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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 17:53

 

Médiapart

 

 

 

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Il fut un temps où Nicolas Sarkozy n’aimait pas le monde financier. « Une certaine idée de la mondialisation s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle », expliquait-il à Toulon le 25 septembre 2008.

La crise n’est pas finie. Mais manifestement Nicolas Sarkozy a changé d’idée. Les banquiers lui semblent devenus très fréquentables. De plus en plus même. Et cette fréquentation assidue du monde bancaire, qui ne fait rien gratuitement, mérite que l'on y prête attention.

Nicolas Sarkozy se propose ainsi de participer à une nouvelle conférence organisée par une banque, et pas n’importe laquelle : Goldman Sachs. 


Invitation à la conférence de Nicolas Sarkozy pour Goldman Sachs (cliquez sur l'image pour l'agrandir) 
Invitation à la conférence de Nicolas Sarkozy pour Goldman Sachs (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Ce lundi 3 juin, Nicolas Sarkozy devait intervenir à l’hôtel Intercontinental de Londres devant un aréopage de financiers et de grandes fortunes pour disserter sur l’Europe et la politique européenne, à l’invitation de la plus célèbre banque de Wall Street, comme l’indique le site de la banque. Il est présenté comme président of the French Republic et non comme former (ancien), les dates entre parenthèses rappelant juste qu'il ne l'est plus. Il sera le seul homme politique à parler dans ce colloque aux côtés d’économistes.

Goldman Sachs ne publie pas en ligne le tarif pour assister à cette réunion. Mais c’est le genre de colloque auquel on ne peut assister qu'en déboursant plusieurs milliers de livres. D’autant, comme le signale la banque, que la conférence est déjà pleine et qu’il faut s’inscrire sur la liste d’attente. En contrepartie, les intervenants de ces conférences sont royalement payés. Combien ? La banque n’a pas répondu à nos questions sur les motifs qui l’ont poussée à inviter Nicolas Sarkozy et sur le montant de sa rétribution. Selon différentes informations déjà parues dans la presse, Nicolas Sarkozy fait désormais partie du petit club des célébrités mondiales percevant plus de 100 000 dollars (76 400 euros) par intervention.

Qu’attend Goldman Sachs d’une telle prestation ? S’étant installée au cœur du dispositif européen, avec de nombreux hommes de confiance dont le plus illustre est le président de la BCE, Mario Draghi (voir Europe : les hommes de Goldman Sachs), la banque américaine n’a guère besoin des lumières de Nicolas Sarkozy pour expliquer ce qui se passe à Bruxelles ou Francfort. S’agit-il alors de remerciements pour services rendus dans le passé, ou prennent-ils une option au cas où Nicolas Sarkozy redeviendrait président, comme lui-même et ses proches semblent en caresser l’idée, alimentant l’opinion par de nombreux sondages ?

Goldman Sachs, en tout cas, a l’air de placer Nicolas Sarkozy sous sa haute protection. Dans le tour de table de son fonds d’investissement Columbia investment, révélé par Mediapart, on retrouvait parmi les personnes associées Simon Robertson, un banquier anglais ancien président de Goldman Sachs Europe.

Better than Goldman

Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’après son départ de l’Élysée, il entamerait une nouvelle vie, loin de la France. Il n’a jamais caché vouloir faire de l’argent et marcher sur les traces de l’ancien ministre britannique Tony Blair, qui s’est constitué en quelques années une fortune estimée à plusieurs millions de livres. Même si elles se veulent discrètes, ses prestations sont extrêmement ciblées et rémunératrices.

Début septembre, Nicolas Sarkozy avait démenti l’animation d’une réunion organisée par la banque Morgan Stanley pour 250 000 euros. Mais trois semaines plus tard, il figurait comme invité à une réunion privée donnée à New York le 11 octobre 2012. Cette dernière était organisée par la banque brésilienne BTG Pactual. Il était alors le seul participant qui n’était pas originaire d’Amérique du Sud.

 

 
© #brigitte dusseau

Dix jours plus tard, le 22 octobre exactement, il se rendait au Brésil pour participer à un colloque organisé par la même banque BTG Pactual, appréciant décidément beaucoup Nicolas Sarkozy.

Nommée par la presse le Goldman des Tropiques, cette banque et ses dirigeants méritent un moment d’attention. Son principal dirigeant, Andre Esteves, est à l’origine de la réussite de l’établissement. Simple analyste, il a fini par en prendre la tête en la rachetant à ses propriétaires. En 2006, il l’a vendue pour 3,1 milliards de dollars au suisse UBS, décidé à en faire le bras armé de son activité de gestion de fortune au Brésil, avant de créer un nouveau fonds BTG – pour Banking and trading group mais certains disent pour Better than Goldman (mieux que Goldman Sachs).  

Deux ans plus tard, il a racheté à UBS la banque qu’il lui avait vendue pour seulement 2,5 milliards de dollars. Beaucoup se sont étonnés de cette transaction très en défavorable pour la banque suisse, ce qui n’est pas dans ses usages. Il est vrai qu’à l’époque, UBS avait quelque difficulté avec les autorités brésiliennes, qui accusaient la banque de fraude fiscale et de blanchiment, en organisant la fuite des grandes fortunes en dehors du pays. Un air de déjà-vu.

Renommée BTG Pactual, la banque, détenue par une holding basée aux Bermudes, est devenue la première banque d’investissement au Brésil. Elle est très active à Londres. Elle y a embauché un banquier français, Charles Rosier, ancien de Goldman Sachs avant de devenir responsable pour UBS de la France, de la Belgique, de l’Espagne et du Portugal. 

Lors de son voyage « privé » au Brésil, Nicolas Sarkozy a été reçu par la présidente brésilienne, Dilma Rousseff. Il y fut beaucoup question alors du contrat « historique » des Rafale à l’armée brésilienne, ardemment soutenu par Nicolas Sarkozy pendant sa présidence. La presse brésilienne a longuement évoqué aussi les ambitions de la BTG Pactual en Afrique – elle a créé un fonds d’investissement doté de 1 milliard de dollars – et de l’aide que pourrait lui apporter Nicolas Sarkozy, grâce à ses contacts sur le continent africain, notamment dans les mines.

C’est à nouveau une banque qui a été à l’origine du troisième colloque de Nicolas Sarkozy. À l’invitation d’Alfa Bank, bras financier d’un énorme conglomérat russe, il s’est rendu à Moscou le 13 novembre. Il était l’invité de l’oligarque Mikhaïl Fridman, lancé du temps de Boris Eltsine, pour la remise de prix « sur les meilleurs investissements en Russie ». Là encore, le déplacement de l’ancien chef d’État n’a, semble-t-il, pas été gratuit. « C’est une pratique courante que d’anciens dirigeants se rendent à des événements pour de l’argent », rapportait un témoin cité par le quotidien Izvestia, qui dévoila l’information. Lors de ce déplacement à Moscou, Nicolas Sarkozy fut reçu en grande pompe par Vladimir Poutine.

