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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 17:11

 

canalplus.fr

  • Global Gâchis
  • 13 Sept. 2012
 
 

« Les pertes et gaspillages alimentaires sont les produits consommables qui auraient pu être destinés à une consommation humaine et qui sont jetés. » FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), 2011.

 

Le Gaspillage en Chiffres

 

En Europe et Amérique du Nord, les pertes et gaspillages alimentaires − du champs à l'assiette − représentent, selon la FAO, entre 95 et 115 kg par individu et par an, alors qu’en Afrique et en Asie, ils se situent entre 6 et 11 kg.

Selon le rapport d’Urban Food Lab pour le ministère de l’Agriculture, 2 317 057 tonnes par an de nourriture sont gaspillées dans la distribution en France (hyper et supermarchés + discounts + épiceries et commerces de proximité). Toujours selon ce rapport, 1 562 400 tonnes sont gâchées tous les ans dans la restauration (collective et commerciale).

Dans les foyers français, selon l'ADEME, on jette 79 kg par personne et par an de déchets alimentaires. Soit près de 5 300 000 tonnes jetées en France chaque année. Si sur ces 79 kg, 59 kg peuvent difficilement être évités (os, épluchures, etc...), un changement de comportement est nécessaire pour les 20 kg restants (dont 7 kg d'aliments non déballés, non consommés).

Au total, en France, le gaspillage alimentaire dans la distribution, la restauration et dans les foyers s’élève à plus de 9 millions de tonnes par an (soit 137 kg par personne); cela, sans compter les pertes de la production agricole et des industrie agroalimentaires

Sources :

Enquête collecte 2007 ADEME.
– FAO, Global Food Losses and Food Waste, 2011.
– Urban Food Lab, "Pertes et gaspillages dans
les métiers de la remise directe (restauration et distribution)".
– Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche,
de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire, 2011.
– Dossier "La RHF aiguise les appétits", RLF, no 692 (juin 2009) :
http://www.rlf.fr/reussir/fichiers/107/48TPTTNH—0.pdf

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 17:43

 

 

Le Monde.fr | 12.10.2012 à 16h31 • Mis à jour le 12.10.2012 à 17h58

 

La cour suprême de Caroline du Sud estime que les messages consultés puis stockés sur un "webmail" sont consultables par un tiers.

Les e-mails archivés dans un service en ligne sont-ils consultables par un tiers ? Oui, répond la cour suprême de Caroline du Sud, qui a validé une demande de divorce pour adultère suite à la divulgation d'une série de courriels, révèle le site spécialisé Ars Technica.

Les messages du mari, hébergés en ligne, ont été fournis par sa belle-fille à l'avocat de sa mère. Le mari a porté plainte, considérant ces messages comme privés, et a perdu. Le tribunal estime que les courriels hébergés sur une messagerie en ligne n'entrent pas dans la définition de "stockage électronique" de la loi protégeant les échanges (le stored communications act).

 

 UNE DÉFINITION À DÉTERMINER

Cette loi de 1986 divise les juristes depuis plusieurs années. Dans une décision de 2004, des messages également hébergés sur un service en ligne (comme Gmail, Live Mail ou Yahoo Mail) étaient, eux, considérés comme protégés. Pour la justice, les messages ouverts et laissés sur le serveur – plutôt que d'être supprimés – constituaient bien des sauvegardes, donc entraient dans la définition du "stockage électronique". La décision rendue en Caroline du Sud contredit directement cette interprétation.

La loi protège les emails hébergés en ligne dans deux cas : lorsqu'il est hébergé dans l'optique de son envoi ou lorsqu'une sauvegarde en est effectuée. C'est la définition de sauvegarde qui divise les juristes : s'agit-il d'une copie temporaire en cas de problème à l'envoi ou d'une copie à plus long terme, une fois le message reçu et ouvert ? La loi date d'une période où les courriels étaient téléchargés et consultés sur ordinateur et non à partir du service en ligne, à la capacité de stockage très limitée. Les messages qui restaient sur le serveur étaient donc considérés comme abandonnés, donc consultables par un tiers.

Le besoin d'une définition précise serait bien réel pour les fournisseur d'accès Internet américains, qui fournissent une boîte e-mail à leurs clients. Ils doivent composer avec des législations contradictoires sur le sujet. "Cette décision [de Caroline du Sud] est une preuve supplémentaire que notre régime juridique de surveillance électronique est devenu insoluble et incohérent, a expliqué à Ars Technica Woodrow Hertzog, professeur à l'école de droit Cumberland à l'université de Samford. Les débats sur les sauvegardes, les copies temporaires et la distinction entre lu et non lu semble avoir peu à voir avec l'usage que perçoivent les gens de leurs courriels." Pour l'expert, ce débat sera sûrement résolu par un changement législatif, qui reste encore à déterminer.

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 16:08

 

Big Brother 11/10/2012 à 15h30

Martin Untersinger | Journaliste Rue89

 

 

Préparez-vous (un peu plus) à oublier l’Internet illimité à la maison. Selon La Lettre A du 12 octobre, Orange « prépare activement des offres de débits différenciés ». Derrière ce jargon vaguement technique se cache un changement fondamental : Orange veut proposer des offres internet différentes selon l’utilisation qui en est fait.

 

Payer pour faire ce que vous voulez

 


« Vers l’infini et au-delà » : Buzz l’éclair, « Toy Story », de John Lasseter, Pixar, 1996 

 

Concrètement, cela pourra prendre la forme de formules d’abonnements internet « à tiroir » : un forfait peu cher pour l’accès aux moteurs de recherche et à Facebook. Pour quelques euros de plus, l’accès à YouTube à un débit préférentiel. Rajoutez quelques billets, et vous aurez le droit d’utiliser Skype ou d’utiliser des logiciels de téléchargement.

On est, en un mot, un peu plus proche de la fin de l’Internet illimité tel qu’on le connaît depuis une dizaine d’années. A l’été 2011, le site Owni publiait déjà un document qui montrait que trois grands opérateurs (Orange, Bouygues et SFR) travaillaient sur une telle limitation.

A l’époque, le porte-parole d’Orange avait confirmé travailler sur « des seuils » sur « certains forfaits ».

Une dose de surveillance

Plus surprenant encore : pour ce faire, Orange a fait appel, toujours selon La Lettre A, à la technologie dite du « Deep packet inspection » (ou DPI), indispensable pour mettre en place des offres différenciées. Son principe est simple (et très intrusif) : inspecter les connexions internet pour en déterminer leurs contenus. Tellement pratique que même les dictatures y ont recours.

Justement. Orange s’est pour ce faire adjoint les services de Qosmos. Un fleuron de l’industrie française, qui est accusé par des ONG d’avoir vendu des technologies de surveillance à un certain Bachar el-Assad.

La Cnil est dans la boucle

Plus étonnant encore, toujours selon La Lettre A : Orange aurait mené des tests (avec Alcatel-Lucent) en concertation avec la Cnil, l’organisme censé défendre la vie privée sur les réseaux. Ces tests ont été menés sur un panel de clients pour « mieux cerner la consommation réelle et trouver des axes de différenciation des services ».

Nous avons tenté de joindre Orange, la Cnil et l’entreprise Qosmos ce jeudi après-midi. Nous mettrons à jour cet article dès qu’ils auront répondu à nos questions.

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 18:34

 

Rue89 -  Document 09/10/2012 à 14h44

Etienne Baldit | Rue89

 

Sanofi, qui supprimera 900 postes d’ici à 2015, s’allie à Coca-Cola pour une boisson beauté. Une diversification qui inquiète les chercheurs du groupe pharmaceutique.

Alors que les salariés de Sanofi continuent de protester contre des réductions d’effectifs, qui visent particulièrement le secteur recherche, le « champion français de la pharmacie » s’apprête à s’enraciner sur le marché des cosmétiques. Selon un document de présentation que Rue89 s’est procuré, Sanofi lance « une combinaison UNIQUE entre le rafraîchissement, le goût et le pouvoir d’actifs de beauté », en partenariat avec Coca-Cola.

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Sous le nom de projet « Paris », Beautific Oenobiol a été présenté en interne au cours d’un comité d’entreprise du groupe Sanofi Aventis France, le 20 juin dernier. Mi-septembre, Bakchich publiait des captures du mémo et posait la question de la rentabilité de la recherche contre le cancer.

Selon Laurent Ziegelmeyer, salarié du site de Vitry (Val-de-Marne) et représentant CGT, le document a rapidement circulé entre les salariés, provoquant l’incrédulité :

« Quand je l’ai reçu, je n’y ai pas cru. J’ai cru à un canular ou à un montage. Sur le document, il y a des filles en maillot de bain, et puis c’est un partenariat avec Coca-Cola...

