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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 13:27

 

Source : http://www.radio-monaco.com

 

 

Un activiste américain sauve 1000 chiens du festival de Yulin

 

 

Un activiste américain sauve 1000 chiens du festival de Yulin

 
Camille Chappuis
Par Camille Chappuis
vendredi 24 juin 2016

C’est la belle histoire du jour. Mardi a commencé le très controversé et dénoncé festival de Yulin, dans le sud de la Chine. Une fête qui dure dix jours et durant laquelle, chaque année, des dizaines de milliers de chiens et de chats sont tués pour être mangés. Les défenseurs des animaux ne cessent de s’insurger pour réclamer la fin de ce festival. Cette année l’un d’eux a réussi à sauver mille chiens destinés à finir dans les assiettes des Chinois.

Les mots ne suffisent pas à couper l’appétit des Chinois. C’est le constat qu’a fait Marc Ching, activiste américain qui a mené cette opération de sauvetage en Chine. Marc Ching, c’est un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais il est déjà bien connu des autorités chinoises. Il a même déjà été tabassé et emprisonné pour avoir dénoncé le festival de Yulin. Il en a fallu plus pour l’arrêter puisque cette année ses efforts ont payé.

Pour la septième fois, l’Américain s’est rendu en Asie et mardi, il a réussi à libérer mille chiens emprisonnés dans six abattoirs. Marc Ching marchande pendant un long moment avant d’acheter les animaux aux trafiquants de viande canine. Il envoie ensuite les toutous aux États-Unis pour qu’ils commencent leur vraie vie de chien. 

Marc Ching a également réussi à faire fermer de nombreux abattoirs en Asie notamment au Cambodge. De belles victoires pour cet Américain ami des bêtes, mais il reste du travail. Chaque année, entre dix et vingt millions de chiens sont abattus pour être mangés en Chine. La plupart sont des animaux de compagnie volés.

 

 

Source : http://www.radio-monaco.com

 

 

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Source : http://actualites.nouvelobs.com

 

 

CHINE. A Yulin, on achève bien les chiens

 

Publié le 23 août 2015 à 06h55

 

 

CHINE. A Yulin, on achève bien les chiens

Des chiens sur un étalage, le 22 juin 2015 à Yulin. ((JOHANNES EISELE / AFP))

 

A Yulin, une ville du sud de la Chine, on abat des milliers d’animaux de compagnie pour consommer leur viande au cours d'un festival... Une pratique de plus en plus critiquée.

 

Clope au bec pour couvrir la puanteur, trois bouchers achèvent l’abattage du matin : une cinquantaine de bêtes, prélevées une à une dans les cages, soulevées avec des pinces métalliques enserrant leur cou, tuées à coups de barre de fer, vidées, jetées dans une centrifugeuse pour les dépoiler, et, pour finir, "dorées" au chalumeau. Le tout à un mètre de leurs congénères terrorisés, entassés dans deux grandes cages. Dans la première, une grappe tremblante de chats hagards et dépenaillés ; dans la seconde, une trentaine de chiens sales aux yeux fous massés contre le mur.

Pendant que les bouchers balaient l’épaisse couche de tripes et de sang qui recouvre le sol, un étranger s’approche des cages et parle avec douceur aux bêtes épouvantées. Peter Li, professeur à l’université de Houston, est un militant fervent de la cause animale, membre de l’ONG américaine Humane Society International (HSI). Il remarque le collier au cou de nombreuses bêtes, signe qu’il s’agit d’animaux de compagnie volés :

J’ai vu des labradors, des golden retrievers, des huskys, des samoyèdes, des caniches, etc. La présence de bêtes de prix comme les dalmatiens et les mastiffs du Tibet prouve qu’il s’agit d’un trafic criminel."
Des litchis aux chiens

Il raconte leur état pitoyable, les signes de déshydratation, les maladies de peau, les fractures ouvertes, les blessures infectées et l’espèce de sidération engendrée par une succession effroyable de souffrances… Quelques grands chiens osent s’approcher de l’inconnu à la voix douce. Ils le dévisagent un instant avant de se détourner. Non, ce n’est pas leur maître subitement apparu pour les libérer. Personne ne viendra les sauver.

Seule note claire dans cet océan de désespoir, un frétillant petit cabot s’accroche à l’étranger, flairant ses doigts avec insistance, cherchant à saisir son regard. Peter Li raconte :

Tant d’espoir et de foi malgré l’horreur… Je n’ai pas pu résister. J’ai demandé au boucher de me le vendre. Et je l’ai emporté très vite, de peur que le type ne change d’avis."

Le petit rescapé a beaucoup de chance. Grâce à cette rencontre inespérée, il vient d’échapper à l’hécatombe qui marque chaque année le fameux et controversé Festival de la viande canine et des litchis de Yulin (province du Guangxi).

 

Des carcasses de chiens sur le marché de Yulin, juin 2015. (Johannes Eisele / AFP)

 

Les délicieux litchis, mûris au soleil subtropical d’une région parsemée de belles collines rocheuses, étaient le titre de gloire de Yulin. Croyant renforcer son image touristique, la ville décide en 2008 de créer sur deux jours un festival annuel associant aux litchis… la viande canine. Avec ses dix mille à quinze mille chiens et chats abattus chaque année, elle décrochera en réalité un titre d’indignité planétaire. Pour la terre entière, Yulin est devenu synonyme de barbarie.

 

Des dizaines de militants

Andrea Gung, fondatrice d’une petite ONG, passe chaque année quelques semaines éprouvantes à Yulin. Elle explique :

Il n’y a pas en Chine de loi spécifique contre la barbarie à l’égard des animaux. Mais la législation existante – sécurité alimentaire, transport du bétail – suffirait, si elle était appliquée, à arrêter ce scandale."

Cette année, elle est venue avec un réalisateur français chargé de tourner un documentaire. "Nous voulons contribuer au mouvement d’opinion international dans l’espoir de faire bouger les autorités", explique-t-elle. Avec un million de tweets sur le hashtag #StopYulin2015 et cinq millions de signatures recueillies par deux pétitions, la campagne a déjà porté ses fruits.

De là à contraindre les pouvoirs publics à sévir, la route est longue : les dirigeants chinois, chacun le sait, résistent à toute pression extérieure. Mais ils doivent désormais affronter la colère, bien plus redoutable, de leur propre opinion publique : celle des citadins jeunes, éduqués, élevés dans l’amour des animaux de compagnie, qui ne supportent pas la cruauté des trafiquants et grondent contre le laxisme du pouvoir.

Ces militants-là sont parmi les plus déterminés, les plus audacieux et les plus organisés de tout l’éventail associatif chinois. Yulin est leur cible. Chaque année, ils y convergent par dizaines. Direction : le grand marché, où l’on vend des animaux vivants – en général aux restaurateurs qui se chargeront de l’abattage –, et le marché Dongkou, où trois rangées de vendeurs débitent des carcasses.

 

Des chats vivants sur le marché. (AP / Humane Society International)

 

L'abattage public interdit

Cette année, l’atmosphère y est tendue, et l’accueil d’emblée hostile : "Foutez le camp, bande de voyous ! Il n’y a rien d’illégal ici !" jette une matrone assise devant une cage où quatre chiens sont entassés. Quand elle aperçoit la journaliste de "L'Obs" parmi les visiteurs, elle se met à hurler :

Vous êtes des vendus, payés par les ennemis de la Chine pour venir nous intimider. On est chez nous, on fait ce qu’on veut !"

Attirés par les cris, des individus menaçants nous bousculent et tentent d’arracher les appareils et téléphones portables qui filmaient la scène. Face à l’escalade, les militants battent en retraite. Visitant le même marché un peu plus tard, un autre groupe est reçu à coups de bâton, le cameraman de CNN qui les accompagne est pris à partie, et sa caméra endommagée.

Afin de calmer les esprits, la municipalité a interdit cette année l’abattage public des chiens. On ne voit donc plus les cuistots égorger à même le trottoir les toutous destinés à leurs marmites. Mais, dans les restaurants qui bordent la rivière, des tablées entières festoient sans états d’âme. "Vous voulez goûter ? lance un convive hilare. Ils sont cuits à l’étouffée avec du gingembre, un zeste d’orange et du fenouil, c’est fameux ! Et puis manger du chien protège contre les fantômes méchants." 

Son voisin, égrillard :

Et contre toutes sortes de maladies, y compris l’impuissance… Vous mangez bien des vaches, cochons, poules, non ? Pourquoi pas des chiens ? L’élevage n’en est pas interdit, qu’on sache…"

Les militants réfutent avec indignation : "Non, il n’existe pas d’élevage de chiens destinés à l’abattage. Le kilo reviendrait à 200 yuans [30 euros], or vous l’achetez à 36 yuans [5 euros]. Vous savez bien que ces bêtes ont été volées !" tente d’argumenter une jeune Cantonaise exaspérée.

Des animaux volés aux familles urbaines

C’est en effet un trafic de grande ampleur qui alimente la filière de viande canine et féline. Après avoir écumé les campagnes pour y dérober les chiens de garde, ces réseaux se sont récemment tournés vers les villes, où les animaux de compagnie se multiplient. Ils capturent leurs proies au lasso ou grâce à des flèches empoisonnées.

Puis ils les transportent sur des milliers de kilomètres dans des conditions effarantes : souvent entassées à plusieurs dans des cages à poules hautes de 40 centimètres superposées à l’arrière de camions ouverts, sans protection contre le soleil de plomb, sans nourriture ni eau.

C’est donc aux familles urbaines qu’ont été arrachés les dix millions de chiens et quatre millions de chats que la Chine dévore annuellement. Xing Hai, un militant, est venu de Dalian, à 3.000 kilomètres. Il explique :

Le festival de Yulin n’en représente qu’une infime fraction. Mais Yulin a voulu honorer des pratiques immorales et illégales. Or nous sommes au moins cinquante millions d’amis des chiens en Chine : on se battra jusqu’à ce que cette fête honteuse disparaisse."

Dans un éditorial publié en juin, "Le Quotidien du Peuple", organe officiel du Parti, appelle bizarrement à "la compréhension mutuelle entre les amoureux des chiens et les amoureux de la viande de chien". De quoi susciter l’ire des défenseurs des animaux : "Ils accréditent le stéréotype selon lequel les Chinois seraient indifférents à la souffrance animale, s’énerve un militant. Or toutes nos grandes traditions, taoïsme, bouddhisme, confucianisme, exigent au contraire de les respecter."

 

Un militant prend en photo des chiens en cage. (AP / Humane Society International)

 

Droits des chiens et droits de l'homme

La plupart des jeunes engagés sont d’ailleurs des bouddhistes fervents et ont un lama tibétain comme guide spirituel. Aux yeux des adeptes de la compassion bouddhique, la cruauté actuelle est un reliquat de l’époque maoïste et de sa haine pour tout ce qui était étiqueté "bourgeois", y compris l’amour des chiens. Une militante insiste :

Nous nous battons pour que la Chine évolue moralement, qu’elle devienne moins inhumaine. Il n’y a pas de différence entre les droits des chiens et les droits de l’homme."

A Yulin, deux Chine s’affrontent. L’ancienne, marquée par la pauvreté et les violences de l’histoire ; la nouvelle, riche, moderne, empathique voire sentimentale. Or la paysannerie, base de l’ancien système, a baissé en trente ans : de 80% de la population, elle est passée à moins de la moitié, et elle continuera de s’effacer.

Bonne nouvelle pour les meilleurs amis de l’homme, promis à l’affection de plus en plus de Chinois. Mauvaise nouvelle pour la filière de viande canine – et plus encore pour le régime : avec leur nouvelle sensibilité humaniste, les couches urbaines ont de moins en moins d’affinités avec la brutalité foncière du système dictatorial.

 

Ursula Gauthier, envoyée spéciale

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Attention certaines images peuvent choquer. Jour funeste pour les chiens que ce 21 juin à Yulin, dans le sud de la Chine, qui organise chaque année son festival annuel de la viande canine lors du solstice d'été. Malgré le tollé suscité par cette hécatombe, on estime que près de 10.000 canidés sont tués pendant le festival chinois. Ici, un vendeur attend le chaland. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Une pétition lancée par l'ONG américaine Humane Society International (HSI) et signée par 11 millions de personnes a été remise au président Xi Jinping. Mais les protestations internationales auraient un effet contraire à celui désiré en poussant les habitants à défendre leurs traditions culinaires. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Les militants des ONG dénoncent les traitements infligés aux chiens qui sont souvent battus, voire bouillis vivants.

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Un défenseur des animaux (casquette bleue) est pris à partie par des vendeurs de chiens et la population locale. En mai, des militants chinois avaient intercepté une camionnette roulant en direction du Guangxi (la province où est située la ville de Yulin), chargée de 400 chiens et chats entassés. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

"La plupart de ces animaux sont des animaux de compagnie volés, et la plupart des camions qui acheminent jusqu'ici la viande de chien le font en violation des lois très explicites de la Chine sur les animaux destinés à la consommation humaine", déclarait un membre de l'ONG HSI (Humane Society International) en 2015. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Une défenseuse des chiens vient d'en acheter un pour le sauver de l'abattage. L'an dernier, une Chinoise de 65 ans avait fait de même en achetant une centaine de chiens. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

La consommation de la viande de canidés pratiquée toute l'année dans certains endroits du sud du pays et réputée stimuler la virilité, est une pratique qui reste marginale à l'échelle nationale. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Un autre chien sauvé par un militant de la cause animale. D'après des militants, le nombre des vendeurs de viande canine à Yulin est inférieur à celui des années passées. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Des chiens rôtis sont présentés sur l'étal d'un vendeur. Cette tradition culinaire du sud pourrait progressivement perdre de son attrait alors que les foyers chinois sont de plus en plus nombreux à posséder un animal de compagnie, et que 30 millions d'entre eux posséderaient un chien. LIRE AUSSI NOTRE REPORTAGE : A Yulin, on achève bien les chiens 

 

Ursula Gauthier

Journaliste

 

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Source : http://actualites.nouvelobs.com

 

 

 

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Source : http://www.consoglobe.com

 

Yulin : quand arrêtera-t-on ce festival dédié à la viande canine ?
 

