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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 20:37

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Les objets connectés s’attaquent à Internet
27 octobre 2016 | Par Jérôme Hourdeaux
 
 
 

Depuis plusieurs semaines, des chercheurs alertent sur la propagation d’un malware, un programme informatique installé dans les objets connectés (caméras de surveillance, enregistreurs vidéo) afin d’en prendre le contrôle. Le week-end dernier, un réseau de machines infectées a lancé une attaque de grande envergure ayant mis hors ligne de nombreux sites tels que Twitter ou Spotify.

Internet a connu, le week-end dernier, une attaque informatique historique : pour la première fois, des attaques lancées depuis des objets connectés ont réussi à mettre hors ligne certains des plus grands sites mondiaux. Une attaque rendue possible par la propagation sur « l’Internet des objets » d’un malware d’un nouveau type, tout aussi simple qu’inquiétant, et baptisé « Mirai ».

C’est au cœur de l’été que ce petit programme informatique aurait fait ses premières apparitions. Il est pour la première fois identifié dans une note publiée sur le site Malware Must Die le 31 août dernier. Ce collectif de chercheurs en sécurité informatique y expliquait avoir été alerté, au début du même mois, par des amis responsables de système informatique de l’existence d’un nouveau malware s’attaquant spécifiquement aux objets connectés. Celui-ci était baptisé « Mirai » et serait une variante d’autres virus du même type, Gafgyt, BASHLITE et Torlus.

L’information passe dans un premier temps inaperçue. Mais il ne faudra qu’un mois pour que « Mirai » se transforme en menace mondiale. Le mardi 20 septembre dans la soirée, Brian Krebs – journaliste américain spécialisé dans la cybersécurité – constate une étrange activité sur son site internet, KrebsonSecurity. Celui-ci est la cible d’un nombre inhabituel de requêtes qui, très vite, saturent ses serveurs et mettent son site hors ligne. En clair, Brian Krebs est victime d’une « attaque DDoS », encore appelée « attaque par déni de service distribuée », consistant à rendre un site indisponible, généralement en le submergeant de requêtes.

Immédiatement, le journaliste contacte la société Akamai qui assure la sécurité de son site. En quelques heures, Brian Krebs comprend qu’il est confronté à une attaque hors du commun. Et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, selon les premières investigations d’Akamai publiées dès le lendemain de l’attaque sur KrebsonSecurity, l’attaque DDoS lancée contre le site était d’une ampleur phénoménale, jamais vue chez la société de sécurité. Ses analyses font état d’un trafic d’environ 620 gigabits par seconde. À titre de comparaison, le précédent « record » constaté par Akamai était une attaque DDoS générant un trafic presque deux fois moins important, à 363 gigabits.

Mais ce qui interpelle le plus les experts en sécurité, c’est la simplicité de l’attaque. Ses auteurs ont en effet utilisé un « botnet », littéralement un « réseau de robots », c’est-à-dire un ensemble de programmes informatiques injectés dans des machines afin d’en prendre le contrôle. Ces dernières deviennent autant de « machines zombies » que l’auteur de l’attaque peut utiliser pour surcharger la cible de requêtes. Mais généralement, et encore plus dans le cadre d’une attaque de l’amplitude de celle menée contre KrebsonSecurity, les pirates utilisent différentes techniques pour l’amplifier en démultipliant le nombre de requêtes envoyées.

Or, selon Akamai, aucun des artifices connus n’a cette fois été employé. Les attaquants n’ont utilisé, selon les mots de Brian Krebs, que des méthodes « pourries ». La seule explication possible est que ceux-ci aient réussi à infecter un nombre sans précédent de machines, « peut-être des centaines ou des milliers de systèmes ». « Quelqu’un a un botnet avec des capacités que nous n’avons jamais vues », expliquait alors au journaliste un responsable de la sécurité d’Akamai, Martin McKeay. « Nous avons regardé le trafic provenant des systèmes attaquant et ils n’étaient pas dans une seule région du monde ou dans un petit sous-ensemble de réseaux – ils étaient partout. »

Brian Krebs précisait déjà qu’il y a « quelques indications que cette attaque ait été lancée avec l’aide d’un botnet ayant asservi un grand nombre d’appareils de ce que l’on appelle l’“Internet des objets” – routeurs, caméras de surveillance IP et enregistreurs vidéo numériques (DVR) exposés à Internet et protégés par des mots de passe faibles ou codés en dur », c'est-à-dire intégrés au code source du logiciel. Le site KrebsonSecurity restera quasiment inaccessible durant plusieurs jours. Au cours de cette période, la société Akamai informe le journaliste que, débordée par la situation, elle n’assurera plus sa sécurité informatique.

Si la mésaventure de Brian Krebs est largement relayée par la presse spécialisée, ce n’est que quelques jours plus tard que le lien avec « Mirai » est évoqué. La société américaine Level 3 communications, l’un des principaux opérateurs de réseaux internet au monde, annonce avoir étudié l’attaque menée contre KrebsonSecurity. Selon ses conclusions, entre 500 000 et 980 000 appareils auraient pu être infectés pour constituer deux « botnets ». De son côté, la société BackConnect, spécialisée dans la protection contre les attaques DDoS, confirme que le malware utilisé est bien « Mirai ».

Le vendredi 30 septembre, un utilisateur du site communautaire Hackersforums y publie le code source du malware, c’est-à-dire son ADN, permettant ainsi à n’importe qui de le dupliquer. Et « garantissant virtuellement », commente alors Brian Krebs, « qu’Internet sera bientôt inondé d’attaques provenant de nombreux nouveaux botnets alimentés par des routeurs, des caméras de surveillance IP, des enregistreurs vidéo numériques non sécurisés et d’autres appareils facilement piratables ».

Les jours qui suivent donnent raison au journaliste. Avec son code source rendu public, les chercheurs peuvent se pencher plus en profondeur sur Mirai : le lundi suivant, les chercheurs du site Malware Tech mettent en ligne une carte de l’évolution de l’épidémie, illustrée par une vidéo résumant, en moins de 3'30, 18 minutes de propagation du malware dans le monde.

 

 

Un peu plus d’une semaine après la mise en ligne du code source, Level 3 faisait état d’un doublement du nombre d’appareils infectés, passant de 213 000 à 493 000 « bots » en quelques jours. Des chiffres purement indicatifs du fait d’une « vue incomplète de l’infrastructure », précisait la société. Les objets impliqués dans les attaques étaient quant à eux répartis dans quasiment le monde entier, mais en priorité aux États-Unis (29 %), au Brésil (23 %) et en Colombie (8 %)...

 

*Suite de l'article sur mediapart

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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27 octobre 2016 4 27 /10 /octobre /2016 15:25

 

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Privatisation

Les multinationales de l’eau tentent de faire payer les collectivités pour l’interdiction des coupures

 

par

 

En France, les coupures d’eau pour impayés dans les résidences principales sont interdites par la loi depuis 2013. Un usager devra régler sa facture mais ne peut se voir priver de la ressource fondamentale que constitue l’eau. Cette réglementation n’a jamais été acceptée par Veolia, Suez et la Saur, qui se partagent le marché de la gestion privée de l’eau. Elles ont d’abord tenté de faire modifier la loi, puis de ne pas l’appliquer. Rappelées à l’ordre par plusieurs décisions de justice [1], elles ont trouvé un autre parade : faire payer d’avance les collectivités locales pour d’éventuelles factures en souffrance !

