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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 16:21

 

 

 

Une femme sort d'un fast-food avec une grande boisson sucrée, à New York, où le maire Michael Bloomberg , a décidé d'interdire les sodas et boissons sucrées de plus d'un demi-litre dans les restaurants, les stades et les cinémas. (AFP PHOTO/Emmanuel Dunand)

 

On se souvient de l'ouvrage Golden Holocaust qui, en février dernier, esquissait une histoire de l'industrie du tabac "qui a de quoi rendre paranoïaque", relatait un article du Monde. A travers des millions de "tobacco documents", on découvrait comment les manufacturiers américains ont "préparé et exécuté – et continuent à préparer et exécuter – un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public" sur la dépendance et les risques sanitaires de la cigarette.

 

>> Lire : "Les conspirateurs du tabac"


Ce sont désormais des documents sur l'industrie du sucre – plus de 1 500 pages de notes internes, lettres, rapports d'entreprises archivées – qui semblent démontrer le même type de stratégies et de manipulations destinées à promouvoir coûte que coûte un produit, malgré des risques sanitaires majeurs. C'est du moins ce qu'assure le magazine américain Mother Jones, dans une série d'articles sur les "doux mensonges" des entreprises du sucre.

Dans les années 1970, commence la revue, l'opinion prend de plus en plus conscience des risques sanitaires liés à la consommation de sucre, mise en cause dans la hausse de l'obésité (elle a depuis doublé aux Etats-Unis), du diabète (qui, aux Etats-Unis et depuis les années 1970 toujours, a triplé) et des maladies cardio-vasculaires. Un impact qui a d'ailleurs été de nouveau documenté dans un article paru dans Nature en février dernier, qui affirmait que "la menace sur la santé publique constituée par la consommation excessive de sucre, en particulier de fructose, est telle qu'elle justifie la mise en place de mesures comparables à celles prises afin de limiter la consommation de tabac et d'alcool", rapportait Le Monde. En cause, le lien entre le sucre et ces maladies non-transmissibles, "qui provoquent plus de 35 millions de morts par an dans le monde, soit davantage que les maladies infectieuses".

 

>> Lire : Trop de sucre nuit gravement à la santé


Dans les années 1970 donc, la prise de conscience est telle que la consommation de sucre décline de 12 % en deux ans, relate Mother Jones. Une tendance qui n'est pas au goût de la gourmande industrie. Regroupés dans l'Association du sucre, dont le budget annuel s'élève alors à 800 000 dollars, les firmes se mettent, notamment, à recruter "une écurie de professionnels de la médecine et de la nutrition pour dissiper les peurs du public", et à financer des articles scientifiques susceptibles de leur attirer le soutien des agences gouvernementales, et notamment de la FDA (Food and drug administration). En parallèle, "les recherches sur le lien suspecté entre le sucre et les maladies chroniques sont largement mises à l'arrêt à la fin des années 1980, et les scientifiques en viennent à constater que ce genre d'activités est susceptible de mettre un terme à leur carrière", dit Mother Jones.

Alors que des mémos montrent que l'Association du sucre reconnaît dès 1962 les impacts potentiellement dangereux de leur marchandise, elle s'efforce de braquer les projecteurs sur des scientifiques qui prônent le scepticisme, l'absence de preuve, la nécessité de mener de nouvelles études... Entre 1975 et 1980, l'association aura dépensé 655 000 dollars en études conçues pour "maintenir la recherche comme principal support de défense de l'industrie", est-il écrit dans un document interne. Des études sont même commandées pour rechercher si le sucre stimule la sérotonine, et pourrait donc agir comme remède contre la dépression.

L'association se lance également dans une bataille contre les édulcorants utilisés dans les produits light, de plus en plus prisés par des Américains soucieux de leur poids. Avec succès : le cyclamate est par exemple interdit par la FDA en 1969, sur la base d'une étude sur des rats dont les preuves, a-t-il été établi plus tard, ne valent rien pour les humains. L'industrie n'hésite pas, enfin, à promouvoir le sucre comme moyen de contrôler, voir de perdre du poids. (Ci-dessous, une publicité publiée par Mother Jones : "Si le sucre fait tellement grossir, comment se fait-il que tant d'enfants soient minces ?" Et, plus bas : "Le sucre n'a pas seulement bon goût, c'est aussi un bon aliment".)

 

Promotion de la consommation de sucre.

 

Les efforts de l'Association du sucre se voient en tout cas couronnés d'un certain succès : après ce "revirement" du milieu des années 1970, la consommation de sucre repart significativement à la hausse aux Etats-Unis. Le nombre de cas de maladies chroniques aussi. La FDA souligne que le sucre "est généralement reconnu comme sûr". Et jusqu'à aujourd'hui, nul consensus ne se dégage sur les impacts sanitaires de ce produit, note Mother Jones.

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 16:19

 

Le Monde.fr | 31.10.2012 à 16h48 • Mis à jour le 31.10.2012 à 17h07 Par Jean-Baptiste Chastand

 

 

Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans inscrits à Pôle emploi a augmenté de 2,3 % en septembre 2012, contre 1,9 % en moyenne.

D'ici à janvier, les premiers demandeurs d'emplois devraient connaître les nouvelles modalités d'accompagnement dont ils pourront bénéficier au Pôle emploi. Le Monde s'est procuré un document de travail de l'organisme, qui doit être présenté le 8 novembre en comité central d'entreprise (CCE), et qui détaille les modalités de mise en œuvre du plan stratégique 2015. Ce plan, présenté en juin, prévoit que chaque chômeur soit accompagné de manière différente selon son éloignement de l'emploi.

 

Lire aussi : Ce qui va changer au Pôle emploi


Les chômeurs les plus en difficulté bénéficieront d'un "suivi renforcé" avec des conseillers n'ayant pas plus de 70 demandeurs d'emploi dans leur portefeuille. Les autres se répartiront entre le "suivi guidé" ou un simple appui à la recherche d'emploi, potentiellement uniquement sur Internet, pour les chômeurs considérés comme les plus proches de l'emploi. Jusqu'ici, tous les chômeurs doivent officiellement être reçus tous les mois par leur conseiller : un objectif qui n'a jamais été atteint dans les faits.

Le document de travail du Pôle emploi prévoit que ce nouveau dispositif soit installé progressivement par région à partir de janvier. La direction du Pôle emploi ne précise pas selon quel rythme, refusant tout commentaire sur son document de travail avant la tenue du CCE. Dans chaque agence, les conseillers disposeront d'une "période préparatoire" de six semaines pour répartir les chômeurs qu'ils suivent actuellement entre les trois catégories.

 

 PAS DE RENDEZ-VOUS SYSTÉMATIQUE

C'est ensuite la direction de l'agence qui déterminera la répartition définitive, qui dépendra naturellement des forces dont elle dispose. Chaque conseiller sera ensuite chargé d'un type d'accompagnement particulier. Il n'est pas prévu que les chômeurs soient systématiquement reçus avant d'atterrir dans l'une ou l'autre des catégories ; "le conseiller informe ces demandeurs d'emploi, au fil de l'eau", y compris par courriel, est-il ainsi simplement prévu dans le document.

Pour les nouveaux inscrits, l'orientation devrait se faire après le quatrième mois au chômage, à l'occasion d'un entretien. Pour les demandeurs d'emploi "présentant des situations particulièrement complexes", cette orientation pourra toutefois se faire "exceptionnellement" juste après l'inscription. Au 9e mois de chômage, un nouvel entretien permettra de réorienter les chômeurs dans l'une ou l'autre des catégories. La majorité des chômeurs devraient atterrir dans la catégorie intermédiaire, environ 175 000 dans le suivi renforcé, et le reste dans le suivi le plus léger fait essentiellement de manière dématérialisée.

Quels seront les critères qui détermineront l'orientation des chômeurs dans chacune des catégories ? Le document de la direction avance une analyse basée sur plusieurs compétences telles que "la maîtrise des outils informatiques" ou la "capacité à se déplacer". Mais aussi des critères plus flous comme "la vision objective de sa situation", le "rapport à l'urgence" ou la "capacité à anticiper les gains de ses démarches". Une grande marge de manœuvre devrait être laissée aux conseillers, même s'ils disposeront tous d'un outil de diagnostic automatisé basé sur la situation de chaque demandeur d'emploi.

