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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:24

 

reporterre.net

 

Un train vers Varsovie : des jeunes relancent le mouvement citoyen pour le climat

Grégoire Comhaire (Reporterre)

mercredi 6 novembre 2013

 

 

 

 

Rien à attendre de la conférence sur le climat à Varsovie qui démarre le 11 novembre ? Si ! Koen et Nathalie ont fait le pari fou d’affréter un train pour plusieurs centaines de jeunes vers Varsovie. Ils vont envoyer un signal fort aux politiques et aux négociateurs de la Conférence. Le pari est en passe d’être gagné, il tord le cou au pessisme ambiant, et pourrait ouvrir la voie à une mobilisation de grande ampleur en vue de la conférence de Paris dans deux ans.

 


 

- Correspondance, Bruxelles

Agés de 29 et 25 ans, Koen et Nathalie sont deux étudiants belges membres de l’organisation Climat et justice sociale. En 2009, lors de la conférence de Copenhague sur le climat, un train spécial avait déjà quitté Bruxelles pour la capitale danoise avec à son bord un bon millier de militants de tous horizons. Objectif : rallier la capitale danoise, et prendre part à l’immense mouvement citoyen qui plaçait tous ses espoirs dans cette conférence.

Tous ont déchanté depuis lors. “Beaucoup de gens ont voulu nous décourager d’organiser ce train” explique Nathalie. “Les plus âgés étaient persuadés que le climat n’était plus un thème mobilisateur. Et le fait que la conférence soit organisée en Pologne ne nous a pas facilité les choses. Quand nous avons lancé l’idée d’organiser un nouveau train cette année, personne en Belgique ne nous a soutenu.”

Mais les deux militants s’accrochent à leur idée. Ils contactent la SNCB, la société des chemins de fers belge, et mobilisent une dizaine d’organisations des deux côtés de la frontière linguistique. Les inscriptions affluent. En moins de deux mois quelques 650 personnes complètent le formulaire d’inscription en ligne. A lui tout seul, le COMAC – les jeunes communistes belges – a ramené près de 90 personnes, soit un wagon entier ! “Certes, nous serons bien moins que dans le train pour Copenhague” explique Koen. “Mais nous serons cette fois en grande majorité des jeunes. Et ça c’est très fort sur le plan du symbole !”.

Alors que personne n’attend vraiment grand chose de la conférence de Varsovie, qui aura lieu du 11 au 22 novembre, les jeunes générations seraient-elles les dernières à croire qu’un autre monde est possible ?

Anton, 26 ans, ne pense pas qu’il s’agisse d’idéalisme ou de naïveté. Etudiant en bio-ingénierie, il a déjà participé au premier train pour Copenhague il y a quatre ans. Pour lui, l’environnement et le réchauffement climatique sont des préoccupations essentielles pour l’avenir. Et si l’enthousiasme de Copenhague est un peu retombé, il n’y a aucune raison de sombrer dans le fatalisme.

“Quand on est parti à Copenhague, on pensait vraiment que la conférence allaient aboutir sur des décisions fortes pour la Terre et le Climat. Cette fois, on part sans aucune illusion. En fait, cette conférence de Varsovie n’est pas très importante pour nous. Le but du voyage c’est surtout de se rencontrer, de confronter les idées. Notre but à plus long terme est de parvenir à créer et fédérer un véritable mouvement citoyen autour de la thématique du climat.”

La discussion : comment concilier le social et l’écologie ?

Le programme est toujours en cours d’élaboration. Mais durant les 24h de voyage qui séparent Bruxelles de Varsovie, plusieurs rencontres et débats seront organisés dans le train. Thème principal : comment concilier le social et l’écologie ? La clé, selon Koen, pour parvenir à mobiliser les gens en cette période de crise économique.

“La Pologne est un pays très intéressant à ce sujet. Son économie repose sur le charbon. Du coup les syndicats sont contre l’écologie. L’enjeu est de convaincre les gens qu’il y a moyen de lutter contre le réchauffement climatique en développant des secteurs qui sont très job-demanding.”

“Dans le train, il y aura des militants de plusieurs organisations dont les priorités sont parfois un peu différentes” poursuit Anton. “Ce voyage vers Varsovie est une opportunité formidable pour nous rencontrer et confronter nos idées”. Sur place, les passager participeront à une grande manifestation aux côtés d’autres organisations environnementales. Ils passeront la nuit dans différentes écoles de Varsovie et repartiront le lendemain – dimanche 17 – vers la Belgique.

Nul doute que la participation à un tel voyage risque de tisser des liens. Encore faut-il que ces liens perdurent, et c’est là tout l’enjeu pour l’avenir. “Si nous parvenons à créer ce grand mouvement de jeunes autour du climart, nous enverrons un signal fort au monde politique” estime Nathalie. “Il y a des élections en Belgique en mai 2014. Les politiques verront que l’écologie et le climat sont des thématiques prioritaires pour les jeunes générations.”

Mais l’objectif final est proche à la fois temporellement et géographiquement. C’est la conférence de Paris (COP21) qui aura lieu en décembre 2015. “On sait que cette conférence sera décisive” poursuit Koen. “C’est là qu’il faudra arriver nombreux, unis et organisés. Mais nous sommes confiants. Si on parvient à amener 650 personnes à Varsovie, on sera sans doute bien plus nombreux à Paris qui n’est qu’à 300 kilomètres d’ici !”

