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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 21:41

 

 

LE MONDE | 21.08.2012 à 14h30 • Mis à jour le 21.08.2012 à 14h34

Par Jean Chaussade, géographe, directeur de recherche honoraire au CNRS

 

Les énormes bateaux usines et thoniers congélateurs, capables de pêcher et de transformer en quelques jours ce que des flottilles de milliers de bateaux artisanaux ne pourraient effectuer en une année, sont une illustration du génie humain. Mais ils sont aussi le révélateur de notre impuissance à gérer ces ressources marines de manière raisonnable, telle que tous les hommes puissent également profiter de ces richesses ou que celles-ci ne soient pas gaspillées par une exploitation désordonnée et excessive.

Le pillage des ressources aquatiques ne date pas d'hier. Mais il s'est accéléré au cours des dernières décennies. La raison : d'une part, l'élargissement du marché des produits de la mer ; d'autre part, les multiples perfectionnements apportés aux bateaux de pêche, aux engins de détection et de capture, à la mise au point de techniques aquacoles plus performantes, etc.

De quelques millions de tonnes au début du XXe siècle, on est passé à 70 millions en 1970 et à 145 millions aujourd'hui. Mais ce bond en avant ne s'est pas fait dans le sens souhaité d'un développement harmonieux ou durable. L'homme s'est jeté à la conquête des mers avec une frénésie et une insouciance touchant à la folie. En considérant l'évolution de ces dernières années, on se rend compte que les Etats, les administrations, les armateurs, les capitaines de bateaux et, dans une certaine mesure, les pêcheurs eux-mêmes se sont comportés à l'égard des ressources vivantes de la mer comme des prédateurs impénitents, avides de répondre à des besoins économiques, sans souci de l'avenir. Ils ont refusé d'admettre que cette manne n'est pas inépuisable.

Or, les politiques menées ont conduit à une surexploitation chronique des ressources marines et à un appauvrissement généralisé de la biodiversité. Une des causes majeures de ces dysfonctionnements réside dans le choix d'une stratégie des pêches qui relève de la fuite en avant. Elle consiste à satisfaire coûte que coûte la demande croissante en protéines animales en lançant des bateaux et des engins de plus en plus puissants, de plus en plus performants de façon à traquer les poissons.

Cette course à l'investissement (soutenue par les aides multiples des Etats nationaux, des régions, etc.) a conduit à un triple résultat négatif. Tout d'abord, sur le plan biologique, on constate une dégradation généralisée des ressources aquatiques par surexploitation des stocks. Tous les experts s'accordent à dire que 80 % à 85 % des dix principales espèces pêchées dans le monde sont exploitées ou surexploitées.

Puis, sur le plan économique, il faut déplorer une hausse continuelle des frais d'exploitation des bateaux. D'où une baisse inexorable de la rentabilité des entreprises de pêche que les pouvoirs publics se voient contraints de compenser par des aides à la construction, à l'équipement, à la stabilisation des prix du gazole, à la démolition des bateaux vétustes...

Enfin, sur le plan social, l'allongement et la multiplication des sorties en mer, l'accélération des cadences à bord des bateaux constituent autant de facteurs qui ont pour effet de rendre plus pénible le travail accompli par les marins pêcheurs. A cela s'ajoute le sentiment qu'ils éprouvent de ne pas être rémunérés à proportion des efforts fournis.

Et s'il n'y avait que cela ! Le véritable scandale vient surtout du fait que ces ressources vivantes sont encore trop souvent dilapidées et perdues. Au premier rang des gaspillages, il y a les rejets par-dessus bord (non comptabilisés dans les statistiques officielles) : environ 30 millions de tonnes, soit près de 30 % de tout ce qui est pêché dans les eaux maritimes et continentales.

Autre exemple de gâchis : les pêches minotières ou pêches ciblées sur des espèces de faible valeur marchande destinées à la fabrication de sous-produits, essentiellement des huiles et des farines de poisson utilisées dans la fabrication d'aliments composites pour nourrir les volailles, les bovins, les porcins, les poissons d'élevage, etc. D'après les statistiques de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), près de 30 millions de tonnes sont ainsi utilisées à des fins de consommation animale, soit un autre quart des captures opérées dans les eaux marines et continentales. C'est fou.

Car quels que soient les arguments invoqués pour justifier de telles pratiques, le fait de pêcher des protéines animales pour élever d'autres animaux d'élevage, lesquels sont destinés à fournir des protéines animales à des fins de consommation humaine, est une absurdité biologique. En effet, le poulet, le saumon ou la crevette que l'on nourrit ainsi ne fait que se substituer au prédateur naturel, c'est-à-dire au carnivore qui se situe au deuxième degré dans la chaîne alimentaire. Il prend sa place en ne restituant qu'une faible part des protéines absorbées.

Autrement dit, l'opération d'élevage, telle qu'elle est pratiquée, ne se traduit par aucun gain nutritionnel. Le seul intérêt est que le poulet ou le saumon, une fois élevé, est plus accessible que le poisson qu'on devrait aller pêcher en mer ; un avantage économique à court terme qui ne saurait justifier une telle déprédation des ressources halieutiques. Si l'on additionne les rejets par-dessus bord et les tonnages qui vont à la fabrication de sous-produits, on arrive à un total de prises perdues ou mal utilisées de l'ordre de 55 à 60 millions de tonnes.

Enfin, dernier volet et non des moindres, les grandes inégalités qui président au partage des ressources halieutiques. Dans le climat de concurrence et de compétition acharnées que se livrent les Etats pour s'octroyer la part maximale de ces ressources, seul le petit nombre de pays les plus avancés ont été en mesure de tirer leur épingle du jeu.

C'est ainsi que, depuis les années 1960, sous la pression d'un marché en expansion, on a assisté à une ruée des flottes européennes, russes, japonaises, coréennes et chinoises sur les stocks de poissons démersaux (morue, lieu, merlan) et pélagiques (thon, hareng, maquereau, menhaden, chinchard). Pour se protéger de l'invasion de ces flottes étrangères dans leurs eaux côtières, les pays riverains ont réussi à imposer en 1982 (Convention de Montego Bay), et non sans d'âpres discussions, des zones économiques exclusives (ZEE) jusqu'à 200 milles des côtes.

De nombreux pays en voie de développement se sont retrouvés à la tête d'une zone maritime qu'ils n'avaient pas les moyens de contrôler et d'exploiter pour leur propre compte. Si bien que les pays développés, mettant à profit l'article 62 de la Convention, ont pu passer des accords de coopération autorisant leur flotte à venir pêcher à l'intérieur des ZEE de ces pays lointains contre le versement de compensations financières et le paiement par leurs armateurs de diverses redevances.

Ces accords n'ont pas été sans conséquences sur l'économie des pays du Sud ; ils ont apporté des revenus substantiels aux gouvernements des Etats qui disposaient d'abondantes ressources au large de leurs côtes (comme le Maroc, la Mauritanie, la Namibie, Madagascar, le Pérou et le Chili...). Mais les pêcheurs locaux ont constaté une baisse continuelle de leurs prises.

Jean Chaussade, géographe, directeur de recherche honoraire au CNRS

 

Jean Chaussade est l'auteur de Chemins de traverse (édit. Bénévent, 2011)

 

 

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 21:05

 

 

Mediapart 15/08/2012 à 15h06
Blandine Grosjean | Redchef adj Rue89


Jean-François Copé dans la piscine de la villa de Ziad Takieddine au cap d’Antibes, en août 2003 (Mediapart)

 

La veille du 15 août, Mediapart a mis en ligne le dernier volet d’une saga que les journalistes du site ont largement contribuée à mettre en lumière et en scène, dévoilant les enjeux d’un des plus gros scandales politico-financiers français.

« Ils se croyaient intouchables » raconte en détail comment Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy ou encore François Léotard sont intervenus dans ce qu’on appelle l’affaire Takieddine, qu’il serait plus juste de nommer l’affaire du financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.

Objet journalistique d’utilité publique

« Ils se croyaient intouchables » est un objet journalistique d’utilité publique. Le gros défaut de l’affaire Takieddine est d’être si compliquée qu’elle finit par décourager les citoyens de comprendre en quoi elle est explosive.

Elle mêle des politiques que l’on croit au-dessus des lois, des épouses en instance de divorce qui balancent, des marchands d’armes douteux, des piscines, des manoirs.... Et de l’argent, beaucoup d’argent, tellement que le citoyen y perd le sens des réalités et finit par croire que ces histoires ont eu lieu dans un monde inaccessible :

« L’argent liquide, qu’il soit là pour payer les salaires des domestiques [de Balladur] ou financer une campagne présidentielle, est le vrai personnage central de l’enquête du juge Van Ruymbeke dans l’affaire Takieddine. Il est partout. Il sort de la bouche des témoins, apparaît sur les relevés des comptes secrets des intermédiaires amis, surgit à l’improviste sur des bordereaux bancaires [...] »

Tant de révélations journalistiques sur ce dossier ont été accueillies avec indifférence qu’on a fini par se demander si la justice elle-même n’avait pas perdu le fil en route. Les journalistes de Mediapart pensent eux, au contraire, que l’intégrité et la pugnacité du juge Van Ruymbeke porteront prochainement ses fruits.

Copé bientôt interrogé par Van Ruymbeke

L’enquête a effectivement progressé ces derniers mois. En mai dernier, son périmètre initial a été élargi à des faits de blanchiment aggravé. Le magistrat est désormais fondé à questionner Jean-François Copé sur les avantages retirés de sa relation « amicale » avec le marchand d’armes Ziad Takieddine durant les années 2000.

