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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 11:11

Le Monde.fr avec AFP | 18.03.2012 à 09h58 • Mis à jour le 18.03.2012 à 09h58

 
Portraits de Tibétains qui se sont immolés par le feu, à McLeod Ganj, en Inde.

Des milliers de personnes, moines et laïcs, ont bravé les forces de l'ordre samedi en se rassemblant sur les lieux d'une nouvelle immolation d'un Tibétain dans l'ouest de la Chine, a annoncé dimanche une ONG. Des forces de police armées se sont déployées avant de se retirer.

Sonam Dargye, 43 ans, un agriculteur père de trois enfants s'est transformé en torche humaine à Tongren, dans la province chinoise du Qinghai, voisine de la Région autonome du Tibet et qui compte une importante population tibétaine. Il s'agit de la troisième immolation par le feu d'un Tibétain en quatre jours en Chine.

Selon l'ONG Free Tibet, Sonam Dargye était un ami proche de Jamyang Palden, un moine qui s'est immolé à Tongren mercredi, jour anniversaire des émeutes qui avaient ensanglanté Lhassa en 2008 avant de s'étendre à d'autres villes du plateau tibétain. L'ONG Tibetan Centre for Human Rights and Democracy a confirmé l'immolation de Dargye "en signe de protestation contre le gouvernement chinois".

Le gouvernement et la police de la préfecture de Huangnan, dont dépend Tongren, ainsi que des propriétaires de restaurants, d'hôtels et des responsables de centres d'art de la ville ont refusé de s'exprimer. Un restaurateur a affirmé que les communications étaient écoutées et qu'il n'était pas "approprié" de parler. Près de 30 Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire depuis début mars 2011 dans les zones tibétaines chinoises.

De nombreux Tibétains se plaignent de la répression de leur religion et de leur culture et de ce qu'ils considèrent comme une domination grandissante des Han, ethnie fortement majoritaire en Chine.
Le mois de mars est une période sensible pour les Tibétains. Le dalaï lama, leur chef spirituel, avait en mars 1959 pris le chemin de l'exil après l'échec d'un soulèvement contre la Chine, traversant à pied l'Himalaya pour arriver en Inde.

Et en mars 2008, des manifestations de moines bouddhistes à Lhassa, la capitale du Tibet, à l'occasion du 49e anniversaire de ce ce soulèvement, avaient dégénéré en émeutes et gagné les provinces voisines à forte population tibétaine.

 

 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 19:01

 

Libération - Monde Aujourd'hui à 16h45
Hamida, la sœur de la jeune femme qui s'est suicidée après avoir été contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée, à Larache le 15 mars.
Hamida, la sœur de la jeune femme qui s'est suicidée après avoir été contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée, à Larache le 15 mars. (Photo Abdelhak Senna. AFP)

Une semaine après le suicide d'une adolescente contrainte d'épouser son violeur, un sit-in s'est tenu ce samedi à Rabat pour réclamer la réforme d'une loi discriminatoire envers les femmes.

Une semaine jour pour jour après le suicide d'une adolescente contrainte d'épouser son violeur, plusieurs associations féminines marocaines ont organisé samedi un sit-in devant le parlement pour réclamer la réforme d'une loi discriminatoire envers les femmes.

"Nous sommes des Amina", "Halte aux violences contre les femmes", "Abrogez la loi" scandaient les militantes et sympathisantes de ces associations des droits de la femme, rassemblées à l'appel de Woman-Shoufouch, un groupe et réseau social anti-harcèlement.

Les femmes, au nombre de deux cents au début du rassemblement, brandissaient des banderoles réclamant l'abrogation ou la refonte d'un article du code pénal qui punit le violeur d'emprisonnement si la victime est mineure, sauf en cas de mariage. En cas de mariage, consenti par les parents de la fille violée, l'agresseur n'est plus poursuivi par la justice.

Electrochoc

"Amina martyre", "La loi m'a tuer", "Mettons fin au mariage des mineures", pouvait-on lire sur les pancartes tenues par des militantes de plusieurs associations féminines, rassemblées sous la houlette de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes.

"Amina et les autres, victimes de l'article 475 du code pénal", lisait-on sur une banderole d'Anaruz, mot berbère qui signifie espoir. Anaruz est un mouvement d'écoute des victimes d'agressions sexuelles qui travaille en coordination avec l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM).

"En 2008, le gouvernement avait déposé un projet, qui est resté lettre morte, pour réclamer la refonte du code pénal en vue de mettre fin à la discrimination et à la violence", a indiqué à l'AFP Houda Bouzil, présidente du bureau de Rabat de l'ADFM.

Le suicide le 10 mars d'Amina Al Filali, 16 ans, contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée, a fait l'effet d'un électrochoc au Maroc où se sont multipliés les appels à la réforme d'une loi qui bénéficie le plus souvent davantage au violeur qu'à sa victime.

"Je ne voulais pas aller avec eux chez le juge pour les marier. Mais ma femme m'y a obligé. Elle m'a dit qu'il fallait le faire pour que les gens arrêtent de se moquer de nous, pour faire taire la honte", a déclaré il y a quelques jours à l'AFP le père de la victime, Lahcen Al Filali, présent à un premier sit-in dans la localité de Larach, près de Tanger (nord) d'où la famille est originaire.

Nouvelle Constitution

"Est-ce qu'on peut imaginer qu'un homme qui force une fille à le suivre avec un couteau et qui la viole peut ensuite vouloir l'épouser?", a-t-il demandé.

Cette affaire est révélatrice des contradictions d'une société à la fois traditionnaliste et aspirant à la modernité, comme en atteste la nouvelle Constitution adoptée en juillet, qui prévoit l'égalité des sexes et bannit "toute discrimination".

Ce drame continue de susciter diverses réactions dans le pays, y compris au sein du gouvernement qui a promis un réexamen de la loi.

"C'est la loi, une règle sociale absurde, grotesque, que celle qui veut remédier à un mal, le viol, par un autre encore plus répugnant, les épousailles avec le violeur (...) Qui punissons-nous au final, la victime ou son bourreau?", écrit le journal Al Sabah (Le matin, indépendant) dans un long éditorial.

