LEMONDE.FR avec AFP | 27.10.11 | 08h37 • Mis à jour le 27.10.11 | 08h44
REUTERS/DANIEL AGUILAR
Les autorités chinoises ont ordonné un renforcement du contrôle de l'Internet, notamment des réseaux sociaux, afin d'empêcher la publication de rumeurs et de matériel "vulgaire", une semaine après un plénum du Parti communiste consacré aux médias.
Le Global Times expliquait jeudi en "une" que les dirigeants chinois avaient lancé un programme sur dix ans destiné à renforcer"la construction d'un système de valeurs socialiste" et le "soft power" chinois. La popularité croissante des médias sociaux dans ce pays qui compte désormais plus de 500 millions d'internautes alarme Pékin, de même que le fait que l'Internet est devenu le canal privilégié de nombreux Chinois pour exprimer leur colère contre les abus et injustices.
Selon la presse, la police a commencé cette semaine à arrêter des internautes soupçonnés de répandre des "rumeurs" et le contrôle de l'Internet, déjà sous étroite surveillance, a été encore intensifié. Des chaînes de télévision provinciales ont aussi été appelées à limiter les programmes récréactifs afin d'expurger les contenus trop "matérialistes".
RENFORCER LE CONTRÔLE DU PARTI
Un plénum du comité central du Parti communiste chinois (PCC) consacré au "développement culturel" du pays a eu lieu à la mi-octobre. Selon les observateurs indépendants, il s'agissait pour une large part de renforcer le contrôle du Parti sur tous les médias, alors qu'une nouvelle génération de dirigeants doit arriver au pouvoir en Chine dans un an.
Le bureau politique "a discuté d'un projet de résolution du comité central du PCC sur les réformes culturelles", avait rapporté l'agence officielle Chine nouvelle, indiquant que le document "servirait de guide pour accélérer les réformes culturelles", et renforcer le "soft power" chinois.
"Nous devons renforcer la gestion des outils tels que les réseaux sociaux et les messageries instantanées", selon la directive qui a été publiée par la presse cette semaine. "Nous devrions punir en fonction de la loi les pratiques qui consistent à répandre des informations dommageables et intensifier la campagne contre la pornographie et les informations vulgaires sur l'internet", poursuit le texte.
Peu après les îles Midway, le "Pallada" a repéré un nombre surprenant d'objets dérivants, dont un petit bateau de pêche que l'équipage du voilier a récupéré à bord le 22 septembre.AFP/Nadezhda PROZHERINA
Les millions de tonnes de débris dérivant depuis le tsunami qui a frappé le Japon en mars devraient atteindre Hawaï plus rapidement que prévu, selon des chercheurs qui ont révisé leurs calculs. Le tsunami aurait rejeté dans l'océan 5 à 20 millions de tonnes de débris, qui depuis dérivent vers l'est. Des chercheurs hawaïens ont développé des modèles pour prédire leur évolution dans l'eau et déterminer quand et où les premiers débris toucheront terre.
Jusqu'à maintenant, ils pensaient que les premiers vestiges de la catastrophe toucheraient terre au printemps 2012 sur les îles Midway, à quelque 2 100 kilomètres au nord-ouest d'Honolulu (Hawaï). Mais leurs calculs ont été récemment remis à plat quand un navire-école russe navigant entre Hawaï et l'extrême-orient russe a trouvé sur sa route des débris japonais, dont un bateau de pêche de six mètres de long immatriculé à Fukushima, ville la plus proche de la centrale nucléaire gravement endommagée par le tremblement de terre et le tsunami. "La première zone habitée où des débris échoueront sera l'atoll de Midway, confirme Jan Hafner, du Centre international de recherche sur le Pacifique (CIRP) de l'université d'Hawaï. Nous nous attendons à ce que cela ait lieu cet hiver."
