être présente au Grand Palais – même si quelques-uns de ses membres y ont prévu des activités.

 

Agrocarburants et énergies fossiles, présentés comme solutions

Certes, Solutions COP21 évite quelques « fausses solutions » classiques habituellement mises en avant par les milieux industriels. Ainsi (du moins si l’on se fie aux solutions présentées en ligne), il n’y sera pas directement question d’énergie nucléaire. Ni d’organismes génétiquement modifiés. Ni de « charbon propre » ou de capture-séquestration de carbone (CCS) [4]. Mais les énergies fossiles restent présentes en filigrane de plusieurs solutions mises en ligne. Vallourec, l’entreprise parapétrolière française, en propose pas moins de sept, qui visent toutes à rendre l’exploitation actuelle des énergies fossiles plus efficientes, que ce soit au niveau des forages, des plateformes pétrolières offshore ou des centrales thermiques. Certes, la mauvaise qualité des puits de forage est une source majeure d’émissions de méthane, un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2, particulièrement lorsqu’il s’agit de fracturation hydraulique. Mais de là à considérer que des technologies visant à rendre les puits de gaz de schiste plus efficients sont une « solution » à la crise climatique, il y a un pas que beaucoup n’oseraient franchir.

 

Autre sujet extrêmement controversé : celui des agrocarburants. Aussi bien le groupe Sofiprotéol-Avril, spécialiste du biodiesel, et présidée par le patron de la FNSEA Xavier Beulin, que l’association française Bioéthanol figurent parmi les partenaires officiels de Solutions COP21. Sur le hub, Sofiprotéol-Avril fait la promotion non seulement de son biodiesel, le très controversé diester [5], mais il vante aussi son projet de production de soja à grande échelle en France pour l’alimentation animale. Quand on connaît l’impact environnemental et climatique des agrocarburants et de l’élevage intensif, là aussi, on peut se poser des questions.

 

Un salon commercial où tout est à vendre

Pour Gilles Berhault, ce n’est pas un problème : « Dans le cadre du Hub, chaque organisation qui y propose une solution est responsable de ce qu’elle écrit… Ce n’est pas notre rôle de choisir de mettre en valeur telle ou telle solution. Notre rôle est d’apporter la possibilité à toutes les organisations de mettre en valeur les leurs. »
De fait, la plupart des solutions mises en avant sur le hub se contentent de faire la promotion des produits vendus par les entreprises, en reprenant parfois mot pour mot leurs brochures commerciales. Explication de Gilles Berhault : la plateforme n’accueille que des « solutions expérimentées ». Mais alors en quoi Solutions COP21, qui se veut une initiative modèle de « gouvernance pluri-acteurs », se distingue-t-elle d’un salon commercial à peine reformaté ?

 

Au final, le seul critère de sélection des « solutions climatiques » qui seront présentées au Grand Palais et sur le hub internet n’est-il pas… l’argent ? La plaquette de Solutions COP21 présente toute une gamme d’offres pour mettre en valeur les « solutions » : la mise en ligne d’une solution climat sur le hub coûte ainsi 100 euros HT pour une entreprise, mais est gratuite pour tous les autres acteurs. Les entreprises peuvent également se payer un page promotionnelle sur le site pour 7000 euros HT. Tout est à vendre : espaces d’expositions au Grand Palais, panneau ou présentoir, créneau d’une demi-heure pour présenter sa solution dans un « corner » ou de 25 minutes sur le « Plateau TV COP21 », organisation d’une conférence, d’un petit déjeuner ou d’un cocktail... Il y en a pour (presque) toutes les bourses.

 

« Solutions COP21 est basé sur un seul principe : money talks (« L’argent parle »), dénonce Corporate Europe Observatory, qui ne voit dans les tarifs préférentiels accordés aux associations qu’un alibi pour se donner davantage de légitimité. « Plus vous avez d’argent, plus vous pouvez vous acheter les moyens d’être vu et entendu par nos dirigeants politiques... Dans le même temps, la société civile est à peine écoutée…, ce qui souligne la nature antidémocratique de ce genre de foire du lobbying. »

 

La « vraie » COP21, noyée dans une multitude d’« événements »