Tandis qu’en France la saison des festivals de musique va bientôt commencer, en Chine c’est un tout autre type de festival qui se tient à partir du 22 : le Festival de Yulin, une fête dédiée à la viande canine. La mobilisation est plus forte que jamais, avec une pétition signée par des millions de Chinois et de personnalités étrangères, et une manifestation en France devant l’ambassade de Chine le 14 juin.

Yulin : quand arrêtera-t-on ce festival dédié à la viande canine ?
Rédigé par Elodie

 

Le principe du festival de Yulin, ville du sud-est de la région autonome du Guangxi en Chine : maltraiter, tuer et vendre des chiens et chats à la vue de tous. Nous vous en parlions l’an passé.

Le festival de Yulin, un massacre qui révolte le Web

Un festival récent qui fait beaucoup parler de lui

 

Officiellement présenté comme étant une coutume de l’ethnie Zhuang, peuple de la région autonome de Guangxi, qui voudrait que la viande mangée au solstice d’été apporte chance et santé pour le reste de l’année, ce festival serait surtout une manne financière pour les vendeurs de viande canine.

 

En effet, créé à la fin des années 90, ce festival est récent mais n’a de cesse de révolter toujours plus de personnes, à l’étranger comme en Chine.

 

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Des milliers de chiens et chats massacrés

Chaque année, selon les autorités chinoises, depuis la création du festival, plus de 10.000 chiens et 4.000 chats, parfois volés, sont transportés jusqu’à la ville de Yulin qui compte 7 millions d’habitants afin d’y être battus à mort à coups de bâton, puis ébouillantés dans les marchés de rue et les abattoirs clandestins devant les spectateurs venus pour assister au « spectacle ». Mais, selon les associations, le chiffre d’animaux tués est dix fois plus élevé que celui annoncé(1).

Certains animaux décéderont durant leur transport de traumatismes, de déshydratation ou bien étouffés dans leurs cages dans lesquelles ils sont entassés.

Un festival officiellement non-autorisé

Face à ce massacre, la mobilisation contre ce festival se fait de plus en plus forte chaque année. Déjà en 2013, 2014 et 2015 des défenseurs de la cause animale étaient venus perturber le festival. Certains militants n’hésitent pas à acheter certaines bêtes afin de les élever et de leur éviter une mort certaine. Les défenseurs de la cause animal sont chaque année de plus en plus nombreux et ont pu cette année compter sur l’aide du web et des réseaux sociaux.

Le hashtag #StopYulin2016 a été relayé plus d’1,2 million de fois en un mois, un hashtag popularisé par des célébrités comme le comédien britannique Ricky Gervais qui a conclu un partenariat avec la Humane Society International pour faire campagne contre le festival devenant ainsi un porte-parole de la cause animale.

 

Quant aux autorités locales, elles affirment que le festival n’a rien d’officiel et se sont engagées à interdire à leurs fonctionnaires d’y aller ainsi que de conseiller aux restaurateurs de masquer la mention « viande de chien » sur leurs menus… aggravant d’autant le risque sanitaire déjà encouru lors de ce festival.

Risques sanitaires dénoncés pour arrêter la tuerie ?

Car, non content d’autoriser la pratique, aucune norme n’est mise en place par les autorités et le suivi vétérinaire des animaux n’est pas connu. Le regroupement de plusieurs animaux dans une même cage ne fait qu’augmenter la propagation de maladies entre eux et la plupart sont ensuite tués dans des abattoirs clandestins. Plusieurs lettres ont été envoyées en vain aux autorités pour pointer les risques encourus pour les consommateurs de telles viandes, connues au départ pour leurs « vertus médicinales » dans certaines régions de Chine.

 

Agissez contre le festival de Yulin

Plusieurs pétitions ont été mises en place contre le Festival de Yulin dont celle de la Fondation Brigitte Bardot et une pétition internationale sur la plateforme Change.org.

Vous pouvez suivre l’actualité du sujet sur Twitter avec le hashtag #StopYulin2016 et le compte @2016Yulin.

 

 

Source : http://www.consoglobe.com

 

 

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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 20:37

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

A Paris, la manifestation est cadenassée par la police
 
 
 

Entre 20 000 et 60 000 personnes ont manifesté jeudi à Paris contre la loi sur le travail et pour la défense du droit de manifester, après la semaine de cafouillage gouvernemental qui a failli aboutir à une interdiction. L'impressionnant dispositif de sécurité déployé, avec notamment des fouilles sévères à tous les accès, a abouti à une manifestation morne et sans vie.

Ce n’est pas un mais deux, voire trois barrages qu’il fallait passer, jeudi 23 juin, pour parvenir place de la Bastille et espérer pouvoir manifester. Vers 13 heures, une heure avant le départ officiel du cortège, du côté de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, une file de véhicules de police est déjà garée le long du trottoir sur plus de 500 mètres. Un premier barrage filtrant se tient au niveau de la station Ledru-Rollin. Les sacs sont systématiquement fouillés, les casques, lunettes, masques chirurgicaux (pour éviter de respirer les gaz lacrymogènes) sont interdits.

Ailleurs dans Paris, en arrivant par un autre côté, deux journalistes, Alexis Kraland et Gaspard Glanz, sont, eux, tout bonnement arrêtés, sur le motif d’attroupement en vue de commettre un délit. Ils ne sortiront que vers 17 heures, après avoir passé plus de quatre heures au commissariat de l’Évangile, dans le XVIIIe arrondissement, en compagnie d’une cinquantaine d’autres personnes arrêtées préventivement.

 

Boulevard Richard-Lenoir, jeudi 23 juin 2016 © Dan Israel Boulevard Richard-Lenoir, jeudi 23 juin 2016 © Dan Israel

 

Un cycliste tente vainement d’expliquer à un CRS qu’il habite 20 mètres après le barrage, et qu’il veut juste rentrer chez lui. Le ton monte. Le cycliste est obligé de renoncer. Une jeune fille avec des béquilles se voit refouler. Un membre des street medic, ces manifestants qui viennent aux défilés avec une trousse de premier secours, est obligé de faire demi-tour, son masque en papier chirurgical est interdit.

« Ah c’est comme en boîte de nuit, contrôle au faciès et à la tenue. Mais j’ai mis des baskets aujourd’hui ? Vous allez me laisser passer ? » Un couple d’étudiants charrie gentiment un policier qui leur demande d’ouvrir leurs sacs à dos. « On se croirait sous une dictature », lance un vieux routard de la CGT, beaucoup moins souriant avec les forces de l’ordre. 

 

Fouilles systématiques rue du Faubourg-Saint-Antoine © EP Fouilles systématiques rue du Faubourg-Saint-Antoine © EP

Derrière ce premier rideau policier, d’autres CRS font le pied de grue, certains avec des fusils. Un second barrage se trouve 100 mètres plus loin : nouvelles fouilles. Des grilles portées par des camions sont installées sur toutes les grosses avenues. Des cars de CRS et de gendarmes sont parqués tout le long des rues. Les voies les plus larges sont barrées de rubans bicolores, le passage étant réduit à un ou deux mètres de large, devant lequel sont postés gendarmes ou policiers, qui fouillent systématiquement tous les sacs. 

 

À un autre accès, des journalistes photographes sont obligés de longuement se justifier pour pouvoir garder leur matériel. Un policier prend la carte professionnelle de l’un et veut la photographier. Il renonce devant les protestations mais note le nom du journaliste, et part la comparer avec une liste. Laquelle ? On ne saura pas. Cent personnes avaient été interdites de manifestation à Paris, contre 130 sur tout le territoire pour celle du 14 juin. La plupart parce qu’elles avaient été interpellées lors de précédents défilés. Interpellées, mais pas forcément condamnées.

Étrange ambiance en ce début de manifestation. Dans la matinée, un journaliste de Mediapart, qui avait passé plusieurs années là-bas, expliquait que le dispositif ressemblait à ce qui se fait en Russie, où les manifestations doivent être déclarées à l’avance avec le nombre de manifestants prévus. Ceux-ci sont fouillés à l’arrivée, voire doivent passer sous des portiques détecteurs de métaux, et sont strictement encadrés par la police.

 

Au coin de la place de la Bastille avec la rue Saint-Antoine, jeudi 23 juin 2016 © Dan Israel Au coin de la place de la Bastille avec la rue Saint-Antoine, jeudi 23 juin 2016 © Dan Israel

 

Il manquait les portiques jeudi à Paris. Mais pour le reste… Il y a bien un ou deux membres des forces de l’ordre qui tentent de prendre leur mission à la rigolade. « Les bébés sont interdits, Madame, c’est le ministère de l’intérieur qui l’a dit », lâche un CRS à une femme avec sa poussette. « Un conseil : les lunettes de soleil, ça passe, et avec du chatterton pour bien les coller sur le visage, ça marche contre les gaz lacrymos », sourit-il encore face à des jeunes qui voulaient passer avec un foulard pour se protéger au besoin. Mais souvent, l’ambiance est tendue. À l’angle de la place et du boulevard Richard-Lenoir, les esprits s’échauffent facilement. Cécile Duflot et Esther Benbassa, députée et sénatrice écolos, passent sans encombre, avec le sourire, tout comme Marie-George Buffet, députée et ex-dirigeante du PCF. Mais qu’un manifestant se fasse confisquer son drapeau, et les autres qui patientent crient immédiatement au « fascisme ». Qu’un autre se fasse embarquer sans ménagement, « parce qu’il est fiché depuis une autre manif et qu’ils ne le laissent plus passer », expliquent ses camarades, et plusieurs groupes entonnent un chant contre « l’État policier » et l’état d’urgence.

 

« Blouson confisqué car de couleur noire »

Un jeune, énervé, entame une grande discussion avec un couple de sexagénaires qui revendiquent avoir fait Mai-68. Il leur explique pourquoi il ne condamne pas les “casseurs”. La dame est ravie : « Ah voilà, dites bien ça à mon mari ! Je ne comprends pas, lui, il se laisse influencer par les médias, il a peur des casseurs. Il est intelligent, pourtant… » Les journalistes sont tolérés – ce n'est pas le cas partout – dans la zone de contrôle, les autres sont invités fermement à déguerpir. Quelques mètres plus loin deux gendarmes gradés s’emportent contre un couple de hipsters qui vient de les prendre en photo avec un téléphone : « On est visés monsieur, on est visés. Si vous mettez notre visage sur les réseaux sociaux, on est en danger ! »

 

Manifestation sous haute surveillance contre la loi sur le travail, 23 juin 2016, Paris © Rachida EL Azzouzi Manifestation sous haute surveillance contre la loi sur le travail, 23 juin 2016, Paris © Rachida EL Azzouzi

 

Les drapeaux ne passent pas toujours, même lorsque leurs hampes sont en plastique, démontées et rangées dans les sacs. « N’oubliez pas de raconter ça, c’est totalement indigne », s’agace un manifestant qui s’extirpe difficilement des contrôles avec un groupe de collègues. C’est Hervé Quillet, le secrétaire général de la fédération chimie de Force ouvrière. « Il y a moins de monde que dans celle du 14 juin, c’est normal, ce n’est qu’une manif régionale, et non nationale, dit-il. Mais on ne lâchera pas avant le retrait total de la loi sur le travail. On remettra le couvert la semaine prochaine, mardi. Et s’il le faut, on recommencera à la rentrée, même si la loi a été votée entre-temps à l’Assemblée ! On ne lâchera pas. » 

Place de la Bastille, au rassemblement des street medic, l’un d’eux a pu faire passer un casque. Il le sort le temps d’arranger ses affaires, mal lui en a pris : trois CRS arrivent et l’entraînent du côté de la rue de la Roquette. Contrôle d’identité, fouille en règle. Un de ses camarades, qui l’avait suivi, filme la scène. Pas de chance : un CRS ne prend pas bien le geste. Le second est à son tour soumis à une fouille. Il ressort quelques minutes plus tard… sans son blouson, confisqué car de couleur noire.

 

La place de la Bastille au début de la manifestation © EP La place de la Bastille au début de la manifestation © EP

 

Depuis quatre mois de mobilisation contre la réforme du code du travail, jamais une manifestation n’avait été aussi étroitement encadrée et aussi courte : 1,6 kilomètre, plié en quelque 55 minutes avec un final où le serpent se mord la queue, les premiers croisant les derniers à Bastille. Vu le dispositif et comparé aux précédents défilés, elle a été « très calme », c’est-à-dire sans débordements, ni gaz lacrymogènes, ni blessés. « C’est la preuve que la police peut sécuriser une manif si elle en reçoit l’ordre », pointe un manifestant fatigué de « la casse dans les dernières manifs qui desservait le mouvement » et content de ne pas avoir les yeux qui piquent sous les lacrymogènes. Il aimerait en revanche que les forces de l’ordre utilisent les canons à eau tant il fait chaud. C’est la blague qui a circulé dans tous les rangs. « C’est la preuve qu’on vit sous un gouvernement devenu fou », dénonce un autre manifestant qui trouve « honteux » que les syndicats aient accepté à l’arraché ce compromis avec le gouvernement après une cacophonie au sommet du pouvoir qui avait vu la manifestation interdite puis autorisée. 

