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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 18:00

 

marianne.net

Super Trash

Périco Légasse : « Le gaspillage est la conséquence d’un capitalisme affolé »
Lundi 28 Octobre 2013 à 17:42

 

Magazine Marianne

 

Le film Super Trash qui vient de sortir dénonce le gaspillage, la gestion de nos déchets et de nos décharges. A cette occasion, Marianne donne la parole à ses lecteurs pour questionner les grands acteurs de ce combat contre l’incivisme et le laisser faire.

 

Extrait Super Trash
Extrait Super Trash

 

 

 

 

Quatrième intervenant : Périco Légasse, journaliste, critique gastronomique.
 
A suivre avec Chantal Jouanno.

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:53

 

 

marianne.net

Du Front de Gauche à l'Ump, l'appel des élus contre la privatisation des autoroutes
Lundi 28 Octobre 2013 à 13:37

 

Magazine Marianne

 

Alors que le gouvernement s’apprête à prolonger de trois ans la rente des autoroutes, Marianne publie un texte signé par la droite comme par la gauche appelant le gouvernement à y renoncer. François Hollande ne le signera pas, lui qui alors candidat, avait pourtant qualifié cette privatisation « d’opération à courte vue » (voir le document). Cet appel est ouvert à vos signatures…

 

Illustration - MEIGNEUX/SIPA
Illustration - MEIGNEUX/SIPA
Premiers signataires :

Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard (députés européens, coprésidents du Front de gauche), Nicolas Dupont-Aignan (député-maire de Yerres, président de Debout la République), François de Rugy (député de Loire-Atlantique, vice-président d'Europe Ecologie-Les Verts) Emmanuel Maurel (vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, PS), Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice de Paris, PS), Jacques Myard (député-maire de Maisons-Laffitte, UMP).

Après la vente à vil prix par l'Etat du réseau autoroutier français, qui a débuté en 2002 et s'est achevée en 2006, après la prorogation d'un an des concessions en 2011 sous un prétexte environnemental, le gouvernement Ayrault entend finaliser son plan de relance autoroutier en prolongeant une nouvelle fois, de trois ans, la durée d'exploitation de nos autoroutes par leurs actuels concessionnaires. Il reporte ainsi à 2033 en moyenne la fin des concessions dont disposent les groupes Vinci, Eiffage et Albertis.

En contrepartie, ceux-là devraient prendre à leur charge une vingtaine de projets d'aménagement de sections autoroutières autour de grandes villes, de liaisons entre des autoroutes existantes, ou encore la mise aux normes de sections existantes. L'ensemble devrait représenter un montant de 3,7 milliards d'euros.

Nous, élus soucieux des deniers publics mais aussi de la préservation du patrimoine national, ne pouvons accepter une nouvelle démission de la puissance publique alors que les groupes concessionnaires n'ont pas respecté leurs obligations. Un rapport, pour l'heure « officieux », commandé à deux hauts fonctionnaires, a alerté les pouvoirs publics sur cette situation ; pourtant, les bases de l'actuelle négociation restent inchangées, ne prenant pas en compte ces manquements des concessionnaires. De son côté, la Cour des comptes a dénoncé à de nombreuses reprises l'incapacité de l'Etat à imposer aux concessionnaires le respect de leurs obligations, constatant notamment des tarifs manipulés et une qualité des chaussées dégradée.

Pourtant, les recettes générées par l'exploitation des concessions autoroutières donnent lieu chaque année à de très substantiels profits : plus de 2 milliards d'euros de bénéfices net pour un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros en 2012.

C'est cet incroyable cadeau que s'apprête à renouveler l'Etat, au profit de ces grands groupes du secteur peu respectueux de leurs engagements. La quasi-totalité de leurs investissements passés sera intégralement remboursée dans les dix prochaines années. A l'horizon 2030, au rythme de l'évolution actuelle des tarifs et de la progression du trafic, chaque année d'exploitation devrait donc leur rapporter 10 milliards d'euros, et presque autant de bénéfices.

 

Ce sont donc entre 5 et 7 milliards d'euros net d'impôt chaque année pour une période de trois années supplémentaires que l'Etat s'apprête à offrir, soit 18 milliards d'euros d'ici à vingt ans. Soit l'équivalent d'un enrichissement immédiat de 6 à 9 milliards d'euros pour les groupes propriétaires des concessions, et un appauvrissement du même ordre de l'Etat.

 

Quel est donc cet Etat stratège qui organise son propre dépouillement : faire financer par d'autres 3,5 milliards d'euros d'investissements quand cela lui en coûte entre le double et le triple ? Nous, élus soucieux des deniers publics mais aussi de la préservation de l'indépendance nationale, sommes alarmés par l'ampleur de la dette dont souffre aujourd'hui la nation. Le poids de l'endettement de l'Etat lui interdit désormais d'affecter à l'investissement les économies budgétaires qu'il peut dégager.

Beaucoup de pays dans le monde découvrent aujourd'hui que la privatisation partielle du service public de la route a souvent octroyé des rentes extravagantes aux grands groupes. Au prétexte que l'Etat doit se désendetter, il se prive de recettes précieuses !

La France peut et doit récupérer le contrôle et le bénéfice de ses infrastructures de transport.

Cela sera bénéfique aux finances publiques et au pouvoir d'achat des automobilistes ; la seule conséquence négative se lira dans les résultats boursiers des grands groupes actuels.

 


DOCUMENT

Lettre de François Hollande, adressée à Sud Autoroutes (1/2). Le président, alors candidat, qualifie la privatisation des autoroutes d'« opération à courte vue » - 4e paragraphe -
Lettre de François Hollande, adressée à Sud Autoroutes (1/2). Le président, alors candidat, qualifie la privatisation des autoroutes d'« opération à courte vue » - 4e paragraphe -

 

Lettre de François Hollande, adressée à Sud Autoroutes (2/2)
Lettre de François Hollande, adressée à Sud Autoroutes (2/2)
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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:47

CADTM

 

cadtm.org

Le FMI revient à la charge avec les mesures qui provoquent des émeutes de la faim

24 octobre par Jérome Duval , F. Martín

 

 

  

 

 

Quelques jours avant l’assemblée générale annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qui s’est tenue du 11 au 13 octobre 2013 à Washington, le FMI est revenu à la charge. Concrètement, en Espagne, après avoir proposé une baisse de salaires qui a provoqué une réaction inhabituelle |1| , il réclame désormais de réduire la liste des produits et services considérés basiques ou de première nécessité qui bénéficient des taux réduits de TVA. Il s’agit bien du même remède qui provoqua les fameuses émeutes de la faim, aussi appelées « émeutes FMI », au Sud de la planète, quand le prix du pain ou de l’essence montait d’un coup en une nuit jusqu’à des prix inabordables pour la majorité de la population. On peut citer entre autres exemples, le soulèvement connu comme « Caracazo » au Venezuela en 1989, lors de la mise en œuvre d’une mesure du plan du FMI qui a provoqué l’augmentation subite du combustible ; ou celui du Pérou en 1991, quand le prix du pain a été multiplié par 12 alors que les salaires amorçaient leur chute ; du Zimbabwe en 2000 ; Argentine, Paraguay et Uruguay en 2001… La liste est aussi longue, que l’est l’histoire du néocolonialisme économique de l’institution de Washington.

