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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:31

 

 

reporterre.net

L’autoroute A65 au bord de la faillite : on avait prévenu, ça arrive !

Julien Milanesi

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

Les écologistes l’avaient dit et redit : l’autoroute A 65, qui a ravagé des zones humides entre Pau et Langon, en Aquitaine, ne serait pas rentable. La prédiction se réalise, et la société exploitante perd massivement de l’argent. Et comme il était annoncé, ce sont les contribuables qui vont finir par payer la note de ce gâchis écologique.

 


 

Les associations l’avaient dit et redit, et ce plusieurs années avant que ne soit coupé le premier arbre, la construction de l’autoroute A65 entre Langon et Pau est fondée sur des prévisions de trafic irréalistes qui ne peuvent qu’aboutir à la faillite d’Aliénor, la société concessionnaire, et à la récupération de la dette (environ 900 millions d’euros) par la collectivité.

Depuis l’inauguration de l’équipement, en décembre 2010, les faits parlent et le fiasco se dessine : Aliénor, qui vient de publier ses comptes, enregistre un résultat net négatif de 35,1 millions d’euros en 2012 (après -34,6 millions d’euros en 2011) soit 91,6% de son chiffre d’affaire (si si, vous avez bien lu).

Selon l’analyse financière produite par Patrick Dufau de La Mothe [1], à ce rythme, la société sera en situation de faillite dans le courant 2014, ce qui nécessitera une recapitalisation par les actionnaires (Eiffage et la SANEF) ou bien, s’ils ne veulent pas, l’activation de la clause de déchéance prévue contractuellement et faisant retomber la dette sur l’Etat, la Région Aquitaine et les départements de Gironde, des Landes et des Pyrénées Atlantiques.

Durant les années où elles combattaient ce projet absurde, les associations n’ont eu de cesse d’avertir quant à ce risque financier, ne suscitant que l’indifférence des médias locaux et le mépris des élus. Les premiers n’ont pas fait leur travail, les seconds ont menti.

Nous savons de source interne à la rédaction que durant les années de débats et controverses sur l’autoroute, aucun journaliste de Sud-Ouest (qui détient localement le monopole de la presse écrite) n’a eu pour mission de travailler en profondeur le dossier financier de ce projet. [2] S’il y en avait eu un, il aurait pu (dû) réclamer avec les associations la transparence sur ce projet, et notamment la publication de l’analyse financière prévisionnelle permettant de juger de la rentabilité de l’infrastructure.

Car, il faut le vivre pour le croire, alors que toutes les analyses de l’Etat faites en amont concluaient à la non rentabilité du projet, le seul document disant le contraire, celui rédigé par le concessionnaire, n’a jamais été rendu public (ce qui est pourtant une obligation légale), ni à nous, associations, ni aux élus locaux engageant par leur vote du contrat de concession la solidarité de leur collectivité avec le projet. Nos recours auprès de la Commission d’Accès au Documents Administratifs n’y ont rien fait, pas plus que ceux auprès du Conseil d’Etat, qui dans un attendu qui ne laisse de surprendre jugeait en 2008 que :

« il ressort de l’examen des pièces du dossier que le Conseil Régional d’Aquitaine a délibéré sur le projet de convention relative au financement des concours publics pour la réalisation de l’Autoroute A65 au vu d’un rapport qui comportait l’ensemble des éléments d’appréciation utiles, en particulier sur la clause de déchéance du concessionnaire ; qu’ainsi les requérants ne sont fondés à soutenir ni que le conseil régional d’Aquitaine se serait prononcé sur le fondement d’informations insuffisantes et incomplètes, en violation des dispositions précitées, ni qu’il aurait de ce fait méconnu ses compétences ».

Le rapport de Patrick Dufau de La Mothe confirme aujourd’hui que cet arrêt de la plus haute juridiction administrative du pays était, au mieux, du travail bâclé. Nous y apprenons en effet que le conseil régional d’Aquitaine « a demandé une première fois en 2011 à Nathalie Kosciusko Morizet, puis une deuxième fois en 2012 à Frédéric Cuvillier, en leur qualité de ministre des transports, les documents contractuels, les comptes prévisionnels initiaux, comme ceux issus de l’avenant N°1 qui prolonge la concession de 5 ans. Elle n’a rien reçu… ! »

Les élus régionaux aquitains ont donc bien voté en 2006 sans être informés sur les risques qu’ils faisaient prendre à leur collectivité. Les présidents et vice-présidents de cet exécutif, ainsi que ceux des conseils généraux concernés, ont pourtant toujours certifié avoir connaissance de ces éléments. A l’irresponsabilité sous-jacente à cette décision, que nous pressentions, s’ajoute donc maintenant la preuve du mensonge.

Sur le sujet, vous pouvez soutenir le film "L’intérêt général et moi", en cours de production.

 


 

Notes

[1] L’expert comptable qui avait produit l’analyse financière des associations en 2008, aujourd’hui conseiller régional Europe Ecologie de la région Aquitaine,

[2] Les seuls à avoir fait ce travail d’investigation sont des journalistes du Monde (Hervé Kempf, "Pau-Langon, Chère liaison", 12 avril 2008), de France 2 et de Canal +, soit aucune rédaction locale.

 



 

Source : Le blog de Julien Milanesi

Photo : Pau circulation

Lire aussi : L’autoroute A 65 Pau-Langon toujours aussi vide et inutile

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:25

 

reporterre.net

 

A Nantes, championne du "greenwashing", le banquet écolo a été vampirisé par une multinationale

Nicolas de La Casinière (Reporterre)

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

Un grand banquet gratuit à base de légumes de récupération, pour lutter contre le gaspillage et montrer qu’on est écolos : Nantes, qui se proclame "ville verte", avait mis les petits plats dans les grands. Sauf que la multinationale Sodexo a assuré la logistique de l’opération, qui a coûté près de 60 000 euros...

 


 

- Nantes, correspondance

Le 25 septembre à Nantes, quelque 7500 convives ont pu dîner gratis d’un curry de légumes de récupération, pour célébrer le dixième Sommet mondial de la ville durable, Ecocity, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire. Le but était surtout pédagogique, démontrant en actes que le gâchis de nourriture peut trouver des parades collectives, à grande échelle. Il s’agissait aussi de faire bouger les mentalités, d’interpeller les élus, les entreprises, la grande distribution voire à terme de faire bouger la législation.

« Avec 1,3 tonne servie, on a servi 6 000 repas. Un événement spectaculaire, et une performance qui a nourri 2 % de la population de Nantes, ce qui en fait le record d’un monde. Faire œuvrer ensemble le monde associatif et celui de l’entreprise, deux mondes qui se côtoient peu, c’est comme faire une vinaigrette, huile et vinaigre. Sans moyens industriels, financiers, législatifs, les associations tambourinent, mais pas plus. Il faut dépasser les postures stériles de défiance et d’opposition de principe, qui séparent entre gens foncièrement mauvais et d’autres foncièrement idéalistes », dit Julien Dossier, coordinateur du grand repas nantais, consultant en « green business », prof à HEC (école des Hautes études commerciales) et à l’école des Mines.

 

Bonne humeur et bonne conscience -

 

Huile et vinaigre peut-être mais l’émulsion a-t-elle vraiment pris ? Associer une multinationale a une soirée événementielle prônant l’éco-responsabilité collective, est-ce possible ?