Voici donc la dernière invention des grandes entreprises de l’eau pour contourner cette interdiction : demander aux collectivités locales qui ont fait appel à leurs services de signer un avenant à leur contrat de délégation de service public. Parmi les nouvelles clauses, la prise en charge par la collectivité des impayés, l’augmentation de la part fixe des factures, et l’éventualité d’une hausse du prix de l’eau en cas d’augmentation supplémentaire des impayés. Des élus locaux ont alerté France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France, lesquelles dénoncent un « nouveau racket des multinationales de l’eau » qui veulent « le beurre, l’argent du beurre et le budget de nos collectivités » en transférant « leur risque vers les élus alors que celui-ci fait partie de leur contrat ».

Les entreprises de l’eau invoquent une augmentation des impayés depuis l’interdiction des coupures d’eau. La loi « a pour conséquence une hausse des impayés, donc il faut la répartir sur l’ensemble des facturations », se défend Antoine Frérot, le PDG de Veolia, à l’AFP. « Nous demandons une adaptation du prix de l’eau, tenant compte de l’évolution des impayés. » Cependant, selon la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, l’augmentation des impayés aurait commencé plus tôt, vers 2010, ce qui suggère qu’elle serait davantage due à la crise.

Élus et associations dénoncent l’absence de données précises sur ces prétendues hausses, alors même que les prestataires brandissent la menace de poursuites. Pour France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France, c’est une nouvelle raison pour eux de « repasser en régie publique ».

Olivier Petitjean

 

 

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

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26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 14:17

 

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Impunité

Le géant de l’agro-chimie Syngenta autorisé à dissoudre une filiale accusée de pollution toxique

par

 

Connaissez-vous les « semis haute densité » ? Cette expression très anodine désigne une pratique crapuleuse des semenciers. Elle consiste à payer des agriculteurs pour qu’ils enfouissent des semences non commercialisables dans leurs champs. Pour se débarrasser, par exemple, de semences de maïs déclassées et enrobées de produits chimiques tels que l’imidaclopride (gaucho) ou le fipronil (régent), le « semis haute densité » est idéal, car beaucoup moins onéreux que le protocole d’incinération imposé par la loi pour les déchets chimiques. La société Syngenta Seeds Holding, filiale à 100% de Syngenta France, s’y est adonnée entre 1999 et 2002, à Verteuil-d’Agenais dans le Lot-et-Garonne. Moyennant rétribution, Bernard Béteille, agriculteur, a enfoui près de 1000 tonnes de semences dans ses champs. Semences hautement toxiques notamment pour les abeilles.

 

L’agriculteur seul sur le banc des accusés

Alertés par un apiculteur voisin, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) et le syndicat des apiculteurs du Lot-et-Garonne, déposent plainte en 2003 pour « abandon de produits phytopharmaceutiques pouvant polluer les sols ». Huit ans plus tard, après moult investigations, la société et l’agriculteur sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour « élimination de déchets pouvant produire des effets nocifs sur l’environnement ». Mais Syngenta ne l’entend pas de cette oreille, et décide de dissoudre la filiale mise en cause. Les juges en charge du dossier demandent au tribunal de commerce de déclarer la manœuvre frauduleuse.

« Les circonstances dans lesquelles la dissolution de société Syngenta Seeds Holding est intervenue ne laissent aucun doute sur le caractère frauduleux de cette opération réalisée dans la précipitation et sans impératif économique, et dans l’unique but d’éluder purement et simplement sa responsabilité pénale, » remarque le tribunal de commerce de Paris, qui prononce la nullité de l’acte de dissolution en mars 2015.

Mais la Cour d’appel revient sur cette déclaration de nullité, et entérine la dissolution de Syngenta Seeds Holding, ce qui annule toute possibilité de poursuite. Pour Syngenta, « la dissolution, qui aurait été réalisée dans le but unique de mettre un terme à une procédure pénale en cours en France, est en réalité intervenue dans le cadre d’un projet mondial de simplification des organigrammes du groupe, notamment du nombre de structures juridiques existantes. » [1]

Résultat : seul l’agriculteur acheté était présent sur le banc des accusés ces 18 et 19 octobre au tribunal correctionnel de Paris. Une amende de 10 000 euros avec sursis a été requise à son encontre. « Nous nous engageons à prévenir la dégradation des sols, améliorer la biodiversité et revitaliser les communautés rurales, » assure de son côté l’entreprise. Syngenta continue d’amasser les bénéfices. En 2015, le groupe a engrangé près d’1,2 milliard d’euros de bénéfices.

 

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 15:21

 

Source ; http://www.lemonde.fr

 

 

Semences toxiques : les manœuvres de Syngenta pour échapper à la justice

 

Le géant suisse de l’agrochimie est au cœur d’une affaire d’épandage de semences enrobées d’insecticides neurotoxiques.

 

 

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 

Le logo de l’agrochimiste suisse Syngenta, sur le site des Barges près de Vouvry, le 10 mai 2015.

 

 

 

 

 

 

 

Tout ça pour ça. Il semble en effet que personne ne paiera quoi que ce soit dans l’affaire des semences périmées en partie enrobées d’insecticides neurotoxiques que juge le tribunal correctionnel de Paris depuis mardi 18 octobre. Mercredi, le ministère public a requis une amende de 10 000 euros avec sursis à l’encontre de Bernard Béteille, l’exploitant agricole du Lot-et-Garonne qui a enfoui pendant quatre ans des tonnes de ces déchets dangereux pour l’environnement à la demande de Syngenta, qui voulait s’en débarrasser à bon prix.

Pourtant le groupe suisse n’aura vraisemblablement pas à répondre de ses pratiques. « Vous aurez compris que votre tribunal ne pourra pas se prononcer à son encontre, a lancé la procureure, Aude Le Guilchner, à l’adresse des juges. Vous pourrez juste constater la disparition de sa filiale qui est extrêmement impliquée, une disparition tout de même troublante qui continue d’interpeller le ministère public… »

La veille, à l’ouverture de l’audience, l’avocate de Syngenta, Sylvie Moreau Bloch, était passée prévenir « par courtoisie » qu’elle ne plaiderait pas, n’assisterait pas non plus aux débats puisque son client n’existait plus. Pour échapper aux poursuites, la firme a en effet dissous sa filiale Syngenta Seeds Holding, dont elle était l’unique actionnaire. Elle l’a fait le 21 novembre 2011, cinq jours après avoir appris que celle-ci était renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris.

Furieux, les juges parisiens avaient demandé au tribunal de commerce de Versailles de déclarer cette manœuvre frauduleuse. Celui-ci a effectivement annulé la dissolution, mais l’agrochimiste a gagné son procès en appel, en janvier. C’est ainsi que pendant deux jours d’audience il n’a été question que de lui, mais sans lui.

Avant qu’elle ne s’évapore opportunément, sa société était sur la sellette pour ses contrats avec Bernard Béteille. Moyennant rétribution, l’exploitant a épandu, entre 1999 et 2002, pas moins de 922 tonnes de semences déclassées dans ses champs à Verteuil-d’Agenais. Cette façon de se débarrasser des invendus lui revenait moins cher que de les faire incinérer par une cimenterie.

Des pesticides redoutables

Le problème, c’est qu’une partie était enrobée de pesticides redoutables. En 2002, une plainte avait été déposée par des apiculteurs locaux, à laquelle se sont joints l’Union nationale de l’apiculture française, l’association Que choisir et France Nature Environnement. Après enquête des services de l’Etat chargés de l’environnement, plusieurs perquisitions menées par la gendarmerie, des auditions chez des juges d’instruction successifs, bref, après quatorze années d’efforts conduisant tous aux mêmes conclusions, il fut décidé de poursuivre Syngenta Seeds Holding pour avoir « fait déposer de façon irrégulière des déchets agrochimiques contenant des substances dangereuses ».