Que des amis

Le dernier voyage de l’ancien chef de l’État a été, lui, des plus officiels. Le 11 décembre, Nicolas Sarkozy s’est rendu à Doha, sur l’invitation personnelle de l’émir du Qatar, pour donner sa première conférence publique dans le cadre du forum mondial du sport. Une manifestation montée par Richard Attias, le mari de Cécilia. Nicolas Sarkozy, grand ami du Qatar, s’est beaucoup démené pour introduire l’émirat auprès de la fédération internationale de football (Fifa), présidée par son autre ami, Michel Platini. Hasard ? Le Qatar a obtenu, à la surprise générale, la Coupe du monde de football de 2022.

À la tribune, Nicolas Sarkozy a plaidé pour que le calendrier de cette manifestation soit changé, et que la manifestation puisse avoir lieu en hiver plutôt qu’en été, comme d’habitude. La chaleur étant insupportable en été au Qatar.

Officiellement, bien évidemment, ce voyage était absolument à titre gracieux. Mais dans le même temps, Nicolas Sarkozy, sous ses habits d’avocat d’affaires, défendait la cause du Qatar auprès du roi du Maroc, « un ami ». Celui-ci, en effet, avait mis son veto au rachat de la participation détenue par Vivendi – autre ami de Nicolas Sarkozy –, dans l’opérateur téléphonique Maroc Telecom, par le Qatar. La confusion des genres est totale.

En retour, le Qatar, comme l’a expliqué le Financial Times, était prêt à investir quelque 250 millions d’euros dans le fonds d’investissement de Nicolas Sarkozy. Là aussi, il semble que le Qatar voulait autant adresser des remerciements sur le passé que prendre une option sur l'avenir. Mais les révélations publiques sur ce fonds ont refroidi les ardeurs de l’ancien président. Officiellement, comme l’expliquent des proches, Nicolas Sarkozy préfère mettre en veilleuse ce projet, afin de ne pas obérer ses chances de revenir sur le devant de la scène politique. Mais en arrière de la main, comme le prouve sa nouvelle invitation par Goldman Sachs, il n’a pas renoncé «  à faire de l’argent ».

Jusqu’à quand Nicolas Sarkozy pourra-t-il ainsi continuer à nager en plein conflit d’intérêts ? Il semble en effet difficile d’être à la fois membre du Conseil constitutionnel, tout en monnayant ses relations et ses contacts tantôt comme animateur de conférences, tantôt comme avocat d’affaires voire comme conseiller de fonds d’investissement, et en prétendant pouvoir rejouer un rôle politique à l’avenir. L’incompatibilité entre ces différentes fonctions est patente, et le silence du Conseil constitutionnel détonant.

Parmi toutes ses fonctions et tous ses déplacements, Nicolas Sarkozy n’a pas mis sa renommée et sa disponibilité au service de causes humanitaires, comme la faim dans le monde, l’illettrisme, le paludisme, le sida ou la recherche médicale... Faute de temps, sans doute.

 


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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 17:18

 

Banoosh.com

Publiée le 2 juin 2013

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 16:31

 

Le Monde.fr

 02.06.2013 à 20h48 • Mis à jour le 03.06.2013 à 08h21

 

 
Capture d'écran de la page Facebook "contre l'arrêt de Taratata.

Des fans de l'émission musicale "Taratata" et de celle, culturelle et ouverte à toutes les disciplines artistiques, "Des mots de minuit", supprimées par France Télévisions dans le cadre de sa politique d'austérité, ont lancé des pétitions sur internet pour protester contre leur arrêt.

Une pétition baptisée "contre l'arrêt de Taratata", lancée sur www.change.org, enregistrait plus de 20 000 signatures d'internautes dimanche 2 juin en début de soirée. Une page Facebook "contre l'arrêt de Taratata" est également ouverte.

  "Ses audiences ne sont pas au rendez-vous, pourtant ce n'est pas faute de recevoir des artistes de renommée nationale et internationale (Muse, Red Hot Chili Peppers, Charlie Winston, Metallica, Lou Reed, Iam, Christophe Maé, Yodelice, David Bowie, Stevie Wonder etc.). Alors que peut justifier une perte d'audience et une déprogrammation ? La case horaire pardi !", dénoncent les initiateurs de cette mobilisation dans un texte publié sur le site, et destiné à la direction de France Télévisions ainsi qu'à la ministre de la culture Aurélie Filippetti,

S'adressant à Rémy Pflimlin, le PDG du groupe France Télévisions, ils réclament "plus de considération" avec un horaire plus tôt en soirée pour "ce programme mythique" qui a fêté ses 20 ans, animé par Nagui le vendredi soir sur France 2.

 

"CES ÉCONOMIES SEMBLENT CONCERNER EN PRIORITÉ LES ÉMISSIONS CULTURELLES"

Une autre pétition, invitant à dire "non" à la suppression "Des Mots de Minuit" et "pour que l'on puisse encore respirer ce programme et fredonner son générique", a été lancée sur www.ipetitions.com par des internautes et avait recueilli plus de 3 000 signatures dimanche soir.

"Étrangement ces économies semblent concerner en priorité les émissions culturelles. Pour quels résultats, pour quelle politique éditoriale ?", déclare un texte joint à la pétition. "Il est dommage de sacrifier le culturel pour la rediffusion à outrance de programmes déjà amortis", ajoute ce texte. "Des mots de minuit" était animée par le journaliste Philippe Lefait depuis 13 ans le mercredi soir sur France 2.

Première victime de la politique d'austérité des chaînes publiques, "Chabada", émission de variétés diffusée le dimanche sur France 3 à 17 heures, avait été supprimée fin avril, en dépit d'une autre pétition, signée par des artistes tels que Céline Dion, Michel Sardou ou Patrick Bruel. Les mesures de France Télévisions visent, selon sa direction, à réaliser environ 150 millions d'euros d'économies et à parvenir à l'équilibre des comptes en 2015.

Lire : Philippe Lefait revient sur l'annulation des "Mots de minuit"

 


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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 16:24

 

Marianne.net

 Rédigé par Martine GOZLAN le Dimanche 2 Juin 2013 à 14:35

 

 

 

Nous avons rencontré l'écrivain turc Nedim Gürsel qui analyse les raisons de la révolte de la jeunesse à Istanbul mais aussi, selon ses informations, "dans une cinquantaine de villes". Le romancier, lauréat du prix Méditerranée 2013 avec "l'Ange rouge" (Seuil), voit dans le mouvement " un grand tournant pour Erdogan et l'AKP".

