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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 16:25

 

Chimie 12/09/2012 à 12h41

Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89

 

Ces substances chimiques utilisées dans le plastique présentent des risques pour la santé. Le Danemark vient d’en interdire quatre, la France pourrait bientôt suivre.

 


Des insectes en plastique (Steven Depolo/Flickr/CC)

 

Vous ignorez probablement leur existence et pourtant, ils sont partout. Dans les jouets, les cosmétiques, les sols en plastique, les peintures, les tubes médicaux, les emballages alimentaires, les fournitures scolaires, les sextoys... Les phtalates, ces substances chimiques destinées à assouplir les plastiques, font leur retour sur la scène politique.

Leurs noms sont barbares, leurs formules chimiques variables et la nocivité de certains sur la santé humaine probable. Car ces substances peuvent migrer dans l’organisme et venir perturber le système hormonal, provoquant des troubles de la fertilité, voire des cancers.

L’Europe a d’ailleurs interdit six d’entre eux dans les articles de puériculture, huit dans les cosmétiques. Fin août, la ministre danoise de l’Environnement, Ida Auken, a créé la surprise en décidant d’interdire quatre phtalates (DEHP, DIBP, DBP et BBP) dès cet automne dans les produits de consommation susceptibles d’entrer en contact avec la peau ou les muqueuses.

Perturbations du système hormonal

Ces quatre substances sont considérées comme cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. Comme le bisphénol A (BPA), autre substance chimique destinée, elle, à durcir les plastiques, ces phtalates font partie de la grande famille des « perturbateurs endocriniens ».

Selon le Réseau environnement santé, qui milite pour leur interdiction :

« 98% des études scientifiques sur le sujet montrent que les phtalates induisent des effets délétères chez l’homme et l’animal. »

Les troubles de la reproduction sont les plus fréquents, mais la liste est longue des effets possibles des phtalates : diabète, obésité, allergies, troubles respiratoires, risque de fausse couche accru, réactions inflammatoires...

Certes, ce n’est pas parce que l’on a été intubé avec un tuyau qui en contient, que l’on porte un rouge à lèvres ou que l’on en respire dans sa maison que l’on va développer un de ces troubles. Mais – et c’est la grande spécificité des perturbateurs endocriniens –, ce n’est pas « la dose qui fait le poison », disent les scientifiques. Mais plutôt l’exposition multiple et permanente à ces substances qui fait courir un risque à long terme, ce qu’ils appellent « l’effet cocktail ».

La France, qui a donné au principe de précaution une valeur constitutionnelle, a déjà imaginé les interdire. Ce fut la proposition de loi Lachaud (député du Nouveau Centre), adoptée à l’Assemblée nationale en mai 2011 (mais qui n’est pas allée au Sénat car trop vaste). Parmi les 167 votants « pour » du groupe socialiste, on retiendra les noms de Jean-Marc Ayrault, Delphine Batho, Marisol Touraine...

Des alternatives existent

Le député socialiste Gérard Bapt, déjà auteur de la proposition de loi sur l’interdiction du bisphénol A dans les biberons puis les emballages alimentaires, va bientôt déposer une proposition de loi visant à interdire les quatre mêmes phtalates que le Danemark, « pays confronté à une explosion des malformations génitales à la naissance. Celles-ci augmentent aussi en France. »

Optimiste, le député a constaté un changement culturel chez les politiques français :

« Au départ, ils rigolaient sur ce sujet, me disaient que ce qui est important, c’est la grippe. Et finalement, ils ont voté [l’interdiction du bisphénol]. »

Désormais, il compte bien profiter de cette sensibilité française pour revenir à la charge :

« La conférence environnementale [qui se déroulera les 14 et 15 septembre, ndlr] sera une bonne tribune pour relancer le sujet. Je trouve particulièrement délétère que ces molécules soient présentes dans le matériel médical. Imaginez qu’on intube des prématurés avec des tubulures aux phtalates !

Il existe pourtant des alternatives, comme il avait été possible de se passer de BPA dans les biberons. La société Valmy à Roanne a ainsi remplacé le DEHP dans les dispositifs médicaux qu’elle fabrique (tubulures, masques, lunettes et tuyaux à oxygène) par du polypropylène, une matière qui a, de plus, l’avantage d’être recyclable. »

« Délit de sale gueule »

Du côté de l’industrie, la réaction est très vive. Jean Pelin, directeur général de l’Union des industries chimiques (UIC), estime que les phtalates sont victimes d’un « délit de sale gueule ».

Il rappelle que l’Europe s’est dotée depuis 2007 d’une réglementation sur les substances chimiques, Reach (pour « Registration, evaluation and autorisation of chemicals »). Les quatre phtalates interdits par le Danemark sont passés par les filets de cette réglementation :

« Ces substances toxiques sont soumises à contraintes, mais pas interdites, car il n’y a pas eu de démonstration scientifique de leur impact sur la santé aux doses habituellement utilisées. Le Danemark a choisi de se singulariser, ce qui va à l’encontre de l’harmonisation européenne et de l’analyse de l’Agence européenne des produits chimiques. »

Le représentant de cette prospère industrie, qui pèse 90 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, tient à son image :

« Nous ne disons pas qu’elles sont inoffensives, mais que les conditions de leur utilisation sont encadrées. »

Pour Yannick Vicaire, en charge du dossier au Réseau environnement santé :

« Soit on fait comme avec l’amiante et on écoute l’industrie dire qu’elle n’a pas d’autre solution, soit on est proactifs et on fixe le cadre avec des délais raisonnables. Le rôle des pouvoirs publics, c’est de défendre la santé publique, pas l’industrie chimique. Demain, s’en passer, c’est possible. »

Son collègue toxicologue André Cicolella note qu’il y a une « incohérence » à interdire des phtalates dans les jouets mais à intuber les prématurés avec, et qu’une étude a prouvé le rôle des phtalates dans la féminisation du jeune garçon. De plus, on manque de recherche sur les effets cancérigènes des perturbateurs endocriniens :

« Il y a des lacunes dans la recherche fondamentale, alors que ce sont une des clés de compréhension de l’épidémie de maladies chroniques, celles liées au métabolisme que sont le diabète, l’obésité et les cancers hormonaux-dépendants. »

L’industrie reconnaît que la multi-exposition environnementale rend difficile l’identification de l’origine de ces maladies, mais Jean Pelin assure :

« Il faudrait qu’un bébé suce une tétine aux phtalates pendant plusieurs vies pour que cela devienne dangereux, aux doses où elles sont concentrées. »

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) doit rendre l’an prochain un avis sur les perturbateurs endocriniens. L’évaluation des risques par les experts saura-t-elle s’extraire des pressions de l’industrie ?

