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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 17:33

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Accord historique ?

A Paris, les Etats s’accordent pour sauver le climat mais ne précisent pas comment y arriver

par

 

 

 

L’accord sur le climat a été adopté dans la soirée du 12 décembre au Bourget sous un tonnerre d’applaudissements. Un quasi unanimisme entoure le texte jugé « historique ». Pourtant, à y regarder de plus près, l’accord ne précise en rien comment la communauté internationale devra agir pour ne pas dépasser un réchauffement de 2°C. Ni les moyens que les États devront débloquer pour y arriver et s’entraider. Encore moins les sanctions qui frapperaient un pays qui ne réduirait pas ses émissions. Les énergies renouvelables ne semblent pas faire partie des solutions. Au contraire du nucléaire, des techniques de manipulation de l’atmosphère ou de l’accaparement des terres. Décryptage.

Les traits sont tirés. Négociateurs, représentants d’ONG, journalistes... chacun regarde sa montre et n’a qu’une envie : que les heures de réunions et les nuits blanches s’achèvent sur un « accord » sur le climat. Même si celui-ci est « a minima ». Ce samedi, nombreux sont ceux qui arpentent les couloirs du Bourget avec leurs valises. « La fin de la COP est fixée par les horaires de vol de retour », ironise un fin connaisseur de ces négociations. Jusqu’au bout, le contenu de l’accord est resté secret. Toute la semaine, des compromis ont été passés derrière des portes closes réunissant négociateurs et décideurs politiques de chaque pays. La course à l’info pour les milliers de journalistes et ONG s’est parfois achevée dans les salles de repos.

 

 

Le texte final est finalement remis à 11h30 ce samedi 12 décembre en présence de François Hollande. « La seule question qui vaille, voulons-nous un accord ? », lance le président de la République. « L’accord décisif pour la planète, c’est maintenant. Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde. » Comme dans une pièce de théâtre, les mots entonnés sont marqués d’intensité dramatique. La voix de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et président de la COP21, s’éraille. « Ce texte que nous avons bâti ensemble constitue le meilleur équilibre possible permettant à chaque délégation de rentrer chez soi la tête haute avec des acquis importants. » Et de citer Nelson Mandela : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que cela soit fait ».

 

 

A quelques kilomètres de là, des cornes de brume résonnent et une ligne rouge composée de milliers de personnes se forme à Paris, en guise d’alerte sur le niveau de réchauffement qu’il ne faut pas dépasser au risque de bouleversements imprévisibles de l’équilibre de la planète (voir notre reportage).

Les discussions se poursuivent. Comme à l’accoutumée, des rumeurs circulent sur des blocages. Les pays pétroliers refuseraient la mention des 1,5 °C à ne pas dépasser. Les États-Unis feraient barrage à toute contrainte trop forte sur leurs émissions de gaz à effet de serre et sur les financements. La présidence française parvient finalement à réunir toutes les parties autour d’un même texte, nécessairement revu à la baisse. Le délégué du Nicaragua qui pointe les failles de l’accord, tout en précisant que son pays ne fera pas obstruction, est hué dans la salle de presse. L’unanimisme doit prévaloir, à tout prix. Vers 19h30, les coups de maillet successifs marquent l’adoption de l’accord [1]. Mais que contient-il ? Un indicateur : à lire les communiqués des entreprises, celles-ci se satisfont d’un « accord historique ». Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace, n’est pas étonné : « Tel que l’accord se présente, si vous voulez investir dans une nouvelle mine de charbon, le texte ne donne quasiment aucun élément pour vous persuader de ranger votre portefeuille ».

 

Un accord non contraignant qui entrera en vigueur en 2020

« Ce texte sera le premier accord universel de l’histoire dans les négociations climatiques », annonce François Hollande, à qui répond une salve d’applaudissements. « Nous avons là l’instrument juridique qui prend la suite du protocole de Kyoto, précise Pierre Radanne, spécialiste des questions énergétiques et climatiques. Pour la première fois, l’ensemble des pays de la planète sont engagés dans ce processus jusqu’en 2030, avec la volonté de ne pas dépasser les 2°C. » L’accord, qui entrera en vigueur en 2020, les incite même à poursuivre l’action pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C [2]. Le texte rappelle la « responsabilité commune mais différenciée des pays » inscrit dans la Convention onusienne sur le climat de 2012. Il acte que « les pays développés doivent continuer à prendre la tête » des efforts de réduction d’émissions. Les pays en développement, eux, doivent « continuer à renforcer leurs efforts d’atténuation (...) à la lumière des différents contextes nationaux », formulation qui prend donc en compte leur niveau de développement.

L’accord ne prévoit cependant aucune contrainte. Sa mise en œuvre est soumise à la bonne volonté des États. « La contrainte se joue au niveau des verbes (comme "doivent" ou "devraient" par exemple, ndlr) utilisés pour chaque action demandée aux États, précise Célia Gautier du Réseau action climat (RAC). La contrainte juridique est beaucoup plus forte lorsque ces grands accords internationaux sont traduits dans la législation nationale et des plans nationaux plus

 

ambitieux. »

« Ce texte final est insuffisant pour enrayer le péril climatique »

Selon le groupement intergouvernemental des experts du climat (Giec), atteindre les 2°C implique de réduire de 40 à 70 % les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050, et même de 70 à 95 % pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement. Cet objectif de long terme n’apparait pas dans le texte. Pur affichage ? Quel sens accorder à ces « 2°C », alors que seul est mentionné que « les parties doivent atteindre un pic mondial des émissions de gaz à effet de serre dès que possible » ? Toujours selon le Giec, ce pic des émissions doit être atteint au plus tard aux environs de 2020. « Ce texte final est insuffisant pour enrayer le péril climatique », souligne Célia Gautier. « Le mode d’emploi présenté est vague et le calendrier repousse les efforts à plus tard. »

Dans les semaines qui ont précédé la COP, 188 pays sur 195 avaient remis leurs « contributions nationales » dans lesquelles ils présentent les efforts qu’ils envisagent pour lutter contre le changement climatique. Si l’on se fie à ces promesses de réduction, on s’achemine vers une augmentation de plus de 3° C des températures. Un seuil mettant en péril l’avenir de millions de personnes [3]. « Il faut absolument que les États renforcent leurs engagements pour contenir la hausse des températures en-deçà de 2 °C », alerte Célia Gautier. L’Union européenne affiche par exemple un objectif de réduction de ses émissions de gaz de serre de seulement 40 % d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990. Sans même préciser ce sur quoi s’engage chacun des

 

États membres.

L’initiative d’une coalition « pour une haute ambition » a fait flop

Les engagements des pays sont annexés à l’accord, mais ils n’en font pas partie stricto sensu. Étant volontaires, ils n’ont pas de valeur contraignante. Pour pousser les pays qui font preuve de mauvaise volonté à accentuer leurs efforts, un « dialogue facilitateur » doit être engagé entre les parties signataires sur leurs niveaux d’engagements respectifs. Un bilan de ces engagements sera réalisé en 2023. Il pourra ensuite amener à leur révision tous les cinq ans. « Mais la révision à la hausse de ces engagements restera dépendante de l’interprétation du texte et de la bonne volonté des États », prévient Attac France. En clair, un pays qui continuerait à polluer allègrement ne sera pas sanctionné, encore moins obligé de réduire ses émissions de carbone.