Nedim Gursel
Nedim Gursel
Nedim Gürsel est l'un des plus grands romanciers turcs. En France où il vit tout en retournant souvent dans  son pays natal, il vient de se voir décerné le prix Méditerranée pour "L'Ange rouge" où il retrace le destin du poète communiste Nazim Hikmet. Fils d'Istanbul, Nedim Gürsel suit heure par heure les manifestations. Interview.

          - Que se passe-t-il brusquement en Turquie?

   NEDIM GÜRSEL

Tout a commencé avec un mouvement de protestation contre l'aménagement de la place Taksim, la destruction d'un parc où la municipalité veut installer un complexe commercial. Mais, très vite, ce mouvement a pris beaucoup d'ampleur. 80% des manifestants sont des jeunes, notamment des lycéens, d'ailleurs appuyés par le reste de la population. C'est une réaction qui va beaucoup plus loin que la défense de l'écologie , c'est très profond. Il se déroule en ce moment des manifestations dans une cinquantaine de villes en Turquie, pas seulement les grandes villes. C'est donc un mouvement national qui s'explique par la dérive autoritaire d'un pouvoir qui veut imposer le mode de vie islamiste. Dernier exemple en date: la limitation de la vente des boissons alcoolisées. Le Premier ministre Erdogan a osé dire: " Allez boire chez vous!" Mais moi, je veux aller siroter mon raki sur le bord du Bosphore!   Et le pouvoir veut me renvoyer chez moi pour que je boive en cachette comme si c'était honteux dans l'espace public!
C'est insupportable mais tout aussi insupportable est le problème des médias turcs, des chaines de télévision où les journalistes font l'éloge du Premier ministre du matin au soir, comme si le contrôle des medias avait éradiqué toute velléité d'esprit critique.
                    
                             - C'est une fronde générale?

NEDIM GÜRSEL

Erdogan répète sans cesse qu'il veut une jeunesse conservatrice, respectueuse des valeurs conservatrices. C'est  ce processus qui déclenche la réaction de toute la population. J'y vois un grand tournant, le début du déclin d'Erdogan dont l'omniprésence et l'omniscience sont devenues insupportables. Aujourd'hui encore, il n'entend rien, il veut continuer sur le projet de destruction du parc Gezi. Il se contente de dire que la police a exagéré en utilisant les gaz. Mais les images et les témoignages sont là: c'était affreux. La police a agi avec une extrême violence contre des jeunes, pacifiques, qui n'étaient pas des casseurs. J'espère que le ministre de l'Intérieur va présenter sa démission...En réalité, cette révolte, c'est une voix montée d'en bas. C'est la première fois depuis 2002 ( date de l'arrivée au pouvoir de l'AKP) qu'on assiste à un mouvement d'opposition jailli de la base.

                           - A-t-il une chance de durer?

NEDIM GÜRSEL

D'abord, il dure depuis plusieurs jours. Ensuite, il s'étend. Le pouvoir doit revenir sur ce discours arrogant - je répète le mot arrogant à dessein parce que c'est une des clés de la colère- qui consiste à imposer un mode de vie  à toute la population.
Et cela se traduit aussi par ce projet de centre commercial à la place du parc Gezi. Istanbul n'est pas Dubaï! Aussi paradoxal que cela paraisse, ce gouvernement qui se dit irréprochable lance des projets uniquement pour la rente. Erdogan pratique un ultra-capitalisme accompagné  d'une mégalomanie qui ne tolère aucune critique. C'est tout cela qui me donnerait envie à moi aussi d'aller manifester si je me trouvais à Istanbul. Même mes amis, des intellectuels libéraux, en ont assez. Assez de ce discours de conquête. Et je constate qu'en Europe, il commence à se produire une prise de conscience: Erdogan a beaucoup perdu de sa crédibilité...

( interview réalisée à Paris le 2 juin)

* Parmi les très nombreuses oeuvres de Nedim Gürsel, citons:
- "La Première femme" ( Points-Seuil); "Les filles d'Allah"( Seuil 2009); " La Turquie, une idée neuve en Europe"( Seuil 2009); " L'Ange rouge"( Seuil 2012, prix Méditerranée 2013)
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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 16:11

 

Médiapart

 

 

 

C'est l'un des plus importants mouvements de protestation depuis l'arrivée au pouvoir du premier ministre Erdogan en 2003. Il a pris vendredi une tournure violente quand la police a décidé de réprimer les manifestants à grands renforts de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Plusieurs centaines de personnes ont été blessées à Istanbul. Samedi, le mouvement, déclenché par un projet d’aménagement et qui s’est transformé en contestation plus large de la politique du gouvernement, se poursuivait et s’étendait à plusieurs grandes villes turques, dont la capitale Ankara.

 

Sur VG TV, samedi 
Sur VG TV, samedi© DR

Comme lors des révolutions arabes ou les mouvements d’Indignés en Europe ou aux États-Unis, les activistes ont rapidement mis en place des réseaux d’entraide (voir notamment ce site pour accéder à internet depuis la place Taksim d’Istanbul, trouver les coordonnées de médecins ou les contacts d’avocats), utilisé Twitter (avec le hashtag #occupygezi) et créé une page Facebook. Ils ont aussi installé une retransmission en direct des manifestations à Istanbul (notamment ici ou ici).

Samedi après-midi, les images montraient des milliers de personnes scandant des slogans hostiles au premier ministre, alors que la police s’était retirée de la place la plus célèbre de la ville, la place Taksim, aussitôt envahie par les manifestants.

 

 

D’autres manifestations étaient prévues dans plusieurs villes turques (à Antalya, Mersin, Gaziantep ou encore Diyarbakir). Dans la capitale Ankara, des manifestants faisaient aussi face à la police, qui usait samedi après-midi de lacrymogènes et de canons à eau.

 


 

La contestation a pris une nouvelle dimension après que la police est très violemment intervenue vendredi matin à Istanbul pour déloger les centaines de personnes qui occupaient pacifiquement le parc Gezi, situé sur la place Taksim. En deux jours, plusieurs certaines de manifestants ont été blessés, dont certains étaient dans un état grave. Vendredi, une photo d'Ahmet Sik, un célèbre journaliste, la tête en sang, a fait le tour de Twitter, touché par un tir de lacrymogène, « délibéré » selon Reporters sans frontières.


Ahmet Sik 
Ahmet Sik© DR

Samedi, l’association Greenpeace a annoncé avoir transformé son bureau stambouliote en « hôpital d'urgence pour les manifestants blessés ».