Jean-Baptiste Chastand

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 17:56

 

LE MONDE | 29.10.2012 à 14h43 • Mis à jour le 30.10.2012 à 11h13 Par Gilles van Kote

 

 

On savait l'Everest souillé par les déchets des expéditions, on connaissait les continents de morceaux de plastique en suspension qui se sont formés au gré des gyres océaniques, ces courants formant de gigantesques spirales. Une étude allemande mise en ligne mi-octobre par la revue scientifique Marine Pollution Bulletin montre que même les profondeurs de l'océan Arctique ne sont pas à l'abri des déchets de toutes sortes.

Melanie Bergmann est biologiste à l'Institut Alfred-Wegner pour la recherche polaire et marine (AWI). Elle étudie les animaux vivant en eaux profondes autour de la station d'observation de l'AWI installée dans le détroit de Fram, qui sépare le Groenland de l'archipel norvégien du Svalbard, à la limite de l'océan Arctique . "Un jour, en regardant les photos prises par nos robots sous-marins, à 2 500 m de profondeur, j'ai eu le sentiment qu'il y avait plus de déchets que par le passé, raconte-t-elle. J'ai voulu en avoir le coeur net." La biologiste et son confrère Michael Klages ont étudié 2 200 clichés pris entre 2002 et 2011. Conclusion : la densité de déchets est passée de 3 635 à 7 710 par km2, une concentration comparable à celle enregistrée dans un canyon sous-marin de la région de Lisbonne, au Portugal.

Selon les chercheurs, la fonte de la banquise pourrait être une des explications du phénomène. "La glace de mer agit comme une barrière naturelle, qui empêche les vents d'entraîner les déchets terrestres jusqu'à la mer et les bateaux de fréquenter ces contrées", avance Mélanie Bergmann. Le recul de la banquise a fait exploser la fréquentation de la région par les navires de pêche, et les opérations de nettoyage menées sur les côtes du Spitzberg, la principale île du Svalbard, ont montré que les déchets récupérés provenaient en majorité de ces embarcations. "Nous avions même trouvé un chalut", se souvient François Galgani, responsable de projets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), qui a travaillé en 2004 avec l'AWI. L'océanographe voit une autre explication à la concentration de déchets dans le détroit de Fram : "Un courant qui remonte le long des côtes norvégiennes et transporte les déchets depuis la mer du Nord."

"LES DÉCHETS SE COMPTENT SÛREMENT PAR MILLIONS"

Plus de la moitié (59 %) des déchets identifiés par les chercheurs de l'AWI sont des morceaux de plastique. "Nous avons repéré des éponges empêtrées dans des sacs plastiques, des anémones de mer fixées sur des morceaux de plastique, de carton ou de corde.", se désole Melanie Bergmann. A cette profondeur, impossible d'envisager une campagne de nettoyage. "A l'échelle d'un bassin océanique, les déchets se comptent sûrement par millions, estime M. Galgani. Il y a quelques années, on avait même envisagé d'aller voir au pôle Nord. Il faudrait demander aux Russes, qui ont planté [en 2007] un drapeau au fond de l'océan, à la verticale du pôle, s'ils n'y ont pas aussi trouvé quelques déchets."

Gilles van Kote

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 12:50

 

 

Agoravox - samedi 18 février - par PROVOLA

Partenariat public-privé : la mort programmée de l’Etat

 

 

Avant de partir en vacances, De Funès aura quand même réussi a refiler de gros projets d’infrastructures aux petits amis des BTP. On clame sur tous les toits que l’Etat n’a plus les moyens de financer de tels projets, et le pire c’est que tout le monde le croit. De qui se moque -t-on ? l’Etat n’aurait donc plus les moyens de financer les opérations les plus rentables qui affolent les papilles des privés, il lui reste dons les moyens de financer les bénéfices des actionnaires de grands investisseurs privés, car ceux-ci ne sont pas des philanthropes. L’Etat a donc les moyens de payer largement les copains du pouvoir et aussi mais surtout, tout ce qui n’est pas rentable, que les privés évitent soigneusement, belle façon de concevoir la politique. Alors évidemment en procédant de la sorte comment ne pas augmenter la dette de l’Etat, ce qui permet d’expliquer après que l’Etat ne sait pas gérer ? Demandez-donc à Bouygues l’Auvergnat de prendre en charge la ligne SNCF Aurillac-Brive et nous verrons bien si les privés sont meilleurs du coté des pertes assurées.

Le dernier en date de ces pièges à cons, c’est le nouveau Palais de justice de Paris signé Renzo Piano, le même qui avait laissé un tas de tuyaux en plein centre ville il y 35 ans . Une tour de 160 m de haut, un bijoux de haute technologie financée soi-disant par Bouygues ( A qui on avait déjà attribué TF1 et le troisième opérateur de téléphonie mobile) mais en réalité par l’Etat, à crédit, sur 27 ans. Le coût de la construction est de 575 millions d’euros, Bouygues finance la construction, en assure l’exploitation et la maintenance pendant 27 ans moyennant 12,8 millions d’euros par an, l’Etat en sera ensuite propriétaire.

Le Palais de justice n’est que le dernier chantier pharaonique distribué aux majors du BTP également réparti, dont voici une liste non exhaustive :

Ministère de la Défense Paris :

 Bouygues construira le pharaonique ensemble du futur ministère de la défense sur le site de Balard, 16,5 hectares dans le 15earrondissement, au sud de Paris, entre la porte de Versailles et la Seine.

Pour le deuxième groupe français de BTP, le contrat dépasse 3 milliards d’euros, pour construire ou renover 467 000 m2 de bureaux qui accueilleront 9 300 salariés. Un contrat qui s’inscrit dans une procédure de Partenariat public-privé (PPP) particulièrement complexe pour un projet d’une telle ampleur. Bouygues investit la totalité des fonds, en retour de quoi le groupe touchera un loyer compris entre 100 et 150 millions d’euros – sans soute une somme intermédiaire qui sera fixée lorsque le groupe et le ministère auront peaufiné le contrat sur trente ans qui doit être signé en avril – payé par l’Etat pendant une durée contractuelle de 27 ans.

Une information judiciaire pour corruption et trafic d’influence est ouverte depuis février, portant sur d’éventuelles malversations lors de l’attribution du chantier du futur siège du ministère de la Défense à Paris, confirmant une information du « Canard enchaîné ».

La ligne de TGV Nîmes-Montpellier :

Le groupe Bouygues a « décroché » ce marché de 1,8 milliard d’euros et exploitera cette LGV pendant 25 ans.

À chaque major française du BTP la construction et l’exploitation d’une ligne ferroviaire à grande vitesse. Il y a deux ans, RFF (Réseau ferré de France) avait choisi Vinci pour réaliser la liaison entre Tours et Bordeaux. En janvier 2011, il avait confié à Eiffage le chantier entre Le Mans et Rennes. Il a désigné comme attributaire pressenti un groupement emmené par Bouygues pour mener à bien les travaux entre Nîmes et Montpellier. Un gros contrat à 1,8 milliard d’euros, mais beaucoup plus modeste que le Tours-Bordeaux (7,6 milliards) ou le partenariat public-privé entre Le Mans et Rennes (3,4 milliards). 

La nouvelle station d’épuration d’Achères :

En compagnie d’autres entreprises comme Degrémont, Veolia Eau a été choisi par le SIAAP pour réaliser la refonte de la filière de traitement biologique de l’usine Seine Aval. Le contrat attribué au groupement représente un montant total de 776,7 millions d’euros, le plus important signé par OTV depuis sa création, 25% du chiffre d’affaires global lui revenant.

Deuxième plus grande station du monde derrière celle de Chicago, et plus grande station d’épuration d’Europe, la station d’Achères dans les Yvelines du Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne, a choisi la filiale de Veolia Eau Solutions & Technologies pour 3 missions principales. OTV assurera le pilotage du projet et de l’ensemble des acteurs du groupement Biosav (architectes, bureaux d’études, génie civil et entreprises de process de traitement des eaux usées), la conception-construction des ouvrages, et enfin la fourniture de process de traitement.

