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31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 15:33

 

Source : https://reporterre.net

 

 

Une conseillère du ministre de l’Agriculture rejoint le lobby des semenciers

28 juillet 2016 / Barnabé Binctin (Reporterre)
 

 

 

Anne-Laure Fondeur, après deux années passées au cabinet de Stéphane Le Foll, où elle a notamment cherché à promouvoir les « nouveaux OGM », rejoint le Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis). Un organisme chargé de défendre « les intérêts de la filière semences ».

 

Après Philippe Mauguin, l’ex-directeur de cabinet de Stéphane Le Foll devenu président de l’Inra mardi 19 juillet, c’est au tour d’une autre conseillère du ministre de l’Agriculture de la quitter. Chargée de la sécurité sanitaire et du cheval (sic), Anne-Laure Fondeur officiait depuis deux ans dans le cabinet ministériel.

Elle rejoint le Gnis, le Groupement national interprofessionnel des semences, où elle prend la direction du Soc, le Service officiel de contrôle et de certification, pour un mandat de 5 ans, sur nomination du ministère de l’Agriculture. Le Gnis, créé en 1941 sous le régime de Vichy, est une structure hybride, publique et privée : placé sous tutelle du ministère de l’Agriculture, le groupement est officiellement chargé « d’organiser la production et la commercialisation des semences et plants ».

 

« Nouveaux OGM » ou « OGM cachés » 

Mais s’il est qualifié « d’entité indépendante », le Gnis a pour objectif de « défendre les intérêts de la filière semences ». De quoi engendrer une situation de « conflit d’intérêts ». Contacté par Reporterre, le Gnis se présente comme une « structure tout à fait privée avec délégation de service public ».

Or Anne-Laure Fondeur était, au sein du cabinet de M. Le Foll, chargée des nouvelles techniques de modification génétique, que d’aucuns qualifient de « nouveaux OGM » ou d’« OGM cachés ». Au prétexte qu’elles ne sont pas issues de la transgénèse, ces « nouvelles techniques de modification génétiques » échapperaient donc à la législation OGM : un point de vue que contestent plusieurs scientifiques et associations.

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Anne-Laure Fondeur.

« C’est Anne-Laure Fondeur qui a porté cette position au ministère, parfois contre le ministère de l’Environnement. Elle quitte donc un exécutif qui a fait avancer le dossier pour rejoindre l’un des plus importants lobbyistes de ces mêmes positions », observe un connaisseur privilégié de ces dossiers, qui décrit « une serviteur zélée des entreprises, quelqu’un qui ne défend absolument pas l’intérêt des agriculteurs »....

 

Un phénomène de « porte-tambour » 

Statutairement, le SOC, dont la fonction première est le contrôle de la qualité et de la certification des semences, reste pourtant une mission régalienne de l’État. « C’est une fonctionnaire qui est nommée par le ministère de l’Agriculture, où est le problème ? » interroge Delphine Guey, responsable des affaires publiques du Gnis. La Confédération paysanne évoque cependant un phénomène de « porte-tambour » — terme désignant des politiques quittant leur fonction de régulation pour rejoindre des postes dans une industrie affectée par ces mêmes régulations. Avec le risque d’« allocation de privilèges au détriment de l’intérêt de la nation », selon la définition donnée par Wikipedia.

 

*Suite de l'article sur reporterre.net

 

 

 

 

Source : https://reporterre.net

 

 

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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 18:03

 

Source : http://grainesdetroc.fr

 

 

Bonne nouvelle pour les semences libres !


 
 

 

Nous relayons un communiqué de Blanche Magarinos-Rey. Nous recevons cette annonce comme une belle victoire pour les collectifs qui se mobilisent pour la défense de la biodiversité cultivée. C'est une grande respiration pour toutes les associations qui pourront donner, échanger et vendre des semences de variétés du domaine public ! 

 

 

Communiqué :

La Loi "Biodiversité" est une victoire pour la biodiversité des semences cultivées 
Les variétés du domaine public enfin libérées du carcan du "catalogue officiel"

Hier soir, mercredi 20 juillet, l'Assemblée nationale a définitivement voté la loi "pour la reconquête de la biodiversité", après deux années de procédure législative et de nombreux revirements dans le contenu des dispositions législatives.

En tout état de cause, la loi donne une véritable bouffée d'oxygène à la biodiversité cultivée, par le biais d'un article 4 quater qui a lui-même connu de nombreuses vicissitudes, et qui est finalement devenu l'article 11 de la loi :

Article 11: 
Le code rural et de la pêche maritime est ainsi modifié :

1° L'article L. 661-8 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« La cession, la fourniture ou le transfert, réalisé à titre gratuit ou, s'il est réalisé par une association régie par la loi du 1er janvier 1901 relative au contrat d'association, à titre onéreux de semences ou de matériels de reproduction des végétaux d'espèces cultivées de variétés appartenant au domaine public à des utilisateurs finaux non professionnels ne visant pas une exploitation commerciale de la variété n'est pas soumis aux dispositions du présent article, à l'exception des règles sanitaires relatives à la sélection et à la production."


Cela signifie que toutes les associations Loi 1901 pourront désormais donner, échanger et vendre des semences de variétés du domaine public*, qu'elles soient inscrites ou non inscrites au "catalogue officiel", à des jardiniers amateurs. Seules les exigences sanitaires de la réglementation sur le commerce des semences resteront applicables.

De nombreuses associations vont pouvoir bénéficier de ces dispositions et les petites entreprises qui ne pourraient jouir de cette dérogation seront amenées à créer des associations pour distribuer des variétés "hors catalogue". 
Les jardiniers vont désormais avoir accès à une gamme très étendue de graines, aux goûts, aux formes et aux couleurs bien plus diversifiées qu'auparavant. Il faut espérer que cette biodiversité se répandra très vite dans tous les potagers de France et d'ailleurs.

Pour mémoire, ces dispositions nouvelles interviennent dans un contexte d'érosion galopante de la biodiversité agricole. En un siècle seulement, 90% des variétés traditionnellement utilisées par les paysans à l'échelle de la planète ont déjà disparu de nos champs et de nos assiettes, selon la FAO.

Pour cette avancée remarquable de notre droit, il faut rendre hommage au courage et à l'engagement de Mme Geneviève Gaillard, Mme Barbara Pompili, Mme Delphine Batho, Mme Laurence Abeille, M. Jérôme Bignon, Mme Evelyne Didier, Mme Marie-Christine Blandin, M. Joël Labbé, M. François Grosdidier, sans le soutien politique desquels rien n'aurait été possible à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Certes, un travail reste à faire, à l'échelle européenne cette fois, pour que les agriculteurs puissent également avoir accès à une grande diversité de ressources génétiques - et nous y travaillons ardemment -, mais, avec la loi "biodiversité" française, c'est une première brèche qui vient de s'ouvrir dans la législation sur le commerce des semences, dont il convient résolument de se réjouir.

---
* Les variétés "appartenant au domaine public" sont toutes les variétés d'espèces cultivées qui ne sont pas protégées par un régime de propriété intellectuelle (certificat d'obtention végétale ou brevet).
---
Blanche Magarinos-Rey
Avocat, D.E.A. Droit de l'Environnement, D.E.S.S. Droits de l'Urbanisme et des Travaux Publics
contact@avocat-magarinos-rey.com - www.avocat-magarinos-rey.com

 

 

Source : http://grainesdetroc.fr

 

 

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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 17:34

 

Source : https://la-bas.org

 

 

Un cours d’Autodéfense intellectuelle pour l’été [VIDÉO 08’58 + entretien RADIO 59’30]

Apprenez la langue de l’adversaire avec Olivier BESANCENOT Abonnés

Le

[LÀ-BAS SI J'Y SUIS] Apprenez la langue de l'adversaire avec Olivier BESANCENOT (EXTRAIT) par Là-bas si j'y suis

 

"Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic, on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet et voila qu’après quelques temps l’effet toxique se fait sentir". Le philologue Victor KLEMPERER a montré comment le système nazi avait engendré un langage qui a contaminé insidieusement les esprits et a réussi à imposer l’idéologie totalitaire comme une évidence naturelle. Ce qu’il appelait "l’adoption mécanique de l’idéologie par les mots". Car le langage est l’outil de la pensée, celui qui contrôle le langage contrôle la pensée et donc l’opinion. Cette fausse monnaie langagière est produite et répandue par les communicants politiques et par les médias mais sans douleur et sans fracas. Aussi est-il important à tout âge d’apprendre à déjouer ces pièges quotidiens répandus et diffusés comme un invisible poison dans l’air que l’on respire.