« Le calendrier n’est pas bon. Alors qu’il concourt à la présidence de l’UMP, Jean-François Copé devrait être convoqué à l’automne par le magistrat instructeur, selon une source proche de l’enquête. »

Le seul défaut de « Ils se croyaient intouchables » est d’être accessible aux seuls abonnés du site (payant). Nous vous encourageons donc à vous abonner à Mediapart, et publions ici quelques extraits qui, nous l’espérons, vous donneront envie de vous plonger dans l’intégralité des articles et des documents mis en ligne par nos confrères.

 

1 L’affaire

 

« D’après les derniers développements de l’enquête, la religion du juge semble faite pour ce qui concerne le financement politique. L’argent, après avoir été blanchi dans une nuée de paradis fiscaux (Luxembourg, Ile de Man, Iles Vierges britanniques, Liechtenstein, Suisse…), provient des commissions occultes des marchés d’armement du gouvernement Balladur avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite.

L’intermédiaire Ziad Takieddine et son associé Abdulrahman El-Assir, lui aussi mis en examen, apparaissent comme les pivots du réseau de détournement d’argent sur les ventes d’armes françaises. Ils ont été imposés dans les négociations grâce au ministre de la Défense François Léotard et ont reçu les commissions grâce à celui du Budget, Nicolas Sarkozy. Deux soutiens majeurs du candidat Balladur en 1995. »

 

2 Jean-François Copé

« L’homme de la piscine »

 

« Le secrétaire général de l’UMP est devenu l’une des figures de l’affaire Takieddine, après la révélation d’une photo le présentant dans la piscine du marchand d’armes.

L’enquête a mis au jour la prise en charge de séjours et de voyages. Elle s’est poursuivie sur l’ouverture du compte n°386315 au Crédit suisse de Genève par la sœur de Jean-François Copé et les conditions du rapatriement officiel de Ziad Takieddine après son accident sur l’île Moustique en 2004. [...]

Jean-Charles Brisard cherchait un nom de code. Il a choisi “ EPOC ”, l’anagramme de Copé, pour désigner les informations à transmettre aux policiers concernant Jean-François Copé. Entendu l’automne dernier sur la campagne d’Édouard Balladur – il a appartenu à la cellule “Jeunes” de l’équipe du candidat – , puis dans l’affaire Takieddine, l’agent de recherche privé veut révéler sans apparaître, mais les policiers ont établi, sans l’en avertir, des procès-verbaux intitulés “ Renseignements fournis par M. Jean-Charles Brisard ”.

Dans ces PV, Brisard pointe les conditions d’achat par l’ancien ministre d’un appartement à Paris, des remises d’espèces par Ziad Takieddine et l’ouverture d’un compte en Suisse par Isabelle Copé, sœur de l’ancien ministre et avocate.

Ces éléments sont a priori de première main. Isabelle Copé est une amie. Brisard est aussi l’auteur d’un mémo accusateur sur un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Dévoilés en novembre par le JDD, les procès-verbaux de renseignements sont accueillis par les démentis cinglants de Jean-François Copé et ceux, embarrassés, de Jean-Charles Brisard. »


Les couples Copé, Takieddine et Hortefeux devant le yacht du marchand d’armes, en août 2003 (Mediapart)

 

 

3 Nicolas Sarkozy

« Le patron »

 

« Le 5 juillet 2011, en perquisitionnant les domiciles et bureaux de Thierry Gaubert, le juge Renaud Van Ruymbeke a mis un pied où il ne fallait pas. Gaubert, ami et collaborateur de Nicolas Sarkozy pendant quinze ans, est le dépositaire des premiers secrets du président de la République. L’Elysée est touché, le clan est en alerte.

Brice Hortefeux, un autre intime du chef de l’Etat, appelle Thierry Gaubert trois jours plus tard, à 12h30 :

“ Alors je te signale que y a Mediapart qui cherche beaucoup sur Ziad ”, lui dit l’ex-ministre de l’Intérieur.

“ Ah oui ?” semble s’étonner Gaubert.

“ Beaucoup. C’est très étonnant ce qu’ils ont comme éléments d’information ”, enchaîne Hortefeux.

Gaubert : “ Ah bon ?”

Hortefeux : “ Ils ont retrouvé un déplacement de Charon [Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, ndlr] en 2005, chez Ziad, avec les billets payés et tout ça. C’est… Je ne sais pas comment ils font les mecs, hein. Je ne sais pas comment ils font.” »

 

 

4 Edouard Balladur

« Le crépuscule du “cardinal” »

 

« La princesse a encore éveillé les soupçons des policiers. Elle avait déjà évoqué deux mois plus tôt les voyages en Suisse, les valises de cash, les paradis fiscaux… Et tout s’est avéré exact. Cette fois, Hélène Karageorgevitch, princesse de Yougoslavie, petite-fille du dernier roi d’Italie (Umberto II), parle d’une “ grande maison avec piscine ”. Le procès-verbal date du 10 novembre 2011. Il y est question des rapports particuliers que son ex-mari, Thierry Gaubert, entretenait avec l’ancien Premier ministre Edouard Balladur.

C’est alors qu’elle s’est souvenue : “ Je me rappelle que Thierry m’a dit que M. Balladur cherchait à acquérir une maison sur les hauteurs de Deauville […] Thierry lui a trouvé une maison à Tourgéville. J’en suis certaine car je l’ai visitée. ”

Et elle ajoute : “ Mon amie Nicola [Johnson, ndlr] pourra également vous le confirmer, ainsi que Ziad Takieddine, car nous étions tous ensemble lors de la visite. ”

Ainsi Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, et le marchand d’armes Ziad Takieddine, tous deux soupçonnés d’être des “porteurs de valises”, tous deux mis en examen pour “ abus de bien sociaux ” et “ blanchiment aggravé ” par le juge Renaud Van Ruymbeke dans l’affaire des ventes d’armes du gouvernement Balladur, ont joué les défricheurs immobiliers pour l’ancien Premier ministre français…

Avec succès : Edouard Balladur et sa femme, Marie-Josèphe, ont acquis le 13 juin 1996 la chaumière de Tourgéville (Calvados) pour 7,3 millions de francs, un an après le départ du “ Cardinal ” – c’était l’un de ses surnoms – de Matignon. »


Capture d’écran de l’annonce concernant l’ancienne maison des Balladur sur le site d’Emile Garcin (Emile Garcin Propriétés)

 

 

5 François Léotard

« Le disparu de Fréjus »

 

« Il est celui qui a signé les contrats. L’ancien ministre de la Défense François Léotard est au cœur de l’enquête du juge Van Ruymbeke sur les ventes d’armes du gouvernement Balladur avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.

Le magistrat a accumulé les preuves de son implication personnelle et de celle de son plus proche conseiller de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, dans la mise en place du réseau Takieddine. A la clé : plus de 80 millions d’euros de commissions occultes. »

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 21:04

 

Publié le 14/08/2012 à 10h52

Le symbole du copyright (Horia Varlan/Flickr/CC)

 

Vous avez aimé Acta, ce traité anticontrefaçon signé en secret par 22 Etats européens avant d’être finalement rebuté par le Parlement européen ? Vous adorerez le Traité de diffusion (« Broadcasting Treaty ») actuellement préparé en petit comité par une institution spécialisée des Nations unies, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Il ne s’agit plus seulement de renforcer les sanctions contre les infractions au droit d’auteur ; il s’agit de privatiser potentiellement toutes les productions cinématographiques et musicales.

Oubliez le domaine public et les licences libres. Si l’OMPI parvient à imposer son projet, on entrera dans un monde intégralement marchand, où chaque film, chaque morceau et, peut-être à terme, chaque livre sera paré d’un beau « © ». L’utopie cyberpunk annoncée par le blogueur Calimaq est pour bientôt. 

 


Flyer de l’OMPI pour le Broadcasting treaty

Le droit d’auteur, c’est simple comme un clic

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Le mois dernier, l’OMPI organisait une session sur les droits connexes des diffuseurs. Classé sous le nom de code SCCR/24/5, le projet de traité sur la protection des organismes de radiodiffusion (voir PDF ci-contre) vise à établir un « droit de protection  » des émissions radiodiffusées d’une durée minimale de vingt ans. Les modalités de ce texte assez complexe sont explicitées par un document de travail daté du 23 juillet dernier. 

Une juriste américaine a récemment fait paraître une analyse approfondie de ce traité et de ses éventuelles implications. 

Concrètement, toute production qui ferait l’objet d’une diffusion serait désormais protégée. Peu importe que son (ses) auteur(s) ai(en)t préféré la placer sous licence libre ou qu’elle ait été placée dans le domaine public.

En d’autres termes, il suffit simplement que quelqu’un appuie sur le bouton « play » pour toucher des redevances pendant plusieurs décennies. Les droits du détenteur d’un processus technique priment sur ceux des créateurs.

Pour garantir l’exercice de cette privatisation indéfinie, le traité a commencé à définir des sanctions et des mesures d’application. L’article 9 souligne ainsi que :

« Les parties contractantes doivent prévoir une protection juridique appropriée et des sanctions juridiques efficaces contre la neutralisation des mesures techniques efficaces qui sont mises en œuvre par les organismes de radiodiffusion dans le cadre de l’exercice des droits qui leur sont conférés en vertu du présent traité et qui restreignent l’accomplissement, à l’égard de leurs émissions, d’actes qui ne sont pas autorisés par les organismes de radiodiffusion concernés ou permis par la loi. »

L’OMPI souhaite que ces dispositions soient signées par l’ensemble des parties contractantes (i.e. les Etats) d’ici à début 2013. L’application devrait suivre rapidement. Dans moins d’un an, l’empire du copyright serait universel.