Au-delà de la publicité offerte aux multinationales se profile l’enjeu de l’accès privilégié des acteurs économiques aux décideurs et à l’espace des négociations. Solutions COP21 n’est pas le seul grand événement prévu en décembre à Paris pour valoriser les « solutions » des multinationales face à la crise climatique. Et les frontières entre ces événements et la conférence officielle apparaissent de plus en plus poreuses. Outre le « Business & Climate Summit » organisé à l’Unesco en mai dernier, sont notamment prévus le Sustainable Innovation Forum les 7 et 8 décembre au Bourget [6], le Caring for Business Climate Forum qui aura lieu également au Bourget [7], le World Climate Summit, qui se définit comme « le forum original réunissant entreprises, finance et gouvernements » [8], ou encore la Conférence Energy for Tomorrow, organisée par le New York Times les 8-9 décembre à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris [9].

 

Bref, la concurrence est rude. Au Bourget, les grandes entreprises pourront faire coup double. D’un côté, elles bénéficieront d’un espace commercial spécifique, la « Galerie des solutions », un événement organisé par Reed Exhibtions, leader mondial de l’organisation de salons commerciaux (à but lucratif). De l’autre côté, elles auront aussi une place de choix dans l’« Espace Génération Climat », dédié à la « société civile », qui accueillera aussi des collectivités et d’autres organisations non gouvernementales – ainsi qu’un espace pour Solutions COP21 [10].

 

Une COP21 sous influence des multinationales

Et que penser de la « vraie » COP21, la conférence intergouvernementale placée sous l’égide des Nations unies et qu’on risque de perdre de vue dans une telle confusion ? La brochure « Devenez partenaire de l’événement » élaborée par le ministère des Affaires étrangères enchaîne les arguments commerciaux pour attirer les sponsors : « Les partenaires de la COP21… bénéficieront d’une exceptionnelle vitrine médiatique pour mettre en valeur leur engagement. Plus de 3000 journalistes seront présents au Bourget. » Et de lister les divers bénéfices que les entreprises pourront retirer de leur contribution, défiscalisée à 60% : « Une utilisation du visuel ‘partenaire officiel de la COP21’ (que toutes les entreprises concernées se sont empressées d’apposer sur le site web et leurs documents de communication),« une visibilité forte » sur le site, « un accès privilégié aux espaces de rencontre et d’expression » dans le village de la société civile au Bourget, « une participation à la cérémonie d’ouverture de la COP21 », et enfin « une participation à un dialogue privilégié » avec les ministres Laurent Fabius et Ségolène Royal. Impossible de connaître le montant exact de la contribution (financière ou en nature) des sponsors de la COP – les organisateurs n’ayant pas répondu à nos demandes répétées de communication des conventions [11].

 

Pour Pascoe Sabido du Corporate Europe Observatory, témoin de l’influence grandissante du secteur privé sur les COP au fil des années, « la COP21 compte parmi les pires, à la fois du fait de son agenda explicitement favorable aux entreprises et à travers la publicité énorme faite aux sponsors et à d’autres via le label officiel COP21. L’année dernière à Lima [lors de la COP20], l’influence des entreprises était plus discrète, suite à la débâcle de la COP19 [à Varsovie] dont les organisateurs avaient organisé une conférence de promotion du charbon. Tout ce qui manque maintenant à Paris est que le gouvernement français décide d’organiser une conférence de promotion du nucléaire ! »

 

Une opération de promotion des entreprises françaises

Le gouvernement français n’a jamais caché que son choix de mettre l’accent sur les « solutions » visait aussi à faire de la publicité pour les produits et les technologies des entreprises tricolores. Les sponsors de la COP21 et les partenaires de Solutions COP21 se recrutent d’ailleurs dans leur immense majorité parmi les grands noms du CAC40. EDF se présente comme le « partenaire officiel d’un monde bas carbone » et Engie comme le « leader européen de la transition énergétique », à des années-lumière de la réalité de ces entreprises (voir nos deux « contre-rapports » sur EDF et Engie).

