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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 21:56

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

La répression violente contre le journalisme environnemental s’aggrave dans le monde

8 décembre 2015 / Marie Astier (Reporterre)
 

 

 

 

Depuis 2010, dix journalistes ont été assassinés parce qu’ils enquêtaient sur des sujets environnementaux, selon Reporters sans frontières. Les sujets écologiques traitent des enjeux qui peuvent bousculer les pouvoirs politiques et économiques, et il faut donc mieux protéger les reporters qui les couvrent.

Il y a des rapports qui nous touchent plus que d’autres. A Reporterre, on ne peut pas rester indifférent à celui publié samedi 5 décembre par Reporters Sans Frontières, intitulé Climat hostile contre les journalistes environnementaux.

On y apprend que depuis 2010, au moins dix journalistes sont morts pour avoir enquêté sur des sujets environnementaux. En Inde, cette année, ils sont deux à avoir été tués parce qu’ils enquêtaient sur l’exploitation minière illégale. Au Cambodge, c’est la déforestation et la pêche illégales qui ont coûté la vie à quatre journalistes entre 2012 et 2014. Autres pays concernés par des assassinats de reporters : l’Indonésie, les Philippines et la Russie. Dans la plupart des cas, l’enquête sur la mort de ces journalistes est classée sans suite. Autre signe que s’intéresser aux questions environnementales est dangereux, Global Witness rapportait il y a un an qu’entre 2002 et 2013, près de neuf cent militants écologistes ont été tués dans trente-cinq pays.

 

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Mikhaïl Beketov, ancien rédacteur en chef de Khimkinskaya Pravda, a succombé à ses blessures en avril 2013. Il avait été battu et laissé pour mort lors d’une manifestation contre la construction d’une autoroute dans la forêt de Khimki, près de Moscou, en novembre 2008. Durant ses cinq dernières années, il était resté handicapé

 

Et il n’y a pas que ça. Le rapport de RSF recense des agressions contre des journalistes au Pérou qui couvraient, au printemps 2015, des manifestations contre le projet de mine de cuivre à ciel ouvert Tia Maria ; en Italie, des menaces de la mafia contre un journaliste des Pouilles qui dénonce les touristes s’installant illégalement dans les zones protégées ; des menaces encore en Chine, contre un photo-reporter qui a réalisé un documentaire sur le braconnage des oiseaux migrateurs.

La menace peut aussi venir de l’État, note Reporters sans frontières. Par exemple en Ouzbékistan, où un pigiste (journaliste indépendant) trop curieux a été accusé de trafic de drogue et condamné à dix ans de prison. En Algérie, un caricaturiste qui a fait apparaître dans ses dessins l’opposition aux gaz de schiste s’est retrouvé devant le tribunal - il a été acquitté. En Russie, lors des jeux de Sotchi l’an dernier, une journaliste a été emprisonnée trois jours pour avoir voulu couvrir les dégâts environnementaux, subissant ainsi les mêmes pressions que les associations environnementales locales. Aujourd’hui dans le monde, au moins sept journalistes environnementaux sont en prison pour avoir exercé leur métier, estime l’ONG.

« Jamais un tel niveau de violence avait été atteint », estime le rapport. Il observe que les terrains, souvent reculés, sur lesquels s’aventurent les journalistes environnementaux sont dangereux. « Quand Naomi Klein évoque “un système économique [...] en guerre contre la vie sur Terre”, ne sous-entend elle pas que les journalistes environnementaux travaillent en zone de conflit,au même titre que les reporters de guerre ? », s’interroge le document.

Quand les reporters ne sont pas directement menacés, il reste l’arme de la censure pour empêcher que certaines informations soient publiées. En Chine encore, lors de l’explosion à l’usine de produits chimiques de Tianjin, « les journaux n’ont eu d’autres choix que de raconter la bravoure des pompiers et les sauvetages héroïques. En revanche, pas un mot sur l’origine des explosions, sur la mort de nombreux sauveteurs et sur les personnes disparues », remarque RSF. Les autorités chinoises ont également empêché les équipes de journalistes occidentaux d’approcher des lieux du drame, affirme le rapport. Il cite également l’Équateur, où les autorités tentent d’empêcher la diffusion d’information sur l’exploitation minière dans le parc naturel du Yasuni.

Les pays du Sud ne sont pas seuls concernés. Au Canada, les sables bitumineux sont un sujet « tabou », observe RSF. Deux exemples sont cités : « Le bureau de conservation des ressources énergétiques (Energy Resources Conservation Board) a tenté par tous les moyens d’empêcher la publication du livre du reporter Andrew Nikiforuk,Tar Sands (Les sables bitumineux), en 2010. ». Au pouvoir jusqu’en octobre dernier, le gouvernement Harper a également complexifié « les demandes d’accréditation pour les demandes d’interview auprès des chercheurs qui travaillent pour l’État. » Résultat : « Quatre scientifiques de renom, régulièrement sollicités par les médias, ont répondu à 12 interviews en 2008, contre 99 en 2007 », regrette le document.

Le journaliste canadien Stephen Leahy, auteur de nombreuses enquêtes, confirme : « Un chercheur que j’avais interviewé sur la couche d’ozone a vu ses financements supprimés par le gouvernement. Et même de petites associations locales avaient peur de parler dans les médias, car elles craignaient un contrôle fiscal qu’elles n’auraient pas pu payer. » La situation devrait cependant s’améliorer au Canada, avec l’arrivée au pouvoir du nouveau Premier ministre, Justin Trudeau début novembre.

Enfin, RSF documente plusieurs cas de tentatives de corruption, où des journalistes se sont vus proposer de l’argent de la part d’entreprises, en échange de leur silence…

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 19:47

 

Source : http://www.actu-environnement.com

 

 

La Commission européenne autorise deux OGM de la société Monsanto
Agriculture  |    |  Laurent Radisson
 

 

 

Par deux décisions publiées ce mardi 8 décembre, la Commission européenne autorise la mise sur le marché de deux maïs génétiquement modifiés supplémentaires dans l'UE.

Il s'agit des maïs NK603 x T25 et MON 87427 produits par la société Monsanto. L'autorisation porte sur la mise sur le marché de produits contenant ces OGM et destinés à l'alimentation humaine ou animale, ou à toute autre utilisation différente de la mise en culture. L'autorisation est donnée pour une période de dix ans.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait émis des avis favorables sur ces demandes d'autorisation en juin et juillet derniers. La Commission avait lancé dans la foulée des consultations publiques sur ces projets d'autorisation.

Il s'agit de deux maïs tolérants aux herbicides contenant du glyphosate, substance active utilisée notamment dans le RoundUp commercialisé également par Monsanto. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé le glyphosate "cancérogène probable pour l'homme" en mars 2015, mais s'est vu contredire par l'Efsa par un avis publié le 12 novembre dernier.

Dans une résolution adoptée le 1er décembre, la commission environnement du Parlement européen demandait à la Commission de ne pas autoriser le maïs NK 603 x T25. Elle réclamait également une suspension des autorisations d'aliments génétiquement modifiés à destination humaine et animale, tant que la procédure actuelle n'aurait pas été améliorée.

© Tous droits réservés Actu-Environnement Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur

 

 

Source : http://www.actu-environnement.com

 

 

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 18:13

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Intelligence du Coran
8 décembre 2015 | Par Antoine Perraud
 
 
 

Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, après avoir pisté les origines du christianisme, se soucient du Coran dans une nouvelle série documentaire diffusée les 8, 9 et 10 décembre sur Arte. Recul critique et contextualisation : belle pierre dans le jardin des fanatismes...

Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Prieur et Mordillat… Voilà vingt-deux ans que, de temps à autre, ces deux pur-sang trotteurs français œuvrent côte à côte : sous un joug d’épaule (l’audiovisuel), ou bien sous un joug de tête (le livre). Ils se font paire de bœufs, histoire de tracer leur sillon au nom de la transmission.