En attendant Paris, le départ pour Varsovie est prévu pour le 15 novembre prochain à la Gare du Midi à Bruxelles. Le coût du voyage s’élève à 100 euros par personne et il reste encore des places.

 


 

Source : Grégoire Comhaire pour Reporterre

Photo :
. Train pour la justice climatique
. terraeco

Lire aussi : La France organisera la conférence sur le climat à l’aéroport du Bourget.

Sans oublier le Dossier pour tout savoir sur le climat.

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:15

 

 

reporterre.net

 

Notre Dame des Landes : marché public irrégulier, le gouvernement sommé d’enquêter

Hervé Kempf (Reporterre)

jeudi 7 novembre 2013

 

 

 

Suite aux révélations de Reporterre sur les infractions au code des marchés publics dans l’enquête naturaliste menée par le bureau d’études Biotope, les associations interpellent les ministres de l’Ecologie, des Transports et des Affaires sociales.

Il apparait par ailleurs que l’inventaire des espèces a oublié des espèces protégées, ce qui interdit légalement des travaux sur la zone.

 


 

L’étude bidon

L’enquête publique ayant conduit à la déclaration d’utilité publique de Notre Dame des Landes est-elle valable ? C’est la question que pose au gouvernement l’Acipa (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes) et le Cédpa (Collectif d’élus Doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) après les révélations de Reporterre : la semaine dernière, notre enquête montrait que le bureau d’études Biotope, dont le travail sur l’inventaire naturaliste de la zone du projet d’aéroport a servi de base à cette enquête, avait commencé à travailler, avec l’aval des services de l’Etat, avant que le marché public ait été officiellement attribué. Il y avalt là une infraction majeure aux règles du marché public. De plus, Biotope a employé des experts de façon irrégulière, et a été lourdement condamné pour ce fait par le tribunal des prudhommes en septembre dernier.

Acipa et Cédpa ont envoyé le 4 novembre une lettre au ministre de l’Ecologie, Philippe Martin, au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, et à la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, pour leur demander de réagir à ces graves irrégularités.

Lettre à télécharger :

PDF - 97.5 kocliquer ici

La publication de Reporterre "vient en effet de révéler de bien curieux procédés dans la réalisation du dossier préliminaire à la Déclaration d’utilité publique prononcée en 2008." Les documents officiels publiés par le quotidien de l’écologie "sont accablants : il apparait que Biotope, le bureau d’études retenu pour réaliser l’état des lieux initial environnemental, a reçu un ordre de mission signé de la Direction départementale de l’équipement le 6 juin 2005, bien avant donc l’attribution officielle du marché en date du 23 juin. Il est même patent que son travail a commencé avant l’ordre de mission dès le mois de mai. Il s’agit là d’un non-respect du code des marchés publics imputable à la DDE."

Ces lourdes irrégularités s’ajoutent au fait que l’état des lieux initial environnement (“a été notamment jugé largement insuffisant sur tous les éléments" par la commission scientifique qui l’a étudié en 2012, rappellent les associations.

Elles demandent aux ministres de diligenter des enquêtes, voire d’engager des poursuites, sur les faits irréguliers maintenant publics. Elles se réservent la possibilité d’engager des poursuites auprès de la justice pénale.

Elles affirment enfin que ces informations ne rendent pas possible que le préfet de Loire-Atlantique "engage les travaux de déplacement des espèces comme cela se murmure de plus en plus sur le terrain, alors que de nouvelles failles dans la procédure sont désormais connues".

Ne pas détruire le fluteau nageant

L’inventaire naturaliste des espèces vivant sur la zone du projet d’aéroport se révèle par ailleurs incomplet, observent de leur côté le collectif des Naturalistes en lutte, qui regroupe de nombreuses associations naturalistes (Eaux et rivières de Bretagne, France nature environnement, Ligue pour la protection des oiseaux, Bretagne vivante, etc.). Dans un communiqué publié le 5 novembre, ils observent que la liste des espèces dressée dans le cadre de l’enquête nécessitée par la loi sur l’eau, "des espèces végétales protégées supplémentaires ont été identifiées sur le site". Etant inconnues, elles n’ont pas fait l’objet d’une demande de dérogation : les travaux ne peuvent donc pas commencer sur le site, puisqu’ils pourraient les détruire. Or, il est illégal de détruire des espèces protégées.

 

 

Fluteau nageant -

 

Il s’agit, précisent les Naturalistes à Reporterre, des espèces Sibthorpia europaea, ou sibthorpie, ainsi que des stations jusque là non identifiées de Luronium Natans, ou fluteau nageant.

 

 

Sibthorpie -

 

L’Etat reconnait la possibilité de réaménagement de l’aéroport actuel

Par ailleurs, la préfecture de Loire-Atlantique a rendu publique mercredi 5
rendue publique une étude sur le coût du réaménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Selon cette étude, réalisée par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), ce réaménagement coûterait plus cher que la construction d’un aéroport à Notre Dame des Landes.

Selon la DGAC, pour adapter l’actuel aéroport de Nantes Atlantique, situé au sud-ouest de la ville, à une progression attendue du trafic à cinq puis neuf millions de passagers, les travaux envisagés coûteraient 685 millions d’euros. Il faudrait y ajouter 140 millions de travaux préparatoires et de pertes d’exploitation, soit un total de 825 millions d’euros.

