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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 20:16

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Deux ou trois choses que je sais de la dette publique

4 novembre par Michel Husson

 

 

 

 

Michel Husson, notamment membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, décrypte, analyse, vulgarise de A à Z les mécanismes de la dette publique, à travers des cas concrets (France, Grèce...) afin de nous permettre de mieux appréhender celle-ci et d’en comprendre ses ressorts. |1|

 

 

La mécanique de la dette

Il n’est pas inutile de commencer par de brefs rappels sur la manière sont s’enchaînent le déficit du budget de l’Etat, la dette publique et les intérêts correspondant à cette dette. Le graphique 1 illustre comment se forme la boucle déficit/dette/intérêts. Les recettes de l’Etat sont constituées pour l’essentiel d’impôts et de taxes. Du côté de ses dépenses, on peut distinguer les dépenses de fonctionnement, les transferts et les investissements, ainsi que les intérêts payés sur la dette public. On dispose alors de deux notions de déficit public :

- le déficit primaire est égal à la différence entre les dépenses hors intérêts et les recettes. Il faut y ajouter les intérêts versés pour obtenir le déficit tout court.

- le déficit total vient se rajouter à la dette publique, qui conduit à une augmentation des intérêts.


Graphique 1 - Déficit, dette, intérêts

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Graphique 1 - Déficit, dette, intérêts

La mécanique de la dette peut être formalisée à l’aide de deux équations. La première dit que l’encours de dette publique à l’année t (DPUBt) est égal à la somme de trois éléments :
- la dette de l’année précédente : DPUBt-1
- les intérêts payés sur la dette publique : i.DPUBt-1
- le solde primaire : SPRIM qui est négatif en cas de déficit

La deuxième équation se déduit de la précédente et décrit comment varie le ratio de dette (d) qui rapporte l’encours de dette publique au PIB. La variation du ratio de dette (Δd) dépend du solde primaire exprimé en pourcentage du PIB (sprim) et de la position relative du taux d’intérêt hors inflation (r) et du taux de croissance (g).

Cette équation fondamentale fait apparaître une variable-clé, à savoir la différence (r-g) entre le taux d’intérêt apparent réel et le taux de croissance du PIB, que l’on appelle « écart critique » . Pourquoi critique ? Parce que si cet écart est positif (le taux d’intérêt r est supérieur au taux de croissance g), le ratio de dette augmente même si le déficit primaire est nul (sprim=0). C’est l’effet « boule de neige » qui se déclenche et que l’on peut comprendre de manière assez intuitive. Au numérateur du ratio de dette, la dette augmente au même rythme que les intérêts ; et au numérateur, le PIB augmente selon le taux de croissance. Si r est plus grand que g, alors le ratio de dette augmente.

On peut aussi se servir de cette équation pour déterminer le solde budgétaire qu’il faut atteindre pour réduire le ratio de dette dans une certaine proportion. Si l’écart critique est nul, un excédent primaire de 1 % du PIB fait baisser d’un point de PIB le ratio de dette. Mais attention, car c’est là tout le problème : les variables ne sont pas indépendantes. Autrement dit, on ne peut pas viser n’importe quel niveau d’excédent primaire sans que cela ait des répercussions sur le taux de croissance et donc sur l’écart critique. Imaginons par exemple un ratio de dette de 100 % et un excédent primaire de 1 % du PIB. Si l’écart critique est nul, alors le ratio de dette va baisser de 100 % à 99 %. Mais si l’écart critique (divisé par 1+g) vaut +1 %, alors il compense l’effort budgétaire et le ratio de dette reste égal à 100 %. C’est tout le débat sur le « multiplicateur budgétaire » qui mesure l’effet sur le PIB de la réduction des dépenses publiques.


Une dette qui « roule »

Apparemment, l’équation (1) ci-dessus est fausse, puisqu’elle ne prend en compte que les intérêts et pas l’amortissement de la dette, autrement dit le remboursement de la partie de la dette arrivée à échéance. Cependant, elle décrit correctement la pratique générale en matière de dette publique, qui consiste pour les Etats à se ré-endetter pour couvrir les remboursements.

C’est ce que montre sur le cas français le tableau simplifié ci-dessous. En 2014, le déficit budgétaire était (en chiffres arrondis) de 72 milliards d’euros. Mais il fallait lui ajouter 101 milliards correspondant au remboursement d’emprunts d’Etat arrivés à échéance, soit un besoin de financement total de 173 milliards. Les nouvelles émissions de dette publique ont donc représenté 173 milliards, et pas seulement 72 milliards.


Tableau 1 - Le financement de l’Etat en 2014

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Source : Agence France Trésor

C’est pourquoi on dit que l’on fait « rouler » la dette (roll over en anglais) et c’est une différence fondamentale avec la dette d’un particulier ou d’un ménage. La dette d’un Etat est potentiellement éternelle, et ce constat a deux implications importantes :

- le fait de transposer à la dette de l’Etat les préceptes applicables à un individu (« il faut payer ses dettes », « l’Etat doit gérer son budget en bon père de famille », etc.) est un argument idéologique qui ne correspond pas à la réalité. Ce genre d’argument relève de l’ignorance ou de la tromperie.

- puisque le dette « tourne », elle est l’héritière de tous les dérapages du passé et c’est pourquoi toute procédure d’audit doit remonter loin dans le temps.

A titre de rappel, les dépenses publiques ne sont pas un puits sans fond. Elles correspondent à des objectifs sociaux, économiques et environnementaux. Tout déficit public n’est donc pas un mal en soi, et l’endettement public est parfaitement légitime s’il correspond à des investissements utiles. Mais les choses sont différentes s’il résulte de mesures fiscales régressives. C’est pourquoi il faut interroger les causes du déficit afin d’isoler les facteurs qui ne répondent pas à ces critères. Telle a été la démarche du CAC, le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique, qui a produit un rapport sur le cas de la France |2|.


France : 59 % de la dette publique est illégitime

Pour arriver, à ce résultat le rapport du CAC a cherché à identifier les raisons pour lesquelles le ratio de dette (en % du PIB) est passé en France de 20 % au début des années 1980 à près de 100 % aujourd’hui. Le graphique 2 ci-dessous montre que l’évolution a été la même pour la dette de l’Etat (hors collectivités locales et sécurité sociale) et que le déficit public a été la plupart du temps supérieur à 2 % du PIB.


Graphique 2 - Evolution de la dette publique en France. 1960-2012

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Source : Insee

La première piste à examiner était suggérée par le discours dominant qui répète que « nous avons vécu au-dessus de nos moyens », un peu comme un ménage surendetté. Mais ce n’est pas le cas, comme le montre le graphique 3 : les dépenses publiques (hors intérêts) n’ont pas augmenté en proportion du PIB, la tendance étant au contraire à la baisse. La tendance est la même pour les recettes, mais avec un « retard » systématique sur les dépenses. Ce graphique permet aussi de comprendre comment fonctionne la gestion budgétaire depuis 1980. On observe en effet des périodes durant lesquelles le déficit primaire augmente (la zone grisée entre dépenses hors intérêts et recettes se gonfle). Puis les dépenses sont réduites pour s’ajuster à la baisse des recettes, de telle sorte que le solde primaire - autrement dit l’écart entre les deux courbes - se réduit. Les flèches du graphique signalent ces périodes d’ajustement.


Graphique 3 - Recettes et dépenses publiques en France. 1980-2012

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Sources : Insee ; CAC, Que faire de la dette ?

Autrement dit, la stratégie néolibérale de réduction des dépenses de l’État fonctionne de la manière suivante : une récession provoque une augmentation temporaire du ratio dépenses/PIB ; les recettes chutant du fait de la récession, on laisse se gonfler le déficit. Dans un second temps, on justifie le freinage des dépenses par la nécessité de les ajuster aux recettes. Seule la période 2000-2005 fait exception à ce schéma : il n’y a pas eu de récession nette, mais une chute entièrement planifiée des recettes. La tendance permanente au déséquilibre budgétaire est donc engendrée par les choix de politique fiscale qui à leur tour viennent ensuite légitimer le recul ultérieur des dépenses publiques.

