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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 18:15

 

Source : reporterre.net

 

Notre Dame des Landes, une école de la liberté

Emmanuel Daniel (Reporterre)

lundi 16 décembre 2013

 

 

La ZAD de Notre-Dame des Landes n’est pas qu’un lieu de lutte contre le projet d’aéroport. Maraîchage, BTP, construction d’éoliennes et expérimentation de l’autogestion… les élèves de cette école à ciel ouvert apprennent à vivre libre.

 


 

- Reportage, Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)

Un mardi après-midi pluvieux de novembre, à vingt kilomètres au nord de Nantes. Cinq personnes se réchauffent les mains et le corps autour d’un brasero et d’un cubi de vin rouge. Cela fait plus de vingt-quatre heures que ces opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes attendent une hypothétique intervention policière, armés de fusées de détresse, de matraques et de raquettes de tennis. Postés entre une barrière de pneus et une rangée de tracteurs entravant la route, ils se tiennent prêts à faire obstacle aux gendarmes mobiles et à protéger l’entrée d’une maison récemment squattée.

Voilà généralement ce que les journalistes retiennent de la ZAD, la « Zone d’aménagement différé », une étendue bocagère de près de deux mille hectares censée accueillir le nouvel aéroport du Grand ouest et que les opposants ont rebaptisée « Zone à défendre ».

Habitants historiques de la zone, paysans, militants venus de toute l’Europe, ils sont entre cent et trois cents personnes à occuper le terrain afin d’empêcher le début des travaux. Mais cette « zone libérée », comme la qualifient souvent les Zadistes (surnom des occupants), n’est pas qu’un territoire en lutte. C’est aussi un vaste terrain d‘expérimentation, une école à ciel ouvert. « Du maraîchage à l’informatique, ici tu apprends de tout, tu évolues à une vitesse folle », assure Tony [tous les prénoms ont été changés], un des barricadiers rencontré près du brasero.

Et il n’y a pas d’âge pour intégrer cette école. Maquis, ancien ingénieur qui vient de souffler ses soixante-cinq bougies, ne savait pas planter une pomme de terre avant d’arriver sur la ZAD il y a deux ans. Aujourd’hui, il affirme en avoir extrait six tonnes du champ qu’il cultive avec quatre jeunes femmes au centre de la zone, et il pense atteindre l’autonomie alimentaire l’an prochain.

 

Université à ciel ouvert

Quand on quitte sa cabane et que l’on se balade de tente en yourte et de cabane en bergerie, on se rend compte de l’incroyable concentration de talents regroupés sur cette zone. Chaque lieu de vie est une salle de classe où chacun met ses compétences à disposition de ses amis, de ses voisins, voire de la communauté tout entière.

Le programme des cours, que l’on découvre au fur et à mesure des rencontres, donne le vertige : utilisation des plantes à des fins médicinales, plomberie ou électricité, maraîchage bio, phytoépuration, traction animale, conception de fromages, cours de musique et de langues, science politique, construction d’éoliennes, gestion de réseau informatique… « Les activités ne manquent pas, mais on ne voit pas ça comme un travail, vu qu’on a la liberté d’arrêter à tout moment », explique Camille.

Avec une quinzaine de personnes, il est en train de finaliser une cabane de quatre-vingt dix mètres carrés à proximité d’un potager. Sur pilotis, avec isolation paille, enduits naturels, toit en ardoise et en tôle… cette habitation en bois construite en quelques mois a fière allure. Pourtant, presque aucun des ouvriers qui ont participé au chantier ne travaille dans le bâtiment. « Nous sommes tous menuisiers et tous architectes », lance l’un de ces candidats à l’autonomie avant de fixer au sol une partie du plancher.

Comme souvent dans cette école particulière, l’intelligence collective a fait son travail. Les visiteurs et les voisins bricoleurs y sont allés de leurs conseils pour éviter que le bâtiment ne s’enfonce dans le sol humide ou que la charpente ne s’effondre sous le poids des ardoises.

Et le tout avec peu de moyens. « Sur un chantier classique, tu achètes ton matériel en fonction de tes plans. Ici tu fais les plans en fonction des matériaux que tu as », explique l’un des bâtisseurs. Car le chantier n’a pratiquement rien coûté, la maison étant principalement fabriquée à partir de matériaux de récupération.

A l’école de la ZAD, chacun est tour à tour professeur et apprenant. Fred, boulanger de profession, est un bon exemple de cette porosité entre les rôles. Il a formé une dizaine de personnes à son métier en trois ans tout en se mettant à l’apiculture, à la fabrication de bières et de cidre artisanal et à la construction de maisons en paille. Mais il ne voit là rien d’extraordinaire : « Sur la ZAD, si tu cherches à faire quelque chose, tu trouveras forcement quelqu’un qui s’y connait et qui pourra te prêter le matos. Tu te rends compte qu’il y a plein de choses possibles ».


Se réapproprier les savoirs

 

*Pour accéder à la suite de cet article, cliquer ici

 

Source : reporterre.net

 


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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 18:09

 

 

Source : agoravox.fr

 

par CHALOT (son site) dimanche 15 décembre 2013 
« J’ai la honte » !

 

 

 

Le réseau des supérettes 8 à huit très présent sur le territoire a osé -voir la photo jointe- s’attaquer à la pauvreté, non pour essayer de l’éradiquer mais pour « stigmatiser » les pauvres et même les menacer de poursuites...

 


JPEG

 

Pour mémoire, ce réseau est détenu par Carrefour qui côté cour organise un partenariat avec le Secours populaire pour la distribution alimentaire….