A comparer au coût de 556 millions d’euros de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tel qu’estimé en 2010, au moment de l’attribution de sa concession au groupe Vinci.

Le problème est que l’extrapolation du trafic à neuf millions de passagers est fort discutable, et les avantages économiques attendues de la construction d’un nouvel aéroport ont été très largement surévaluées, comme l’avait montré les contre-expertises du cabinet CE Delft.

Pour la DGAC, les bâtiments actuels de Nantes Atlantique ne suffiraient pas à accueillir l’afflux de passagers et une deuxième aérogare devrait être construite. Les bâtiments et équipements nécessaires au fonctionnement de l’aérodrome devraient tous, à l’exception de la tour de contrôle, être déplacés.

Cependant, en produisant cette étude aux conclusions fort discutables, l’Etat reconnait un point qui avait toujours été nié jusque-là : "Cette étude démontre bien que le réaménagement de Nantes Atlantique est possible ! » observe Pascale Chiron, présidente du groupe EELV à Nantes et Nantes Métropole. « Cela fait plus d’une dizaine d’années que nous réclamons ce débat ». Il convient donc d’examiner cette hypothèse avant toute décision de chantier sur la Zad.

 


 

Source : Hervé Kempf pour Reporterre.

Photos :
. chapô : Naturalistes en lutte
. sibthorpie : Wikimedia
. fluteau nageant : Eric Dronnet

Consulter par ailleurs : Dossier Notre Dame des Landes.

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:05

 

mediapart.fr

Un marché du travail « inaccessible » pour les plus pauvres

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Dans son dernier rapport annuel sur l'emploi, le Secours catholique dévoile une augmentation de la précarité et de l'exclusion des jeunes et des plus pauvres. 

Dans son dernier rapport « Emploi : quelle place pour les plus pauvres ? », publié jeudi 7 novembre, le Secours catholique dévoile un marché du travail très difficile d'accès pour les pauvres, spécifiquement pour les plus jeunes.

Réalisé en partenariat avec le Crédit coopératif, le rapport du Secours catholique dresse un bilan dramatique de l'accès à l'emploi pour les plus pauvres : moins d’une personne sur cinq rencontrées dans les centres d'accueil dispose d’un emploi, dont près du tiers sont des travailleurs à temps partiel. 70 % des personnes rencontrées qui sont au chômage n'ont aucune indemnité.

Le rapport relève également la grande précarité des jeunes (47,2 % des 15-24 ans ont des emplois précaires). Outre leur difficulté à décrocher un emploi stable, 77 % des jeunes chômeurs accueillis dans les centres du Secours catholique ne sont pas indemnisés. 

Pour le président du Secours catholique, François Soulage, « trouver un travail aujourd’hui en France, relève de la course d’obstacles et de la compétition. Dans ce contexte, c’est un peu la double peine pour les plus pauvres qui, sans réseau et sans accès à la formation professionnelle, sont encore plus défavorisés pour trouver un emploi ».

 

Lire le rapport du Secours catholique lci

 

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:41

 

 

mediapart.fr

Paradis fiscaux : au classement de l'opacité, les Etats-Unis sont bien placés

|  Par Dan Israel

 

 

Le “Tax Justice Network” publie son troisième index de l'opacité financière. Il pointe aussi bien les dérives de la Suisse et de Singapour que celles des pays de l'Union européenne ou du G20, France, Allemagne et États-Unis compris. Le ministre du développement Pascal Canfin salue le travail de ces experts militants.

Il y a les cibles classiques des croisés anti-paradis fiscaux : Suisse, Luxembourg, Hong Kong, îles Caïmans, Singapour, Jersey… Mais il y a aussi les pays respectables, qu’on voit rarement, voire jamais, désignés dans les listes noires : États-Unis, Allemagne, Japon. Sans oublier le Liban, jusqu’alors inconnu de nos services pour ses activités financières. Le « top 10 » de l’index d’opacité financière, présenté aujourd’hui par le Tax Justice Network (TJN), est à l’image de ce réseau d’experts et de militants, qui lutte activement contre les paradis fiscaux : radical, pointu, inattendu.

Le TJN publie son troisième Financial secrecy index depuis 2009, en partenariat avec les ONG qui soutiennent son combat, dont les associations françaises regroupées dans la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires. Fidèle à son discours, le réseau entend rappeler que « les pays de l’OCDE, et notamment les pays européens, loin d’être des champions de la lutte contre les paradis fiscaux, sont au cœur du problème ».

 

 

En 2009, 60 États avaient été évalués. Ils étaient 73 en 2011, et sont 82 aujourd’hui. L’indice « a vocation à couvrir l’ensemble des territoires de la planète et à rendre compte de leur contribution à l’opacité financière mondiale », précise le TJN. Son originalité réside dans le savant mélange entre deux types de données : les critères qualitatifs, résumés dans un « score d’opacité » mesuré à partir de 15 critères objectifs, et un critère quantitatif, qui mesure le poids, en pourcentage, de chaque territoire dans le marché international des services financiers aux clients non-résidents.

Une combinaison unique permettant de cibler les pays « qui promeuvent le plus activement et agressivement l’opacité dans la finance mondiale ». Et permettent donc de faire se côtoyer des territoires unanimement reconnus comme des « juridictions du secret », avec le Japon ou l’Allemagne, beaucoup moins opaques, mais produisant ou accueillant de nombreux flux offshore.

