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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 16:04

 

 

mediapart.fr

Espionnage : la contre-offensive des «petites mains» du net

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Confrontés aux nombreuses révélations sur les programmes de surveillance et d'espionnage des Etats et des agences de renseignement, des ingénieurs, experts et hacktivistes ont décidé de mener la contre-offensive pour protéger les libertés civiles.

La succession des révélations de programmes d'espionnage des agences de renseignement américaine et britannique ne cesse de provoquer des réactions, et des appels à la contre-offensive face à la surveillance généralisée.

Des initiatives pour « réparer internet », sécuriser la protection des données et offrir un système plus décentralisé fleurissent partout dans le monde. Des ingénieurs, experts en sécurité informatique, activistes du logiciel libre, groupes de défense des libertés civiles veulent se réapproprier l'outil qu'ils ont inventé et qui révolutionne la communication et l'échange sur la planète. 

Parmi les nombreuses initiatives, celle du rassemblement mondial de hackers OHM2013 qui s'est tenu cet été aux Pays-Bas, et lors duquel il fut largement question de whistleblowing et d'écoutes numériques. Lors de ce rassemblement, les participants ont notamment théorisé l'idée de « longue guerre » contre la censure et la surveillance.

Comme le rappelle Eleanor Saitta, membre de l'Open Internet Tools Project, interrogé par Slate, « notre principal problème, c'est la centralisation. A l'heure actuelle, un très petit nombre d'entreprises contrôle l'essentiel de nos interactions en ligne : Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft. C'est ce qui permet la surveillance et le contrôle. Notre réponse, c'est de fabriquer de nouveaux systèmes, de saper la structure centralisée, et de la remplacer par un nouvel Internet qui ne permette pas ce genre de contrôle ».

Lire sur Slate

 

 

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:57

 

 

mediapart.fr

France 5 démonte les rouages du scandale UBS

|  Par Dan Israel

 

 

 

Une percutante enquête en trois volets dévoile les mécanismes à l'œuvre dans l'affaire UBS, l'organisation de l’évasion fiscale de milliers de ses clients français. Et ses sérieuses conséquences en France.

L’attaque contre les pratiques illégales d’UBS n’a sans doute jamais été aussi spectaculaire. “La grande évasion fiscale”, un documentaire en trois épisodes diffusé ce mardi en prime time sur France 5 pour les deux premiers volets, et la semaine prochaine pour le dernier, illustre de façon frontale comment la principale banque de gestion privée suisse a organisé l’évasion fiscale de milliers de ses clients français. Le documentaire décortique aussi patiemment la guerre déclenchée par les États-Unis contre le secret bancaire suisse, suite à la mise au jour des filières américaines d’UBS pour organiser la fraude par un salarié, Bradley Birkenfeld, fin 2007. Enfin, le film de France 5 s’arrête sur l’affaire Cahuzac et ses conséquences, l’ex-ministre du budget ayant fait héberger son argent caché chez UBS à Genève.

Pas de révélations majeures dans ces trois fois 52 minutes pédagogiques et percutantes, surtout pour les lecteurs réguliers de Mediapart : l’immense majorité des informations distillées dans les films de France 5 ont été exposées, voire révélées, par notre site, au fil du dossier Cahuzac ou de notre série sur les carnets UBS. L’intérêt est ailleurs : dans le récit implacable et très bien mené des diverses facettes de cette histoire complexe, qui devient limpide au visionnage.

« Sur des sujets très compliqués de ce type, en télévision, il faut être simple et pédagogique, témoigne le réalisateur Patrick Benquet. Il faut savoir raconter des histoires, et construire une vraie dramaturgie. L’affaire UBS est tellement énorme qu’elle devient un fil conducteur facile à suivre. » Benquet sait de quoi il parle. Il est notamment le coauteur d’un excellent diptyque sur la Françafrique en 2010, qui éclairait de manière jamais vue les liens malsains unissant responsables politiques français et potentats africains.

Dans les trois volets de son enquête, le réalisateur utilise la même clé pour rendre lisible et accessible le dessous des cartes : des témoins clés. À ce titre, le premier épisode est le plus éclatant. Face caméra, posément, trois anciens salariés français de la banque déroulent leurs accusations. Parmi eux, Nicolas Forissier, l’ancien contrôleur interne d’UBS France qui a été licencié après avoir dénoncé les pratiques illicites de la banque (nous avions détaillé son cas ici, en protégeant son identité à l’époque) et qui a gagné en première instance aux prud’hommes en juin 2012, et Stéphanie Gibaud, l’ancienne responsable marketing dont nous avons détaillé le cas le mois dernier, lors de son passage aux prud’hommes.

Mais Benquet fait aussi parler, pour la première fois à visage découvert, un autre ex-salarié, Olivier Forgues, dont le témoignage est accablant. Rappelant qu’il croyait alors travailler « pour la plus belle banque au monde », ce chargé d’affaires, qui démarchait des clients français pour le compte de la filiale parisienne d’UBS, raconte comment ils étaient, lui et ses collègues, en permanence incités à adresser ces riches cibles à ses homologues suisses, experts dans l’art de dissimuler de l’argent aux yeux du fisc français.

Ces trois témoins ont été renvoyés (pour la banque, Forgues a justement tenté de cacher l’argent d’un client en Asie, ce qu’il conteste farouchement), et racontent tous être depuis écoutés, surveillés et suivis de près. Par qui ? Dans son livre Ces 600 milliards qui manquent à la France, qui a déclenché l’affaire en France et a servi de base à l’enquête de Patrick Benquet, le journaliste de La Croix Antoine Peillon désigne les services secrets français. Il répète ces accusations dans le film.

 

 

Les faits égrenés par les trois anciens employés de la banque, calmes et sûrs de leur fait, créent un effet implacable. « Leur récit est traité à la façon d’un polar, précise le réalisateur. Ce sont des héros qui sont devenus des victimes. » Pendant de longs mois au moins, le temps que leurs accusations commencent à être relayées, et crues. Aujourd’hui, eux et les documents qu’ils ont accumulés sont au cœur des enquêtes menées par la justice et les douanes sur les pratiques de la banque. Il est tout à l'honneur de France 5 de mettre leur témoignage en valeur... y compris par une campagne de presse en forme de clin d'œil pour vanter son programme.

Le “verrou de Bercy”, exception française

Le 31 mai dernier, UBS France a été mise en examen pour complicité de démarchage illicite, et placée sous le statut de témoin assisté pour les qualifications de blanchiment de démarchage et de blanchiment de fraude fiscale. Trois anciens cadres de la banque, dont l’ex-directeur général, l'avaient déjà été. Une semaine plus tard, c’est la maison-mère suisse, UBS AG, qui est mise en examen pour démarchage illicite. Le 26 juin 2013, l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme des banques, a infligé à la banque la plus forte amende de son histoire. Dix millions d'euros, assortis d’un blâme, pour son « laxisme » dans la mise en place du contrôle des pratiques de ses salariés.

Comme l’a relevé l’AFP, dans son dernier rapport sur ses résultats trimestriels paru il y a quelques jours en Suisse, la banque indique que « dans certains cas, le groupe pourrait s'engager dans la voie d'accords négociés », dans le cadre des poursuites judiciaires déclenchées en France et en Suisse. Dans l’Hexagone, UBS serait-elle prête à plaider coupable pour éviter d’être trop mise sur le gril ? C’est la voie qu’elle avait choisie aux États-Unis, en acceptant en 2009 de payer 780 millions de dollars d’amende et de livrer au fisc des détails sur 4 450 de ses clients américains. Un épisode qui a conduit le responsable juridique de la maison-mère à livrer de spectaculaires excuses devant le Sénat américain, le 17 juillet 2008.

Cette solution est loin d’être avancée officiellement du côté d’UBS France. Interrogé par le documentariste, après six mois de patience, son président Jean-Frédéric de Leusse balaye les accusations de ses anciens salariés, et menace même… de les poursuivre en justice ! Une séquence qui rendrait aujourd’hui la banque assez nerveuse. France 5, elle, a tout fait pour ne pas être attaquable juridiquement, en pesant scrupuleusement chacun des mots employés dans le documentaire.

Dans son enquête, Patrick Benquet reprend des routes explorées deux mois auparavant par Arte, pour comprendre pourquoi et comment la Suisse est devenue « ce petit pays qui vit de l’argent caché des autres ». Il croise donc lui aussi l’universitaire et ex-politique genevois Jean Ziegler, poil à gratter de la confédération, qui reprend, parfois au mot près, le discours assassin qu’il a développé sur Arte à propos de son pays. Parmi les autres personnages clés de l’enquête, on retrouve… Fabrice Arfi, le journaliste de Mediapart à l’origine des révélations sur le compte caché de Jérôme Cahuzac.

Notre confrère a largement l’occasion de développer les raisons pour lesquelles notre site condamne le maintien du « verrou de Bercy », cette exception française qui réserve au ministère de l’économie le monopole du déclenchement des poursuites pénales en matière de fraude fiscale. La loi qui aurait permis de faire sauter ce verrou, mais qui fait l’impasse sur la question, est votée solennellement le jour même de la diffusion du film de France 5. Ce travail impressionnant ne devrait pas faire vaciller les certitudes de nos responsables politiques sur la question. « Je ressors de plus d’un an de travail avec un grand pessimisme, constate Benquet. Cette enquête est démoralisante quant à la volonté ou la capacité de nos élites de changer le système. »

 

Lire aussi

 

 


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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:47

 

 

mediapart.fr

Les contrats passés par “Monsieur PV” intriguent le ministère de l’intérieur

|  Par Stéphanie Fontaine

 


À la tête de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), Jean-Jacques Debacq n'a pas seulement fait payer par son administration les contraventions visant son véhicule de fonction. Le préfet savait vraisemblablement se montrer généreux avec ses prestataires. En particulier avec la société Atos, aujourd'hui dirigée par l'ancien ministre Thierry Breton. Le ministère enquête.

Depuis quelques jours, c'est la panique au sein de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), l’énorme machine à PV du ministère de l’intérieur. Un mois après nos révélations qui ont entraîné la démission de son directeur, le préfet Jean-Jacques Debacq, qui faisait payer par son administration des contraventions écopées avec son véhicule de fonction, l'Antai reste visée par une enquête administrative. « Un rapport, adressé au ministère de l'intérieur (…) laisse supposer des dysfonctionnements dans la gestion de cet établissement public », a annoncé, jeudi dernier, le ministère de l'intérieur dans un communiqué.

Le rapport s'interroge notamment sur les relations entre l'agence et l'un de ses principaux prestataires, a expliqué une source proche du dossier à l'AFP. Ce sont justement les nouvelles découvertes de… Mediapart qui ont fait naître ces suspicions. Car les marchés passés depuis l'instauration du “contrôle sanction automatisé” (CSA) en 2003, en particulier le dernier signé fin 2011, avec la société Atos, dirigée aujourd'hui par l’ancien ministre Thierry Breton, soulèvent bien des interrogations.

Le bordereau de prix du dernier contrat, qui s'élève à plus de 247 millions d'euros sur quatre ans, laisse ainsi apparaître des tarifs vertigineux sur certaines prestations. Ceux qui, en interne, connaissent par exemple le coût de développement du portail internet de l'Antai n'en reviennent toujours pas. Selon les documents comptables officiels obtenus par Mediapart, l’État a ainsi déboursé plus de 1,7 million d’euros pour un site web, surtout informatif et de facture relativement simple, lancé il y a un an.

 

Bordereau comptable de l'Antai.  
Bordereau comptable de l'Antai. © DR

L'Antai affirme qu'il s'agissait de rémunérer « un service complexe avec de fortes protections informatiques ». Or, selon des devis réalisés pour les besoins de notre enquête par trois agences spécialisées (Axe-Net, Golden Market et Studio Vitamine), sa confection est évaluée à environ… 20 000 euros. Au mieux, en imaginant que certaines pages soient connectées à une énorme base de données, la facture aurait pu grimper jusqu'à 200 000 euros, selon les estimations les plus hautes (sans compter, certes, l'hébergement).

