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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 19:29

 

Le Monde.fr avec AFP | 31.03.2013 à 20h58


 

Une postière ariégeoise, employée depuis 32 ans dont 22 ans en CDD, a obtenu de la cour d'appel de Toulouse 54 000 euros d'indemnités, la prise en compte de son ancienneté depuis 1981, la requalification de son emploi en CDI à temps plein depuis 1991 et la régularisation des cotisations de retraite depuis la même date.

L'arrêt de la cour, daté du 28 mars, et dont l'AFP a eu connaissance, améliore en sa faveur le jugement des prud'hommes de Foix en 2011 dont la postière avait fait appel. "C'est une sanction record, par le montant et par la régularisation totale de son ancienneté et de sa retraite", a déclaré à l'AFP Thomas Barba, délégué syndical Sud et représentant des postiers précaires devant les tribunaux depuis l'an 2000.

 

 

"EXPLOITATION ABUSIVE"

L'arrêt souligne notamment que la plaignante "est fondée à soutenir que l'attitude de La Poste (...) constitue une exploitation abusive contraire au principe d'égalité (avec les employés en CDI)".

La Cour a suivi la guichetière qui demandait une requalification à temps complet en soulignant que ces irrégularités "l'ont privée de la possibilité d'occuper un autre emploi puisqu'elle se tenait à la disposition permanente de cet employeur" sans connaître à l'avance "les conditions de durée et d'horaire de son embauche".

La Poste a usé et abusé des CDD pendant 13 ans après son changement de statut de 1991, qui autorisait le recours à des contractuels "en cas d'exigences particulières d'organisation". M. Barba se prévaut d'avoir obtenu plus de 160 condamnations de la Poste qui avait utilisé des CDD pour "des emplois liés à l'activité normale et permanente de l'entreprise".

Dans le cas de la postière ariégeoise, la Poste "n'a pas contesté les irrégularités de ces contrats" selon l'arrêt, et a accepté la requalification en CDI à temps partiel de ceux qui étaient postérieurs à 1991.

La direction de la Poste a régulièrement indiqué qu'elle était engagée "depuis 2004 dans une politique offensive de développement de l'emploi permanent à temps complet". La Poste qui emploie environ 240 000 personnes assure avoir proposé des CDI à 23 000 personnes en CDD sur la période 2005-2011.

 

 
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 22:05

 

 

http://fsm2013.wordpress.com/

 

 

 

Blog de la délégation des Alternatifs à Tunis du 26 au 30 mars 2013

 

 

enetefsm.jpg 

De nombreuses organisations étaient représentées à l’Assemblée des mouvements sociaux dans une chaude ambiance militante et festive.

P1040677Fathi Chamkhi est intervenu au nom des mouvements tunisiens pour indiquer qu’après deux ans de révolution, la Tunisie résistait toujours et qu’elle avait ouvert une brèche dans le capitalisme mondial.

P1040681

La présidente du mouvement de l’Association tunisienne des femmes démocrates, Ahlem Beladj, a déclaré qu’il n’y avait pas de révolution sans féminisme. Josie Riffaud de Via Campesina a également souligné que le monde rural et les femmes étaient les premières victimes du capitalisme. La camarade tunisienne qui animait l’assemblée et représentait la marche mondiale des femmes est allée dans le même sens.

P1040693La jeunesse tunisienne et altermondialiste était fortement représentée. L’assemblée s’est terminée dans un joyeux concert de chants et slogans anti-impérialistes.

Philippe Gasser et Bernard Macret

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Aujourd’hui, vendredi 29 mars, s’achevait la troisième journée des ateliers. Au total, ce sont près d’un millier d’activités autogérées qui se seront tenues au cours de ce forum. Ce matin, les Alternatifs animaient un atelier : « Education : quel école pour l’émancipation ? » qui a été un succès numérique et qualitatif, introduit par nos camarades, Bruno Della Sudda et Pedro Mesas de los Alternativos (Etat espagnol) et en co-animaient un autre avec Transform intitulé : « Appropriation sociale et autogestion », introduit notamment par Richard Neuville, nous y reviendrons demain.

P1040663

En fin d’après-midi, les assemblées de convergence ont débuté et l’Assemblée des mouvements sociaux s’est tenue dans une ambiance surchauffée et combative. Demain matin, samedi  30 mars, les assemblées thématiques se poursuivront et l’après-midi se déroulera la marche de solidarité avec le peuple palestinien dans le cadre de la journée de la Terre, à laquelle les Alternatifs participeront.

Assemblée des mouvements sociaux 2

Avant même de tirer un bilan collectif de ce forum, il est permis d’affirmer que ce FSM a été un succès en termes de participation (50 000 personnes) et d’organisation. La présence tunisienne aura été significative et ce forum aura permis aux militant-e-s du monde entier de manifester sa solidarité au peuple tunisien et aux mouvements sociaux.

RN

Dynamique des femmes et femmes dynamiques au FSM

Ass de femmes_792632013Tout au long de ce forum, les femmes étaient très présentes tant par leur participation que par le nombre d’ateliers abordant les thématiques féministes. L’assemblée des femmes a même ouvert le Forum Social Mondial de Tunis renouant ainsi avec la tradition altermondialiste. Elle était à l’initiative de l’Association des Femmes Démocrates Tunisiennes et de la Marche Mondiale des Femmes. Dans une ambiance dynamique , effervescente et combative , plus d’un millier de personnes hommes et femmes ont repris en chœur des slogans internationaux : el pueblo unido, free free Palestine , le peuple veut savoir qui a tué Chokri Belaid , so so so solidarité avec les femmes du monde entier… Les prises de paroles étaient donc un peu difficiles dans une atmosphère plus proche de la manifestation que d’un débat.

Les revendications des femmes que ce soit celles des tunisiennes, des égyptiennes , palestiniennes sénégalaises , polonaises, brésiliennes vont toutes dans le sens de la recherche de plus de démocratie, de liberté et de droits pas uniquement pour les femmes d’ailleurs mais pour toute la société. Elles luttent partout dans le monde contre la double oppression patriarcal et capitaliste.

En Tunisie , comme en Egypte , elles ont joué un rôle important dans la révolution comme dans les événements qui l’ont précédée mais elles sont aujourd’hui inquiètes. Dans cette phase de transition post-révolutionnaire, elles se sentent exclues des processus constituants ou mal représentées et les premiers signes donnés ne vont pas dans le sens de l’égalité hommes femmes. Ainsi, en Tunisie il a fallu une très forte mobilisation des femmes et de la société civile pour combattre le projet d’article de la constitution visant à rendre la femme « complémentaire » de l’homme plutôt que son égale.

Depuis l’Indépendance, les droits des femmes étaient dans la loi (code du statut personnel) sans garantir pour autant l’égalité. Aujourd’hui, avec l’arrivée au pouvoir d’Ennahdha, l’écriture d’une nouvelle constitution risque d’ouvrir une brèche permettant de remettre en cause les acquis et d’empêcher l’avènement de nouveaux droits notamment sur le plan politique.

La dynamique des mouvements sociaux et en particulier féministes doit permettre de résister aux attaques et d’obtenir de nouvelles avancées. Rien n’est joué, la révolution est encore en cours.

Florence Ciaravola et Nathalie Marcu

Nouvelles constructions à gauche

« Les nouvelles constructions à gauche pour dépasser le fractionnement » : l’atelier proposé par Transform ! et Espace Marx a tenu ses promesses malgré l’absence dommageable de dernières minutes du Front Populaire de Tunisie pourtant annoncé.

Cet atelier a d’abord été l’occasion pour Theano Fotiou, députée de Syriza, d’évoquer la situation dramatique de la Grèce, les récentes grèves dans ce pays dont la Troïka a programmé la destruction, mise en œuvre par la politique d’hyper-austérité de la coalition de la Nouvelle Droite, du PASOK et de DIMAR (Gauche Démocrate). Les propositions alternatives de Syriza, notamment sur sa conception du traitement de la dette et son rôle d’opposition au parlement et au mémorandum, ont été mentionnées. En tant qu’alliance de la gauche radicale dont le KKE (PC orthodoxe) et l’essentiel de l’extrême gauche trotskiste restent à l’écart, Syriza incarne à l’échelle de masse les résistances et l’alternative, défend et favorise les pratiques alternatives de celles et de ceux qui, dans les décombres, reconstituent les circuits d’échanges et de solidarité et tentent d’inventer les réponses pratiques de résistances à l’hyper-austérité.

Babacar Diop, membre du Forum social africain, a évoqué la situation au Sénégal en insistant sur la dynamique d’une coalition rassemblant toute la palette des forces de gauche de son pays.

Ce fut au tour de Pierre Laurent, en tant que président du Parti de la gauche européenne (PGE – rassemble une partie des forces de gauche des différents pays d’Europe et plusieurs composantes du Front de Gauche en France) de prendre la parole. Il a d’abord rappelé l’ampleur des mutations à l’échelle planétaire des trente dernières années et signalé l’importance nouvelle de l’écologie dans les défis du XXIème siècle, avant d’insister sur la nécessité de repérer les nouveaux problèmes, de réfléchir à de nouvelles réponses et d’élargir les alliances susceptibles de proposer ces nouvelles réponses, au-delà des seules forces du PGE. Celui qui est aussi le secrétaire du PCF a saisi l’occasion de rappeler la brève histoire du Front de Gauche : celui est présenté comme la réponse unitaire à la nécessité de donner un prolongement politique à la victoire du Front de Gauche contre le projet de TCE en 2005. Pierre Laurent a insisté sur le fait que la dynamique du Front de Gauche implique à la fois pluralisme et ouverture de sa part, rappelant que ce dernier n’est pas un parti et précisant le passage de trois composantes originelles à neuf aujourd’hui. Enfin, Pierre Laurent a annoncé le projet du PGE de mettre sur pied un forum des alternatives à l’échelle européenne et de renforcer sa coopération avec le Forum de Sao Paulo (organe de liaison des différentes composantes de la gauche Indo-Afro-Latino-Américaine).

Ensuite ce fut Obey Ament (Espace Marx Amérique Latine) qui évoqua les liens existants entre les différentes forces politiques de la gauche latino-américaine raccordés au contexte politique globale de cette région du monde marquée par de profonds changements depuis près de deux décennies.

Enfin, pour le rendez-vous d’Athènes les 7 et 8 juin, Walter Baier (Transform!) a rappelé la démarche et l’objectif de l’Alter Summit. Ce processus est conduit par les mouvements sociaux et les forces syndicales avec le soutien des forces politiques dont le PGE.

Un rendez-vous qui a donné l’occasion d’un débat avec la salle, avec des questions portant notamment sur l’Alter Summit, les projets annoncés par Pierre Laurent et le devenir en question du Forum Social Européen.

Bruno Della Sudda

Projet d’un logo mondial pour l’urgence et la justice climatique

Fait nouveau, pour la première fois dans un FSM se tenait à Tunis un ESPACE CLIMAT qui a organisé un grand nombre de réunions et d’ateliers. Et pour manifester l’importance de cette thématique à l’initiative de plusieurs personnalités participant à la dynamique de forums sociaux mondiaux (Susan George, Naomi Klein, Bill Mikibeen, Wanjira Mathai, Paul Nicholson, Bobby Peek, Adolfo Perez Esquivel, Vandana Shiva, Pablo Solon) a été proposé la création d’un logo mondial pour l’urgence et la justice climatiques.

Sur les cinq continents des millions de gens luttent, se mobilisent contre les causes du changement climatique. Ils réclament un nouveau modèle de société et d’économie qui respecte la nature et ses grands équilibres, qui protège les populations et en particulier les plus démuni-e-s. Il leur a semblé qu’il était temps que naisse un symbole unifiant toute ces voix, toutes ces mobilisations et donc qu’il fallait imaginer un logo permettant de rendre visible en tout lieu et à tout moment l’urgence et la justice climatiques. Pour être le symbole mondial et unificateur nécessaire, un tel logo ne doit être rattachable à aucune culture, langue ou alphabet particulier. Et encore moins à une quelconque organisation. Il doit pouvoir être reproduit avec les moyens ou l’absence de moyens de chaque personne sur la planète.

Nous n’avons qu’une planète ! Aussi devons nous faire fleurir des milliers de discussions et des millions de prises de conscience sur l’urgence de se mobiliser pour lutter contre la crise climatique et les conséquences dramatiques qu’elle représente pour les générations futures.

Roland Mérieux

OSER A NO-VOX !

NO-VOX 2832013Depuis plusieurs années, No-Vox, la voix des « sans », crée son réseaux essentiellement axé sur le logement: mal logés, SDF, expulsions et ce, de forum en forum, dans maintenant nombre de pays.

Si souvent ce sont de petits collectifs locaux, ceux-ci se regroupent eux aussi en réseaux dans leur propre pays.

A cet atelier, nombre de pays avaient des représentants  et je pense utile de les citer: Japon, Portugal, Chili, Burkina Faso, Benin, Mali, Brésil, Maroc, Tunisie, Brésil, Canada, et bien sur France.

NO-VOX Japon_762832013Si le réseaux existe beaucoup par le « net », il y a aussi de nombreux déplacement depuis la France pour les aider à construire leur collectif. L’un des grands principes d’action est le soutien aux expulsés, aux déguerpis en Afrique, par les envois de mail venant du monde entier et ce au ambassades ou ministères et ça marche !

Les conditions sont si différentes par pays qu’il serait fastidieux, en dehors d’une thèse comparative de les détailler. Du juridique aux us et coutumes, de l’existence de cadastre à l’histoire, chaque pays a ses complexités. C’est donc sur le principe des droits humains au logement que se fonde l’action.

Les tours de parole ont été optimistes quant à la montée en force des mouvements face à des situations aussi dramatiques les unes que les autres: déguerpis en plein Bamako mais blocage du plan d’urbanisme « à l’occidentale », occupation au Portugal pour reloger les retraités expulsés,  multiplication des anecdotes de prostitution pour payer les loyers au Canada, emprisonnement de deux militants japonais pour avoir simplement dit à la police qu’ils tuaient en expulsant, manifestation monstre actuellement au Chili…

 En France nous savons la compétence du DAL en rapport avec la réalité des forces ; ce modèle s’exporte bien !!!

ALAIN MARCU.

La question amazighe au Maghreb

Les Imazighen, appelé longtemps berbères, forment la population originelle du nord de l’Afrique, du fleuve Sénégal et des Canaries jusqu’à la rive occidentale de la vallée du Nil. La revendication de la reconnaissance de la langue amazighe, déjà ancienne en Algérie (printemps « berbère » en 1980) et au Maroc, s’est réveillée en Tunisie et en Libye avec les révolutions.

En Libye, la population amazighe (10 à 20 % de l’ensemble selon les estimations) était totalement marginalisée à l’époque de la dictature où Kadhafi considérait que tous les Libyens étaient arabes. La revendication amazighe, longtemps bridée, s’est montrée au grand jour avec la révolution et les Imazighen libyens réclament une place dans la société comme dans le pouvoir.

En Tunisie, la population amazighe est très faible (à peine 2%) et très dispersée dans le pays. C’est le pays où la culture amazighe est la plus menacée. Plusieurs associations ont été constituées récemment mais elles se heurtent au pouvoir d’En-Nahda qui les insulte en les traitant de « sionistes » et de « franc-maçons » !

Le mouvement amazigh s’est donné, il y a une quinzaine d’année, une structure internationale, le congrès amazigh mondial que les révolutions tunisienne et libyenne ont redynamisé. Cette dynamique du mouvement amazigh se manifeste en particulier par la généralisation de la fête du début printemps appelée yennayer.

Jacques Fontaine

Un sujet « bateau » qui ferait bien de naviguer dans la tempête libérale !

orga mouvt

Le sujet est récurent dans les forums divers, mondiaux ou européens: <comment créer des passerelles entre les mouvements de type « occupy », « indignés » et autres « luttes des sans » et les organisations traditionnelles (entendez anciennes ou syndicales)>.