La présence massive de la multinationale de la restauration collective, Sodexo, a fait tousser quelques associations qui ont préféré jeter l’éponge en cours de route, avant le jour J de ce « Banquet des 5000 ». Les membres de Nantes en transition, et d’ADDA (Aujourd’hui restaurons demain) ont considéré que le budget était démesuré et que la présence de Sodexo contredisait l’esprit de ce repas de légumes invendables, tordus, hors des normes ou en rebut des circuits marchands. « On a été manipulé, broyé par une grosse opération de com. On a préféré ne pas participer à ça », note, amer, un membre d’une de ces associations.

 

"Notre visibilité est contrainte"

Soupirs chez Sodexo : « C’est vrai, on a senti une froideur de la part de certaines associations. C’est dommage mais ça ne nous a pas empêché de faire cette belle manifestation, confie Mathilde Loing, directrice de la campagne Stop hunger Europe [Stopper la faim en Europe] au sein du groupe. Pour nous, l’esprit de ces collaborations hybrides, ce n’est pas d’un côté les associations, les gentils, et de l’autre les entreprises qui seraient les méchants... ». Sodexo regrette aussi de ne pas avoir pu faire apparaître publiquement son appui : « Ce qui nous intéresse, ce n’est pas tant l’utilisation de légumes glanés, qui ne ressemble évidemment pas à nos pratiques, que la mobilisation responsable contre le gaspillage, faite d’une manière non culpabilisante. Sur ces événements, notre visibilité est assez contrainte. On met plus en avant les ONG. C’est dommage mais c’est comme ça. Sans doute la crainte du greenwashing, mais ce n’est pas du tout notre esprit. Reste qu’on peut communiquer en interne à nos clients, nos salariés... ».

 

 

Sur quoi se base cet ostracisme subi par l’entreprise ? Ce n’est pas une question à laquelle on répond, chez Sodexo, d’autant que le groupe s’est associé dès le premier de ces « banquets des 5000 » à Trafalgar Square en 2009, où Sodexo retient que « la visibilité » de sa marque était alors « admise ».

 

Logo exclu par contrat

Associée à Tristam Stuart, initiateur des banquets des 5000 dans le monde, Maude Frachon, de l’association Disco Soupe, tempère : « A Trafalgar Square, Sodexo a pris l’organisation au dépourvu en arrivant avec casquettes et T Shirt siglés. Pour Tristam Stuart comme pour nous, il est hors de question de recevoir des fonds privés. Je me suis battue, avec Tristam Stuart, pour que le banquet des 5000 ne soit pas financé par Sodexo, qui a finalement fait son don à Ecocity. Un contrat a même été signé entre Ecocity et Sodexo pour que l’argent qu’on doit recevoir d’Ecocity provienne explicitement de la part de fonds publics, pas de l’apport de Sodexo. Sinon, on aurait annulé. Sodexo voulait son logo sur la tenue des bénévoles, mais c’est l’équipe d’Ecocity qui n’a pas compris notre exigence de "no logo " ». 

Sodexo a donc donné à Ecocity, qui a financé le Banquet des 5000. Les apparences sont donc sauves. Mais la réalité est là : la multinationale, en compagnie des fonds de la municipalité, a financé cette opération "écologique"...

 

"Mécénat de compétences"

Combien Sodexo a-t-elle donné pour le Banquet des 5000 à Nantes ? « Ce n’est pas un sujet intéressant », rétorque Mathilde Loing. En revanche aucun problème pour indiquer que la compagnie a mobilisé un « mécénat de compétences », soit une vingtaine de cadres, et a donné et prêté une vingtaine de louches, autant de cuillères de service, deux pelles à mélanger, 6 000 assiettes et 6 000 couverts jetables garantis biodégradables, des lots de tabliers, charlottes et gants pour 150 marmitons bénévoles. « L’apport de matériel Sodexo n’a pas été à la hauteur de la liste qu’on leur a fournie. On a du compléter en faisant appel à un loueur », reprécise Maude Frachon. Pendant deux jours, le site d’Ecocity a associé le logo Sodexo aux associations investies dans l’organisation de ce grand repas gratuit. La colère des associations a fait supprimer le logo qui fâchait.

L’initiative du repas gratuit est portée par l’Anglais Tristam Stuart, figure mondiale de la lutte contre le gâchis alimentaire, créateur des « banquets des 5000 » et consultant indépendant. Il travaille pour les gouvernements, les collectivités, est mandaté par la Commission européenne pour organiser des banquets aux quatre coins de l’Europe. Pour sa prestation à Nantes, la présence de son équipe a d’abord été annoncée aux associations locales à hauteur de 10 000 euros. « C’est en fait 6 000 euros. Mais nous n’avons encore rien reçu, répond Tristam Stuart à Reporterre. Et pas un seul euro ne va dans ma poche. Je suis bénévole sur ces organisations. Je ne reçois personnellement rien et n’ai jamais rien perçu pour les banquets des 5000. Je facture les institutions et les entreprises pour faire des interventions et divers travaux, ce qui me permet de travailler le reste du temps gratuitement ».

 


Image générique de Tristam Stuart qui sert pour chaque banquet

 

Du côté de Nantes Métropole, la personne chargée d’Ecocity n’a pas souhaité répondre aux questions de Reporterre.

Un document préparatoire au dîner gratuit estime que « le budget sera valorisé à 60 k€, qui se répartissent environ à 40 k€ en monétaire et 20 k€ en nature. Sodexo sera partenaire d’Ecocity qui utilisera une partie du financement pour le banquet (...) Un accord de "discrétion" existe entre Sodexo et Tristam Stuart, c’est pourquoi leur visibilité sur l’évènement sera très mesurée. L’échange se faisant aussi sur Ecocity. Il faut préciser à ce stade que Sodexo se lance dans une stratégie de diversification avec notamment l’offre de service à la ville, d’où son intérêt pour Ecocity. »
 
Selon Julien Dossier, cheville ouvrière de l’opération, le budget opérationnel a réellement été de 30 000 euros. « Et c’est un budget de sobriété. Il y a quelques coûts incontournables, l’installation d’une cuisine, la sécurité, le nettoyage, les affiches et les tracts, des associatifs qui se sont libérés, se sont dédiés à temps plein à l’organisation, du gaz à consommer pour la cuisson, et le chef qui vient de Londres avec un camion et du carburant. Autant de dépenses qui ne se troquent pas ».

« Ça fait un mois que je dois m’expliquer. Ça m’épuise. Personnellement, je ne reproduirai pas ce genre d’opération avec un grand groupe industriel », dit Maude Frachon.

 


 

Hypocrisie, pour le collectif des glaneurs

Le banquet public gratuit en ouverture du colloque Ecocity n’a pas fait que des ravis. Un collectif des glaneurs et glaneuses est intervenu le soir même en brandissant des banderoles dénonçant « Nantes capitale de l’hypocrisie », et clamant que « La récup’ n’est ni un dîner de gala, ni une source de profits ». Une pancarte soulignait : « La récup’ ? de l’art pour les bobos un délit au quotidien ». Au micro, une femme a dénoncé cette mise en scène spectaculaire pour bobos : « Que Nantes ville durable organise un repas-spectacle à base de récup’ nous met en colère, à l’heure où des personnes se retrouvent devant les tribunaux pour récupération dans les poubelles des supermarchés ». Deux procès devraient se dérouler les 23 et 26 octobre à propos de tels "délits". Un des membres de ce collectif informel a déclaré que « Nantes se bâtit comme une ville moderne, ultra libérale, utilise des associations honnêtes, comme Discosoupe qui font un super travail avec les gens défavorisés juste pour se donner une image ».

Dès 21 h 38, un communiqué rageur du maire de Nantes et du président de Nantes métropole prévenait la presse déplorant un « comportement tout simplement regrettable » et la « perturbation » de ce « grand moment de partage », décrit comme une «  fête populaire et citoyenne ».