Le groupement d’entreprises sélectionné est composé d’OTV, Degrémont SAS, Eiffage TP, GTM TP, SOBEA, avec la contribution des architectes Luc Weizmann et Dominique Lelli. La mise en route des nouvelles installations est prévue à l’horizon 2017.

les prisons : « La modernisation de notre système pénitentiaire est en marche. Le contrat que nous allons signer s’inscrit dans cette politique, il permet de concevoir la prison de demain », avait estimé en 2008 Rachida Dati alors Garde des sceaux en présentant le contrat qui déléguait à Bouygues à la fois la conception, le financement, la construction, la maintenance et la gestion des services dans les 3 nouvelles prisons qui ont été construites à Nantes, Lilles et Réau (Seine et Marne).
Aux termes de ce contrat, l’Etat deviendra propriétaire des prisons après 27 ans. Il paye entretemps un loyer de 48 millions d’euros annuels pour les trois établissements au leader mondial du BTP.
Bouygues gère la restauration, la blanchisserie, l’entretien et le nettoyage mais prend aussi en charge la formation professionnelle ou le travail pénitentiaire et participe à l’accueil des familles.

les hôpitaux :

2006 : signature par Xavier Bertrand d’un contrat de partenariat public-privé (PPP) pour la construction du Centre hospitalier sud-francilien, regroupement des hôpitaux de Corbeil-Essonnes et d’Évry-Courcouronnes.

Janvier 2011 : livraison de l’établissement ; 8.000 malfaçons sont constatées. L’ouverture prévue en mai est repoussée.

30 juin 2011 : le conseil de surveillance réclame la sortie du partenariat public-privé.

Le montant annuel du loyer réclamé par Eiffage (38,8 millions d’euros durant trente ans, période au terme de laquelle l’hôpital deviendra propriétaire de ses locaux) paraît soudain exorbitant. Tout comme le coût total de l’opération : 1,2 milliard d’euros alors que, selon un rapport très sévère de la chambre régionale des comptes, « le recours à une maîtrise d’ouvrage publique financée par l’emprunt » n’aurait pas dépassé 760 millions d’euros.

les concessions d’autoroutes : le pire scandale qui soit , Villepin un an après avoir juré qu’il ne privatiserait jamais, le fait sans vergogne en 2005 pour une bouchée de pain. Il ne s’agit pas en l’occurence d’un véritable partenariat public-privé mais bien carrément d’un cadeau public à certains privés triés sur le volet.

Continuez à circuler, les sociétés d’autoroute vous font les poches mais il n’y a rien à redire ! La publication dans Marianne d’un rapport assassin de la Cour des comptes consacré au réseau ASF, filiale de Vinci avait suscité un remarquable silence. Et pourtant, il y a de quoi dire. Non seulement en 2005, Villepin avait offert à un vil prix ASF à Vinci, mais depuis, le concessionnaire augmente allégrement les tarifs sur la base d’une grille tarifaire « opaque » et « illégitime ». Vinci, s’en met plein les fouilles sur le dos des automobilistes mais aussi de l’Etat, avec la complicité de l‘…Etat. « L’équilibre de la concession n’est interprétée qu’à sens unique, en faveur du concessionnaire(…)Le risque d’un déséquilibre en sens contraire, c’est-à-dire de profits excessifs dans l’exercice d’une mission de service publique, n’est pas pris en compte », condamne le rapport de la Cour des comptes.

Le Grenelle de l’environnement de Borloo et Kosciusko-Morizet y met du sien en finançant les compagnies privées concessionnaires pour améliorer la fluidité du trafic aux péages, les voitures qui sont obligées de freiner aux péages polluent beaucoup ; l’idée est donc de remplacer les opérateurs par des systèmes automatiques qui favorisent la fluidité du trafic. L’Etat règle la note de la « modernisation », on appelle ça de l’écologie, ce qui permet aux privés de licencier le personnel qui se retouve au chomage au frais…de l’Etat.

N’en jetez plus, la coupe est pleine, les caisses sont vides, celles de l’Etat.

 

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 19:03

 

 

Bastamag - Par Agnès Rousseaux (24 octobre 2012)

 

 

Un centre de recherche d’un nouveau genre s’apprête à mener ses premières expériences. Implants de nanotechnologies dans le cerveau, neurostimulation, « médecine régénérative », jusqu’à des technologies pouvant changer le comportement : tels seront les recherches menées à Clinatec, à Grenoble, sur des patients volontaires. Une certaine opacité entoure ce projet, résultat d’une alliance entre industrie nucléaire, « start-up » de nanotechnologies et neurochirurgiens. Comment seront encadrées ces recherches ? Quel contrôle sera exercé sur leurs applications commerciales et industrielles ? Basta ! a mené l’enquête.

 

 

C’est une « clinique expérimentale » où l’on teste des dispositifs électroniques implantés dans le cerveau. Baptisée Clinatec, cette neuro-clinique, pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, travaille sur les applications des nanotechnologies dans le champ des neurosciences, en particulier sur les maladies neurodégénératives, comme Parkinson. Mais difficile de savoir ce qui s’y passe vraiment : une certaine opacité entoure ses activités. Cas unique en France, l’établissement est situé en dehors du milieu hospitalier, sur un terrain du CEA dont certains bâtiments sont soumis au secret défense.

Au sein de Clinatec, on parle interface cerveau-machine, neuro-stimulation profonde, nano-implants dans le crâne. Ces dispositifs médicaux inédits seront testées d’ici quelques mois sur des patients. Cette alliance entre l’industrie nucléaire, celle des nanotechnologies et des chercheurs en neurosciences augure mal du nécessaire contrôle démocratique qui devrait encadrer le périlleux usage de ces sciences pour le moins futuristes. Car les nanotechnologies ne sont pas sans poser de nombreux problèmes (lire nos articles à ce sujet). A Clinatec, serait-on en train d’inventer en toute discrétion l’homme bionique de demain, bardé d’électrodes et surveillé par des capteurs ?

 

Des implants cérébraux contre la dépression ou l’obésité

Point commun de ces recherches : le développement de dispositifs médicaux implantés dans le corps humain. Tel ce kit de stimulation électrique du cerveau qui permet d’atténuer les effets de la maladie de Parkinson. Une sorte de pace-maker cérébral. Plus de 40 000 malades dans le monde ont déjà été « implantés », selon une technique développée par le professeur Alim-Louis Benabid, l’un des concepteurs du projet Clinatec. L’objectif est aujourd’hui de développer des techniques moins invasives, de taille réduite, grâce aux micro et nanotechnologies. Autre exemple : des neuroprothèses, pour permettre à des patients tétraplégiques de contrôler un bras robotisé, via des électrodes implantées dans le crâne. Ou de se mouvoir grâce à un exosquelette motorisé.

Clinatec est le résultat d’un partenariat entre le CEA, le CHU de Grenoble et l’Inserm. Le projet est porté par Jean Therme, directeur du CEA de Grenoble [1] et par le neurochirurgien Alim-Louis Benabid [2], actuellement conseiller scientifique au CEA. Clinatec s’inscrit dans le prolongement des travaux du neurochirurgien sur la stimulation cérébrale profonde et la maladie de Parkinson. Mais le champ de recherche s’élargit : épilepsie, troubles mentaux, troubles obsessionnels compulsifs (Toc)... Le directeur de Clinatec, François Berger, professeur de médecine [3], évoque la possibilité de traiter l’obésité ou l’anorexie par la neuro-stimulation [4]. Et peut-être, demain, la dépression.

 

 

Ces champs de recherche inédits, avec des technologies dont on ne maîtrise pas les conséquences, ne semble pas émouvoir outre mesure les pouvoirs publics. L’Agence régionale de santé (ARS) a délivré une autorisation en 2010 pour l’ouverture de Clinatec. Après une visite de contrôle, le 16 avril 2012, un arrêté autorise l’activité du centre en tant que « lieu de recherches biomédicales dédiées aux applications des micro-nanotechnologies à la médecine ». Une définition bien vague. Qu’importe, les recherches peuvent commencer. Se feront-elles de la même opacité que celle qui entoure l’élaboration du projet dès son origine ?

 

Geneviève Fioraso, ministre de Clinatec

La construction de Clinatec est lancée en 2008 avec une « procédure restreinte » : le CEA en tant qu’organisme de droit public classé défense n’est pas soumis au Code des marchés publics. Le culte du secret est fortement critiqué par ses détracteurs. Pourquoi faire de la recherche clinique en dehors d’un hôpital ? Quel est le statut de Clinatec ? A-t-il un comité d’éthique ? Qui compose son « directoire », dont font partie François Berger et Alim-Louis Benabid ?