Le premier rendez-vous de 2023 semble trop tardif quand on sait que la trajectoire des émissions pour les dix prochaines années est décisive pour la suite. « Si on attend plusieurs années pour revoir ces objectifs, nous sommes dans le couloir de la mort », analyse Hindou Ibrahim, de l’Association des femmes des peules autochtones du Tchad, un pays particulièrement frappé par les dérèglements climatiques. « Au lieu de prendre le problème à bras le corps aujourd’hui, l’accord repousse les échéances à 10 ou 15 ans », résume Jean-François Julliard, de Greenpeace. L’Union européenne, les États-Unis, le Brésil et quelque 80 pays en développement ont communiqué sur leur volonté de prendre les devants en s’engageant à une première révision de l’accord avant 2020, dans le cadre d’ « une coalition pour une haute ambition ». Mais cette initiative a fait flop... Dès le lendemain de l’annonce, seuls 15 pays ont rejoint la coalition.

 

Incertitude des financements après 2020

La question des financements a été la plus grande source de tensions. Seront-ils finalement sur la table, ces 100 milliards de dollars par an promis aux pays en développement depuis 2009 pour faire face aux conséquences du changement climatique ? Les 100 milliards apparaissent bien dans la décision (et non dans l’accord) comme « un plancher », qui est donc appelé à être relevé. Le texte précise qu’« un nouvel objectif collectif chiffré » d’aide financière devra être avancé « avant 2025 ». Pour Armelle Lecomte, d’Oxfam, « l’accord reconnaît que davantage d’argent sera nécessaire. Mais il n’y a aucune garantie sur le long terme pour les financements. On ne sait pas s’ils continueront à croitre. » Des promesses vagues, donc.

Les ONG voulaient une révision régulière des objectifs. Or, il est aujourd’hui difficile de savoir ce qu’il se passera après 2025. Alors que les pays riches, historiquement responsables du réchauffement climatique, n’ont jamais débloqué les financements nécessaires, ils tentent ici de se dédouaner de leurs responsabilités. « Il y a eu beaucoup d’annonces unilatérales ces dernières semaines qui ont pu rassurer un certain nombre de pays vulnérables sur les financements prévus dans les cinq ans, observe Armelle Lecomte. Mais il n’y a rien de solide sur le long terme. » Toute « responsabilité ou compensation » des pays du Nord pour les préjudices subis par les pays en développement est passée à la trappe.

 

Les énergies renouvelables quasiment absentes

Le seuil visé est donc celui des 1,5°C. Comment le respecter ? « 1,5°C ne veut rien dire si on ne gèle pas l’extraction des combustibles fossiles. Sinon, c’est de l’hypocrisie », souligne Nnimmo Bassey, des Amis de la Terre. Plusieurs études préconisent de laisser dans le sol plus des deux tiers des réserves prouvées de pétrole et de gaz afin de ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement global maximal d’ici la fin du siècle [4]. Nulle trace du terme « fossiles » dans le texte qui ne mentionne pas non plus le « désinvestissement des énergies fossiles », ni la sobriété énergétique...

Le terme « renouvelables » est lui présent une seule fois dans le texte. Ce dernier pointe « la nécessité de promouvoir l’accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en particulier en Afrique, en renforçant le déploiement d’énergies renouvelables ». Si cette phrase est un premier pas, plusieurs ONG regrettent que l’attention portée aux énergies renouvelables soit trop limitée dans le texte et que le cap de 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 ne soit pas partagé par la communauté internationale. Le terme énergie « atomique », lui, est bien présent. L’Association nucléaire mondiale (World Nuclear Association) qui regroupe les acteurs de la filière nucléaire (comme Areva, EDF et Engie) s’est fendue d’un communiqué en milieu de semaine soulignant la nécessité de doubler la capacité nucléaire pour rester en-deçà des 2° C... [5]

 

Accaparement des terres et géo-ingénierie

Certaines formulations du texte sont des plus mystérieuses. L’accord évoque par exemple un « équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre » après 2050... Que cache cette étrange formule ? « Cela ouvre la porte à l’utilisation massive de techniques inappropriées telles que le stockage et la séquestration du carbone, la compensation carbone et la géo-ingénierie », analyse Attac France. La géo-ingénierie consiste à manipuler l’atmosphère ou les océans pour tenter d’agir sur la température globale de la planète [6].

L’accord international réduit aussi les terres agricoles et les forêts à des « puits et réservoirs de carbone ». Une vision qui heurte Maureen Jorand, du CCFD-Terre Solidaire. « Les terres ne sont pas des calculettes à carbone ! Des populations vivent dessus, et en vivent aussi, souligne t-elle. Cela ouvre la porte à une financiarisation accrue de la nature et aux accaparements de terre. Surtout cela permettra de dédouaner les plus grands pollueurs qui au lieu de réduire leurs émissions, iront séquestrer du carbone, en particulier dans les pays du Sud ».

 

En France comme en Chine, des collectivités locales s’engagent

Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a fortement communiqué sur un autre texte, mentionné dans l’accord et intitulé « l’agenda des solutions » [7]. Son objectif : valoriser les initiatives volontaires de différents acteurs (villes, régions, entreprises...) pour atteindre les objectifs de réduction des émissions fixés à l’échelle de leur pays. « Près de 80 villes, régions, provinces ou États fédérés, soit 615 millions d’habitants, se sont engagés à réduire de 80 à 95 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à 1990 », se félicite Mathieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Onze villes ou provinces chinoises – qui représentent le quart des émissions chinoises – se sont par ailleurs engagées à atteindre leur pic d’émissions de gaz à effet de serre en 2020, soit dix ans avant l’objectif affiché par la Chine.

Mais certaines ONG pointent l’absence de garde-fous. Aucun critère clair permettant d’éviter les atteintes à l’environnement et aux droits des populations n’a par exemple été défini. « En novembre, on a directement interpellé François Hollande en soulignant notre inquiétude quant à la présence d’initiatives portées par Total et d’autres entreprises d’énergies fossiles, ou par l’agriculture industrielle fortement émettrice de gaz à effet de serre », souligne Maureen Jorand. La majorité des entreprises souscrivant à cet agenda le font sous des ombrelles du secteur privé comme le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), qui regroupe plus de 190 entreprises. Il n’est donc guère étonnant que des pratiques qui s’apparentent à l’agriculture climato-intelligente, promues par l’agro-industrie (comme l’a montré notre enquête), figurent dans cet agenda. Bien loin des pratiques agro-écologiques portées par les mouvements

 

paysans.

Quand le commerce et la croissance prévalent sur le droit des peuples

L’accord note « l’importance de la justice climatique », une notion chère aux mouvements sociaux. Mais il relègue la question primordiale des droits humains, des populations indigènes et de la sécurité alimentaire au second plan [8]. Alors que les brouillons d’accord se sont succédé ces derniers jours, une notion a surgi dans la dernière ligne droite, celle de « croissance économique » accolée à celle de « développement ». « Il y a une improbable recherche de compatibilité entre une croissance globale, les questions climatiques et le développement, déplore Geneviève Azam de l’association Attac. À moins de recourir aux techniques de la géo-ingénierie, je ne vois pas comment nous pourrions concilier les trois. »

Le commerce semble donc avoir une longueur d’avance, y compris lorsqu’il s’agit de sanctionner les pays qui ne respectent pas les règles établies par les accords de libéralisation du commerce et de l’investissement. Rien de tel n’existe concernant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Aucun mécanisme n’est mis en œuvre pour sanctionner les États qui ne prendraient pas des engagements suffisants, qui ne les mèneraient pas à bien ou qui refuseraient de revoir à la hausse leur ambition. « On a besoin d’une réforme des Nations Unies, mais ce n’était pas le mandat de cet accord, appuie Pierre Radanne. Il faut effectivement raccrocher le système de l’Organisation mondiale du commerce au système des Nations unies. » En clair, soumettre les règles du commerce international à l’objectif climatique, pour entamer un début de changement. En attendant la prochaine conférence qui se tiendra à Marrakech en novembre 2016, les négociateurs se pressent pour rejoindre l’aéroport. Ils peuvent s’envoler tranquilles : toute régulation du secteur de l’aviation – qui représente 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – a été exclue de l’accord.