 


 

Sodexo, au-delà du soutenable ?

Malgré des déclarations ronflantes sur sa responsabilité sociale et environnementale, son plan Better tomorrow et des prix développement durable, le groupe Sodexo est régulièrement traversé par des scandales notamment pour ses pratiques antisyndicales aux Etats-Unis, et au Brésil, ce qui a valu au groupe français d’être la cible de campagne de protestation dans les universités américaines et de se voir épinglé par un rapport de Human right watch en 2010 pour discrimination syndicale.

La même année 2010, Sodexo a été tenu d’ indemniser l’Etat de New York à hauteur de 20 millions de dollars, après des irrégularités dans les services facturés à 21 écoles et universités et les rabais exigés aux fournisseurs. En 2011, au Forum social de Dakar, des syndicalistes ont dénoncé les conditions de travail de salariés marocains et guinéens, mêlant « surveillance, harcèlement et pressions ». En septembre 2012, en Allemagne, Sodexo a aussi du s’excuser et indemniser les victimes pour avoir importé des fraises congelées toxiques de Chine et provoqué une intoxication alimentaire affectant 11 200 élèves de cantines frappés de gastro-entérite. Mais sinon, tout va bien pour le groupe qui emploie 420 000 salariés dans 80 pays de la planète.

 


 

Source : Nicolas de La Casinière pour Reporterre. Nicolas est l’auteur de Les prédateurs du béton. Enquête sur la multinationale Vinci.

Photos :
. chapô : Metronews
. Préparation des légumes : Jolie Margot
. Choix du repas : Presse Océan
. Tristam Stuart : Wik-Nantes

Lire aussi : J’ai sauvé 80 kilos de fruits et légumes dans une Disco Soupe.

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:16

 

reporterre.net

 

Gaz de schiste : dans le Jura, une manifestation massive pour dire "Non"

Daniel Bordur (Reporterre)

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

A Saint-Claude, dans le Jura, on n’avait pas vu autant de monde dans les rues depuis 1928 ! Comme dans de nombreux endroits du monde en ce samedi 19 octobre de mobilisation mondiale contre le gaz de schiste, les citoyens ont protesté contre les projets de forage dans le Jura et dans le Bugey.

 


 

- Saint-Claude (Jura), correspondance

« On n’est pas masoschiste », « N’inschistez pas, dégazez ! », « L’eau est vitale, la polluer est fatal », « Bonjour forage, adieu fromages », « No gazaran »... Des slogans souriant ont fleuri samedi 19 octobre dans les rues de Saint-Claude, sous-préfecture du Jura à la tradition coopérative vivace, enchâssée dans la moyenne montagne. Entre 1 500 et 2 500 personnes ont défilé dans la ville qui compte 11 000 habitants, afin de clamer leur opposition aux gaz de schiste. L’événement avait lieu à l’appel de collectifs de Savoie, d’Ain, du Haut-Jura, du Haut-Doubs, du Val de Travers (Suisse), à l’occasion de la Journée internationale de mobilisation contre le gaz de schiste.

Dès le matin plus de 200 personnes s’étaient massées dans une salle prêtée par la ville pour écouter l’économiste Thomas Porcher, auteur d’une thèse sur la stratégie des compagnies pétrolières et professeur à l’Ecole supérieure de gestion. Il se réjouit d’avoir éclairé les pouvoirs publics avec ses études résumées dans Le Mirage des gaz de schiste et entend fournir des arguments susceptibles d’être entendus au-delà des seuls défenseurs de l’environnement. C’est déjà le cas dans les montagnes du Jura où une large part de l’économie repose sur l’agriculture extensive, les fromages AOC-AOP (Appelllation d’origine contrôlée), le tourisme vert. La Confédération paysanne ou les accompagnateurs en montagne sont parmi les réseaux mobilisés...

 

Duplex avec la Pologne et l’Argentine

Deux liaisons duplex avec Zurawlow (Pologne) et un village d’Indiens Mapuche en Patagonie (Argentine) ont conclu dans l’émotion la conférence. Là-bas, les paysans résistent aux engins, à la police, à la pression économique de Chevron, percent l’indifférence médiatique, s’activent sur le plan juridique. « Pour les Mapuche, la terre est la mère. Si la terre est malade, tout est malade », explique Virginia Cattin, qui traduit les propos en espagnol des paysans Mapuche.

Architecte à la retraite, cette habitante du Val-de-Travers, en Suisse, raconte la mobilisation dans cette haute vallée célèbre pour son absinthe : « C’est la moindre des choses de venir manifester à Saint-Claude, les Français nous ont réveillés ! Une concession avait été votée en 2010 par le Grand Conseil neuchâtelois [parlement cantonal] au profit de Celtique Energie. En juin, lors d’une réunion avec les Verts, nous avons appris que quelque chose s’était passé. Nous avons lancé une pétition qui a obtenu 10 518 signatures en deux mois pour demander un moratoire contre tout forage... Maintenant, Celtique revient par derrière dire qu’ils vont rechercher du gaz conventionnel pour lequel il faut ’’stimuler’’ la roche. Mais ça se fait avec de la fracturation ! Si les problèmes continuent, nous irons vers une initiative cantonale, il faut 4 500 signatures... ». Autrement dit, la prochaine étape avant un référendum d’initiative populaire dont les Suisses sont friands.

 

Maire « à cause de ça »

Côté français où plusieurs concessions sont en cours, les choses sont moins bordées juridiquement. Les motions anti gaz de schiste adoptées par une cinquantaine de collectivités, dont la ville de Saint-Claude et le Parc naturel régional du Haut-Jura, n’ont pas de valeur contraignante. Les produits du sous-sol appartiennent en effet à l’Etat à qui revient le dernier mot. On connaîtra sa position à l’échéance des concessions d’exploration : renouvellement ou pas ? Aux Moussières, village emblématique du fromage bleu de Gex, 1 200 m d’altitude, la concession accordée à Celtique Energie, qui assure ne chercher que du pétrole s’est terminée en mars dernier.

 

 

Mais « l’Etat a quinze mois pour se prononcer », explique Julien Vandelle, du collectif Non aux forages d’hydrocarbures. Si aucun forage n’a eu lieu sur le Haut Jura, il n’en a pas été de même dans le Bugey, plus au sud. « Ils avaient foré à 200 m de notre source qui n’a pas été polluée, mais celle à 2 kilomètres l’a été », dit Hervé Leroy qui a été élu maire de Lantenay (Ain) en décembre 2011 après la démission de son prédécesseur qui s’apprêtait à louer un terrain communal à Celtique : « Il y avait eu 900 manifestants pour 360 habitants », souligne Hervé Leroy qui co-préside désormais l’association des élus contre le forage à laquelle ont adhéré une quinzaine de collectivités.

 

 

Claude Leroy -

 

Une échéance le 27 octobre...

On devrait être rapidement fixé sur les intentions de l’Etat. La concession accordée à European Gas Limited à Lons-le-Saunier où du gaz de houille a été exploité dans les années 1950, arrive à échéance le 27 octobre. L’absence de nouvelles de l’Etat vaudra refus tacite de renouvellement. Quant à la concession de Pontarlier dont le périmètre inclut notamment la station de ski de Métabief, accordée là encore à Celtique Energie jusqu’en septembre 2015, elle n’a débouché sur aucun acte.

Plusieurs élus, ceints de tricolore ou non, ont pris la tête du cortège, juste derrière un tracteur tirant une charrette de bidons de lait.