 

Quelques exemples dans le langage néo-libéral qui s’est imposé depuis une trentaine d’années :
- Décideurs : classes dominantes
- Compétitivité : dumping social
- Courage de réformer : détruire le droit social
- Grogne sociale : grève
- Pression fiscale : impôts
etc.

 

 

JE PEUX DORMIR , MON JOURNAL PENSE POUR MOI

Jadis dans la bonne bourgeoisie de province, lors du sacro-saint déjeuner du dimanche, on commentait le sermon entendu à la messe de onze heures. Oh, ça ne faisait pas débat, on appréciait, on approuvait. Parfois d’ailleurs le curé était invité à déjeuner, savourant une onctueuse cuisse de poulet. Puis on passait à autre chose, chacun vaquait à ses affaires et à ses intrigues. "Tu es mon berger, ô Seigneur", disait un cantique. Par conséquent nous sommes les moutons ; notre curé nous conduit et nous le suivons. Longtemps les éditocrates ont remplacé le curé du dimanche. Je peux dormir tranquille, mon journal pense pour moi. Aujourd’hui, de plus en plus connectés, de plus en plus mis "au courant" par l’info en continue, nous suivons en "temps réel" les épisodes du feuilleton minute par minute. Mais quel sens ce chaos peut-il bien avoir ? Pourquoi ? Comment ? Que dois-je penser ? Qui sont les méchants et les gentils ? Des experts médiatiques me le disent, des savants spécialistes me fournissent la réponse. Je puis retourner à mes affaires et à mes intrigues, je peux dormir, les élites pensent pour moi. Contre cette soumission, il faut partout donner des cours "d’auto défense intellectuelle" selon l’idée de Noam Chomsky, développer l’esprit critique, le goût de la contestation, non pas remplacer une doctrine par une autre mais penser par soi-même, apprendre l’autonomie de penser. Pas facile quand la foule unanime et anonyme appelle au lynchage du suspect, pas commode quand le premier ministre français sans être contesté lance cette stupidité historique " Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille, car expliquer c’est déjà vouloir excuser" Mais la résistance s’installe peu à peu, penser hors des clous, construire d’autres projets, dessiner un autre cadre. Le bouquin de Besancenot encourage cette auto-défense qui est la principale raison d’être de LÀ-BAS !

DM


 

Les différentes séquences de l’émission :


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Programmation musicale :
- Seb Martel : Motus
- L’1consolable : 49-3

Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

journaliste : Daniel MERMET
réalisation : Sylvain RICHARD
vidéo : Jonathan DUONG et Jeanne LORRAIN

 

 

(Vous pouvez podcaster cette émission en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)

 

 

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Source : https://la-bas.org

 

 

 

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 13:46

 

Source : http://www.cadtm.org

 

 

Grèce : les 2/3 des gens qui ont encore un travail ne sont payés qu’avec plusieurs mois de retard

 

25 juillet par Tassos Anastassiadis

 
 
 

CC - Flickr - Joanna

 

L’affaiblissement du droit du travail est aussi passé ici, de 2010 à 2013, par l’inversion de la hiérarchie des conventions, la suppression de leur automaticité d’application et la libération quantitative des licenciements...

Et les chiffres du chômage et de la misère ne racontent pas une autre histoire... Ainsi, le travail non payé  : la grande majorité (les deux tiers) des gens qui ont encore un travail ne sont payés qu’avec plusieurs mois de retard. Ainsi aussi, la mode récente des faillites, ce qui permet d’économiser ces retards dans la mesure où les travailleurs arrivent en dernier pour toucher leur dû, après les banques et autres créanciers européens ou grecs... Sur les seules dernières semaines, ont ainsi fait faillite, entre autres, un des plus grands hôtels athéniens de luxe (Ledra, pourtant rempli à 98 %  !), une de plus grandes sociétés de sécurité (Pyrsos, 800 personnes) ou encore la plus grande chaîne de supermarché (Marinopoulos, ex-Carrefour  !) avec 12 500 travailleurs.

À Salonique, une autre grande société hôtelière (Metropolitan et Theoxenia) a fait mieux en imposant à ses salariés une baisse des salaires, à 500 euros, en dessous même du salaire minimum (586 euros) qui avait été imposé nationalement par la troïka. Avec l’inversion de la hiérarchie des conventions, elle en a le droit  ! Il est vrai que la plupart des grands partons jusqu’à maintenant se sont contentés de la baisse nationale des salaires exigée par la troïka (de 751 euros en 2011) et des autres flexibilités, possibilités de non-­rémunération, précarisation, externalisations, etc.


Et toujours plus contre nos retraites

Pourtant, cette destruction des droits (et des vies) des travailleurs ne satisfait toujours pas la voracité du capital  : une nouvelle étape est donc prévue pour l’automne, avec le programme européen des Hollande-Merkel-Tsipras qui consiste à «  libéraliser  » encore plus les licenciements et à détruire la législation sur les syndicats et les grèves  : légaliser le lock-out, effacer les protections du syndicalisme et rendre la grève illégale, sauf après un vote référendaire de la base...

Apparemment, l’occasion leur semble politiquement unique, comme l’a montré la destruction du système de retraites voté récemment. En effet, le gouvernement Tsipras, non seulement a imposé des baisses générales supplémentaires des pensions de retraites (déjà baissées à 12 reprises en 3 ans de presque 40 % en moyenne  !), mais il a aussi réussi à remodeler structurellement le système de répartition dans un sens capitalistique, avec aussi des baisses programmées à long terme et systématiques, tout cela en utilisant des arguments prétendument égalitaristes «  marxistes  »...

Pourtant, la grande mobilisation ouvrière du 4 février dernier, ainsi que – dans un autre registre mais très lié – la mobilisation solidaire de la population grecque appauvrie en soutien aux réfugiés de guerre que l’Europe «  civilisée  » préfère voir noyés, tout comme les autres luttes ouvrières, sociales, écologiques, plus morcelées mais continues, annoncent une explosion en gestation contre cette barbarie galopante. La question du débouché politique, forcément contre le capitalisme, en sera une des clefs  : la grande mobilisation des travailleurs français donne l’espoir que nous ne sommes plus isolés, que l’on n’est plus seuls...


D’Athènes, Tassos Anastassiadis

 

Source : NPA

Auteur.e
 
 

Grèce : la crise au quotidien

31 mars 2012, par Tassos Anastassiadis , Andreas Sartzekis

 

 

Source : http://www.cadtm.org

 

 

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 13:13

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Hinkley Point: la direction d’EDF prête à passer en force
24 juillet 2016 | Par martine orange
 
 
 

Le président d’EDF a décidé, dans la précipitation, de convoquer un conseil d'administration le 28 juillet pour faire approuver le projet très controversé de construction de deux EPR en Grande-Bretagne. Alors que le groupe fait l’objet d’une enquête de l’Autorité des marchés financiers, un nouveau document interne, révélé par Mediapart, prouve l’aventurisme du projet.