>> Voir une simulation (GIF animé) du trajet des débris du tsunami (International Pacific Research Center)
BATEAU IMMATRICULÉ À FUKUSHIMA
"Un voilier-école russe, le STS Pallada, a trouvé un ensemble de débris qui proviennent sans erreur possible du tsunami, lors de son voyage retour entre Honolulu et Vladivostok", avait indiqué le 15 octobre dernier le CIRP. "Peu après les îles Midway, le Pallada a repéré un nombre surprenant d'objets" dérivants, dont un petit bateau de pêche que l'équipage du voilier a récupéré à bord le 22 septembre. "Niveau de radioactivité : normal. Nous l'avons mesuré avec le compteur Geiger", selon les notes de l'équipage, citées par le centre. Le bateau dérivait alors à plus de 3 500 km du Japon et à 3 000 km d'Honolulu. Pendant plusieurs jours, l'équipage a vu un poste de télévision, un réfrigérateur, des planches de bois, des bouteilles en plastique, des bottes, des bouées de filet de pêche.
"Jusqu'à maintenant, le STS Pallada est le seul navire à avoir observé ces débris", constate M. Hafner. Appelant les autres navires croisant dans la zone à signaler ce qu'ils pourraient voir, il souligne qu'avec plus d'informations les chercheurs pourraient faire une estimation plus précise de la trajectoire et de la vitesse des débris. Selon lui, les premiers débris qui toucheront les plages touristiques d'Hawaï devraient être des objets plutôt légers, pour l'essentiel en plastique. "Les objets plus lourds suivront ensuite. Mais comme le champ dans lequel évoluent les débris est très épars, leur arrivée sur les plages devrait être très graduelle, ajoute-t-il. Ne vous attendez pas à être submergés par des vagues de débris."
CÔTE AMÉRICAINE
Selon le centre de recherche, les débris qui n'échoueront pas sur les îles Midway continueront à dériver vers Hawaï, puis vers la côte Nord-Ouest américaine. Deux associations américaines de lutte contre la pollution marine ont récemment proposé aux "aventuriers écologistes" de s'embarquer à la poursuite des déchets emportés par le tsunami. A compter du 1er mai 2012, le Sea Dragon, un yacht de 22 mètres, naviguera pendant deux mois dans le Pacifique-Nord au milieu des débris.
Le 11 mars, un tremblement de terre de magnitude 9 avait provoqué un gigantesque raz-de-marée touchant le Japon. En déferlant sur les côtes, il avait tout détruit ou presque sur son passage, déclenchant une série d'avaries à la centrale atomique de Fukushima.
LEMONDE.FR avec AFP | 26.10.11 | 14h08 • Mis à jour le 26.10.11 | 17h34
Au moins dix-neuf personnes, partisans et adversaires du régime, ont été tuées dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 octobre dans la capitale Sanaa et à Taëz. REUTERS/STR
Malgré la trêve annoncée mardi 25 octobre entre forces gouvernementales et opposition, au moins vingt et une personnes, partisans et adversaires du régime, ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi dans la capitale Sanaa et à Taëz. Ce bilan, avancé par des sources médicales, inclut une femme et un bébé, morts quand les troupes gouvernementales ont bombardé leur maison à Taëz et deux civils tués mercredi dans le bombardement de zones résidentielles à Sanaa
Au moins sept partisans du chef tribal Sadek Al-Ahmar, qui a rallié l'opposition, ont été tués dans des combats à al-Hassaba, quartier du nord de Sanaa où il réside, où une dizaine de soldats ont également trouvé la mort, selon le ministère de la défense.
Plusieurs accords similaires ont échoué par le passé au Yémen. Selon l'agence officielle SABA, "le cessez-le-feu est entré en vigueur [mardi] à 15 heures et doit être suivi par le retrait des hommes armés des rues, le démantèlement des barrages et des barricades et le retour à la normale". L'accord a été négocié sous les auspices d'une commission yéménite présidée par le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi.