Le rapport du CAC s’est donc intéressé aux cadeaux fiscaux et s’est demandé ce qui se serait passé si les recettes fiscales étaient restées - toujours en proportion du PIB - au même niveau qu’en 2000. Le résultat est illustré par le graphique 4 : sans les cadeaux fiscaux, le déficit public aurait été nettement réduit et même nul à la veille de la crise, en 2007. Cet exercice retrouve à peu près les estimations du rapport Carrez |3| (en pointillé sur le graphique). Un autre rapport officiel |4| arrivait à une conclusion analogue : « en l’absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’est en réalité générant ainsi une économie annuelle de charges d’intérêt de 0,5 point de PIB ».


Graphique 4 - Impact des cadeaux fiscaux sur le déficit public en France. 2000-2012

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Source : CAC, Que faire de la dette ?

La démarche d’audit de la dette publique exige, pour les raisons expliquées plus haut, de remonter dans le temps. On s’aperçoit alors que l’Etat s’est endetté à des taux d’intérêt excessifs pendant deux décennies. Entre 1985 et 2005, le taux d’intérêt réel (hors inflation) sur la dette publique a excédé la moyenne historique de 2 % (graphique 5).


Graphique 5 - Taux d’intérêt sur la dette publique française. 1980-2012

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Sources : Insee ; CAC, Que faire de la dette ?

Ces taux d’intérêt excessifs ont déclenché l’effet « boule de neige » en faisant augmenter la dette indépendamment du déficit. En prenant comme référence une norme de taux d’intérêt réel de 2 %, on peut évaluer l’impact de ces taux d’intérêt excessifs. On constate alors que plus d’un tiers (38 %) de la progression du ratio de dette entre 1980 et 2012 s’explique par l’effet « boule de neige » (graphique 6).


Graphique 6 - Composantes du ratio de dette en France. 1980-2012

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Source : CAC, Que faire de la dette ?

Enfin en combinant les deux exercices, on peut simuler l’évolution de la dette publique hors taux d’intérêt excessifs et hors cadeaux fiscaux (graphique 7). Dans ces conditions, le ratio de dette aurait été inférieur à 45 % du PIB en 2012, ce qui permet d’évaluer à 59 % la partie illégitime de la dette publique française.


Graphique 7 - Cadeaux fiscaux et effet « boule de neige » en France. 1985-2012

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Sources : CAC, Que faire de la dette ?

Les critères d’illégitimité retenus ici correspondent au fait que l’Etat a accepté de payer des taux d’intérêt trop élevés au lieu de chercher d’autres modes de financement que le recours aux marchés financiers ; quant aux cadeaux fiscaux, ils étaient illégitimes parce que ciblés sur les hauts revenus et les entreprises sans effet sur l’activité et l’emploi, ce qu’il était facile de prévoir.

Les idéologues invoquent souvent la dette « que nous laissons à nos enfants ». C’est doublement absurde : d’abord « nos enfants » hériteront aussi les fruits de l’investissement public, par exemple des hôpitaux, des écoles et des universités, etc. Ensuite les enfants ne naissent pas égaux et certains héritent de titres financiers, parmi lesquels ceux de la dette publique. Ces arguments démagogiques servent à dissimuler la signification sociale de la dette publique : ce sont les mêmes catégories sociales qui bénéficient à la fois des cadeaux fiscaux et d’une sorte de rente d’Etat à des taux d’intérêt longtemps exorbitants.

Ce mécanisme n’est pas nouveau, et on ne résiste pas à la tentation de citer ce qu’écrivait Marx à ce sujet, il y a plus de 150 ans : « L’endettement de l’État était, bien au contraire, d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de l’État, qui était l’objet même de ses spéculations et le poste principal de son enrichissement. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables |5| ».


La dette par temps de crise

La crise conduit, à partir de 2018, à un dérapage budgétaire généralisé. Plusieurs facteurs se cumulent : il y a d’abord l’effet « normal » d’une récession : les recettes chutent, mais les dépenses ne reculent pas ou moins. Elles peuvent même augmenter (en termes relatifs) pour déclencher le mécanisme des « stabilisateurs automatiques », par exemple par une augmentation du montant et de la durée des allocations chômage. Les dépenses publiques peuvent aussi augmenter en fonction des plans de relance : dans les deux cas, il s’agit d’amortir la récession. Mais il y a aussi les dépenses consacrées au sauvetage des banques. Le graphique 8 donne une ventilation de ces effets entre 2007 et 2009 pour les pays riches.


Graphique 8 - Les facteurs de déficit supplémentaire

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Pays « avancés » du G20 entre 2007 et 2009.
En % du PIB. Source : OCDE

Les effets de la crise n’expliquent pas tout : ils viennent détraquer la mécanique de la dette, de telle sorte que l’augmentation de la dette publique résulte aussi des déséquilibres antérieurs accumulés. Dans le cas français, la Cour des comptes concluait en 2011 |6| que « la crise explique au plus 38 % du déficit, qui est surtout de nature structurelle et résulte largement de mesures discrétionnaires ».


La crise dans la zone euro

La crise ouverte en 2008 a rapidement pris la forme d’une crise des dettes souveraines dans la zone euro. Ce phénomène n’est pas apparu, ni aux Etats-Unis, ni au Royaume-Uni, ni au Japon. Il s’explique par deux particularités essentielles de la zone euro.

- Les banques centrales n’ont pas le droit de financer le déficit public. Le financement public doit passer exclusivement par les marché financiers.

- Il n’y a pas de mutualisation des dettes publiques au sein de la zone euro. Autrement dit, il existe des dettes allemande, française, portugaise, grecque, etc. mais pas de dette publique européenne.

C’est l’application de ces règles qui a déclenché la crise des dettes. Les marchés financiers ont exigé des taux d’intérêt exorbitants aux pays qui ne leur inspiraient pas confiance (graphique 9). Le financement public n’étant plus possible sur les marchés financiers, il a fallu pour certains d’entre eux s’en remettre aux institutions de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).


Graphique 9 - Spreads* sur la dette publique

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Ecarts avec le taux d’intérêt sur la dette publique allemande
Source : Eurostat

Les prêts ont été conditionnés à des plans d’ajustement qui ont entraîné des récessions et alourdi le poids de la dette publique. La Grèce représente évidemment un cas limite. En 2010, les institutions européennes tablaient sur une croissance positive (entre 3 et 4 %) pour la période 2012-2013. Les prévisions se sont progressivement dégradées et la Grèce a finalement subi une récession de l’ordre de -11,5 % sur ces deux seules années (graphique 10).


Graphique 10 - Les écarts de prévision de croissance en Grèce pour la période 2012-2013

Si l’on compare plus en détail les prévisions du FMI en 2010 (graphique 11), et les résultats observés, on constate qu’il n’a pas été tenu compte des rétroactions entre les différentes variables. L’énorme sous-estimation de la trajectoire du PIB est à rapprocher de l’évolution du solde primaire qui correspond à une austérité budgétaire drastique, même si elle reste en deçà des projections du FMI.

Il n’est donc pas étonnant que le ratio de dette (Dette/PIB) ait augmenté de près de 50 points de PIB entre 2009 et 2014 (malgré le haircut de 2012), alors que le FMI escomptait une stabilisation, voire une baisse à 30 points de PIB supplémentaire.

Mais le plus troublant est que les prévisions du FMI de 2014 reproduisaient les mêmes hypothèses contredites par l’expérience des deux précédents mémorandums. Le FMI postulait à nouveau qu’on pourrait avoir, en même temps, une augmentation considérable du solde primaire, une reprise de la croissance et une baisse du ratio de dette. Ce sont les mêmes hypothèses, à peine atténuées, que l’on retrouve dans le troisième mémorandum, ce qui permet de conclure qu’il est « condamné à échouer par rapport à ses objectifs annoncés et à laisser de nouveau une dette grecque insoutenable |7| ».


Graphique 11 - Les prévisions du FMI sur la Grèce

La Grèce est certes un cas limite, mais il est frappant de constater un alignement presque parfait des pays de la zone euro selon le degré d’austérité budgétaire : plus celui-ci a été élevé, plus la croissance a été faible entre 2010 et 2014. Les politiques dites d’assainissement budgétaire ont donc un contenu intrinsèquement récessif (graphique 12).