Quant à l'arrivée hypothétique – puisque tributaire d'une évolution législative – de « la possibilité d'utiliser le portail pour contester une contravention », comme l’invoque l’Antai, elle ne justifie guère plus pareille dépense. Il est même curieux de nous avoir précisé que ce prix devait « être mis au regard des économies considérables que va générer la dématérialisation des contestations ». Et que « si cette dématérialisation n'aboutissait pas, le coût du site serait revu à la baisse ». Et pourquoi n'avoir pas plutôt prévu de revoir à la hausse son tarif, dans le cas où les évolutions espérées auraient pu voir le jour ?

 

Le préfet Jean-Jacques Debacq, directeur de l'Antai, au ministère de l'intérieur 
Le préfet Jean-Jacques Debacq, directeur de l'Antai, au ministère de l'intérieur© DR

Au-delà du prix du site web de l'Antai, ce sont les dimensions d'un gigantesque contrat dit “CNT3” qui posent aujourd’hui question. Pourquoi ne l'avoir pas découpé en plusieurs lots, comme cela est l’usage ? Peut-être pour être sûr que ce soit bien Atos qui l'emporte, comme nous l'ont expliqué plusieurs sources ?

Des propositions de lotissements ont pourtant bien été suggérées en interne au préfet Debacq. Et le déploiement des nouveaux procès-verbaux électroniques (PVe) aurait par exemple pu faire l'objet d'un marché à part entière, tout comme le développement du portail internet. Il n’en fut rien. Le désormais ex-directeur de l'Antai, “Monsieur PV”, ne voulait rien entendre de tout cela. Et, au bout du compte, Atos (plus précisément sa filiale Atos Worldline) s'est bel et bien retrouvé seul en lice.

Le climat est à ce point à la suspicion désormais que certains fonctionnaires du ministère de l'intérieur ont surnommé l'Antai « Atosland », tant la société au chiffre d'affaires de plus de 8,8 milliards d'euros en 2012 paraît y régner en maître. De fait, pour faire tourner la boutique, Atos n'a pas seulement du personnel en poste au Centre national de traitement de Rennes (CNT), là où sont gérés tous les messages d'infraction (Mif) relevés aussi bien par les radars automatiques que les PVe, en plein essor depuis deux ans. Elle est aussi présente au siège même de l'Antai, à Paris. Si bien qu'elle « entend tout, voit tout, sait tout », ont reconnu certains de nos interlocuteurs. Même les propres secrétaires du préfet Debacq – des intérimaires, certes – ont pu être un temps payées par Atos.

Surtout, la société de Thierry Breton n'hésiterait pas à vendre très cher les évolutions du système de contrôle automatisé qu'il est sans cesse nécessaire de réajuster via des “DDC”, pour « demandes de changement ». Des “DDC” qui correspondent en effet à autant d'avenants ajoutés au marché initial de 247 millions d'euros. Au 15 octobre 2013, selon le décompte officiel que nous a remis l'Antai, déjà près de 3 millions d'euros ont ainsi été dépensés en plus. Et sur la totalité du marché précédent (dit “CNT 2”), évalué à plus de 333,6 millions d'euros, les “DDC” ont tout de même représenté quelque 12 millions d'euros supplémentaires.

Un juteux marché

Or, selon nos informations, le préfet Debacq était loin de freiner les ardeurs d'Atos. Bien au contraire, il lui arrivait de les encourager. Comme en évoquant il y a peu une enveloppe budgétaire de quelque 10 millions d'euros qu'il avait à dépenser cette année…

La veille de sa démission, le 7 octobre, autre fait marquant qui atteste de sa générosité : un mail échangé entre les responsables d'Atos en charge de ce marché “CNT 3”. Dans ce message, on peut lire : « Merci de présenter toutes ces DDC (jointes un peu plus loin – ndlr) au préfet ce jour. » Et avec cette précision plus tôt dans la conversation : « Certaines d'entre elles viennent de vous parvenir, mais vous comprendrez l'urgence. » En effet, depuis nos révélations le 1er octobre, il était quasi assuré que Jean-Jacques Debacq était sur le départ. Mieux valait vite en profiter.

 

Mails échangés entre salariés d'Atos. Cliquer pour agrandir. 

Depuis quand Atos bénéficie-t-elle d’autant de faveurs ? Plusieurs sources expliquent que c’est en 2008-2009 que la situation a changé. Jean-Jacques Debacq est alors à la tête de ce que l'on appelle la DPICA (Direction du projet interministériel contrôle automatisé), l'ancêtre de l'Antai, depuis 2006. Or, coïncidence ou pas, Thierry Breton, ministre de l’économie de Jacques Chirac – président sous lequel le contrôle automatisé a donc été mis en place, avec Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l’intérieur –, débarque chez Atos en 2008 et en devient PDG en 2009.

 

Thierry Breton, ancien ministre, aujourd'hui à la tête d'Atos.  
Thierry Breton, ancien ministre, aujourd'hui à la tête d'Atos. © Reuters

Ce dernier, que nous avons contacté, affirme qu'il « n'a jamais eu, à son niveau, à connaître de marchés publics dans l'exercice de ses fonctions ministérielles », ni « aucun souvenir d'avoir rencontré M. Debacq à l'époque où il était ministre ». Depuis, c'est sûr, il a forcément eu l'occasion de le croiser, et ce très vite après son arrivée à la tête d'Atos. Comme pour l'inauguration des nouveaux locaux du CNT, le 23 juin 2009 où il y est photographié par le journal Ouest France.

Une photo sur laquelle on peut remarquer aussi la présence du procureur Hervé Pavy (debout, complètement à droite), qui dirigeait le parquet de Rennes et accessoirement les officiers du ministère public du CNT, en charge des poursuites des contrevenants. Hervé Pavy qui, pour son cadeau de départ à la retraite, à la fin de 2010, s'est vu offrir une tablette numérique, payée là encore par… Atos ! Par « des salariés », a souhaité préciser la société de Thierry Breton.

Il faut tout de même se rappeler que 2010 est l'année durant laquelle les tablettes commencent à débarquer sur le marché. L'iPad d'Apple y a justement fait son entrée en grande pompe et se négocie à un prix assez élevé (au moins 499 €). Il est étonnant d'apprendre que des salariés d'Atos aient pu ainsi faire preuve d'autant de générosité avec un procureur dont ils n'avaient, normalement, rien à faire...

Le préfet Debacq était-il seul responsable des étranges conditions de passation et de gestion du marché “CNT 3” ? Difficile à croire. Il s'agit en effet d'un contrat considéré comme sensible au ministère de l'intérieur. Il concerne en outre plusieurs ministères, dont ceux de la justice, de l'écologie (qui a récupéré les transports) et des finances. Les tarifs d'Atos, et même la multiplication des “DDC” en cours de contrat, ne peuvent passer inaperçus pour ceux qui veulent bien voir. Ou cela reviendrait à admettre que les marchés publics échapperaient à tout contrôle.

 

 

 

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:36

 

marianne.net

Pétition: l'appel des élus contre la privatisation des autoroutes
Mardi 5 Novembre 2013 à 05:00

 

Marianne

 

Alors que le gouvernement a mis entre parenthèses l'écotaxe. Il s’apprête à prolonger de trois ans la rente des autoroutes, Marianne lance une pétition appelant le gouvernement à renoncer à la privatisation des autoroutes. Le texte a déjà été signé par des élus de gauche et de droite.

 

MEIGNEUX/SIPA
MEIGNEUX/SIPA

 

 

cliquer ici pour signer la pétition


Premiers signataires :

Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard (députés européens, coprésidents du Front de gauche), Nicolas Dupont-Aignan (député-maire de Yerres, président de Debout la République), François de Rugy (député de Loire-Atlantique, vice-président d'Europe Ecologie-Les Verts) Emmanuel Maurel (vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, PS), Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice de Paris, PS), Jacques Myard (député-maire de Maisons-Laffitte, UMP).


Véronique Lacoste (membre du bureau national du PS), Pierre Larrouturou (membre du bureau national du PS),  


Après la vente à vil prix par l'Etat du réseau autoroutier français, qui a débuté en 2002 et s'est achevée en 2006, après la prorogation d'un an des concessions en 2011 sous un prétexte environnemental, le gouvernement Ayrault entend finaliser son plan de relance autoroutier en prolongeant une nouvelle fois, de trois ans, la durée d'exploitation de nos autoroutes par leurs actuels concessionnaires. Il reporte ainsi à 2033 en moyenne la fin des concessions dont disposent les groupes Vinci, Eiffage et Albertis. 


En contrepartie, ceux-là devraient prendre à leur charge une vingtaine de projets d'aménagement de sections autoroutières autour de grandes villes, de liaisons entre des autoroutes existantes, ou encore la mise aux normes de sections existantes. L'ensemble devrait représenter un montant de 3,7 milliards d'euros.

Lire la suite de l'appel des élus contre la privatisation des autoroutes 
 

 

cliquer ici 

 

 

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:21

 

rue89.com

Correspondance 05/11/2013 à 06h59
Les Espagnols écrivent leur colère sur les billets de banques
Zineb Dryef | Journaliste Rue89

 

 

 

Pour se faire entendre par les responsables politiques et financiers du pays, les Espagnols ont décidé de leur écrire et pour être sûrs que le message soit transmis, ils ont choisi de le faire sur leurs billets de banque.

La démarche, racontée sur Euronews.com n’a rien d’illégal et pourrait bien se révéler efficace : les billets circulent rapidement.

Sur ce billet de 50 euros :

« Ah, chers politiciens et banquiers, comme je suis sûr que ce billet finira entre vos mains, j’en profite pour vous laisser un message privé : vous êtes des voleurs et des fils de putes. »

Cet Espagnol affirme qu’il ne laissera aucun billet sans message.

 

Voir l'image sur Twitter

A partir de ahora no dejaré un billete sin nada escrito.

 

Sur ce billet de 5 euros :

« Les politiciens et les banquiers sont la honte de la Nation. »

 

 

Voir l'image sur Twitter

Mirad lo que me he encontrado escrito en un billete de 5 €

 

Retrouvez plus de billets sur Euronews.com.(*voir ci-dessous)

 

 

                                                        *****************************************

 

 

euronews.com

 

04/11 13:08 CET

 

 

  

Les Espagnols, exaspérés par la situation dans le pays, ont trouvé un nouveau moyen très original d’exprimer leur colère contre les banques et les politiques qu’ils tiennent responsables de la crise économique : ils défigurent les billets de banque en les couvrant de messages.

Ces petits graffitis, qui n’enlève rien de leur valeur légale aux billets, font leur bonhomme de chemin de poches en poches, de caisses enregistreuses en distributeurs de billets, ainsi que sur les réseaux sociaux.

L’un de ces graffeurs se demande si son message, écrit sur un billet de cinq euros, arrivera jusqu‘à Emilio Botin, le président de la Banque Santander.

 

Voir l'image sur Twitter

Mensaje al Sr Botin en un billete de 5 Euros ¿ llegara hasta el a traves de Twiter ? PROBEMOS.

 


“Les politiciens et les banquiers sont une hone à la Nation” clame un autre billet de cinq euros”.

 

 

Voir l'image sur Twitter

Mirad lo que me he encontrado escrito en un billete de 5 €


Un autre message demande à ce que quelqu’un “retourne dans le passé et fasse en sorte que les parents de Rajoy [le Premier ministre, Mariano Rajoy] ne se rencontrent jamais”.

 

Voir l'image sur Twitter

Estoy va para Rajoy jaja y mira lo q me encontrado en el billete escrito jaja

 


Cet utilisateur de Twitter promet qu’il ne laissera aucun billet sans message.
Il a écrit sur ce billet de cinquante euros : “Ah, chers politiciens et banquiers, comme je suis sûr que ce billet finira entre vos mains, j’en profite pour vous laisser un message privé…” s’en suit une belle insulte.

