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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 18:29

 

Source : mediapart.fr

Forages dans le Nord : pourquoi aller plus loin ?

|  Par Jade Lindgaard

 

 

La société Gazonor, propriété d’une filiale du Belge Albert Frère, veut forer le gaz de couche de l’ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Officiellement, elle exclut le recours à la fracturation hydraulique. Dans les faits, c’est plus compliqué.

Ce devait être une simple formalité administrative : la société Gazonor, exploitant du grisou dans les anciennes mines de charbon du Nord-Pas-de-Calais depuis 25 ans, demande à l’État la prolongation de ses concessions, qui arrivent à expiration. Ce pompage est nécessaire pour des raisons de sécurité. Pour rallonger un contrat de ce type, une simple enquête publique suffit. Elle s'est terminée vendredi 6 décembre.

 

Coupe schématique d'un forage d'exploitation (Gazonor). 
Coupe schématique d'un forage d'exploitation (Gazonor).



Mais une surprise se loge dans le dossier déposé par l’entreprise : elle ne demande pas seulement à tirer le gaz de mine, dénomination officielle du grisou. Elle veut aussi exploiter le gaz de couche, enfoui bien plus profondément sous la terre. Ce type de gaz est exploité aux États-Unis et en Australie par fracturation hydraulique, une technique interdite en France depuis 2011. Si bien que sur place, des voix s’élèvent contre le projet, et qu’un collectif d’opposants s’est constitué en juin dernier : Houille, ouille, ouille. Ils exigent le rejet de la demande de prolongation, et réclament une étude d’impact sur les conséquences environnementales du forage des gaz de couche. « Si l’on parle de prolongation, ce devrait être la prolongation de la même activité, or le dossier de Gazonor est très clair : ils veulent exploiter le gaz de couche et créer des unités de production d’électricité », explique Christine Poilly, une porte-parole du collectif. Gazonor projette en effet de produire du courant à partir de ce gaz que jusqu’ici il revend sous sa forme initiale à GDF. Le filon est en plein essor : la France oblige désormais EDF à racheter cette électricité, et veut financer ce soutien public par une hausse de la contribution au service public de l’électricité (CSPE). Un tarif d’obligation d’achat est en cours d’élaboration (voir ici).

Dans le dossier de demande adressé par Gazonor aux services de l’État, on lit que « pour développer ses capacités de productions, Gazonor mettra en place de nouveaux sondages d’accès au gisement ou des sondages pour extraire du gaz de couche » et que la société a lancé ces dernières années diverses études pour « quantifier plus précisément » les capacités du gisement en CBM, c’est-à-dire le « Coal bed methane », dénomination internationale du gaz de couche. La profondeur prévisionnelle de ces puits se situe entre 1 500 et 1 600 mètres.

Dans le mémoire technique, on voit encore que Gazonor « a comme objectif de développer ses ressources gazières que ce soit en CMM (le gaz de mine, ndlr) ou en CBM ». Plus précisément, la société indique avoir déposé deux demandes d’ouverture de travaux miniers pour effectuer des sondages d’exploration, dans l’objectif  « de rechercher de nouveaux potentiels d’hydrocarbures gazeux dans des secteurs non exploités (CBM) des faisceaux charbonneux du Westphalien et du Namurien ». À plusieurs reprises, l’exploitant affirme exclure de recourir à la fracturation hydraulique. Mais, indique Christine Poilly, « je ne crois absolument pas qu’ils puissent forer ces gaz sans fracturation hydraulique ».

 

 

Un événement a mis de l’huile sur le feu : en juillet dernier, la direction régionale de l’environnement (Dreal) a publié deux arrêtés d’autorisation de forages, sur les communes d’Avion et de Divion (Nord). Ils correspondent à deux permis de recherche attribués à Gazonor en sus de ses concessions, les permis de Sud-Midi et du Valenciennois, à cheval sur les départements du Nord et du Pas-de-Calais.

Premier problème : les arrêtés n’ont pas été rendus publics, malgré les demandes d’associations et d’élus. Le maire adjoint de la commune voisine de l’un des puits, Daniel Ludwikowski, s’est même vu répondre par la préfecture que ces documents administratifs ne pouvaient lui être transmis par manque d’effectifs.

Second problème, plus épineux : en 2009, Gazonor avait déposé une première version de sa demande pour ces permis de recherche. Dans le document concernant le permis « Sud midi », dont Mediapart s’est procuré un extrait, l’exploitant annonce vouloir sonder le sous-sol minier par fracturation hydraulique : « Un niveau de charbon sera sélectionné pour la mise en œuvre de techniques de fracturation hydraulique en fonction de la perméabilité du charbon », peut-on y lire, p. 32 (voir ci-dessous le document).

Extrait de la première demande de permis par Gazonor, en 2009.  
Extrait de la première demande de permis par Gazonor, en 2009.

Après le vote de la loi Jacob interdisant cette technique en 2011, la société a déposé une nouvelle demande de permis, toute référence à la fracturation hydraulique en a cette fois disparu. Or le périmètre de ce permis est limitrophe des concessions dont Gazonor demande la prolongation. Le forage des gaz de couche rouvre-t-il la porte à la fracturation hydraulique ? « Cette technique est interdite en France », rappelle le ministère de l’écologie. Mais rien n’interdit de penser que le gazier pose des pions et parie sur une éventuelle autorisation, à terme, de ce mode opératoire à titre expérimental.

« Un des rares dossiers économiques qu’on a ici »

 

Processus de traitement du gaz de mine (Gazonor). 
Processus de traitement du gaz de mine (Gazonor).

« Il y a une grande confusion entre les gaz de mine, de couche et de schiste », explique Karim Ben Slimane, chef du département de prévention et sécurité minière au bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance du bassin minier nordiste. « D’un point de vue géologique, la différence fondamentale, c’est que le charbon est plus poreux que le schiste. Il est en quelque sorte à la fois la roche mère et le réservoir à gaz. Dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, les gisements de gaz de couche sont fracturés par la faille du midi. Il est donc théoriquement possible de produire ces gaz sans fracturation hydraulique. Mais ce n’est qu’une hypothèse. La seule façon de le confirmer, c’est de forer. » D’où les deux permis délivrés l’été dernier.

En Lorraine, la société European Gas Limited (EGL), l’ancien propriétaire de Gazonor, explore déjà le sous-sol en quête de gaz de couche, dans le cadre de permis exclusifs de recherche qu’elle détient en Moselle (Bleue Lorraine, Bleue Lorraine Sud). Mais son forage actuellement en cours à Tritteling-Redlach (Moselle-Est) rencontre des problèmes techniques. Il est à l’arrêt depuis plusieurs jours. L’ONG écologiste France nature environnement (FNE) a déposé deux recours pour l’annulation de ces permis. C’est le même EGL qui doit forer les puits nordistes de Gazonor, racheté en 2011 par Transcor France, une filiale du groupe du milliardaire belge Albert Frère.

Dans le Nord, EGL prévoit de forer « en arête de poisson », selon une courbe parallèle au plan de la couche de charbon, à l’horizontal. Depuis le tube principal, de multiples drains doivent pénétrer dans la couche pour aspirer le gaz qui y repose. Pour Ben Slimane du BRGM, c’est de « la haute technologie » mais avec un appareil de forage classique. Le forage traverse la nappe phréatique, un mode opératoire habituel des forages pétroliers franciliens, ajoute l’expert. Tout cela est très coûteux et l’un des enjeux pour Gazonor sera d’évaluer si la quantité d’hydrocarbures présente dans le charbon situé sous les anciennes mines va suffire à rentabiliser d’onéreuses opérations

 

Sondage de gaz de mine à la station de captage de Divion (Nord). 
Sondage de gaz de mine à la station de captage de Divion (Nord).

« Ils veulent réindustrialiser le Pas-de-Calais en relançant la production charbonnière », analyse Dominique Plancke, conseiller régional EELV, qui pointe la contradiction entre cette quête aux énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre, et le plan climat régional qui vise 100 % d’énergies renouvelables en 2050 et une baisse de 60 % de la consommation énergétique, sur la base d’un « master plan » développé par l’économiste américain Jeremy Rifkin.