Graphique 12 - Austérité budgétaire et croissance économique

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Source : base de données Ameco

L’objectif de ces politiques est double : il s’agit d’abord de « profiter » de la crise pour faire passer en force les « réformes structurelles » visant en pratique à alléger le « coût du travail » et à rétablir la rentabilité des entreprises, même si cela passe par une phase de faible croissance. Mais, plus fondamentalement, le principe essentiel de cette gestion de la crise est de préserver le capital fictif et les droits de tirage sur la richesse produite qu’il incarne . Et cela s’est fait notamment par le transfert des dettes privées vers les dettes publiques.

Le résultat est que les « aides » aux banques et aux entreprises, destinées à préserver ou rétablir leur bonne santé sont en fin de compte payées par la majorité des citoyens d’un pays sous forme de réduction des dépenses sociales ou d’augmentation des impôts, sans parler des effets de l’austérité salariale.

La crise des dettes est donc un double révélateur : de la volonté absolue de la finance de préserver ses acquis, et du caractère bancal des règles de fonctionnement de la zone euro.


Eléments d’alternative

Les développements qui précèdent montrent qu’il faut distinguer, même si elles sont liées, deux questions : la question du financement du déficit public et la question du stock de dette accumulé. Sur le premier point, l’alternative est simple : il faut que le déficit public soit couvert autrement que par les marchés financiers. Ces derniers disposent en effet d’une arme redoutable pour sanctionner des mesures qui ne leur conviendraient pas : il leur suffit d’augmenter leurs taux d’intérêt. Il n’est pas besoin d’inventer de nouveaux dispositifs pour échapper à leur emprise : ces dispositifs existent ailleurs ou ont été mis en oeuvre par le passé, avant que l’Europe néo-libérale les interdise. Citons un quota de titres publics imposé aux banques privées ou tout simplement le financement par la Banque centrale. Mais le recours à ces instruments impose de désobéir aux règles du jeu actuellement en vigueur dans la zone euro.

Reste l’encours de dette qu’il est nécessaire d’annuler en tout ou partie. Là encore, il existe toute une gamme de procédés : dénonciation unilatérale, emprunt forcé, restructuration, etc. Le FMI a même exploré, au détour d’un rapport, l’idée d’un impôt à un coup (one-shot) sur la richesse. Mais, quel que soit le degré de radicalisme, cette orientation implique une rupture, non seulement avec les institutions mais aussi avec le finance nationale et internationale. Une dénonciation de la dette publique impliquerait par contrecoup une socialisation, partielle ou totale, définitive ou temporaire, des banques privées.

Les enjeux sont importants et on peut les résumer ainsi : accepter l’héritage de la dette revient à obérer l’avenir en prolongeant indéfiniment l’austérité et en rendant impossibles les investissements publics nécessaires à la transition écologique.

Les graphiques en format PDF :

PDF - 1.2 Mo

Graphiques

 

 

 
Notes

|1| Cette note est issue d’une présentation qui cherchait à synthétiser quelques enseignements de la pratique d’audit en France et en Grèce. Elle est téléchargeable ici : http://goo.gl/FKOve8

|2| Collectif pour un audit citoyen, Que faire de la dette ? Un audit de la dette publique de la France, 27 mai 2014, http://goo.gl/QqkQix

|3| Rapport Carrez, 30 juin 2010, http://goo.gl/9G7gby

|4| Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis, Rapport sur la situation des finances publiques, Avril 2010, http://goo.gl/kUgzbW

|5| Karl Marx, Les luttes de classes en France, 1850, http://goo.gl/wWr4A3

|6| Rapport de la Cour des comptes sur la situation et les perspectives des finances publiques, juin 2011, http://goo.gl/EgxFvX

|7| Michel Husson, « Le troisième mémorandum est aussi insoutenable que les deux précédents », Parlement grec, 25 Septembre 2015, http://goo.gl/do4AFh

Auteur
 
 

Michel Husson

statisticien et économiste français travaillant à l’Institut de recherches économiques et sociales, membre de la Commission d’audit pour la vérité sur la dette grecque depuis 2015.
http://hussonet.free.fr/fiscali.htm

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 18:37

 

 

Calais
Un parc d'attractions en roue libre

 

 

Natacha Bouchart, la maire de Calais, a obtenu gain de cause : le Luna-Park à 275 millions d'euros qu'elle veut construire aux portes de sa ville ne fera pas l'objet d'un débat public. Dommage : il y aurait eu tant de choses à dire sur le concepteur du projet...
 
 
SIPANY/SIPA et Images Heroic Land
 

La sénatrice-maire de Calais, Natacha Bouchart, veut construire un parc d’attractions, baptisé Heroic Land, pour redorer l’image de sa ville. Cette fidèle sarkoziste a peu goûté que. A commencer par Yann Tran Long, le "masterplanner" du parc, un ancien néonazi et ex-mercenaire reconverti dans l’aménagement de manèges, et dont la société, Loftus, placée en liquidation judiciaire en France, est réapparue à Hong-Kong en 2011.

Dix députés socialistes de la région se sont émus du "lourd déficit de transparence" entourant cette affaire. A l’initiative de l’un des leurs, Yann Capet, ils ont saisi la (CNDP) en y joignant l’article de Marianne. Parmi les signataires, l’ancien ministre des transports et maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier, ou l’ex-maire de Lens Guy Delcourt. L’association France nature environnement a également sollicité la commission pour "l’organisation d’un débat national" en raison des "conséquences économiques et environnementales" liées à la construction du parc. Une double saisine inédite dans l’histoire de cette autorité administrative indépendante créée en 1995.

Les membres de la CNDP – magistrats, élus locaux ou nationaux, représentants syndicaux… – ont voté mercredi en fin de matinée. Verdict : il n’y aura pas de débat d’ampleur nationale avec experts ad hoc auditionnés par cette commission. Non, juste une "concertation locale" cornaquée par la mairie de Calais. "Matignon a fait le passer le message : pas question d’ouvrir un grand débat sur Heroic Land au moment où Valls vient d’accorder 50 millions d’euros à Natacha Bouchart pour ses projets", raconte à Marianne un membre éminent de la CNDP. Qui évoque un possible deal entre le Premier ministre socialiste et la maire Les Républicains : pile, je t’évite un long déballage sur Heroic Land ; face, tu arrêtes de me tacler sur la situation critique des migrants à Calais. Il y a quelques semaines, Natacha Bouchart en réclamant carrément l’aide de l’armée pour sécuriser les abords de la "jungle".

Contacté par Marianne, Christian Leyrit, le président de la CNDP, dément toute pression de l’exécutif. Mais cet ancien préfet, nommé par décret ministériel en 2013, admet s’être déplacé lui-même dans le bureau de Natacha Bouchart, au Sénat, pour entendre ses arguments. Une pratique curieuse. Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la Concurrence, ne se rend jamais au siège des grandes entreprises pour discuter avec leurs patrons. Pas plus qu’Olivier Schrameck (CSA) à celui des chaines de télé. "Mme Bouchart devait venir à la CNDP, mais compte tenu de son emploi du temps, on m’a demandé de me déplacer, reconnaît Christian Leyrit, embarrassé. Il ne faut pas y voir la moindre allégeance..."

Dans une lettre adressée à Christian Leyrit, le 29 octobre, que Marianne s’est procurée, la sénatrice-maire de Calais avait pris soin de mettre les choses au point. A la lire, le lancement d’un débat public national serait "disproportionné" en raison, notamment, de son coût, compris généralement entre 500.000 euros et 1 million d’euros. Des frais à la charge du maître d’ouvrage, en l’occurrence Calais promotion, l’agence de développement du Calaisis présidée par Natacha Bouchart. "L’équilibre financier du projet pourrait être compromis", s’alarmait ainsi la sénatrice-maire… qui venait pourtant d’obtenir, quelques jours plus tôt, 50 millions d’euros du gouvernement ainsi que l’aide de la Caisse des dépôts. Trop cher, vraiment, le débat ? Ou trop risqué, la CNDP ayant toute latitude pour examiner la compétence professionnelle des différents intervenants ? Evoquant l’enquête de Marianne sur Yann Tran Long, Natacha Bouchart se permettait même de faire la leçon à Christian Leyrit : "Je serai surprise de voir des arguments sur des personnes privées entrer dans les critères d’examen de votre commission."