 

 

Francis Lahaut, maire de Saint-Claude (PCF) dit qu’il faut remonter à 1928 et aux obsèques du député-maire Henri Ponard pour voir autant de monde dans une manifestation à Saint-Claude.

Il considère que « la décision du Conseil constitutionnel ne met pas fin au débat. Face à nous il y a des lobbies très puissants, Solvay (basée à Taux, près de Dole) vient de racheter une entreprise américaine spécialisée dans le fracking : les pétroliers y croient. Ils ne renonceront pas sans une opposition forte et populaire... » Jacques Laçon, adjoint écologiste au maire UMP de Lons-le-Saunier, est présent car c’est « un combat majeur ». Il y a aussi le conseiller général de Morez François Godin (Parti radical), la députée du Doubs Barbara Romagnan (PS), les conseillers régionaux (EELV) Brigitte Monnet et Eric Durand...

Mais c’est bien la société civile qui est dans la rue avec calicots, musique et banderoles. Au printemps dernier, le collectif du Haut-Jura défilait même avec un char à l’occasion de la fameuse fête pluri-centenaire des Soufflaculs dans les rues de Saint-Claude !

 


 

Source et photos : Daniel Bordur pour Reporterre.

Lire aussi : A Jouarre, des activistes ont investi la tour de forage du pétrole de schiste.

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:59

 

 

rue89.com

 

#1dollar 21/10/2013 à 17h48
Pour un dollar, que peut-on acheter autour du monde ?
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

La bonne nouvelle, d’abord : depuis 1990, grâce au développement de certains pays d’Asie, à commencer par la Chine, plus de 700 millions de gens sont sortis de la pauvreté extrême, définie comme ceux qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.

Le nombre d’habitants des pays en développement vivant sous le seuil de 1,25 dollar par jour est passé, en 23 ans, de 43% à 20%. Le but de la Banque mondiale est de réduire à moins de 3% de la population mondiale la part de ceux qui sont dans cette situation d’ici 2030.

Opération #1dollar sur Twitter

Dans cette animation, on voit la pauvreté se dégonfler depuis 1990, avec trois scénarios pour l’après 2014, le plus favorable étant le violet, le moins favorable étant le vert.

 

Le nombre, en millions, de personnes dans le monde vivant en situation d'extrême pauvreté

 

La mauvaise nouvelle ensuite : plus d’un milliard de personnes continuent de vivre avec moins de 1,25 dollar par jour. Plus d’un tiers d’entre eux sont des enfants.

Pour sensibiliser l’opinion, la Banque mondiale a demandé aux détenteurs de comptes Twitter de prendre une photo de ce qu’on peut acheter, dans leur pays, avec un dollar (« hashtag » ou mot-clé : #1dollar). Voici quelques exemples.

 

Huit bananes au Pakistan

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank This is Babar from Pakistan and I can buy these fresh bananas for . pic.twitter.com/EpKNPzOYlf

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Une salade de fruit au Mexique

 

Voir l'image sur Twitter

In Mexico, buys you a cup of fresh fruit. @WorldBank

 

Des boulettes de viande en Indonésie

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank i can buy a bowl of meatball with . Julia rizky, lombok, Republic of Indonesia. pic.twitter.com/9IsUY4GOum

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Six tomates en Afrique du Sud

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank will buy 6 small salad tomatoes in South Africa pic.twitter.com/Gh9P1U3noy

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Deux œufs et demi en France

 

Voir l'image sur le site web HootSuite

Great eggstagram from France. http://ow.ly/i/3sFvK   via http://instagram.com/p/fmydhGEy36/   Tweet a photo of what you can buy for .

 

De la sauce pour les frites en Belgique

 

RFCL Rugby @rugbyliege

@Banquemondiale En à , avec je peux acheter la sauce pour accompagner un cornet de frites pic.twitter.com/8xyaKneGmC

Voir l'image sur Twitter

 

 

 

Pendant ce temps sur Twitter

 

 

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lemonde.fr

Tout à 1 euro

LE MONDE | 19.10.2013 à 10h42 • Mis à jour le 21.10.2013 à 09h50 | Par Marlène Duretz

 
 
Un dollar américain.

"Que pouvez-vous acheter dans votre pays avec #1dollar ?" (0,73 centime d'euro), demande la Banque mondiale aux internautes des cinq continents inscrits sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook et/ou Instagram.

Cette opération participative s'inscrit dans une campagne de sensibilisation de lutte contre la pauvreté. Pour apporter sa voix à l'éradication de la pauvreté d'ici à 2030, tout connecté doit répondre à cette question, en mots ou en photo à lier au mot-dièse #1dollar. "Comment le dépenseriez-vous ? En nourriture, électricité, combustible ou pour un abri ?"


EXTRÊME PAUVRETÉ

Sur son blog, l'organisation basée à Washington rappelle que "plus d'un milliard de personnes vivent dans une extrême pauvreté dans le monde, avec moins de 1,25 dollar par jour" (bit.ly/19delNN)

Les réseauteurs sont dans la place. Pour #1dollar en Afrique du Sud, c'est un petit pot pour bébé ou un litre de lait. En Arabie saoudite, 1/4 de litre de jus de fruit et une barre chocolatée. En Inde, une douzaine d'oeufs ou 850 ml d'essence. En Indonésie, un plat de nouilles au poulet ou un paquet de cigarettes. Au Honduras, une quinzaine de bananes. A Bruxelles, "un pain turc à l'épicerie en bas de chez moi". A Madagascar, "une petite collation". Au Mexique, un verre de fruits frais. Au Kenya, un kilo de farine de maïs. Au Vietnam, un bun cha. En France, quelques bonbons à la boulangerie ou un petit pain au chocolat.

En Jamaïque, "tu ne peux rien acheter avec 1 dollar, SERIEUSEMENT", s'exclame sur Twitter Laura Edwards, tandis que le polyglotte Auguste Hoxha lui renvoie la balle : "En Colombie, nada, nothing, rien, zilch, niente, nada."


"PEUT-ON TOUT ACHETER ?"

Et que répond un moteur de recherche à la question "Que peut-on acheter avec...?" Notre e-guide renvoie au site Planet.fr qui a mis dans son panier 20 produits de consommation courante d'un prix de 1 euro en 2010, soit 1,25 baguette, 2 tomates, 11 bols de riz, 1/2 camembert, 5 bouteilles d'eau de source, 38 grammes de saumon frais ou encore 1,72 timbre.

A deux clics de là, le site Europsy.org surenchère. "Peut-on tout acheter ?", s'interroge-t-il. "On ne peut pas acheter le bleu du ciel, ni les étoiles ni les valeurs morales, l'amour, l'honneur, l'honnêteté, la paix de l'âme et la sérénité (...). L'argent est la mesure de la valeur, mais ce n'est pas la plus grande valeur, sinon il n'y aurait plus d'idéal."

L'idéal serait pourtant que chacun mange à sa faim.

duretz@lemonde.fr

 Marlène Duretz
Journaleuse au Monde.fr

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:53

 

 

lemonde.fr

Brésil : une manifestation pour la défense de la cause animale dégénère

Le Monde.fr avec AFP | 20.10.2013 à 06h56 • Mis à jour le 20.10.2013 à 15h37

 
 

 

Manifestation contre l'utilisation d'animaux pour les tests pharmaceutiques, le 19 octobre à São Paulo.

 

Une manifestation contre l'utilisation de chiens pour les tests pharmaceutiques a dégénéré, samedi 19 octobre dans l'Etat de São Paulo au Brésil, et s'est terminée en heurts entre manifestants anarchistes et policiers. Au moins quatre personnes ont été arrêtées.