Un article du code de la famille prévoit que la décision du juge autorisant le mariage d'un mineur – comme cela a été le cas dans cette affaire – n'est susceptible d'aucun recours.

L'époux de l'adolescente a été entendu par la police, après le suicide de sa femme qui a absorbé de la mort aux rats, et laissé en liberté.

(AFP)

 

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:29

LEMONDE.FR avec AFP | 13.03.12 | 08h22   •  Mis à jour le 13.03.12 | 14h22

 
 

 

Un moine tibétain dans le Sichuan, le 22 février 2012.

Un moine tibétain dans le Sichuan, le 22 février 2012.REUTERS/CARLOS BARRIA


Un jeune moine tibétain s'est immolé par le feu dans le sud-ouest de la Chine. Le bonze, âgé de 18 ans, était originaire du monastère de Kirti, haut lieu de la résistance tibétaine. Il s'est transformé en torche humaine dans la ville d'Aba, dans l'ouest de la province du Sichuan, à forte population tibétaine, a indiqué l'organisation Free Tibet, dont le siège est à Londres. L'immolation, confirmée également par Radio Free Asia, a en revanche été niée par la police locale.

 

>> La carte des immolations de Radio Free Asia


Au moins vingt-six Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire en moins d'un an dans les zones tibétaines chinoises.

De nombreux Tibétains se plaignent de la répression de leur religion et de leur culture et de ce qu'ils considèrent comme une domination grandissante des Han, ethnie fortement majoritaire en Chine. La session annuelle du Parlement chinois se déroule actuellement à Pékin et le pouvoir redoute encore plus d'éventuelles contestations.

Le mois de mars est aussi un moment sensible pour les Tibétains. Le dalaï-lama, leur chef spirituel, avait en mars 1959 pris le chemin de l'exil, traversant à pied l'Himalaya pour arriver en Inde.

Et en mars 2008, des manifestations de moines bouddhistes à Lhassa, la capitale du Tibet, à l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement et de l'exil du dalaï-lama, avaient dégénéré en émeutes et gagné les provinces voisines à forte population tibétaine.

 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 18:14

LEMONDE.FR | 10.03.12 | 15h24   •  Mis à jour le 10.03.12 | 15h27

 

Une cérémonie à la mémoire des moines tibétains qui se sont immolés par le feu à Dharmsala (Inde), le 8 octobre 2011.

Une cérémonie à la mémoire des moines tibétains qui se sont immolés par le feu à Dharmsala (Inde), le 8 octobre 2011.AP/ASHWINI BHATIA


De notre correspondant à Pékin - Désigné comme le Jour du soulèvement national (National Uprising Day) à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, où siège le gouvernement tibétain en exil, le 10 mars a chaque année un écho très fort parmi les 6 millions de Tibétains de la Région autonome tibétaine (sous contrôle chinois) et des zones tibétaines des quatre provinces chinoises qui la bordent.

Cette année, l'anniversaire du soulèvement de 1959, bien sûr tabou en Chine, intervient alors que la crise au Tibet a atteint un nouveau paroxysme. Non seulement les nouveaux médias ont favorisé une diffusion sans précédent d'informations en provenance du "Tibet libre" vers les hauts plateaux tibétains, mais, aux yeux des Tibétains de Chine, le temps presse.

La première revendication qui ressort des multiples manifestations ou actes récents de vis-à-vis de Pékin est le retour au Tibet du dalaï-lama, et la fin de sa diabolisation par le régime communiste. Le Monde a pu constater, en 2010 et 2011, combien celle-ci est ressentie comme une atteinte à la dignité des Tibétains et à leur identité culturelle et religieuse dans les zones tibétaines du Sichuan et du Qinghai.

SOULÈVEMENT GÉNÉRALISÉ

En 2008, c'est le Jour du soulèvement national que les moines du monastère de Drepung, l'un des trois plus grands de Lhassa, ont organisé une marche de protestation en réaction aux mesures de "rééducation patriotique" qui leur avaient été imposées. S'en suivra un soulèvement généralisé à tout le Tibet historique, qui durera plusieurs mois.

La répression sera féroce : les arrestations et les peines de prison toucheront le clergé comme la population laïque, et une grande partie de l'intelligentsia tibétaine. Elle s'accompagnera d'une double stratégie de reprise en main systématique des monastères et de la population, mais aussi de "subventions" ciblées. Le résultat a été désastreux : les autorités chinoises se sont aujourd'hui aliénés une plus grande partie encore de la population tibétaine, toutes catégories confondues.

RENFORCEMENT DE LA FIERTÉ D'ÊTRE TIBÉTAIN

La fierté et la conscience d'être tibétain n'auront cessé de se renforcer ces quatre dernières années : "Les manifestations de 2008 ont renforcé le sentiment d'identité des Tibétains et depuis ils expriment régulièrement leur fierté nationale, explique la tibétologue française Katia Buffetrille qui a fait un long séjour en Amdo fin 2011. Ainsi, on peut voir dans divers lieux en Amdo [actuelle province chinoise du Qinghai] de petits papiers collés aux vitrines des boutiques et appelant à parler une langue pure [au lieu d'être mélangée avec du chinois]."

"Des manifestations pacifiques ont eu lieu en 2010 à Rebkong [Amdo] contre le projet de supprimer l'enseignement en tibétain dans le secondaire, poursuit-elle. Des initiatives de la société civile sont apparues comme le "mercredi blanc" qui a débuté dans le Tibet oriental et qui est une journée durant laquelle les Tibétains mangent tibétain, s'habillent tibétain, parlent uniquement tibétain. Ce mouvement s'est répandu maintenant parmi les exilés."

ACCROISSEMENT DES IMMOLATIONS PAR LE FEU

Cette année, le Jour du Soulèvement National se tient à Dharamsala au milieu de témoignages quotidiens d'actes de résistance et de répression en provenance du Tibet. Pour la première fois, le dalaï-lama n'a pas prononcé d'allocution – il avait annoncé en 2011, pour son dernier discours officiel du 10 mars, qu'il transférait son pouvoir politique à un chef de gouvernement élu.