En somme, le FMI suit la voie de l’austérité qu’il applique au Sud, où ses politiques échouent depuis des décennies. Au-delà de quelques nouvelles propositions sur les prélèvements, il n’y a rien de nouveau dans l’idéologie de l’institution. Déjà en 1999, dans un rapport sur les Effets des politiques d’ajustement structurel sur la jouissance effective des droits de l’homme, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies portait sur les plans d’austérité au Sud ce constat que nous pouvons appliquer à l’actuelle crise de la dette au Nord :
Malheureusement, aussi bien le FMI que la Banque mondiale considèrent la gestion de la crise d’endettement comme une activité distincte de la tâche fondamentale qui est le développement humain. Une forte croissance du produit national brut (PNB) ou la réduction de l’inflation ne débouche sur le développement qu’à condition de s’accompagner de changements dans la répartition du revenu, de manière à permettre à une plus large proportion de la population de jouir effectivement de ses droits économiques, sociaux et culturels. |2|

L’austérité, un projet politique à échelle internationale

Ces politiques d’austérité du FMI, en plus de violer la souveraineté des peuples, anéantissent les droits les plus élémentaires des personnes. La proposition d’introduire un impôt exceptionnel avec un taux de 10% sur le capital de toutes les épargnes quel qu’en soit leurs montants, cela pour réduire la dette publique des pays européens au niveau d’avant la crise en 2007, ne doit pas nous induire en erreur. Bien sur, cela nous rappelle ce qui est arrivé à Chypre, même si dans ce cas il s’agissait d’un taux de 47,5% sur tous les comptes disposant de plus de 100 000 euros. Ceci dit, on a plutôt l’impression d’être face à une attitude désespérée afin d’attirer l’attention pour dissimuler d’autres mesures à venir. De la même manière, quand le FMI affirme qu’il reste de la marge pour augmenter les taux d’imposition des tranches supérieures de revenus, il semble que, devant le chaos que génèrent ses propres mesures, il doive faire semblant d’innover pour que sa politique soit soutenable… et suive le même chemin capitaliste. D’ailleurs, comme disait le rapport de l’ONU en 1999 déjà cité, il faut comprendre les politiques d’austérité bien plus comme un projet politique à échelle internationale :
L’ajustement structurel va au-delà de la simple imposition d’un ensemble de mesures macroéconomiques au niveau interne. Il est l’expression d’un projet politique, d’une stratégie délibérée de transformation sociale à l’échelle mondiale, dont l’objectif principal est de faire de la planète un champ d’action où les sociétés transnationales pourront opérer en toute sécurité. Bref, les programmes d’ajustement structurel (PAS) jouent un rôle de "courroie de transmission" pour faciliter le processus de mondialisation qui passe par la libéralisation, la déréglementation et la réduction du rôle de l’État dans le développement national. |3|

Le 9 octobre 2013, après la présentation du rapport Taxing Times du FMI, Michael Keen, directeur adjoint du département des finances publiques du FMI, déclara que l’Espagne « n’a pas eu suffisamment recours à la TVA » pour augmenter ses recettes. Il n’aura vraisemblablement pas suffit d’appliquer une hausse de TVA de 13 points, passant de 8 à 21% pour les secteurs de la Culture, des livres ou du matériel scolaire. Les Espagnols apprécieront l’attention particulière du FMI à ce propos. Après deux hausses brutales de l’impôt régressif le plus injuste, d’abord sous le gouvernement du parti dit socialiste (PSOE) et de la droite (PP) ensuite, les recommandations du FMI sont scandaleuses. Ils prétendent soigner la maladie en tuant le patient.

Dans son rapport fiscal d’octobre 2013, Le FMI, affiche une soudaine préoccupation pour réduire la dette publique aux niveaux d’avant la crise en 2007, sans pour autant reconnaitre que dans certains cas, et en Espagne en particulier, la dette publique s’est envolée précisément en conséquence du sauvetage bancaire. En guise de solution, le FMI revient à faire des propositions profondément injustes et erronées, tel l’impôt exceptionnel déjà mentionné de 10% sur l’économie des foyers. |4| Dans son argumentaire, le FMI met en garde contre « les risques des alternatives » à cette proposition, tel que « la répudiation de la dette publique ». Un « risque » qui constituerait plutôt pour nous un premier pas vers une sortie de crise.

Depuis la Plateforme espagnole d’Audit Citoyen de la Dette, nous ne devons pas, nous ne payons pas (Plataforma Auditoría Ciudadana de la Deuda, No debemos , no Pagamos), nous développons des activités afin que les citoyennes et citoyens puissent envisager des alternatives, définir des critères pour qualifier une dette illégitime et en refuser le paiement.

Traduction Jérôme Duval et Virginie de Romanet

Notes

|1| Jérôme Duval, Fátima Fafatale, Espagne. Le sombre avenir que nous réserve le FMI : Dette, chômage et pauvreté.

|2| Effets des politiques d’ajustement structurel sur la jouissance effective des droits de l’homme, point 6. http://www.cetim.ch/fr/documents/pa...

|3| Nations Unies, Ibid, point 31.

|4| A One-Off Capital Levy ?, in Taxing Times, Fiscal Monitor, FMI, octobre 2013, page 49. http://www.imf.org/external/pubs/ft...

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:43

CADTM

 

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Annuler la dette ou taxer le capital : pourquoi choisir ?

28 octobre par Patrick Saurin , Eric Toussaint , Thomas Coutrot

 

 

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A l’occasion de la sortie de deux livres importants, Dette 5000 ans d’histoire et Le Capital au XXIème siècle, Mediapart a eu l’heureuse idée d’organiser une rencontre entre leurs auteurs respectifs, David Graeber et Thomas Piketty. Leurs échanges sont accessibles sur le site du journal en ligne |1|.

Comment sortir de la dette, cette question centrale posée en préambule à ce dialogue est également au cœur des réflexions et de nos activités militantes respectives. C’est pourquoi nous avons souhaité donner un prolongement constructif à ces échanges en proposant le texte qui suit, fruit d’une réflexion collective qui explicite, commente, questionne et critique les points de vue et les arguments avancés par les deux auteurs.

Annuler la dette ou taxer le capital ?

Les échanges entre T. Piketty et D. Graeber tournent pour l’essentiel autour de la mise en regard des mérites respectifs de l’impôt sur le capital et de la répudiation de la dette publique. D. Graeber, s’appuyant sur une belle érudition historique et anthropologique, souligne que l’annulation de tout ou partie de la dette, privée ou publique, est une figure récurrente des luttes de classes depuis 5000 ans. Considérant que la dette est un mécanisme central de la domination capitaliste aujourd’hui, il ne voit aucune raison qu’il en aille autrement dans les années à venir.

T. Piketty estime pour sa part qu’on peut obtenir un allègement considérable du poids des dettes par un mécanisme fiscal de taxation des grandes fortunes qui serait plus juste socialement, car il éviterait de frapper les petits et moyens épargnants détenteurs (via les fonds communs de placement gérés par les banques et les compagnies d’assurance) d’une grande partie de la dette publique.

Sans que les deux interlocuteurs ne l’explicitent, on peut sans doute attribuer leur différend à des présupposés philosophiques et politiques opposés. Pour Graeber, de tradition anarchiste, l’annulation de la dette est préférable parce qu’elle ne suppose pas nécessairement de s’en remettre à l’État national, et encore moins à un État ou une institution supranationale : elle peut résulter de l’action directe des débiteurs (cf. le projet de « strike debt » |2| porté par Occupy Wall Street aux États-Unis), ou bien de la pression populaire imposant une décision à un gouvernement. Pour Piketty, de tradition social-démocrate, c’est une fiscalité mondiale sur le capital qui est nécessaire, et des mesures fiscales nationales portées par des gouvernements réformistes peuvent déjà permettre d’avancer.

Au vu précisément des arguments des deux auteurs, nous pensons qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre imposition du capital et annulation de dettes, mais qu’il est judicieux de mettre en œuvre ces deux mesures simultanément.