La maire de Calais, qui n’a jamais répondu à nos demandes d’interview, ne veut rien savoir sur Yann Tran Long. Ni sur son passé de nazillon, qu’il a d’abord . Ni sur ses accointances avec l’extrême droite. Le concepteur du parc, explique Natacha Bouchart à Nord Littoral, a été "choisi sur ses références économiques". Dans un courrier adressé à Marianne, Yann Tran Long, qui n’avait pas souhaité lui non plus nous parler, précise : "Je n’ai jamais été inscrit comme membre encarté de la FANE  (Un groupuscule néonazi actif en France dans les années 80, NDLR) mais je me suis prévalu de cette appartenance pour bénéficier des services de leur avocat lors d’une interpellation." Ah oui ? Les PV d’audition laissaient pourtant peu de place au doute.

Thierry Bouzard, un ancien copain de Yann Tran Long, s’en amuse. "Les cartes, les cartes... Moi non plus je n’étais pas encarté quand je collais des affiches avec Yann." Journaliste au quotidien nationaliste Présent, pour "provocations" et auteur de nombreux livres sur la musique – dont le dernier, "Des chansons contre la pensée unique" (Editions des Cîmes) fait l’inventaire de tous les groupes dits "de droite" -, Thierry Bouzard a connu Yann Tran Long dans les années 1980. Ils ne se sont jamais perdus de vue. En 2008, Tran Long décide de lancer une gazette spécialisée dans les parcs d’attraction, "Loisirs attractions magazine". Il propose à son vieux camarade de lutte de le suivre dans cette aventure. La Sarl Hippogriffe voit le jour, installée à la même adresse que Loftus, la société d’ingénierie de Tran Long, à Asnières-sur-Seine. Thierry Bouzard en connaît un rayon en matière d’édition : il a longtemps travaillé pour la Serp, le label créé par Jean-Marie Le Pen , les Waffen SS et autres joyeusetés sonores estampillées IIIe Reich… "L’idée de ce magazine était intéressante mais ça n’a pas fonctionné", se souvient Bouzard. Après cinq ou six numéros, les deux compères déposent le bilan. Fâchés. "Tran Long, c’est comme Attila : après son passage, l’herbe ne repousse plus, poursuit l’ancien associé. Il investit des fonds qui ne sont pas à lui et après il s’arrange pour ne pas les rembourser... C’est un escroc, mais il est compétent dans son domaine de l’escroquerie."

Sollicité par Marianne, Yann Tran Long n'a pas souhaité réagir à ces propos. Le comptable de Loftus à l'époque, Benoît Rigolot, n'a pas voulu non plus nous éclairer sur ces questions. Il est vrai qu’il a aujourd’hui d’autres chats à fouetter : en tant que commissaire aux comptes, , le micro-parti de Marine Le Pen. Des comptes qui intriguent la justice et valent aujourd’hui à Frédéric Chatillon, l’ancien prestataire vedette de ce micro-parti, d’être mis en examen pour "escroquerie", "faux et usage de faux" et "abus de bien social". L’avocat de Frédéric Chatillon s’appelle Philippe de la Gatinais. C'est lui qui affirmait à Natacha Bouchart que Yann Tran Long ne "". Le monde est petit…

D’anciens collaborateurs de Loftus ont eux aussi pâti des petites combines du patron. "Je n’ai pas fait la somme exacte de ce que tu me dois mais entre les deux mois de salaire en retard, les frais, la prime de Noël promise depuis maintenant 6 mois et les piges pour Loisirs & Attractions, il y en a pour environ 7000 euros ", écrivait l’un d’eux à Tran Long à l’été 2008. Trois mois plus tard, cet ingénieur démissionnait et récupérait enfin son dû. En réponse, le manitou des manèges, débordé par la construction de son premier parc – et unique à ce jour – en Turquie (un concentré de frissons visible  ou ), l’avait imploré de "tenir le coup "… C’est tout le mal que l’on souhaite à Natacha Bouchart. Car d’ici 2017 et le début prévu des travaux, le temps risque de lui sembler bien long...

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 16:09

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Ce soir à la télé : Enquête sur le tunnel Lyon-Turin

4 novembre 2015
 

 

 

 

Deux fois plus cher que le tunnel sous la Manche, ce devrait être le plus grand chantier d’Europe. Un gigantesque tunnel de 57 kilomètres creusé sous la montagne pour traverser les Alpes, en TGV, entre la France et l’Italie. Le coût du total projet est faramineux : entre 26 et 30 milliards d’euros. Mais en ces temps de crise, on ne sait toujours pas où trouver les financements. Pourtant le chantier a déjà commencé. Ses promoteurs vantent un gain de temps de 3 heures sur la ligne de train Paris-Milan et le désengorgement des tunnels et des vallées alpines aujourd’hui asphyxiés par les camions.

Alors qu’en Italie le sujet déchaîne les passions et a provoqué de violents affrontements, en France, il a longtemps fait l’unanimité. Mais aujourd’hui il est de plus en plus remis en question. L’intérêt public d’un tel ouvrage est-il incontestable ? Les promesses de ce méga tunnel sont-elles fiables ? Qui va payer l’addition ? L’enquête de « PIÈCES À CONVICTION » met en lumière l’intense lobbying des géants du BTP et de certains élus locaux. Au mépris parfois des règles et de la loi. Le projet de tunnel Lyon Turin va-t-il nous mener droit dans le mur ?


Lyon - Turin : enquête sur un tunnel à 26 milliards, une enquête de...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 15:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

Enquête publique

La ferme-usine des 1000 vaches bientôt autorisée à s’agrandir ?

par

 

Une nouvelle enquête publique s’est ouverte le 2 novembre, pendant un mois, concernant l’extension du cheptel de la ferme-usine dite des « mille vaches ». Elle porte sur l’autorisation de passer de 500 à 880 vaches laitières et « vise à assurer la complète information du public et le recueil de l’opinion et des suggestions de toutes les personnes intéressées par ce projet » [1]. Problème : selon un contrôle mené le 9 juin 2015 par la préfecture, la ferme-usine compte déjà 796 bêtes, alors que 500 vaches sont normalement autorisées. « La préfecture fait en sorte de légaliser l’illégal », s’indigne la Confédération paysanne dans une lettre ouverte aux candidats aux régionales. « Les services de l’État avaient assuré que rien n’avancerait tant que le troupeau ne serait pas revenu à la légalité. »

Voilà plus de deux mois que la préfecture de la Somme a infligé une amende de 7 800 euros et une astreinte journalière de 780 euros à l’exploitant, en raison de « la persistance du dépassement du nombre de vaches laitières autorisées ». Mais jusqu’à maintenant, l’exploitant n’a rien réglé : il conteste ces sanctions et a saisi le tribunal administratif d’Amiens. « On doit attendre au moins le 15 novembre avant de lancer des procédures contentieuses pour non paiement », se justifie la préfecture auprès du site Reporterre.

Avec l’ouverture de cette nouvelle enquête publique le 2 novembre, les services du ministère sont « en train de traiter un dossier où s’accumulent les défaillances », indique la Confédération paysanne. « Il y a deux procédures distinctes », se défend la préfecture auprès du Courrier Picard. « D’un côté, les sanctions pour le dépassement, dans les mains du juge administratif, et de l’autre, la demande d’extension déposée par l’exploitant au printemps. L’État n’a pas le droit de refuser d’instruire ce dossier ». Malgré l’illégalité de l’exploitation, la préfecture aurait donc été « obligée » d’étudier son agrandissement, au risque que l’extension à 880 vaches soit autorisée automatiquement. Sur son site, l’association locale Novissen qui s’oppose à la ferme-usine des 1000 vaches a d’ores et déjà mis en ligne un argumentaire justifiant le refus de cette extension.

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 15:17
 
 

 

Calais, une politique absurde, inutile et dégradante

 

Découvrez les témoignages vidéo d’un Syrien et d’un Irakien libérés le 29 octobre du centre rétention administrative de Toulouse après cinq jours de privation de liberté.