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 18:17

 

Nestlé et le business de l'eau en bouteille   
  • Genre : Documentaire - Culture Infos
  • Pays : Allemagne - Suisse
  • Nationalité : germano-suisse
  • Date de sortie : 2012 | Durée : 1h30
Synopsis : Multinationale basée en Suisse, Nestlé est le leader mondial de l'agroalimentaire, notamment grâce au commerce de l'eau en bouteille, dont elle possède plus de 70 marques partout dans le monde. Pour Peter Brabeck, le président du conseil d'administration, l'eau peut «garantir encore 140 ans de vie» à l'entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, les réalisateurs dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des Etats-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l'eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives de la firme. Ils montrent qu'elles reposent sur une question cruciale : à qui appartient l'eau ?
  • Diffusions tv
  • Mono 16:9 HD Inédit  Mar 11 à 20h50 sur Arte
  • Mono 16:9 HD Inédit  Jeu 20 à 15h00 sur Arte
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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:56

 

http://www.arte.tv/fr/goldman-sachs/6820372.html

 

 

Synopsis : La banque américaine Goldman Sachs est au coeur de toutes les crises financières depuis 2008 : crise des subprimes, crise grecque, crise de l'euro. Son pouvoir est immense, et elle l'exerce dans le plus grand secret. Immersion au coeur de la banque liée à de nombreux scandales pour comprendre ce passé douteux. Des témoignages de premier plan aident aussi à expliquer comment elle est, malgré les crises, encore plus puissante qu'avant.

 

  • Rediffusion
  •  Mer 19 à 10h25 sur Arte
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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:50

Dans "3D" dimanche, Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'Economie 2001, professeur à l'Université américaine Columbia. Le prix de l'inégalité est le titre de l'essai qu'il signe aux Editions Les Liens qui libèrent. Faillite de l'Etat, menace sur la démocratie, l'inégalité prospère. La volonté politique en aura-t-elle raison?

La traduction simultanée est assurée par Michel Zlotowski.

 

En 2ème partie, la morale contre le lobbying? Nous recevons Jean-Claude Guillebaud et Jérôme Fritel.

 

 

France Inter - Emission du dimanche 9 septembre 2012


http://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal-le-prix-de-l-inegalite-avec-joseph-stiglitz-et-la-morale-contre-le-lobbying


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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 15:21

 

 

Le Monde.fr | 05.09.2012 à 11h21 • Mis à jour le 05.09.2012 à 16h37

 
Des fûts contenant des produits chimiques emportés par les inondations dans la rivière Songhua à Jilin (Chine), le 28 juillet 2010.

L'utilisation croissante de produits chimiques génère, en particulier dans les pays émergents, des coûts de plus en plus élevés en matière de santé et de pollution, selon un rapport publié mercredi 5 septembre 2012 par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

"Les communautés à travers le monde, en particulier celles des pays émergents et en voie de développement, sont de plus en plus dépendantes des produits chimiques, depuis les engrais en passant par les produits plastiques et électroniques", souligne Achim Steiner, le directeur exécutif du PNUE.

Mais, poursuit le responsable, "la pollution et les maladies liées à la production, l'utilisation et l'élimination des produits chimiques peuvent entraver leur développement en affectant les ressources d'eau, la sécurité alimentaire, le bien-être et la productivité des travailleurs".

236 MILLIARDS DE DOLLARS DE PERTES

Le PNUE estime que la mauvaise gestion de produits chimiques, de leur production au traitement des déchets, est responsable de 236 milliards de dollars de pertes au niveau mondial. La plupart de ces coûts ne sont pas à la charge des industriels, mais à celle des systèmes de santé et des particuliers, note le PNUE, qui appelle les gouvernements et les industriels à agir davantage.

Le rapport estime ainsi que les coûts liés à des empoisonnements par des pesticides en Afrique sub-saharienne excèdent désormais les aides au développement versées annuellement à cette région du monde pour la santé, hors soins liés au sida.

DES RISQUES PAS TOUJOURS CONNUS

Dans cette région, les frais de santé liés à des empoisonnements par pesticides dans de petites exploitations agricoles pourraient s'élever à 90 milliards de dollars entre 2005 et 2020. Autre exemple, en Chine, la pollution de l'eau a provoqué 634 millions de dollars de dégâts dans des élevages de poisson.

Tout en notant "des avancées" ces dernières années dans la gestion des produits chimiques, le PNUE écrit aussi que "le rythme des progrès a été lent et les résultats trop souvent insuffisants". Le PNUE souligne notamment que, sur quelque 140 000 produits chimiques commercialisés aujourd'hui, seulement une fraction a été réellement évaluée afin de déterminer les effets sur la santé et l'environnement.

A lireDes produits chimiques favorisent obésité et diabète

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 21:41

 

 Tribune 04/09/2012 à 15h13

 Rue89 - Marc Tarabella | Député Européen


Vous ne le savez peut-être pas, mais en Europe, il n’est plus possible de vendre des semences anciennes, rares, originales. Seuls les produits standardisés, formatés, homogènes sont autorisés. J’exagère ? Jugez plutôt.

L’association Kokopelli a été condamnée à payer à l’entreprise Graines Baumaux 100 000 euros de dommages-intérêts pour concurrence déloyale.

Cet arrêt a été rendu le 12 juillet dernier par la Cour de justice de l’Union européenne. Le tort de Kokopelli ? Proposer, sous diverses formes, des semences (légumes, épices…) non inscrites au catalogue officiel, sorte de cadre légal défini par une directive européenne.

Depuis dix ans, l’association distribue plus de 2 200 variétés de plantes potagères, céréalières, médicinales, condimentaires, ornementales et une gamme de variétés très peu cultivées, peu connues, voire en voie de disparition. Ces semences reproductibles participent à l’autonomie alimentaire des peuples des pays en développement.

Selon la Cour de justice de l’Union européenne, le catalogue officiel est la norme. Cela veut dire que pour qu’une semence y figure, elle doit répondre à toute une série de critères et être « homogène » (plantes identiques). Et tout le problème est là : par essence, les variétés anciennes ne sont pas homogènes. Elles ne seront jamais appelées à figurer dans le catalogue et sont donc, dans l’esprit de cette directive, interdites à la vente.

Logique productiviste

Cette vision des choses me pose un réel problème. A mes yeux, la Commission européenne doit être cohérente : elle ne peut d’un côté promouvoir cette directive et, d’autre part, clamer à qui veut l’entendre qu’elle défend la diversité et les particularités.

Même économiquement, je doute qu’il y ait une réelle viabilité à restreindre le nombre de semences et, par conséquent, le « champ » commercial.

Comme c’est souvent le cas au niveau européen, la logique est au tout à la productivité, au secteur industriel au détriment des autres types de développements agricoles. Il ne faut pas limiter l’accès au marché à des groupes dont le seul intérêt est économique. Il est déterminant de faire modifier cette directive afin d’assurer le maintien de la biodiversité. Il nous faut donc agir, et pour cela il y a deux axes : le combat au niveau européen bien sûr, mais aussi au niveau local.