Annuler la dette, une mesure injuste socialement ?

T. Piketty rejette les annulations de dette au motif que les créanciers seraient en majorité des petits épargnants qu’il serait injuste de faire payer, alors que les très riches n’auraient investi qu’une faible part de leur patrimoine dans les titres de la dette publique. Mais nous lui objectons que l’audit de la dette que nous préconisons a non seulement pour vocation d’identifier la dette légitime (c’est-à-dire la dette au service de l’intérêt général) de celle qui ne l’est pas, mais également d’identifier précisément les porteurs afin de pouvoir les traiter différemment selon leur qualité et le montant détenu. En pratique, la suspension de paiement est la meilleure manière de savoir exactement qui détient quoi car les détenteurs de titres sont forcés de sortir de l’anonymat.

Selon la banque de France, en avril 2013, la dette négociable de l’État en France était détenue à 61,9 % par des non-résidents, essentiellement des investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurance, fonds de pension, fonds mutuels…). Pour les 38,1 % qui sont détenus par des résidents, la part du lion revient aux banques (elles détiennent 14 % des dettes publiques françaises), aux assurances et autres gestionnaires d’actifs |3|. Les petits porteurs (qui gèrent directement leur portefeuille de titres) ne représentent qu’une infime minorité des détenteurs de dettes publiques. À l’occasion d’une annulation de dettes publiques, il conviendra de protéger les petits épargnants qui ont placé leurs économies dans des titres publics ainsi que les salariés et les retraités qui ont vu une partie de leurs cotisations sociales (retraite, chômage, maladie, famille) placé par les institutions ou les organismes gestionnaires dans ce même type de titres.

L’annulation des dettes illégitimes doit être supportée par les grandes institutions financières privées et les ménages les plus riches. Le reste de la dette doit être restructuré de manière à réduire drastiquement tant le stock que la charge de la dette. Cette réduction/restructuration peut notamment s’appuyer sur l’impôt sur le patrimoine des plus riches comme évoqué par T. Piketty |4|. Annulation des dettes illégitimes et réduction/restructuration du reste de la dette doivent aller de pair. C’est un vaste débat démocratique qui doit décider de la frontière entre les épargnants petits et moyens qu’il faut indemniser et les gros qu’on peut exproprier. On pourrait alors mettre en place une taxe progressive sur le capital, frappant durement les très grandes fortunes, celles des 1 % les plus riches, dont T. Piketty a montré qu’ils possèdent aujourd’hui plus du quart de la richesse totale en Europe et aux États-Unis |5|. Cette taxe prélevée en une seule fois permettrait de terminer d’éponger l’ensemble des dettes publiques. Par la suite, une fiscalité fortement progressive sur les revenus et le capital bloquerait la reconstitution des inégalités patrimoniales dont Piketty estime à juste titre qu’elles sont antagoniques avec la démocratie.

Annulation de la dette : au bénéfice de qui ?

Si nous ne pouvons pas suivre T. Piketty quand il affirme que l’annulation de la dette « n’est pas du tout une solution progressiste », il a cependant raison de remettre en cause le type d’annulation partielle de dettes conçue par la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) pour la Grèce en mars 2012. Cette annulation a été conditionnée par des mesures qui constituent des violations des droits économiques, sociaux, politiques et civils du peuple grec, et qui ont enfoncé encore un peu plus la Grèce dans une spirale descendante. Il s’agissait d’une entourloupe visant à permettre aux banques privées étrangères (principalement françaises et allemandes) de se dégager en limitant leurs pertes, aux banques privées grecques d’être recapitalisées aux frais du Trésor public, et à la Troïka de renforcer durablement son emprise sur la Grèce. Alors que la dette publique grecque représentait 130 % du PIB en 2009, et 157 % en 2012 après l’annulation partielle de la dette, elle a atteint un nouveau sommet en 2013 : 175 % ! Le taux de chômage qui était de 12,6 % en 2010 s’élève à 27 % en 2013 (50 % pour les moins de 25 ans). Avec T. Piketty nous refusons ce type de « haircut » prôné par le FMI, qui vise seulement à maintenir en vie la victime pour pouvoir la saigner encore et toujours plus. L’annulation ou la suspension du paiement de la dette doit être décidée par le pays débiteur, à ses conditions, pour lui donner un vrai bol d’oxygène (comme l’ont fait par exemple l’Argentine entre 2001 et 2005 et l’Equateur en 2008-2009).

La dette et l’inégalité des fortunes ne sont pas les seuls problèmes

Graeber et Piketty s’opposent pour déterminer si c’est la dette ou l’inégalité des patrimoines qui est la cible politique prioritaire. Mais pour nous, les problèmes que rencontrent nos sociétés ne se limitent pas au problème de la dette publique ni à celui de l’inégalité des fortunes privées. Tout d’abord, il est bon de rappeler – et Graeber le fait systématiquement – qu’il existe une dette privée bien plus importante que la dette publique |6|, et que l’augmentation brutale de cette dernière depuis cinq ans est due en bonne part à la transformation de dettes privées, celles des banques notamment, en dettes publiques. Ensuite et surtout, il faut replacer la question de la dette dans le contexte global du système économique qui la génère et dont elle n’est qu’un des aspects.

Pour nous, imposition du capital et annulation des dettes illégitimes doivent faire partie d’un programme bien plus vaste de mesures complémentaires permettant d’enclencher une transition vers un modèle post-capitaliste et post-productiviste. Un tel programme, qui devrait avoir une dimension européenne tout en commençant à être mis en pratique dans un ou plusieurs pays, comprendrait notamment l’abandon des politiques d’austérité, la réduction généralisée du temps de travail avec embauches compensatoires et maintien du salaire, la socialisation du secteur bancaire, une réforme fiscale d’ensemble, des mesures pour assurer l’égalité hommes-femmes et la mise en place d’une politique déterminée de transition écologique.

Graeber met l’accent sur l’annulation de la dette car il croit, comme nous, qu’il s’agit d’un objectif politique mobilisateur ; mais il ne prétend pas que cette mesure se suffise à elle-même, et il s’inscrit dans une perspective radicalement égalitaire et anticapitaliste. La critique essentielle qu’on peut faire à Thomas Piketty est qu’il pense que sa solution peut fonctionner en demeurant dans le cadre du système actuel. Il propose un impôt progressif sur le capital pour redistribuer les richesses et sauvegarder la démocratie, mais n’interroge pas les conditions dans lesquelles ces richesses sont produites et les conséquences qui en résultent. Sa réponse ne remédie qu’à l’un des effets du fonctionnement du système économique actuel, sans s’attaquer à la véritable cause du problème. Tout d’abord, admettons qu’on obtienne par un combat collectif une imposition du capital, à laquelle nous aspirons, les recettes générées par cet impôt risquent d’être largement englouties par le remboursement de dettes illégitimes si nous n’agissons pas pour leur annulation. Mais surtout, nous ne pouvons pas nous contenter d’un partage plus équitable des richesses, si celles-ci sont produites par un système prédateur qui ne respecte ni les personnes ni les biens communs, et accélère sans trêve la destruction des écosystèmes. Le capital n’est pas un simple « facteur de production » qui « joue un rôle utile » et mérite donc « naturellement » un rendement de 5 %, comme le dit Piketty, c’est aussi et surtout un rapport social qui se caractérise par l’emprise des possédants sur le destin des sociétés. Le système capitaliste en tant que mode de production est à l’origine non seulement d’inégalités sociales de plus en plus insoutenables, mais de la mise en danger de notre écosystème, du pillage des biens communs, de rapports de domination et d’exploitation, d’aliénation dans la marchandise, d’une logique d’accumulation réduisant notre humanité à des femmes et des hommes incapables de sublimer, obsédés par la possession de biens matériels et oublieux de l’immatériel qui pourtant nous fonde.