Après avoir minimisé, Syngenta a reconnu que 10 % à 15 % des semences de maïs étaient imprégnées d’imidaclopride – un pesticide plus connu sous le nom de Gaucho –, et de fipronil qui entre, lui, dans la composition du Régent, sans compter quelques fongicides. Les deux insecticides sont aujourd’hui partiellement ou totalement interdits.

Lire aussi :   Bras de fer sur les conditions d’épandage des pesticides autour des habitations

C’est donc seul que M. Béteille s’est retrouvé sur le banc des prévenus devant la 31e chambre correctionnelle. « Voulez-vous vous exprimer ?, lui a proposé à plusieurs reprises la présidente du tribunal, Evelyne Sire-Marin. Parce que des éléments à décharge, je n’en ai pas vraiment trouvé dans le dossier… »

« Quantités faramineuses »

Bredouillant qu’il ignorait la nature exacte de ce qu’il semait – malgré l’indication Gaucho imprimée sur certains sacs –, qu’il s’en remettait à la firme agrochimique, M. Béteille a rapporté qu’avec ces « semis haute densité », selon l’appellation de Syngenta, il produisait de l’engrais « vert » sur ces mêmes parcelles. En confiant que cette affaire lui a coûté plus que les 71 000 euros qu’elle lui a rapportés.

Son avocate, Dalia Moldovan, n’a eu ensuite qu’à souligner à quel point il serait injuste que l’agriculteur soit le seul condamné, alors qu’il était lui-même « victime de la confiance aveugle qu’il faisait à Syngenta, convaincu qu’un groupe de cette importance devait bien savoir ce qu’il faisait ». Depuis les interventions des gendarmes dans son exploitation, « M. Béteille vit avec la honte face au reste du village », a-t-elle assuré. Au cours de l’instruction, ses récoltes d’une année ont été saisies. Les difficultés se sont alors accumulées, il a dû vendre dix hectares pour faire face, il a eu des déboires familiaux… Qui aurait à cœur d’accabler l’exécutant quand le donneur d’ordres est absent ?

Ainsi donc la punition devrait se réduire à quasiment rien, alors que l’atteinte avérée à l’environnement, elle, est loin d’être anodine.

Comme le raconte Jean-Marc Bonmatin, toxicologue chercheur au CNRS :

« J’ai été très étonné par les quantités faramineuses d’insecticides épandues. Un petit millier d’études scientifiques concluent à la dangerosité de ces produits sur les insectes butineurs, même employés à la dose homologuée. Alors là… Parler de semis haute densité à ce propos, c’est comme qualifier un bombardement au napalm d’épandage calorifique ! Le fipronil est près de 6 500 fois plus toxique que le DDT, interdit dans les années 1970, et l’imidaclopride près de 7 300 fois. »

Pendant l’enquête, l’expert, cité comme témoin, a analysé des échantillons des drôles de cultures de M. Béteille à la demande d’un apiculteur de Verteuil-d’Agenais, Maurice Coudoin. Ce lanceur d’alerte est à l’origine des premières révélations. Depuis, il n’a pas manqué une audience. Celle-ci laisse pourtant un net sentiment d’inachevé aux plaignants.

Lire :   Cri d’alerte contre les néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d’abeilles

Bernard Fau, qui défend les apiculteurs, a longuement dénoncé « l’utilisation de filiales comme une pratique scandaleuse de gestion du risque industriel ». C’est bien la société-mère qui devrait se présenter devant la justice, a-t-il plaidé, en s’appuyant notamment sur un arrêté de la Cour de justice de l’Union européenne. Voilà une nouvelle occasion manquée de placer un géant de l’agrochimie devant ses responsabilités, a en substance reconnu la procureure :

« Il faut savoir admettre sa défaite. Le ministère public est allé aussi loin qu’il a pu pour faire reconnaître la fraude à la loi. »

Le délibéré est attendu le 14 décembre.

 
Martine Valo

 

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 15:16

 

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Grands projets inutiles : le délire continue. Voici la carte des résistances

20 octobre 2016 / Vladimir Slonska-Malvaud (Reporterre)
 

 

 

 

Aéroport, ferme-usine, barrage, stade, village de vacances, centre commercial… Notre-Dame-des-Landes n’est qu’un des nombreux grands projets inutiles qui abîment la France. Sur le terrain, les opposants se mobilisent. Reporterre publie la carte actualisée de cette déferlante de béton...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 15:10

 

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Fronde citoyenne

L’État intimide les communes qui refusent le compteur « intelligent » Linky

par

 

C’est la deuxième commune en France à être condamnée en justice pour son opposition aux compteurs d’électricité Linky, ces compteurs « intelligents » qui peuvent communiquer en direct à Enedis (ex ErDF) votre consommation et vos usages. Montferrand-du-Périgord, un village de 160 habitants en Dordogne, a voté le 6 avril dernier en conseil municipal une délibération refusant l’installation de ces compteurs sur la commune [1]. Les élus avancent plusieurs risques – « augmentation des factures », « piratage aisé », « ondes électromagnétiques » – et rappelle que « les compteurs actuels fonctionnent tout à fait correctement ». La préfecture de Dordogne n’a pas pris cette délibération à la légère. Elle lance une procédure et un référé d’urgence pour suspendre la délibération. Le 14 octobre, le tribunal administratif de Bordeaux confirme la suspension, et condamne la commune à payer 1200 euros de frais de justice à Enedis en charge de l’installation des compteurs.

 

« La suspension de la délibération porte notamment sur le fait que le conseil municipal prend une décision que seul le maire est habilité à prendre. On est attaqué sur un défaut de notre expression », regrette Patrice Delègue, élu à Montferrand-du-Périgord. Dans un post sur facebook, la maire Nathalie Fabre précise que la commune va devoir payer « non pas une amende à l’État mais des frais pour un cabinet privé venu à la rescousse de la préfecture (qui n’était pas représentée à l’audience). Ces 1200 euros sont destinés à intimider les communes qui souhaiteraient construire une délibération juridiquement plus solide que la nôtre. Ces 1200 euros, comme dans tout budget (familial par exemple) vont pénaliser les actions les plus qualitatives de la commune (projets pédagogiques de l’école, culturels des associations et de la bibliothèque). »

 

- Lire nos précédentes enquêtes sur Linky.

 

 

Plus de 260 communes opposées au Linky

« Après avoir condamné le village de Montpeyroux (Dordogne), le Tribunal administratif de Bordeaux est le seul à condamner les communes à verser des pénalités extrêmement lourdes à Enedis (ex ErDF) », déplore Stéphane Lhomme, du collectif Stop Linky. Le collectif recense à ce jour 268 communes, dont les villes de Caen, Aix-en-Provence et Saint-Denis, ayant pris des délibérations contre les compteurs Linky. Une dizaine de procédures en référé ont eu lieu en France, aboutissant à la suspension des délibérations dans l’attente d’un jugement sur le fond. Seuls deux villages de Dordogne, Montpeyroux et Montferrand-du-Périgord, ont jusqu’à présent été condamnés à verser 1 200 euros au titre des frais de justice, selon Stéphane Lhomme.

 

Dans un récent ouvrage, Sexy, Linky ?, le journaliste Nicolas Bérard détaille « l’artillerie lourde » utilisée par l’État pour freiner la fronde des collectivités locales. « Le ministère de l’Intérieur a envoyé aux maires un courrier leur signalant que les délibérations visant à refuser le Linky étaient illégales (ce qui reste à prouver) », relève le journaliste de l’Âge de Faire. « Quant aux préfets, ils ont reçu la consigne de faire eux-aussi pression sur les maires récalcitrants. » Le maire de Niozelles, une commune de 274 habitants dans les Alpes-Maritimes, a reçu un appel du préfet local pour lui ordonner de retirer sa délibération refusant le compteur, le lendemain même du vote.