Ça fait vingt ans que je suis à Sanofi, j’ai déjà vu un certain nombre de choses, mais là, je me suis dit : “C’est pas possible.” Et en fait, si. »

Contactée à plusieurs reprises, la direction de Sanofi n’a pas souhaité répondre à nos questions.

« Là, ça fait épicerie »

Beautific Oenobiol
Destiné à un usage « en relais ou en complément de la prise de gélules Oenobiol », Beautific Oenobiol cible en particulier « les femmes entre 25 et 45 ans, urbaines, actives, de catégories socio-professionnelles supérieures », selon le document de présentation

Le produit sera vendu au prix de 2 ou 3 euros, en pharmacie et parapharmacie. D’ici début 2013, quatre boissons devraient être commercialisées, chacune répondant à un « objectif beauté ciblé » : « colaire intensif », « cheveux & ongles »,« copslim minceur » et « vitalité ».

Certaines d’entre elles ont déjà été mises en vente à Paris, Lyon, Marseille et Nice, avec valeur de test pour Sanofi.

Qu’un grand laboratoire se lance sur le marché des cosmétiques, pourquoi pas, concède Laurent Ziegelmeyer :

« C’est un complément de revenus pour l’entreprise. Mais ça ne correspond pas du tout à l’état d’esprit général des chercheurs de l’entreprise. L’industrie pharmaceutique, c’est pas ça ! Là, ça fait épicerie. »

Surtout, rappelle le représentant du personnel :

« Il y a des vraies urgences de santé, que ce soit en France ou ailleurs. Nous, on a envie de faire notre métier, de travailler sur des médicaments utiles plutôt que de faire des pilules autobronzantes.

Il ne faut pas que cette diversification se fasse au détriment de la recherche sur des thérapies plus importantes, or c’est notre sentiment. »

« Sanofi se désengage du médicament »

Beautific Oenobiol est essentiellement constitué d’eau, de jus de fruits et de mystérieux « ingrédients actifs pour maximiser un objectif beauté ciblé ». Cette boisson est donc bien éloignée des médicaments traditionnellement commercialisés par Sanofi.

Le numéro trois mondial de l’industrie pharmaceutique a en effet bâti son succès sur un certain nombre de « blockbusters » – Plavix, Lantus ou Stilnox – et, surtout, sur le secteur des vaccins, grâce à son laboratoire Sanofi Pasteur.

Laurent Besson-Imbert, du syndicat SUD Chimie Toulouse, y voit une stratégie de long terme qui vise à supprimer petit à petit l’activité recherche du groupe :

« Depuis l’arrivée de Christopher Viehbacher à la tête du groupe en 2008, la direction a procédé à des coupes dans les effectifs et à de nombreuses suppressions de produits dans le portefeuille de projets de recherche, motivées par leur prétendue “ inefficacité ”. C’est du meurtre avec préméditation. »

Une chercheuse sur le site de Toulouse – dont le sort reste à préciser – depuis douze ans confirme :

« Ils stoppent unilatéralement le développement de certaines molécules, ce qui leur permet ensuite de dire que nous n’avons rien produit et donc qu’on ne sert à rien. Comme ça, ils justifient les réductions d’effectifs. »

Pour Florence Faure, secrétaire du comité d’entreprise de Sanofi Aventis France, le constat est simple :

« Sanofi se désengage du marché du médicament. »

« Falaise des brevets »

Ces dernières années, l’industrie pharmaceutique s’est trouvée confrontée à l’arrivée à expiration de nombreux brevets protégeant ses médicaments phares. Le phénomène est connu sous le nom de « falaise des brevets » : les inventions, propriétés de leur découvreur, tombent dans le domaine public au bout de vingt ans, autorisant leur reproduction et donc la mise au point de médicaments génériques.

Sanofi se trouve ainsi placé dans une situation concurrentielle inédite : entre 2008 et 2011, le groupe a, selon Challenges, vu un tiers de son chiffre d’affaires et la moitié de ses profits partir en fumée devant la fameuse « falaise des brevets ».

Les cosmétiques, plus lucratifs

Le groupe a alors fait le choix de diminuer l’importance de sa recherche en interne et de diversifier ses activités. Une analyse de la commission économique et sociale du comité central d’entreprise Sanofi Aventis montre ainsi qu’entre 2008 et 2011 :

  • le nombre de sites de recherche et développement a été divisé par deux ;
  • les budgets recherche, réduits de 15% ;
  • les effectifs, de 22%

On peut lire également :

« De plus, la direction ne cache pas sa volonté de se diversifier dans des domaines ne touchant pas à la santé publique (ex. boisson beauté) qu’elle estime plus lucrative et moins risquée. »

En 2009, Sanofi rachetait Oenobiol, numéro un des compléments de beauté en France, dans le but de faire du groupe « une entreprise globale et diversifiée dans le domaine de la santé ».

Le chiffre d’affaires de l’entreprise de cosmétiques est estimé à environ 60 millions d’euros annuels. Le groupe Sanofi, quant à lui, réalise plus 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, pour un bénéfice net de 9,2 milliards d’euros en 2010.

Une stratégie payante, puisque Sanofi pourrait bientôt détrôner Total de sa première place au CAC 40.

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 17:34

 

 

Le Sénat examine l'interdiction du bisphénol A des contenants alimentaires

Le Monde.fr avec AFP | 09.10.2012 à 13h48 • Mis à jour le 09.10.2012 à 14h33

 
 
Le bisphénol A est présent dans de nombreux emballages alimentaires.

La bataille contre le bisphénol A se poursuit. Un an après l'Assemblée nationale, le Sénat examine, mardi 9 octobre, une proposition de loi socialiste qui veut bannir d'ici à 2015 ce composant chimique très répandu dans les contenants alimentaires.

 

  • Qu'est-ce que le bisphénol A ?

Le bisphénol A (BPA) est un produit de synthèse largement utilisé dans la fabrication des plastiques depuis la fin des années 1950. Son marché mondial est estimé à 3,8 millions de tonnes produites par an.

On trouve ce mélange de phénol et d'acétone dans une multitude de secteurs : il entre notamment dans la composition de plastiques très résistants de type polycarbonate, qui servent à la fabrication de bombonnes et bouteilles d'eau réutilisables. On en trouve également dans les résines époxydes, ou vernis, qui tapissent l'intérieur des boîtes de conserve en métal, des canettes de boisson, des couvercles de bocaux ou des capsules de bouteilles. Selon l'agence de l'alimentation (Anses), on trouve encore en France du BPA dans certains jouets et articles de puériculture, voire dans les tickets de caisse des supermarchés et possiblement le matériel médical.

 

  • Pourquoi pourrait-il être interdit dans les contenants alimentaires ?

Le BPA, qui a tendance à migrer dans la nourriture et les boissons, est considéré comme un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire une substance interférant avec le système hormonal et capable de produire des effets nocifs à très faibles doses sur l'organisme.

Depuis les années 1990, ses effets ont été prouvés sur les animaux puis sur les hommes dans de très nombreuses études scientifiques. "Des tendances récentes de maladies humaines peuvent être mises en relation avec les effets indésirables des faibles doses de BPA observés sur l'animal : par exemple, l'augmentation des cancers du sein et de la prostate, les malformations uro-génitales chez les garçons, le déclin de la fertilité, l'avancement de la puberté chez les filles, les désordres métaboliques comme le diabète de type 2 et l'obésité, de même que des problèmes comportementaux comme le déficit d'attention et l'hyperactivité", écrivent en 2006 près de quarante chercheurs internationaux dans un rapport publié dans la revue Reproductive Toxicology.

 

Lire l'enquête du Monde : Bisphénol A, les dessous d'un scandale sanitaire


Un avis partagé par l'Anses, qui assurait en septembre 2011 disposer de "suffisamment d'éléments scientifiques" pour "agir dans une logique de prévention" et remplacer le bisphénol partout où on peut le faire. Son objectif prioritaire étant de limiter l'exposition des femmes enceintes et allaitantes ainsi que des jeunes enfants. Depuis, sur la base des travaux disponibles, l'Anses a demandé à l'Europe de classer le BPA comme "toxique pour la reproduction" et non plus "suspecté" de l'être. La suspension de la commercialisation des biberons au BPA, en vigueur en France depuis juillet 2010, a par ailleurs été étendue à toute l'Union européenne en janvier 2011 par une directive européenne.