 

Voir l'image sur Twitter

A partir de ahora no dejaré un billete sin nada escrito.

 


Cet autre utilisateur de Twitter a trouvé ce message écrit sur un billet de dix euros qu’il a reçu avec sa monnaie dans un supermarché :

“Ce billet est de l’argent sale, s’il vous plaît, ne le laissez pas en circulation”.

 

Voir l'image sur Twitter

He hecho unas compras y me han devuelto un billete de 10€ con esto escrito:

 


Sur la photo principale “Non aux coupes budgétaires” par @albita_ulleen.

Copyright © 2013 euronews

 

 


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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:11

 

 

 

              

La lettre d’ATTAC Nîmes
 
Novembre 2013

   

Sommaire :

1/  Faîtes connaître la « lettre d’ATTAC Nîmes » !

2/ Mardi 5 novembre 2013: conférence-débat « Vous avez dit : moraliser le capitalisme ? » avec Jacques Cossart, économiste du conseil scientifique d'ATTAC France

3/ Samedi 16 novembre 2013 (St Christol les Alès) : 3es rencontres du Forum Social Local 30 (FSL30) « l'Hôpital d'Alès en Danger et au delà : Débats sur les choix de société et sur la Démocratie »

4/ Attention changement de date des réunions mensuelles du groupe ATTAC Nîmes : dorénavant le 3e mardi de chaque mois ! Prochaine date : mardi 19 novembre à 19h.

5/ Vendredi 29 novembre à 20h: rencontre-débat « Accord de libre échange transatlantique USA/Europe, quand les états se soumettent volontairement au diktat des multinationales» avec Frédéric Viale, économiste, ATTAC France.

6/ Projection-débat « les Jours Heureux » de Gilles Perret au ciné le Sémaphore avec ATTAC Nîmes : jeudi 5 décembre à 20h, A CONFIRMER !

7/ Grèce : « Ne vivons plus comme des esclaves » à voir sur le net !

8/ Loi de Programmation Militaire 2014-2019 (communiqué ATTAC France) :

9/ Pour son amie la finance, la France s’obstine à saborder la taxe Tobin européenne (ATTAC France)

10/ Université d’été d’Attac France à Nîmes : plusieurs nouvelles vidéos en ligne dont les interviews d’ATTAC TV France !

11/ A signaler : 2 nouveaux livres !

12/ Et toujours : pour recevoir les infos d’ATTAC France et les meilleurs émissions à la télé, ATTAC pour les Nuls, les lectures ATTAC, pour voir ou revoir le documentaire « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde »…

1/ Faîtes connaître la « lettre d’ATTAC Nîmes » !

Vous appréciez cette lettre d’information ?
Merci de la faire connaître autour de vous !

Pour la recevoir directement (1 à 2 par mois en général), il suffit d’en faire la demande à nimes@attac.org 

 

2/ Mardi 5 novembre 2013 - 18h30/20h30: conférence-débat « Vous avez dit : moraliser le capitalisme ? » avec Jacques Cossart, économiste du conseil scientifique d'ATTAC France

A l’IUFM, 62 rue Vincent Faïta, Nîmes

Conférence-débat de l'Université Critique et Citoyenne de Nîmes, avec Jacques Cossart, économiste du conseil scientifique d'ATTAC France

Entrée libre et gratuite, sans aucune inscription préalable.

Soirée organisée avec ATTAC Nîmes.

Thème de l'année de l'UCCN : Une morale pour notre temps ?

UCCN (Université Critique et Citoyenne de Nîmes) Contact : uccn@laposte.net Programme 2013-2014 des conférences, archives sur :http://unipop.nimes.free.fr

Plus d’infos et le flyer de présentation : http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article940

  

3/ Samedi 16 novembre 2013 (St Christol les Alès) : 3es rencontres du Forum Social Local 30 (FSL30) « l'Hôpital d'Alès en Danger et au delà : Débats sur les choix de société et sur la Démocratie »

 

Samedi 16 novembre 2013 de 10h à 18h - Saint-Christol-lès-Alès, Maison pour tous

 

« Hôpital d'Alès en Danger : Débats sur les choix de société et sur la Démocratie »

 

Le FSL30 organise une journée de soutien à l'hôpital d'Alès déstabilisé par un «plan de performance», ce qui signifie, en langue de bois, que la loi du profit doit passer au mépris de celle des soins pour tous.

Quelle est cette démocratie qui produit de telles dérives à l'Hôpital, à l'Université, etc. ? Que faire ? Quelles initiatives ?

Avec la participation du Comité de défense et de promotion de la santé dans le bassin Alésien

 

Matin : témoignages, analyses, actions

Après-midi : débats

Buvette, repas sur place ou tiré du sac

Infos et flyer : http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article943

 

4/ Attention changement de date des réunions mensuelles du groupe ATTAC Nîmes : dorénavant le 3e mardi de chaque mois ! Prochaine date : mardi 19 novembre à 19h.

 

Attention changement de date : dorénavant, les réunions mensuelles du groupe ATTAC Nîmes ne se tiendront plus le 1er mercredi de chaque mois mais le 3e mardi de chaque mois.

 

Réunion du CA (conseil d’administration) d’ATTAC Nîmes : pour participer à la vie de l’association au niveau local et décider des initiatives locales.

Au 6, rue Porte d’Alès (1er étage) à Nîmes (lieu en attente de confirmation)

Réunion qui se finit en une conviviale « auberge espagnole » : chacun amène de quoi grignoter, boire un coup et on partage tout.

Ces réunions sont ouvertes à tout le monde.

 

N’hésitez pas à venir nous rencontrer, l’actualité est chargée, tous les coups de main seront les bienvenus !

 
 5/ Vendredi 29 novembre à 20h: rencontre-débat « Accord de libre échange transatlantique USA/Europe, quand les états se soumettent volontairement au diktat des multinationales» avec Frédéric Viale, économiste, ATTAC France.

Au centre Pablo Neruda (Salle 2), Place Hubert Rouger à Nîmes

 

Le "Grand Marché transatlantique" ou TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement) ou  TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) ou encore PTCI (Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement) est le nouveau venu qui prend place dans la longue série des tractations pour des accords de libre-échange.

 

Depuis une trentaine d'années, des accords, négociés par les gouvernements successifs, tant au niveau européen qu'au niveau mondial, ont entrepris de remettre en cause toutes les avancées sociales et humaines acquises au fil des luttes. Les traités européens, les accords de l'OMC, les choix du FMI ont tous eu pour finalité de subordonner les droits fondamentaux des peuples à la circulation des marchandises et à la finance.

Une ultime étape dans la destruction finale de ce modèle de société est sur le point d'être franchie. Avec le soutien de tous les gouvernements de l'Union européenne, une grande négociation est menée depuis le 8 juillet par la Commission européenne avec les USA. Le mandat de négociation, soutenu par le gouvernement français, est clair : il s'agit de confier la définition des règles au secteur privé en lui donnant la capacité de remettre en cause nos législations et règlementations dans tous les domaines où les firmes privées considèreront que ces normes constituent une entrave à leurs profits : normes salariales, sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales… Ces négociations ont pour objet la mise en place du Grand Marché Transatlantique (GMT).

 

Alors, concrètement, le GMT, qu'est-ce que c'est ? C'est prévu pour quand ? Comment l’Union européenne et les USA devront faire converger leurs réglementations à tous les niveaux. Quelles conséquences écologiques, sociales, démocratiques  pour l’Europe ? Quelles conséquences sur nos vies ?...

 

Plus d’infos : http://www.france.attac.org/dossiers/quest-ce-que-tafta

 

Et http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article942

6/ Projection-débat « les Jours Heureux » de Gilles Perret au ciné le Sémaphore avec ATTAC Nîmes : jeudi 5 décembre à 20h, A CONFIRMER !

La soirée est en train de s’organiser…confirmation de la date et précision de l’intervenant-e sous peu dans votre prochaine lettre d’ATTAC Nîmes ou dans le programme du Sémaphore.

 

Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à tous les partis politiques, tous les syndicats et tous les mouvements de résistance vont changer durablement le visage de la France. Ils vont rédiger le programme du Conseil National de la Résistance intitulé magnifiquement : « Les jours heureux ».

Ce programme est encore au cœur du système social français puisqu’il a donné naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises, etc.

Plus d’infos sur le film : http://lesjoursheureux.net/

Et chez Mermet

7/ Grèce : « Ne vivons plus comme des esclaves » à voir sur le net

Pour les personnes qui n’ont malheureusement pas pu participer à cette très intéressante et enthousiasmante soirée du 3 octobre (organisée par ATTAC Nîmes et la Fédération Anarchiste) en présence du réalisateur Yannis Youlountas et de deux militants athéniens apparaissant dans le film, ou pour les autres qui veulent revoir le film ou le faire connaître, il vous est possible de le visionner ici :

http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article944

 

Synopsis du film:

Venu des catacombes grecques de l’Europe, un murmure traverse le continent dévasté : « Ne vivons plus comme des esclaves » (prononcer « Na mi zisoumé san douli » en grec). Sur les murs des villes et sur les rochers des campagnes, sur les panneaux publicitaires vides ou détournés, dans les journaux alternatifs et sur les radios rebelles, dans les lieux d’occupation et d’autogestion qui se multiplient, tel est le slogan que la résistance grecque diffuse, jour après jour, et nous invite à reprendre en choeur sur les mélodies de ce film. Un grand bol d’air frais, d’enthousiasme et d’utopies en marche, venu de la mer Égée.

Rappel : « Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance »

http://www.france.attac.org/articles/plans-de-sauvetage-de-la-grece-77-des-fonds-sont-alles-la-finance

8/ Loi de Programmation Militaire 2014-2019 (communiqué ATTAC France) :

 

Loi de Programmation Militaire 2014-2019 :
- Sanctuarisation du nucléaire
- Privatisation des industries d’armement
- Maintien des opérations extérieures
- Cadre de l'OTAN toujours dominant
- Surveillance renforcée
- Impunité des militaires

 

La loi de programmation militaire est débattue au Parlement. Malgré la crise, les restrictions budgétaires et les coupes sombres dans les Services Publics, les moyens de la guerre seront préservés pour les six prochaines années : constants jusqu'en 2016, ils doivent augmenter ensuite progressivement, jusqu'à + 3,6 % en 2019 : l'austérité ne concerne pas toutes les dépenses.

La suite : http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article945

 9/ Pour son amie la finance, la France s’obstine à saborder la taxe Tobin européenne (ATTAC France) :

Par la voix de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et représentant français au Directoire de la BCE, les autorités françaises ont renouvelé leur assaut contre le projet de taxe Tobin élaboré par la Commission européenne. Sous l’influence du lobby bancaire, le gouvernement français semble décidé à l’épreuve de force avec le commissaire Semeta, dont le projet, selon M. Noyer, « n’est pas viable et doit être entièrement revu ». S’il n’intervient pas rapidement pour ramener Bercy et la Banque de France à la raison, François Hollande confirmera que la France a décidé de saborder la taxe Tobin européenne. 

La suite : http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article946

10/ Université d’été d’Attac France à Nîmes : plusieurs nouvelles vidéos en ligne dont les interviews d’ATTAC TV France !

Les toutes dernières courtes interviews d’ATTAC TV France (souvent de 2 à 4 minutes) :

http://local.attac.org/attacnimes/spip.php?article919

 

Vous y trouverez notamment celles-ci :

 

Dénoncer le chantage à la dette / Eric Toussaint dette publique
L'altermondialisme aujourd'hui / René Passet
Se mobiliser pour une taxe sur les transactions financières / Dominique Plihon
La crise européenne en film d'horreur - Cédric Durand
Suspendre le paiement de la dette, c'est possible ! Éric Toussaint
Les sentiers de l'utopie - Isabelle Frémeaux et John Jordan
Le rôle et l'influence des lobbies en Europe / Susan George
Traité transatlantique : les multinationales à la manoeuvre / Susan George
Ruptures et transitions, le temps est venu ! / Geneviève Azam
Traité transatlantique et enjeux climatiques / Geneviève Azam
Le débat sur l'Europe en Allemagne / Peter Wahl
Retraites : des alternatives à l'austérité existent / Annick Coupé
Le droit à l'information, une exigence démocratique - Edwy Plenel
Se mobiliser pour défendre nos retraites ! / Jean Marie Harribey
Les dangers de l'accord de commerce Union européenne - États-Unis / Aurélie Trouvé

11/ À signaler : 2 nouveaux livres !