 

 

Les violences policières ont provoqué un élan de solidarité en Turquie. « Au moins autant que la diversité des manifestants, c’est le nombre et les modalités des soutiens qui étonnent : tel restaurant nourrit les manifestants gratuitement ; tel hôtel les accueille ; sur l’avenue Istiklal en état de guerre, des commerçants applaudissent les manifestants ; face au brouillage des lignes de téléphone portable par les forces de sécurité sur les zones d’affrontement, les cafés et restaurants environnants fournissent leurs codes de wifi par réseaux sociaux… Des riverains affichent sur les bâtiments que les manifestants peuvent venir se réfugier chez eux. Dans plusieurs quartiers, au milieu de la nuit encore, de nombreux habitants manifestaient leur soutien en allumant et éteignant les lumières et en descendant dans les rues avec casseroles et poêles. Nombreux sont ceux qui, aux fenêtres, applaudissent ou acclament les manifestants, comme ceux qui klaxonnent pour les encourager », raconte Élise Massicard, la responsable de l'Observatoire de la vie politique turque

La répression a aussi suscité de nombreuses protestations dans le monde. Amnesty International a critiqué « le recours excessif à la force contre des manifestants pacifistes ». La violence de la répression a même conduit Washington à rappeler à l’ordre son allié turc« Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul », a déclaré la porte-parole du département d’État, Jennifer Psaki. La porte-parole a appelé les autorités turques à « respecter les libertés d’expression, d’association et de rassemblement telles que ces personnes, visiblement, les exerçaient ». « Ces libertés sont vitales à toute démocratie saine », a-t-elle souligné.

Les plus hautes autorités turques ont fini par réagir et, samedi en milieu de journée, la police s’est retirée de la place Taksim d’Istanbul. Samedi, le président de la République, Abdullah Gül, a lancé un appel au « bon sens » et au « calme ». « Nous avons tous besoin d'être responsables face à ces manifestations (...) qui ont atteint un niveau inquiétant », a-t-il affirmé dans un communiqué, avant d’exhorter la police à « agir avec le sens de la mesure ».

Même le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a finalement concédé que la police avait agi dans certains cas de façon extrême. « Il est vrai qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la police. Les mises en garde nécessaires ont été faites », a indiqué celui qui focalise la colère des manifestants. Mais sur le fond, il est resté totalement intraitable, continuant, comme il le fait depuis des mois, de traiter les mécontents par le mépris. « Je demande aux protestataires d'arrêter immédiatement leurs manifestations (...) pour éviter plus de dommages aux visiteurs, aux piétons et aux commerçants. La place Taksim ne peut pas être un endroit où les extrémistes font ce qu'ils veulent »,a ajouté Erdogan

 

A l'origine, un projet de réaménagement du parc Gezi

Tout a commencé en début de semaine quand les premiers bulldozers ont fait leur apparition dans le parc Gezi sur la place Taksim, que le maire de la ville, proche du premier ministre, veut complètement réaménager. Ce projet est dénoncé par de nombreux urbanistes, architectes et écologistes qui ont remporté une première victoire vendredi avec la décision d’un tribunal administratif d’Istanbul de suspendre le projet de reconstruction de la caserne. 

 

 

Depuis le début de la semaine, des milliers de Stambouliotes s’étaient donc rassemblés place Taksim pour contrer les plans de réaménagement du maire qui prévoit notamment de construire, dans le parc, d’anciennes casernes ottomanes, agrémentées d'un centre commercial.. Jeudi soir, ils étaient au moins 10 000, soutenus par des associations environnementalistes, des syndicats, de partis politiques de gauche. 

Mais vendredi à l’aube, la police est très violemment intervenue pour déloger les centaines de militants qui occupaient le parc Gezi. La répression a provoqué un vaste élan de solidarité et de nombreux habitants sont venus en renfort aux abords de la place Taksim.

 

 

Leur mouvement a très vite pris un tour politique en dénonçant le gouvernement et ses méga-projets de construction à Istanbul, comme le troisième pont sur le Bosphore, dont la première pierre a été posée mercredi, ou un aéroport géant. Les manifestants, de l’extrême gauche aux partis nationalistes kemalistes en passant par les organisations kurdes, dénoncent plus généralement l’autoritarisme du premier ministre Erdogan, au pouvoir depuis 2003 après avoir été très facilement réélu en 2007 et en 2011 avec son parti musulman-conservateur, l’AKP.

« Finalement, la mobilisation autour du parc de Gezi n’aura été qu’une étincelle, celle de trop. En fait, plus que le parc lui-même – certes l’un des seuls espaces verts de cette partie de la ville, mais qui n’était ni très fréquenté, ni très bien entretenu, ni particulièrement valorisé par qui que ce soit, bref qui avait assez peu en commun avec Central Park –, c’est l’attitude des forces de sécurité, et plus largement du pouvoir, qui a véritablement mis le feu aux poudres et suscité l’élargissement de la mobilisation »écrit de son côté Élise Massicard, la responsable de l'Observatoire de la vie politique turque

Depuis deux ans, et singulièrement ces derniers mois, les militants de gauche et des droits de l’homme dénoncent un durcissement du régime et de nombreuses arrestations d’opposants, des attaques contre la liberté de la presse et plusieurs lois qu’ils jugent liberticides et/ou conservatrices (par exemple, récemment, sur la vente d’alcool).

« En se lançant dans une politique souvent qualifiée d’aventuriste à l’égard d’Israël, puis de la Syrie, en morigénant l’agence Standard & Poors qui avait fait passer la note de la Turquie de “positive” à “stable” en mai, en laissant entendre qu’il pourrait envisager un rétablissement de la peine de mort et en affichant une morgue proche de l’inhumanité à l’encontre des grévistes de la faim kurdes à l’automne – “Certains d’entre eux ont d’ailleurs besoin d’un régime” –, (...) en cherchant à prendre le contrôle de l’université quitte à provoquer une fronde étudiante en décembre, en critiquant une série télévisée populaire, “Le Siècle magnifique”, au point d’obtenir que Turkish Airlines renonce à la projeter dans ses avions, il a nourri les accusations de dérive autoritaire et de “poutinisation” que lui prodiguait l’opposition depuis plusieurs années », estimait le chercheur Jean-François Bayart dans un billet publié en février sur son blog sur Mediapart.

 

 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 15:57

 

 

 

A l'attention des organisations internationales, de nos amis, camarades et journalistes du monde entier;

Ceci est un appel urgent de la part de défenseurs des droits de l'homme, activistes, ONG, professionnels, associations de quartiers et stambouliotes.