 

La rapidité de la procédure judiciaire concernant la délibération prise à Montferrand-du-Périgord suscite également des interrogations. « Pourquoi l’urgence, pourquoi un référé alors que les compteurs Linky ne doivent débarquer à Montferrand-du-Périgord qu’en juillet 2019 ? », interroge la presse locale [2]. « Ce sont les plus petites communes qui sont poursuivies en urgence, les grandes ont les moyens de se défendre. C’est vraiment une stratégie d’intimidation », analyse Stéphane Lhomme. Le jugement sur le fond concernant la délibération prise par la commune de Montferrand-du-Périgord aura lieu d’ici quelques mois. Trois millions de boitiers jaunes ont déjà été installés dans les foyers. A l’horizon 2021, Enedis projette de remplacer 31,5 millions de boitiers bleus traditionnels par des compteurs électriques Linky.

 

Sophie Chapelle

A lire sur le sujet : « Sexy, Linky ? », Pour découvrir le vrai visage du nouveau compteur électrique Linky sans se faire enfumer par ErDF, de Nicolas Bérard, Ed. L’Âge de Faire, 72 pages, 4 euros. Pour le commander, c’est par ici.

 

 

 

 

 

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 15:01

 

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Industrie pharmaceutique

Comment des laboratoires pharmaceutiques rémunèrent des médecins pour des études scientifiquement contestées

 

par , Simon Gouin

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                            Chaque année, les grands laboratoires pharmaceutiques dépensent des millions d’euros en « études observationnelles ». Le principe ? Rémunérer des médecins pour qu’ils transmettent à ces mêmes labos des données concernant les effets des médicaments prescrits sur leurs patients. Problème : entre des objectifs scientifiques et sanitaires louables, et des pratiques commerciales visant à assurer la prescription de leurs produits par les médecins concernés, la frontière est parfois floue. Et les intérêts économiques en jeu colossaux. La pratique est très répandue en Allemagne, mais aussi en France. La transparence, beaucoup moins. Les patients et la Sécurité sociale, qui finance les prescriptions, s’y retrouvent-ils ? Basta ! a mené l’enquête.

 

La plupart du temps, c’est par un courriel que les médecins sont contactés. Un laboratoire pharmaceutique leur propose de participer à une étude sur un médicament bien précis, en prescrivant, le plus souvent, ce dernier. Puis d’observer les éventuels effets du produit, en remplissant un questionnaire que récoltera et analysera, plus tard, le laboratoire. En contrepartie, le médecin reçoit de l’argent : d’une dizaine d’euros à plusieurs milliers pour chaque patient inclus dans l’étude.

 

Des études scientifiques qui visent à récolter des données et améliorer les traitements ? Officiellement, oui. Dans la pratique, les choses sont moins évidentes. « Ces études dites “observationnelles” sont lancées avec le prétexte de faire de la recherche, mais très souvent, elles ne donnent lieu à aucune publication revue par les pairs », pointe Anne Chailleu, de l’association Formindep, une association pour une formation et une information médicales indépendantes « de tout autre intérêt que celui de la santé des personnes ». A quoi servent ces études, pour lesquelles les grands laboratoires pharmaceutique dépensent des millions d’euros ?

 

Entre 400 et 1 200 euros par patient

En février, le Formindep a reçu le témoignage d’un hépatologue (spécialiste des maladies du foie) qui affirme avoir été contacté par deux laboratoires lui proposant des études observationnelles sur le traitement contre l’hépatite C. En échange de la prescription de leurs médicaments et du remplissage d’un cahier d’observation des patients, ce médecin aurait pu recevoir, en fonction du laboratoire, entre 400 et 1 200 euros par patient inclus dans l’étude, avec une limite de dix patients. De quoi lui assurer un sympathique complément de revenus.

 

En Allemagne, le site d’information Correctiv a révélé en mars dernier les montants faramineux des honoraires versés par les laboratoires pharmaceutiques aux médecins du pays, pour des études d’observation de médicaments déjà sur le marché. Certains depuis des dizaines d’années [1]. La firme pharmaceutique française Servier, mise à l’index pour le scandale du Mediator, a ainsi distribué des millions d’euros aux médecins allemands [2]. Pour son médicament pour le cœur, le Procoralan, en vente outre-Rhin depuis 2006, Servier a conduit une étude sur 13 250 patients allemands, et versé pour cela 190 euros par patient observé, soit au total plus de 2,5 millions d’euros. Ce médicament provoquerait pourtant d’importants effets secondaires, comme des troubles cardiovasculaires parfois mortels [3].

 

De même pour Sanofi. Le plus grand laboratoire pharmaceutique français a réalisé en Allemagne des études observationnelles pour onze produits différents sur la période 2009-2014 [4]. L’une d’entre elle concernait un produit destiné aux diabétiques, le Lantus, en vente depuis déjà quinze ans. Pour en « étudier » les effets, Sanofi a versé aux médecins jusqu’à 200 euros par patient pour 22 580 patients observés, soit 3,5 millions d’euros au total.

 

Un caractère scientifique contesté

En 2014, plus de 12 000 médecins conventionnés allemands ont participé à ce type d’étude, soit un médecin conventionné sur dix. Ce sont au total plus de 100 millions d’euros que les firmes pharmaceutiques distribuent en moyenne chaque année aux médecins allemands pour ces études observationnelles.

 

Pour quel apport scientifique ? Les 50 médicaments les plus concernés par ces études sont en majorité des préparations analogues à des médicaments qui existent déjà. Et beaucoup sont des produits dont l’efficacité a été jugée médiocre par les autorités sanitaires allemandes, pointent les journalistes de Correktiv. La filiale allemande du laboratoire suisse Roche a déboursé plus de 34 millions d’euros pour étudier les effets sur plus de 17 000 patients d’un médicament de traitement de l’hépatite C (Pegasys) classé par les autorités sanitaires allemandes comme un médicament analogue à un produit déjà existant présentant une différence marginale ou inexistante [5]. Des médecins et chercheurs interrogés par les journalistes allemands ont jugé que ces études observationnelles sont souvent infondées du point de vue scientifique.

 

En France, peu de transparence

Qu’en est-il en France ? Contrairement à l’Allemagne, il est pour l’instant impossible d’avoir une vue d’ensemble sur ces pratiques. Les données disponibles sont très parcellaires. Plus d’un millier d’études observationnelles menées entre 2012 et 2015 sont recensées dans la base « Transparence santé », mise en place par le ministère de la Santé en 2014 pour informer sur les liens d’intérêt entres les industriels du secteur pharmaceutique et les professionnels. On y trouve notamment des dizaines d’études menées par les laboratoires Teva (Israël) et Lundbeck (Danemark). Mais la base de données Transparence santé ne donne d’information ni sur les médicaments concernés, ni sur le montant des honoraires, pas plus que sur le nombre de patients observés. Un manque auquel la future loi santé pourrait remédier.

 

Interrogés par Basta !, les laboratoires ne se montrent en général pas prompts à s’exprimer sur le sujet. Le service de presse du groupe Sanofi en France nous renvoie ainsi vers Sanofi Allemagne, qui est l’une de ses filiales, détenue à hauteur de 100 % du capital. À la question « A quoi sert une étude observationnelle pour un produit en vente et prescrit depuis 25 ans ? », le service de presse de Sanofi Allemagne n’a apporté aucune réponse.