« Notre méthode bouscule beaucoup les esprits, c’est sûr, et on s’attend à ce que ce nouveau classement fasse grincer des dents », reconnaît Mathilde Dupré, spécialiste de ces sujets au sein de l’ONG française CCFD-Terre solidaire, membre de la Plateforme paradis fiscaux. Frapper les esprits, c’est le but même du TJN, fondé en 2003 par John Christensen, un natif de Jersey qui fut pendant douze ans le conseiller économique de l’île anglo-normande spécialisée dans la dissimulation d’actifs. Et qui milite aujourd’hui contre toute forme de dissimulation financière. « Les territoires les plus nocifs aujourd’hui ne sont pas forcément des petits confettis très opaques, souligne Mathilde Dupré. L’opacité financière est un continuum, tout le monde en produit, ou tolère celle qui est créée par d’autres pays. »


 

Le travail du Tax Justice Network est, comme à son habitude, impressionnant par son sérieux, et par son côté à la fois austère et tranchant. Des centaines de rapports des institutions internationales ont été épluchés pour attribuer son score à chaque pays, et un rapport détaillé, et bien rédigé, détaille point par point la situation et son évolution dans 30 pays. En deux ans, les grands équilibres n’ont pas été bouleversés. Les quatre pays classés le plus mal en 2013 l’étaient déjà en 2011, Suisse et Luxembourg (pays fondateur de l’Union européenne) en tête.

Cette année, le rapport insiste aussi sur la place paradoxale du Royaume-Uni : le pays occupe la 21e place du classement, mais si on ajoute la liste des territoires du Commonwealth qu’il soutient ou contrôle, et qui servent d’apporteurs d’affaires à la City, comme les îles Caïmans, les Bermudes, Jersey ou Gibraltar, il devient sans conteste « l’acteur mondial le plus important dans le milieu de l’opacité financière ». Et ce malgré les récentes démonstrations de bonne volonté de la part de certaines anciennes colonies britanniques.

« En dépit des engagements encourageants du premier ministre David Cameron pour lutter contre les paradis fiscaux en Grande-Bretagne, peu de choses ont été faites jusqu'ici pour freiner la ménagerie de trusts offshore, de fondations, de sociétés fictives, de failles et de subterfuges qui composent le système mondial de l’opacité financière », écrit John Christensen dans le communiqué accompagnant le lancement du classement. À tel point qu’il a écrit à la reine d’Angleterre, qui dirige toujours officiellement ces « dépendances de la couronne », pour lui demander d’intervenir.

 

 

À lire ces déclarations, il serait tentant de croire que rien ne change dans le paysage des paradis fiscaux. C’est largement faux, comme nous l’avons raconté en détail dans cette enquête ou cet article. Même s’il estime que « nous restons à des années-lumière des changements dont le monde a urgemment besoin », le TJN convient d’ailleurs que « certaines tendances positives sont évidentes ». De quoi réjouir l’un des destinataires prioritaires des critiques du réseau, Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE. Mandaté par le G8 et le G20 pour faire évoluer au plus vite la législation internationale sur le secret bancaire, Saint-Amans et ses équipes font feu de tout bois depuis plusieurs années pour réduire l’opacité financière.

« Comme les éditions précédentes, nous estimons qu’il y a un problème avec les méthodes du Tax Justice Network, qui mélange des données qualitatives et quantitatives, un peu comme des pommes et des poires, de façon pas toujours cohérente, indique Saint-Amans. Mais nous nous réjouissons grandement qu’il reconnaisse que des progrès ont été réalisés, même si de gros problèmes persistent encore, nous sommes d’accord. »

Le ministre Canfin tient « à saluer le travail » de l’association

Les évolutions sont en effet notables. En septembre, sur recommandation de l’OCDE, les pays du G20 ont promis de passer à l’échange automatique d’informations fiscales d’ici la fin 2015. Ils suivent en cela les États-Unis, qui ont ouvert la voie avec leur texte Fatca, et imposeront l’échange automatique à leurs partenaires dès la mi-2014. Cet échange automatique est défendu depuis belle lurette comme l’objectif à atteindre par de nombreux militants, dont le TJN. Il prévoit qu’au moins une fois par an, les établissements bancaires d’un pays rassemblent les informations qu’ils détiennent sur des ressortissants étrangers, et les communiquent soit à leur propre administration fiscale, soit directement à celles de leurs clients. Imparable pour lutter contre les contribuables cherchant à frauder le fisc de leur pays.

Le 15 octobre, la Suisse a signé la convention d’assistance administrative mutuelle de l’OCDE. Ce texte, qui réunit déjà une grosse soixantaine de pays, impose à chacun de simplifier les procédures d’échange d’information et de donner suite aux demandes de tous les autres pays signataires. Un pas immense pour un pays qui était encore désigné en avril par l'OCDE comme faisant partie des 14 territoires ne disposant pas des « éléments essentiels » permettant un échange effectif d'informations entre autorités fiscales. Mardi 5 novembre, c’était au tour d’Andorre de signer la convention, et de Monaco de s’engager à le faire.

Le 29 mai, Singapour avait elle aussi rejoint le mouvement. Ces pas franchis par des pays qui faisaient commerce du secret fiscal depuis des décennies sont très significatifs. D’autant que la convention de l’OCDE comporte une option facilement activable par chaque pays, qui enclencherait le processus d’échange automatique. Et les banquiers suisses ont déjà fait savoir à plusieurs reprises qu’ils avaient compris que cette évolution était inéluctable.