 

Leur coup d’essai – qui fut leur coup de maître – remonte donc à 1993. Un documentaire parmi les plus beaux, en forme de ronde poétique absolue : La Véritable Histoire d’Artaud le Momo (cliquer ici pour découvrir la séquence, exceptionnelle, avec Henri Pichette). Une fiction l’accompagnait : En compagnie d’Antonin Artaud, avec Sami Frey dans le rôle du Mage foudroyé. Ensuite, il y eut Paddy en 1999 : Mordillat et Prieur adaptèrent pour le cinéma, avec Julie Gayet dans le rôle titre, un roman du trop méconnu Henri Thomas.

 

Cependant, leur chef-d’œuvre de passeurs exigeants, investis dans les textes mais un brin décalés, furent bien, pour Arte : Corpus Christi (1998, douze épisodes), L’Origine du christianisme (2003, dix épisodes) et L’Apocalypse (2008, douze épisodes – nous en avions à l'époque rendu compte dans Mediapart, cf. « Lire aussi »).

 

Une telle approche, à même d’élargir le cercle des initiés comme la nature des questionnements, avait suscité quelques résistances. Pinaillage amer d’un ou deux savants isolés dans leur tour d’ivoire, contre une forme de partage culturel qui les dépossède de leur aura de Pythie des grimoires. Rage, surtout, des traditionalistes de tout poil, qu’insupporte une telle promotion de l’histoire critique osant considérer le sacré tel un champ de fouilles propice à l’archéologie du savoir. « ¡No pasarán! », semblèrent alors glapir les héritiers du franquisme et de la pensée fascisante, prompts à monter au créneau contre Mordillat et Prieur traités en démolisseurs sataniques, ainsi qu'en témoigne cet entretien mené par l’ancien pilier de Saint-Nicolas-du-Chardonnet Guillaume de Tanouärm.

 

Or voici que notre attelage d’exégètes cathodiques, toujours pour la chaîne culturelle européenne, se tourne vers le Coran. Le contextualiser, le dégager du littéralisme. Après avoir été traités de blasphémateurs sacrilèges par des lefebvristes bouillonnants, le duo subira-t-il quelque fatwa d’islamistes de service, tant semble résonner sur la planète un fâcheux mot d’ordre : intégristes de tous les pays, unissez-vous ?!...

 

 

Cette fois encore les furieux devraient demeurer ultra minoritaires et en être pour leurs frais, tant la forme et le fond allient rigueur et audace, au service d’un questionnement du Coran aux allures d’un thriller parcouru de frissons herméneutiques. Il y a vingt-six spécialistes (dont quatre femmes), de Al-Azmeh (Aziz) à Zellentin (Holger) – voir ici leur visage accompagné d’une brève présentation. Ils sont filmés dans des espaces clos similaires sans pour autant, comme en certains documentaires britanniques, sembler prisonniers d’un décor trop conforme : chacun garde sa personnalité, son profil, ses postures, sa gestuelle voire sa patte d’enfer. Au point de former une distribution, sinon une troupe, et de pousser le téléspectateur à se choisir des « acteurs » principaux dont il attend le retour à l’écran – notre tiercé gagnant : Dominique Cerbelaud de l’abbaye dominicaine Notre-Dame de Boscodon dans les Hautes-Alpes, Emran El-Badawi de l’université de Houston et Shawkat Toorawa de l’université Cornell.

 

Les auteurs n’ont pas voulu nous livrer leur préférence. Ils préfèrent insister sur le propos de l’un des savants interrogés, Mohammad Ali Amir-Moezzi (École pratique des hautes études), auteur notamment du Dictionnaire du Coran, qui affirma, lors d’une avant-première à la BNF, qu’il s’agit bien là d’un « travail de salubrité publique ». Gérard Mordillat et Jérôme Prieur confient à Mediapart : « Que dire de plus ? Les chercheurs de tradition musulmane qui ont accepté de travailler avec nous ont compris que nous menions le même combat qu'eux pour remettre de l'intelligence, de la critique, du doute là où les fondamentalistes n'ont que simplismes et slogans à imposer. »

 

Cette série comble à elle seule trois lacunes criantes. D'abord, l'ignorance et le désintérêt que l'étude de l'islam suscite en France (le grand historien Claude Cahen, lorsqu'il prit sa retraite de Paris I en 1979, ne fut pas remplacé en tant que tel, si bien que l'histoire de l'islam médiéval disparut alors de l'enseignement en Sorbonne). Ensuite, la perte d'une passion à la fois authentique, pointue et populaire pour la chose textuelle à la télévision française, depuis les émissions de Pierre Dumayet et Robert Bober. Enfin et surtout, la tradition exégétique qui s'est tarie voilà mille ans parmi bien des tenants officiels de l'islam.

 

Aujourd'hui, les religieux conservateurs musulmans craignent-ils le lien entre une exégèse libre donc hardie du Coran et une forme de sécularisation, voire de désislamisation – comme il y eut déchristianisation en Occident ? Réponse de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur : « Peut-être. Il y a surtout la crainte des clercs de voir leur pouvoir contesté et leur parole démonétisée. Le monde musulman ne connaît pas de séparation entre l'Église et l'État, mais toutes les tyrannies – qu'elles soient musulmanes ou autres – prospèrent sur l'ignorance des peuples. Si bien que le combat des chercheurs musulmans pour une étude critique des textes s'avère le combat de l'intelligence contre l'obscurantisme : le combat du savant contre la dictature politique et religieuse. »

 

 

Nos auteurs avancent avec une prudence de Sioux. Ils progressent vers le sujet qui fâche par excellence, posé au septième et dernier épisode : qui est l'auteur du Coran ? Dieu, pardi ! Telle est la réponse du dogme musulman – même s'il faudrait déranger le pluriel tant l'islam connaît de variations dans le temps comme dans l'espace. C'est là que certains chercheurs vacillent. On avait vu, dans le premier épisode, le Tunisien Abdelmajid Charfi faire la part des choses selon qu'il représente l'islam ou le pense. On découvre, lors de l'ultime volet sur l'écriture du Coran, le dédoublement auquel se livre, « en tant que croyant et en tant que chercheur », Suleiman Ali Mourad, né à Beyrouth et enseignant dans le Massachusetts – tous ces savants illustrent une géopolitique des études islamiques : trop de spécialistes français devant s'exiler pour échapper à la nécrose, tandis qu'aux États-Unis d'Amérique l'Alma Mater accueille à bras ouverts...

 

« En direction de Jérusalem »

Gérard Mordillat et Jérôme Prieur procèdent à pas de loups. Ils évoquent la complexité du Coran, évitant la véhémence critique, par exemple, d'un Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh, Palestinien d'origine chrétienne réfugié en Suisse, qui ne s'embarrasse d'aucune précaution à l'oral et dénonce le fatras incohérent du Coran sur son site.

 

Rien de tel dans Jésus et l'islam, qui toujours part du texte et y revient, avec une obsession musicale, chorale, polyphonique : faire commenter des bribes, proposer des interprétations, aboutir à un dialogue à distance – reconstitué mais honnête – entre érudits parfois enclavés dans leur champ disciplinaire. À l'autre bout de la chaîne, le sens commun ne manquera pas de s'étonner : pourquoi Jésus ? Que vient-il faire dans cette galère ? N'est-ce pas encore une vision autocentrée, occidentaliste, judéo-chrétienne que de mêler Jésus à l'islam ? Force sera de constater que dépouillé de son statut de Fils de Dieu – avec les querelles christologiques afférentes sur sa nature divine ou humaine –, débarrassé de la question de l'Incarnation et du dogme de la Trinité, Jésus, dans le Coran, c'est quelqu'un ! Cité plus souvent qu'à son tour, en tout cas que Mahomet...