 

Seuls les laboratoires Teva, Abbvie (États-Unis) et Ipsen ont accepté de répondre à nos questions. Teva a mené des études observationnelles sur environ 8 500 patients entre 2012 et 2015. Pour quels médicaments ? Des pilules contraceptives (Leeloo et Zoely), des traitements contre la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, et du cancer [6]. Le porte-parole du laboratoire assure que ces études « font l’objet d’un rapport d’étude clinique. Ces derniers peuvent être publiés sous forme de poster ou de présentation orale au cours de congrès scientifiques nationaux ou internationaux », et de publications scientifiques.

 

« Améliorer la vie des patients »

De son côté, le laboratoire Abbvie répond point par point à nos questions. L’entreprise pharmaceutique mène actuellement quatre études observationnelles en France. Dont une sur son médicament contre l’hépatite C, le Viekirax, proposée à l’hépatologue cité en début d’article. Son objectif, nous décrit son directeur de la communication, est de « mesurer l’efficacité et la sûreté du médicament en "vie réelle", d’améliorer la vie des patients ». Fatigue, productivité au travail, tolérance et efficacité du traitement : plusieurs critères sont évalués pour servir ensuite, si nécessaire, à améliorer le traitement ou sa posologie. Tout cela, en plus de la pharmacovigilance exercée par les médecins qui obligent ces derniers à faire remonter les effets indésirables constatés sur leurs patients lors de la prise d’un traitement. L’étude observationnelle serait en quelque sorte une stratégie pro-active du laboratoire pour améliorer son médicament.

 

Mais en payant des médecins jusqu’à 1 200 euros par patient inclus dans l’étude, l’objectif n’est-il pas aussi de convaincre ces médecins de prescrire ce médicament, plutôt que celui de leur concurrent ? La somme d’argent versée ne viserait qu’à les faire participer activement aux études, affirme Abbvie. Elle se justifierait par le travail qui leur est demandé : assurer jusqu’à quatre visites médicales du patient, et remplir un questionnaire pour récolter les données. Que nous n’avons pas pu consulter.

 

« Ces études servent à garder un lien avec les médecins »

La rémunération des médecins est un véritable enjeu pour les laboratoires. Certains des praticiens qui participent à des études jugeraient même la somme trop faible pour prendre le temps de remplir les questionnaires. C’est ce que révèlent d’anciens employés du laboratoire pharmaceutique français Ipsen. Ces attachés de recherche clinique ont travaillé pendant plusieurs années sur une étude observationnelle sur le Nutropin, une hormone de croissance commercialisée par le laboratoire. Leur rôle : vérifier les données saisies par les médecins qui reçoivent pour ce travail une rémunération maximum de 150 euros par patient et par an. Mais de nombreux médecins n’auraient pas souhaité remplir les données exigées par le laboratoire.

 

« Normalement, pour ce genre d’études, il y a un double contrôle, explique Luc, ancien employé d’Ipsen. Le protocole demandait au médecin de remplir les données, et le personnel du laboratoire devait ensuite vérifier que cela était bien fait [7]. Là, les cahiers d’observation étaient souvent vides. C’était donc à nous, personnel du laboratoire, de rentrer ces données à partir des dossiers médicaux des patients. Alors même que nous n’avons pas obligatoirement de formation médicale et que nous pouvons passer à côté de quelque chose d’important. » Sans double contrôle, les données ne seraient pas fiables et certains événements indésirables pourraient être remontés tardivement au laboratoire, affirment les anciens employés. L’hormone de croissance est un traitement placé sous haute-surveillance des autorités, car ses effets indésirables seraient potentiellement graves [8].

 

Faire connaitre le traitement ?

« L’objectif principal de ces études est la surveillance pharmacovigilance, en récoltant des données des événements indésirables liés ou pas au produit, pour améliorer les traitements et leur sécurité d’utilisation, précise Léa, également ancienne attachée de recherche clinique au sein du laboratoire. La plupart du temps, elles servent simplement à garder un lien avec les médecins, pour qu’ils prescrivent un médicament précis. » Plusieurs concurrents de cette hormone de croissance existent alors sur le marché. Le Nutropin est un nouveau produit commercialisé par le laboratoire qu’il faut réussir à faire connaître, estime l’ancienne employée. Son coût : environ 310 euros pour une injection toutes les semaines, souvent pendant plusieurs années.

 

D’après nos sources, la hiérarchie et les différents services du laboratoire – qualité, marketing, médical – sont informés du remplissage des cahiers d’observation par les attachés de recherche clinique, à la place des médecins. Avant le début de l’étude, l’un d’entre eux justifie cette pratique « comme un élément essentiel dans le choix de prescription d’une [hormone de croissance] pour la plupart des services », ajoutant que « ce type de support est proposé par la concurrence. Ne pas assister les médecins qui le souhaiteraient nous serait préjudiciable ». Alors que d’autres services sonnent l’alerte sur les dangers de cette absence de contrôle des données, le service marketing insiste sur l’impératif commercial.

 

« Le travail d’observation n’a aucun impact sur la santé du patient »

Le laboratoire Ipsen nous assure au contraire avoir « toujours eu pour principe le respect du cadre légal et réglementaire des relations avec les professionnels de santé et s’est toujours engagé à un comportement éthique dans ce domaine ». « L’étude dont vous parlez n’est pas une étude clinique, mais une étude observationnelle. Il s’agit donc de saisie informatique pour collecter des données, donc les bonnes pratiques cliniques ne s’appliquent pas, assurent Didier Véron, le directeur de la communication, et Olivier Gattolliat, le directeur médical des opérations France. Il n’est absolument pas obligatoire d’avoir une saisie puis une vérification de cette saisie. On peut avoir une saisie unique du médecin ou d’une personne à qui le médecin a délégué cette responsabilité. Ce dernier garde l’entière responsabilité, quelle que soit la personne qui saisit ces informations. »

 

Mais le protocole de l’étude sur le Nutropin prévoit bien que ce sont les médecins qui remplissent ces données, et non une personne employée par le laboratoire qui finance l’étude. « Nous avons été informés de ce problème, et nous avons réalisé un audit interne pour voir ce qu’il s’est passé. Suite à cet audit, des décisions ont été prises, en toute transparence avec les autorités de santé. Nous nous sommes assurés de la bonne conformité des procédures de travail, et les mettons à jour régulièrement. Dans le cadre de cette étude observationnelle, le travail d’observation n’a aucun impact sur la santé du patient. » Le laboratoire précise aussi être en contentieux sur les conditions économiques de départ avec ces salariés, et ne pas partager leur analyse.

 

Qu’en pense l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), contactée par ces anciens employés à partir de 2014 ? L’ANSM a été informée « que le laboratoire Ipsen aurait en effet conduit un audit sur ces études, procédé au remonitorage complet [vérification de la cohérence entre les données source existantes dans le dossier patient, avec les données reportées dans le cahier d’observation afin de s’assurer de l’exactitude des données collectées dans le cadre de l’essai] de celles-ci et à la déclaration des cas de pharmacovigilance pertinents. Il est à noter que ces cas déclarés avec délai ne modifient pas le profil de sécurité des spécialités concernées ». L’ANSM n’a pas vérifié les déclarations du laboratoire, puisqu’elle a estimé que « les faits rapportés par le délateur et la nature des études citées ne motivaient pas le déclenchement d’une inspection de l’ANSM à court terme ». Les méthodes qui auraient été employées par le laboratoire ne poseraient pas de souci dans ce genre d’études, assure l’agence nationale [9].

 

Que fait l’Ordre des médecins ?