Pour la première fois cette année, la France est évaluée par le TJN, se plaçant dans le ventre mou du classement, à la 43e place sur 82. Une évaluation qui ne dérange pas du tout le ministre français le mieux placé pour parler de ces questions, Pascal Canfin. Le ministre délégué chargé du développement est aussi un ancien journaliste d’Alternatives économiques, très bon connaisseur des questions bancaires et des paradis fiscaux. Élu en 2009 député européen Europe Écologie, il avait contribué à créer en 2011 Finance Watch, une ONG se donnant pour mission de combattre le lobby bancaire à Bruxelles.

 

Pascal Canfin  
Pascal Canfin © DR

En mai 2013, Pascal Canfin a interdit à l'agence française de développement, qui dépend de sa compétence, d'utiliser les services des banques installées dans dix-sept paradis fiscaux. Sa liste noire additionne les huit pays désignés comme non-coopératifs par la France, et ceux qu’elle ignore mais qui sont épinglés par l’OCDE. « Je suis allé aussi loin que possible, mais la liste du Tax Justice Network repose sur des critères plus exigeants que ceux sur lesquels la France peut s’appuyer », indique Canfin à Mediapart. Le ministre tient « à saluer le travail » de l’association : « Les responsables politiques ont besoin d’un contre-pouvoir et d’un réseau d’expertise dans la société civile, le TJN en est l’un des meilleurs représentants. »

Canfin se déclare satisfait de voir la France arriver « dans le vert » aux yeux de l’ONG, même si le classement de notre pays montre que « la lutte contre la fraude et les paradis fiscaux est un combat permanent ». Combat renforcé, aux yeux du ministre, par le vote tout frais de la loi de lutte contre la fraude fiscale, et illustré par l’arrivée massive à Bercy de dossiers de Français souhaitant régulariser leur situation fiscale (4 000 dossiers ont été envoyés depuis cet été).

La France peut mieux faire

La nouvelle loi prévoit la mise en place d’un registre public français des trusts, ces sociétés permettant de dissimuler l’identité du bénéficiaire réel d’avoirs financiers ou de biens immobiliers. « C’est un bon pas en avant, réagit Mathilde Dupré, du CCFD-Terre solidaire. Mais la France pourrait être beaucoup mieux notée en mettant en place de nouvelles mesures… » Par exemple, en étendant immédiatement à toutes les entreprises l’obligation de publication d’informations comptables pays par pays, déjà imposée aux établissements financiers dans la loi de séparation bancaire votée en juillet. Cette disposition est prévue dans la loi, mais pour une mise en place conditionnée à son vote au plan européen.

Autre point incontournable aux yeux des militants : rendre obligatoire la publication des noms des « propriétaires ultimes » réels d’une entreprise lorsqu’ils sont masqués par « une chaîne complexe de propriété », comme des prises de participations en cascade dans des filiales. Enfin, insiste Mathilde Dupré, « il est de la responsabilité de la France de s’assurer que la mise en place de ces mesures, notamment sous la responsabilité de l’OCDE, prendra bien en compte les intérêts des pays en développement ».

La Plateforme paradis fiscaux rappelle qu’environ le tiers des 32 000 milliards de dollars amassés offshore par les grandes fortunes en 2010 proviendrait des pays en développement. Or, le lobby bancaire suisse a déjà signalé que s’il acceptait de passer à l’échange automatique avec l’Union européenne et les États-Unis, « il refusait que cela concerne les pays en développement », assure Mathilde Dupré : « Il faut être très vigilant à ce que les progrès dans les pays riches ne fasse pas empirer la situation des pays les plus fragiles, dont l’OCDE ne défend les intérêts que de loin. »

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:24
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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:09

 

marianne.net

 

Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise ?
Jeudi 7 Novembre 2013 à 05:00

 

Michel Santi*

 

En décernant le prix Nobel d'économie à Eugène Fama, le comité Nobel a distingué un personnage dont les travaux ont précisément consisté à sacraliser les marchés.

 

Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise ?

Le Nobel d’économie 2013 a été décerné à Eugène Fama, né en 1939, un des pères du monétarisme et de l’idéologie néo-libérale. N’est-ce pas lui qui affirmait péremptoirement « que l’hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues » ? C’est en effet suite aux travaux d’économistes comme Fama, comme Milton Friedman (1912-2006) – lui aussi Nobel en 1976 -, et comme Burton Malkiel, né en 1932, que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l’époque comme Margaret Thatcher et comme Ronald Reagan qui devait même affirmer dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : « l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème » !


Dès cette période, le conservatisme économique et la régression sociale devaient régner en maîtres absolus. Le vide laissé par l’État fut tout naturellement comblé par le développement hyperbolique d’un secteur financier dès lors qualifié d’ « efficient », voire de « parfait ». Cette finance était en effet appelée à rendre tous les services à l’économie. Les marchés seraient une sorte de juge de paix qui remettrait de l’ordre dans les finances des entreprises et des ménages en imprimant tous les pans de l’économie de sa bienveillante efficience. Les adorateurs du marché financier étaient même persuadés que ses prix étaient la résultante d’un équilibre rationnel, et que l’emploi n’était en fait qu’une variable au service de l’optimisation des valorisations boursières. C’est en effet Burton Malkiel – qui, lui, n’est pas encore Nobel ! – qui assurait que « la vraie valeur des marchés triomphera en finalité car la bourse est un mécanisme de précision sur le long terme ».