@Sophie_Chapelle

 

Photo de une : 3000 personnes forment les mots, visibles du ciel, "Climate Justice Peace" à Paris le 12 décembre au matin, à l’initiative d’une action des Amis de la Terre.

Photo de la tribune de la COP21 avec François Hollande / CC COP21

Autres photos : Sophie Chapelle

Notes

[2Sur les 39 pages du texte, deux parties doivent être distinguées : les 22 premières pages sont des décisions qui prennent effet avant 2020 – les décisions prises à l’issue de cette conférence climatique de Paris sont sensées mettre les États dans l’action dès 2016. Les 17 autres pages (et leurs 29 articles) concernent l’accord à proprement parler : ce dernier prend effet à partir de 2020. L’accord devra avoir été ratifié, accepté ou approuvé par au moins cinquante-cinq pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais, « à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord », tout pays pourra s’en retirer, sur simple notification.

[3Depuis la première conférence des parties sur le climat, la COP1 en 1995, plus de 600 000 personnes ont perdu la vie dans un désastre climatique, selon un rapport de l’ONU.

[4Lire par exemple le rapport de 2012 de l’Agence internationale de l’énergie.

[5Voir ici

[6Lire nos différents articles sur la géoingénierie

[7Son autre nom : le Lima-Paris action agenda. Plus d’infos

[8Ces notions sont exclues de l’article 2 qui traite des objectifs de l’accord, et sont reléguées dans le préambule, sans valeur contraignante.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 17:03

 

Source : http://www.netoyens.info

 

 

La ruche Qui Dit Oui ! Des eco--‐millionnaires, des bobos et les gogos de la farce…

 

 

alimentation_generale.jpgComment une start up, parrainée par des millionnaires chevronnés (dont Xavier Niel/Free et Marc Simoncini/Meetic), dévoie des principes des AMAP pour s’enrichir sous couvert de relocalisation, d’économie sociale et solidaire, écologique et équitable.

Article à paraître dans Campagnes solidaires, mensuel de la Confédération paysanne, publié avec le soutien des amis de la Confédération paysanne. Les auteurs (Olivier et Sophia Lamri) sont membres de cette organisation.
Article + références sous format pdf en annexe (voir en bas de page).

NB : A la suite des échanges en commentaires, des rectifications ont été apportées; elles figurent dans le corps du texte ci-dessous et en PJ (V2), de façon à ce que les échanges restent compréhensibles aux nouveaux lecteurs.
 

« La Ruche qui dit oui ! est un service proposé par Equanum SAS (éditeur), société co- fondée en novembre 2010 par Guilhem Chéron (Président, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle, « un passionné de cuisine petit-fils d’agriculteur »1), Mounir Mahjoubi (Directeur général, diplômé de l’IEP de Paris) et Marc-David Choukroun (Directeur général, concepteur de projets digitaux).

(…)

La Ruche qui dit oui !  a bénéficié d’un financement du fonds « Kima Ventures » de Xavier Niel (Free) et de Jérémie Berrebi (ZDNet), ainsi que de Marc Simoncini (Meetic) et de Christophe Duhamel (Marmiton), tous les deux sur leurs fonds personnels.

(…)

le modèle économique de l’entreprise est très intéressant. (…)La Ruche qui dit oui ! pourra se résumer à sa plateforme Internet : ce sont les Reines qui feront le travail (à ce titre, elles doivent être enregistrées au Registre du commerce ou être déclarées en tant qu’auto- entrepreneur : les revenus dégagés ne sont donc pas des revenus nets pour la Reine).

(…)

Rappel des différents points forts de cette initiative : une initiative porteuse d’avancées environnementales : promotion de l’agriculture
biologique et raisonnée, et promotion des circuits courts ; une initiative porteuse d’une consommation « équitable » : par des prix librement appliqués par les producteurs et directement discutés avec les consommateurs »

La Ruche Qui Dit Oui ! est une marque déposée par Equanum, société de courtage, éditrice du site web La Ruche Qui Dit Oui ! dont l’activité « pourra se résumer à sa plateforme Internet » et à la puissance de sa communication au coeur de sa stratégie commerciale fondées sur des valeurs porteuses : écologie, circuit-courts, économie sociale et solidaire, synthétisée par leur slogan publicitaire : « manger mieux, manger juste » …

Comment ça marche ?

Un auto-entrepreneur met en relation des clients dans son quartier avec des producteurs via la plateforme Internet La Ruche Qui Dit Oui ! C’est lui qui organise la distribution et touche pour cela une commission sur les ventes ainsi que la société Equanum.

La Ruche Qui Dit Oui ! promeut le circuit-court. Dans les faits, qu’en est-il ?

Peut-on parler de circuit-courts quand se greffent trois  intermédiaires entre le consommateur et le producteur, comme dans un hypermarché :

  1. l’auto-entrepreneur, responsable de sa clientèle de quartier
  2. la Société Equanum éditrice du site web La Ruche Qui Dit Oui !
  3. la société Tunz/Ogone (Groupe Belgacom) qui gère les flux financiers via son porte monnaie électronique.

Peut-on également soutenir un discours écologique et « locavore», quand, dans son contrat, un producteur peut livrer sa clientèle située sur un rayon jusqu’à 250 km, soit 500 km aller et retour.

Peut-on promouvoir le « manger mieux, manger juste »  quand les producteurs ne sont soumis à aucune limitation de leurs pratiques agro-écologiques sur l’usage de pesticides chimiques de synthèse et d’engrais.

En résumé le discours est une pure rhétorique au service d’un marketing à l’efficacité bien rôdée.

La presse professionnelle ne s’y trompe pas.

La revue LSA, destinée aux acteurs du commerce de la grande distribution (hypermarchés et leurs fournisseurs, agro-industries, agences de communication…) consacre une page entière sur La Ruche Qui Dit Oui ! dans son numéro du 4 septembre 2014 aux titre et sous-titre dithyrambiques :
« La ruche qui dit oui ! la start up qui cartonne chez les locavores (…)la start up la plus originale et peut-être la plus prometteuses de la distribution alimentaire. »
« …Depuis le lancement de la plate-forme web en septembre 2011, plus de 500 ruches ont ainsi été créées qui reçoivent 50 000 commandes chaque mois pour 2500 producteurs. Une trentaine d’animateurs de ruche en possèdent trois, la limite maximale. Et pour cause, l’affaire peut devenir lucrative. Car le responsable de ruche touche une commission de 8,35 % sur le chiffre d’affaires hors taxe, tandis que la Ruche qui dit Oui ! en prend autant pour son compte. Au final, les producteurs récupèrent 83,3 % des ventes… »

On  y apprend aussi dans cette revue destinée aux hommes d’affaires, que chaque année les ventes sont multipliées par trois.

« Cela va très vite, notre organisation est décentralisée et elle demande peu de moyen. Il suffit d’une personne qui a envie de s’investir dans le circuit court », justifie Marc-David Choukroun, co-fondateur du site.
En 2013, les ventes ont atteint 9 millions d’euros, l’objectif 2014 est donc de 27 millions pour un résultat proche de 2 millions. »

Les affaires vont bien et le concept s’exporte :

« Le cap des 80 millions pour 2015 ? La Ruche qui dit Oui ! y travaille d’arrache-pied en créant déjà des filiales en Europe. Après la Belgique et l’Espagne cette année, l’Angleterre et l’Allemagne sont en phase d’approche. »

LSA nous apprend également que « le revenu moyen par ruche est de 400 euros (il a doublé en un an), pour 10 à 15 heures de travail hebdomadaire (…) »

Qui sont les perdants, qui sont les gagnants de ces pseudo Amap version 2.0 ?