 

« Il occupe dans le Coran une place que ne tient aucun autre prophète, pas même Moïse qui est le grand modèle de Mahomet, nous précisent, lyriques, Mordillat et Prieur. Cette place singulière qui fait de lui non seulement le Messie mais le nouvel Adam, le Verbe de Dieu ; qui lui accorde une naissance miraculeuse comme dans la tradition chrétienne ; qui le fait parler dès sa naissance montrant en lui l'unique prophète qui reçoit la révélation dès le premier instant ; qui lui accorde des miracles et le fait échapper à la mort sur la croix, n'est pas périphérique dans le Coran mais centrale. Reconnaître à Jésus et à sa mère Marie cette place éminente ne relève donc pas d'un quelconque christo-centrisme mais d'une réalité lisible dans les versets qui leur sont consacrés. Cela ne signifie pas pour autant que l'islam serait un christianisme, mais éclaire son apparition dans un contexte juif, judéo-chrétien et chrétien que l'apologétique musulmane tente de nier mais qui est indiscutable pour la recherche. »

 

 

Mahomet connut le dépit de ne pouvoir convertir les juifs à sa cause, comme plus tard Martin Luther qui en deviendra anti-judaïque. Gérard Mordillat et Jérôme Prieur aident à comprendre comment une querelle circonstancielle à Médine au VIIe siècle devient vérité en forme de chape difficile à soulever dans l'esprit public au XXIe siècle : « De débat en dispute, de leçon en injonction, de polémique en anathème, Mahomet acquerra peu à peu la certitude que les tribus juives ne pourront jamais être ses alliés. »

 

Ici, le livre publié par les auteurs parallèlement à la diffusion de leur série documentaire joue le rôle primordial qui revient à l'écrit : fixer, dans la plénitude, ce qui ne peut que surgir et balbutier à l'oral. Dans Jésus selon Mahomet (Seuil/Arte Éditions), est intégralement cité un passage de Soheib Bencheikh, intellectuel musulman libéral né en 1961 en Arabie saoudite où son père représentait l'Algérie luttant alors pour son indépendance. En 2008, sur l'initiative de l'Institut d'études du judaïsme, il participait à un colloque à l'Université libre de Bruxelles, consacré à la délicate position du judaïsme, coincé entre la théologie chrétienne originelle dite « de substitution » (le christianisme s'instituant « véritable Israël ») et celle musulmane appelée « de falsification ». Selon celle-ci, l'islam, bien qu'apparu plus tard, précéda le judaïsme, dont les fidèles auraient eux-mêmes modifié les textes sacrés afin d'y occulter les allusions supposées à la venue du Prophète Mahomet... 

 

 

Voici ce qu'écrit Soheib Bencheikh dans sa communication citée par Mordillat et Prieur : « Aux premiers temps de l'islam, à l'époque mecquoise, et quelques années durant le vécu du Prophète à Médine, non seulement Mahomet incitait ses disciples à ressembler aux juifs et à imiter leur comportement, mais il cherchait une fraternisation entre eux et les nouveaux croyants d'origine goï. Tous, ensemble, priaient un seul Dieu avec chaleur et ferveur en direction de Jérusalem. L'ambition de cet Arabe était que Sassanides et Byzantins devaient impérativement céder leur place au grand monothéisme renouvelé. Une fois à Médine où le contact est devenu permanent avec de grandes communautés juives, la majorité d'entre elles refusa alors de le suivre, et on peut le comprendre. »

 

Soheib Bencheikh poursuit : « Ce refus s'explique probablement par le fait que le Prophète n'appartenait pas à la lignée davidique. Pire encore, Mahomet n'était ni juif ni même prosélyte. Il ne pouvait faire valoir une filiation avec aucun des patriarches des douze tribus d'Israël. Pour les juifs, la prophétie ainsi que le messianisme ne pouvaient se produire que parmi l'un des leurs, comme en attestent les textes vétérotestamentaires. Le Prophète, surpris puis déçu, revint dans la prière, une révélation à l'appui, en direction de son sanctuaire ancestral de La Mecque. »

 

Au cours des sept épisodes de Jésus et l'islam, durant les extraordinaires explications de textes auxquelles nous sommes conviés, on pressent comme une ombre portée – peut-être davantage à tort qu'à raison en nos temps de surinterprétation. La question mérite cependant d'être posée, comme on lève une hypothèque : dans quelle mesure pèse sur l’islam et ses fidèles le fait d’être la dernière religion révélée, pratiquée par des peuples longtemps colonisés ?

 

 

Jérôme Prieur et Gérard Mordillat Jérôme Prieur et Gérard Mordillat
 

Réponse de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, aigle à deux têtes aimant à parler d'une seule voix : « Vous soulevez une question purement politique. L'islam devient un marqueur identitaire pour ceux à qui toute identité a longtemps été niée et le discours religieux devient le discours politique. Ce phénomène n'est pas nouveau. Dans le christianisme par exemple, si l'on regarde l'Allemagne au XVIe siècle, on voit comment Luther (soutenant les princes) et Müntzer (soutenant les paysans) ont pu s'affronter, exégèse contre exégèse, et défendre deux visions du monde totalement opposées sans jamais citer autre chose que les textes chrétiens. Aujourd'hui il y a un affrontement de même nature entre sunnites et chiites. Apparemment, c'est un conflit religieux, en réalité c'est une guerre politique pour la conquête du pouvoir. Si l'on refait l'histoire des peuples musulmans à la colonisation, il faut ajouter la politique américaine contre toute forme de nationalisme arabe, de socialisme et d'athéisme au profit de dictatures stipendiées par la Maison Blanche, sans oublier le soutien frénétique des Occidentaux à la politique d'Israël, etc. L'islam, en tant que parole politique non distincte du discours religieux, en tant que culture commune, permet l'expression d'une opposition radicale à tout cela, en bloc. »

 

Jésus et l'islam, ou l'art de mettre en pièces tout ce qui se présente en bloc. La finesse, la subtilité, mais aussi le doute, les hésitations, les silences parfois des chercheurs, sont mis en lumière par une réalisation pourtant tamisée en apparence. Ce qui procure tant de satisfaction dans cette série, c'est d'observer – que ce soit une révélation ou une confirmation – les scrupules, le raffinement, la pénétration, l'intelligence liés à l'islam et au Coran. Si loin du cœur des ténèbres : aux antipodes du fanatisme aveugle qui se réclame frénétiquement de ce qu'il serait bien incapable de commenter. « Le terrorisme, affirment à Mediapart Prieur et Mordillat, prend le masque de la foi pour promouvoir ses visées idéologiques et politiques. Son exhortation à une théocratie universelle n'est qu'un appel à une tyrannie dont ses nervis seraient les maîtres. Leur cynisme n'a d'égal que leur ignorance. Le grand ennemi des terroristes, c'est le savoir. »

 

Jésus et l'islam, série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur diffusée en sept épisodes de 52 minutes sur Arte.

Mardi 8 décembre à 20h55, les trois premiers volets :
La crucifixion selon le Coran
Les gens du Livre
Fils de Marie

Mercredi 9 décembre à 22h25, quatrième et cinquième épisodes :
L’exil du Prophète
Mahomet et la Bible

Jeudi 10 décembre à 22h25, sixième et septième moments :
La religion d’Abraham
Le livre de l’islam

À lire : Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Jésus selon Mahomet (Seuil/Arte Éditions, 276 p., 20 €)

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 17:37

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

COP21

Ces mercenaires du lobbying qui aident les gros pollueurs à entraver la lutte contre le réchauffement climatique

par

 

 

 

Défendre l’huile de palme, verdir l’image des pétroliers, promouvoir le nucléaire, vanter les OGM ou le gaz de schiste... tout en conseillant des organisations écologistes ou en organisant la prochaine conférence sur le climat de Marrakech en 2016. Aucun scrupule ne semble rebuter le petit monde des cabinets de conseil en lobbying et relations publiques. Ces agences de communication jouent un rôle clé pour asseoir l’influence des milieux d’affaires, à l’abri des mécanismes démocratiques. Un nouveau rapport lève le voile sur ces mercenaires de la communication et de l’influence, qui aident les multinationales à prendre la main sur les politiques climatiques.

 

La Conférence climat bat son plein à Paris. Au-delà des séance de négociations intergouvernementales proprement dites, la « Cop » s’accompagne de son lot d’événements parallèles, de campagnes publicitaires, de salons commerciaux, de réceptions, de cocktails et de beaux discours. La conférence et ses à-côtés constituent une fantastique manne financière pour le petit monde des cabinets de conseil en communication, en « événementiel » ou en lobbying – souvent les trois à la fois. Leur rôle croissant illustre le poids acquis par les milieux d’affaires sur les politiques climatiques internationales.