Un acte anti-économique ?

Le traité répond-il à une réelle nécessité économique ? Rien n’est moins sûr. Comme le remarque Cory Doctorow, les gains sont très hypothétiques. Seule une petite frange de la population aura l’envie et les moyens de payer une redevance aux diffuseurs pour chaque contenu culturel utilisé. Cela ne peut que bénéficier au piratage. 

Par contre, des sites respectant les droits d’auteurs, comme Wikipédia, ou s’inscrivant délibérément dans une sorte de zone grise, comme YouTube, seront très lourdement pénalisés.

En termes strictement économiques, les pertes risquent d’être bien supérieures aux gains, explique Cory Doctorow :

« Aucune étude scientifique n’a explicitement démontré que créer un nouveau niveau de protection intellectuelle ajoutera un centime au PIB mondial. En effet, étant donné que des sites comme Vimeo et YouTube deviendraient légalement impossibles, cela diminuerait bien plutôt les richesses nationales. Qui plus est, on risque de brimer la créativité de nombre d’auteurs en transformant les diffuseurs en rentiers désireux de percevoir un pourcentage sur des vidéos qu’ils n’ont pas créés. »

Faut-il prendre la menace au sérieux ?

L’OMPI avait déjà élaboré un projet assez similaire en 2006. Il l’avait finalement remisé sous la pression de l’opinion publique. Le même schéma risque fortement de se répéter. D’autant que, par rapport à 2006, les licences libres disposent désormais de défenseurs de poids.

En son état actuel, le traité menace directement des projets bénévoles comme Wikipédia ou des entreprises comme Google. Or, ceux-ci ont déjà fait la preuve de leur réactivité. Organisée en début d’année, la mobilisation contre les lois américaines Sopa et Pipa avait été payante : elles sont actuellement ajournées ad vitam æternam.

Si l’OMPI persiste dans ses intentions, elle va sans doute aller au devant d’une opposition semblable. L’image des Nations unies n’en sortirait pas grandie.

[Mise à jour du 14 août à 22h52 : Ajout de quelques liens et informations complétementaires destinés à répondre aux interrogations soulevées par plusieurs riverains]

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 20:52

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 14.08.2012 à 10h40

 

La Cour constitutionnelle allemande a été saisie au début de l'été d'une série de plaintes en référé, émanant en particulier de la gauche radicale.

Pas de retard à prévoir. Une porte-parole de la Cour constitutionnelle allemande a indiqué que l'institution comptait toujours rendre le 12 septembre sa décision sur le mécanisme de secours européen MES, malgré le dépôt d'une nouvelle plainte.

"Il n'est pas prévisible que [cette plainte] remette en question cette date", a-t-elle dit mardi 14 août à l'AFP. Les marchés financiers s'étaient inquiétés lundi après le dépôt d'une nouvelle plainte contre le MES auprès de l'influente Cour de Karlsruhe, émanant du juriste et eurosceptique virulent, Markus Kerber.

Dans un entretien à l'AFP, M. Kerber a expliqué que sa plainte visait à ce que les juges allemands "s'en remettent pour une fois à la Cour européenne de justice". Il a fait valoir que cette dernière, basée au Luxembourg, devait se prononcer sur une plainte déposée par le député irlandais Thomas Pringle, portant sur la compatibilité du MES avec les traités européens.

 

SÉRIE DE PLAINTES EN RÉFÉRÉ

Selon le juriste allemand, la Cour de Karlsruhe doit laisser la Cour européenne s'exprimer avant de rendre elle-même une décision sur des plaintes émanant d'Allemagne. "La date du 12 septembre me paraît obsolète. La plainte irlandaise est au Luxembourg depuis le 3 août et il faudra compter au minimum quatre mois avant une décision", a dit M. Kerber.

La Cour constitutionnelle allemande a été saisie au début de l'été d'une série de plaintes en référé, émanant en particulier de la gauche radicale, pour empêcher l'entrée en vigueur du MES mais aussi du pacte budgétaire européen. Sa décision pourrait, selon certains économistes, décider de la survie ou non de la monnaie unique. Le MES ne peut en effet voir le jour s'il est privé de son premier contributeur, l'Allemagne.

 

Lire : Traité européen : la Cour allemande doit encore se prononcer

Lire notre fiction politiqueLe jour où Karlsruhe dit 'non' (lien abonnés)


 

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 21:40

 

C’est une bien étrange manière de marquer le cinquième anniversaire du début de la crise financière : Goldman Sachs, la banque qui symbolise toutes les déviances de Wall Street et du monde financier, ne sera pas inquiétée par la justice. Les autorités fédérales américaines ont annoncé, jeudi 9 août, qu’elles avaient clos les enquêtes menées sur le géant bancaire. « Il n’y a pas de base solide pour engager une procédure criminelle contre la banque ou ses employés», a expliqué le ministère de la justice.

Le dossier, pourtant, semblait épais. Il portait sur le sujet le plus emblématique de la crise : les agissements de la banque sur le marché des subprimes, ces produits à l’origine du déclenchement de la crise. Le président de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, était même soupçonné de parjure pour avoir menti sous serment devant les sénateurs américains.

La justice américaine s’était saisie du dossier après une enquête particulièrement destructrice d’une commission sénatoriale sur les origines de la crise financière. Pendant dix-huit mois, elle avait entendu de nombreux témoins, auditionné les principaux responsables bancaires, décortiqué des milliers de documents et de courriels internes. Dans

 

un très long rapport, ils avaient mis à nu toutes les dérives de Wall Street, pour finir par un constat accablant : « La crise n'a pas été le résultat d'une catastrophe naturelle, mais celui de produits financiers complexes et à haut risque ; de conflits d'intérêts tenus secrets et de l'échec des régulateurs, des agences de notation et du marché lui-même à brider les excès de Wall Street. »

Goldman Sachs tenait dans ce rapport une place de choix. Les sénateurs y confirmaient les révélations de la presse, notamment celles de Michael Lewis dans son ouvrage The big short (Le casse de siècle dans son édition française), sur le rôle de la banque dans le marché hypothécaire immobilier. Avec la Deutsche Bank, dont le poids a été aussi prépondérant dans cette affaire, Goldman Sachs a été l’acteur principal de toute l’invention financière –CDO, RMBS, CDS– dont on découvrira la toxicité par la suite. Durant les belles années, la banque a émis pour plus de 100 milliards de dollars de produits titrisés sur l’immobilier.

Maximiser le profit

Dès décembre 2006, Goldman Sachs voit les signes annonciateurs de la catastrophe: les défaillance des ménages, incapables d'honorer leurs mensualités, se multiplient. A cette date, Goldman détient plus de 15 milliards de dollars de subprimes et de produits titrisés en portefeuille. L’ordre est donné de vendre à tout prix. La banque invente notamment le fonds Abacus, où elle met une partie de ses produits toxiques, qu’elle s’empresse de vendre à ses clients. Pendant ce temps, Goldman Sachs spécule à la baisse sur les mêmes produits. La tromperie générale est organisée.

 

Lloyd Blankfein 
Lloyd Blankfein© Reuters
Durant les auditions, les sénateurs découvriront l’envers du décor : le fameux trader Fabrice Tourre, qui se présente comme dans ses mails comme un génie du mensonge ; les courriels internes de la banque où les différents traders utilisent le terme de «rats» pour parler de leurs clients, ou de « volaille à plumer » lors du scandale du Libor. D’une mine contrite, Lloyd Bankfein, qui se présentait quelques mois auparavant comme le banquier qui faisait l’œuvre de Dieu, assura la main sur le cœur aux sénateurs qu’il n’était au courant de rien, et qu’il regrettait profondément ces agissements non conformes à la culture de la banque.

Et pourtant, l’enquête sénatoriale prouvera que la direction de Goldman Sachs ne pouvait rien ignorer. Dès décembre 2006, le département « crédits hypothécaires et subprimes » avait été placé sous le pilotage direct de la direction générale de Goldman Sachs, qui surveillait au jour le jour l'évolution de la situation. En quelques mois, l’exposition de la banque sur les subprimes tombe de 15 à 2 milliards de dollars. Pendant ce temps, ses positions de vente à découvert sur les mêmes produits passent de 1 à 13,6 milliards de dollars. En novembre 2007, Lloyd Blankfein écrit un mail éloquent à ce sujet aux principaux responsables de la banque : « Nous n'avons pas été totalement épargnés par le désordre des subprimes. Mais nos pertes ont été largement compensées par nos gains sur les ventes à terme. »


exposition de Goldman Sachs aux subprimes 
exposition de Goldman Sachs aux subprimes© rapport du sénat américain

 

Quant au changement de comportement de la banque, seuls les naïfs y croient. Dans une lettre de démission incendiaire, publiée dans le New York Times, un salarié résumait les « grands principes » d’un Goldman Sachs, obnubilé par sa propre richesse. « La banque a changé sa façon de penser le leadership (…) Aujourd’hui, si vous faites assez d’argent pour l’entreprise , vous serez placé en position d’influence », écrit-il. « Il a trois moyens rapides de devenir un dirigeant : a) persuader les clients d’investir dans des titres ou des produits dont vous essayez de vous débarrasser parce qu’ils sont jugés pas assez profitables ; b) amener vos clients à négocier un quelconque produit qui rapportera le maximum de profit à  Goldman ; c ) vous trouver vous-même sur un siège où votre travail est de négocier n’importe quel produit illiquide et opaque avec un acronyme de trois lettres », dénonce-t-il. 