« Nous n’avons pas voulu parler du projet tant que nous n’avions pas l’autorisation (de l’ARS, ndlr), répond aujourd’hui François Berger, interrogé par Basta !. Nous commençons tout juste à communiquer. Nous avons aussi décidé de ne pas faire une communication de science-fiction, mais d’être plus humbles sur ce qu’on fait à Clinatec. » Après l’opacité, le temps de la transparence ?

Le projet Clinatec est ardemment soutenu par la ville de Grenoble. Son maire, Michel Destot (PS), en est un fervent partisan. Rien d’étonnant : ancien ingénieur du CEA, il a aussi dirigé une start-up née dans le giron de celui-ci. En tant que maire, il préside depuis 1995 le CHU de Grenoble, autre acteur clé de Clinatec. Lors des dernières élections municipales, le Professeur Alim-Louis Benabid figure sur sa liste. Le chercheur a également présidé le comité de soutien de Geneviève Fioraso, alors adjointe à la Ville de Grenoble, lors des dernières législatives.

 

Clinatec, rêve des ingénieurs du nucléaire

Geneviève Fioraso : l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur la Recherche, chargée de l’« innovation » dans l’équipe de campagne de François Hollande, est une autre actrice clé de Clinatec. La société d’économie mixte qu’elle préside, la SEM Minatec entreprises, accueille Clinatec sur son pôle d’activité. Son concubin, Stéphane Siebert, est directeur adjoint du CEA Grenoble. « Destot, Fioraso, Siebert, c’est le CEA dans la mairie, Fioraso à l’enseignement supérieur, c’est le CEA au ministère », analyse l’écologiste grenoblois Raymond Avrillier.

« Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons », confie Geneviève Fioraso [5], à propos de Jean Therme. Directeur du CEA Grenoble, il est le concepteur de Clinatec. Un « rêve » débuté le 2 juin 2006 dans son bureau, en présence d’Alain Bugat, ingénieur général de l’Armement [6], alors administrateur général du CEA, et de Bernard Bigot alors haut-commissaire à l’énergie atomique (et aujourd’hui vice-président du Conseil de surveillance d’Areva et administrateur général du CEA) [7]. Ce rêve caressé par les hommes du nucléaire, civil et militaire, se muera-t-il en cauchemar pour la démocratie ?

 

Secret industriel ou secret défense ?

Des élus locaux de poids, le CEA, l’argument de l’innovation : c’est donc sans surprise que le projet est financé par un contrat de plan entre État et région. Plus de 20 millions d’euros sont abondés par l’État et les collectivités [8]. La municipalité de Grenoble participe à hauteur de 2,2 millions d’euros. Sans information ni approbation du Conseil municipal, tempêtaient en 2009 les élus écologistes, qui ont publié un dossier complet sur Clinatec. Malgré leurs demandes répétées et un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs, ces élus affirment n’avoir obtenu en deux ans d’enquête qu’un seul document de la part des services de l’État. Motif : secret industriel ou secret défense.

 

 

Trois ans plus tard, les chercheurs peuvent désormais officier. Mais avant le lancement des essais cliniques, un autre feu vert doit être donné par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi qu’un Comité de protection des personnes (CPP), comme le veut la loi sur la recherche biomédicale. Problème : du côté de l’ANSM et des CPP de la région Rhône Alpes, personne n’a vu passer de demande d’autorisation. « Normal », répond la responsable du pôle recherche du CHU de Grenoble : « Il n’y a pas de projets de recherche clinique en cours. »


Premiers patients en février 2013

Les recherches en seraient au stade de « projets de projets », pas encore aux « protocoles de recherche » ou aux essais cliniques. Une date est-elle prévue pour l’accueil de patients ? « Aucun calendrier n’est fixé », répond la responsable du CHU. Visiblement les questions ne sont pas les bienvenues. « La date d’inauguration de Clinatec est le secret le mieux gardé de Grenoble », ironise de son côté le collectif grenoblois Pièces et Main d’œuvre (PMO), très opposé au projet (lire notre entretien).

Selon l’arrêté de l’Agence régionale de santé d’avril 2012, les recherches biomédicales doivent cependant être entreprises dans l’année, sinon l’autorisation devient caduque. Le lieu est opérationnel, confirme-t-on au CHU, et « des projets de l’hôpital pourraient basculer sur ce site ». Par exemple ? Un « réglage de machines sur volontaires sains »… Le premier protocole de recherche – non-thérapeutique – est prévu pour mi-novembre, confirme François Berger, à Basta !. Une cinquantaine de personnes travaillent déjà à Clinatec, précise son directeur. Les premiers protocoles chirurgicaux sur des patients sont prévus pour février-mars 2013. Reste à obtenir les autorisations.

 

Bloc opératoire du futur

Ingénieurs et médecins seront donc réunis dans un même bâtiment sécurisé de 6 000 m2 [9], qui n’est pas un établissement hospitalier. Avec une mission commune : placer des nanos dans la tête de patients-cobayes. Ils bénéficieront de moyens conséquents : labos de recherche, zones expérimentales pré-cliniques, blocs opératoires et même une animalerie pour fournir des cobayes – rats, mini porcs et primates – avant les tests sur les humains.

 

 

Ceux-ci séjourneront dans une « salle d’opération du futur où médecins et technologues uniront leurs compétences », et six chambres d’hospitalisation. Pour que médecins et ingénieurs puissent se comprendre, « il faut que les ingénieurs soient présents dans le bloc opératoire jusqu’à la fin », plaide François Berger. Les innovations « seront testées sur des patients volontaires qui auront donné leur consentement éclairé », décrit Clinatec, précisant que les « activités médicales et chirurgicales de CLINATEC® relèvent des chercheurs et des chirurgiens d’organismes de recherche (Inserm) ou de CHU ». Et non du Commissariat à l’énergie atomique. Les patients apprécieront.

 

« Transfert de connaissances à l’industrie »

Mener des recherches, y compris sur des êtres humains avec des technologies à risques, est une chose. En commercialiser les applications pour l’industrie en est une autre. Cette frontière entre essais cliniques et applications industrielles existe-t-elle à Clinatec ? Le centre est un « hôtel à projets, ouvert aux collaborations académiques et industrielles ». L’infrastructure peut être louée pour des recherches publiques comme privées. Clinatec est décrit comme permettant le « transfert de connaissances et de savoir-faire à l’industrie » [10] et présenté comme un partenariat public-privé exemplaire. En intégrant en un même lieu toutes les compétences nécessaires, les promoteurs du projet espèrent « accélérer le processus de transfert des technologies vers le patient ». Via l’industrie pharmaceutique ou médicale.

Avant même que les travaux ne commencent, les possibilités de débouchés économiques semblent assurés. Le Laboratoire d’électronique et de technologies de l’information (Leti) du CEA Grenoble, dont dépend Clinatec, est particulièrement attaché aux collaborations étroites avec le secteur privé. Son slogan ? « L’innovation au service de l’industrie ». Son objectif ? Contribuer à « renforcer la compétitivité de ses [365] partenaires industriels ». Le Leti se targue d’être l’un des instituts de recherche les plus prolifiques au monde en matière de start-up technologiques. La proximité géographique de Clinatec avec les entreprises du site – Siemens, Philips, Thales, Bio-Mérieux, Becton Dickinson ou Sanofi Aventis – semble assurément un atout pour accélérer le transfert de ces innovations nano-médicales !

 

Quels débouchés commerciaux ?

Une société états-unienne, Medtronic, commercialise déjà les « kits de stimulation cérébrale neurologique profonde » à destination des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Un système qui est l’aboutissement travaux du professeur Alim-Louis Benabid. La firme, surnommée « le Microsoft des implants médicaux » selon PMO, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 16,2 milliards de dollars, sans doute grâce à la nouvelle version de son stimulateur neurologique [11].

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© Medtronic / Dossier de presse Clinatec

Grâce à cet implant, les patients peuvent améliorer leurs facultés de parole ou de mobilité. Mais il ne faut pas se tromper de programme, la stimulation de la fonction « parole » pouvant entraver la mobilité et réciproquement [12] ! Cette technologie reste à risque : mal implantée, elle peut provoquer le coma, voire le décès du patient.