 

Edelman, Fleishman Hillard, gplus, Weber Shandwick, ESL & Network… Dans un nouveau rapport publié le 7 décembre (disponible seulement en anglais), le Corporate Europe Observatory (CEO) lève le voile sur ces « mercenaires » de la communication, prêts à servir toutes les causes, ou presque [1]. Relativement peu connus du grand public, ils constituent des rouages essentiels de l’influence et du lobbying des entreprises : « Ils arrangent des cocktails avec des hommes politiques. Ils organisent des conférences publiques où ceux qui sont responsables de la crise climatique peuvent socialiser avec qui sont en charge de la résoudre. Ils forment les cadres dirigeants des entreprises sur les meilleurs moyens d’influencer les politiques européennes. Ils redorent l’image de produits environnementalement destructeurs avec des publicités sur papier glacé, bien éloignées de la réalité des glaciers qui fondent et des forêts vierges qui brûlent. »

 

C’est vers eux que se tournent les milieux d’affaires pour promouvoir la cause du gaz de schiste, défendre un projet controversé, ou bien gérer un scandale, comme l’a fait Volkswagen après la révélation de ses tricheries massives sur la performance environnementale de ses moteurs. Dans le cadre de la COP21, elles sont mises à contribution par les gros pollueurs pour créer un « écran de fumée » sur leur responsabilité véritable dans la crise climatique, reverdir leur image, et promouvoir les « fausses solutions » qui leur permettront de continuer à engranger des profits sans remettre véritablement en cause leurs pratiques.

 

Havas fait la com’ du nucléaire, de l’huile de palme et de... Nicolas Hulot

Certains de ces champions du lobbying et des relations publiques sont des français, comme Publicis ou Havas. Cette dernière est contrôlée par le groupe Bolloré, et dirigée par Yannick Bolloré, fils du PDG du groupe. Havas conseille notamment Veolia ou EDF – mais aussi la Fondation Nicolas Hulot – sur leur communication dans le cadre de la COP21. L’agence est derrière les publicités controversées d’EDF sur son électricité « sans CO2 » car d’origine nucléaire, qui ont valu à l’entreprise un « prix Pinocchio du climat », trois plaintes devant le Jury de déontologie publicitaires et une autre devant le Tribunal de grande instance pour pratique commerciale trompeuse (lire notre article).

 

Havas a aussi été récemment missionnée par le Conseil malaisien de l’huile de palme pour mener une offensive de charme en France et en Belgique, avec pour slogan : « On dit tout et n’importe quoi sur l’huile de palme de Malaisie ». Site internet « éducatif », profils sur les réseaux sociaux, grand concours pour gagner un voyage en Malaisie : les grands moyens sont utilisés pour redorer le blason d’une industrie responsable d’une déforestation massive en Asie du Sud-est. La campagne conçue par Havas suit trois étudiants fictifs qui se rendent en Malaisie pour constater le véritable impact de l’huile de palme. Et y découvrent avec bonheur des orangs-outans jouant en liberté dans une forêt vierge intacte... Au même moment, des feux de forêts gigantesques, dont l’industrie de l’huile de palme semble en partie responsable, ravageaient des milliers d’hectares de forêts en Indonésie – provoquant des émissions de gaz à effet de serre quotidiennes supérieures à celle des États-Unis ! – et détruisaient un tiers des habitats encore préservés des orangs-outans.

 

Autre exemple mis en avant par le Corporate Europe Observatory : Fleishman Hillard, l’une des principales firmes de relations publiques, avec un réseau d’une centaine de bureaux dans le monde entier. Ses discrets locaux parisiens (photographiés ci-dessous à l’occasion d’un « lobby tour » organisé par l’Observatoire des multinationales avec Corporate Europe Observatory [2]) sont situés rue de la Bienfaisance, dans le VIIIe arrondissement. La firme compte parmi ses clients plusieurs géants du secteur bancaire et pétrolier (dont BNP Paribas et Total), ainsi que Monsanto, qu’elle conseille pour redorer l’image des OGM en Europe. Fleishman Hillard est notamment derrière la création de GasNaturally, le méga-lobby européen de l’industrie gazière, présidé par un dirigeant de Total. GasNaturally est un grand promoteur du gaz de schiste et des subventions publiques au gazoducs et aux terminaux méthaniers. Son siège bruxellois est la même que celle de Fleishman Hillard...

 

La prochaine conférence climatique de Marrakech organisée par des PDG ?

La prochaine conférence climat, la COP22, doit se tenir dans un an à Marrakech. Les grandes entreprises françaises y seront probablement toujours très présentes, en raison de leur poids économique au Maroc. La Conférence elle-même sera organisée par Agence Publics, une « une agence conseil en communication d’influence, communication globale et événementielle ». Agence Publics était notamment impliquée dans la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 [3], dans l’organisation de la visite officielle de François Hollande au Qatar en 2013, ou encore pour le Business and Climate Summit de mai 2015 à Paris (aux côtés d’Havas), un grand événement de lobbying et de communication des multinationales en prélude à la COP21.

 

Agence Publics a été récemment rachetée par ESL & Network, un autre cabinet français de consulting extrêmement influent, présent aussi bien à Paris qu’à Bruxelles. Le conseil stratégique d’ESL & Network est présidé par Michel Pébereau, ancien PDG et Président d’honneur de BNP Paribas, et inclut les présidents de Michelin et Sanofi, les PDG de Vinci, Orange et Casino, le directeur général de l’entreprise chimique Solvay et président du lobby européen de la chimie Cefic Jean-Pierre Clamadieu – un inlassable promoteur du gaz de schiste –, ainsi qu’un dirigeant de Total, Philippe Boisseau. À son directoire siège Jean-David Levitte, ancien ambassadeur aux États-Unis et proche conseiller diplomatique de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. ESL & Network reste extrêmement discrète sur ses activités de lobbying. Grâce aux maigres informations disponibles dans le registre de transparence du Parlement européen, on sait cependant que son principal client à Bruxelles n’est autre que… Total.

 

La COP21 de Paris a été l’un des points culminants du lobbying et du greenwashing des grandes entreprises polluantes. La prochaine conférence climatique de Marrakech risque d’en marquer l’apogée.

 

Olivier Petitjean
(Photo : Sophie Chapelle)

— 
Photo : kr428 CC

Notes

[1Un certain nombre de grandes firmes de relations publiques se sont engagées, sous pression de la société civile, à ne plus travailler pour des climato-sceptiques notoires ou pour empêcher l’adoption de politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais la mise en œuvre effective de ces promesses reste sujette à caution, la conception de ce qui relève du « climato-scepticisme » ou de l’obstruction à l’adoption de politiques climatiques ambitieuses pouvant être plus ou moins restrictive.

[2Le guide était David Lundy, de Corporate Europe Observatory.

[3Y compris dans ses problèmes de factures disparues : voir ici et .

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 17:09

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Etat d’urgence

Bloquer le wifi public et autres WTF : la « liste d’envies » de la police

 

 

Internet est visiblement dans le collimateur du ministère de l’Intérieur : selon une note interne, l’interdiction des wifis publics et du réseau Tor pour naviguer anonymement est envisagée par les forces de police.

 

« Ici wifi gratuit » lit-on souvent dans les vitrines de café ou de resto. Eh bien c’est peut-être bientôt fini ! La Place Beauvau a collecté la liste des envies de mesures sécuritaires de la mesure et de la gendarmerie, dans le cadre de l’état d’urgence : la plupart filent des frissons dans le dos (internement des fichés S, fouilles des véhicules et bagages sans consentement, contrôle d’identité sans justification) et nombre d’entre elles concernent Internet.

Etablie par la direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ), cette note interne du ministère de l’Intérieur, datée du 1er décembre, et révélée par nos confrères du Monde, évoque en effet la possibilité d’« interdire les connexions wifi libres et partagées » durant l’état d’urgence et carrément de supprimer « les connexions wifi publiques », sous peine de sanctions pénales !

 

Capture décran du site Lemonde.fr

Capture décran du site Lemonde.fr
 

Autre mesure dans les cartons :

« interdire et bloquer les communications des réseaux TOR en France“ 

Ce réseau informatique décentralisé et superposé ‘en oignons’ permet de naviguer anonymement sur Internet, à travers une connexion chiffrée.