« Carrefour France a été récompensé par le Secours Populaire Français qui a inauguré « le Club des partenaires solidaires ».

En effet, Carrefour France, qui est l’un des principaux partenaires de l'association, s’est vu remettre un diplôme pour sa participation et son soutien actif aux activités de solidarité du Secours populaire. »

Cela s’appelle le double langage, le jeu de la vitrine qui veut cacher la réalité, à moins que Carrefour, interpellé décide de retirer ces affichages indignes sur ces containers et fasse un geste en direction des personnes en grande difficulté !

Considérer les personnes qui cherchent de la nourriture dans des containers comme des voleurs, c’est ignoble…..

Il aurait suffi de mettre un affichage :

Attention risque sanitaire !

 mais non il a fallu que des menaces soient proférées.

Va-t-on voir demain une milice privée ou une police complaisante aller faire la chasse aux pauvres ?

Ce qui est inadmissible dans notre société où la pauvreté et la précarité se développent c’est que des personnes se retrouvent sans ressource et soient contraintes de chercher désespérément de la nourriture ….

Ce qui est honteux, c’est que des dizaines de milliers de personnes n’aient pas d’abri, c’est que des centaines de milliers d’autres n’aient pas suffisamment pour vivre et que plus de Huit millions d’hommes, de femmes et d’enfants soient sous le seuil de pauvreté.

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Jean-François Chalot

 

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:59

 

 

 

 

Source : consocollaborative.com

 

Il y a exactement un an, nous terminions la campagne de crowdfunding de Babele  sur KissKissBankBank. Nous étions soutenus par OuiShare, à l’occasion notamment de l’événement Rencontre du 3ème Type en novembre 2012. La plateforme est aujourd’hui en ligne !

Babele est une plateforme ouverte qui aide les entrepreneurs à structurer  leurs idées dans un business plan conçu de manière collaborative grâce aux contributions de la communauté. Elle permet aux entrepreneurs de valider leurs hypothèses clés et de trouver les bonnes personnes pour les aider à développer leur projet.

 

 

La vision de Babele : soutenir un nouveau paradigme de création et de gestion, en se fondant sur la collaboration, les pratiques open source, l’intelligence collective, afin de concevoir et concrétiser des projets plus durables.

 

Et si on partageait nos projets ?

 

Le partage a le vent en poupe ces jours-ci. Le concept fait couler beaucoup d’encre du côté des économistes et entrepreneurs : pour en citer seulement quelques-uns, Nilofer Merchant, dans un article paru dans la Harvard Business review, Let your ideas go, ou Patrick Hull dans Forbes Magazine, Talk about your idea, it won’t get stolen. Les idées ne se volent pas : le plus difficile n’est pas d’avoir une idée, mais de la réaliser. L’exécution est la clé. Devenir entrepreneur demande beaucoup de courage, parfois même une certaine dose de folie : il y a peu de chances que qui que ce soit se lance dans la réalisation d’un projet si ce n’est l’entrepreneur qui a eu l’idée en premier lieu.

Pourtant, en tant que co-fondateurs de Babele avec Emanuele, nous l’entendons tout le temps : les gens ont peur de partager leurs idées parce qu’ils pensent que quelqu’un finira par leur “piquer” leur idée. Les porteurs de projets sont-ils prêts à se lancer dans la création ouverte de business models sur une plateforme comme Babele ? C’est en tout cas de cette façon que nous avons créé la plateforme, au fil d’ateliers participatifs qui nous ont permis de préciser notre vision. Au cours des “Cook your startup”, les participants ont l’occasion d’apprendre les méthodologies de business modeling, de structurer leurs projets et de se donner des conseils. Ces ateliers ont été si bien accueillis que nous en avons organisé une vingtaine dans neuf pays d’Europe.

 

Babele

 

A ce jour, plus d’une centaine d’entrepreneurs ont sauté le pas et partagent leurs idées sur Babele. Ils sont enthousiastes : la méthodologie les aide à structurer et à mettre leur projet sur pied. Mais il est possible de faire mieux grâce à la puissance de l’intelligence collective. Si l’expérience vous intéresse, si vous avez envie de changer les mentalités et de promouvoir l’entrepreneuriat collaboratif, rejoignez le mouvement !

 

A propos de Ruxandra Creostanu

 

Ruxandra est la co-fondatrice de Babele. Diplômée de l'ESCP Europe, promotion 2010, elle est passionnée par l'économie du partage, le développement durable et les pratiques collaboratives en général. Elle s'investit par ailleurs au sein des communautés OuiShare, Make Sense et Edgeryders.

 

 

Source : consocollaborative.com

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:51

 

 

Source : huffingtonpost.fr

 

Auto-censure sur Facebook : le réseau social étudie ce que vous ne voulez pas publier

 

Le HuffPost avec AFP  |  Par Sandra Lorenzo Publication: 15/12/2013 16h04 CET  |  Mis à jour: 16/12/2013 17h03 CET

 


FACEBOOK - Chez Facebook, on les appelle, "les posts auto-censurés". Si vous êtes inscrit sur ce réseau social, cela vous est certainement déjà arrivé. Vous vous apprêtez à poster quelque chose et finalement, vous vous ravisez et effacez tout ce que vous veniez d'écrire. Aussitôt effacé, aussitôt oublié? Cela ne se passe comme ça chez Facebook.