Malgré ces lourdes charges, le ministère de la Justice indique qu’il « est arrivé à la conclusion que la charge de la preuve pour mener une procédure judiciaire était insuffisante, compte tenu de la loi et des faits, tels qu’ils apparaissent actuellement ». En d’autres termes, la justice n’a pas suffisamment les moyens légaux pour engager une action en justice. Le ministère souligne, toutefois, qu’il est prêt à rouvrir le dossier, si des éléments nouveaux apparaissent.

«Personne n'est en prison»

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule,  Goldman Sachs a appris le même jour, que la SEC, l’autorité boursière de New York, refermait, sans donner suite, une autre enquête sur ses ventes de produits titrisés. La banque était accusée d’avoir vendu d’autres subprimes en décembre 2006, en trompant ses clients. Mais là encore, la SEC n’a rien trouvé à redire.

« Nous sommes très contents de voir ce sujet derrière nous », s’est félicité un porte-parole de la banque. Comment ne pas l’être ! Elle a échappé à tout. Goldman Sachs s’est juste acquitté d’une amende de 500 millions de dollars en 2009 auprès de la SEC pour couper court à une action judiciaire sur ses agissements dans les subprimes. La seule action au civil, qui est encore en cours, est menée contre son trader Fabrice Tourre.

Les commentaires ont été nombreux sur les sites de presse américians à la suite de la publication de cette information. Certains rappellent avec insistance que Goldman Sachs est un grand donateur des campagnes présidentielles. Comme le reconnaissait avec cynisme un trader de la banque, interrogé par la BBC, à l’automne dernier : « Ce ne sont pas les gouvernements qui dirigent le monde. C’est Goldman Sachs qui dirige le monde », avant d’ajouter qu’il espérait une récession, « car il y avait beaucoup d’argent à se faire en cas de crise ».

 


 

La  décision du ministère de la justice, en tout cas, paraît lourde de conséquences. Wall Street va continuer à jouir d’une totale immunité. « Ces annonces sont aussi les dernières indications que les enquêtes fédérales sur la crise financière faiblissent, alors que le temps de la prescription approche », note le New York Times. « Depuis le début de la crise, personne n'est en prison », n’a cessé de s’affliger Charles Ferguson, réalisateur du documentaire Inside Job, dévoilant toutes les turpitudes de Wall Street. Les derniers événements lui donnent malheureusement encore raison.

 

 

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 20:50

 

 

Le Monde.fr | 10.08.2012 à 18h35 • Mis à jour le 10.08.2012 à 18h35

Par Laure Beaulieu

 
Le géant sud-coréen de l'électronique Samsung est accusé de faire travailler des enfants dans un rapport d'une ONG publié mardi 7 août.

Attention : après la lecture de cet article, vous pourriez choisir de vous séparer de l'ensemble de votre matériel électronique Samsung. Après avoir accusé Apple dans une étude publiée en juin 2012, l'ONG China Labor Watch (CLW) s'attaque cette fois-ci au géant sud-coréen de l'électronique, Samsung. Basée à New York, l'ONG a enquêté aux mois de juin et juillet 2012 dans une usine de HEG Electronics Co, sous-traitant de Samsung en Chine. Située dans la province du Guangdong en Chine, l'usine produit des téléphones, des lecteurs DVD, des chaînes stéréo et des MP3 pour l'entreprise Samsung.

Publié le mardi 7 août, le rapport présente des résultats édifiants. Dans l'usine, qui compte 2 000 employés selon CLW, "sept enfants de moins de 16 ans travaillent (...) pendant les périodes de vacances d'hiver et d'été, 80 % du personnel est composé d'étudiants, la plupart âgés de moins de 18 ans". Selon les estimations de CLW, "il y aurait entre 50 et 100 enfants qui travaillent dans cette usine, le plus jeune ouvrier interrogé, Wu Xiaofang (un surnom), étant âgé de 14 ans".

 "DES OUVRIERS FRAPPÉS SUR LE SOL"

Ces enfants subissent "des conditions de travail très difficiles, similaires à celles des ouvriers adultes", mais "ils ne touchent que 70 % du salaire des employés adultes", estime CLW. "Des tâches dangereuses leur sont parfois demandées, et entraînent des blessures", ajoute l'ONG. Les conditions de travail de l'ensemble des salariés de l'usine sont critiquables, selon CLW. "Les ouvriers travaillent 11 heures par jour, 6 jours par semaine (...) et dans la plupart des cas il sont obligés de travailler 3 à 5 heures supplémentaires." Pis, le système de punition dans l'usine : "Les managers frappent parfois les ouvriers sur le sol. (...) Chaque jour, des employés sont punis, et doivent rester toute la journée debout, rédiger une autocritique ou payer une amende."

Pour mener leur enquête, plusieurs membres de l'ONG China Labor Watch ont été embauchés dans l'usine et ont ainsi pu interviewer les sept enfants qui y travailleraient, a précisé à Bloomberg Li Qiang, un des directeurs de China Labor Watch à New York. L'ONG publie, au sein du rapport, des photos de ces enfants et "étudiants" sur leur lieu de travail.

La ville de Huizhou, où se trouve l'usine, dans le Sud de la Chine, a affirmé qu'une enquête a été lancée, afin de vérifier qu'aucun enfant de moins de 16 ans n'est employé par HEG Electronics Co, rapporte l'agence de presse chinoise Xinhua. "Des sept ouvriers cités par le groupe de défense des droits du travail, basé à New York, deux sont des adultes, et les cinq autres ont entre 16 et 18 ans, et sont donc au-dessus de l'âge légal du travail en Chine, qui est de 16 ans", précisent les autorités locales. 

 DES CONTRÔLES INEFFICACES DANS L'USINE

En outre, China Labor Watch pointe du doigt l'action de l'entreprise Intertek, chargée par Samsung de l'inspection et du contrôle dans l'usine. CLW conclut : "Les rapports d'audit d'Intertek ne sont pas fiables. (...) Les personnes chargées des contrôles ont accepté des pots de vin de la part des usines, en échange d'un contrôle avec des conclusions satisfaisantes pour l'entreprise."

Samsung a réagi à ces accusations, et annoncé mercredi dans un communiqué, envoyé par mail à l'agence de presse nord-coréenne Yonhap, qu'"une équipe d'inspecteurs constituée de membres du siège de Samsung en Corée sera envoyée à Huizhou en Chine le 9 août, où elle ouvrira une enquête immédiatement, et prendra les mesures appropriées pour corriger tout problème détecté". Le géant sud-coréen a ajouté : "Samsung Electronics a effectué cette année deux inspections sur site distinctes portant sur les conditions de travail chez HEG, mais n'a constaté aucune irrégularité à ces occasions."

SAMSUNG : 3e PIRE ENTREPRISE AU MONDE

Ce n'est pas la première fois que l'ONG China Labor Watch dénonce des entorses au droit du travail et au droit des enfants. En juin 2012, CLW avait diffusé un rapport sur une usine du sous-traitant Foxconn d'Apple, et sur neuf autres usines, fournisseurs du géant Apple en Chine. CLW mettait en avant les mauvaises conditions de travail chez Foxconn, et des situations encore plus mauvaises chez d'autres fournisseurs, notamment dans l'usine Riteng à Shanghaï. Cette enquête faisait suite à celle publiée par le New York Times en janvier 2012, qui dénonçait les conditions de travail des sous-traitants d'Apple en Chine.

Samsung n'en est pas non plus à son premier scandale. Troisième au palmarès des pires entreprises de l'année du Public Eye Award, organisé par Greenpeace Suisse, l'entreprise est accusée d'utiliser dans ses usines des produits toxiques, qui seraient à l'origine de cas de cancers parmi ses employés. Réunis dans une "campagne internationale pour la santé et les droits du travail des ouvriers de Samsung", les salariés engagés contre le géant électronique ont réuni plus de 1 500 signatures sur une pétition contre Samsung. Ce type de scandale est une menace réelle pour l'image du géant sud-coréen. Les dirigeants, qui ont immédiatement réagi, semblent l'avoir bien compris.

Laure Beaulieu

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 21:50

 

 

Le Monde.fr | 07.08.2012 à 12h08 • Mis à jour le 07.08.2012 à 14h12

 

Les mauvais chiffres du chômage, associés à la multiplication des annonces de plans sociaux, mettent sous pression la méthode gouvernementale.

Redoutant un redoublement des radiations durant la période estivale, des associations appellent les chômeurs à la vigilance, échaudées par le précédent de l'été 2011 où le nombre de radiations avait explosé. Le démenti de Pôle emploi n'empêche pas le médiateur national de dénoncer des dysfonctionnements .

En juillet 2011, un mois après le lancement de la dématérialisation des courriers, le nombre de radiations avait littéralement explosé (+25,1 % sur un mois, +7,2 % sur un an), avec près de 48 000 personnes rayées des listes, selon les chiffres de Pôle emploi.