 

Du traitement de Parkinson à la « médecine régénérative »

« La définition de nouvelles voies pour la médecine de demain implique une nouvelle culture de la recherche », précise le dossier de présentation de Clinatec. On espère aller bien au-delà de ces premières utilisations. Les chercheurs travailleront principalement sur la neurostimulation, l’administration localisée de médicaments (grâce à des pompes situées dans le corps par exemple) ou la suppléance fonctionnelle (des machines qui prennent le relais de fonctions défaillantes). Ils pourraient se pencher également sur la stimulation magnétique pour lutter contre la dépression.

On s’aventure ici beaucoup plus loin que le traitement des mouvements incontrôlés de la maladie de Parkinson. Il s’agit de stimuler par des électrodes le circuit cérébral de la récompense, comme le montrent des expériences menées en Allemagne sur le traitement de la dépression sévère. A Grenoble, on n’en est qu’à la recherche théorique, pas encore aux essais cliniques sur ce sujet, précise François Berger. Aurons-nous bientôt des implants cérébraux pour effacer nos mauvais souvenirs, stimuler notre jovialité, ou changer notre perception du monde ?

En 2008, le directeur du centre pointait une autre application possible : l’utilisation d’implants pour une « médecine régénérative ». La neurostimulation débuterait avant l’apparition des symptômes, pour ralentir le processus dégénératif. Elle « devrait alors être beaucoup plus précoce, peut-être pré-clinique, dans l’hypothèse où l’on disposerait de bio marqueurs, ce qui ne manquerait pas de poser des problèmes éthiques [13]  », admet François Berger... Imaginez des électrodes implantés dans le cerveau à la naissance, qui s’activeront pour prévenir le vieillissement.

 

« On peut changer la personnalité de quelqu’un »

« Avoir des outils implantés qui traiteront la maladie avant qu’elle n’apparaisse peut aussi être un avantage, même si cela a un côté impressionnant », argumentait François Berger devant les parlementaires. « C’est vrai qu’un des buts de la nanomédecine est de ne pas avoir à réparer. (...) À travers la nanomédecine, on dressera une nouvelle frontière entre le normal et le pathologique. Il faudra être extrêmement prudents. Il s’agit de décisions de société », prévient le directeur de Clinatec [14].

Qu’en pense son collègue Alim-Louis Benabid ? « Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens », aurait-il déclaré en janvier [15]. Pour l’Union syndicale de la psychiatrie, pas de doute : « La création de Clinatec constitue manifestement un pas de plus dans une fuite en avant techno-scientiste qui n’a d’autre finalité que de contrôler les populations, en réduisant l’homme à son cerveau, à son comportement, à son utilité, à sa docilité. »


Quid du principe de précaution ?

Clinatec incarne donc une « nouvelle culture de la recherche » aux implications sans précédents pour l’être humain, qui vise de surcroît à « accélérer » le transfert de ces technologies à l’industrie. Un double objectif loin d’être compatible avec le principe de précaution. « Le clinicien que je suis ne peut cependant que lancer un cri d’alarme : attention au principe de précaution. Trop de régulation tue l’innovation thérapeutique », déclarait ainsi François Berger lors d’une audition par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. « A l’évidence, les citoyens ont peur », constatait le chercheur, qui salue l’organisation de conférences pour donner aux chercheurs « la possibilité d’éduquer des citoyens » sur le sujet.

« Faire croire que l’on imposerait un "nanomonde" totalitaire à la population sans débat préalable relève non seulement de la manipulation mensongère mais aussi d’une forme de paranoïa politique bien connue, qui s’appuie sur la théorie du complot, la haine des élites (sic), des élus, des responsables », lançait le maire de Grenoble Michel Destot, lors de l’inauguration du pôle Minatec en 2006. « On parle beaucoup de principe de précaution pour les domaines où l’on ne voit pas très clair, où les scientifiques ne peuvent prendre position. L’application de ce principe conduit à mon sens à l’inaction et à l’immobilisme, ce qui ne me semble pas le meilleur choix », estime l’élu, qui semble préférer l’action et le volontarisme – indéniable en matière nucléaire... – du CEA en la matière. Tout questionnement philosophique et éthique serait-il assimilé à de la craintive inertie ?

 

Des bugs dans le cerveau

Implanter des électrodes dans le cerveau n’est cependant pas sans danger : « Une mauvaise localisation de l’électrode risque aussi de provoquer des rires ou, au contraire, des états de tristesse », pointe François Berger [16]. Et la technique pas tout à fait sûre : des chercheurs de l’entreprise d’informatique McAfee ont découvert le moyen de détourner une pompe à insuline installée dans le corps d’un patient. Ils pouvaient injecter d’un coup l’équivalent de 45 jours de traitement... D’autres ont montré la possibilité de reprogrammer à distance un défibrillateur implanté. Et les bugs informatiques de ces dispositifs médicaux ne sont pas rares [17].

Un hacker aurait même trouvé le moyen de pirater à distance les pacemakers, et de provoquer des chocs électriques mortels en réécrivant le code informatique... Imaginez les conséquences sur le cerveau ! Medtronic, principal fabricant de stimulateurs neurologiques, conseille d’éviter les portiques de sécurité des aéroports, et prévient que le neurostimulateur peut s’allumer ou s’éteindre lorsqu’il se trouve à proximité de petits aimants permanents, comme ceux des haut-parleurs ou des portes de réfrigérateur.

 

Une version high tech de l’électrochoc ?

La nano-miniaturisation de ces dispositifs les rendra-t-il plus sûrs ? Ou au contraire plus incontrôlables ? Dans la course aux nanotechnologies [18], des projets comme Clinatec sont présentés comme des symboles de l’excellence française. Que nous réserve le passage de la médecine actuelle, basée sur l’anatomie et les symptômes, à la nano-médecine « régénérative » ? Où se situe la limites entre médecine et « augmentation » humaine, chère aux transhumanistes ? Jusqu’où peut-on plonger dans le cerveau ?

Et est-il souhaitable de traiter les symptômes plutôt que les facteurs environnementaux des maladies neurodégénératives ? La neurostimulation, « corrige les symptômes, et non la pathologie. Autrement dit, comme le reconnaît Benabid lui-même, les électrodes ne soignent pas. Appliquées aux souffrances psychiques, elles ne sont que la version high tech de l’électrochoc, analyse le collectif Pièces et Main d’œuvre. Peu importe la cause de la dépression, de l’addiction, du désordre alimentaire, des TOC : envoyez la bonne fréquence et n’en parlons plus. »


Choix de société

Si ces techniques ont permis de rendre la vie de malades de Parkinson plus facile, les risques de dérive n’en sont pas moins immenses. Les neuroprothèses liant homme et machine existe depuis quelques décennies. Mais « la miniaturisation due aux nanotechnologies promet un saut qualitatif inédit », résume PMO. L’utilisation des nanotechnologies est d’ores et déjà envisagé « à des fins agressives, qu’elles soient militaires, ou consuméristes », pointait en 2007 le Comité Consultatif National d’Ethique. « Investir sans réflexion sociétale, sans conscience de la dignité humaine, avec une sorte de naïveté, dans un environnement et une médecine qui produiraient a priori le bien être et la santé par les nanotechnologies aboutirait de façon paradoxale à "exiler l’homme de lui-même". »

Des inquiétudes que ne semblent pas partager les promoteurs de Clinatec. 60 000 personnes reçoivent chaque année en France un pacemaker pour leurs insuffisances cardiaques, explique le dossier de présentation de Clinatec, et « un nombre encore plus conséquent de personnes disposent de prothèses auditives et le port de lunettes est très largement répandu dans nos sociétés ». Pourquoi donc s’inquiéter d’un « dispositif médical » de plus ? Des lunettes aux nanoélectrodes dans le cerveau, il n’y aurait qu’un pas, suggèrent les promoteurs de Clinatec. Un pas que nous sommes en train de franchir, sans aucun débat.

 

Agnès Rousseaux

@AgnesRousseaux sur twitter

 

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Résumé du fonctionnement de Clinatec (dossier de présentation du CEA) :

Notes

[1] Les deux objectifs majeurs du CEA sont : « devenir le premier organisme européen de recherche technologique et garantir la pérennité de la dissuasion nucléaire », rappelle le dossier de présentation de Clinatec

[2] Alim Benabid est professeur émérite de l’Université Joseph Fourier, il a été Chef du service de neurochirurgie au CHU Grenoble de 1989 à 2004 et Directeur de l’Unité INSERM U318 de 1988 à 2007, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine.