Un article de Slate.com relaie une étude menée par un ingénieur doctorant et un spécialiste des données chez Facebook. Les deux spécialistes ont mené une étude comportementale sur l'auto-censure en se basant sur 5 millions d'utilisateurs de Facebook anglophones. Leur étude est disponible en intégralité en ligne.

Une habitude qui dessert Facebook

Pour collecter ces données, "Facebook envoie un code à votre navigateur. Ce code analyse automatiquement ce que vous écrivez dans n'importe quelle zone de texte et rapporte les métadonnées à Facebook" explique Slate.com. Des métadonnées et non des données, Facebook ne collecte pas ce que vous écrivez mais l'heure à laquelle vous publiez ou par exemple si la publication en question comporte un lien. Cette pratique n'est pas mentionnée dans les conditions d'utilisation.

Pourquoi Facebook s'intéresse à ce que ses utilisateurs ne publient pas? "Moins les utilisateurs partagent de contenu, moins Facebook a de la valeur." De nombreuses personnes choisissent de ne pas publier telle ou telle chose car cela n'intéressera qu'une partie de leurs "amis". Or le réseau social veut justement faire baisser cette auto-censure pour que ses utilisateurs partagent le plus possible.

Slate.com explique également que Facebook n'est pas le seul à étudier ce genre de contenu, Gmail par exemple enregistre automatiquement tout ce que vous écrivez alors même que votre mail n'a pas été envoyé. Ce qui permet aux utilisateurs de retrouver un contenu s'ils ferment leur fenêtre (mais reste à savoir ce que Google fait de ces données, lui aussi).

Se renseigner sur ses utilisateurs, une tendance de fond

De manière générale, Facebook travaille pour devenir votre meilleur ami et veut en savoir davantage sur son milliard d'abonnés en donnant un coup de fouet aux capacités de son intelligence artificielle. L'entreprise californienne vient d'embaucher le professeur français Yann LeCun, un spécialiste de l'intelligence artificielle de l'Université de New York. Celui-ci va diriger une équipe chargée d'améliorer celle du réseau social pour rendre Facebook plus intelligent et plus pertinent.

En effet, les fils de nouvelles du géant californien peuvent ressembler à un joyeux bazar, mais Yann LeCun estime qu'il "peuvent être améliorés grâce à des systèmes intelligents". "Cela peut passer par un classement des publications dans un certain ordre, ou en décidant quelles publicités vont être affichées, pour être plus pertinent", a expliqué à l'AFP Yann LeCun après sa nomination le 9 décembre.

Un immense laboratoire de recherche

Facebook est le plus gros réseau social du monde mais il est confronté à divers défis pour poursuivre sa croissance et garder ses utilisateurs actifs. L'un d'eux est de trouver un équilibre dans la quantité de publicités qu'il diffuse: il doit en passer assez pour faire croître ses revenus, mais sans faire fuir ses abonnés.

Le réseau social a investi lourdement pour doper son efficacité. Yann LeCun n'a pas souhaité donner trop de précisions mais selon lui Facebook est en train de s'équiper de la plus grosse équipe de recherche du monde dans le domaine de l'intelligence artificielle. "Notre seule limite c'est: combien de gens intelligents dans le monde peut-on embaucher?", a encore dit Yann LeCun, qui prendra ses nouvelles fonctions en janvier mais conserve son poste à New York. "C'est très ambitieux".

Les membres de ce "laboratoire d'intelligence artificielle" travailleront à New York, à Londres et au quartier général de Facebook de Menlo Park, en Californie.

Yann LeCun, pionnier de l'intelligence artificielle

Avant Facebook, Google a aussi tenté ces derniers mois une incursion dans le domaine de l'intelligence artificielle en acquérant par exemple DNNresearch, une startup connue pour ses travaux en la matière.

"Facebook investit dans ce domaine pour +rester dans le jeu+", estime Greg Sterling, analyste chez Opus Research. "Google, Apple et IBM ont tous essayé à des degrés divers d'investir dans l'intelligence artificielle, un terme qui reste très large et englobe de nombreuses notions. C'est une technologie d'avenir et Facebook veut avoir accès à sa propre technologie".

Yann LeCun, né à Paris en 1960, est considéré comme l'un des pionniers de la discipline. Il a notamment créé un algorithme qui reproduit en partie le cortex visuel d'animaux et d'êtres humains. Celui-ci a par exemple permis à la société AT&T Bell Labs de développer un système de lecture de chèques, qui dès la fin des années 1990 lisait environ 20% des chèques émis aux Etats-Unis, selon l'Université de New York.

Des changements à venir très prochainement

Les récents projets de recherche de Yann LeCun l'ont notamment vu plancher sur une application pour des robots de navigation autonomes, des voitures sans conducteur et des petits robots volants. James Hendler, un spécialiste du Rensselaer Institute, a noté que Facebook utilisait déjà des algorithmes d'intelligence artificielle, mais que l'appliquer aux photos, vidéos et données multimédias requérait une montée en puissance de ces logiciels.

"Je pense que dans un premier temps ils vont déjà essayer d'améliorer leurs algorithmes existants, avec par exemple une meilleure sélection de ce qui apparaît dans les fils d'actualité des utilisateurs. Et à l'avenir on pourrait voir plus de possibilités apparaître, comme la possibilité de chercher des photos de sujets qui nous intéressent", prédit-il.

Facebook a d'ailleurs signalé ces dernières semaines qu'il allait changer sa manière d'alimenter le fil des nouvelles des utilisateurs. Ces nouveaux investissements dans l'intelligence artificielle vont dans ce sens.