En Chine, au Sichuan, mais aussi au Qinghai et au Tibet, la cadence des manifestations et immolations par le feu s'est accélérée depuis le début de l'année 2012, tandis que l'intensification des représailles policières – au moins trois manifestations ont conduit à des morts par balles – ou de mauvais traitements des immolés qui survivent à leurs blessures, comme le moine Lobsang Kunchog, amputé des quatre membres et soumis aux brimades du personnel chinois de l'hôpital où il est traité - alimentent en retour la colère des Tibétains.

Tout dernièrement, à Rebkong, dans le Qinghai, des collégiens tibétains ont protesté le 7 mars quand ils ont découvert que les manuels scolaires de la rentrée n'étaient qu'en chinois – plusieurs manifestations d'écoliers avaient déjà eu lieu dans la même région en octobre 2010.

Un jeune homme a été tué par balles le 6 mars dans la préfecture autonome tibétaine de Golog (province du Qinghai), parce qu'il s'est interposé lors de l'arrestation d'un autre Tibétain recherché par la police et accusé d'avoir décroché le drapeau chinois d'un bâtiment officiel le 26 janvier dernier. Le 5 mars, un Tibétain de 18 ans s'est immolé dans la préfecture de Ngaba (Sichuan), soit la 26e immolation par le feu depuis 2009. La veille, une femme de 32 ans, mère de quatre enfants, s'immolait à Ngaba, le lendemain de l'immolation par le feu d'une lycéenne de 19 ans, cette fois à Machu dans le Qinghai.

 SURVIVRE À L'OPPRESSION

Liées au départ à la persécution du monastère de Kirti, à Ngaba, où les forces armées avaient massacré une dizaine de civils en mars 2008, les immolations de moines (et souvent de moines expulsés des monastères en raison des nouvelles mesures de discipline imposés par le parti), sont devenues un mouvement collectif de protestation : désignées comme des "martyrs" à Dharamsala, les immolés sont des "terroristes" pour le gouvernement chinois.

A Pékin, la dissidente tibétaine Woeser, placée sous résidence surveillée à l'approche de la date sensible du 10 mars, a pris l'initiative dans une lettre ouverte cosignée par la poétesse tibétaine Gade Tsering et le bouddha vivant Arjia Lobsang, en exil aux Etats-Unis, d'en appeler à cesser les immolations par le feu. Woeser avait été l'une des premières à qualifier les immolations d'actes de résistance. Il est temps, écrit-elle le 7 mars après avoir rendu hommage "au dévouement rare" qui a poussé 26 Tibétains à recourir à cette forme extrême de protestation depuis février 2009, de "chérir sa vie au temps de l'oppression".

Ces 26 immolations ont clairement exprimé la volonté des Tibétains, dit-elle, or l'expression ne peut être un but en soi : il est temps de "mettre cette volonté en pratique", de rester vivant et de survivre à l'oppression. L'intégralité de la traduction en anglais de son texte est sur son blog.

SURENCHÈRE RÉPRESSIVE

Côté chinois, la désignation des immolés comme des "terroristes" s'inscrit dans la continuité d'une surenchère répressive que rien n'incite à freiner. La politique de la "stabilité à tout prix", qui commence à être modulée ailleurs en Chine en raison de ses excès, ne souffre aucun aménagement au Tibet.

Les participants à des manifestations ou des actes de résistance sont souvent laissés libres le temps que les choses se calment, puis les meneurs présumés sont traqués et arrêtés. Les procès sont expéditifs et les condamnations pour "séparatisme" ou "subversion" sont le plus souvent très lourdes. C'est le cas récemment des participants à un rassemblement pacifique à Nangcheng, dans la préfecture de Yushul au Qinghai. Ainsi qu'à Drango (Luhuo en chinois) dans le Sichuan, où une centaine d'arrestations ont eu lieu récemment selon Free Tibet.

Les familles, les employeurs, et les monastères sont "punis" pour les crimes de leurs employés ou membres. De fait, si, ailleurs en Chine, des contrepouvoirs balbutiants se mettent en place, grâce à la presse, aux réseaux sociaux, aux avocats et aux ONG, les régions tibétaines sont livrées aux formes les plus brutales de gouvernance.

INDIFFÉRENCE DE L'OPINION PUBLIQUE CHINOISE

L'opinion publique chinoise est indifférente et hostile aux revendications des Tibétains : les immolations ou autres manifestations, quand elles sont rapportées dans les médias chinois, le sont sous la forme d'entrefilets ou de brèves. Enfin, la perception que la question tibétaine est "intouchable" en raison de l'agressivité des autorités n'incite aucun des intellectuels ou des bloggeurs chinois, pourtant prompts à se mobiliser sur d'autres sujets touchant à la dignité humaine, à s'en mêler de trop près, par peur des représailles.

Du reste, au sein de l'appareil de sécurité qui continue de baigner dans une vision maoïste des rapports de force, le pire cynisme règne en maître : "Plus la situation est chaotique au Tibet, mieux c'est. Cela servira à entraîner nos troupes et à endurcir les masses. En outre, cela nous procurera une raison suffisante pour écraser la rébellion et mener des réformes dans l'avenir", confiait Mao Zedong en février 1959, il y a 53 ans, alors que la révolte battait son plein dans le Kham.

Brice Pedroletti


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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 18:09

Lettre du Proche-Orient | LEMONDE | 10.03.12 | 14h48   •  Mis à jour le 10.03.12 | 14h49

 
 

Le raid s'est déroulé mercredi 29 février, à 2 heures du matin, en toute discrétion et impunité. Les Jeep et véhicules blindés israéliens, avec à leur bord une quarantaine de soldats, techniciens du ministère des télécommunications et agents du Shin Beth (le service de sécurité intérieure) ont foncé dans les rues désertes de la capitale du non-Etat palestinien. La ville dormait, ils n'ont pas rencontré âme qui vive et, de toute façon, les Ramallahwis s'écartent au passage d'une troupe de soldats israéliens.