Une fleur d’artichaut (Andreas/Flickr/CC)

La résistance à l’échelle locale et européenne

Les pouvoirs locaux, communes et municipalités, peuvent jouer le rôle de plateforme d’échanges entre citoyens et associations qui veulent promouvoir la biodiversité.

Le maire de Grigny, dans le Rhône, René Balme, a ainsi choisi de désobéir et d’acheter des graines interdites à Kokopelli, et de les distribuer le 29 septembre à la population et aux participants du colloque sur la désobéissance (co-organisé avec Paul Ariès, directeur du Sarkophage).

Au niveau européen, en tant qu’eurodéputé en charge de la défense des consommateurs mais aussi de l’agriculture, j’ai interpellé la Commission européenne afin qu’elle s’exprime sur ce dossier.

Je lui demande :

  • Est-elle consciente que cette dérive nuit gravement à la biodiversité que, par ailleurs, elle déclare vouloir protéger ?
  • A-t-elle listé les conséquences d’une telle position ?
  • Estime-t-elle nécessaire de revoir le prescrit de la directive concernée ?

Lorsque le commissaire aura répondu officiellement d’ici la fin septembre, il restera aux députés nationaux, mais aussi et surtout européens, de lancer le débat politique européen autour de cette thématique avec pour but d’endiguer cette directive nocive.

Et si l’intérêt général passe avant l’intérêt particulier de quelques grandes entreprises, nul doute que nous aurons alors gain de cause... mais cela ne se fera pas sans une grande mobilisation politique et citoyenne. Le combat ne fait que commencer.

 

 

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 21:33

 

 Terra Eco 04/09/2012 à 17h58

  Rue89 - Alexandra Bogaert

 

 


Des salariés de Tepco travaillent à Fukushima, le 28 février 2012 (YOSHIKAZU TSUNO/POOL/AFP)

 

Annie Thébaud-Mony a refusé la Légion d’honneur que Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, souhaitait lui accorder. Cette directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) alerte depuis trente ans sur l’épidémie de cancers parmi les ouvriers. En vain.

Dans une lettre adressée à la ministre, la chercheuse a expliqué que son refus a pour but de dénoncer « l’indifférence » qui touche, selon elle, la santé au travail et l’« impunité » des « crimes industriels ». Elle en dit plus à Terra Eco.

On vous a proposé la Légion d’honneur pour couronner votre carrière. Vous l’avez refusée. Pourquoi ?

Annie Thébaud-Mony : Il y aurait selon moi une certaine indécence à être décorée alors que cela fait trente ans que je travaille sur la mort ouvrière, que je tire le signal d’alarme sur la situation dans laquelle travaillent les ouvriers, les risques qu’ils encourent pour leur santé, les risques industriels auxquels ils sont exposés, sans constater de réelle amélioration des conditions de travail. Les préconisations que j’ai pu faire n’ont pas été suivies d’effet par les pouvoirs publics.

En tant d’années, il n’y a donc pas eu d’avancées ?

Il y a quinze ans, l’amiante a été interdit en France. On pensait que l’interdiction d’autres produits industriels cancérogènes suivrait, mais pas du tout. Pourtant, les industriels savent que certains des produits qu’ils obligent leurs employés à utiliser sont dangereux et que les conditions de travail sont pathogènes. C’est une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et pourtant, les modifications du droit du travail protègent davantage les industriels et les employeurs que les salariés.

Avez-vous des exemples ?

Le tableau 57 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale liste la plupart des troubles musculosquelettiques (TMS). En 2009, une révision du tableau a raidi les critères de reconnaissance des TMS, et donc d’indemnisation des salariés. Vont-ils devoir travailler jusqu’à être handicapés ? Concernant l’exposition des salariés aux cancérogènes, aucune mesure contraignante n’a été prise malgré les alertes.

A Montluçon (Allier) par exemple, l’usine Adisseo, qui produit de la vitamine A de synthèse pour l’alimentation animale, utilise depuis les années 1990 un cancérogène puissant, le chloracétal C5. Moins de dix ans après l’introduction de cette molécule dans la chaîne de production, plusieurs salariés ont développé un cancer du rein. Or, il existe des produits de substitution permettant de créer de la vitamine A sans chloracétal C5, mais l’entreprise ne veut pas en entendre parler car changer sa ligne de production serait coûteux. Et donc, les salariés sont toujours exposés. C’est un crime industriel.

Dans leur ensemble, les salariés français travaillent-ils dans de bonnes conditions ?

Non. Dans les filières de la chimie, de la pétrochimie, de l’automobile, de la métallurgie ou du nucléaire, les conditions de travail sont souvent très mauvaises. Pas tant dans la phase de production, car les mesures de confinement sont plutôt efficaces et beaucoup de procédés sont automatisés, que dans la phase de maintenance, donc de nettoyage et de gestion des déchets. Dans ces phases, les salariés sont directement exposés aux produits cancérogènes.

L’enquête Sumer 2009 du ministère du Travail sur l’exposition aux risques professionnels a évalué à 2,4 millions de salariés [soit 13,5% des salariés, dont 70% sont des ouvriers, ndlr] ceux qui étaient exposés, la semaine précédant l’enquête, à au moins un des 25 cancérogènes listés.

Mais cette évaluation est a minima car il existe plusieurs centaines de cancérogènes non pris en compte dans l’enquête. De même que ne sont jamais pris en compte les produits issus de la dégradation d’un processus industriel : les fumées de combustion, les poussières, les solvants des peintures qui deviennent volatiles quand on nettoie les avions par exemple.

La directive européenne Reach ne sert-elle donc à rien ?

Elle n’est pas vide de sens car elle introduit un principe : les industriels sont censés faire la preuve de la non toxicité d’un produit avant de l’utiliser. Mais il y a un retard abyssal. Seules quelques dizaines de produits sont examinés et aucun n’est interdit à ce stade.

Y a-t-il une épidémie de cancers parmi les ouvriers ?

Oui. Il y a une aggravation des inégalités face au cancer. En 1980, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur. En 2000, il en avait dix fois plus ! Et ces cancers sont liés à l’exposition, dans le cadre du travail et sur une longue durée, à de multiples cancérogènes, pas à des spécificités biologiques.

Donc les risques augmentent alors même que les connaissances sur ces risques s’accroissent. N’est-ce pas paradoxal ?

Si. Et c’est aussi lié au fait que les ouvriers n’ont pas le choix. Dans de nombreux secteurs, le mode de fonctionnement dominant est la sous-traitance du travail, avec sous-traitance des risques.