Selon la police, 700 personnes ont manifesté près du laboratoire Institut royal, dans la ville de São Roque, envahi la veille par un groupe de militants qui avaient libéré 200 chiens ayant servi de cobayes. La plupart des protestataires portaient des affiches contre l'utilisation d'animaux dans les recherches.

Mais quand ils sont arrivés près du barrage policier bloquant l'accès au laboratoire, un groupe de manifestants masqués, armés de barres de fer, a fait irruption et a détruit une voiture de police avant d'y mettre le feu, ainsi qu'à un véhicule de la presse, selon le site d'information G1 de la chaîne Globo.

Il y a eu une discussion entre les militants anarchistes bloc noir (Black Bloc ou Schwarzer Block – groupement éphémère d'individus masqués au cours d'une manifestation pour créer une foule anonyme non identifiable par la police) et manifestants, qui tentaient de contenir les casseurs. "Quand les manifestants masqués arrivent, ça tourne à la confusion et au tumulte. Nous étions en train de négocier l'entrée pacifique dans le laboratoire mais tout a été perdu", a déploré une activiste, citée par G1.

 

"UN BEAGLE SANS YEUX"

Vendredi, les activistes qui ont libéré les chiens, tous de la race beagle, avaient retrouvé l'un d'eux congelé dans de l'azote liquide et plusieurs autres mutilés. "Ce qui a le plus impressionné le groupe a été un beagle sans yeux", a déclaré au journal O Estado de S. Paulo, Giulana Stefanini, une des militantes qui a participé à l'occupation du laboratoire. Plusieurs foetus de souris ont également été trouvés.

Les militants avaient tenté, sans succès, de porter plainte contre les mauvais traitements infligés aux chiens au commissariat local. Leur plainte n'a pas été enregistrée. Mais le parquet a ouvert une enquête contre l'Institut royal sur les mauvais traitements présumés.

Une partie des installations du laboratoire a été saccagée. L'Institut royal, qui avait annulé au dernier moment une réunion avec les défenseurs de la cause animale, a qualifié l'invasion "d'acte de terrorisme" et a assuré que ses activités étaient contrôlées par l'Agence nationale de vigilance sanitaire. L'utilisation de chiens pour la recherche scientifique est autorisée au Brésil, dans le cadre des règles internationales.

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:48

 

 

lemonde.fr

Nouveaux dégâts à Fukushima après le passage du typhon Wipha

Le Monde.fr avec AFP | 21.10.2013 à 07h20 • Mis à jour le 21.10.2013 à 12h24

 
 

 

De l'eau de pluie contaminée s'est peut-être écoulée dans l'océan Pacifique après le passage du typhon Wipha.

 

Après avoir indiqué dans un premier temps que le typhon Wipha qui a arrosé le sud et l'est du Japon la semaine passée n'avait pas provoqué de dégâts à Fukushima-Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco) a reconnu lundi 21 octobre que la centrale nucléaire avait en réalité connu plusieurs problèmes.

De l'eau de pluie contaminée du site de Fukushima s'est peut-être écoulée dans l'océan Pacifique voisin, a notamment indiqué la compagnie exploitante du complexe atomique qui pourrait en outre subir prochainement le nouveau Typhon Francisco.

L'eau de pluie aurait débordé des zones où sont installés des réservoirs de stockage de liquide radioactif. Ces citernes sont scellées sur une dalle de béton entourée d'une petite digue de 30 cm. Mais lorsqu'il pleut des trombes, l'eau s'accumule dans ces zones au point de dépasser la hauteur des digues et de déborder en emportant avec elle des substances radioactives.

Lire aussi : Fukushima connaît un niveau de radiation record depuis deux ans

Par endroits, l'eau de pluie a affiché une teneur en strontium 90 de 710 becquerels par litre et est peut-être en partie descendue vers l'océan. Ailleurs, l'eau de pluie qui est restée à l'intérieur des zones des réservoirs a affiché un niveau de strontium 90 de 12 000 becquerels par litre. Au total, de l'eau a débordé en douze emplacements, mais les degrés de contamination et quantités restent inconnus.

Or Tepco et le gouvernement avaient convenu que ne pouvait être délibérément rejetée dans la nature que l'eau dont le niveau de radioactivité ne dépassait pas 10 becquerels/litre pour le strontium 90, 15 becquerels/litre pour le césium 134 et 25 bq/l pour le césium 137.

 

 PAS DE CONSÉQUENCES POUR LE CHANTIER ?

Tepco a aussi confirmé à l'agence AFP qu'avait eu lieu dans l'enceinte de la centrale un glissement de terrain, initialement signalé par des travailleurs du site via Internet. "Cela n'est pas grave et n'a aucune conséquence sur le chantier en cours", a assuré par téléphone un responsable de Tepco.

Lire aussi (édition abonnés) : A Tokyo, le désespoir et la colère de ceux qui ont tout perdu

La centrale de Fukushima Daiichi regorge d'eau radioactive en partie stockée dans un millier de réservoirs de divers types ou accumulée dans les sous-sols du site. Tepco se débat depuis plus de deux ans et demi avec ce liquide dont la quantité augmente de jour en jour.

De nombreuses avaries ont, en outre, eu lieu récemment dans ce complexe atomique sinistré par le tsunami du 11 mars 2011, ce qui a forcé Tepco à augmenter les moyens affectés à la gestion de l'eau radioactive et le gouvernement à s'impliquer davantage pour rassurer la communauté internationale inquiète.

Par ailleurs, une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se trouve actuellement au Japon pour étudier les progrès réalisés dans la décontamination de la région alentour que quelque 160 000 personnes ont dû fuir. Elles ne peuvent toujours pas rentrer chez elles.

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:42

 

sosconso.blog.lemonde.fr

 

Les radars embarqués flashent désormais aussi les voitures en sens inverse

 

 

 
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À partir du lundi 21 octobre, les radars mobiles de nouvelle génération auront la capacité de photographier les voitures qui arrivent en sens inverse.
Le "contrôle en approche" est une troisième fonctionnalité, qui s'ajoute au "contrôle en dépassement" et au contrôle « en stationnement », dont étaient dotés les radars "mobiles mobiles" arrivés le 4 mars, comme nous l'avions annoncé dans cet article de Sosconso.
Ces radars, embarqués à bord de voitures banalisées, ne sont pas détectables par les avertisseurs, ce dont réjouissent les défenseurs de la sécurité routière.  

Avec cette nouvelle fonctionnalité, homologuée depuis le 30 août 2013 par le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), le radar peut, en mouvement, contrôler tous les véhicules croisés qui se trouvent sur une, deux ou trois voies, à condition toutefois qu'il n'y ait pas de séparation (barrières, muret, terre-plein...) entre les deux sens de la circulation.  En effet, dès qu'il existe un obstacle de plus de 35 centimètres entre deux axes, les ondes de l'antenne radar située sous la plaque d'immatriculation se bloquent.

 

 

Les automobilistes qui commettent des excès de vitesse et qui croisent une voiture de police ou de gendarmerie seront donc désormais sanctionnés. Le nombre de contraventions devrait ainsi augmenter. Les premiers radars de nouvelle génération ont, selon la Sécurité routière, permis l'envoi de plus de 50.000 avis de contravention en six mois, soit une moyenne de 36 infractions par jour et par radar.

L'Association 40 Millions d'automobilistes proteste donc contre ces nouveaux radars. "Avec plus de 21 millions de flashs en 2012, est-il encore nécessaire d’alourdir le système répressif actuel ?", demande-t-elle, en invitant à signer une pétition contre la limitation des vitesses.