 

« Chaque pays organisateur de la COP essaie de promouvoir ses propres priorités et ses propres entreprises, poursuit Pascoe Sabido. À Varsovie, la Pologne a essayé de présenter le ‘charbon propre’ comme une solution climatique en raison de ses intérêts économiques dans le charbon. Mais c’était tellement extravagant que cela n’a pas marché. Ce qui est inquiétant à Paris, c’est que cela semble efficace. La COP21 a davantage l’air d’un salon commercial que d’une conférence destinée à lutter contre le changement climatique. »

 

Pour Juliette Rousseau, de la Coalition Climat 21, l’enjeu est de « démocratiser la question du climat » et des réponses à y apporter, comme le revendique à sa manière Solutions COP21. « Mais c’est totalement contradictoire avec le fait de concentrer les ‘solutions’ du côté des grandes entreprises, qui en plus sont celles qui ont provoqué le problème au départ. »

Olivier Petitjean

Notes

[1Engie se targue d’être plus qu’un partenaire, un « allié » des organisateurs de Solutions COP21 (voir la page web dédiée de l’entreprise). L’entreprise a placé elle la thématique des « solutions » au centre de sa communication.

[2Déclaration de transparence : notre Observatoire des multinationales est actuellement impliqué dans un projet conjoint avec le Corporate europe Observatory sur le lobbying autour de la COP21.

[3Selon notre décompte effectué en date du 16 septembre 2015 sur la partie du site en français, comme pour tous les chiffres qui suivent.

[4Le « charbon propre » fait référence aux centrales charbon modernes légèrement plus efficientes et moins polluantes que les anciennes. Le CCS est une technologie souvent présentée comme « la » solution qui permettrait de continuer à brûler du charbon, du pétrole et du gaz à perpétuité… sauf que cette technologie n’est pas encore au point, qu’elle coûte plus beaucoup cher que d’investir dans les énergies renouvelables, et qu’elle implique elle-même des risques de pollutions supplémentaires.

[5Les agrocarburants dits de première génération (basés sur des cultures alimentaires), dont le diester, sont désormais largement discrédités du fait de leur contribution à l’accaparement des terres et à l’insécurité alimentaire, alors que leurs bénéfices réels pour le climat sont extrêmement douteux. Lire « Quand l’agriculture sert à nourrir les machines aux dépens des humains ».

[6Organisé par le Programme des Nations unies pour l’environnement pour promouvoir le thème de l’économie verte et sponsorisé par BMW et Vattenfal, se présentant comme « le plus important événement focalisé sur le monde des affaires durant la COP » et avec un site web dont l’adresse prête à confusion : http://www.cop21paris.org/.

[7Organisé par le Pacte mondial et d’autres organisations onusiennes dont la CCNUCC et sponsorisé (entre autres) par EDF.

[8Il est organisé en marge de chaque COP. Les sponsors de cette année incluent notamment Alstom.

[9Elle compte parmi ses sponsors Total et le World Business Council for Sustainable Development, lobby dédié au « développement durable » des grandes multinationales mondiales.

[10La Coalition Climat 21, quant à elle, n’y sera pas, par refus de la place privilégiée ainsi accordée aux entreprises et de l’idée même d’un espace pour la société civile organisé par les pouvoirs publics. Juliette Rousseau, sa coordinatrice, explique qu’à l’origine de la Coalition Climat 21, il y a le walk-out de Varsovie, il y a deux ans, lorsque toutes les composantes de la société civile s’étaient mises d’accord pour quitter ensemble la COP afin d’exprimer « leur refus conjoint de l’influence privilégiée des grandes entreprises sur les négociations », ainsi que « des fausses solutions ».

[11Les seuls chiffres affichés par le gouvernement français sont le budget global de la COP21 – 187 millions d’euros – et l’objectif de faire assurer 20% de ce budget par le secteur privé, soit 37,4 millions. En date du 29 septembre 2015, le site officiel de la COP21 dénombrait 31 sponsors, soit 1,2 million d’euros par sponsor (défiscalisés à 60%, rappelons-le), mais certains articles de presse ont évoqué une cinquantaine de sponsors.

 

Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 13:31

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/amnesty-international

 

 

La France s'aprête à donner carte blanche à la surveillance de masse

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 20:50

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

Livreur à la demande, nouveau petit job à la Uber signé Amazon
Delphine Cuny | Rédactrice en chef adjointe Rue89

 

 

Le géant de l’e-commerce recrute des livreurs amateurs disponibles par une simple appli. Un moyen low cost de concurrencer les Google et autres Uber dans cette course de la livraison à domicile.