Voilà ! j’ai compilé les sujets de deux ateliers, initiés par ATTAC et le réseau « Transform » où les participants étaient pour beaucoup les mêmes, aussi bien dans l’assistance qu’à la table.

Pour les organisations, beaucoup sont déjà dans le processus « Altersommet »,  lui même issu de la JSC (Joint Social Conférence) qui est un tour de table européen d’organisations syndicales et d’associations « représentatives » comme la « marche européenne des chômeurs », la LDH, SNU-FSU, Solidaires, ATTAC…

Cela fait un peu poupée russe de réseaux unitaires, certes, mais réponds au besoin d’une réaction européenne des peuples aux attaques de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la « Troïka «

Étaient là les mouvements, ou plus exactement, se présentant comme des « individus participant à », Occupy Espagne, des Indignés (France), une coordination grecque, des étudiant québécois.

La multiplication de ces rencontres peut paraître lancinante mais les suspicions de part et d’autre sont   importantes. Comme exemple je citerais les étudiants canadiens qui sont très remontés contre les syndicats. En effet, la seule réponse, à leur mouvement énorme contre l’augmentation des frais d’inscription étudiant, a été des lois anti manifestation d’une rigueur rare! Tous les partis, du centre à la gauche ont réagis et infléchis leur position mais aucun syndicat !

Une grande incompréhension aussi est sur les temps de réaction et de mobilisation entre syndicats et mouvements. Les structures, les syndicats, sont plus lents, ils ont leur propre calendrier, leurs priorités et aussi plus des difficultés à mobiliser souvent. Quant aux mouvements eux n’ont pas ces contraintes et sont facilement réactifs, grâce aussi à leur culture des réseaux sociaux.

(Même les organisations de chômeurs comme AC!, APEIS ou MNCP, sont en butte à cette suspicion)

 Des collectifs de quelques personnes qui peuvent bousculer leur calendrier, lancer un appel du jour pour le lendemain via le « net » et pensent que la terre entière est au courant. Leur travail au quotidien est largement positif, réactif, mais pas toujours régulier notamment lorsqu’il s’agit de tenir des permanences

Les rencontres et autre forum semblent fastidieux, mais que faire d’autre que de se rencontrer encore et encore pour aplanir les incompréhensions.  Gageons que la manifestation européenne prévue à Athènes le 5 juin, initiée par l’Altersommet rassemblera toutes ces composantes et qu’il en sera de même pour celle à Francfort en juillet à la BCE, à l’initiative des réseaux « Occupy » et Indignés.

En conclusion du débat, Emmanuel Wallenstein, fit consensus en faisant un historique plein d’espoir des fluctuations du mouvement social dans les luttes, les fronts unis divers et des mouvements populaires en donnant bien sur comme dernier exemple ce qu’il est convenu d’appeler « le printemps arabe ».

Alain Marcu

 

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Le doyen Kazdaghli (au centre)

Le doyen Kazdaghli (au centre)

Le procès du doyen Kazdaghli à nouveau reporté

A l’automne 2011, des salafistes tunisois ont occupé pendant un mois la faculté de la Manouba pour demander un lieu de prière interne à la faculté et l’autorisation de porter le niqab pour les étudiantes pendant les cours et les examens. Ces deux propositions, conformément à la loi tunisienne, ont été rejetées par le conseil scientifique de la Manouba, comme elles ont été refusées par les autres universités. En mars 2012, les salafistes ont remis la pression en brulant un drapeau tunisien dans la faculté et en le remplaçant par leur drapeau noir. Quelques jours plus tard, deux étudiantes en niqab sont entrées dans le bureau du doyen Kazdaghli et ont commencé à le mettre à sac tandis que leurs complices jetaient des cailloux, brisant les vitres du bureau. Le doyen a porté plainte contre les deux étudiantes qui, à leur tour, ont porté plainte pour une prétendue gifle et ont produit un faux certificat médical.

Lors d’une première audience, la plainte des étudiantes -pour laquelle Habib Kazdaghli ne risquait qu’une peine légère- a été requalifiée à la demande du parquet (sur ordre du ministère et du pouvoir nahdiste) ; désormais Habib Kazdaghli risque 5 ans de prison pour une gifle qu’il n’a pas donnée. Le procès a été repoussé plusieurs fois. Habib Kazdaghli a participé à l’université d’été des Alternatifs à Méaudre en août dernier. Les enjeux de ce procès sont centraux dans la situation politique de la Tunisie actuelle, aussi bien pour l’université que la justice :

  • La liberté d’enseigner sans pression politique, idéologique ou religieuse : il n’est pas acceptable qu’un courant politique, rétrograde et antiscientifique de plus, impose son idéologie aux universités,
  • La liberté de la justice : le cordon soumettant les magistrats à la hiérarchie gouvernementale hérité de Ben Ali doit être définitivement coupé.

Hier, 27 mars, une conférence de presse a été donnée dans le cadre du FSM. Les Alternatifs y ont apporté leur soutien au doyen. Aujourd’hui, 28 mars, une délégation était présente à la manifestation devant le tribunal de la Manouba et nous avons appris que, suite à la grève des magistrats qui demandent la fin de la tutelle du pouvoir sur la justice, le procès a été reporté au 4 avril.

Jacques Fontaine

Grands Projets Inutiles ImposésLes Grands travaux inutiles, imposés et nuisibles au Magreb. 

NON au TGV Tanger Rabat Casablanca

Le Maroc consacre aujourd’hui une part importante de ses ressources financières à une entreprise dont le bénéfice est pour le moins discutable pour les populations. Le coût total du projet annoncé représente 25 milliards de Dirhams (un peu moins de 5 milliards d’Euros) et ceci sans compter les déficits prévisibles d’exploitation et les éventuels surcoûts des travaux une fois le projet arrivé à son terme.

Pour se donner une idée, cela représente à ce jour l’équivalent de la construction de 25 000 écoles en zone rurale ou 3 000 lycées en zone urbaine ou 25 grands centres universitaires hospitaliers totalement équipés d’une capacité globale de 22 000 lits ou 16 000 kilomètres de routes rurales.

Ces quelques exemples montrent la monstruosité de ce projet qui va entrainer l’expulsion de plusieurs milliers de petits paysans exploitants des terres fertiles qui n’auront pour seule solution que de partir ou vivre dans la misère dans les faubourgs des grandes villes.

Bien entendu, un tel projet est pris sans concertation ni débats publics avec les habitants. Il ne prend par ailleurs aucunement en compte ses conséquences sur l’environnement et les écosystèmes.

Ce projet est d’autant plus aberrant qu’il existe une voie ferrée Tanger Rabat Casablanca qui pourrait être modernisée pour un coût financier et environnemental bien moindre.

Une question se pose : à qui profite le crime sinon aux gros investisseurs du BTP, au système bancaire (y compris les banques françaises) et aux dirigeants du pouvoir marocain.

De multiples associations (Attac, Transparency, ….) et des citoyens marocains se mobilisent depuis des mois contre ce projet néfaste et nuisible.

Roland Mérieux

Pavillon de la PalestineLe Tribunal Russel pour la Palestine a rendu ses conclusions et les présente au FSM de Tunis

Reprenant une initiative prise lors de la guerre du Vietnam pour « juger » – certes de façon symbolique mais en se basant sur les règles du droit international – les crimes commis par les Etats-Unis, un certain nombre de personnalités ont constitué un Tribunal Russel pour la Palestine (TPR). Ce TPR a tenu 4 sessions préalables (Barcelone mars 2010, Londres novembre 2010, Cap Town novembre 2011, New York novembre 2012) et a présenté ses conclusions et recommandations lors d’une session finale qui s’est tenue en mars 2013 à Bruxelles. Le TPR va présenter le plus largement possible ses conclusions. Il a décidé de mettre en avant les éléments suivants :

  • les violations particulières du droit international commises par Israël
  • les principales caractéristiques du régime israélien : apartheid et sociocide
  • les responsabilités des états en particulier des USA qui assistent Israël dans ses violations du droit international
  • la même responsabilité des organisations internationales (ONU et UE)
  • la responsabilité des entreprises privées qui assistent Israël dans ses violations du droit international

Enfin le TPR propose un certain nombre d’actions à mettre en œuvre tant en terme de soutien militant que sur le plan institutionnel et en particulier celles-ci :

  • il encourage le plus de personnes possible à se rendre en Palestine pour voir de leurs propres yeux le quotidien des Palestiniens.
  • il lance un appel international urgent à tous les acteurs politiques et à la société civile pour qu’ils fassent pression sur Israël afin que celui-ci mette un terme à ses violations du droit international et pour qu’ils fassent pression sur le secrétaire général de l’ONU afin que celui-ci utilise tous les moyens dont il dispose pour forcer Israël à démanteler son système d’apartheid qui s’applique actuellement à l’ensemble du peuple palestinien.
  • la Palestine est à présent en mesure de signer et de ratifier le statut de la cour pénal internationale et doit donc devenir un membre à part entière de celle-ci.
  • en tout état de cause le TPR demande au procureur de la CPI de se déclarer compétent pour la Palestine.
  • de façon similaire le TPR appui les appels lancés par la société civile palestinienne pour que la Palestine ratifie les autres conventions internationales.
  • l’Assemblée générale de l’ONU devrait réinstaurer le comité spécial contre l’apartheid de l’ONU et devrait convoquer une session extraordinaire pour examiner la question de l’apartheid à l’encontre du peuple palestinien.
  • il demande aux organes concernés de l’UE de mettre en œuvre la résolution du parlement européen exigeant la suspension de l’accord d’association UE-Israël.
  • il est demandé à l’UE d’interdire tout commerce avec les colonies de peuplement.
  • les USA doivent mettre fin à leur soutien accordé à Israël qui les rend directement complice d’une très vaste gamme de violations du droit international commises par Israël.
  • le TPR se joint à l’appel lancé par le mouvement BDS pour le boycott d’un certain nombre d’entreprises.
  • enfin le TPR demande de traiter la question des prisonniers palestiniens de toute urgence.

Henri Mermé

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Forum SantéForum social mondial Santé

En préouverture du FSM s’est tenu le 5 éme Forum Social Mondial de la Santé et de la Sécurité Sociale, en présence de nombreux participants de 4 continents, et notamment d’Armando De Negri, secrétaire général de l’organisation, pour le Brésil à l’origine de cette manifestation et du Dr Aziz Rheli , coordinateur pour la Tunisie et le Maghreb.

Deux thèmes principaux ont été abordés, concernant le financement de la sécurité sociale et de la protection sociale (dans les pays où elle peut exister !), et le développement d’une Sécurité Sociale Universelle dans tous les pays, dans les suites de la conférence mondiale de Brasilia (décembre 2010). Un communiqué final a enfin été élaboré par les participants au terme de ce FSMS.

Philippe Gasser

Atelier pour la consolidation d’un réseau contre le gaz de schiste

A la suite des rencontres de Marseille (Forum alternatif mondial de l’eau) et de Rio (Rio+20), un atelier a été programmé dans le cadre du FSM de Tunis afin de consolider un réseau international. Les objectifs étaient d’échanger des informations sur la situation et les dynamiques de résistances dans différents pays et de formuler des propositions à l’Assemblée de convergences afin d’envisager des actions internationales.

Plusieurs interventions se sont succédées pour aborder les problématiques locales : Etat espagnol, Etats-Unis, France, Québec mais également en Tunisie où plusieurs interventions ont permis de confronter des positions différentes.

Le monde arabe est concerné du Maroc à la Jordanie où de nombreux projets d’exploration et d’exploitation sont envisagés et l’Algérie vient de se prononcer par voie législative et de signer un accord d’exploitation. En Tunisie, compte tenu du stress hydraulique, les conséquences d’une exploitation aurait des conséquences écologiques importantes. La campagne d’opposition menée principalement par des associations environnementales par un lobbying auprès de députés de l’Assemblée constituante et de membres du gouvernement a été efficace et un projet de prospection concédé à Shell a été gelé. Comme dans différents pays, l’accès à l’information est compliqué et il n’existe pas encore de coordination nationale. Cette difficulté est accentuée car la population tunisienne a pour l’instant d’autres préoccupations et d’autres combats prioritaires.

Dans l’ensemble des pays, les collectifs doivent parvenir à démontrer que l’activité du gaz de schiste n’est pas rentable. Par ailleurs, les compagnies pétrolières ont compris qu’en Europe il existe des contraintes auxquelles elles ne sont pas forcément prêtes à se plier, c’est pourquoi elles privilégient les investissements dans d’autres pays.

En conclusion, il est proposé de mobiliser le 19 octobre prochain lors de la journée mondiale contre l’exploitation du gaz de schiste et de lier ce combat aux campagnes pour le droit de l’eau et la souveraineté alimentaire comme élément commun et de revendiquer une transition énergétique en rupture avec la logique actuelle.

L’assemblée de convergences de samedi devrait entériner ces propositions.

 Richard Neuville

Call center…Cold center.

Call centerC’est à l’initiative de Solidaire et plus particulièrement de Sud PTT que nous avons pu assister à la 1ère rencontre de travailleurs des Call Center de Tunisie, du Maroc, de Belgique et de France.

La « fête » avait commencé la veille par une manifestation devant le siège d’une des grosses entreprises françaises qui avait commencé le licenciement de camarades « organisés ». Cette répression est courante mais emblématique en l’absence d’un « droit du travail » et où si le CDI existe, le licenciement est facile et rapide.

Nous avons eu, pendant la réunion, la bonne nouvelle que la direction acceptait une médiation.

Nous reviendrons avec plus de détail sur le quotidien de travailleur(e)s, leur salaires et les conditions de travail.

Juste une anecdote pour aujourd’hui, les travailleurs belges veulent faire reconnaître les problèmes de corde vocales comme « accident du travail ». Ce n’est pas un gag, 8 heures par jour sans pause, les appel les uns derrière les autres dans un local mal ventilé…

 Alain Marcu

La question du Sahara occidental au Forum Social Mondial de Tunis

Comme lors du précédent Forum Social Mondial à Dakar, le Front Polisario est représenté à Tunis par une forte délégation animant plusieurs ateliers. Lors du premier atelier qu’il animait a été rappelé les principales revendications du peuple saharoui résumées sur une banderole ornant la salle où se déroulait la réunion : « Toutes et tous pour la liberté, la dignité, la démocratie et la justice au Maghreb. Toutes et tous pour un référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental. » L’intervention liminaire suivie de nombreux témoignages de militant-e-s du Front Polisario rappelait sa principale revendication : le respect du droit international.

En raison du non respect de la résolution 1314 de l’ONU de 1960 prônant un référendum d’autodétermination, le Front Polisario s’est lancé dans la lutte armée en 1975, suite à la « marche verte », et y a renoncé quelques années après. Et plus de 50 ans après, ce référendum n’a toujours pas eu lieu et pendant ce temps là le gouvernement marocain organise un peuplement important du Sahara occidental par ses propres ressortissant-e-s et mène une répression souvent sanglante du peuple saharoui. Les droits légitimes du peuple saharoui sont à l’instar de ceux du peuple palestinien totalement niés bien que ayant fait l’objet de plusieurs résolutions de l’ONU. Dans les deux cas le droit international n’est qu’une coquille vide. Lors d’autres séminaires, la question des droits légitimes du peuple saharoui continuera d’être évoquée. Il est fort heureusement heureux de noter que contrairement à ce qui s’était passé lors d’autres forums ce premier séminaire n’a pas fait l’objet d’un sabotage de la part de nervis au service de Mohammed VI.

Henri Mermé

Révolutions au XXIème siècle : temps courts ou processus de révolution longue ?

