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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 17:09

 

 

Source : mediapart.fr

 

Affaire Kerviel: ce témoin que la justice n'a pas voulu entendre

|  Par Martine Orange

 

 

 

Sylvain P travaillait au service informatique de la société de courtage de la Société générale. Il a vu de près les transactions énormes de Jérôme Kerviel en 2007. Il juge impossible que la banque ait ignoré ce que faisait son trader.

Il y a deux semaines, dans la plus grande discrétion, le ministère des finances présentait, dans le cadre de la loi de finances rectificative, un dispositif lui permettant de lever 4,5 milliards d’euros afin de solder l’addition du Crédit lyonnais. La faillite de la banque a coûté plus de 15 milliards d’euros aux finances publiques, sans parler du milliard versé au titre de l’affaire Executive life aux États-Unis, ni des 400 millions versés à Bernard Tapie.

Reconnu par la justice, après douze ans de procédure, responsable de la faillite du Crédit lyonnais, son ancien dirigeant, Jean-Yves Haberer, a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 1 euro symbolique de dommages et intérêts. La seule sanction pécuniaire qu’il a eu à payer lui a été infligée par la Cour de discipline budgétaire : elle l’a condamné à payer 59 000 euros d’amende. Pour sa part, Jérôme Kerviel a été condamné à trois ans de prison ferme et à 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts au titre des réparations de la perte subie par la Société générale, à la suite de ses transactions extravagantes sur les marchés. Deux poids, deux mesures.

C’est ce sentiment d’injustice qui a poussé Sylvain P à se manifester dans ce dossier. De décembre 2003 à avril 2010, il a travaillé au service informatique de la Fimat, la société de courtage de la Société générale (devenue Newedge). C’est elle qui traitait toutes les transactions liées à Eurex, le marché sur lequel intervenait principalement Jérôme Kerviel. Lors de l’instruction de l’affaire, en 2008, puis du premier procès, en 2010, il suit le dossier de très loin. « J’avais été trop confiant dans nos institutions », reconnaît-il.

Mais après la première condamnation, Sylvain P se dit qu’il n’est plus possible de se taire. « Je ne pouvais pas continuer à rester silencieux. Je craignais de nouveaux mensonges et de nouveaux dysfonctionnements lors du procès en appel. Comment accepter une arnaque intellectuelle pareille, comme celle d’accuser Jérôme Kerviel d’atteinte à l’ordre financier international, en pleine crise financière ? » explique-t-il.

Se présentant comme un témoin de la défense, Sylvain P a été entendu par la brigade financière. Tout a été noté sur procès-verbal. Il a tenu à venir témoigner au procès de Jérôme Kerviel devant la cour d'appel. Du 4 au 28 juin 2012, Sylvain P est venu tous les jours au Palais de justice de Paris dans l’espoir de pouvoir témoigner. La présidente Mireille Filippini n’a jamais jugé utile de l’appeler à la barre. Il donne aujourd’hui ce témoignage que la justice n’a jamais voulu entendre.

« En tant que responsable informatique, je n’avais pas à connaître les transactions réalisées par la Société générale. Mon rôle était de gérer les flux, les volumes », explique Sylvain P. Dès juillet 2007, il dit noter de très importants changements dans les volumes à traiter. « C’était comme si l’affluence du péage de Saint-Arnoult un week-end de 14 juillet arrivait sur une route nationale », prend-il comme comparaison pour expliquer la surchauffe chez Fimat. Brusquement, tout bouchonne. « Cela a duré jusqu’à la fin de 2007 », se rappelle-t-il.

L’encombrement devient tel qu’il provoque des retards quotidiens, de l’ordre de deux à trois heures par jour, dans le traitement des données. « Les retards se répercutaient partout, dans les services de back office mais aussi de trésorerie, de facturation et du contrôle de gestion. Nous étions dans le flou parfois pendant plusieurs heures sur les opérations, ce qui était très dangereux. Le trafic avait tellement explosé qu’il a fallu remplacer la machine d’exploitation d’Eurex », raconte-t-il.

À l’époque, pour Sylvain P, Jérôme Kerviel n’est que le compte SF581. Mais un compte qui pose tellement de problèmes qu’il doit tourner dans « un process indépendant pour faire face au volume des transactions ».

Comment imaginer que la Société générale n’ait rien vu, comme elle l’a soutenu pendant l’instruction et le procès ? « Mais c’est totalement impossible. Tout le monde était au courant ! » s’exclame-t-il. À la fin de 2007, le patron de la salle de marché de Fimat a adressé un mail à tous les salariés de la société de courtage pour les informer qu’ils avaient ce jour-là franchi le record de lots traités par Fimat.

Sylvain P se souvient d’un événement qui l’a marqué à cette époque. « En octobre 2007, un membre du “risque opérationnel” m’a demandé avec insistance de “monter” les limites de trading pour un trader qui opérait sur Eurex. J’ai bien sûr refusé, ce n’est pas à un service technique de s’occuper des prises de risque – c’est réglementairement interdit –, mais au service des risques de traiter cette opération ! Avec un collègue, nous avons juste regardé la configuration des limites pour ces traders qui traitaient des produits dérivés sur Eurex, et nous avons alors constaté que certains d’entre eux n’avaient aucune limite ! » raconte-t-il. Il n’y avait donc pas que Jérôme Kerviel qui était laissé sans contrôle, quoi qu’en dise la direction de la banque.

Lorsque l’affaire éclate, et que la direction de la Société générale désigne Jérôme Kerviel comme seul responsable, ayant agi en secret, dans l’ignorance totale de la hiérarchie, Sylvain P s’indigne. « Lorsqu’on écoutait Christian Noyer (gouverneur de la banque de France et responsable des autorités de contrôle des banques  ndlr), il avait fait sienne, dès le premier jour, la théorie de l’homme seul. Nicolas Sarkozy la reprendra à son compte. La fable semblait particulièrement bien montée, faisant consensus. Jérôme Kerviel avait son portrait partout, dans tous les journaux le soir même de la révélation publique de l’affaire. Il était désigné comme le bouc émissaire », insiste-t-il.

Mais ce qui surprend le plus Sylvain P, c’est la façon dont est menée l’enquête par la suite. « Certes, c’était une affaire hors norme pour la brigade financière. Elle n’a pas l’habitude de traiter ce type de dossier. Mais il y avait une méconnaissance manifeste chez les enquêteurs des pratiques de la finance de marché. Même s’ils étaient de très bonne volonté, ils ne savaient où chercher, quoi chercher », se souvient-il. La première chose qui le frappe est le délai qui va s’écouler entre l’éclatement de l’affaire et leur arrivée chez Fimat. « Ils ne sont arrivés que le 15 février. Pendant un mois, la scène du crime, si l’on peut dire, a été totalement libre. Nous étions plusieurs salariés chez Fimat à être interloqués de voir les inspecteurs de la brigade financière arriver si tard », dit-il. Un fait qui continue de nourrir ses soupçons.

Les preuves existent encore

Lors de l’enquête de la brigade financière, à l’été 2012, le responsable de la messagerie de la Fimat jure ne pas se souvenir d’avoir détruit des correspondances électroniques entre la banque et le courtier. Un officier de la bridage financière s'inquiète cependant de savoir si l’un de ses supérieurs lui a demandé, en 2007 ou 2008, de supprimer des données sur la messagerie. « Sa réponse était quand même très intrigante. Il a répondu que “oui, cette demande lui avait été faite, plus exactement, s’il était possible de supprimer des messages afin qu’il ne soit pas possible de retrouver leur trace”. » « Cette question avait été posée par un de ses supérieurs et c’était trois semaines avant le déclenchement de l’affaire Kerviel. Comment se fait-il que les juges ne soient pas interrogés sur cette révélation inscrite sur procès-verbal ? » s’étonne toujours Sylvain P.

Ce n’est qu’un des nombreux éléments du procès de Jérôme Kerviel qui dérangent l’ancien informaticien de la Fimat. Pendant un mois, Sylvain P a été le témoin muet, tenu à l’écart de tout ce qui se disait devant la cour d’appel de Paris. Il a relu calmement par la suite les témoignages qui avaient été donnés à l’audience. Certains le font encore bondir.

« À l’audience, les responsables de la Société générale ont ainsi expliqué que les fichiers informatiques de la Fimat (qui donnent un relevé précis de toutes les transactions quotidiennes réalisées par les traders de la banque  ndlr) ne parvenaient qu’au back office de la banque. Je ne vois pas comment c’est possible. J’envoyais les fichiers – les positions ouvertes, les résultats financiers, les relevés de compte, les avis d’opérer – des comptes de la Société générale chez Fimat, en direction des services informatiques de la banque, qui devaient obligatoirement les surveiller et les redistribuer ensuite auprès des différents services chargés de suivre l’activité des traders dont celle de Jérôme Kerviel », explique Sylvain P.