Sanction prononcée à l'encontre de ceux qui manquent à leurs obligations (absence à une convocation, recherche d'emploi insuffisante...), la radiation administrative est la hantise des chômeurs indemnisés, signifiant dans la plupart des cas au moins deux mois d'allocations suspendues. Pôle emploi se défend toutefois de mener une politique volontaire de radiation, chiffres à l'appui : au premier semestre 2012, 39 513 personnes ont été sanctionnées en moyenne chaque mois, moins qu'à la même période en 2011 (41 050). "Les radiations ont même baissé de 12 % entre 2007 et 2011", insiste-t-on.

 LE "PIÈGE" DE LA DÉMATÉRIALISATION

Evoquant une période de vacances "propice aux mauvais coups", notamment pour les chômeurs qui s'absentent, les associations sont pourtant sur leurs gardes, qualifiant la dématérialisation de "piège". Leurs forums recensent des dizaines de témoignages de demandeurs d'emploi narrant peu ou prou la même histoire : quelques semaines après avoir communiqué leur e-mail, ils découvrent qu'ils ont été radiés, l'avertissement préalable ayant atterri via le site de Pôle emploi dans un "espace personnel" virtuel... dont ils ignoraient l'existence.

"La dématérialisation a été catastrophique pour ceux qui ne maîtrisent pas l'informatique. Beaucoup se sont fait radier une, deux, parfois trois fois", confesse un conseiller Pôle emploi de région parisienne. Recours-radiation, piloté par Rose-Marie Péchallat, a ainsi dénoncé fin juillet une campagne de "mailing", adressée à 30 000 demandeurs d'emploi en Rhône-Alpes, afin de les inciter à utiliser la correspondance électronique. Son site a reçu 40 000 visites en juillet, 30 % de plus qu'un mois habituel. "Les conseillers sont prisonniers d'un système informatique qui les déresponsabilise", estime Mme Péchallat, laquelle accuse Pôle emploi de "multiplier les possibilités de perdre les demandeurs d'emploi en route".

 "USINE À GAZ"

"J'ai en mémoire ce qui s'est passé l'été dernier, on veille pour essayer de comprendre le pourquoi de cette psychose", assure Jean-Louis Walter, le médiateur national, qui reçoit des contestations de plus en plus nombreuses. Pour M. Walter, qui pointe du doigt les erreurs dues aux "procédures automatisées", Pôle emploi est devenu "plus qu'une usine à gaz""des personnes trop nombreuses passent à la trappe". "Priver quelqu'un de revenus, c'est très grave", estime le médiateur, qui consacrera une partie de son prochain rapport au sujet et s'apprête à effectuer une tournée des agences .

Sur 40 000 radiés en moyenne chaque mois, environ 8 000 sont réinscrits dès le mois suivant. Un dysfonctionnement parmi d'autres, qui alimente encore la polémique récurrente sur la qualité des statistiques françaises du chômage.

Lire notre éclairage : " Les statistiques sur le chômage comportent des zones grises"


 

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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 15:13


CADTM

 

 

3 août par Mohamed Dabo

 

Plusieurs études ont déjà montré le lien intangible entre la dette publique, le développement et les droits humains. La dernière en date est le rapport de Cephas Lumina, l’Expert indépendant des Nations-unies sur la dette portant sur les « principes relatifs à la dette extérieure et aux droits de l’homme |1| ». Son rapport présenté en juin 2012 lors de la 20ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU rappelle non seulement les règles de protection des droits humains applicables à la dette souveraine et aux politiques en la matière mais va plus loin en préconisant des mesures en rupture avec la gestion actuelle de la dette publique comme les audits de la dette. Sur plusieurs points, ce rapport rejoint les revendications du CADTM et d’autres organisations comme Jubilee Debt Campaign |2|. Nous donnons ici les points principaux de ce rapport.

L’impact négatif du remboursement de la dette sur les droits humains
Pour l’Expert, le mécanisme de la dette, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne tient pas compte des droits humains dont le respect et la protection s’imposent pourtant aux acteurs publics et privés. En effet, l’Expert rappelle que « les données empiriques montrent que pour nombre des pays les plus pauvres, les obligations liées au service de la dette sont souvent faites aux dépens des investissements sociaux, y compris dans les services qui contribuent à la réalisation des droits de l’homme ».

Le rapport rappelle, d’une part, que les États ont l’obligation d’agir « individuellement ou collectivement de respecter, protéger et réaliser les droits de l’homme » (point 6, page 13) et que d’autre part, les Institutions financières internationales (IFI) et les entreprises privées doivent « s’abstenir de formuler, d’adopter, de financer et de mettre en œuvre des politiques et programmes qui contreviennent directement ou indirectement à la jouissance des droits de l’homme » (point 9, page 13)

Le rapport dresse également un constat alarmant de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) car seulement un quart des pays parvenus au point d’achèvement |3| sont en passe de réaliser l’objectif 1 des OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) qui est la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim.

Les obligations des créanciers

Le rapport pointe le soutien apporté par les créanciers comme le FMI et la Banque mondiale à certains régimes dont la nature démocratique est douteuse. En effet, nombreux sont les exemples de régimes unanimement qualifiés de dictature qui ont néanmoins bénéficié de l’assistance de certains créanciers |4|.
Le rapport appelle également à une plus grande vigilance des prêteurs quant aux projets qu’ils financent. Dans les cas où un réel doute existe quant à l’utilisation des fonds prêtés, les créanciers doivent renoncer à octroyer les fonds.

Par ailleurs, les créanciers qui financent des projets doivent pouvoir évaluer leur impact sur les droits humains, notamment sur les couches les plus exposées et défavorisées de la population. Ce qui suppose une analyse de l’impact sexospécifique de la mise en œuvre de certains programmes qui peuvent conduire à la réduction de services publics indispensables entraînant entre autres l’appauvrissement de certaines catégories de la population au premier rang desquelles figurent souvent les femmes. Le rapport exhorte donc les États à travers des analyses d’impact à accorder « une attention particulière à certains groupes de la société qui peuvent être particulièrement vulnérables aux politiques et programmes relatifs à la dette extérieure, la stabilité macroéconomique, la réforme structurelle, la libéralisation du commerce et l’investissement, notamment les femmes… » (point 13, page 14). Ainsi l’Expert relève la nécessité d’une analyse de la viabilité des projets a priori et a posteriori afin que les acquis en matière de droits humains ne soient pas remis en cause.

Le rapport épingle aussi le fait que les créanciers font de l’ingérence dans la définition des politiques de développement des États. Cela se fait dans les pays du Sud mais également en Europe où la Troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne, FMI) tirent profit de la crise économique pour soumettre les États à des mesures d’austérité drastiques menant entre autres à la privatisation outrageuse de services publics, à l’augmentation de l’âge de la retraite ou encore à la réduction de l’effectif de la fonction publique. Le rapport dénonce ces pratiques en disant que « Les États créanciers et les institutions financières internationales ne doivent pas tirer parti d’une crise économique, financière ou liée à la dette extérieure pour promouvoir des réformes structurelles dans les États débiteurs, aussi utiles ces réformes puissent-elles être considérées sur le long terme. De telles réformes devraient être engagées, formulées et mises en œuvre par les États débiteurs eux-mêmes, s’ils le jugent approprié, dans le cadre d’un processus indépendant de développement national ». (point 80, page 22)

Pour l’Expert, cette ingérence des créanciers constitue une atteinte indéniable et flagrante à la souveraineté des États et une violation pure et simple du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les États doivent pouvoir définir leur politique économique sans céder à une quelconque pression extérieure. Cette souveraineté s’applique notamment à l’exploitation de leurs ressources naturelles. Or les faits montrent le contraire. Le rapport préconise donc l’abandon des politiques d’ajustement structurel car celles-ci permettent aux créanciers, souvent en position de force, de conditionner l’octroi de prêts à de vastes réformes macroéconomiques dans les Etats débiteurs.

Quelles solutions face au problème de la dette ?

Les mesures présentées dans ce rapport sont les suivantes :
Privilégier les sources internes non génératrices d’endettement
Afin de limiter le risque de dépendance à l’égard des bailleurs de fonds, les États doivent d’abord mobiliser leurs ressources internes avant de conclure tout contrat de prêt. La Constitution équatorienne de 2008 représente à ce titre un modèle vu qu’elle encadre strictement les conditions dans lesquelles les autorités du pays peuvent contracter des emprunts |5|.

Plafonner le remboursement de la dette

Les créanciers doivent s’assurer que les Etats concluent des prêts qui ne remettent pas en cause leur aptitude à protéger les droits humains de leurs populations. Si ce n’est pas le cas, le remboursement du service de la dette doit être plafonné.

Mener des audits de la dette

L’Expert appelle, d’une part, les États emprunteurs à mener "périodiquement des audits transparents et participatifs de leurs portefeuilles d’emprunts conformément à la législation nationale qu’ils ont adoptée à cette fin" et d’autre part, les prêteurs à mener "périodiquement des audits publics de leurs portefeuilles d’emprunts pour en évaluer la conformité aux objectifs de leur coopération internationale aux fins du développement et de leur politique de prêts, aux priorités de développement des États emprunteurs et aux principes universels des droits de l’homme". Ces audits "devraient évaluer le processus de souscription des emprunts, l’utilisation des fonds empruntés et l’impact de la dette sur le développement et la réalisation des droits de l’homme". (points 67, 68 et 69, page 20)

Suspendre le remboursement de la dette

Le rapport souligne qu’un "changement de circonstances échappant au contrôle de l’Etat emprunteur" est de nature à justifier un moratoire sur la dette et la renégociation des contrats de prêts. Les créanciers des pays ayant connu des soulèvements populaires comme en Tunisie et en Égypte pourraient donc suspendre le remboursement du service de la dette, le temps qu’un audit intégral et indépendant détermine la part odieuse et illégitime.
Comme le préconise le rapport, les Etats débiteurs doivent pouvoir définir au plan interne les critères de la dette odieuse et illégitime dont les caractéristiques principales définies dans le droit international sont au minimum :
 Absence de consentement de la population de l’Etat débiteur
 Absence de bénéfice à cette population
 La connaissance par les créanciers des éléments ci-dessus

On peut toutefois regretter le fait que l’Expert n’appelle pas explicitement à l’annulation pure et simple de la dette illégitime et odieuse identifiée comme telle par le rapport d’audit.
Il appartient à présent aux mouvements sociaux de s’approprier ce rapport onusien pour faire pression sur les décideurs politiques afin que les principes contenus dans ce rapport soient appliqués et respectés.