 

« Livrez des sourires » : c’est la présentation en mode lunettes roses du nouveau service Amazon Flex lancé par le géant du commerce en ligne, reprenant l’esprit de son logo qui se fend la poire. Livreur de sourires, le plus beau job du monde, non ?

« Horaires flexibles, super-salaire, travail constant.

Faites-vous 18 à 25 dollars [16 à 22,5 euros, ndlr] de l’heure en livrant des colis Amazon avec votre voiture et votre smartphone. »

Uber vous propose de vous improviser chauffeur, Amazon de devenir livreur à vos heures perdues. Et toujours le même argument de la flexibilité et de l’absence de chef : « Soyez votre propre patron, livrez quand vous voulez, autant que vous voulez », 7 jours sur 7, fait miroiter la page d’accueil. Comme un parfum de « travailler plus pour gagner plus ».

 

Livreur de sourires, le plus beau job du monde (Amazon)

Génération Uber

Travailler pour Amazon, un job de rêve ? Dans ces entrepôts, réputés pour être des lieux aux conditions de travail « horribles, comme des élevages en batterie » ? Ou même au siège, présenté comme un « enfer social » dans une enquête à charge du New York Times ? Sur le site américain Glassdoor, où les employés ex ou actuels notent les boîtes, Amazon reste malgré tout bien noté (3,4/5), derrière Google et Facebook, mais au même niveau que Yahoo par exemple.

 

Michaël Youn dans « Coursier » (2010), d’Hervé Rennoh (© Pedro Lombardi)

 

La boîte de Jeff Bezos compte puiser dans le vivier de tous ces gens à la recherche d’un petit boulot en plus, ou d’un job tout court, ces nouveaux travailleurs « à la demande » comme on les appelle aux Etats-Unis, la « gig economy », l’économie des petits boulots, des indépendants sans couverture sociale. La génération Uber.

Pour cela, il faut avoir une voiture – à vélo ou à pied, ce sera peut-être possible plus tard – le permis, au minimum 21 ans, et un smartphone sous Android (l’appli Flex ne fonctionne pas pour l’instant sur iPhone). Et aussi habiter Seattle, siège du plus grand magasin du monde, où ce nouveau mode de travail sera testé dans un premier temps, avant d’arriver à Manhattan, Baltimore, Miami, Dallas, Austin, Chicago, Indianapolis, Atlanta et Portland.

Il y aura tout de même un « background check », précise le site dans ses FAQ, une vérification des antécédents, sans doute du casier judiciaire, en 48 heures, de l’aspirant livreur. Tout doit être « super fast », super-rapide, répète la boîte.

 

 

L’appli Amazon Flex (Amazon)

Le Wall Street Journal a eu droit en exclusivité à une démo de l’appli Flex pour ces futurs livreurs « à la demande » : sur une carte des environs, on peut choisir les commandes en attente et leurs créneaux, l’itinéraire conseillé s’affiche ainsi que la rémunération approximative « en fonction du niveau du pourboire » explique Dave Clark, le responsable monde des opérations et du service client d’Amazon. Il vaudra mieux se pointer avec son plus joli sourire pour espérer récupérer une petite pièce.

La démo de l’appli Amazon Flex par Dave Clark Wall Street Journal

 

Avec son smartphone, le livreur devra aller récupérer le colis (à une gare par exemple) et le scanner.

Parfois, le client aura gentiment prévenu de se méfier s’il ne veut pas se faire mordre le mollet – « attention au chien » – ou précisé de déposer sa commande sous le porche de derrière.

Laisser entrer un inconnu dans une propriété privée n’est pas sans poser de problèmes de sécurité. D’après la photo, les livreurs amateurs devront endosser une très seyante veste grise Prime Now comme uniforme qui leur ouvrira toutes les portes.

Livreurs du dimanche low-cost

Des nouveaux petits jobs payés pas grand-chose dans la lignée des microtâches à la chaîne requérant peu de qualifications proposées par Amazon sur son site Turc mécanique aux travailleurs disponibles.

Amazon a besoin de cette armée de livreurs du dimanche pour son service Prime Now, qui promet aux clients une livraison dans les deux heures gratuitement ou dans l’heure avec supplément (7,99 dollars) aux clients qui peuvent commander en quelques clics sur leur smartphone.