Les Alternatifs organisaient ce mercredi après-midi un atelier autour de la thématique de la révolution longue, thème majeur de réflexion dans notre mouvement.

Bruno Della Sudda a introduit la discussion en présentant les enjeux et les conséquences stratégiques d’une approche des processus révolutionnaires passés, présents et futurs en terme de révolution longue, faites d’une accumulation de ruptures plus ou moins radicales et importantes. Dans ce cadre les pratiques autogestionnaires et les éléments de pouvoir populaire prennent toute leur importance comme moyens d’éviter la confiscation du processus révolutionnaire. L’autogestion comme but, chemin et moyen.

Cet atelier a été l’occasion d’un échange très riche et fructueux avec des militant-e-s tunisien-ne-s, espagnol-le-s et italien-ne-s qui a surtout porté sur les processus en cours en Amérique Indienne-Africaine-Latine et dans le monde arabe en pointant à la fois les avancés mais aussi les limites et les remises en cause. La nécessité d’un soutien internationaliste à la révolution tunisienne et à tous les processus révolutionnaires a été affirmée avec force par toutes et tous notamment autour d’une mobilisation pour l’annulation de la dette de la Tunisie et plus largement de toute les dettes illégitimes.

Arthur Leduc

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Démarrage de la marche place du 14 janvierC’est symboliquement place du 14 janvier sur la principale avenue de Tunis, avenue Habib Bourguiba, qu’a débuté la traditionnelle manifestation d’ouverture du FSM 2013.

14 janvier 2011, date de la fuite du dictateur Ben Ali pour l’Arabie Saoudite, moins d’un mois après le soulèvement démocratique du peuple tunisien à la suite de l’immolation du jeune chômeur Mouhamad Bouazizi pour protester contre la situation économique, sociale et répressive de son pays. Date symbolique du déclenchement des révolutions arabes.

 1 délégation Afrique

C’est par un beau soleil que s’est déroulée cette manifestation chaleureuse et dynamique regroupant environ 20 000 manifestantes et manifestants venant des 4 coins du monde. Certes en raison de l’éloignement,  l’Asie et l’Océanie étaient peu représentées, mais il y avait des délégations venant des Amériques ; celle du Sud avec la CUT brésilienne et des représentant-e-s du Québec. L’Afrique sub-saharienne était représentée en particulier avec une délégation de l’assemblée populaire des femmes africaines. De nombreux groupes du Maghreb étaient présents, venant d’Algérie et du Maroc ; ces derniers étant – comme lors du précédent forum à Dakar – fort nombreux. Etaient également représentée une forte délégation du Front Polisario (1).

Saharaoui

L’Europe participait en nombre à cette manifestation. Italiens du syndicat CGIL et de l’association ARCI, belges de la FGTB, espagnols de l’UGT et catalans de l’IAC, quelques anglais, allemands et aussi des grecs derrière la banderole de l’Altersummit.

Alter summit

La représentation la plus importante provenait de France : Associations (Survie, Crid, CCFD, mouvement de la paix, ATMF …) ; gros cortège de Solidaires, quelques drapeaux de la CGT et même de la CFDT ! A noter la présence de trois organisations politiques PCF, NPA et Les Alternatifs, les drapeaux de notre mouvement étaient pour cette occasion les plus nombreux.

drapeau reduit

Les grandes associations internationales étaient bien représentées, en particulier OXFAM, le CADTM et ATTAC. Enfin, il y avait un cortège particulièrement dynamique de la Marche mondiale des Femmes reprenant en choeur son traditionnel slogan : So – So – So – Solidarité, avec les femmes du monde entier !

marche mondiale des femmes

Les tunisiennes et tunisiens participaient également à cette manifestation certains ayant comme mot d’ordre « A bas la dictature, A bas le capital », mais apparaissaient peu dans des cortèges organisés. Il y avait cependant une importante délégation du Front Populaire qui regroupe l’ensemble des partis de la gauche tunisienne.

Henri Mermé

(1) La présence simultanée d’une importante délégation du Front Polisario et de groupes provenant du Maroc fait craindre aux organisateurs que les scandaleux incidents perpétrés lors du FSM de Dakar par des nervis du régime marocain à l’encontre des représentants du Front Polisario ne se renouvelle. Espérons qu’il en sera tout autrement !

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AG Front popul. 233 1A l’initiative de RAID Tunisie et de certains partis membres du Front Populaire, une rencontre  internationale s’est tenue les 23 et 24 mars 2012 (week end précédent le FSM à Tunis). Elle a réuni des délégations de différents pays du Bassin méditerranéen. Elle s’est déroulée en trois temps : le 23 après-midi, plusieurs exposés et débats ont traité de la situation de la dette et leur conséquences, d’une part,  en Tunisie et en Egypte, d’autre part, dans l’Etat espagnol, en Grèce et au Portugal ; puis la matinée du 24 les alternatives et les ripostes possibles ont été débattues pour aboutir à une déclaration commune ; enfin, un grand meeting populaire s’est tenu au palais des congrès le dimanche après-midi.

AG Front popul. 233 2Nous avons pu mesurer, grâce aux témoignages de nombreux pays  : Tunisie, Egypte, Algérie, Maroc, Liban, Palestine, Syrie mais aussi Grèce, Espagne et Portugal, à quel point les gouvernements de ces pays s’alignent sur les recommandations des institutions financières internationales en imposant des politiques d’austérité qui ont des conséquences extrêmement graves pour les populations. Les pouvoirs qui ont succédé aux dictatures renversées ont poursuivi les recettes néolibérales avec pour conséquences l’aggravation de l’endettement, l’incapacité à réduire les inégalités et à développer des programmes sociaux et économiques en réponse aux aspirations populaires qui se sont exprimées lors des révolutions.

prepa. déclaration 1Dans les pays du nord, nous connaissons mieux la situation avec les exemples de la Grèce, de l’Etat espagnol et du Portugal, suivi par Chypre aujourd’hui où la Troïka, avec l’Union européenne, impose des politiques d’austérité remettant en cause le compromis social déjà bien attaqué.

Eric Toussaint pour le CADTM a montré que la résistance à l’endettement et aux institutions internationales est possible ainsi que le montrent les exemples de trois pays : l’Argentine, l’Equateur et l’Islande qui ont suspendu le remboursement de la dette ou décidé de ne pas la payer.

prepa. déclaration 2La discussion autour du texte final a montré une forte volonté de poursuivre ces rencontres, qui sont très importantes pour nos camarades arabes car elles permettent d’échanger sur la situation et sur les moyens de mobiliser les populations autour de cette question fondamentale qu’est le paiement de la dette. Ce réseau en construction est également important pour fédérer des organisations de l’ensemble de la Méditerranée, y compris des pays qui comme la France sont des créanciers en particulier de la dette tunisienne. Des actions communes sont envisagées dans des formes à préciser.

Rencontre EgypteLes Alternatifs, présents à cette rencontre (invités de dernière heure), sont signataires du Manifeste final de la rencontre méditerranéenne de Tunis et entendent s’inscrire pleinement dans ce réseau.

Le meeting populaire a réuni plus d’un millier de personnes dans une ambiance dynamique et militante, avec slogans et chants révolutionnaires. Ponctuant la vingtaine d’interventions des participants à la rencontre, plusieurs vidéos ont été projetées en hommage à Choukri Belaïd assassiné le mois dernier et à Hugo Chavez, et en souvenir des journées révolutionnaires du printemps 2011, montrant notamment la répression violente des manifestations.

meeting 2 inter. FinaleLes intervenants ont été très (trop) nombreux : des représentants de l’Etat espagnol, du Portugal, de la Grèce, du Maroc, de l’Egypte, d’Algérie, de Syrie, du Vénézuela, de la Colombie, du Liban, d’Italie, d’Haïti, de Palestine. Pour la France, sont intervenus Olivier Besancenot pour le NPA et Marie-Christine Vergiat pour le groupe GUE… Le meeting s’est terminé par une intervention d’un porte-parole du Front Populaire chaleureusement applaudie.

Meeting 1Pour les Alternatifs, cette rencontre internationale sur la dette est très importante et le réseau en construction à l’échelle du Bassin méditerranéen doit devenir un point d’appui pour envisager des ripostes populaires aux politiques d’austérité. Cela suppose un élargissement à l’ensemble des formations de la gauche radicale qui s’opposent à ces politiques dans les différents pays.

Nathalie Marcu et Richard Neuville

 

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Les Alternatifs animeront deux ateliers au FSM de Tunis :

Révolutions au XXIe siècle : Temps court ou processus de révolution longue ?
Le 27 mars de 16h à 18h30 salle D
Les révolutions du passé ont souvent pris la forme de processus étirés sur plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années parfois comme dans le cas de la révolution française commencée en 1789. Ce fut aussi le cas au XX° siècle mais la portée et l’éclat de la révolution russe d’octobre 1917, sur un moment très court, ont contribué à éclipser la révolution comprise comme un processus Les changements profonds amorcés en Amérique latine depuis deux décennies et le déroulement en cours des révolutions arabes ne remettent-ils pas à l’ordre du jour la révolution comme processus de révolution longue ? Réflexions à la lumière du printemps arabe. Co-organisation : Rouge & Vert (Journal) France et RAID (Attac-Cadtm) Tunisie.

Education : quelle école pour l’émancipation ?
Le 29 mars de 9h à 11h30 salle P33
Dans l’optique d’une société d’émancipation, basée sur les solidarités, le féminisme, l’écologie et l’autogestion, quel système éducatif voulons-nous ? Comment dès aujourd’hui commencer à transformer l’Ecole ? Comment agir avec les travailleuses et les travailleurs du système éducatif et avec les jeunes dans ce sens ? Quelles méthodes, quels contenus d’enseignement, quelle organisation du travail enseignant, quelle démocratie maintenant dans l’Ecole pour y parvenir ?

Ils co-organiseront deux autres ateliers :

Alternatives locales concrètes : types et portées avec le réseau des forums sociaux locaux

le 27 mars de 16 heures à 18 heures 30 – Salle SE6

Appropriation sociale et autogestion avec Transform, Association pour l’Autogestion

le 29 mars de 9 heures à 11 heures 30 – Salle M219

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Après un week end consacré à la commémoration et aux manifestations 40 jours après l’assassinat de Chokri Belaïd, le FSM est à la une de « La Presse de Tunisie », un quotidien en français (en bon français d’ailleurs, ça nous change de la presse française).

D’après l’article, entre 50 et 70 000 personnes sont attendues à ce FSM. L’auteur déplore la médiatisation défaillante tout en insistant sur le travail de mobilisation des associations tunisiennes. Pas moins de 2700 organisations enregistrées et 1500 activités.
Les deux organisateurs tunisiens cités sont l’UGTT et l’Association tunisienne des femmes démocrates.
Parmi les personnalités attendues, à coté de Lula, Muhammad Yunus et Nawal Saadaoui et l’épouse de Marouane Bargouhti, sont mentionnées les militantes de la Marche mondiale des femmes.
Les femmes qui ont une place à part dans l’édition de ce jour avec une interview de Ahlem Belhadj, présidente de l’AFTD et la reproduction in extenso de l’appel des femmes tunisiennes.
Un appel à l’assemblée des femmes « les femmes en lutte » qui aura lieu le mardi 26 mars à 10 h au campus universitaire.
Un premier rendez-vous que nous ne manqueront pas.

Alain et Nathalie Marcu
En avant première à Tunis

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logo du FSM2013 à TunisAu cours de l’une des réunions préparatoires tenue dans le cadre de la réunion altermondialiste « Firenze 10+10 » en novembre 2012, des inquiétudes s’étaient exprimées sur la participation à la prochaine édition du FSM : à l’exception du Maghreb et de l’Europe (surtout France et Italie), la mobilisation était en deçà des espérances des équipes organisatrices de Tunisie, du Maghreb et du conseil international du FSM.

Mais les semaines qui ont suivi ont été plus rassurantes : avec plusieurs dizaines de milliers d’inscriptions de presque toutes les grandes régions du monde et de tous les continents, 4556 organisations enregistrées (associations, syndicats, journaux et revues, ONG… etc) et 1782 activités proposées, le FSM de Tunis a pris du volume.

Se confirme ainsi la réussite du pari d’organiser ce FSM en Tunisie, où l’équipe organisatrice a su regrouper la grande majorité des réseaux associatifs et syndicaux, ceux-la mêmes qui ont été partie prenante du processus révolutionnaire amorcé en Tunisie fin 2010.
Cette préparation s’effectue pourtant dans des conditions rendues encore plus difficiles par les lourdes menaces qui pèsent depuis plusieurs mois sur ce processus et dont l’assassinat de Chokri Belaid a été le révélateur.
On peut résumer, sans les hiérarchiser, à quatre, voire cinq enjeux majeurs la tenue du FSM de Tunis.
Le premier est la réussite du FSM en lui-même, dans un contexte global marqué par la crise de civilisation, une situation internationale très instable et les mutations d’un monde désormais multipolaire.
De ce point de vue, rappelons que le FSM n’est en rien un événement isolé : il s’inscrit dans la persistance de la multiplicité des rendez-vous altermondialistes au Nord comme au Sud, dont le calendrier est établi pour 2013 et 2014 (de Rio+20 à l’Altersummit d’Athènes en passant notamment par le Forum Free Palestine, le Forum Paix et Désarmement de Sarajevo ou le Forum Irak), auquel s’ajoute la liste des forums thématiques (Forum des autorités locales, Forum Science et Démocratie…etc).
Ajoutons à cela que les thématiques du FSM de Tunis reprennent largement celles qui sont débattues par le mouvement altermondialiste depuis les premières éditions du FSM à Porto-Alegre, du refus de la marchandisation et de la taxation des transactions financières à la suppression des paradis fiscaux et juridiques en passant notamment par la protection sociale universelle, une autre architecture des institutions internationales ou l’invention d’une démocratie active… mais elles ne s’y limitent pas.
En effet, des thématiques plus récentes ont aussi fait leur chemin : un monde sans guerre, la socialisation du secteur financier, le « buen vivir », les biens communs et les nouvelles formes de propriété, la déconnexion de la prospérité et de la croissance… etc.
Et s’il est une thématique qui devrait prendre de l’ampleur, c’est bien la question de la dette qui, au Nord comme au Sud, est le prétexte aux politiques d’austérité imposées aux peuples et qui sont à la fois l’un des facteurs explosifs de la crise de l’UE et un élément-clé de l’offensive capitaliste.
Mais un second enjeu s’impose par l’actualité elle-même : c’est la jonction de toutes ces thématiques altermondialistes « classiques » d’une certaine manière et de l’apport spécifique des révolutions arabes en tant que processus à la fois global et différencié, ainsi que des luttes qui ont suivi.
A quoi s’ajoute une autre jonction qui lui est corrélée : celle des réseaux militants eux-mêmes, acteurs de ce processus, jusque-là peu présents dans le mouvement altermondialiste.
Cet enjeu est d’autant plus important que, dans la dynamique de ce processus, il y a eu de nouvelles mobilisations d’abord dans l’Europe méditerrannénne toute proche du monde arabe comme celles des Indignados puis dans d’autres régions du monde (Occupy…etc).
Elles-aussi ont été animées par de nouveaux réseaux citoyens peu liés à l’altermondialisme.