Cette prudence est d'abord celle des forces de sécurité palestiniennes. Cela ne fait pas plaisir au général Adnan Damiri, leur porte-parole, de l'admettre, mais c'est un principe de réalité : "Mes hommes ont pour consigne de s'éloigner, nous confirme-t-il. Nous ne voulons, ni ne pouvons, entrer en confrontation avec l'armée israélienne. Alors, nous laissons faire." Les soldats israéliens se sont arrêtés devant l'immeuble de Watan-TV, dans le quartier de Qaddoura, l'ont cerné, puis ont mené tambour battant leur razzia.

En un peu plus d'une heure, les deux émetteurs, 25 ordinateurs, les archives, des vidéos, les contrats, les factures, une foule de dossiers, ont été confisqués. Peu de mots ont été échangés : les soldats avaient "des ordres", notamment de se saisir des émetteurs. Puis, le convoi s'est ébranlé, pour se rendre à peu de distance, à Al-Bireh, au siège de Al-Quds Educational TV. Il était 3 h 30 du matin. Le même scénario s'est déroulé, mais le butin a été plus maigre : l'émetteur de la station et quelques équipements.

Le lendemain, les réactions des Palestiniens ont été empreintes de stupeur, avant de laisser place au fatalisme : l'armée israélienne est chez elle à Ramallah. Les Etats-Unis, l'Union européenne, la France, ont protesté, enfin plus exactement "déploré". Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a dénoncé "un assaut flagrant contre la liberté d'expression" et le premier ministre, Salam Fayyad, a estimé que le but d'Israël est "d'affaiblir ce qui reste de la stature de l'Autorité nationale palestinienne".

Ramallah est située en zone "A" de la Cisjordanie, laquelle, aux termes des accords de paix d'Oslo II (1995), est sous contrôle exclusif de l'Autorité palestinienne. Rien à voir, en principe, avec la zone "B", où Israël conserve la responsabilité de la sécurité, et encore moins avec la zone "C", entièrement sous l'emprise de la puissance occupante. Le siège de l'Autorité palestinienne, c'est la Mouqata'a, au centre de cette ville bourgeonnante de 200 000 habitants (durant le jour), où Mahmoud Abbas a sa résidence officielle.

Mais le roi est nu : le raid de l'armée israélienne a rappelé que l'Etat palestinien, dont M. Fayyad s'efforce avec ténacité de poser les fondations, et dont M. Abbas demande qu'il soit reconnu par les Nations unies, est un Etat croupion, dont la souveraineté est virtuelle, tout comme l'autorité de son président. Huit jours après la descente des soldats israéliens, les directeurs de Watan-TV et Al-Quds TV, Mouammar Orabi et Haroun Abuarrah, ne se perdent pas en conjectures sur les raisons de cette opération coup- de-poing : "Il s'agissait de nous réduire au silence", dit le premier. Leur but était double, précise le second : "Ils veulent récupérer nos fréquences, pour des raisons politiques tout autant que commerciales. Ils voulaient aussi rappeler aux médias palestiniens un message simple : "Nous sommes là, chez vous ; quand nous voulons, nous pouvons tout contrôler." " L'explication des autorités israéliennes est autre : les soldats sont intervenus pour fermer "deux télévisions pirates à Ramallah", Watan-TV et Al-Quds TV, qui "interrompent significativement d'autres chaînes légales et perturbent les communications aériennes" de l'aéroport Ben-Gourion, à Tel-Aviv.

Suleiman Zuhairi, ministre adjoint des télécommunications palestiniennes, s'en étranglerait presque de rage : il montre, documents à l'appui, que les deux chaînes émettent sur les mêmes hautes fréquences UHF depuis quinze ans et sont enregistrées comme telles depuis 2004 à l'Union internationale des télécommunications (UIT). Il souligne que Watan TV et Al-Quds TV diffusent respectivement sur 615,2 MHz (mégahertz) et 607,2 MHz, alors que la bande de fréquence des aéroports et des avions est comprise entre 108 et 137 MHz.

"Techniquement, martèle-t-il, les interférences sont impossibles. La vérité est que les Israéliens veulent faire taire toutes les voix qui luttent contre l'occupation et la colonisation. Ils veulent récupérer les fréquences des Palestiniens sur la bande UHF et, par-dessus tout, ils veulent tuer la solution de deux Etats." Suleiman Zuhairi rappelle que les accords d'Oslo ont créé une commission conjointe des télécommunications (JTC), et que celle-ci n'a été saisie d'aucune plainte israélienne. Il est vrai que ladite commission est une feuille de vigne : "Depuis dix ans, aucune fréquence ne nous a été accordée, et nous n'avons pas le droit d'importer des émetteurs", souligne-t-il.

Dans leur malheur, Mouammar Orabi et Haroun Abuarrah ont presque de la chance : en 2002, au début de la deuxième Intifada, les soldats israéliens avaient occupé les locaux de Watan-TV et Al-Quds TV pendant 40 et 19 jours, et tout avait été détruit. S'agit-il du signe avant-coureur d'un nouveau tour de vis sécuritaire en Cisjordanie ? Les deux hommes ont une certitude : "Ils vont revenir." Ce n'est pas le général Damiri qui les démentira : "L'armée israélienne fait des incursions deux ou trois fois par semaine à Ramallah ; et la nuit, je ne le sais pas toujours..."


lzecchini@lemonde.fr

Laurent Zecchini

 


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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 12:34

LEMONDE.FR | 08.03.12 | 11h07   •  Mis à jour le 08.03.12 | 13h11

 
 

 

Souhayr Belhassen, présidente (tunisienne) de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, ici en 2008.