La grande question que Piketty ne se pose pas, mais qui saute aux yeux de qui observe les rapports de pouvoir dans nos sociétés et l’emprise de l’oligarchie financière sur les États, est la suivante : quel gouvernement, quel G20 décidera d’un impôt mondial progressif sur le capital, sans que de puissants mouvements sociaux n’aient d’abord imposé le démantèlement du marché financier mondialisé et l’annulation des dettes publiques, instruments majeurs du pouvoir actuel de l’oligarchie ?

Comme David Graeber, nous pensons qu’il faudra imposer l’annulation des dettes sous « l’impulsion des mouvements sociaux ». C’est pourquoi nous agissons dans le cadre du collectif d’audit citoyen (CAC |7|) afin que l’annulation de la dette illégitime résulte d’un audit auquel les citoyens participent comme acteurs. Nous sommes cependant dubitatifs face à son idée selon laquelle « le mode de production actuel est fondé sur des principes moraux plus qu’économiques », car « le néolibéralisme a privilégié le politique et l’idéologique sur l’économique ». Pour nous, il n’y a pas d’opposition entre ces trois champs mais il y a un système, le néolibéralisme, qui les articule à sa manière. Le capitalisme néolibéral n’a pas privilégié le politique et l’idéologique sur l’économique, il les a utilisés et mis au service de la recherche du profit privé maximum, avec un certain succès jusqu’à présent si l’on en juge d’après les données fournies par Piketty dans son ouvrage. Certes, ce système a engendré de monstrueux déséquilibres – dont les dettes privées et publiques – et n’est pas compatible à terme avec une société émancipée, mais dans l’immédiat sa domination se perpétue.

Au-delà des divergences – secondaires avec Graeber, plus profondes avec Piketty – que nous venons d’expliciter, nous sommes bien sûr prêts à emprunter ensemble le chemin de l’annulation des dettes illégitimes et de l’impôt progressif sur le capital. Lorsque nous arriverons à un carrefour dont une des voies indiquera la sortie du capitalisme, il nous appartiendra alors, tous ensemble, de reprendre le débat en tirant les leçons de l’expérience du chemin parcouru.

Notes

|1| http://www.mediapart.fr/journal/cul...

|2| Voir le site www.strikedebt.org

|3| Reuter, « Les 50 plus gros détenteurs de dette française » http://fr.reuters.com/article/compa... , 28 décembre 2011.

|4| T. Piketty, Le capital au XXIe siècle, Le Seuil, 2013, p. 887.

|5| T. Piketty, idem, p. 556.

|6| En 2011, dans la Zone Euro, la dette brute des États représentait 82 % du PIB, la dette des ménages 61 %, la dette des sociétés non financières 96 % et la dette des sociétés financières 333 % (Base de données Base de données de recherche Morgan Stanley : http://www.ecb.int/stats/money/aggr...

|7| Voir le site du CAC : http://www.audit-citoyen.org/

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:35

 

Droit de suite 28/10/2013 à 12h52
Parents d’un handicapé, nous avons deux formidables nouvelles à partager
M. et Mme Patricot | Parents d'un enfant handicapé

 

 

Il y a deux ans tout juste, mon mari et moi-même avions écrit une tribune sur Rue89 intitulée « Parents d’un handicapé, le succès d’“Intouchables” nous inquiète ».

Cette tribune faisait suite à un entretien que nous avions eu avec une représentante du Défenseur des droits, monsieur Dominique Baudis, qui nous avait dit en substance, et après une heure trente d’entretien, que l’Etat n’était en rien responsable de l’avenir de notre enfant handicapé ; que si nous ne trouvions pas de lieu de vie, nous n’avions qu’à nous arrêter de travailler… Nous étions repartis avec un article de journal vantant le succès du film « Intouchables » qui venait de sortir.

Tétanisés par la bêtise de ces propos et par ce mot de la fin sans rapport avec notre demande de soutien, nous avions rédigé une tribune pour dire notre colère.

A la suite de cette tribune, nous avons été contactés par une réalisatrice qui souhaitait faire un film pour raconter le parcours du combattant d’une famille. Bien que réticents au départ, nous avons accepté, conscients de l’importance de témoigner sur le scandale du manque de lieu et de l’absence de réponse politique à cet état de fait. Le film s’intitule « Un chantier pour Ferdinand » et il a été diffusé sur France 5 dans le cadre de l’émission « L’Œil et la main ».

Depuis, deux événements majeurs ont eu lieu. L’un de l’ordre de l’intime, et l’autre de l’ordre du sociétal, mais l’un et l’autre sont liés.

Un lieu de vie pour Ferdinand

Côté intime, nous avons trouvé un lieu de vie pour Ferdinand et il y vit depuis février 2013. Ce dont nous voudrions témoigner ici, c’est que tout handicapé mérite de vivre ce que vit Ferdinand. Non seulement le lieu où il se trouve est formidable, mais les effets de ce changement de vie ont été radicaux.

Ferdinand y découvre jour après jour l’amitié, la collectivité et depuis peu, l’amour. Lorsqu’il rentre à la maison toutes les trois semaines, nous ne pouvons que constater combien cette expérience le fait grandir, changer et le responsabilise (dans la mesure de ses possibilités).

Ce dont nous prenons conscience, c’est qu’un lieu comme celui-là où une équipe professionnelle, dévouée, compétente et intelligente est à l’œuvre offre à Ferdinand ce que nous, parents, ne pouvons lui offrir et ce malgré tout notre amour. Ces découvertes qui font le « sel de la vie », tout handicapé y a droit. Les handicapés ont le droit de vivre dans des lieux qui respectent et tiennent comptent de leurs impasses car c’est la garantie qu’ils ne régresseront pas, bien au contraire.

Les lieux manquent cruellement, et nous savons tous par exemple qu’un grand nombre d’handicapés sont actuellement dans des services psychiatriques faute de place dans des lieux adéquats. Sans parler de tous ceux, et ils sont environ 10 000, pour lesquels aucune solution n’a été trouvée et qui sont une charge physique et psychique presque insurmontable pour leur famille.

L’Etat est responsable au nom du « droit de vivre »

L’autre événement majeur, c’est ce qui vient d’arriver à la famille d’Amélie Loquet, une jeune femme de 19 ans qui souffre du syndrome de Prader-Willi. En effet, suite au dépôt de plainte de ses parents, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise vient de condamner l’Agence régionale de santé (ARS) qui pilote l’aide aux personnes handicapées « à prendre toutes dispositions pour qu’une offre de soins permette la prise en charge effective d’Amélie sous un délai de quinze jours » sous peine de pénalité journalière de 200 euros.

L’Etat, en la personne de madame Carlotti, ministre déléguée en charge des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, a envisagé une procédure d’appel auprès du Conseil d’Etat mais suite au tollé général et à la pression exercé par l’UNAPEIj, s’est ravisé.

Cette décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise est cruciale, et nous espérons véritablement qu’elle créera un précédent car ce que dit cette décision, c’est que l’Etat est responsable au nom du « droit de vivre ». Bien que d’autres plaintes aient été déposées par le passé, ces dernières se soldaient généralement par une condamnation à un dédommagement financier mais pas une injonction à trouver une place.

Cependant, comme nous l’enseigne le cas de Ferdinand, ce qu’offre un lieu de vie adéquat pour un handicapé ne peut s’acheter. C’est de l’humain dont il s’agit.