Bernard Cazeneuve déclarait vendredi 4 décembre, en commentant l’accord européen sur la création d’un fichier de passagers aériens de l’UE :

‘Sur Internet, la lutte contre le terrorisme, la guerre contre le terrorisme, c’est une guerre totale qui implique que l’on utilise la totalité des outils dont on doit avoir la disposition.’

Il faudrait donc ratisser au plus large et ajouter un max d’outils à l’arsenal répressif pourtant déjà costaud. Cazeneuve a d’ailleurs aussi évoqué la loi Renseignement qui dote les forces de l’ordre ‘de techniques de renseignement permettant d’entrer dans les messages cryptés des terroristes de manière à être davantage en situation de prévenir les attentats qu’ils fomentent en utilisant ces moyens cryptés.’

Car le chiffrement, facile bouc émissaire des attentats, est aussi dans le viseur ; dans la liste de mesures figure :

‘Identifier les applications de VoIP [voix sur IP comme Skype, WhatsApp, ndlr] et obliger les éditeurs à fournir les clés de chiffrement’.

Aux services de messagerie d’ouvrir des ‘backdoors’, des portes dérobées pour que les agents du renseignement puissent venir mettre le nez dans certaines communications privées. On sait que l’appli Telegram, réputée la préférée des terroristes, a été tout de suite pointée du doigt après les attentats du 13 Novembre. Sans que rien n’atteste à ce jour que les auteurs de ces tueries ne soient des utilisateurs de cette appli de communication entièrement chiffrée.

 

 

Pas de wifi

Pas de wifi - Pixabay
 

Le n’importe quoi du wifi public interdit

On récapitule : plus de wifi public, plus de Tor et les messageries sur écoute à la demande. Adieu la vie privée ? Ces révélations ont fait réagir pas mal de monde, sur Twitter, dans le cercle des initiés et des entrepreneurs du numérique.

Beaucoup s’émeuvent de ‘délires liberticides’, voire d’être ‘en route vers la dictature numérique’. Un twitto relève :

‘Il est quand même question de criminaliser les réseaux wifi ouverts. Ça va loin dans le WTF’

Interrogée par Rue89, Adrienne Charmet-Alix, de l’association de défense des liberté en ligne La Quadrature du Net, se désole :

‘Ce n’est malheureusement pas très étonnant. Sur le chiffrement et Tor, on s’y attend depuis un an et demi. Sur le wifi public, là c’est n’importe quoi. Depuis Hadopi, il n’y a plus de wifi en total libre accès. Il faut s’identifier, au moins avec une adresse mail. Je ne vois pas en quoi ça peut faire diminuer le terrorisme.’

Interdire tous les réseaux wifi ouverts ou partagés ? Etonnant, alors que la France est justement la championne du monde de wifi avec plus de 13 millions de bornes publiques, selon l’étude du cabinet spécialisé Maravedis Rethink pour la société iPass.

 

Capture d'écran de l'étude WiFi Growth Map

Capture d’écran de l’étude WiFi Growth Map - iPass
 

On imagine la réaction d’enseignes comme Starbucks et McDo qui en ont fait un argumentaire commercial, ou même des fournisseurs d’accès Internet, comme Free, pionnier des réseaux communautaires proposant à ses abonnés d’ouvrir leurs Freebox (3 millions de hotspots FreeWifi). Certes, les opérateurs télécoms se diront peut-être qu’ils se rattraperont en dépassement des forfaits 3G ou 4G, mais a priori cela fera plutôt grogner la majorité de leurs clients.

Pierre Beyssac, cofondateur de Gandi.net, bureau d’enregistrement de noms de domaine, a ironisé sur Twitter :

‘Quand ils ont interdit le wifi gratuit, je n’ai rien dit, j’avais un abonnement 3G pas cher.’

Quid du wifi public des bibliothèques, de certains musées, utilisés à des fins pédagogiques ? Quid des hôtels ? Retour au câble de connexion pour tout le monde et exit smartphones et tablettes ?

Un autre twitto persifle :

‘Lorsqu’on n’aura plus le wifi nulle part, c’est sûr qu’on sera bien protégés des terroristes.’

La DLPAJ mettrait en avant la difficulté d’identification des personnes connectées à ces wifis publics ou partagés. Mais il existe sans doute d’autres méthodes que l’interdiction pure et simple qui sonne comme un retour à l’âge de pierre. Ça risque de grincer du côté des entreprise mais pas seulement : comment se lancer à fond dans le numérique avec de telles restrictions ? La fameuse ‘confiance dans le numérique’, souvent citée par Emmanuel Macron et Axelle Lemaire, risquent d’en prendre un sacré coup.

‘Vite, bloquons la Poste aussi !

Et ce d’autant plus que les éléments de l’enquête révélés à ce jour n’indiquent pas que les auteurs des attentats ont communiqué grâce à un quelconque wifi public. Ils se sont échangés de banals SMS.

La question de l’efficacité de ces mesures envisagées (ce sont des hypothèses de travail, paraît-il) se pose. Le journaliste des Echos, spécialiste des questions internationales, objecte :

 
 

1/2 Les lois orwelliennes en préparation/ (wifi gratuit interdit, Tor et backdoor ouvertes, etc) ont tout faux;tous spécialistes

 
 

2/2 savent que pb n'est pas collecter + d'infos, fuite en avant, mais analyser énorme masse d'infos DEJA disponible + coop inter services

L’interdiction de Tor soulève de son côté des problèmes techniques. Le gouvernement pourrait carrément pénaliser l’utilisation de Tor’ ou alors ‘s’attaquer aux associations qui hébergent des oignons’ [un des noeuds du réseau] de Tor”, avance Adrienne Charmet-Alix.

Tor d’abord et pourquoi pas ensuite les VPN, ces réseaux privés virtuels qui permettent de masquer l’adresse IP ? Mais là, le gouvernement risquerait vraiment d’empoisonner de nombreuses entreprises qui s’en servent pour sécuriser le télétravail. Tor n’a pas bonne presse partout : il est souvent cité par Interpol dans des affaires de pédopornographie et Wikipédia n’autorise pas l’édition de pages d’utilisateurs de Tor, après avoir subi du “vandalisme”. Comme tout outil il peut être utilisé par des personnes malintentionnées, ce qui ne veut pas dire que tous ses utilisateurs sont à ranger dans cette catégorie : on y compte aussi beaucoup de défenseurs des droits de l’homme, de jounalistes, etc.

L’interdiction de Tor ferait franchement mauvais genre : quels Etats ont bloqué Tor jusqu’ici ? LIran et la Chine. Il y a mieux comme modèle de respect des libertés publiques. Adrienne Charmet-Alix : 

“Ce serait taper complètement à côté. On se demande si c’est de la communication ou pour faire juste quelque chose. Le jour où on aura empêché un attentat en bloquant Tor je veux bien me raser la tête !

Bloquons la Poste aussi alors. Les réseaux terroristes des années 90 s’envoyaient des CD-Rom par courrier...”

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 15:46

 

Source : http://partage-le.com

 

Des Rockefeller à Naomi Klein : nos amies les ONG?
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Donc, aujourd’hui, à Montreuil, au village des alternatives, Action non-violente COP21, Attac France, Bizi ! et Les Amis de la Terre organisent le « Sommet des 196 chaises », où l’organisation 350.org, et l’organisation Tax Justice Network, seront également présentes.

 

Attac, subventionnée (à titre d’exemple, voici ce qu’ATTAC a obtenu pour la préparation du « Forum Social Européen » du 12 au 15 novembre 2003 à Saint-Denis : 2 500 000 € d’aides indirectes en locaux et moyens matériels ; 2 330 000 € de subventions directes, dont 1 000 000 € de la Ville de Paris ; 480 000 € en provenance des Conseils généraux ; 250 000 € de Matignon ; 250 000 € de la part du Quai d’Orsay et 300 000 € du Conseil régional Ile-de-France. Par ailleurs, ATTAC reçoit chaque année environ 100 000 € de subvention de fonctionnement.).

 

350.org, subventionnée (plus de 100 dons depuis 2005, de la part de 50 généreuses fondations, pour un montant de 10 millions de dollars, avec 6 dons de plus d’1 million, plus de la moitié de ces 10 millions provient du Rockefeller Brothers Fund (RBF), du Rockefeller Family Fund et du Schumann Center for Media and Democracy).

