De la viande de cheval a été détectée dans plusieurs boîtes de raviolis en conserve de la marque Panzani, fabriqués par William Saurin, qui ont été immédiatement retirées de la vente, révèle mardi 26 février le magazine spécialisé dans la distribution LSA.
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WILLIAM SAURIN "VICTIME D'UNE TROMPERIE"
Panzani, qui appartient au groupe espagnol Ebro, avait confié depuis 13 ans la fabrication de ses raviolis au groupe français William Saurin, propriété de Financière Turenne Lafayette. William Saurin a été "victime d'une tromperie par un de ses fournisseurs", affirme le magazine.
Contacté par l'AFP, Financière Turenne Lafayette a refusé de commenter ces informations. Panzani France n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations. Selon LSA, Panzani a immédiatement demandé à William Saurin de retirer du marché les raviolis concernés et de rembourser les consommateurs trompés.
Des test ADN ont par ailleurs été diligentés par la société, qui affirme "ne pas acheter de viande d'origine roumaine". La principale filière d'incorporation frauduleuse de viande de cheval dans des plats préparés jusqu'ici mise au jour utilisait de la viande d'origine roumaine.
NOUVEAUX PRÉLÈVEMENTS POUR "RÉVÉLER L'ÉTENDUE DE LA FRAUDE"
Le ministre de la consommation, Benoît Hamon, avait annoncé mardi dans la journée que de nouveaux prélèvements "dans des filières d'approvisionnement hors Spanghero" étaient réalisés dans le cadre de l'enquête sur la viande de cheval et que les sanctions des fraudeurs seront renforcées.
"Au total ce soir, il y aura 40 prélèvements qui auront été effectuées sur des échantillons de produits hors filière Spanghero (...) afin de mesurer s'il y a plus de plats et d'entreprises incriminées que ce qui a été révélé jusqu'à présent", a déclaré le ministre lors de la présentation du bilan de l'action de la DGCCRF en 2012.
M. Hamon avait laissé entendre le 21 février qu'"il pourrait apparaître qu'il n'y ait pas qu'une seule filière concernée par cette substitution de viande de cheval en lieu et place de viande de bœuf". "Les analyses sont en cours et permettront de révéler l'étendue de la fraude", a ajouté le ministre, sans donner les noms des sociétés dans lesquelles ces analyses étaient effectués "afin de ne pas fragiliser à tort certaines filières", a-t-il indiqué. Il n'a pas dit quand les résultats seront rendus publics.
RENFORCER LES SANCTIONS
Spanghero est pour l'instant la seule entreprise française accusée d'avoir revendu plusieurs centaines de tonnes de viande censée être du bœuf mais qui contenait également du cheval. Benoît Hamon a d'autre part insisté sur la nécessité de renforcer les sanctions légales envers les fraudeurs économiques "pour faire cesser le sentiment d'impunité".
"Aujourd'hui, si vous volez une barquette de surgelés dans une grande surface, vous encourrez trois ans de prison et 45 000 euros d'amende alors que lorsque vous pratiquez une fraude économique sur plusieurs centaines de tonnes de viande, vous ne risquez que 37 500 euros d'amende si vous êtes une personne physique et 187 000 euros pour une personne morale. Ce n'est pas très dissuasif", a souligné le ministre. "Nous voulons donc renforcer les sanctions et ce sera fait dans le projet de loi consommation" présenté en avril, a annoncé M. Hamon.
Les sanctions envers les fraudeurs pourront ainsi passer à 300 000 euros pour les personnes physiques et 1,5 million pour les personnes morales. "Elles pourront aussi être étendues à 10 % du chiffres d'affaires de l'entreprise concernée, qui pourrait également être punie d'une interdiction d'exercer une activité commerciale dans les domaines sur lesquels la fraude a porté", a ajouté M. Hamon.
DE LA VIANDE D'ÂNE ET DE CHÈVRE DANS DES PLATS PRÉPARÉS
En outre, plus de la moitié des plats préparés, saucisses ou steaks en Afrique du Sud sont mal étiquetés et contiennent même parfois de la viande d'âne ou de chèvre, selon une récente étude de l'université de Stellenbosch.
"Notre étude confirme que l'étiquetage frauduleux de la viande préparée est courant en Afrique du Sud. Non seulement cela viole la réglementation mais cela a des conséquences en termes économique, religieux, éthique et de santé", selon l'un des auteurs, Louw Hoffman, professeur au département des sciences animales.
La viande testée, dont 139 échantillons ont été sélectionnés en boucherie ou chez des détaillants, contenait dans 68 % des cas des ingrédients non déclarés, notamment "les saucisses, les steaks pour hamburgers et les plats préparés". Le plus souvent, du porc et du poulet ont été ajoutés, mais aussi du soja et du gluten. "Des ingrédients peu conventionnels comme de l'âne, de la chèvre et du buffle ont également été découverts dans un certain nombre de produits", a précisé M. Hoffman. L'étude s'appuie sur des tests ADN et démontre, selon l'autre auteur de l'étude, Mme Donna-Maree Cawthorn, la nécessité de peines plus sévères pour ce type d'infraction.