Les perdants sont les producteurs et les consommateurs avec un prix du panier mécaniquement plus cher de 20 % qu’en AMAP, mais ce sont surtout ces centaines de petits commerçants et auto-entrepreneurs habilement appelés « reines » dans le système de La Ruche qui dit Oui ! alors qu’ils en sont plutôt les abeilles.

Ce sont eux qui, en vérité, créent le réseau, l’animent et l’organisent. Ils recrutent fournisseurs et clients, trouvent des espaces de distribution, préparent les paniers et les servent avec le sourire comme tout bon commerçant qui veut garder et développer sa clientèle. Bien que le contrat de vente direct oblige, dans les textes, que ce soit le producteur qui remette en mains propres sa marchandise à ses clients.

Ces « reines » besogneuses mettent du coeur à l’ouvrage pour un complément de revenus moyen de 400 € par mois, soit 301,6 € nets, déduction faite des 24,6 % des cotisations sociales, taux appliqué aux auto--‐entreprises. Le gain net pour « 10 à 15 heures de travail hebdomadaire » est de 6,28 € de l’heure, inférieur au smic. (texte actualisé)[1]

Ce ne sera pas non plus avec le remboursement de ses frais que la « reine » pourra faire son miel, car, contrairement aux entreprises, ils ne sont pas déductibles. Frais de transports, loyers, communication resteront donc à sa charge, réduisant d’autant son maigre revenu.

Ces auto-entrepreneurs sont-ils conscients que, sous couvert d’un statut à la mode et valorisant, leur labeur participe à la création d’un véritable réseau national de distribution ?

Les grands gagnants sont bien sûr les éditeurs du site Equanum qui ont su créer, grâce au web,  cette forme de business pyramidal qui, inversé, prend la forme d’un entonnoir qui leur permet d’empocher 8,35 % HT de commission sur chaque vente.

Et plus nombreuses seront les petites « reines-abeilles » solidaires, plus ils s’enrichiront.

Pour l’être d’avantage, aux côtés de leurs parrains (Free, Meetic, Marmiton…) peut-être décideront-ils un jour de vendre à prix d’or ces multiples espaces informels de distribution répartis dans toute la France à d’autres parrains encore plus grands qu’eux, tels que Carrefour , Leclerc ou Auchan… qui retrouveront ainsi une clientèle qui cherchait à leur échapper !

La SNCF n’a pas fait autrement en rachetant l’été 2013 le site (marchand) de co---voiturage 123envoiture.com (devenue ID Vroom), l’entreprise de location de voiture entre particuliers Ouicar (ex--‐Zilok Auto) l’an dernier et le spécialiste de l’auto---partage Move About avec d’autres parrains, Total  et Orange. (texte actualisé) [2]

Moins de trois ans après son lancement, La Ruche qui dit Oui ! peut se réjouir de sa politique de relation publique menée avec succès auprès des médias. Son image est solidement ancrée sur les tendances éthiques de la consommation « sociale et solidaire », et du Manger mieux, manger juste assimilé au manger bio qui plus est, sans intermédiaires.

Ainsi, le journal La Tribune titrait dès le 4 janvier 2011, « La ruche qui dit oui lance l’achat groupé bio».

De son côté, Valeurs Mutualistes, magazine des adhérents de la mutuelle générale de l’éducation nationale, titrait dans son article sur l’Économie Collaborative du numéro de juillet/août 2014:
«  La fin des intermédiaires » « ... Il suffit de s’inscrire sur le site pour passer commande (…) Chacun s’engage à sa manière : qui en aidant ponctuellement à la distribution, qui en mobilisant son entourage. (…) Objectif, créer, de la sorte, un réseau de solidarité économique et social. « 
Dans son élan, le journaliste n’oublie pas d’entonner le refrain marketing proposé par le responsable de communication de la société :
 « même philosophie que les amap mais avec une formule plus souple, pour faciliter les échanges » indique Benjamin Hamot, chargé de communication (de la Ruche qui dit Oui !). »

Beau travail de recyclage des valeurs éthiques dont le capitalisme a le secret.

Contrairement aux Amap, La Ruche qui dit Oui ! n’est ni vraiment locale, ni vraiment bio, ni vraiment en circuit court ni vraiment bon marché. Elle est la négation de la consom’action citoyenne qui engage un « amapien » à un producteur.

Pour finir, en comparant la charte des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne à celle proposée par Equanum sur son site, on se demande en quoi cette dernière est engagée, sociale, citoyenne et solidaire…

Olivier et Sophia Lamri  

Notes:

[1

[2

 

 

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12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 18:21

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Le Conseil d'Etat entérine les assignations à résidence de militants du climat
11 décembre 2015 | Par Michel Deléan
 
 

La haute juridiction a annulé des décisions et transmis une QPC ce vendredi, mais sur le fond, elle rejette les demandes d'annulation des assignations à résidence qui lui étaient soumises, estimant ces mesures justifiées.

« Ce sont des activistes et des militants qui ne menacent aucunement la démocratie. Vous êtes le gardien des libertés fondamentales. Ne mettez pas en danger la démocratie, soyez le premier et le dernier rempart contre les dérives de l’état d’urgence. » C’est ainsi que l’avocat Patrice Spinosi conclut sa plaidoirie devant la section du contentieux du Conseil d’État, qui examine ce vendredi 11 décembre plusieurs demandes de citoyens, des militants du climat, assignés à résidence pendant toute la durée de la COP21 (lire notre article ici).

La Ligue des droits de l’homme (LDH) s’est jointe à ces requêtes, et annonce par ailleurs pour bientôt des QPC sur les perquisitions administratives et les interdictions de manifester. Pendant les débats, un petit rassemblement pacifique, place du Palais-Royal, est surveillé (et filmé) par un important dispositif policier. Ainsi va la France placée sous un régime d’exception.

 

Le rassemblement devant le Conseil d'Etat © M.D. Le rassemblement devant le Conseil d'Etat © M.D.

 

Les requêtes du jour (car d’autres sont annoncées dès lundi) émanent de sept personnes. Il s’agit de militants ou d’activistes censés appartenir à une mouvance anarchiste ou écologiste aux contours assez flous, selon les fiches S que les services de l’État ont fournies pour justifier leur assignation à résidence. Dans l’exposé du rapporteur public, on apprend que certains d’entre eux ont été interpellés après des manifestations plus ou moins violentes, à Rennes ou à Gênes. Quelques-uns auraient participé à des « préparatifs » pour se rendre à Paris pendant la COP21. Bigre… Il n’en fallait pas plus pour que les préfectures concernées les assignent à résidence, dès fin novembre ou début décembre, sans intervention d’un juge. Ce qui oblige ces citoyens sans casier judiciaire à pointer trois fois par jour au commissariat ou à la gendarmerie, et à rester chez eux la nuit (lire ici le récit de l’un d’eux à Télérama, et là à Arrêt sur images).

Les sept ont aussitôt contesté leur assignation à résidence devant le tribunal administratif, dans des procédures en référé. En vain. Six d’entre eux, à qui l'on a dénié le caractère urgent de leur demande pour ne pas avoir à l’examiner, forment donc un pourvoi devant le Conseil d'État. Le septième, dont la demande a été rejetée après examen, dépose pour sa part une requête qui vise à transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l'assignation à résidence.

En substance, leurs avocats expliquent que les nouvelles dispositions de l’état d’urgence ont été dévoyées pour enfermer chez eux des militants qui ne représentent aucune menace pour l’ordre public, cela sans preuve concrète de leur radicalité supposée, sinon des notes blanches (non datées ni signées) dont l’exactitude est sujette à caution, insiste Catherine Bauer-Violas. « Il s’agit d’une atteinte grave et manifeste aux libertés fondamentales », plaide son confrère Denis Garreau.