Dans l’industrie nucléaire, 90% du travail de maintenance est fait par des entreprises sous-traitantes dont les employés supportent 80% à 90% de l’exposition aux rayonnements ionisants, dans des conditions de travail catastrophiques. On exige d’eux une grande flexibilité, une mobilité géographique forcée. Leurs conditions d’intervention s’aggravent, leur travail s’intensifie. Pour respecter des délais de plus en plus courts, ils peuvent enchaîner jusqu’au 20 heures de travail dans le bâtiment réacteur d’une centrale. On met donc en péril leur santé mais aussi la sûreté des installations nucléaires.

Quand on évoque le nucléaire, on parle des risques d’accident – présents avec ce mode de fonctionnement –, mais on n’évoque jamais les dizaines de milliers de salariés sacrifiés de cette filière, alors qu’un certain nombre d’entre eux est atteint de cancers entre 45 et 55 ans.

Les pouvoirs publics ont-ils abdiqué ?

Ils sont bernés par les industriels qui, malgré les études et les préconisations des scientifiques, mettent constamment en doute les risques encourus par leurs employés.

Et puis, on a aussi tendance à se représenter les risques professionnels comme étant inévitables et normaux. Ce qui est faux. Quand il y a un accident du travail, on indemnise – très mal d’ailleurs – mais sans remettre en cause le risque industriel responsable de l’accident.

Le développement des métiers dits « verts » va-t-il aller de pair avec une amélioration des conditions de travail ?

Oui, si cela s’accompagne de l’utilisation de matériaux plus verts. Mais reste le problème de fonds de la sous-traitance des salariés, et des institutions représentatives du personnel qui sont systématiquement bâillonnées dans les entreprises sous-traitantes.

Le principal outil de l’amélioration des conditions de travail, c’est l’information des salariés sur les risques encourus. C’était le sens de la réforme du droit du travail mise en place au début de l’ère Mitterrand, mais qui n’a pas été suivie d’effet.

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 18:43

 

Documentaire 04/09/2012 à 16h59
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

Vous vous souvenez de ce trader français employé par Goldman Sachs, Fabrice Tourre ? Il a été l’un des seuls à répondre des pratiques frauduleuses de la banque devant la justice américaine.

link

« Goldman Sachs : Fabrice Tourre dit qu’il se défendra en justice »

AFP, avril 2010

Vous avez aussi en mémoire le début de la crise grecque ? Mais avez-vous retenu le lien entre les deux ?

Ce mardi 4 septembre, Arte diffuse un documentaire qui déshabille « la banque qui dirige le monde », et rappelle les liens qu’entretient Goldman Sachs avec les dirigeants américains et européens. Pour questionner l’indépendance des décideurs.

Goldman prête à la Grèce... sous le comptoir

Souvenez-vous, c’était le 1er janvier 2001. La Grèce intègre l’Union européenne. Les Grecs achètent, empruntent, dépensent. Les banques accordent des prêts bon marché à des foyers qui ne peuvent pas se le permettre.


Un homme déguisé manifeste devant le siège de Goldman Sachs, à San Francisco, contre un « swap » de taux d’intérêt qui affecte la ville d’Ockland, en juillet 2012 (Justin Sullivan/AFP)

Les lendemains de fête sont douloureux, rappellent les réalisateurs dans « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde ». La dette publique dépasse 100% du PIB, alors qu’elle ne doit pas aller au-delà des 60%. Comment réduire cette dette pour devenir un bon élève, demandent Jérôme Fritel et Marc Roche, le correspondant du Monde à Londres ? Mais ils connaissent la solution retenue :

« Une piste se dessine : manipuler les emprunts en devises étrangères pour faire baisser artificiellement les statistiques. Dans le jargon de Wall Street, on appelle cela un “swap” de devises. C’est une opération dite OTC, “over the counter”, sous le comptoir, c’est-à-dire de gré à gré. Une opération fantôme. »

 

 

« Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde » le Jérôme Fritel et Marc Roche

(L’extrait est tiré d’un DVD de travail, qui présente des images tronquées.)

L’Union européenne savait-elle ?

Que savait l’Europe de ce tour de passe-passe qui a permis d’effacer 3 milliards d’euros de la dette officielle grecque ?

Mario Draghi dirige aujourd’hui la Banque centrale européenne. Il a aussi été l’un des vice-présidents de Goldman Sachs. Entre 2002 et 2003, juste après le « maquillage des comptes publics grecs », poursuit le reportage. Que savait Draghi ?

Surtout, il n’est pas le seul ancien de Goldman à exercer aujourd’hui des responsabilités à la tête de l’Union européenne. Les réalisateurs ont dressé la liste, impressionnante : Mario Monti, Romano Prodi, etc.

 

 

Extrait de « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde » de Jérôme Fritel et Marc Roche

(L’extrait est tiré d’un DVD de travail, qui présente des images tronquées.)

Aucun des responsables cités n’a voulu répondre aux journalistes.

« Ne me posez pas la question, d’accord ? »

Jean-Claude Trichet est le seul dirigeant du monde bancaire international à avoir accepté de les recevoir. L’ancien directeur de la BCE leur accorde une interview bien surprenante, qui amène à se demander si la fin du règne de Goldman est vraiment proche.

Le journaliste Marc Roche demande :

« Au sujet de Mario Draghi, ses critiques montrent du doigt son passage chez Goldman Sachs en disant qu’il y a là des questions éthiques qui se posent.

– Stop, je réfléchis. Je ne m’attendais pas à cette question.

– Non, prenez tout votre temps...

– Oui, mais moi je ne veux pas répondre. Donc vous ne me posez pas la question. On est bien d’accord ? »

 

*Retrouver la vidéo intégrale sur ce blog dans l'article en date du 09 septembre "A voir - goldman sachs la banque qui dirige le monde (video intégrale) - arte"

 

 

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 16:03

Question : entre deux médicaments d’efficacité équivalente, et également tolérés, mais dont l’un coûte vingt fois plus cher que l’autre, lequel faut-il recommander ? Si vous avez répondu « le moins cher », vous avez perdu ! En juillet, la Direction générale de la santé (DGS) a interdit l’utilisation de l’anticancéreux Avastin pour traiter la DMLA, une maladie de l’œil qui affecte environ un million de personnes en France et qui est la première cause de cécité après 50 ans. Or, la principale différence entre l’Avastin et le traitement de référence, le Lucentis, est qu’une dose du premier revient entre 25 et 50 €, alors qu’une injection du second coûte 1 000 €…


Scène telle que vue par une personne atteinte de DMLA 
Scène telle que vue par une personne atteinte de DMLA© DR

 

On peut estimer que dans les années à venir, l’utilisation exclusive du Lucentis – remboursé à 100 % – pour traiter la DMLA représenterait pour l’assurance maladie une dépense de 500 à 800 millions d’euros par an. Ce coût exorbitant – c’est le cas de le dire – n’est justifié ni par un avantage thérapeutique, ni par un risque médicamenteux, comme l’ont démontré des études scientifiques.