Comment vérifier le véritable objectif de ces études observationnelles ? Une partie de cette mission est déléguée au Conseil national de l’Ordre des médecins. Ce dernier reçoit une copie de tous les contrats et doit vérifier qu’elles ne constituent pas des cadeaux indus, et donc que la rémunération est proportionnée au travail demandé [10].

 

Un aperçu de ces données est disponible dans un rapport de la Cour des comptes de mars 2016 sur la prévention des conflits d’intérêts en matière d’expertise sanitaire. 17 009 conventions d’honoraires ont été transmises au Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), en 2014, pour un montant global de 78,9 millions d’euros. Ces conventions sont d’abord étudiées par les conseils départementaux de l’Ordre des médecins, avant d’être transmises, parfois, pour avis, au Conseil national. Sur les conventions qui lui ont été transmises, le Cnom aurait donné un avis défavorable dans 41 % des cas en 2014, et 71 % des cas en 2015.

 

Dans son rapport, la Cour des comptes pointe que ces refus sont justifiés, entre autres, par « le caractère jugé excessif du montant des honoraires par rapport à la charge de travail demandée au médecin ». Quelle est la proportion d’études observationnelles parmi ces conventions d’honoraires ? Quelle est la nature de ces conventions, leurs montants et les laboratoires qui initient les études ? Le Conseil de l’Ordre des médecins n’a pas répondu à nos sollicitations.

 

Des études exigées par les autorités

Les études observationnelles ne sont pas toutes lancées à l’initiative des laboratoires. Elles sont parfois exigées par les autorités sanitaires, qui estiment qu’il y a des lacunes dans les dossiers d’Autorisation de mise sur le marché. « Au lieu de demander de nouvelles études, avant la mise sur le marché, les agences du médicament approuvent sans attendre, et reportent après la commercialisation une partie de la preuve d’efficacité ou d’innocuité du produit », explique Anne Chailleu, du Formindep.

 

Le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui fixe le prix des médicaments en France, peut aussi demander une étude pour justifier un prix [11]. « Le laboratoire est alors doublement gagnant : il obtient une autorisation au rabais – moins exigeante, moins coûteuse, plus tôt, avec un meilleur prix – et a de surcroît la possibilité de prendre contact et de rémunérer les premiers prescripteurs, avec la bénédiction des autorités ! »

 

Des prescriptions qui rapportent gros

Faute de transparence, difficile d’identifier l’utilité réelle de ces pratiques et d’éventuels abus des laboratoires. Une partie des études peuvent servir à améliorer un traitement ou à déterminer si un médicament doit toujours être remboursé par la Sécurité sociale, malgré les soupçons d’incitation à prescrire le produit pour lequel les médecins seront rémunérés plutôt qu’un autre. Pour des médicaments, qui, on le voit en Allemagne, ne sont pas toujours classés comme forcément plus efficaces que des produits déjà existants. Mais qui rapportent gros aux laboratoires concernés !

 

Pourquoi Novartis a-t-il dépensé près de 25 millions d’euros auprès des médecins allemands, entre 2009 et 2014, sur des études intégrant 35 000 patients et portant sur le Lucentis, un traitement contre la dégénérescence maculaire, une maladie de l’oeil [12] ? Peut-être parce que ce médicament qui coûte plus de 740 euros par mois, avec une durée de prescription de plusieurs mois, permet d’engranger d’importants bénéfices. 35 000 patients qui achètent au moins une fois du Lucentis rapporteront 25,9 millions d’euros à Novartis, qui entrent ainsi dans ses frais pour l’ensemble de l’étude.

 

En Allemagne, en 2014, le Lucentis a été prescrit plus de 111 000 fois, pour un coût global pour les assurances maladies de plus de 130 millions d’euros [13]. En France, le Lucentis représente une dépense de 318 millions d’euros et se place en 4ème place des remboursements de la sécurité sociale en 2014. Sur un autre médicament, l’Entresto, Novartis ne s’en cache pas : sa nouvelle étude observationnelle doit lui servir à booster ses ventes.

 

Un retour sur investissement financé par la Sécurité sociale ?

Autre exemple : quel est l’intérêt pour un laboratoire de proposer à un hépatologue entre 400 et 1 200 euros pour chaque patient inclus dans des études observationnelles sur le traitement de l’hépatite C ? Ces traitements coûtent jusqu’à 39 000 euros par patient, une somme prise en charge à 100% par la Sécurité sociale française [14]. De façon générale, ces études pourraient servir à habituer les médecins à prescrire ces médicaments plutôt que d’autres, et aider ainsi à assurer une partie des bénéfices des laboratoires. Ni Novartis, à propos de ses études sur le Lucentis, ni le laboratoire Gilead, qui produit des médicaments contre l’hépatite C, n’ont répondu à nos questions.

 

A première vue, en pratiquant ces études observationnelles, les laboratoires pharmaceutiques dépensent des millions d’euros. Mais le retour sur investissement est lui-aussi bien réel ! Le coût des études est-il répercuté sur le prix des médicaments, remboursés par la Sécurité sociale ? Quoi qu’il en soit, c’est au final l’assurance maladie qui assure les bénéfices des laboratoires. Alors même que les patients ont fortement été mis à contribution pour en résorber le fameux « trou », notamment à travers une diminution des remboursements de certains médicaments, touchant souvent les malades les plus précaires.

 

Quels risques sanitaires ?

L’enjeu de ces pratiques est enfin sanitaire. Les études proposées par les laboratoires peuvent servir à prolonger les prescriptions de médicaments dont l’efficacité est parfois faible, si ce n’est nulle. Quand le médicament n’est pas tout simplement dangereux. C’est ce qu’ont montré des scientifiques étasuniens dans un article publié en 2008, à propos du laboratoire Merck et de son médicament le Vioxx, un anti-inflammatoire utilisé contre l’arthrite. Officiellement, l’étude visait à mesurer la sûreté gastro-intestinale de ce médicament par rapport à son concurrent, le Naproxen. Dans la pratique, des documents révélés lors d’un procès, et analysés par les scientifiques, montraient comment l’étude était avant tout un outil de « marketing présenté comme de la science ».

 

Au début des années 2000, sous l’effet des nombreuses techniques de marketing, les ventes de Vioxx ont explosé : elles rapportent plus de deux milliards de dollars, chaque année, à Merck. Mais en 2004, un scandale sanitaire explose. Il apparaît que la prise du Vioxx augmente les risques d’infarctus du myocarde. Rien qu’aux États-Unis, plus de 30 000 personnes sont décédées, après la prise du médicament, sur 20 millions d’utilisateurs. « Le laboratoire a versé 4,85 milliards de dollars d’indemnisation sans reconnaître aucune faute, alors qu’il était au courant dès le début des effets secondaires du médicament », s’insurgent l’euro-député Michèle Rivasi, le pharmacien Serge Rader, et la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy dans l’ouvrage Le racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment en sortir [15]. Pourtant, les autorités sanitaires étasuniennes n’ont pas été en mesure de prévenir ce scandale.

 

L’étude observationnelle lancée par Merck au début de la commercialisation du Vioxx, en 1999, a donc permis de développer la prescription d’un médicament présentant des risques vitaux pour les patients. « Les objectifs premiers de ces essais destinés à vendre (« seeding trials ») sont dissimulés au public, à la profession médicale et aux membres des instances institutionnelles de contrôle, écrivent les chercheurs dans leur article, ce qui les empêche de prendre une décision pleinement informée sur la balance des bénéfices et des risques pour eux et pour la société. » À l’image de l’Allemagne, les autorités sanitaires françaises se décideront-elles enfin à imposer la transparence et une régulation efficace de ces études observationnelles ?