 

Etc., encore une fois, les ONGs ne sont pas toutes contre-productives et leurs militants sont probablement de bonne volonté, mais encore une fois, il faut aussi se méfier, les engagements de 350 (Bill McKibben et Naomi Klein) relèvent du capitalisme vert, de l’écologie « main dans la main » avec les corporations et les gouvernements. Quelle est le sens d’une écologie pensée « main dans la main » avec VINCI, SUEZ, VEOLIA, MONSANTO, etc?

 

Ci-dessous, Susan Rockefeller, qui a co-produit le documentaire « tout peut changer » de Naomi Klein, & Naomi Klein qui pose avec Angel Gurria, actuellement Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec son fameux livre révolutionnaire et anticapitaliste (soi-disant).

 

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Dans une interview, David Rockefeller (le mari de Susan) explique que :

[…] L’énergie sera toujours un levier économique. Si mon grand-père était vivant aujourd’hui, il aurait très certainement exploré l’univers très prometteur des énergies renouvelables et recherché à améliorer l’impact négatif du pétrole et du gaz.

Il aurait lié des partenariats avec Bill Gates aujourd’hui, par exemple, sur certains projets, comme nous le faisons aujourd’hui en Afrique avec lui sur les semences. […]

Mais également que:

[…] Nous sommes aux côtes de Bill Gates dans ce domaine. Un projet qui permet aux agriculteurs locaux de cultiver pour eux, mais également d’exporter. La semence devenant pour eux une valeur économique.

Parmi les projets dont il parle, on retrouve l’AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa – Alliance pour une révolution verte en Afrique), un nouveau programme mis en place par la fondation Gates & la fondation Rockefeller, entre autres.

Pour en savoir plus sur cette « nouvelle révolution verte », et ses conséquences désastreuses, lire cet article assez complet, dont voici des extraits:

L’AGRA déclare que son principal objectif est d’aider l’Afrique à accroître sa productivité pour un certain nombre de plantes alimentaires majeures, tout comme cela avait été envisagé par les programmes initiaux de la révolution verte.[3] Et une fois de pus, cela est censé se faire via la sélection végétale de type occidental dans les instituts nationaux de recherche agricole. La différence étant que cette fois-ci une nouvelle fournée de sélectionneurs de plantes sera formée en Afrique même, au lieu d’être formée dans les université du Nord, mais l’université de Cornell, la principale institution des premiers programmes de la révolution verte, sera cependant là pour superviser la formation. (…)

L’une des premières étapes de l’AGRA cependant est de créer un réseau de « fournisseurs en agroalimentaire », pour vendre les semences, les pesticides et les engrais. L’AGRA a déjà recruté une ONG étasunienne appelée Citizens’Network for Foreign Affairs (Réseau de citoyens pour les affaires étrangères) pour effectuer ce travail au Kenya, en Tanzanie et au Malawi. Jusqu’à présent, cette ONG a reçu près de 14 millions de dollars de subventions, ce qui en fait de loin le plus gros bénéficiaire des financements de l’AGRA jusqu’à présent. Pour approvisionner les fournisseurs, les donateurs de l’AGRA financent aussi des entreprises privées de semences. La fondation Rockefeller est le principal investisseur dans l’African Agricultural Capital (Capital agricole africain), un fonds d’investissement en capital-risque qui investit dans plusieurs petites entreprises de semences africaines qu’il contrôle en partie et qui sont aussi soutenues par l’AGRA.[6] (…)

Que ce soit l’ancienne ou la nouvelle révolution verte, les premiers perdants sont les agriculteurs, en particulier les petits. L’AGRA cherche à remplacer les semences que les agriculteurs africains ont soigneusement développées pour leurs fermes et leurs cultures, par des variétés adaptées aux monocultures industrielles. Ces semences ouvriront la voie à l’industrialisation des cultures alimentaires africaines, laissant le champ libre à l’introduction et à la domination de l’agrobusiness. (…)

Au moment où l’AGRA a été lancée, ses fondateurs se sont empressés de souligner que l’AGRA n’utiliserait pas de plantes cultivées génétiquement modifiées (GM). Pas pour l’instant, bien sûr. Lors de la troisième assemblée générale des collaborateurs du programme de l’AGRA sur les « Biotechnologies, sélection et systèmes de semences pour les plantes cultivées africaines », un certain nombre de présentations de recherches et d’essais sur des plantes cultivées GM ont été intégrées.[16] Il est donc difficile de prendre au sérieux la déclaration que l’AGRA n’avait rien à faire avec les semences GM. Tous ceux qui financent l’AGRA, dont Rockefeller et Gates, essayent déjà d’imposer l’introduction des technologies des modifications génétiques en Afrique. Mais ils se sont rendu compte que l’initiative de l’AGRA serait plus facile à introduire sans inclure les cultures ou les semences GM. La stratégie est sans aucun doute de l’introduire plus tard, une fois que le programme sera installé et que les agriculteurs auront déjà adopté les nouvelles semences. De plus, la plupart des pays d’Afrique n’ont pas encore mis en place de législation de biosécurité, et cela n’a donc aucun sens de se focaliser sur les cultures GM actuellement. Il faut plutôt se concentrer sur l’harmonisation des politiques, en s’assurant que les durées d’autorisation des plantes cultivées sont plus rapides et en construisant l’infrastructure nécessaire à l’introduction rapide des cultures GM. (…)

Ou, pour les anglophones, cet excellent article écrit par Eric-Holt Gimenez.


PS: Nous étions hier (samedi 5 décembre) au village des alternatives à Montreuil, les grandes ONG sont évidemment bien visibles, brassent beaucoup de monde (et/ou de vent), tandis que des petites ONGs montées par des activistes passionnés et refusant les grosses subventions d’état ou de corporation sont quasiment ignorées ; nous tenons à saluer, à féliciter et à remercier Foil Vedanta pour le travail accompli, et merci d’être venu!


Nico

A propos des ONG, lire également:

http://partage-le.com/2015/12/les-ong-internationales-et-lindustrie-de-la-catastrophe-lexemple-haitien/

http://partage-le.com/2015/12/long-isation-de-la-resistance-par-arundhati-roy/

 

 

Source : http://partage-le.com

 

 

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 15:31

 

 

Source : http://www.jennar.fr

 

A lire attentivement : pendant qu’à Paris, on fait semblant de vouloir combattre le changement climatique, à Genève, dans le plus grand secret, se négocie une « libéralisation » des services qui va en sens opposé :

 

 

http://cgspwallonne.be/documentations/actualite/item/522-wikileaks-devoile-comment-tisa-deregulera-les-politiques-energetiques

 

 

*Voir ci-dessous

 

Wikileaks dévoile comment TISA dérégulera les politiques énergétiques

 

La grande arnaque du réchauffement climatique
Récente divulgation d'un texte relatif à l’ACS, qui limite le contrôle de l’Etat sur les ressources naturelles.

A l’heure où les Chefs d’Etat s’apprêtent à négocier un accord international à Paris contre le réchauffement de la planète, leurs négociateurs sur le commerce se réunissent quant à eux à Genève afin de mettre sur pied, dans le plus grand secret, un nouvel accord de libre-échange qui pourrait venir renforcer l’exploitation des énergies fossiles et exacerber le changement climatique.

 

Alors que Wikileaks vient de divulguer une nouvelle série de textes provenant de l’Accord secret sur le commerce des services (ACS), l’Internationale des Services Publics (ISP) et l'International Forum on Globalisation (Forum international sur la mondialisation) publient aujourd’hui la toute première analyse du projet d’Annexe sur les services liés à l’énergie, afin d'éclairer les discussions de la COP 21, la conférence internationale sur le climat.

 

De l’Australie à la Suisse, en passant par les Etats-Unis et l’Europe, les 23 négociateurs de l’ACS débattent des clauses contraignantes « privant les législateurs du droit de différencier le solaire du nucléaire, l’énergie éolienne du charbon, ou le géothermique de la fracturation hydraulique », en instaurant un principe de « neutralité technologique ». Il semble que la rencontre, qui se tient à Genève du 30 novembre au 4 décembre, poursuivra les débats sur les « Services environnementaux », un point qui avait déjà été discuté au mois d'octobre.