« C’est une règle de base de nos métiers : les opérationnels – c’est-à-dire les employés du back office et des autres services – n’ont pas à avoir accès en direct aux fichiers, pour des raisons à la fois techniques et de sécurité et d’intégrité des données. Je ne vois pas pourquoi mes collègues de la Société générale auraient fait autre chose que moi, c’est-à-dire informer le back office, la trésorerie et le contrôle de gestion. Sinon, ces services n’auraient pas les moyens de travailler ; sans parler de l’absence de contrôle qui peut être très dangereuse. Les pertes peuvent aller très vite sur les marchés », argumente-t-il, en se demandant encore comment les juges ont accepté cette version présentée par la banque sans chercher à comprendre.

Mais la curiosité n’a pas été l’élément moteur au cours du procès en appel de Jérôme Kerviel. Plus d’un an après, Sylvain P se repasse les faits, les déclarations, bondit en se rappelant l’attitude des juges. Il ne comprend pas comment la Cour a pu accepter sans broncher la thèse de l’ignorance de la direction de la banque, alors que les appels de marge pour couvrir les positions de Jérôme Kerviel ont représenté 28 milliards d’euros en 2007. « Comment une banque peut-elle ne pas voir un tel montant d’argent ? Si elle n’a rien vu, il faut la fermer tout de suite, car c’est un danger public », dit-il.

Ce qui l’agace le plus, c’est que la cour d’appel ait avalisé la position des responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel, qui sont censés n’avoir rien vu. « Ils sont polytechniciens mais ils ne lisent ni les mails ni les tableaux Excel », relève-t-il. « Le pire est quand un des responsables de Jérôme Kerviel a dit qu’il ne pouvait pas parler devant le tribunal, car sinon il devait rendre l’argent. Il n’y a aucun accord confidentiel qui tienne face à la justice. Comment la présidente de la cour d’appel a-t-elle laissé passer cela sans le relever ? Cela s’appelle ni plus ni moins que de la subornation de témoin », s’indigne-t-il.

Trop de faits, selon lui, ont été occultés, détournés tout au long de ce procès où la justice s’en est tenue à la version simpliste de la Société générale, faisant de Jérôme Kerviel un bouc émissaire évident. « Si la justice voulait vraiment savoir la vérité sur ce qui s’était passé, elle en avait tous les moyens. La  Société générale dit que les mails internes ne sont plus disponibles, ce qui aurait permis de voir le degré de connaissance des responsables de Jérôme Kerviel. Mais il y a un endroit où ils sont encore stockés. Il y a une base de conservation à Chicago. De même, pourquoi n’avoir rien demandé à Eurex ? C’est la chambre de compensation, qui fait office de notaire sur ce marché réglementé. Elle a toutes les preuves, les traces de tous les mouvements. Pourquoi ne lui a-t-on pas demandé la liste des numéros de ses clients qui ont des positions assez significatives ? Cela aurait permis d’éclaircir la répartition des positions, de savoir si Jérôme Kerviel jouait seul contre le marché ou avait des vendeurs en face. Pourquoi la justice n’a-t-elle pas demandé tout cela ? » demande Sylvain P.

« Les preuves existent encore. Mais il ne faut pas tarder. Les messages stockés à Chicago sont gardés pendant sept ans, les opérations chez Eurex sont gardées pendant dix ans. Il y aura un moment où il ne sera plus possible de faire la lumière sur cette affaire. Il en va de la vie d’un homme », dit-il.

 

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 18:21

 

Source : blended.fr

 

 

LES 10 STRATÉGIES DE MANIPULATION SELON NOAM CHOMSKY
 30 janvier 2013

 

 

Il est l’un des plus grands penseurs de notre époque. Un intellectuel d’une objectivité rare et non élitiste par conviction. Un linguiste devenu penseur de son monde et en particulier de sa communication dans la tradition des Guy Debord et autres Pierre Bourdieu.
Ami intime de Jacques Lacan dont il disait que les théories étaient des escroqueries volontaires pour se jouer du monde parisien.
Cet homme, donc, a résumé les 10 stratégies de manipulation des masses. Et il est toujours bon de se les remémorer.

 

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1/ La stratégie de la distraction. Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.

2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3/ La stratégie de la dégradation. Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4/ La stratégie du différé. Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge. La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion. Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise. Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité. Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9/ Remplacer la révolte par la culpabilité. Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. »

 

 

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 18:15

 

Source : kokopelli-semences.fr

 

Les tambours de Gaïa se sont réveillés

 

 

 

Une nuit de pleine lune embrasée de feux de forêts d'eucalyptus australiens naufragés dans la vallée de l'Urubamba, près de Cuzco dans les Andes - sur les pentes déforestées et érodées de ce qui fut autrefois le berceau de la cornucopia des Incas et des peuples millénaires qui les précédèrent - Xochipelli le Rêveur rencontra Kokopelli le Porteur de Semences. Il lui asséna une question fatidique: il y a 14 000 années de cela, l'agriculture n'aurait-elle pas été le début du chaos social? Et il déclina coléreusement les dommages collatéraux de cette invention "tombée du ciel" après des millions d'années de chasse et de cueillette: surpopulation, monocultures, esclavage des animaux domestiques, établissement des villes avec leurs polices, leurs armées et leurs tribunaux afférents… et surtout, la destruction intégrale de la biosphère. Il lui asséna une seconde question fatidique: Monsanto, Syngenta, Bayer - et tous les criminels de l'agrochimie - ne constitueraient-ils pas l'aboutissement inéluctable de cette invention de l'agriculture? Jardin, gardien / warden, garden: les étymologies ne mentent jamais. Avons-nous donc, aujourd'hui, le droit ou le devoir de poser ces questions tabous? Surtout nous, l'Association Kokopelli, dont la mission essentielle est de protéger les semences libres, de favoriser l'expansion des jardins familiaux et de promouvoir toutes les techniques agro-écologiques qui permettent aux peuples de se libérer du joug des multinationales. Ce que nous faisons depuis 20 ans avec un enthousiasme d'autant plus expansif que nous sommes de plus en plus soutenus dans notre lutte pour la libération des semences et de l'humus.

Au fil de ces deux derniers milliers d'années, les tambours qui rythmaient la vie quotidienne des Peuples Premiers, des Peuples Indigènes, se sont tus, à jamais, de la Sibérie au Congo, de la Chine au Pérou … et sur toute la planète. Ces peuples qui n'avaient pas inventé le concept d'écologie - puisqu'il ne leur était pas venu à l'imagination de détruire les écrins de vie qui les nourrissaient - furent annihilés inexorablement par un syndrome connu sous le nom de détergent blanc plus que blanc.

Nous sommes au coeur du génocide. Fukushima avec ses centaines de tonnes de combustible usé, et non recyclable, et surtout ses tonnes de plutonium sur le toit du réacteur 4, qui joue la Tour de Pise, représente à lui seul un événement d'extinction planétaire, sans même parler des centaines de tonnes d'eau radioactive qui s'en déversent quotidiennement dans l'océan pacifique et qui massacrent les dauphins, liquéfient les étoiles de mer… et annihilent toute la vie des abysses océaniques. Monsanto stérilise l'animal humain avec son glyphosate. La Libye, le pays le plus riche d'Afrique, a été "libérée" par des criminels et 100 à 150 000 Libyens y sont morts sous les bombes à uranium appauvri "made in France" et, aujourd'hui, tout le pays est ensanglanté par une guerre civile. Tous les jours, 36 000 enfants meurent de faim alors que des milliers de milliards de dollars sont dépensés, tous les ans, pour construire des armements, "sauver" des banques et financer une myriade d'ignominies. L'insécurité alimentaire prévaut de plus en plus et ne fera que s'empirer au fil du refroidissement planétaire global, de l'érosion des sols, de la pénurie en eau… et de la spéculation débridée sur les ressources agricoles par les banksters.