 

Lire : Même à faible dose, le bisphénol A constitue un danger pour l'homme (édition Abonnés)

 

Mais les effets du bisphénol A ne s'arrêtent pas aux jeunes enfants. C'est ainsi l'ensemble de la population qui est exposée. Selon une étude publiée en 2005 dans Environmental Health Perspectives, le BPA est présent dans les urines de 95 % de la population occidentale. Et ses effets pourraient être transmis sur plusieurs générations. Une étude parue en juin dans la revue Endocrinology avait ainsi prouvé que les rongeurs exposés in utero au BPA présentent plus tard dans leur vie des troubles comportementaux qu'ils transmettent à leur descendance, quand bien même celle-ci n'a pas été exposée.

 

Lire : Les effets du bisphénol A sont transgénérationnels


  • Quel est le calendrier pour l'application de la proposition de loi socialiste ?

La proposition de loi socialiste prévoyant une suspension de la fabrication, l'importation et l'exportation des contenants alimentaires produits avec du bisphénol A, qui avait reçu le soutien du gouvernement de François Fillon, avait été adoptée à l'unanimité le 12 octobre 2011 par les députés. Néanmoins, elle n'avait pas été ensuite inscrite aux travaux du Sénat lors de la précédente législature.

 

Lire : Les députés votent l'interdiction du bisphénol A dans les emballages alimentaires


Mercredi, la commission des affaires sociales du Sénat a modifié le texte en repoussant de 2014 à 2015 l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires. Toutefois, la commission a maintenu à 2013 cette interdiction pour les contenants de produits destinés aux enfants de moins de 3 ans. Pour expliquer ce report, la commission sénatoriale a précisé être "consciente des difficultés que cette application du principe de précaution peut entraîner pour les industriels". Mardi 9 octobre, les sénateurs doivent donc voter le texte, avant qu'il ne soit transmis à l'Assemblée en deuxième lecture.

  • Comment le bisphénol A peut-il être remplacé ?

Pour les industriels, ce calendrier s'avère "incompatible avec la réalité industrielle", qui exige de très nombreux essais et contrôles avant la mise sur le marché de nouveaux produits de substitution. "Si c'est appliqué et voté en l'état, on sera obligé purement et simplement d'arrêter nos activités", lance Olivier Draullette, délégué général du SNFBM, le syndicat des fabricants de boîtes et emballages métalliques. "On ne traîne pas (...) On travaille, mais ce qu'on demande, c'est le droit de faire notre travail consciencieusement", poursuit-il. Compte tenu des volumes considérables en jeu, les industriels de l'emballage métallique insistent sur les "contraintes de sécurité très fortes".

La situation est complexe puisque les industriels de l'emballage métallique ont identifié quatre familles de résines pouvant être substituées à l'actuelle résine au bisphénol A. Chacune doit être testée en fonction de la denrée alimentaire avec laquelle elle sera en contact : "on est obligé d'avoir un minimum de recul" compte tenu du "spectre alimentaire français qui est très large et des dates limites de consommation qui sont très longues", selon le SNFBM.

La tonalité est très voisine dans l'industrie agro-alimentaire qui utilise ces emballages. "Notre grande inquiétude, c'est de commercialiser un produit sur lequel on a moins de recul que ceux qui sont utilisés, et pourrait être moins sûr que les produits actuels", explique Jean-René Buisson, le président de l'Association nationale des industries alimentaires.

"A force de traîner les pieds et de faire de la résistance, les industriels français vont prendre du retard sur les entreprises étrangères, notamment américaines, qui proposent déjà des produits garantis sans BPA", estime le député socialiste Gérard Bapt, à l'origine de la proposition de loi, dans Le Parisien. Et le quotidien de citer des exemples : aux Etats-Unis, une marque bio de luxe commercialise ainsi des boîtes en acier tapissées à l'intérieur d'une résine naturelle. En France, la société Tupperware a aussi pris les devants en remplaçant tous ses produits conçus à base de polycarbonate par des produits en polyester thermoplastique garantis sans BPA.

 

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 17:18

 

 

LE MONDE | 05.10.2012 à 10h30 • Mis à jour le 05.10.2012 à 11h29

Par Grégoire Allix

 
Un mobile peut renfermer jusqu'à 40 éléments contenant des métaux lourds et des polluants organiques persistants.

Quand nous utilisons nos téléphones mobiles, nous nous collons au visage un concentré de poisons : plomb, brome, chlore, mercure, cadmium... "Chaque téléphone testé contient au moins un de ces produits toxiques dangereux", constate l'Ecology Center. Cette organisation écologiste américaine vient de publier, mercredi 3 octobre, les résultats d'une vaste étude de toxicologie menée sur 36 modèles de téléphones portables mis sur le marché depuis cinq ans par dix constructeurs.

Un mobile peut renfermer jusqu'à 40 éléments contenant des métaux lourds et des polluants organiques persistants. Armés de pinces, de ciseaux et de tournevis, les chercheurs de l'Ecology Center ont intégralement démonté les appareils pour soumettre tous leurs composants – processeur, circuits imprimés, écran, boutons, batteries... – à une analyse par fluorescence de rayons X. Plus de mille échantillons ont été passés au crible, à la recherche de 35 éléments ou substances chimiques.

"La conclusion est que les téléphones mobiles sont toxiques et pleins de produits chimiques à risques, mais qu'ils s'améliorent", résume Jeff Gearhart, directeur de recherches à l'Ecology Center, qui souligne que "même les meilleurs téléphones de notre étude sont porteurs d'un danger chimique".

 

POLLUANTS DANS L'AIR

Les meilleurs ? Le trio de tête est formé du Motorola Citrus, de l'iPhone 4S d'Apple et du LG Remarq. L'iPhone 5, dernier-né de la marque à la pomme, est cinquième, tandis que son grand rival, le Samsung Galaxy S III, est en 9e position. Apple enregistre ainsi un net progrès de génération en génération : l'iPhone 2G, premier de la série apparu en 2007, est de loin le plus toxique des 36 modèles.

"Les préoccupations des consommateurs amènent les fabricants à dessiner et produire des produits plus sains", estime M. Gearhart, qui se félicite aussi du renforcement des réglementations et des contrôles, notamment en Europe et en Asie. Même avec un forfait illimité, le risque d'ingérer les produits toxiques contenus dans un mobile reste limité, bien que l'usure des composants puisse rendre ces poisons volatils.

Mais ces substances peuvent entraîner des pollutions à chaque étape du cycle de vie du téléphone. Leur extraction suscite des dégradations de l'environnement, parfois des conflits. Les employés des constructeurs sont exposés aux poisons lors du processus de fabrication. Et, surtout, les téléphones rejettent encore trop souvent leurs polluants dans l'air, les sols et les nappes phréatiques une fois jetés à la poubelle.

Une grande partie des téléphones usagés finissent dans des décharges ou sont exportés vers des sites de recyclage informel en Asie. "Ces produits chimiques, qui entraînent des malformations congénitales, des difficultés d'apprentissage et d'autres graves problèmes de santé, ont été retrouvés dans le sol à des niveaux dix à cent fois supérieurs à la normale sur des sites de recyclage en Chine", rappelle Jeff Gearhart.

L'Ecology Center appelle donc à un meilleur encadrement national et international de la gestion des déchets électroniques.

Grégoire Allix

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 17:13

 

 

Amis des bêtes, apprenez-le si vous ne le savez déjà : l'engouement actuel pour les animaux de compagnie exotiques - lézards, serpents, suricates ou petits singes - est mauvais pour eux, mauvais pour l'environnement, mauvais pour la santé. Telle est, en substance, la teneur du rapport que la coalition internationale ENDCAP, spécialisée dans la protection des animaux sauvages en captivité, a déposé, mercredi 3 octobre,  sur le bureau du Parlement européen.

 

Commerce de perroquets.

Intitulé "Animaux sauvages dans l'Union européenne", ce document d'une vingtaine de pages donne un aperçu de la vitalité de ce commerce - légal ou non –, et du nombre ahurissant d'animaux exotiques détenus dans les foyers européens. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),  plus de 1,5 milliard de poissons d'ornement sont ainsi exportées chaque année de plus de 100 pays,  l'Union européenne constituant pour eux une porte d'entrée majeure. Dans le seul Royaume-Uni,  245 millions de ces poissons ont été importés entre 2006 et 2011, soit une moyenne de plus de 40 millions de poissons (pour combien d'aquariums ?) par an.