 

L’appli Amazon Prime Now pour se faire livrer dans l’heure, 7 jours sur 7 juillet 2015

 

Cette nouvelle sous-traitance low-cost devrait lui permettre de réduire à la fois ses coûts (qui ont grimpé de 31% l’an dernier, plus vite que le chiffre d’affaires) et le délai de livraison pour le client, pour être compétitif avec les grandes chaînes de supermarché de proximité. Tout bénef.

 

Les hypers ubérisés par Google and co

La livraison à domicile, c’est le nouveau dada des start-up de la Silicon Valley et des groupes d’e-commerce. L’incontournable Uber avait tenté l’expérience de la livraison gratuite de biens de consommation courante UberEssentials par des chauffeurs Uber l’été 2014 – « tout ce dont vous avez besoin en 10 minutes maxi » –, mais la start-up de San Francisco a mis fin à cette expérimentation restée limitée à Washington D.C. au bout de quelques mois, en janvier 2015.

La boîte de Travis Kalanick n’a pas dit son dernier mot et a lancé la livraison de glaces cet été, de desserts pour le ramadan avec UberSweets ou de repas à emporter UberEats.

A New York, Uber a aussi lancé UberRush, service de livraison à vélo. C’est là aussi que, selon le site spécialisé Re/code, l’entreprise californienne s’apprête à dégainer cet automne en partenariat avec de grandes marques un service de livraison d’articles haut de gamme ou de luxe.

Même Google s’est jeté dans la course avec le service Google Express, d’abord à San Francisco puis dans huit autres villes des Etats-Unis : c’est gratuit à partir de 15 dollars d’articles commandés si l’on paie un abonnement de 10 dollars par mois ou 95 dollars par an.

Les bons vieux hypermarchés ont bien compris le risque de se faire uberiser : du coup, Target, le Auchan américain, a annoncé le 15 septembre un partenariat avec la start-up de San Francisco Instacart pour livrer ses commandes, en commençant par Minneapolis, où se trouve son siège.

Instacart est toutefois l’un des mieux-disant socialement : l’entreprise propose depuis juin à certains de ses livreurs travailleurs indépendants de les requalifier en salariés à temps partiel.

 

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 19:22

 

Source : http://www.agirpourlenvironnement.org

 

 

Avis favorable du gouvernement sur la LGV GPSO :
Agir pour l’Environnement claque la porte de la commission sur la démocratie participative !


   Paris, le 27/09/2015 : Alors que la commission d’enquête publique a rendu un avis négatif sur la construction d’une ligne à grande vitesse reliant Bordeaux à Toulouse et Bordeaux à Dax en mars dernier, le gouvernement vient d’annoncer qu’il ne tiendrait pas compte de cet avis.

  La commission d’enquête GPSO avait pourtant reconnu que ce projet de nouvelle ligne à grande vitesse avait un impact significatif sur les nuisances sonores, sur l’effet de coupure sur le paysage, sur la consommation de terre agricole. La Commission avait également reconnu qu’ « aucune catégorie sociale, même les entreprises, n'est majoritairement favorable au projet ». Au final, « la commission n’a pas décelé l’expression d’un véritable besoin de lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest ».

 

Confirmant les inquiétudes de la Cour des Comptes sur les errements financiers du tout-TGV, la commission d’enquête publique avait relevé que « la rentabilité socio-économique est insuffisante. L’augmentation du prix du billet pour financer la vitesse est certaine. En fonction de son niveau, cette augmentation aura des conséquences directes sur la fréquentation, rendant encore plus incertaine la rentabilité socio-économique. »

 

  Il est à noter que cette commission d’enquête a connu une très forte participation du public avec plus de 14011 contributions amenant les commissaires enquêteurs à conclure que « le climat en résultant a donné, dans ce cas, une bonne image de la démocratie participative ».

 

Après avoir suivi les travaux de la commission nationale sur la démocratie participative, Agir pour l’Environnement a décidé de claquer la porte de cette commission. Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, « le gouvernement a une nouvelle fois fait la démonstration que les outils démocratiques n’étaient institués que pour simuler une gouvernance aussi inutile que les grands projets qu’elle permet d’imposer. »

 

  L’avis négatif émis par le commissaire enquêteur était pourtant particulièrement sévère par ce grand projet pharaonique. Pour Agir pour l’Environnement, il est évident que le gouvernement prend, par cette décision, une lourde responsabilité et ne pourra qu’être comptable des oppositions qui ne manqueront pas de naître prochainement !