L'opposition contrôlée gangrène une grande partie des mouvements de la société civile. En Amérique latine, par exemple, les fondations Ashoka et Avina qui financent la lutte contre les chimères génétiques sont elles-mêmes financées par Monsanto ou par les fondations de Bill Gates et de Rockefeller... En Europe et en Amérique du nord, la plus grande partie des distributeurs d'aliments "biologiques" ont été rachetés par les grands cartels de l'agro-alimentaire: Nestlé, Cargill, Coca-Cola, etc. En France, par exemple, Lima et Danival ont été rachetés par Hain Celestial, aux USA, derrière lequel se cache l'argent de Monsanto, Walmart, Philipp Moris, City Group et Martin Lockeed. En France encore, acheter les produits bios de Bonneterre, de Bjorg, d'Evernat, d'Allos, de Tartex, d'Alter Eco... c'est participer à la prospérité du Hollandais Royal Wessanen, l'un des grands groupes Européens de l'agro-alimentaire. En France encore, 95 % des légumes bios commercialisés sont produits à partir de semences de variétés hybrides F1; ce qui signifie que le consommateur bio, par exemple, a une "chance" sur deux d'acheter un melon bio "Monsanto/Bayer/Syngenta" puisque ces trois groupes de la chimie possèdent la moitié des 250 variétés de melons inscrites dans le catalogue national du GNIS; ce qui signifie que de très nombreux maraîchers bios sont complices de la destruction de la biodiversité alimentaire. En France encore, l'association Kokopelli est "certifiée" bio par Qualité France, qui a été racheté par Bureau Véritas, l'un des leaders mondiaux du contrôle industriel. Dans le Tiers-Monde, l'IFOAM (la fédération internationale de l'agriculture biologique) rabat du petit paysan pauvre pour produire du bio, et encore plus de bio, au service de l'export vers les pays riches, au service de l'industrie bio, et donc au service de l'industrie tout court. Ad nauseam.

Et tout le monde se tait, ou presque. Surtout, rester politiquement correct, ne pas faire de vagues, ne pas traiter de criminels les gangsters, de tous bords politiques, qui vont "libérer" les pays regorgeant de pétrole, de gaz ou d'or. Et surtout ne pas cracher dans la soupe - et jamais dans la soupe bio! Est-il bien raisonnable de rédiger un éditorial enflammé pour la revue de l'Association Kokopelli alors que notre objectif est de distribuer des semences gratuites dans tout le Tiers-Monde mais aussi d'en vendre toujours et toujours plus, en Europe, pour payer les charges salariales et tous les nouveaux impôts que l'Etat voyou, et corrompu, ponctionne pour sauver les banques et son système en effondrement pitoyable? Sans même évoquer le coût sans cesse croissant de la "consommation" alors que nos sachets de semences sont toujours strictement au même prix depuis sept années.

Aujourd'hui, encore et toujours, je suis empreint d'une Rage transpersonnelle et je la revendique comme une arme d'éveil et d'impulsion régénératrice. Vous avez bien dit "arme"? Je le dis. Nous sommes en guerre mais cette guerre, ce n'est pas nous qui l'avons lancée, ce sont les psychopathes prédateurs. Et c'est une guerre inexorable à l'encontre de la Vie et ces déments iront jusqu'au bout de leur folie meurtrière. Les biologistes de Monsanto, de Syngenta, de Bayer, de BASF, de Limagrain et de tous les autres criminels de l'agrochimie, n'ont-ils pas les mêmes diplômes et les mêmes doctorats que les biologistes courageux (Vélot, Séralini, Putszai…) qui s'opposent à leurs chimères génétiques et autres abominations? Ils ont les mêmes mais c'est leur Intention qui diffère. Les uns sont des dé-générés qui se sont éloignés de l'humanité et de l'humanisme et ils sont au service de la propagation de la Mort; tandis que les autres sont au service de la protection de la Vie.

Ce n'est pas l'amour qui nous a plongés dans ce génocide immonde et ce n'est pas l'amour qui va nous en sortir. Où sont les Mâles, les Guerriers, les Hommes dignes de ce nom? Où sont les Guerrières, les Femmes dignes de ce nom qui vont guider et soutenir les Hommes dans la protection du fruit de leur matrice génératrice et dans la protection des fruits de la matrice généreuse de la Terre-Mère? Vers la mi-septembre, j'ai participé avec Blanche Magarinos-Rey, notre avocate, à un forum à Bâle (au coeur du prestigieux Jardin Botanique de cette ville) dont l'objectif était supposément de rassembler la mouvance des Gardiens de Semences en Europe. Nous n'y avons vu qu'une poignée de jeunes Guerrières et Guerriers mais une pléthore, par contre, de vieux croutons et de vieilles croutonnes sclérosées au service de la technocratie, fût-elle "bio", au service de l'industrie bio, donc de l'industrie.

Je me suis contraint à des années de silence parce que j'engage notre association dès que j'ouvre la bouche sur des sujets divers et variés: arnaque du réchauffement climatique anthropique, dénonciation des nécrocarburants, protection des plantes instructrices et sacrées, traduction intégrale - et offerte gratuitement sur mon site Liberterre.fr - de l'oeuvre du shaman mystique John Lash, etc. Aujourd'hui, je déclare aussi la guerre à "l'opposition contrôlée" qui a pourri, miné et saboté, depuis de très nombreuses années, une grande partie des mouvements activistes et militants de préservation de l'environnement. Qui contrôle cette opposition? Qui contrôle ceux qui répandent des rumeurs nauséabondes sur notre association (qui serait, selon eux, l'allié de Monsanto et de toute la mafia semencière) tout simplement parce que nous exigeons que toutes les variétés potagères à pollinisation ouverte du domaine public soient libres et exclues de toute législation Européenne sur la commercialisation des semences ? La démocratie ne peut pas fonctionner tant qu'elle est privée d'un fondement primordial: la Transparence. Aujourd'hui, le système patriarcal, pétri de haine de la Nature et du Féminin, est en train de s'écrouler sous le poids de ses propres mensonges. Aujourd'hui, je suis dans une colère furieuse mais je vais encore adopter un ton "mesuré". Le jour où les Jeunes Tribus me délieront de la présidence de notre Association Kokopelli, je vais me dé-chaîner.

J'en appelle à la fougue, à la témérité, à l'ardeur des Jeunes Guerrières et Guerriers afin de libérer l'humanité de tous ces criminels, déments et ravagés par leur haine de la Vie. Et par tous les moyens possibles et imaginables qui ne mettront pas en danger leur propre intégrité. Parce que l'humanité a aussi besoin de leur énergie régénératrice pour faire émerger, de ce chaos infernal, les nouvelles Tribus du Futur. Au service de la biosphère, de la Vie, de la Joie, de la Fertilité et en co-évolution avec la Terre-Mère. L'épitaphe de cette humanité pourrait être: "ils ont péri de ne pas savoir rendre hommage à la Beauté!" Nous sommes au seuil de l'extinction mais nous sommes aussi les Peuples des Semences, les Shista. Nous sommes les Enfants de la Rébellion et nous sommes en chemin. Ecoutez: les tambours de Gaïa se sont réveillés et ils résonnent dans l'atmosphère vivante de la Terre-Mère! Pour la Vie.

Article Rédigé le 22 Novembre 2013 par :
Dominique Guillet
Pour contacter Dominique
Dominique Guillet
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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 18:07

 

Source : rmc.fr/info

 

La Belgique expulse les Européens sans travail
27/07/2012 Mis à jour le 27/07/2012 à 9:02
Depuis plusieurs mois, la Belgique se met à expulser des ressortissants européens de son territoire sous prétexte qu’ils ont touché pendant plus de trois mois des aides sociales.
 
Depuis plusieurs mois, la Belgique se met à expulser des ressortissants européens de son territoire sous prétexte qu’ils ont touché pendant plus de trois mois des aides sociales.

Gare à ceux qui profiteraient trop longtemps du système de protection social belge. Depuis plusieurs mois, la Belgique se met à expulser des ressortissants européens de son territoire sous prétexte qu’ils ont touché pendant plus de trois mois des aides sociales. Durant les six premiers mois de l'année, 1224 Français, Italiens, Polonais ou autres ont ainsi été expulsés par l'Office des étrangers belges. Motif : ils constituent une charge trop importante pour le système d'aide sociale du royaume.

A l'appui de ces démarches d'expulsion, le gouvernement belge s'appuie sur une directive européenne de 2004 qui autorise chaque Etat membre à mettre un terme au droit de séjour d'un citoyen européen s'il constitue une "charge déraisonnable" pour son système d'aide sociale. Il y a deux ans, le gouvernement français s'était appuyé sur la même directive, notamment pour des expulsions de Roms de nationalité roumaine ou bulgare. En Belgique, ce sont des Français, des Polonais ou des Italiens qui sont expulsés. Un exemple donné par une députée belge : une Française seule avec ses deux enfants a dû quitter la Belgique alors qu'elle y résidait depuis plus de dix ans et que durant toutes ces années, la plupart du temps, elle avait un travail.