[3] François Berger, Institut des neurosciences de Grenoble, équipe nano médecine et cerveau (INSERM- CEA)

[4] Audition devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du 7/11/06

[5] Source : Les Échos, 21/10/2008.

[6] Membre du conseil d’administration de DCNS, EDF et Cogema.

[7] Source : Le mensuel, journal interne du CEA, n°150, mai 2011, cité par PMO

[8] Une partie du financement est également apporté par la Fondation philanthropique Edmond J. Safra.

[9] Voir les détails donnés par l’architecte

[10] Notamment lors de colloques organisés sous égide de Nicolas Sarkozy et de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, en 2009 et 2010

[11] « Avec batteries sans fil rechargeables à travers la peau par induction (comme les brosses à dents électriques) », explique un site suisse sur la maladie de Parkinson. Ce dispositif est remboursé par la Sécurité sociale.

[12] « Les patients chez lesquels la stimulation permet une amélioration de la mobilité mais limite également la faculté de la parole peuvent passer, selon la situation, d’un programme "mettant l’accent sur le langage" (par exemple téléphoner, discuter) à un programme "mettant l’accent sur le mouvement" (par exemple marcher, écrire) » Source : Parkinson.ch.

[13] Source : Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Exploration du cerveau, Neurosciences : Avancées scientifiques, enjeux éthiques, Compte-rendu de l’audition publique du 26 mars 2008

[14] Audition devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, 7/11/06.

[15] Lors d’une présentation publique à Saint-Ismier, le 17 janvier 2012, propos rapportés par PMO

[16] Pour Luc Mallet, Psychiatre, chercheur au centre de recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), les observations sur les erreurs d’implantation ont montré, de façon décisive, la possibilité d’agir sur des comportements, des affects, des cognitions, en modulant de façon très précise de toutes petites zones au coeur du cerveau, les « ganglions de la base », alors que jusqu’à présent, on mettait en avant le rôle de ces petites structures dans la motricité. « La stimulation de zones très précises, par exemple, dans une petite zone qui s’appelle « noyau sous-thalamique », qui est toute petite (à l’échelle des millimètres), peut induire un état d’excitation et d’euphorie. » Source : Audition par le Sénat, le 29 juin 2011

[17] L’Organisation américaine de l’alimentation et des médicaments (FDA) s’est penchée sur le cas des pompes à perfusion qui auraient causé près de 20 000 blessures graves et plus de 700 morts entre 2005 et 2009, à cause d’erreurs de logiciels. Source

[18] Dans le cadre du Grand emprunt, l’État a investi un à deux milliards dans la micro-nanoélectronique

 

 

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 17:39

 

Créé le 23-10-2012 à 17h28 - Mis à jour le 24-10-2012 à 13h36

                                                                                                                                                                                                                          Les psychotropes, que les Français consomment massivement, ont des effets secondaires souvent méconnus. Dossier à lire dans "le Nouvel Observateur".

 

 

Médicaments (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Médicaments (PHILIPPE HUGUEN / AFP)
Sur le même sujet

 

La France est le deuxième consommateur d'anxiolytiques d'Europe après le Portugal. Elle en consomme 9 fois plus que les Allemands et que les Anglais. En 2010, 20% des Français ont consommé au moins une fois un anxiolytique ou un somnifère (benzodiazépine ou apparentée). Surprescrits, et la plupart du temps délivrés par les généralistes, ces médicaments de l'âme peuvent avoir des effets dévastateurs.

  • Antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine - ISRS) 

Les effets indésirables peuvent être multiples : agitation, anxiété, attaques de panique, insomnies, troubles sexuels, nausées, diarrhées, maux de tête. Ils apparaissent surtout pendant la première semaine de traitement. La sensation de bouche sèche est fréquente avec la molécule paroxétine (Deroxat, Divarius). La fluoxétine (Prozac), quant à elle, est responsable de signes extrapyramidaux (tremblements, rigidité, mouvements rares et lents) plus ou moins invalidants, dont un syndrome mimant la maladie de Parkinson. L’hyponatrémie (déficit de sodium dans le sang) est fréquente et grave pour la majorité des patients prenant des antidépresseurs. Il est aussi possible que survienne un syndrome sérotoninergique, auquel des manifestations d’ordre psychique (agitation, confusion,hypomanie, etc.), moteur (myoclonies, tremblements, hyperréflexie, rigidité…), végétatif (sueur, frissons…) et digestif (diarrhées) sont associées. Il existe enfin un risque de surdosage pour certains antidépresseurs.

 

  • Anxiolytiques et somnifères (benzodiazépines) 

Les benzodiazépines sont responsables d’une baisse de la vigilance, potentialisée par l’alcool. La sédation provoque des accidents (notamment chez les conducteurs d’engin, de voiture…). Des sensations de faiblesse, de fatigue, des impressions de vertige, de la dysarthrie, de l’ataxie, une confusion… ont déjà été rapportées. Dès 1989, l’effet délétère de ces médicaments sur la mémoire a été démontré. Cette amnésie antérograde existe avec toutes les molécules. Certaines benzodiazépines à demi-vie courte ont provoqué, souvent en association avec de l’alcool, un syndrome comprenant la triade automatisme-désinhibition-amnésie, entraînant des comportements soit automatiques, soit de soumission. A forte dose, une dépression respiratoire est possible, surtout aux âges extrêmes de la vie. Paradoxalement, nervosité et hyperexcitabilité sont décrites. Des effets indésirables rares ont été signalés : hallucinations, manies, hypotension, hypersalivation, sécheresse buccale, insomnie ou anxiété de rebond lors du sevrage d’un traitement au long cours confirmant la pharmacodépendance.

 

 

Tableaux réalisés par Nathalie Funès avec le professeur Marie-Christine Pérault, responsable du service de pharmacologie au CHU de Poitiers.

  • Lire l'intégralité du dossier "Somnifères, antidépresseurs, tranquillisants : vrais et faux dangers", et les extraits du livre "Psychotropes, l'enquête", dans "le Nouvel Observateur" du 25 octobre.

 

 

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:48

 


Médiapart - Blog - 25 octobre 2012 Par JJMU

 

 

Appel

Depuis le début de l’année 2012, de plus en plus de maires, pour la plupart UMP, se permettent d’interdire totalement la distribution de tracts et pétitions sur les marchés.


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Au lieu de les stopper net dans cet abus de pouvoir, le Conseil d’État a rendu le 17 avril une ordonnance surprenante (req. n°358495) considérant que cela « ne porte pas gravement atteinte aux libertés d’expression et de communication ».

Pourtant, ce serait réduire les marchés à la seule consommation. Alors qu’ils sont également, depuis l’agora antique, des lieux de débat public, d’échange d’informations et d’expression des contre-pouvoirs qu’ils soient politiques, syndicaux, associatifs…

Suite à cette ordonnance, les modifications de règlement des marchés et les arrêtés municipaux ne cessent de se multiplier et menacent de s’étendre grâce à la jurisprudence.

C’est pourquoi, par-delà nos différences, nous demandons instamment une modification de la législation pour rendre caduque cette ordonnance contraire à la libre circulation des opinions et des informations et, par conséquent à l’idée même de démocratie, quelle qu’en soit notre conception.

Faute de quoi, toute poursuite abusive contre des distributeurs de tracts ou de pétitions sera dénoncée, portée devant le Conseil Constitutionnel et, si nécessaire, la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Nous appelons dans toutes les communes les populations à être vigilantes et à ne pas accepter cette confiscation du pouvoir de s’exprimer librement et de s’informer mutuellement.