 

 
 
Partager cet article
Repost0
25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 17:27

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

La grande hypocrisie des moteurs diesel

 |  PAR MICHEL DE PRACONTAL

 

 

Et si le scandale Volkswagen n'était que la pointe de l'iceberg ? Plusieurs sources d'informations suggèrent que le procédé de triche utilisé par le constructeur allemand est très répandu, et de longue date.

 

 

Parti des États-Unis, le scandale Volkswagen a déclenché une réaction en chaîne en Europe. Il pourrait même représenter pour l’économie allemande « un risque plus grand que la crise de la dette grecque », selon un analyste cité par Reuters. Le ministre allemand des transports, Alexander Dobrindt, a déclaré que la fraude, qui a concerné 482 000 véhicules aux États-Unis, avait aussi affecté les pays européens. Il a indiqué le 25 septembre que, pour l'Allemagne, la manipulation avait porté sur 2,8 millions de voitures diesel, donc six fois plus qu'aux États-Unis. D'après nos informations, il est très plausible que le même procédé ait été largement utilisé en Europe, et sans doute par d'autres constructeurs.

© Reuters/Charles Platiau

Volkswagen a admis avoir équipé onze millions de voitures d’un logiciel capable de tromper les tests d’émissions polluantes. La très grande majorité de ces véhicules ont été commercialisés en Europe, où le marché du diesel représente plus de la moitié des voitures vendues. En Espagne, Seat, l’une des filiales du groupe Volkswagen, aurait installé un logiciel trompeur dans 500 000 voitures, selon El Pais. Mais des modèles des marques Audi et Skoda utilisent le même moteur et pourraient aussi être concernés par la tricherie, d’après L’Argus

L’Espagne, l’Italie, la France ont lancé des investigations et l’Union européenne a appelé tous les États membres à enquêter. Au Royaume-Uni, le Département des transports (équivalent d’un secrétariat d’État) a entrepris de contrôler les émissions de voitures diesel de différentes marques, afin de « vérifier que le problème est limité à Volkswagen et ne concerne pas toute l’industrie » automobile, selon le secrétaire au transport, Patrick McLoughlin. En Allemagne aussi, des tests seront effectués sur des voitures d'autres marques que Volkswagen. Un autre constructeur allemand, BMW, a été mis en cause par le magazine Auto Bild, mais nie toute manipulation. Plusieurs sources d’informations suggèrent cependant que le scandale pourrait ne pas se limiter au cas de Volkswagen.

Pour ne rien arranger, le quotidien britannique The Guardian a révélé le 24 septembre que les gouvernements allemand, britannique et français avaient fait du lobbying auprès de la Commission européenne pour rendre moins sévère la procédure de contrôle des émissions des voitures, qui doit être modifiée en 2017. Dans ce contexte, la hâte des gouvernements à faire aujourd’hui toute la lumière sur le scandale apparaît quelque peu de circonstance. Au demeurant, les Verts allemands dénoncent l’« hypocrisie » d’Alexander Dobrindt, le ministre des transports. Oliver Krischer, député des Grünen, estime que « le gouvernement est depuis des années au courant des manipulations des firmes automobiles » et que « le scandale actuel est le résultat d’une politique qui fait fi de la protection de l’environnement et des consommateurs ».Contacté par Mediapart, le bureau de Krischer précise : « Le problème est connu de nous et de la plupart des experts depuis des années, mais le gouvernement n’a rien fait contre ; nous pensons que d’autres constructeurs [que Volkswagen] utilisent des stratégies similaires, mais aucun nom n’a été mentionné. »

Alexander Dobrindt récuse les attaques des Verts. Mais plusieurs sources confirment que la pratique reprochée à Volkswagen par l’EPA, l’Agence de protection de l’environnement américaine, n’est pas un cas isolé. Le 10 septembre, avant que le scandale n’éclate aux États-Unis, l’ONG Transport & Environment (T&E) a publié un rapport sur la pollution automobile dont le message tient dans le titre : Don’t Breathe Here, « Ne respirez pas ici ». Selon ce rapport, les modèles récents de voitures diesel émettent cinq fois plus de particules et de gaz polluants que la limite autorisée par la nouvelle norme, dite Euro 6, entrée en vigueur début septembre. Sur 23 voitures testées, seules trois sont apparues conformes à la norme, et un modèle Audi a produit 22 fois plus d’émissions que la limite.