Deux autres enjeux vont sans nul doute marquer cette édition du FSM
Il y a d’abord la question posée par le processus en cours des révolutions arabes. La pression islamiste sur ces sociétés éclaire le défi lancé au mouvement altermondialiste : sera-t-il capable de s’ouvrir à de nouvelles composantes pour lesquelles la référence parfois revendiquée à l’islam est relativisée par le processus de sécularisation (particulièrement en Tunisie), l’accord sur le fait que la question religieuse est seconde par rapport à la question sociale et la volonté de participer au mouvement altermondialiste ?
Car s’il n’y a aucune fatalité à ce que les islamistes accaparent l’expression politique des peuples à forte majorité musulmane, encore faut-il que le mouvement altermondialiste -et dans le champ politique, la gauche alternative- soit en mesure de s’ouvrir et d’intégrer cette nouvelle donne à ses visées stratégiques.
Et il y aura également, présente à Tunis, une question d’actualité, particulièrement délicate -et les Alternatifs le savent bien, à la lumière de leurs récents débats à ce sujet- : l’intervention de la France au Mali.
En France comme en Europe, cette intervention a été à juste titre très critiquée, que ce soit dans ses conséquences ou dans son principe même.
Mais dans les réseaux altermondialistes maliens, bien plus indulgents, il n’en a pas été de même : nul doute que ce débat difficile ressurgira au cours du FSM, dans des formes et avec une portée que nul ne peut prévoir à ce jour.

Enfin, et ce pourrait être un cinquième enjeu du FSM de Tunis : jamais aucune édition du FSM ne s’était tenue aussi près de la Palestine, et on imagine la ferveur que prendra la manifestation de clôture du 30 mars, en solidarité avec le peuple palestinien !

Bruno DELLA SUDDA pour la délégation des Alternatifs au FSM

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Engagés dans le mouvement altermondialiste depuis son origine et partie-prenante des différents FSM depuis 2001, les Alternatifs seront présents en nombre à Tunis du 26 au 30 mars 2013. Compte tenu des enjeux et pour une première dans un pays du Maghreb, c’est une délégation de plus de 20 membres qui effectuera le déplacement pour participer au forum.

Outre le suivi de cet événement important pour les colonnes de Rouge & Vert, les Alternatifs animeront deux ateliers : « Education : Quelle école pour l’émancipation » et « Révolutions au XXIe siècle : Temps courts ou processus de révolution longue ? » et en co-animeront deux autres : « Autogestion et démocratie » ainsi que « A partir d’expériences locales, dans l’espace transfrontalier, construisons ensemble une citoyenneté mondiale et ouvrons la banque du rêve« .

Le FSM sera également mis à profit pour mieux connaître la réalité de la Tunisie et, des difficultés qui la traversent, à travers des rencontres de mouvements sociaux et politiques locaux.

Nous reviendrons plus longuement sur la préparation du FSM sur ce site et dans Rouge et Vert, notre journal. En attendant, nous publions ci-dessous la Déclaration de Hammamet.

Richard Neuville pour la délégation des Alternatifs au FSM,

 

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Le Forum Social Mondial Dignité-Karama se déroulera comme prévu à Tunis du 26 au 30 mars 2013. L’implication active des mouvements, associations, syndicats, collectifs et réseaux de Tunisie, du Maghreb, du Machrek, d’Afrique subsaharienne, des Amériques, d’Europe et du reste du Monde permet d’augurer d’un Forum réussi, populaire et dynamique.

Plus de 4000 organisations et réseaux se sont déjà inscrites proposant 1500 activités. Les organisations internationales, les mouvements sociaux et les syndicats viendront à Tunis pour rendre hommage, témoigner leur solidarité aux mouvements de la société tunisienne, du Maghreb et du Machrek, à leurs révoltes et à leur luttes d’hier et d’aujourd’hui, pour la justice sociale, la démocratie et la dignité. Un mouvement qui, malgré les difficultés de l’heure en Tunisie, s’affirme avec vigueur et détermination.

La bonne tenue du Forum Social est garantie tout à la fois par la mobilisation des tunisiennes et des tunisiens que par l’appui des autorités universitaires et des étudiants qui hébergent le Forum dans leur campus. Les autorités gouvernementales et administratives réitèrent leur engagement pour faciliter les conditions matérielles du Forum, sa sécurité et son bon déroulement. Toutes les mesures sont prises pour garantir le respect de la Charte de Porto Alegre et le respect du caractère ouvert, inclusif et non violent de l’espace du FSM.

Le Forum Social Mondial de Tunis pour Dignité/Karama, rassemblera des milliers des femmes et des hommes qui, par leurs actions, leurs réalisations, leurs luttes, contribuent à un autre monde, un monde de justice sociale, de démocratie locale et globale, de respect de l’environnement, de dignité et d’égalité en droits pour tous les hommes et les femmes, un autre monde possible et nécessaire.

Hammamet le 16 Février 23

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 19:33

 

http://zad.nadir.org

samedi 30 mars 2013, par zadist

 


Aujourd’hui 30 mars l’occupation militaire dure depuis 127 jours (pour une opération débutée il y a 165 jours). Un camarade est emprisonné depuis 122 jours

Info Chat Teigne : Info Chat Teigne : Le procès de la Chat Teigne a eu lieu à St Nazaire, le rendu : Le tribunal de Saint-Nazaire a autorisé mardi 26 Mars l’expulsion d’opposants (possibilité d’expulsion immédiate, 450 euros pas jour d’astreinte au bout de 8 jours. quelle clémence !)

Info Bellevue : Le rendu du procès de la ferme de Bellevue confirme la décision précédent : Expulsion immédiate, 50 Euro par tête/jour pour ceux qui restent. AGO a demandé des amendes de 1000€ par jour, 20 000€ pour dommages et intérêts mais ils ne les ont pas obtenu. Un appel à mobilisation à la ferme ce jour là est annoncé.

Sur place, ça s’organise pour défendre Bellevue comme les autres lieux de la ZAD, et les appels à réagir partout en cas d’intervention policière sont remis au goût du jour :
Contre l’aéroport et son monde, s’ils attaquent on riposte ;
Appel à actions au moment des expulsions de la ZAD et
Contre l’aéroport et son monde : s’ils détruisent notre lieu d’organisation, nous occuperons les leurs !


Un camarade est en ce moment en prison, un a été libéré et un troisième a été condamné à 6 mois avec mise à l’épreuve, c’est-à-dire qu’il risque d’être enfermé à un moment ou un autre.

Tout acte de solidarité est le bienvenu. Participer à la lutte contre l’aéroport et son monde en est un. Puis rester en contact avec les personnes incarcérées pour leur montrer notre soutien en est un autre, bien nécessaire pour rendre leur temps d’incarcération plus vivable et pour qu’ils n’oublient pas qu’ils ne sont pas tous seuls face à ce monde répressif. N’hésitez donc pas à leur écrire des LETTRES ou des cartes postales. Lire ici pour toutes les infos sur Comment soutenir les personnes incarcérées et autres inculpé-e-s

- Pour écrire à Cyril, enfermé depuis le 28 novembre, vous pouvez lui adresser vos courriers directement : Centre Pénitentiaire Quartier Maison d’Arrêt Cyril n° d’écrou 57360 rue de la Mainguais 44300 Nantes

Info procès La décision du procès en appel sera rendue le 3 Avril. Solidarité avec Cyril, qui ne sera pas libéré avant le rendu du procès...

Des nouvelles d’un camarade qui est passé par la Zad : Lutin est en prison à Rennes depuis 2 mois. Il ne reçoit pas de courrier et sa maman a eu récemment le droit d’aller le voir. Il venait souvent sur la ZAD, et demande que les copains et copines lui écrivent

Voici son adresse :

Lutin ecrou 3610
MA1 CELLULE 03
Centre pénitencier des hommes
Rennes Vezin
CS 14605
rue du petit pré
35746 Vezin le coquet cedex

Il est aussi possible de passer des messages pour les prisonniers à Rennes via l’émission de radio du dimanche midi qui passe sur canal b (94°fm) ! en laissant des messages entre 9h00 et 11h30 ! http://www.canalb.fr/genepi

Suite aux nombreux blessés de la ZAD, le collectif « Face aux armes de la Police » propose de lancer une procédure juridique devant le tribunal administratif. plus d’infos ici une émission radio consacrée à ce collectif est disponible ici


Infos utiles pour venir ici

- Accueil : 06 32 98 78 36 le we, l’ACIPA ouvre un local à Notre Dame des Landes, de 10h à 17h où les informations sur la lutte sont disponibles
- Contact presse de la Zad : 06 38 17 36 19
- Équipe légale  : 06 75 30 95 45 : à contacter uniquement si vous êtes témoins d’arrestation, si vous êtes arrêté-e-s, et après votre libération IMPORTANT : s’il vous plait lisez le texte "en cas d’interpellation" Et surtout, refusez les comparutions immédiates !
- Équipe médicale : contactable par mail : equipemediczad at riseup.net pour toute communication non-urgente. La street médic est joignable par téléphone uniquement lors de journées d’interventions militaires/policières sur la zone ou autres "moments chauds" au 07 60 26 42 14.
- Liste du matos à ramener (mise à jour le 02/01) : disponible ici

Si jamais le Site ne fonctionne pas, on continuera la-bas : http://lazad.noblogs.org/


Les arrêtés préfectoraux

le transport de carburants, de tous produits inflammables ou explosifs et de matériaux de construction sont interdits jusqu’au 2 avril 2013 à 23h


Radio Klaxon

La radio émet à nouveau sur la ZAD

Le streaming revient bientôt.


Exposition itinérante de la ZAD

Un territoire se défend avec tout-e-s ses habitant-e-s, Notre mémoire commune nous nous l’approprions, nous la faisons vivre. C’est notre résistance que l’on vous invite à partager ici et ailleurs - a travers cette exposition itinérante !

Pour une organisation simple, voici un Planning qui vous permette de réserver l’exposition ( une seule personne référent pour simplifier la communication ). Pour tout les gestions concernant l’expo, mail a zad@riseup.net avec le sujet "EXPO" svp !


APPEL À TOUS !

Il y a une rubrique RDV à venir sur ce site qui liste des RDV journaliers qui avaient été mis en place durant les expulsions. On imagine que la plupart n’ont plus lieu depuis longtemps, mais sans ne être sûrEs.

Donc, pour garder des infos à jour, appel à toutes et tous, si vous avez organisé un de ces rendez-vous, si vous habitez dans une de ces villes : Quel RDV n’existe plus, ou est toujours à jour ?

Merci de nous contacter pas mail : zad @ riseup .net


INFOS DU JOUR

- Reçu Cyril m’a dit qu’il était en grève de la faim depuis lundi. Il est bon que vous le sachiez. Ce midi, j’ai eu confirmation de sa démarche. Exaspéré d’attendre sa sortie, il a pris cette décision.

Pour plus d’info à propos de sa date de sortie un message de la legal team ici

On vous invite à lui apporter votre soutien par écrit. Centre Pénitentiaire Quartier Maison d’Arrêt Cyril n° d’écrou 57360 rue de la Mainguais 44300 Nantes

- Reçu "Tu veux gagner 4 magnifiques timbres tout en agissant pour une juste cause ? Bravo, tu es la/le bienvenu-e mais il y’a une condition à remplir pour remporter le livret : raconter le plus bel acte de désobéissance civile de ta carrière (voler un riche pour donner à un pauvre, aider un sans-papier à râter son avion, dénoncer un patron pour harcélement sexuel ou discrimination raciale ou autre, faire une blague à Laurence Parisot, Attacher François Hollande sur la statue de Jules ferry, héberger de force Ayrault dans une cabane à Notre Dame des Landes, bon, vous voyez le genre...Le critère essentiel étant que l’histoire doit être quand même drôle en plus d’avoir "du sens". Le reste, c’est vous qui voyez. De toute façon, je ne serai pas la seule à juger l’histoire :-). Vous postez votre anecdocte sur Facebook, ou sur mon blog, c’est comme vous voulez !!! Le lot est homologué par La poste bien sûr et représente une lapine conquérante sur un avion avec l’inscription "NDDL" sur sa robe. L’objectif étant de soutenir la lutte contre l’Ayrault-Porc de Vinci. Et si personne ne veut jouer, ben c’est pas grave, le lot sera pour moi !"

- Reçu je joins un lien pour lire une vidéo de romaric perrocheau directeur du jardin botanique de Nantes ; tu pourras voir qu’ à la 18 ième mn du film il nous explique que JMA à le projet de faire des zones boisées de 300 à 500 ha pour la promenade des nantais ce qui n’existe pas à Nantes actuellement .

C’est possible de nous donner la recette pour recréer une forêt rapidement ? Des forêts ici y’en a plein, on a du mal à comprendre la logique de ceux qui veulent détruire un bois pour en reconstruire d’autres ailleurs... si quelqu’un comprend, on veut bien essayer de faire un effort.

- Des personnes sont à la recherche d’une caravane pour monter une herboristerie mobile sur la ZAD. Si vous avez une idée : zad @ riseup . net

- 17h55 : Un nouvel appel à matériel pour STZ avec listes précises des besoins de chaque lieu. Vos granges ou ateliers cachent peut-être notre bonheur.

- Notre-Dame-des-Landes : la Commission de dialogue demande un délai

- reçu : Jacques a dit « Sabote le hall de Ferrier ! » _Le site de Vinci Airports présente Jacques Ferrier comme « l’un des architectes les plus engagés en matière de développement durable »*. Alors nous qui nous préoccupons de nature et d’espaces vierges à Notre Dame des Landes, on a décidé de venir le voir à Paris pour lui rappeler qu’un aéroport, par nature, ça n’est pas très « développement durable ». _Car Jacques Ferrier a choisi, après avoir fait le design d’un premier aéroport à Toulouse, de collaborer avec Vinci pour les plans du futur aéroport Grand Ouest. C’est ça le capitalisme vert. Grand bien lui fasse, le fric n’a pas d’odeur. Pour autant, il nous tardait de lui faire part de notre mécontentement et voilà qui est fait. _Bien fait ! Il se cachait bien Jacques, au 77 de la rue Pascal, pensant que nous n’avions pas capté son jeu. Et bien non, on vous avait prévenu : la ZAD est partout ! Nous sommes donc venus repeindre son hall d’architecte avec des extincteurs remplis de peintures verte et marron. A force de concevoir des colosses de béton et de verre, il fallait bien que Jacques se mette un peu au vert... _Mais que Jacques se rassure, des architectes comme lui, il y en a beaucoup. Et nous ne nous priverons plus désormais de leur rendre visite. _Merde aux bétonneurs et aux promoteurs de l’immonde ! Merde à Vinci et à son monde ! _Quelques peintres en bâtiment solidaires _* La blague vient de là : http://www.nantes.futuraeroport.fr/...

- Notre-Dame-des-Landes : la commission du dialogue a besoin de plus de temps

Bonjour, il est 12h44, on a pas trop des nouvelles. La flicaille se comporte plutôt décomplexé aujourd’hui : passage et provocations sur la D281, passages d’ailleurs sur la zad en modus imposant et provocation. Ils prennent aussi des photos et note de numéros d’immatriculations des véhicules.

On besoin des infos sur des travaux entre Notre dame des Landes et Grandchamps, des rumeurs nous soufflent en quoi des travaux commencent le 15 avril avec une fermeture de cette route pendant 2 mois....Tout infos bienvenue zad @ riseup. net


RDVs sur la ZAD

12h - 1ère assemblée post-captitaliste nantaise

15h (Nantes) : 9e manif mensuelle contre le projet d’aéroport à NDDL, la métropole et son monde

Soirée présentation - Débat - Projection Faire Converger des Luttes !

RDVs ailleurs
30 mars

- Rennes Une action rennaise pour dire NON à l’aéroport de Notre Dame des Landes. Ce Samedi 30 mars à Rennes

Tandis qu’à Rennes, le forum Libération pose la question de la confiance, l’aéroport Notre-Dame-des-Landes est toujours en projet, malgré la forte mobilisation. La commission de dialogue n’a pas encore rendu son rapport ; cependant, on entend déjà Jacques Auxiette dire "ni abandon, ni retard, ni moratoire". Comme souvent, le dialogue est utilisé comme un moyen d’atténuer, d’user la mobilisation. Il est mis en place au service du projet qu’il porte et non dans un souci de faire la politique avec les habitants.