Bertrand Péricaud, conseiller régional PCF, et président d’une mission régionale sur les gaz de couche, ne cache pas son soutien à l’exploitation des gaz de l’ancien bassin minier : « C’est un des rares dossiers économiques qu’on a ici, à deux encablures de Marine Le Pen. On est sur la ligne de front. On est tout seuls. Quel score fera le Front national aux prochaines élections ? Marine Le Pen peut-elle nous prendre la région Nord-Pas-de-Calais ? Je n’ai pas d’industriel qui nous propose de fabriquer chez nous des pales d’éoliennes et de créer 500, 1 000 emplois. Je ne parle pas de plan climat, de théorie. Je parle du concret. »

Quant aux émissions de gaz à effet de serre que dégagerait l’exploitation de ces hydrocarbures gazeux, il considère que « si on produit du gaz de houille dans la logique des circuits courts, pour consommer sur place ou pour alimenter une unité industrielle sur place, le bilan en CO2 sera moins élevé qu’avec du gaz de Sibérie qui s’est tapé des milliers de kilomètres en gazoducs ». Pas d’avenir du nord de la France sans fossile alors ? Pour l’élu communiste, c’est une évidence. « Sinon, il faut m’expliquer pourquoi on est en train de construire un port méthanier à Dunkerque. »

Géologiquement différents, gaz de schiste et de couche participent du même problème politique : tant que l’État et les industriels projetteront leur avenir énergétique dans les hydrocarbures, nous continuerons à rejeter des gaz à effet de serre et à aggraver le dérèglement climatique. Mais tant que la puissance publique échouera à programmer le développement massif de l’efficacité énergique et des sources renouvelables, les élus locaux soutiendront la vieille économie carbonée.

Opposés à la fracturation hydraulique, mais pas au principe de l’exploitation des gaz de schiste, le gouvernement et l’Élysée restent englués dans la zone grise de la loi de 2011, qui prohibe une technique mais pas un sujet, celui de l’usage toujours accru d’énergies polluantes. C’est un blocage insurmontable à la mise en œuvre d’une véritable transition écologique. 

 

Lire aussi

 

 

 

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 18:19

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast

 

NSA. Réactions contrastées des firmes américaines de l'Internet

Le New-York Times participe avec le Guardian et quelques autres quotidiens moins connus, aux protestations (discrètes) ayant suivi les révélations par Edward Snowden de l'espionnage intensif que subissent les entreprises de l'Internet, fussent-elles américaines et traitant des échanges domestiques.

Il publie dans cet esprit un article exposant les différentes mesures que mettent en place ces firmes pour protéger les données de leurs clients, et leurs propres bases d'information. Il s'agit principalement de Google, Mozilla, Twitter, Facebook and Yahoo. L'article ci-dessous référencé en donne un exposé intéressant, mais un peu technique. Bornons nous à citer l'encryptage dit Transport Layer Security, disponible déjà depuis plusieurs années sur Internet dans le http(s). S'ajouteront bientôt le Perfect Forward Secrecy et sans doute de nouvelles versions améliorant la vitesse.

Mais le journal explique, dans un louable effort pour dédouaner la NSA et autres agences, que les utilisateurs répugnent à utiliser de tels logiciels, lesquels compliquent et alourdissent les échanges. Avec réalisme, il laisse aussi entendre que dans la course aux armements entre les adeptes du secret sur Internet et les briseurs de code, ce seront toujours les derniers qui auront le dernier mot. Ceci notamment s'ils disposent des milliards de dollars dépensés par les Etats pour pénétrer les matériels, les fichiers et les câbles.

Le Brésil prétend, comme certains autres pays, être capable de construire des Internet inaccessibles à la NSA. Mais on peut rester sceptique. Nous pensons pour notre part que le monde est entré définitivement dans l'ère de l'espionnage urbi et orbi. Les utilisateurs que nous sommes devront s'y résoudre.

Un lobbying intense

Dans le même temps, les géants américains du Net, Google, Facebook, IBM et consorts, multiplient actuellement leur lobbying à Bruxelles pour que la Commission ne mette pas en place les timides restrictions aux échanges de données personnelles actuellement envisagées par la commissaire à la Justice Viviane Reading, y compris un début de "droit à l'oubli" interdisant la conservation de ces données au delà d'un temps raisonnable. L'argument présenté est que ces réglementations diminueraient la liberté d'action de ces entreprises et donc leurs bénéfices.

Les géants du Net s'appuient pour agir à l'encontre du Parlement européen, comme l'indique un article du Monde daté du 6 décembre, sur des associations récemment crées à Bruxelles par eux, sous des noms évocateurs tels que l'European Privacy Association ou le Center for Democray and Technology. Il serait difficle de faire plus blanc que blanc.

* Article du NYT : http://www.nytimes.com/2013/12/05/technology/internet-firms-step-up-efforts-to-stop-spying.html?_r=0

* Article du Monde : Philippe Ricard, vendredi 6 décembre, p. 6.

 

 

 

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 18:07

 

Source : euractiv.fr

 

Edward Snowden va témoigner devant les eurodéputés

 

Publié 06 décembre 2013

 

 

 

L'eurodéputé allemand Jan Philipp Albrecht vient d’annoncer qu'Edward Snowden, « le lanceur d’alerte » et acteur clef dans le scandale NSA, souhaite témoigner devant le Parlement européen.

L'audition d’Edward Snowden sur le scandale d'espionnage massif aura lieu à la commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) au Parlement européen. Elle sera intégralement enregistrée au format vidéo, selon Jan Philipp Albrecht, rapporteur sur le projet de loi portant sur la protection des données.

L’Américain Edward Snowden a quitté son pays d'origine, avant de faire ses révélations qui ont mis les services de sécurité du pays dans une situation délicate. Il vit actuellement en Russie où il s'est vu accorder un droit d'asile pour une durée d'un an (voir « Contexte »).

« Edward Snowden, en tant que témoin principal dans le scandale de mise sur écoute, a souhaité témoigner en public par le biais d’une vidéo devant le Parlement européen. Ce choix représente une réussite énorme pour l'institution en question », affirme Jan Philipp Albrecht dans un communiqué.

« Edward Snowden répondra aux questions des eurodéputés de la Commission LIBE.  La réunion ne sera certainement pas à l'ordre du jour avant le 18 décembre », selon le même communiqué.

Jan Philipp Albrecht critique vertement le fait qu’aucun des responsables politiques n’ait tiré les conséquences. Il revient maintenant au Parlement européen d’agir, ajoute-t-il.

 

L'enquête parlementaire est en cours

Les eurodéputés verts avaient déjà demandé qu'Edward Snowden soit invité devant la commission, avant même qu'une enquête officielle soit lancée sur le scandale de mise sur écoute le 4 juillet. 

Lors du sommet européen des 24 et 25 octobre, la chancelière allemande, Angela Merkel, a exigé que les États-Unis concluent un accord de « non-espionnage » avec Berlin et Paris d'ici la fin de l'année. Elle a déclaré que Washington devait cesser d’espionner deux de ses plus proches alliés.

La chancelière souhaite que le président américain passe à l'action. Elle ne se contente pas d'excuses à la suite des révélations sur l'Agence américaine de la sécurité nationale (NSA), qui aurait eu accès à des dizaines de milliers de conversations téléphoniques en France et surveillé le téléphone portable privé d'Angela Merkel.

L'Allemagne et la France chercheront un accord mutuel avec les États-Unis sur la coopération entre leurs services de renseignement. D'autres États membres de l'UE pourraient éventuellement y participer par la suite.

Les États-Unis ont conclu un accord de non-espionnage avec le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada. Cette alliance, connue sous le nom de « Five Eyes », avait été nouée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Mais les Américains ont traditionnellement toujours rechigné à sceller un accord similaire avec d'autres alliés. Malgré leurs excellentes relations avec l'Allemagne à l’heure actuelle.

 

Colère collective

De hauts fonctionnaires allemands et le président du Parlement européen, Martin Schulz, ont lancé un appel en vue de suspendre les négociations entre l'UE et les États-Unis sur l'accord de libre-échange. Ces négociations ont commencé en juillet, à la suite des révélations faites sur les pratiques d’espionnage américaines.