Selon T&E, tous les constructeurs vendent des voitures diesel qui ne respectent pas la limite européenne. Pourtant, elles réussissent à passer les tests d’homologation. Le rapport de T&E met en cause une procédure trop laxiste et détaille les procédés qui permettent aux fabricants de faire homologuer des véhicules dont les émissions ne sont pas conformes dans des conditions de conduite réalistes. Le rapport énumère une série d’astuces mécaniques telles que surgonfler les pneus, déconnecter les freins, alléger la voiture au maximum, charger la batterie à bloc, etc.

Infographie de T&E montrant l'écart entre les émissions réelles et la norme pour six marques européennes
Infographie de T&E montrant l'écart entre les émissions réelles et la norme pour six marques européennes

T&E décrit aussi un procédé de triche qui est exactement celui reproché par l’EPA à Volkswagen, dans lequel « le système de contrôle du moteur détecte que le véhicule est en train d’être testé dans une procédure d’homologation et bascule dans un régime spécialement conçu pour satisfaire à la norme ». Le rapport de T&E souligne que ce procédé est facile à appliquer aux voitures actuelles qui sont truffées de systèmes de contrôle électronique, de sorte que le calculateur peut détecter que le capot est ouvert ou que les roues arrière sont immobiles. Et de conclure : « Aucun constructeur n’a été poursuivi dans l’Union européenne pour des pratiques de “cycle beating” (usage d’un procédé permettant de déjouer les contrôles), mais des preuves anecdotiques suggèrent que ces pratiques sont répandues. »

Si T&E ne cible aucun constructeur européen en particulier, l’ONG montre que tous produisent des voitures polluantes, ce qui implique qu’ils sont capables de contourner la procédure d’homologation (voir infographie). D’autres rapports, notamment de l’ICCT (International Council for Clean Transportation), organisme qui a contribué à révéler la fraude de Volkswagen, confirment que les voitures diesel émettent plus dans la vie réelle que dans les conditions artificielles des tests.

Il est donc clair que le problème est apparu avant l’affaire américaine. On peut d’ailleurs signaler qu’en 1998, l’EPA avait déjà dévoilé une fraude assez similaire à celle de Volkswagen, mais portant sur des camions (voir un document de T&E sur l'affaire). Le procédé était le même : le calculateur de bord reconnaissait la situation de test et se réglait alors sur un cycle spécifique.

« Au fond, j’ai l’intime conviction que c’est vrai »

L’EPA avait épinglé sept constructeurs, cinq américains ainsi que Renault et Volvo, qui ont dû verser 83,4 millions de dollars, à l’époque le plus grand dédommagement dans l’histoire pour une atteinte à l’environnement. Les firmes ont aussi été contraintes d’abandonner l’utilisation de « defeat devices », autrement dit de logiciels trompeurs.

Il n’y avait pas eu jusqu’ici de procédure concernant des voitures de tourisme, mais dans le milieu de l’automobile, le recours aux techniques de « cycle beating » est perçu comme un secret de Polichinelle. Un professionnel qui a travaillé pour un constructeur français le confirme : « En 2010, une équipe d’ingénieurs de Peugeot, chargée de surveiller la concurrence, a analysé des modèles BMW des séries 1 et 3, indique-t-il à Mediapart. Lorsqu’ils faisaient rouler la voiture, ils ne réussissaient pas à reproduire les consommations annoncées par le constructeur. Mais sur le banc, la voiture devenait hyper-économique. Cela signifie que la programmation du calculateur enclenche un mode dans lequel la voiture devient moins performante, avec une consommation et des émissions basses, lorsqu’elle détecte un passage au banc (rotation des seules roues motrices, absence de mouvement sur le volant, etc). C’est exactement le même principe que ce qu’a fait Volkswagen, il ne coûte rien, ne nécessite aucun capteur supplémentaire et peut donc être installé sur tout ce qui sort de l’usine. »