Le président Ali Abdallah Saleh, dont les manifestants réclament le départ, a "réaffirmé son engagement à signer" le plan des monarchies du golfe, qui prévoit sa démission en échange d'une immunité, selon le département d'Etat américain en lui demandant de "tenir cet engagement". M. Saleh a déjà promis à plusieurs reprises de signer le plan du golfe et de quitter le pouvoir, mais s'est à chaque fois ravisé.
La répression au Yémen a fait au moins 861 morts et 25 000 blessés depuis janvier et le début des manifestations, selon une lettre du Mouvement de la jeunesse yéménite envoyée début octobre aux Nations unies.
La grève générale contre la vie chère en cours sur l'île dure depuis près d’un mois.
Des heurts violents ont opposé durant toute la matinée de mardi des jeunes aux gendarmes mobiles à Dzoumogné, au nord de l’île de Mayotte, en proie à une crise sociale.
Dès 7 heures du matin, des dizaines de jeunes de cette localité ont bloqué la circulation par des barrages érigés avec des troncs d’arbres, participant à leur manière à la grève générale contre la vie chère en cours à Mayotte depuis près d’un mois.
Ils ont ensuite attaqué à coup de galets, de barres de fer et de cocktails molotov les gendarmes mobiles venus lever ces barrages. Ces derniers, au nombre d’environ 150, ont riposté à plusieurs reprises avec des gaz lacrymogènes pour se dégager.
Médiateur
Dzoumogné a vécu pendant près de six heures un véritable état de siège. A leur départ de Dzoumogné vers 13 heures (soit 12 heures à Paris) pour Mamoudzou, la capitale, en passant par la localité portuaire de Longoni, les colonnes de véhicules des gendarmes mobiles ont dû effectuer plusieurs arrêts en attendant qu’un bulldozer dégage les troncs d’arbres parsemés le long des axes routiers.
Par ailleurs, la rencontre entre le médiateur, Stanislas Martin, et les leaders syndicaux s’est bien ouverte mardi matin, après le départ de l’intersyndicale la veille lors de la première réunion avec l’émissaire tout juste arrivé de métropole.
Rien n’avait filtré à 15 heures locales de cette entrevue, les syndicalistes devant rendre compte d’abord à leur base au cours d’une assemblée générale en fin d’après-midi. Le médiateur poursuivait tout le long de la journée des discussions avec des chefs d’entreprises de la grande distribution et du bâtiment, ainsi qu’avec le président du conseil général, Daniel Zaidani.
Un manifestant sur la place Murillo à La Paz, le 20 octobre.REUTERS/GASTON BRITO
Les autorités boliviennes ont conclu, lundi 24 octobre, un accord mettant un point final au mouvement de protestation mené depuis deux mois par des Indiens d'Amazonie opposés à un projet de route qui a fortement mobilisé l'opinion.
Vendredi, le président Evo Morales avait ouvert la voie à une résolution du conflit en accédant à la principale exigence des Indiens : l'annulation d'un projet routier devant relier deux provinces enclavées en traversant le territoire indigène du parc national Isiboro-Secure, dans le nord-est du pays.
Parmi les demandes des Indiens d'Amazonie figuraient également la fin des activités gazières dans le parc Aguaragüe, qui fournissent 80 % de la production nationale de gaz, la principale richesse du pays, des garanties sur la préservation de leur habitat ainsi que la réaffirmation de leur droit à vivre dans un milieu naturel préservé.
Après l'annonce de l'abandon du projet, qui devait être financé par le Brésil, Fernando Vargas, un des représentants indiens, s'est réjoui que "le gouvernement a fini par comprendre qu'il ne pouvait pas détruire un parc national"."Je ne sais pas si c'est parce qu'il a compris ou parce qu'il a cédé sous la pression de la marche", a-t-il quand même noté
Près de 2 000 Indiens ont parcouru à pied 600 kilomètre et bravé l'altitude, le froid, les intempéries, ainsi qu'une violente tentative policière de dispersion qui avait fait 74 blessés à Yucumo (nord-est), avant d'être accueillis en héros la semaine dernière par les habitants de La Paz.