La semaine s’annonce tendue à EDF. Son président, Jean-Bernard Lévy, a décidé d’accélérer le calendrier pour faire adopter le projet très controversé d’Hinkley Point. Tout de suite après avoir reçu le feu vert de l’Élysée, à l’issue d’une rencontre entre François Hollande et la nouvelle première ministre britannique, Theresa May, le groupe a publié, jeudi 21 juillet à 23 heures, un communiqué pour annoncer la convocation, le 28 juillet, d’un conseil d’administration destiné à examiner « la décision finale d'investissement relative au projet de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point ». Une façon pour le groupe d’effacer l’affront fait le même jour par l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui a mené des perquisitions au siège d’EDF – une première dans un groupe public – pour saisir des documents et des rapports dans le cadre d’une enquête sur l’information financière du groupe depuis 2013 et le projet d’Hinkley Point.

 

 

Jean-Bernard Lévy, président d'EDF. © Reuters Jean-Bernard Lévy, président d'EDF. © Reuters

 

Dès lundi, un comité stratégique doit se réunir pour faire une présentation du projet britannique qui divise tant le groupe. Le conseil d’administration se tiendra trois jours après. Censé au départ arrêter les comptes semestriels du groupe, publiés le lendemain, son ordre du jour sera en fait surtout mobilisé par le dossier britannique.

« Un passage en force qui en dit long sur la conception du dialogue social de ce gouvernement qui donne son feu vert à la violation du comité central d’entreprise », a réagi l’intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC) dans un communiqué commun, publié vendredi 22 juillet. L’intersyndicale devrait déposer lundi un référé heure par heure au tribunal de grande instance (TGI) pour faire constater le « délit d’entrave » des instances sociales et le non-respect des procédures judiciaires. Ce qui pourrait fragiliser par la suite la décision du conseil d’administration, si celui-ci décide, malgré tout, de passer outre.

 

 

Alors que la direction d’EDF avait décidé de se passer de l’avis du comité central d'entreprise (CCE) en avril, l’Élysée avait finalement imposé sa consultation, en vue de calmer les esprits, après la démission spectaculaire du directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, dénonçant Hinkley Point comme un projet mortel pour l'entreprise. Mais la consultation ne s’est pas passée comme prévu. Estimant qu’ils n’avaient pas eu les documents suffisants pour se prononcer sur le dossier, les membres du CCE ont refusé à l'unanimité de rendre un avis et ont saisi le tribunal de grande instance pour « entrave ». Le TGI doit normalement statuer sur le dossier le 22 septembre. De son côté, le gouvernement avait lui-même indiqué qu’il prévoyait une décision sur le projet en septembre.

Sans attendre que la justice se prononce, le président d’EDF, s’appuyant sur la nouvelle loi Rebsamen qui borne le dialogue social à deux mois maximum, a jugé qu’il pouvait se passer de l’avis du CCE, de toute façon purement consultatif. Et donc d’accélérer le vote sur Hinkley Point. Ni la situation financière dégradée du groupe, qui risque encore de se détériorer tant EDF est hors de ses clous budgétaires en raison de l’effondrement des prix de marché de l’électricité, ni les doutes de l’ensemble des salariés, des ingénieurs aux syndicats, ni même les incertitudes nées du Brexit, qui ne sauraient être dissipées par une seule entrevue entre le président de la République et la première ministre britannique, n’ont amené le président d’EDF à différer la décision, ne serait-ce que pour tenter de mieux appréhender un dossier qui engage le groupe sur plus de 50 ans.

« Plus que l’Élysée, c’est Jean-Bernard Lévy qui est moteur dans ce dossier et dicte ses vues. Il a décidé de faire d’Hinkley Point le dossier phare de sa présidence », assure un conseiller du gouvernement. Au sein d’EDF, certains expliquent l’autoritarisme du président sur le dossier britannique comme une façon d’affirmer son pouvoir sur un groupe qui lui échappe et désormais le rejette de plus en plus. « Jean-Bernard Lévy est totalement isolé dans l’entreprise. Même au comex [comité exécutif – ndlr], il n’a que le soutien des hommes qu’il a nommés. Tous les autres sont contre Hinkley Point », raconte un cadre haut placé. Lors des discussions qui se tiennent actuellement sur la fermeture de Fessenheim, des conseillers du gouvernement ont noté la manière cassante dont Jean-Bernard Lévy tançait publiquement les autres membres de la direction. Ce qui ne dénote pas une atmosphère pacifiée.

Même si le gouvernement est parfaitement informé du climat de tensions au sein d’EDF, il soutient toujours pour l’instant Jean-Bernard Lévy. « Il faudra bien un jour parler de l’influence du corps des Mines dans cette affaire. Ils ont planté Areva avec Anne Lauvergeon. Maintenant, ils essaient de se refaire sur EDF. Même si Lévy n’est pas tout à fait des leurs [Jean-Bernard Lévy est un X-Télécoms], il est leur homme. La personne qui a convaincu Hollande qu’il fallait faire Hinkley Point, c’est Julien Pouget [conseiller industrie à l’Élysée – ndlr], issu du corps des Mines également. Il conseille Hinkley Point et en même temps, part pantoufler chez Total, qui justement veut se lancer dans l’électricité. Et la commission de déontologie va laisser passer cela ? » s’interroge un connaisseur du dossier.

Le rapport Cardiff

 

Projet d'Hinkley Point. © EDF Projet d'Hinkley Point. © EDF
 

Pour les défenseurs d’Hinkley Point, le projet est une nécessité absolue pour remettre sur pied la filière nucléaire française, lui donner un avenir, et des commandes à Areva, en totale déconfiture. Pour les ingénieurs du groupe opposés au projet, construire deux EPR en Grande-Bretagne est au contraire une fuite en avant, alors qu’aucun EPR ne fonctionne encore, que  les problèmes à Flamanville ne sont toujours pas résolus, et que ce qui sera réalisé en Grande-Bretagne ne sera pas utilisable pas la suite. Ils redoutent une bérézina technique et financière dont EDF pourrait ne pas se relever.

 

L’intersyndicale d’EDF se retrouve sur la même ligne. « Sur le fond, prétendre qu’une décision précipitée sur Hinkley Point va sauver la filière nucléaire est une vaste escroquerie intellectuelle et une faute politique. Au moment où la filière nucléaire française se retrouve fragilisée par des années d'absence de stratégie industrielle de l'État, cette décision risque en effet d'avoir des conséquences dramatiques sur cette filière industrielle, les investissements d’EDF sur le territoire national et par conséquent l'emploi en France », accusent-ils dans leur communiqué.

La discussion sur Hinkley Point au conseil d’administration d’EDF s’annonce homérique. Les six représentants des administrateurs salariés ont fait savoir dès avril qu’ils voteraient contre : une première dans la longue histoire du groupe public où jamais jusqu'alors les représentants des salariés ne se sont opposés à des décisions industrielles. Mais les autres administrateurs – dont beaucoup n’ont d’indépendants que le nom – sont plus partagés. Jusqu’ici, une majorité se dessinait en faveur d’Hinkley Point. Et avant de lancer la convocation, Jean-Bernard Lévy a dû faire et refaire les comptes avec le gouvernement pour voir s’il obtenait au moins dix voix sur les dix-huit au conseil.

L’intervention de l’AMF au siège de d’EDF change cependant la donne. Même si la direction d’EDF fait tout pour en minimiser l’importance, les descentes des enquêteurs du gendarme boursier, réclamant des informations, des dates, des comptes-rendus, des rapports liés au programme de rénovation des centrales nucléaires (le grand carénage) et au projet d’Hinkley Point, constituent un coup de semonce. L’électricien se sait désormais dans la ligne de mire. Et ses administrateurs savent que leur responsabilité personnelle peut être engagée.

Or, en matière d’informations financières, le groupe public est à peu près aussi transparent que pour tout ce qui touche au fonctionnement de ses centrales et à la sûreté nucléaire...