Comment en est-on arrivé à cette situation aberrante ? L'enquête de Mediapart met en évidence un lobbying organisé mené par le laboratoire concerné, Novartis, et relayé par une société savante dont les principaux dirigeants sont des consultants réguliers et rémunérés de cette firme. Changement de pouvoir ou non, réforme ou non, les conflits d'intérêts continuent d'influencer la politique du médicament.

La DMLA, ou dégénérescence maculaire liée à l’âge, est une maladie incurable, causée par la prolifération irréversible de vaisseaux sanguins dans la macula, la partie centrale de la rétine. Deux molécules peuvent cependant enrayer la progression de cette dégénérescence lorsqu’on les injecte directement dans l’œil : l’Avastin et le Lucentis. Bien que ces deux molécules soient extrêmement proches, seul le Lucentis dispose, en France, d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) comportant l’indication dans le traitement de la DMLA.  

La position de la DGS s’appuie sur un argument réglementaire : l’Avastin n’a pas d’AMM pour le traitement de la DMLA. La circulaire du 7 juillet précise que les pharmaciens hospitaliers ont interdiction de préparer des seringues pour injection intravitréenne (dans l’œil) d’une solution d’Avastin (bévacizumab), « compte tenu de l’existence d’une spécialité adaptée (Lucentis, ranibizumab) possédant une AMM pour le traitement de la DMLA et spécifiquement formulée et présentée pour les injections intravitréennes ».

Mais en pratique, les deux molécules ont les mêmes effets, et il suffit de reconditionner l’Avastin pour pouvoir l’utiliser en ophtalmologie. Pour des raisons budgétaires évidentes, depuis des années, un certain nombre de services ophtalmologiques ont donc utilisé l’Avastin plutôt que le Lucentis.

Selon le professeur Gilles Aulagner, chef du service pharmacie des Hospices civils de Lyon, « de l’ordre de 4 000 patients français en ophtalmologie ont été traités par l’Avastin en 2005 ; leur nombre a augmenté depuis, mais le Lucentis reste beaucoup plus important, alors qu’aux États-Unis, par exemple, entre deux tiers et trois quarts des malades atteints de DMLA sont traités à l’Avastin ».

Au Groupe hospitalier Cochin - Hôtel-Dieu (Paris Centre), à Paris, qui possède un des plus grands centres d’ophtalmologie de France, 4 367 injections intravitréennes d’Avastin ont été réalisées entre 2006 et 2012. Selon le professeur François Chast, chef de service pharmacie-pharmacologie-toxicologie de ce Groupe hospitalo-universitaire, un traitement à l’Avastin coûte, à l’Hôtel-Dieu, 25 € l’unité. Soit quarante fois moins qu’un traitement au Lucentis.

N’ayant plus le droit de recourir à l’Avastin, les services d’ophtalmologie laisseront donc leurs patients acheter le Lucentis dans une pharmacie de ville, et se faire rembourser à 100 %. Sur un million de personnes touchées par la DMLA en France, environ 200 000 pourraient être traitées : à raison de quatre injections annuelles, cela représente un coût pour le système de santé – et un chiffre d’affaires pour Novartis, qui distribue le Lucentis – de 800 millions d’euros par an !

La DGS affirme que des cas d’infection de l’œil liés à l’usage de l’Avastin ont été signalés dans la littérature scientifique. Mais d’après nos informations, ces cas, signalés notamment au Veteran Affairs Hospital de Nashville (États-Unis), remontent à 2011 et le problème a été réglé depuis. Dans les conditions normales d’une pharmacie hospitalière, le reconditionnement de l’Avastin peut être effectué en toute sécurité, confirme Gilles Aulagner : « Il y a des précautions naturelles à prendre, cela relève du métier de pharmacien. »

 

Avastin et Lucentis ont des profils de tolérance similaires

Une étude (CATT) menée aux États-Unis, publiée en 2011, a montré que les deux produits ont la même efficacité et présentent des profils de tolérance similaires. Ces résultats ont été confirmés par l’étude britannique IVAN. En France, une troisième étude (Gefal) est en cours, sous la direction du professeur Laurent Kodjikian, avec le soutien du ministère de la santé (sous forme d’un financement de Programme hospitalier de recherche clinique). Elle n’est pas encore publiée, mais les résultats préliminaires ne montrent pas de risque particulier avec l’Avastin. 

Dans ces conditions, de nombreux ophtalmologistes se demandent quelle mouche a piqué la DGS, et quelle urgence sanitaire justifiait une mesure dont l’effet principal va être d’aggraver le déficit de la Sécurité sociale.


Siège de Novartis, à Bâle 
Siège de Novartis, à Bâle© Andrew

 

Si l’intérêt public de la décision de la DGS ne saute pas aux yeux, les intérêts privés, eux, sont clairs : Novartis, qui distribue le Lucentis en Europe, n’aurait aucun avantage à voir son produit concurrencé par une molécule vingt à quarante fois moins chère. Qui plus est, Novartis et Roche, qui produit l’Avastin, sont liées. Ces deux firmes bâloises ont une longue histoire commune, et ont des interactions fortes dans le cas qui nous intéresse ici.

Bref résumé historique : en 1971, un médecin américain, Judah Folkman, avance l’idée qu’on pourrait combattre le cancer en stoppant la prolifération des vaisseaux sanguins qui permet à une tumeur de se développer ; ce concept, appelé « anti-angiogenèse », rencontre d’abord une forte opposition, mais finit par s’imposer ; il sera même étendu à des pathologies non cancéreuses mais associées à une prolifération de vaisseaux sanguins, comme la DMLA ou la rétinopathie diabétique.

Cette prolifération est stimulée par une molécule naturelle, le VEGF (vascular endothelium growth factor ou facteur de croissance de l’endothélium vasculaire).

Dans les années 1990, la société californienne de biotechnologies Genentech met au point des « anticorps monoclonaux » dirigés contre le VEGF : ce sont des molécules qui neutralisent le facteur de croissance et bloquent ainsi la prolifération des vaisseaux. Napoleone Ferrara, chercheur à Genentech, développe la molécule qui va donner l’Avastin, puis celle du Lucentis. En fait, toutes deux dérivent du même anticorps. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ces deux molécules aient un mode d’action et des effets similaires.

La suite ne relève pas de la science, mais du business : Genentech a vendu la licence du Lucentis à Novartis pour le monde entier, sauf les États-Unis ; et a vendu l’Avastin à Roche. Puis Roche a racheté Genentech pour pas loin de 50 milliards de dollars ! Un retour sur investissement s’imposait dans les meilleurs délais. Résultat : Roche touche des royalties sur le Lucentis pour les ventes aux États-Unis. On comprend que Roche ne cherche pas à marcher sur les plates-bandes de Novartis.