 

D’après Victor Menotti, auteur de cette étude, ce projet d'Annexe entend « réduire la souveraineté des Etats au regard des ressources énergétiques, en contraignant les gouvernements à mettre en place des marchés libres pour les fournisseurs étrangers de services liés à l’énergie, les privant ainsi de leur droit de tirer les bénéfices de l’exploitation des ressources énergétiques au niveau national ».

 

D’après le site Web dédié au commerce de la Commission européenne, « l’UE tentera de mettre fin à la discrimination à l’encontre des fournisseurs étrangers de services environnementaux. Cela implique de faire tomber les barrières existantes – pas uniquement de s'abstenir de mettre en place de nouvelles restrictions. »

 

« C’est la grande arnaque du changement climatique. A l’heure où des objectifs modestes sont actuellement débattus dans la capitale française, les moyens de les atteindre sont quant à eux négociés à Genève dans l’intérêt des plus grandes entreprises de la planète », a déclaré Rosa Pavanelli, la Secrétaire générale de l’ISP. « Les raisons pour lesquelles nos gouvernements cherchent à dissimuler ces négociations en les menant dans le plus grand secret, apparaissent de plus en plus évidentes. »

 

Rosa Pavanelli a appelé les gouvernements à publier l’intégralité des textes. « Il est scandaleux de devoir compter sur Wikileaks pour nous tenir au courant de ce que nos gouvernements trament en notre nom. »

 

Par le passé, l’ISP avait déjà publié une étude démontrant de quelle façon l’ACS va pérenniser les privatisations manquées en empêchant l’Etat d’en reprendre le contrôle, et dans quelle mesure il limitera la capacité des gouvernements à réglementer.

 

Plus d’informations :

-          Contact : Vittorio Longhi, Conseiller en communications de l’ISP, vittorio.longhi@world-psi.org

-         Documents Wikileaks

Analyse de l’ISP « The Free Fracking Agreement – Proposed TiSA Annex on Energy Related Services

 

Source : http://cgspwallonne.be/documentations/actualite/item/522-wikileaks-devoile-comment-tisa-deregulera-les-politiques-energetique

 

 

                                                                  **************************

 

Mais il en va de même de la négociation du grand marché transatlantique (Tafta ou TTIP). L’article 37 du mandat européen de négociation relatif à l’énergie, est rédigé comme suit : « L’ Accord comprendra des dispositions concernant le commerce et les aspects liés à l’investissement en ce qui concerne l’énergie et les matières premières. Les négociations devraient viser à assurer un environnement commercial ouvert, transparent et prévisible en matière d’énergie et à garantir un accès libre et durable aux matières premières. »

Il s’agit de mettre fin à une règle multiséculaire selon laquelle le sous-sol n’appartient pas aux individus mais à la collectivité ; il s’agit de renoncer à la souveraineté des Etats sur leur sol et leur sous-sol pour la donner aux firmes privées ; il s’agit de retirer aux Etats le pouvoir de fixer le prix des produits énergétiques sur le marché national.

Telle est la volonté du gouvernement français (et des 27 autres) qui a apporté son plein appui à cet article du mandat européen de négociation avec les USA.

Comment encore faire confiance à des gouvernements qui font exactement le contraire de ce qu’ils disent ? Et à des partis politiques qui agissent de même ?

rmj

 

 

Source : http://www.jennar.fr

 

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 17:02

 

Source : New Internationalist Magazine

 

https://www.facebook.com/newint/videos/10153264895188461/?fref=nf

7 h ·
 

Yesterday undercover police cracked down on anyone questioning the sponsors of a corporate “Solutions 21” event in Paris.

The action was supported by Corporate Europe Observatory, Les Amis de la Terre France, Attac France (Officiel), Climate Justice Action, JEDIs, Solidaire and Friends of the Earth France. Kandi Mossett from the Indigenous Environmental Network spoke at the event.

For more grassroots coverage from Paris: www.newint.org/live/paris

Read the truth about corporate influence at COP21: www.goo.gl/8eAZF

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 16:03

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

« On accorde trop d’attention au climat par rapport aux autres questions environnementales »

25 novembre 2015 / Entretien avec Guillaume Sainteny
 


 

Et si la question climatique avait phagocyté les politiques environnementales ? C’est la thèse de Guillaume Sainteny, professeur à Polytechnique et qui a travaillé plusieurs années au ministère de l’Écologie. Il la développe dans son dernier ouvrage, Le Climat qui cache la forêt. Entretien pas vraiment orthodoxe.

 

Reporterre – Pourquoi opposer politique environnementale et politique climatique ?

Guillaume Sainteny – Je ne les oppose pas, je me demande juste si la question du climat est vraiment la plus importante. On peut le faire selon plusieurs critères. D’abord, est-ce le sujet considéré comme le plus important par les gens ? Les sondages depuis les années 1990 montrent que non.

Deuxièmement, on peut prendre le nombre de morts. La pollution de l’air, c’est 7 millions de décès prématurés par an dans le monde, à 90 % dans les pays en voie de développement. Le changement climatique, c’est moins de 10 % de cela. Et même en 2030, on comptera toujours plus de morts par pollution de l’air.

Troisièmement, on peut se référer aux recommandations des organisations internationales. Il n’y en a aucune qui vous dise que la priorité est le changement climatique. Elles vous disent qu’il y a aussi l’eau, l’air, l’utilisation non-rationnelle des ressources naturelles, etc.

Enfin, on peut lire les études sur les coûts des différentes atteintes à l’environnement. Le coût annuel des perturbateurs endocriniens ou celui de l’érosion de la biodiversité est du même ordre de grandeur, voire supérieur, à celui du changement climatique.

Je ne conclus pas que le changement climatique est un problème secondaire, mais dis simplement que, par rapport à ces indices, on lui accorde trop d’importance médiatiquement, politiquement, dans les politiques publiques, par rapport à d’autres questions d’environnement. Ce déséquilibre du climat par rapport aux sujets environnementaux est accentué en Europe par rapport au monde, et accentué en France par rapport à l’Europe.

 

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Guillaume Sainteny.

À Reporterre, on tente d’intéresser les lecteurs au changement climatique. Et on a plutôt l’impression qu’on ne parle jamais assez du climat !

C’est drôle, je n’ai pas du tout cette impression. Un exemple parmi d’autres est que la majorité actuelle, depuis 2012, a lancé deux grands projets de loi : l’un sur la transition énergétique, l’autre sur la biodiversité. Comparez la surface médiatique consacrée à ces deux projets, c’est sans commune mesure !

C’est pour cela que je n’étais pas favorable à ce que la France organise la COP 21. Cela contribue à ancrer l’idée dans l’opinion publique française que le seul sujet qui compte, c’est le climat. C’est un paravent extraordinaire pour focaliser l’attention des ONG et médias sur ce seul sujet. Or pendant ce temps-là, le gouvernement entérine des reculs extraordinaires dans le domaine de l’environnement – vous l’avez d’ailleurs relevé sur Reporterre – mais presque personne n’en parle.

 

Les militants du climat, en particulier le mouvement Alternatiba, répètent qu’on a seulement dix ans pour gagner la lutte contre le changement climatique. Le climat n’est-il pas le problème environnemental le plus urgent ?

Ce n’est pas faux, plus on tarde, plus il sera coûteux de lutter contre le changement climatique. Mais est-ce dix, vingt, trente ans ? Bien malin celui qui saurait le dire, car on disait déjà cela il y a dix ans. Et puis, on peut dire la même chose sur d’autres questions environnementales. À partir de quel moment l’érosion de la biodiversité devient-elle un problème pour la survie de l’homme sur Terre ? Idem pour l’eau : si la baisse des nappes phréatiques continue, à partir de quand cela déclenchera-t-il des migrations ? Pour la pollution atmosphérique, à partir de combien de millions de morts considère-t-on qu’on ne maîtrise plus la situation ? Donc, je suis d’accord avec ce que les militants d’Alternatiba disent, mais je ne suis pas sûr que cela ne s’applique qu’au climat.