Si les poissons ne posent guère de problèmes à leurs propriétaires (c'est aussi pour cela qu'ils sont si nombreux), il en va autrement des reptiles, serpents, oiseaux ou singes exotiques. Souvent imprévisibles, parfois dangereux pour ceux qui les hébergent, ces animaux ne sont pas toujours adaptés à la vie en captivité. Et moins encore si l'on s'en occupe mal - ce qui est assez courant.  Nécessitant des soins spécifiques et devenant trop difficiles à gérer, ils sont alors purement et simplement abandonnés, chahutant au passage  l'environnement local en entrant en concurrence avec les espèces indigènes. A moins qu'ils ne meurent prématurément en captivité, ce qui a le mérite de résoudre le problème.

C'est notamment le cas des reptiles, particulièrement sensibles au stress de la captivité. Selon le rapport de ENDCAP, 90 % de ceux qui sont capturés pour l'exportation ne survivent pas à leur première année de prison, alors que leur durée de vie dans la nature s'étend de 8 à ... 120 ans (pour certaines tortues).

Qu'importent ces arguments, diront certains, il ne s'agit que d'animaux. Mais Daniel Turner, co-auteur du rapport et porte-parole de ENDCAP, aborde un autre problème, qui nous concerne cette fois directement :

"Le commerce de ces espèces ne menace pas seulement la biodiversité et l'écologie locale. De nombreux experts en conviennent, il représente aussi un risque croissant pour la santé des citoyens européens", rappelle-t-il.

Si la majorité des poissons, grenouilles, tortues, mammifères et oiseaux exotiques  importés dans l'Union européenne en tant qu’animaux de compagnie sont commercialisés légalement, on estime que 25 % d’entre eux proviennent d’un trafic illégal. Outre que celui-ci compromet gravement la survie dans leur milieu de certaines espèces,  ces animaux capturés dans la nature peuvent véhiculer des agents pathogènes potentiellement infectieux pour l'homme. Appelées "zoonoses", ces maladies transmises de l’animal à l’homme constituent plus de 60 % de toutes les maladies humaines infectieuses. Et 75 % des maladies émergentes.

Des exemples ? Il en existe à foison, en provenance de toutes les familles d’animaux. "La grippe aviaire et la psittacose à partir des oiseaux. La salmonellose à partir des amphibiens, des reptiles et des oiseaux. L'hépatite A, la tuberculose, la variole du singe et l’herpès virus B à partir des primates", énumère Daniel Turner. Dans les années 1960 et 1970, 280 000 cas annuels de salmonellose ont ainsi été enregistrés aux Etats-Unis, chez des enfants possédant une petite tortue aquatique. Au point que le commerce intérieur des tortues de moins de 10 cm de long y a été interdit en 1975. Avec comme résultat une diminution de 77 % de ces gastro-entérites dans l'année suivante.

Considérant qu'il est du devoir de la Communauté européenne, notamment dans le cadre de sa stratégie sur les espèces exotiques envahissantes, de restreindre ce commerce contre-nature, ENDCAP recommande à la  Commission et aux États membres de "revoir d'urgence les impacts causés par le commerce des animaux de compagnie sauvages en ce qui concerne la biodiversité, les espèces exotiques, la sécurité publique et le bien-être animal". La coalition d'ONG demande également que "des mesures appropriées et immédiates soient prises pour harmoniser la réglementation de protection des animaux dans l'Union européenne". Et que les contrôles à l'importation soient étendus afin d'inclure la certification selon laquelle "la capture, le stockage et l'expédition des animaux sauvages n'entraînent pas de souffrance".

Gare aux dents du singe capucin !

La Commission européenne inscrira-t-elle ce sujet sur son prochain agenda ? Le commerce des animaux exotiques représentant chaque année un marché international de plusieurs milliards d'euros, on se doute que l'affaire ne sera pas simple. En attendant, chacun reste libre d'accueillir dans son foyer un  iguane, un chien de prairie ou un cacatoès plutôt qu'un chien ou un chat. Mais en adoptant, en même temps que ce nouvel arrivant, un comportement responsable.

Catherine Vincent

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 21:09

 

La Cour de Justice de l'Union Européenne désavoue Kokopelli et son avocat général

 

La Cour de Justice, par sa décision rendue hier dans l'affaire Kokopelli c. Baumaux, vient de donner un satisfecit intégral à la législation européenne sur le commerce des semences.

Pourtant, le 19 janvier dernier, son Avocat Général nous donnait entièrement raison, en estimant que l'enregistrement obligatoire de toutes les semences au catalogue officiel était disproportionné et violait les principes de libre exercice de l'activité économique, de non-discrimination et de libre circulation des marchandises. (V. ses conclusions)

Ce changement de cap absolu ne manque pas de nous surprendre et de nous interroger.

La Cour, aux termes d'une analyse étonnement superficielle de l'affaire, et d'une décision qui ressemble plus à un communiqué de presse qu'à un jugement de droit, justifie l'interdiction du commerce des semences de variétés anciennes par l'objectif, jugé supérieur, d'une "productivité agricole accrue" !

L'expression, utilisée 15 fois dans la décision de la Cour, consacre la toute puissance du paradigme productiviste. Ce même paradigme, qui avait présidé à la rédaction de la législation dans les années soixante, a donc encore toute sa place en 2012. La biodiversité peut donc être valablement sacrifiée sur l'autel de la productivité.

Cela fait 50 ans que cela dure et le fait que ce raisonnement nous ait déjà amenés a perdre plus de 75% de la biodiversité agricole européenne n'y change donc rien. (V. les estimations de la FAO)

Si la Cour mentionne les dérogations supposément introduites par la Directive 2009/145 pour les "variétés de conservation", son analyse s'arrête à la lecture des grands titres. Comment les juges n'ont-ils pas voulu voir que les conditions d'inscription des variétés de conservation, dans la réalité, étaient restées pratiquement identiques à celles du catalogue officiel normal [1]? Le critère d'homogénéité, par exemple, particulièrement problématique pour les variétés anciennes, ne connaît aucune modération.

La Cour n'a-t-elle pas lu les témoignages de nos collègues européens, déjà confrontés à des inscriptions impossibles de leurs semences sur cette liste ?

Cette directive est un véritable leurre, que Kokopelli et tant d'autres organisations européennes ont déjà dénoncé, et ne vise pas à permettre la commercialisation des variétés anciennes ni même à conserver la biodiversité semencière.

De plus, cette biodiversité, qui a nourri les populations européennes pendant les siècles passés, est l'objet de la plus grande suspicion. La Cour va ainsi jusqu'a écrire, par deux fois, que la législation permet d'éviter "la mise en terre de semences potentiellement nuisibles" !

Cette remarque est totalement erronée puisque, comme l'avait justement relevé l'Avocat Général, l'inscription au Catalogue ne vise pas à protéger les consommateurs contre un quelconque risque sanitaire ou environnemental, auquel la législation ne fait même pas référence !

Cette remarque, surtout, est choquante, quand on pense que les semences du Catalogue, enrobées des pesticides Cruiser, Gaucho et autres Régent, ou accompagnées de leur kit de chimie mortelle, empoisonnent la biosphère et les populations depuis plus de cinquante ans !

Le lobby semencier (European Seed Association), qui a pris le soin, pendant le cours de la procédure, de faire connaitre à la Cour son désaccord avec l'avis de l'Avocat Général, se réjouit, dans tous les cas, de cette totale convergence de vues avec la Cour. (V. son communiqué et sa lettre adressée à la Cour.)

Nos adversaires directs dans cette procédure, c'est-à-dire la société Graines Baumaux, mais aussi la République Française, le Royaume d'Espagne, la Commission Européenne et le Conseil de l'UE, doivent également s'en frotter les mains.

Avec cette décision, les masques tombent : la Cour de l'Union Européenne est, elle aussi, au service de l'agriculture chimique mortifère et de son idéologie corruptrice.

Et Kokopelli, au contraire de tout ce qui a pu se lire ces derniers mois, n'a aucun intérêt convergent avec Monsanto et autres semenciers-chimistes. Ces craintes exprimées par certains n'étaient qu'élucubrations fantaisistes, voire malveillantes, à l'égard de l'association.

Mais tout cela se comprend par l'examen du contexte dans lequel prend place cette décision : en Europe, une réforme générale de la législation sur le commerce des semences est en cours. La procédure est placée sous le haut parrainage de l'industrie semencière. Les associations de sauvegarde de la biodiversité, petits producteurs, paysans et jardiniers passionnés, qui, à travers toute l'Europe, conservent clandestinement plus de variétés oubliées que tout ce que le catalogue des variétés appropriées n'en pourra jamais contenir, n'ont pas été invitées à la table des négociations...