 

Petit manuel de la transition, pour toutes celles et ceux qui aimeraient mais doutent qu’un autre monde soit possible (ATTAC) :

 

L’Europe est au bord du gouffre et la planète ne va guère mieux. Licenciements, montée du chômage et de la pauvreté, austérité, spéculation, pollutions, dérèglement du climat, démocratie en berne… le néolibéralisme va de crise en catastrophe.

Il est grand temps de bifurquer ! De rompre résolument avec ce capitalisme débridé, intrinsèquement inégalitaire et productiviste. D’engager la transition écologique et sociale. De remettre la démocratie au poste de commande.

Dans ce « Petit manuel de la transition » publié aux éditions Les liens qui libèrent, Attac met en débat une multitude de solutions concrètes pour changer de modèle et propose :

  • une cible : l’hégémonie de la finance ;

  • un objectif qui est aussi un instrument : la prise de pouvoir des citoyens sur leur vie ;

  • une méthode : la construction de convergences entre les mouvements sociaux, du local au global.

Les propositions présentées dans ce nouvel opus s’inscrivent dans un choix de société qui pose les bases d’une véritable émancipation humaine. Du local au global, à court terme ou à plus long terme, elles s'articulent autour de 6 grands thèmes : mettre au pas la finance ; refuser la menace de la dette, l’austérité et la compétitivité ; engager la transition écologique ; relocaliser ! ; aller vers la justice sociale et l’égalité réelle ; en finir avec l’oligarchie, étendre et approfondir la démocratie.

 

« Petit manuel de la transition », Editions Les liens qui libèrent, sortie en librairie : septembre 2013, 96 pages. Prix public 6€.

 

Changer l’Europe ! (les économistes atterrés)

 

Les Économistes atterrés l’ont largement démontré : avec la mise en oeuvre du Pacte budgétaire et l’accentuation des politiques d’austérité, la construction européenne est sérieusement en danger.

Ceci n’est pas une fatalité. Dans Changer l’Europe !, les « Atterrés » formulent un ensemble de propositions novatrices pour remettre l’Europe sur ses pieds. Ils développent et confrontent ainsi les multiples solutions qui s’offrent aux Européens dans des domaines aussi essentiels que l’emploi, la fiscalité, la transition écologique, la politique industrielle, le rôle des banques, l’égalité hommes-femmes, la réforme de la Banque centrale européenne, l’euro ou encore le fédéralisme…

Dans tous ces domaines, des voies alternatives existent et il est urgent de les emprunter.

À l’heure où se préparent les élections européennes, les « Atterrés » s’invitent ainsi dans le débat en mettant entre les mains des citoyens des propositions destinées à ouvrir de nouvelles perspectives au service de la démocratie et de la solidarité européennes.

Depuis 2010, ce collectif d’économistes et de citoyens, auteur du fameux Manifeste d’économistes atterrés (édition LLL), se donne pour but d’impulser la réflexion collective et l’expression publique des économistes qui ne se résignent pas à la domination de l’orthodoxie néo-libérale. Réunissant plus de 2000 membres, ils forment aujourd’hui un courant vital à la réflexion économique qui s’oppose à la pensée unique et éclaire le débat public sur la nécessité d’autres politiques.

 

Prix public 22 €.

12/ Et toujours :

> Pour recevoir directement la lettre d’ATTAC Nîmes (1 à 2 par mois en général), merci de nous le demander en écrivant à nimes@attac.org

> Pour recevoir les infos d’ATTAC France :

Il existe 2 listes auxquelles vous pouvez vous inscrire :

 > La Lettre générale :

Liste de diffusion générale d'Attac France. Vous recevrez directement les communiqués, déclarations et autres informations de l’association (en moyenne 3 à 4 messages par semaine).

 > La lettre du Conseil Scientifique :

Lettre d’information mensuelle sur les travaux du Conseil Scientifique d’Attac France et de ses membres.

Pour s’inscrire : http://www.france.attac.org/newsletter/subscriptions

 

> Pour recevoir une sélection des meilleurs documentaires et films (pour qui n’a pas encore jeté sa télé…)

Super initiative prise par un copain d’ATTAC Isère - St Marcellin : inscrivez-vous et vous recevrez une sélection des meilleurs documentaires et films programmés à la télé.

Pour s’inscrire, rien de plus simple : https://list.attac.org/wws/subscribe/cinema.attac38

 

 > Les lectures ATTAC :

Les dernières parutions :

Petit manuel de la transition, pour toutes celles et ceux qui aimeraient mais doutent qu’un autre monde soit possible (ATTAC) NOUVEAU !

Changer l’Europe ! (les économistes atterrés) NOUVEAU !

Leur dette, notre démocratie (ATTAC)

Le féminisme pour changer la société (ATTAC – Fondation Copernic)

La richesse, la valeur et l'inestimable - fondements d'une critique socio-écologique de l'économie capitaliste (Jean-Marie Harribey)

L’Europe mal-traitée (les économistes atterés)

La nature n’a pas de prix ! Les méprises de l’économie verte (ATTAC)

15 idées reçues sur la fiscalité (ATTAC)

Le piège de la dette publique, comment s’en sortir (ATTAC)

Plus d’infos et les autres livres conseillés : http://www.france.attac.org/livres

 

 > Visitez le site d’ATTAC France !

Régulièrement des nouveautés en ligne, de nouvelles courtes vidéos, interviews, communiqués…sur http://www.france.attac.org/

 

> Pour voir ou revoir le documentaire « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde » (diffusion Arte)

Depuis cinq ans, Goldman Sachs incarne les excès et les dérives de la spéculation financière. Anatomie d’un pouvoir qui ne connaît ni frontières ni limites et menace directement les démocraties.

La suite et le documentaire ici : http://local.attac.org/attac30/spip.php?article914

 

> Changer de banque ?

Les banques françaises au banc d’essai par ATTAC et les Amis de la Terre :

http://www.france.attac.org/articles/les-banques-francaises-au-banc-dessai

Synthèse du rapport :

http://www.france.attac.org/sites/default/files/synthese_rapport_banques_20111.pdf

 

> « ATTAC pour les Nuls » par notre groupe local.

En ligne ici : http://local.attac.org/attac30/spip.php?article893

N’hésitez pas à le faire connaître !

 

> Quelques bonnes sources d’informations :

 

% Deux blogs à suivre de près :

Blog de Jean-Marie Harribey (ex-co-président d’ATTAC France, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC France et co-président des Economistes Atterrés) : http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/

Il vient de sortir un nouveau livre « La richesse, la valeur et l'inestimable - fondements d'une critique socio-écologique de l'économie capitaliste »

 

Blog de Jean Gadrey (économiste, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC France et auteur de « Adieu à la croissance ») : http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/

% BASTA ! sur bastamag.net !

Inscrivez-vous pour recevoir la lettre mensuelle de Basta (inscription gratuite mais soutien possible). De très bons articles sur les questions environnementales et sociales, à découvrir d’urgence si ce n’est déjà fait !

http://www.bastamag.net/

Par exemple, la dernière livraison d’octobre : http://www.bastamag.net/newsletter197.html

 

% Rezo.net :

Une sélection des meilleurs articles de la presse, des blogs, des dépêches…

http://rezo.net/

 

% Politis :

Hebdomadaire qui est aussi un des membres fondateurs d’ATTAC.

Dans toutes les bonnes librairies ou sur le net sur abonnement.

http://www.politis.fr/

 

% Emission radio « là-bas si j’y suis » (France inter – Daniel Mermet) :

Toutes les émissions depuis 2002 à retrouver sur ce site : http://www.la-bas.org/

Classement par date, par thème, par popularité,…une mine d’informations !



       
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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 18:33

 

 

mediapart.fr

La planète, la modernité et nous (2/4). Philippe Descola: «D’autres manières de composer des mondes»

|  Par Joseph Confavreux et Lucie Delaporte

 

 

Quelles perspectives politiques s’offrent à une humanité entrée dans l’anthropocène – cette nouvelle ère géologique engendrée par l’impact de l’action de l’homme sur la planète ? L’anthropologue Philippe Descola invite à refonder nos cadres conceptuels, qui reposent sur la dichotomie entre “Nature” et “Culture”. Parce que notre universalisme est devenu trop étroit pour appréhender ce qui nous arrive, il doit être repensé afin de « le rendre plus hospitalier à d’autres manières de composer des mondes ».

Les sciences sociales en général, et l’anthropologie en particulier, sont-elles encore en capacité d’aider à penser et changer le monde, et à s’émanciper d’un sentiment d’impuissance politique de plus en plus prégnant ? Pour Philippe Descola, qui a succédé à Claude Lévi-Strauss à la chaire d’anthropologie du Collège de France, « tant l’approche utilitaire que l’approche critique me semblent manquer la cible de ce que les sciences sociales peuvent apporter à l’indispensable transformation de notre présent mode de vie ».

Ceux qui, de l’extérieur, envisagent ces sciences comme un ensemble de savoirs permettant de diagnostiquer les dysfonctionnements des corps sociaux, voire de fournir des solutions pour les réparer, font l’impasse sur l’impuissance de celles-ci à répondre à des questions dont elles n’ont pas elles-mêmes construit l’objet. Philippe Descola, lors de son discours de remise de la “médaille d’or” du CNRS, soulignait que « cela ne signifie pas, bien sûr, que les anthropologues ou les sociologues sont indifférents aux effets d’inégalité ou de domination perceptibles dans le monde contemporain, aux inquiétudes qui s’y font jour ou aux préjugés de toutes sortes qui s’y perpétuent, mais leurs façons de les problématiser ne correspondent que rarement aux idées que s’en font l’opinion publique, les responsables politiques et les décideurs économiques ».

Quant à ceux qui, de l’intérieur, valorisent une approche critique dans l’espoir de mettre en lumière « les mécanismes cachés qui conditionnent la formation de leur objet et de contribuer par cette entreprise de dévoilement à une transformation de la vie sociale vers plus de justice et de solidarité », ils ont tendance, dit Descola, « à instituer une dissymétrie considérable entre, d’un côté, le savant analyste éclairant avec la torche de la science la voie à suivre vers un futur corrigé des imperfections du présent et, de l’autre, les masses plongées dans l’ignorance des mobiles et des règles qui guident leurs actions ».

Pourtant, sans se contenter de l’impératif de connaissance, justifiant par lui-même l’existence des sciences sociales, ces disciplines, et notamment l’anthropologie, sont fécondes dans l’observation qu’elles proposent de la pluralité des modes d’existence et des « expériences de formes de vie collectives fondées sur des prémisses assez différentes des nôtres », en particulier le dualisme entre nature et culture, issu des Lumières.

 

Philippe Descola au Collège de France 
Philippe Descola au Collège de France

Pour Philippe Descola, « si des concepts comme "société", "nature", "histoire", "économie", "religion" ou "sujet" ont joué un rôle considérable dans le travail réflexif mené en Europe pour faire advenir la modernité et créer, ce faisant, un espace de positivité propre au sein duquel les sciences humaines et sociales pouvaient se déployer, ces concepts renvoient cependant à des façons d’objectiver les phénomènes caractéristiques d’une trajectoire historique que d’autres peuples n’ont pas suivies et ils doivent être traités, non comme des universaux, mais comme des expressions locales d’une forme particulière de composition du monde ».