La dérégulation de nos économies et de la finance nous vient donc évidemment en droite ligne de cette hypothèse du marché efficient. Plus besoin de réglementation ni de garde-fous si le marché est efficient, donc optimal. Inutile de brider une bête qui se régule elle-même par le prix, qui élimine les plus faibles – c’est-à-dire ceux qui ont pris les mauvaises décisions – et qui fait gagner les plus forts. C’est donc une authentique « sélection naturelle » qui s’opère par des marchés financiers omniscients et infaillibles. Comme cette autorégulation déroule ses effets bénéfiques sur l’économie, la tâche de l’État doit donc se réduire à sa plus simple expression. Hélas, ce rétrécissement du champ d’action de l’Etat – préalable incontournable à la dérégulation de la finance-, accouche depuis trente ans de crises bancaires et boursières à répétition. Ce laissez-faire ayant essaimé depuis le monde anglo-saxon jusqu’à l’Europe continentale pour ensuite toucher l’Amérique latine et l’Asie, c’est l’ensemble de la planète qui a progressivement été infectée par des bulles spéculatives dont l’implosion fait d’immenses ravages financiers, économiques et bien-sûr humains.


Aujourd’hui, c’est l’ensemble du spectre qui se retrouve contaminé par la financiarisation : l’énergie, l’immobilier, les denrées alimentaires, mais également l’éducation, voire la santé dans certains pays. Toutes les facettes de l’activité économique se retrouvent ainsi enchevêtrées dans une toile complexe tissée par la financiarisation. Voilà par exemple Goldman Sachs qui a investi il y a quelques mois 10 millions de dollars dans les prisons dans l’État de New York, avec les perspectives suivantes : récupérer sa mise si la récidive baisse de 10 %, la doubler si ce taux s’améliore, ou perdre la moitié de sa mise si la criminalité ne s’améliorait pas à New York ! Nos sociétés ont atteint aujourd’hui un tel degré de décadence qu’elles en viennent à déléguer au secteur financier de telles responsabilités, et leurs devoirs les plus élémentaires vis-à-vis de citoyens dans la détresse. Ces « obligations sociales », ou « social impact bonds », démontrent bien que l’obligation morale de la collectivité cède désormais la place aux institutions financières qui lèvent des fonds pour générer des profits, tout en se substituant à l’État.


Dans ce meilleur des mondes où le marché est censé être efficient, les malversations et les escroqueries sont réputées impossibles ! En effet, comme les marchés ne peuvent être efficients en présence de fraude, les actes malhonnêtes ne peuvent tout bonnement plus exister… précisément du fait de l’efficience des marchés ! Pourtant, qui sait que, aujourd’hui en 2013, – en pleine crise européenne et plus de six ans après les subprimes ! -, la nouvelle maxime de Wall Street et de la City est : « I’ll Be Gone, You’ll Be Gone », soit en français : « je ne serai plus là, vous ne serez plus là » ? Qui signifie clairement que les cataclysmes de demain – inévitables comme conséquence des comportements d’aujourd’hui – ne sont pas le problème des financiers qui ne seront plus ici…et que d’autres devront gérer les problèmes.


En réalité, les abus de la finance sont passés dans nos mœurs. Et en fait, les banquiers et les financiers honnêtes ne sont plus de taille à entrer en compétition avec leurs collègues fraudeurs. C’est simple : une banque qui ne chercherait pas à masquer des pertes, ou à vendre des actifs pourris, ou à blanchir de l’argent, ou à influencer le cours d’un produit dérivé… ne serait plus compétitive et serait vouée à terme à faire faillite, ou à sévèrement décrocher en bourse. Dans la nature, la sélection darwinienne nous apprend que les plus forts survivent aux plus faibles. Dans l’univers de la finance, ce sont les malhonnêtes qui restent, voire qui prospèrent, tandis que sont damnés ceux qui se conforment aux règles du jeu.


Ce rouleau compresseur des escroqueries et des malversations porte un nom, la dynamique de « Gresham », qui fut décrite par George Akerlof, né en 1940 et Nobel d’économie 2001 : « Les transactions malhonnêtes tendent à faire disparaître du marché les transactions honnêtes. Voilà pourquoi le coût lié à la malhonnêteté est supérieur au montant de la tricherie ». Cette dynamique de Gresham – devenue aujourd’hui une dominante dans les marchés financiers – a donc pour conséquence une volatilisation de l’éthique au profit de la fraude, qui devient dès lors endémique. Ceux qui respectent la loi et la morale sont donc appelés à disparaître alors que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, ou qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, aujourd’hui, il devient « trop cher » d’être honnête !


Aujourd’hui, et alors même que le comité Nobel vient de distinguer un personnage dont les travaux ont précisément consisté à sacraliser les marchés, nous devons collectivement prendre conscience que ceux-ci ne créent nulle valeur, qu’ils doivent être subordonnés et placés fermement sous la tutelle de l’économie productive. L’éthique doit faire son retour au sein de la banque et de la finance, car cette crise est d’abord une crise morale ! Le préalable étant de tenter de répondre à la question du Nobel d’économie de 1998, Amartya Sen, né en 1933 : « Comment est-il possible qu’une activité aussi utile, comme la finance, soit devenue si immorale »  ?