 

Pendant le tour du bassin de l'Arsenal © CG Pendant le tour du bassin de l'Arsenal © CG

 

Étonnamment, cette mini-manif autorisée sur un parcours imposé par l’État ridiculement petit (Bastille et le tour du bassin de l’Arsenal) – « une sacrée régression démocratique tout de même », remarque un syndicaliste –, a été selon les chiffres de la préfecture de police très suivie : 19 à 20 000 manifestants à Paris (60 000 selon le syndicat FO), et entre 70 000 et 200 000 personnes dans toute la France. C'est beaucoup. La semaine dernière, la manifestation dite nationale du mardi 14 juin avait été, selon la police, suivie par 75 000 personnes (quand les syndicats annonçaient 1 300 000 manifestants). Mais pour les deux dernières manifestations dites régionales, il y avait moins de monde à Paris : 18 à 19 000 le 26 mai et 13 000 le 19 mai. À Paris toujours, les plus gros cortèges « régionaux » étaient le 9 mars, la première grande manifestation où la police avait compté un peu moins de 30 000, et le 31 mars, 26 à 28 000. 

« Est-ce que si on fait dix tours, on a droit à un pompon ? », ironise Sabrina, hôtesse de l’air et membre de la section FO de tous les personnels navigants commerciaux, partout en France. Venue avec deux collègues, elle assure qu’elle continuera à manifester « tant que la loi ne sera pas abrogée ». Véronique, militante à la CFDT, oui, la CFDT, aussi, promet de revenir aussi manifester. Elle est fonctionnaire dans un ministère régalien mais elle a revêtu le gilet orange de la CFDT métallurgie, une fédération vent debout contre la loi sur le travail et la position de son secrétaire national Laurent Berger. Elle raconte les unions locales vandalisées comme celle de Limoges comme si c’était des annexes du parti socialiste, que le quotidien des militants CFDT est devenu difficile depuis quatre mois dans les entreprises, qu’ils essuient des insultes, même dans les manifs pour la minorité qui défile. « J’ai vu des gens brûler des drapeaux de la CFDT. Moi, en près de quarante ans de syndicalisme à la CFDT, je n’ai jamais brûlé un seul drapeau d’un syndicat concurrent ! »

 

« Ils nous ont tout fait »

Sur les marches de l’Opéra, des manifestants qui ont terminé leur « petite ronde » ont hissé une gigantesque banderole sans équivoque : « Qu’elle soit nationaliste, républicaine ou socialiste, virons la droite ». « Eh oui, il faut se rendre à l’évidence. L’ennemi de Hollande n’était pas la finance mais le code du travail. Il faut n’avoir jamais travaillé même si on est de gauche et un peu libéral pour oser une telle loi », lance Denise, une retraitée de l’enseignement qui a toujours voté socialiste – sauf en 2002, à droite pour faire barrage au Front national.

Elle dit qu’elle ne votera plus jamais socialiste, même pas pour contrer l’extrême droite qu’elle sent monter autour d’elle dans les conversations : « Ils nous ont tout fait. » En 2017, elle pense « voter blanc » : « On prend les mêmes qu’en 2012 et on recommence. C’est terrifiant. » Jacques, son mari, penche pour Jean-Luc Mélenchon même si « le personnage [l’]agace » : « Ce sera le moins pire, le moins soumis. » Le 6 mai 2012, le couple avait passé la soirée place de la Bastille pour fêter la victoire de François Hollande, le retour de la gauche… Sans imaginer que quatre ans plus tard, ils reviendraient avec une banderole : « Hollande, dehors ».

 

Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, manifestation contre la loi sur le travail, 23 juin 2016 © Rachida EL Azzouzi Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, manifestation contre la loi sur le travail, 23 juin 2016 © Rachida EL Azzouzi

 

Adrien, Paul-Antoine, Coralie et Corentin ont la vingtaine, sont en fin d’études, à la recherche d’un emploi ou prof. Leurs motivations pour venir manifester tous ensemble sont diverses. « On a voulu nous interdire de manifester, c’est un bon argument pour venir », justifie Adrien, le prof, par ailleurs plus libre de ses mouvements avec les vacances de ses élèves, et ravi du beau temps. Paul-Antoine et Coralie sont quant à eux là principalement pour protester globalement contre la politique du gouvernement, et Corentin tient à manifester contre « l’utilisation abusive du 49-3 ». Il tient aussi à faire passer un message : « On peut être à la fois contre la loi travail, contre les violences policières et contre celles qui visent les policiers. Défendre les travailleurs et les policiers, cela va de pair, ils sont tous pris dans un même système. »

 

Des gendarmes contrôlent la CGT, à l'entrée du bd Henri-IV, 23 juin 2016 © Dan Israel Des gendarmes contrôlent la CGT, à l'entrée du bd Henri-IV, 23 juin 2016 © Dan Israel

 

Cédric et Guillaume, éducateurs, sont venus avec un ami, Hugues, intérimaire. Ils disent « se méfier des syndicats ». « On ne croit pas qu’ils nous représentent, même si ce qu’ils font contre la loi travail, c’est bien pour l’instant. » D’ailleurs, Guillaume faisait partie du cortège autonome le 14 juin, devant le carré officiel des syndicats : « Je suis pacifiste, je ne suis pas un casseur, mais j’y suis plus à l’aise. Je ne me sens pas défendu par un syndicat. » Hugues explique qu’il survit grâce aux heures supplémentaires, payées 25 % de plus, et craint que ce tarif ne baisse jusqu’à 10 %, comme l’autoriserait la loi. Tous sont peu optimistes sur l’issue du combat : « À la fin, ils se coucheront. »

Même opinion pour Lisa, Anouk et Robin, étudiants parisiens qui sont loin d’avoir fait toutes les manifs, mais tenaient à être là aujourd’hui, après la quasi-interdiction du rassemblement. « C’est triste à dire, mais à part si quelqu’un meurt dans un cortège, le gouvernement maintiendra son texte », pronostique Anouk. Robin voit d’un assez mauvais œil le filtrage sévère à l’entrée de la place : « Ils se donnent le beau rôle en offrant finalement la liberté de manifester, mais ils décident qui vient, et comment on doit se comporter… » La casse sur les banques et les abribus JC Decaux, systématique lors des précédents défilés, ne le choquent pas franchement. « Je serai toujours plus du côté d’un manifestant, quoi qu’il fasse, que d’un policier », complète Anouk.

Peu avant 18 heures, il ne reste plus que quelques centaines de personnes, nassées autour de la colonne de Juillet, au centre de la place de la Bastille, par le double voire le triple de forces de l’ordre. Quelques personnes sont arrêtées, les autres sont relâchées progressivement, par groupes de dix. 

 

Les dernières personnes nassées, place de la Bastille à Paris, jeudi soir © CG Les dernières personnes nassées, place de la Bastille à Paris, jeudi soir © CG

 

Dans les rues adjacentes, les véhicules policiers sont toujours là, avec des policiers en tenue anti-émeutes qui ont l’air de prendre leur mal en patience. Alors que leur fatigue était mise en avant pour interdire la manifestation Bastille-Nation que demandaient les syndicats, pas sûr que ces six heures à faire le planton, harnachés pour la guerre urbaine, les aient reposés.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 20:17

 

Rappel

 


CAC30

Fait inhabituel à Nîmes, dans une démarche impulsée par le Collectif d’audit citoyen de la dette publique de Nîmes (CAC 30), deux élus et un contribuable local ont déposé jeudi 26 mai devant le tribunal administratif quatre recours, dont deux en référé, pour faire annuler deux délibérations de la Métropole nîmoise.


Quelles sont les raisons de cette procédure ?

Le 29 mars dernier, le président du conseil de la Métropole, Yvan Lachaud, a fait voter deux délibérations dont l’objet était le remboursement anticipé d’un emprunt toxique dont le taux d’intérêt indexé sur la parité euro/franc suisse dépasse aujourd’hui 25 %. Mais pour réaliser cette opération, la Métropole a dû accepter de payer à la banque, en plus des 10 millions d’euros du capital restant dû de l’emprunt, une indemnité de remboursement anticipé de 57,4 millions d’euros. En clair, les contribuables vont devoir rembourser près de 7 fois le montant de l’emprunt !

57,4 millions d’euros représentent 4 années de frais de personnel de la collectivité, plus de la totalité des taxes foncières et d’habitation perçues annuellement, ou encore le coût prévisionnel du Musée de la Romanité qui doit voir le jour à Nîmes début 2018 !

Même si la collectivité va bénéficier d’une aide de l’État (c’est-à-dire des contribuables) de 36,6 millions d’euros, il restera à la charge de la Métropole un reliquat de 20,8 millions d’euros sur les 57,4 millions. Pourtant, malgré le caractère hors norme de l’opération et l’énormité des sommes en jeu, le conseil communautaire a pris sa décision sans disposer des éléments indispensables pour se prononcer, qu’il s’agisse de la convention entre la Métropole et l’État, du protocole passé avec le Crédit Foncier de France (filiale du Groupe BPCE) ou du mode de calcul de l’indemnité. Toutes les demandes d’éclaircissement sont restées lettre morte. Cet état de fait est d’autant plus scandaleux que la collectivité n’aurait jamais dû accepter les conditions d’un tel protocole, au contraire, il était de son devoir d’attaquer la banque en justice, en suivant l’exemple de nombreuses collectivités. En effet, la réglementation est formelle en cette matière puisque selon une circulaire du 25 juin 2010, reprenant une circulaire de septembre 1992, « les collectivités territoriales ne peuvent légalement agir que pour des motifs d’intérêt général présentant un caractère local. L’engagement des finances des collectivités locales dans des opérations de nature spéculative ne relève ni des compétences qui leur sont reconnues par la loi, ni de l’intérêt général précité. »

Ainsi, le Crédit Foncier de France n’aurait jamais dû faire souscrire à Nîmes Métropole le contrat spéculatif indexé sur l’euro et le franc suisse. Quant à la collectivité, au lieu d’accepter de payer des intérêts usuraires et une indemnité léonine, elle aurait dû refuser de payer et exiger devant les tribunaux l’annulation de la clause de taux d’intérêt du contrat pour y substituer le taux légal (ce taux est de 1,01 % pour le 1er semestre 2016). Ce sont ces raisons qui ont amené le CAC 30 et le CAC national à se rapprocher de deux élus, François Séguy et Sylvette Fayet, ainsi que d’un contribuable de la ville, pour engager un recours contre les délibérations litigieuses, qui plus est adoptées en violation du droit à l’information des élus.

Aujourd’hui, le CAC 30 et le CAC national(audit-citoyen.org), à l’initiative de l’action, ainsi que les auteurs des recours, appellent la population à soutenir et à renforcer leur combat citoyen pour faire respecter les intérêts de la Métropole nîmoise, les intérêts de ses habitants, l’intérêt public et le droit. Ils invitent les habitants de la Métropole à signer la pétition sur papier ou en ligne avec le lien : http://www.mesopinions.com/petition/justice/refuse-credit-foncier-france-detrousse-contribuables/20335

Le CAC 30 invite les habitants de la Métropole à venir nombreuses et nombreux assister à la

réunion publique

avec Patrick Saurin
auteur du livre Les prêts toxiques : Une affaire d’État


le 24 juin 2016 » à 20h

Résidence Maurice Albaric
27 rue Jean Reboul  Nîmes


Lors de cette réunion, le dossier sera présenté dans le détail. Les citoyennes et les citoyens pourront poser leurs questions, échanger avec les initiateurs de ces recours et voir avec eux comment s’associer à cette action.




la pétition en ligne http://www.mesopinions.com/petition/justice/refuse-credit-foncier-france-detrousse-contribuables/20335


Nous comptons sur vous pour diffuser largement toutes ces infos. Signez et faites signer la pétition.



flyer soirée 24 juin

 

 

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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 13:37

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Qui sauve qui ?

22 juin par Anouk Renaud

 
 

 

L’Europe a sauvé la Grèce.

C’est ce qu’affirment, depuis 2010, les discours politiques et médiatiques. Grands seigneurs dans l’âme, les dirigeants de l’époque auraient concédé à utiliser l’argent de leurs contribuables pour payer fonctionnaires et retraités Grecs. Bref pour sauver la Grèce, qui, il faut bien le reconnaître, avait quand même largement déconné…

Bon, il y aurait déjà beaucoup à dire sur cette idée selon laquelle les Grecs en seraient arrivés là à cause d’un trop plein de magouille et de farniente. Mais concentrons-nous ici sur l’utilisation de l’argent prêté à la Grèce : à quoi a servi cet argent ? Qui en a profité ? Et finalement qui a été sauvé dans cette affaire… ?

 

Petit rappel des épisodes précédents…

Dans les années 2000, les banques privées européennes disposent de beaucoup de liquidités, notamment mises à disposition par la banque centrale américaine (FED), qu’elles cherchent à investir. Et c’est vers les marchés en pleine expansion des pays périphériques européens, dont la Grèce qui vient de rentrer dans la zone euro, qu’elles vont se tourner. Les banques européennes, en particulier françaises et allemandes |1|, vont alors largement augmenter leurs prêts aux banques grecques, qui vont à leur tour accroître leurs crédits, ou vont directement prêter à des ménages et entreprises grecs. Avec cet afflux de capitaux à des taux très attractifs, la dette privée explose en Grèce. Durant cette période les prêts faits aux ménages grecs ont augmenté de 600 % et ceux aux entreprises de 300 %. Les banques européennes rachètent aussi des filiales de banques grecques ou prennent des parts dans les banques grecques (par exemple la Société Générale dans Geniki ou le Crédit agricole dans Emporoki |2|). Booster l’économie grecque via le crédit était d’autant plus intéressant que cela permettait aux entreprises européennes d’élargir leurs débouchés en vendant leurs marchandises aux Grecs.