 

*Suite de l'article sur mediapart

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 21:37

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-favier/blog

 

 

La commission européenne autorise les américains à exploiter nos données personnelles

 

 

 

Après l'accord « Safe Harbor » invalidé en 2015 par la Cour de justice de l'Union européenne, l'accord « Privacy Shield » entre l’Union européenne et les Etats-Unis adopté le 12 juillet dernier établit un cadre légal pour les entreprises qui souhaitent transférer des données personnelles d’Européens aux États-Unis.

En octobre 2015, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait invalidé l'accord  « Safe Harbor ». Cet accord, entre l’Union européenne et les États-Unis, autorisait le transfert et le stockage de données personnelles depuis l'UE vers des entreprises américaines comme Microsoft ou encore Amazon. La cour considére que « les États-Unis n'offrent pas un niveau de protection adéquat aux données personnelles transférées. »

Le successeur du Safe Harbor, l'accord « Privacy Shield » entre l’UE et les Etats-Unis  a été adopté le 12 juillet dernier. Il établit un cadre légal pour les entreprises qui souhaitent transférer des données personnelles d’Européens aux États-Unis. Mais comme le précise le journal Le Monde, « pour que l’accord soit conforme au droit européen, les États-Unis doivent offrir aux données européennes sur leur territoire une protection  essentiellement équivalente. Or rien n’indique à ce stade que les pratiques des services de renseignement américain aient significativement changé. » Impossible évidemment de ne pas penser aux révélations du lanceur d'alerte américain Edward Snowden sur plusieurs programmes de surveillance de masse américains. Et Télérama ajoute que « les services de renseignement américains pourront a priori toujours exploiter toutes les informations qu’ils souhaitent : il leur suffira d’invoquer l’impératif de sécurité intérieure, ou de lutte contre la criminalité. »

La Quadrature du net - association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet dont je vous ai déjà parlé - déclare qu'elle ne « peut que déplorer cette précipitation qui a forcé les États membres à analyser et à adopter le texte en seulement une semaine et ce alors même que les CNIL européennes ne se réuniront que le 25 juillet pour évaluer si leurs attentes et leurs réserves ont été prises en compte ». Et la Quadrature conclut en disant que l'accord « Privacy Shield »  passe « sciemment à côté du cœur de l'arrêt de la CJUE invalidant le Safe Harbor : la surveillance massive exercée via les collectes de données des utilisateurs ». Cet accord va sûrement se retrouver à nouveau devant la Cour de justice de l’Union européenne comme le Safe Harbor. Affaire à suivre.

 

Privacy Shield Privacy Shield

 

 

 

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-favier/blog

 

 

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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 16:35

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Privacy Shield : voici ce que Google et la NSA peuvent faire de nos données

 

 

Le flou est fini : entreprises et espions américains doivent respecter de nouvelles règles quand ils piochent dans nos infos. On vous les explique.

 

 

 

 

C’est fait. Après trois ans de négociations, les données qui circulent dans les câbles sous-marins nous liant aux Etats-Unis ont de nouveau un cadre. 

Comme prévu, la Commission européenne a validé ce 12 juillet le « Privacy Shield », le texte qui édicte la manière dont entreprises et agences de renseignement américaines doivent utiliser les infos qu’on laisse sur Internet. Il rentre immédiatement en vigueur.

Il est censé apporter de nouvelles garanties pour la vie privée des résidents européens, après l’annulation du précédent accord (le « Safe Harbor »), jugé trop faiblard par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) à l’automne dernier.

 

Pas sûr néanmoins que l’objectif soit atteint. Déjà, de nombreuses voix s’élèvent, dans les rangs des gouvernements, des gardiennes de la vie privée, des associations de défense des utilisateurs, pour critiquer les protections accordées par ce nouveau dispositif.

Ce texte nous concerne directement. Si vous pensez que Facebook et Google font n’importe quoi avec vos infos, si vous estimez être espionnés par la NSA, le FBI et tous leurs petits copains, c’est là que vous trouverez la procédure à suivre. Voici à quoi vous en tenir.

 
 

1 La NSA et ses petits copains continuent de nous surveiller

Mais promis, juré, la « collecte massive » ne sera pas « massive », écrivent les Américains. Gné ?

 

Pour les gardiennes de la vie privée européenne, c’était un point rédhibitoire  : impossible d’accepter un siphonnage massif de nos données du côté des agences de renseignement américaines.

Les Etats-Unis semblent avoir entendu le message. Mais de traviole. Dans une lettre, l’administration américaine s’engage à ce que la « collecte massive » ne soit « ni massive », ni « sans discernement ».

Elle justifie son argumentaire en précisant que la totalité de l’Internet n’est pas aspirée. Et que des critères (ou « sélecteurs » en langage d’espion) seront appliqués aux fruits de cette pêche au chalut : dans la masse collectée, on recherchera tel ou tel numéro de téléphone, telle ou telle adresse.

D’accord, il y a un tri dans les données mais en quoi ce ciblage assure-t-il que la matière brute initiale ne comprend pas des millions de personnes ?

Interrogé par Rue89, Jan Albrecht indique « ne pas comprendre non plus ». Pour l’eurodéputé Vert, également rapporteur du grand projet de règlement européen sur les données, c’est surtout un moyen d’éluder le problème soulevé par Edward Snowden en 2013...

 

 

2 Vous avez un souci avec la NSA ? Un médiateur américain s’en occupe

Mais son indépendance et ses moyens réels dépendent, là encore, du bon vouloir des Américains.

 

C’est une première : si vous pensez que les espions américains zyeutent votre boîte mail, vous pourrez saisir un médiateur. Il faut d’abord passer par l’autorité compétente sur votre territoire (Cnil ou gardienne des écoutes, ça reste encore à voir), qui passera le relais à une personne du département d’Etat américain (l’équivalent de notre ministère des Affaires étrangères).

Bonne nouvelle : vous n’aurez pas à démontrer que vous avez été espionnés. Cet impératif de la preuve a fait échouer nombre de recours contre la surveillance aux Etats-Unis.

L’administration américaine promet, main sur le cœur, que le médiateur sera indépendant des services de renseignement. Et qu’il s’appuiera sur des services comme le « bureau de l’inspecteur général », chargé depuis longtemps de veiller aux bonnes pratiques des agences.

On rêverait de croire sur parole les Etats-Unis, mais c’est un peu risqué. Outre leur lourd passif (affaire Snowden, et avant ça, Echelon), leur dispositif de contrôle n’est pas tip-top : l’un des tout premiers lanceurs d’alerte était dans l’inspection générale ! Et il s’est fait écrabouiller.

La veille de l’adoption définitive de l’accord, les eurodéputés ont fait remarquer à Vera Jourova, la commissaire européenne qui l’a négocié, que si les Américains étaient si sûrs de leurs engagements, il aurait suffi qu’ils les transforment en loi. Histoire qu’ils aient un véritable poids, surtout à l’approche d’une élection présidentielle incertaine. Elle en a convenu :

« C’est vrai qu’il serait mieux d’avoir un texte législatif. »

Tout en reconnaissant sa frustration (« Je ne suis pas satisfaite à 100%, je ne suis pas contente, je ne suis pas ravie »), la commissaire a demandé aux élus de laisser sa chance au texte. Quitte à rectifier plus tard.

 
 

3 Autogestion pour Facebook, Google et compagnie

« Je vous assure que j’utilise correctement vos données. »

 

Pour les entreprises qui traitent nos données, c’est simple : tout le système est fondé sur « l’auto-certification ». Facebook, Google, Twitter et, grosso modo, toutes les firmes (puisque rares sont celles qui ne brassent pas aujourd’hui nos données) doivent se déclarer conformes à une liste de principes, tenue par le Département du commerce américain (DoC). Elles doivent  :

  • Dire ce qu’elles font de nos données : préciser leur nature, le but de la collecte, les droits d’accès dont nous disposons...
     
  • Utiliser nos données « aussi longtemps que possible tant que cela sert l’objectif pour lequel elles ont été initialement collectées ou ultérieurement autorisée ».
     
  • Demander notre consentement explicite en cas d’utilisation de données sensibles (religion, orientation sexuelle...).
     