 

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Sécheresse d’un étang près de Toucy, dans l’Yonne, en 2015.
 

Pourtant, si on perd la bataille du climat, ne perd-t-on pas toutes les autres batailles environnementales ?

La focalisation extrême sur le changement climatique a conduit à considérer qu’il était la cause des autres problèmes environnementaux – érosion de la biodiversité, désertification, sécheresse accrue, accès à l’eau, etc. – alors qu’en fait, il en est la conséquence. Par exemple, l’une des contributions majeures aux émissions de gaz à effet de serre, c’est la déforestation, à hauteur d’environ 25 %. L’une des mesures les moins chères à prendre en matière de lutte contre le changement climatique serait de la stopper. Il faut commencer par là.

 

Comment expliquer cette focalisation en France des politiques environnementales sur le climat ?

C’est un sujet que je n’ai volontairement pas abordé parce que c’est une recherche en soi. J’ai donc des hypothèses. Un, la France est un pays d’ingénieurs et de juristes, et par exemple, les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées sont très à l’aise avec ça. Le changement climatique renvoie en gros à cinq ou six gaz qui ont chacun une unité de conversion en équivalent CO2. C’est très facile de raisonner avec ça pour un ingénieur.

Deuxièmement, cette affaire de climat ne remet pas fondamentalement en cause le système capitaliste. On peut en faire un marché. Vous pouvez développer des techniques anti-CO2, vous pouvez développer le marché des énergies renouvelables, et en fait quand vous regardez qui est sur ce marché en France, ce sont soit d’anciens promoteurs immobiliers reconvertis, soit des énergéticiens comme Total ou EDF, parce qu’il y a de très gros marchés. Quand vous arrivez sur des sujets comme le paysage, la biodiversité, cela devient beaucoup plus difficile à appréhender pour les fonctionnaires et les ingénieurs. Vous avez moins de critères quantitatifs, vous avez une opposition beaucoup plus forte à donner une valeur au vivant.

 

Quelle conséquence cette focalisation sur le climat a-t-elle sur les autres politiques environnementales ?

Quand vous faites une route, une autoroute, un lotissement, le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il y a une étude d’impact. Ces études sont complètes sur certains sujets et faibles sur d’autres. L’impact environnemental se résume de plus en plus à l’impact CO2. Par exemple, vous décidez de construire une autoroute. On ajoute au bilan financier les coûts sociaux. En positif, il y a le gain de temps, les morts, les blessés, ou le CO2 évités. En France, la commission Boiteux a donné un coût pour tout ça. Et pour le reste, elle a dit : « Je ne sais pas chiffrer. » La biodiversité vaut zéro, le paysage zéro, etc.

 

Y a-t-il des politiques climatiques qui se sont révélées délétères pour l’environnement ?

Oui, par exemple le soutien aux agrocarburants. Ils supposaient des cultures intensives avec épandages de phytosanitaires, ils ont donc provoqué une pollution accrue de l’eau et de l’air, une réduction de la biodiversité, etc. Ils ont aussi provoqué la remise en culture de zones qui étaient anciennement des friches et qui stockaient du carbone. Donc, le résultat budgétaire est négatif, celui sur l’environnement aussi, et le résultat pour le climat contestable.

Deuxième exemple, il y a une loi en France extrêmement importante, c’est la loi Littoral. Or il y a eu des amendements à la loi Littoral, déposés presque tous par des députés écologistes, pour permettre la construction d’éoliennes de plus de 50 mètres de haut, jusqu’à 150 mètres, sur le littoral. Là, deux intérêts environnementaux s’affrontent : celui de développer les énergies renouvelables et celui de préserver le littoral. Il y a un arbitrage politique à avoir, mais ce débat n’a pas eu lieu.

 

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Le colza est cultivé pour la production d’huile alimentaire et d’agrocarburant. Le soutien aux agrocarburants est l’un des exemples où une politique climatique est préjudiciable à l’environnement.

 

Comment réconcilier les politiques climatique et environnementale ?

Il faut privilégier les mesures à double, triple, voire quadruple dividende. C’est-à-dire des mesures qui ont un effet bénéfique à la fois sur le changement climatique, sur la pollution de l’air, sur la biodiversité, etc. Il s’agit de presque toutes les mesures d’adaptation au changement climatique parce qu’elles vont presque toujours dans le sens de la nature : économies d’énergies, mesures pour diminuer la pollution atmosphérique, modes de déplacement doux, tous les transports collectifs, etc.

Et aussi, bien sûr, toutes les politiques qui prennent en compte le changement d’usage des terres : arrêter de retourner les prairies, d’urbaniser les sols agricoles, d’assécher les zones humides, etc.

 

Que pensez-vous de la façon dont la COP 21 aborde le climat ?

Nous n’avons pas les bons critères pour évaluer le succès environnemental et climatique de l’événement. Je critique d’abord cette focalisation sur les 100 milliards pour le Fonds vert. C’est compréhensible que les pays du Sud les réclament à ceux du Nord comme préalable aux négociations. Sauf que le problème des subventions publiques aux énergies fossiles est totalement absent des négociations. Cela représente 550 milliards de dollars par an...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net


*Guillaume Sainteny vient de publier Le climat qui cache la forêt, éd. Rue de l’échiquier, 18 €,

 

 

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:53

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

COP21: une compilation des violences policières devient virale

 

 

 
3 décembre 2015

 

Bientôt 1 million de vues en quelques heures. Cette compilation de captures prises le 29 novembre dernier lors des manifestations en faveur du climat se répand comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. On peut y voir les affrontements violents depuis l’intérieur, comme vont le vivre nombre de militants écologistes. Mais d’où vient la terreur ?

 

Son auteur n’est autre que « Boby », le jeune anonymous français condamné récemment à des peines de prison avec sursis (avec deux congénères) pour avoir « attaqué » des sites gouvernementaux. Le jeune homme a compilé une série de clips, vidéos et films tournés par différents observateurs tout au long de la journée du 29 novembre, où était organisée la marche citoyenne en marge de la COP21.

Cette Marche pour le Climat qui avait pourtant bien débuté s’est terminée dans le chaos le plus total. Avec quelques 316 manifestants en garde à vue, un mémorial dévasté et la violence de quelques personnes anonymes et encagoulées, nombre de médias nationaux ont offert une vision à sens unique des évènements. Une simple recherche des mots « violence COP21 » montre systématiquement les mêmes images de cette minorité violente en marge de la manifestation. Nombre de témoignages avaient alors offerts une version alternative des évènements, plus mesurée et en phase avec les nuances de la réalité.

Boby a donc tenté d’offrir cette version alternative en compilant d’innombrables séquences filmées par divers spectateurs présents. Bien qu’elles fassent volontairement l’impasse sur la minorité black-block présente à la manifestation, les images offrent un tout autre regard du point de vue des manifestants pacifistes : des policiers qui écrasent le mémorial à plusieurs reprises, des bousculades violentes de personnes assises, un vieillard matraqué sans véritable raison et des personnes âgées bousculées, des rafles totalement aléatoires, des manifestants souriants qui scandent des slogans de non-violence, à n’en pas douter, ces images tranchent avec l’idée qu’il est possible de se faire en lisant les informations traditionnelles.

Si ces violences policières furent dénoncées par les associations, dont la Ligue des Droits de l’Homme, personne ne nie la présence de quelques personnes encagoulées, provoquant les forces de police. Ces provocations semblent cependant servir de prétexte et de couverture et un déchainement de violence de la part des forces de police. Le jeune anonymous ne mâche pas ses mots : « Parce que les médias désinforment et stigmatisent, après 8 heures de travail, de recherches sur internet pour réaliser cette vidéo, et des larmes d’émotions face à ces souvenirs, voici des images de ce dimanche 29 novembre, « oubliées » des JT.« 

Quelques heures après avoir publié sa compilation sur facebook, plus de 800.000 personnes l’avaient déjà visionnées pour près de 30.000 partages. On vous invite à la découvrir par vous même afin d’émettre votre propre jugement. (NB : Erratum signifié par « Boby » : le CRS dit bien « Doucement les journalistes, là, hein ! »)

 

 

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

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