Guido de Padt, sénateur du parti flamand de droite "Open VLD" comprend parfaitement ces expulsions qu’il ne remet pas en cause : « Ce n’est pas une bonne chose que les étrangers qui sont en Belgique profitent du système social, qu’ils touchent des allocations. Si on pèse trop sur le système social d’un pays, à ce moment-là, je crois que ce pays-là a le droit d’expulser. Je n’ai rien contre les décisions qui expulsent les Belges de France quand ils utilisent aussi des moyens pour toucher des allocations sociales. Si c’est le cas, il faut les expulser ».

Zoé Génot est député écologiste belge. Elle dénonce ces expulsions : « On parle toujours de l’Europe de la libre circulation de l’égalité entre les peuples. On voit que cette égalité ne vaut que pour certains : ceux qui sont riches et qui vont beaucoup consommer ici ».

La Rédaction avec Yann Abback

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 17:44

 

Source : radioaustralia.net.au/french/

Fukushima: l'eau radioactive sera finalement déversée dans l'Océan pacifique

Posté à 22 November 2013, 8:37 AEST

 

L'homme en charge du nettoyage de la centrale nucléaire japonaise ravagée de Fukushima a indiqué dans une interview exclusive que  les centaines de milliers de tonnes d'eau contaminée seront éventuellement déversées dans le Pacifique.

 

Cette eau radioactive est issue du refroidissement  des réacteurs dans lesquels on injecte continuellement de l'eau douce pour les maintenir à la bonne température. Cette opération produit chaque jour des centaines de tonnes d'eau hautement radioactive qui viennent s'ajouter aux centaines de milliers de tonnes d'eau actuellement stockées.

Dave Klein est le président du Comité de surveillance de Fukushima en charge du nettoyage et de la stabilisation de la centrale dévastée par un tsunami le 11 mars 2011 : « Je pense que la meilleure façon de décrire Fukushima est de dire que c'est un défi. »

Un défi à plusieurs niveaux avec ces stocks d'eau radioactive qui ne cessent d'augmenter. Toutefois, Dave Klein estime qu'après le traitement de cette eau et la suppression des éléments radioactifs, elle pourra être déversée sans danger dans le Pacifique : « En fin de compte, quand l'eau sera déversée, elle aura été diluée. Ainsi, il n'y a pas de risque pour la santé publique, mais c'est une question chargée d'émotion. »

L'eau contaminée n'est pas l'unique problème de cette centrale, ce serait oublier des installations construites à la va-vite qui laissent à désirer. Nous avons parlé à un employé de la société TEPCO (Tokyo Electrical Power) qui a travaillé à la centrale nucléaire de Fukushima. Il a accepté de nous parler sous couvert d'anonymat : « J'étais à la centrale au début de l'année quand j'ai vu un rat grignoter des câbles et l'alimentation de plusieurs cuves de combustible a été coupée.
Je m'étais dit : comment un seul rat peut causer un si grand problème ?
»

Et Dave Klein pense qu'il y aura d'autres incidents similaires à celui provoqué par le rongeur de câble de Fukushima : « Nous allons en voir d'autres, regardez-moi ce site, c'est gigantesque, c'est un grand site et ce n'est pas inhabituel ce genre de choses. »

Une évaluation franche et honnête de la situation à Fukushima, mais on ne peut pas dire qu'elle soit rassurante…

 

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 17:37

 

Source : reporterre.net

 

Appel à une révolution fiscale

Paul Ariès, Corinne Morel Darleux, Michael Löwy et al.

lundi 25 novembre 2013

 

 

 

 

Ils sont politologue, philosophe, militants politiques ou chercheur en sciences politiques, et se définissent comme écosocialistes. Critiquant un gouvernement qui a "renoncé à toute politique d’ampleur en matière d’écologie", ils appellent à une "révolution fiscale pour l’écosocialisme."



 

Parce que la crise écologique est le résultat d’un système de production destructeur et que la justice sociale est en péril dans notre pays, nous appelons à mettre en place une véritable révolution fiscale propre à engager la France dans une nouvelle ère qui, pour nous, doit être celle de l’écosocialisme.

Aujourd’hui, l’accumulation de richesses sans fin d’une poignée de privilégiés et leur mode de vie dévastateur pour la biosphère mettent plus que jamais en lumière l’insoutenabilité sociale et écologique du système de production capitaliste. Car ce sont bien les plus riches qui détruisent la planète : d’après un rapport de l’Insee en 2010, les 20 % des ménages les plus aisés émettent 2,7 fois plus d’émissions que les 20 % des ménages les plus démunis !

Aussi la crise écologique ne se rédoudra-t-elle pas en faisant la guerre aux pauvres, comme le fait l’actuel gouvernement qui a renoncé à toute politique d’ampleur en matière d’écologie et dont les propositions fiscales en la matière est aberrante :

- en l’absence d’alternative, la taxe carbone ou "contribution climat-énergie" aura pour seule conséquence le renchérissement des dépenses contraintes pour les foyers les plus modestes ;

- l’écotaxe revient à taxer des 44 tonnes que le gouvernement a lui-même mis sur la route par un arrêté il y a moins d’un an, et ne concerne pas les transports longs par autoroutes, en l’absence de plan de report modal elle n’enrichira qu’Ecomouv sans règler la question de l’emploi ni de l’agriculture productiviste !-

- le financement du crédit d’impôt compétitivité-emploi sans aucune exigence écologique et sociale est un non-sens qui sera pris en charge par les citoyens via la hausse de la TVA et créera un nouveau transfert de richesses des foyers les plus modestes vers les grandes entreprises au nom de la « compétitivité » ;

- la poursuive et l’approfondissement du marché carbone européen ne sert qu’une spéculation bénéficiant en grande partie aux plus grands pollueurs européens (au premier rang desquels le sidérurgiste Arcelor Mittal…).

A cette politique de marchandisation des biens communs et de faiblesse face aux grands pollueurs et prédateurs de notre planète nous opposons la nécessité d’une révolution tant écologique que sociale, basée sur un nouveau système fiscal.

Nous demandons donc au gouvernement Ayrault :

- la mise en place d’un salaire maximum conditionné par un rapport de 1 à 20 dans chaque entreprise entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut ;

- la création de quatorze tranches pour un impôt sur le revenu réellement progressif ;

- la mise en place de mesures de protection solidaires, écologiques et sociales qui permettront de relocaliser les productions au Nord comme au Sud ;

- la fin des mécanismes de régulation par le marché qui, au lieu de résoudre la crise écologique et de répartir de manière efficiente les ressources primaires amplifient l’accumulation de ces ressources et encouragent les comportements les plus destructeurs pour l’environnement

- la suppression des niches fiscales anti-écologiques ;

- la création de nouveaux impôts sur le capital et les transactions financières, qui permettront de financer des mesures de transition énergétique, de mise en place du frêt ferroviaire et fluvial, de développement d’un agriculture paysanne…

- la mise en place d’une véritable tarification progressive de l’eau et de l’énergie, la gratuité des premiers m3 et kilowatts-heure, afin de garantir un accès universel à ces ressources pour tous, tout en décourageant les surconsommations et le gaspillage

Nous soutenons que c’est ainsi, en redonnant à notre pays un cap clair, ambitieux et novateur, que nous sortirons de ces épreuves par le haut et que nous nous donnerons les moyens d’envisager l’avenir avec enthousiasme et sérénité. Voilà pourquoi nous marcherons sur Bercy à l’appel du Front de gauche le 1e décembre, pour la révolution fiscale et pour l’écosocialisme.

 

Signataires :
. Paul Ariès, rédacteur en chef du mensuel les Z’indigné(e)s ;
. Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l’écosocialisme du Parti de gauche ;
. Arno Munster, philosophe ;
. Matthieu Le Quang, chercheur en sciences politiques ;
. Laurence Lyonnais, Gauche Anticapitaliste, militante en secteur rural ;
. Gilles Monsillon, AlterEkolo/FASE ;
. Mathieu Agostini, responsable de la commission écologie du Parti de gauche ;
. Anita Rozenholc, revue Ecorev ;
. Laurent Garrouste, Gauche Anticapitaliste ;
. Michael Löwy, essayiste.


 

Source : Courriel à Reporterre.

Photo : slate.fr.

Lire aussi : Thomas Piketty : "Il faut un impôt mondial sur le capital".

