SNCF : les dix scandales
Autrefois fleuron français, la compagnie nationale souffre désormais d’une très mauvaise réputation auprès des usagers. Entre les prix élevés, les retards et de graves manquements en matière de sécurité, et en attendant l’ouverture prochaine à la concurrence. Extrait du dossier consacré par Politis :
Après les stades vides et hors de prix et les universités ne pouvant pas accueillir de public, on découvre désormais que les partenariats public-privé (PPP) font aussi des ravages sur les lignes à grande vitesse. Une filiale de Vinci, Lisea, a été choisie en 2007 pour construire le TGV Tours-Bordeaux et financer la moitié des 7,8 milliards d’euros d’investissement, à parité avec des fonds publics. L’affaire a tourné l’automne dernier à la tragi-comédie. Il y a d’abord la grogne de 48 collectivités locales, qui ont cofinancé le projet en rêvant d’être desservies par le train à grande vitesse, l’ouverture de la ligne étant prévue pour 2017. Problème : celle-ci ne pourra pas compter 48 gares. D’où le sentiment d’avoir été les vaches à lait du consortium.
Le voyageur pourrait aussi avoir cette désagréable impression. Car, pour se rembourser, Lisea fera payer l’accès aux rails à la SNCF pour une durée de cinquante ans, avec un tarif 2,5 fois plus cher que sur la section Paris-Lyon, et l’autorisation d’augmenter chaque année ces droits de passage jusqu’à 3,5 fois l’inflation.
Mais ce n’est pas tout. Selon les calculs de Lisea, cette activité sera rentable à partir d’une vingtaine d’allers-retours Paris-Bordeaux par jour. Or, la SNCF estime ses besoins à seulement 13 allers-retours. Comme il est d’usage dans les PPP, l’entreprise renégocie le contrat lorsque ses bénéfices sont menacés. En novembre 2015, les banquiers du consortium ont donc suspendu le versement d’une des tranches de crédit jusqu’à gain de cause. Le gouvernement a tranché : il y aura 16,5 allers-retours par jour.
Tant pis si ces trains sont vides et que la SNCF ne rentre pas dans ses frais.
Lisea, de son côté, continue de demander une intensification du trafic.
À l’avenir, seul l’État financera ce type de projet, laisse entendre, échaudé, le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies. Pas question en revanche de freiner la course à l’ultravitesse, malgré son coût énergétique et des finances dans le rouge vif pour la branche infrastructure de la SNCF. Prochain projet : mettre Toulouse à 3 h 15 de Paris d’ici à 2030. Mais à quel prix ?
Lire l’article complet original de Politis ici.