Le Parlement européen a soutenu en octobre le projet de loi proposé par la Commission européenne au début de l'année 2012. Ce projet a pour but de durcir les règles portant sur la protection des données, établies en 1995.

Les nouvelles règles devraient restreindre les méthodes de partage de données par des sociétés telles que Google et Facebook collectées en Europe avec des pays non européens. Ainsi, les citoyens européens pourront demander que leurs traces numériques soient effacées. Une amende de 100 millions d'euros voire plus pourra être imposée aux sociétés contrevenantes.

Si l’on en croit les propos de Jan Philipp Albrecht, des décideurs politiques européens mais aussi du monde entier suivront l’audition.

 

Prochaines étapes : 
  • Après le 18 décembre : Edward Snowden témoignera par l’intermédiaire d’une vidéo devant le Parlement
EurActiv.fr — Article traduit de l'anglais

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 17:53

 

 

Source : mediapart.fr

Grèce: quatrième budget d'extrême rigueur

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Les députés grecs ont adopté samedi soir un budget 2014 marqué par l'austérité. Mais ce budget n'a pas reçu l'aval de la troïka des créanciers de la Grèce.

Les députés grecs de la coalition conservateurs-socialistes ont adopté samedi 7 décembre à une très courte majorité un budget 2014 marqué par la rigueur. Le budget prévoit une hausse de 2,1 milliards des revenus tirés des impôts, et une baisse de 3,1 milliards des dépenses, en amputant les secteurs de la santé, des assurances sociales et de l'éducation. C'est le quatrième budget d'extrême rigueur de la Grèce depuis son placement sous perfusion financière de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) au printemps 2010.

Pourtant, le projet de loi de finances n'a pas reçu l'aval de la troïka des créanciers de la Grèce: l’UE, la Banque centrale européenne et le FMI. Ce qui entraîne le gel du versement d'un prêt de 1 milliard d'euros négocié depuis septembre. Le point le plus litigieux porte, selon Les Echos, sur la liquidation de l'industrie de défense EAS. « Il faut faire plus sur le plan budgétaire et en ce qui concerne les réformes de la fiscalité et de l'administration publique, les privatisations », avait exhorté cette semaine, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne après une rencontre avec le premier ministre grec Antonis Samaras à Bruxelles.

A Athènes, le premier ministre grec a lui défendu les « efforts » et « grands sacrifices » d'un pays qui a réduit son déficit budgétaire de 15 % du PIB en 2009 à 2,2 % prévu en 2013. Dans le même temps, le chômage a bondi à plus de 27 %, le PIB grec a chuté de 25 % et le pouvoir d'achat de 40 %. Les  syndicats ont dénoncé un budget qui va conduire à « une hausse du chômage, un appauvrissement de la population, l'effondrement de la cohésion sociale et une crise humanitaire sans précédent ».

Comme l'Espagne, le Portugal et l'Italie, la Grèce parie sur un retour de la croissance : le budget adopté samedi table sur une légère progression du PIB de +0,6 %, après six ans de récession. Pour la première fois depuis longtemps, un excédent primaire (hors service de la dette) devrait être atteint cette année, grâce auquel le gouvernement espère réduire à 174,8 % du PIB (320 milliards d'euros) la dette de la Grèce.

 

 

 

 

 

 

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 19:32

 

 

Source : marianne.net

 

Tintin chez les Bisounours européens
Samedi 7 Décembre 2013 à 16:00

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, la «libre circulation» des personnes est «un signe de civilisation» incontestable. Soyons clairs. Nul n'aurait l'idée saugrenue de s'offusquer de saluer la possibilité pour les touristes d'aller de Paris à Berlin comme on va d'un village à un autre. Mais Herman Van Rompuy avalise ici la mise en concurrence des salariés d'un pays à l'autre, qui constitue un vrai recul de civilisation.

 

Herman Van Rompuy - Alessandra Tarantino/AP/SIPA
Herman Van Rompuy - Alessandra Tarantino/AP/SIPA

Voici peu, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a tenu à célébrer le 24e anniversaire de la chute du mur de Berlin dans la capitale allemande. Bonne idée, assurément. A cette occasion, il a fait un discours à la gloire de la liberté, de la fraternité, de l'égalité, j'en passe et des meilleures. Parmi ces fortes paroles, on a entendu ceci : «Le populisme et le nationalisme ne sont pas une réponse aux défis de notre temps.» Bravo, même si la notion de «populisme» fait partie de ces mots-valises où l'on met tout et n'importe quoi, à commencer par le mépris vis-à-vis du peuple. Passons.

A la suite de ces envolées lyriques, le bon monsieur Van Rompuy a expliqué qu'il fallait se méfier des critiques formulées à l'égard de l'immigration dérégulée, fustigeant ceux qui y voient la marque du «dumping social». A ses yeux, cela relève du faux procès.

Pour le digne représentant de l'élite bruxelloise, en effet, la «libre circulation» des personnes est «un signe de civilisation» incontestable. Soyons clairs. Nul n'aurait l'idée saugrenue de s'offusquer de saluer la possibilité pour les touristes d'aller de Paris à Berlin comme on va d'un village à un autre. Mais Herman Van Rompuy avalise ici la mise en concurrence des salariés d'un pays à l'autre, qui constitue un vrai recul de civilisation.

Dans ce cas, en effet, il s'agit d'une forme de guerre des pauvres contre les pauvres, d'une guerre où les puissants sont à la quête du moins-disant social grâce à une Europe où l'harmonisation relève du fantasme. Grâce au miracle de la concurrence non libre et complètement faussée, on fait du salaire une variable d'ajustement, on encourage le détricotage du droit du travail et on pousse au démantèlement des modèles sociaux les plus développés, à commencer par celui de la France, hérité de l'esprit du Conseil national de la Résistance.

Dénoncer le populisme et le nationalisme qui minent le rêve européen sans mettre en cause cette réalité, c'est le comble de l'hypocrisie. Comme disait Bossuet : «Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes.»

 

 


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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 19:19

 

Source : reporterre.net

 

Ecologie

 

Le réseau français et européen contre les grands projets inutiles imposés prend de l’ampleur

Geneviève Coiffard-Grosdoy

samedi 7 décembre 2013

 

 

 

Ce week-end voit se dérouler de nombreuses actions contre les Grands projets inutiles imposés. Les luttes locales ont commencé à se mettre en réseau, partageant expériences et informations. Car la même logique destructive et corrompue est à l’oeuvre dans tous ces projets lancés en Europe par les gouvernements et les multinationales.

 


 

De nombreux citoyens et peuples, en France, en Europe et dans le monde, s’interrogent de plus en plus sur la pertinence de projets pharaoniques : infrastructures liées à la production ou au transport de personnes, de marchandises, d’énergie (barrages, centrales nucléaires), de matières premières (mines) ou de ’biens’ manufacturés ; complexes touristiques, sportifs ou commerciaux...

Négligeant les conséquences pour les populations concernées, les dégâts environnementaux et climatiques induits, sur la finitude de la planète, politiques et multinationales prétendent vendre aux citoyens ces équipements au nom de l’« attractivité du territoire » ou du « développement ». Face à cette pression toujours plus forte, la mise en réseau de nombreuses luttes locales commence à se développer.

 

Un mouvement en développement

Des oppositions locales à plusieurs de ces projets ont déjà une longue histoire, mais ce qui est nouveau, c’est la mise en évidence de leurs caractéristiques communes et la mise en réseau des luttes et des alternatives. C’est ainsi que différents collectifs ont initié une réflexion collective, d’abord autour du ferroviaire, qui a abouti à la Charte d’Hendaye en janvier 2010.

La question de nouvelles LGV y est posée : outre leur coût monstrueux, elles déchirent et détruisent les territoires pour des gains de quelques dizaines de minutes, au détriment de l’entretien et de la desserte de lignes régionales qui répondent, elles, au besoin des populations locales

Le premier Forum Européen contre les Grands Projets Inutiles (GPI) a eu lieu à Venaus, en Italie, en août 2011, à l’initiative de No-Tav (opposition à la LGV Lyon-Turin), s’ouvrant aux thématiques Transport, au-delà du ferroviaire. Une délégation de Notre Dame des Landes a répondu à l’invitation des amis italiens, qui nous ont ’passé le flambeau’.