Des élus, parce qu’ils ont eu une majorité des suffrages exprimés, utilisent cette légitimité pour passer outre un véritable dialogue avec les habitants. Comment dans ces conditions espérer qu’un lien de confiance se tisse ?

D’autre part, des arguments majeurs des porteurs du projet, tels que la saturation de l’aéroport de Nantes, ont été réfutés. Pourtant, il n’est prévu aucune étude de projet alternatif à cette construction ex-nihilo, qui traîne dans les cartons depuis 40 ans. Aujourd’hui, Parlement Européen et Commission Européenne qui se sont saisis du dossier sont toujours en attente des explications du gouvernement français sur l’application des directives Eau, Habitats naturels et Projet.

Dans ce contexte, nous souhaitons rappeler les arguments qui nous amènent à demander l’abandon de ce projet inutile, ruineux et écologiquement désastreux : - la lutte contre le réchauffement climatique nous impose d’orienter les investissements vers des projets assurant la transition écologique - ce projet ne respecte pas les directives européennes sur l’habitat, sur l’eau et sur l’évaluation des incidences sur l’environnement - nous ne pouvons plus nous permettre de sacrifier des terres agricoles - ce choix et les infrastructures ferroviaires qui en découlent ne permettront pas d’améliorer les déplacements ferroviaires en Bretagne - donner la priorité à un renforcement des métropoles Rennes et Nantes renforcera l’inégalité entre les territoires bretons.

Notre opposition à ce projet sera rendue visible lors d’une opération spectaculaire le samedi 30 mars à Rennes. Présence d’élus et de nombreux militants

Vous pourrez y assister en nous rejoignant à 10 h 45 sur la place du Bas des Lices, devant le bar "Le Chantier". Une conférence de presse se tiendra sur ce lieu. Pour des raisons de sécurité, l’opération sera annulée en cas de pluie ou de vent"

- Paris : Atelier cabane Le collectif IDF construit une cabane et des serres pour la ZAD. Rendez-vous au transfo pour filer la patte. Voici le lien vers le videotract : http://vimeo.com/62212981

- Quimper : construction de la 18ème cabane

devant la mairie de Quimper ce samedi a 10h30

- Rennes : préparation de l’appel des camilles à poil à l’Elabo, 18h, 48 bd villebois mareuil

Elise (Camille à couettes) et Erwan (Camille à barbe) se sont mis nus face aux gendarmes venus tenter de déloger les résistants. C’était le 23 novembre 2012 à la ZAD, Notre-Dame-des-Landes, au cœur de la lutte contre le projet d’aéroport. Elle représentait la forêt, nue, vulnérable face à ceux qui veulent l’abattre. Il les mettait face à leur violence qu’ils justifient par leur uniforme et les ordres auxquels ils obéissent. Ils ont été condamnés pour outrage à 15 jours de prison avec sursis par le tribunal de Saint-Nazaire et font appel de cette décision inacceptable. Comme le procès en appel aura lieu à Rennes, ils viennent raconter, expliquer leur démarche et chercher votre soutien.

- Figeac : Animation sur la marché
10:30 au carrefour du Bar La Gmacier - Figeac

Manifestation musicale, théâtrale et festive à l’iitiative du comité de soutien de Figeac

- Nîmes : Stand d’information
15:00 – 17:00 sur la Place de l’Horloge à Nîmes (Karte)


31 mars

- Lorient

- Rennes : préparation de l’appel des camilles à poil à l’Elabo, 18h, 48 bd villebois mareuil

Elise (Camille à couettes) et Erwan (Camille à barbe) se sont mis nus face aux gendarmes venus tenter de déloger les résistants. C’était le 23 novembre 2012 à la ZAD, Notre-Dame-des-Landes, au cœur de la lutte contre le projet d’aéroport. Elle représentait la forêt, nue, vulnérable face à ceux qui veulent l’abattre. Il les mettait face à leur violence qu’ils justifient par leur uniforme et les ordres auxquels ils obéissent. Ils ont été condamnés pour outrage à 15 jours de prison avec sursis par le tribunal de Saint-Nazaire et font appel de cette décision inacceptable. Comme le procès en appel aura lieu à Rennes, ils viennent raconter, expliquer leur démarche et chercher votre soutien.


1er avril

- Dijon : réunion du comité de soutien

à 18h à l’Espace Autogéré des Tanneries (17 Bd de Chicago).

L’objectif est d’organiser des départs groupés (covoiturage et/ou bus) de la Bourgogne / Franche-Comté vers la ZAD de Notre Dame des Landes, à l’occasion de la manifestation de remise en culture prévue le 13 avril prochain.

- Rennes : préparation de l’appel des camilles à poil CLAR, 20h 22 rue Nadault de Buffon

Elise (Camille à couettes) et Erwan (Camille à barbe) se sont mis nus face aux gendarmes venus tenter de déloger les résistants. C’était le 23 novembre 2012 à la ZAD, Notre-Dame-des-Landes, au cœur de la lutte contre le projet d’aéroport. Elle représentait la forêt, nue, vulnérable face à ceux qui veulent l’abattre. Il les mettait face à leur violence qu’ils justifient par leur uniforme et les ordres auxquels ils obéissent. Ils ont été condamnés pour outrage à 15 jours de prison avec sursis par le tribunal de Saint-Nazaire et font appel de cette décision inacceptable. Comme le procès en appel aura lieu à Rennes, ils viennent raconter, expliquer leur démarche et chercher votre soutien.

- villeret de Desges : Journée solidarité Seme ta ZAD

Lundi 1er Avril nous ouvrons notre ferme pour mettre en pratique la solidarité pour la ZAD. Nous disposons de bois, de plants et d’autres choses qui peuvent servir là-bas. Il nous manque du temps pour tout faire alors qu’à plusieurs ....Tout peut-être possible. Voilà la trame de la journée à finaliser lors de l’AG.

IMPORTANT : Nos animaux sont en liberté, nous demandons à ceux qui partagent leur vie avec des chiens de ne pas venir avec.

Action proposé :

- Fabrication de manche en bois
- Pour ceux qui savent souder faire des outils pour les manches.
- J’ai des plants de mélisse à sortir de terre.
- Sans doute des plants de pruniers, cognassiers, framboise et peut-être fraise.
- Projet de pépinière(bouture) pour plantation en automne sur la ZAD

Quand venir :

A partir de 9h00. Dès 10 h 00 une petite AG pour se repartir les équipes et les tâches selon les envies et compétences de chacun.

Pour le repas :

Pour le repas de midi amener quelques choses à partager. Notre cuisine est a disposition pour d’autres envies.

Pensez à venir équipé :

Pour les ateliers amener des outils, bêches, scies etc...

Prévenir si vous venez et quand. Si vous ne pouvez pas pour 10 h 00 dites le aussi.

Voilà nos coordonnées :

Stéphane et Cécile Montigny Le villeret 43300 Desges 04 71 74 02 78 fermeduvilleret@free.fr

Voir le plan en pièce jointe

Préparation des prochains grands rassemblements

Diffusion des affiches et tracts de Sème ta ZAD

Des affiches et tracts sont disponibles en grande quantité à B17 (17 rue Paul Belamy à nantes), à la ferme de Bellevue, à Saint-antoine, aux fosses noires et à la Chat-teigne sur la ZAD. (merci de nous informer si un de ces espaces était en rupture de stock)

Pour les voir ou en rephotocopier de votre coté si vous ne pouvez vous rendre dans ces lieux

Organisation de bus et ou covoiturage

- covoiturage depuis l’Est : Nous souhaitons organiser au mieux un bus et sinon des co-voiturages pour la manifestation du 13 avril en se regroupant avec les comités locaux de Bourgogne-Franche comté.

Le bus partirait le vendredi au soir et rentrerait le dimanche matin. Un hébergement (camping ou chez l’habitant) serait assuré dans la nuit de samedi à dimanche.

Si un départ en bus vous intéresse, faites le nous savoir le plus rapidement possible..

Contact pour les départs : depart-est-nddl@riseup.net

Des départs en bus s’annoncent aussi depuis Châlon pour la chaîne humaine du 11 mai qui entourera la zad.

le comité dijon-nddl

Diffusion des panneaux pour la chaine humaine ici, un appel pour implanter des panneaux annonçant la chaine humaine du 11 mai partout

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 19:23

 

 

Disons-le tout net. Rendre intéressante l’intervention présidentielle, jeudi soir sur France 2, relevait largement de la mission impossible. Un président dans une impopularité jamais connue sous la Cinquième République au bout de dix mois de mandat ; un taux de chômage au-dessus des 10 %, frôlant les records historiques de 1997 ; un pouvoir d’achat des Français en recul pour la première fois, au vu des statistiques du dernier trimestre 2012 ; une crise de l’Europe et de l’euro sans précédent, avec un État membre, Chypre, dont l’économie explose et un autre État membre, l’Italie, sans gouvernement et dans une impasse politique durable.

 

François Hollande le 28 mars sur France2. 
François Hollande le 28 mars sur France2.

 

Or, paradoxalement, cette mission impossible fut presque accomplie. Car une immense surprise ressort de ce long propos présidentiel qui, aux alentours de la dixième minute, a dû perdre l’essentiel de ses auditeurs assommés de chiffres et de jargon technique. François Hollande mettait en scène et en mots la cérémonie de ses adieux à la gauche. « Je ne suis plus président socialiste, je suis le chef d’État de la France », devait-il d'ailleurs préciser aux alentours de la quarantième minute.

Nous venions de l’apprendre et le devinions : effectivement, François Hollande aura réussi l’exploit, dans cette cinquième intervention « devant les Français » depuis son élection, de ne pas prononcer le mot « gauche », de ne pas même citer le nom du parti socialiste, de ne pas même évoquer « les écologistes », d'ignorer délibérément les questions de majorité politique. Plus de gauche, plus de droite ; plus de partis ; plus de majorité politique ou parlementaire. Un abus impressionnant du « je ». Voilà la révélation de cette intervention : la dissolution de la politique, des débats, des alternatives, dans un « je » présidentiel renouant avec les pires démons de nos institutions.

La métamorphose est d’une rapidité surprenante, si l’on veut bien se référer à celui qui fut le précédent président issu de la gauche : François Mitterrand. Chacun sait aujourd’hui son plaisir entier à avoir endossé les habits de ce présidentialisme exacerbé et monarchique tant vilipendé dans le talentueux pamphlet du Coup d’État permanent. Mais François Mitterrand dut attendre un peu pour cela, laissant un temps l’illusion d’une démocratie sociale et parlementaire prospérer : 1983 fut un premier tournant ; en 1986, la cohabitation fut la renaissance d’un présidentialisme sans limite ; 1988-1995 fut une caricature de cette monarchie constitutionnelle à la française.

Voilà François Hollande faisant l’intégralité de ce parcours, qui prit deux mandats de sept ans…, en dix mois ! Effarante régression, au moment où un pays en crise profonde recherche et a impérativement besoin de mobilisations citoyennes, de corps intermédiaires, de débats déconcentrés, de processus innovants de décision, de prises de risques, pour s’extirper d’une crise historique et mener dans la paix civile et sociale une mutation équivalente à la révolution industrielle.

François Hollande a donc, en ce jeudi 28 mars, effacé la politique par une succession de « je » présidentiels. Cette posture consistant à tout revendiquer, à tout assumer, à affirmer tout décider (jusqu’à préciser, tel un directeur comptable, que « les achats des administrations seront désormais tous regroupés », pour d’obscures économies…) ne fait pas qu’affaiblir le système politique. Elle ridiculise son système de pouvoir : le premier ministre n’a pas été cité – il n'existe plus –, les ministres ont tout juste été évoqués, comme d’insolents élèves dont il fallait parfois savoir accepter les incartades.

Dès lors, que reste-t-il sur cette table rase, où le Parlement, les partis et le gouvernement ne sont au mieux que d’obscurs et irresponsables appendices ? Il reste un président, homme seul face au peuple et face à une crise dont les prolongements et les complexités sont sans précédent. « Qui peut croire une telle fable ? » aurait dit Nicolas Sarkozy en un autre temps et sur un autre sujet.

C’est le pari de François Hollande : tenir coûte que coûte sur un mode de récit, qui peut sembler suranné, irréel, voué à l’échec, mais dont il estime qu’il sera in fine entendu par l’opinion. Le pari est d’autant plus stupéfiant qu’au sortir de cette heure et quart d’entretien, on ne sait à qui François Hollande a parlé. Pas à la gauche : il ne l’a pas même évoquée. Pas à la droite : il n’a pas fait de pas important en sa direction. Alors à qui ? Aux chefs d’entreprise et décideurs économiques, incontestablement : « J’ai besoin de tous les Français ! Et les chefs d’entreprise, leur réussite est la nôtre. »

Oublis et renoncements

Alors à qui ? François Hollande a parlé au centre. Un supposé centre géographique du paysage politique dont on ne voit plus guère la traduction politique. Ce n’est évidemment pas l’UDI de Jean-Louis Borloo, qui se retrouvera ce jeudi dans la majorité « hollandaise ». Il ne reste donc de visible… que François Bayrou. François Bayrou, dont les positions politiques et sociales, les harangues contre la dette publique, les engagements européens et même la posture solitaire « au-dessus » des partis, apparaissent plus que jamais compatibles avec la nouvelle doxa présidentielle.

 

 

Pour préparer cette intervention, l'Élysée avait consulté tous azimuts. François Hollande, le secrétaire général de l'Élysée, le conseiller en communication Claude Sérillon avaient rencontré parlementaires et responsables de la majorité. « Ils voulaient trouver des idées, raconte une personne consultée. Mais ils n'ont trouvé que des mini-trucs. »

Pendant près d'une heure, le président a surtout parlé d'économie, dans un discours souvent très technique, émaillé de chiffres, finalement digne du haut fonctionnaire qu'est resté cet ancien élève de la promo Voltaire de l'ENA. On connaît le goût de Hollande pour les plus obscures subtilités budgétaires. Les téléspectateurs ont été servis. Car le chef de l'État n'a pas tant parlé des grands bouleversements économiques du monde que de microéconomie, de vie des entreprises. Avant d'en venir à la grande annonce de cette soirée : un « choc de simplification » ! « Aujourd'hui, une entreprise est obligée de transmettre à l'administration 3 000 informations par an, nous allons diminuer de deux fois, trois fois ce chiffre. »

Ce soudain « choc de simplification », trouvaille de communicant (écho au « choc de compétitivité » de l'automne), n'a pas pour autant éclairci le propos présidentiel. Il devait ensuite rentrer dans le détail d'aménagements fiscaux échappant au contribuable moyen. « On aménagera la fiscalité pour que ce soit plus simple et moins coûteux » en cas de cession d'entreprise. Il a toutefois réaffirmé sa promesse : avant la fin de l'année, la courbe exponentielle du chômage sera infléchie. « Ça va augmenter jusqu'à la fin de l'année, à la fin, nous allons avoir une baisse du nombre du chômeurs. Ce n'est pas un vœu ou un pronostic, c'est un engagement, une bataille. »

Et de rappeler que les « outils sont là » : les contrats d'avenir, les contrats de génération, le crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises, ainsi que la loi sur la sécurisation professionnelle (elle sera votée la semaine prochaine par les députés), fruit de l'accord de janvier entre plusieurs syndicats et le patronat, qui suscite bien des remous à gauche.