Et notre interlocuteur de poursuivre : « Les voitures ont déjà plusieurs modes réglés par le calculateur, par exemple s’il fait chaud, ou froid. Il est très simple d’ajouter à tous ces modes normaux et admis un préréglage optimisé pour les tests. Depuis 2011, les BMW laissent choisir le conducteur entre plusieurs modes (Ecoplus, Normal, Sport) qui changent les paramètres de la voiture. C’est la partie visible et légale de la triche ! »

Il faut comprendre que sur les voitures actuelles, le calculateur gère tous les paramètres de fonctionnement du moteur : température et admission de l’air, allumage, consommation… À tel point que le même moteur peut être décliné par le constructeur sur toute une gamme de modèles aux puissances différentes. Autrement dit, la programmation du calculateur commande le comportement du moteur, et en particulier le niveau d’émissions polluantes.

Les amateurs de voitures savent d’ailleurs parfaitement que l’on peut augmenter les performances d’un modèle du commerce en « reprogrammant » le calculateur du moteur. Il existe d’ailleurs des sociétés spécialisés dans ce type de préparation, qui proposent à leurs clients d’accroître la puissance du moteur de dix, vingt, trente chevaux ou davantage.

« Lorsque les clients nous amènent des berlines diesel, nous constatons tous les jours des écarts entre la puissance annoncée et celle que nous mesurons, explique à Mediapart un spécialiste d’une société qui offre ce type de service, O2 programmationJ’ai vu des moteurs de chez Mercedes ou Volkswagen avec 15 à 20 chevaux de plus qu’annoncé. Cela montre que les tests ne sont pas performants. La procédure d’homologation aux États-Unis est plus dure. Je peux imaginer que pour faire une économie d’échelle, Volkswagen ait installé pour les voitures destinées aux États-Unis un logiciel qui bascule sur un mode test. »

En principe, l’accès au calculateur d’une voiture est protégé et réservé au constructeur. Les sociétés de reprogrammation s’arrangent pour obtenir les codes d’accès des constructeurs, soit en les décodant elles-mêmes, soit en s’adressant à d’autres sociétés qui leur débloquent ces accès. Toute cette activité est tolérée, même si elle se situe à la limite de la légalité, comme on peut le vérifier sur les forums des amateurs de « chiptuning », ainsi que se nomme cette pratique. On apprend, entre autres, que les voitures ainsi préparées sont souvent débarrassées de dispositifs antipollution comme le filtre à particules.

La pratique du chiptuning est un élément de plus qui montre que les caractéristiques des voitures actuelles peuvent facilement être modifiées par des opérations de logiciel. La tolérance dont bénéficie cette pratique rend encore plus plausible l’idée que l’affaire Volkswagen ne soit que la partie émergée de l’iceberg. S’il est aussi simple et efficace de programmer les calculateurs pour qu’ils permettent de contourner les tests, et si la puissance et l’importance de l’industrie automobile poussent les autorités à fermer les yeux, il faudrait que les constructeurs soient d’une vertu inhumaine pour ne pas recourir au procédé.

Interrogé, notre spécialiste répond en deux temps : « En Europe, les constructeurs n’ont pas besoin de logiciel “interrupteur” parce que le système d’homologation les laisse passer. » Mais à la réflexion, il ajoute : « Il y a cependant des rumeurs persistantes en ce sens. Au fond, j’ai l’intime conviction que c’est vrai. C’est comme le Tour de France, on peut penser que 80 % des coureurs sont dopés, mais regardez le temps qu’il a fallu pour qu’Armstrong se fasse prendre… »

Il n’est pas certain que dans ce cas, le secret – déjà pas mal éventé – tienne aussi longtemps, étant donné l’ampleur du traumatisme suscité par l’affaire Volkswagen. Ce scandale illustre l’aberration d’un système qui a fait du diesel, technologie intrinsèquement polluante, un marché très concurrentiel en Europe et dans une moindre mesure aux États-Unis. Les automobiles et en premier lieu les voitures diesel sont la principale source de pollution de l'air en ville. Dans une perspective de protection de l’environnement, supprimer l’avantage fiscal du diesel serait une mesure de bon sens et de salubrité publique. Mais lorsque l’on réalise que même aux 24 heures du Mans, les voitures diesel sont avantagées, il est permis de se demander si le bons sens a voix au chapitre dans ce domaine.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22