Verra-t-on, dans ce cadre, le législateur européen redéfinir ses priorités ? Les semenciers veilleront à ce que cela ne soit pas le cas.

La France, dans ce cadre, joue un rôle particulier. Le Ministère de l'Agriculture a dépêché l'une des collaboratrices du GNIS [2], Mme Isabelle Clément-Nissou, auprès de la Commission Européenne (DG SANCO), afin de rédiger le projet de loi ! Mais les conflits d'intérêt, inadmissibles, ne semblent choquer personne au niveau des institutions européennes...

Ainsi, l'étau se resserre et les perspectives pour la biodiversité n'ont jamais été aussi sombres.

Et l'Association Kokopelli, qui depuis 20 ans veille avec passion à la préservation du patrimoine semencier européen, bien commun de tous, sans la moindre subvention publique, pourrait donc bien disparaître demain, car son activité, qui gêne l'une de nos sociétés commerciales les mieux installées, ne présente pas d'intérêt pour une "productivité agricole accrue". Cette décision nous sidère, autant qu'elle nous indigne.

Plus que jamais, Kokopelli a besoin du soutien moral de la population. Car il n'est pas admissible que les variétés anciennes, héritage de nos grands-parents, soient interdites de cité !
Nous en appelons également à notre gouvernement. La gauche, sous les précédents gouvernements de droite, nous a dit pouvoir compter sur son soutien à de nombreuses reprises. Il est temps maintenant qu'elle transforme ses promesses en actes (en commençant par retirer son mandat à Mme CLEMENT-NISSOU) !

 

Kokopelli, le 13 juillet 2012.

 

  • [1] La directive 2009/145 prévoit que les critères de distinction et de stabilité sont laissés à la discrétion des Etats membres et que, par contre, «pour l'évaluation de l'homogénéité, la directive 2003/91/CE s'applique» : art. 4 §2
  • [2] Le GNIS représente les semenciers professionnels en France et dit officiellement «défendre les intérêts de la filière semence» V. son site Internet

 

Ce que nous voulons, sur le plan législatif et réglementaire :
  • Le Catalogue officiel actuel est le pré-carré exclusif des variétés protégées par des droits de propriété intellectuelle, hybride F1 non reproductibles. Qu'il le reste.
  • Nous voulons que les semences anciennes et nouvelles appartenant au domaine public et librement reproductibles sortent du champ d'application de la législation sur le commerce des semences.
  • Il n'existe pas de catalogue officiel obligatoire pour les clous et les boulons. Il n'y a pas de raison de soumettre les semences à une procédure préalable de mise sur le marché, comme les pesticides ou les médicaments, pour les cataloguer dans un registre.
  • Des objectifs de qualité et de loyauté dans les échanges commerciaux peuvent être aisément atteints par un règlement de base fixant des critères minimums en termes de qualité sanitaire, faculté germinative, pureté variétale et pureté spécifique.
Que demande la société Graines Baumaux ?

Notre adversaire devant la Cour d'Appel de Nancy demande la condamnation de Kokopelli à lui payer 100.000 €uros de dommages-intérêts, ainsi que la cessation de toutes les activités de l'association. Pour information, au 30 juin 2011 la société Baumaux avait un chiffre d'affaire annuel de 14 millions d'€uros et un résultat net de 2 millions d'€uros.

Télécharger l'interview de radio Zinzine avec notre avocate Blanche MAGARINOS-REY.

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 18:13

 

On lui aurait vraiment donné, ce soir-là, le bon Dieu sans confession. Invité jeudi dernier de l’émission « Des paroles et des actes » sur France-2, Jean-Marc Ayrault a trouvé des mots si sincères pour défendre la décision prise par son gouvernement de maintenir, à quelques aménagements près, le système des défiscalisations dans les DOM-TOM, qu’il aurait semblé malveillant de le contredire. La main sur le cœur, croix de bois, croix de fer... le premier ministre a assuré que c’était dans l’intérêt exclusif de ces territoires ultramarins que le statu quo fiscal avait été décidé.

Pour la bonne cause en quelque sorte : pour ne pas priver ces territoires, déjà rongés par un chômage autrement plus spectaculaire qu’en métropole, d’une manne financière dont ils ont absolument besoin pour leur développement. Le chef du gouvernement a même interpellé le journaliste qui l’interrogeait pour lui retourner une question qui a pu sembler de bon sens : et alors, d’autres solutions, vous en connaissez, vous ?

La vérité, pourtant, c’est que ces allégements fiscaux constituent un scandale majeur de la politique fiscale française depuis plus de vingt-cinq ans. Inutilité économique du fait de leur absence d’effets sur l’emploi ou la compétitivité des entreprises ; effets d’aubaine massif au profit des plus grandes fortunes qui sont les premières bénéficiaires de ces dispositifs... De la Cour des comptes jusqu’à l’Assemblée nationale, en passant par l’Inspection générale des finances, de très nombreux organismes ont passé au crible ces allégements. Et toutes les études – toutes, sans la moindre exception – sont parvenues aux mêmes conclusions. Ces allégements fiscaux grèvent lourdement les finances publiques pour le seul et unique profit d’une minorité de contribuables richissimes. Pour cerner les ambiguïtés de la politique fiscale des socialistes, il est donc utile de se replonger dans l'histoire tortueuse et sulfureuse de la loi Pons et de ses avatars successifs.

Tout commence en effet en 1986, quand Bernard Pons, secrétaire d’État des départements et territoires d’outre-mer du gouvernement de Jacques Chirac, a la funeste idée de concocter une loi qui portera vite son nom – la loi Pons – prévoyant un très large système de défiscalisation pour certains investissements, aussi farfelus soient-ils, dans les DOM-TOM. Dans sa mouture initiale, les particuliers peuvent profiter d'une baisse de leur impôt sur le revenu, à la condition de conserver leur investissement au moins cinq ans. Mais ce sont surtout les investisseurs qui interviennent au travers de sociétés qui sont avantagés : dans ce cas, le système est tellement fou qu’il va jusqu’à autoriser une réduction d’impôt égale à 100 % si le contribuable adopte le régime des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).

Aussitôt, c’est la porte ouverte à une cascade d’abus. Investissements fantômes ; sociétés écran ; évasion fiscale massive : la loi Pons ne fait parler d’elle qu’à cause des scandales qu’elle génère. Du coup, lors de l’élection présidentielle de 1988, il semble couler de source que la gauche va mettre bon ordre à cela, et pratiquer des politiques de développement dans les départements et territoires d’outre-mer en usant de moyens moins sulfureux. Las ! À l’époque, il n’en est rien. Devenant ministre des finances, Pierre Bérégovoy, qui s’illustre en conduisant la politique économique la plus droitière possible, maintient les dispositifs de la loi Pons en ne les amendant qu’à la marge.

Ce qui lui vaut un célèbre et tapageur remerciement : le publicitaire Jacques Séguéla, qui a fait l’acquisition, en réduction d’impôt, d’un splendide voilier à Pointe-à-Pitre, décide de le baptiser sous le nom de Merci-Béré. La politique fiscale est alors – avec la promotion de soi-disant entrepreneurs, style Bernard Tapie – l’un des symboles des dérives socialistes de la fin de la décennie 1980. On parle alors des « années fric » ; de « l’argent fou »...

Séguéla baptise son voilier “Merci-Béré”

Soit dit en passant, François Hollande est l’un de ceux qui connaît le mieux ces questions fiscales. Membre de la Commission des finances de l’Assemblée nationale de 1988 à 1993, il est l’un des socialistes – et ils n’étaient pas nombreux à cette époque – qui a eu le courage de pointer les dérives économiques les plus spectaculaires de ces années Bérégovoy. Pierre Moscovici aussi, dont il était l’ami et le co-auteur, a suivi toutes ces controverses de très près, et avec la même sensibilité.

Tout au long des années 1990, le scandale de la défiscalisation dans les DOM-TOM – la « défisc », comme on dit aux Antilles –, se prolonge. Et toute la presse s’en fait l’écho. Témoin cet éditorial d’Alternatives économiques (n° 110, en date de septembre 1993) qui, sous le titre évocateur « Paradis », revient sur la loi Pons et ses conséquences :

« Toutes les sociétés investissant dans les DOM-TOM dans des opérations d'hôtellerie, de tourisme ou de navigation de plaisance disposaient de la possibilité de déduire de leur revenu imposable le montant des investissements effectués. Et ceci, bien évidemment, sans préjudice des amortissements ultérieurs qui, comme pour toute immobilisation, consistent à incorporer dans les charges de l'exercice (donc à déduire de l'éventuel revenu imposable) une fraction du prix d'acquisition, jusqu'à ce que les amortissements cumulés représentent la valeur d'achat de l'immobilisation. Cette disposition ne concerne que les sociétés. Certes, mais rien n'empêche un contribuable lourdement imposé de créer une société (SARL, par exemple) pour effectuer l'investissement et le déduire, de telle sorte que le revenu imposable soit négatif, et même lourdement négatif, à peu près du montant de l'investissement effectué.