« Il n'y avait jamais eu un tel accord sur cette question du marché du travail », s'est vanté François Hollande, qui oublie un peu vite l'accord de 2008, qui n'était certes pas si global mais avait entériné, entre autres, la rupture conventionnelle entre salarié et employeur. « Ma priorité, c'est l'emploi. Mon cap, la croissance, je veux que la France connaisse une croissance. J'ai ce devoir de remettre de la croissance », a martelé le chef de l'État, déplorant la « croissance nulle ». François Hollande a aussi annoncé une réforme de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi. « Je vais proposer qu'un chômeur sur deux puisse avoir une formation professionnelle dans le délai de deux mois. »

Pour tenter de ressusciter l'esprit du discours du Bourget, lors duquel il avait présenté la finance comme son « ennemi », François Hollande a aussi présenté une nouvelle mouture de sa taxe à 75 %, censurée par le Conseil constitutionnel, puis édulcorée par le Conseil d'État. Elle sera acquittée non pas par les personnes physiques comme le prévoyait le dispositif au départ, mais par les entreprises dans le cas de salaires supérieurs à 1 million d'euros. « L'entreprise sera responsabilisée », estime François Hollande, qui calcule lui-même que la mesure concernera « très peu » de cadres dirigeants.

Afin de relancer le pouvoir d'achat, le président a admis ne pas avoir de baguette magique. Mais il a proposé que les 4 millions de Français qui bénéficient d'une participation, en théorie bloquée pendant cinq ans, puissent la débloquer « immédiatement sans pénalité fiscale ».

Pour le reste, François Hollande a déroulé un agenda social attendu, entre réforme des allocations familiales et des retraites. Il a confirmé la piste d'une réduction des allocations familiales pour les ménages les plus aisés. Et laissé entendre que si les plus petites retraites ne seront pas baissées, il pourrait augmenter la durée de cotisation requise pour toucher une retraite à taux plein.

Affaire Cahuzac

Mais là ou l'entretien du chef de l'État frappe, c'est surtout par ses absences et/ou ses renoncements en matière de réformes estampillées de gauche. Le cumul des mandats ? Ce sera mercredi en conseil des ministres… La réforme, elle, sera effective « avant la fin de mon mandat ». Évaporée donc la piste d'une réforme applicable dès les municipales de 2014 (à vrai dire, plus grand-monde n'y croyait). 

Le droit de vote des étrangers ? Le chef de l'État ne l'a même pas évoqué. Le mariage pour tous ? François Hollande ne reviendra pas dessus. En revanche, une des informations principales de la soirée est le quasi-enterrement d'une de ses promesses de campagne : le recours à l'assistance médicale à la procréation pour les couples de femmes. « La PMA, ça n'est pas dans le texte, c'est renvoyé au comité d'éthique. » Jusqu'ici, rien de neuf. Pour déminer le texte, François Hollande a en effet renvoyé le sujet à cette instance consultative. La nouveauté, c'est que le président s'engage désormais à « respecter » la décision du comité d'éthique. Une façon de dire niet au recours à la PMA pour les couples de femmes, puisque la jurisprudence montre que le comité d'éthique y a toujours été hostile (lire notre article).

Depuis deux semaines, la majorité, franchement déprimée par la succession de mauvaises nouvelles économiques, l'affaire Cahuzac ou encore l'élimination de la candidate socialiste à Beauvais, osait espérer un « discours offensif ». « Il faut que François Hollande arrête de faire comme s'il était premier secrétaire du PS. Il est président de la République, il doit fixer un cap et s'y tenir ! » plaidait la socialiste Colette Capdevielle. « Le gouvernement doit avoir du courage, affronter les murs de l'argent et faire les réformes indispensables pour qu'on bouge ! » défendait le secrétaire national d'EELV, Pascal Durand.

D'autres, au contraire, n'avaient plus beaucoup d'illusions, à l'instar du député de Paris, Pascal Cherki, qui tançait mercredi soir un Hollande « président de conseil général ». L'attaque ad hominem était violente. Ses camarades socialistes lui en ont beaucoup voulu. Même s'ils savent que la formule est d'autant plus dure qu'elle contient une part de vérité. Quant à l'écologiste Jean-Vincent Placé, qui, ce jeudi matin, disait attendre « une révolution politique », il l'aura obtenue à sa façon : les écologistes, officiellement deuxième parti de la coalition gouvernementale, n'ont pas été cités. Seule consolation pour lui: le parti socialiste n'existe pas davantage dans la nouvelle pensée présidentielle !


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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:39

 

 

Médiapart

 

 

 

Après la relaxe, lundi 25 mars, de six de ses militants, le Collectif des déboulonneurs, qui s'oppose à l'envahissement publicitaire, réclame dans cette lettre ouverte à la ministre de l'environnement, Delphine Batho, un débat «sur la place de la publicité dans notre société». Et annonce une trêve de ses actions.


 

Madame Batho,

Lundi 25 mars, le tribunal correctionnel de Paris a décidé de relaxer six militants du Collectif des déboulonneurs. Depuis 2005, vous le savez, nous organisons des actions de désobéissance civile en barbouillant des panneaux publicitaires. Nous demandons qu'un débat sur la place de la publicité dans notre société soit organisé et que les dimensions des dispositifs implantés dans l'espace public soient grandement réduites.

La désobéissance civile est un choix par défaut. Ce mode d'action s'impose à nous. Alors que depuis des décennies, les associations interpellent les pouvoirs publics de façon traditionnelle, alors que très majoritairement la population exprime son ras-le-bol face à l'invasion publicitaire, nous ne pouvons que constater la visibilité toujours plus grande offerte aux afficheurs. Les politiques sont responsables de cette situation. L'aérosol de peinture est notre ultime recours pour faire progresser l'intérêt général. En motivant sa relaxe par l' « état de nécessité », le tribunal ne dit pas autre chose. Oui, à un moment donné, il est légitime de transgresser symboliquement la loi pour défendre des intérêts moraux supérieurs.

En 19 procès, c'est la deuxième relaxe pour notre collectif. La première était intervenue pendant le Grenelle de l'Environnement. Visiblement, le message envoyé par la justice n'avait pas été entendu par le gouvernement de l'époque. Sur le fond, Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet ont orchestré la légalisation de nombreux dispositifs illégaux et autorisé l'arrivée des écrans numériques et des bâches géantes. À l'inverse, rien n'a été fait pour réduire la pression publicitaire. Sur la forme, une thématique exclue des grands débats du Grenelle, une consultation publique enterrée pour cause de résultats trop clairement contraires aux orientations choisies, un décret truffé d'erreurs techniques publié en catimini avant les élections, mais surtout un ministère de l’écologie aux ordres du principal afficheur français, avec l’Élysée comme courroie de transmission. La presse s'en était largement fait écho et la classe politique, y compris à l'UMP, avait constaté les dégâts de cette réforme. La primauté des amitiés entre hommes d'Etat et hommes d'affaires sur la bonne gestion politique a la peau dure.

Très récemment, le Sénat a examiné et voté un texte d'amnistie des actes militants collectifs. Votre parti a choisi d'amender cette proposition de loi et d'en exclure les actions liées à l'environnement. Peut-être estimez-vous que d'autres pratiques sont souhaitables, que le dialogue est toujours possible ? Il ne tient qu'à vous d'en faire la démonstration. Cette deuxième relaxe vous offre, Madame la ministre, l'occasion de rouvrir le dossier et de vous y atteler sans plus attendre.

Nous connaissons tous l'inertie de l'administration. Vos services travaillent actuellement à la mise en place des décisions de vos prédécesseurs (circulaire sur les modalités d'application, établissement de seuils de luminosité des écrans numériques). Doit-on supputer qu'ils travaillent en roue libre sur leur lancée ? Y a-t-il eu des directives de votre part pour mettre en branle toute cette machinerie ? Doit-on en conclure que vous avalisez les choix tragiques du précédent gouvernement ? On entend dire que le sujet serait peut-être abordé dans le cadre d'une discussion sur la biodiversité à l'automne. Cela ressemble furieusement à une stratégie d'évitement. Va-t-on tranquillement laisser les nouveaux dispositifs s'implanter pour constater d'ici un an ou deux qu'on ne peut plus les démonter ? C'est maintenant qu'il faut agir ! 

Cette thématique mérite un cadre dédié à elle seule. Quelle que soit votre décision, elle devra être exprimée clairement et publiquement. Les non-dits, les faux-fuyants et le refus d'assumer une orientation politique étaient la marque de fabrique de Nathalie Kosciusko-Morizet. Le changement dans la pratique politique fut un axe majeur des dernières campagnes électorales. Mettons-le en œuvre ensemble. Nous prenons nos responsabilités et choisissons de respecter une trêve des actions de désobéissance civile. La balle est dans votre camp, saisissez-la.

 

 

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:31

 

 

 

Tous les ans, les négociations entre les représentants de la grande distribution et leurs fournisseurs donnent lieu à des annonces solennelles. Il y a quelques jours, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui représente les grandes enseignes, a ainsi officiellement annoncé qu’à l’issue d’âpres discussions de plusieurs mois, les prix des produits alimentaires vendus dans leurs rayons resteront stables en 2013. Ces négociations sont encadrées par la loi et sont censés permettre aux fournisseurs de peser un peu face aux grandes centrales qui représentent les super et les hypermarchés.

Voilà pour la théorie, et pour la vitrine. Mais en fait, les tarifs affichés à l’issue de ces négociations correspondent rarement à l’argent qui arrive finalement dans les caisses des fournisseurs. Les grandes surfaces leur réclament en effet très régulièrement des ristournes, souvent peu justifiées, que les petits producteurs sont rarement en mesure de refuser. C’est le cas de ce fabricant de produits d’art, dont Cultura, une enseigne de loisirs créatifs, qui compte une cinquantaine de magasins en France, est le plus gros client. « Il y a trente ans, notre marque était distribuée par un réseau de magasins indépendants, souvent dirigés par des passionnés, témoigne le dirigeant de ce fabricant, qui a requis l’anonymat. Aujourd’hui, nous répondons aux commandes des financiers qui ont investi notre profession, et qui savent qu’ils nous tiennent. On n’a pas le choix. »


 

Avec moins d’un million de chiffre d’affaires annuel, ce producteur a un besoin vital d'être référencé par la grande enseigne, qui lui fournit environ un cinquième de son activité. En contrepartie, Cultura lui demande de grignoter ces marges chaque année un peu plus, à coup de conséquentes « remises sur factures » et autres « ristournes de fin d’année ». « Au début des années 2000, lorsque les magasins se sont développés, ils nous ont référencés parce que nous sommes très présents dans les magasins spécialisés. Vu les possibilités d’expansion, nous leur avons accordé une remise de 15 % sur tous nos tarifs », raconte le dirigeant.

Mais, au fil des ans, les exigences du distributeur se sont durcies. La remise de base dépasse désormais 20 %. « La méthode est simple : une année, ils ont énormément restreint leurs commandes et ne m’ont permis de réaliser que la moitié du chiffre d’affaires que j’avais réalisé dans leurs rayons l’année précédente. Je peux vous dire qu’après, j’ai accepté leurs conditions ! »

À ce rabais de base, s’ajoute une très longue liste, selon un contrat auquel Mediapart a eu accès. Entre 4 % et 7 % de remise « logistique », si le fabricant livre ses produits dans un centre de stockage et non directement aux magasins (mais ce n’est pas toujours lui qui choisit). 10 % de réduction supplémentaire sur les premières commandes réalisées lorsque la chaîne ouvre un nouveau magasin. Mais aussi, assure le dirigeant, 3 % de rabais pour les produits proposés par Cultura lors des opérations spéciales de rentrée. Ou encore 2 000 euros à débourser pour chaque photo apparaissant dans les catalogues fabriqués par l'enseigne.

Il faut encore comptabiliser une lourde ristourne dite « de fin d’année » : 4 % pour compenser la « centralisation » des commandes par une centrale d’achat unique. Sans oublier un rabais supplémentaire allant de 2,5 % à 5 %, en fonction du chiffre d’affaires réalisé dans les magasins de l’enseigne ! « En additionnant tout, je consens entre 30 et 40 % de réduction sur mes factures, et donc sur ma marge, calcule le chef d’entreprise. Et ça bouffe ma trésorerie. » Selon lui, cette perte de revenus pousse bon nombre de fabricants de son secteur à faire fabriquer leurs produits en Chine, au mépris de la qualité.

Dérives trop nombreuses

L’entrepreneur assure que son cas n’est pas isolé, et cite l’exemple extrême de certains collègues, qui, outre les remises qu’ils consentent à des enseignes de grande distribution, iraient jusqu’à installer eux-mêmes les présentoirs où seront disposés leurs produits et financent une partie de leur mise en place. Mais impossible d’en savoir beaucoup plus. Les témoignages sont très rares et les distributeurs refusent de s’exprimer sur le sujet. Ainsi, Cultura a souhaité ne faire « aucun commentaire », malgré nos multiples sollicitations.

Le sujet est, il est vrai, délicat. La loi de modernisation de l’économie (LME), promulguée en août 2008, était censée avoir réglé la question des « marges arrière », ces rabais consentis par les fournisseurs pour que leurs produits soient mis en valeur dans les rayons. « On a interdit les marges arrière, mais rien n’a changé ! Ce sont juste les mots dans le contrat qui ont été modifiés », grince notre chef d’entreprise. Une modification a tout de même eu lieu : désormais, toutes les négociations et remises sont obligatoirement portées sur le papier, dans un contrat unique, renégocié tous les ans.

Mais un rapport de l’Assemblée nationale sur le bilan de la LME, rédigé dès 2010, donne partiellement raison à notre témoin. Le texte indique que « les marges arrière ont fortement diminué », représentant en général plutôt autour de 10 % du prix de vente, mais pointe aussi « des abus persistants ». Par exemple, certaines grandes surfaces imposent des pénalités de retard si les produits ne sont pas livrés à temps ou forcent leurs fournisseurs à racheter leur stock d’invendus…

En octobre dernier, lors d’un colloque organisé par le magazine spécialisé LSA, la directrice générale de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), Nathalie Homobono, regrettait les dérives encore trop nombreuses dans les rapports de force entre distributeurs et fournisseurs. « Pour une grande partie des fournisseurs, les négociations des prix demeurent difficiles face à une distribution concentrée », estimait-elle. Selon ses chiffres, les distributeurs ont été condamnés en 2011 à plus de 2,2 millions d'euros d'amendes, sans compter les dédommagements aux fournisseurs.

Deux condamnations résument assez bien l’état du secteur. En mars 2012, Carrefour a été condamné par la Cour d'appel de Paris à restituer 17 millions d'euros de marges arrière à des fournisseurs, en plus de l’amende de 2 millions à laquelle l’enseigne avait déjà été condamnée en première instance. En novembre 2011, c’est Leclerc qui a été condamné à payer un million d'euros par le tribunal de commerce de Paris. Il n'a pas apprécié les pratiques du distributeur : la Cour d’appel de Versailles avait jugé en octobre 2009 qu'il devait rembourser 23,3 millions d'euros à 28 fournisseurs, pour des marges arrière perçues entre 1999 et 2001. Leclerc avait obtempéré, mais obligé par la suite ces fournisseurs à… lui restituer les sommes.

 

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:17

 

 

Marianne - Rédigé par J-C Slovar le Vendredi 29 Mars 2013 à 15:25

 

Les chiffres de la représentativité des syndicats de salariés ont été publiée aujourd'hui. Ils seront 5 a pouvoir signer des accords avec des organisations patronales dont nul ne connaît le niveau de représentativité !

 

Représentativité des partenaires sociaux : Et maintenant au tour du patronat !

 

Malgré le putsch raté de Laurence Parisot et des ses soutiens, il ne serait pas étonnant que le champagne soit de rigueur aujourd'hui au Medef. En effet, la CFTC qui, elle même n'y croyait guère, ainsi que la CGC continueront de figurer dans la liste des syndicats de salariés représentatifs. Ce qui permet de sauver l'accord ANI qui aurait eu du plomb dans l'aile au cas ou l'un des deux syndicats aurait été jugé non représentatif. 
 