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:40

 

Source : marianne.net

 

Le vote blanc au rabais
Lundi 16 Décembre 2013 à 12:27

 

J.D.

 

L'Assemblée nationale a enfin voté la reconnaissance du vote blanc. Il faut apporter cependant deux bémols à ce satisfecit.

 

Illustration - SIPA
Illustration - SIPA

L'Assemblée nationale a enfin voté la reconnaissance du vote blanc. Cette heureuse initiative permettra de ne plus jeter dans le même sac bulletins blancs et bulletins nuls.

Il faut apporter deux bémols à ce satisfecit.

1) La mesure n'entrera en vigueur qu'aux européennes et non aux municipales.

2) S'ils ne seront plus mélangés avec les nuls, les bulletins blancs ne seront toujours pas comptabilisés dans les suffrages exprimés. Le prétexte officiel consiste à dire qu'il ne faut pas trop amoindrir les scores des candidats.

Lors de l'élection présidentielle de 2012, François Hollande a-t-il été élu avec 51,64 % des voix au second tour ? Alors qu'en enlevant les bulletins blancs ou nuls, il n'aurait recueilli que 48,63 % des voix.

Cela ne change rien au résultat final. Il s'agit ainsi de sauver les apparences en gonflant artificiellement le score des uns et des autres, quitte à faire passer à la trappe un vote blanc encore pris avec des pincettes.

 

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:33

 

Source : mediapart.fr

 

Evasion fiscale : l'« affichage politique » de la France

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Dans un rapport de plusieurs ONG sur les politiques de lutte contre le blanchiment d'argent, la fraude et l'évasion fiscales, la France est décriée pour son manque d'action.

Dans un rapport rendu public lundi 16 décembre, plusieurs ONG analysent les politiques publiques mises en œuvre par 13 pays européens, dont la France, dans leur lutte contre les flux illicites de capitaux. 

Sur la foi de leur enquête, les ONG affirment que la France, qui se contente selon elles d'un « affichage politique », est en retard dans la mise en œuvre de mesures efficaces contre le blanchiment d'argent, la fraude et l'évasion fiscales.

Selon les ONG, la France tarde à prendre les mesures adéquates dans la lutte contre les montages financiers et juridiques (sociétés-écrans, trusts, paradis fiscaux) qui drainent la majorité des capitaux illicites. La France n'a pas non plus réformé le statut du parquet qui demeure dépendant de la Chancellerie en matière d'enquête fiscale, ni fait sauter le « verrou de Bercy ».

Enfin, les ONG déplorent que Tracfin, la cellule française de renseignements financiers, ait « peu de moyens » pour endiguer la circulation des capitaux illégaux. Oxfam France rappelle ainsi que les ONG « estiment que les entreprises multinationales sont largement responsables de la triche fiscale qui coûte à l'Europe près de 1 000 milliards d'euros par an, et entre 660 et 870 milliards d'euros aux pays en développement ».

 

 

 

 

Lire aussi

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 17:27

 

 

Source : mediapart.fr

En Angleterre, 500 000 personnes privées de soins

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Selon une étude, en Angleterre le nombre de personnes qui auraient, en temps normal, reçu des soins et une aide sociale a chuté de 483 000 du fait des coupes budgétaires.

Une étude montre l'effet de la crise financière en Angleterre sur les personnes les plus faibles et les plus âgées : ces dernières sont près d'un demi-million de moins à recevoir des soins et une aide sociale qu'elles ne l'auraient été avant 2007-2008. Ce travail a été mené par une unité de recherche sur les services sociaux, installée à la London School of economics et à l'Université de Kent.

Selon leurs résultats, le nombre de personnes âgées ou handicapées qui reçoivent des aides ou des soins étatiques a chuté de 347 000, depuis la crise et les mesures d'austérité qui ont suivi. En prenant en compte les changements de population sur la période étudiée, les chercheurs ont calculé que cette chute était en fait de 483 000 personnes, qui auraient reçu une aide selon les critères passés si les coupes budgétaires n'avaient pas eu lieu depuis cinq ans.

A lire sur le Guardian

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 22:46

 

Rappel: Ce compte-rendu n'est pas issu de l'une de nos assemblées mais fait suite à la conférence d'Etienne Chouard invité par le café repair d'Aimargues auquel certains d'entre nous ont assisté (les autres étaient quant à eux totalement réfractaires). Les indignés de Nîmes n'étant pas une entité unique, chacun est libre d'exprimer son point de vue,  ce CR n'est donc pas représentatif des pensées de chacun mais un point de vue de l'un d'entre nous.

 

Chouard, compte rendu partiel…

 

3 zinzins (ou affiliés zinzins) sont allés assister à la conférence d’Etienne Chouard à Aimargues. Une convaincue d’avance, un méfiant à priori et un ni méfiant ni convaincu. C’est comme on dit un panel d’opinions…

Aucun n’a assisté à l’ensemble de la conférence mais en fait à trois bonnes heures de débats plus quelques questions directes à Chouard en aparté pour le méfiant qui pourra vous les retranscrire mieux qu’il ne l’a fait à moi-même.

 

Je donne donc mon opinion sur ce que j’ai entendu, de Chouard, de l’affreux méfiant et de quelques autres rencontrés à la pause et avec qui nous sommes allés discuter au lieu de continuer à suivre le débat. L’atavisme de sécher les cours pour aller boire un pot…

 

Alors, Chouard un bisounours qui ne sait pas avec qui il fricote ? Il me semble que pour comprendre il faut repartir de l’origine du gars, de ce qui l’a constitué en tant que phénomène médiatique, ‘gourou du net’ (en fait un blog sur l’internet, donc assez loin des médias classiques, surtout à l’époque).