Jeudi 25 octobre 2012

Pétition MENACE SUR L’AGORA

Contact : menacesurlagora@netoyens.info

Tous les commentaires

Premiers signataires, 25 octobre 2012


Paul ARIÈS (rédac-chef de La vie est à nous ! Le Sarkophage), AUREL (dessinateur), Bernard BARTHUET (retraité, Parti de Gauche), Miguel BENASAYAG (philosophe, psychanalyse), BERTH (dessinateur), Fabrice BETIGNI (maraîcher bio, objecteur de croissance), BEZIAN (dessinateur), Jean-Jacques BOISLARROUSSIE (porte-parole des Alternatifs), Sébastien BOISTEL (journaliste au Ravi), Jean BOURDONCLE (formateur, animateur de médias d’information participatifs), Carole BOUTET (professeur de philosophie), Jean-Pierre BOUYXOU (écrivain), Carlos BRITO (dessinateur), Jean-Marie BROHM (professeur émérite des Universités), Dany BRUET (animateur de cafés-citoyens), Michel CAMBON (dessinateur), Etienne CHOUARD (site du Plan C, pour une Constitution d’origine Citoyenne), Véronique CLARYSSE (professeur de philosophie, Front de Gauche), Pierre CONCIALDI (économiste, chroniqueur à Siné-Mensuel), Eric COQUEREL (secrétaire national du Parti de Gauche, Conseiller Régional Ile-de-France), Bernard COTTAZ-CORDIER (Bureau national du Parti de Gauche), Annick 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culturel et citoyen à Marseille), Muriel PELCA (musicienne), Evelyne PERRIN (militante associative, Conseil Scientifique d’Attac), Serge PEY (écrivain, poète), Pascal POLISSET (instituteur, écrivain, Parti de Gauche), Jean-Bernard POUY (auteur Bakouninien), Pierre RAHBI (philosophe, expert international en agro-écologie), Jean-Marc RAYNAUD (éditeur, écrivain), Jean-Jacques REBOUX (écrivain), Xavier RENOU (Les désobéissants), Benoist REY (cuisinier, écrivain libertaire), ROUSSO (dessinateur), Jean-Jacques RUE (animateur et chroniqueur cinéma), François RUFFIN (reporter), Philippe SAVALLE (membre de l’organisation du Rassemblement des Glières, CRHA), SINÉ (dessinateur, fondateur de Siné-Mensuel), Eric SIRVIN (animateur de café-philo), Michel SITBON (éditeur), Vicky SKOUMBI (rédac-chef de la revue grecque Alitheia), Alice TABART (metteur en scène), TIGNOUS (dessinateur), Dominique TRICAUD (avocat), Aurélie TROUVÉ (coprésidente d’Attac), Serge UTGÉ-ROYO (chanteur), Gérard VALLEREY 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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:14

 

 

Le Monde.fr | 25.10.2012 à 12h02 • Mis à jour le 25.10.2012 à 13h51

Par Audrey Garric

 
 
L'exploitation minière, les fonderies de plomb, décharges industrielles et autres sites toxiques affectent la santé de quelque 125 millions de personnes dans 49 pays à faible et moyen revenus.

L'exploitation minière, les fonderies de plomb, décharges industrielles et autres sites toxiques affectent la santé de quelque 125 millions de personnes dans 49 pays à faible et moyen revenus. Une pollution industrielle dont l'ampleur et les conséquences sur la santé humaine sont encore méconnus, mais comparables avec celles du paludisme ou de la tuberculose, estime le rapport World's worst pollution problems, publié mercredi 24 octobre par l'ONG Blacksmith Institute en partenariat avec la Croix verte internationale.

L'enquête a passé au crible, pendant quatre ans, l'impact sur la santé publique des polluants industriels les plus répandus – plomb, mercure, chrome, amiante –, rejetés dans l'air, l'eau et le sol de 2 600 sites répartis dans la plupart des régions du monde.

Tous sont connus pour causer de graves dommages à l'homme. Selon le rapport, qui reprend des études de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le plomb compromet ainsi, entre autres effets néfastes, le développement neurologique des enfants et provoque des maladies cardio-vasculaires chez les adultes. Le chrome, classé cancérigène, peut causer des cancers du poumon s'il est inhalé. Le mercure endommage quant à lui les reins et affecte le développement neurologique chez les enfants. Enfin, l'amiante est responsable de mésothéliomes, de cancers du poumon et d'autres problèmes pulmonaires.

 

17 MILLIONS D'ANNÉES DE VIE PERDUES

Pour quantifier les effets de ces polluants sur les populations, le rapport a utilisé l'indicateur AVCI (Années de vie corrigées de l'incapacité, "Disability-Adjusted Life Years", en anglais), qui mesure les années de vie en parfaite santé qui ont été perdues, en effectuant la somme des années de vie potentielles perdues en raison d'une mortalité prématurée et des années productives perdues en raison d'incapacités. Les AVCI, utilisées notamment par l'OMS, permettent de comparer entre eux les différents types de risques pour la santé publique, en tenant compte à la fois de la gravité et de la durée d'une maladie donnée.

Résultat : 17 millions d'AVCI ont été attribuées aux polluants industriels. Un impact comparable, selon le rapport, avec celui des maladies les plus dangereuses au monde, à savoir le paludisme (14 millions d'AVCI), la tuberculose (25 millions) et le sida (29 millions).

"Nos chiffres sont toutefois probablement sous-estimés, dans la mesure où la plupart des effets sur la santé connus ou présumés sont impossibles à quantifier, faute de données démographiques et de capacités d'échantillonnage suffisantes dans de nombreux pays ou encore d'accès aux sites pollués", prévient le rapport.
 

Le recyclage des batteries au plomb constitue la première source de pollution industrielle dans le monde.

"Même si elle touche au moins 125 millions de personnes, la pollution demeure l'un des problèmes mondiaux les moins bien connus, déplore le Dr Stephan Robinson, spécialiste des pollutions à la Croix verte internationale, lors d'une conférence de presse. A juste titre, du temps et de larges ressources sont consacrés à s'attaquer au fardeau des maladies telles que la tuberculose et le paludisme. Mais ces actions des autorités locales et internationales éclipsent l'attention accordée aux sites toxiques, qui contribuent grandement à la mauvaise santé de la population mondiale."

Un impact confirmé par l'OMS, qui estime que les pollutions environnementales contribuent à 19 % de l'incidence du cancer dans le monde et sont responsables de 1,3 million de décès chaque année.

 

 LE RECYCLAGE DES BATTERIES, PIRE POLLUTION

Dans le détail, le rapport de Blacksmith a classé les dix industries les plus toxiques en fonction du nombre d'années de vie perdues :

1) Le recyclage des batteries au plomb (4,8 millions d'AVCI perdues).
2) La fusion du plomb (2,6 millions).
3) Les mines et le traitement des minerais (2,5 millions).
4) Les opérations de tannerie (1,93 million).
5) Les décharges de déchets industriels et ménagers (1,23 million).
6) Les zones industrielles (1,06 million).
7) L'exploitation minière artisanale de l'or (1,021 million).
8) La fabrication de produits industriels (électroniques, batteries ou encore revêtements métalliques) (786 000).
9) La fabrication de produits chimiques (765 000).
10) L'industrie textile (430 000).

Portées par la demande toujours plus importante de produits technologiques, essentiellement dans les pays développés, ces industries sont en croissance. La production mondiale de plomb a ainsi augmenté de 10 % l'an dernier, à 4,5 millions de tonnes, essentiellement en Chine, en Inde et au Mexique.

"Des quantités croissantes de plomb sont recyclées. Mais souvent, le recyclage est réalisé dans des installations non contrôlées ou mal maîtrisées, de manière informelle, parfois même chez les habitants, ce qui fait du retraitement du plomb un problème majeur dans de nombreux pays", explique Stephan Robinson.

L'exploitation minière artisanale de l'or entraîne de graves pollutions dans les pays les plus pauvres, comme ici en Sierra Leone.

"L'exploitation minière, qui augmente sous l'effet de la hausse de la demande mondiale, a aussi beaucoup d'impact, poursuit l'expert. L'extraction des métaux des minerais nécessite des processus chimiques polluants, qui rejettent d'importants volumes de boues toxiques et de métaux lourds. Or, souvent, les populations extraient les métaux sans aucune protection, pieds et mains nus." Et de préciser : "Aujourd'hui, il existe des équipements techniques modernes pour se protéger de ces pollutions, mais ils sont chers. Ils ne sont donc utilisés que dans les pays développés."


PAYS EN DÉVELOPPEMENT
 

Ce sont au final les pays en développement qui payent le plus lourd tribut de cette pollution industrielle. "Dans ces pays, il y a moins de normes et de contrôles pour limiter la pollution, notamment des entreprises les plus petites, qui produisent pour des marchés locaux, assure John Keith, directeur des opérations de Blacksmith. Ces gens ont besoin de gagner de l'argent. S'ils sont pauvres, ils feront ce qu'il faut pour gagner de l'argent et ce, au détriment de leur santé."