 

Mais une bulle spéculative de crédit, en général, ça finit par péter… Et ça n’a pas manqué, puisqu’en 2008, dans le sillon de la crise financière, les banques grecques se retrouvent au bord du gouffre. Comme partout en Europe, l’État grec s’endette pour renflouer ses banques et éviter la contagion aux banques européennes. Le gouvernement grec fait passer cette crise bancaire pour une crise des finances publiques. Les statistiques du déficit ont été falsifiées pour appuyer ce discours, si bien que d’un coup de baguette magique la dette grecque a gonflé de 28 milliards d’euros |3|. Forcément, face à cette situation les marchés financiers s’emballent et les taux d’intérêt de la Grèce atteignent des niveaux record. La Grèce ne peut plus emprunter sur les marchés financiers : elle sollicite un « plan de sauvetage ».

En mai 2010, un premier « bail-out program » est conclu entre la Grèce et la Troïka. Il consiste en un prêt de 110 milliards d’euros, dont 30 milliards du FMI et 80 milliards des pays européens sous forme de prêts bilatéraux |4|. En février 2012, un deuxième accord est conclu. Il consiste en un prêt de 130 milliards.

Bien loin de sauver la Grèce, l’argent de ces deux accords de prêts a avant tout permis de sauver les banques privées européennes, y compris grecques. Et cela via plusieurs mécanismes.


1° S’assurer que la Grèce rembourse ses dettes détenues par les banques françaises et allemandes.

Faire un nouveau prêt à la Grèce pour qu’elle rembourse ses dettes, voilà la logique du premier accord de prêt. Mais à qui la Grèce devait cet argent ? Aux banques européennes, particulièrement françaises et allemandes. En effet, en 2009, 89 % de la dette publique grecque étaient entre les mains de banques privées européennes et les banques françaises et allemandes en détenaient à elles seules 57 % |5|.

Vous allez me dire : pourquoi les banques privées possédaient-elles des titres de l’État grec alors qu’elles ont avant tout prêté aux banques, voire aux particuliers grecs ?! Même si la crise grecque est en réalité une crise de dettes privées, il n’en reste pas moins qu’en 2010 l’État Grec était fortement endetté. Un endettement qui résulte de plusieurs facteurs (taux d’intérêts élevés, dépenses militaires exorbitantes, exonérations fiscales, sortie illicite de capitaux, sauvetages bancaires… |6|). Et pour rappel, un État de la zone euro n’a pas d’autres choix que de se financer sur les marchés financiers, donc auprès de banques privées |7|. Avant l’intervention de la Troïka, la Grèce était donc endettée auprès de banque privées européennes, y compris des banques grecques.

Mais pourquoi les banques européennes achetaient tant de la dette grecque ?
D’une part, parce qu’avec la déréglementation financière, investir dans la dette publique est considéré comme une prise de risque zéro et donc permet aux banques de prêter sans compter et sans prendre de risque… du moins en apparence. De cette façon les banques maintiennent de « bonnes notes » auprès des agences de notation |8|.

D’autre part, parce que dans les années 2000, prêter à la Grèce ça rapporte quand même plus que prêter à la France ou à l’Allemagne. Bref, la dette grecque, c’était sûr, tu soignais ton image et tu te faisais du pognon.

L’argent des prêts de la Troïka a donc permis à ces banques d’être remboursées et de se désengager du risque que représentaient les titres grecs. Risque qu’elles ont elles même créé.


2° Éviter que les banques grecques ne s’effondrent, entraînant avec elles les banques européennes.

En plus d’avoir servi à rembourser les banques européennes qui détenaient la dette publique grecque, l’argent des prêts de la Troïka a également permis de recapitaliser les banques grecques afin d’éviter qu’elles ne s’effondrent. Sauver les banques grecques permettait de sauver les banques européennes car elles possédaient des filiales de ses banques, avaient des parts dans leur capital et surtout leur avaient prêté beaucoup d’argent ! Et la crainte de l’effet domino ne s’arrêtait pas là, puisque les banques américaines étaient également très exposées vis-à-vis des banques européennes. Bref, il fallait sauver les banques grecques pour sauver le système bancaire.

Outre la mise en œuvre de mesures d’austérité et la restructuration des obligations détenues par les créanciers privés, le deuxième mémorandum était clairement conditionné à la recapitalisation des banques grecques à hauteur de 48 milliards d’euros |9|.


3° Laisser du temps aux banques privées pour réduire leur exposition à la Grèce

C’est l’histoire d’une bombe qui va exploser. L’enjeu c’est que, lorsque ça arrive, ce ne soit pas vous qui l’ayez entre les mains… ou si c’est le cas, que vous fassiez tout pour repousser le moment fatidique et vous en débarrasser ! C’est peu ou prou ce qui s’est passé dans le cas grec.
Les banques privées européennes étaient très exposées à la Grèce autant dans son secteur public (45%), bancaire (16%) et privé (39%) |10|.

En 2010, prêter de l’argent à la Grèce sans restructurer sa dette permettait d’éviter aux banques européennes que la bombe n’explose et d’assumer les pertes d’un défaut ou d’un allègement. Et peu importe si le FMI savait déjà que ce prêt serait non seulement inefficace mais également jamais remboursé |11| ! La restructuration de la dette publique fut finalement imposée en 2012 comme une des exigences du second accord de prêt, précisément par les mêmes institutions qui la refusaient deux ans plus tôt.

Entre 2010 et 2012, les banques européennes (y compris les banques grecques) vont donc s’empresser de revendre leurs titres souverains grecs ainsi que les filiales ou les actions des banques grecques qu’elles avaient pu acquérir dans les années 2000.

Mais les États et les institutions de l’Union européenne vont faire bien plus que de laisser du temps aux banques pour se débarrasser entre autres de leurs titres grecs : ils vont également les y aider en les rachetant ! Dès mai 2010, la Banque centrale européenne (partie prenante des memoranda) ainsi que les banques centrales nationales rachètent des titres souverains grecs via les programmes respectifs SMP (Securities Market Programs) et l’ANFA (The Agreement on Net Financial Assets). Cerise sur le gâteau, les banques privées vont en obtenir un prix bien plus élevé que leurs valeurs sur le marché obligataire |12|. En effet, en rachetant massivement la dette publique grecque, la BCE et les banques centrales nationales en ont fait augmenter le prix et ont donc permis aux banques de réduire leurs pertes au moment de la revente.

Et pour la petite histoire drôle : afin de faire pencher la balance en faveur d’un prêt sans restructuration, les directeurs exécutifs hollandais, français et allemand ont transmis au conseil du FMI, en mai 2010, « l’engagement de leurs banques commerciales à soutenir la Grèce et à y maintenir sans restrictions leurs expositions |13| ». Autrement dit, les banques européennes promettaient de ne pas revendre les titres de la dette grecque qu’elles détenaient. Croix de bois, croix de fer, si je mens… En 2012, la restructuration de la dette publique grecque a enfin lieu. Les créanciers privés voient la valeur de leurs titres réduite de 53,50 %. Les banques grecques et étrangères qui ne s’étaient pas encore délestées des titres grecs ont été indemnisées pour amortir leurs pertes, contrairement aux fonds de pensions et aux particuliers Grecs, qui avaient placé leurs économies dans la dette de l’État.


Opération « sauvetage des banques privées » réussie !

Au total, l’argent des deux premiers plans de « sauvetage » de la Grèce est allé à 46 % au remboursement de la dette publique (sans compter le paiement des intérêts) et à 20 % à la recapitalisation des banques grecques, auxquels s’ajoutent 14 % correspondant aux coûts liés à la restructuration de 2012 |14|.

Comble de l’affaire, l’argent des « plan de sauvetage de la Grèce » est directement allé dans la poche des banques. On aurait pu croire que cet argent avait été versé à la Grèce et puis que via les remboursements de la dette et les recapitalisations, il était reparti aussitôt. Mais non. En réalité, 90 % de cet argent n’est même pas passé par les comptes de l’État grec et aurait été transféré sur un compte spécifique à la BCE, qui l’aurait versé aux créanciers |15|.

Le soi-disant sauvetage de la Grèce reste en réalité la plus importante transformation d’une dette privée (celle des banques) en une dette publique. Alors qu’en 2010, la quasi-totalité de la dette publique grecque était détenue par les banques privées, elles sont parvenues à refiler la patate chaude aux pouvoirs publics. Aujourd’hui, les institutions publiques (FMI, BCE, FESF) et les États européens détiennent 80 % de la dette grecque.

L’artillerie lourde a donc été sortie non pas pour sauver la Grèce, mais les banques privées européennes, grecques y compris. D’ailleurs à y regarder de plus près, les nouveaux créanciers de la Grèce ne s’en cachent pas tellement… Le FMI est on ne peut plus clair à ce sujet, puisque en 2013 un de ces rapports admet que « repousser la restructuration de la dette offre une fenêtre aux créanciers privés pour réduire leur exposition et transférer leurs créances au secteur public » |16|.

Le truc, c’est que tout cet argent demeure des prêts, qui impliquent donc des remboursements… et des intérêts. Des prêts qui, en outre, sont conditionnés à la mise en place de toute une série de mesures anti-sociales censées (car ça ne marche pas du tout !) permettre leur remboursement.

Avec les deux memoranda, la Grèce s’est endettée pour 40 ans. Ne serait-ce qu’en 2016, elle devra payer 20 milliards d’euros. Et qui rembourse cette dette ? Le peuple grec en rognant sur les salaires, les pensions, les dépenses de santé, d’éducation, de culture, de logement, les indemnités chômage mais aussi en vendant les aéroports, les ports, les plages, les îles, les bâtiments publics…

Alors, qui se fout de la gueule de qui ?



Illustrations de Pierre Gottiniaux

 

Notes

|1| Il s’agit en réalité de peu de banques : BNP, Société Générale et Crédit Agricole pour la France ; Commerzbank, Baden Bank, Postbank et DZ Bank pour l’Allemagne. Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, La vérité sur la dette grecque, Les Liens qui libèrent, 2015, p. 50

|2| Ibid., p. 47

|3| Ibid., p. 59

|4| La Belgique a prêté 1, 942 milliards d’euros à la Grèce en 2010 sous forme de prêt bilatéral.

|5| Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, op.cit., p. 62

|6| Pour creuser la question des causes de l’endettement public grec : http://cadtm.org/Quelques-verites-s...

|7| Le traité de Maastricht interdit à la Banque centrale européenne de prêter aux États. Ainsi, la Banque centrale européenne prête aux banques, qui re-prêtent ensuite aux États… à un taux plus élevé.

|8| C’est ce qu’on appelle dans le jargon « la pondération des risques ». Pour en savoir plus sur ce que c’est et ce que concrètement ça entraîne comme pratiques bancaires, voir : http://cadtm.org/Les-banques-bluffe...

|9| Le troisième mémorandum, conclu en juillet 2015, prévoit à nouveau une enveloppe de 25 milliards pour la recapitalisation des banques grecques. 13 milliards ont déjà été injectés dans les banques grecques en décembre dernier.

|10| Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, op.cit., p. 48-49

|11| Ibid., page 77

|12| Le marché obligataire, c’est tout simplement le lieu (virtuel, of course) où se vendent et s’échangent les obligations. Une obligation, c’est un emprunt émis par une entreprise ou un pouvoir public.

|13| Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, op.cit., p. 87

|14| Ces chiffres sont tirés du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, op.cit., p. 70. D’autres études, mettent en avant d’autres chiffres. C’est le cas de Pablo Bortz qui démontre que « Un décompte réaliste montre que 54% de l’aide financière fournie à la Grèce a été utilisé pour rembourser la dette (étrangère), et 21% pour recapitaliser les banques grecques (dont certaines détenues par des banques étrangères) ». Ou encore une très récente étude allemande de l’école européenne de management et technologie, qui conclut que 95% de l’argent du soi-disant sauvetage grec a servi à rembourser la dette et à recapitaliser les banques (https://www.esmt.org/where-did-gree...). Malgré des chiffres qui peuvent différer d’une étude à l’autre, les ordres de grandeur restent les mêmes et les conclusions à en tirer aussi : l’écrasante majorité de l’argent des prêts de la Troïka est allé au secteur bancaire et une infime partie a servi à financer les dépenses publiques de la Grèce.
Voir, Miche HUSSON, « Où est allé l’argent des prêts à la Grèce ? », CADTM, 9 mai 2016 : http://cadtm.org/Ou-est-alle-l-arge...

|15| Ibid., p. 91

|16| Ibid., p. 82

Auteur.e
 

Anouk Renaud

Permanente au CADTM Belgique

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 16:05

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

2015, année meurtrière pour les défenseurs de l’environnement

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 

Marina Alves de Araujo, la veuve de Raimundo Chagas, assassiné en 2010 en raison d’un conflit forestier dans l’Amazonie brésilienne.

Pour les militants écologistes et les peuples indigènes en lutte contre l’accaparement et la destruction de leurs terres, de leurs forêts ou de leurs cours d’eau, 2015 a été une année noire. C’est ce que fait apparaître le rapport « On Dangerous Ground » (en terrain dangereux) publié, lundi 20 juin, par l’ONG Global Witness. Celle-ci est spécialisée dans la dénonciation des conflits, de la corruption et des violations des droits de l’homme associés à l’exploitation des ressources naturelles.

 

A l’échelle de la planète, le rapport ne recense pas moins de 185 assassinats liés à des enjeux environnementaux – soit un mort tous les deux jours –, perpétrés dans 16 pays. Un chiffre en hausse de 59 % par rapport à 2014, et encore jamais atteint depuis que l’ONG effectue cette recension macabre, débutée en 2002. Le bilan réel est « sans aucun doute plus élevé », souligne Global Witness, la collecte des informations étant très difficile.

 

« Pour chaque assassinat que nous avons été en mesure de documenter, d’autres n’ont pu être vérifiés, ou n’ont pas été signalés, écrit-elle. Et pour chaque vie perdue, bien d’autres sont brisées par l’omniprésence de la violence, des menaces et de la discrimination. »
 

 

Evolution des assassinats liés à des enjeux environnementaux, entre 2010 et 2015.