« La loi permet alors à l'actionnaire principal (voire unique, dans le cas d'une EURL) de déduire de son revenu personnel le déficit comptable de la société. Le Club Méditerranée a ainsi lancé successivement deux voiliers de plaisance en copropriété (la part de copropriété d'un navire s'appelle un quirat), basés respectivement aux Antilles et en Nouvelle-Calédonie. Chaque quirat vendu 28 000 F peut être déduit à hauteur de 80 % du revenu imposable. Pour peu que le contribuable, pour financer cet achat, prenne un crédit destiné, pour moitié, à souscrire une assurance vie, l'autre moitié servant à payer le quirat, il a la possibilité de déduire également de son revenu imposable la totalité des intérêts du prêt. En huit ans, les économies d'impôts payent l'emprunt. La publicité pour les quirats du Club Med 2 est sans ambiguïté : “2471 investisseurs, contribuables lourdement imposés, apprécient déjà la qualité d'une opération de défiscalisation”. »

Et Alternatives économiques concluait : « C'était quand même gros. Après avoir quelque peu tergiversé, les socialistes avaient donc décidé de limiter les avantages fiscaux à fin 1992 et de réduire les déductibilités autorisées. La nouvelle majorité s'est empressée de réactiver la loi Pons. En l'améliorant : ceux qui achètent un logement destiné à être loué comme résidence principale dans les DOM-TOM pourront déduire (sur cinq ans) de leur impôt 45 % de l'acquisition. Quant aux sociétés, elles pourront déduire de leur revenu imposable 100 % de l'investissement (le montant avait été ramené à 75 ou 80 %) quel que soit le secteur d'investissement. En clair, cela s'appelle un paradis fiscal, puisque cela revient à faire payer par la collectivité jusqu'à 56,8 % de l'investissement effectué. Au bénéfice exclusif des plus riches. Intéressant, non ? »

Après les tergiversations de la gauche puis une bien tardive et surtout une bien timide moralisation, juste avant l’alternance, tout reprend donc comme avant. Même plus qu’avant : les très grandes fortunes commencent à comprendre que la défiscalisation est une aubaine formidable. C’est ce qu’établit une enquête de L’Expansion, en date du 29 août 1996. Sous le titre « La “défisc”, un pactole pour les békés », le magazine raconte tous les abus des années antérieures :

« Aux Antilles, la loi Pons a supplanté les pirates des Caraïbes : on ne compte plus ses victimes célèbres. Le roi de la pub, Jacques Séguéla, qui avait baptisé son yacht Merci Béré, a dû payer un redressement fiscal. La femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, a dû renflouer le déficit des huit voiliers défiscalisés dont elle confiait la gestion à Stardust, une filiale du Crédit lyonnais. Quant aux 800 investisseurs clients de Jet-Sea, ils ont découvert, lors de sa faillite, qu'une trentaine de leurs navires étaient menacés de redressement fiscal et qu'autant n'avaient jamais existé. Les galères immobilières rivalisent avec les bateaux fantômes. L'animateur Philippe Bouvard a englouti 4 millions de francs dans un projet hôtelier mort-né à Saint-Martin, paradis fiscal où la GMF a sombré et où on recense au moins 160 plaintes d'investisseurs ruinés. »

Jospin refuse de toucher à la loi Pons

Et le magazine ajoute : « Pour moraliser la loi, les investissements supérieurs à 30 millions de francs sont soumis depuis 1991 à un agrément du ministère des Finances. Depuis 1996, cette procédure s'applique à tous les investissements. Les avantages fiscaux ont aussi été réduits. À partir de 1997, les particuliers ne pourront plus déduire que 25 % de leur investissement. La réduction d'impôt pour les entreprises, abaissée à 75 % en 1992, a été remontée à 100 % depuis le 1er juillet 1993, mais devrait totalement disparaître en 2001. Enfin, les promoteurs de ces placements offrent des protections aux épargnants. Le navire de croisière Paul-Gauguin, vendu début 1996 aux clients de la Société générale, fait l'objet d'une garantie de rachat. Sur 1,3 million de francs investis, chaque épargnant est assuré de récupérer 487 000 francs en 2002, en plus des réductions d'impôt... La confiance est pourtant altérée. La BNP et le Crédit agricole ont fait investir leurs clients dans des projets qui ont fait faillite et pour lesquels ils risquent un redressement fiscal, en plus des mensualités de remboursement que la banque leur réclame. Les garanties promises par une société d'économie mixte du conseil général de la Martinique n'ont pas été honorées quand cette dernière a fait faillite. Et les démêlés judiciaires de Lucette Michaux-Chevry, député et ex-ministre du Tourisme, ne disent rien qui vaille quant aux investissements réalisés dans sa commune de Gourbeyre, en Guadeloupe. »

Et ensuite, rien ne change, ou presque. D’abord, quand la gauche revient au pouvoir, en 1997, Lionel Jospin décide de s’en tenir au statu quo : pas touche à la loi Pons ! Le premier ministre socialiste décide à l’époque de proroger le dispositif au moins jusqu’en 2002. Et comme le raconte le journal Libération du 20 avril 1999, il prend même cet engagement : « Si ce dispositif devait être modifié, ce serait à coût budgétaire constant, sans rupture de continuité. » Puis, au lendemain de 2002, sous la droite, le dispositif a été amendé à la marge, notamment avec la loi Girardin, mais l’essentiel des mesures a survécu.

C'est donc cela qu’il y a de stupéfiant dans l’histoire de la défiscalisation DOM-TOM : critiquée de toutes parts, vilipendée, elle a pourtant survécu pendant plus de vingt-cinq ans. Car de fait, tous les rapports officiels sur le sujet ont toujours abouti aux mêmes conclusions : le système est aberrant. La Cour des comptes a ainsi publié pléthore d’études sur le sujet, mettant perpétuellement en garde la puissance publique sur les dérives du système. On peut par exemple se reporter au chapitre très sévère qu’elle a consacré au sujet dans son rapport public en 2011. Ce chapitre est ici :

 


Mais dans la période récente, le rapport le plus éloquent est sans conteste celui qu’a réalisé en juin 2011 l’Inspection générale des finances. Ce rapport, on peut le télécharger ci-dessous :

Le rapport de l'Inspection des finances sur les niches fiscales (juin 2011)

10 689 foyers favorisés captent 93 % de l'avantage fiscal

Pour comprendre la portée de ce rapport, il faut avoir à l’esprit le climat fiscal de l’époque. À Bercy, tout le monde sait en effet que le principe absolu du quinquennat est de chouchouter les plus grosses fortunes, qui constituent la clientèle électorale de Nicolas Sarkozy. Et pourtant, les hauts fonctionnaires de l’Inspection des finances, qui ne sont pas d’un naturel frondeur, disent tout net que les défiscalisations DOM-TOM dont profitent les plus hauts revenus sont des aberrations. C’est à lire en particulier à partir de la page 73.