Témoignage de Mohamad déplacé de Calais au centre rétention administrative de Toulouse Cornebarrieu le 24 octobre 2015.
Propos recueillis à sa libération du CRA le 29 octobre 2015 par La Cimade. Mohamad est Syrien. Le prénom a été changé.

 

 

Témoignage de Farid déplacé de Calais au centre rétention administrative de Toulouse Cornebarrieu le 24 octobre 2015.
Propos recueillis à sa libération du CRA le 29 octobre 2015 par La Cimade. Farid est Irakien. Le prénom a été changé.

 

 

 

L’opération de grande envergure menée par le gouvernement depuis le 21 octobre pour disperser des centaines de migrants de Calais se poursuit. À ce jour, près de 600 personnes ont été déplacées puis enfermées dans sept centres de rétention administrative (CRA), à Marseille, au Mesnil-Amelot, à Metz, Nîmes, Paris-Vincennes, Rouen et Toulouse.

Après le jet privé pour 5 exilés, le gouvernement accélère la cadence et loue un avion de la sécurité civile pour 25. Il a déjà effectué douze rotations pour enfermer les exilés de Calais à Marseille, Nîmes et Toulouse. Quatorze transferts en bus se sont chargés de remplir des CRA du Mesnil-Amelot, de Metz, Paris-Vincennes et Rouen. La machine à disperser tourne à plein régime : elle enferme, elle humilie. Elle ajoute de la violence à la violence, du traumatisme au traumatisme, déjà subis entre le parcours de l’exil et les campements de Calais.

99 % des personnes enfermées sont libérées dans les 5 premiers jours de leur enfermement en CRA. La plupart sont déjà de retour à Calais. Comble de cette obstination absurde, coûteuse et dégradante : un Syrien enfermé au CRA de Metz 5 jours fin octobre a été une nouvelle fois privé de liberté au CRA du Mesnil-Amelot du 2 au 3 novembre, après deux nuits dans les campements de Calais. Ce cas n’est pas isolé : un Afghan de Calais a déjà été enfermé à deux reprises au CRA d’Hendaye en août. Un sort qui guette les 600 autres.

Des familles sont séparées : un enfant afghan de 12 ans est resté seul dans la jungle pendant que son père et le reste de sa famille étaient embarqués pour le CRA de Toulouse.

Les personnes concernées par ces rafles : 23 % de Syriens, 17 % d’Afghans, 13 % d’Iraniens, 11 % d’Irakiens, 10 % d’Érythréens.
Tous sont à la recherche d’une protection au titre de l’asile, mais le gouvernement leur impose les barbelés et le traumatisme de l’enfermement avec la perspective d’une expulsion.

La Cimade appelle le gouvernement à changer radicalement de politique et à appliquer les valeurs d’humanité dont il se réclame.

> Lire le communiqué de presse du 4 novembre 2015 : Calais, une politique absurde, inutile et dégradante

> Lire le communiqé de presse du 22 octrobre 2015 : Calais, le gouvernement joue la grande illusion

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 15:15

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Les murs, une barrière criminelle sur la trajectoire des réfugiés : l'exemple grec

|  Par Amélie Poinssot

 

 

 

Plus de quatre-vingts personnes sont mortes noyées ces dix derniers jours au large des îles grecques. De nombreuses voix à Athènes en appellent à ouvrir le mur de l'Evros, érigé fin 2013 par le gouvernement de droite de Samaras sur les 12 km de frontière terrestre qui séparent la Grèce de la Turquie. À l'heure où plusieurs pays d'Europe centrale tentent de fermer leurs frontières, le cas grec met en évidence les conséquences criminelles de telles barrières.

 

 

 

Le décompte est macabre. Quatre morts le 2 novembre, au large de l'îlot de Farmakonissi. Onze morts, dont six enfants, la veille, au large de l'île de Samos. Vingt-deux corps repêchés au large de Kalymnos et de Rhodes le 30 octobre. Quarante-deux décès dans le naufrage d'une embarcation transportant plus de 300 personnes au large de Lesbos le 28 octobre. Trois corps retrouvés, dont deux enfants, mais aussi sept disparus, le 25 octobre, au large de Lesbos… Ces dix derniers jours, les naufrages des embarcations précaires de migrants qui s'engagent dans la traversée des côtes turques vers les terres grecques sont devenus pratiquement quotidiens, venant alourdir un nombre de morts en Méditerranée qui a déjà battu un triste record : près de 3 000 personnes ont perdu la vie en tentant une traversée vers le continent européen depuis début 2015.

La situation sur l'archipel hellène, si elle n'était déjà humainement tragique, aurait un aspect absurde. Seuls quelques kilomètres séparent les îles grecques les plus orientales des côtes turques – parfois même moins : entre Samos et la Turquie, 1 200 mètres à peine… Pour les touristes munis de passeports européens, le voyage, en toute sécurité, ne coûte que quelques euros. Pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui fuient un pays en guerre ou des conditions de vie devenues trop dangereuses, en provenance de Syrie, d'Afghanistan, d'Irak ou d'Iran, la traversée peut coûter jusqu'à 3 000 euros (comme en témoigne notamment ce récit par Carine Fouteau, qui retrace le parcours d'un réfugié syrien, de Hama à Solo). Une traversée où ils mettent leur vie en jeu, entassés à plusieurs dizaines sur des pneumatiques, beaucoup ne sachant pas nager.

La Grèce a toujours été une porte d'entrée dans l'Union européenne : ses îles, proches des côtes turques, ont toujours vu passer des migrants. Mais la situation s'est considérablement aggravée ces deux dernières années et le bilan humain n'a jamais été aussi lourd. Cela ne tient pas seulement à l'ampleur du flux actuel, sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et en constante augmentation (le mois d'octobre a présenté un nouveau pic pour la Grèce, qui a vu arriver plus de 200 000 personnes d'après l'Organisation internationale des migrations). Ce phénomène est lié, aussi, au changement de parcours migratoire, la route des îles étant la seule encore possible en Grèce, et la plus dangereuse de toutes, en particulier lorsque les vents se lèvent sur la mer Égée, comme c'est le cas en ce moment.

 

La main d'un homme échoué sur l'île de Lesbos, le 31 octobre 2015.
La main d'un homme échoué sur l'île de Lesbos, le 31 octobre 2015. © Reuters
 

Car depuis deux ans, une barrière construite à la limite nord-est de la Grèce, le long des 12 kilomètres de frontière terrestre qui la séparent de la Turquie, au détour d'un méandre de l'Evros – le fleuve frontalier –, a fermé la route plus sûre que constituait, pour les migrants, cette entrée dans l'Union européenne (UE) par une simple traversée à pied (que Mediapart avait raconté, déjà, début 2011). Érigé sous le gouvernement Samaras (droite conservatrice), en dépit de l'avis critique de Bruxelles et sans argent européen, ce mur de barbelés, désormais étroitement surveillé avec l'aide de Frontex, a eu l'effet exactement contraire de celui escompté : loin de limiter les entrées en Grèce, sa construction a provoqué un déplacement de la route migratoire vers les îles. Multipliant, par là même, le nombre de morts et de traversées périlleuses.

À l'heure où plusieurs gouvernements d'Europe centrale envisagent d'ériger de nouveaux murs, l'exemple grec devrait faire réfléchir. Après la Hongrie de Orban, qui a fait construire un mur de 175 km à sa frontière avec la Serbie et souhaite désormais installer de nouvelles clôtures à ses frontières avec la Roumanie et la Croatie (voir notamment l'interview accordée par Viktor Orban au Figaro, le 16 septembre dernier), c'est au tour de l'Autriche de vouloir construire une barrière sur sa frontière avec la Slovénie. Ce serait une première : la fermeture d'une frontière au sein même de l'espace Schengen. De son côté, le premier ministre slovène s'est dit prêt à édifier une clôture entre son pays et sa voisine croate… Or – c'est une évidence rappelée régulièrement par les ONG et les associations d'aide aux migrants –, un mur n'a jamais empêché un migrant fuyant la guerre de poursuivre sa route.