 

L’an passé, les défenseurs de l’environnement ont payé le tribut le plus lourd au Brésil (50 morts), aux Philippines (33) et en Colombie (26). Ils ont été tués dans des conflits associés majoritairement à l’extraction minière, mais aussi à des activités agro-industrielles, forestières, hydroélectriques ou de braconnage. Quant aux auteurs de ces assassinats, le rapport indique que des groupes paramilitaires sont « soupçonnés » d’implication dans 16 cas, l’armée dans 13, la police dans 11, et des services de sécurité privés dans 11 autres.

 

 

Nombre d’assassinats liés à des enjeux environnementaux, par pays entre 2010 et 2015.

 

« Alors que la demande de produits comme les minerais, le bois et l’huile de palme se poursuit, des gouvernements, des entreprises et des bandes criminelles s’emparent des terres au mépris des populations qui y vivent », dénonce Billy Kyte, chargé de campagne à Global Witness. Or, note le rapport, « peu d’éléments indiquent que les autorités ont pleinement enquêté sur les crimes, ou pris des mesures pour que leurs responsables rendent des comptes ».

 

Le Brésil, les Philippines et la Colombie particulièrement frappés

Terres ancestrales

Face à cette criminalité quasi organisée, les populations indigènes sont les plus vulnérables. « Du fait de l’insuffisance de leurs droits fonciers et de leur isolement géographique, elles sont particulièrement exposées à l’accaparement de leurs terres pour l’exploitation des ressources naturelles », pointe l’ONG. Près de 40 % des victimes dénombrées en 2015 appartenaient ainsi à des communautés indigènes. « Celles-ci sont de plus en plus menacées par l’expansion territoriale des entreprises minières ou forestières », constate Billy Kyte.

 

Les Etats amazoniens du Brésil, en particulier, ont connu « des niveaux de violence sans précédent ».

 

« Des fermes, des plantations agricoles ou des gangs d’exploitants forestiers illégaux empiètent sur les terres des communautés, décrit le rapport. La forêt tropicale a fait place à des milliers de campements illégaux, tandis que la frontière agricole est repoussée jusque dans des réserves indigènes auparavant intactes. »
 

La pression est très forte : 80 % du bois en provenance du Brésil serait exploité illégalement, et ces grumes représenteraient le quart des coupes illégales alimentant les marchés mondiaux, à destination notamment des Etats-Unis, de l’Europe et de la Chine.

 

Lire aussi :   Nouvelle alerte sur l’état de santé de l’Amazonie

 

La fin brutale de certains défenseurs de l’environnement a été rapportée dans les médias. Ainsi, en septembre 2015, sur l’île de Mindanao (sud des Philippines), la jeune militante Michelle Campos a assisté à l’assassinat par un groupe paramilitaire, sous les yeux de l’armée régulière, de son père et de son grand-père – des chefs de la communauté autochtone –, ainsi que d’un directeur d’école. Ils refusaient leur expropriation par des compagnies minières convoitant le charbon, le nickel et l’or du sous-sol. Quelque 3 000 indigènes ont dû fuir leurs villages, où 25 meurtres ont été signalés sur la seule année écoulée. Mais beaucoup de personnes mortes pour leur terre restent anonymes.

 

Lire aussi :   Le meurtre d’une écologiste au Honduras suscite l’indignation internationale

 

Militants criminalisés

Selon les données recueillies par Global Witness, l’Afrique demeure relativement épargnée par ces exactions, à l’exception de la République démocratique du Congo, où onze rangers de parcs nationaux ont été tués. Un constat « d’autant plus surprenant que beaucoup de pays africains sont en proie à de fortes violences, et que les conflits paraissent souvent liés à la terre et aux ressources naturelles », observe l’ONG. L’explication pourrait être un déficit de remontée d’informations en provenance de zones rurales isolées, où les organisations humanitaires sont peu représentées.

Pour autant, le rapport souligne une « hausse du nombre de cas de criminalisation de militants à travers l’Afrique » : arrestation au Cameroun du directeur d’une ONG luttant contre des plantations d’huile de palme ; menaces en République démocratique du Congo contre le coordinateur d’une ONG agissant pour la protection des forêts communautaires ; emprisonnement à Madagascar d’un militant écologiste qui dénonçait un trafic de bois de rose ; condamnation en Sierra Leone du porte-parole d’une association de propriétaires terriens affectés par l’emprise des palmiers à huile…

 

Lire aussi :   Bolabola, le bois qui saigne

 

La situation sur le continent africain n’est pas la seule à être mal documentée. « Les informations font défaut pour des pays comme la Chine ou la Russie, où ONG et médias sont entravés », explique Billy Kyte.

 

A ses yeux, « les agressions dont sont victimes les défenseurs de l’environnement sont le symptôme d’une répression plus large qui frappe les acteurs de la société civile, dans des pays où les intérêts des gouvernements et des compagnies privées entrent en collusion ».
 

Comment protéger les militants de la cause environnementale ? « Les gouvernements et les entreprises doivent mettre fin aux projets qui bafouent les droits des communautés à jouir de leurs terres, afin d’enrayer la spirale de la violence », plaide Global Witness. Ajoutant : « Les assassinats toujours impunis dans les villages miniers reculés, ou en plein cœur des forêts tropicales, sont alimentés par les choix que font les consommateurs à l’autre bout de la planète. »

 

 

 Pierre Le Hir
Journaliste au Monde

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 14:39

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Loi travail

Temps de travail, salaires, licenciements, dumping social, santé : tout ce que la loi va changer pour les salariés

par

 

 

 

Le projet de loi travail a été largement amendé, entend-on, et ne changerait presque rien au quotidien des salariés. Vrai ou faux ? Si certaines dispositions ont été retirées, la loi remet toujours en cause les 35 heures, risque de généraliser les baisses de salaires, facilite les licenciements, complique les recours des salariés qui les jugeraient abusifs, tout en instaurant de fait un dumping social malsain entre entreprises d’un même secteur. Alors que le texte passe devant le Sénat, où la majorité de droite le durcit, Basta ! fait le point.

Après trois mois de contestation, de manifestations, de grèves et de blocages, le texte de la loi travail est arrivé au Sénat le 1er juin. Il y sera discuté jusqu’au 24, avant de revenir à l’Assemblée nationale. Que prévoit le texte dans son état actuel [1] ? A-t-il vraiment été « largement réécrit » comme l’assure la CFDT, qui soutient son adoption, et comme l’avance le gouvernement ? Que changerait cette loi dans la vie des travailleurs si elle entrait en vigueur en l’état ?

C’est le point central de cette nouvelle loi travail. Aujourd’hui, en matière de droit du travail, les dispositions du Code du travail servent de socle commun. Ensuite, les accords conclus au sein d’une entreprise puis au sein d’une branche – qui regroupe les entreprises d’un même secteur d’activité – ne peuvent pas être moins favorables aux salariés. C’est ce qu’on appelle la hiérarchie des normes. Et c’est ce verrou là que la loi travail fait sauter dans son article 2. Or, là-dessus, rien, ou presque, n’a bougé depuis l’avant-projet de loi.

Des heures sup’ moins payées : soumis à un accord d’entreprise

« Ce n’est pas l’accord d’entreprise en lui-même qui pose problème. C’est l’accord d’entreprise qui de fait remplace la loi de manière régressive », explique Fabrice Angei, du Bureau confédéral de la CGT. Et c’est bien dans ce sens-là que va le texte. « L’exemple le plus simple, ce sont les heures supplémentaires », souligne Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière. « Aujourd’hui, seul un accord de branche peut prévoir une rémunération des heures sup’ à moins de 25 % de majoration. Une seule branche a négocié cela, celle des centres de loisir. Mais avec cette loi, demain, la branche sauterait. On pourrait négocier une rémunération moindre des heures sup’ au niveau de chaque entreprise. » À la place des 25 % de majoration obligatoire pour les huit premières heures supplémentaires, puis de 50 % au-delà, la direction d’une entreprise pourra désormais fixer, suite à un accord, un taux à seulement 10 %.

Forfait-jours : soumis à un accord d’entreprise

Avec des heures supplémentaires qui pourront être majorées de seulement 10 % sur simple accord d’entreprise, dépasser les 35 heures coûterait moins cher à l’employeur. Deux autres mesures du texte remettent en cause la loi Aubry. Le projet initial étendait le dispositif des « forfaits-jours », qui calcule le temps de travail non pas en heures mais en jours travaillés. Ce système avait été mis en place avec les 35 heures pour permettre aux cadres en particulier de les contourner [2]. C’est déjà une exception française en Europe. Avec la loi travail, le forfait-jours pourrait concerner davantage de salariés. Sur ce point, le texte a été modifié : la décision d’étendre le calcul du temps de travail en forfait-jours ne pourra être prise de manière unilatérale par l’employeur mais devra faire l’objet d’un accord des représentants syndicaux.

Travailler 12 h par jour, 46 h par semaine : toujours possible

La loi travail donne aussi la possibilité aux accords d’entreprises d’augmenter la durée maximum de travail par semaine à 46 heures, au lieu des 44 heures actuellement. Il sera aussi possible de passer de 10 heures de travail quotidien – la règle aujourd’hui – à 12 heures maximum. « Le principe de faire primer les accords d’entreprises sur les conventions collectives et le Code du travail est pour l’instant limité aux questions de temps de travail et d’heures supplémentaires. Mais l’idée de cette loi, c’est que ça s’applique ensuite partout, sur tous les domaines », précise Jean-Claude Mailly.

Moduler les 35 heures : soumis à un accord de branche

Depuis la mise en place des 35 heures, les entreprises peuvent, par accord, moduler le temps de travail d’une semaine sur l’autre, pour éviter de payer des heures supplémentaires. Actuellement, sans accord de branche ou d’entreprise, la modulation se fait au maximum sur quatre semaines. Avec accord, sur un an. La loi travail prévoit qu’avec un accord collectif, la modulation pourra aller jusqu’à… trois ans. La nouvelle version renvoie la négociation sur cette question au niveau de la branche.

 

 

Cette question révèle un des enjeux centraux de cette loi : s’attaquer au temps de travail légal des salariés. « Dans les faits, les 35 heures sont déjà mises à mal de toutes parts. Mais cette loi, aussi bien avec l’extension des forfaits-jours que sur la question des congés et des horaires décalés, va encore déréguler le temps de travail, souligne Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Ces mesures vont dégrader les conditions de travail des salariés, et aussi empêcher les chômeurs de travailler en augmentant le temps de travail au lieu de le réduire. Ce qu’il faudrait pourtant faire pour lutter contre le chômage. »

Concurrence malsaine entre PME : toujours possible

« La loi et les accords de branche, c’est la garantie de protection collective et de l’égalité des salariés. Les remettre en cause, c’est encore renforcer la concurrence entre les entreprises, en particulier dans des branches particulièrement concurrentielles comme le commerce, le BTP, les transports… et tout spécialement chez les sous-traitants, qui sont souvent de très petites entreprises », analyse Eric Beynel. Risque d’effets pervers : le dumping social entre entreprises françaises d’un même secteur.

« Déjà, beaucoup de PME nous disent que leurs donneurs d’ordre leur demandent de baisser leur prix quand elles ont reçu des Crédits d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Aujourd’hui, dans la chimie ou la métallurgie, l’accord de branche précise que les heures sup’ doivent être payées à 25 % de majoration. Mais si on peut faire baisser la rémunération des heures sup’ à 10 % par simple accord d’entreprise, les donneurs d’ordre vont faire pression sur les sous-traitants pour l’exiger et faire ainsi baisser leurs coûts. Ce sera pareil pour le temps de travail », craint Jean-Claude Mailly.

Licenciement pour cause réelle et sérieuse : toujours facilitée

De nouveaux types d’accords d’entreprise, dits de « préservation et de développement de l’emploi » (article 11), permettraient de modifier les rémunérations et le temps de travail. Aujourd’hui, ce type d’accord n’est possible qu’en cas de difficultés économiques de l’entreprise. Ce ne sera plus le cas si la loi travail est adoptée en l’état. Le texte fait sauter cette protection. Si le salarié refuse, il serait licencié, « pour cause réelle et sérieuse ». Cela rendra beaucoup plus compliqué une éventuelle contestation aux prud’hommes si le salarié estime son licenciement abusif ou injustifié.

Licenciement économique : toujours facilité

En plus d’autoriser le licenciement « pour cause réelle et sérieuse » des salariés qui refuseraient de se soumettre aux nouvelles conditions de travail imposées par accord d’entreprise, le projet de loi facilite les licenciements dits économiques. Aujourd’hui, un plan de licenciement économique n’est valable qu’en cas de fermeture d’entreprise, de réorganisation, de mutations technologiques ou de difficultés économiques. Avec la nouvelle loi (article 30), une simple baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant quelques mois suffira à justifier des licenciements économiques. « Avec ce texte, on déconnecte le licenciement économique d’une réelle difficulté économique qui mettrait en jeu la viabilité de l’entreprise. Ce sont les salariés qui ont le moins de protection, ceux des plus petites entreprises, qui vont être le plus soumis à la précarisation. », analyse Fabrice Angei, de la CGT. Pour les très petites entreprises, un seul trimestre de baisse des commandes suffira à justifier les licenciements.

Indemnités plafonnées : supprimées

Les licenciements seront aussi facilités en cas de transferts d’entreprise (article 41). Plus besoin de faire pression sur les salariés comme à Free quand le groupe de téléphonie a racheté Alice. Dans le cas d’un licenciement économique déclaré nul aux Prud’hommes, les indemnités versées au salariés baisseraient : 6 mois de salaires minimums pour les salariés avec au moins deux ans d’ancienneté, au lieu de 12 mois aujourd’hui. Un licenciement abusif coûtera donc deux fois moins cher à l’employeur ! Dans la deuxième version du texte, les montants plancher de dommages et intérêts en cas de licenciement non justifié ont été supprimés [3].