Ardues sur le plan technique, les questions posées au Conseil d’État reviennent à lui demander d’arbitrer entre la conception extensive de l’état d’urgence par les pouvoirs publics, qui consiste à éloigner de Paris des militants qui auraient pu venir manifester pendant la COP21, et une conception plus restrictive ne touchant que ceux qui peuvent avoir un lien avec le terrorisme. L’audience du jour ne regroupe d’ailleurs que de supposés activistes écologistes ou anarchistes, alors que le cas d’un imam de Montpellier, lui aussi assigné à résidence (lire nos articles ici et ) doit être examiné lundi.

Dans des conclusions orales très savantes, le rapporteur public, Xavier Domino, fait un distinguo entre « privation de liberté » et « restriction de liberté » pour une « durée limitée ». Selon lui, alors que les forces de sécurité sont entièrement mobilisées après les attentats de novembre, et que se déroule en outre la COP21, ces sept assignations à résidence sont des mesures « nécessaires, adaptées et proportionnées », compte tenu des éléments avancés par le ministère de l’intérieur sur les personnes concernées, et du fait que des « sauf-conduits » peuvent au besoin leur être accordés par la préfecture. Le « principe de proportionnalité » serait, selon lui, respecté. Certes, le rapporteur considère que le caractère d'urgence des six premières demandes aurait dû être reconnu par les tribunaux administratifs concernés, mais sur le fond, il se prononce pour leur rejet. Pour ce qui est de la septième demande, le rapporteur se prononce pour la transmission de la QPC, afin que la question constitutionnelle soit tranchée et les contours de l’état d’urgence mieux définis, mais cela sans effet suspensif sur l’assignation à résidence prononcée.

Dans la soirée, peu après 20 heures, la section du contentieux rend sa décision. Sans surprise, elle se range à l'avis du rapporteur public. Le Conseil d’État estime donc, « en l’état de l’instruction, que chacune des sept mesures d’assignation à résidence dont il était saisi traduisait, compte tenu du comportement de la personne concernée et de la mobilisation particulière des forces de l’ordre, une conciliation entre le respect des libertés et la sauvegarde de l’ordre public qui ne portait pas une atteinte manifestement illégale à la liberté d’aller et venir ». Il juge donc « qu’il n’y avait pas lieu de prononcer de mesures de sauvegarde ». Les avocats sont déçus.

Consulter la décision au sujet de Joël Domenjoud, membre de la legal team de la Coalition climat et assigné à résidence depuis le 26 novembre 2015, 16h30:

Décision du Conseil d'Etat concernant Joël Domenjoud © Mediapart

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 22:13

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Naomi Klein: «On force des pays à accepter leur destruction»
29 novembre 2015 | Par Jade Lindgaard

À quelques heures de la fin de la COP21, l’essayiste fait le point.

Essayiste, activiste : Naomi Klein est l'une des critiques les plus populaires et les plus écoutées de la mondialisation néolibérale et des régressions autoritaires qui l'accompagnent. Après La Stratégie du choc sur le capitalisme du désastre, qui prospère sur les violences infligées aux sociétés (cataclysme, putschs, effondrements politiques…), elle a publié en 2014 Tout peut changer, qui décrit à quel point le dérèglement climatique impose une épreuve vitale au système capitaliste. Pendant toute la COP21, elle tient un blog vidéo sur Mediapart.

 

Cinquième épisode : à quelques heures de la fin des négociations, l’essayiste canadienne revient sur un point essentiel des négociations sur lequel les pays riches ont gagné : celui des pertes et dommages.

Naomi Klein, le vidéo-blog de la COP n°5

Naomi Klein: «Pendant la COP, les négociations commerciales se poursuivent»

Quatrième épisode : Naomi Klein relève un étrange paradoxe. Alors qu'à la COP les États-Unis se battent pour éviter un accord juridiquement contraignant sur le climat, en coulisses, les négociations en cours sur les traités commerciaux entre les États-Unis et l'Europe, par exemple, se poursuivent. Et dans ces cas-là, les États-Unis sont favorables à des accords juridiquement contraignants. (Merci à la librairie Quilombo qui nous a accueillis. Tournage, réalisation et photos : À-vif (s), traduction : Thomas Cantaloube.)

 

Naomi Klein, le vidéo-blog de la COP n°4

Naomi Klein, Jade Lindgaard: loin de la COP, le procès des pétroliers

Aujourd'hui, l'essayiste canadienne dialogue  avec notre journaliste, Jade Lindgaard : à mi-temps de la COP, le point sur le projet d'accord, et sur les différents événements qui ont lieu en dehors de la bulle du Bourget, en particulier le procès du pétrolier Exxon, monté à Montreuil, au sein du Sommet des peuples pour le climat, à l'initiative de l'activiste américain Bill Mc Kibben. Troisième épisode de notre vidéo-blog COP21, en partenariat avec The Nation. Nous remercions le café-librairie Michèle Firk, à la Parole errante, à Montreuil, d'avoir accueilli le tournage de cette séquence. Réalisation : Jean-Paul Duarte et Jean de Peña du collectif À-vif(s). Traduction : Thomas Cantaloube.

 

Troisième vidéo-blog de Naomi Klein

2 décembre : «Pas besoin de miracle, nous voulons une vraie démocratie»

 

Deuxième épisode : Naomi Klein revient sur le Leap Manifesto (« Un grand bond vers l'avant »), large mouvement politique lancé au Canada pendant la dernière campagne électorale. Son but : militer pour un Canada alimenté à 100 % par les énergies renouvelables, où les emplois offerts par une telle transition sont aussi conçus pour éliminer les inégalités. L’appel du Leap Manifesto est visible ici. Tourné et réalisé par À-vifs. Propos recueillis par Jade Lindgaard. En partenariat avec l'hebdomadaire américain de gauche The Nation

 

Deuxième vidéo-blog de Naomi Klein

29 novembre. «Cette manifestation est un geste de défi»

 

Premier épisode : les manifestations interdites du 29 novembre. Tourné et réalisé par À-vifs. Propos recueillis par Jade Lindgaard. En partenariat avec l'hebdomadaire américain de gauche The Nation

 

Naomi Klein, le vidéo-blog de la COP n°1

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 22:01

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Perquisitions administratives: seulement deux enquêtes antiterroristes ouvertes
11 décembre 2015 | Par Louise Fessard
 
 
 
 

Depuis le début de l'état d'urgence, 2 500 perquisitions administratives ont eu lieu au nom de la prévention du terrorisme. Mais celles-ci n'ont provoqué l'ouverture à ce jour que de deux enquêtes préliminaires, sans garde à vue, par le pôle antiterroriste du parquet de Paris.

Depuis le déclenchement de l’état d’urgence le 14 novembre 2015, c’est un festival de portes fracassées en pleine nuit, de menottages indus et d’appartements retournés, avec pour seule explication, un ordre de perquisition évoquant la prévention du terrorisme : il existe « des raisons sérieuses de penser que se trouvent [ici] des personnes, armes ou objets liés à des activités à caractère terroriste ».

Au soir du 10 décembre 2015, 2 500 perquisitions administratives ont eu lieu, selon le décompte du ministère de l’intérieur. Pour quel bilan ? Au total, depuis le début de l’état d’urgence, 305 personnes ont été interpellées, dont 267 gardées à vue. Mais aucune pour terrorisme, qui était pourtant la motivation justifiant ces mesures très intrusives réalisées en dehors de tout cadre judiciaire.