Depuis le 27 mai, des stambouliotes, classes sociales et appartenance politique confondue , de tous âges et de différents quartiers d'Istanbul sont entrés en résistance passive au parc Gezi, le plus grand parc public de la ville, dont la démolition devait avoir lieu bientôt en raison d'un soi-disant projet de rénovation. Le projet prévoit en effet la construction d'un immense centre commercial ( qui devait être une réplique de la maison de l'artillerie ottomane).

 

http://www.youtube.com/watch?v=RgBRGl341ZA

 

http://www.bianet.org/english/english/147016-demonstrators-plant-trees-against-destruction-in-taksim-gezi-park 

 

La police est intervenue à trois reprises, plus violemment à chaque fois:

La première intervention a eu lieu le 28 mai au matin, environ 50 manifestants ont été pris pour cible et le gaz été projeté directement sur leur visage.

http://stream.aljazeera.com/story/201305302148-0022796

 

En solidarité avec les manifestants, des centaines de personnes les ont rejoint en fin de journée et le mouvement d'occupation a pris en importance. La seconde intervention de la police a pris place le 30 mai à 5 heures du matin. Les forces de l'ordre ont brûlé les tentes des occupants et  les gazs lacrymogènes et autres ont été utilisés de manière ininterrompue, causant de sérieuses blessures.

 

http://www.youtube.com/watch?v=suEVcTIpzxA&list=UUNwGZGYteEB64ywTGCn0w2g&index=2

 

http://www.hurriyetdailynews.com/protester-to-undergo-surgery-after-morning-police-intervention-at-taksim-park--.aspx?pageID=238&nID=47878&NewsCatID=341 

 

Contre cette violence extrême et aveugle, la réaction a été d'occuper le parc, cette fois, à plusieurs milliers.

Ce matin s'est révélé être une culmination de violence et de barbarie que peu de mots peuvent décrire, avec un usage de la force tout à fait disproportionné. Les sorties du parc ont été bloquée par la police, enfermant le groupe à l'intérieur. Les manifestant ont été pris entre des violents tirs de gaz et des grenades lacrymogènes, beaucoup se sont évanouis. Les manifestants ont du  détruire un mur pour pouvoir s'échapper, beaucoup on été gravement blessés.

 

http://www.youtube.com/watch?v=suEVcTIpzxA&list=UUNwGZGYteEB64ywTGCn0w2g&index=2

 

En ce moment, l'intervention brutale contre les manifestants continue. Le groupe s'est fait attaquer par les forces de l'ordre une nouvelle fois alors qu'ils lisaient leur déclaration à la presse. En ce moment certains sont à l'hotel Divan à Elmadag, se réfugiant des attaques au gaz.

Littéralement toute la place Taksim, ou est situé le parc Gezi, est sous les gaz, les rues autours de Taksim sont sous des nuages de gaz.

Chers camarades, nous croyons n'avoir rien à ajouter, les scènes parlent pour elles mêmes.

La résistance pour les droits de l'homme et la démocratie ne s'arrête pas ici, nous sommes déterminés à continuer notre lutte contre un gouvernement déterminé à écrasé toute opposition, un gouvernement qui ne peut même pas tolérer une manifestation pacifique pour sauver des arbres. Le gouvernement actuel a violé toutes les conventions internationales auquelles il est partie.

Votre soutient et votre solidarité est déterminant pour notre détermination et notre résistance. Partagez ces évènements, nommez les et accusez les responsables, afin que cette folie et ces pratiques brutales contre les militants des droits de l'homme stoppent avec la pression internationale.

 

Au non de la solidarité 

Urban Movements Istanbul / Habitat International Coalition

 


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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 17:22

 

 

Le JDD.fr

dimanche 02 juin 2013

 

L’État "accro" au tabac

 

Au prix d’un lobbying intense, les cigarettiers affichent une grande proximité avec les pouvoirs publics. Un double jeu qui préserve les recettes fiscales…

 


Cuisses de grenouille et rognons de veau accompagnés des meilleurs crus de Bourgogne, le tout ponctué de gros cigares. Mercredi, le fabricant de cigarettes British American Tobacco (BAT), qui détient les marques Lucky Strike, Vogue ou Dunhill, organisait un déjeuner dans le restaurant Chez Françoise, à deux pas de l’Assemblée nationale. Sur la terrasse fermée, une épaisse fumée plane au-dessus des invités, parmi lesquels de nombreux parlementaires : André Santini, Patrick Balkany, François Sauvadet, Jean-Claude Lenoir, Odile Saugues ou encore Dominique Bussereau, notamment, ancien secrétaire au Budget (2004). Tous adhèrent au Club des parlementaires amateurs de havanes. Tous étaient attablés autour de la présidente de BAT France, Soraya Zoueihid. Avant de régler une addition d’environ 10.000 euros, elle interpellait les élus sur la nécessité d’avoir "une réglementation équilibrée et cohérente" et s’inquiétait du "plan de santé en préparation".

 

Éviter les achats à l’étranger

Un porte-parole du fabricant estime que "ces invitations doivent toujours être modestes et appropriées". Et jure : "Nous n’avons pas parlé de fiscalité ni des prix." Car ce déjeuner embarrassant enfreint la convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé sur la lutte antitabac. Ratifiée par la France, elle stipule que "l’État doit veiller à ce que les politiques ne soient pas influencés par les intérêts de l’industrie du tabac". La députée socialiste du Puy-de-Dôme Odile Saugues, la seule des convives à avoir accepté de répondre au JDD, reconnaît que "BAT entretient des relations dans le but de peser et faire passer des idées. Mais ça ne change rien, je vote toutes les hausses de prix". Même rhétorique au groupe socialiste, qui peine toutefois à masquer sa gêne : "Chaque député fait ce qu’il veut et assume. Mais nous ne sommes pas influencés par les cigarettiers."

Les parlementaires érigent leur vote en faveur de l’augmentation des prix comme preuve de leur indépendance. Depuis 2009, les tarifs ont été relevés chaque année de 30 centimes. Un ancien dirigeant du secteur explique que ce niveau est en fait un point d’équilibre qui convient à tout le monde : la baisse de 4,5% des ventes, en moyenne, est compensée par la hausse du prix. "Surtout, ce niveau permet à l’État de ne pas perdre de recettes fiscales, décrypte-t-il. Il protège l’industrie pour s’assurer des rentrées budgétaires." Mercredi, BAT s’était aussi assuré la présence d’un représentant de Bercy, Galdéric Sabatier, numéro trois de l’administration des Douanes, qui fixe les prix du tabac.