Le deuxième Forum, à Notre Dame des Landes en juillet 2012, a dépassé le thème des transports, intégrant la question de l’énergie ou des équipements touristico-commerciaux tels le projet d’EuroVegas en Espagne. Le terme « Imposés » s’ajoute alors à la description, et les « Grands Projets Inutiles Imposés » deviennent des GPII, appellation de plus en plus souvent reprise.

 

- A Notre Dame des Landes -

 

Depuis, d’autres rencontres ont eu lieu, à Florence en novembre 2012, au Forum Social Mondial à Tunis en mars 2013, à l’Action Gran Navi à Venise (contre l’entrée de grands navires dans la lagune, qu’ils ravagent), 3° Forum contre les GPII à Stuttgard fin juillet 2013->4282].

 

L’adoption de différents textes jalonnent l’avancée de notre réflexion commune

- La charte de Hendaye (23 janvier 2010)

Consacrée au ferroviaire, réunissant des représentants d’associations (Italie, France, Espagne), rédigée après analyse des différents dégâts, elle pointe les caractères communs des projets : désastre écologique, abandon de voies existantes, mensonges, déni de démocratie. Elle affirme la volonté de créer une opposition européenne et interpelle Commission Européenne, Parlement européen et gouvernements pour l’arrêt des travaux et l’ouverture d’un véritable débat public au niveau européen sur le modèle de transport, d’aménagement du territoire et de société.

- Le texte final du Deuxième Forum contre les GPII à Notre Dame des Landes (10 août 2012)

« Rassemblés pour identifier, recenser, combattre les grands projets que nous reconnaissons inutiles, ruineux en fonds publics et socialement injustes, écologiquement destructeurs ou dangereux, et qui excluent les populations de la prise de décision... », les participants affirment leur volonté d’« expliquer et populariser largement ce concept, et se doter de moyens concrets de communication, de mutualisation d’expériences, de développement d’expertise commune. »

- La charte de Tunis

Elle renouvelle les constats, en approfondissant l’analyse de la situation, « le système économique libéral qui domine le monde est en crise profonde... les mêmes mécanismes qui endettent les Pays les plus pauvres depuis la fin de la colonisation directe sont maintenant utilisés aussi dans les Pays occidentaux ». Elle propose des pistes pour la « recherche de solutions :

• l’entretien et l’optimisation des infrastructures existantes ;
• la transformation profonde du modèle économique et social aujourd’hui en profonde crise, en faisant notamment de la proximité et de la relocalisation de l’économie, de la protection des terres agricoles, de la sobriété énergétique et de la transition vers les énergies renouvelables décentralisées, nos priorités ;
• la restitution de la capacité de décision aux populations...
• de nouvelles relations entre les peuples au sud comme au nord, des relations de solidarité qui rompent définitivement avec la logique de domination et d’impérialisme. »


- A Tunis -

 

- Enfin la déclaration finale de Stuttgart, en juillet 2013.

Après le rappel des textes antérieurs, elle réaffirme « la volonté de renforcer les liens entre les différents mouvements d’opposition, au niveau national et international, en incluant ceux d’autres continents.
Ils déclarent qu’ils seront présents dans les débats pour les prochaines élections européennes.
Ils appellent dès aujourd’hui les mouvements d’opposition, l’ensemble de la classe politique et de la société civile à faire respecter toute les dispositions de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ; de même, ils appellent à exiger la signature des Décrets d’application de la Convention d’Aarhus.
Dès maintenant ils ont décidé de se retrouver pour un 4ème Forum contre les Projets Inutiles et Imposés qui aura lieu à Roşia Montană, Roumanie, du 1er au 4 mai 2014 »
.

 

- Près de Stuttgart -

 

Un réseau pour la convergence des luttes

En dépit de grandes similitudes entre les projets et les résistances, les mobilisations sont forcément marquées par les actualités locales, les acteurs sont variés… En ce sens, des structures ’verticales’ (syndicats, partis, grandes ong...) sont peu pertinentes, et c’est bien la nécessité d’une mise en réseau qui s’impose.

Réunir les opposants à l’EPR finlandais et à celui de Flamanville, les opposants à la LGV pays Basque du nord (côté français) et du sud fait sens. La mise en réseau nous permet d’échanger et de nous entraider sur les différentes formes de lutte : « Cherchez les conflits d’intérêt... et vous verrez, vous en trouverez... » ont sussuré les amis de l’opposition Lyon Turin à d’autres luttes qui n’avaient pas forcément exploré cette piste..., et on pourrait multiplier les exemples.

Pour autant ceci ne nous exempte pas de la recherche de solidarités locales (syndicats ouvriers et paysans, associations), en particulier sur les problèmes de l’emploi.

Enclencher la lutte suffisamment en amont d’un projet est identifiée par tous comme condition nécessaire pour mener des luttes gagnables, dont tous seront bénéficiaires.

 

8 décembre : 3è journée européenne contre les GPII (Grands Projets Inutiles Imposés)

Une mise en visibilité du réseau est la tenue (désormais européenne, mais aussi au-delà) de journées d’actions à la même date.

Pour l’opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, des dizaines de points de visibilité et d’intervention sont prévus pour la journée du 8 décembre, en particulier en Bretagne. Ce n’est plus un secret de polichinelle, ils concerneront des zones ’autour’ d’axes routiers. Les personnes intéressées sont invitées à consulter leur comité le plus proche (liste par carte et contact).
D’autres groupes organiseront des soirées (CADE, No Tav...).

 

Actualiser la carte des GPII

Enfin cette journée est l’occasion de lancer un appel pour mise à jour de la carte des GPII.

Cette carte, démarrée par Nicolas H. (membre d’Attac et de l’Aitec) est un début de (gros) travail, qu’il faut actualiser et entretenir.

Nous vous invitons à consulter cette carte (par exemple à partir de ce lien) et d’envoyer vos GPII et à l’enrichir.

 

Renforçons notre réseau au niveau mondial !

Cela nécessite la mise en mouvement de millions de citoyens... et de vous !

 


 

Compléments d’info :

- Actions à Paris et en Ile-de-France : Costif
- Manifestation ce samedi à Orléans : SPLF45.
- Manifestation ce samedi à Brest : Courriel à Reporterre.



 

Source et photos : Geneviève Coiffard-Grosdoy (membre de l’ACIPA et de Attac) pour Reporterre.

Lire aussi : A Lyon, la ZAD contre le Grand stade résiste toujours.

 


 

Pour une information libre sur l’écologie, soutenez Reporterre :

 

 

 

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 19:13

 

Source : reporterre.net

 

Libertés - Reporterre

 Contre la censure scientifique, Reporterre place en ligne l’étude originale de Gilles-Eric Séralini et de son équipe

 

vendredi 6 décembre 2013

 

 

 

Un cas unique de censure scientifique : la revue Food and chemical toxicology a fini par retirer l’étude de l’équipe de M. Séralini sur les OGM et le Roundup. Au seul motif que ses résultats ne seraient "pas concluants". Comme des milliers d’études publiées dans les revues scientifiques. Reporterre met en ligne cette étude, pour qu’elle reste facilement accessible.

 


 

La revue Food and Chemical Toxicology, dont un récent membre du comité scientifique est un ancien employé de Monsanto, a fini par retirer l’article de Gilles-Eric Séralini et de son équipe, publié en septembre 2012.

C’est un cas extraordinaire de censure scientifique. Il n’est pas reproché à cette étude d’erreur ou de fraude, mais que ses résultats ne sont "pas concluants", ce qui est le cas de milliers d’études publiées dans les revues scientifiques.

Reporterre place ici la version originale de cette étude, de façon à ce qu’elle reste disponible en téléchargement :

PDF - 2.2 Molien

L’épisode précédent de cette incroyable histoire : OGM : une nouvelle offensive est lancée contre l’étude de l’équipe Séralini.

Voir aussi la vidéo : EXCLUSIF : Séralini répond à ses détracteurs.

 


 

Source : Reporterre

 


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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 19:05

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/marie-anne-kraft

 

Partis européens : pourquoi pas directement ouverts aux citoyens ?