 


*Michel Santi est économiste et spécialiste des marchés financiers. Il conseille des banques centrales de pays émergents. Auteur de Splendeurs et misères du libéralisme, Capitalism without conscience.  Vient de paraître, L'Europe chronique d'un fiasco politique et économique.

 

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 15:59

 

marianne.net

 

Le fantasme de la France raciste
Jeudi 7 Novembre 2013 à 05:00

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Voilà le dernier des sujets montés par les médias à grand renfort de trompettes et de jugements définitifs : la France est un pays raciste. Est-ce aussi simpliste ?

 

Des militants de SOS Racisme manifestent devant le centre Pompidou, Paris - YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA
Des militants de SOS Racisme manifestent devant le centre Pompidou, Paris - YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA

On se croirait revenu à l’époque de « SOS Racisme » qui permit à Harlem Désir de s’imaginer un destin national. Il ne manque que BHL à l’appel, mais rien n’est perdu. En attendant son éventuel renfort, des voix étreintes par l’angoisse expliquent que la France est devenue une plaie pour la civilisation en raison de sa xénophobie congénitale.  

Le Parisien pose la question : « La France devient-elle raciste ? » La réponse induite est positive, forcément positive. Le même jour, Libération donne la parole à Christiane Taubira et s’empresse d’expliquer que « la parole xénophobe se libère en France ». La veille, Harry Roselmack, journaliste vedette de TF1, lançait dans  Le Monde : « Me voilà ramené à ma condition nègre ». Et d’ajouter cette sentence définitive : «  La France raciste est de retour ». Bref, l’hexagone serait l’équivalent européen des Etats-Unis de la ségrégation raciale des années 50.  

Il serait temps de revenir sur terre. Qu’il y ait une recrudescence des manifestations de racisme, comme toujours en période de crise, nul n’en doute. Qu’il faille les condamner avec la dernière vigueur, c’est l’évidence même. Que les heures sombres du Sarkozysme, avec son instrumentalisation de l’identité nationale, aient ouvert des vannes que l’on croyait fermées à jamais, c’est certain. Que le traitement infligé à Christiane Taubira par quelques voix haineuses soit une offense à la ministre et à la République, on ne le dira jamais assez. Par parenthèse, on regrettera que les dirigeants politiques de tous bords n'aient pas réagi plus tôt. 

Mais de là à décrire le pays comme un bunker de racistes potentiels ou avérés, il y a un pas qu’il serait hasardeux de franchir, sauf à prendre ses fantasmes pour la réalité et des faits isolés pour une tendance générale. D’après les chiffres fournis par la ministre de la justice, on est passé de 1300 plaintes au premier trimestre de 2012 à 1500 pour la période correspondante de 2013. Sans doute est-ce beaucoup. Quand bien même ne resterait-il qu’une seule plainte, ce serait trop. Mais comment peut-on en déduire qu’il y a une déferlante raciste ?  

Certes, on entend des choses qui sonnent étrangement à l’oreille. Le discours de Manuel Valls sur les Roms relève d’un amalgame indigne d’un ministre de la République, mais cela n’en fait pas pour autant un agent du FN. On pourrait en dire autant du « pain au chocolat » de Jean-François Copé et de quelques autres saillies. Si elles ne grandissent pas leurs auteurs, elles ne les transforment pas d’office en descendants naturels de Maurras ou de Laval.  

En vérité, le tsunami raciste relève en grande partie du fantasme. Même le Front National, qui vient de loin (et de bas) en la matière prend soin d’exclure au plus vite toute voix douteuse, de peur de voir entacher son entreprise de dédiabolisation. Ce n’est donc pas parce que la dénommée Anne-Sophie Leclerc, ex tête de liste du FN, a tenu les propos détestables que l’on sait, qu’il faut en faire le symbole de la Marianne nationale. 

Il existe même plutôt une forme de veille républicaine en partie salutaire mais qui peut tourner à l’obsession, comme en témoigne l’histoire de la jeune militante de l’UNEF obligée de reconnaître qu’elle avait inventé de toutes pièces une pseudo agression raciste. La chasse à la parole déviante est ouverte 24h sur 24. On ne peut plus rien dire sans peser ses mots au trébuchet afin d’échapper au tribunal des flagrants délits intellectuels. Si certains comiques avaient l’audace de leurs prédécesseurs, ils seraient envoyés d’office devant le Tribunal Pénal International.  

Du haut de leur magistère éthique, loin des contingences de ce bas monde, les professionnels de l’indignation permanente et de la colère sélective édictent le Bien et le Mal, séparent les Bons des Méchants. Echapper à la police de la pensée est devenu un exercice périlleux. Veut-on défendre la laïcité ? On est suspect d’islamophobie, mot valise qui permet tous les procès. Veut-on défendre la nation contre le rouleau compresseur de l’Europe néolibérale? On est traité de nationaliste attardé. Veut-on réguler l’immigration pour empêcher le dumping social dont rêvent les ultralibéraux ? On est accusé de vouloir rejeter les immigrés à la mer. De ces sujets tabous, les bonnes âmes ne parlent pas. Elles préfèrent  donner des leçons de morale.