Souhayr Belhassen, présidente (tunisienne) de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, ici en 2008. AFP/CATHERINE GUGELMANN


A l'occasion de la journée internationale des femmes, le 8 mars, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) lance une publication sur le rôle des femmes dans les mouvements de contestation, les révolutions et les transitions dans le monde arabe et propose vingt mesures pour l'égalité. Sa présidente, la Tunisienne Souhayr Belhassen, analyse la place centrale de la question de la femme au cœur des processus en cours dans les pays traversés par le printemps arabe. Cosignataire de l'appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité publié par Le Monde et diffusé sur France Inter le 8 mars, Mme Belhassen dévoile les actions entreprises pour garantir le respect des libertés fondamentales des femmes arabes.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des femmes dans les pays du printemps arabe ?

Mon regard est contrasté. Incontestablement, on ne peut que se réjouir de la chute des régimes absolutistes et dictatoriaux en Tunisie, Egypte et Libye. C'est loin d'être le cas en Syrie, où hommes et femmes traversent une épreuve terrible, dont on ne sait à quoi elle va aboutir. La FIDH a fait un travail transversal dans les pays en révolution (Tunisie, Egypte et Libye), en évolution (Maroc et Algérie) et en contestation (Yémen, Bahreïn et Syrie). Ce n'est pas seulement un état des lieux, ante et post-révolution, mais aussi un rapport qui souligne l'importance politique de la question femme au cœur des processus en cours, car elle constitue un enjeu central et essentiel sur lequel modernistes et conservateurs se battent. En demandant que la charia (la loi islamique) soit source de droit, certains veulent donner un contenu idéologique et rétrograde à la Constitution en cours d'élaboration aujourd'hui en Tunisie. Ils veulent faire en sorte qu'elle soit au service d'une idéologie particulière à un groupe, alors qu'une Constitution démocratique doit préserver toutes les libertés reconnues à des citoyens égaux et réunir le peuple sans méconnaître sa diversité.

La femme a constitué une force de résistance non négligeable. Les 14 et 15 janvier, des filles à Thala et à Kasserine [bastion de la révolution au centre-ouest de la Tunisie] ont été violées par les gardes de Ben Ali ; des femmes ont également été violées au ministère de l'intérieur. Si elles ont toujours joué un rôle et l'ont toujours payé du prix de la liberté, elles n'ont jamais eu cette visibilité. La participation des femmes dans la rue a troublé les stéréotypes, c'est ce qui fait que les pays de la région et au-delà s'interrogent sur leur avenir.

Les systèmes législatifs dans le monde arabe reposent sur une asymétrie continue entre les droits des hommes et des femmes. La remise en cause de cette asymétrie, de cette inégalité traditionnelle, est considérée comme une menace à l'ordre public. Je m'arrête à l'exemple de la Tunisie. Avant et après l'accession d'Ennahda au pouvoir, ses représentants ont remis en cause les acquis de l'adoption, ont traité les mères célibataires "d'infamie" et ont déclaré vouloir revenir au mariage orfi (mariage non civil). Sans compter les réactions tardives des autorités aux agissements des salafistes et l'invitation du prédicateur Wajdi Ghenim qui prône, dans un pays qui l'ignore, la pratique barbare de l'excision.

Ces faits constituent-ils pour vous une menace réelle pour le processus de transition en général et le statut des femmes en particulier ?


Que ces faits constituent des sondes envoyées par les autorités pour tester l'opinion ou des menaces réelles, il faut que la société civile et les partis qui se disent modernistes se mobilisent pour défendre les acquis de la femme et aller plus loin en matière d'égalité.

Quels sont les droits que vous voulez introduire dans la Constitution ?

Nous voulons que la parité, l'égalité pleine et entière entre hommes et femmes, et la séparation entre Etat et religion soient prévues dans la Constitution.

 

Au-delà de la Tunisie, quelle sera votre démarche ?

Nous sommes particulièrement attachés à l'exemple de la Tunisie, dans la mesure où ce pays a prouvé qu'en faisant des réformes, on peut moderniser l'islam et non islamiser la modernité. Toute la question est là. Ce n'est pas un hasard si la Tunisie a été le premier pays à faire sa révolution, c'est parce qu'elle a des acquis. La Tunisie peut intégrer ses islamistes et les faire évoluer. Je suis pour un dialogue et un échange avec les partis islamistes.

 

Vous avez cosigné un appel pour une égalité effective entre hommes et femmes… Comment traduire cet appel dans les faits ?

Plusieurs actions sont entreprises en ce sens. Un groupe d'associations féministes du monde arabe, appelé Coalition "Egalité sans réserves", s'est constitué pour lever les réserves à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw). Nous avons réussi ensemble à faire lever toutes les réserves de la Tunisie et du Maroc concernant cette convention, ce qui est pour nous un grand succès. Comme vous le savez, dans le monde arabe, tous les pays – mis à part le Soudan et la Somalie, ont ratifié la Cedaw, mais son application reste tributaire de sa conformité avec la charia, ce qui revient à vider le texte de tout son sens. Combattre la violence et agir pour l'égalité est une autre forme de notre action. Notre rôle consiste également à accompagner nos organisations auprès des instances onusiennes afin de faire pression sur les pays pour que les législations nationales soient mises en conformité avec les normes internationales.

En partageant les propositions, les stratégies, les réactions et les espoirs des militantes et militants de terrain, nous avons élaboré, ensemble, vingt recommandations pour l'égalité, qui concernent la participation des femmes à la vie politique et publique, aux réformes constitutionnelles et législatives, mais également sur la violence, l'éducation l'emploi et la santé et la mise en œuvre des droits humains universels.

 

Etes-vous parvenus à améliorer un tant soit peu la condition des femmes depuis le printemps arabe ?

Aujourd'hui, les pays arabes ne sont pas logés à la même enseigne. Le Maroc est entre deux eaux, mais c'est le Yémen et la Libye qui ont le pire des statuts pour les femmes. Les femmes yéménites sont, entre autres, discriminées en matière de nationalité, d'héritage, de droit de la preuve. Elles sont sous l'autorité d'un tuteur, la présence de la mariée n'est pas indispensable pendant les mariages – c'est-à-dire qu'on peut se passer de son accord –, les mutilations génitales ne sont pas criminalisées, le taux de scolarisation est très bas. Il n'y a que deux femmes au gouvernement, une seule femme parlementaire, et une seule femme est inscrite à l'école nationale de magistrature.