 

Rachel Knaebel et Simon Gouin

Photo : CC Jamie

 


Appel à témoignages :

Sans données d’envergure, documents internes ou témoignages d’employés, il est difficile d’identifier ces études observationnelles ayant un but marketing et de comprendre leur fonctionnement. C’est pourquoi nous lançons un appel à témoignages auprès des médecins, des professionnels de santé et des employés de laboratoires. Si vous avez été confrontés à ces études observationnelles, écrivez-nous à cette adresse. Nous garantissons votre anonymat.


Notes

[1Les journalistes de Correctiv ont obtenu ces données, qui concernent la période 2009-2014, de la caisse d’assurance maladie allemande qui gère les rémunérations des médecins conventionnés (Kassenärztliche Vereinigung). Font partie de ces données les informations sur les médicaments étudiés, leur date de mise en vente, le nombre de patients observés et le montant des honoraires versés aux médecins par patient. Voir ici.

[2Voir ici les données concernant Servier.

[3Ivabradine : précautions renforcées chez les coronariens en raison des risques cardiaques. Revue Prescrire, Juin 2015.

[4Voir les données ici.

[5Voir ici. Voir les données pour Roche, ici.

[6Copaxone, Azilect, Myocet, Tevagrastim, Eoporatio

[7Le médecin a la responsabilité de remplir ces données. Il peut cependant le déléguer à un co-investigateur de son hôpital (un autre médecin, une infirmière, un attaché de recherche clinique hospitalière). Mais ce travail ne doit pas être assuré par le laboratoire lui-même.

[8Lire le document de l’ANSM.

[9L’Agence européenne du médicament évalue actuellement l’étude observationnelle européenne sur le Nutropin, à laquelle fait partie l’étude du laboratoire Ipsen.

[10Les études observationnelles doivent aussi être déclarées au Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) et à la Commission nationale informatique et liberté (Cnil, en charge de la protection des données personnelles). Mais elles ne font pas l’objet d’une déclaration à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), « puisqu’elles ne sont pas interventionnelles », c’est-à-dire qu’elles n’impliquent pas d’expériences, nous répond le service de presse de l’ANSM.

[11Comme cette étude, par exemple.

[12Voir les données ici.

[14En 2014, le Sovaldi, commercialisé par le laboratoire Gilead, a coûté 650 millions d’euros à l’assurance maladie. Son prix, qui varie très fortement d’un pays à un autre, fait l’objet de fortes controverses. Lire ici et .

[15Michèle Rivasi, Serge Rader, Marie-Odile Bertella-Geffroy, Le racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment en sortir,
Éditions Les petits matins, 2015.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 20:11

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Productivité, stress, suicide: le prix à payer pour combler le trou de la Sécu

 

19 octobre 2016 | Par Caroline Coq-Chodorge
 
 
 

La Sécurité sociale est « sauvée », assure la ministre de la santé. Pourtant, les hôpitaux vacillent sous les plans d’économies successifs et la quête perpétuelle de productivité. Exemple au Havre, où une infirmière s’est donné la mort.

Le Havre, envoyée spéciale. – L’infirmière du service de néonatalogie de l’hôpital du Havre a laissé derrière elle quelques mots bouleversés pour expliquer son suicide, survenu le 24 juin : « J’ai transféré une petite fille en réanimation, son état s’est dégradé pendant la nuit. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai le sentiment que j’ai fait quelque chose de grave, je ne peux pas vivre avec l’idée que j’ai détruit une famille qui avait aussi droit au bonheur. » Son mari a rendu publique sa lettre. Il a aussi pris la parole : « J’en veux à cette pression qu’on colle à ces petites mains. »

 

Ce suicide n’est pas encore reconnu comme un accident du travail, mais les syndicats sont prêts à aller en justice : « Nous avons dit que des agents étaient mal par rapport à la réorganisation mise en place dans le service de cette infirmière, nous avions émis un avis défavorable. Nous pensons que cette restructuration a été mise en place trop vite, sans concertation et sans alternative possible pour le personnel », commente Agnès Goussin-Mauger, syndicaliste CGT. La direction a imposé au personnel de néonatalogie une polyvalence avec le service voisin de réanimation néonatale. Le projet a depuis été suspendu.

 

La directrice de l’hôpital, Zaynab Riet, commence par rappeler son « émotion » et celle de « toute la communauté hospitalière ». Mais celle qui fut infirmière juge toujours son projet de polyvalence valable : « Les compétences d’une infirmière dans ces deux services sont les mêmes », explique-t-elle. Seulement, en néonatalogie, l’infirmière qui a mis fin à ses jours prenait en charge des bébés, certes prématurés ou malades, mais dont le pronostic vital n’était pas engagé. « Elle ne voulait pas travailler en réanimation néonatale, avec des enfants qui sont entre la vie et la mort. Elle l’a dit à plusieurs reprises, dès son entretien d’embauche, puis au médecin du travail et à son cadre de santé », rapporte la syndicaliste CGT.

 

Ce type de réorganisation est banal à l’hôpital public, le groupe hospitalier du Havre est un établissement normal. Il a accumulé dans les années 2000 une grosse dette d’une centaine de millions d’euros. Mais il réduit peu à peu son déficit, en développant son activité. Il s’inscrit ainsi parfaitement dans la logique de la “tarification à l’activité”. Impossible de rationner l’hôpital public, qui doit répondre à tous les besoins de santé, en croissance en raison du vieillissement de la population. La tarification à l’activité fait mieux : chaque année, les tarifs hospitaliers baissent à la hauteur de la progression de l’activité, afin que les dépenses hospitalières tiennent à l’intérieur de l’enveloppe budgétaire annuelle qui lui est allouée par le Parlement. « En baissant les tarifs, on nous oblige à diminuer nos coûts de production, donc à augmenter notre productivité », explique Pierre Cueiuille, syndicaliste Sud.

 

Au Havre, en 2015, le nombre d’entrées à l’hôpital a progressé de 4,77 %, mais les effectifs sont restés stables à + 0,56 %. Pour combler cet écart, l’hôpital a recours aux méthodes du “nouveau management public”, copiées-collées sur celles de l’industrie. Première recette : augmenter les cadences. L’hôpital raisonne en « durée médicale de séjour ». Dans tous les hôpitaux bien gérés, elle baisse, comme au Havre (– 1,38 %). Les patients restent donc moins longtemps hospitalisés. Voire ne sont pas hospitalisés du tout et rentrent immédiatement chez eux après une opération : c’est la chirurgie ambulatoire.

 

Les hôpitaux peuvent donc se recentrer sur l’acte rentable, et limiter le nombre de journées d’hospitalisation, mal rémunérées. Des lits ferment : « Entre 2013 et 2016, 34 lits en chirurgie, 45 en médecine, 11 en pédiatrie, énumère la directrice du Havre, Zaynab Riet. Les effectifs sont bien sûr adaptés au nombre de lits. » Mais dans les lits, les patients sortent et entrent plus vite, et la charge de travail augmente pour les infirmières, les aides-soignantes et les agents de services hospitaliers. « Si la charge de travail est trop forte, nous augmentons les effectifs », rassure-t-elle.

 

La Fédération hospitalière de France (FHF), qui défend les intérêts des hôpitaux publics, vient de publier un intéressant baromètre : 274 directeurs d’établissement ont été interrogés sur leur gestion des ressources humaines. Pour 75 % d’entre eux, le principal enjeu de la fonction RH est de « maîtriser/réduire les coûts », 80 % se mobilisent en priorité sur la maîtrise de la masse salariale. L’explication est simple : ils sont submergés par « les contraintes économiques et budgétaires » qui incitent 92 % d’entre eux à faire évoluer leurs pratiques. Et ils en sont désolés : pour 31 % des directeurs interrogés, les risques psycho-sociaux sont « un risque potentiel sérieux », c’est même « une réalité » à laquelle doivent faire face 24 % d’entre eux.