Soucieux de proposer « une autre manière d’aborder les rapports entre nature et société », l’anthropologue demande de prendre conscience que « la vaste demeure à deux plans superposés où nous avions pris nos aises depuis quelques siècles commence à révéler ses incommodités », et que les défauts de structure de « l’édifice dualiste » apparaissent « de plus en plus manifestes à ceux qui l’occupent de façon non machinale, comme à ceux qui souhaiteraient y trouver un logement pour accommoder des peuples accoutumés à d’autres genres de demeures ».

Ces expériences alternatives sont, pour l’anthropologue, porteuses de promesses, comme « le dépassement d’une exploitation frénétique de la nature obtenue au prix du saccage des conditions de vie des générations futures, l’effacement des nationalismes aveugles et de l’arrogance prédatrice des grands États-nations et de certaines firmes transnationales, la suppression des insupportables inégalités d’accès aux ressources et notamment celles qui devraient relever des biens communs, l’exigence de donner une forme de représentation publique aux diverses sortes de non-humains auxquels notre destinée est indissolublement liée : autant de défis concrets de notre modernité qui gagneraient à être envisagés par analogie avec la façon dont les peuples qu’étudient les ethnologues construisent leur rapport au monde ».

Comment, alors, construire une « anthropologie pluraliste » susceptible de rendre compte de « cosmologies alternatives », sans ethnocentrisme, et qui ne soit pas la simple expression d’un relativisme ou d’une diversité « culturels » ? Rendre compte des « formes très diverses, mais non infinies, d’assembler les existants » n’est pas synonyme de valorisation naïve des peuples lointains, même à l’heure où le sentiment d’un divorce croissant entre la civilisation occidentale et la planète s’accroît sous l’effet des dévastations écologiques et économiques. Comme Descola l’écrit en conclusion de Par-delà nature et culture, « on aurait tort de penser que les Indiens d’Amazonie, les Aborigènes australiens ou les moines du Tibet seraient porteurs d’une sagesse plus profonde pour le temps présent que le naturalisme claudicant de la modernité tardive ».

Pour l’anthropologue en effet, « chaque type de présence au monde, chaque manière de s’y lier et d’en faire usage constitue un compromis spécifique entre des données de l’expérience sensible accessibles à tous, mais interprétées différemment, et un mode d’agrégation des existants adapté aux circonstances historiques, de sorte qu’aucun de ces compromis, pour dignes d’admiration qu’ils soient parfois, n’est à même d’offrir une source d’enseignement adéquate à toutes les situations ». L’urgente « réforme des pratiques, des mœurs et des institutions » dont le caractère indispensable est indiqué par tout ce qui nous entoure « depuis la révoltante disparité des conditions d’existence entre les pays du Sud et les pays du Nord jusqu’à la dégradation alarmante des grands équilibres de la biosphère sous l’effet de l’action humaine » exige un « universalisme renouvelé » qui s’attache à « inventer des outils analytiques moins dépendants de la conception anthropocentrique des rapports entre humains et non-humains que le naturalisme a engendrée ». Mais comment recomposer les mondes ?

« La nature n’existe pas partout et toujours »

Le projet liant, de manière indissociable, connaissance et émancipation politique, présent chez les fondateurs des sciences de la société, de Marx à Durkheim en passant par Weber et Boas, vous semble-t-il encore présent, à l’heure où la dimension planétaire des problèmes et des problématiques met en lumière les limites théoriques ou narratives de toute une partie de la recherche en sciences sociales ?  

La période actuelle est intéressante, parce que la plupart des outils des sciences sociales, hérités de l’attitude réflexive que les Lumières avaient déployée pour comprendre leur propre trajectoire historique, sont remis en cause par des chercheurs comme Bruno Latour, Luc Boltanski ou moi-même, quoique dans des perspectives différentes. Des notions comme « société », « nature », « culture », « histoire », « art », « évolution », sont utiles mais il faut les relativiser pour ne pas faire violence à la réalité des dispositifs socioculturels que l’on observe dans d’autres régions du monde, dans des sociétés où ils n’ont guère de sens, ou bien prennent un sens très différent.

 

 

C’est un projet dont on ne sait pas encore très bien ce qu’il va donner d’un point de vue politique, parce qu’il remet en cause les formes actuelles de l’action politique définies dans les projets d’émancipation du peuple, puis des peuples, entre le XVIIIe et le XIXe siècles. C’est un chantier énorme – dont on ne perçoit pour l’instant que de toutes petites avancées – mais dont je pense qu’il aboutira à un bouleversement profond de la manière de nous appréhender, nous les humains, comme des collectifs organisés en société.

La nécessité de réformer les concepts des sciences sociales vient, de façon très nette, du fait qu'on ne peut plus penser les humains séparément de ce qu'on a longtemps appelé leur environnement : un terme préférable à celui de nature, mais encore peu satisfaisant, parce que l'environnement demeure l’entourage, le décor, la toile de fond qui ne s’anime que lorsque les humains y projettent leurs fantasmes, leurs représentations, leurs catégories... Mais le réchauffement climatique ne relève pas du décor ; il rend flagrantes les interactions profondes entre les activités des hommes et le destin de la planète.

Qu’est-ce qui nous invite, ou nous contraint, à cette réforme conceptuelle ?

Tout simplement, la situation actuelle ne nous permet plus de penser ce qui nous arrive dans ce cadre-là. D’une part, nous sommes entrés dans l’anthropocène et nous ne pouvons plus nous percevoir comme indépendants des autres existants (plantes, animaux, éléments inanimés ou non…) avec lesquels nous sommes liés. De l’autre, les solutions que nous avons longtemps proposées, nous les peuples des Lumières, aux autres peuples du monde, non seulement nous ne les avons pas beaucoup mises en pratique à leur égard, mais il y a aussi un effet de rejet, et un développement de modèles alternatifs. Les formes démocratiques d’agrégations des humains proposées comme modèles par l’Occident, notamment après la Seconde Guerre mondiale et, pour des raisons bien compréhensibles, véhiculées par l’ONU ou l’Unesco, passent de plus en plus mal, parce qu’elles ne prennent pas en compte la diversité des formes locales d’assemblage. Cet universalisme-là doit être repensé pour le rendre plus hospitalier à d’autres manières de composer des mondes.

Que peut, par exemple, nous apprendre la manière dont vit le collectif des Indiens Achuar de l’Amazonie que vous avez étudiés ?

La première leçon est que la nature n’existe pas partout et toujours ; ou plus exactement que cette séparation radicale établie par l’Occident entre le monde de la nature et celui des hommes n’a pas grande signification pour d’autres peuples qui confèrent aux plantes et aux animaux tous les attributs de la vie sociale, les considèrent comme des sujets plutôt que comme des objets, et ne sauraient donc les expulser dans une sphère autonome régie par les seules procédures des sciences et des techniques. La deuxième leçon tirée de l’observation des Achuar est que l’on peut vivre sa destinée sans le secours d’une transcendance divine ou historique, les deux branches de l’alternative entre lesquelles bien des sociétés contemporaines continuent d’hésiter. La troisième serait la manière qu’a ce peuple de vivre une identité collective sans s’embarrasser d’une conscience nationale puisque les Achuar ne conçoivent pas leur ethnicité comme un catalogue de traits distinctifs qui donnerait substance et éternité à une destinée partagée. Leur existence commune ne tire pas son sens de la langue, de la religion ou du passé ; elle se nourrit d’une même façon de vivre le lien social et la relation aux peuples qui les environnent, humains comme non-humains.

Les Achuar sont une « tribu-espèce » parmi d’autres. Chaque espèce au sens large, c’est-à-dire chaque classe d’existants caractérisée par une forme et des dispositions spécifiques doit être considérée comme un sujet énonciateur, capable d’un point de vue sur le monde. Chaque classe d’êtres est ce que nous appellerions, nous, une société. Pour les Achuar, elle inclut les plantes, les animaux, les esprits…

 

Indien Achuar d'Amazonie 

En quoi ces leçons peuvent-elles dessiner une autre politique ?

Cela peut paraître folklorique, mais les luttes extrêmement dures qui sont menées à l'heure actuelle par les organisations indigènes d’Amazonie, tant au Brésil que dans la région du piémont andin, sont très intéressantes, parce qu'elles s’opposent frontalement à une conception qui est celle des révolutions bolivariennes, c'est-à-dire les Lumières transposées au XIXe siècle en Amérique latine dans un contexte encore largement féodal, avec des formes d'actions politiques qui paraissent très étranges aux gouvernants des pays d'Amérique latine, y compris des gouvernements de gauche. Que ce soit au Venezuela, en Équateur ou en Bolivie, elles font intervenir des conceptions complètement différentes de ce qu’est un territoire, du droit des occupants non-humains à y vivre, de ce qui constitue une ressource, etc. Ce qui se passe dans les Andes est aussi très intéressant. Vous avez, par exemple, des mouvements indigènes de protestation contre la création d'une mine, non pas directement parce que cela va entraîner une pollution ou aboutir à une spoliation, mais parce que la mine va attenter à l'intégrité d'un élément que, nous, nous appellerions naturel – un lac ou une rivière – mais qui, pour les communautés concernées, est considéré comme partie intégrante du collectif ; et tout ce qui affecte un membre du collectif va affecter le reste du collectif. C'est une forme d'action politique originale, parce qu'elle n'est pas fondée sur la défense des humains ou sur la défense de l'environnement, mais sur le fait que des éléments de l'environnement sont rapatriés au cœur de l’assemblée des humains pour former un agrégat sociocosmique dans lequel il devient difficile de séparer ce qui relève des intérêts humains de ce qui relève des intérêts environnementaux. Quand on regarde en détail ce qui se passe, on s'aperçoit que ces formes de revendication sont complètement différentes de celles qui ont cours, traditionnellement, dans les mouvements sociaux au sens de Touraine.

Au milieu de la déflagration environnementale que nous connaissons, vous ne prônez pas une hypothétique imitation de ces populations « plus proches de la nature », qui perpétuerait une dichotomie que vous appelez à dépasser ?

Non, bien sûr. Il y a toute une littérature, et même une industrie, du « proche de la nature », qui n'a aucun sens, parce que, quand il n'y a pas de nature, on ne peut pas être proche de la nature. C’est un contresens absolu. Au fond, le romantisme, c'est cela : la réaction à l'industrialisation, à l'urbanisation, au XIXe siècle. On fuit loin des villes, dans une communion retrouvée avec une nature idéalisée, arcadienne, stable. Mais ce n'est pas le romantisme qui va nous sortir d'affaire à présent. Il s’agit plutôt d’introduire d'autres formes de composer les mondes dans le nôtre et, en même temps, de transformer profondément le nôtre de ce fait. Mais il n'y a pas, pour cela, de solution toute faite et, notamment, pas de solution politique. Il suffit de voir l'exemple de l'Europe et l'infinie difficulté à concevoir un système supra-national dans lequel il y ait des formes de représentations politiques satisfaisantes pour saisir la difficulté de représenter politiquement les dimensions de la vie qui ne sont pas prises en compte.

« Concevoir des parcs naturels animistes »

Comment intégrer ces existants non-humains dans notre manière de vivre ? Quel sens cela peut-il avoir de donner plus de droits aux animaux, comme une pétition d’intellectuels récente le demande, ou à d’autres éléments naturels ? L’idée d’un Parlement des choses, défendue par Bruno Latour, ou de la nature paraît tout de même très abstraite…

Effectivement, cette solution de donner, par exemple, des droits aux animaux, me semble très liée, encore une fois, à l'idéologie des Lumières. C'est-à-dire qu'on se contenterait d'étendre vers un petit noyau d'espèces, dont on suppose qu'elles ont des aptitudes à peu près identiques aux nôtres, ou qui du moins s'en rapprochent, des droits qui ont été considérés jusque-là comme inhérents à l'espèce humaine. Cela ne me paraît pas résoudre la question. S'il existe une façon, du point de vue juridique, d'aborder les choses, ce serait de donner des droits à des écosystèmes plutôt qu'à des espèces, c'est-à-dire à des formes d'environnement, à des cadres généraux dans lesquels se déploient des interactions entre humains et non-humains. Et, comme les plus grands perturbateurs des équilibres biotiques et chimiques au sein de ces interactions, ce sont les humains, ils ont une responsabilité particulière. Cela dit, « le Parlement des choses » au sens de Latour, je suis bien d'accord que c'est très difficile à concevoir. Mais je pense que l'on ne peut plus faire comme si les non-humains devaient rester en dehors du système de la représentation.