Le Traité Constitutionnel Européen a été presque in extremis rejeté par 55 % des Français après un vrai débat mené à armes inégales entre les partis et médias dominants, des bloggueurs comme Chouard et des centaines de conférences-débats organisés dans les campagnes par de plus ou moins obscurs  plus ou moins militants. Pour ma part ma conviction s’est faite lors d’un débat à St Côme (1500 âmes, à peine) entre deux professeurs de je ne sais plus quoi, un pour et un contre. Les raisons du contre l’ont emportées sur les raisons du pour et par là même un certain éveil sur l’arnaque proposée et une ‘indignation’ qu’on nous la propose. Ont suivi l’élection de Sarkozy, l’adoption du Traité de Lisbonne, la crise dites des Sub-Prime, la réforme des retraites, de quoi passer de l’énervement ‘privé’ à la conviction de l’action publique…Certains ont été bien plus précoces, ont eu un cheminement plus direct, des convictions mieux forgées, plus cohérentes, une action durable et pas en pointillé. C’est pourtant un cheminement banal d’un individu lambda que je sens assez général pour l’évoquer ici. C’est un processus qui montre aux militants qu’il n’est pas totalement vain d’organiser manifestations, distributions de tracts, conférences-débats, collectifs divers et variés. On finit à la longue par pêcher quelques individus pour alimenter le processus. Il y a quelque part un facteur déclenchant inconnu si tant est qu’il soit utile de pêcher des individus lambda. J’y reviendrai.

 

Depuis j’entends ici et là « nous avons rejeté le TCE.. » sans que le « nous » soit réellement explicité laissant croire à une unité de pensée et une unité de raisons à rejeter ce traité. Dois-je rappeler que dans ce « nous », une part importante était des gens comme Dupont Aignan, Asselineau et autres républicains, nationalistes, identitaires….

Je pense que Chouard, lui, n’a pas fait l’impasse sur cette question qui,’ à gauche’ (et probablement ‘à droite’), semble tenir du non dit et du refoulé. Il en a gardé contacts et probablement amitiés avec des gens très divers et sûrement l’habitude de discuter avec eux et surtout la conviction qu’il fallait discuter avec eux. Conviction que je juge pour ma part butée tant à mon avis les positions qui ont peut-être convergées sont en fait diamétralement opposées. Un minimum de culture politique, l’histoire et le simple bon sens nous le disent et je comprends (et partage) parfaitement les raisons et instincts des ‘Antifas’ viscéraux. Lui en juge autrement et a ses raisons auxquelles il tient et en un sens, il les explique.

 

Donc, que nous a dit Chouard ?

Un, le peuple (les citoyens, les gens, nous…) doit rédiger lui-même sa constitution de manière à empêcher, autant que peut le faire une constitution, la main mise d’une fraction sur l’ensemble des institutions et éviter, par exemple, ce à quoi on assiste qu’on peut décrire comme ‘Démocratie Potemkine’, un pur décor cachant une réalité à l’opposé de ce que l’on constate si on jette un œil derrière. Il pense que certains mécanismes simples, dont le tirage au sort, permettront cette garantie en empêchant que ceux qui ont intérêt à dévoyer le ‘Contrat Social’ par diverses modifications, lesquelles leurs sont permises car ce sont eux à qui on aurait confiés bêtement la rédaction des constitutions et des lois, n’accaparent de fait tous les pouvoirs. Il les appelle les marchands, les banquiers, les corrompus, c’est son côté ‘conspirationniste’ qui affleure ici où là. Pourtant,

Deux, l’important n’est pas d’arriver à rédiger une Table des Lois immuable car parfaite. L’important est, par le processus constituant de montrer que le peuple (les citoyens, les gens, nous…) est capable, sans l’aide de spécialistes auto proclamés, de rédiger une constitution réellement démocratique (= souveraineté du peuple) et surtout qu’il est le seul à pouvoir légitimement le faire. Ceci implique :

Trois, un débat démocratique et général sur les notions de constitution, la nature des lois, de l’Etat et du pouvoir, la définition du bien public etc…C’est donc le processus lui-même qui est réellement intéressant et il nous invite à devenir des ‘constituants’, c'est-à-dire à nous impliquer dans un réel débat politique et à le déclencher partout, à toutes échelles.

 

En d’autres termes pas grand-chose de différent de ce que le mouvement Indignados a voulu faire. Forces et faiblesses comprises.

Le débat démocratique implique de parler à et de laisser parler tout le monde et nul ne peut en être à priori exclu. Cela n’est pas forcément constructif, ni agréable, ni pacifique mais il faut bien partir de cette base réelle qui fait que chacun à son parcours relativement unique fait de ‘raisons’ (souvent des à priori) agencées de manière unique. Je renvoie à la notion de bio-diversité telle qu’expliquée par P.H Gouyon dans la vidéo transmises par les Faucheurs et disponible sur le blog des Indignés. Vous verrez peut être pas où je veut en venir…mais il dit que la bio-diversité n’est pas seulement celle des espèces mais surtout celle des individus au sein d’une espèce (qui n’est qu’un échantillon temporaire plus ou moins aléatoire de gènes).

 

Reconnaissons a Chouard des convictions et une certaine cohérence à laquelle il tient. Il semble se vivre non pas comme un leader d’opinion mais comme un facteur déclenchant du processus que j’évoquais plus haut, menant à l’implication personnelle et durable dans la chose publique. Cela vaut ce que ça vaut mais il faut être clair, c’est la base de toute démocratie réelle.