Lisons. « Concernant les dépenses fiscales outremer destinées à améliorer le financement et la rentabilité des entreprises », l’inspection a ainsi « recensé 55 dépenses fiscales et sociales outremer pour un coût total annuel estimé à 4,2 milliards d’euros, parmi lesquelles un tiers ne sont pas retracées dans les annexes au Projet de loi de finances et au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (elles concernent tout particulièrement le secteur agricole). » À ce sujet, le rapport relève que ces sommes sont englouties en pure perte, ou presque : « L’objectif de maintien ou de création d’emplois affiché par le législateur n’est atteint qu’à la marge, pour un coût unitaire de plusieurs centaines de milliers d’euros, alors même que l’objectif de la défiscalisation est souvent la recherche d’une plus grande productivité. »

Et l’Inspection poursuit : « Quant aux dépenses fiscales qui visent à stimuler l’investissement et la rentabilité des entreprises (TVA NPR, régime de l’abattement du tiers à l’IS et zones franches d’activité), leur accumulation est injustifiée. »

Même critique acerbe, dans un autre domaine de l’activité dans les DOM-TOM : « Concernant les dépenses fiscales bénéficiant au secteur du logement en outre‐mer, le bénéfice de la défiscalisation en matière de logement est en effet concentré au profit des ménages les plus aisés. » Et tout est à l’avenant : il n’y a pas un volet du dispositif DOM-TOM qui échappe à la critique. Résultat, même Les Échos (n° 20966 du 4 juillet 2011) doivent convenir que le système est fou. Voici le compte rendu du quotidien : « Les entreprises bénéficient d'allègements sur le capital (défiscalisation des investissements, moindre TVA), d'exonérations sur les salaires et, in fine, d'abattements sur les bénéfices. Or “le taux de marge moyen des entreprises ultramarines est supérieur à celui constaté en métropole : l'excédent brut d'exploitation représentait 24,8 % de la valeur ajoutée des entreprises réalisant plus de 550 000 euros de chiffre d'affaires en métropole en 2005 contre 34,3 % à la Réunion, 30,5 % en Guadeloupe et 29 % en Martinique. L'abattement d'un tiers à l'impôt sur les sociétés s'apparente “à une absence de contribution complète aux charges publiques des entreprises ayant réussi à devenir rentables (...). C'est l'égalité devant l'impôt qui est mise en cause. »

Et le constat le plus grave est encore à venir, comme l’explique ensuite le journal : « Ces avantages sont toujours captés par les ménages les plus aisés de métropole, en dépit des mécanismes de plafonnement des niches récemment votés. En matière d'impôt sur le revenu, les 10 689 foyers, appartenant au centile de la population disposant des plus hauts revenus, reçoivent 93 % de l'avantage fiscal outre-mer, soit 710 millions (sur 761 millions). »

Tout en effet est là. Budgétairement dispendieux, économiquement inefficace, le dispositif a pour seul avantage d’enrichir... les ultra riches. Certes, les rapports publics sont moins prolixes sur le sujet, pourtant décisif : qui sont les premiers bénéficiaires de ces dispositifs ? Et où se situent-ils dans l’échelle des revenus ? Pourtant, de nombreux indices viennent confirmer que ce sont effectivement les plus riches des contribuables, représentant 1 % dans le haut de l’échelle des revenus, qui sont les premiers bénéficiaires de ces avantages indus. En d’autres termes, si l’impôt sur le revenu, qui est progressif dans les premières tranches du barème, devient dégressif pour les très hauts revenus, en violation des principes républicains, c’est à cause de plusieurs dispositifs de défiscalisation, mais tout particulièrement du dispositif DOM-TOM.


Les ultra riches se défiscalisent d'abord dans les DOM-TOM

Il se trouve même des experts à droite pour en convenir. Le président (UMP) de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez, qui parle droit et qui a souvent le courage de ne ménager personne, même ceux de son camp, rappelle ainsi avec plaisir un souvenir de l’automne 2008. À l’époque, c’est le socialiste Didier Migaud qui préside la Commission des finances de l’Assemblée – il est depuis devenu premier président de la Cour des comptes – et lui-même est Rapporteur général du budget à l’Assemblée.

Tous deux décident à l’époque, comme la loi les y autorise, à organiser un contrôle sur place et sur pièces à Bercy, notamment pour connaître les bénéficiaires des allégements fiscaux DOM-TOM. Et ce qu’ils découvrent alors est sidérant : pour les 1 % des contribuables les plus fortunés, la « défisc » DOM-TOM dans le cas des investissements productifs (c’est-à-dire, hors immobilier) constitue de 50 à 75 % des défiscalisations totales.

Sans doute les choses ont-elles un peu changé depuis, car à l’époque, les fameuses « niches » fiscales n’avaient pas encore reçu de coup de rabot. Mais ces indications en disent long : si les très grandes fortunes ont des taux d’imposition souvent très inférieurs aux contribuables des couches moyennes, c’est d’abord à cause de cette folie fiscale. Dans la foulée de cette découverte, plusieurs députés avaient décidé en 2008 d’aller sur place dans les DOM-TOM, pour vérifier les abus qu’ils avaient constatés. Dans le voyage d'étude, il y avait Gilles Carrez, Didier Migaud, ainsi qu’un certain... Jérôme Cahuzac, aujourd’hui ministre du budget.

Face à ce scandale, on comprend donc que le candidat François Hollande annonce pendant la campagne présidentielle qu’il mettra un terme à tous ces abus. C’est consigné, noir sur blanc, dans la proposition 15 de son programme : « En outre, nul ne pourra plus tirer avantage des “niches fiscales” au-delà d’une somme de 10 000 euros de diminution d’impôt par an. » Rien que du bon sens ! S’il y a eu autant d’abus, si les contribuables les plus fortunés ont été gorgés de cadeaux, si l’impôt sur le revenu a fini par être détourné de sa mission et n’est plus progressif, il faut assurément remettre de l’ordre dans la politique fiscale française.

Seulement voilà ! Finalement, la promesse ne sera pas honorée. Pour le comprendre, il suffit de se reporter à la page 11 du document de Bercy, qui présente les mesures fiscales du projet de loi de finances pour 2013. Voici ce document :



Concrètement, la situation actuelle est la suivante : « Pour l’imposition des revenus de 2012, le plafonnement global » des diminutions fiscales auxquelles peuvent prétendre les contribuables fortunés « est égal à 18 000 euros majorés de 4 % du revenu imposable du foyer fiscal ». « Cette part proportionnelle au revenu imposable permet aux ménages les plus aisés de réduire fortement leur impôt », dit à juste titre le document de Bercy.

Pour 2013, il est donc « proposé d’abaisser le niveau du plafonnement global en ramenant la part forfaitaire à 10 000 euros et en supprimant la part proportionnelle de 4 % ». Mais la mesure est tout aussitôt complétée par un codicille qui change tout : « La somme de ces avantages et de ceux acquis au titre d’investissements réalisés en outre-mer continuerait à bénéficier d’un plafonnement maintenu à son niveau actuel, pour préserver à ces derniers leur caractère attractif, et en raison des enjeux économiques qu’ils représentent pour l’outre-mer. »

En clair, le système DOM-TOM, qui comme on l’a vu joue si fortement dans les minorations d’impôts des plus riches, serait sorti du nouveau plafonnement. Tout continuerait donc comme avant.

Cette exemption n’est d’ailleurs pas la seule. Le projet de loi de finances pour 2013 ajoute en effet ceci : « Compte tenu de leurs spécificités, certains dispositifs ne seraient plus pris en compte dans le plafonnement global :
– les réductions d’impôt accordées au titre des dépenses supportées en vue de la restauration complète d’un immeuble bâti (“loi Malraux”) ;
– les réductions d’impôt accordées au titre du financement en capital d’œuvres cinématographiques ou audiovisuelles “SOFICA”. »


Or, là encore, cette reculade est stupéfiante. Non pas dans le cas de la loi Malraux : après tout, il est logique que l’État contribue à sa façon à la conservation et à la rénovation de monuments historiques, fussent-ils entre des mains privées, à la condition que les bénéficiaires des aides fiscales soient soumis en contrepartie à des obligations (ouverture au public, etc.). En revanche, le système de financement du cinéma français est sophistiqué et multiple. Et il dispose d’outils efficaces, à commencer par le Centre national du cinéma. Et on peine à deviner par quel type de lobbying chic le système des Sofica a été maintenu pour 2013, alors que bien évidemment aucune banque ne propose à ses clients ordinaires ce type de défiscalisation, réservé à des riches contribuables un peu snob de Saint-Germain-des-Prés.

Mais la vérité, c’est que le premier des scandales, c’est celui de la « défisc » dans les DOM-TOM, que la gauche ne veut pas interrompre. C’est le détournement au profit des richissimes contribuables de sommes publiques qui seraient bien mieux utilisées à des politiques volontaristes et transparentes dans ces départements et territoires.

Cette histoire de défiscalisation dit donc quelque chose de ce projet de budget pour 2013 et du conservatisme qui l'a inspiré. Triste bégaiement de l’histoire. Y aura-t-il un milliardaire de Neuilly ou d’ailleurs qui baptisera son prochain investissement à Saint-Martin ou dans une île voisine « Merci-Mosco » ou « Merci-Cahuzac » ? Ce serait sûrement indécent, mais le coup de chapeau ne serait pas immérité.