Un cadre de l’administration explique sous couvert d’anonymat que "l’État et les fabricants ont des intérêts communs". L’objectif est de faire reculer la consommation sans impacter les précieuses recettes fiscales sur la vente des paquets de cigarettes. En trois ans, elles ont augmenté de 11 à 14 milliards d’euros! Deuxième ressource après l’essence, elles sont directement affectées au budget, déficitaire, de la Sécurité sociale. Pour les Douanes, trop augmenter le prix du tabac pousserait un peu plus les Français à acheter leurs cigarettes à l’étranger et plomberait les rentrées de taxes. "L’État perdrait de l’argent sans perdre les malades", ose ce haut fonctionnaire.

 

Un milliard de profits, mais 50 millions imposés!

Les parlementaires ignorent-ils aussi que les fabricants de cigarettes réalisent des bénéfices énormes qui échappent en partie aux impôts? Selon plusieurs sources, les grands industriels du tabac (outre BAT, Philip Morris, Japan Tobacco International) réalisent en France 1 milliard d’euros de marges, mais ne sont imposés que sur… 50 millions. Un manque à gagner de plus de 300 millions de recettes pour l’État grâce à une technique simple et légale : les bénéfices générés en France, par BAT ou Philip Morris, sont réalisés par une filiale aux Pays-Bas, où le taux d’imposition est de 25%, contre 34% en France. Sur ses 120 millions d’euros de profits en France, BAT ne déclare ainsi au fisc que 6 millions! Un sujet intéressant de discussions dimanche après-midi à Roland-Garros, où les dirigeants de British American Tobacco louent une loge pour plus de 50.000 euros. Ils ont convié le numéro deux des Douanes, Henri Havard, ainsi que plusieurs membres de cabinet des ministres de l’Économie, Pierre Moscovici, et de l’Intérieur, Manuel Valls.

 

Lire aussi : "Ne plus considérer le tabac comme un enjeu économique"


Plus d'actu finance/économie avec Boursier.com

Matthieu Pechberty - Le Journal du Dimanche

dimanche 02 juin 2013

 
André Santini bureau de tabac Assemblée
Paru dans leJDD

André Santini en 2006 au bureau de tabac de l'Assemblée, fermé début 2007. (Maxppp)

 

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 17:01

 

Marianne - Blog

 Rédigé par Hervé Nathan le Vendredi 31 Mai 2013 à 17:54



Sommet européen à Bruxelles, mai 2013. Angela Merkel - Ezequiel Scagnetti/AP/SIPA
Sommet européen à Bruxelles, mai 2013. Angela Merkel - Ezequiel Scagnetti/AP/SIPA

La réaction de François Hollande après la publication par la Commission européenne des « recommandations pays » a fait couler de l’encre et de la salive. Comment le président français, à la tête d’un Etat « en faillite », ose-t-il renvoyer le pouvoir bruxellois dans ses buts en affirmant que le contenu des réformes structurelles devait être déterminé non par Bruxelles mais par le gouvernement français. Emoi chez les eurobéats !

« La réaction française étonne les Européens », titrent Les Echos en insistant lourdement : « seule la France a remis en cause la légitimité de Bruxelles à donner des conseils ». Le Financial Times , porte-parole anglophone de la Commission donne de son côté la parole aux « alliés de Merkel », qui « accusent Hollande de secouer les fondations de l’Union » (pour un journal britannique cela ne manque pas de sel…)

Nous voici donc renvoyés dans notre petit village gaulois…  Hollande est-il le dernier irréductible ? Non ! Un autre dirigeant résiste au pouvoir de la Commission, il s’appelle… Angela Merkel !

Hier à l’Elysée, à l’occasion de la conférence de presse  commune avec le président français, la chancelière allemande a très poliment, mais assez fermement, envoyé bouler les « recommandations » destinées à son pays. Bruxelles demande à Berlin, entre autres, de  « maintenir les conditions de la croissance des salaires pour soutenir la  demande intérieure, » et  aussi de « faciliter le passage des formes atypiques d’emploi, telles les mini-emplois (mini jobs) à des formules plus durables d’embauches ». » Deux mesures propres à soutenir non seulement l’activité dans son propre pays mais aussi à réduire l’écart de compétitivité entre l’Allemagne et les pays du Sud qui sont condamnés à des politiques de déflation salariale. C’est important pour les travailleurs allemands, c’est stratégique pour l’Europe toute entière.

Or, questionnée par une journaliste française, Angela Merkel a répondu « nein und nein » : 

Pour les jeunes et les « mini-jobs » elle a fait preuve, avec le sourire, d’un véritable cynisme : « il vaut mieux un emploi flexible ou pas d’emploi du tout ? », a-t-elle fait mine de s’interroger. Et pour ce qui concerne  les hausses de salaires, pourtant limitée (lire le blog de Thomas Schnee ), elle récusé toute idée d’affaiblir la position de son pays vis-à-vis des autres : « l’idée que si l’Allemagne avait des salaires plus élevés, les autres pays s’en sortiraient mieux, cela ne tient pas, nous exporterions moins et nous aurions moins d’emplois… »

Voilà donc que l’Allemagne résiste à l’Union européenne, avec raison d’ailleurs sur le plan institutionnel, puisque pour l’heure, les « recommandations »  ne sont pas encore des « obligations » au sens littéral des traités, et que Bruxelles agit à la limite de ses compétences, comme l'explique Jean Quatremer. Elles le deviendront lors de leur adoption, éventuellement amendées, par le conseil européen le 29 juin. Et c’est seulement en octobre que la Commission européenne pourra vérifier que les projets de lois de finances des Etats membres sont conformes ou non aux recommandations….

 

 

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 16:45

 

Rue89

 

 

Tribune 02/06/2013 à 16h43
Thierry Ribault | Economiste au CNRS

 

 

 

Le 27 mai, Anand Grover, rapporteur spécial du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, présentait à Genève les résultats de sa mission de novembre dernier à Fukushima. Une fois n’est pas coutume, les Nations unies ont fait leur travail : protéger. Ou, tout au moins, émettre la ferme intention de le faire. Voici les principales conclusions de ce rapport [PDF] accablant pour le gouvernement japonais.

 

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Anand Grover prend acte de l’ampleur de la catastrophe : la quantité de césium relâchée suite à l’accident nucléaire de Fukushima est de l’ordre de 168 fois celle relâchée lors du bombardement atomique d’Hiroshima. Sans parler du tellure, du lanthane, de l’argent et du baryum.

Le rapporteur prend également acte du fait que l’on ne peut plus appliquer à Fukushima les mêmes méthodes de maquillage de la réalité mobilisées après Tchernobyl, notamment en ce qui concerne les effets sanitaires désormais identifiés (aberrations chromosomiques, hausse de la morbidité infantile, hausse du nombre de leucémies).