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:29

 

blogs.rue89.com

Monsieur Ayrault, chez Poutine, pensez aux militants de Greenpeace
Noël Mamère - Député de Gironde

Publié le 28/10/2013 à 15h21

 

 


Manifestation en soutien aux militants de Greenpeace détenus en Russie devant l’ambassade russe à Paris, le 27 septembre 2013 (CHAUVEAU/SIPA)

 

Lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault à la veille de son voyage à Moscou.

Monsieur le Premier ministre, entre la révolte des Bretons et la manifestation des lycéens, le 5 novembre prochain, contre les expulsions de leurs camarades sans-papiers, vous serez jeudi à Moscou pour vous entretenir avec Vladimir Poutine. Nul doute que vous évoquerez la situation des trente militants de Greenpeace International enfermés dans des conditions indignes dans les prisons du Grand Nord russe depuis le 19 septembre dernier.

Leur crime ? Avoir protesté contre les projets de forages pétroliers en Arctique, en escaladant une plateforme de Gazprom en mer de Pechora. La garde russe, qui dépend directement de Poutine, a abordé le navire de Greenpeace, l’Arctic Sunrise, en contravention avec le droit international, alors qu’il se trouvait en dehors des eaux territoriales russes et a arrêté ses membres d’équipage sous la menace d’armes à feu.

Fonte du permafrost

Après comparution en audience préliminaire devant un tribunal de Mourmansk, ils ont été condamnés à deux mois de détention préventive, le temps d’une enquête. La justice russe les a d’abord inculpés pour « piraterie en groupe organisé », délit passible de quinze ans de prison en Russie, avant de les requalifier en « hooligans » sous la pression internationale.

L’enjeu de la campagne des « lanceurs d’alerte » de Greenpeace est de taille. Alors que la banquise régule notre climat et nos moyens de subsistance, l’Arctique, écosystème unique et fragile est en première ligne du dérèglement climatique : l’augmentation des températures y est deux fois plus rapide qu’ailleurs. Une étude publiée par le Département des sciences de la Terre à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne), révèle que le permafrost, le sous-sol arctique gelé, pourrait commencer à fondre d’ici dix à trente ans.

Le premier impact est la probable élévation du niveau des océans ; la fonte de ces glaces emprisonnées depuis très longtemps libérerait des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, accentuant encore le phénomène de changement climatique.
 La banquise perd inévitablement de son étendue et de son épaisseur : au cours des dernières décennies, la surface couverte par la glace estivale a décliné d’environ 50%. A ce rythme, la banquise pourrait complètement disparaître en été dès 2030.

90 milliards de barils de pétrole

Or, malgré ces dangers reconnus par la communauté scientifique, l’Arctique est devenu la cible des industriels qui convoitent son sous-sol riche en pétrole et en gaz. Jusqu’alors inaccessible, cette région entourant le pôle Nord abrite d’importantes réserves en hydrocarbures et suscite tous les appétits de ceux-là mêmes qui ont contribué à épuiser notre planète. Selon les estimations, la région polaire contiendrait jusqu’à un quart des réserves d’hydrocarbures encore exploitables sur Terre, dont 90 milliards de barils de pétrole.

Avec 30% des gisements non encore découverts de gaz dans le monde et 13% des gisements de pétrole, l’océan Arctique revêt une importance stratégique particulière pour son principal pays riverain, la Russie… Qui n’est pas seule à convoiter ces richesses. Cinq pays limitrophes cherchent à annexer des territoires qui, jusqu’à présent, n’étaient sous l’autorité d’aucun Etat.

Mais la Russie n’est pas un Etat de droit. Ses « entreprises d’Etat », comme Gazprom, sont dirigées par des petits groupes d’oligarques prêts à tout et soutenus par un appareil d’Etat corrompu et blanchi sous le harnais du totalitarisme.

Ours polaires et marées noires

Monsieur le Premier ministre, je voudrais ici vous alerter sur le cas spécifique de Prirazlomnaya, la station contestée par Greenpeace. La construction de cette plateforme récupérée de la mer du Nord, remonte à 1984, soit près de trente ans !

Un incident sur une telle installation, composée, entre autres, de pièces provenant de vieilles plateformes de la mer du Nord qui ont rouillé pendant trente ans dans les chantiers navals de Mourmansk, pourrait provoquer une catastrophe sans précédent. D’autant qu’elle se trouve à proximité de parcs nationaux et de réserves naturelles, refuges d’espèces protégées et menacées, comme le morse de l’Atlantique et les ours polaires. En cas de marée noire, il serait quasiment impossible d’intervenir.

Gazprom, au conseil d’administration duquel siège votre camarade de l’Internationale socialiste, l’ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder et dont Dominique Strauss-Kahn est devenu le conseiller, refuse d’ailleurs de rendre public son plan d’action en cas de marée noire.

Or, en votre qualité de Premier ministre, vous ne pouvez ignorer le bilan catastrophique de la Russie en la matière : tous les dix-huit mois, les fleuves du nord de la Russie déversent 500 000 tonnes de pétrole dans l’océan Arctique, des chiffres effrayants qui relèguent au rang « d’incident » la catastrophe de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique.

Prison à ciel ouvert

Nous devons, vous devez, soutenir l’action légitime de ces défenseurs écologistes de la démocratie, de l’environnement et des droits humains. 
Parce que leur combat est juste. Dénoncer les crimes contre l’environnement dans un pays qui a produit Tchernobyl et la mer d’Aral, c’est sauvegarder le patrimoine de l’humanité. La mer Arctique n’appartient à personne et devrait rester un bien commun de l’humanité.

Je suis certain, monsieur le Premier ministre, que vous demanderez la libération immédiate des militants de Greenpeace. Personne ne comprendrait qu’ils ne soient pas libérés alors que la Russie s’apprête à accueillir les Jeux olympiques d’hiver, en février 2014, à Sotchi. Personne ne comprendrait que ces Jeux puissent se tenir dans une prison à ciel ouvert où 30 militants de Greenpeace appartenant à dix-huit pays différents (la Russie, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France) seraient encore emprisonnés.

Monsieur le Premier ministre, n’allez pas chez Poutine comme un bourgeois de Calais. Vous vous rendez dans un pays dirigé depuis plus de quinze ans par un ex lieutenant-colonel du KGB. Il avait promis la « dictature de la loi » lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Aujourd’hui, il ne reste de cette belle promesse que la dictature.

Sous le régime de Poutine, le respect des libertés fondamentales est bafoué chaque jour. Un peu plus de vingt ans après la chute du système soviétique, on enferme toujours des opposants dans les hôpitaux psychiatriques.

Osez dire son fait à cet héritier de Staline

Monsieur le Premier ministre, ne cédez pas une fois de plus à celui qui soutient le boucher de Damas et qui a humilié le président de la République et votre gouvernement, il y a moins d’un mois sur la Syrie. Osez dire son fait à cet héritier de Staline :

  • qui a massacré le peuple tchétchène ;
  • qui a couvert l’assassinat des journalistes, comme Anna Politkovskaia :
  • qui emprisonne régulièrement des dissidents, comme les Pussy Riot ;
  • qui couvre les attaques répétées contre les homosexuels ;
  • qui réprime des militants écologistes ou des syndicalistes...

Je ne comprendrais pas que la France, dirigée par une majorité écologiste et socialiste, laisse les activistes de Greenpeace pourrir dans les prisons russes. Je ne comprendrais pas que vous restiez silencieux en vous abritant sous le secret des discussions diplomatiques.