Evo Morales a accepté de rencontrer des représentants des manifestants après avoir tenté, en vain, de négocier par l'intermédiaire de 11 ministres envoyés successivement à la rencontre des marcheurs. Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, c'est la deuxième fois que le président bolivien fait marche arrière sous la pression populaire. En décembre 2010, il avait annulé un décret sur la hausse des prix des carburants qui avait déclenché grèves et manifestations violentes.
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 25.10.11 | 08h26 • Mis à jour le 25.10.11 | 09h28
Le régime syrien a transformé les hôpitaux du pays en "instruments de la répression" contre les opposants à Bachar Al-Assad, affirme Amnesty International dans un rapport de 39 pages publié lundi 24 octobre (PDF en anglais). L'organisation de défense des droits de l'homme estime que dans les hôpitaux publics les médecins comme les patients constituent des cibles de la répression gouvernementale du soulèvement populaire contre le régime.
Dans au moins quatre établissements publics – Homs, Banias et Tel Kelakh, ainsi qu'à l'hôpital militaire de Homs –, des patients ont été torturés ou soumis à des mauvais traitements, y compris de la part du personnel médical, souligne l'ONG, qui dénonce un "climat de peur". Certains employés soupçonnés de prodiguer des soins à des manifestants blessés ont eux-mêmes été arrêtés et torturés, ajoute-t-elle. Amnesty cite un infirmier témoin d'un raid des forces de sécurité et selon qui au moins un patient, inconscient, s'est vu arracher son appareil respiratoire avant d'être emmené vers une destination inconnue.
PERSONNEL DANS "UNE SITUATION IMPOSSIBLE"
"Effrayés des conséquences d'une hospitalisation, beaucoup de gens ont choisi de se fairetraiter soit dans des cliniques privées, soit dans des dispensaires de fortune mal équipés", souligne Amnesty. Les médecins de l'hôpital national de la ville de Homs, haut-lieu de la contestation contre le régime Bachar Al-Assad, ont rapporté une chute des hospitalisations pour des blessures par balle depuis mai, en dépit de l'augmentation vertigineuse de telles blessures lors des violences. "Le personnel hospitalier en Syrie est mis dans une situation impossible, forcé de choisir entre traiter les personnes blessées et préserver sa propre sécurité", ajoute l'ONG.
"Il est profondément inquiétant de voir que les autorités syriennes semblent avoir lâché la bride sur le cou des forces de sécurité dans les hôpitaux et que, dans de nombreux cas, le personnel médical semble avoir participé à des actes de torture et de mauvais traitements sur les personnes mêmes qu'elles sont supposées soigner", déclare Cilina Nasser, d'Amnesty.
La répression du mouvement de contestation contre Bachar Al-Assad en Syrie a fait au moins 3 000 morts selon les Nations unies. Les autorités syriennes disent pour leur part affronter des groupes terroristes.
Dans le nord de Bangkok, des habitants naviguent dans la rue, mardi 25 octobre.REUTERS/BAZUKI MUHAMMAD
La Thaïlande, frappée par les pires inondations depuis plusieurs décennies, a décrété trois jours de congés, mardi 25 octobre, afin de permettre à la population de faire face à la catastrophe naturelle. Au moins 356 personnes ont été tuées dans ces inondations provoquées par une mousson d'une force exceptionnelle, et plus de 750 dans l'ensemble de l'Asie du Sud-Est.