Selon Anand Grover, on ne peut plus considérer comme négligeables les travaux scientifiques démontrant le lien entre une exposition durable aux faibles doses et le développement de cancers.

Le rapport critique l’absence de distribution effective à la population de tablettes d’iode. Et remet en question le système de protection sanitaire des travailleurs : l’accès aux examens médicaux n’est pas systématique (contrairement à ce que la loi prévoit) et les résultats ne sont pas transmis aux autorités ; la main-d’œuvre embauchée par les sous-traitants, majoritaire, n’accède pas à de tels examens.

Un droit à la santé non respecté

Concernant les zones, Anand Grover rappelle qu’à Tchernobyl en 1991, le seuil d’inacceptabilité a été fixé à 1 mSv (millisievert) par an pour pouvoir retourner vivre et travailler dans les zones contaminées. A Fukushima ce seuil est de 20 mSv par an, sans compter qu’entre 20 et 50 mSv, la population peut accéder librement aux zones contaminées en période diurne.

Le rapporteur critique le recours à l’analyse « coûts-bénéfices » par les autorités japonaises car une telle analyse ne respecte pas le droit de chaque individu à la santé. Selon le rapporteur, l’intérêt collectif ne peut dominer le droit individuel, notamment le droit à la santé. Aussi demande-t-il au gouvernement japonais de ramener son seuil d’autorisation au retour, et son seuil d’indemnisation et de droit à la protection sanitaire gratuite, à 1 mSv par an.

Dans le domaine éducatif, Anand Grover demande au gouvernement de cesser d’affirmer aux enfants japonais dans leurs manuels scolaires qu’en dessous de 100 mSv par an, les radiations sont inoffensives pour la santé.

Au sujet de la décontamination, le rapport regrette qu’aucun calendrier ne soit fixé au delà de 2013, ayant pour perspective un retour à des niveaux inférieurs à 1mSv.

 


 

Des sacs de déchets contenant de la terre contaminée posés sur les bords de route sans aucune signalétique particulière, à 10 km de la centrale, en novembre 2012 (Thierry Ribault)

Par ailleurs, nettoyer les cours d’école ne suffit pas : il faut décontaminer de manière beaucoup plus large notamment en se préoccupant des « points chauds », qui peuvent exister dans des zones en dessous de 20 mSv où les populations sont désormais appelées à vivre. Enfin, il critique le fait d’impliquer la population, non équipée et non informée, dans la décontamination.

Le rapporteur critique aussi le financement par l’Etat (c’est-à-dire par les contribuables) des dommages dus à Tepco (110 milliards d’euros annoncés fin 2012).

Le contre-rapport du gouvernement japonais

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Le gouvernement japonais a fait savoir, dans un contre-rapport [PDF] rendu public le 27 mai à Genève, lors de la même conférence, son entière désapprobation des conclusions du rapport Grover.

Les « bases scientifiques » du rapport Grover, seraient, selon les autorités japonaises, inexistantes. Il faut ici entendre par « bases scientifiques » celles des experts de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), de l’UNSCEAR (Comité scientifique de l’ONU sur les conséquences des émissions radioactives), de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) et de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Hors de ces « bases », à leurs yeux, nulle vérité ne peut être établie.

L’UNSCEAR, cette agence de l’ONU en charge de l’estimation des conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima, conclut à moins de 50 morts immédiates dues aux radiations et moins de 15 morts liées au cancer de la thyroïde à Tchernobyl, et prévoit d’ores et déjà « zéro mort », à court comme à long terme, à Fukushima.

Ne pas « accabler les riverains »

Les appels d’Anand Grover à une meilleure protection sanitaire des populations sont considérés par le gouvernement japonais comme totalement déplacés et superflus dans la mesure où rien ne prouve « scientifiquement » que les populations concernées ont un réel besoin de protection allant au-delà de celle qui leur est déjà fournie :

« Le gouvernement continuera de travailler à des mesures permettant d’apporter le soutien nécessaire aux personnes qui en ont véritablement besoin. »

Ainsi, lorsque le rapporteur Grover recommande de « ne pas limiter les contrôles sanitaires des enfants au seul examen de la thyroïde et de les étendre à l’ensemble des effets sanitaires potentiels, notamment à travers des examens urinaires et de sang », la réponse du gouvernement japonais, qui exige que ces lignes soient effacées, est la suivante :

« Le jugement d’intervention doit être fondé scientifiquement et éthiquement. Pourquoi les examens de sang et d’urine sont-ils requis ? Sur la base de la possibilité de quel type de troubles sont-ils justifiés ? L’idée est inacceptable parce que nous ne devons en aucun cas accabler les riverains en les contraignant à subir des examens médicaux injustifiés. […] Les examens de dépistage […] ne doivent pas être imposés aux habitants locaux car ils constituent un fardeau inutile. »

« Controverse sur le niveau de radiation affectant la santé »

A la demande du rapporteur spécial d’appliquer « la loi pour la protection des victimes de l’accident nucléaire votée en juin 2012, et de fournir les fonds nécessaire au relogement, à l’habitat, à l’emploi, à l’éducation et aux autres besoins fondamentaux de ceux qui ont choisi d’évacuer, de rester ou de retourner dans n’importe quelle zone où le niveau de radiation dépasse 1 mSv par an », le gouvernement japonais répond :

« Les phrases citées ci-dessus doit être effacées car elles sont fondées sur des préjugés. Comme nous l’avons déjà noté, il y a une controverse internationale sur le niveau de radiation qui affecte la santé et cette question est encore à l’étude. »

Concernant les déchets liés à la décontamination, les autorités japonaises n’hésitent pas à mentir ouvertement :

« Lorsque la terre enlevée est stockée, des mesures visant à prévenir l’impact sur la santé humaine, telles que la mise en place de films écrans protecteurs, sont prises. Aussi, la description faite par le rapport Grover, selon lequel “les déchets constituent un risque sanitaire pour les habitants”, n’est pas fondée. »

Fidèle à lui-même, le gouvernement japonais corrige l’histoire. Il sera sans doute aidé par le président de la République française, les sept ministres, les parlementaires et la délégation industrielle, en visite d’Etat au Japon du 6 au 8 juin. La livraison des dix tonnes de MOX qui ont quitté La Hague, le 17 avril dernier, l’aidera aussi.

 

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 16:33

 

 

 

 02.06.2013 à 15h07 • Mis à jour le 02.06.2013 à 16h38

Par Guillaume Perrier à Istanbul


 

Samedi, 20 heures. L'impressionnant déploiement de forces de police anti-émeute qui avaient repris la place Taksim et le parc de Gezi aux manifestants, samedi matin, a disparu comme par enchantement. Tous les bataillons de policiers se sont retirés et ont laissé la place aux manifestants. Très vite, des dizaines de milliers de personnes, peut-être des centaines de milliers, remplissent la place, le parc, les quartiers aux alentours et l'avenue piétonne Istiklal, la grande artère commerciale du centre-ville où déambule chaque jour plus d'un million de personnes.