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 15:07

 

 

rue89.com

Tordre le cou à un mythe : la compétitivité, arme fatale de désintégration sociale
Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 07/11/2013 à 11h19

 

 

S’il en est un qui tient le pompon parmi les mythes miteux à déboulonner, c’est bien celui de compétitivité que les évangélistes dépassés du monde d’avant continuent de nous servir comme des automates détraqués en ne se préoccupant même plus de la faire passer pour une saine émulation.

C’est quoi d’abord cette compétitivité, sinon une variante vicieuse de la loi des plus forts ? Lesquels plus forts n’ont d’ailleurs de cesse d’en contourner et l’esprit et la lettre à la première occasion par des ententes illicites entre eux. Regardez les banques avec le scandale du Libor, nos chères entreprises en communication, nos parfumeurs...

Croyez-vous que les salariés modestes, et à plus forte raison les chômeurs tutoyant la fin de leurs droits, ont une quelconque chance d’être compétitifs face à des grands patrons qui viennent encore de s’augmenter de plus de 6% en 2012, malgré des résultats économiques consternants ?

La compétitivité nationalisée

Cette compétitivité, qui à l’origine concernait surtout le monde de l’entreprise privée, a fini par contaminer des régions, des pays, des entreprises publiques. Regardez ce qu’il advient de notre bonne vieille SNCF ou de France Télévision. Voyez la compète saugrenue entre provinces françaises à propos de l’écotaxe.

La mondialisation, synonyme de dérégulation sauvage dans les faits, la compétition exacerbée entre puissances publiques, ont encore accru les tensions nées de la compétitivité débridée.

Vous pouvez le prendre par n’importe quel bout, la compétitivité étendue à l’échelle planétaire et érigée en dogme intangible ne peut aboutir qu’à une désintégration sociale via un nivellement par le bas. Et, partant, à des émeutes ou à la guerre.

Croyez-vous que des pays s’accrochant à des revenus décents, sinon minimum, ont la moindre chance de devenir compétitifs face à ceux pratiquant des salaires de misère au mépris de toutes les règles de considération sociale ?

Les prêtres d’une religion féroce

Même au sein d’organisations supranationales se prévalant de vouloir faire triompher, du moins entre leurs membres, la solidarité sur la compétitivité, c’est l’inverse qui se produit. Regardez l’Union européenne et le comportement des plus forts, l’Allemagne en premier chef.

Le prix Nobel d’économie Paul Krugman vient de montrer comment ce pays fit exploser son excédent commercial en profitant de l’introduction de la monnaie unique européenne, et par une baisse drastique des coûts du travail (traduisez, des salaires). La compétitivité d’un pays au détriment de ses citoyens, fortiche comme concept.

 


Allemagne : excédents commerciaux et coût du travail

 

Bref, le constat d’échec de ce concept idiot de compétitivité, brandi comme moteur incontournable de régulation et d’émulation, est si accablant, si évident, qu’on reste ébahi de voir les prêtres d’une religion féroce ou des zigotos ahuris nous servir encore leur infâme brouet. Et, pire, de nous voir l’avaler sans broncher.

Mais, me direz-vous, comment enrayer cette spirale infernale ? Certainement pas en l’abandonnant aux « marchés ». Mais par des règles strictes (oui, oui, comme au foot ou au rugby, imaginez un match de rugby sans règles, ni arbitre) et des mesures de protection sociale (oui, oui, du protectionnisme).

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 14:45

 

Transmis par l’équipe de campagne Retraites d’Attac

 

 

Chères amies, chers amis,

La réforme des retraites avait été adoptée à une courte majorité lors de son premier passage à l’Assemblée nationale. Hier, le Sénat l’a rejetée à l’unanimité. Elle reviendra donc à l’Assemblée les 19 et 20 novembre.

Le rejet de la réforme est possible : il suffirait que ceux qui se sont abstenus en première lecture votent contre cette loi pour qu’elle soit rejetée faute de majorité. Bien sûr le gouvernement pourrait utiliser le 49-3 mais le caractère illégitime de cette contre-réforme en serait renforcé. Ce serait un encouragement à continuer pour le droit à la retraite et la défense de tous les droits sociaux.

Assurons-nous que les députés votent contre cette réforme inique ! Vous pouvez interpeller les députés de votre circonscription à cet effet sur la page qui suit : http://www.france.attac.org/articles/interpellons-les-depute-e-s-pour-quils-votent-non-cette-reforme-des-retraites

A faire circuler largement autour de vous et dans vos réseaux !

Bien à tous,
L’équipe de campagne Retraites d’Attac


Le 15 novembre, ne ratez pas la soirée des 15 ans d'Attac au Cabaret sauvage !

http://www.france.attac.org/evenement/15-novembre-15-ans-dattac

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 14:27

 

 

VENDREDI 8 NOVEMBRE 20h30

 

 
à Vauvert Salle Foucaran
(Sous les arènes, entrée avenue de la République)

Conférence, avec vidéo projection, sur le
GRAND MARCHE TRANSATLANTIQUE

AVEC RAOUL MARC JENNAR
Docteur en science politique,
spécialiste en relations internationales
et en particulier des organisations internationales
(ONU, OMC, ...),militant altermondialiste
et membre du Parti de Gauche
 
 

 

suivi d’un débat qui se conclura avant 23h00.
 
 
 
Soirée organisée par les Comités Petite Camargue Gard et Lunel Est Hérault du Parti de Gauche

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