Dans l’attente d’un geste fort, jeudi à Moscou, je vous prie d’agréer, monsieur le Premier ministre, mes sentiments les meilleurs et mes pensées solidaires avec tous les lanceurs d’alerte qui se battent contre les atteintes à l’environnement, que ce soit à Nantes contre l’aéroport de Notre-Dame-des Landes, ou dans l’Arctique pour en finir avec les forages pétroliers.

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:17

 

rue89.com

 

Tribune 28/10/2013 à 17h18
« Optimisation » de la facturation : comment les hôpitaux creusent le trou de la Sécu

Adrien Renaud, économiste de la santé

 

Tribune

Les hôpitaux ont trouvé le moyen de gagner plus sans travailler plus. Pour opérer ce miracle, ils font appel à des prestataires externes, qu’ils rémunèrent pour « optimiser » leur facturation. Ils parviennent ainsi à gonfler leur chiffre d’affaires (et le trou de la Sécu !), sans pour autant augmenter leur activité.

Making of

Quand il a découvert que certains hôpitaux publics payaient des prestataires externes pour « optimiser » leur facturation, Adrien Renaud a été choqué : « Ils creusent ainsi le trou de la Sécu, sans soigner davantage de patients pour autant. » Il a écrit cette tribune pour faire partager son indignation. Mathieu Deslandes

Cette pratique surprenante a récemment été mise en lumière par une plainte déposée par les syndicats médicaux Avenir Hospitalier et SNPHAR-E auprès du procureur de la République de Saint-Malo.

Ce n’est pas le danger qui plane sur l’équilibre des comptes sociaux qui a poussé les deux organisations à mettre en cause le CHU de la ville bretonne, mais des entorses présumées à la déontologie. Le cabinet de consultants recruté par l’hôpital malouin pour optimiser sa facturation aurait, d’après les deux syndicats, eu accès à 950 dossiers de patients non-anonymisés, violation flagrante de l’éthique médicale.

Parallèlement à la plainte déposée par Avenir Hospitalier et SNPHAR-E, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait mis en demeure le 7 octobre dernier le CHU de Saint-Malo pour non respect de la confidentialité des données de santé.

Marchandisation

La mise en demeure a été levée le 17 octobre, mais le problème est loin d’être réglé : d’après les associations de patients, la consultation de dossiers non-anonymisés n’est pas pratiquée uniquement à Saint-Malo. Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) estime par exemple que ce sont environ 15 000 dossiers qui ont été indûment étudiés dans 150 établissements.

Il est vrai que les établissements hospitaliers sont en France à la recherche de nouveaux moyens pour augmenter leurs recettes et combler ainsi leurs déficits. Confrontés à des contraintes budgétaires de plus en plus lourdes, ils enchaînent les plans d’économies.

En théorie, la recette devrait être simple : pour augmenter leur chiffre d’affaires, il leur suffit d’accueillir plus de patients. En effet, depuis 2005, leur rémunération est fonction de leur activité : c’est la fameuse tarification à l’activité (T2A). Les établissements hospitaliers sont devenus un peu comme les médecins libéraux : plus ils accueillent de patients, plus ils gagnent d’argent.

Pour ses promoteurs, la T2A permet de stimuler les hôpitaux et de les inciter à l’efficacité. Ses détracteurs, à l’instar du médiatique professeur André Grimaldi, voient au contraire dans ce système « un tournant politique vers la marchandisation et la privatisation de la santé ».

Un manuel de 1 600 pages

 


Des sièges dans la salle d’attente d’un hôpital (JIhopgood)

 

Au-delà de la polémique, une chose est sûre : la T2A est une véritable usine à gaz. Seuls des spécialistes peuvent la comprendre, et elle nécessite un lourd travail de traitement de l’information. Chaque acte médical effectué par l’hôpital, chaque geste clinique, chaque cas de figure doit être répertorié et tarifé.

Il y a plus de 2 500 « groupes homogènes de malades », inventoriés dans un gros manuel en trois volumes et plus de 1 600 pages. A chacun de ces groupes correspond un tarif :

  • par exemple, un hôpital public qui soigne un « trouble sévère de la lignée érythrocytaire, âge supérieur à 17 ans, niveau 2 » facturera 2 257 euros à la caisse d’assurance maladie ;
  • une « intervention sur la hanche et le fémur pour traumatismes récents, âge supérieur à 17 ans, niveau 4 » sera quant à elle facturée 11 817 euros.

Il y a bien sûr des complications : pour bien facturer, il ne suffit pas de connaître par cœur les 1 600 pages du manuel. Il faut aussi maîtriser les notions de seuil haut, seuil bas, de forfait journalier...

En interne, la complexité de la T2A est gérée par les départements de l’information médicale (DIM). Ces services sont chargés de vérifier que le médecin qui a traité le patient et encodé son acte dans le système informatique ne s’est pas trompé. Mais les DIM doivent aussi éviter de faire payer à la Sécurité sociale des actes indus : les caisses d’assurance maladie veillent au grain et opèrent de fréquents contrôles !

Marché florissant

Le travail d’encodage au quotidien est donc effectué par les hôpitaux eux-mêmes. Mais l’optimisation de la facturation nécessite quant à elle de faire appel à des compétences extérieures, notamment en informatique. Il s’agit d’un marché florissant, et les sociétés de conseil se multiplient : T2A Conseils, Altao, T2A Consultants et leurs concurrents recherchent activement des « médecins DIM », ces spécialistes capables de tirer un bénéfice maximal du travail médical déjà effectué par leurs confrères.

Il est difficile de se faire une idée de la rémunération de ces entreprises. Mais une chose est certaine : quels que soient leurs tarifs, ils sont inférieurs aux ressources supplémentaires que l’hôpital espère obtenir des caisses d’assurance maladie grâce à leur travail. Dans le cas de l’hôpital de Saint-Malo, le CISS estime que le cabinet qui a optimisé la facturation de l’établissement lui a permis de récupérer deux millions d’euros pour la période allant de décembre 2012 à août 2013.

Voici peut-être une information qui peut intéresser les députés, qui doivent voter cette semaine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale...

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:57
En images 28/10/2013 à 16h48
Le petit problème d’Amazon résumé en un graphique
Clément Guillou | Journaliste Rue89

 

 


Capture d’écran : chiffre d’affaires (en bleu) et bénéfice (en jaune) d’Amazon depuis 2009 (Statista.com)

 

Un graphique réalisé par Statista illustre les performances récentes du géant de la vente en ligne Amazon. N’importe quelle entreprise rêverait d’avoir la même courbe bleue pour illustrer son chiffre d’affaires. Une forte progression, régulière, avec des pics au quatrième trimestre, celui des fêtes.

Mais n’importe quelle entreprise « normale » aurait le couteau sous la gorge avec la courbe jaune, celle des bénéfices. Depuis 2010, Amazon n’a jamais annoncé de bénéfice substantiel sur un trimestre. Vendredi, l’entreprise a encore annoncé une perte de 41 millions de dollars pour le troisième trimestre.

C’est simple : tout ce que Jeff Bezos, PDG d’Amazon, gagne, il s’arrange pour le dépenser. Slate.com résume l’affaire avec humour : « Jeff Bezos est comme le roi Midas à l’envers, il transforme l’or qu’il touche en autre chose ».