La Sécurité routière rappelle que près des trois quarts de la baisse de la mortalité routière sont attribués au déploiement des radars sur les routes.

  Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, se félicite de ce nouveau dispositif: « Si les comportements des Français ont changé, c’est parce que la probabilité d’être contrôlé est plus grande », explique-t-elle.

Lundi, treize Renault Mégane et sept Peugeot 208 seront équipées de cette nouvelle fonction. Elles rouleront dans les départements suivants : Paris (75), l'Ain (01), l'Aisne (02), les Côtes-d'Armor (22), la Dordogne (24), l'Eure-et-Loir (28), le Gard (30), l'Indre-et-Loire (37), le Loiret (45), la Manche (50), la Marne (51), la Moselle (57), la Seine-Maritime (76, en deux exemplaires), la Seine-et-Marne (77), la Seine Saint-Denis (93), les Yvelines (78), les Hauts-de-Seine (92), le Val-d'Oise (95) et la Vendée (85).

Elles se trouveront en priorité sur les routes départementales, qui concentrent 66 % des accidents mortels et où les véhicules se croisent souvent à grande vitesse.

D'ici à fin 2013, les quarante-six premiers modèles seront paramétrés pour effectuer les trois types de contrôles.

La Sécurité routière a décidé de diversifier les modèles de voiture, pour qu'elles se fondent dans la circulation. D'ici à la fin de l'année, treize Peugeot 208 supplémentaires, de couleurs différentes, vont compléter le parc. D'autres modèles sont actuellement à l'étude pour 2014.

 

 

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:29

 

lemonde.fr

Comment la NSA vous surveille (expliqué en patates)

Le Monde.fr | 21.10.2013 à 13h25 • Mis à jour le 21.10.2013 à 17h40 | Par Olivier Clairouin, Maxime Vaudano et Martin Untersinger

 

 

 

 

 

Durée : 04:21  |  Images : Martin Vidberg - Olivier Clairouin / Le Monde.fr  

Prism, "upstream", XKeyscore... les informations défilent sur le vaste système d'espionnage mis en place à l'échelle planétaire par la NSA, l'Agence nationale de sécurité américaine, depuis que son ancien consultant Edward Snowden a choisi de prendre la parole. Comment cette surveillance fonctionne-t-elle concrètement ? Explications.

Le Monde.fr

 


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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:22

 

 

lemonde.fr

Comment la NSA espionne la France

Le Monde.fr | 21.10.2013 à 06h01 • Mis à jour le 21.10.2013 à 15h53 | Par Jacques Follorou et Glenn Greenwald (Journaliste)

 
 

 

Manifestation en soutien à Edward Snwoden, Place du Trocadero à Paris, le 7 juillet.

 

L'avenir dira peut-être, un jour, pourquoi Paris est resté si discret, par rapport à Berlin ou Rio après les révélations sur les programmes d'espionnage électronique américain dans le monde. Car la France a été tout autant ciblée et dispose aujourd'hui de preuves tangibles que ses intérêts sont quotidiennement visés.

Selon les documents de l'Agence nationale de sécurité (NSA) obtenus par Le Monde, les communications téléphoniques des citoyens français sont, en effet, interceptées de façon massive. Ces pièces, dévoilées en juin par l'ex-consultant de l'agence, Edward Snowden, décrivent les techniques utilisées pour capter illégalement les secrets ou la simple vie privée des Français. Certains éléments ont été évoqués par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel et le quotidien britannique The Guardian. D'autres sont inédits.

Pour en savoir plus sur le contexte des révélations du Monde, lire l'éditorial : "Combattre Big Brother"

Parmi les milliers de documents soustraits à la NSA par son ex-employé figure un graphique qui décrit l'ampleur des surveillances téléphoniques réalisées en France. On constate que sur une période de trente jours, du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013, 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA. 

 

 LES TROIS PARTIES

L'agence dispose de plusieurs modes de collecte. Quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l'Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement de certaines conversations. Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible.

Cet espionnage apparaît au titre du programme "US-985D". L'explicitation exacte de ce sigle n'a pas été fournie, à ce jour, par les documents Snowden ni par d'anciens membres de la NSA. A titre de comparaison, les sigles utilisés par la NSA pour le même type d'interception visant l'Allemagne sont "US-987LA" et "US-987LB". Cette série de numéros correspondrait au cercle qualifié par les Etats-Unis de "troisième partie" auquel appartiennent la France, l'Allemagne mais aussi l'Autriche, la Pologne ou encore la Belgique. La "deuxième partie" concerne les pays anglo-saxons historiquement proches de Washington, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, connus sous le nom des "Five Eyes". La "première partie" concerne, elle, les seize services secrets américains.

Lire : L'ampleur de l'espionnage mondial par la NSA

Les techniques utilisées pour ces interceptions apparaissent sous les codes "DRTBOX" et "WHITEBOX". Leurs caractéristiques ne sont pas connues. Mais on sait que grâce au premier code, 62,5 millions de données téléphoniques sont collectés en France du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013 et que le second permet d'enregistrer sur la même période 7,8 millions d'éléments. Les documents donnent suffisamment d'explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l'administration française.

Le graphique de la NSA montre une moyenne d'interceptions de 3 millions de données par jour avec des pointes à presque 7 millions les 24 décembre 2012 et 7 janvier 2013. Mais du 28 au 31 décembre, aucune interception ne semble avoir été opérée. Cet apparent arrêt d'activité pourrait s'expliquer, notamment, par le délai nécessaire à la reconduction, fin décembre 2012, par le Congrès américain de la section 702 de la loi encadrant l'espionnage électronique à l'étranger. De même, rien n'apparaît les 3, 5 et 6 janvier 2013 sans que l'on puisse, cette fois-ci, avancer de raison plausible. De nombreuses questions se posent encore, à commencer par l'identité précise des cibles et les justifications d'une collecte si massive de données sur un territoire étranger, souverain et allié.

Voir le visuel interactif : "Plongée dans la 'pieuvre' de la cybersurveillance de la NSA"

Sollicitées, les autorités américaines n'ont pas souhaité commenter ces documents qu'elles considèrent comme "classifiés". Néanmoins, elles renvoient à la déclaration faite, le 8 juin, par le directeur national du renseignement américain : "Pour les personnes ciblées à l'extérieur de nos frontières, nous ne pouvons les viser sans de motifs légalement fondés, tels que la menace terroriste, informatique ou de prolifération nucléaire."


"INFORMATEUR UNIVERSEL"

La France n'est pas le pays où la NSA intercepte le plus de connexions numériques ou téléphoniques. Le système "Boundless Informant" (informateur universel), révélé, en juin, par Edward Snowden au Guardian, a permis d'avoir une vision d'ensemble et en temps réel des renseignements récupérés à travers le monde grâce aux différents systèmes d'écoutes de la NSA. "Boundless Informant" collecte non seulement les données téléphoniques (DNR) mais aussi celles liées à l'univers numérique (DNI).

L'un de ces documents, que Le Monde a pu consulter, relève qu'entre le 8 février et le 8 mars, la NSA a collecté 124,8 milliards de DNR et 97,1 milliards de DNI dans le monde dont, bien évidemment, des zones de guerre comme l'Afghanistan, ainsi que la Russie ou la Chine. En Europe, seuls l'Allemagne et le Royaume-Uni dépassent la France en termes de nombre d'interceptions. Mais pour les Britanniques, cela s'est fait avec l'assentiment de leur gouvernement...

Lire aussi : "Les services secrets américains très intéressés par Wanadoo et Alcatel-Lucent"

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:10

 

mediapart.fr

 

Après le scandale Prism, peut-on laisser la gestion d'internet aux Etats-Unis ?