Au fond, dans la représentation, au sens de la présence déléguée, nous avons progressivement introduit toutes sortes d'humains qui étaient jusque-là demeurés marginaux : les femmes, les pauvres, les peuples colonisés, et nous l’avons fait sous leur pression... Je pense que maintenant il faut franchir un pas en trouvant un moyen de représenter les non-humains – mais je n'ai pas de solution à vous donner pour savoir comment faire si ce n'est, peut-être, sous la forme de collectifs singuliers associant humains et non-humains.

 

Les perroquets géophages du parc Yasuni en Équateur 

Comment cela peut-il s’incarner concrètement ?

Il y a quelques années, lors d’une discussion à l’Unesco sur les “réserves naturelles”, j’avais remarqué que cette forme de protection de l’environnement est fondée sur des arguments naturalistes – maintenir un certain niveau de biodiversité et préserver des écosystèmes fragiles – tout à fait honorables, mais qui ne prennent pas en considération les pratiques ni les représentations des populations locales. Dans certains cas extrêmes, elles sont mêmes expulsées de ces environnements alors qu'on sait qu'elles ont pourtant contribué à les façonner, et à maintenir en particulier leur biodiversité, comme en Amazonie. Si l'on veut que les populations locales soient étroitement associées à ces dispositifs, il faut prendre en considération, dans la formulation même du projet, les façons dont ces populations conçoivent leurs interactions avec l'environnement et concevoir, par exemple, des parcs naturels animistes.

Il ne s’agit pas là de relativisme culturel, au sens où ce serait une vue parmi d’autres d’un monde par ailleurs ontologiquement homogène ; il s’agit simplement de prendre en compte les différentes façons qu'ont les gens de composer des mondes. Nous avons composé notre monde à nous, qui est le monde naturaliste, fondé sur une dichotomie entre “Nature” et “Culture”, et puis nous avons admis, progressivement, dans ce monde, d'autres peuples, d'autres individus, mais en leur demandant de respecter les règles de notre propre composition. Cela ne peut pas continuer comme ça. Il faut prendre en considération les autres types d’assemblage pour essayer de voir comment certains peuvent être rendus compatibles avec d'autres, ou pas. Les sciences sociales ont leur rôle à jouer. Comment cela va-t-il se passer ? Bruno Latour voit cela sous la forme d'une diplomatie cosmique, c'est-à-dire, au fond, de négociations. Je pense que cela passera plutôt par des clashs extrêmement violents et par des rapports de force, comme ça a toujours été le cas dans l’Histoire.

Pour l’instant, le rapport de force entre ces différentes « compositions du monde », au Brésil par exemple, paraît très défavorable aux Indiens, non ?

C’est vrai, pour le moment. La spoliation territoriale qui affecte les populations autochtones au Brésil, dénoncée par les anthropologues depuis les années 1970, a repris, mais sous une forme beaucoup plus insidieuse qu’il y a une trentaine d'années : il ne s’agit plus d’ethnocide, mais d’écocide, de destruction des conditions de vie. Le cas du Brésil est absolument désolant, parce que voilà un gouvernement de gauche, mais de la gauche développementaliste et techniciste, qui encourage une politique d’accaparement des ressources de l'Amazonie que les militaires de la dictature n'auraient jamais rêvé de pouvoir mettre en œuvre.

Ne trouve-t-on pas, tout de même, des expériences politiques intéressantes sur ce terrain ? On pense à l’Équateur par exemple…

Oui, mais je suis réservé sur l'Équateur. Il y a des initiatives très intéressantes : le fait d'introduire les droits de la nature dans la constitution, de reconnaître la pluralité juridique et culturelle des populations autochtones. Mais, cela dit, mes amis anthropologues et leaders indigènes me disent que, dès qu'on n'est pas d'accord avec les politiques menées, on s’expose aux foudres de l'État, et plusieurs dirigeants indigènes se sont retrouvés devant les tribunaux. L'affaire du Yasuni est symptomatique (lire notre article). J'étais absolument enchanté lorsque l'idée a émergé que la suspension d'un acte destructeur, à savoir le fait de ne pas forer des réserves de pétrole dans une région extrêmement riche en biodiversité, puisse être rémunérée par la communauté internationale à hauteur des profits escomptés. Cela ne s’est pas fait, faute de réponse des contributeurs potentiels et le président équatorien Correa a donc eu beau jeu d’annoncer que, de ce fait, le moratoire d’exploitation du Yasuni était levé. Mais il semble qu’en réalité, il était persuadé, dès le départ, que cela ne se ferait pas. Je crois qu’il existe un abîme entre un discours très séduisant et une politique beaucoup plus répressive. 

Même si la notion d’anthropocène est discutée et que certains la font remonter à l’invention de la machine à vapeur à la fin du XVIIIe siècle, moment où l’humanité, en particulier occidentale, est devenue une force prédatrice d’une ampleur tellurique, elle date surtout de la période d’après la Seconde Guerre mondiale, avec l’exploitation du pétrole, l’accroissement de la population, l’urbanisation, la croissance intense… Est-ce alors par la remise en cause du rationalisme dualiste entre “Nature” et “Culture” que l’on peut espérer infléchir la trajectoire de la planète, même si ce dualisme a sans doute contribué à la croyance en une toute-puissance humaine et à la possibilité d’exploiter sans limite ce qui était perçu comme extérieur à nous ?

Il existe des effets inintentionnels de seuils. L’anthropisation de la planète a commencé à l’Holocène et nous a fait franchir des seuils sans qu'on en prenne conscience jusqu’au moment où l’on a disposé des instruments et des critères pour mesurer ces seuils. Mais, à partir du moment où un sujet connaissant et transformateur s’établit en retrait ou en surplomb par rapport au reste du monde, et qu'il a, vis-à-vis du reste du monde, à la fois une attitude d'enquête et la capacité technique de le transformer en profondeur, il existe un risque d’une dissociation entre les humains et le reste des existants. Il n'y a pas d'explication ultime, ni dans l'histoire ni dans l'évolution sociale, mais c'est certainement un des facteurs. Ce qui est intéressant et dramatique en même temps, c'est que ce mouvement s'est développé aussi dans d'autres régions du monde, comme la Chine, ou l'ex-Union soviétique, où le naturalisme a été adopté, mais sous une forme particulière qui était celle du marxisme-léninisme. Il a pourtant eu des effets tout aussi dévastateurs qu’en Occident, alors que ce mouvement de retrait de l’homme par rapport au monde ne s’y est produit que beaucoup plus tard.

Le chantier est gigantesque – changer nos cosmogonies, en intégrer d'autres, penser à l'échelle de l'anthropocène... N’est-ce pas décourageant et démotivant ?

C'est vrai. Nous sommes confrontés à des problèmes immédiats, à la montée du FN et du chômage, d'un côté, et à des problèmes qui se posent dans une tout autre échelle de temps, de l’autre, et on a beaucoup de difficultés à les penser simultanément. Je pense pourtant que tenter d’imaginer un avenir radicalement différent du présent est au contraire très stimulant. J'en suis venu depuis quelque temps à imaginer, rêver peut-être, d'une science qui serait une science de l'interagentivité. J’ai forgé le terme il y a quelques semaines, lors d’une conversation avec Bruno Latour. Ce serait prendre acte du fait que tous les éléments du monde, humains comme non-humains, ont au fond des ressources propres et une capacité d’agir. Et ces capacités rentrent en adéquation ou en contradiction les unes avec les autres. Une anthropologie conséquente serait une anthropologie des manières selon lesquelles ces capacités se branchent les unes sur les autres, pour produire des effets plus ou moins efficaces. J'ai essayé modestement d'appeler cela « anthropologie de la nature », voilà quelques années, pour souligner que si la nature est un concept qui n'est pas universellement partagé, en revanche les processus physiques et biologiques faisaient partie de l'étude de l'anthropologie. Cela suppose de dynamiter les frontières entre les sciences expérimentales et les sciences de la culture, de façon à mieux comprendre ces phénomènes d'interaction.

À écouter également : “Intervention de Philippe Descola au colloque de Cerisy”, 30 juillet 2013, Quelle anthropologie de la nature ? La pensée sauvage/des sauvages : enjeux philosophiques et anthropologiques

 

 

 


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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 17:12

 

marianne.net

 

Bretagne: et le tri sélectif des indignations pouvait enfin commencer.

 

Rédigé par Juan S. le Lundi 4 Novembre 2013 à 18:30

 

Il était temps.

La Bretagne est en passe d'être un territoire exemplaire. Les manifestations de samedi 2 novembre ont révélé combien l'analyse politique nécessitait davantage de précision que certains raccourcis médiatiques.


Après la suspension de l'éco-taxe sur les poids lourds, on avait cru à un embrasement collectif et solidaire. Mais les démonstrations de samedi ont permis de faire l'inévitable tri.

1. A Quimper ou Carhaix, la quasi-totalité des forces politiques et des organisations professionnelles et syndicales du pays étaient présentes: Europe Ecologie Les Verts, NPA, Front de gauche, UMP, Front national, UDI, Modem, et même quelques élus locaux du parti socialiste. De même, à Quimper et/ou à Carhaix, la quasi-totalité des "partenaires sociaux" étaient représentés: MEDEF et FO (à Quimper), CGT et CFDT (à Carhaix), sans compter la FDSEA. Ces manifestations ont parfaitement illustré combien la crise est ample, mais sans angle majoritaire; combien la contestation peut-être collective mais sans unité. C'est là le plus dangereux.

2. Pendant quelques jours, deux semaines quand même, la description de la contestation bretonne fut caricaturale chez nos médias dominants: il a fallu attendre la manifestation prévue samedi pour réaliser que le front était hétéroclite. Quel aveuglement ! Le Figaro, samedi 2 novembre, s'est ainsi réveillé dans un article à quelques heures des manifestations de l'après-midi sur les "divergences" au sein du mouvement.

3. Le tri sélectif, c'est donc maintenant. Ce tri est important, car comment répondre à une crise sans comprendre qui souffre ? Samedi, il y avait donc deux cortèges. L'un à Quimper, mené par la FDSEA, l'UPA (premier syndicat des artisans), le collectif « Vivre, décider, travailler en Bretagne », le syndicat Force ouvrière (avec notamment des représentants des salariés de Doux), le NPA (avec Philippe Poutou), mais aussi … le Mouvement des entreprises de France (Medef) du Finistère. Le slogan était « anti-crise » et « pour l'emploi en Bretagne ». Au total, "entre 10 000 et 30 000" participants selon les sources.

Certains, comme le le maire DVG de Carhaix, Christian Troadec qui est membre du collectif Vivre, Décider, Travailler en Bretagne, réclament la suppression de l'eco-taxe: "Nous n’attendions pas une suspension, mais une suppression de l’écotaxe. Le gouvernement n’est pas allé assez loin". Dans ce cortège, on pouvait aussi trouver l'UMP, le  FN,(Florian Philippot), des identitaires de Jeune Bretagne, et des opposants au mariage pour tous.

4. A Carhaix, une contre-manifestation était organisée par la Confédération générale du travail (CGT), du Front de gauche ou encore d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Jean-Luc Mélenchon était l'une des figures emblématiques évidentes de ce second front. Lequel voulait taper à « 360 degrés »: contre les"bonnets rouges" de Quimper, mais aussi contre le gouvernement; pour l'emploi mais contre le retrait de l'éco-taxe. Ce mouvement avait une vertu, clarifier le débat breton.