 

Bernard Cazeneuve, le 19 novembre 2015, à l'Assemblée nationale © Reuters Bernard Cazeneuve, le 19 novembre 2015, à l'Assemblée nationale © Reuters

 

La section antiterroriste du parquet de Paris n’a, à ce jour, ouvert que deux enquêtes préliminaires à la suite de perquisitions administratives, indique le parquet. Ces deux enquêtes pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme » – une infraction très large qui permet de poursuivre et de sanctionner des préparatifs avant tout début de passage à l’acte – ont été ouvertes les 4 et 10 décembre 2015. Et aucune garde à vue n’a pour l’instant eu lieu dans ces deux procédures. Le parquet ne livre par ailleurs aucune information sur les faits qui ont motivé l’ouverture de ces enquêtes, ni sur les perquisitions concernées.

« L’absence d’enquête ne veut pas dire qu’aucun élément découvert lors de ces perquisitions n’intéresse les services antiterroristes », nous précise-t-on, pour nuancer ce maigre bilan judiciaire. Il s’agirait donc surtout d’alimenter en information les services de renseignement. On a connu façon plus discrète de procéder…

 

 

Ces perquisitions ont par ailleurs permis de découvrir 398 armes, dont 169 armes longues et 39 armes de guerre. Les procédures judiciaires ouvertes visent donc surtout des infractions de droit commun, parfois très éloignées du terrorisme : trafic de stupéfiants, armes, voire « travail dissimulé » et « fraude aux prestations sociales ». « En quinze jours, nous avons saisi un tiers du volume des armes de guerre récupérées en une année », s’est réjoui le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, le 2 décembre 2015. Les perquisitions ont par ailleurs débouché sur de « nombreuses » procédures judiciaires pour apologie du terrorisme ou provocation à des actes terroristes, ouvertes par les parquets locaux.

La liste des perquisitions administratives menées en Seine-Saint-Denis, dévoilée par Mediapart, montrait ainsi une certaine confusion dans la définition des objectifs. Détention d’armes, cannabis ou crack : tout y passait, en plus des soupçons directement liés au terrorisme. Le gouvernement, il est vrai, n’a cessé d’évoquer les connexions potentielles entre trafiquants et djihadistes…

Malgré une circulaire du 25 novembre 2015 du ministère de l'intérieur rappelant que leur mise en œuvre devait être « strictement proportionnée », les perquisitions continuent à charrier leur lot d'arbitraire et un nombre impressionnant de “dérapages”, de comportements et de propos inadmissibles des forces de l'ordre, documentés par les médias. Et sans doute bientôt par la commission des lois de l’Assemblée nationale, qui présentera mercredi le premier compte-rendu de son contrôle des « abus » de l’état d’urgence.

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 16:37

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com/blog/de-interet-conflit

 

 

COP21 : le lobby du gaz naturel ment
 
 
 

Un centre de contrôle de gaz naturel à Ankara, en Turquie, le 7 janvier 2009

Un centre de contrôle de gaz naturel à Ankara, en Turquie, le 7 janvier 2009 - ADEM ALTAN/AFP
 

A tous ceux qui s’inquiètent d’un horizon assombri par les sombres fumées de charbon, ne vous inquiétez plus  : le gaz naturel est là pour vous faire voir la vie en bleu et «  vous assurer un futur propre  !  ».

Il suffit de se rendre sur le stand du lobby gazier GasNaturally présent à La Galerie COP21, ce salon des grandes entreprises au sein du Bourget, pour voir toutes ses inquiétudes s’évaporer en un frémissement  ! Finie l’image négative de «  grands pollueurs de la planète  » pour les marchands de gaz et de pétrole qui jurent tous prendre le taureau climatique par les cornes.

Ce qu’il faut, c’est se débarrasser du charbon, nouvel épouvantail version « airpocalypse now » ! Les lobbyistes nous l’assurent, «  l’avenir c’est le gaz, car il est deux fois moins émetteur de dioxyde de carbone (CO2) à la combustion que le charbon  !  ». Une performance qui ne tient cependant pas compte des fuites le long de la chaîne de production, en particulier des émissions de méthane, un gaz qui possède un coefficient de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2.

Mais voyez vous, à l’avenir, il n’y aura plus ni fuite, ni marée noire, car «  le gaz est l’énergie fossile la plus propre  », peut-on lire sur les plaquettes du lobby gazier.

Ami des renouvelables, vraiment  ?

A en croire les éléments de langage des industriels du gaz, comme Engie en France, point de transition énergétique vers les renouvelables sans leur participation. C’est là toute la nouveauté du message entourant la promotion du gaz (ne pas oublier son adjectif «  naturel  ») qui embrasse désormais l’idée de transition énergétique, plutôt que de la combattre.

Le gaz est désormais «  le meilleur ami des renouvelables  », comme nous le vante l’Association royale des gaziers belges dans un spot publicitaire bien emmitouflé. Pour GasNaturally, «  le gaz naturel est le partenaire idéal des énergies renouvelables  », afin de résoudre les problèmes de « variabilité de productions des certaines énergies » dépendantes des conditions météo.

 

Spot de pub de Shell, « la belle relation » entre les EnR et le Gaz
 
 

Gaz et énergies renouvelables sont devenus à ce point inséparables qu’ils ont décidé d’unir leurs petits lobbies  !

Olivier Hoedeman de Corporate Europe Observatory, lors d’une récente conférence de presse en marge de la COP21, indiquait :

« Ces dernières années, sur les questions climatiques, nous avons observé une évolution du lobbying des groupes énergétiques qui sont passés du déni, à travers la promotion du climatoscepticisme, à des stratégies plus subtiles, comme celle visant à infiltrer les groupes de pression sur les énergies renouvelables pour introduire le gaz comme source d’énergie complémentaire. »

Le lobby de l’énergie solaire, SolarPower Europe, est ainsi dirigé par Olivier Schaffer, patron de SunPower, une filiale du groupe pétrolier Total, la société française assumant aussi directement la direction de la communication et des relations institutionnelles du lobby solaire.

Une enquête du Guardian publiée en mars 2015 révélait que «  les grandes firmes énergétiques avaient acquis ensemble une position dominante  » dans le lobby du solaire comme le lobby de l’éolien, l’European Wind Energy Association (EWEA).

Cette prise de pouvoir a entraîné une réduction des objectifs de ces organisations professionnelles, et notamment la fin de toute velléité de défendre un mix énergétique européen approchant les 100% de renouvelables au-delà de 2050 au bénéfice du développement du gaz.

Des partenaires aux mains sales

Cette même stratégie d’infiltration est déployée au cœur des négociations de la COP21 pour modifier la perception des décideurs sur les énergies fossiles, pourtant premières responsables du réchauffement climatique.

Un lobbying mis en lumière par l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO) qui publiait lundi 7 décembre un rapport intitulé «  L’écran de fumée climatique, le lobbying des grands pollueurs en Europe  » dans lequel GasNaturally est sévèrement épinglé.

«  Il suffit d’un regard à la composition des membres fondateurs de GasNaturally, pour saisir que bon nombre sont impliqués dans le commerce des énergies les plus polluantes  », en particulier à travers la présence de l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (IOGP), regroupant les plus grands groupes énergétiques de la planète.

Parmi les entreprises de poids au sein du lobby gazier, CEO pointe du doigt la compagnie américaine ConocoPhilips, première productrice de gaz nord américain, qui aurait «  des antécédents de promotion du climatoscepticisme  », et qui est aussi largement impliquée dans la prospection de pétrole et de gaz en Alaska, ainsi que dans l’exploitation du sable bitumineux dans la province canadienne de l’Alberta.

 

Pour l’ONG bruxelloise :

« Ces activités polluantes ne font clairement pas partie de la “transition” vers les renouvelables dont GasNaturally aime tant parler, mais bien au contraire d’un business-as-usual dans la destruction du climat.  »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com/blog/de-interet-conflit

 

 

 

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 16:23

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Comment Greenpeace a piégé des scientifiques en marge de la COP21

LE MONDE | | Par

 
 

Dans le "pavillon des solutions" de la COP21, le prix du "fossile du jour", qui récompense les cancres des négociations, a été attribué à l'Arabie saoudite, le 7 décembre.