L'Europe mal-aimée, insuffisamment démocratique, éloignée des citoyens, bouc émissaire des dirigeants des Etats qui l'accusent de décisions qu'ils ont eux-mêmes approuvées, ... Que faire pour rapprocher les citoyens européens de l'idéal européen et leur permettre de s'impliquer sans les décisions ? Et si on commençait par leur permettre une adhésion directe à des partis européens et instaurer une plate-forme collaborative leur proposant avec méthode de contribuer et de réagir aux décisions ?

Il faut d'abord rappeler le fonctionnement de l'Europe. Certes, il paraît complexe : la législation s'articule autour des trois instances que sont la Commission européenne (28 commissaires représentant l'intérêt général), le Conseil de l'UE (28 ministres représentant les Etats membres) et le Parlement européen (766 députés représentant les citoyens européens) :

- la Commission européenne a l'initiative des lois et doit également se charger de leur bonne application (pouvoir exécutif)

- le Parlement européen et le Conseil européen se partagent le pouvoir législatif (vote des lois) avec des navettes entre eux en 1ère, 2ème et 3ème lecture.

L'UE a un fonctionnement démocratique et diffuse sur internet tous les documents ainsi que les vidéos des séances parlementaires et des commissions de travail. Peu de gens le savent et il est difficile de suivre tous les sujets sans synthèse appropriée. Le problème étant que la synthèse que les citoyens sont en droit d'attendre dans les médias nationaux est rare, pauvre et confuse. On ne sait pas toujours où en est une loi : proposée, en cours de discussion ? Votée mais pas appliquée ? Même les journalistes s'y perdent et utilisent évasivement le terme générique de "Bruxelles", entendu comme "La Commission européenne". Il faudrait un minimum d'information dans la presse nationale, par exemple une page par semaine qui décrive l'actualité européenne, l'agenda, les futures discussions, les enjeux, les décisions prises et où elles en sont. En attendant le citoyen peut aller chercher l'information, s'abonner à des Newsletters comme Euractiv.fr ou Contexte, ou à des pages de journalistes spécialisés comme "Les coulisses de Bruxelles" par Jean Quatremer ou encore au moins suivre l'activité de certains députés européens sur leur site officiel.

Les députés siègent en groupes politiques; ils se regroupent non par nationalité mais en fonction de leurs affinités politiques. Il y a actuellement 7 groupes politiques au Parlement européen. Pour composer un groupe politique, le nombre de députés nécessaire est de 25, élus dans au moins un quart des Etats membres de l’Union Européenne. Il est interdit d'adhérer à plusieurs groupes politiques. Certains députés n'appartiennent à aucun groupe politique et dans ce cas, ils font partie des non-inscrits.

 

politicalgroups.jpg

 

Ces groupes sont à distinguer des partis politiques européens, qui portent des valeurs communes et suivent un programme politique commun, dont les membres sont des partis nationaux et des députés représentés dans plusieurs États membres. Il n'y a pas aujourd'hui d'adhésion directe des citoyens européens aux partis européens. Ces partis reçoivent une subvention de l'UE.

Résumons : pour s'engager sur la politique européenne, un citoyen européen est donc invité à le faire via les partis nationaux et donc déléguer les actions et décisions aux parlementaires de ces partis. Ce qui fait beaucoup d'intermédiaires. Sa parole n'est pas forcément entendue et relayée. Les choix du groupe parlementaire européen soutenu par son parti national ne lui convient pas forcément ou du moins partiellement. Et s'il n'a pas envie d'adhérer à un parti national mais souhaite quand même s'engager sur la politique européenne ?

Sinon, il peut aussi s'engager dans des associations comme le Mouvement européen, qui a des antennes nationales et des sections locales (Jean-Marie Cavada vient d'être réélu président pour trois ans pour la France).

Ce serait donc peut-être une bonne idée de proposer que les citoyens européens puissent directement adhérer aux partis européens et donner leurs avis ou contributions, pourquoi pas même directement sur le site de l'Union européenne, grâce à une plate-forme collaborative et des forums thématiques suivant l'actualité (par exemple en ce moment sur l'accord transatlantique de libre échange). Bien sûr le risque est que ces forums soient envahis pas les eurosceptiques et même anti-européens, ce qui donnerait une vision très orientée de la parole citoyenne. Alors que faire ? D'abord il faut non seulement des outils, avec l'utilisation d'internet, mais aussi une méthode. Le bureau d'étude ODIS (Observatoire du Dialogue et de l'Itelligence Sociale), qui va bientôt sortir une actualisation de son étude sur "l'état social de l'Europe", propose une méthode collaborative innovante, que j'ai déjà expérimentée dans des forums organisés par l'Odissée. Il faut s'en inspirer.

 

 

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 18:53

 

Source : mediapart.fr

 

Travailleurs « low cost » : le gouvernement cherche une arme anti-FN

|  Par Lénaïg Bredoux

 

 

 

Ces dernières semaines, l’exécutif s’est brusquement agité à propos de la directive d’application sur les travailleurs détachés dans l’Union européenne. L’objectif : contrer le Front national à six mois des européennes.

C’est un texte obscur et ultra-juridique. Une « directive d’application », dans le jargon bruxellois, mais dont le gouvernement français veut faire le symbole de son combat pour une Europe sociale. En luttant contre la fraude sur le détachement des salariés européens, Hollande et ses ministres veulent contrer le Front national qui en a déjà fait un argument de campagne, à six mois des européennes.

Lundi, les ministres du travail européens se retrouvent à Bruxelles pour une ultime séance de négociation sur les conditions de détachement des salariés européens. En amont, Michel Sapin, le ministre français, a multiplié les interventions publiques et médiatiques pour afficher sa fermeté. « Je choisirai l’absence de compromis plutôt qu’un mauvais compromis. L’Europe n’a rien à gagner dans la concurrence effrénée de ses travailleurs entre eux. L’Europe n’est pas faite pour fragiliser mais pour renforcer », a-t-il encore dit jeudi 5 décembre devant la commission nationale de lutte contre le travail illégal.

Trois jours plus tôt, à l’occasion d’un débat sans vote organisé sur le sujet à l’Assemblée nationale, il s’en était plus longuement expliqué : « Quelles seraient les conséquences, si nous laissions passer un mauvais compromis, un compromis trop faible, celui que cherchent les libéraux européens et que soutient le PPE, auquel adhère l’UMP ? La dérégulation sociale encore aggravée, et certains – suivez mon regard – n’hésiteront pas à en profiter pour attiser les haines ! Ils diront aux salariés licenciés ou à ceux qui ne trouvent pas de travail “voyez, ils vous prennent votre travail” (…). Dans un contexte de chômage important, c’est ravageur ! Au-delà de la préservation de l’ordre public social, (…) c’est le poison de la xénophobie qu’il faut combattre. »


Michel Sapin et Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée, le 4 décembre 2013 
Michel Sapin et Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée, le 4 décembre 2013 © Reuters

Pour une fois, toute la majorité est soudée. C’est même d’elle qu’est venue l’alerte et il a fallu attendre plusieurs mois avant que le gouvernement et le président de la République ne s’en saisissent.

La question du détachement des travailleurs n’est pas nouvelle : la directive qui l’encadre date de 1996 et elle visait, au départ, à limiter le dumping social. Une entreprise polonaise ou portugaise qui serait chargée d’un chantier de bâtiment en France doit respecter le droit du travail français (durée du travail, salaire minimum, etc.), à la seule exception des cotisations sociales qui sont réglées dans le pays d'origine (en l'espèce la Pologne ou le Portugal). Les salariés français sont aussi parmi les premiers à en bénéficier : la France est en effet le deuxième pays, derrière la Pologne, à détacher le plus de personnes dans un autre pays de l’Union, pour l’essentiel des cadres.

Mais ces dernières années, l’élargissement de l’Union européenne (à la Pologne en 2004 et à la Roumanie et la Bulgarie en 2007) et la crise économique ont provoqué une explosion du phénomène. Selon les derniers chiffres fournis par le ministère du travail, la France accueillera cette année huit fois plus de salariés détachés qu’en 2005 (210 000 estimés contre 26 500). En 2012, ils étaient 170 000, dont près de 32 000 Polonais, 20 000 Portugais, 17 000 Roumains et 13 000 Allemands. La moitié a travaillé dans le secteur du bâtiment (lire notre reportage en Auvergne).