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 17:19

 

Source : marianne.net

 

Salauds de chômeurs!
Lundi 25 Novembre 2013 à 11:44

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Bruno Le maire a trouvé la manière de régler le problème du chômage : réduire la période d'indemnisation.

 

Arrivée de la marche des chômeurs place Stalingrad (Paris) et des précaires après avoir traversé la France à pied, juin 2013 - REVELLI-BEAUMONT/SIPA
Arrivée de la marche des chômeurs place Stalingrad (Paris) et des précaires après avoir traversé la France à pied, juin 2013 - REVELLI-BEAUMONT/SIPA
En ces temps étranges où la parole décomplexée retrouve droit de cité, on ne peut rester indifférent à la petite musique entendue à propos des chômeurs. Que nous suggère cette symphonie (idéologiquement) fantastique ? Que les chômeurs, finalement, ne sont pas si mécontents que ça de leur situation, qu'ils en profitent abusivement... Bref, que ce sont des assistés et qu'il serait temps de leur demander des comptes.

En ce domaine, les petits marquis de l'UMP rivalisent d'imagination. Le dernier exemple en date est celui de l'ex-ministre Bruno Le Maire. L'homme qui se prétend droit dans ses bottes républicaines a trouvé une recette infaillible pour régler le problème de l'emploi : diminuer la période d'indemnisation du chômage. Pour désigner à la vindicte publique ces salauds de chômeurs qui ôtent le pain de la bouche des futurs sans emploi, il n'y a pas mieux.

Venant de la part d'un élu qui a longtemps employé sa propre épouse comme attachée parlementaire, la proposition confirme que les prétendants au rôle de Tartuffe sont légion. Et ce n'est pas vrai que de la seule UMP.

La presse s'est fait également une spécialité de ce genre d'exercice. Un exemple parmi d'autres. Dans son dernier éditorial de l'Express, Christophe Barbier appelle « la France de l'effort » à la révolte générale. Au nom de ce concept passablement fumeux, l'indigné des beaux quartiers appelle à la rescousse « tous les chômeurs qui veulent vraiment retrouver du travail », étant entendu qu'à ses yeux la plupart d'entre eux n'entrent pas dans cette catégorie magique.

Ainsi va la vie intellectuelle quand on laisse le chômage atteindre des records à cause d'une logique néolibérale qui se joue des étiquettes politiques. Faute d'enrayer la domination des rentiers, faute de s'attaquer aux tabous de l'argent, le gouvernement perd la mère de toutes les batailles : celle du chômage. Ce Waterloo économico-social, qui nourrit les divisions et culpabilise les victimes, est pain bénit pour les démagogues.

Article paru dans le numéro 865

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 17:08

 

Source : mediapart.fr

L'Europe vend ses «visas dorés» aux très riches

|  Par Ludovic Lamant

 

 

La tendance s'accélère dans l'Europe du Sud en crise : passeports et permis de résidence sont offerts aux étrangers, à condition qu'ils investissent dans certains secteurs de l'économie, comme l'immobilier. Des centaines de jeunes entrepreneurs chinois en ont déjà profité. La Commission européenne observe un silence étonnant.

Lisbonne, de notre envoyé spécial

L'Europe en crise pratique de grands écarts douteux. L'Union s'est montrée incapable de réagir, après la tragédie des migrants de Lampedusa (voir notre compte-rendu du conseil européen d'octobre). Mais certaines de ses capitales, au même moment, se mettent à organiser des filières d'« immigration choisie » sans le dire, en vendant passeports et permis de résidence à des hommes d'affaires fortunés.

La tendance est en train de gagner toute l'Europe du Sud, asphyxiée par la crise des dettes publiques. Prêts à tout pour trouver du cash et faire tourner tant bien que mal leurs économies atones, des gouvernements misent sur une idée spectaculaire : vendre à prix d'or des permis de résidence, voire carrément la nationalité du pays en question, à des hommes d'affaires chinois, brésiliens ou russes.

Malte est l'un des derniers États membres de l'UE à s'être lancés dans ce nouveau business. N'importe quel citoyen âgé de plus de 18 ans peut devenir maltais, à condition de signer un chèque de… 650 000 euros. Le gouvernement, qui a fait l'annonce la semaine dernière, table sur 45 nouveaux naturalisés la première année – ce qui devrait apporter quelque 30 millions d'euros à cette petite île endettée. Aux yeux de certains hommes d'affaires non européens, la proposition est d'autant plus alléchante que l'obtention de cette nationalité donne ensuite accès à l'ensemble des 26 États de l'espace Schengen.

Au Portugal, des « visas dorés » (vistos dourados) sont en place depuis le début de l'année. Trois montages sont possibles pour obtenir le précieux sésame : un investissement d'au moins 500 000 euros dans l'immobilier local ; un transfert de capitaux d'au moins un million d'euros vers le Portugal ; ou encore une injection de capitaux dans l'économie locale, qui entraîne la création d'au moins dix emplois déclarés à la Sécurité sociale. À la clef, une autorisation de séjour sur le territoire portugais, qui peut aller jusqu'à cinq ans.

En huit mois, 318 personnes ont ainsi obtenu leur « visa doré » portugais, 80 % d'entre eux via des investissements dans l'immobilier. Au classement des nationalités, les Chinois arrivent en tête, suivis des Brésiliens, des Angolais et des Sud-Africains. En tout, cela représente près de 200 millions d'euros injectés dans l'économie portugaise depuis le début de l'année – même si l'on voit mal en quoi les investissements dans l'immobilier de luxe sont véritablement productifs pour l'économie en général.

 

À la tête de PortugalEstate, Vyacheslav Eshanu vend des résidences d'Algarve à la classe moyenne russe. ©Reuters. 
À la tête de PortugalEstate, Vyacheslav Eshanu vend des résidences d'Algarve à la classe moyenne russe. ©Reuters.


Si l'on en croit une enquête du magazine Visão, le succès du programme portugais s'explique en partie par l'effondrement de l'économie chypriote, au printemps. Des investisseurs chinois et russes, soucieux de limiter la casse sur l'île, ont rapatrié leurs biens au Portugal en s'achetant des vistos dourados à tour de bras. Quant à certains hommes d'affaires angolais, qui profitent de la crise de l'ancienne métropole pour racheter des biens (lire notre enquête), ces visas leur facilitent la tâche. Ce qui pourrait durcir les critiques sur l'étendue supposée du blanchiment d'argent sale au Portugal par des Angolais.

À Lisbonne, toutefois, ces « permis de résidence pour activité d'investissement », selon le jargon officiel, n'ont pas fait débat. Jointe par Mediapart, l'opposition socialiste n'a rien trouvé à redire. D'après nos recherches, un seul intellectuel a pris la parole pour critiquer la mesure. « Répugnant », a jugé Antonio Barreto, un sociologue portugais plutôt considéré comme un soutien du gouvernement de centre-droit en place à Lisbonne. « C'est absolument répugnant d'effectuer des investissements au Portugal avec des visas et des passeports de faveur », a-t-il tranché fin août dans un entretien au quotidien Público.

Loin de remettre en cause ces méthodes, l'exécutif portugais redoute plutôt la concurrence d'autres États européens en crise… Car l'Espagne voisine vient elle aussi, en octobre, de mettre en place son propre système. Là encore, trois options sont sur la table, pour obtenir le visa espagnol : 500 000 euros d'investissements dans l'immobilier, un rachat de la dette publique espagnole à hauteur d'au moins deux millions d'euros, ou encore le lancement d'une activité économique « novatrice ». Le sulfureux Américain Sheldon Adelson, qui s'apprête à construire le mégacasino Eurovegas dans la banlieue de Madrid, devrait ainsi obtenir sans difficulté son permis de résidence.

En Espagne, le parti socialiste (opposition) est monté au créneau, dénonçant la « mercantilisation » du permis de résidence. Des associations pour les droits des migrants ont, elles, jugé la mesure « discriminatoire », rappelle le quotidien El País. Mais le gouvernement se défend sans trembler : « C'est ni plus ni moins ce que font les pays voisins pour favoriser les investissements étrangers, de manière ordonnée, disciplinée », a expliqué en mai la numéro deux de l'exécutif espagnol, Soraya Saenz de Santamaria. « Le système s'est généralisé. »

La vice-présidente espagnole n'a pas tort. La Grèce a mis en place un dispositif similaire depuis avril (à partir de 250 000 euros d'investissement dans l'immobilier), mais la mesure ne rencontre pas le succès escompté. À Chypre, la barre est fixée à 300 000 euros. D'autres pays de l'UE, pas seulement au sud, comme l'Irlande et la Lettonie (à seulement 72 000 euros…), proposent eux aussi leur « visa doré ». Les Pays-Bas s'apprêtent à lancer le leur l'an prochain, avec un seuil fixé à 1,25 million d'euros. 