A la conférence de Paris sur le climat (COP21), les adversaires de la science climatique sont sur la sellette. Mardi 8 décembre, l’organisation Greenpeace a dévoilé une série de correspondances montrant comment des industriels des combustibles fossiles peuvent s’offrir, en toute discrétion, les services de plusieurs universitaires pour fragiliser les négociations climatiques. « Nous avons voulu savoir si, en amont de la conférence de Paris sur le climat, certains chercheurs du monde académique accepteraient d’être rémunérés pour rédiger et signer des rapports susceptibles de servir les intérêts d’industriels des fossiles, explique Ben Stewart, directeur des médias à Greenpeace Royaume-Uni. Et ce, en acceptant de cacher leur financement. »

 

Lire aussi : COP21 : un nouveau projet d’accord présenté en milieu de journée

 

Dans un courriel adressé, début novembre, au physicien William Happer, professeur émérite à l’université de Princeton (New Jersey), un militant de l’ONG se fait passer pour un consultant en relations publiques basé à Beyrouth (Liban). « Notre client est une compagnie pétrolière du Proche-Orient, inquiète de l’impact de la conférence climatique des Nations unies qui doit se tenir ce mois-ci, écrit-il. (…) Nous pensons que, vu votre travail important sur le sujet et votre poste à Princeton, un très court article écrit ou endossé par vous pourrait œuvrer fortement en faveur de notre client. »

 

Maintenir le financement secret

Le faux consultant demande au physicien, jadis un des hauts responsables de la recherche au sein du ministère américain de l’énergie, d’écrire un article sur les bénéfices du pétrole et du gaz. Le scientifique accepte et précise que ses honoraires se montent à 250 dollars l’heure. Il souhaite toutefois que les sommes soient versées au CO2 Coalition, un think tank climatosceptique qui le défraie, mais ne lui règle pas de salaire.

Cependant, pour garantir la crédibilité de l’article demandé, le (faux) commanditaire demande au physicien s’il est possible de maintenir le financement secret. « Si j’écris l’article seul, je ne pense pas qu’il y ait le moindre problème à indiquer : “L’auteur n’a reçu aucune compensation financière pour ce texte” », répond M. Happer.

Ce n’est pas tout. Au fil de sa correspondance avec le faux consultant, M. Happer révèle, en passant, que le charbonnier américain Peabody a déjà payé pour l’une de ses auditions devant une instance réglementaire du Minnesota. Ce qui n’avait jamais été révélé jusqu’à présent. Contacté par Le Monde, M. Happer n’a pas commenté, ni démenti, la teneur de ses échanges avec Greenpeace.

 

275 dollars l’heure

Le sociologue Frank Clemente, professeur émérite à la Penn State University (Pennsylvanie), est également tombé dans le piège. Lui aussi accepte la transaction et de cacher ses sources de financement. Le faux consultant dit cette fois travailler pour un charbonnier asiatique cherchant à faire produire, par un universitaire prestigieux, un rapport « pour contrer les études liant le charbon à une mortalité prématurée, en particulier le chiffre de l’Organisation mondiale de la santé selon lequel 3,7 millions de personnes meurent chaque année de la pollution due à la combustion des fossiles ».

M. Clemente accepte d’écrire, sous son titre de professeur à la Penn State University, pour détailler les bénéfices du charbon sur les économies, en particulier dans les pays en développement.

Ses honoraires ? En général 275 dollars l’heure, 15 000 dollars pour un article de 8 à 10 pages et 6 000 dollars pour une tribune publiée dans la presse. Pour montrer l’efficacité de son travail, le professeur cite l’une de ses tribunes en défense du charbon, publiée en mars par une cinquantaine de titres de la presse américaine. Il joint aussi à son message son témoignage d’expert devant une instance réglementaire du Tennessee devant statuer sur la fermeture d’une centrale à charbon… « Dans aucune de ces situations le sponsor n’a été identifié, écrit-il. Je publie tous mes travaux comme scientifique indépendant. »

Les prix peuvent grimper. « Le rapport “La valeur mondiale du charbon” a été plus extensif et a coûté 50 000 dollars pour huit semaines de travail », ajoute M. Clemente dans un de ses messages. Le rapport en question mentionnait bien le soutien financier du charbonnier Peabody, mais pas son montant. Sollicité par Le Monde, le sociologue assure qu’il n’était plus rémunéré par son université lorsqu’il a conduit ces différents travaux de consultance et qu’il ne renie rien de ce qu’il a écrit. « C’est la liberté académique », explique-t-il. Quant au rapport sur la valeur mondiale du charbon, M. Clemente rappelle qu’il a été publié en 2012 par l’Agence internationale de l’énergie et que « de nombreuses personnes y ont contribué par leurs idées ». M. Clemente confie être « très fier » de ce rapport qui, « à [s] a connaissance, ne contient aucune erreur ».

 

Lire aussi : Charbon, pétrole, gaz : les trois plaies du climat

 

 

 Stéphane Foucart
Journaliste au Monde

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 15:17

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

Géo-ingénierie

Découvrez en bandes dessinées ce que préparent les apprentis sorciers du climat

par , Sophie Chapelle

 

 

 

Comment freiner l’augmentation des températures du globe ? Alors que le projet d’accord sur le changement climatique discuté cette semaine au Bourget ne semble pas sur la bonne voie, des projets de manipulation délibérée et à grande échelle du climat font leur entrée dans les arènes des négociations internationales. Ensemencement des océans avec des millions de tonnes de fer, pulvérisation d’aérosols soufrés dans la stratosphère... Voici en intégralité l’enquête sur la géo-ingénierie réalisée par Basta ! en partenariat avec La Revue Dessinée et la Fondation Sciences Citoyennes, à découvrir en kiosque.

 

Cliquez ci-dessous pour lire la bande-dessinée en plein écran.

 

 


« SOS Terre » est une BD-enquête de Sophie Chapelle, journaliste à Basta !, et Sébastien Vassant, dessinateur de bande dessinée (son site internet). Elle vient d’être publiée dans le numéro 10 de La Revue dessinée, magazine trimestriel, numérique et papier, de reportages, documentaires et chroniques en bande dessinée. Ce dixième numéro est en librairie depuis le 4 décembre. Le sujet sur la géoingénierie a été proposé initialement par la Fondation Sciences Citoyennes dont l’objectif est de stimuler le débat sur les questions technoscientifiques.

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:09

 

 

Source : http://www.cnt-f.org

 

 

POUR LES CHÔMEUR-EUSES (...)

L’AGGLO SUPPRIME LA GRATUITE DES TRANSPORTS POUR LES CHÔMEUR-EUSES ! -

 

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 08/12/02015

Par un délibéré de ce lundi 7 Décembre 2015 actant l’adoption de tarifs dits sociaux, le conseil communautaire de l’agglomération Nîmes métropole a entériné de facto la suppression de la gratuité des transports pour les demandeur-euses d’emploi sur plusieurs villes clés de l’agglomération, dont Nîmes.

Acquis par les mouvements de chômeur-euses à la fin des années 90, la gratuité permettait à nombre de précaires, de pouvoir assurer leurs démarches ou leurs déplacements quotidiens. A l’heure où les agences Pôle Emploi, la Mission Locale Jeunes, Cap emploi, et les établissements sociaux sont relégués en périphérie des villes, où les chômeurs et chômeuses sont invité-es à multiplier les démarches ou à cumuler les emplois précaires, le service public se retire.