 

Quel est aujourd'hui votre état d'esprit, êtes-vous optimiste quant à l'avenir de la condition de la femme dans les pays arabes ?

Je suis inquiète parce que les révolutions arabes ont produit dans la plupart des cas une forte présence des islamistes, sinon une prise de pouvoir par ces derniers. Les menaces sont là, la société civile s'est montrée réactive, c'est une bonne chose. Ce qui m'interpelle, dans le cas de la Tunisie, c'est que les partis politiques sont dans des guéguerres alors qu'il y a des urgences, non seulement institutionnelles, mais aussi économiques et sociales. Ce qui m'inquiète aussi, c'est cette perspective qu'on fasse du surplace et que l'égalité puisse ne pas être inscrite dans la Constitution et que la charia soit en débat. Il y a également des facteurs exogènes à ce débat sur la charia. Ceux qui prônent la laïcité sont mis en accusation, et leur appel pour une séparation entre le politique et le religieux est entendu comme un athéisme. Ce discours a été déjà réactivé après la révolution iranienne et pendant la guerre d'Irak. C'est un discours qui s'alimente des frustrations collectives et c'est l'une des raisons de la longévité des régimes dictatoriaux. Il s'explique aussi par la faillite de la communauté internationale dans le règlement des conflits, notamment les conflits palestinien et irakien, par le durcissement des politiques d'immigration et toutes ces tensions qui se sont développées au niveau des relations internationales par la mondialisation sauvage, la fermeture des frontières à la circulation des personnes. La laïcité en terre d'islam est souvent perçue comme un produit occidental, or notre combat est pour l'universalité des droits et des libertés. Combat qui se situe au-dessus de toute autre considération.

Propos recueillis par Hajer Jeridi

 


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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 12:30

LEMONDE.FR | 08.03.12 | 08h10   •  Mis à jour le 08.03.12 | 12h03

 
 

 

Des militantes du Parti de la justice et du développement (PJD) célèbrent la victoire dans une rue de Rabat, le 27 novembre.

Des militantes du Parti de la justice et du développement (PJD) célèbrent la victoire dans une rue de Rabat, le 27 novembre.Johann Rousselot


L'arrivée au pouvoir de partis islamistes pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie et du Maroc, où ils dominent les gouvernements, nourrit les craintes des femmes. Pas toutes, certes. Car les victoires électorales du parti tunisien Ennahda en octobre 2011 et un mois plus tard, le 25 novembre, du Parti de la justice et du développement (PJD) marocain se sont aussi appuyées sur un vote féminin. Mais le "printemps arabe", qui a porté les aspirations de millions personnes dans la rue, a son revers.

Au Maroc, c'est d'abord une image. Celle d'une femme, une seule, un foulard sur les cheveux, au milieu de trente hommes en costume sombre : Bassima Hakkaoui, 51 ans, députée du PJD depuis 2002, a été nommée en janvier ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Par comparaison, le précédent gouvernement comptait cinq ministres femmes et deux secrétaires d'Etat. Première déconvenue.

AU MAROC, DES "SIGNAUX INQUIÉTANTS"

Aussitôt, l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a écrit une lettre ouverte au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, pour lui transmettre ses "principales attentes". "Comme vous le savez, durant la dernière décennie, le Maroc a fait des progrès significatifs en matière de promotion et de protection des droits humains des femmes", rappelle l'association, avant d'interpeller le secrétaire général du PJD sur le respect des principes d'"égalité" des sexes et de "parité" contenus, article 19, dans la nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 1er juillet 2011. L'ADFM n'a, à ce jour, reçu aucune réponse. Deuxième déconvenue.

"Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de l'arrivée au pouvoir du PJD", déclare Amina Lotfi, présidente de l'ADFM. "Mais les premiers signaux sont inquiétants, relève-t-elle en pointant la "totale insensibilité à l'égalité du genre" du gouvernement. Le mouvement féministe au Maroc, soutenu par des femmes qui ne trouvaient pas toujours leur place dans les partis politiques, "avait eu tendance à un peu baisser les bras et, là, il a reçu une belle claque", assure une militante pourtant aguerrie. "Les partis islamistes sont arrivés au pouvoir parce qu'ils étaient les mieux organisés et parce que les gens avaient un sentiment de reconnaissance, car ils les ont aidés dans leur vie quotidienne. Désormais, il y a des craintes sur les libertés, une récession culturelle, et l'élite, malheureusement, ne réagit pas, s'alarme Nabila Mounib. La question de la femme redevient centrale."

Cette endocrinologue âgée de 52 ans, chercheuse à l'université Hassan-II à Casablanca, vient d'être nommée chef d'un parti d'opposition de gauche, le Parti socialiste unifié (PSU), – ce qui fait d'elle une pionnière. Elle se souvient du 12 mars 2000 où elle défilait dans la rue pour réclamer la réforme du code de la famille, la Moudawana, face aux militants du PJD qui s'y opposaient de toutes leurs forces. "La priorité du gouvernement, dans sa déclaration de politique générale, poursuit Nabila Mounib, repose sur l'identité, l'identité exclusive qui consiste à dire 'nous sommes musulmans', or le référentiel religieux est toujours mis en avant par des hommes, pour des hommes." Pour Amina Lotfi, "le programme gouvernemental prône un discours idéologique et moralisateur (…) qui cantonne les femmes dans l'espace privé-famille et dissout leurs droits et libertés dans des considérations de cohésion dont la femme-épouse-mère endosserait la totale responsabilité".