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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 18:31

 

 

Économiser « massivement » l’énergie, tel est l’objectif de la proposition de loi sur les tarifs progressifs dont les députés doivent reprendre la discussion lundi. Le but recherché est écologique mais aussi social : « l’énergie est un bien essentiel dont personne ne doit être exclu pour ses besoins vitaux », déroule l’exposé des motifs. Alors que la hausse des prix de l’électricité et du gaz semble inévitable pour les années à venir, le texte assure : « il s’agira de consommer moins et mieux pour diminuer sa facture », en établissant un système de bonus-malus (voir ici nos explications). Pourtant, l’ambition du texte bute sur les moyens qu’il se donne.

 

Visite d'HLM en rénovation thermique à Montreuil, Seine-Saint-Denis (JL). 
Visite d'HLM en rénovation thermique à Montreuil, Seine-Saint-Denis (JL).

 

  • Première faille, il s’appuie sur une définition obsolète de la précarité énergétique. Selon le texte, 4 millions de ménages (donc un peu plus de 8 millions de personnes) devraient désormais bénéficier des tarifs sociaux, ainsi que de la trêve hivernale des coupures de courant. Ce chiffre provient de l’enquête logement de l’Insee de 2006 (à lire ici), déjà un peu datée.

Problème, aucune nouvelle étude n’a été publiée depuis – un travail est aujourd’hui en cours, mais ses résultats ne devraient pas être disponibles avant fin 2013. Si bien qu’« on peut craindre que ces chiffres soient en dessous de la réalité », analyse Véronique Stella, chargée de mission de la fondation Abbé Pierre. L’extension des tarifs sociaux devrait coûter 520 millions d’euros, selon une estimation de la direction du Trésor (voir ici), qui sera répercutée sur la CSPE.

Selon une note de l’Insee de mai 2011 (voir ici), 3,8 millions de ménages consacrent au moins 10 % de leur revenu à se chauffer. Pour la statistique publique, ce sont eux, les précaires énergétiques. Mais pour les acteurs de terrain, cette définition quantitative ne correspond pas à la réalité des pratiques. Car quand on est pauvre, ou qu’on n’a plus d’argent, on coupe le chauffage – comme on laisse sa voiture au garage quand on ne peut plus payer l’essence, voir ici notre analyse. D’ailleurs, la loi elle-même propose une autre définition, bien plus large : est précaire celui qui ne peut satisfaire ses « besoins élémentaires » par manque de ressources ou à cause de ses conditions d’habitat (loi Grenelle II). Dommage qu’elle n’ait pas été reprise.

 

Publicité EDF, hiver 1991-92 (DR). 
Publicité EDF, hiver 1991-92 (DR).



La proposition de loi Brottes-Le Roux élargit par ailleurs les tarifs sociaux énergétiques à tous les bénéficiaires de la Couverture maladie universelle (CMU). Mais son plafond de ressources avoisine les 700 euros, alors que le seuil de pauvreté (60 % du salaire médian) est plus élevé, à 964 euros par mois. Entre les deux, les pauvres « trop riches » pour toucher la CMU devront payer leur énergie au prix coûtant.

« Ce n’est pas avec un tarif progressif qu’on va arriver à quelque chose contre la précarité énergétique, analyse Véronique Stella, de la fondation Abbé Pierre, les bonus-malus ne vont pas faire économiser beaucoup d’euros aux précaires à la fin de l’année. Il ne faut pas attendre un résultat social de cette loi. » Elle s’inquiète aussi de l’absence de l’eau – la loi ne pourrait ouvrir la porte qu’à une expérimentation municipale – qui pèse lourd dans les dépenses mensuelles des foyers.  

À la place de l’élargissement des tarifs sociaux qu’organise la loi, l’association voudrait une refonte totale du dispositif social, avec une forte revalorisation des aides personnalisées au logement (APL) de 150 à 200 % (voir plus à ce sujet). 

Autre anachronisme : les bénéficiaires du chauffage urbain, ces systèmes de chauffage central à l’échelle d’une ville, ne peuvent pas bénéficier des tarifs sociaux. Or, ce système a le vent en poupe dans les villes, à la faveur du développement des bâtiments à basse consommation, notamment dans le parc HLM. Il est regrettable que les habitants de ces logements plus économes en énergie ne puissent bénéficier de la partie sociale de la loi.

Autres oubliés de la loi, les abonnés au GPL et au fioul, puisque la loi ne concerne que les énergies en réseau (électricité, gaz, chaleur). Ces recalés représentent un quart du parc de logement, selon le réseau Rappel.

 

Logements HLM rénovés en BBC à Montreuil (JL). 
Logements HLM rénovés en BBC à Montreuil (JL).

 

« Les consommateurs modestes paient leur électricité plus cher »
  • Deuxième lacune : le texte introduisant les tarifs progressifs ne porte que sur la part variable de la facture, qui correspond au coût de la fourniture de l’énergie consommée. Mais « la seule façon d’introduire de la progressivité, c’est en touchant la part fixe du tarif », explique Antoine Bonduelle, consultant et auteur d’une note sur le sujet pour le groupe parlementaire d’Europe Écologie-Les-Verts.

Pourquoi ? Aujourd’hui, les tarifs sont… dégressifs, dénonce l’expert, « les consommateurs modestes paient plus cher leur électricité que les consommateurs aisés ». Ainsi, les très petits consommateurs (abonnés à une puissance de 3 kVA) paient plus cher leur électron que les gros, pouvant tirer jusqu’à 15 kVA. Sous le dernier quinquennat, le prix de ce très petit abonnement a triplé, passant d’environ 20 à 60 euros, ajoute-t-il. « La structure des tarifs d’EDF s’est modifiée progressivement », ajoute Franck Dimitropoulos, animateur du réseau Rappel mobilisé contre la précarité énergétique.

Cette inégalité sociale face au tarif est aggravée par le fait que pour les pauvres et les précaires, la part fixe représente la majorité de la facture : « Jusqu’à 70, ou 80 % », selon Véronique Stella. Pour les autres ménages, en moyenne, la part variable représente 82 % de la facture d’électricité, selon EDF. La plupart des foyers sont branchés sur une tension de 6kVA (58,5 %), 20,3 % en 9 kVA et 7 % seulement en 3 kVA, selon EDF.

 

Logements HLM rénovés en BBC à Montreuil (JL). 
Logements HLM rénovés en BBC à Montreuil (JL).


Résultat, le nouveau système de tarifs risque d’être bien peu progressif. Selon les estimations de Rappel, un logement pas trop mal isolé (100 kWh par m2 et par an) de 80 m2 (superficie moyenne) coûte entre 1 300 et 1 400 euros par an en dépense énergétique. Avec le bonus « Brottes », la facture passerait à 1 000 euros environ au bout de trois ans. Une économie réelle mais faible, s’inquiète l’expert. Or, un rapport sur la tarification progressive mise en place en Californie indique que la différence de prix entre les bonus et les malus doit être importante pour agir sur la demande (voir ici). 

Dans certains cas, le malus « Brottes » pourrait même s’avérer moins coûteux que le tarif actuel. Si un foyer dépense le double de ce que la loi lui a imparti, il pourrait bien, avec un malus, payer dans trois ans moins cher qu’aujourd’hui, selon les calculs de Franck Dimitropoulos, car « les bonus écrasent les prix au départ », explique-t-il. Il faudrait donc au minimum que le malus coûte au moins 2,5 fois de plus que le bonus pour qu’il se remarque sur la facture. Or, selon les simulations de la proposition de loi, les situations pourraient aller d’un bonus de 20 euros à un malus de 40 euros. L’échelle de départ est environ de 5 euros par Mwh, a indiqué François Brottes.

 

  • Dernier problème, la qualité des logements. C’est en dehors du périmètre de la loi stricto sensu, mais difficile pour autant d’en faire abstraction si l’on veut réduire la demande énergétique« Le noyau du problème, c’est la mauvaise qualité du logement », insiste Franck Dimitropoulos du réseau Rappel.
Etat énergétique du parc en 2007 (©Anah). 
Etat énergétique du parc en 2007 (©Anah).

 

Or, les « passoires » thermiques ne sont pas les seules en cause. En réalité, les logements français sont globalement, mal, voire très mal isolés. En moyenne, ils consomment 200 kWh par m2 et par an. C’est loin, loin devant la norme de 50 kWh pour les nouveaux bâtiments proposée par les lois Grenelle. Potentiellement, 80 % du parc français est en mauvais état énergétique, indique une étude de 2008 (pour l’Agence nationale de l’habitat). Ainsi, presque un quart des habitations sont classées « E », sur un barème allant de A à G, 9 % sont « F », 7 % en « G » et… 0,3 % en « A ».

 

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