"Encouragé par la timidité et la pleutrerie du gouvernement qui leur cède tout, le patronat et les cléricaux des départements bretons vont faire manifester les nigauds pour défendre leur droit de transporter à bas coût des cochons d'un bout à l'autre de l'Europe dans des conditions honteuses. (…) A Quimper manifestent ceux qui veulent que continue la souillure de notre belle Bretagne par les nitrates de l'agriculture productiviste. A Quimper manifestent ceux qui veulent les salaires de misère pour les agriculteurs et le règne de la grande distribution. A Quimper les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres". Jean-Luc-Mélenchon, 2 novembre 2013

5. Il y a eu des violences. Au nord de Vannes, au passage de quelques centaines de manifestants, un portique Ecotaxe a été incendié et totalement détruit. Coût: 500.000 euros. D'après le Parisien, le «collectif des Bonnets Rouges», "à l'origine de ces mobilisations en Bretagne, s'est instantanément réjoui de cette destruction". A Montauban-de-Bretagne sur la RN12, un autre incendie a été déclenché sur un portique similaire. A Quimper, les CRS ont usé de lacrymo contre quelques manifestants qualifié de "minoritaires". "On a le sentiment qu'il s'agit d'un groupe marginal", a déclaré le préfet du Finistère. Il s'est aussi félicité de l'absence de heurts majeurs. Il a quand même fallu démonté une belle partie du mobilier urbain...

voir: Crise bretonne: des échauffourées éclatent à... par BFMTV

6. Dimanche, le ministre de l'agriculture est sorti du bois. Stéphane Le Foll était au Grand Jury. Il s'opposait au retrait de l'eco-taxe, avant l'annonce de la suspension de cette dernière, mardi dernier, par Jean-Marc Ayrault. Ce dimanche, il avait quelques annonces - l'investissement d'une entreprise saoudienne dans l'entreprise Doux, une visite en Bretagne dans la semaine.

7. L'un des leaders de la manifestation à Quimper s'est félicité de ce qu'il a qualifié de "grand succès pour l’emploi en Bretagne". Ah bon ? On cherche à comprendre. Le défilé de 30.000 personnes allait donc permettre de nouvelles embauches ?


[NDR: Ce tri sélectif des indignations est capital, comme toujours. Patronat et UMP tenterons toujours de capitaliser sur des révoltes pour appuyer leur propre critique de l'action du gouvernement. Mais comme l'a très justement décrit Mélenchon, tout ceci n'est qu'arnaques, crimes sans botaniques.]

 

 

 

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 17:01

 

rue89.com

 

Enquête 04/11/2013 à 15h58
Des Suisses accusés d’avoir fondu de l’or pillé au Congo
Camille Polloni | Journaliste Rue89

 

En exclusivité française, Rue89 publie les preuves rassemblées par l’ONG Trial contre l’affineur de métaux Argor. La justice suisse a ouvert une enquête ce lundi.

 


Lingots chez Argor-Heraeus à Mendrisio, Suisse, en mars 2008 (Karl Mathis/AP/SIPA)

 

En Suisse, une entreprise risque des poursuites pour avoir affiné de l’or pillé au Congo par des groupes rebelles. Selon une ONG qui l’attaque en justice, elle en connaissait la provenance illicite malgré ses dénégations. Une enquête a été ouverte.

Les colis d’or – trois tonnes en moins d’un an – voyageaient par avion de la République démocratique du Congo (RDC) à la Suisse, en passant par l’Ouganda. Leur propriétaire : une compagnie britannique basée à Jersey. Leur destination finale : des banques, une fois l’or transformé en lingots.

Mais ce commerce prenait ses origines dans l’un des conflits armés les plus meurtriers de ce siècle, la guerre au Congo. Là-bas, des combattants s’étaient appropriés la concession d’or pour s’enrichir et acheter des armes.

« Argor savait »

Plainte vs dénonciation

En Suisse, pour déposer plainte, il faut être la victime directe de l’infraction commise. Si l’on en est le simple témoin, il existe une alternative : la dénonciation pénale. Contrairement à la plainte qui ouvre des droits étendus aux parties civiles, la dénonciation permet seulement à l’auteur d’être tenu informé de l’issue qui lui a été réservée.

L’ONG Track impunity always (Trial) a décidé de frapper un grand coup. Jeudi dernier, elle a déposé une dénonciation pénale contre l’entreprise suisse Argor-Heraeus, l’un des premiers affineurs de métaux précieux au monde, pour « blanchiment aggravé de matières pillées ». Trial accuse Argor d’avoir, en connaissance de cause, affiné cet or issu de pillages de juillet 2004 à mai 2005.

Lundi, alors que l’ONG venait de rendre publique sa plainte, le Ministère public de la Confédération a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « présomptions de blanchiment d’argent en relation avec un crime de guerre et de complicité de crime de guerre ».

Rue89 publie en exclusivité pour la France les preuves accumulées par l’ONG pendant des années pour étayer ses accusations.

Trial estime que « Argor savait ou devait pour le moins présumer que la matière première qu’elle traitait provenait d’un pillage, qui est un crime de guerre » selon les Conventions de Genève.

Une question de principe

La quantité d’or affinée par Argor n’est pas énorme. Les bénéfices que l’entreprise a pu en tirer (20 000 francs suisses selon elle, soit 13 000 euros à l’époque) non plus, en proportion de son chiffre d’affaires (27 millions de francs suisses en 2006). Mais c’est une question de principe, explique l’avocat de Trial, Bénédict De Moerloose :

« On cherche à envoyer un signal fort : il n’est pas possible pour des entreprises de blanchir des matières premières pillées ou, comme dans d’autres cas, de se rendre complices de crimes de guerre. Elles seront surveillées et dénoncées. »

Fondée en 1951, longtemps possédée par la banque suisse UBS, Argor est une entreprise d’envergure internationale établie à Mendrisio, dans le canton italophone du Tessin. Depuis une dizaine d’années, ses principaux actionnaires sont la Commerzbank (le deuxième groupe bancaire allemand) et Austrian Mint.

Elle a déjà fait face, une première fois, à des accusations sur son rôle dans le commerce de l’or congolais. Sans conséquences, à part pour son image d’entreprise portée sur l’éthique. Pour faire valoir ses engagements vis-à-vis de l’environnement, du développement durable et de la morale, elle publie chaque année un rapport.

Les enfants de la Concession 40

En 2005 et 2006, alors qu’ils enquêtaient sur la violation de l’embargo sur les armes visant la RDC, un groupe d’experts de l’ONU avait déjà établi la responsabilité d’Argor et d’autres entreprises (britannique et ougandaise) dans le pillage et le trafic d’or.

Depuis 1997, la guerre a fait 6 millions de morts et 350 000 déplacés au Congo. S’il est difficile de hiérarchiser les causes d’un conflit, le contrôle des riches gisements du pays (or, coltan, tungstène, diamant, pétrole) n’y est pas étranger. Divers groupes armés ont essayé de mettre la main sur ces matières premières et d’en tirer des liquidités pour se procurer des armes, malgré l’embargo de 2003.

C’est ce qui s’est passé dans la Concession 40, un gisement aurifère de 9 000 km² (la taille de la Corse) en Ituri (Nord-Est de la RDC). En théorie, il appartient à l’Etat congolais, qui a accordé une concession à une entreprise sud-africaine pour l’exploitation. En réalité, l’Etat congolais n’arrive pas à contrôler le territoire.

Jusqu’en 2003, l’Ouganda règne sur la Concession 40. Quand les troupes ougandaises se retirent de RDC, elles passent le relais à un groupe armé « ami » de l’Ouganda, le Front nationaliste intégrationniste (FNI). La concession ne ressemble pas à une mine industrialisée, et l’extraction de l’or se fait tant bien que mal. Des pauvres, souvent des enfants, travaillent sous la coupe du FNI pour un salaire de misère, sans mesure de sécurité ni outils.

 


Le circuit de l’or (Trial)

 

Un homme d’affaires congolais propriétaire d’une compagnie aérienne, nommé Kambale Kisoni, s’occupe du transport de l’or extrait dans la Concession 40. Il l’achemine vers l’Ouganda où une entreprise locale, Uganda Commercial Impex (UCI) le rachète. Avant de le vendre à une entreprise britannique basée à Jersey, Hussar. Celle-ci fait appel au suisse Argor pour transformer l’or en lingots.

Le circuit de l’or

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Les experts de l’ONU ont recueilli de nombreux documents comptables permettant de mettre au jour ce périple. L’une de ces enquêtrices, Kathi Lynn Austin, a même poursuivi ses recherches plusieurs années au-delà du mandat prévu, grâce au soutien de la fondation Soros.

Elle a montré que depuis Entebbe, en Ouganda, plusieurs colis d’or ont été transportés par avion de la compagnie Emirates jusqu’à Zurich [PDF].

Une fois fondu en lingots, l’or ne porte plus de marques permettant d’identifier son origine, mais les permis d’importation et d’exportation en dévoilent la provenance [PDF]. Les lingots terminent leur long voyage dans les coffres des banques européennes.

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Dans toute la région d’Ituri, le circuit du minerai passait par des schémas similaires, explique Trial :

« L’or extrait illégalement transite la plupart du temps par les pays limitrophes. Selon plusieurs sources, ces “ pays pillards ” maintiendraient délibérément l’instabilité dans les régions aurifères congolaises afin de profiter de l’exploitation illégale. Des quantités importantes d’or traversent ainsi toujours la frontière, vers l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, avant d’être affinées dans des pays tiers. »

Représailles pour les seuls Africains

Les conclusions du groupe d’experts de l’ONU, en 2005 et 2006, sont sévères pour les entreprises et les individus qui ont pris part à ce commerce. Ils réclament des sanctions très dures, le gel des avoirs, pour tous les maillons de la chaîne : Kambale Kisoni (plus tard assassiné), UCI, Hussar et Argor.

Des personnalités au conseil d’administration

Parmi les membres du conseil d’administration d’Argor, deux personnalités détonnent :

  • Adolf Ogi, politicien suisse de l’UDC, ancien président de la Confédération Helvétique (1993-2000) et conseiller spécial pour le sport à l’ONU, y siège depuis décembre 2012.
  • Jurgen Heraeus, président allemand du conseil d’administration depuis 1996, a été décoré à de nombreuses reprises pour « sa performance entrepreneuriale exceptionnelle ». Il préside le comité allemand de l’Unicef.

Mais au final, leurs recommandations ne sont suivies que pour les Africains impliqués dans la boucle. Ces derniers se retrouvent économiquement asphyxiés. Les Européens s’en tirent.

En ce qui concerne Argor, le représentant suisse aux Nations unies a même défendu publiquement l’entreprise, qui fait pour ainsi dire partie du patrimoine national, pour lui éviter des sanctions.