 

Je n’ai pas vu un bisounours mais un révolté assez farouche, voire ‘emporté’, un anti-autoritaire et un démocrate fort différent de ce que peut l’être Obama, Bayrou ou Hollande, professionnels du marketing et du Story-telling. C’est d’ailleurs ce dont nous devons nous méfier et la construction d’un Chouard petit professeur anonyme construisant de bric et de broc son opinion de plus en plus radicale relève aussi du story-telling plus ou moins conscient.

Il a nettement des tendances conspirationnistes et parfois ses idées, telles qu’énoncées dans un débat où il n’y à pas complètement place à clarification m’ont parues très proches de certains discours ‘NRA’ (association défendant le port d’arme aux USA) et par là de la nébuleuse ‘Tea Party’, très proche de nos ‘Soraliens’ nationaux. Tout en réclamant à juste titre d’employer les mots exacts ou de connaître leurs différents sens (cf. représentants qui peut vouloir dire ‘mandataire’ tout autant que ‘tuteur’), il n’est pas non plus indemne de toutes généralisations hâtives et de raccourcis lourds de contre sens.

 

Laissons donc l’individu Chouard qui est ce qu’il est comme tout un chacun, imparfait. Il le revendique et nous invite surtout au débat libre et général, hors des chapelles partisanes. Tout en se méfiant des supposées ‘vertus du peuple’, reconnaissons que la redéfinition des mots et des concepts par nous tous, individus lambda, ni philosophes, ni sociologues, ni juristes, ni politiciens militants avertis, est utile au peuple et doit se faire pour éviter justement la confusion générale que nous vivons actuellement. Ce débat est lourd et lent et ceux qui le pratiquent depuis longtemps et ont de plus une solide formation universitaire peuvent le juger improductif et inutile, voire dangereux s’il se fait avec les ennemis de la liberté. Mais nous avons aussi besoin de ‘professeurs’ dans ce débat, on va pas ré-inventer le fil à couper le beurre à chaque générations. On risque le sur-place…

 

Ne l’ayant pas suivi jusqu’au bout à Aimargues je n’en ait qu’une impression. Mais j’ai senti dans la salle (90 participants tout de même !) une unanimité dans la volonté de débattre, un souffle révolutionnaire dans ce besoin de nous armer collectivement contre une pensée unique totalitaire. Je prends mes désirs pour des réalités, c’est vrai, mais je pense que nous sommes extrêmement nombreux, par des chemins divers, à vouloir ce besoin d’émancipation de ce que l’ami Sergio appelle la figure du Père (il veut dire Dieu et l’Etat sous tous leurs avatars dont la ‘future’ constitution peut en être un). Ce nombre va grandissant et comme dit Chouard est un vrai virus qui va foutre une putain de vérole à cette saloperie de système capitaliste. Comme tout virus il se développe sur un organisme malade, déjà affaibli malgré une apparence de santé (gros et gras comme un OGM…). Comme un virus il a besoin d’agents de contamination pour se propager. Chouard en est un, comme d’autres.

Ce qu’il déclenche tient à son étiquette ‘sans parti’, à ses ‘sulfureuses’ fréquentations plus ou moins vraisemblablement niées (cf l’Affreux, Philippe B). C’est un catalyseur, un éveilleur (comme y disent dans le T’ao te King). Prenons le au mot, ni plus, ni moins.

 

L’évidence est que le processus est général, Tunisie, Egypte, Grèce, Espagne, Chili, Canada, USA, Portugal, Turquie, Roumanie, Ukraine... C’est tellement gros qu’on le voit plus. Basta ya !

Nos gouvernants tentent avec le GMT (TAFTA) de verrouiller définitivement leur système, de refermer la pierre tombale sous laquelle ils veulent nous ensevelir. Ne les laissons pas faire, c’est une provocation ultime qui devrait nous permettre une remise en cause fondamentale des options du consensus mou social-démocrate, qui est un consensus fait sans nous, contre nous, pour d’autres que nous. C’est d’évidence une impasse et nous ne sortirons pas du tombeau par là mais par le haut, en ayant fait éclater le couvercle à la manière d’Alexandre tranchant le nœud gordien. Nous devons nous radicaliser encore et nous servir de cette provocation pour déclencher encore un débat général, re fonder un énième collectif de collectif et secouer encore ce foutu cocotier auxquels nos dirigeants se cramponnent, espérant par là échapper au tsunami qui se prépare.

Si nous ne croyons pas à ce débat collectif, appelons le processus constituant si on veut, il ne nous reste plus aucune option que d’aller comme Corcuff nous l’explique de partis groupusculaires en partis groupusculaires, de nous réfugier sur notre île (qu’on espère d’altitude un peu plus haute que la vague) ou nous allier avec ces sociaux démocrates qui nous tendent leur piège soigneusement fabriqué (nous ou le fascisme, Chirac ou Le Pen, Jospin ou Sarkozy, Hollande ou Le Pen…).

Merde, soyons moins cons, le débat sur TAFTA c’est la Mère des Batailles qui rallie de tous bords tous ceux qui veulent et pensent qu’un autre monde soit possible, les anti-OGM, les anti Gaz de schistes, les ‘économistes atterrés’, les politiques républicains et…les souverainistes. Ne laissons ni les uns ni les autres monopoliser le débat, le diriger là où ils veulent qu’il aille selon leurs calendriers électoraux ou de coup d’états plus ou moins avoués.