Le Monde, entre autre, indique les résultats suivants : « (...) La CFDT (26 %), la CFTC (9,30 %) et la CGC (9,43 %) représentent la majorité des salariés du privé, à l'issue des élections professionnelles. La CGT reste le premier syndicat français, avec 26,77 % des voix. Avec FO (15,94 %), ces cinq syndicats sont qualifiés comme organisations représentatives pour les quatre prochaines années (...) » N'ont pas atteint le score minimum de 8% : UNSA (4,26 %) et Solidaires (3,47 %) 
 
Ce résultat a été immédiatement salué par Laurence Parisot : « (...) qui remarque sur Twitter que l'accord du 11 janvier est majoritaire (...) » donc, dans la mesure où pour être valide, un accord doit être signé par un ou plusieurs syndicats totalisant 30 % des voix, sans être rejeté par 50 %, que la route est grande ouverte pour l'application de l'accord ANI, voir d'autres, plus ciblés ...
 
Pratiquement, qu'est ce que ça signifie ?
 
Que la microscopique CFTC et la catégorielle CGC seront décisives dans les futures négociation sur la formation professionnelle, les retraites et les nouvelles règles pour l'assurance chômage d'ici début 2014.
 
Et surtout qu'elle le seront lors des négociations dans les entreprises, entre salariés et employeurs pour l'application des accords de flexibilité. Et si vous voulez avoir une idée de leurs futures positions, nous vous signalons ce morceau de bravoure, publié sur le site de la CFDT : « (...) En poids relatif (ramené aux seules organisations ayant franchi le seuil des 8%), seule la CGT (30,62%) se retrouverait en capacité de signer seule des accords au niveau national interprofessionnel. Mais il est à noter que l'addition des poids relatifs de la CFDT, de la CFE-CGC et de la CFTC représente 51,15% (...) » En clair les deux petits syndicats ne seront que des wagonnets du train CFDT !
 
Au delà de constat, une remarque s'impose. Si le législateur a voulu déterminer la représentativité des syndicats de salariés, qu'en est-il de celle de leurs interlocuteurs, à savoir les organisations patronales ?
 
 Hé bien, braves gens, sachez que nul n'est en mesure de la dire !
 
Et pourtant, indique Le Figaro évoquant le bilan de la patronne du Medef : « (...) Elle s'est également heurtée à la CGPME (petites entreprises) et à l'UPA (artisanat) sur le sujet de la représentativité patronale (...) L'organisation de l'avenue Bosquet reste encore la voix du CAC 40 »
 
Et quid de l'Unapl (professions libérales), de la FNSEA et de l'Usgeres (économie solidaire - 11% des salariés français) ? organisations patronales, « non invitées à signer des accords interprofessionnels » comme nous l'explique Michel Abhervé
 
Ce à quoi il faut ajouter que le Medef se fait de plus en plus déborder par nombre de think tank patronaux, ainsi que nous l'explique l'Usine Nouvelle : « (...)  l’Association française des entreprises privées (Afep) s’est décidée à exister médiatiquement (...) . L’Afep a également compris que le travail d’influence se fait à Paris, bien sûr, mais aussi à Bruxelles. Cette petite association, dotée d’un budget de 5 millions d’euros, a installé près du quart de ses collaborateurs dans la capitale européenne (...) »
 
Quant aux autres organisations habilitées à négocier avec les syndicats et le gouvernement, nous indiquions en novembre 2011, ce commentaire de la très libérale Fondation Concorde :  « (...) Medef, CGPME et UPA ne sont pas aussi représentatifs qu’il y paraît. Pour preuve, le taux moyen d’adhésion ne dépasse pas 8 %. La participation aux élections consulaires plafonne à 17 %  (...) la représentation patronale actuelle résulte d’un empilement de niveaux de représentation et d’une juxtaposition de métiers et de branches, héritage des réformes de l’après-guerre (...) »
 
Oui, mais, dirons certains, les organisations patronales contrairement aux syndicats de salariés sont autonomes financièrement !
 
Que dire,  en ce cas, de l'attitude de deux des plus importantes organisations patronales toujours si promptes à fustiger l'utilisation de l'argent public, mais qui savent en faire bon usage, lorsqu'il s'agit de faire fonctionner leurs machines : Le plus gros des ressources de la CGPME provient du financement du paritarisme par les fonds de la formation professionnelle (Agefos et Fongefor) et du 1 % logement comme l'expliquaient Les Echos dans l'article : « A la CGPME, les cotisations des adhérents ne financent que 17 % du budget » on pourra lire aussi, sur le même sujet  : « Le scandale de la formation professionnelle : la collecte des fonds est détournée par les partenaires sociaux » publié par Capital
 
Représentativité vous avez dit ?
 
En juillet 2012, Laurence Parisot acceptait le principe d'une discussion sur la représentativité patronale. Toutefois, écrivait La Tribune : « (...) rien n’indique que les parties s’accordent. Si la CGPME réclame toujours que la représentativité repose désormais sur des élections, et non plus sur le nombre d'entreprises adhérentes, le Medef est pour l’instant inflexible. La bataille ne fait que commencer (...) »
 
Sincèrement, vous ne pensez pas que ça mériterait que le législateur se penche, comme il l'a fait pour les syndicats de salariés, sur la réelle représentativité de ceux qui prétendent négocier au nom de toutes les entreprises et tous les entrepreneurs ?


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FlickR - Sénat
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:11

 

 

Marianne - Samedi 30 Mars 2013 à 05:00

 

Aude Lancelin

 

 

Frank Augstein/AP/SIPA
Frank Augstein/AP/SIPA

Il y a quelque chose de flétri au royaume d'Amazon. L'an dernier encore, le géant de la vente en ligne flambait avec sa liseuse Kindle au Salon du livre, à Paris. Cette année, il préfère renoncer à y occuper le moindre mètre carré, tel le dieu caché de Pascal autour de qui tout se polarise mais qui ne saurait apparaître. Alors que la résistance à ses pratiques capitalistiques agressives s'organise depuis peu à travers l'Europe entière, c'est peu de dire en effet que la firme a désormais un «petit problème d'image».

Dernier symbole en date : l'entrée en lice des auteurs dans le combat anti-Amazon, le 15 mars dernier. Journaliste d'investigation très célèbre en Allemagne, Günter Wallraff, l'auteur de Tête de Turc (1985), a ainsi déclaré renoncer à voir ses livres vendus en ligne dans un entretien pionnier accordé au magazine Buchreport. En cause, un reportage de la chaîne de télévision ARD révélant les méthodes de surveillance d'Amazon à l'égard de ses saisonniers allemands, et son recours à une société de vigiles au crâne rasé, Hess Security, dont le nom a aussitôt résonné outre-Rhin comme un délicat hommage à Rudolf Hess, le factotum de Hitler.

Ajouté à la fâcheuse tendance de la firme américaine à contourner le fisc des pays qu'elle investit, cet incident n'est évidemment pas la seule cause de l'appel de Wallraff à boycotter ses étals numériques. En invitant chacun à se rendre dans les librairies physiques, c'est une action urgente que celui-là réclame afin d'éviter que nos centre-villes ne se transforment en véritables déserts culturels soumis à la loi monopolistique de ce genre de pieuvres. Là où passe Amazon, dont le patron, Jeff Bezos, s'est juré d'éliminer les intermédiaires entre l'écrivain et le lecteur, il est désormais clair en effet que l'écosystème précaire du livre ne repoussera pas.

Hélas, le discours à la fois totalitaire et démagogique de tous les Bezos de la Terre pourra toujours compter sur une certaine crétinerie progressiste comme ultime alliée. Ces «esprits forts» qui vous expliquent que les adversaires d'Amazon, comme les adeptes de la marine à voiles en leur temps, seront fort heureusement balayés par l'histoire. Ces gens inaptes à comprendre qu'un apparent progrès se paye souvent d'une régression et qui considèrent, tels le Pangloss de Candide, que tout avance toujours vers le mieux et, surtout, que les choses ne peuvent jamais aller autrement qu'elles vont.

A ces amis du pire, le logo de l'association Paris librairies, qui regroupe 60 libraires indépendants unis dans une lutte concrète contre l'actuel géant de la vente en ligne, adresse aujourd'hui un défi plein de panache. Il s'agit d'un simple dessin. Sur la gauche, on y aperçoit une frise de l'évolution inversée. Un homme en train de régresser vers le singe. Sur la droite, un autre personnage lui tourne résolument le dos, un livre à la main. Un simple dessin, disait-on. Une trouvaille géniale, destinée à être placardée sur les murs de la capitale autant que disséminée sur les réseaux sociaux. Il n'est pas interdit d'y voir un précipité visuel de toutes les luttes du futur.

 

 

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:07

 

 

Rue89 -Cassandre/Horschamp 30/03/2013 à 10h42

Cassandre Hors champ"

Nicolas Roméas

 

 

« Le plus grand risque qui pèse sur les créateurs artistiques, c’est qu’ils sont notés en fonction de ce qu’ils rapportent. » A quelques jours de la soirée de soutien à notre partenaire Cassandre/Horschamp (le 2 avril à la Maison des métallos), nous publions un entretien avec Stéphane Hessel, décédé en février dernier.

Nous avions nous-même réalisé une longue interview, surtout politique, avec l’ancien résistant. Mais à Cassandre/Horschamp, l’écrivain parle art et culture. Réalisée en 2010, cette interview est toujours d’actualité.

 


Stéphane Hessel en 2010 (Audrey Cerdan/Rue89)

 

Soutenez la revue Cassandre/Horschamp

Les amis de Cassandre/Horschamp et la Maison des métallos vous convient le mardi 2 avril à partir de 20 heures autour de Bernard Lubat à une soirée exceptionnelle de soutien à la revue avec de nombreux participants. Le droit d’entrée pour le public (à la discrétion de chacun sur la base de l’adhésion) servira à renflouer les comptes de la revue. Des séries de « collectors » seront offertes aux généreux donateurs !

Maison des métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris. Réservations : resa@horschamp.org.

Cassandre/Horschamp : Ne pensez-vous pas que l’art et la culture sont très largement sous-estimés, dans les discours politiques et de façon générale dans les discours qui concernent l’état de notre civilisation ?

Stéphane Hessel  : La première chose sur laquelle il faut insister, c’est que nous vivons une période dangereuse pour l’avenir de l’espèce humaine. Elle est confrontée actuellement à des défis très graves, que l’on comprend lorsqu’ils se situent sur le terrain de l’économie, de la finance ou de la violence politique, mais que l’on ne comprend pas assez lorsqu’ils se situent sur le plan de la façon dont l’homme se vit : une espèce animale particulière, qui se distingue par quelque chose de fondamental que l’on peut appeler l’esprit.

Mais l’esprit s’inscrit dans une culture. L’espèce humaine se distingue des autres espèces animales, qui ont des tas d’avantages sur nous, par un avantage précieux : l’amour de la culture. Et cela, c’est d’abord le fait de l’utilisation de la langue, de l’image, du son, de la musique.

Nous ne vivons pas simplement pour satisfaire les besoins immédiats de n’importe quelle espèce, mais pour nous donner accès à une zone de l’humain qui nous est propre, que l’on peut appeler l’art ou la culture. C’est une nécessité pour rester Homme et ne pas retomber dans ce à quoi la finance et l’économie mondiale tentent de nous limiter : être simplement des agents économiques, des consommateurs et des producteurs de biens matériels.

Donc il s’agit bien d’une tentative de réduction de l’être humain ?

Cette tentative n’est probablement pas volontaire, elle est le résultat d’une façon de concevoir le fonctionnement d’une société essentiellement axée sur les biens matériels. Il est beaucoup plus facile de calculer les biens matériels, le degré de consommation, le degré de dépenses, l’argent ; tout cela peut être calculé par des esprits prétendument objectifs, matérialistes, qui sont d’ailleurs travaillés par de grands courants politiques.

Il y a une part de responsabilité du capitalisme et du marxisme. Ce sont de grandes idéologies qui font de l’homme un animal qui produit et qui consomme. Naturellement, il peut aussi produire de l’art et de la culture, mais comme c’est beaucoup plus difficile à mesurer, on préfère comptabiliser les choses matérielles et se désintéresser des choses non comptabilisables.

C’est la civilisation du chiffre contre celle du symbole. Or, ce qui arrive aux acteurs culturels et artistiques, c’est que les collectivités, les pouvoirs publics les obligent à comptabiliser ce qui devrait être de l’ordre de l’imaginaire, donc de la richesse humaine, en termes de fréquentation, de coûts, de bénéfice pour les collectivités territoriales, etc. On oublie complètement Malraux, qui n’avait pas que des qualités, mais savait au moins ça. Est-ce que cette pensée a totalement disparu de la vie politique française ?

Non, pas du tout, nous sommes encore parmi les pays où l’on respecte la culture. [...] Il ne faut pas exagérer, mais le risque est là. Le plus grand risque qui pèse sur les créateurs artistiques, c’est qu’ils sont notés en fonction de ce qu’ils rapportent. Un peintre sera considéré comme un grand peintre parce que sa toile rapportera deux milliards de dollars.

Cette façon de passer la culture à la moulinette de l’évaluation quantitative ou monétaire ne laisse plus beaucoup de place à ce qui fait la vie et l’inspiration des créateurs. Ils doivent bénéficier d’une marge suffisante de liberté, dans leur façon de concevoir leur art, pour ne pas être uniquement mis en musique par des gens qui les considèrent sous l’angle d’un certain apport, en fonction de ce que réclame l’opinion publique.

Il y a un vrai danger d’abaissement, dans une période de notre histoire où la globalisation génère des produits qui sont conçus pour être utilisables largement, partout. Et pour être utilisables, ils doivent être le moins originaux possibles, coulés dans un moule, un standard général.

Tout ça, ce ne sont encore que des tendances ; nous n’en sommes pas encore au point où les artistes ne peuvent pas s’exprimer. Et la France est un des pays où le renouvellement littéraire, musical, peut-être un peu moins le renouvellement poétique, mais des formes de renouvellement culturel sont encore vivaces. C’est vrai aussi de grands producteurs comme l’Amérique, qui abrite des créateurs merveilleux.

Mais la tendance générale, globalisante, fait courir un grave danger à la créativité individuelle, artistique et culturelle, qui est cependant la part la plus spécifique à notre espèce, et que nous avons le devoir de protéger. J’ai été présent au moment où l’on a rédigé la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Eh bien, nous avons insisté pour que le droit au loisir, d’une part, et celui à la culture de l’autre, y figurent.

Nous avions donc conscience que les hommes ont droit à la culture, et qu’ils en ont besoin. Si on les en prive ou si l’on diminue la participation que chacun de nous peut avoir à l’art et à la culture, on castre les hommes, on les prive d’une chose essentielle.

Je trouve extrêmement forte la notion de service public pour la culture, parce qu’elle met en actes l’idée que chaque citoyen est porteur, à son niveau, de la volonté que la culture, qui n’est pas rentable, existe. Nous la payons à travers les impôts. Les Américains ne connaissent pas ça, ils ont le National Endowment for the Arts qui est très différent, qui s’adresse à une minorité d’artistes. Or, parmi les plus grands artistes américains qui ont fait des carrières internationales, beaucoup ont profité des services publics européens. Je pense à Bob Wilson, à Carolyn Carlson, à Merce Cunningham… Ils n’auraient pas pu faire de tels parcours s’ils n’avaient bénéficié de ce soutien public européen.

En effet. Ce qu’il faut reconnaître aux pays qui sont sans service public, comme, malheureusement pour eux, les Etats-Unis, c’est qu’ils ont une tradition très forte de mécénat, par des hommes qui sacrifient une bonne part de leur fortune pour soutenir les arts.