A Bangkok, les 12 millions d'habitants ne sont pas au bout de leurs peines. Au moins six districts de la capitale étaient sous l'eau. Mais plusieurs autres sont directement menacés. Le niveau du fleuve Chao Phraya pourrait monter de 2,60 mètres dans les jours à venir alors que les berges font en moyenne 2,5 mètres de hauteur, a prévenu le gouverneur de Bangkok, Sukhumbhand Paribatra. "Le niveau de l'eau monte et s'étend", a résumé, pessimiste, le Centre de coordination des secours (FROC), dirigé par le ministre de la justice, Pracha Promnog, qui a annoncé la fermeture des services publics et des écoles de jeudi à lundi inclus dans 21 provinces du pays, dont la mégalopole.
Le pouvoir annonce depuis des jours que le centre-ville de Bangkok sera noyé à son tour par les pires inondations dans le pays depuis des décennies. Mais la perspective de grandes marées imminentes accentue sensiblement ces craintes. L'aéroport Don Muang, qui dessert des vols intérieurs, a également été fermé. L'aéroport international Suvarnabhumi fonctionne quant à lui normalement.
DYSFONCTIONNEMENTS
C'est précisément dans l'aéroport que la première ministre, Yingluck Shinawatra, a réuni son gouvernement, mardi. "Nous sommes inquiets pour les évacués parce qu'il est compliqué de venir ici. Nous les déplacerons vers des zones plus sûres", a déclaré la chef du gouvernement, confirmant en revanche que le FROC, également basé dans l'enceinte de l'aéroport, ne prévoyait pas de déménager.
Le nouveau gouvernement est confronté à son premier véritable test depuis sa prise de pouvoir en août. Des rumeurs de conflit, et surtout de dysfonctionnements entre le cabinet de la première ministre, le gouverneur démocrate de Bangkok et l'armée, se sont fait de plus en plus pressantes. Illustration parfaite de cette mauvaise communication, les allers-retours vains de plusieurs navires de guerre américains au large de la Thaïlande, qui n'ont jamais reçu de demande d'aide officielle. "Il y avait deux canaux de communication [au sein du pouvoir thaïlandais], a dit un porte-parole de la marine américaine. L'un disait oui et l'autre disait non".
LEMONDE.FR avec AFP | 23.10.11 | 11h42 • Mis à jour le 23.10.11 | 11h42
Des Birmans inspectent les dégâts sur un pont emporté par les cures, le 22 octobre 2011.AFP/STR
Plus de cent personnes ont été tuées dans des crues subites après de violents orages ayant frappé le centre de la Birmanie en milieu de semaine, a indiqué dimanche un responsable birman. "Jusqu'à présent, 35 corps ont été retrouvés sur 106 disparus. Les 71 autres sont également considérés comme ayant été tués", a-t-il précisé sous couvert de l'anonymat. "Nous n'avons pas encore leurs corps et nous cherchons toujours".
La catastrophe a lieu jeudi et vendredi dans quatre villes de la région de Magway, dont Pakokku, où 60 personnes étaient portées disparues vendredi matin après la crue subite d'une rivière. Un moine de Pakokku avait raconté vendredi que le niveau de l'eau serait monté d'environ 3 mètres, précisant que des pluies torrentielles s'étaient abattues sur la région les jours précédents.
Pour sa part, le responsable birman a indiqué dimanche que plus de 2 000 maisons avaient été balayées par les flots et que de nombreux bâtiments officiels et religieux avaient été endommagés. Près de 6 500 maisons sont toujours inondées. Il a estimé les dégâts à environ 1,7 million de dollars. Plus de 1 500 victimes de ces inondations ont dû trouver refuge dans deux abris à Pakkoku.
Le quotidien officiel New Light of Myanmar, parlant d'un bilan de 3 morts et 80 disparus, a également rapporté dans son édition de dimanche des dommages à de nombreux ponts, routes, monastères et autres bâtiments en raison de pluies torrentielles dans la région. Il a également précisé que de l'eau potable et du chlore pour décontaminer l'eau étaient en train d'être distribués "pour éviter une épidémie de choléra".