Les manifestants fêtent leur victoire arrachée après trois jours de bataille avec la police. Avec un mois de retard, c'est le 1er-Mai. Le gouvernement avait en effet interdit cette année tout rassemblement sur la place Taksim pour la Fête des travailleurs.

Partout l'alcool coule à flots, les bouteilles de bière s'entrechoquent et, chose inhabituelle, on consomme ouvertement dans la rue. Des vendeurs ambulants en font leur commerce et se baladent avec des seaux d'eau glacée remplis de bouteilles. La diabolisation, la stigmatisation répétée des buveurs d'alcool par le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et les mesures de restriction de la consommation ont été l'un des nombreux éléments qui ont nourri cette révolte.
 

"M. Erdogan veut s'en prendre à notre mode de vie, il ne tolère pas les gens qui aiment l'art, qui vivent à l'occidentale. Il détruit les immeubles historiques, les cinémas et les théâtres pour les remplacer par d'horribles centres commerciaux construits par ses amis", tempête Erkan, un père de famille de 55 ans, venu avec sa femme et ses deux enfants adolescents. Plus loin, une jeune femme avec un groupe d'amis donne un avis similaire. "Sa vision de la famille turque et des femmes est totalement rétrograde", dit Esra, une bière dans une main, un drapeau turc dans l'autre.

Le gouvernement s'est attiré les foudres des "laïques" pour ses attaques répétées contre le droit à l'avortement ou la limitation d'accès à la pilule du lendemain. "Faites au moins trois enfants", a coutume de répéter aux Turques M. Erdogan.

Samedi, 23 heures. La fête continue sur la place et le sol est désormais jonché de bouteilles. Au centre, le monument à l'indépendance de la Turquie est escaladé par des jeunes qui veulent se faire prendre en photo. Jour de gloire, jour historique pour tous ces manifestants qui tiennent leur revanche. La statue d'Atatürk est affublée de toutes sortes d'emblèmes politiques, de drapeaux d'associations LGBT, des couleurs kurdes ou de partis de gauche.

Une danse traditionnelle alévie est improvisée : y entrent des Kurdes qui scandent "vive le président Apo [Öcalan, leader du PKK]" mais aussi des kémalistes avec leur drapeau turc. Joyeuse cacophonie. "Ce qui nous réunit ici, c'est que beaucoup d'entre nous sommes alévis", hurle Metin, originaire de Malatya. Les alévis, une branche éloignée du chiisme, sont environ 15 millions en Turquie et cultivent un mode de vie libéral. "Le gouvernement est un parti sunnite religieux qui ne nous aime pas. Nous ne voulons pas de leurs cours de religion et nous ne voulons pas prier dans leurs mosquées. Nous voulons notre culture", s'énerve Metin.

Dimanche, 1 heure. Aux quatre coins de la place et du parc Gezi, des militants équipés de sacs poubelle commencent à nettoyer. Contrairement aux affirmations du premier ministre et de ses supporters, peu de casse et de vandalisme ont été constatés. Sur Istiklal, le fameux pâtissier qui appartient à la mairie a été entièrement dévasté. Quelques vitrines cassées et voitures abîmées, mais de manière très marginale. Les banques, peu protégées, n'ont pas été endommagées. Des personnes s'interposent pour calmer les plus énervés. Des véhicules de police, quelques bus municipaux et les camions satellite de chaînes de télévision jugées "vendues à Erdogan" ont en revanche été détruits et traînés jusqu'aux barricades.

Les barricades justement, sont en train de se constituer. La place commence doucement à se vider. Rentrent chez eux les manifestants les moins politisés, la petite-bourgeoisie laïque et kémaliste des quartiers du centre-ville. Restent les militants les plus motivés, les mieux organisés. Les groupes de la gauche radicale montent des campements pour tenir la place toute la nuit et s'affairent sur les barricades : bus, voitures, barrières de police, matériel de chantier... Tout autour de la place, des obstacles bloquent les voies d'accès.

Cem, un militant du Halk Cephesi (Front du peuple), obscur groupuscule d'extrême gauche issu d'une scission du Parti communiste, montre ses blessures de guerre. Une grenade de gaz lacrymogène l'a touché à l'épaule. Un autre tir tendu de la police lui a éclaté l'arcade sourcilière. "Cela fait trois jours que j'y suis avec les camarades. Nous resterons jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il démissionne", assure ce jeune ouvrier d'une trentaine d'années, originaire du Dersim, une région de l'Est, foyer traditionnel de la gauche alévie.

Dimanche, 2 heures. Un nuage de gaz continue de flotter sur le parc de Gezi, désormais aux trois quarts vide. Les yeux piquent et la peau brûle. La plupart des manifestants n'ont qu'un simple masque de chirurgien ou un foulard, bien dérisoire. Toutes sortes de rumeurs circulent parmi les occupants de la place. A Besiktas, à deux kilomètres de là, de violents heurts opposent anarchistes, autonomes et policiers qui repoussent les tentatives d'approche des bureaux du premier ministre. Le gaz lacrymo remonte jusqu'à Taksim.

Au nord de la place, à Harbiye, tout est calme. Des voitures défilent en klaxonnant, drapeau turc à la fenêtre. Aux fenêtres de la "orduevi", la résidence pour officiers de l'armée, on observe de loin cette insurrection anti-Erdogan. Dans la journée, une rumeur sur les réseaux sociaux avait fait état de distribution d'eau et de masques aux manifestants par des militaires. L'armée était un ancien bastion kémaliste et laïque, avant qu'elle ne soit décimée par les arrestations et les procès lancés par la justice. Elle a été responsable de quatre coups d'Etat depuis 1960 mais n'est plus vraiment en position de le faire aujourd'hui.

Dimanche, 4 heures. La place est désormais quasiment vide, quelques grappes de jusqu'au-boutistes subsistent ça et là. Des véhicules de chantier ont été enflammés et l'incendie s'est propagé jusqu'à une citerne de gaz qui a fini par exploser et toucher les arbres du parc de Gezi. Le feu sera maîtrisé. L'attente, elle, sera encore longue. Dimanche en début d'après-midi, la place se remplira à nouveau d'une nouvelle foule de protestataires. En attendant, adossée avec son compagnon à la vitrine d'une banque, une jeune femme à la voix de chanteuse d'opéra se lance dans un numéro de soliste. Et se taille un joli succès.

Guillaume Perrier à Istanbul

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