En Grèce, on ne compte plus ces derniers jours les voix qui s'élèvent pour « ouvrir » le mur de l'Evros. Il y a eu notamment, ce week-end, le cri de colère d'Aris Messinis, photographe grec employé par l'Agence France-Presse à Athènes, qui se trouve régulièrement sur les îles pour couvrir ces arrivées sans précédent et les élans de solidarité qui les entourent. Mais la solidarité ne suffit pas, dit-il, face à la tragédie. « À Lesbos, nous vivons une deuxième Syrie, a-t-il déclaré dans une interview au site grec indépendant Press Publica, qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. L’État, notre État de gauche, n'existe pas. Il laisse les bénévoles et les pêcheurs sortir les hommes des vagues. La seule chose que fait notre État de gauche c'est de twitter, à travers le compte Tweeter du premier ministre, sur l'Europe qu'il souhaite. L'Europe, soi-disant, de la solidarité et de l'humanisme. » Le photographe n'a pas de mots assez durs pour décrire la réalité qu'il tente de saisir avec son appareil. « Je suis père… et je vois devant moi des enfants qui se noient. […] J'ai couvert des guerres et j'ai vu des enfants morts. Mais ce qui se passe ici n'a pas de précédent. Ils sont comme des moutons à l'abattoir. » Alors que la barrière de l'Evros reste, pour l'heure, complètement hermétique, Aris Messinis déclare : « Qu'ils ouvrent au moins une porte, afin de les laisser passer, goutte à goutte. C'est seulement comme ça que les noyades s'arrêteront et que le contrôle voulu pourra fonctionner. »

« Barrière de la honte »

La question du mur de l'Evros est pourtant ouvertement posée par de nombreux acteurs sur le terrain. Plusieurs associations militent pour son démantèlement, et même des institutions, comme la région Égée du Nord. À Kastanies, la commune la plus proche de cette frontière terrestre avec la Turquie voisine, le collectif « Stop Evros Wall » a organisé ce samedi 31 octobre une manifestation qui a rassemblé des centaines de personnes, dont une bonne partie venue de Thessalonique pour l'occasion. Parallèlement, la commission « droits de l'homme » de Syriza, rappelant opportunément que la Grèce a été le premier pays en Europe à ériger un mur face aux flux migratoires, a demandé l'ouverture de cette « barrière de la honte » et l'organisation d'un passage sécurisé pour les réfugiés.

Mais au niveau gouvernemental, rien ne bouge pour l'instant et la position de l'exécutif Tsipras, à rebours de son parti, tient de la schizophrénie. Le premier ministre a bien fustigé, dans son discours devant la Vouli, la semaine dernière, l'« hypocrisie » européenne et condamné ces pays qui « adoptent la logique de construction de murs et de fils barbelés sur les frontières pour empêcher les migrants de passer leurs frontières »… Mais il n'a pas dit un mot sur la frontière nord-est du pays. Dans l'opposition au moment de la construction du mur, en 2012, les députés Syriza étaient pourtant les premiers à s'opposer à cette politique de fermeture et de répression à l'égard des migrants…

 

La barrière de l'Evros, au moment de sa construction, en 2012.
La barrière de l'Evros, au moment de sa construction, en 2012. © Archives Reuters
 

Le Journal des rédacteurs (Ephimerida ton syntakton, quotidien grec partenaire de l'opération #OpenEurope), a posé la question aux trois membres du gouvernement compétents sur ce sujet : le ministre délégué à la politique migratoire, celui délégué à la protection du citoyen (équivalent du ministre français de l'intérieur) et le ministre de la marine. Dans son numéro du 2 novembre, les trois répondent, écartant l'éventualité d'une ouverture à court terme et renvoyant la balle aux institutions européennes. Pour le premier, Nikos Mouzalas, « la question de démanteler le mur repose sur une base politique et idéologique juste. […] Nous l'écoutons avec grand respect et attention. Je me retrouverais probablement davantage dans le slogan “aucun mur nulle part”, mais je ne veux pas imposer à la mobilisation ses termes. Toutefois, dans la conjoncture actuelle, les conditions ne sont pas réunies pour que le démantèlement du mur conduise à un résultat positif ; au contraire, le risque est que cela renforce les problèmes pour les réfugiés comme pour la Grèce ».

Le ministre rappelle ainsi qu'il y a eu de nombreux morts lorsque les migrants empruntaient la route de l'Evros, les années précédentes. Ce n'est pas faux, mais il fait la confusion entre la traversée par le fleuve Evros, effectivement très meurtrière, et la traversée, à pied, par la frontière terrestre qui, elle, ne présentait pas de danger objectif. « La question n'est pas de ne pas avoir de morts en mer Égée et d'en avoir dans la région de l'Evros. La question est celle de la nécessité d'avoir une politique européenne de responsabilité commune, qui comprenne un accord avec la Turquie afin de réduire le flux, et que les autres pays cessent de construire des murs et d'alterner ouverture/fermeture des frontières. »

Pour Nikos Toskas, le ministre délégué à la protection du citoyen, le mur à la frontière gréco-turque ne joue tout simplement « aucun rôle ». Le ministre de la marine Theodoris Dritsas, quant à lui, exprime, comme Mouzalas, son opposition aux murs en général, mais l'impossibilité de s'attaquer à celui-ci en particulier. « Les barrières sont la preuve d'un manque de stratégie et la seule chose qu'elles font est de confirmer de manière criminelle les égoïsmes nationaux. […] Les tragédies dans les eaux de la mer Égée, mais aussi sur toutes les routes migratoires terrestres, nous imposent d'avoir une stratégie d'ensemble. »

Autre problème soulevé par ces ministres : pour gérer au mieux cette frontière, la Grèce et l'Union européenne doivent établir un nouvel accord avec la Turquie. Bruxelles a promis à Ankara un chèque de 3 milliards d'euros pour l'aider à contenir le flux vers l'UE et à accueillir les migrants à l'intérieur de ses frontières. Mais dans un contexte de relations gelées entre l'Union et la Turquie et d'un durcissement autoritaire du président Recep Tayyip Erdogan, dont le pouvoir vient d'être confirmé avec le succès de son parti, l'AKP, aux élections, la coopération sur ce dossier s'annonce des plus difficiles. Et pour ne pas faciliter les choses, la Grèce et la Turquie, vieilles sœurs ennemies, comptent entre elles de nombreux contentieux, parmi lesquels la répartition des eaux territoriales au large des côtes turques… Les réfugiés ne sont pas seulement victimes de conflits dans leurs pays. Ils sont aussi, dans leur tentative d'entrer en Europe, pris dans le filet d'enjeux géopolitiques qui les dépassent complètement.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 14:24

 

J'explique un peu pour les personnes de Démocratie Réelle qui ne peuvent avoir tout suivi.

Le collectif Nîmois antifa Raage, suivi en cela par le collectif Ruptures et Transition (ci-après RetT, constitué localement pour les élections départementales et ayant pour but de proposer une autre façon de faire de la politique) manifestait hier pour la troisième fois devant le collège "La Gariguette" pour protester contre la présence au conseil d'administration d'un élu FN, Mr Meizonnet
,conseiller départemental élu à Vauvert. Ce monsieur n'a pas été élu au CA du collège, notez-le, mais placé là par la nouvelle présidence du conseil général, socialiste PS. Il paraît que c'est d'usage d'accorder aux élus d'opposition quelques postes mineurs. Notez en passant que "poste mineur"= gestion de l'Ecole Publique...bref...

La première fois nous étions assez nombreux (env. 50 personnes), accompagnés de gens du PC, du PG et d'autres moins encartés. Je ne parle pas de la deuxième, j'y était pas. Mais ce coup ci nous étions pas bien nombreux (13) et c'est "en face" que la mobilisation a eu lieu (je transmet un mail d'un camarade qui explique qui c'est "en face", et aussi quelques réactions à chaud sur la liste RetT, ça suit...).

Le Midi Libre était là et un très court article a été édité ce matin. Lisez le et lisez la réponse que nous lui faisons, en tant que membres de RetT.

Nous sommes en face d'une désinformation manifeste et on ne peut rester sans réaction car c'est gravissime, concernant le FN, visiblement protégé par la presse locale.

Il ne faut pas laisser passer ça,on s'organise et cela passe par la diffusion de l'information puis par la mobilisation, la plus large possible.

Ce que je fait...

Tina.