Mais il ne s’agit là que des travailleurs légalement déclarés. Le ministère estime en effet que la fraude a elle aussi explosé. Selon une estimation de la direction du travail, les salariés détachés en France étaient plus proches des 350 000 que des 170 000. « Lors d’une vaste opération nationale de contrôle de mes services le 25 juin dernier, sur 87 entreprises pratiquant la prestation de service internationale, une sur deux n’avait pas fait de déclaration ! » explique Michel Sapin. À titre de comparaison, la France a détaché l’an dernier 140 000 salariés dans un pays tiers.

Dans certains départements, le phénomène est ancien – certains syndicalistes, comme la CGT des chantiers navals de Saint-Nazaire, et quelques députés communistes, l’ont dénoncé depuis longtemps, dans l’indifférence quasi générale. Mais il s’est répandu dans d’autres régions jusqu’à devenir un des symboles de la révolte des Bonnets rouges en Bretagne. Les abattoirs bretons, dont le site de Gad de Lampaul-Guimiliau aujourd’hui fermé, souffrent en effet de la concurrence des sites allemands qui embauchent, en détachement, beaucoup d’ouvriers polonais, dans un secteur qui n’est pas soumis à un salaire minimum outre-Rhin. À l’inverse, d’autres sites en France embauchent des ouvriers étrangers, ce qui leur permet, légalement, de payer moins de cotisations sociales, ou illégalement, en ne déclarant pas toutes leurs heures, en les payant moins ou en les logeant dans des conditions indécentes. L’image des salariés de Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère) allant bloquer le site Gad de Josselin (Morbihan), où travaillent aussi des salariés étrangers, est devenue le symbole de la colère provoquée par le détachement.

 

 

« Voilà des beaux marqueurs de gauche ! »

Depuis, les élus bretons font partie des plus actifs à l’Assemblée pour batailler sur le détachement des salariés. « Depuis un ou deux ans, c’est devenu une pratique industrielle ! C’est un des premiers dossiers qui m’a éclaté à la figure quand j’ai été élu », témoigne Gwenegan Bui, député PS du Finistère, qui a suivi de près les plans sociaux chez Gad et Tilly-Sabco. Il raconte les abattoirs, mais aussi les bâtiments agricoles construits par des salariés détachés et la rumeur, persistante dans sa circonscription, d’étrangers assurant la récolte des échalotes.

Même chose dans la circonscription voisine, celle du socialiste Richard Ferrand, qui raconte avoir « pris conscience par hasard et de façon empirique » du phénomène. « Début 2013, je visitais une exploitation agricole. Ils construisaient un nouveau bâtiment. Mais les gars ne parlaient pas français. C’était de la sous-traitance. Des artisans du coin m’ont ensuite raconté qu’ils recevaient des pubs par fax pour embaucher des salariés étrangers… »

« Dans les grands groupes de l’agroalimentaire, du bâtiment ou sur les chantiers navals civils et militaires, cela existait depuis longtemps. Mais la nouveauté, c’est que les petites et moyennes entreprises ont pris le relais en s’inspirant de ces pratiques », raconte aussi Gwendal Rouillard, député PS de Lorient où il voit des travailleurs étrangers logés dans des conditions extrêmement précaires, « au camping ».

Tous s’inquiètent de l’exaspération provoquée par cette pratique et du rejet de l’Union européenne qu’elle renforce. « Si on ne fait rien, on pourrait voir un drapeau allemand qui brûle… Chez Gad, on parle déjà de “Boches”. On sent monter une détestation de l’Europe qui peut être facteur de désagrégation électorale », selon Gwenegan Bui. En clair : ces députés bretons ont peur de la montée du FN.

Quand ils s’en sont émus, ils ont pu s’appuyer sur le travail qu’avait mené parallèlement une poignée de députés et de sénateurs – dont le communiste Éric Bocquet au Sénat et le socialiste Gilles Savary à l’Assemblée, auteurs de deux rapports qui font aujourd’hui référence. « Le réveil est brutal », s’exclame d’emblée le député Savary qui parle de « trading de main-d’œuvre low cost » à coups de publicité sur Internet (voir ci-dessous). « J’ai découvert qu’on était passé dans un autre monde. On est entré dans l’ère de l’optimisation sociale de masse, avec une brutale accélération à partir de 2006. »


Sur le moteur de recherche Google, en tapant "travailleurs polonais", samedi 7 décembre 
Sur le moteur de recherche Google, en tapant "travailleurs polonais", samedi 7 décembre

Mais là encore, le gouvernement a d’abord fait la sourde oreille – à l’exception de quelques ministres comme Guillaume Garot, délégué à l’agroalimentaire, Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, et d’allusions passées inaperçues de Jean-Marc Ayrault. « Nous avons travaillé dans une certaine indifférence », raconte Savary, qui a également préparé une proposition de loi sur le sujet, en cours de finalisation. C’est la crise bretonne et la menace du Front national, à six mois des européennes, qui ont tout changé.

La mobilisation est venue de l’Élysée, où les élus bretons disposent de plusieurs relais (les ministres Le Drian ou Le Foll, mais aussi le maire de Quimper, conseiller de François Hollande, Bernard Poignant), après un conseil des ministres le mois dernier où le président de la République « a appuyé sur l’accélérateur », selon Savary. Depuis, « Sapin est en ligne et il est à fond », dit le député qui rappelle que « rien n'a été fait sous Sarkozy ». « Hollande était réceptif, ses conseillers nettement moins », glisse de son côté Gwendal Rouillard.

Pendant plusieurs mois, l’incertitude sur les élections allemandes a gelé toute prise de position publique de la France. « Notre trouille du populisme et le risque que l’esprit européen se dissipe rencontrent aujourd’hui une situation politique conjoncturelle en Allemagne qui redevient active sur les dossiers sociaux. C’est le sujet de la grande coalition et on peut refaire un axe franco-allemand sincère et non pas seulement de compromis », veut croire un ministre du gouvernement.

« C’est un dossier à connotation politique très forte à l’horizon 2014 (les élections européennes, ndlr), perçu comme le symbole d’une Europe incapable de lutter contre le dumping social et le retour de l’image du “plombier polonais”. Aujourd’hui, la France mène un combat politique sur ce dossier avant les élections européennes qui doivent aussi servir le rapport de force », explique aussi Thierry Repentin, le ministre délégué aux affaires européennes. « Cette bataille est un élément fédérateur : on parle des travailleurs, du respect des conditions de travail, de la lutte contre le dumping social, de la santé au travail, de la relance de l’idée européenne. Voilà des beaux marqueurs de gauche ! Puisqu’on en cherche parfois… », résume le député Gwendal Rouillard.

Mais ce discours laisse parfois pantois à Bruxelles (lire l’article de Ludovic Lamant) où l’agitation française dans cette négociation semble disproportionnée eu égard aux enjeux réels de la direction en préparation. Car il ne s’agit pas de revenir sur le texte datant de 1996 mais d’en redéfinir les conditions d’application pour renforcer les contrôles. Pas question donc de remettre en cause le détachement ni de revenir sur le non-paiement des cotisations sociales dans le pays d'accueil qui est déjà, à lui seul, une cause de dumping.

À Paris, certains conseillers en charge du dossier l’admettent : l’attitude française est surtout question de politique intérieure. « Sapin en a fait un enjeu symbolique, et un combat très personnel. Quoi qu’il arrive, le texte négocié à Bruxelles ne va pas permettre de régler les problèmes bretons ! Les attentes sont beaucoup trop élevées », glisse l’un d’eux, sous couvert d’anonymat.

Elles le sont d’autant plus que le problème principal posé par le détachement est celui de la fraude. Et donc du contrôle. « C’est d’abord un problème national, pas tellement européen », dit un autre conseiller français qui a suivi les discussions. Si les négociations en cours à Bruxelles visent justement à renforcer le cadre juridique de ces contrôles, ils dépendent ensuite des services nationaux – en France, de l’inspection du travail. Une administration dont les moyens ont été considérablement réduits ces dernières années et qui se rebelle actuellement contre la réorganisation décidée par Michel Sapin. Mais pour les élections européennes, c’est nettement moins spectaculaire.