 

Qui veut constituer ce collectif là, encore un ? Qui va le faire ? Qui va faire la fine bouche et dire je cause pas avec untel et untel… Bien que j’ai tendance à dire comme St Just et au risque de paraître totalitaire « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté », je pense que nous devons risquer encore ce débat qui promet d’être confus, qui ne risque rien n’a rien, qui ne dit mot consent. C’est un pari mais pas un saut dans le vide si nous croyons ce que nous croyons. Comme nous ne cachons pas nos intentions ultimes, comme un ‘Soral’ peut le faire, nous avons le mérite de la cohérence et ceci ne peut que triompher. Des ‘Corcuff’ ne sont pas des fachos déguisés, tout ce qu’on peut leur reprocher étant de pas toujours être limpides, mais ça on sait pourquoi ils le sont, c’est en quelque sorte leur ‘déformation professionnelle’ de bons artisans de la fabrication des idées. Qu’ils ‘vivent’ de ça ne me dérange pas car, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils remplissent leur contrat en diffusant leurs savoirs dans toutes tentatives d’éducation populaire.

 

Ces propos ne sont pas destinés à être outrageusement déformés mais peuvent être utilisés par quiconque, je me fous de savoir qui et comment on peut les reprendre (si on les reprend, ce dont je doute). Contre toutes conspirations et manipulations nos seules armes cohérentes doivent être d’agir à visage découvert, de pas cacher nos insuffisances et nos faiblesses ni le ridicule qu’il y a par exemple pour un individu lambda de prier les inconciliables de trouver, pour régler leurs différents ‘à la loyale’, un terrain neutre : l’agora.

 

C’est la participation de tous qui garantit la neutralité du terrain et n’est pas démocrate qui ne veut pas risquer le ‘verdict populaire’ en se dérobant au débat et à l’élaboration d’un consensus. Ceux qui ne veulent pas un libre débat s’excluront eux-mêmes d’un processus qu’ils ne peuvent contrôler en glapissant qu’il est illégitime puisqu’on ne les laisse pas tout diriger. Les ‘Soraliens’ sont coutumiers du fait, cela s’est suffisamment répété pour empiriquement le prévoir.

Ceci nul ne l’a fait à présent sur cette liste. Continuons et s’il y a débat entre Philippe B et Etienne C, Vincent A le suivra volontiers…en attendant mieux, notamment au travers d’un collectif anti TAFTA qu’il me semble important de constituer dès maintenant, je me fout de savoir à qui en reviendra l’initiative…sauf ‘Soral’ of course et il me semble urgent de ne pas leur en laisser le privilège exclusif. Et ceci sans attendre aussi des échéances électorales qui reviennent régulièrement comme des vols de sauterelles brouter les tendres pousses des printemps démocratiques.

Un Indigné de Nîmes

 

 

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 22:31

 

Source : mediapart.fr

 

Peut-il y avoir des chefs bienfaisants ?

|  Par Antoine Perraud

 

 

 

Le philosophe Robert Damien théorise le leader altruiste dans Éloge de l'autorité. Généalogie d'une (dé)raison politique (Armand Colin). Tout meneur démocrate doit être questionné donc révocable, mutualiste donc garant des pluralités... Entretien et vidéo.

L’autorité s’avère exercice puissant et délicat. La France n’a cessé d’avoir le chef en tête, de la monarchie absolue à la monarchie républicaine, en passant par deux empires. Notre Ve République, en bout de course, a maudit l’omnipotence (de Nicolas Sarkozy), pour ensuite exiger une prééminence (chez François Hollande). L’opinion pousse des cris d’orfraie contradictoires, brûlant le dominateur qu’elle adorait, adorant le meneur qu’elle a brûlé.

Une visite s'imposait à Robert Damien. Ce professeur de philosophie vient de publier un ouvrage savant et stimulant : Éloge de l’autorité. Généalogie d’une (dé)raison politique (Armand Colin). Qu’est-ce qu’un chef ? Peut-il y en avoir de bons ? Pourquoi obéir et à qui ? Robert Damien a décidé de rompre « le silence stuporeux d’une anorexie intellectuelle »…

 

 

Robert Damien en pince pour la fraternité, éprouvée dans le combat militant, la ferveur partisane, l'aventure sportive, la satisfaction affective, l'émotion esthétique, la cérémonie ecclésiale, la liaison amicale ou la communion amoureuse. Comment parvenir à une autorité fraternelle de la République ? Robert Damien retrace dans son livre la « quête d’une philosophie républicaine de l’autorité inscrite dans une économie politique des conseils démocratiques ». Et il cite le Sartre de Critique de la raison dialectique (1960) : « Chacun se sent et sent tous les autres comme des leaders possibles mais personne ne prétend à la souveraineté sur les autres. Chacun est capable d’exprimer le sentiment du groupe au cœur de l’action comme une aide aux objectifs du groupe. »

MEDIAPART : Comment entendez-vous ces deux phrases de Jean-Paul Sartre ?

ROBERT DAMIEN : Sartre veut dire que ce qui commande c’est l’équipe ; elle fait chacun s’élever au-dessus de lui-même ; et chacun peut prétendre exprimer le tout qu’est l’équipe. Chacun, étant  l’égal de l’autre, a la capacité d’exprimer le “nous” au moment décisif les décisions qui devront être prises. Mais par-delà cette ossature constitutionnelle, il y a des moments où la décision exige d’être formulée, pensée, ordonnée. Elle oblige à une incarnation. Le problème avec Sartre, c’est sa difficulté à penser le chef d’équipe.