Aucune loi, aucun signe tangible n'est jusqu'ici venu remettre en cause les avancées acquises par les femmes marocaines. Mais la vigilance est de mise dans un pays où la polygamie n'est pas formellement interdite et où, malgré la loi, le mariage des jeunes filles de 12 ou 13 ans persiste. "On a laissé une marge de manœuvre aux juges, il était question de les former mais cela n'a pas été fait", dénonce Nabila Mounib qui cite une discussion qu'elle a eue à ce sujet avec Bassima Hakkaoui, juste avant qu'elle ne soit désignée ministre de la famille : "Je lui ai demandé ce qu'elle pensait du mariage des petites filles, elle m'a répondu : 'Si elles sont suffisamment développées, pourquoi pas ?'" "C'est un rude combat, ajoute-t-elle, qu'il faudra mener dans les lycées, les universités, car en face des mosquées se démultiplient pour lancer le message que l'islam est la solution. Et ce qui se passe chez nos voisins, comme en Tunisie, n'est pas fait pour nous rassurer."


LES DÉBATS D'HIER RESSURGISSENT EN TUNISIE

En Tunisie, non plus, aucune loi n'est venue remettre en cause, jusqu'ici, les acquis des femmes – les plus avancés dans le monde arabe depuis l'adoption, en 1956, du code du statut personnel. Au contraire, lors des élections d'octobre 2011, le principe de listes paritaires, une première, avait été accepté par tous les partis. Mais, depuis, la situation s'est dégradée. Des enseignantes sont agressées, insultées par des salafistes et des prédicateurs venus de l'étranger arpentent le pays, sans que le gouvernement réagisse. "Les femmes subissent tous les jours des violences, certes, la plupart du temps verbales, mais quand même, déplore Dalenda Larguech, historienne, directrice du Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif), à Tunis. Jamais, je n'aurais pensé que nous débattrions de sujets que l'on croyait dépassés !"


 

Sihem Badi prête serment, le 24 décembre 2011, lors de la cérémonie d'investiture du gouvernement tunisien.

Sihem Badi prête serment, le 24 décembre 2011, lors de la cérémonie d'investiture du gouvernement tunisien. AFP/FETHI BELAID


Pour preuve, l'orfi, le mariage non civil, qui avait quasiment disparu en Tunisie, a fait un retour fracassant dans les débats après les propos maladroits de la ministre de la femme, Sihem Badi, membre du parti Congrès pour la République (CPR). Début février, la ministre (elles sont deux dans un gouvernement de vingt-six hommes) avait qualifié cette pratique, qui ne nécessite que deux témoins et n'accorde aucun droit à la femme, de "liberté individuelle" avant de faire machine arrière. Mais le mal était fait, et aux dires d'enseignants, des étudiantes auraient épousé des salafistes sous ce régime. "Cela n'a rien à voir avec le mariage coutumier tel qu'il était pratiqué dans le monde rural qui n'avait pas l'usage de l'écrit. Là, il s'agit ni plus ni moins que d'une libération sexuelle halal, c'est tout, et cela peut développer la polygamie !", s'indigne Dalenda Larguech.

Entre les fondamentalistes religieux et une partie de la société, la bataille s'est aussi cristallisée autour du port du niqab, le voile intégral, qui a fait son apparition après la révolution. Depuis le 6 décembre 2011, les cours de la faculté des lettres de la Manouba, à côté de Tunis, sont tous les jours perturbés, même si cela concerne une poignée d'étudiantes soutenues par des salafistes. "C'est toute une atmosphère, une guerre d'usure, rapporte la féministe du Credif. On parle maintenant d'interdire l'adoption alors que nous l'avions acceptée depuis 1956…" En Tunisie, les débats sont exacerbés par la rédaction, d'ici un an, de la future Constitution, pour laquelle ont été élu(e)s 217 député(e)s avec, au cœur du litige, la place de la charia, la loi islamique, comme source d'inspiration du droit, ou non.  

"L'idée de séparation du politique et du religieux est étrangère à l'Islam", a affirmé Sahbi Atig, un élu d'Ennahda au cours d'une séance. En réaction, vingt-huit associations féministes et organisations de droits de l'homme ont déposé à l'Assemblée un projet de Constitution : "Nous revendiquons l'inscription des droits des femmes dans la future Constitution pour que celle-ci marque un véritable tournant dans la promotion des droits des femmes et de leur protection (…). Nos propositions ont aussi pour but de mettre définitivement un terme à l'instrumentalisation politique et religieuse des droits humains des femmes", peut-on lire en préambule.

Les quatorze articles du texte tendent vers un seul but : obtenir l'égalité des sexes. Le 28 février, d'autres organisations, dont le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme, ont également lancé un appel à l'Assemblée constituante tunisienne : "Le référent arabo-musulman doit être considéré comme un élément central de la personnalité tunisienne, non comme une source de législation. Il ne doit y avoir aucune réforme des textes relatifs au statut personnel durant la période de transition." Le face-à-face continue. A l'initiative d'un collectif d'associations, les femmes devaient manifester jeudi 8 mars à Tunis et tenir un colloque le lendemain. Le groupe salafiste Hizb ut-Tahrir, lui, a prévu "un congrès mondial des femmes".


>>> Suivez en direct sur LeMonde.fr notre chat avec Sihem Badi, ministre de la femme tunisienne, jeudi 8 mars 2012, à 11 heures. 


Isabelle Mandraud

 


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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 12:39

LEMONDE.FR avec AFP | 06.03.12 | 09h24   •  Mis à jour le 06.03.12 | 09h41

 
 

 

Abdolfattah Soltani, avocat des droits de l'homme iranien, avec la Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.

Abdolfattah Soltani, avocat des droits de l'homme iranien, avec la Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, en juillet 2004.AFP/BEHROUZ MEHRI


L'avocat et défenseur des droits de l'homme iranien Abdolfattah Soltani a été condamné récemment à dix-huit ans de prison et à vingt ans d'interdiction d'exercer par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, ont indiqué plusieurs sites d'opposition, citant sa famille, mardi 6 mars. Amnesty International, confirmant l'information, a demandé dans un communiqué la libération de ce prisonnier d'opinion qu'elle soutient depuis son arrestation, en septembre 2011.
 

"Un des avocats de mon mari a été informé qu'il avait été condamné à dix-huit ans d'emprisonnement à Borazjan [NDLR : petite ville du sud de l'Iran] et à vingt ans d'interdiction d'exercer son métier", a indiqué Masoumeh Dehqan, l'épouse de Me Soltani, au site d'opposition réformateur Rahesabz. Elle n'a pas pu préciser la date de cette condamnation.