 

 

 

 

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 18:42

 

Source : mediapart.fr

Pourquoi l'Union peine à lutter contre le « dumping social »

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

La France continue de miser sur un accord, lors d'une réunion clé lundi à Bruxelles, sur un sujet explosif : la directive sur les travailleurs détachés. Mais l'alliance de la Grande-Bretagne avec des pays de l'Est complique les débats. Le parlement européen, lui aussi, est très divisé. Les propositions sur la table sont-elles à la hauteur ?

Bruxelles, de notre envoyé spécial

L'« opération déminage » du gouvernement français va-t-elle aboutir ? Une partie de la réponse sera connue lundi, à l'issue de la réunion des ministres de l'emploi des 28, à Bruxelles, qui discuteront d'un texte ultra-sensible à l'approche des élections européennes : l'adaptation de la directive sur les travailleurs détachés de 1996.

À l'origine, cette directive, entrée en vigueur en 1999, visait à lutter contre le dumping social provoqué par l'arrivée de travailleurs espagnols, portugais ou grecs, dans des pays d'Europe du Nord. Mais à l'heure du bilan, après l'élargissement à l'Est des années 2000, tout le monde s'accorde sur l'ampleur des abus. De là à y voir un retour de « Bolkestein », du nom de cette directive visant à libéraliser les services dans l'UE, et qui avait popularisé, en 2005, la figure du « plombier polonais » ?

Environ 1,2 million de citoyens européens disposent aujourd'hui de ce statut mal connu : un employeur peut détacher jusqu'à deux ans l'un de ses employés dans un pays de l'UE, au nom de la « libre prestation de services ». Ce dernier profite d'un « noyau dur » de droits et de lois en vigueur dans le pays d'accueil (temps de travail, congés payés, salaire minimum quand il existe, respect de la sécurité, etc.). Mais les cotisations de sécurité sociale, elles, sont versées par l'employeur au pays d'origine. Pour les entreprises françaises, c'est une manière d'économiser, en toute légalité, sur les cotisations sociales.

Mais le problème majeur est ailleurs : sous couvert de cette directive, des entreprises ont fait venir des ouvriers détachés, sans toujours respecter la durée maximale du temps de travail, ou encore les règles salariales. Une masse de travailleurs « low-cost », qui constitue aussi une forme de concurrence déloyale, sur les marchés du travail des principaux pays d'accueil – dont la France et l'Allemagne. L'ensemble des contrôles, sur le respect de cette directive, est laissé à la charge de l'État membre.

La commission reconnaît l'ampleur des détournements du texte, comme le montre un inventaire des abus qu'elle a dressé, dans un rapport de 2012. Elle y évoque par exemple (page 27) le cas désormais bien connu du chantier de l'EPR de Flamanville, où Bouygues est accusé d'avoir payé moitié moins que les salariés français des détachés polonais. Ces ouvriers étaient envoyés par une filiale, basée à Chypre, d'une agence d'intérim irlandaise… Bouygues est également accusé de ne pas avoir déclaré 38 accidents sur le chantier, impliquant des détachés (pour d'autres exemples, lire l'enquête de Rachida El Azzouzi).

Les discussions en cours à Bruxelles sont censées déboucher sur une amélioration du texte de 1996. Le gouvernement français a décidé de monter au créneau sur ce dossier emblématique. Mais rien ne dit que ses efforts s'avéreront payants. Que peut l'Europe, dans la lutte contre le « dumping social » ? Décryptage en quatre points de certains blocages européens.

 

Une visite sur le site de l'EPR de Flamanville, le 13 janvier 2013. © Reuters. 
Une visite sur le site de l'EPR de Flamanville, le 13 janvier 2013. © Reuters.


1 - PAS DE GRAND CHAMBOULEMENT EN VUE

Il n'est pas question de revoir de fond en comble la directive de 1996. La commission a fait le choix de proposer, l'an dernier, une « directive d'application », censée toiletter, à la marge, le texte de référence. Objectif : corriger un effet pervers, ou supprimer les abus ici ou là. Mais le principe du détachement – inscrit dans les traités européens (l'article 56) – n'est pas remis en cause, pas plus que l'esprit du texte de 1996.

Alors que le parlement européen débattait du projet en début d'année, beaucoup d'élus français, quel que soit leur bord politique, ont regretté le choix de la commission. Ils auraient préféré une « révision » de la directive de 1996, plus ample, qui aurait permis d'imposer des aménagements plus importants.

« Il y a trois facteurs qui expliquent la dérive du texte de 1996 : l'élargissement des années 2000, la crise financière et plusieurs arrêts de la cour de justice européenne sur le sujet. Pour toutes ces raisons, il aurait fallu ouvrir une révision du texte. Mais José Manuel Barroso, qui nous l'avait d'abord promise, nous l'a refusée, au début de son deuxième mandat », avance Pervenche Berès, élue PS à Strasbourg, qui préside la commission emploi au sein de l'hémicycle.

Dans une tribune publiée dans Les Échos fin novembre, des élus UMP montent au créneau, avec le même argument : « La révision était pourtant essentielle lorsqu'on est passé d'un groupe de 15 États (…) à aujourd'hui 28, intégrant pour grande partie des pays de l'Est et du Sud de l'Europe ». Certains eurodéputés signataires du texte, comme Rachida Dati ou Françoise Grossetête, n'ont pas manqué de se faire épingler pour « mauvaise foi » par leurs adversaires socialistes, rappelant que l'UMP avait soutenu la reconduction de José Manuel Barroso voilà cinq ans.

« La réponse de la commission n'est pas à la hauteur des enjeux. Une directive d'exécution n'est pas la solution. Ce qui est sur la table est très insuffisant. Le texte devrait aussi parler du statut d'autres travailleurs étrangers, qui ne sont pas détachés, et qui, eux, ne bénéficient même d'aucun droit », s'inquiète Veronica Nilsson, spécialiste du dossier au sein du think tank de la CES, la confédération européenne des syndicats.

Du côté de la commission, on assume le choix modeste d'une directive « d'application », malgré l'élargissement de l'UE : « Il y a déjà un noyau dur de droits sociaux qui sont garantis dans la directive de 1996. C'est le droit du pays d'accueil qui doit s'appliquer, par exemple, en matière de salaire minimum, de conditions de travail, ou encore de santé au travail. Le texte de 1996 établit déjà un équilibre qui nous semble approprié, entre le respect des droits des travailleurs d'un côté, et la libre prestation de services de l'autre », assure le porte-parole du commissaire à l'emploi, Laszlo Andor, un socialiste hongrois.

L'exécutif français a donc décidé de faire monter les enchères cet automne sur un texte qui, par nature, aura des effets limités. Ceux qui veulent renverser la table devront patienter. Le PS ou les Verts ont prévu de faire campagne, à l'occasion des élections européennes, pour une révision du texte.

2 - LE VOTE DE LUNDI N'EST QU'UNE ÉTAPE
Si la réunion de lundi s'annonce décisive, elle n'est qu'une étape. Qu'il y ait accord ou échec, le texte n'en a pas fini avec les allers-retours entre institutions bruxelloises, d'ici aux élections européennes de mai.  

Scénario vertueux pour les Français : un compromis lundi. Sur les deux articles au cœur des débats, le 9 fait a priori consensus. Il prévoit, comme le souhaitait Paris, que la directive fixe une « liste ouverte », pour chaque État membre, de mesures de contrôle. En clair : chaque capitale est libre de durcir les contrôles, par rapport à ce que prévoit le texte, à condition que ces mesures soient « proportionnelles », conformément à la jurisprudence européenne sur le sujet, et de le « notifier », en amont, à la commission.

À l'origine, un bon nombre de pays, autour de la Grande-Bretagne, plaidaient pour une « liste fermée », plus restrictive, pour ne pas alourdir la charge administrative des entreprises, mais également pour un encadrement plus strict par la commission. Sur ce point, le compromis, également soutenu par la Belgique, l'Italie, l'Allemagne ou le Luxembourg, devrait être atteint.