  • Nous donner le droit de décocher une fonctionnalité nouvelle, même si elle ne diffère pas de ce que faisait l’entreprise avant.
     
  • Nous permettre d’obtenir et corriger nos données. En revanche, ce ne sera pas gratuit (« contrepartie non excessive ») et aucun délai n’est imposé (il doit seulement être « raisonnable »).
     
  • Mettre en place des mécanismes d’évaluation internes « indépendants » : formations, contrôles inopinés, audits...
     
  • Mettre un lien vers ces principes.
     
  • S’enregistrer chaque année auprès du département du commerce.

En clair, les boîtes s’engagent, se surveillent, et le contrôle indépendant, lui, intervient plus tard. Cette logique laisse songeur, surtout face au flou de certaines injonctions sur la rétention des données ou sur les mécanismes internes.

Jan Albrecht nous indique que c’était déjà « l’un des problèmes du Safe Harbor ». Et confirme que rien n’a changé sur ce point depuis le début des années 2000.

 
 

4 Un problème avec une boîte ? Les Etats-Unis s’en occupent

Tout (ou presque) se passe sur le sol américain. Et ça peut être long.

 

Si les entreprises se gèrent toutes seules, que se passe-t-il en cas d’embrouille ? Les Américains assurent que des agents du département du Commerce iront contrôler que leurs engagements ne sont pas du pipeau. Tout bidonnage ouvrira la voie à une sanction – sans qu’on en sache plus.

Et si vous avez une raison de vous plaindre ? Vous pouvez saisir pas mal de monde :

  • La firme mise en cause, tenue d’instaurer un mécanisme de plainte.
  • L’autorité de la concurrence américaine (la « Federal Trade commission » ou FTC).
  • La gardienne de la vie privée locale – par exemple en France, la Cnil.
  • Un autre mécanisme choisi par les entreprises, américain ou européen – sauf dans le cas où il y a une relation de travail entre la firme et le plaignant : le passage par une Cnil est alors obligatoire.

 

Des radômes de l'ancienne base de suivi de la NSA à Bad Aibling , dans le sud de l'Allemagne, le 6 Juin 2014

Des radômes de l’ancienne base de suivi de la NSA à Bad Aibling , dans le sud de l’Allemagne, le 6 Juin 2014 - CHRISTOF STACHE/AFP
 

Mais au bout du compte, c’est toujours l’administration américaine (via le DoC, la FTC) qui reprend la main. Si elles peuvent être sollicitées au début d’une affaire (et encore), les gardiennes européennes de la vie privée se retrouvent vite sur la touche :

  • L’entreprise a 45 jours pour dire comment elle va s’y prendre pour gérer le problème dont elle a été notifiée.
  • Faute de réponse, on lui accorde encore 30 jours pour se ressaisir.
  • Si le silence persiste, elle est rayée de la liste des entreprises en accord avec le Privacy shield.
  • Si la boîte continue à dire qu’elle respecte cet accord, la FTC ou toute autre agence américaine peuvent lancer une procédure, qui peut aboutir à des amendes et des dommages et intérêts.
 
 

5 L’entreprise continue à faire n’importe quoi ? Elle doit supprimer ou rendre les données

Mais c’est pas gagné.

 

Si une firme fait effectivement n’importe quoi, elle est sommée de « rendre ou de supprimer » nos données. 

Là encore, il faut croiser les doigts pour que l’administration américaine fonctionne bien, puisque c’est au département du Commerce que revient la charge de vérifier que tout est en ordre.

 

 

6 Vous n’êtes toujours pas content ? Vous pouvez aller devant un « panel » ou les juges

Mais les conditions sont limitées.

 

En ultime recours, le nouvel accord prévoit un « panel » d’arbitres, choisis par le département du Commerce et la Commission européenne. Mais vous ne pouvez le saisir que si la Cnil de votre pays ne s’occupe pas déjà du cas. Et n’obtiendrez aucune réparation financière.

Vous pouvez aussi saisir la justice de votre pays.

Ou vous tourner vers les juges américains pour demander réparation si la boîte mise en cause a effectivement commis une entorse au Privacy Shield.

 
 

7 Toujours insatisfait ? Le texte sera révisé chaque année... s’il n’est pas supprimé

Pour l’Europe, la révision annuelle est une manière de mieux faire avaler la pilule. Mais certains promettent déjà une mort prochaine du Privacy Shield.

 

Signe de la fragilité de l’accord, et de la conviction relative des Européens, tous soulignent la possibilité de réviser, tous les ans, le texte.

C’est ce sur quoi a insisté la France, le jour où elle a donné son feu vert pour le texte. C’est ce sur quoi a insisté Vera Jourova devant les eurodéputés :

« De l’été 2017 [date de la première révison, ndlr] à l’été 2018, nous travaillerons avec les autorités de protection de données sur le Privacy Shield, pour améliorer ce qui peut être amélioré. »

Pour Jan Albrecht, ce n’est pas assez : une clause de suspension aurait dû être fixée en 2018, lors de la mise en application du nouveau règlement sur les données personnelles. Lui pense, de toute façon, qu’avec toutes ces lacunes, le Privacy Shield repassera devant la cour européenne.

Max Schrems pense la même chose [PDF]. L’Autrichien avait fait voler en éclat le précédent cadre de transfert des données entre l’Europe et les Etats-Unis en le soumettant à la CJUE. Il estime que le Privacy Shield n’est rien d’autre que « le produit de la pression des Etats-Unis et de l’industrie numérique », qui voulait dissiper le flou entourant son business. Sans autres ambitions, ce texte a selon lui « très probablement échouer une fois encore. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 16:00

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

Le ministère du travail autorise le licenciement d’un délégué CGT
12 juillet 2016 | Par Rachida El Azzouzi

 

 

 

Alors que l’inspection du travail avait contesté le licenciement d’un ancien délégué CFDT passé à la CGT de Sodexo, le ministère est revenu sur cette décision. L’avocat du syndicaliste dénonce une « décision politique ».

 

C’était en décembre dernier, quelques jours avant la trêve de Noël. Sodexo, géant mondial coté en bourse des « services de qualité de vie » aux entreprises (la restauration collective, les tickets restaurant, l’entretien, etc.), licenciait 18 salariés de la cuisine centrale des cantines marseillaises pour faute lourde, sans préavis, ni indemnités. Le groupe, premier employeur privé français au monde et fleuron « made in Marseille » aux mains de la famille Bellon, l’une des plus grosses fortunes de l’Hexagone, leur reprochait « un abandon de poste », en fait, d’avoir fait grève le 25 novembre. Oui, grève. Trois heures de grève très exactement. Ce droit individuel instauré en 1864, inscrit dans la Constitution en 1946.

La plupart étaient chauffeurs-livreurs à la cuisine centrale où, depuis la mi-novembre, une grève à leur initiative avait gagné l’ensemble des services, bloquant la livraison des cantines scolaires. Un banal conflit social, comme il en survient tous les jours dans le monde du travail – pour dénoncer les conditions de travail (les CDI intermittents, la surcharge des camions), obtenir des embauches, des augmentations, des miettes du gâteau alors que Sodexo affiche une insolente bonne santé (avec en 2015 des résultats meilleurs que ceux attendus – 760 millions de bénéfices net). Tandis que leurs collègues reprenaient le travail, après la signature d’un protocole de fin de conflit par plusieurs délégués syndicaux, la vingtaine de chauffeurs-livreurs s’y refusait, estimant que les augmentations n’étaient pas à la hauteur de leurs revendications et décidait de poursuivre la grève, emmenée par le délégué CFDT Yvon Caprice, qui avait déserté les négociations pour marquer son désaccord. Et c’est cette poursuite de la grève qui vaudra aux chauffeurs-livreurs d’être licenciés pour faute lourde.