Parmi les publics les plus précarisés, les jeunes demandeur-euses d’emploi demeurent pour la plupart sans ressources propres, et devront demain trouver coûte que coûte les moyens de satisfaire à une tarification inaccessible Cette situation ne peut perdurer. Elle constitue de fait une double peine pour les travailleur-euses sans emploi déjà confronté-es à l’actuelle convention de l’UNEDIC (rallongement du délai de carence, mascarade du droit rechargeable, flicage des chomeur-euses..).
A travers ces mesures toujours plus excluantes, le gouvernement comme l’agglo exercent ainsi une violence sociale inacceptable envers les populations les plus fragiles.

Notre organisation syndicale demande donc le retour immédiat de la gratuité pour les demandeur-euses d’emploi, les apprenti-es, et pour toutes les personnes en situation précaires à minima, et à terme l’extension de la gratuité des transports à tou-tes les travailleur-euses.

LA CNT 30 DENONCE LA SUPPRESSION DE LA GRATUITE DES

TRANSPORTS POUR LES DEMANDEUR-EUSES D’EMPLOI
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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 14:59

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Débattre Diplomatie

COP21 : « Les engagements actuels nous conduisent tout droit à un réchauffement climatique d’au moins +3°C »

 

par

 

 

 

La première semaine de la COP21, des négociateurs venus de 195 pays se sont accordés sur un projet de texte adopté le 5 décembre. C’est sur cette base que planche une centaine de ministres pour élaborer un accord mondial sur le climat d’ici le 11 décembre. Que faut-il en attendre ? « Si, officiellement, un nombre croissant de pays s’est rallié à l’objectif de stabilisation à +1,5°C, les engagements qui sont sur la table des négociations, eux n’ont pas bougé d’un iota », déplore l’association des Amis de la Terre. Elle préconise plusieurs pistes d’actions pour construire le monde, soutenable, de demain.

+1,5°C ? Chiche ! Après une dizaine de jours de négociations, c’est aujourd’hui que Laurent Fabius doit mettre sur la table le texte quasi-finalisé qui préfigurera l’accord de Paris sur le climat. Depuis le début de la COP 21, et le discours de François Hollande, la France affiche une ambition renouvelée et feint de soutenir une demande clé des pays les plus vulnérables : stabiliser le climat à un maximum de +1,5°C par rapport au début de l’ère pré-industrielle. Du bluff ?

Depuis le milieu du XIXème siècle, la température moyenne du globe a déjà augmenté de +0,85°C. L’objectif fondamental de la Convention des Nations Unies sur le Climat est de ne pas dépasser un réchauffement moyen de +2°C d’ici la fin du siècle : or, un tel réchauffement aurait déjà des impacts majeurs sur la sécurité alimentaire, la stabilité des écosystèmes et entraînerait – de facto – la disparition des zones habitées proches du niveau actuel de la mer. Un risque inacceptable pour les pays exposés d’où l’appel à être plus ambitieux, et à fixer une limite de +1,5°C [1]. Précisons ici, que la science du climat n’est pas une science de l’exactitude mais un complexe jeu d’interactions et de probabilités : l’objectif est d’éviter à tout prix de franchir des seuils au-delà desquels la machine climatique s’emballerait. D’où l’importance d’agir au plus vite.

 

Écran de fumée

Or justement, c’est là que le bât blesse. La surenchère sur l’objectif de long terme de stabilisation du climat est un écran de fumée pour mieux masquer l’absence de volonté des pays développés à agir à court terme. Si, officiellement, un nombre croissant de pays s’est rallié à l’objectif de stabilisation à +1,5°C, les engagements qui sont sur la table des négociations, eux n’ont pas bougé d’un iota et – même s’ils étaient respectés – ils nous conduiraient tout droit à un réchauffement climatique d’au moins +3°C.

Le décalage est encore plus flagrant si l’on analyse les engagements annoncés par les pays développés à travers le prisme de l’équité c’est à dire en intégrant la responsabilité historique de chaque pays [2] S’ils étaient sérieux et responsables, les pays développés devraient s’engager à une réduction drastique de leurs émissions de l’ordre de 50 % d’ici 2020, 75 % d’ici 2025 et 90 % d’ici 2030 ! Cela impliquerait de bouleverser en profondeur l’ensemble des politiques publiques encadrant l’industrie, le commerce, l’habitat, le transport ou encore l’agriculture.

 

Contradictions françaises

Mais la France, comme la plupart des pays développés, continue de s’arc-bouter sur des modèles économiques obsolètes et de s’enliser dans ces propres contradictions. Alors que les scientifiques estiment qu’il faudrait laisser un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles du gaz et plus de 80 % de celles de charbon dans le sol [3], le Ministère de l’Écologie a délivré, deux mois avant le début de la COP 21, trois nouveaux permis de recherche pour des hydrocarbures.

Là, où il faudrait mettre un terme aux pires pratiques des entreprises, la France leur déroule le tapis vert et leur ouvre les portes du Grand Palais : la présence d’Engie ou d’EDF comme sponsor de la COP 21, deux entreprises dont l’État français est actionnaire et dont les centrales à charbon représentent l’équivalent de plus de la moitié des émissions françaises de gaz à effet de serre [4] liées au secteur de l’énergie, est un camouflet aux pays les plus vulnérables. Les accords commerciaux conclus, ou en cours de négociation, entre l’Union Européenne, le Canada et les États-Unis constituent un appel d’air pour les bateaux chargés d’hydrocarbures extrêmement polluants, issus des sables bitumineux de l’Alberta. Faut-il en ajouter ?

 

Comment agir ?

Ce « schisme de réalité » – est pour reprendre l’expression proposée par Stefan Aykut et Amy Dahan [5] – est le principal défi auquel se heurte aujourd’hui la société civile. Alors quand la parole politique se délite au point de ne même plus faire un effort minimum de cohérence, comment agir ?

Partout dans le monde et en France, des alternatives se structurent, des initiatives citoyennes se multiplient, des entreprises s’organisent différemment et l’ensemble de ces actions participent à construire, dès aujourd’hui, le monde dans lequel nous voulons vivre demain. Ce qui est incroyablement porteur d’espoir, c’est que nous avons tout sous la main : nul besoin d’attendre des ruptures technologiques majeures pour s’approvisionner en énergie 100 % renouvelables comme le démontre avec brio le scénario Negawatt. L’enjeu, c’est d’arriver à accélérer au plus vite la diffusion et la normalisation de ces alternatives.

 

L’inertie des gouvernements n’est plus compatible avec l’urgence d’agir

Il y a encore 5 ans, habiter une maison en paille était une excentricité, aujourd’hui, ce type de construction est normalisé et accessible à tous. Le boom du covoiturage est en train de bousculer le mythe de la voiture individuelle et cela, en quelques années seulement. Au début des années 2000, les premières associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) sont apparues en France : aujourd’hui, il y en a près de 1600 et il n’est plus tabou de privilégier l’achat de produits locaux. Rien n’est impossible : la plupart des réacteurs nucléaires français ont été construits en moins de 10 ans et ont bouleversé la donne énergétique, l’histoire a montré comment des pays sont capables de profondément modifier leur appareil de production en basculant sur une « économie de guerre ». Pourquoi de tels changements ne seraient pas possible pour construire une « économie de paix » ?

Il n’est peut-être pas encore trop tard pour tenter de stabiliser le climat. Ce qui est sûr, c’est que l’inertie des gouvernements n’est plus compatible avec l’urgence d’agir : nous, ne pouvons compter que sur nous et notre capacité à organiser et accélérer les indispensables transitions dans les prochaines années. Le 12 décembre [6], plus nous seront nombreux à nous mobiliser, plus nous pourrons montrer la force de notre mouvement et notre détermination à ne pas leur laisser le dernier mot.

 

Sylvain Angerand, Coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre

Photo : © Jean de Peña / Collectif à-vif(s)

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