 

 

Ambiance Gariguette...réponse au Midi-Libre

 

Monsieur

 

Je lis dans votre journal ceci :

« lls  étaient une  bonne  dizaine à  manifester  devant les  grilles du collège  de  Vergèze, lundi soir,  pour  protester  contre la  présence  au  conseil d'administration du conseiller départemental  FN Nicolas Meizonnet.  Cette  fois-ci,  une vingtaine  de  soutiens  à  l'élu frontiste  (dont  son père  et des membres  de  la  Ligue  du  Midi) étaient  également  présents. Entre  les  deux  groupes,  les gendarmes  veillaient  au  grain. Ils  ont  du d'ailleurs intervenir lorsqu'une  échauffourée d'une quinzaine  de  secondes est  survenue, Un manifestant opposé  au FN a tenté d'enlever une  banderole après  quelques invectives  du camp  d'en  face.  Tout  est rapidement  rentré  dans l'ordre. »

 

Nous étions bien dix (13 exactement). Ils n’étaient pas une vingtaine mais bien 40. Le « rapport de force » en est légèrement modifié, si c’est une façon d’égaliser les camps et la menace, elle est réussie.

 

Que papa soit là pour soutenir son petit, c’est touchant. Mettre en parallèle cette paternelle protection et la présence de membres de divers groupuscules d’extrême droite, venus pour en découdre, est étonnant.

 

Que les gendarmes aient veillés au grain est exact. La menace était ouvertement d’un seul côté et très claire. Ils nous ont protégés, il faut le dire ainsi.

 

La banderole était à nous, sagement enroulée et rangée. Nul parmi nous n’a envisagé de la dérouler, de peur d’envenimer les choses. Ni de l’enlever, c’est absurde. Est-ce une coquille ?

 

Les invectives sont venues des membres de la Ligue du Sud : PD, saloperie gauchiste et autres…Ces gens se sont réjouis ouvertement et en chantant que Clément Méric, militant anti-fascistes tabassé à mort, « ait été buté » par leurs amis parisiens. Nous sommes restés silencieux tout du long, n’applaudissant qu’une fois, par dérision, après un discours particulièrement virulent d’un excité portant un casque intégral à la main.

 

Si vous considérez que tout est rentré dans l’ordre, nous sommes en droit de nous demander de quel ordre parlez-vous. Cela n’a pas l’air d’être celui de la république démocratique qui garantit le droit à manifester librement et sans craintes ses opinions.

 

Si vous considérez qu’un parti raciste a sa place dans l’Education Nationale, qui plus est dans notre région ou peut-être un tiers des élèves sont d’origine dite immigrée, et que cette présence soit de nature à apaiser les tensions communautaristes, libre à vous.

 

Si vous considérez que des gens d’un parti notoirement connu pour ses affinités fascistes, voire nazies, et ce au plus haut niveau de sa hiérarchie, sont aptes à former de futurs bons républicains respectueux de leurs concitoyens, c’est aussi votre droit.

 

Nous, nous sommes en droit de nous demander si de tels articles, tendancieux jusque dans leurs moindres nuances, ne sont pas de nature à dénaturer gravement le processus démocratique dont se réclame à grand cri le Front National, processus qu’on ne cesse de nous opposer quand nous tentons d’éclairer sur la nature exacte de ce parti. Ils sont élus, certes, mais si c’est sur la base d’une telle désinformation, comment s’en étonner ? Vous participez ainsi clairement à la spirale de haine qui sape inéluctablement ce qui reste de notre démocratie. C’est votre responsabilité.

 

Ruptures et Transition

 

 


Hier soir à Vergeze la chorale identitaire "Belles voix et mauvaise haleine" sont venus acclamer notre cher conseiller général FN. De vrais patriotes fort en haine nous ont offert un medley de chants guerriers de tribunes de stade fort en gueule et en bière. Nicolas Meizonnet en avait la larme à l’œil.
masavi

 

"J'étais ce soir devant le collège de Vergèze pour manifester contre la présence de l'élu FN au CA. Ambiance sympa, nous étions une dizaine, motivés face à une bonne cinquantaines de supporter du FN dont une bonne vingtaine de Nazions de la Ligue du midi. Bref nous avons pu apprécier la finesse de l’extrême droite dédiabolisée et décomplexée portée par l'extraordinaire ferveur des citoyens qui votent pour eux et la non moins déprimante démission de ceux qui votent contre eux. Je ne parlerai pas de la méprisable complicité des gens enseignants et parents d'élèves qui siègent avec ce conseiller général d’extrême droite accueilli à sa sortie par son Fan club vert de gris. Ils ont chanté, des trucs sympas sur les PD, oui, eux ils les appellent comme ça les homosexuels et sur Clément Méric assassiné par l'un de leurs comparse parisien en 2013, il ont chanté la coupo Santo ça donnait une ambiance de fête votive et de manif pour tous mêlée.

Et nous, dans tout ça on faisait quoi, à par chier au froc, et bien on a espéré voir des enseignants censés enseigner les valeurs de la république à nos jeunes collégiens, nous espérions voir arriver une cohortes de parents d'élèves de Gauche ou au moins de Gôche ou même allez, pourquoi pas, des républicains de chez Les républicains comme notre sénatrice si proche de Morano ou bien le maire divers Gôche de Vergèze qui siégeait sans scrupule avec son collègue édile d’extrême droite. Ben, non! rien, un électroencéphalogramme aussi plat qu'un bulletin électoral bleu régnait sur Vergèze, Mus, Aigues-vives et Codognan.
Non, c'était sympa quand même, ça puait la haine, l'homophobie et un nationalisme guerrier. C'était effrayant comme un cauchemar d'après guerre, effrayant d'être si peu nombreux pour témoigner de cette horreur.
On s'en est reparti avant que nos slips chlinguent de trouille, comme leurs idées. On s'en est reparti pas fier de nous ni de nos voisins. C'est ça le survivre ensemble cher à nos édiles de tous bord.
On sera encore là, je pense au prochain CA, ce sera bientôt l'hiver et si on tremble on dira que c'est de froid. Et si on rêve encore d'un sursaut de dignité de nos semblables on dira que c'est Noël".

C M

 

 

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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 17:51

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

L’âge de départ à la retraite ajusté selon les vœux du Medef
Yves Housson
Lundi, 2 Novembre, 2015
L'Humanité
Vendredi, à Paris, lors des négociations entre les syndicats et Medef
Photo : Hamilton/REA
 
L’accord sur les retraites complémentaires, validé vendredi par trois syndicats et le patronat, se solde par 6 milliards d’euros d’« économies », réalisées essentiellement sur le dos des retraités et des salariés. Il introduit une nouvelle arme contre le droit à retraite : un bonus-malus qui porte, de fait, l’âge de départ à 63 ans.

Un « tabou » a été « levé ». « Inciter les gens à travailler plus longtemps, et donner un système optionnel de retraite à la carte, c’était mon objectif de départ. À l’arrivée, cet objectif est atteint. » Le représentant du Medef, Claude Tendil, ne cachait pas sa joie vendredi au terme de la négociation sur les retraites complémentaires. Le texte validé par trois syndicats (CFDT, CFTC, CGC) et le patronat, refusé par la CGT et FO, lui donne, il est vrai, amplement satisfaction. Au nom de la sauvegarde des régimes Arrco et Agirc en déficit, l’accord, qualifié par la CGT de « perdants-perdants », fait porter la quasitotalité de l’e‚ffort d’équilibre sur les retraités et les salariés, par le biais d’une série de mesures d’une sévérité sans précédent. Et, sous l’étiquette attrayante de « liberté de choix », il introduit dans le système une nouvelle arme contre le droit à une retraite décente : un bonus-malus, dont le premier e‚ffet est de porter l’âge e‚ ectif de départ à 63 ans.

La facture la plus lourde sera payée par les retraités. Selon l’accord, pendant trois ans (2016-2019), les pensions versées par l’Arrco et l’Agirc seront revalorisées en fonction de l’inflation moins un point (avec une clause plancher pour empêcher une diminution en valeur absolue). Une mesure, déjà appliquée depuis 2013, qui entraîne une perte de pouvoir d’achat. De surcroît, la date de revalorisation est décalée d’avril à novembre. Soit, au total, à l’horizon 2020, une ponction de 3,4 milliards d’euros sur le compte des 12 millions de retraités du privé. Les salariés, eux, sont touchés par l’augmentation du prix d’achat du point, qui provoque une diminution du rendement des régimes, et leur prépare un niveau de retraite complémentaire plus faible qu’aujourd’hui.