"En dépit du poids sur la société de la pollution industrielle, très peu de ressources sont allouées à la prévention et à l'assainissement des sites pollués. Les pays en développement ont besoin du soutien de la communauté internationale pour concevoir et mettre en œuvre des actions de nettoyage, améliorer les technologies de contrôle de la pollution, et éduquer les travailleurs de ces industries et les populations concernées", conclut le rapport.


Audrey Garric

 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 19:24

 

 

rue89lyon.fr

12:29 - 18 octobre 2012 - par Dalya Daoud

 

Quatre mois à peine après avoir lancé un service en ligne de comparaison des tarifs des médecins, la dirigeante du site Fourmisanté a reçu une mise en demeure de la part de l’assurance maladie, lui ordonnant de cesser d’utiliser ses données, pourtant publiques. Un uppercut d’autant plus surprenant que ce comparateur a reçu un prix gouvernemental récompensant les meilleurs projets web utilisant… les données publiques. 

« La ministre de la Santé Marisol Touraine a décidé de se battre contre les dépassement d’honoraires des médecins. Apparemment, les négociations n’aboutissent pas et ils ne sont pas prêts de s’arrêter. Je ne comprends pas que, dans ce contexte, on empêche une initiative comme la nôtre. »

Pour Barbara N’Gouyombo, la situation est ubuesque. En 2011, cette ingénieure qui a travaillé au Japon et en Angleterre lance de Lyon un site baptisé Fourmisanté, avec un slogan censé résumer l’objectif : « soignez-vous près de chez vous et gérez mieux votre budget santé ».

En avril 2012, elle l’agrémente d’un nouveau service : un comparateur de prix fonctionnant par géolocalisation, qui permet de savoir, par exemple, quel est le médecin ou encore le dentiste le moins cher de la ville dans laquelle on se trouve. Pour cela, elle utilise et sélectionne les données du site de l’assurance maladie, ameli-direct.fr, sur lequel elle renvoie d’ailleurs par un lien. Ces données sont publiques et, par conséquent, utilisables.

L’initiative est rapidement saluée, puisqu’elle est lauréate du concours Etalab, organisme interministériel pour la transparence des données publiques.

Une fourmi qui fait concurrence à la sécu

Elle va rapidement devoir balayer les cotillons. Un premier courrier lui est envoyé le 13 juillet 2012 par l’avocat de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Lequel organisme public s’offusque que les données présentes sur le site Ameli-Direct, « résultat d’investissement financier, matériel et humain substantiels » (ceux des services de l’Etat, donc), soient utilisées par fourmisanté.com, contrairement au Code la propriété intellectuelle.

Par ailleurs, pour la sécurité sociale, l’accord des médecins pour l’utilisation de ces informations serait nécessaire.

Barbara N’Gouyombo répond alors, par voie d’avocat, que l’utilisation des données publiques est bien autorisée, et que toutes les démarches ont été réalisées avant le lancement du comparateur auprès de la Cnil (commission national de l’informatique et des libertés).

Mais l’assurance maladie ne se démonte pas. Dans son second courrier, daté du 3 août, non seulement l’assurance maladie confirme sa position, estimant que ses données sont certes publiques mais non utilisables, mais accuse en outre fourmisanté.com d’induire l’internaute en erreur :

« A titre d’exemple, le site litigieux ne fait qu’indiquer le tarif d’une « consultation », sans opérer de distinction entre les « consultations classiques » et les « consultations approfondies », contrairement au site Ameli-Direct. »

Barbara N’Gouyombo ne voit pas le problème, ne prétendant pas donner autre chose, en effet, que le tarif d’une consultation classique, « ce pourquoi les gens se rendent souvent chez le médecin ».

Le site fourmisanté.com propose de simuler, à partir du tarif du médecin, et à partir de la part remboursée par la sécurité sociale et de celle qui le sera par la mutuelle, ce qui restera donc à payer par le patient. Et tandis que le site ameli-direct ne propose de connaître le tarif pratiqué par le médecin qu’en tapant le nom de ce dernier, fourmisanté.com fait dans la géolocalisation en fournissant une carte de France des soignants.

 

 

L’opendata, « de la communication politique »

L’assurance maladie semble donc se sentir d’une part spoliée et d’autre part en concurrence avec un site qui affiche 150 000 connexions par mois. Pour Barbara N’Gouyombo, cette posture défensive de la part de l’organisme public est en totale contradiction avec le mouvement opendata (ouverture des données publiques) encouragé par Jean-Marc Ayrault dès sa prise de fonction en tant que premier ministre.

« Le sujet de l’opendata n’est-il que de la communication politique ? Je ne comprends pas que l’assurance maladie veuille garder un monopole sur ses données. Il y a un vrai problème de transparence et d’information pour les citoyens qui, en période de récession, ont le droit de choisir leur médecin et de gérer leurs dépenses de santé. »

La directrice de cette TPE (très petite entreprise) a donc adressé des courriers à la ministre de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, ainsi qu’à Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, qui peine justement en ce moment à trouver un accord avec les médecins, pour qu’ils limitent leurs dépassements d’honoraires.

Désormais, le site de fourmisanté.com, qui propose d’autres services, s’ouvre sur une pétition demandant l’ouverture des données de l’assurance maladie, qui a recueilli pour l’heure 800 signatures.

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:51

 

Rue89 -  Arrêt sur images 12/10/2012 à 10h14

Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images


 

Allons, pour récompenser votre sagesse et votre assiduité, voici trois scoops. Trois informations qui ne font pas la couverture des hebdos, et dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler.

  • le 29 septembre, un tribunal de Washington a invalidé des mesures qui devaient contribuer à empêcher un seul intervenant de déséquilibrer à lui tout seul le marché à terme des matières premières. Ces mesures étaient prises par la CFTC, le régulateur américain de ce marché ;
  • quelques jours plus tôt, le 24 septembre, on apprenait que le marché du pétrole ne serait pas réglementé. L’Opep et les pétroliers, entre autres, s’y opposaient ;
  • enfin, le 22 août, la SEC renonçait à un ensemble de mesures visant à protéger le marché des capitaux à court terme.

C’est Paul Jorion, l’anthropologue-économiste, qui rassemble ces trois informations inaperçues, dans un billet intitulé « Le comportement suicidaire de la finance ». Il en tire des conclusions dramatiques, mais parfaitement plausibles, sur le comportement suicidaire du monde financier (suicide dans lequel, soit dit en passant, nous serions tous entraînés, même ceux qui ne siègent pas au board de la SEC, et ne « pédégèrent » pas une compagnie pétrolière).

« Comment la finance court vers l’apocalypse »

Le point commun de ces trois informations ? La finance ne veut pas être régulée. Elle s’y opposera de toutes ses forces. Elle déploie toute son énergie à galoper vers la catastrophe finale.

Dans un univers informatif normal, les hebdos devraient rivaliser de couvertures alertant les lecteurs sur cette course au suicide. Qu’on n’objecte pas que c’est technique, complexe, que le lecteur n’y comprendra rien. Voici une collection de titres gracieusement offerts aux maisons Barbier-FOG-Joffrin-Szafran :

« Les rapaces ».

« Comment la finance court vers l’apocalypse ».

« Dans les coulisses des maîtres du monde ».

Avec quelques efforts de narration...

Quant à la narration, il est toujours possible de romancer les récits, avec quelques anecdotes bien épicées, pour se conformer aux canons du genre.

« En ce 29 septembre, l’automne fait déjà flamboyer les érables de Washington. En sortant au petit matin du domicile de sa maîtresse, le vice-président de la CFTC reçoit un texto sur son Blackberry. »

Etc. En cherchant bien, on devrait trouver une liaison entre la cousine de la belle-sœur de Valérie Trierweiler et un vice « chairman of the board » de chez Goldman Sachs, ou une affaire de harcèlement sexuel à l’Agence internationale de l’énergie. Il suffit de fouiller. C’est pour la bonne cause.

Un week-end pluvieux s’annonçant, je vous conseille deux bonnes lectures :

  • le texte intégral de la première conférence à l’étranger de Nicolas Sarkozy (vous économiserez ainsi, si j’en crois les échos de presse, environ cinq salaires mensuels de Roselyne Bachelot) ;
  • et, pour nous réconcilier avec l’amour du travail bien fait, une magistrale leçon, offerte par la direction de la communication de Renault. Ne me remerciez pas, c’est gratuit.
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