L’harmonieuse concordance entre les stratégies des deux firmes a été vérifiée en 2011, à son corps défendant, par Dominique Maraninchi, directeur de l’Afssaps (devenue ANSM), l’agence responsable de la sécurité des médicaments. Le 16 mai 2011, le professeur Maraninchi envoie un courrier à la présidente de Roche France, Sophie Kornowski-Bonnet, pour suggérer que la société dépose une demande d’AMM pour l’Avastin en ophtalmologie. Maraninchi cite l’étude CATT (voir plus haut) et souligne « l’intérêt du bévacizumab (Avastin) pour la pratique clinique des ophtalmologistes ».

La réponse de Sophie Kornowski-Bonnet, datée du 26 mai 2011, est négative : « Avastin a été développé et autorisé dans le traitement de certaines formes de cancer… A contrario Lucentis (ranibizumab) a été développé et fabriqué pour une administration intraoculaire et est autorisé dans le traitement de la DMLA… » Et la présidente met l’accent sur les différences de profils de tolérance des deux produits, qui sont pourtant faibles lorsqu’on examine l’ensemble des résultats.

L’Afssaps défendait donc l’usage de l’Avastin en ophtalmologie un an avant que la DGS ne l’interdise… Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attitude de l’administration ne brille pas par sa cohérence. Certes, entre-temps, il y a eu la « loi Mediator » du 29 décembre 2011, qui a renforcé la sécurité sanitaire des médicaments. Mais fin juin 2012, la Haute Autorité de santé (HAS) est encore favorable à l’usage étendu de l’Avastin : le président de la Haute autorité de santé, le professeur Jean-Luc Harousseau, annonce qu’il va saisir l’ANSM pour demander une RTU (recommandation temporaire d’utilisation) afin de permettre l’usage d’Avastin en ophtalmologie.

« Pourquoi la DGS a-t-elle fait cela maintenant ? »

Une RTU, ou recommandation temporaire d’utilisation, est une mesure qui permet de contourner légalement l’absence d’AMM en bonne et due forme. Elle permettrait donc de continuer à utiliser l’Avastin en ophtalmologie, sans problème réglementaire.

Le sujet est inscrit à l’ordre du jour d’une réunion du collège de la HAS prévue pour la mi-juillet. Or, c’est précisément quelques jours avant cette réunion, le 11 juillet, que la DGS publie sa directive. Elle coupe littéralement l’herbe sous le pied de Jean-Luc Harousseau, qui ne cache pas son étonnement : « Pourquoi la DGS a-t-elle fait cela maintenant ? C’est surprenant. Je rappelle que l’Afssaps (devenue ANSM) a émis en 2009 une recommandation sur la préparation d’Avastin pour une utilisation hors AMM. Depuis 2009, rien n’a changé » (déclaration à l’Agence de Presse médicale, 25 juillet 2012).

 

Structure cristalline d'une molécule VEGF extraite d'un venim de serpent 
Structure cristalline d'une molécule VEGF extraite d'un venim de serpent© Hannes Röst

 

Jean-Luc Harousseau annonce qu’il renonce à saisir l’ANSM en vue d’une RTU, mais qu’il va écrire au directeur de l’Agence, Dominique Maraninchi, afin de lui « demander quelles dispositions il entend prendre pour que le produit le plus efficient soit utilisé en France ».

Depuis, l’ANSM n’a fait aucune annonce nouvelle. En revanche, la DGS a publié une deuxième circulaire, le 10 août, destinée à compléter celle du 11 juillet. Cette circulaire autorise l’utilisation de l’Avastin pour un certain nombre de pathologies oculaires autres que la DMLA, pour lesquelles le Lucentis n’a pas d’AMM. Autrement dit, lorsque le produit de Novartis n’est pas remboursé, les ophtalmologues peuvent utiliser l’Avastin… malgré les risques évoqués dans la circulaire précédente, qui sont exactement les mêmes !

Ce qui confirme qu’il n’y avait vraiment pas d’urgence à produire la circulaire du 11 juillet. Cette cacophonie administrative contraste avec la cohérence économique de ces décisions successives : elles aboutissent à réserver le marché le plus important, celui de la DMLA, de la rétinopathie diabétique et de l’œdème maculaire, au Lucentis, et à donner les « miettes » au médicament moins cher de Roche (moins de 10 % des patients).

Dès lors, il est difficile de ne pas se demander qui a inspiré les deux circulaires de la DGS. Nous n’avons pas d’explication en ce qui concerne la première, celle de juillet, mais il existe une réponse tout à fait précise pour la deuxième circulaire : elle a été quasiment dictée à la DGS par les experts de la Société française d’ophtalmologie (SFO), société savante dont plusieurs dirigeants sont des consultants réguliers de Novartis. Signalons que la SFO a produit début 2012 un spot publicitaire pour la télévision, invitant au dépistage de la DMLA. Spot qui a bénéficié du financement de Novartis.

Mediapart a pu se procurer un échange de mails qui démontre le rôle de la SFO. Pour comprendre le contexte de ces mails, il faut savoir que la circulaire du 11 juillet a causé un certain trouble parmi les ophtalmologistes. Nous avons interrogé le professeur Laurent Kodjikian, qui a confirmé l’étonnement suscité par la circulaire de la DGS : « Il existe un certain nombre de pathologies oculaires autres que la DMLA, comme le glaucome néovasculaire, pour lesquelles le Lucentis n’est pas remboursé parce qu’elles ne sont pas dans l’AMM, explique Laurent Kodjikian. Dans ces cas, les ophtalmologistes utilisaient l’Avastin, le coût du Lucentis étant trop élevé. La circulaire du 11 juillet les a mis dans une situation difficile. »

Le problème des ophtalmologues est donc provoqué par le fait que la circulaire les empêche d’utiliser l’Avastin dans les cas où le Lucentis n’est pas remboursé. Les mails de la SFO s’inscrivent dans cette logique. Un premier courriel, daté du 31 juillet 2012, est signé du secrétaire général de la société, le professeur Christophe Baudouin : « Il me semble que nous n’avons aucun intérêt à contester ou même sembler contester une décision de la DGS, d’autant qu’il y a 18 mois, nous avons écrit un communiqué exactement dans le même sens : s’il y a AMM autant choisir le produit autorisé, écrit Baudouin. Ce que je remarque, c’est que ce sont nos propres collègues qui alimentent l’idée d’un scandale à utiliser le produit qui a l’AMM, en coulant les caisses de l’État… En réagissant à chaud contre l’avis de la DGS… nous ne faisons qu’aller nous opposer à eux dans un débat public… et je ne vois pas bien ce que nous y gagnerons. »

« Le Lucentis continue à être l'agent de référence »