 

Accord d’entreprise validé contre les syndicats majoritaires : toujours possible

Aujourd’hui, un accord d’entreprise n’est valable que s’il est signé par un ou plusieurs syndicats représentant au moins 30 % des votes exprimés aux élections. Cet accord peut cependant être refusé par les autres organisations syndicales si celles-ci pèsent au moins 50 % des votes aux élections professionnelles. Exemple ? La direction de la Fnac avait proposé un accord sur l’extension du travail le dimanche et en soirée. La CFTC, la CFDT et la CGC (cadres), syndicats minoritaires, l’avaient signé. La CGT, SUD et FO, majoritaires, ont pu le faire invalider en janvier. Un mois plus tard, le projet de loi travail était prêt. Ce contre-pouvoir des syndicats majoritaires ne sera plus possible.

Le projet de loi modifie ces conditions (article 10 dans la nouvelle version). Si les syndicats majoritaires s’opposent à un accord d’entreprise, les syndicats minoritaires et l’employeur pourront organiser une « consultation » – ce terme a remplacé celui de « référendum d’entreprise » – directe des salariés pour faire valider un accord minoritaire. Vive la démocratie directe pourrait-on croire... La seule chose qui a changé sur ce point dans la deuxième version du projet : ces consultations ne pourront valider pour l’instant que des accords concernant les questions d’organisation du temps de travail. Mais l’idée est bien d’élargir par la suite.

Un progrès pour la démocratie sociale ? Faux

Le projet de loi parle du « renforcement » de la légitimité des accords collectifs…Mais s’agit-il vraiment d’un progrès de la démocratie sociale ? Le syndicat des avocats de France n’est pas de cet avis. « Le projet de loi est politiquement incohérent puisque, alors qu’il prétend renforcer le dialogue social, les salariés sont instrumentalisés pour affaiblir les syndicats dont ils ont pourtant eux-mêmes déterminé la représentativité aux dernières élections. Les salariés sont donc utilisés pour désavouer les syndicats majoritaires qu’ils ont élus », résume le syndicat des avocats [4]. « Le gouvernement met en avant la question de la démocratie sociale. Mais les référendums de ce type, en général, se font sur des régressions sociales, comme chez Smart, où une consultation de ce genre a été organisée sous la menace de perte d’emploi », déplore Éric Beynel.

Dans l’usine Smart de Moselle, la direction a organisé à l’automne une consultation des salariés pour augmenter le temps de travail. Les cadres l’approuvent en majorité mais pas les ouvriers. Au total, le oui l’emporte. Mais la CGT et la CFDT, majoritaires à elles deux, refusent l’accord. Menaçant de fermer le site, la direction fait cependant signer des avenants à leur contrat de travail à la quasi-totalité des 800 salariés du site. Ces avenants prévoient une augmentation du temps de travail et une baisse de salaire. Avec la loi travail, le référendum voté par les cadres auraient eu valeur d’accord d’entreprise tel quel, sans possibilité pour les syndicats majoritaires de s’y opposer. « Plus les négociations se font au plus près des entreprises, plus elles sont soumises au chantage des employeurs. Voilà la réalité qui remonte du terrain aujourd’hui », rapporte Fabrice Angei. « Le référendum tel qu’il est prévu dans le projet de loi est là pour faire valider des accords minoritaires. Cela signifie bien que le gouvernement souhaite faire passer des régressions. »

Médecine du travail : la santé des salariés sacrifiée sur l’autel de la sélection ?

L’article 44 du projet de loi s’appelle « moderniser la médecine du travail ». Selon Alain Carré, médecin du travail et vice-président de l’association Santé et médecin au travail, il s’agit en fait bien plutôt « d’affaiblir la médecine du travail et de la transformer en médecine de sélection de la main d’œuvre ». La loi prévoit de supprimer l’obligation de visite d’embauche par un médecin. Un infirmer pourrait la faire. « Or, c’est essentiel pour un médecin de faire des consultations. En faisant faire les visites par un tiers, on empêche le médecin d’exercer son activité clinique », souligne Alain Carré.

Surtout, la réforme envisagée dans cette loi transformerait le rôle même de la médecine du travail. « L’examen médical d’aptitude permet de s’assurer de la compatibilité de l’état de santé du travailleur avec le poste auquel il est affecté, afin de prévenir tout risque grave d’atteinte à sa santé ou sa sécurité ou à celles de ses collègues ou des tiers évoluant dans l’environnement immédiat de travail », édicte le point 65 de l’article 44 du texte. « Normalement, la mission du médecin du travail, c’est d’aménager les postes afin que tout salarié puisse travailler. Avec cette réforme, vous devez au contraire décider si le salarié est apte ou inapte, explique Alain Carré. C’est intenable. Par exemple, aujourd’hui, pour un salarié qui subit une maltraitance au travail de la part de son employeur, vous allez, en tant que médecin du travail, intervenir pour que quelque chose change dans les tâches qu’on lui confie, dans la manière dont on lui parle. C’est le poste qu’on modifie. Mais avec cette loi, dire “le salarié est en danger”, c’est le déclarer inapte, et l’employeur peut le licencier pour motif personnel. ». D’une médecine destinée à protéger la santé des salariés, la loi travail veut faire une médecine de sélection de la main d’œuvre, dénonce Alain Carré.

« Cette loi va faciliter les licenciements de salariés qui ont des problèmes de santé. C’est ce que demande le Medef depuis longtemps, analyse Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST). Et si les médecins du travail empêchent les salariés de travailler, ceux-ci vont tout simplement taire leurs problèmes de santé. La nouvelle loi prévoit par exemple que pour certains postes à risque, la visite d’embauche se fasse en fait avant l’embauche. Cette visite sera donc susceptible d’écarter quelqu’un d’un poste. En conséquence, le salarié va évidemment cacher ses antécédents, taire le fait qu’il prend des médicaments, etc. » Les médecins du travail se retrouveraient dans la position de décider si quelqu’un sera embauché ou pas, sera licencié, ou pas. « On va avoir des atteintes à la santé des travailleurs et on construit en plus l’invisibilité de ces atteintes », déplore Alain Carré.

Le médecin du travail attire l’attention sur une autre mesure dangereuse à ses yeux prévue dans la loi travail, qui a même été ajoutée dans la deuxième version : « Il y a un passage de l’article 44 tout à fait stratégique, qui dit que pour contester l’avis du médecin du travail, le salarié devra aller aux Prud’hommes. Aujourd’hui, si le médecin prend une décision qui ne convient pas au salarié, celui-ci saisit l’inspection du travail, qui saisit le médecin inspecteur. Faire passer la contestation de l’avis du médecin du travail du côté du conflit privé, cela signifie que l’État se démet de cette garantie de la santé au travail. » « Cette mesure est un non-sens », s’indigne aussi Jean-Michel Sterdyniak. Qui ne baisse pas les bras devant cette nouvelle attaque contre la médecine du travail, déjà mise à mal par les lois Macron et Rebsamen. « Nous allons trouver des façons de résister à ce système s’il est mis en place. »

Les mobilisations des syndicats et du mouvement social ont déjà abouti à quelques modifications significatives du projet de la loi entre sa première et sa deuxième version, même sil elles sont peu nombreuses. Le premier texte prévoyait que les apprentis de moins de 18 ans pourraient travailler jusqu’à 10 heures par jour. Cette mesure a été retirée. De même que l’augmentation prévue de la durée maximum de travail de nuit. Par ailleurs, le congé minimum en cas de décès d’un proche restera garanti par la loi.

 

Au Sénat, suppression des 35 heures et travail de nuit des mineurs

Mais même là-dessus, rien n’est sûr. Les premiers amendements votés la semaine par le Sénat, en majorité de droite, reviennent sur plusieurs points de la loi à la première version du texte. Les sénateurs ont par exemple réintroduit le barème des indemnités prud’homales en cas de licenciement injustifié. Ils sont même allés plus loin que le premier projet dans la déréglementation du temps de travail.

La commission des affaires sociales du Sénat a ainsi voté un amendement pour faciliter le travail de nuit des apprentis mineurs. Elle a aussi supprimé la durée minimum de 24 heures par semaine pour les temps partiel. Surtout, les sénateurs ont tout bonnement fait sauter les 35 heures. « À défaut d’accord, la durée de référence est fixée à 39 heures par semaine », ont voté les sénateurs. Cet amendement scelle-t-il la fin définitive des 35 heures ? Non. Le Sénat va examiner ce texte en séance plénière à partir du 13 juin. Mais ensuite, le projet reviendra à l’Assemblée nationale, en juillet. Et là, tout peut encore changer.

« Après le passage au Sénat, le jeu du gouvernement, ce sera de montrer que si ce n’est pas lui, ce sera pire. C’est un jeu de dupe », analyse Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. « Nous, nous concentrons nos forces sur la manifestation du 14 juin et sur la votation citoyenne », organisée par l’intersyndicale opposée à la loi travail.

Rachel Knaebel

Photo : Eros Sana

Notes

[1Voir le texte déposé au Sénat ici.

[2En 2014, plus de 13 % des salariés des entreprises de dix salariés ou plus du secteur privé non agricole travaillent en forfait-jours, selon la Dares. Voir “Les salariés au forfait annuel en jour, DARES Analyses, juillet 2015, n°048”, ici.

[3Mais un barème indicatif pour les affaires traitées en conciliation avait déjà été instauré par décret en 2013. Le gouvernement a annoncé qu’il allait modifier ce barème par décret et l’appliquer aussi à la phase de jugement.

[4Dans une analyse du 25 avril.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 14:03

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

Aéroport de Toulouse: Macron rattrapé par son mensonge
16 juin 2016 | Par Laurent Mauduit
 
 
 

Les investisseurs chinois qui gèrent depuis un an l'aéroport de Toulouse-Blagnac veulent siphonner la trésorerie de l'entreprise pour se servir un dividende exceptionnel. Emmanuel Macron, qui avait juré qu'il ne s'agissait pas d'une privatisation, se retrouve piégé par son mensonge.

La cascade de scandales auxquels avait donné lieu voici un an la privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac au profit d’investisseurs chinois risque de bientôt connaître un nouvel épisode. Car, au mépris des engagements qu’ils avaient pris, les nouveaux actionnaires veulent siphonner les réserves financières de la société pour se servir un important dividende. Mais ce ne sera possible que si l’État, à l’occasion d’une assemblée générale des actionnaires convoquée pour le 28 juin prochain, y consent.

 

 

Voici donc le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, piégé par le retentissant mensonge qu’il avait commis lors de la privatisation. À l’époque, il avait en effet promis publiquement que la société resterait contrôlée par ses actionnaires publics, la société chinoise restant minoritaire. Mais avec ces investisseurs chinois, l’État avait au même moment conclu un pacte d’actionnaires secret, aux termes duquel il lui donnait l’assurance qu’il voterait à ses côtés toutes les résolutions qu’il présenterait. L’affaire du dividende qui survient un an plus tard prend donc valeur de test : on apprendra le 28 juin si Emmanuel Macron a menti à ses concitoyens ou aux investisseurs chinois. L’affaire risque donc d’avoir un grand retentissement, d’autant que le ministre de l’économie rêve depuis peu un destin national.

 

Pour comprendre dans quel pétrin s’est mis de sa propre initiative le ministre de l’économie, il faut d’abord se souvenir des conditions stupéfiantes dans lesquelles la privatisation de la Société de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (SATB) a été conduite. À la fin de l’année 2014, Emmanuel Macron a en effet décidé que l’État céderait à la société Casil, contrôlée par des investisseurs chinois, 49,9 % de la SATB. Et, à l’époque, il avait vivement dénoncé ceux qui dénonçaient cette privatisation, en faisant valoir que, précisément, cela… n’en était pas une ! En clair, l’opinion avait été invitée à comprendre qu’avec leur 49,9 % les investisseurs chinois seraient des actionnaires importants mais minoritaires ; et que la société resterait contrôlée en majorité par des actionnaires publics français, soit 25 % pour la chambre de commerce et d’industrie (CCI), 5 % pour la Région Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, 5 % pour le département de la Haute-Garonne, et 5 % pour Toulouse Métropole ; le solde, soit 10,1 % étant détenu par l’État français.

Cette promesse-là, Emmanuel Macron l’avait donc répétée en boucle : « Il ne s’agit pas d’une privatisation. » C’est par exemple ce qu’il avait déclaré à l’occasion dun entretien avec La Dépêche le 4 décembre 2014 : « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’État. […] Nous avons cédé cette participation pour un montant de 308 millions d’euros », avait dit le ministre de l’économie. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron avait même haussé le ton pour clouer le bec encore plus méchamment à ses détracteurs : « Celles et ceux que j'ai pu entendre, qui s'indignent de cette cession minoritaire de la société de gestion de l'aéroport de Toulouse, ont pour profession d'une part d'invectiver le gouvernement et d'autre part d'inquiéter les Français », avait-il déclaré, en marge du congrès de l'Union nationale des professions libérales.

Et même Manuel Valls, invité du « 20 heures » de France 2, s’en était mêlé, jurant ses grands dieux qu’on faisait un mauvais procès au gouvernement en le soupçonnant de vouloir privatiser l’aéroport. L’aéroport de Toulouse, avait-il fait valoir, « va rester majoritairement dans les mains des collectivités territoriales et de l'État […] il faut assumer que nous vivons dans une économie ouverte », a-t-il déclaré. « Nous, nous avons le droit de vendre des Airbus, d'investir en Chine, et les Chinois ne pourraient pas investir chez nous ? Mais dans quel monde sommes-nous ? » s’était insurgé le premier ministre.