Que dit Bruxelles ? Absolument rien. Interrogé la semaine dernière sur le cas maltais, le porte-parole de Cecilia Malmström, la commissaire aux affaires intérieures, a rappelé « l'entière souveraineté » des États membres, pour définir les critères qui permettent d'obtenir une nationalité. « La Cour de justice européenne a confirmé à plusieurs occasions ce principe », se contente de rappeler Michel Cercone. Il n'est donc même pas question d'ouvrir une enquête sur le sujet, côté commission. À notre connaissance, jusqu'à présent, aucun eurodéputé ne s'est saisi de la question.

Ces dispositifs européens ne sont pas tout à fait inédits : bon nombre de pays tentent, depuis longtemps, de favoriser l'installation sur leur sol de jeunes entrepreneurs prêts à investir, notamment en Amérique du Nord. Le Canada, par exemple, connaît depuis quelques années un boom des investissements privés chinois (multipliés par 36 en dix ans), en particulier depuis qu'il a mis au point son « programme d'immigrants investisseurs ».

 

 

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 16:37

 

 

Source : mediapart.fr

Soins dentaires : un rapport alarmant sur l'augmentation des tarifs

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

L'« Observatoire citoyen des restes à charge en santé » publie un rapport qui dénonce la forte augmentation des frais de santé dentaire, ainsi que les dérives de certains professionnels du secteur.

Dans une étude publiée lundi 25 novembre, l'« Observatoire citoyen des restes à charge en santé » dénonce la hausse des prix et les « dérives inacceptables » dans la gestion du système français des soins dentaires.

L'observatoire a mené une enquête sur les données de l'assurance maladie et étudié 177 000 devis de patients sur un an. Ses conclusions sont alarmantes : les frais de soins dentaires sont en constante augmentation, notamment à cause de dépassements d'honoraires et de facturations hors convention de la part des médecins. En France, 35 millions d'euros de dépassements ont été repérés (2 % du total des actes) dans le secteur des soins dentaires sur un an.

Plus particulièrement, l'étude pointe la région parisienne dans laquelle se réalisent 57 % des cas de dépassements à la charge de l'assurance maladie et des patients, pour un montant moyen de 9,50 euros par acte. Le rapport pointe les surfacturations sur des interventions classiques de dentistes et d'orthodontistes parisiens. L’Observatoire met également en évidence des engagements conventionnels non tenus par les médecins, des pratiques non conformes ou, pire, des soupçons de fraudes lorsque les médecins pratiquent des opérations hors conventions.

Dénonçant « un manque d'encadrement » de l'assurance maladie, l'Observatoire réclame « le respect des règles » et la bonne observation, par les médecins du secteur dentaire, des engagements conventionnels. Comme le rappelle Marc Morel, directeur du Collectif interassociatif sur la santé (CISS) : « Tout cela interpelle aussi sur le problème de l'information du patient, qui ne sait jamais combien il va payer, et qui, alors que les techniques sont de plus en plus sophistiquées, accepte ce qu'on lui propose sans tellement avoir le choix. »

L'Observatoire citoyen des restes à charge en santé a été créé par le CISS, qui représente les patients, l'association 60 millions de consommateurs et la société Santéclair.

 

 

 

Lire aussi

 

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 16:29

 

Source : mediapart.fr

 

Sous l'embrouille fiscale, l'austérité à perpétuité

|  Par Laurent Mauduit

 

 

La « remise à plat » du système fiscal promise par Jean-Marc Ayrault a peu de chances d'être le signe d'une réorientation à gauche de la politique économique. À preuve, deux postes clefs de Bercy vont être offerts à des « technos » proches des milieux d'affaires. En outre, la politique d'austérité, qui devait être passagère, se prolongera jusqu'à la fin du quinquennat.


Depuis quelques jours, c’est devenu le refrain de nombreux médias : Jean-Marc Ayrault compte bel et bien procéder, comme il le prétend, à une remise à plat du système fiscal français et éventuellement avancer vers une fusion de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG). Et les mêmes médias en décèlent une confirmation dans une possible remise au pas de Bercy, avec à la clef un probable et important jeu de chaises musicales au sommet de quelques directions stratégiques de cette grande maison, Denis Morin prenant les rênes de celle du budget, et François Villeroy de Galhau peut-être celle du Trésor.

Seulement voilà ! Il y a de bonnes raisons de douter de cette version plutôt avantageuse pour le gouvernement – la version d’une reprise en main, avec enfin la perspective d’une véritable réforme fiscale, et la nomination de personnalités compétentes pour la conduire. Car ce changement de cap pour la politique fiscale s’apparente plus à une nouvelle plongée ubuesque dans l’incohérence. D’autant que ces personnalités dont on parle tant pour remettre Bercy au pas se sont déjà distinguées dans le passé par leur fort conservatisme ou leur proximité avec les milieux d’argent. En bref, ce n’est assurément pas sur elles qu’il faut compter pour piloter une grande réforme fiscale progressiste – elles joueront strictement en sens contraire.

Ainsi, Jean-Marc Ayrault a annoncé voici une semaine dans le quotidien Les Échos que le temps était « venu d’une remise à plat, en toute transparence, de notre système fiscal ». C’est donc dans cette perspective qu’il reçoit à Matignon, ces lundi 25 et mardi 26 novembre, les partenaires sociaux à Matignon.

Dans un premier élan, on pourrait donc être enclin à penser que l’extrême désordre dans lequel la politique fiscale incohérente du gouvernement a plongé le pays a eu au moins un effet vertueux : enfin, Matignon a pris conscience qu’il fallait fixer un cap clair et revenir aux promesses de la campagne présidentielle. La révolte bretonne contre l’écotaxe, provisoirement suspendue, est aussi passée par là. C’est ce que suggère le premier ministre dans cet entretien : « Le système fiscal français est devenu très complexe, quasiment illisible, et les Français, trop souvent, ne comprennent plus sa logique ou ne sont pas convaincus que ce qu’ils paient est juste, que le système est efficace. Or, dans un État démocratique, l’impôt est un acte citoyen : c’est la contribution à l’effort collectif, c’est la base du pacte social. C’est la condition des prestations sociales et des services publics dont bénéficient les Français. Je crois que le temps est venu d’une remise à plat, en toute transparence, de notre système fiscal. À prélèvements obligatoires constants, je le précise bien. Jusqu’ici, nous avons répondu à l’urgence pour redresser la barre. Il nous faut désormais bâtir pour l’avenir. »

De prime abord, on pourrait donc se dire que le gouvernement aurait sûrement été mieux avisé d’organiser cette remise à plat dès le début du quinquennat de François Hollande, plutôt que d’y être contraint du fait de l’indignation multiforme qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. Mais enfin, mieux vaut tard que jamais ! Et puisque dans le même entretien Jean-Marc Ayrault promet que la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG « fera partie du débat » – fusion qui constituait l’une des grandes promesses de François Hollande pendant la campagne présidentielle et qui avait été ensuite enterrée –, on pourrait se prendre à espérer que les dirigeants socialistes retrouvent, contraints et forcés, le chemin de la raison.

Et pourtant, non ! Il ne faut sans doute guère se faire d’illusions. Il y a malheureusement de fortes chances pour que ce rebondissement spectaculaire ne constitue qu’une incohérence de plus dans une séquence fiscale qui est devenue littéralement ubuesque. Deux indices plaident clairement pour cette interprétation : l’histoire fiscale elle-même ; et le profil de ces deux personnalités qui devraient arriver à Bercy.

Reprenons, d’abord, le fil de cette histoire fiscale abracadabrantesque. À la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, les socialistes étaient unanimes à défendre le projet d’une « révolution fiscale ». Considérant à juste titre que l’impôt sur le revenu, truffé d’exonérations, de « niches » et d’abattements en tous genres, était devenu une passoire, et qu’il était même devenu dégressif, les plus hauts revenus étant les premiers bénéficiaires de tous ces passe-droits. Ils ont cherché une solution pour reconstruire un impôt citoyen et progressif, plus conforme à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et notamment de son article 13 : « Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. » C’est cet article 13, ayant valeur constitutionnelle, qui édicte donc que la fiscalité française doit reposer sur un système progressif.