En revanche, l'article 12 continue de crisper les uns et les autres. Cette fois, il s'agit d'instaurer une « responsabilité conjointe et solidaire » de tous les sous-traitants d'une chaîne. Cela ne concerne que le secteur du bâtiment, qui emploie 25 % des travailleurs détachés. Cela doit permettre, par exemple, à un de ces ouvriers d'être tout de même payé, si son employeur dépose le bilan, par un autre sous-traitant de la chaîne. La France voudrait une responsabilité « obligatoire », mais elle ne serait qu'« optionnelle » pour d'autres États membres.

Les discussions en fin de semaine à Bruxelles se concentraient sur la définition de seuil (rémunération des ouvriers, chiffre d'affaires du chantier) à partir duquel cette responsabilité pourrait prévaloir. L'accord doit se faire à la majorité qualifiée : tout l'enjeu d'ici lundi est de savoir si les Français vont parvenir à rallier un « poids lourd » du camp d'en face, comme la Pologne ou l'Irlande – ce qui suffirait à défaire la minorité de blocage sur l'article 12. Mais Paris semble jouer une carte maximaliste qui irrite bon nombre de négociateurs.

En cas d'accord lundi, le chemin est encore long : des « trilogues » (discussions entre représentants de la commission, du conseil et du parlement) s'ouvriront, sans doute dès la fin de l'année, pour travailler à un compromis qui puisse être voté en séance plénière à Strasbourg d'ici avril (la dernière session avant les élections). Étant donné les écarts entre le texte voté en juin au parlement, et le compromis qui se dessine lundi, l'affaire ne s'annonce pas simple.

En l'absence d'accord lundi, tout n'est pas non plus perdu. Le dossier serait reporté à l'après-élections européennes de mai. Ou pourrait aussi s'inviter… au conseil européen des 19 et 20 décembre, une réunion des chefs d'État et de gouvernement qui doit débattre, en priorité, de la future « union bancaire ». Mais certains États ne veulent pas en entendre parler, de peur d'« empoisonner » le conseil avec ce sujet de discorde.

« Angela Merkel ne veut pas que le sujet soit programmé au conseil européen. Mais Herman Van Rompuy sera bien obligé de le faire s'il n'y a pas d'accord lundi. Ce qui fait qu'il n'est pas exclu que les Allemands lâchent les Français lundi, pour les forcer à adopter un compromis moins ambitieux », s'interroge une source européenne. Jusqu'à présent, les Allemands ont soutenu la position française.

3 - QUELLES SONT LES CAPITALES OPPOSÉES À PARIS ?
Un noyau dur d'États membres freine tout durcissement de la directive de 1996. Autour de la Grande-Bretagne, on trouve l'Irlande, la Pologne, la Hongrie, la Lettonie ou encore l'Estonie. Certains d'entre eux avancent un argument de principe : ce n'est pas à l'Europe de dire aux États membres comment faire appliquer le droit du travail. Et un argument plus pragmatique : ne pas alourdir la charge administrative des entreprises par temps de crise. D'autres, enfin, s'inquiètent de ce qu'ils considèrent comme un retour déguisé du protectionnisme.

Dans ce contexte, le double discours de Londres détonne. David Cameron, le premier ministre britannique, a publié une tribune dans le Financial Times, fin novembre, intitulée : « La libre circulation en Europe doit être moins libre », dans laquelle il s'inquiète de l'arrivée de travailleurs roumains et bulgares sur l'île. La stratégie, ici, est toujours la même : l'exécutif ne veut pas abandonner ce terrain aux eurosceptiques du UKIP, une formation en tête des sondages pour les européennes. Mais le même David Cameron, à Bruxelles, torpille tout projet de renforcement des contrôles des ouvriers détachés...

« D'un côté, les Britanniques refusent de soutenir le principe d'une loi européenne. Mais de l'autre, ils connaissent exactement les mêmes problèmes sur l'application de cette directive, que l'Allemagne ou la France, et ils savent bien que seule l'Europe peut gérer ce genre de dossiers transfrontaliers », s'indigne Elisabeth Schroedter, une eurodéputée allemande du groupe des Verts, qui suit de près ce dossier.

Autre capitale dans une situation inconfortable : Varsovie. Les Polonais se trouvent alliés dans les négociations avec Londres, qui ne cesse pourtant de stigmatiser les Européens de l'Est. D'après plusieurs sources proches des négociations, les Polonais ont l'impression d'avoir déjà beaucoup lâché auprès des Français pour atteindre un compromis, et ne bougeront plus. À l'origine, ils plaidaient par exemple pour la suppression pure et simple de l'article 12 (sur la responsabilité des sous-traitants), ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

La surprise pourrait venir d'un raidissement des positions allemandes, si les Français en demandent trop. Mais l'accord de gouvernement de la « grande coalition » SPD - CDU - CSU, contient plusieurs passages sur les travailleurs détachés, qui vont plutôt dans le sens des positions françaises. L'instauration, à moyen terme, d'un salaire minimum en Allemagne aura d'importantes répercussions sur les conditions des ouvriers détachés (lire l'analyse de Thomas Schnee).

4 - DIVISIONS AU PARLEMENT EUROPÉEN ET ACROBATIES FRANÇAISES
Depuis le début de leur mandat en 2009, les eurodéputés, très divisés sur le sujet, n'ont jamais donné d'« avis » sur la directive des détachés en chantier, lors d'une séance plénière. Un seul vote, dans la commission Emploi, qui regroupe les élus spécialistes du sujet, s'est déroulé en juin dernier.

Sur les points sensibles du débat, le texte adopté par les eurodéputés va plus loin que les compromis sur la table, et même que les positions défendues par Paris. Il parle de « liste ouverte » pour l'article 9, mais surtout de « responsabilité conjointe, solidaire et obligatoire », à l'article 12, applicable à tous les secteurs (et pas seulement au bâtiment).

À l'époque, le groupe des socialistes et démocrates (S&D, deuxième force au parlement) avait pourtant voté, comme la GUE (gauche unitaire européenne)… contre le texte, qu'il considérait « rempli de failles », en particulier sur la définition même de travailleur détaché. Certains des élus S&D s'étaient moqués de l'alliance de circonstance entre le PPE (droite), les libéraux et les Verts, qui avait permis l'adoption du texte. La socialiste française Françoise Castex s'était emportée contre ce vote qui « a vidé de sa substance un texte fondamental pour l'amélioration des conditions de travail en Europe », allant jusqu'à parler de « scandale ».

Aujourd'hui, la situation a changé. Les communiqués rageurs ont été mis de côté. Les socialistes français font profil bas, en soutien de l'exécutif français. D'autres formations suivent, et sourient quand on leur parle des acrobaties socialistes. « Je salue l'offensive du gouvernement, même si elle vient un peu tard, et même si c'est vrai qu'ils ne vont pas assez loin sur certains points, quand on le compare au texte que l'on a adopté au parlement », explique Karima Delli, une eurodéputée du groupe des Verts, qui, elle, a voté le texte en juin.

Pour Constance Le Grip, une élue UMP, « il reste à voir le détail de l'accord de lundi, s'il y en a un, mais je soutiens l'initiative du gouvernement français sur ce sujet. Au parlement, il y a une forme de front d'élus français qui se dessine sur le sujet des détachés ». Mais d'autres socialistes (espagnols ou anglais) continuent de juger qu'il faut s'opposer coûte que coûte au compromis qui se dessine. Sans oublier les syndicats, qui jugent le texte quasiment vide.

C'est toujours la même question piège qui finit par se poser à Bruxelles, pour le gouvernement socialiste : jusqu'où accepter les compromis avec une Europe majoritairement de droite ? Le PS ne risque-t-il pas de perdre son âme, dans ces négociations ultra-techniques ? À cette question délicate, Pervenche Berès répond : « Le gouvernement a une obligation de résultats. » Manière de dire qu'il est important d'arracher des améliorations, même modestes, à l'approche des municipales et européennes. Pour d'autres, ces avancées sont tellement réduites qu'il vaut mieux rejeter le texte en bloc, au nom d'une certaine clarté politique.

Chez les socialistes, ce dilemme n'est pas neuf, mais il risque de s'intensifier l'an prochain, à l'approche des élections.

 

 

 

 

 

 

 

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