L'Asie du Sud-Est est victime cette année d'une mousson anormalement abondante. Selon l'ONU, plus de 750 personnes ont été tuées en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam, au Laos et aux Philippines et des millions de personnes ont été affectées. En Thaïlande, particulièrement touchée, les autorités se préparent à un combat de plusieurs semaines face aux pires inondations dans le royaume depuis des décennies, alors que l'eau gagne doucement du terrain dans les quartiers nord de la capitale et se rapproche du centre.
La chute de Mouammar Kadhafi"place aussi ses voisins face à de potentiels nouveaux problèmes qui pourraient menacer la stabilité régionale", estime International Crisis Group, dans un communiqué. "Les potentiels problèmes créés par les bouleversements qui ont précédé la chute puis la mort de Kadhafi sont : reflux migratoire, attaques plus ou moins racistes contre les ressortissants des pays d'Afrique subsaharienne, possible résurgence de l'islamisme et prolifération de combattants et d'armes", souligne ICG.
"Percevant Kadhafi comme indispensable à sa propre politique régionale, le président [tchadien Idriss] Deby a mis longtemps à envisager l'hypothèse de sa chute (...) il est stratégiquement périlleux pour N'Djamena d'avoir des rapports hostiles avec les nouvelles autorités libyennes qui pourraient conduire à la déstabilisation de la partie septentrionale du Tchad", affirme le rapport.
"Malgré le rapprochement amorcé avec le Conseil national de transition (CNT) concrétisé par sa reconnaissance diplomatique et une rencontre entre Idriss Déby et Mustapha Abdel Jalil [le chef du CNT], de nombreuses incertitudes entourent le futur des relations tchado-libyennes", ajoute ICG.
Vendredi, le ministre tchadien des affaires étrangères Moussa Faki Mahamat avait souhaité que la mort de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi marque la fin de cette crise, que les Libyens privilégient le dialogue, le pardon et la démocratie. M. Faki a appelé "les pays de la région et la communauté internationale à s'investir pour récupérer les armes disséminées en Libye pour éviter que ce pays devienne le Tchad des années 1980". Après des années de tensions graves avec la Libye, avec notamment la campagne militaire libyenne au Tchad dans les années 1980, le président tchadien entretenait d'excellentes relations avec le colonel Kadhafi. Le Tchad avait toutefois reconnu le CNT comme "seule autorité légitime" du peuple libyen en août.
Un jeune capitaine de l’armée libyenne est apparu à la tête d’une junte militaire le 1er septembre 1969 qui a renversé le vieux roi Idriss sans effusion de sang. Le monde découvrait Mouammar Kadhafi, beau gosse, svelte, fringuant officier supérieur très vite promu colonel pour diriger ce vaste pays riche en ressources pétrolières et sous-peuplé. Très tôt, Kadhafi impose un style. Le monde arabe qui trouvait en Nasser, le président égyptien, un père de la nation voyait en Kadhafi une relève assurée pour l’affirmation d’une identité arabe dans un monde agité et où la guerre avec l’Etat hébreu allait focaliser toutes les attentions. Le jeudi 20 octobre 2011, après huit mois d'insurrection et de guerre civile, Mouammar Kadhafi est tué près de Syrte, la fin d'un règne sans partage de près de 42 ans. Ce dirigeant hors norme, a suscité tour à tour beaucoup d'admiration, d'irritation, puis de haine.
A la tête d’une révolution, il a su mobiliser des sympathies par un régime progressiste soutenant tous les mouvements de libération dans le monde et plus particulièrement en
Afrique. Son évolution en politique fut méthodique et calculée avant que l’homme à qui tout réussissait ne verse dans une effrayante mégalomanie. Sa révolution au début des années 70 était dans l’air du temps. Décolonisation, guerres d’indépendance, la question palestinienne, étaient un fonds de commerce infaillible. Socialiste, il a vite eu de l’écho à ses appels du refus de l’ordre établi. Le bloc de l’Est, à l’époque, était un mur sur lequel le président libyen pouvait monter pour observer le monde. Cette posture était pour lui un moyen de menacer l’Occident. Presqu’une obsession.