« Le trimestre à venir posera peut-être à l’entreprise son plus grand défi jusqu’à présent, puisqu’Amazon est presque certain de voir ses revenus atteindre un record historique grâce aux fêtes. Mais en ce qui me concerne, j’ai confiance en Bezos pour trouver un moyen de tout dépenser jusqu’au dernier centime. Cette homme est passé maître dans l’art de ne pas gagner d’argent... »

+220% en trois ans, sans bénéfice

Malgré cette courbe jaune rectiligne, il en est une autre qui n’en finit plus de monter : celle du cours de l’action Amazon. Wall Street est toujours amoureux de Jeff Bezos et a réagi favorablement aux résultats présentés vendredi. Depuis la mi-2010, l’action a gagné 220% sans engranger de bénéfice substantiel. C’est une évolution paradoxale et sans doute unique au monde. Mais elle s’explique.

Benedict Evans, analyste basée à Londres et interrogée par le New York Times :

« Bezos a décidé de faire d’Amazon le vendeur le plus gros, le plus puissant et le plus profitable sur terre dans vingt ans. N’importe qui pourrait en faire une entreprise profitable aujourd’hui. »

Amazon investit massivement depuis plusieurs années à la fois pour assumer ses ventes en augmentation – entrepôts, main-d’œuvre, expansion en Asie – et pour se diversifier – liseuses, production audiovisuelle, « cloud computing », moyen de paiement. Partout où il s’installe, le géant de la vente en ligne veut briser les reins de la concurrence en vendant quasiment à prix coûtant, puis à racheter ce qu’il en reste.

Dans les milieux économiques, le débat sur la profitabilité d’Amazon est de plus en plus vif. Comme le montre Wall Street, ceux qui pensent que le revendeur sera bientôt en position de quasi-monopole et fera de gros profits sont nettement majoritaires.

Les frais de port augmentent

Mais ceux qui ne voient pas comment Amazon pourrait se sortir de ce modèle discount existent aussi. Pour gagner de l’argent, l’entreprise devra un jour abandonner l’un des éléments qui fait qu’elle écrase la concurrence : prix bas, frais de port faibles ou gratuits, excellent service après-vente.

Il est déjà en train de le faire. Aux Etats-Unis, le prix minimum pour bénéficier du port gratuit vient de passer de 25 dollars à 35 dollars. Les conditions d’envoi rapide pour les clients abonnés au service « Prime » ont aussi changé.

Lorsque Jeff Bezos aura avalé toute la concurrence et se sera attaché les faveurs des clients grâce à sa générosité apparente, « je ne pourrai plus me rendre compte que les prix augmentent car je n’aurai plus aucun élément de comparaison », relève un client chef d’entreprise cité par le New York Times.

Interrogé vendredi pour savoir quand Amazon annoncerait à nouveau des profits, le directeur financier n’a pas répondu. Il a juste dit qu’il voyait encore « beaucoup d’opportunités d’investissement ».

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:37

 

rue89.com

 

Turbulences 28/10/2013 à 14h55
Chez Ryanair, il faut payer pour être formé
Clément Guillou | Journaliste Rue89

 

 


Michael O’Leary, PDG de Ryanair, à Rome le 22 janvier 2013 (MISTRULLI LUIGI/SIPA)

C’est une année noire pour Ryanair, dont les résultats sont en forte baisse. Après les problèmes d’image, la condamnation en France pour infraction au droit social, les questions sur la sécurité des vols, c’est à nouveau le traitement des employés qui est mis en cause.

Des aspirants stewards brisent le silence dans le journal anglais The Observer, qui révèle les conditions de leur intégration dans la compagnie aérienne low-cost.

Plus de 2 000 euros pour espérer travailler

La plupart sont formés par l’agence de recrutement irlandaise Crewlink ou l’entreprise anglaise St James Management Services. Les aspirants doivent payer leur formation : soit avant, soit par déduction du futur salaire. Selon le formateur et la formule, les prix s’étalent de 1 935 à 2 849 euros.

Si les étudiants n’ont pas de bas de laine, ils choisissent logiquement de payer avec leur futur salaire, surtout que Crewlink promet qu’en cas d’échec de la formation – de six semaines –, les frais de formation ne seront pas réclamés. Pourtant, selon les informations recueillies par The Observer, les stagiaires sont souvent poursuivis par les formateurs pour payer les frais de formation, même lorsqu’ils n’ont pas été engagés.

La période d’essai d’un steward chez Ryanair est ensuite de douze mois, selon un contrat consulté par le journal. Durant cette première année, le salaire est de 13,39 livres (15,71 euros) par heure de vol, toutes les heures de travail hors vol – briefings, embarquement, débarquement, accueil des passagers, nettoyage de la cabine, escale – n’étant pas rémunérées.

Les stewards peuvent être déplacés d’une base à l’autre sans compensation et les arrêts maladie ne sont pas indemnisés, pas plus que les permanences obligatoires, plusieurs fois par mois. La première année, l’uniforme coûte 30 livres (35 euros) par mois.

La peur des représailles

Malgré tout, Ryanair trouve toujours des candidats. Alex, jeune steward espagnol, nous avait ouvert son porte-monnaie en 2012. Son salaire – en moyenne 1 310 euros net par mois – lui permettait de financer des études par correspondance.

Comme les stewards contactés par The Observer, Alex refusait de s’exprimer sur les pratiques de Ryanair ou de donner son identité par peur « d’éventuelles représailles ». Le plus ancien pilote de la compagnie a été licencié en août après avoir émis des réserves sur la politique de sécurité de Ryanair à la télévision britannique.

Tandis que le journal assure que beaucoup de stagiaires sont virés durant la période d’essai, un porte-parole de Crewlink assure que plus de 95% d’entre eux sont toujours en poste après six mois. Sur les conditions de travail, il ajoute :

« Si les gens n’aiment pas les conditions contractuelles, ils sont libres de partir quand ils le veulent. »

Ryanair en mission de reconquête

La formule rappelle la réaction de Michael O’Leary, excentrique patron de la compagnie, lorsqu’on lui rapportait les plaintes de ses clients : « S’ils ne nous aiment pas, qu’ils aillent voler ailleurs. » Celui qui est devenu l’un des hommes les plus détestés de Grande-Bretagne tout en faisant grandir Ryanair a dit un jour :

« Les gens disent que le client a toujours raison, mais vous savez quoi ? Ce n’est pas vrai. Parfois il a tort et il faut le lui dire. »

Mais depuis quelques mois, O’Leary bat sa coulpe. L’image très dégradée de sa compagnie, qui fait tout pour gonfler la note finale d’un voyage, a-t-elle joué un rôle dans les résultats décevants de l’année ? Pour la première fois depuis dix ans, Ryanair va sans doute manquer son objectif annuel.

Le PDG et la compagnie sont donc en mission de reconquête. Ryanair a réduit plusieurs frais annexes... mais seulement jusqu’à fin mars – une sorte de promo sur les taxes.

L’entreprise a aussi ouvert un compte Twitter. La semaine dernière, Michael O’Leary s’est mouillé lors d’une séance de questions-réponses via le Twitter de la compagnie. Son autodérision a dans l’ensemble été saluée – « La plus grande erreur de Ryanair ? M’embaucher » – mais il n’a pu s’empêcher de commettre quelques faux pas, en commentant la photo de profil d’une internaute ou en se comparant à Jésus et Superman.

Comme la compagnie irlandaise a de l’humour, elle a précisé que « suivre ce compte n’est pas payant ».

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:21

 

rue89.com

Témoignage 28/10/2013 à 12h30
Vendeur chez Naturalia, je suis à la fois MacGyver et Superman

Louis.

 

 


Montage : MacGyver joué par Richard Dean Anderson (TCM) et Superman joué par Dean Cain (Warner Bros.)