 

 

 

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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 21:51

 

Augmenter les recettes de l’État et améliorer la santé publique. A priori, l’objectif des mesures annoncées en début de semaine par le ministre du budget Jérôme Cahuzac, consistant à faire grimper les taxes sur les cigarettes les moins chères, devrait faire l’unanimité. Pourtant, la hausse de la fiscalité sur le tabac ne résout pas tout, loin s’en faut. Selon les travaux des chercheurs spécialistes du sujet, ce sont les industriels du tabac qui pourraient le plus se réjouir de la réforme telle qu’elle a été énoncée. Certains chercheurs s’inquiètent également des conséquences pour les fumeurs les plus pauvres, qui, paradoxalement, ne sont pas ceux qui s’arrêtent le plus de fumer lors des hausses de prix.

La problématique reste pourtant majeure : le tabagisme serait responsable de la mort de plus de 60 000 personnes par an (la moitié survenant avant 70 ans). La somme des coûts directs et indirects, (même amoindrie par les taxes encaissées sur les produits ou encore les retraites non versées pour cause de décès) se chiffre en milliards pour le pays (voir ici une étude à ce sujet).

Aujourd'hui, les prix les plus bas sont de 5,70 € pour 20 cigarettes, de 5 € pour 19 cigares, de 3,12 € pour 16 grammes de tabac à rouler. Les taxes représentent 80 % du prix des cigarettes, 44 % seulement des cigares, 75 % de celui du tabac à rouler.

Beaucoup de médecins se montrent favorables à une politique nouvelle et forte en matière de fiscalité sur le tabac. La France, comme 174 autres pays, est d’ailleurs signataire de la Convention cadre pour la lutte anti tabac de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) dont l’article 6 dispose que « les mesures financières et fiscales sont un moyen efficace et important de réduire la consommation de tabac ».

Les études sur l’élasticité des prix montrent que quand ils augmentent de 10 %, la diminution des ventes attendue est de 3 à 4 %. Les plus jeunes sont particulièrement sensibles : certains ne commencent pas à fumer, d’autres réduisent leur consommation.

En 2003 et 2004, le plan Cancer du président Chirac avait été marqué par une montée des prix spectaculaire (+39 %, en trois fois, sur un an). Depuis, seules des augmentations de 6 % (en août 2007, novembre 2009, novembre 2010, octobre 2011) sont intervenues. Une nouvelle hausse, toujours de 6 %, interviendra en septembre. Un rythme dicté par les industriels du tabac et qui leur convient parfaitement puisque cette progression est comparable au final à celle du coût de la vie.

Le Haut Conseil de la santé publique ne manque pas de le déplorer : « Les augmentations de prix proposées par les industriels du tabac apparaissent être la résultante de stratégies commerciales visant d’une part à ne pas désinciter les individus à consommer du tabac (compte tenu de l’inflation, les augmentations ne sont pas assez fortes pour cela), et d’autre part du fait de la spécificité des taxes sur le tabac, et leur partage entre part fixe et part proportionnelle, à faire basculer le consommateur vers des marques moins chères de cigarettes. »

En clair, les industriels n’appliquent pas de manière homogène la hausse des 6 %. Ils la répartissent en fonction de leurs intérêts commerciaux. Face à un public accro, des hausses modestes n’ont pas d’effet dissuasif. Entre 2000 et 2005 (période de forte augmentation), le pourcentage de fumeurs réguliers déclarés a baissé de 10 %. Entre 2005 et 2010, le pourcentage de fumeurs réguliers a augmenté de 8 % chez les hommes et de 15 % chez les femmes, même si le nombre de cigarettes allumées chaque jour par fumeur tend à diminuer. 

 

 

« C’est une intox monumentale, et dangereuse. »

Le ministère du budget a donc beau jeu d’annoncer vouloir présenter, lors de la loi de finances initiale de 2013, une hausse des taxes pour les cigarettes les moins chères. Cependant, selon Catherine Hill du Service de biostatistique et d'épidémiologie de l'Institut Gustave Roussy, qui s’apprête à remettre à l’INCa (Institut national du Cancer) une étude sur « l’impact de l’augmentation des prix sur la consommation de tabac », le projet montre que « le ministre n’a rien compris ». Catherine Hill « pense même le plus grand mal » du mécanisme envisagé.

 

Catherine Hill 
Catherine Hill© DR
« C’est un scandale. Tout est fait dans ce système de taxation du tabac pour que personne ne puisse rien y comprendre. Mais clairement, si, comme le préconise le ministre du budget, on ne change pas la part globale des taxes, mais on modifie simplement leur structure par la hausse du poids de la part fixe, on va faire baisser automatiquement la taxe sur les produits les plus chers. C’est donc une excellente mesure pour Marlboro, qui va à la fois payer moins de taxes sur ses paquets et récupérer des acheteurs qui vu le resserrement des prix, vont racheter des Marlboros ». Pour Catherine Hill, « ce n’est pas un projet de santé publique. C’est un projet pour enrichir Philip Morris ». Selon la chercheuse, « c’est le taux global de la taxation qu’il faudrait augmenter. Le ministère s’est fait manipuler ».
Recettes des fabricants et des buralistes 
Recettes des fabricants et des buralistes

 

À Bercy, on explique que ces pistes sont en discussion avec la Santé, et que les services des douanes tout comme l’IGAS continuent de travailler sur le sujet.

Mais Catherine Hill ne décolère pas non plus pour une autre raison. En effet, dans une interview aux Échos parue lundi, Jérôme Cahuzac, déclare que « toute hausse du prix du tabac favorise les produits de moindre qualité et les moins chers, dont on dit qu'ils sont les plus nocifs ». Pour l’épidémiologiste, ces propos sont inacceptables. « C’est monstrueux de dire que les produits chers sont de meilleurs produits. Les Marlboro et les Gauloises sont aussi toxiques : elles tuent la moitié de leurs consommateurs réguliers. C’est une intox monumentale, et dangereuse. »

Ce n’est pas tout. La fiscalité, même intelligemment réformée, ne peut constituer une politique de santé à elle toute seule. Des études ont montré que les fumeurs inhalent plus fortement leurs cigarettes après une augmentation des prix : ils aspirent plus intensément. Surtout, un certain nombre se détournent des cigarettes manufacturées pour se tourner vers le tabac à rouler voire les cigares-cigarillos.

 

Ventes annuelles du tabac 
Ventes annuelles du tabac

Entre 2000 et 2004, tandis que les ventes de cigarettes baissaient de 22 milliers de tonnes (de 66 à 44 milliers de tonnes), les ventes de tabac à rouler augmentaient de 1,4 millier de tonnes (de 5,6 à 7,0 milliers). La hausse s’est poursuivie après 2004, les ventes passant de 7 milliers de tonnes en 2004-2005 à 8 milliers de tonnes en 2011.

Or le prix du tabac à rouler reste environ deux fois moins élevé que celui des cigarettes manufacturées. Et Jérôme Cahuzac ne semble pour l’instant pas décidé à augmenter la taxation sur le premier. 

Combien, parce qu’ils ne parviennent pas à s’arrêter, renoncent à mieux s’alimenter ou se soigner ?

De façon plus générale, pour freiner une augmentation trop massive de la taxation, les industriels mettent en avant le fait que de plus en plus de Français iraient se fournir en cigarettes à l’étranger. A en croire Catherine Hill, ces chiffres seraient toutefois relativement stables sur les dix dernières années. Plusieurs travaux convergent sur le fait que les achats transfrontaliers représentent environ 15 % du marché national, soit une perte fiscale de 2 milliards d’euros par an. Les douanes évaluent la contrebande à environ 5 % du marché.

Le Haut Conseil de la Santé publique recommande donc une harmonisation de la fiscalité sur les produits du tabac en Europe ; seule une différence de prix en fonction de la richesse des pays pouvant subsister.

 

 

En attendant, ce sont les fumeurs les plus dépendants et les fumeurs les plus pauvres qui achètent du tabac étranger ou de contrebande, si l’on excepte les habitants transfrontaliers (voir l’enquête de l’OFDT à ce sujet). Une autre étude de l’OFDT, menée auprès d’un public précaire et fragile, montre que 15 % des étudiés se fournissent auprès du marché noir.

Dans ces conditions, comment prendre en compte les impératifs de santé publique sans accabler les plus pauvres ? Comment ne pas creuser les inégalités sociales de santé ? Ne faut-il pas s’offusquer d’un impôt régressif (dans les faits, plus on gagne d’argent, moins on paye cet impôt) ?