Notre dossier spécial
Son pays est devenu la Jamahiriya arabe libyenne et socialiste et marque le profond changement que le leader libyen impose à son pays. Un mélange de genre entre « centralisme démocratique communiste » et pratique traditionnelle de commandement, le tout érigé en système de gouvernement. Mouammar Kadhafi n’est plus président mais plutôt « Guide de la révolution ». Et, l’air de rien, le pouvoir devient personnel. Il n’est plus exercé par les « masses » qui confient leur destin au Guide éclairé. Mais le culte de la personnalité, déjà présent, est noyé dans un flot de revendications identitaires et d’affirmation de soi dans un monde bipolaire.
Le début de la dérive
Devant les débâcles des armées arabes face à Israël les populations se convainquent qu’un leader fort et intransigeant devrait relever l’honneur des nations et des peuples arabes humiliés. Kadhafi a incarné, un temps soit peu, cette image. Il a pensé la renforcer en s’opposant violemment à toute tentative de négociation avec Israël.
Le 6 octobre 1981, le Guide libyen s’est félicité de l’assassinat du président égyptien Anouar el Sadate appelant même à un jour férié pour saluer « l’action héroïque » qui a consisté à éliminer celui qui a trahi la nation arabe en engageant un processus de paix avec Israël.
Extrémiste, il applique la stratégie de l’ouverture
Porté par les foules, l’homme s’est senti habité par un destin universel. Il écrit le « Livre vert » qui en quelques vérités fortes devrait ouvrir les portes d’une nouvelle voie autre que celles des Occidentaux ou encore des Soviétiques. Le Livre vert, pensait-il, devrait envoyer aux archives de l’histoire toutes les théories tiers-mondistes.
Dans ce livre le concept de la victoire du peuple inéluctable sur l’oppression, l’impérialisme, par tous les moyens était déjà un prélude au soutien du terrorisme comme moyen d’abattre l’ennemi. La mise en pratique de cette théorie est déjà son implication dans le conflit tchadien en 1973. Ses troupes avaient occupé la bande d’Aouzou dans le nord du Tchad avant d’en être délogées par les forces françaises qui ont appuyé l’assaut conduit par l’armée de Hissène Habré en 1982.
Ses engagement et soutien sur tous les fronts contre les intérêts occidentaux lui ont valu, en représailles, des bombardements américains sur la capitale Tripoli en 1986. Le guide y a perdu une de ses filles adoptives. Mais le Guide libyen s’est aussi illustré par son soutien financier et militaire à l’African National Congress (ANC) en Afrique du Sud pendant les années d’apartheid. Grâce à ses moyens, les dirigeants de l’ANC ont pu voyager dans le monde pour faire entendre la voix de la résistance et de la liberté. Nelson Mandela, après sa libération lui avait d’ailleurs publiquement rendu hommage.
L’homme ne se donnait plus de limite. Son bras armé était visible dans l’attentat contre le Boeing de la Pan Am au dessus de Lockerbie et qui avait fait 270 morts en 1988. Un avion DC-10 de la compagnie française UTA avait explosé en vol au dessus du désert du Ténéré au Niger en 1989 ; 170 morts. Là encore les services libyens sont mis en cause. Un embargo international frappe le pays de 1992 à 1999. Kadhafi avait consenti à remettre à la justice internationale ses agents impliqués dans les attentats et à indemniser les victimes. C’est le retour de la Libye sur la scène internationale avec son Guide qui a regagné le droit de fréquenter les plus grands de ce monde. Et, par ces temps de crise les dirigeants occidentaux ne voulaient pas « cracher sur les pétrodollars libyens ». Achats d’équipements, d’avions et autres constituaient pour les pays industrialisés une importante manne qui enlève toute odeur au fric libyen.