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

Les révélations d'Edward Snowden reposent la délicate question de la régulation d'internet et de son modèle « multipartite ». Les organismes actuellement chargés de gérer le réseau, tous basés aux États-Unis, se réunissent à partir de mardi à Bali pour l'Internet Governance Forum. Sur la table : le statu quo ou une reprise en main par les États, le Brésil en tête. À moins qu'une troisième voie ne se fasse jour.

Le séisme provoqué par les révélations d’Edward Snowden sur le système d'espionnage américain Prism continue de secouer les fondations d’internet. La France, restée relativement discrète jusqu'à présent, se gardant de toute réaction officielle trop agressive, se trouve à son tour à l'épicentre du scandale après la publication par le Monde de documents montrant qu'elle a été, elle aussi, largement surveillée par son allié.

Désormais, on peut s'attendre à ce que Paris, qui vient de convoquer l'ambassadeur américain pour lui demander « des explications », rejoigne le camp de ceux qui réclament une réforme en profondeur du mode de régulation du Net, accusé d'être aux mains des Américains. « Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles, cela concerne tous les pays », a ainsi affirmé le ministre de l'intérieur Manuel Valls. « Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d'autres pays européens, c'est tout à fait inacceptable », a ajouté le ministre. Une nouvelle réplique est attendue mardi 22 octobre, lors de l’ouverture, à Bali en Indonésie, de l’Internet Governance Forum (IGF), un événement rassemblant l’ensemble des acteurs du réseau pour décider de son avenir.

À cette occasion doit en effet être rouvert l’épineux dossier de la gouvernance du Net que l’on croyait, il y a encore peu, enterré. La question, hautement sensible, de savoir qui gère l’organisation technique du réseau et décide des protocoles communs n’est pas nouvelle.

 

© Reuters

Né aux États-Unis, le Net s’est logiquement construit et structuré en suivant le modèle dit « multi-stakeholder » (multipartite). Influencé à la fois par les idéaux libertaires des pionniers du Net et par le libéralisme américain, ce modèle entendait assurer son indépendance en excluant toute intervention gouvernementale grâce à la création de divers organismes chargés de gérer les aspects techniques, et dirigés par des représentants de la « société civile », c’est-à-dire des associations, organismes privés, entreprises…

Au fil des années, une multitude d’entités, aux acronymes obscurs et pour la plupart inconnues du grand public, ont vu le jour, chacune chargée de gérer un aspect du réseau : l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) chargée de l’attribution des noms de domaine, le W3C (World Wide Web Consortium) chargé d’assurer le développement du Web ou encore l’IETF (Internet Engineering Task Force) chargé de définir les standards et protocoles communs.

Ce modèle a tenu tant que le réseau restait encore relativement confidentiel. Mais avec l’explosion du Web dans les années 1990, certains ont commencé à remettre en cause cette approche multipartite qui ne servirait, selon eux, qu’à dissimuler une domination américaine. Car si les organismes de gestion du réseau sont internationaux, leurs sièges sont, eux, tous situés sur le sol des États-Unis, et donc soumis au droit américain.

Toute tentative de réforme avait jusqu’à présent échoué, principalement en raison de l’absence d’alternative crédible. Car certains des plus grands pourfendeurs du modèle « multi-stakeholder » ne sont pas, eux non plus, sans arrière-pensées. Au mois de décembre 2012 à Dubaï, à l’occasion de la Conférence mondiale des télécommunications internationales organisée par l’ONU, plusieurs pays avaient ainsi tenté de faire entrer internet dans le domaine des Nations unies en le plaçant sous la compétence de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

En face, les États-Unis, mais aussi plusieurs pays européens et les grandes entreprises du Net, s'étaient fermement opposés à toute remise en cause du multipartisme, soulignant les dangers encourus à placer internet sous la responsabilité directe des États, même au travers de l’ONU. En résumé, cette proposition ne serait qu’une tentative de la part d’États peu démocratiques de renforcer leur contrôle sur le réseau. Ainsi, le texte, déposé par la Russie et soutenu par des pays tels que la Chine ou l’Iran, prévoyait de réserver aux gouvernements « un droit souverain pour réguler le segment national de l’Internet ».

« Nous étions, en quelque sorte, pris entre Charybde et Scylla », résume Kavé Salamatian, professeur d’informatique à l’université de Savoie. « D’un côté, il y avait ceux qui proposaient un statu quo impliquant une domination forte des États-Unis. Et de l’autre côté, nous avions la vision pro-UIT et gouvernementale des choses, qui s’était montrée sous son plus mauvais visage dans le cadre de la conférence de Dubaï. » Sans surprise, celle-ci s’était terminée sur un échec, et le dossier de la gouvernance du Net semblait refermé pour un certain temps.

Mais, depuis, les révélations de l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, sur le système de surveillance mondial mis en place par les États-Unis ont joué le rôle d’un électrochoc. « Pour les gens connaissant ce genre de problématique, le fait que les États-Unis espionnent internet n’a pas vraiment été un scoop mais plus une confirmation », explique Kavé Salamatian. « Ce qui a réellement surpris, ça a été la crudité de cette surveillance, le fait qu’elle s’est exercée sans garde-fou, sans un minimum de protection légale, et surtout avec une totale hypocrisie de la part des entreprises du Net. »

« Ces révélations ont provoqué tout d’abord la stupéfaction, puis le réveil, de la base au sein des gouvernements mais également du côté "technique" », poursuit le professeur. « Il faut bien comprendre qu’internet est géré par des techniciens qui, jusqu’à présent, estimaient que toutes ces questions n’étaient pas de leurs compétences. Mais aujourd’hui, on ne peut plus rester neutre face à ce qu’a révélé Edward Snowden. »

La déclaration de Montevideo

Témoignage de cette prise de conscience, le 7 octobre lors d’une réunion à Montevideo en Uruguay, les principaux organismes de régulation du net, parmi lesquels le W3C, l’Icann et l’IETF, ont publié un communiqué condamnant les exactions de la NSA et appelant à un rééquilibrage des pouvoirs au sein des instances.

Cette déclaration fait notamment part de « sa grande préoccupation concernant la perte de confiance » des internautes et appelle à une réforme du modèle multi-stakeholder afin que celui-ci inclue « tous les gouvernements, participant sur un pied d’égalité ».

« Il est clair que les révélations sur Prism ont été un choc », confirme Frédéric Donck, directeur du bureau Europe de l’Internet Society, un des organismes signataires. « C’est pour cela que la déclaration de Montevideo a été forte. Elle a été forte non seulement dans les termes dans lesquels elle a été exprimée, mais également par le nombre de participants qui l’ont soutenue : toutes les organisations qui sont actives dans la coordination et la gestion d’internet. »

Ces organismes sont désormais soumis à une pression extrême. Certains États semblent prêts à claquer la porte de la gouvernance mondiale et à imposer une nationalisation de leur réseau. Cette fronde est principalement menée par le Brésil dont la présidente, Dilma Rousseff, personnellement écoutée par la NSA, a fait de ce dossier une affaire personnelle. Ces derniers mois, Brasilia a annoncé toute une série de mesures visant à briser la dépendance du pays vis-à-vis des États-Unis, par exemple en imposant aux entreprises américaines de stocker sur des serveurs situés au Brésil les données qu’elles collectent sur ses citoyens.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff 
La présidente brésilienne Dilma Rousseff© Reuters

« Madame Rousseff a été la personne qui a tiré le premier missile », estime Kavé Salamatian. « Et la déclaration de Montevideo est en quelque sorte une préparation du feu roulant qui va commencer à s’abattre sur les instances de gouvernance de l’internet à partir de l’IGF et dans les autres événements à venir. »

Il y a peu de chances, pourtant, pour que la révolution annoncée soit pour demain. D’abord, les révélations d’Edward Snowden ont montré les limites du pouvoir des organismes de gouvernance, qui n’ont pas gêné le moins du monde les États-Unis dans leurs opérations de surveillance.