Après le rappel à l’ordre de Christophe Baudouin, la SFO s’active pour obtenir que la DGS corrige son tir en autorisant l’Avastin dans les cas où le Lucentis n’est pas remboursé. Le secrétaire général adjoint de la SFO, le professeur Jean-François Korobelnik, ophtalmologiste au CHU de Bordeaux, prépare ainsi un communiqué destiné à faire pression sur la DGS. Korobelnik note au passage : « Je n’y ai aucun intérêt personnel, car le CHU de Bordeaux n’a pas bougé, et je peux continuer à utiliser l’Avastin en IVT (injection intravitréenne). » Si l’on a bien compris, le CHU de Bordeaux s’est assis sur les recommandations de la DGS…

Finalement, dans un mail du 1er août, le président de la SFO, le professeur Philippe Denis (par ailleurs chef du service d’ophtalmologie de Lyon, où est mené l’essai Gefal), fait la synthèse :

« Après en avoir longuement discuté, Christophe et moi-même avons décidé de contacter ce matin la DGS pour obtenir des éclaircissements concernant l’interdiction des préparations magistrales d’Avastin et une réunion a été organisée au ministère cet après-midi… J’ai expliqué à Monsieur Grall, directeur de la DGS, et à Madame Choma, Directrice adjointe de la Politique des pratiques et des produits de santé à la DGS, les motifs de notre émoi… Monsieur Grall… devrait très rapidement… diffuser une note circulaire explicative précisant que l’Avastin peut continuer à être préparé et utilisé dans toutes les indications thérapeutiques où le Lucentis n’a pas d’AMM. Nous sommes évidemment conscients qu’en l’état actuel des choses le Lucentis continue à être l’agent de référence…

« Parallèlement, Monsieur Grall va demander dès demain à l’ANSM de considérer l’obtention d’une RTU pour l’Avastin pour toutes les indications hors-AMM (du Lucentis). Et nous devons lui fournir incessamment une liste des situations cliniques concernées. C’est à Jean-François (Korobelnik)… que revient la charge de lister ces situations cliniques et nous transmettrons, avant la fin de la semaine (jeudi matin !), cette liste à madame Choma… »

Ainsi, la situation est parfaitement sous contrôle : le Lucentis reste le seul traitement de la DMLA, et la SFO fournit à la DGS la liste des cas où on peut utiliser l’Avastin. Le rédacteur de cette liste, Jean-François Korobelnik, est d’après ses propres déclarations d’intérêt consultant de Novartis pour le Lucentis depuis 2006. Il est aussi, selon sa déclaration de 2012, membre du groupe de travail de la HAS sur les implants rétiniens. Sans aucun doute, il connaît son sujet…

Par conséquent, en dépit des vertueuses déclarations des politiques de tout bord sur la fin des conflits d’intérêts dans le domaine du médicament, un consultant rémunéré d’un laboratoire peut, aujourd’hui, fournir à l’administration des conseils en rapport avec la stratégie du même laboratoire.

Contacté par Mediapart, le professeur Korobelnik nous a répondu qu’il n’était « malheureusement pas disponible »Le professeur Baudouin, secrétaire général de la SFO, nous a, lui, répondu (par mail) : « Malheureusement la rétine n'est pas mon domaine d'expertise et je ne pourrais pas vous donner d'informations pertinentes. » 

Dernier détail, Catherine Choma, mentionnée dans un mail ci-dessus, a une double casquette : elle fait à la fois partie de la DGS et du CEPS, le comité économique des produits de santé, dont le rôle est de fixer les prix des médicaments. En 2011-2012, Catherine Choma a négocié avec Novartis le prix du Lucentis, qui était de 1 109,15 € TTC la dose. Après accord avec la firme, le prix est passé à 1 002,38 € TTC le 1er juillet 2012, et doit être abaissé à 895,57 € TTC le 1er février 2013. Ces baisses ont été annoncées au Journal officiel le 22 juin 2012, peu avant le début de la séquence qui a abouti à exclure l’Avastin du marché de la DMLA.

À l’évidence, il s’agit d’une coïncidence, mais le hasard fait bien les choses : au moment où Novartis concède une baisse modérée du prix de son produit, l’administration lui garantit de facto la protection du marché le plus important, celui de la DMLA. Dans le monde français du médicament, avant ou après le Mediator, sous la gauche comme sous la droite, c’est toujours l’industrie qui gagne à la fin… sur le dos de la Sécu et de ses cotisants.

 

 

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 15:11

 

 

Le grand entretien 01/09/2012 à 15h04

  Elsa Fayner | Journaliste Rue89

                                                                                                                                                                                                                                Depuis juillet, les prix des céréales flambent. On accuse la sécheresse, mais pour Aurélie Trouvé d’Attac France, cette crise a des responsables. Entretien.

 

 


Un champ de maïs à Godewaersvelde, dans le Nord, le 22 août 2012 (PHILIPPE HUGUEN/AFP)

 

Elle a grandi avec le mouvement altermondialiste. Et ne l’a pas lâché la trentaine passée. Aurélie Trouvé copréside aujourd’hui Attac en France, l’Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne.

Ce qu’Aurélie Trouvé dit moins, c’est qu’elle a suivi des études d’ingénieur agronome pour finalement devenir maître de conférences en économie. Sa spécialité : les politiques agricoles et alimentaires a l’Inra.

Alors, quand les prix des céréales s’envolent comme ils le font depuis le début de l’été, la jeune femme fait le lien entre ses deux activités : ce n’est pas parce qu’une sécheresse met à mal les récoltes américaines que les prix flambent en France, c’est bien plutôt parce que nous avons dérégulé les marchés. Rencontre.

 

Rue89 : Peut-on parler de crise alimentaire aujourd’hui ?



Aurélie Trouvé à Montreuil, le 29 août 2012 (Ava du Parc)

 

Aurélie Trouvé : On parle de crise alimentaire mondiale depuis 2008. On a assisté cette année-là à une forte augmentation des prix du riz, du blé, du lait. On a parlé d’émeutes – ou de révoltes – de la faim.
Mais l’indice des prix a été encore plus haut en 2011 ! En fait, la crise est continue depuis 2008 : les prix ne sont quasiment pas retombés. C’est le cas en particulier pour les céréales, le sucre et le maïs.

 

Pourquoi cette flambée des prix est-elle inquiétante ?

En France, un ménage consacre en moyenne 15% de son revenu à l’alimentation. Dans les pays du Sud, c’est plus de la moitié du revenu. Du coup, dans ces pays, la flambée des prix a des conséquences [PDF] encore plus dramatiques sur la consommation quotidienne de céréales, de maïs ou de sucre.

Bientôt, ce sont les produits laitiers et la viande qui risquent d’être touchés. Pour nourrir les élevages, il faut des céréales...

 

Mais il y a toujours eu des crises alimentaires, ce n’est pas nouveau ?