Marcel Duchamp n’aurait pas connu cette gloire s’il n’avait pas rencontré une puissante famille américaine qui n’a pas hésité à le soutenir. Il ne faut pas diminuer le rôle du soutien privé. Mais le soutien privé est lié au goût de certains, qui ne peuvent pas être responsables du droit qu’ont tous les citoyens, des plus pauvres aux plus riches, à une diversité culturelle. Et, au fond, ce qui différencie la culture d’autres formes d’activité humaine, c’est sa merveilleuse diversité. L’art, la culture, la parole, la musique, vivent de cette constante opposition des uns aux autres, de ce non-enfermement dans un style unique.

Et c’est le rôle d’un Etat républicain et démocratique comme devrait être le nôtre, et il ne l’est pas suffisamment à mon goût : un Etat qui se donne un rôle culturel. Non un rôle d’imposition d’une culture, comme en Union soviétique, où la culture qui convenait au pouvoir était soutenue…

La démocratie laisse la liberté d’une grande diversité des artistes et des créateurs. C’est là que nous devons fonder l’espoir d’une diversité politique, économique, spirituelle dont nous avons besoin pour que l’espèce humaine, qui est en train de faire beaucoup de bêtises, de se casser la figure dans beaucoup de domaines, garde au moins ce rêve de culture.

Ce rêve est lié à la diversité de l’esprit humain, à son accès à autre chose qu’à la réalité matérielle. Et je cite volontiers un vers de Prospero dans « La Tempête », de Shakespeare :

« Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée par le sommeil. »

Nous nous réveillons donc de la non-vie vers la vie, et nous pouvons vivre une succession d’expériences qui sont comme des successions de rêves. Nous ne sommes jamais réduits à ce qui est, nous pouvons toujours penser à ce qui pourrait être, imaginer, créer quelque chose, des symboles, des rythmes, qui sont la composante essentielle des arts et de la culture.

Comment expliquer l’absence de cette très profonde vérité dont vous venez de parler, dans la plupart des discours politiques ? Je suis choqué qu’à gauche, elle n’apparaisse pas plus fortement. Cela leur serait très utile stratégiquement, étant donné que les ultralibéraux sont incapables d’en parler vraiment, puisqu’ils veulent sa disparition. Ce serait une très grande force pour la gauche d’être capable d’en parler. Et, par ailleurs, c’est un enjeu fondamental de civilisation. Comment expliquez-vous ce silence ?

Je crois qu’il faut distinguer la belle politique, celle qui engage des individus, souvent très cultivés – je suis actuellement en collaboration étroite avec Michel Rocard, un homme d’une grande culture… Il ne faut pas réduire la gauche à un parti politique qui est en difficulté actuellement, et qui va se trouver en confrontation amicale avec un parti qui m’intéresse beaucoup, Europe Ecologie, dans lequel on trouve beaucoup d’artistes.

Je ne pense pas que la gauche française soit par essence indifférente à la culture. Non, je crois que la vie politique d’un pays est de plus en plus accaparée par des défis qu’elle n’arrive pas à relever. Nous nous réunissons à Rome pour la faim, à Copenhague pour la Terre.

Nous affrontons la plupart des grands défis de notre espèce, mais pas celui-ci, car ce n’est pas un défi qui peut faire l’objet d’une gouvernance mondiale. Ce serait même dramatique, car une gouvernance mondiale ferait disparaître toute originalité.

Réjouissons-nous donc que ni la gauche, ni les Etats-Unis, ni les Nations unies, ne s’occupent de culture. C’est déjà merveilleux que nous disposions à Paris de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, qu’il faut continuer à soutenir, dans la mesure où elle est l’apôtre d’une diversité culturelle de toutes les composantes de l’espèce humaine. C’est là que l’esprit de l’espèce humaine culturelle, cultivée, se traduit : par l’accent mis sur la curiosité. La culture est le résultat d’une curiosité humaine.

J’ai la chance exceptionnelle d’être d’une famille d’artistes, de créateurs : un père écrivain, poète, traducteur ; une mère qui a écrit et qui s’est vécue elle-même comme une philosophe, et avait une attirance formidable pour la poésie.

Pour moi, c’est le médium, le seul, où je me sens parfaitement à l’aise : non que j’aie jamais réussi à écrire un poème, mais je suis un consommateur enthousiaste de poésie dans trois langues, l’anglais, le français et l’allemand, et ça a joué un rôle énorme dans ma vie. J’ai rencontré très jeune le monde de la culture européenne florissante des années suivant le surréalisme, le dadaïsme, les grands peintres avec qui j’ai eu la chance d’avoir un contact ; c’est une formation merveilleuse.

Mais de tout cela, ce que j’ai retiré pour mon bien-être personnel et ma satisfaction spirituelle, c’est la poésie. Et les premiers poètes avec qui je me suis trouvé en contact, par le biais de mes parents, sont Apollinaire, Rilke, Yeats et Auden. Les avoir en mémoire, au point de pouvoir encore aujourd’hui les réciter sans trop me tromper, c’est une immense satisfaction pour moi. C’est une façon d’être dans la culture.

Mais ce n’est pas quelque chose que le commun des mortels est encouragé à s’approprier.

Je regrette que dans les écoles on apprenne de moins en moins à réciter la poésie par cœur. La récitation est très importante. Le « commun des mortels » est scolarisé, au moins dans notre Europe, mais cette scolarité a trop tendance à initier les jeunes aux problèmes matériels, à l’économie, et pas suffisamment à bien connaître la culture.

En Pologne, l’art est beaucoup plus présent dans la vie scolaire. En France, l’enseignement artistique est encore séparé de l’Education nationale ; il est financé par des collectivités et non par un ministère. Mais réjouissons-nous quand même que le commun des mortels français ait une capacité à s’exprimer, à aimer sa culture, et même une curiosité pour les arts, ne serait-ce que l’art qui est communiqué par les grands médias. Ce sont des accès précieux à la culture.

Une expérience a été tentée au sortir de la guerre, avec la création d’une direction de l’Education populaire…

Oui, il y a des organisations qui ont joué un rôle important, notamment Peuple et Culture : Bénigno Cacérès et Joseph Rovan ont fait un travail remarquable pour encourager les expressions culturelles dans toute la France.

On peut retrouver cela à travers l’action locale dans les grandes villes. Lyon, Montpellier, Toulouse, Nantes sont des lieux où la culture se développe grâce à la volonté locale. Malraux a initié cela avec les maisons de la culture. C’est quand même par là qu’on dépasse la notion d’élite, qui n’a pas de sens en matière de culture. Une culture qui ne serait que celle de l’élite serait sans aucun intérêt ; mais une culture qui ne favoriserait pas la construction d’une élite de la création serait condamnable.

Mais ce développement dont vous parlez s’inscrit dans une civilisation de plus en plus froide, de moins en moins humaine, avec de plus en plus de surveillance : la destruction de l’esprit de convivialité sous des prétextes de sécurité.

Deux notions s’opposent radicalement : la sécurité et la liberté. L’artiste, et le porteur de culture quel qu’il soit, est un revendicateur de liberté ; et quand il se retrouve dans des ensembles qui ont peur de la liberté, qui aiment cerner les problèmes et donner la priorité à la sécurité, l’artiste souffre.

Je ne pense pas que nous en soyons là en France ; une récipiendaire du prix Goncourt peut réagir lorsque quelqu’un comme Eric Raoult dit d’énormes bêtises. Donc, la liberté existe encore en France.

Dans le passé, nous avons connu d’autres périodes où l’art était vilipendé, où toute attaque contre le pouvoir était violemment réprimée. On a quand même voulu mettre Baudelaire en prison. Ce n’est pas une chose nouvelle.

Vous diriez que c’est simplement une régression vers une situation que l’on a déjà connue.

Le risque de faire prévaloir la sécurité sur la liberté a existé de tout temps. Nous sommes dans une période qui en joue beaucoup pour restreindre la liberté. C’est une phase déplorable de la République, où nous avons un gouvernement [cet entretien a été réalisé en 2010, ndlr] très soucieux d’encadrer, de faire des listes, des rubriques, et c’est contraire à l’esprit de liberté que nous avons essayé de faire naître à un moment où cette liberté était ravagée par le gouvernement de Vichy. La Résistance a eu cette vocation naturelle de lutter contre l’absence de liberté, et donc la liberté de la culture aussi.

Le gouvernement que nous avons maintenant depuis deux ans et demi comporte à mon avis des restrictions graves – qu’il faut combattre – de certaines libertés.

Mais je voudrais revenir sur un point : nous sommes depuis quelque temps beaucoup plus en contact avec les hommes du monde entier que nous ne l’avons jamais été – ce qui est la vraie modernité. Il reste la nécessité de donner toute sa place à chacune des composantes de cette société ; de ne pas les globaliser pour leur donner un sens unique qui serait un appauvrissement de leur capacité de penser, de raisonner, d’être et de créer. Et ça doit être défendu contre le souci que pourrait avoir une nation, ou un ensemble de nations comme l’Europe, de fixer des limites qui mettent en danger la sécurité.

C’est vrai que la culture met en danger la sécurité. C’est une façon de dire aux hommes :

« Allez plus loin, allez ailleurs ; ne restez pas encadrés comme vous l’êtes. Ayez de l’imagination, même violente s’il le faut, car la culture peut être violente. »

Donc, il faut rechercher cet équilibre entre la nécessité d’une certaine sécurité et la volonté d’aller conquérir les nuages. Cet équilibre-là, c’est celui de la civilisation. Il n’y a pas d’autre mot.

Ce que vous venez de dire, c’est que cet équilibre n’est plus respecté ?

C’est un équilibre à préserver. Et cet équilibre a des ennemis. Il y a dans toute société des gens qui disent : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver. » Ces gens peuvent être proches du pouvoir ou non, il faut savoir que c’est une des composantes de notre espèce bizarre. Et l’autre composante, qui a de la curiosité et veut être civilisée, doit être défendue par tous les moyens.

Dans le dernier numéro de Cassandre/Horschamp, j’ai interviewé Armand Gatti. A chaque fois que nous discutons, de quelque sujet que ce soit, il repart dans ses spirales mentales jusqu’à la source de son adolescence dans les camps. Et à chaque fois j’ai l’impression que cette insupportable violence a été pour lui comme une naissance. Et, comme les digues d’un barrage céderaient devant un fleuve, quelque chose est né de ce moment-là qui a à voir avec son œuvre. Qu’en pensez-vous de ce rapport entre le pire et les ressources que nous allons chercher en nous-mêmes ?

Je pense que lorsque nous sommes confrontés à quelque chose qui nous touche, qui nous scandalise, qui nous indigne, qui nous atteint dans nos profondeurs, la nécessité d’y répondre par une activité créative devient, plus forte.

Nous avons besoin de connaître la mort, ou le risque de la mort ; de connaître la violence, ou le risque de la violence, pour produire en nous ce qui dépasse la mort, ce qui dépasse la violence. Une vie toute de douceur, qui ne connaîtrait que le bien-être, aurait du mal à produire quelque chose de vraiment fort.

Reconnaissons que la plupart des grands artistes ont connu des chocs formidables dans leur vie. Quand on relit la vie des grands créateurs, on est frappé par les obstacles rencontrés, les chocs subis. Ça fait partie des choses qui rendent possible et nécessaire la culture.

L’homme ne peut pas seulement vivre tranquillement, il a besoin de se confronter à quelque chose qui le dépasse. C’est là que l’art trouve tout son sens. Essayer d’intégrer cela dans une façon de concevoir la vie des hommes, et le leur rendre accessible sans que cela les détruise, c’est ça la civilisation.

Ça a à voir avec la religion ?

Oui. Malheureusement, les religions sont souvent monothéistes, et les religions monothéistes deviennent facilement dangereuses. J’aime la mythologie grecque, où il y a des dieux pour tout. Et c’est d’ailleurs la mythologie qui a donné le plus de prise à la culture. C’est quand même formidable que nous vivions encore sur les bases de cette culture fondée au Ve siècle avant J.-C., une culture de compromis, de balancements. Le christianisme, le judaïsme, l’islam ont produit aussi beaucoup de chefs-d’œuvre, mais il y a une violence contenue. Il y a ceux qui sont dans le bien et ceux qui n’y sont pas, et c’est grave !

 

 

 

 

 

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 18:00

 

 

Rue89 - Karima Delli

 Publié le 28/03/2013 à 18h46

 

En 2003, le gouvernement social-démocrate allemand de Gerhard Schröder inaugurait une série de réformes sociales inspirées par la « troisième voie » social-libérale de Tony Blair. La plus emblématique de ces réformes fut la loi Hartz IV sur l’assurance chômage et la flexibilisation du droit du travail. Depuis lors, l’Allemagne est championne des statistiques et est érigée en modèle de compétitivité et d’emploi.

Dix ans après ces lois, alors que le parlement français s’apprête à discuter du projet de loi du gouvernement de Jean-Marc Ayrault sur « la sécurisation des parcours professionnels » issue de l’Accord national interprofessionnel du 11 janvier dernier, quel bilan peut-on tirer de cette réforme et de ses conséquences sur les conditions de vie des Allemands ?

Beaucoup diront que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes outre-Rhin ! Un taux de chômage exceptionnellement bas à 5,3%, 2,5 millions d’emplois créés et une économie qui résiste à la crise mondiale avec brio... Mais à y regarder de plus près, l’élève modèle se révèle être un sacré cancre.

 

Peu de chômeurs mais beaucoup de pauvres

Le taux de pauvreté, et en particulier celui des enfants, a augmenté de 2,2 points entre 2000 et 2005. Le nombre de travailleurs pauvres est passé de 4,8% à 7,5%, et le taux de pauvreté parmi les chômeurs a explosé de 41% à 68% entre 2004 et 2010. Le droit du travail a été complètement détricoté : les contrats à durée déterminée et l’intérim sont devenus la norme et non plus l’exception. Ainsi, le recours à l’intérim a été multiplié par 2,7 et le temps partiel a bondi de 33%.

Parallèlement, le système d’indemnisation chômage a été profondément réformé, la durée d’indemnisation a été raccourcie, faisant basculer dans la pauvreté un grand nombre de chômeurs en fin de droit. En effet, le revenu minimum en Allemagne (l’équivalent de notre RSA) est bien inférieur au seuil de pauvreté et ne représente pas un véritable filet de protection sociale.

Des chômeurs mieux accompagnés

En effet, si le chômage n’a pas cru pendant la crise, c’est aussi grâce à un dialogue social de qualité qui a permis de mettre en place une flexibilité gagnante de la durée du travail, à travers par exemple du temps partiel temporaire et la mise en place de comptes épargne-temps. La baisse du temps de travail individuel a peu impacté les salaires car les entreprises ont joué le jeu en rognant d’abord sur leurs marges. De même, l’accompagnement des chômeurs a été fortement amélioré et les contrats aidés ont apporté d’excellents résultats en matière de réinsertion des chômeurs de longue durée.

En revanche, la paupérisation des chômeurs et des travailleurs précaires a exercé une pression globale à la baisse des salaires. Les écarts de revenus se sont donc creusés, et les plus pauvres ont vu leur pouvoir d’achat se dégrader bien plus que la moyenne.

La compétitivité allemande a donc un prix : la précarisation des travailleurs et la paupérisation des catégories déjà les plus fragiles. Répétons-le donc, ce modèle allemand, trop souvent érigé en exemple, est loin du tableau idyllique que l’on en fait. Il est crucial de ne pas confondre flexibilité et compétitivité, car lorsqu’on offre aux entreprises la possibilité de licencier plus facilement leurs salariés en temps crise, et de recourir à des formes d’emploi atypiques (intérim, temps partiel), il ne faut pas s’étonner de voir les conditions de travail se dégrader et les inégalités de revenus s’accroître.

Les Allemands offriront-ils une session de rattrapage aux sociaux-démocrates en 2014 ? Ce qui est sûr, c’est que le chapitre « compétitivité » est à sérieusement réviser.

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