À l’époque, les socialistes se sont inspirés du projet de l’économiste Thomas Piketty, qui proposait de supprimer purement et simplement l’impôt sur le revenu, trop déstabilisé depuis trop longtemps pour être reconstruit efficacement, et de créer à sa place un impôt citoyen, en transformant la CSG en un impôt progressif (lire Le Petit Livre rouge de la révolution fiscale). Choisissant une variante de cette proposition de réforme, les socialistes ont donc consigné dans leur projet présidentiel du printemps 2011 l’idée d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Avec un objectif majeur : parvenir à ce que le système fiscal français redevienne progressif. Et François Hollande lui-même a retenu cette idée, en en faisant la proposition n° 14 de sa plate-forme présidentielle (elle est ici).

Mais ensuite, tout a déraillé. D’abord, pendant la campagne présidentielle, François Hollande a subrepticement sorti de son chapeau l’idée surréaliste d’une taxe à 75 % pour les plus hauts revenus. L’idée était de frapper les imaginations et de faire croire que sa politique fiscale serait très nettement ancrée à gauche même si, l’impôt sur le revenu étant devenu un gruyère plein de trous, la mesure ne devait presque rien rapporter (lire Impôt : Sarkozy ment, Hollande bricole). Mais, dès cette époque, les partisans d’une vraie « révolution fiscale » ont compris que François Hollande manœuvrait en recul sans le dire. Car le nouveau prélèvement résultant de la fusion impôt sur le revenu-CSG aurait eu un effet redistributif beaucoup plus massif, même avec un taux marginal de seulement 50 %, que le taux de 75 % évoqué par le candidat socialiste. Sur le moment, on a donc pu deviner que le dirigeant socialiste était, en fait, en train d’enterrer sans le dire le projet de fusion.

Et de fait, c’est bel et bien ce qui s’est passé. D’abord – comme par hasard ! –, Jean-Marc Ayrault a oublié, au début du mois de juillet 2012, lors de sa déclaration de politique générale, de mentionner le projet de fusion, qui figurait pourtant parmi les engagements du candidat. Premier spectaculaire reniement – précédant tous les autres –, la « révolution fiscale » a donc été remisée d’emblée aux oubliettes (lire notre article de l’époque, écrit dès le 17 juillet 2012 : Mais où est donc passée la révolution fiscale ?).

Et ensuite, le gouvernement a totalement tourné casaque dans sa politique fiscale, allant jusqu’à reprendre à son compte de nombreuses mesures fiscales défendues dans le passé par Nicolas Sarkozy. Cette lente et interminable dérive fiscale, Mediapart en a donc tenu la chronique, que l’on peut retrouver au fil de nos très nombreux articles ou « partis pris » dont ceux-ci, qui sont les plus récents : Impôts : la révolution conservatrice de Moscovici ; Désespérant François Hollande ! ; Dans les turbulences du populisme antifiscal ; L’impôt sur les sociétés implose, la taxe à 75 % aussi ; Sous les révoltes fiscales, la menace populiste

Progressivité contre dégressivité

Et cela s’est achevé comme on le sait : pour finir, François Hollande a programmé pour le 1er janvier prochain une hausse de près de 7 milliards d’euros de la TVA, l’impôt le plus injuste du système fiscal français, celui-là même qu’il reprochait à Nicolas Sarkozy de relever (lire TVA, l’impôt du reniement et de l’injustice). C’est donc l’aboutissement sidérant de ce grand écart fiscal : partisans d’une réforme qui améliore la progressivité du système fiscal français (en clair, plus on est riche, plus on paie !), les dirigeants socialistes en viennent aujourd’hui à mettre en œuvre une réforme strictement opposée, qui renforce… la dégressivité du système (en clair, plus on est pauvre, plus on paie !). Ce qui a aussi lourdement pesé dans la fronde fiscale qui secoue aujourd’hui le pays. Les socialistes avaient promis une « révolution fiscale » ; mais voilà qu’au lieu de cela, ils organisent une contre-révolution qui renforce les privilèges…

Du même coup, quand on a à l’esprit cette longue dérive, la proposition du premier ministre d’une « remise à plat » de la fiscalité prend une curieuse résonance. Car, oui, assurément, une telle remise à plat est urgente. C’était la promesse des socialistes : organiser une nouvelle Nuit du 4-Août. Mais si une telle remise à plat est impérieuse, on en comprend bien la raison de fond : sa raison d’être est de faire reculer la dégressivité, qui creuse les inégalités au détriment des plus modestes, et d’améliorer la progressivité, pour mieux assujettir les plus riches qui échappent trop souvent à l’impôt, grâce précisément à ces « niches » fiscales.

Or, la proposition de Jean-Marc Ayrault est, de ce point de vue, marquée d’une forte hypocrisie : s’il se prononce pour une réforme d’ensemble et paraît renouer avec le souffle de gauche de la campagne présidentielle ; s’il semble aussi donner des gages à l’aile gauche du parti socialiste qui revendique une CSG progressive, il a clairement dit qu’une annulation de la hausse de la TVA était hors de question, dans ce même entretien aux Échos.

Alors, après bien des atermoiements et des reniements, faut-il croire Jean-Marc Ayrault quand il promet cette remise à plat de la fiscalité française ? Et faut-il en déduire que le cap de la politique fiscale sera désormais de faire en sorte que le système fiscal gagne en progressivité ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il serait audacieux de tirer cette conclusion, puisque dans le même temps le même Jean-Marc Ayrault défend bec et ongles une mesure qui aggrave la dégressivité. Comprenne qui pourra ! Pour aujourd’hui, le gouvernement défend la dégressivité mais n’exclut pas pour demain d’en revenir à la progressivité : c’est dire que nous nageons plus que jamais en pleine incohérence. Un pas en avant, timide, mais dans la bonne direction ; un autre dans une direction strictement opposée : la politique fiscale tourne plus que jamais au grand n’importe quoi.

Le doute sur la volte-face du gouvernement et la sincérité de sa nouvelle démarche est d’autant plus légitime que les deux personnalités qui sont censées incarner cette reprise en main de Bercy et cette nouvelle orientation ne sont pas franchement des partisans d’un cap progressiste. Pour dire vrai, ils incarnent même une orientation strictement contraire, celle du conservatisme. Voyons en effet qui sont ces deux fantômes, qui ont longtemps hanté les couloirs de Bercy et qui ressurgissent d’un passé que l’on pensait une bonne fois pour toutes révolu.

Ancien conseiller de Pierre Bérégovoy et de Michel Charasse, Denis Morin, qui pourrait devenir le prochain directeur du budget, est ainsi l’un des archétypes de ce que la gauche a pu produire comme technocrates. Roué et brutal, il est assez représentatif de cette génération de hauts fonctionnaires qui a fait carrière en naviguant perpétuellement dans les eaux socialistes, mais sans afficher de véritable conviction. Un haut fonctionnaire, gris couleur muraille, qui appliquera sans le moindre état d’âme la politique d’austérité. Directeur de cabinet de Christian Sautter, le ministre du budget sous le gouvernement de Lionel Jospin, c’est lui qui a supervisé une très maladroite et autoritaire réforme de l’administration fiscale, durant l’hiver 1999-2000, qui s’est achevée en fiasco : déclenchant la colère des personnels et de tous les syndicats, la réforme a dû être précipitamment enterrée et a scellé l'éviction de Christian Sautter.

C’est également le même Denis Morin qui, à la même époque, a été au cœur de ce que l’on a appelé l’affaire de la « cagnotte ». Pour éviter que l’accélération de l’activité économique, qui était alors vive, ne déclenche une forte demande sociale en vue d’un meilleur partage des fruits de la croissance, le ministre et son principal collaborateur, jouant à fond la carte de l’opacité, ont longtemps cherché à cacher qu’ils constataient, mois après mois, de spectaculaires plus-values de recettes fiscales. En bref, le nouvel arrivé ne préfigure assurément pas une réorientation de la politique économique ou budgétaire.

Le come-back des deux fantômes de Bercy

Dans le cas de François Villeroy de Galhau, dont la promotion à la direction du Trésor en remplacement du sarkoziste Ramon Fernandez n’est pas encore confirmée (lire Matignon s’attaque à la citadelle de Bercy), on peut faire exactement les mêmes constats. Et même pis encore ! Car l’intéressé est d’abord connu pour avoir été le directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn, du temps où ce dernier fut ministre des finances, de 1997 à 1999. Il a donc été au cœur de toutes les dérives droitières auxquelles a poussé à l’époque son mentor et qui ont lourdement contribué à l’éviction sans gloire de Lionel Jospin lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, derrière Jean-Marie Le Pen : les privatisations à marche forcée, y compris pour les entreprises ayant des missions de service public ; la scandaleuse proposition d’abaisser sous les 20 % le taux d’imposition des stock-options, conduisant à ce qu'un grand patron dispose d'un taux d'imposition inférieur à celui de sa secrétaire ; la proposition tout aussi controversée (mais qui ne fut mise en œuvre que sous Laurent Fabius) d’abaisser le taux supérieur de l’impôt sur le revenu au profit des plus hauts revenus.