Après deux mois de combat et un accord entre la CGT et le groupe (relire ici notre article), onze d'entre eux étaient finalement réintégrés. Sept autres décidaient de couper avec l’entreprise après ces événements et d’aller au bout des procédures en justice ou de négocier avec leur avocat un chèque avec la direction. Et puis, il y a le sort d’un 19e salarié, Yvon Caprice, le délégué syndical CFDT passé à la CGT après avoir été lâché par sa centrale et ses pairs de la CFDT pour avoir osé continuer la grève. Salarié protégé, sa réintégration était entre les mains de l’inspection du travail. Cette dernière l’exigera, estimant qu’il ne faisait qu’exercer son droit de grève, et s’opposera à son licenciement. Mais Sodexo a formé un recours et saisi – c’est son droit – le ministère du travail qui a décidé, le 27 juin, de casser la décision extrêmement bien motivée de l’inspection du travail et d’autoriser le licenciement du délégué syndical. En deux pages très sommaires, le ministère du travail estime que le licenciement est fondé, que le délégué syndical a joué un rôle d’incitation sur ses collègues grévistes, qu'il aurait dû les inciter à cesser la grève qu'il juge ici, « illicite », contrairement à l'inspection du travail.

 

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« C’est une décision politique, estime l’avocat d’Yvon Caprice, Steeve Doudet. La ministre du travail donne raison à Sodexo qui n’est pas la SARL du coin mais le premier employeur privé de France et elle sanctionne ainsi la CGT à la pointe de la lutte contre la loi sur le travail avec laquelle elle est en délicatesse. » Il s’apprête à déposer un recours en annulation devant le tribunal administratif de Marseille et a « bon espoir » d’une réintégration tant le dossier est « creux ». « La décision du ministère est truffée d’erreurs factuelles et juridiques. Mon client est licencié parce qu’il n’a pas incité les salariés à cesser la grève mais le droit de grève est individuel. Il n’appartient pas aux syndicats ! » Contactés, ni le ministère du travail ni la direction de Sodexo n’ont répondu à nos sollicitations. Yvon Caprice, vingt-deux ans d’ancienneté, accuse le coup à la veille des congés d’été. Père de famille, enfant de La Castellane, il a grandi dans la misère et dit « ne plus la craindre », à 45 ans. Il attend son rendez-vous avec un conseiller de Pôle emploi et s’inquiète du temps que peut prendre la justice à statuer sur son cas : « L'avocat me dit que cela peut prendre six mois comme deux ans. Mais j'ai besoin de travailler, je ne peux pas être au chômage ». 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 20:53

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Surveillance

Bruxelles et industriels rêvent de « frontières intelligentes » capables de contrôler automatiquement les individus

par , Morgane Remy

 

 

 

Ce ne sont plus seulement des murs et des grillages qu’on édifie aux frontières de l’Europe. La Commission européenne et les industriels de la sécurité rêvent de « frontières intelligentes » – les Smart borders : une multitude de fichiers et d’appareils de contrôles automatisés et interconnectés, capables de suivre chaque individu. L’objectif ? La lutte anti-terroriste et le refoulement des migrants. Mais ces dispositifs dont l’efficacité reste à prouver risquent de gréver les finances publiques, tout en menaçant les libertés et la vie privée si, demain, certains Etats décident de passer du contrôle de chacun à la surveillance de tous. Enquête.

En matière de politique sécuritaire, le moins qu’on puisse dire est que l’Union européenne et ses États membres ne manquent pas d’idées. Les frontières de l’UE sont régies par pléthore de dispositifs et autant d’obscures acronymes. Le SIS, système d’information Schengen, réunit les données des individus recherchés ou disparus. Le VIS, système d’information sur les demandes de visa, ou encore, Eurodac, pour la gestion administrative des demandes d’asile...

Le 14 avril 2016, le Parlement européen a décidé d’allonger cette liste, en adoptant le Passenger name record, ou PNR. Son but ? collecter auprès des compagnies aériennes 19 types d’informations différentes sur les voyageurs, du prix du billet au numéro du siège. La Commission européenne n’est pas en reste : elle a de son côté sorti du chapeau une nouvelle version des Smart borders (« frontières intelligentes »), un projet qui lui tient à cœur depuis 2013, mais qui avait été laissé sur la touche par le Parlement. Le dispositif permettra d’enregistrer les entrées et sorties des ressortissants de pays tiers admis pour un séjour de courte durée dans l’espace Schengen — 90 jours maximum sur une période de 180 jours — et sera doublé d’une automatisation des frontières pour lutter contre la fraude à l’identité.

 

« Projets mégalomaniaques »

Une fois interconnectés, ces systèmes d’information constitueront autant de mailles d’un même filet de contrôle et de surveillance des individus. Un filet, en lieu et place de murs, qui cherche pourtant à remplir la même fonction : remédier aux difficultés européennes face à deux crises majeures : la menace terroriste et la crise migratoire. « Le partage des informations relie les deux. Nos garde-frontières, autorités douanières, policiers et autorités judiciaires doivent avoir accès aux informations nécessaires », a ainsi précisé Dimitris Avramopoulos, commissaire européen pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté, lorsqu’il a dévoilé le texte sur les Smart borders en avril dernier.

La Commission ne cesse de promouvoir cette idée de « frontières intelligentes », malgré la réticence de certains parlementaires. « Nous avons déjà voté non une première fois contre le PNR et les Smart Borders car nous étions sceptiques face à des projets mégalomaniaques tant sur le plan budgétaire que sur celui d’une collecte massive des données, réagit Sophie In’t Veld, la vice-présidente néerlandaise de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe. Pourtant, ces textes reviennent sur la table, avec une pression de certains États membres pour les faire voter. »

 

Les industriels dans les starting-blocks

La France n’est pas la dernière à jouer des coudes pour faire aboutir ce dossier. En témoigne la venue de Manuel Valls à Strasbourg lors du vote sur le PNR. Non seulement l’État français a lui-même été victime du terrorisme, mais il soutient aussi ses fleurons industriels, Safran notamment, en première ligne pour remporter les appels d’offres et mettre en place les fichiers de passagers aériens en Europe. Morpho, sa filiale sécurité, gère déjà deux marchés : la France et l’Estonie. Des PNR nationaux existent en effet dans 14 pays. Pour financer ces dispositifs, avant même que le PNR européen ne soit voté, la Commission a déjà investi 50 millions d’euros.

Derrière les Smart borders, les sommes en jeu et les intérêts des industriels sont encore plus discutés, car ces nouvelles frontières nécessiteraient la mise en place de kiosques spéciaux dotés d’outils biométriques, les e-gates, dont tous les États inclus dans l’espace de libre circulation devront s’équiper. En France, 133 points de frontière Schengen pourront être concernés, soit 86 aéroports, 37 ports, et 10 gares. Sachant que le coût d’une porte est estimé dans une fourchette comprise entre 40 000 et 150 000 euros, l’investissement n’est pas négligeable !

 

Collusions public-privé

La première proposition de Smart Borders chiffrait le projet à 1,1 milliard d’euros. Elle avait provoqué un tollé au sein du Parlement européen en 2013. Depuis, pour apaiser cette ire, la Commission a réalisé un tour de passe-passe : selon son nouveau calcul, le coût pourrait finalement être ramené 480 millions d’euros… Sauf que dans le même temps, la Commission a provisionné 791 millions d’euros dans son budget cadre 2014-2020, avant même que la directive ne soit votée ! « En réalité, pour savoir combien cela va nous coûter, il faudra attendre les réponses des industriels aux appels d’offres et surtout conclure les contrats », note Krum Garkov, le directeur de l’agence Eu-Lisa créée pour mettre en place les Smart borders.

Si ce système n’est pourtant qu’à l’état de projet, l’appel aux géants de la défense est lui déjà lancé. « Pour améliorer la sécurité européenne, nous avons besoin de stimuler nos industriels ! », clame Armand Nachef, du point de contact national du programme européen de recherche Horizon 2020, le 17 novembre au Bourget. Ce représentant du service public s’adresse alors aux entrepreneurs présents au salon de la sécurité intérieure Milipol, où armes, drones, caméras, équipements de maintien de l’ordre et autres gilets pare-balles sont exposés.