Car aussi paradoxal que cela puisse paraître, quand le prix du tabac augmente, ce ne sont pas les plus pauvres qui cessent de fumer, même si certaines études se révèlent contradictoires à ce sujet : les Australiens ne semblent pas réagir de la même façon que les Américains.

Ainsi, en France, entre 2000 et 2010, le nombre de fumeurs a largement reculé chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (de 36 % à 27 %), alors qu’il restait quasiment stable chez les ouvriers en activité professionnelle (de 45 % à 43 %) et augmentait chez les chômeurs (de 44 % à 49 %)

Selon l’INPES, 15 % des fumeurs consacrent au tabac plus de 20 % de leurs revenus. Combien, parce qu’ils ne parviennent pas à s’arrêter, renoncent à mieux s’alimenter ou mieux se soigner ? Mystère.

Seulement, les pays comme le Canada ou la Suède qui ont cédé au lobbying des industriels du tabac et réduit leurs taxes ont vu à la fois leurs recettes fiscales baisser et le taux de fumeurs augmenter.

Si, à en croire le Centre international de Recherche contre le Cancer (CIRC), la fiscalité se révèle plus efficace que les autres instruments (campagnes, messages sanitaires, interdiction de fumer dans les lieux publics, etc.), la mesure n'est certainement pas suffisante. Le Haut Conseil de la Santé publique recommande de « redéfinir les stratégies de prévention », car il constate que si les fumeurs les plus pauvres « sont tout autant motivés à arrêter de fumer que les autres, ils sont plus souvent confrontés à l’échec ». Surtout, de nombreux médecins estiment que les dépenses liées à l’arrêt du tabac devraient intégralement être prises en charge par le système d’assurance maladie.

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:57

 

 

Le 4 septembre se tiendra une réunion du collectif national large ( tous les CAC de France ) pour mettre en place un campagne-éclair pendant le mois de septembre (et octobre?) contre la ratification du Pacte budgétaire.

 

De nombreux intervenants + des supports seront disponibles pour les collectifs qui souhaitent organiser des réunions publiques en septembre et interpeller leurs élus.

 

 N'hésitez pas à mettre d'ores et déjà des réunions publiques à l'agenda ! En + de ça seront prévues probablement une pétition, une action au moment ou en amont du vote...

 

 

                                                                                    ******************************

 

 

http://dessousdebruxelles.ellynn.fr/spip.php?article181

Huit bonnes raisons de rejeter le Pacte budgétaire

 

« Le poids de la dette est devenu écrasant. L’État verse ainsi près de 50 milliards d’euros par an à ses créanciers. Cette somme représente la première dépense, juste devant le budget de l’Éducation nationale ; elle est supérieure aux budgets de la recherche, de la justice et de la sécurité réunis. C’est inacceptable ! La dette, c’est moins d’écoles, moins de crèches, moins d’hôpitaux, moins de transports publics… [1] » Jean-Marc Ayrault évoquait en ces termes la question de la dette publique dans son discours de politique générale.

Un constat est sans appel ; pourtant le Premier ministre ne répond pas à des questions essentielles : d’où vient cette dette ? Comment éviter l’austérité, et la destruction de l’Etat social ? Au contraire, il prend ce « poids écrasant » comme une donnée indiscutable. Pour y remédier, il reprend l’objectif affiché par François Hollande, une réduction à marche forcée du déficit public, visant 3% du PIB dès 2013 et le déficit « zéro » en 2017. Ce n’est pas un hasard : le déficit « zéro » est l’objectif n°1 du Pacte budgétaire, le nouveau traité européen négocié par Sarkozy et Merkel pour imposer l’austérité en Europe.

27 juillet

Huit bonnes raisons de rejeter le Pacte budgétaire

 

Malgré la volonté affichée par François Hollande, lors de la campagne présidentielle, de rompre avec cette logique mortifère, le nouveau président a finalement accepté de ratifier le Pacte à l’issue du sommet européen du 28 et 29 juin. Il aurait en échange obtenu des mesures de croissance qu’il juge satisfaisantes. Suffiront-elles à contrebalancer le dangereux potentiel austéritaire du nouveau traité ? Rien n’est moins sûr...

Revenons tout d’abord sur le contenu du Pacte budgétaire. Grosso modo, le Pacte parachève le mécanisme de tutelle économique des Etats, la « gouvernance économique » européenne : les choix budgétaires discutés dans les Parlements nationaux seront contrôlés en amont, et possiblement sanctionnés par des instances d’« experts » non élus. Les Etats devront chaque année atteindre des objectifs, au risque d’encourir des pénalités quasi-automatiques, d’un montant considérable. Enfin, ils devront se soumettre à la fameuse « règle d’or ».

La règle d’or stipule que l’Etat ne doit pas dépenser plus que ce qu’il ne gagne. Plus précisément : le déficit entre les dépenses et les recettes de l’Etat ne doit pas dépasser 0,5% du PIB, hors fluctuations exceptionnelles. Elle incarne la vision de la BCE, le FMI, la Commission européenne, selon laquelle le déficit public et l’incurie des Etats seraient à la source de la crise de la dette. D’années en années, les Etats auraient vécu « au-dessus de leurs moyens » et emprunté pour dépenser plus, en faisant payer moins d’impôts. Il n’y aurait donc pas le choix : il faudrait d’urgence fermer le robinet de la dette et réduire les déficits.

Pour cela, au moins deux options sont sur la table : augmenter les recettes, ou réduire les dépenses. Mais en fait, c’est surtout la deuxième qui est mise en avant par les institutions et dans les textes européens, et bien sûr, dans le Pacte budgétaire.

 

1 - L’Etat social découpé à la hache

Voilà qui faisait déjà rêver les néolibéraux avant la crise… La crise de la dette a apporté des arguments aux libéraux pour en finir avec l’Etat social (les dépenses publiques, sont à plus des trois quarts des dépenses sociales, santé et protection sociale, éducation, retraites…). Le Pacte budgétaire s’inscrit ainsi dans la lignée des plans d’austérité menés dans toute l’Europe, qui se ressemblent tous, avec des coupes prévues :

- dans la fonction publique (suppressions de postes, gel ou réduction des salaires) ;
- la protection sociale (retraites, assurance maladie, chômage…) ;
- les services publics (notamment via la baisse des transferts aux collectivités locales) [2].

Bien sûr, ces mesures sont fondamentalement injustes, car elles touchent en priorité les populations les plus précaires, les femmes, les jeunes, mais aussi les classes populaires ainsi que les classes moyennes. Ce sont eux qui sont mis à contribution pour payer la crise.

Mais elles sont aussi absurdes économiquement. En effet, elles créent un cercle destructeur : la baisse des revenus (pertes d’allocations, hausse des prix dans les services publics) contribue à diminuer la consommation, puis l’activité. Elle accentue la récession qui va davantage peser sur les comptes publics – avec pour conséquence une augmentation du déficit public que ces mesures étaient censées résoudre. La règle de plomb de l’austérité ne freine pas l’endettement… elle l’accélère ! Elle a déjà laminé l’économie grecque, portugaise, britannique…

 

2 - Augmenter les impôts… sans taxer les riches !

On l’a dit, pour résorber le déficit, les gouvernements disposent d’une autre option : l’augmentation des impôts. Une solution qui a d’emblée très mauvaise réputation dans les cercles dirigeants. En fait les « économistes à gages » expliquent qu’il est possible d’augmenter les impôts... à condition de ne pas taxer les riches.

Taxer les riches et les grandes entreprises serait contre-productif : cela aurait pour conséquence d’affaiblir les entreprises et de diminuer l’investissement des hauts revenus dans l’économie. Voire, de les faire fuir… Cela affaiblirait l’économie, et diminuerait finalement le rendement de l’impôt et les recettes fiscales de l’Etat. D’où le célèbre adage : « trop d’impôt tue l’impôt [3] ».

Ils préconisent donc plutôt des mesures compatibles avec la « compétitivité », avec la « croissance » : des taxes sur la consommation, sur l’essence, la TVA… qui affectent davantage les classes moyennes et populaires. Et surtout, la privatisation des services et vente des biens publics, le détricotage du droit du travail pour faciliter la baisse des salaires.

En dernier lieu, le salut des finances publiques passerait donc par la compétitivité commerciale... et par la stimulation à tout prix de l’activité et des investissements privés

 

3 - Une compétition mortifère dans la zone euro

Cette recherche effrénée de compétitivité participe elle-aussi du cercle destructeur de l’austérité. L’Allemagne, depuis les années 2000, a tout particulièrement appliqué l’agenda néolibéral, ce qui a permis l’explosion des excédents commerciaux allemands. Mais si l’Allemagne exporte (principalement dans la zone euro), c’est que ses partenaires importent, ce qui provoque des déficits commerciaux. Ceux-ci n’ont d’autre choix que de s’endetter… ou de s’imposer eux-mêmes une « dévaluation interne » par une baisse massive des salaires et des budgets sociaux.

C’est précisément cet agenda qui est imposé aux pays surendettés : ils doivent non seulement tailler dans leurs dépenses, mais casser les droits sociaux pour devenir « compétitif ». Le Mécanisme européen de stabilité (MES) a ainsi été bâti comme un FMI européen, pour financer un soutien financier aux pays surendettés, avec en contrepartie une cure néolibérale complète.