En promo ce mois-ci chez Naturalia :

« L’exploitation des salariés, c’est notre savoir-faire. »

Making of

Louis (prénom d’emprunt) travaille depuis plusieurs années chez Naturalia. Avant, il aimait cette enseigne spécialisée dans les produits bio. « L’ambiance était sympa, chaleureuse, familiale. » Depuis qu’elle a été rachetée par Monoprix, en 2008, Louis considère que l’expérience vire au désastre.

 

Contactée par Rue89, la direction de Naturalia n’a pas souhaité répondre aux accusations contenues dans ce témoignage. Laure Beaulieu

Promo du mois prochain :

« Le green-washing, c’est notre marque de fabrique ! »

Chez Naturalia, nous sommes en sous-effectif chronique depuis le rachat par Monoprix.

La direction exige donc que le même travail soit effectué avec moins d’employés.

Pour 36 heures par semaine payées au smic horaire, on doit donc courir dans tous les sens. On est à la fois manutentionnaires, caissiers, vigiles...

Moi, je me plains, mais il y a pas mal de nanas dans la boîte. Va soulever les cagettes de 10 kg de pommes de terre à 6 heures du mat’ quand tu fais 50 kg toute mouillée et dépoter cinq chariots conteneurs remplis à ras bord de marchandises ! Et y a pas que des colis de chips là-dedans... Sérieux, on est plus manut’ que vendeurs dans cette boîte.

Des mecs chelous et des mamies voleuses

La direction préfère parfois nous laisser seuls en magasin au lieu de recruter. Tout ou presque peut nous arriver : vols, braquages, malaises… Je vois des mecs chelous à la dentition douteuse, teint gris et poisseux, le regard mauvais et vitreux, partir avec des bouteilles de vin sous leurs vestes de pirate. Perso, je ne cherche pas à m’embrouiller avec eux. J’irai même jusqu’à les ignorer volontairement ces gars-là.

En revanche, surprendre enfin la mamie qui mange des dattes et recrache les noyaux dans nos rayons, ça c’est mon affaire ! Je me précipite sur elle, coup de tête balayette, plaquage au sol, je lui dis ses droits et torture son chihuahua pour qu’elle me confesse combien de kilos de dattes elle a engloutis depuis le temps qu’on la voit passer tous les jours au magasin pour acheter une feuille de salade.

Sachez, mesdames et messieurs les clients, que nous pouvons passer une journée de 8h45 en caisse, sans avoir de quoi s’asseoir pour soulager de temps en temps nos gambettes.

En mode pilote automatique

On vous demandera inlassablement si vous avez besoin de pain. Pitié, laissez-nous vous demander si vous en voulez, même si ça vous agace, car en caisse nous sommes en mode pilote automatique. « Bonjour » devient « au revoir », « madame » devient « monsieur ». Les gens qui « oublient » de peser leurs fruits et légumes nous irritent au plus haut point.

Il n’y a que deux techniciens (nos hommes à tout faire) pour la soixantaine de magasins de Paris et sa banlieue [78 boutiques Naturalia en France, dont 15 hors d’Ile-de-France, ndlr].

« Allô, vous êtes où les gars ? Quoin vous êtes overbookés ? Hein, vous serez dispos dans deux-trois ans ? ! »

Qui va changer l’ampoule ?

  • Solution 1 : on attend qu’on ne vienne pas à notre secours ;
  • solution 2 : on s’improvise MacGyver. Et là, c’est (parfois) le drame.

Tous les jours, nous faisons les « pertes ». C’est-à-dire : jeter les produits dont la date limite de consommation se termine le jour même et le lendemain. Donc le beau poulet bio fermier, les crèmes au chocolat bio, la pizza bio, les pavés de saumons bio et le pain bio invendu du jour iront nourrir la poubelle.

Naturalia nous interdit de récupérer les pertes encore consommables, ni même de les goûter histoire de meubler nos conversations avec « papi pinard », un habitué. Nous ne pouvons pas non plus les donner à des personnes dans le besoin (les rues de Paris n’en manquent pourtant pas).

Vive l’ambiance à la maison

Que tu veuilles une vie privée n’entre pas dans les projets de Naturalia. A ton insu, cette boîte devient ta famille. Tes plannings te sont parfois communiqués le samedi pour le lundi qui arrive. Côté horaires, c’est le yoyo.

Tu sors du magasin à 20h15, et le lendemain, à la fraîche, tu t’y repointes à 6h30 pour faire des épaulés jetés de cagettes. Parfois, ils ne respectent même pas les onze heures de battement entre deux journées de boulot. Comme ton horloge biologique, tu es complètement détraqué.

Ton gentil planning se transforme parfois en montagnes russes. Que du bonheur quand on t’annonce le jour même que tu dois te rendre à l’autre bout de Paris pour renforcer une équipe en galère.

Déphasé et usé, tu finis par préférer ton canapé au gigot de mémé le dimanche. Et tu vis mal le fait de lutter contre le sommeil et ta sciatique naissante pendant le sexe. Vive l’ambiance à la maison. Tu te surprends alors à te shooter au chocolat bon marché en intraveineuse pour oublier que tu as une VDM [vie de merde, ndlr].

Superman payé au smic

Et puis il y a ces fameux « audits ». « Ils » passent en magasin pour contrôler qu’on ne laisse pas de produits périmés en rayon. La bonne blague quand on n’a même pas le temps de faire le minimum dans une journée...

Nous avons aussi moins de temps à consacrer aux clients. Les accueillir, les conseiller. Etablir un contact et guider les « puceaux du bio ». Les fidéliser comme le voudrait tout commerçant en somme.

On comprend leur agacement. Nous devenons des deux côtés de la barrière peu respectueux les uns et des autres. Et cela n’est pas surprenant puisque Monoprix s’obstine depuis cinq ans à faire rentrer Naturalia dans une logique de grande distribution.

T’es payé au smic mais ton poste, c’est d’être Superman. Tu visualises alors ton avenir avec Monoprix/Casino et toute la fine équipe : un énorme gyrophare rouge clignote, qui hurle : « Casse-toi ! »

On avoue que tout cela cumulé, on ne parvient plus à garder le sourire H-24. Les cernes se creusent, la fatigue devient constante et l’abattement s’immisce dans notre optimisme à toute épreuve.

Mais l’enseigne s’en fiche. C’est un vrai moulin, les vendeurs vont et viennent sans avoir vraiment d’attirance pour le bio ou l’écologie, ni la vente d’ailleurs. Comme les employés de McDo. Quoi ? C’est insensé de faire une analogie Naturalia/McDo ? Pas si sûr.

 

 

AaAaAaAaAaAa
AaAaAaAaAaAa
indépendante

Bonjour
J’ai travaillé chez Bio C Bon ( concurrence directe et affichée de Naturalia)
en pensant allier mes convictions et un job alimentaire.. Je me suis vite rendue à l’évidence ; BCB est une holding comme tant d’autres dont le but est le profit, et faire du bio n’est qu’une façon de surfer sur la tendance. Résultat les légumes viennent des 4 coins du monde pour être compétitifs ( « ici on est moins cher que chez Naturalia madame ! » ) et les conditions de travail en magasin et de management sont absolument déplorables , très similaires à celles décrites chez Naturalia. Pour être passée brièvement chez Monoprix, je confirme que le salarié n’a qu’un seul droit : se taire et un devoir : supporter.

Bref, je suis donc partie écoeurée de chez Bio C Bon, après divers accidents, agressions, menaces de mort et j’en passe suite auxquels nos pétitions, demande d’aide à la hiérarchie sont restés lettre morte... voilà, c’est une chaîne, c’est ni pire ni mieux que Naturalia, c’est de la grande distribution, c’est l’appât du gain qui se cache derrière une image « green ».
Ah oui, et payé le smic également, of course !

 

 

 

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      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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