 

Au Havre, la CGT a récemment fait une tournée de nuit dans l’hôpital et relevé des effectifs calculés au plus juste. Dans un service de médecine de 28 lits, il y a une infirmière et une aide-soignante en CDD ; dans un autre service de médecine de 24 lits, travaillent une infirmière titulaire, une autre contractuelle à mi-temps, complétée « en dépannage » par un agent venu du service d’oncologie, etc. Au cours de sa tournée, le syndicat a pris note de « difficultés aux prises de congés », d’une « augmentation des arrêts », etc. Vendredi 17 octobre, les assistantes sociales et les agents de service hospitaliers de l’unité de court séjour gériatrique se sont mis en grève pour demander le « remplacement permanent d’au moins une » des deux aides-soignantes du service en arrêt...

 

 

*Suite de l'article sur mediapart

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 12:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

Influence

Grèce : la France place ses hauts fonctionnaires pour mieux profiter des privatisations

par

 

C’est un haut fonctionnaire français, inspecteur général des Finances, Jacques Le Pape, qui présidera au programme de privatisations de propriétés et d’entreprises publiques imposé à la Grèce. Malgré les appels des syndicats et de millions de citoyens grecs, le Parlement du pays a acté fin septembre la relance de ce processus, dans le cadre de son nouvel accord avec ses créanciers européens. Pour chapeauter l’agence de privatisation Taiped, sera créée une nouvelle entité appelée Superfund, avec un conseil composé de trois Grecs et deux Européens. «  Les représentants de l’UE auront un pouvoir de veto sur les décisions du Superfund pour 99 ans, ce qui revient à placer de fait les services et les biens publics grecs sous le contrôle de la Troïka et d’intérêts établis pour tout un siècle », dénonce la Fédération syndicale internationale des services publics ISP.

Celle-ci attire notamment l’attention sur la situation des services d’eau d’Athènes et de Thessalonique, depuis longtemps convoités par Suez (lire notre enquête). La privatisation totale initialement envisagée à été bloquée par un arrêt de la Cour suprême grecque. Les Européens cherchent à contourner ce verdict en ne cédant que 49 % des deux entreprises concernées au secteur privé. Cela n’empêchera pas un prestataire comme Suez de contrôler les services et leurs flux financiers (voir en bas de cet article un film en anglais réalisé par l’ISP pour sensibiliser sur les nouveaux risques de privatisation de l’eau en Grèce).

 

Diplomatie intéressée

Ancien du cabinet de Christine Lagarde et d’Air France, Jacques Le Pape n’est pas le seul haut fonctionnaire français issu de Bercy à occuper une place stratégique dans le processus de privatisation grec. Philippe Boin, de la direction du Trésor, siège à la fois au conseil d’administration de l’agence de privatisation Taiped, au nom de l’UE, et au service économique de l’ambassade de France en Grèce, où il est chargé... de promouvoir les intérêts des entreprises hexagonales. Un beau conflit d’intérêt !

Le gouvernement français, qui aime à se présenter comme un ami de la Grèce, paraît surtout préoccupé de tirer le meilleur profit des futures privatisations. Outre Suez, de nombreuses autres firmes françaises ont fait part de leur intérêt pour les secteurs privatisables, comme EDF (électricité), Vinci (aéroports et autoroutes), La Poste (services postaux) ou encore Alstom (rail). Leurs dirigeants accompagnent régulièrement François Hollande lors de ses déplacements en Grèce.

 

Conquérants bienveillants ?

Avant d’être en poste à Athènes, Philippe Boin, rattaché à la direction du Trésor, officiait au service économique de l’ambassade de France en Roumanie. Il y a ardemment défendu les intérêts des multinationales françaises, qu’il a qualifié de « conquérants, au bon sens du terme ». On rappellera que la capitale roumaine Bucarest a privatisé son service de l’eau au profit de Veolia, dont la filiale locale est aujourd’hui au cœur d’une retentissante affaire de corruption (voir ici). GDF Suez (aujourd’hui Engie) avait également obtenu des marchés lucratifs dans le pays.

Depuis le début, le processus de privatisation imposé à la Grèce par ses créanciers a été entaché de nombreux scandales de corruption et de conflits d’intérêts, qui ont poussé plusieurs des responsables de l’agence Taiped à la démission. Des problèmes que l’on retrouve quasi systématiquement dans les processus de privatisation (lire notre article Le petit monde des banquiers, avocats et auditeurs qui profitent des privatisations en Europe). Nos nouveaux « conquérants » français feront-il mieux ?

Olivier Petitjean

 

 

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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 12:30

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Les réserves de l’Aéroport de Toulouse vont être dilapidées
17 octobre 2016 | Par Laurent Mauduit

 

 

 

Avec la complicité active de l’État, les actionnaires chinois de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac récemment privatisé vont se servir jeudi un dividende exceptionnel de 15 millions d’euros. Une conséquence du pacte d’actionnaires secret passé par Emmanuel Macron avec ces investisseurs.

C’est une opération scandaleuse dont on parle depuis longtemps et qui va finalement aboutir jeudi : à l’occasion d’une assemblée générale de la société de gestion de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac, les actionnaires devraient se prononcer, dans leur majorité, pour la distribution des réserves de l’entreprise à hauteur de 15 millions d’euros.

Lors de la privatisation de la société, décidée par Emmanuel Macron du temps où il était encore ministre de l’économie, il avait certes été dit que les nouveaux investisseurs chinois de la société ne contrôleraient que 49 % du capital, et que les acteurs publics (État, Région, département et Chambre de commerce) resteraient majoritaires. Il avait aussi été promis aux acteurs locaux que les investisseurs chinois arrivaient dans une logique industrielle ; et non pas dans une logique financière de court terme, ni ne se comporteraient comme un fonds financier rapace.

Las ! Sitôt la privatisation partielle achevée, les investisseurs chinois ont montré qu’ils ne respecteraient aucun de leurs engagements. À preuve, leur premier souhait a été de distribuer en dividende une bonne partie des 70 millions d’euros que la société avait mis en réserve, pour ses investissements futurs.

Quand l’annonce a été faite, elle a très fortement embarrassé Emmanuel Macron, car au moment de la privatisation il avait donné son feu vert pour que l’État passe secrètement un pacte d’actionnaires avec les investisseurs chinois, de sorte qu’ils aient les pleins pouvoirs et fassent ce que bon leur semble. À l’occasion d’une assemblée générale, le vote d’une résolution visant à effectuer ce versement de dividendes aurait donc pu faire scandale. Car la délibération aurait apporté la preuve que les investisseurs chinois sont venus pour siphonner les réserves de l’entreprise, et non pour la développer. Et surtout, le pacte secret d’actionnaires, révélé par Mediapart, aurait trouvé une confirmation publique, l’État s’étant engagé dans ce pacte à voter de la même manière que les investisseurs chinois.

Par peur du scandale, l’État a donc fait pression à plusieurs reprises, pour que l’assemblée générale des actionnaires, prévue initialement au printemps dernier, soit reportée. Et il a aussi discrètement fait pression pour que les prétentions financières des actionnaires chinois soient revues à la baisse.

Mais finalement, l’État a visiblement décidé de donner son feu vert à cette sulfureuse opération, comme en témoigne la convocation à l’assemblée générale dont nous avons obtenu une copie. On peut la consulter ci-dessous :

 

 

...*Suite de l'article sur mediapart

 

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Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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