 "PROPAGANDE CONTRE LE RÉGIME"

Me Abdolfdattah Soltani est l'un des cofondateurs du Cercle des défenseurs des droits de l'homme, avec la Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Il a assuré notamment la défense de responsables de la communauté religieuse des bahaïs, poursuivis par les autorités, qui ne la reconnaissent pas. Il a été accusé par le tribunal révolutionnaire de Téhéran d'"organisation d'un groupe d'opposition illégal", de participation a des "rassemblements en vue de porter atteinte à la sécurité nationale" et de "propagande contre le régime", selon Amnesty International. Il lui a également été reproché d'avoir "accepté un prix illégal et des revenus illégaux," pour avoir reçu en 2009 le prix international des droits de l'homme de Nuremberg, en Allemagne, ajoute l'organisation.
 

"Mon mari rejette ces accusations et va faire appel", a indiqué Mme Dehqan. Une dizaine d'avocats défenseurs des droits de l'homme ou de l'opposition sont actuellement emprisonnés en Iran, selon Amnesty International qui les a pour la plupart adoptés comme prisonniers d'opinion.

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 13:53

LEMONDE.FR avec AFP | 05.03.12 | 07h51   •  Mis à jour le 05.03.12 | 07h58

 
 

Une femme tibétaine, âgée de 32 ans et mère de quatre enfants, s'est immolée par le feu dimanche 4 mars dans le sud-ouest de la Chine pour dénoncer l'occupation chinoise du Tibet, rapporte une organisation tibétaine des droits de l'homme. La jeune femme a succombé à ses brûlures près d'un monastère de la province du Sichuan, à la veille de l'ouverture de la session annuelle du Parlement chinois, qui sert souvent de prétexte aux autorités de Pékin pour réprimer les mouvements contestataires.

Il s'agit de la 23e immolation d'un Tibétain depuis un an. Au moins seize d'entre eux ont trouvé la mort, en majorité des moines bouddhistes, selon les organisations des droits de l'homme. Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a affirmé en février que ces suicides étaient des actions visant à déstabiliser le Tibet, région contrôlée par la Chine depuis 1950, et qu'elles n'avaient pas l'approbation de la population locale.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 15:02

LEMONDE.FR avec AFP | 04.03.12 | 08h32   •  Mis à jour le 04.03.12 | 14h12

 
 
 
Des électeurs à l'université de Stavropol, dans le sud de la Russie.
Crédits : REUTERS/EDUARD KORNIYENKO

Les Russes ont commencé dimanche à se rendre aux urnes en Extrême-Orient et en Sibérie pour la présidentielle à l'issue de laquelle l'actuel premier ministre Vladimir Poutine compte revenir au Kremlin, malgré une contestation sans précédent de son régime.

Quelque 109 millions d'électeurs sont appelés aux urnes à travers la Russie. Après l'Extrême-Orient et la Sibérie, les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures locales dans les autres régions russes, et de premières estimations seront connues vers 21 heures (19 heures à Paris) après la fermeture des dernières urnes à Kaliningrad.

Vladimir Poutine, le grand favori de ce scrutin, est crédité d'environ 60% des voix, selon les derniers sondages publiés fin février. Il est en lice contre quatre candidats : le communiste Guennadi Ziouganov (second selon les sondages), le populiste Vladimir Jirinovski, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, nouveau venu dans le jeu politique, et le centriste Sergueï Mironov.

L'homme fort de la Russie fait néanmoins face à une vague inédite de contestation depuis les élections législatives de décembre, entachées par des fraudes massives selon l'opposition. Face à cette contestation, quelque 180 000 web-caméras de surveillance ont été installées dans 90 000 bureaux de vote (sur une totalité de 95 000) en Russie, à l'initiative de M. Poutine, afin d'éviter les fraudes électorales.

Une idée accueillie avec du scepticisme par la mission d'observation électorale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Russie, les web-caméras ne pouvant pas filmer le processus de comptage des bulletins de vote. De premières fraudes ont déjà été constatées dimanche à Vladivostok, selon le Parti communiste local.

 

MUTLIPLES FRAUDE RELEVÉES

Des partis d'opposition et une ONG russe dénoncent les fraudes dans de nombreux bureaux à travers le pays. "Les mêmes personnes votent dans les bureaux de vote n° 2164 et 2166" de Moscou, indique sur son site le parti démocrate Iabloko, qui a déployé de nombreux observateurs à travers la Russie.

"A Vladivostok, au bureau n°155, des électeurs ont découvert [en arrivant] qu'ils avaient déjà voté", recense encore le parti, dont le candidat, Grigori Iavlinski, a été disqualifié pour l'élection fin janvier, au motif d'irrégularités dans la collecte des deux millions de signatures de soutien. Le parti communiste dénonce lui aussi toute une série de fraudes, comme celle commise selon ses observateurs dans un bureau de vote de la région de Kirov, où une liasse de bulletins a été jetée dans l'urne.

Dans la région d'Orenbourg, tout un groupe de minibus, transportant les électeurs de bureaux en bureaux pour voter plusieurs fois – une pratique appelée "le manège" – a été arrêté, indique de son côté le parti communiste sur son site. Et à Toula, "les pneus des voitures des observateurs du parti communiste ont été crevés", une façon de les empêcher de se rendre dans les bureaux de vote pour assurer leur mission. Le site des observateurs de Saint-Pétersbourg (www.spbelect.org) recense notamment une personne décédée dans la liste des électeurs du bureau 1718.

L'ONG Golos, qui réalise une carte des fraudes interactive en ligne (www.kartanarusheniy.ru) en coopération avec l'édition russe du magazine américain Forbes, recensait de son côté vers 12h30 heure de Moscou (10h30 à Paris) plusieurs centaines de violations. A la mi-journée, plus de 2 000 messages de personnes dénonçant des violations avaient été déjà publiés sur le site de l'ONG, qui avertit toutefois que la véracité des informations n'est pas vérifiée.

 

 

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