Mais cette politique s’avère un échec total. D’une part, les mesures d’austérité ruinent les populations des pays surendettés : difficile, dès lors, d’y exporter des marchandises – si « compétitives » soient-elles. En même temps, la demande interne allemande a été durablement affaiblie par la stagnation des salaires. Le résultat, c’est que l’industrie allemande a de moins en moins de débouchés... et l’Allemagne risque fort elle-même d’entrer en récession en 2012 (sans parler de la perte annoncée de son triple A [4]).

 

4 - Haro sur le déficit public

Au-delà même de la question de la question des recettes et des dépenses publiques, c’est l’objectif même de la règle d’or – la réduction du déficit – qui doit être remis en cause.

D’une manière générale, les déficits et l’endettement publics sont légitimes : l’Etat peut ainsi étaler dans le temps les efforts budgétaires (comme le font ménages et entreprises) pour des investissements d’avenir qui bénéficieront aussi aux générations futures. Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’investir pour la transition écologique et sociale de l’économie, et l’Etat ne peut le faire sur la base de ses recettes courantes (les impôts).

Ceci est d’autant plus nécessaire dans un contexte de crise… Depuis la crise de 1929, on sait qu’en période de crise, l’Etat doit se donner les moyens d’intervenir dans l’économie, d’investir et donc de créer des déficits. L’Etat est le seul acteur susceptible de relancer l’activité économique à un moment où les entreprises diminuent leurs investissements et où la consommation chute.

La règle d’or est donc l’incarnation du politique économique idéologique qui vise à soustraire à l’Etat toute marge de manœuvre pour intervenir dans l’économie, et à laisser au secteur privé l’initiative. Mais cette posture idéologique est dangereuse. Couplées aux coupes budgétaires, elle rend inéluctable le cercle vicieux de l’austérité : austérité, récession, déficits, dette, austérité… avec des conséquences politiques imprévisibles en Europe.

Face aux dogmes néolibéraux incarnés par la règle d’or, il existe des alternatives : taxation des hauts revenus, investissements publics, monétisation des déficits…

 

5 - Menaces contre la démocratie

Le Pacte budgétaire n’est pas seulement lourd de menaces sur le plan économique et social. Jürgen Habermas, philosophe allemand qui avait pourtant soutenu le Traité Constitutionnel Européen, estime désormais que les réformes prises dans le cadre du nouveau traité européen ouvrent une période de « domination post-démocratique [5] ».

Le Pacte budgétaire entérine en effet un certain nombre de procédures discutées à l’échelle européenne qui visent à contrôler les décisions budgétaires des Etats.

Ainsi, le « Semestre européen » impose aux gouvernements de soumettre leur proposition de budget à la Commission et au Conseil avant même qu’il soit discuté par les parlements nationaux. Le budget doit donner la priorité au désendettement et à la réduction des déficits, et doit s’attaquer aux « déséquilibres » identifiés par la Commission… comme par exemple, un manque de « compétitivité ».

Dans le cas où un gouvernement proposerait un budget considéré comme trop « laxiste » quant au désendettement et à la réduction de son déficit, des sanctions peuvent être prises contre lui. Le Pacte budgétaire stipule que seule une majorité au Conseil européen (très difficile à obtenir) peut s’y opposer. Les sanctions, jusqu’à 0,1% du PIB (2 milliards d’€ pour la France), sont donc quasi-automatiques. Pis encore : le pays « accusé » n’aura pas le droit de participer au vote ! [6]

 

6 - L’austérité à perpétuité

Le Pacte budgétaire prévoit que la règle d’or ne puisse être remise en cause. Comme l’indiquait Angela Merkel : « La règle d’or va être contraignante et s’appliquer de manière permanente. Les règles ne doivent en aucun cas pouvoir être changées par une nouvelle majorité parlementaire [7] ».

Il faudra adopter des « dispositions à caractère contraignant, de préférence constitutionnelles, ou bien avec la garantie d’une application et d’une adhésion totale lors du processus d’adoption du budget [8] ». Et cela sans aucune limite temporelle : c’est donc bien l’austérité à perpétuité que garantit le nouveau traité.

Les textes de mise en œuvre de la règle d’or prévoient ainsi que des instances « indépendantes » composées d’« experts » doivent être mises en place au niveau national afin de contrôler l’application par les gouvernements de la discipline budgétaire.

Par ailleurs, si un État membre considère qu’un autre État membre n’a pas adopté de législation suffisamment contraignante, il peut porter plainte auprès de la Cour de justice européenne, qui pourra imposer des amendes considérables (de l’ordre de 0,1% du PIB).

La règle d’or sera donc une « règle permanente, quasi constitutionnelle, mais en-dehors de la constitution ». Pourquoi un montage institutionnel aussi complexe ? En fait la réponse est simple : dans certains pays, une modification de la Constitution nécessite un référendum. Consulter le peuple, c’est un scénario à éviter à tout prix pour les promoteurs du Pacte budgétaire...

 

7 - La supercherie du Pacte de croissance

Malgré les efforts des promoteurs du Pacte budgétaire pour circonscrire le débat sur son adoption, plusieurs échéances se sont présentées où le choix de l’austérité généralisée a été posé dans le débat public : le référendum en Irlande, les élections législatives en Grèce et… les élections présidentielles en France.

Le 6 mai 2012, le soir de sa victoire, François Hollande annonçait que son élection à la présidence de la République était pour l’Europe un espoir, celui « qu’enfin l’austérité pouvait ne plus être une fatalité [9] ». Il appelait à une « réorientation de l’Europe » conformément à sa promesse de campagne de renégocier le nouveau traité européen, le Pacte budgétaire. Pourtant, à peine deux mois plus tard, à l’issue du Sommet européen des 28 et 29 juin, il annonçait que la « ratification rapide » du Pacte budgétaire, tel que négocié par Nicolas Sarkozy, serait programmée par le nouveau gouvernement.

Pour justifier ce revirement brutal, François Hollande a mis en avant des mesures censées stimuler la croissance en Europe : 60 milliards issus de fonds dont la mise en œuvre était déjà votée et programmée pour 2012-2013, et 60 milliards de prêts, par la Banque européenne d’investissements pour stimuler l’investissement privé.

Ces mesures ponctuelles – à l’échelle de l’Europe – sont à comparer avec les économies budgétaires programmées en France dans le cadre de l’application des mesures d’une sévérité sans précédent prévues par le Pacte budgétaire : plus de 60 milliards d’euros rien que pour la France d’ici à 2017. Elles sont à comparer avec les promesses de François Hollande lors de la campagne présidentielle. Il annonçait alors que la France ne ratifierait le Pacte budgétaire qu’à condition d’obtenir satisfactions sur trois points clés :

- La mise en place d’euro-obligations, pour que les pays de la zone euro les plus fragiles puissent emprunter à des taux non prohibitifs ;
- La réforme de la Banque centrale européenne, pour donner aux États la possibilité de se financer en dehors des marchés ;
- Des mesures de relance de la croissance en Europe.

François Hollande n’aura donc pas obtenu satisfaction sur les deux premiers points. Sur le troisième aspect – contrairement aux annonces du gouvernement qui relèvent d’un pur marketing politique – les mesures obtenues sont dérisoires, comparées au condensé d’austérité que représente le Pacte budgétaire. En toute intégrité, conformément à ses promesses, François Hollande aurait dû refuser de ratifier le Pacte budgétaire.

 

8 - Les alternatives à l’austérité existent !

Le Pacte budgétaire ne va pas sauver l’Europe, au contraire : il va l’enfoncer davantage dans la crise économique, sociale, écologique. Il va approfondir l’austérité généralisée, en forçant les gouvernements à respecter un programme économique absurde qui mène à la récession. Il représente un danger pour la démocratie, en imposant des mécanismes technocratiques de surveillance et de sanction des budgets nationaux.

La « renégociation » annoncée par François Hollande n’a pas eu lieu : le Pacte budgétaire va être ratifié tel que négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Quant au Pacte pour la croissance, il est largement insuffisant : ses mesures ponctuelles ne permettront pas d’enrayer le cercle vicieux de l’austérité en Europe.

Le gouvernement socialiste s’apprête, sans contrepartie consistante, à ratifier le Pacte budgétaire par voie parlementaire, au mépris des promesses de François Hollande. Face à la menace de reculs démocratiques, sociaux, écologiques sans précédents, rappelons que des alternatives crédibles à l’austérité existent : intervention directe de la BCE, audits et restructuration de la dette, fiscalité progressive, réforme du système bancaire et financier...

Le rejet du Pacte budgétaire serait un premier pas dans le sens d’un changement radical... aujourd’hui plus que jamais nécessaire.

Frédéric Lemaire

[1] Discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault, 02/07/2012

[2] Voir la petite revue 2011 des plans d’austérité, par les Dessous de bruxelles

[3] A lire, cette analyse intéressante parue sur le site des Echos : http://lecercle.lesechos.fr/economi...

[4] Le triple A de l’Allemagne menacé par Moody’s, Challenges (24 juillet 2012) http://www.challenges.fr/europe/201...

[5] Jürgen Habermas : La démocratie en jeu, Le Monde, 27 octobre 2011 : http://www.presseurop.eu/fr/content...

[6] Lire L’austérité à marche forcée... 10 choses que vous devez savoir sur le Pacte budgétaire par les DDB : http://ellynn.fr/dessousdebruxelles...

[7] The Guardian, 30 janvier 2012, http://www.guardian.co.uk/business/...

[8] Pour les courageux... ou pas : le texte du TSCG http://www.senat.fr/fileadmin/Fichi...

[9] Discours de François Hollande, 06/05/12

 

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