Mais, peu après, Mediapart a apporté la preuve qu’Emmanuel Macron avait menti – comme d’ailleurs Manuel Valls. Dans le cadre de notre enquête, nous avons en effet révélé qu’un pacte secret d’actionnaires avait été conclu et qu’il liait l’État non pas aux collectivités publiques régionales et locales, mais aux investisseurs chinois. Pis que cela ! Nous avons publié les principaux extraits de ce pacte d’actionnaires que l’État avait conclu secrètement avec la société Casil (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti  et Aéroport de Toulouse : les preuves du mensonge), qui faisait apparaître des dispositions stupéfiantes.

Ainsi, il était prévu que la SATB serait supervisée par un conseil de surveillance de 15 membres, dont 2 désignés par l’État et 6 désignés par l’investisseur chinois, selon la disposition « 2.1.2 » du pacte. Autrement dit, ces 8 membres du conseil de surveillance, liés par le pacte, devaient garantir aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils voulaient et d’être majoritaires au conseil de surveillance.

Le point « 2.1.3 » du pacte consolidait cette garantie offerte aux investisseurs chinois puisqu’il y était précisé que « l’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membres du conseil de surveillance présentés par l’Acquéreur, de telle sorte que l’Acquéreur dispose de six (6) représentants au Conseil de surveillance ».

Mais il y avait encore plus grave que cela. Au point « 2.2.2 », l’État donnait la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourrait décider strictement ce qu’il voulait et que la puissance publique française ne se mettrait jamais en travers de ses visées ou de ses projets. C’était consigné noir sur blanc – et c’était la clause la plus stupéfiante : « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur dans son Offre et notamment les investissements et budgets conformes avec les lignes directrices de cette Offre. » Bref, les investisseurs chinois avaient carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient.

 

Au début, Casil voulait siphonner 50 millions d'euros

Pour mémoire, voici l’un des extraits du pacte révélé par Mediapart :

 

 

 

 

Il faut relever que, depuis cette révélation par Mediapart, le ministère des finances a continué de garder le secret sur ce pacte et ne l'a jamais rendu public dans sa version intégrale.

Et puis, à ce premier scandale est ensuite venu s’en greffer d’autres. On a ainsi appris, entre autres, que le principal dirigeant du consortium chinois contrôlant la société Casil, un dénommé Mike Poon, était impliqué en Chine dans un retentissant scandale de corruption et qu’il était en fuite (lire L’aéroport de Toulouse barbote toujours dans un climat de scandale). Depuis, ce Mike Poon, auquel Emmanuel Macron avait déroulé le tapis rouge, n’a plus jamais refait surface.

Mais voici qu’un an et demi plus tard les choses se compliquent encore un peu plus pour Emmanuel Macron, car son mensonge va prendre un caractère public. À l’occasion du vote que l’État devra émettre lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires d’ATB, il devra en effet dire de quel côté il penche.

Cette histoire du dividende donne, en fait, lieu à des conciliabules discrets depuis de longues semaines et inquiète les élus locaux, du moins ceux qui sont attachés à la défense de l’intérêt général. Voici quelques semaines, les investisseurs chinois ont en effet fait savoir qu’ils entendaient décider le versement d’un formidable dividende aux actionnaires de la société. Au début, ils ont placé la barre très haut : selon nos informations, aux alentours de 50 millions d’euros de dividendes.

La somme est tellement considérable qu’elle a indigné de nombreux responsables des collectivités qui figurent parmi les actionnaires historiques. Il faut en effet savoir que la société de gestion est profitable depuis longtemps, à hauteur environ de 5 millions d’euros par an, et qu’elle a eu la prudence de distribuer chaque fois seulement la moitié de ces gains à ces actionnaires, et de mettre en réserve l’autre moitié, pour faire face aux investissements futurs. Au fil des ans, cette autre moitié a donc fini par constituer un fonds de réserve considérable de plus de 67 millions d’euros à la fin de l’exercice de 2015.

En exigeant le versement d’un dividende de 50 millions d’euros, les investisseurs chinois ont donc suscité beaucoup d’émoi parmi les collectivités locales concernées. Car cela veut clairement dire que Casil ne tient pas sa parole : après avoir annoncé, lorsqu’elle était candidate pour la privatisation, qu’elle serait non pas un investisseur financier soucieux de profitabilité de court terme mais un investisseur responsable, soucieux des logiques de long terme, la société des investisseurs chinois montre clairement qu’elle veut tout bonnement se “payer sur la bête” et siphonner les réserves de l’entreprise.

Face à la boulimie chinoise, la direction du ministère des finances qui supervise les intérêts de l’État, l’Agence des participations de l’État (APE), est, semble-t-il, intervenue. De ce fait, les Chinois ont diminué un peu leurs prétentions, ne demandant plus que le versement d’un dividende à peine supérieur à 20 millions d’euros. Une somme tout de même considérable, qui a été mise en réserve pour investir à l’avenir, pas pour enrichir des actionnaires mus par la seule logique du profit rapide.

 

Les méthodes financières d'un fonds rapace

À l’approche d’une assemblée générale des actionnaires prévue pour le 1er juin, un projet a été distribué à ces derniers, présentant les différentes résolutions soumises au vote. Et on a alors pu avoir la confirmation de ce projet de dividende.

Voici ce projet de résolutions :

 

SATB: l'ordre du jour de l'AG du 1er juin by Laurent MAUDUIT

 

Dans ce document, on trouve donc la confirmation, dans la douzième résolution, que les réserves de l’entreprise s’élèvent à précisément 67,031 millions d’euros et que le projet est de ponctionner sur cette somme 20 millions d’euros.

Quand ils prennent connaissance du projet quelques jours avant l’assemblée générale, les actionnaires publics régionaux, départementaux et locaux, associés à la chambre de commerce (CCI), comprennent tout de suite que la SATB arrive à un point de rupture de son histoire et que Casil va se comporter comme un fonds rapace, s’ils ne manifestent pas leur refus. Ensemble, la présidente de la Région, Carole Delga, le président du conseil départemental Georges Méric, le président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, et le président de la CCI de Toulouse, Alain Di Crescenzo, décident donc d’une démarche commune. Le 25 mai, ils écrivent à l'ex-ministre Anne-Marie Idrac, que les investisseurs chinois ont portée à la présidence du conseil de surveillance de la société ATB, pour lui signifier leur opposition.

Voici cette lettre :

 

SATB: la lettre à Anne-Marie Idrac by Laurent MAUDUIT

 

 

Dans ce courrier, les quatre signataires font notamment cette mise en garde : « La redistribution d’une partie de la réserve de la SATB, à hauteur de 20 millions d’euros, ne nous paraît pas opportune du point de vue économique. Par ailleurs, cette réserve est le fruit de l’effort de chacun des partenaires publics historiques de la SATB. Sa redistribution, un an après la nouvelle gouvernance mise en place, ne s’inscrit pas dans cette histoire collective. Au vu de ces différents éléments, les représentants de nos institutions se prononceront défavorablement à la proposition de redistribution exceptionnelle d’une partie de la réserve de la SATB. »

 

En marche pour organiser une sulfureuse galipette financière

Il est à noter que l’État, qui contrôle 10,1 % du capital, ne s’associe pas à cette démarche. Car si cela avait été le cas, le camp des opposants au versement des dividendes aurait été majoritaire et le projet aurait aussitôt capoté.

Préoccupés par la tournure des événements, les dirigeants chinois de Casil décident tout de même de changer de tactique. Lors de l’assemblée générale du 1er juin, ils décident de ne pas soumettre au vote la fameuse douzième résolution, et de l’amender légèrement, pour la soumettre à une assemblée générale extraordinaire qui est convoquée pour le 1er juillet, avant d’être avancée au 28 juin.

La nouvelle tactique est la suivante. Casil décide de minorer un peu ses exigences, ramenant à 17,508 millions d’euros le montant du versement du dividende. Et comme l’investisseur chinois a tardé à honorer la promesse faite par lui d’accorder aux collectivités locales actionnaires une minorité de blocage, il propose une réforme des statuts en ce sens, dans la même résolution que celle qui prévoit la distribution du dividende. De la sorte, si les collectivités veulent arracher la réforme des statuts qu’elles souhaitent, elles seront contraintes d’avaliser aussi la ponction sur les réserves. Mais la manœuvre échoue et, finalement, le 1er juin, Casil est contrainte d’accepter que le 28 juin deux résolutions distinctes soient soumises lors de l’assemblée générale extraordinaire.

Voici le projet qui est alors arrêté :

 

SATB: les résolutions prévues pour le 28 juin by Laurent MAUDUIT

 

 

À la treizième résolution, on retrouve donc la solution de repli qui est trouvée pour la nouvelle AG du 28 juin, avec les deux nouvelles résolutions qui lui seront soumises. Et la convocation qui a été adressée aux actionnaires et que l'on peut consulter ci-dessous maintient ce projet de ponction sur les réserves de la SATB :

 

 

Le 28 juin sera donc une date charnière dans l’histoire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Mais aussi une date importante pour Emmanuel Macron, qui a piloté cette stupéfiante privatisation. Car c’est ce jour-là que l’on apprendra donc si ce versement du dividende est ou non voté. Et que l’on découvrira le vote émis par les représentants de l’État.

Car tout est là ! Sans les voix de l’État, les investisseurs chinois ne peuvent pas obtenir une majorité, pour avaliser leur projet de dividende. Emmanuel Macron, par l'intermédiaire de l’APE, donnera-t-il donc des instructions pour que le pacte d’actionnaires secret avec Casil soit honoré ? Ou aura-t-il même besoin de s’en mêler, puisque le pacte d’actionnaires donne les pleins pouvoirs à Casil, même s’il s’agit d’un actionnaire minoritaire ? Nous avons posé la question par SMS au ministre de l’économie, mais il n’a pas donné suite. Nous avons aussi cherché à joindre Martin Vial, qui dirige l’APE : pas de nouvelles de ce côté-là non plus. Seule la personne chargée de la communication à l'APE nous a promis une réponse, mais, à l'heure où nous mettons cet article en ligne, nous ne l'avons pas encore obtenue.

Quoi qu’il en soit, si le pacte d’actionnaires joue, permettant à Casil d’organiser la ponction des réserves de la société, cela voudra donc dire que l’État ne s’y est pas opposé. Ce sera la preuve publique, la première, que le pacte d’actionnaires révélé par Mediapart s’applique ; et qu’Emmanuel Macron et Manuel Valls ont bel et bien menti au pays, en assurant que les investisseurs publics gardaient la majorité de la société. En somme, cela voudra dire que l’État se range aux côtés d’un fonds rapace, contre des actionnaires publics, pour siphonner les réserves d’une entreprise.

C’est en cela que l’affaire, loin d’être d’intérêt local ou régional, prend une dimension nationale : elle a valeur de test. Pour Emmanuel Macron, elle revêt une grande importance : le voilà « en marche » pour aider un fonds financier opaque à réaliser la plus sulfureuse des galipettes financières…

 

 

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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 15:57

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Répression

Depuis le début des manifestations contre la loi Travail, plus de 750 personnes ont été poursuivies

par

 

 

 

753 personnes dont une centaine de jeunes de moins de 18 ans ont été poursuivies depuis le début de la forte contestation contre la loi Travail fin mars. L’institution judiciaire se distingue pour sa rapidité, alors que d’autres affaires, notamment celle du manifestant rennais ayant perdu un œil, traînent. Et les condamnations sont lourdes, y compris pour des personnes au casier judiciaire vierge. Des avocats s’étonnent et dénoncent un traitement « discriminatoire ».

La journée de mobilisation, mardi 14 juin, a donné lieu, une fois encore, à de nombreuses interpellations. Ces arrestations vont-elles gonfler le nombre déjà vertigineux de manifestants et de « casseurs » condamnés devant les tribunaux ? Pas moins de 753 personnes ont été poursuivies entre fin mars et le 13 juin, d’après le ministère de la Justice. 135 manifestants ont été relaxés. 103 mineurs ont été inquiétés. Au total, les deux tiers des poursuites judiciaires concernent des violences sur les forces de l’ordre. Seules 79 procédures ont été ouvertes pour des dégradations. Le reste des affaires (133) concerne la « participation à un attroupement armé », selon les chiffres fournis par la Direction des affaires criminelles et des grâces.

Pour ces différentes infractions, le procès est devenu la règle dans bien des cas. D’autres procédés, comme la composition pénale (convocation devant un délégué du procureur par exemple), sont délaissés au profit de l’audience. « C’est dans l’air du temps, c’est quasiment de l’abattage », déplore Dominique Noguères, avocate au barreau de Paris. Elle défend un fonctionnaire qui comparaîtra prochainement. En attendant, le procureur avait demandé la détention provisoire. « Alors que mon client a un casier judiciaire vierge », s’insurge l’avocate. Le manifestant est soupçonné d’avoir lancé un projectile sur des policiers. « Mais on ne sait pas où le projectile a atterri. »

 

Une Justice soudainement ultra rapide

Une circulaire du ministère de la Justice, en date du 20 mai (voir ci-dessous), demande « une très grande réactivité de la part des parquets ». A Rennes, la justice peut difficilement se montrer plus réactive. Maître Pacheu y représente une dizaine de manifestants interpellés depuis fin mars. Et les délais sont très courts pour organiser leur défense. « G. a été interpellé à la manifestation du 9 avril, il est sorti de garde-à-vue le 10 avril, a reçu sa convocation le jour même, pour être jugé le 22 avril », raconte l’avocat. Les dix jours incompressibles entre la convocation et l’audience ont été tout juste respectés.