Très emblématique de certains milieux de la haute fonction publique qui disent avoir le cœur à gauche mais qui sont, en fait, liés par d’innombrables réseaux aux milieux d’affaires et à la très grande bourgeoisie conservatrice, François Villeroy de Galhau, descendant d’une grande famille industrielle – celle du groupe Villeroy et Boch – a d’ailleurs logiquement suivi, après, la pente sur laquelle il se situait : après avoir occupé quelque temps les fonctions de directeur général des impôts, il a sans grande surprise abandonné le service de l’intérêt général et s’est mis au service des patrons de la banque BNP Paribas qui a longtemps constitué le « QG », dans les milieux d’affaires, des réseaux sarkozistes. Président de Cetelem, la filiale de la banque spécialisée dans le crédit à la consommation, puis d’une autre filiale, BNP Paribas Personnal Finance, il a donc, sans trop d’états d’âme, été faire fortune dans le privé et rallié le camp d’en face.

Son éventuelle nomination à la direction du Trésor prendrait donc un fort relief. Un « poulain » du très conservateur banquier Michel Pébéreau reviendrait à Bercy, et l’on voudrait faire passer cela pour une remise en ordre, préparatoire à une réorientation à gauche de la politique économique ? C’est évidemment une plaisanterie grotesque.

En vérité, l’arrivée éventuelle de François Villeroy de Galhau – qui depuis l’alternance a postulé secrètement à presque tous les gros postes qui ont été disponibles, de la Caisse des dépôts jusqu'à la Banque publique d'investissement – ne ferait que renforcer le camp des « technos » qui viennent des milieux d’argent, à la manière d’Emmanuel Macron, l’ancien associé gérant de la banque Rothschild qui est devenu le secrétaire général adjoint de l’Élysée, aux côtés de François Hollande. François Villeroy de Galhau et Emmanuel Macron font d’ailleurs partie des mêmes réseaux : ils se côtoient par exemple au sein de l’association « En temps réel » (ici son site internet), une structure qui s’est constituée au lendemain de l’implosion de la fondation Saint-Simon et qui, sans la moindre autorité ni aura intellectuelles, est ancrée encore beaucoup plus nettement à droite.

Si la promotion de l’ex-banquier François Villeroy de Galhau est confirmée, elle risque donc d’avoir un grand retentissement. Car la promesse du candidat François Hollande de faire la guerre à la finance, déjà gravement ébranlée, tournera à la pantalonnade. Et dans tous les cas de figure, cela viendrait confirmer qu’aucun changement de cap économique ou fiscal n’est véritablement en gestation.

C’est peut-être d’ailleurs cela la clef du mystère. Voulant poursuivre et même accentuer la politique d’austérité, en accord sur ce point avec François Hollande, Jean-Marc Ayrault n’a-t-il pas pensé que cela allait conduire à des tensions encore plus vives au sein du pays, et jusqu’à l’intérieur même du parti socialiste, et qu’il fallait au moins avoir la prudence de lâcher un peu de lest, sur un front annexe, celui de la fiscalité ? En clair, la promesse, pour l’instant assez vague, d’une « remise à plat » de la fiscalité, sans engagement précis sur les contours de la future réforme – verra-t-elle seulement le jour ? – pourrait avoir pour seul objectif de mieux faire passer la pilule d’une politique d’austérité qui va se prolonger beaucoup plus longtemps que prévu.

C’est ce que ne sont pas loin de penser de nombreux parlementaires socialistes, issus de l’aile gauche du parti. La démarche que vient d’entreprendre le député (PS – Français de l’étranger) Pouria Amirshahi est très révélatrice de cette inquiétude. Dans un courrier qu’il vient d’adresser à tous les parlementaires et élus de son parti, il dit sa crainte que sous l’apparente concession fiscale de Jean-Marc Ayrault ne se cache en réalité un fort durcissement de la politique d’austérité. L'élu socialiste s'était déjà courageusement distingué ces dernières semaines en plaidant pour une réorientation politique (lire Hollande doit changer de chemin ou Le sursaut ou la catastrophe)

Voici le courrier de Pouria Amirshahi :

 

 

La seconde étape promise par Hollande est oubliée

Car, derrière le tohu-bohu et les manifestations qui ont lieu depuis plusieurs semaines autour des impôts, il y a une autre réalité qui a beaucoup moins focalisé les attentions et qui est tout aussi décisive : l’Élysée et Matignon ont bel et bien décidé de négocier un tournant, majeur celui-là, dans la conduite de la politique fiscale, en décidant que la cure d’austérité qui sera imposée au pays ne durerait pas deux ans, en 2013 et 2014, mais du début jusqu’à... la fin du quinquennat !

On se souvient en effet qu’initialement, François Hollande avait annoncé que la politique d’austérité ne serait que passagère. Pour justifier les mesures impopulaires prises dès l’alternance, il avait fait valoir que cela ne durerait que deux ans, et qu’ensuite interviendrait la seconde étape de son quinquennat, plus faste. Le pain noir d’abord, le pain blanc ensuite…

Or, un ministre s’est récemment cru autorisé, en l’occurrence il s’agissait de celui du budget, Bernard Cazeneuve, à piétiner la belle promesse présidentielle. Dans un entretien au journal Les Échos, le 6 novembre, il a fait mine de parler de son propre chef : « Nous devons aux Français la vérité sur les enjeux budgétaires : il faut mettre le cap sur les économies, jusqu’à la fin de la législature. Nous avons déjà décidé de 15 milliards d’économies pour 2014, ce qui est sans précédent, comme l’a reconnu d’ailleurs mardi la Commission. En 2015, il faudra porter notre ambition encore plus loin, et continuer en 2016 et en 2017. Il y a là un chemin exigeant, mais c’est celui qui nous sortira de la crise. Je suis prêt à l’emprunter en prenant les risques nécessaires. Le ministre du budget n’est efficace que s’il s’expose. »

Sur le coup, on a pu penser que le ministre avait en effet commis un invraisemblable dérapage. Car, en quelques mots, il s’est permis de fouler au pied un engagement fort du chef de l’État et de promettre au pays l’austérité sans fin. L’austérité jusqu’à la fin du quinquennat. L’austérité, sans doute jusqu’à la… défaite finale !

Mais, comme on s’en doute, Bernard Cazeneuve est homme trop avisé pour parler à la légère ou de sa propre initiative. Car sur ce point au moins, il y a consensus dans les sommets de l’État, et le ministre du budget ne faisait que s’avancer en éclaireur : c’est bel et bien une austérité sans fin qui est désormais le nouveau cap de la politique budgétaire française. C’est Jean-Marc Ayrault qui l’a lui-même confirmé dans son propre entretien aux Échos : « Nous avons aussi besoin d’un véritable débat sur le niveau de la dépense publique (56,6 % de la richesse nationale), qui est élevé aujourd’hui. Nous allons réaliser 15 milliards d’euros d’économies en 2014, mais il faudra continuer au moins au même rythme en 2015, en 2016, en 2017 », affirme le premier ministre au journal patronal. Lequel Jean-Marc Ayrault avait bataillé avec une formidable énergie contre la politique d'austérité de Nicolas Sarkozy et la hausse inégalitaire de la TVA, comme en témoigne le florilège de tweets qu'il a publiés dans le courant du premier semestre de 2012, au plus fort de la campagne présidentielle:

 

Du coup, tout s’éclaire...

 

Et si toute cette agitation médiatique autour d’une remise à plat de la fiscalité, sans engagement précis sur une véritable réforme progressiste, n’était qu’un leurre ? Car il coule de source qu’une réorientation de la politique économique et sociale serait nécessaire. Pour faire rendre gorge à la finance, comme l’avait promis le candidat Hollande. Pour suspendre la hausse de la TVA, que Nicolas Sarkozy avait le premier annoncée sous les critiques justifiées de la gauche. Pour engager enfin une véritable « révolution fiscale » et procéder à une nouvelle « Nuit du 4-Août », comme s’y était engagé le même candidat François Hollande.

Mais pour l’instant, ce n’est assurément pas la voie choisie…

 

 

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