La décote aggravera encore 
les inégalités subies par les femmes

S’ajoute à cela la mise en place, à partir 
de 2019, d’un mécanisme de bonus-malus. Un salarié disposant de toutes ses annuités et qui voudra prendre sa retraite à 62 ans verra sa pension complémentaire amputée de 10 % pendant deux ans, voire trois. Il n’aura pas de malus s’il travaille un an de plus. Et il touchera un bonus de 10 % s’il prolonge son activité de 2 ans (20 % pour 3 ans, 30 % pour 4 ans). La décote est loin d’être symbolique : la retraite moyenne versée par l’Arrco étant de 313 euros, et de 718 euros pour l’Agirc (régime spécifique des cadres), elle représente un manque à gagner par an de plus d’une mensualité (372 euros à l’Arrco, 852 euros à l’Agirc). Elle pénalisera tout particulièrement les quelque 56 % de salariés qui, au moment de partir, sont déjà relégués hors activité, au chômage ou en longue maladie. Elle aggravera encore les criantes inégalités subies par les femmes, qui partent déjà en retraite huit mois plus tard que les hommes, et dont les pensions sont inférieures de 40 % à l’Arrco et de 60 % à l’Agirc. Le système sera applicable aux salariés ayant eu une « carrière longue » et pouvant actuellement partir à 60 ans. Seuls les retraités dont les pensions sont assez basses pour être exonérées de CSG échapperont à la décote.

L’âge légal, « c’est toujours 62 ans », les gens « feront leur choix », argue François Hollande. C’est faire bon marché de la contrainte financière qui pèsera sur ce « choix ». C’est aussi ignorer l’aspiration massive de salariés usés par leur travail à partir « le plus tôt possible ». En réalité, cet accord va reporter, pour beaucoup, l’âge effectif de départ à 63 ans. Et il constitue une incitation directe, pour le pouvoir politique, à en tirer les conséquences dans le régime de base de la Sécurité sociale, ainsi que pour la Fonction publique. Thibault Lanxade, vice-président du Medef, le dit sans ambages : « L’accord acte qu’il faut prolonger la durée du travail jusqu’à 
63 ans », et cela devrait « faire tache d’huile sur le régime général et celui des fonctionnaires ».

Pierre Gattaz a prévenu : il en ira 
de même pour l’assurance chômage

Le mécanisme de décote figurera parmi les leviers à la disposition du nouveau régime unifié qui, au terme de l’accord, devrait succéder à l’Arrco et à l’Agirc à compter de 2019. Fixée à 10 % aujourd’hui, elle pourra alors être alourdie au gré des besoins de financement. Le message est clair : il revient aux salariés eux-mêmes d’assurer l’équilibre du régime, soit en travaillant plus soit en touchant une retraite amoindrie. Ils perdent ainsi toute visibilité quant à leurs droits futurs. Avec la disparition de leur régime spécifique, les cadres, eux, sont plongés dans l’incertitude quant à la reconnaissance de leur statut, donc de leur qualification, aujourd’hui liée à l’affiliation à l’Agirc.

Au total, l’effort d’équilibre financier des régimes sera de 6,1 milliards d’euros en 2020, dont 88 % reposeront sur les salariés et les retraités. Le Medef a certes fini par accepter une hausse limitée des cotisations patronales, de 700 millions d’euros. Mais dans le même temps – le négociateur du Medef, Claude Tendil, parle sans rire d’une simple « concomitance » –, il a obtenu du gouvernement Valls une baisse d’un montant équivalent de ses cotisations à la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécu.

Cet accord illustre ainsi l’emprise exercée par le patronat, avec la complicité du gouvernement, sur une protection sociale ravalée au rang de « charge » et de plus en plus transformée, à l’encontre de sa finalité, en variable d’ajustement de la compétitivité. Un patronat qui ne souffre plus la moindre contribution supplémentaire des entreprises (Pierre Gattaz a déjà prévenu qu’il en irait de même lors de la prochaine négociation sur l’assurance chômage). On l’avait vu en 2014, lorsque le gouvernement Ayrault s’était résolu à légèrement augmenter (+ 0,3 %) la cotisation à la branche retraite de la Sécu : peu après, dans le cadre du pacte de responsabilité, il lâchait une compensation au Medef sous forme d’une baisse des cotisations des entreprises à la branche famille.

Les propositions faites par la CGT balayées par le Medef

Durant la négociation, le Medef a balayé d’un revers de la main les propositions faites par la CGT pour financer les complémentaires sans imposer de sacrifices sociaux, mais avec une augmentation de cotisation à l’Agirc et en imposant une contribution spécifique aux entreprises ne respectant pas l’égalité salariale hommes-femmes. Soulignant que cet accord ne prendra pleinement effet qu’à partir de 2019, la CGT appelle les salariés à intervenir d’ici là pour « imposer des alternatives de progrès ».

 

Insupportables hausses d’impôts des retraités modestes. Jusque-là exonérés, 250 000 retraités aux revenus modestes viennent de se voir réclamer le paiement d’impôts locaux (taxe foncière et taxe d’habitation) en raison de l’application d’une décision prise sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Désormais, la demi-part fiscale accordée aux veufs et veuves et aux parents isolés n’est plus prise en compte (à compter de 2014) dans le calcul de l’impôt. « Cela n’est pas acceptable et nous allons faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir les choses », a noté hier le secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, dans les colonnes du JDD. La veille, Manuel Valls s’était engagé à « neutraliser l’impact d’une situation aussi brutale qu’injuste ». Il y a urgence, car des personnes percevant à peine 1 000 euros mensuels se sont vues réclamer de 500 à 1 000 euros  pour l’année fiscale.
 
 
 
 
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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 16:55

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Prenez le temps d’écouter ce discours de campagne turc
 

 

 

 

Pour la seconde fois en cinq mois, les Turcs sont appelés ce dimanche à voter pour désigner un nouveau Parlement.

Dans un contexte politique et sécuritaire très tendu – notamment après l’attentat du 10 octobre dernier et la reprise en main des médias d’opposition par le président Erdogan –, ces élections marquent la volonté du Président très conservateur de récupérer la majorité absolue qu’il avait perdue en juin dernier.

Pour mesurer les enjeux de ce scrutin et la gravité de la situation – mais aussi parce qu’il a été sous-titré en français et qu’il est d’une grande dignité –, nous vous proposons de prendre dix minutes pour écouter le discours de Mustafa Sarisuluk, candidat du HDP.

Le HDP – Parti démocratique des peuples – est un parti politique issu de l’indépendantisme kurde et situé à gauche. Qualifié parfois de « Syriza turc », il défend l’autogestion, le bien-vivre entre les différents peuples turcs et s’inscrit dans la continuité des mouvements protestataires de 2013 autour du parc Gezi. En France, il est soutenu par Europe-écologie-Les Verts, le Parti de gauche et le Parti communiste.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 16:13

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Que s’est-il passé de positif en octobre 2015 ?

2 novembre par Bonnes nouvelles

 

 

 

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice. Certains de ces combats mènent à des victoires.

Le site BONNES NOUVELLES poursuit l’objectif de rendre visibles ces petites et grandes victoires qui, bien que partielles et insuffisantes, nous aident à rompre avec le fatalisme et constituent des sources d’inspiration pour nos actions individuelles et collectives.

L’équipe de Bonnes Nouvelles : Kelly, Philippe, Vanessa, Brieuc, Jeanne-Marie, Hélène, Caroline, Dominique & Olivier

 

Le courage politique, ça existe !
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C’est la lutte sociale qui paie
La manifestation contre le TAFTA à Berlin : du jamais vu depuis 2003 Lire

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Reconnaître ses erreurs
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Seuls contre tous
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Source : Bonnes Nouvelles

 
Auteur
 
Bonnes nouvelles

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice.
www.bonnes-nouvelles.be

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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