Futé, il ne voulait pas seulement avoir par l’argent un droit de cité. Il voulait toucher l’opinion occidentale au cœur. De 1999 à 2007, l'affaire des infirmières bulgares, condamnées pour avoir contaminé volontairement, selon les autorités libyennes, des enfants par le virus du sida, a servi de monnaie de change au Guide libyen qui a finalement gracié les inculpées.
En 2003, à la surprise générale, Kadhafi annonce le démantèlement de tous ses programmes secrets d'armement. Il instaure une politique d'assouplissement de la réglementation libyenne en matière économique permettant l'ouverture du marché local aux entreprises internationales. Le réchauffement des relations avec certains pays européens, comme le Royaume-Uni, la France, l'Espagne et l'Italie est effectif. Il déclare qu'il entend désormais jouer un rôle majeur dans la pacification du monde et la création d'un Moyen-Orient sans armes de destruction massive.
Fantasque et théâtral il surprend, dérange et amuse. Il refait perpétuellement le monde selon sa lecture des faits et de l’histoire. Shakespeare, selon lui serait un Cheikh arabe dont les prouesses littéraires ont rendu jaloux les Occidentaux qui ont repris à leur compte les œuvres de ce «génie arabe». Originalité et authenticité se muent souvent chez lui en archaïsme et en volonté délibérée de choquer. Une main gantée à un sommet arabe en 1988 pour éviter de serrer la main à des gens qui ont « les mains tachées de sang ». Tenues vestimentaires extravagantes et titres honorifiques ronflants sont des marques de distinction du Guide libyen.
Mais ses frasques ont énormément déçu dans le monde arabe où il est plutôt perçu comme un homme imprévisible qui privilégie le « m’as-tu vu » à de réelles réflexions et actions politiques. Le monde arabe se détourne de lui et c’est vers l’Afrique sub-saharienne que le Guide se tourne désormais pour redorer son blason. Il se fait champion du panafricanisme et invite les dirigeants africains chez lui à Syrte pour créer au plus vite les Etats-Unis d’Afrique. Mais faute d’y parvenir, selon ses vœux à lui, il obtient tout de même à la conférence de Syrte en 1999, l’enterrement de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) remplacée par l’Union africaine. Là encore la symbolique l’emporte sur tout autre considération. Syrte est la ville qui le vit naître dans une tribu bédouine le 19 juin 1942. Et c’est de là qu’il voulait se lancer dans la reconstruction africaine. Le symbole, il en a également joué pour remplacer la défunte compagnie aérienne africaine « Air Afrique » par Afriqiyah (Air Afrique en arabe) dont le sigle en vert, jaune, rouge et noir est 9.9.99. L’Union africaine est née le 9 septembre 1999 à Syrte.
Faute d’être le chef incontesté de l’Afrique noire et blanche ensemble, il s’est fait Roi des Rois, invitant à ses frais au sommet de l’Union africaine d’obscurs chefs de villages et de groupes ethniques censés représenter l’Afrique des traditions et du terroir. Ce coup d’éclat est qualifié par de nombreux chefs d’Etat africains de « grand n’importe quoi ». Et, nombre de ses obligés, ses pauvres, en arrivent à se détourner de lui, effrayés par les illuminations du Guide. Lâché, isolé il se replie sur sa tribu bédouine, car au moins ceux-là, les siens ne lui demanderaient jamais de compte. Ils sont impliqués dans la gestion du pouvoir clanique et ont intérêt à ce qu’il perdure ; ce que vomit aujourd’hui le reste du peuple qui réclame comme ailleurs dans le monde arabe le droit à la liberté.
L'Otan frappe la résidence de Kadhafi
Un soldat libyen observe les dégats de la résidence de Kadhafi à Bab al-Azizia, touchée par un raid de l'Otan, le 25 avril 2011.