 

 

Un autre manifestant, un fonctionnaire de 53 ans, est arrêté le 19 mai pour le double motif de « participer à un attroupement après sommation de se disperser » et de « dissimuler son visage ». Il reçoit sa convocation le lendemain pour une audience 12 jours plus tard. « Alors qu’on nous dit que le Tribunal est surchargé », s’étonne Maître Pacheu. « On peut attendre plus d’une année pour qu’une affaire d’agression sexuelle soit jugée ! » Sur 86 procédures judiciaires à Rennes, 26 mineurs font l’objet de poursuites, 34 personnes majeures ont déjà été condamnées, dont sept à des peines de prison ferme. C’est donc plus d’un manifestant poursuivi sur trois qui a déjà été condamné. Au total, depuis mi-mars et les premières interpellations liées aux manifestations, il y a eu deux relaxes.

Cette activité soutenue, exceptionnelle sur une période longue de trois mois, interroge certains magistrats. « C’est inhabituel, convient l’une des vice-présidentes du tribunal correctionnel de Rennes. Mais il y a une régulation naturelle : les policiers qui travaillent habituellement sur d’autres affaires, le font moins en ce moment, et donc on a moins de travail par ailleurs », assure-t-elle.

 

« La justice a une action discriminatoire en ce moment »

Avocat de cinq personnes interpellées au fil des mobilisations, Maître Larzul s’indigne : « Aux procédures visant des manifestants, on réserve un traitement de TGV. Aux plaintes pour violences concernant des policiers, on offre un enterrement de première classe. La justice a une action discriminatoire en ce moment. » A Rennes, un étudiant a perdu l’usage d’un œil, lors d’une manifestation le 28 avril. Un mois et demi plus tard, l’enquête est toujours en cours.

L’épisode du restaurant Bagelstein, une sandwicherie du centre de Rennes, ne devrait pas améliorer le climat dans la ville. Le 26 mai, après une manifestation contre la loi travail, quatre étudiants – trois sont âgés de 19 ans et un de 24 ans – se présentent devant le restaurant. Ils découvrent les publicités de la franchise Bagelstein, davantage vulgaires qu’humoristiques et usant de diverses blagues, où les femmes peuvent être perçues comme des objets sexuels. « Un homme amoureux ne brisera jamais le cœur d’une femme. Mais son cul, peut-être », peut-on lire, par exemple, dans le restaurant... Les quatre garçons lisent à haute voix les slogans affichés, et entreprennent de coller des auto-collants anti-sexistes sur les tables de la terrasse.

 

Emprisonnement immédiat pour quatre étudiants

Le gérant de la sandwicherie leur demande de partir. Ils refusent de quitter les lieux. S’en suit une altercation au cours de laquelle l’un des étudiants assène un coup de poing au restaurateur. Ce dernier le confirme dans sa déposition. La fille du gérant, présente à ce moment-là, précise dans son témoignage que seul l’un des jeunes a porté un coup.

Aussitôt arrêtés, les quatre étudiants passent le lendemain en comparution immédiate. Malgré un casier judiciaire vierge, celui qui a porté le coup de poing écope de trois mois de prison ferme. Un autre prend deux mois, et les deux derniers, un mois de prison ferme chacun. A la surprise générale, les peines sont assorties d’un mandat de dépôt. Les quatre jeunes dorment en prison le soir-même.

Ils font tous appel. Maître Pacheu défend désormais deux d’entre eux. « Ils sont courageux car ils savent qu’ils ne passeront pas en appel avant six mois. Donc ils feront probablement la totalité de leur peine. Et en formant un appel, ils ne peuvent plus bénéficier d’une réduction de peine. » L’un d’entre eux est scout. « Pas vraiment le profil violent », estime l’avocat, qui a versé au dossier de son client une attestation du prêtre de la paroisse.

Myriam Thiébaut

Photo : Eros Sana

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16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 14:35

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

Manifestation dans la capitale

Paris. Témoignage d’un docker du Havre sur la manifestation du 14 juin

Publié le 15 juin 2016

 

 

 

La manif du 14 juin à Paris a été une vraie première pour beaucoup de jeunes dockers du Havre. Habitués à des défilés massifs, mais sans réelle confrontation avec les forces de l’ordre, pourtant bien présentes dans les rues normandes, où tout se passe en général de façon tranquille. Les anciens, les délégués nous ont prévenu du potentiel face à face, de l’inévitable présence bien visible cette fois des forces de l’ordre et de la tension qui allait s’en résulter.

Dominique Ciabatte

 

Déjà depuis la semaine dernière, nous savions que la montée sur la capitale allait être compliquée, et trouver des cars et des trains pour venir de la province était problématique.
Finalement, au petit matin de ce mardi 14 tout se met en branle, le premier train part, les cars se remplissent et prennent la route. Casques et gilets rouges floqués à nos couleurs syndicales sont du voyage. Ils sont surtout indispensables pour nous identifier entre nous, savoir qui est qui, qui peut faire partie de notre cortège. Un service d’ordre, un encadrement composé de 300 de nos camarades a même été prévu. Une première chez les dockers...

 

Toute la matinée, les groupes arrivent, se retrouvent place d’Italie, les drapeaux sont préparés, l’ambiance, bonne forcément, est de circonstance... Les camarades dockers affluent de tout l’hexagone (Nantes, Fos, Marseille, Bordeaux, un drapeau basque se hisse même plus vite que l’habituel drapeau breton...), les gens nous reconnaissent et beaucoup saluent notre implication sans faille dans le mouvement. Cela fait chaud au cœur. Vers 13h, une fébrilité se fait sentir, la banderole est déployée, nous nous mettons en ordre de marche derrière elle et notre ligne de tambours, parmi une foule immense, bigarrée, de manifestants d’univers variés, professions et syndicats de tous horizons.

 

13h30 le grand moment est arrivé pour nous, premier roulement de tambour, premier pas et nous voilà parti pour ce défilé.


C’est lent, saccadé, on n’y est pas habitué. Nous, qui normalement défilons sur une douzaine de kilomètres à un rythme assez soutenu, sommes un peu fébriles mais la joie de tous se retrouver, de communier ensemble sur les avenues de la capitale prend le dessus, et les slogans et la bonne humeur font de ce début de manif un bon moment.


Très vite, nous rencontrons, fermant les accès aux rues perpendiculaires, les forces de l’ordre, les gardes mobiles, mais notre encadrement très efficace, empêche tout contact avec eux, ainsi pas de provocation possible. Notre mauvaise réputation (bien infondée de nos jours) nous colle toujours à la peau. A nous de démontrer qu’on sait gérer un défilé dans le plus grand calme possible.

 

Nombreux sont les autres manifestants massés sur le bord des rues à nous saluer et féliciter notre cortège ainsi que notre encadrement efficace, si efficace même que certains des gardes mobiles en sont étonnés.

 

Malgré cela au loin devant, le tout début du cortège, un premier rideau de fumée se devine.
La tension monte au sein du cortège. Nous nous approchons des Invalides. Au bout d’un moment d’arrêt, les tambours cessent. Nous sommes arrivés au bout de notre manifestation. Tout le monde se réjouit de cette réussite, de cette foule, du fait qu’aucun heurt n’est encore à déplorer de notre côté. Un dernier virage à l’angle du dôme doré et les cars sont en vue.
C’est alors qu’un premier nuage nous enveloppe. Des gaz lacrymogènes lancés par les crs dans cette fin de cortège pacifiste et pacifique.

 

Nous nous regroupons vite, toussant, pleurant, vomissant sur la place où se trouvent les cars nous attendant pour nous ramener vers nos villes d’origine.
Certains présentent déjà des traces de brutalité avec des ecchymoses dues à des flashballs, éclats de grenade de désencerclement, bombes lacrymogènes d’aveuglément utilisés.
La provocation est énorme du côté des CRS, leur réaction, leur réactivité nous surprend. Nous voyons débouler entre les colonnes de cars leurs renforts. Par dizaine les CRS accourent mais ô surprise ils s’en prennent aux familles, aux manifestants ayant fini leur défilé, qui tentent de rejoindre leur car. Gazage en masse, quelques coups de matraque pleuvent aussi, dans l’incompréhension la plus totale. Au bout de quelques dizaines de minutes d’incrédulité face à une telle injustice, nous pouvons enfin, dans un calme sommaire nous regrouper afin de repartir vers Le Havre.


Tous plus ou moins choqués à notre façon, nous essayons de débriefer les dernières minutes si brutales d’une manif pourtant tranquille pendant le trajet du retour.
Comment ces CRS ont pu intervenir si rudement contre nous ? Un défouloir peut-être ? Une volonté de casser l’envie de revendication ? Un moyen de dissuasion ?

 

Cette intervention musclée injuste et indigne aide de plus le gouvernement à nous assimiler a des « casseurs », décrédibilisant le mouvement auprès des téléspectateurs toujours prêts à gober ce que mère télévision veut bien leur faire ingurgiter.

 

Comme le dit un de nos mots d’ordre : " you will never walk alone ", notre unité est notre force et nous sauront, si nécessaire, en faire encore une fois la démonstration massive et pacifique...

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

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16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 14:20

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

 

Loi Travail : François Hollande peut-il vraiment interdire les manifestations ?

 

 

 

Loi Travail : François Hollande peut-il vraiment interdire les manifestations ?

Des manifestants affrontent les policiers lors de la manifestation contre la loi Travail du 14 juin 2016 à Paris. (ALAIN JOCARD/AFP)

 

L'exécutif a menacé d'interdire les prochaines manifestations contre la loi Travail, après les violences qui ont éclaté en marge du défilé mardi. Une décision légale mais controversée.

 

 

Droit à la sécurité contre droit de manifester. Le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats se poursuit sur le terrain des libertés publiques. Après les violences qui ont émaillé le défilé contre la loi Travail mardi 14 juin, le gouvernement a menacé d'interdire les prochaines manifestations. Au cours des affrontements qui ont éclaté en marge du cortège, au moins 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés et plusieurs bâtiments ont été caillassés, dont l'hôpital Necker-Enfants malades à Paris.

Des débordements jugés inacceptables par l'exécutif qui brandit la sanction suprême. François Hollande a fait savoir qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation "des biens et des personnes" ne pouvait être "garantie". "Pour l'instant, elles ne le sont pas, à ce moment-là, les décisions seront prises au cas par cas de ne pas autoriser les manifestations", a affirmé le chef de l'Etat.

Interdiction de manifestation : la CGT tient tête à François Hollande

Dans le viseur du gouvernement, la CGT dont l'attitude envers les casseurs est jugée "ambiguë" par le Premier ministre, Manuel Valls. Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, est même allé plus loin en assurant qu'une centaine de militants CGTistes avaient participé à des actes de violence à la fin de la manifestation. Ce dont s'est défendu Philippe Martinez, le patron du syndicat sur France 2 :

 

"La CGT ne porte aucune responsabilité sur ce qui se passe en marge des manifestations. [...] Il n'y a aucune relation entre ce que font les casseurs et les manifestants."
Une interdiction autorisée par la loi

Le gouvernement peut en toute légalité prendre la décision d'interdire une manifestation, et ce même hors état d'urgence. Dans une décision rendue le 19 février dernier, le Conseil constitutionnel a rappelé le cadre de l'interdiction :

"Si l'autorité de police n'a pas d'autre moyen efficace que l'interdiction préventive, celle-ci peut être licite, dès lors que la menace pour l'ordre public apparaît suffisamment et exceptionnellement grave."

Le droit de manifester à proprement parler n'est pas inscrit dans la Constitution française mais est reconnu comme une liberté fondamentale par l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'Homme. En France, ce droit est régi par le décret-loi du 23 octobre 1935 qui stipule que :

"Tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes et d'une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique sont soumis à l'obligation d'une déclaration préalable."

Le texte précise ensuite qu'une manifestation déclarée est susceptible d'être interdite par arrêté préfectoral si elle est de nature "à troubler l'ordre public". Les contrevenants à cette interdiction s'exposent à six mois de prison et à 7.500 euros d'amende.

En outre, le régime d'état d'urgence, prévu par la loi de 1955, étend la possibilité d'interdire les manifestations "à titre général ou particulier" lorsque celles-ci sont de "nature à provoquer ou entretenir le désordre". C'est en vertu de cette loi que des interdictions de manifester individuelles ont été prononcées, pour la manifestation contre la loi Travail du 17 mai dernier, à l'encontre de dix manifestants antifascistes. Le tribunal administratif avait ensuite annulé neuf d'entre elles 24 heures plus tard.

 

Un pari risqué pour un gouvernement de gauche

Même si cette interdiction s'inscrit dans un cadre légal, elle peut constituer un pari risqué pour un gouvernement de gauche. Une telle décision confirmerait ainsi l'impuissance de l'exécutif à sortir de la crise par la voie du dialogue social. Jean-Claude Mailly, le numéro 1 de Force Ouvrière, s'est dit stupéfait qu'un "gouvernement de gauche puisse interdire des manifestations organisées par des syndicats".

 

 

L'annonce a également provoqué l'indignation d'une partie de la majorité pour qui le gouvernement fait montre d'autoritarisme. L'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a dénoncé ce jeudi matin sur France Culture la "politique du coup de force permanent" de l'exécutif :

"Vous avez un problème parlementaire, on sort le 49-3. Vous avez une motion de censure sur le point d'être déposée par des parlementaires de la majorité, fait exceptionnel, on sort la machine à sanctionner. Vous avez un problème avec les organisations syndicales, les pétitions, vous leur interdisez de manifester."

Enfin, ce n'est pas parce que la manifestation est interdite qu'elle n'aura pas lieu. Malgré les menaces du gouvernement, les syndicats ont exprimé leur volonté de maintenir leurs prochaines journées de mobilisation nationales prévues les 23 et 28 juin. L'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL) a redit mercredi sa "détermination sans faille" à poursuivre le mouvement et a demandé au gouvernement "de garantir les bonnes conditions d'exercice du droit de manifester". Pour rappel, en dépit de l'arrêté préfectoral interdisant la manifestation du 26 mai à Nantes, les opposants à la loi Travail avaient tout de même défilé dans les rues. 

Maïté Hellio

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

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