 

Au menu : reconnaissance par l’iris, faciale ou digitale

A l’autre bout du salon, ces mots ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Un employé de Morpho propose fièrement de faire visiter l’installation type d’une frontière hyper sécurisée : « Là, c’est une machine de reconnaissance par l’iris. Pour le moment, nous en avons surtout vendu en Asie, mais ça va venir ici ». Il présente la porte « intelligente », un sas de verre capable de vérifier votre identité en moins de 20 secondes. Soit deux à trois fois plus vite qu’aujourd’hui, lorsque vous avez affaire à un douanier derrière son guichet. C’est la société Morpho qui a fourni portes automatiques, outils de reconnaissance faciale ou d’empreintes digitales au port de Cherbourg, à la gare du Nord et à l’aéroport international de Roissy.

La Commission européenne investit depuis plusieurs années dans des programmes de recherche. Entre 2007 et 2013, à travers le volet Sécurité du programme FP7 – prédécesseur d’Horizon 2020 – plus de 51 millions ont été versés à des consortiums, souvent dirigés par des entreprises auxquelles se sont associés des laboratoires et des acteurs publics pour réfléchir à la gestion de ces nouvelles frontières. Dans le programme en cours Horizon 2020, « Sociétés sûres », l’instance européenne a déjà investi plus de 21 millions d’euros. Des sommes non comprises dans le budget Smart borders.

Une petite PME française a ainsi profité de cette manne pour se lancer. « Nous avons touché exactement 328 251 euros, témoigne Raphaël Rocher, gérant de Sécalliance sécurités informatiques. Grâce à cela nous avons pu nous lancer. » L’entreprise est créée en 2009, en même temps que débute un projet de recherche sur cinq ans, Effisec. La PME développe, avec d’autres partenaires, des kiosques permettant l’enregistrement du passager, la vérification de son passeport ainsi qu’un contrôle biométrique par comparaison d’une photo prise par la borne avec celle enregistrée sur la puce du passeport. Une fois cette étape validée, le kiosque s’ouvre pour un autre contrôle par caméra millimétrique.

Mais le premier bénéficiaire de la subvention versée dans le cadre d’Effisec est encore Morpho, la filiale de Safran, qui a touché 1,8 millions euros [1]. L’entreprise a déjà coordonné la moitié des projets de sécurité aux frontières aéroportuaires dans le cadre du programme FP7 et a reçu quatre millions d’euros à ce titre.

 

Des multinationales à la fois juges et parties

Certains chercheurs et ONG pointent du doigt le rôle plus discret joué par certaines entreprises consultées par la Commission. Dans le groupe de conseils du programme de recherche FP7, on comptait des représentants des grandes entreprises de la sécurité, dont Morpho et Thalès. « Trop souvent, on se rend compte que les projets sélectionnés sont coordonnées par des entreprises qui sont également dans les groupes de conseil censés donner leurs avis sur les projets reçus, ou sur les orientations à donner aux politiques de sécurité ! En mettant les sommes bout à bout, ces entreprises touchent des milliards de la Commission », regrette Stéphanie Demblon, membre d’Agir pour la paix, qui pose la question des conflits d’intérêts.

Stéphanie Demblon propose des lobby-tours à Bruxelles, et montre ainsi aux citoyens curieux les bureaux que les grandes entreprises de la défense et de la sécurité ont installé dans le quartier des institutions européennes. « La Commission justifie ce recours aux entreprises en disant qu’elle n’a pas les experts nécessaires et que les représentants de ces groupes en sont. Donc pourquoi s’en priver ? », ajoute-t-elle avec dépit.

 

Une utilité remise en question

Ces investissements dessinent-ils les contours d’une Europe plus sûre ? Beaucoup en doutent. « On nous a présenté le PNR comme la solution miracle, mais il n’en est rien, assure Emmanuel Maurel, député européen membre du groupe Sociaux-démocrates. Comme tout le monde est inquiet, on se raccroche à de tels dispositifs à l’efficacité discutable. Alors que les assassins circulent en voiture, on crée une base de données sur le transport aérien. Savoir ce qu’un passager mange, avec qui il voyage, ça ne sert à rien. Il vaudrait mieux investir sur le renseignement humain, que dans un système aussi démesuré. »

Concernant les Smart borders, la députée et vice-présidente du groupe des Verts-Alliance libre européenne, Ska Keller, est encore plus tranchante : « J’attends de savoir à quel problème cette idée de frontières intelligentes apporte une réponse. La Commission européenne est incapable de nous le dire. En plus, nous ne pouvons pas suspecter tous les citoyens européens d’être des terroristes, mais on se permettrait de le faire avec les autres ? Ce n’est pas normal. Par ailleurs, le fait de rester plus longtemps sur un territoire ne se justifie pas forcément par des motifs criminels. »

Pour la Cimade, association française spécialisée dans les droit des étrangers, le système des Smart borders risque, de surcroît, de créer une discrimination entre les différentes catégories d’étrangers. « L’Europe facilitera le passage des voyageurs à faible "risque migratoire", c’est-à-dire ceux venant de pays riches », analyse Gipsy Beley, porte-parole de la Cimade.

 

« Il faudrait plutôt voir ce qui peut être réalisé à court terme »

Pour certains, le choix de l’automatisation dans le cadre des Smart borders n’est peut-être pas non plus le meilleur. « Les portes font moins d’erreur que les humains, témoigne le professeur Luuk Spreeuwers, qui a étudié le système déjà installé à l’aéroport d’Amsterdam Schiphol. Cependant, d’autres difficultés apparaissent, comme des photos de passeports qui ne sont pas de qualité suffisante pour la reconnaissance faciale. » Là encore, la culture du secret l’emporte. Si le test de la phase pilote est encourageant, avec un taux d’authentification de 98%, celui des premières années de pratique demeure confidentiel. Impossible de savoir si, confrontés à un plus grande nombre de voyageurs, ils sont encore performants.

Avant de s’engager dans de nouveaux projets, souvent poussés par le marché, peut-être faudrait-il commencer par tirer les leçons du passé ? « Il faudrait plutôt voir ce qui ce qui peut être réalisé à court terme. Il ne faut pas oublier que le SIS est en place depuis les années 90, et vingt-cinq ans après, nous sommes toujours en train de l’améliorer. De SIS 1, on est passé à SIS 1+, puis à SIS 2. Le dispositif arrive seulement à maturité. Il n’est donc pas certain que le prochain projet soit bénéfique avant une vingtaine d’années. Que fait-on entre-temps ? », s’interroge Giovanni Buttarelli, le Superviseur européen de la protection des données.

 

Protéger les données personnelles

Autre inquiétude : le respect des nombreuses données ainsi collectées sur les citoyens. Comment seront-elles utilisées ? Où vont-elles être stockées ? Pour combien de temps ? En s’opposant une première fois au Passenger name record (PNR) et aux Smart borders, le Parlement a bien fait comprendre à la Commission qu’il ne voterait pas ces textes tant que des réponses précises à ces questions ne seraient pas apportées.

Concernant le PNR, deux strictes conditions étaient posées : qu’il soit voté en parallèle d’un ensemble de textes favorables à la protection des données, et qu’il soit équilibré entre lutte contre le terrorisme et protection de la vie privée. La Commission est ainsi revenue avec un « Paquet protection des données », que le Parlement a ensuite validé. Au lendemain du vote, le groupe Sociaux-démocrates s’est réjoui dans un communiqué d’avoir « veillé à renforcer les droits des internautes (...) Droit à l’effacement, voies de recours, informations sur la façon dont les données sont traitées, encadrement des transferts de données des Européens vers les pays tiers, possibilités de profilage strictement limitées, sanctions en cas de non-respect des règles. » Néanmoins, comme le concède le député Emmanuel Maurel, si le texte est censé apporter des améliorations, « il faudra retravailler sur cette thématique, car la protection de la vie privée est aujourd’hui un véritable casse-tête ».