« Le terme même de gouvernance est un mot-valise dont l’utilisation à tout propos a tendance à neutraliser le sens », estime ainsi Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’association de défense des internautes La Quadrature du net. « Normalement, ce terme désigne l’ensemble des décisions ayant un impact sur internet. Or, un grand nombre de ces décisions sont aujourd’hui prises par les pouvoirs publics et les gouvernements. Souvent même en violation des lois et principes internationaux. Il y a également les acteurs commerciaux, les entreprises, les mouvements sociaux et citoyens, par exemple ceux s'inscrivant contre les projets Acta et Sopa. » « L’IGF risque de n’être qu’une vaste fumisterie », poursuit-il, « une manière de tenir les hacktivistes occupés, une sorte de club de vacances dans lequel se rencontrent des gens privilégiés et des ONG censées représenter "la société civile". Alors qu’il y a urgence. »

De plus, si tout le monde s’accorde à reconnaître une prise de conscience collective, les principaux blocages qui empêchaient toute évolution il y a moins d’un an n’ont pas disparu. Dans leur déclaration de Montevideo, les organismes de gestion de l’internet prennent ainsi bien soin de rappeler leur attachement au modèle multi-stakeholder, rejetant à la fois toute tentative de nationalisation sur le modèle brésilien et toute mise sous tutelle des Nations unies.

« Je m’attends à ce qu’un certain nombre d’acteurs, parmi les stake-holders eux-mêmes, remettent en cause ce modèle à cause de ces révélations », avertit Frédéric Donck à propos de cette mise sous tutelle étatique ou onusienne. « Or, c’est l’inverse (qu'il faudrait faire). Aujourd’hui, il faut plus de transparence, plus de discussions dans un modèle multi-stakeholder. Et l’ONU n’est pas le cadre idéal pour ces discussions car c’est une grande organisation, avec beaucoup de lourdeurs. C’est une organisation opaque qui réunit des gouvernements entre eux. »

Reconnaître l'extraterritorialité d'internet

« Cet argument comporte une partie correcte et une partie incorrecte », répond Kavé Salamatian. « La partie correcte, c'est que, effectivement, aller vers une gouvernance étatique va amener à un état de fait qui est problématique car pouvant générer des situations de blocage, comme on a pu le voir lorsque la Libye de Kadhafi a pris la présidence de la commission des droits de l’homme en 2003. Mais là où l'argument est faux, c’est qu'il considère, en premier lieu, que les Américains sont les meilleurs pour être les garants de la liberté d’expression et qu’ensuite, il n’y aurait que deux modèles en compétition : le modèle où vous êtes contrôlés par les Américains, et le modèle où vous êtes contrôlés par les autres gouvernements. »


Une carte d'internet 
Une carte d'internet© Wikipedia / The Opte Project

Les tentatives brésiliennes de reprendre le contrôle de leur réseau au niveau national sont également loin de faire l’unanimité. « Il y a eu un certain nombre de réactions – et je pense bien entendu à celles qui ont lieu au Brésil mais également à d’autres qui ont suivi – consistant à dire : "Puisque nous ne pouvons pas faire confiance à un certain nombre de pays, nous allons faire en sorte de créer notre internet nous-même, ou en tout cas de favoriser des routes qui ne passeraient plus par les États-Unis" », reconnaît Frédéric Donck. « La déclaration de Montevideo dit qu’il faut faire tout de même attention à ce qu’il n’y ait pas de réactions émotionnelles qui risqueraient de provoquer une "balkanisation", c’est-à-dire une fragmentation d’internet. »

Or, « internet fonctionne de la manière la plus simple, et donc la plus efficace, possible », poursuit-il. « Les paquets de données sont transportés de manière efficace plutôt que politique. Ils ne connaissent pas les frontières humaines. On ne peut donc pas décider de ne plus passer par tel ou tel pays. Les réseaux sont interconnectés, il y en a plus de 40 000, et le fonctionnement d’internet est justement basé sur une distribution à travers tous ces réseaux sans contrôle central. Donc vouloir en une fois recréer un internet bis, ou favoriser certaines routes par rapport à d’autres, créerait en fait plus de problèmes techniques que ça n’en résoudrait au niveau politique. »

Pour sortir de cette impasse, Kavé Salamatian propose une troisième voie qui consisterait à reconnaître « l’extraterritorialité » d’internet. « Internet a fait émerger un espace qui n’existait pas avant et qui est totalement différent de sa partie physique, qui, elle, se trouve dans les États car il s’agit de câbles de routeurs… des éléments ancrés dans la réalité physique. Il faut donc déjà prendre conscience de cela et accepter qu’un nouvel espace a été délimité. Ensuite, on peut se poser la question de sa délimitation. Enfin, on peut se demander qui doit le gouverner et comment on doit le gouverner. »

« Et de ce point de vue, on a différentes visions qui s'affrontent », poursuit M. Salamatian. « La première, que je qualifierai de colonialiste, consiste à dire que pour cet espace nouveau, comme dans le cas des pays que l’on a découverts aux XVe et XVIe siècles, c’est le premier qui arrive et qui réussit à planter son drapeau qui en est propriétaire. Et il y a une deuxième vision qui consiste à dire que, non, les gouvernements n’ont pas la même emprise sur cet espace que sur leur espace traditionnel et qu’il faut trouver un nouveau système de gouvernance qui soit lui aussi récent et nouveau. Or il existe des précédents à ce genre de situations. L’espace maritime a par exemple connu cette situation au début du XVIIIe siècle. On peut également citer comme exemple l’Antarctique qui a rencontré une problématique assez semblable. Il y a enfin une troisième vision consistant à l'envisager comme l’espace, ou la lune. »

Mais l’adoption d’un tel statut d’extraterritorialité d’internet, qui en ferait un bien commun de l’humanité préservé des intérêts égoïstes des États, nécessiterait un consensus international qui semble aujourd’hui hors d’atteinte. « Le Brésil est le seul porte-parole de ce discours », regrette le professeur Salamatian. « Ça ne veut pas dire que les autres ne sont pas d’accord. Mais tout le monde est très content que ce soit un autre qui prenne le flambeau et pas eux. »

« En particulier, il est sidérant de voir que la France n’a pris aucune position », conclut-il (NDLR : cet entretien a été réalisé jeudi 17 octobre). « Il n’y a que la Cnil qui a réagi avec une petite mise en demeure. Mais je n’ai pas vu le ministère de l’intérieur s’insurger sur cette question. Or, cette discussion est extrêmement importante. Je suis également étonné que les partis politiques, à l’approche des élections européennes, n’aient pas pris à bras-le-corps ce problème. Il faut l’imposer sur la place publique pour qu’il devienne un élément central de la campagne électorale. »

Les informations publiées lundi 21 octobre par Le Monde sur l'ampleur des écoutes réalisées par la NSA sur le territoire français pourraient changer les choses. Jusqu'à présent plutôt discret sur la question, Manuel Valls a déjà qualifié ces informations de « choquantes » et estimé qu'elles allaient « appeler des explications ». Laurent Fabius, de son côté, a annoncé la convocation de l'ambassadeur des États-Unis à Paris.

 

 

 

 


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