Cet été, il y a eu une sécheresse aux Etats-Unis, et les prix du maïs ont flambé de 25%. C’est ça la nouveauté : la volatilité des prix.

Autrement dit, maintenant, quand on a un petit déficit de production, ça flambe. Ce n’était pas le cas auparavant. Les prix restaient stables, ils ne s’affolaient pas au moindre changement de temps.

Il suffit de regarder la courbe des prix des produits alimentaires, établie par la FAO [Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr], pour le voir. Depuis 2007, les prix connaissent de fortes fluctuations, et dans des temps réduits.

 


Indice FAO des prix des produits alimentaires (FAO)

 

Le problème, donc, c’est que les prix augmentent fortement subitement pour les consommateurs. Mais cette volatilité nouvelle déstabilise également toute la filière.

Les agriculteurs, les PME de l’agroalimentaire... tous sont plongés dans l’incertitude. Du coup, ils font moins d’investissements. Ils obtiennent également moins de crédits car les banques voient bien qu’ils peuvent totalement se ruiner en une année.

 

Mais pourquoi, aujourd’hui, un petit déficit de production suscite une telle flambée des prix alors que ce n’était pas le cas avant ?

C’est facile d’incriminer les aléas climatiques, la sécheresse : personne n’est responsable. Alors que la crise résulte de choix politiques, et qu’il y a des responsables.

Le problème de fond, c’est que nous avons dérégulé nos marchés intérieurs.

Avant, sur ces marchés, un certain nombre de systèmes permettaient de garder des prix stables. On garantissait des prix de vente aux producteurs. En Europe, par exemple, quand le prix mondial du lait passait en dessous du prix plancher, l’Union européenne achetait le lait et le stockait, ce qui maintenait le prix élevé. Quand les prix flambaient, l’Union déstockait, ce qui faisait baisser les prix. Les Etats-Unis faisaient de même.

Pour avoir un prix assez haut et stable, l’Union européenne avait également mis en place des taxes douanières. Et les exportations étaient subventionnées.

Les prix n’étaient pas les seuls à être régulés, la production l’était aussi. Aux Etats-Unis, notamment, un gel des cultures était pratiqué. Des surfaces agricoles n’étaient pas cultivées, ce qui permettait d’éviter ces surproductions.

Le problème est survenu à la fin des années 80. En 1986, on a fait entrer l’agriculture dans les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 1994, un accord a été signé. Et cet accord a laminé les politiques de régulation des marchés agricoles, notamment aux Etats-Unis et dans l’Union européenne.

 

Comment ?

Aujourd’hui, les prix intérieurs ne sont plus stables et protégés dans chaque pays, ils suivent du coup les prix mondiaux. Or, ces prix mondiaux sont de plus en plus volatiles.

Ils ne sont pas fixés en fonction de l’offre et de la demande dans tous les pays du monde. Ce n’est pas une moyenne des prix. Les prix mondiaux sont déterminés par la petite partie de la production qui est exportée dans le monde.

Or, sur ces marchés agroalimentaires, il y a des très gros acteurs qui sont capables d’influencer très fortement les prix, qui ne correspondent pas à l’état de l’offre et de la demande réelle.

Concernant certains produits comme les céréales ou le maïs, la spéculation joue en outre une influence décisive sur les prix.

 

Comment peut-on spéculer sur les céréales ou le maïs ?

Il existe ce qu’on appelle des « marchés à terme » : ce ne sont pas des marchés agricoles, sur lesquels on s’échange des marchandises ; ce sont des marchés financiers qui existent en parallèle, sur lesquels on s’échange des papiers.

Ces marchés à terme existent depuis le XIXe siècle. C’était au départ une sorte d’assurance pour les agriculteurs. Cela leur permettait de vendre leur production à un prix fixé préalablement à la récolte. En cas de chute des cours au moment de la moisson, ils étaient protégés. En cas de flambée, les investisseurs enregistraient un profit.

Cela a fonctionné jusqu’au début des années 90. Des agriculteurs, des coopératives, des négociants utilisaient ces marchés à terme. Les prix étaient fixés en fonction des « fondamentaux de marché », c’est-à-dire des anticipations de l’offre et de la demande physiques.

Et puis, peu à peu, de plus en plus de spéculateurs purs se sont mis à investir sur ces marchés : des intervenants qui, à aucun moment, ne vendent ni n’achètent de produits agricoles, qui ne vendent que des produits dérivés pour faire de la spéculation financière.

 

Pourquoi les spéculateurs se sont-ils subitement intéressés aux céréales ou au maïs ?

Parce que les prix ont été dérégulés à ce moment-là en Europe et aux Etats-Unis ! Quand les prix étaient stabilisés un peu partout, il y avait beaucoup moins d’intérêt à spéculer. A partir du moment où les prix varient fortement, les paris peuvent devenir plus importants.

Par ailleurs, comme les marchés de l’immobilier et de l’Internet se sont cassé la figure, les spéculateurs se sont reportés vers les marchés à terme agricoles, considérés comme plus sûrs. Après les subprimes, on spécule sur la nourriture.

A tel point que des bulles se sont formées, et ont éclaté. C’est ce qui s’est passé en 2008, c’est ce qui a mené aux révoltes de la faim.

De prochaines crises sont-elles à craindre ?

Les Etats-Unis ont de nouveau régulé les prix agricoles a partir des annees 2000, avec des mécanismes qui permettent aux agriculteurs de stabiliser leurs revenus. Les quotas et les protections aux frontières ont également été renforcés.

L’Inde ou le Brésil reprennent également des mécanismes de régulation de produits agricoles.

L’Union européenne, elle, continue à déréguler. La politique agricole commune (PAC) va être réformée en 2013. Les quotas laitiers vont être complètement élimés. Ça, c’est décidé. Les prix garantis aux agriculteurs vont continuer à diminuer : il n’y aura plus aucune trace de régulation. La Commission européenne propose par ailleurs dans ses textes de développer les marchés à terme.


Aurélie Trouvé à Montreuil, le 29 août 2012 (Ava du Parc)

 

Quelles solutions pourraient être envisagées ?

Pour moi, il faut [PDF] reprendre en Europe les mécanismes de stockage-déstockage, avec des prix garantis aux agriculteurs. Cela permet au passage de couper l’herbe sous le pied des spéculateurs : si les prix ne varient plus, aucun intérêt de parier dessus.

Il existe certes une limite à ce mécanisme : que l’Europe en profite pour déstocker vers les pays du Sud, à des prix défiant toute concurrence, ce qui lamine les agricultures vivrières dans les pays en question. C’est pourquoi il faut également mettre en place des systèmes de régulation de la production pour ne pas inonder les marchés étrangers.

Je pense qu’il faut aussi relocaliser les activités agricoles. Et réguler les marges de la grande transformation et de la grande distribution, comme cela se fait aux Etats-Unis.

 

 

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