En mars 2006, Peter Maurer s’adresse au comité chargé des sanctions, et contredit le rapport du groupe d’experts :

« Les autorités suisses rejettent ces conclusions sans fondement. La couverture médiatique négative qui a suivi la publication du rapport s’est déjà avérée très préjudiciable pour les affaires d’Argor. »

Argor aurait compris très tard

Pour sa défense, Argor a déclaré ignorer la situation au Congo avant le mois de mai 2005. Dans un communiqué, l’entreprise écrivait :

« Argor-Heraeus n’entretient aucune relation d’affaires avec des sociétés en Ouganda et Congo. Elle n’a donc jamais effectué d’achat/vente, ni de paiement d’aucun genre dans cette région. »

Elle mettait en avant son absence de lien direct avec les fournisseurs. Elle entretenait seulement, dit-elle, une relation commerciale avec Hussar :

« Dès que Argor, vers la fin du mois de mai [2005], a appris par la presse des désordres dans la région de la RDC avec une potentielle implication dans le commerce de l’or, elle a laissé en suspens la transaction avec Hussar et s’est mise immédiatement à faire une série de contrôles supplémentaires sur l’origine du matériel de propriété de son client. »

Comment Argor a-t-elle pu attendre jusqu’en juin 2005 pour cesser toute relation avec Hussar alors que le rapport des experts de l’ONU daté de janvier (et médiatisé) mettait déjà en cause directement son partenaire britannique et l’entreprise ougandaise UCI ? D’après un courrier que nous nous sommes procuré, les experts affirment qu’Argor n’a réagi qu’une fois contacté par l’ONU :

« Cette décision pourrait découler des premières conversations téléphoniques substantielles entre les experts et la compagnie d’affinage, pendant lesquelles nous avons fait connaître nos intentions d’enquêter vigoureusement sur la question. »

L’affineur précédent avait jeté l’éponge

Avant Argor, c’était une entreprise sud-africaine, Rand Refinery, qui affinait l’or congolais pour le compte de Hussar. Mais dans un courriel adressé à l’experte de l’ONU Kathi Lynn Austin, l’un des responsables de cette entreprise affirme que Rand Refinery a bien coupé tout contact dès juin 2004 à cause des soupçons d’origine criminelle de l’or :

« Nous avons cessé de commercer avec Hussar dès que nous avons compris que l’or provenait d’une violation de l’embargo onusien sur les armes. »

Comment Rand Refinery aurait-elle pu comprendre cela, mais pas Argor ? Pour Benedict De Moerloose, l’avocat de Trial, c’est inenvisageable :

« Tout le monde savait que ce conflit était en cours, et que le pillage des ressources en faisait partie intégrante. Il est impossible qu’Argor n’ait pas été au courant à l’époque. Surtout après le rapport des Nations unies de janvier 2005, qui mettait en cause directement ses partenaires commerciaux.

Nous demandons à la justice de vérifier si effectivement, comme l’entreprise l’affirme, elle était complètement coupée du monde, au point de ne pas avoir accès à la presse avant mai 2005.

Nous verrons si le simple fait pour une entreprise de dire “ je ne savais pas ” suffit à lui éviter des poursuites pénales. »

La société d’affinage n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué rendu public lundi après-midi, Argor se dit « surprise » par la plainte et décline toute responsabilité, estimant que les enquêtes menées peu après les faits par l’ONU, le Secrétariat d’Etat à l’économie et l’Autorité des marchés financiers l’ont mise hors de cause.

« Argor-Heraeus collabore en toute transparence avec les autorités pour éclairer les faits, avec la certitude que l’enquête concluera à son absence d’implication – comme cela a déjà été clairement démontré dans le passé. »

Responsabilité des entreprises

Au-delà du simple cas d’Argor, la plainte déposée par Trial révèle un nouvel état des rapports de forces entre les ONG et ceux qu’elles estiment responsables dans les conflits armés. De plus en plus, les défenseurs des droits humains s’attaquent – en public ou en justice – aux entreprises (voir encadré plus bas). Trial résume son état d’esprit sur le pillage :

« La possibilité d’écouler ces matières premières dépend essentiellement des acteurs commerciaux qui participent à l’achat, au transport et à la commercialisation des ressources acquises illégalement pour entretenir la violence. La responsabilité des entreprises dans cet engrenage doit être signalée et condamnée pour que cesse l’économie de prédation. »

Bénédict De Moerloose explique cette nouvelle stratégie judiciaire :

« S’intéresser non seulement aux individus, mais aussi aux acteurs économiques, est une discipline émergente. On se pose beaucoup de questions sur la responsabilité pénale des entreprises en ce moment, pour qu’elles soient davantage responsables de leurs actes, notamment à l’étranger. »

Le Ministère public de la Confédération suisse – compétent en matière de dossiers complexes à ramifications internationales – pourrait confier l’enquête aux deux procureurs spécialisés du Centre de compétence pour le droit pénal international, le cousin suisse du pôle parisien qui enquête sur les crimes de guerre.

Les précédents : Amesys, Qosmos, Halabja

Une entreprise néerlandaise, Riwal, a été perquisitionnée pour avoir participé à la construction du mur et de colonies illégales en Cisjordanie. Mais le procureur a fini par abandonner les poursuites.

 

La France aussi connaît ce bouleversement. L’initiateur a été la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui a déposé plainte en octobre 2011 contre l’entreprise française Amesys pour « complicité de torture » en Libye. Elle a vendu un programme de surveillance numérique au régime de Khadafi, fin 2006, ce qui lui a permis d’arrêter et torturer des opposants.

 

Cinq d’entre eux ont récemment témoigné devant les juges d’instruction Claude Choquet et Emmanuelle Ducos, du pôle spécialisé consacré aux crimes de guerre. Dans cette affaire aussi, il s’agit d’établir si l’entreprise « savait » ou en tout cas « ne pouvait pas ignorer » à quoi étaient destinés ses logiciels. Une dénonciation similaire vise le vendeur de logiciels Qosmos, accusé par des ONG d’avoir mis la Syrie sous surveillance.

 

Plus récemment, une information judiciaire pour « complicité d’assassinat » a été ouverte à Paris contre plusieurs entreprises soupçonnées d’avoir fourni du matériel technique au régime de Saddam Hussein en Irak, et lui donnant ainsi les moyens de perpétrer le massacre contre les Kurdes d’Halabja en 1988.

 

Parmi ces entreprises, au moins trois sont françaises selon Le Nouvel Observateur : Protec SA, « basée à Riedisheim, près de Mulhouse » ; De Dietrich ; Carbone Lorraine.

 

Aux Pays-Bas, une plainte sur les mêmes fondements et concernant aussi le massacre d’Halabja a abouti à la condamnation d’un homme d’affaires, Frans Van Anraat, qui a livré des produits chimiques à l’Irak entre 1985 et 1989. Il purge une peine de dix-sept ans de prison et vient d’être condamné à indemniser des victimes.

 

Trial espère sans doute que sa dénonciation connaisse des développements aussi favorables.

 

 

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 16:30

 

Témoignage 04/11/2013 à 15h58
Mon stage d’aide-soignante : « Vous avez une protection, faites dedans »
Babeth l'auxi | Auxiliaire de vie

 

Première semaine du premier stage. Je l’avoue, j’avais un peu peur. Pas des personnes âgées, non, au contraire ça me rassurait de commencer par un EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Non, LE truc qui me faisait flipper, c’était l’équipe. Parce que faut pas rêver hein, chez les aides-soignantes, il y a surtout des filles. Donc des équipes de filles. Et patati et patata, et blablabli et blablabla.

Making of
Babeth (un pseudo) a la trentaine, elle était auxiliaire de vie à domicile et elle vient d’intégrer, après concours, une école d’aide-soignante. Elle raconte ici et sur son blog son premier mois de stage. Rue89

Du coup, pour réussir mon intégration, je me la joue stagiaire candide. Sourires et humilité à fond les ballons. Ecouter, regarder, poser des questions... Noter plein de choses dans mon cahier, celui qui est lu par l’équipe, et noter des petites choses dans mon carnet, celui qui reste dans ma poche. Une petite phrase, un petit geste.

Quelques exemples ?

  • Jour 1. Mme A. : « J’ai envie de faire pipi. » L’aide-soignante : « Vous avez une protection, faites dedans. » (euh... non, rien)
  • Jour 2. Tiens... Bizarre... Certains sont couchés à 15 heures... Oh merde, c’est sérieux là ?
  • Jour 3. Une aide-soignante à un résident : « Ça va pas bien dans votre tête, vous ! »
  • Jour 4. Une aide-soignante, parlant des résidents : « Oh, c’est comme des gosses en fait ! » (ben non, en fait)
  • Jour 5. Une aide-soignante à une personne hémiplégique qui crie de douleur pendant la toilette : « Vous n’avez qu’à la faire toute seule, votre toilette ! » (ha ha, très drôle)

Bon, je vais continuer dans le rôle de la stagiaire candide, je sens que c’est préférable. Et tant qu’à faire, je vais aussi essayer de fayoter un peu, histoire de me faire bien voir. Ben oui, le stage est noté voyons !

Cette phrase, je l’ai reçue comme un uppercut

« Une toilette, c’est quinze minutes, pas plus ! »

Voilà. Cette phrase, prononcée ce matin par une aide-soignante, je l’ai reçue comme un uppercut. Parce que je venais de finir ma première toilette au lit, seule, chez une dame hémiplégique (plus quelques autres broutilles, mais je ne m’étalerai pas sur le sujet, pour son anonymat et le mien), et que j’ai galéré. Parce que je n’étais pas organisée. Parce que je n’étais pas douée. Parce que je n’étais pas pressée.

Parce qu’il y avait le change, et puis la toilette, et puis l’habillage, et puis le coiffage, et puis le brossage de dents... et puis le papotage ! Parce qu’il y avait une rougeur suspecte, et que la crème que j’étais censée appliquer était périmée depuis un an, alors forcément je pouvais pas. Parce que je suis allée chercher l’infirmière, qui est venue, qui a regardé, et qui est revenue avec un pansement.

Parce que forcément, tout ça, ça m’a pris plus que quinze minutes.

Parce que j’aurais pu « oublier » le brossage de dents, « ignorer » la petite rougeur suspecte, « omettre » deux ou trois petites choses (voire plus) et peut-être que oui, j’aurais fini en temps et en heure.

Parce que finalement, malgré mes efforts pour bien faire, je me suis sentie nulle, à côté de la plaque.

Parce que toute la journée, il y a eu plein de choses qui m’ont donné envie de pleurer.

Parce que putain, quand je serai vieille et dépendante, plutôt crever que d’aller dans ce genre d’endroit !

Parce que putain de merde, avoir traversé la guerre, avoir enfanté dans la douleur, avoir travaillé, sué, souffert, et finir là, plus tout à fait vivant mais pas tout à fait mort, non, vraiment, non, non, NON ! ! ! !

« Manque de motivation. Manque de curiosité intellectuelle »

Réunion de crise dans l’office pour parler de la stagiaire (moi). Il y a là l’équipe du matin, celle de l’après-midi et... la cadre. Attention, ça rigole pas. La stagiaire ? Pas conviée. Elle attend dehors, dans le couloir. Elle aurait dû renvoyer sa feuille d’évaluation à l’IFAS (Institut de formation aide-soignant) il y a deux jours mais... l’équipe n’avait pas encore parlé, pas encore coché les petites cases, pas encore mis son appréciation. C’est que ça prend du temps tout ça, il faut savoir choisir ses mots, ceux qui vont faire mal, qui vont laminer la stagiaire, la faire douter, voire pourquoi pas, la faire pleurer.

La stagiaire attend. Dix minutes. Vingt minutes. Une demi-heure. Pour passer le temps, elle va dire au revoir à Madame adorable. Son mari est là, comme toujours, et comme toujours, il se tient à côté d’elle et leurs mains sont entrelacées. En apprenant son départ, il se met à pleurer. C’est malin, elle aussi a envie de pleurer maintenant !

Pendant ce temps, l’équipe écrit : « Manque de motivation. Manque de curiosité intellectuelle. » Ça devrait lui faire passer l’envie de devenir aide-soignante à cette greluche !

Monsieur adorable pleure. La stagiaire pleurniche. C’est pas très sérieux tout ça.

Dans l’office, ça parle encore. Quand même, quel boulet cette stagiaire ! Lente, gauche, effacée... Transparente ?

Dans la chambre de Madame adorable, la stagiaire remarque soudain quelque chose de nouveau : de la musique ! Ce matin, elle avait suggéré à Monsieur adorable de ramener quelques disques à écouter avec sa femme, histoire de changer un peu de la télé qui vomit ses émissions débilisantes à longueur de journée. Sur la commode, elle vient de voir quelque chose : le « Roméo et Juliette » de Gounod ! Elle chantonne : « Je veux vivre dans ce rêve... »

Monsieur adorable sourit, Madame adorable applaudit, la stagiaire rit.

 

 

 

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