 

Vers un « système pan-européen de surveillance » ?

L’intention des Smart borders pose encore plus de problèmes. La gestion des données personnelles, dans ce cas, reste en effet pour le moins floue. Les informations seraient gardées six mois, mais il n’est guère spécifié comment ni ce qu’elles deviendront. Ce qui mène le Superviseur européen de la protection des données à penser que les objectifs de la Commission sont contradictoires. « Elle dit vouloir faciliter le déplacement en gardant les frontières sûres, veiller à ce que les voyageurs soient libres, respecter les droits fondamentaux, mais mener ce projet à bas coût. Cela fait trop en même temps pour être réaliste. »

Surtout, une interrogation plus large demeure : les « frontières intelligentes » ne sont-elles pas une étape vers un « système pan-européen de surveillance », comme le craint Chris Jones, membre de l’ONG Statewatch ? La base d’information sur les voyageurs sera énorme, allant de leurs déplacements dans l’espace Schengen à leurs données biométriques, le tout pouvant être – en fonction du vote des députés – être accessible par les polices nationales, Europol et Frontex ! Au risque de mettre en place une « société qui ne fait pas très envie », avertit le député socialiste Emmanuel Maurel. Lors du vote du texte sur les Smart borders d’ici la fin de l’année, le Parlement européen résistera-t-il à nouveau ?

Aline Fontaine et Morgane Rémy

Illustration : CC Ophelia Noor / Owni

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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 20:45

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

La réalisatrice Mariana Otero arrêtée pour avoir filmé la « chose publique »

 

Publié le 8 juillet 2016

par

Photo : PHILIPPE LOPEZ / AFP

 

 

http://static.politis.fr/medias/articles/2016/07/la-realisatrice-mariana-otero-arretee-pour-avoir-filme-la-chose-publique-35087/thumbnail_hero-35087.jpg

 

Le 5 juillet, la réalisatrice Mariana Otero a été arrêtée avec son équipe par des CRS en plein tournage de son dernier film, portant sur le mouvement Nuit debout. Elle dénonce l’interdiction qui lui a été faite de filmer la « chose publique », un « droit pour tous les citoyens ».

Je suis réalisatrice (Histoire d’un secret, Entre nos mains, A ciel ouvert etc…). Depuis trois mois avec l’aide d’un collectif « Les yeux de Marianne », je filme quotidiennement un groupe de jeune gens engagés dans le mouvement Nuit debout à République. Leurs réflexions et leurs actions.

Nous avons mis quelques vidéos sur YouTube surtout au début du mouvement : https://www.youtube.com/channel/UCP_YojMRZJ97TR17ubsD1rg

Lors des manifestations, comme tant d’autres journalistes et réalisateurs, nous avons été empêchés de filmer par des violences policières qui s’exerçaient à la fois sur les manifestants et tous ceux qui filmaient, photographiaient, périscopaient… Certains ont été touchés dans leur corps. Parfois gravement.

Mardi 5 juillet, dans un contexte pourtant calme, moi et mon équipe avons été froidement interpellées et arrêtées face à l’Assemblée nationale, dix minutes après notre arrivée pour le simple fait que nous filmions. Voici le récit des faits que vous pourrez constater aussi sur la vidéo périscope filmée par « La Taupe enragée » :

 

 

Moi et mon équipe, Sophie Tesson à la perche et Pascal Deux en renfort son, sommes arrivés vers 17h sur le pont de la Concorde. Il y avait plus de CRS que de manifestants, ces derniers étant encore peu nombreux et extrêmement pacifiques. Comme à l’habitude dorénavant, les manifestants ont très vite été nassés. Et les passants, triés : ceux qui semblaient vouloir manifester étaient fouillés puis poussés fermement dans la nasse, les autres, les touristes, pouvaient traverser le pont. Je filmais ces fouilles depuis quelques minutes quand les CRS, entre autres leur commandant, m’ont demandé ma carte de presse. J’ai expliqué que je n’étais pas journaliste mais cinéaste et que je n’avais pas à avoir de carte de presse pour avoir l’autorisation de filmer, que filmer la chose publique est un droit pour tous les citoyens. Mais les CRS ont continué de me demander d’arrêter de filmer arguant que ce jour-là, un arrêté préfectoral exceptionnel avait été émis interdisant les tournages devant l’Assemblée. Nous avons demandé à voir cet arrêté qui ne nous a jamais été fourni. J’ai continué de filmer.

Quelques minutes plus tard, les CRS se sont approchés de moi, décidés cette fois-ci à m’empêcher de filmer par la contrainte. Ils ont essayé de se saisir de la caméra. J’ai résisté en la serrant contre moi et en continuant d’affirmer mon droit haut et fort. Alors un jeune homme a essayé de s’interposer et de me défendre. Dans le même temps, Pascal Deux, par ailleurs réalisateur de fiction à Radio France a tendu sa carte de radio, espérant ainsi pouvoir me permettre de continuer à filmer. Un des CRS s’est saisi de la carte pour aller l’apporter à ses supérieurs hiérarchiques. Nous l’avons suivi. La situation était devenue très confuse, des manifestants nous soutenaient en protestant, les CRS hurlaient et s’agglutinaient. Pendant ce temps - je ne l’avais pas vu dans la confusion -, le jeune homme qui avait tenté de nous défendre, avait été mis à terre par trois CRS. Quand nous avons pris conscience de cette arrestation, Sophie Tesson et moi-même avons fait demi tour pour la filmer en espérant que le fait de filmer empêche et limite la violence policière qui sans regard extérieur peut se déchaîner.

A ce moment-là, alors que je filmais, j’ai été saisie fermement par le bras par un CRS et emmenée avec Sophie Tesson au bout du pont où la carte de Pascal Deux était vérifiée par d’autres CRS. Nous avons reçu alors l’interdiction absolue de filmer. Nous avons rappelé aux CRS la directive 2008-8433, qui dit qu’en aucun cas ils ne peuvent interdire de filmer ni même d’être filmés dans l’exercice de leur fonction. Mais ils en ont eu cure, nous avons été encerclés et isolés. Le commandant nous a alors accusé d’avoir été agressifs : je les aurais frappés de mon coude, bousculés avec la caméra, Sophie Tesson les aurait frappés avec la perche. Ils ont voulu vérifier nos papiers mais je n’avais que mon pass navigo et Sophie Tesson n’en avait pas. Puis ils ont confisqué le matériel caméra ainsi que le matériel son de Pascal Deux. Ils ont affirmé alors qu’en plus des soi-disant violences que nous leur aurions faites, nous aurions aussi arraché l’insigne d’un des CRS et ils nous ont montré la veste d’un des leurs où un insigne manquait. Les quelques CRS qui nous encerclaient, ont affirmé chacun sans la moindre vergogne avoir été témoin de cette scène qui n’avait pourtant jamais eu lieu.

Trois quarts d’heure plus tard, ils nous ont mis dans un fourgon et emmené au commissariat du 15ème. Là, nous avons été reçus rapidement par le Capitaine qui très vite nous a relâchés. Il a reconnu que nous avions été victimes d’une privation de liberté abusive de la part de cette brigade et que les CRS étaient « hors la loi » en nous empêchant de filmer. Il n’a pas pris en considération et n’a pas cru les soi-disant violences que nous aurions exercées contre les CRS.

Par contre, le jeune homme qui s’est interposé entre les CRS et moi - et dont, pour l’instant, sans son autorisation, je préfère taire le nom - ce jeune homme, donc, est quant à lui toujours en garde à vue dans le commissariat du 14ème. Alors qu’en l’occurrence, il est intervenu pour faire respecter la loi.


Mariana Otero
par
publié le 8 juillet 2016

 

 

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

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