Il y a un moment de souveraineté, assumé par un(e). La question devient ensuite celle de la légitimité durable non pas d’un chef momentané, mais qui s’inscrit dans une continuité judicieuse.

Sartre demeure à mes yeux le seul philosophe d’envergure qui ait réfléchi sur l’équipe comme moteur et matrice de l’autorité. Sartre, à la fois théoricien et praticien du libre arbitre, cherchait à intégrer le marxisme, c’est-à-dire les contraintes socio-économiques et politiques qui déterminent et les situations et les libertés.

Tout en évitant un certain catéchisme marxiste alors en vigueur…

La tradition dans laquelle voulait s’inscrire Sartre n’était pas le marxisme de la totalité, mais le “coopérativisme”, c’est-à-dire la coopération, entendue comme la rationalité gouvernementale du socialisme. Doit primer la relation entre les êtres, qui constitue le devenir de chacun. D’où une gouvernentalité mutualiste : l’équipe est supérieure aux individus et permet à chacun de devenir plus lui-même par le “nous” même de l’équipe.

Il faut à la fois penser le système de coopération par la régulation et l’émergence d’une organisation de l’autorité, donc de chefs qui ont pour fonction de commencer et d’achever. Le chef c’est celui qui mène au terme de la décision. Sa légitimité sera refondée, ou remise en cause, en fonction du projet suivant.

L’avenir d’un socialisme est à penser dans la tradition coopérativiste, de la mutualité, de la réciprocité. Je m’inscris dans la tradition conseilliste. Après ce premier livre sur l’autorité, j’en publierai un second sur le conseil.

Qui se dit “soviet” en russe…

Il m’arrive, en guise de plaisanterie, de me présenter comme le dernier philosophe soviétique…

Remontons au XVIIIe siècle et au moment Rousseau, qui assurait que personne ne veut « prendre son semblable pour maître » en lui attribuant une supériorité naturelle ou divine…

C’est la question centrale du législateur, qui n’a pas de légitimité naturelle. Personne n’est capable d’être substantiellement premier comme on l’a longtemps cru. Il n’y a plus non plus de classe universelle détentrice de la vérité et du bien. C’est donc le groupe qui a substantiellement besoin de l’émergence d’une direction : un besoin d’incarnation dans une figure parlant le langage du tout. Une communauté a besoin de l’incarnation qui parle le “nous” mieux que nous le faisons nous même individuellement.

Mais tant de citoyens et de citoyennes ressemblent aux grenouilles qui demandent un roi !

Cet appétit pour une autorité autoritaire explique en partie la difficulté à penser l’autorité, qui est à elle-même son propre abus. Voilà un angle mort. Il y a eu retrait d’investissement analytique sur cette question, depuis l’auctoritas de la Rome antique.

Il nous faut penser la nécessité d’une autorité, mais une autorité contrôlée, une autorité renouvelée si besoin est. Comment penser une autorité révocable ? Comment une décision peut-elle s’avérer à la fois collective et incarnée ? Chez Rousseau, un tel rôle est donc dévolu au législateur. Dans mon livre, je m’attache à la figure de l’entraîneur…

 

 

Une autorité qui rend raison de ses raisons

Qu’est-ce que penser l’autorité ?

C’est penser la tension entre un appétit de figure motrice et matricielle incarnant le “nous”, parlant et décidant pour nous, et dans le même temps le danger extrême à la faire émerger. D’où la nécessité d’un contrôle et l’importance d’échapper à la fascination du chef. Cette tension est constitutive de tout exercice de l’autorité, même la plus minime – dans une classe, sur un chantier, au sein d’une équipe. Tout se joue entre l’attention au groupe et un excès d’affirmation – poussant à la solitude, à l’abstraction radicale des décisions, à la figure de la monstruosité césarienne...

L’exercice de l’autorité exige une esthétique du comportement, une intelligence des situations, une continuité dans la volonté. Le chef est une œuvre en péril, fragile et soumise à l’échec, qui suscite l’enthousiasme, voire l’amour, et en même temps la méfiance, la question.

Tout repose sur le questionnement…

La démocratie est originelle dans la philosophie occidentale par l’intermédiaire de Socrate, autorité par la question. Une des crise de la démocratie, c’est la crise de la question, du débat, de la délibération. Qui pose les questions et les bonnes questions ?

Nous voilà au cœur de la tension, dilemmatique, entre l’affirmation consubstantielle à tout ordre social d’une autorité en place, mais d’une autorité qui assume, qui rend compte, qui rend raison de ses raisons, publiquement – si elle cache les raisons, ce n’est plus une autorité démocratique. Et ces raisons, pour les connaître, il faut les questionner.

En questionnant le pouvoir, qu'est-ce qui est remis en question ?

Aucune autorité n’échappe à l’heure de vérité : à l’exercice de la raison d’État, cette nécessité fonctionnelle de l’ordre social. Choisir, c’est renoncer, c’est mutiler, c’est trancher en faveur du tout au détriment d’une partie. Telle est la mélancolie de toute autorité. C'est la responsabilité d’assurer le droit inhumain d’être inhumain ; le droit exorbitant d’être injuste au nom du tout, voire criminel au nom du tout, comme écrit Malraux dans L’Espoir.

C'est l'heure machiavelienne. Dans son opuscule de vingt-six chapitres, Le Prince (1532), Machiavel nous révèle que tout exercice d’autorité oblige à « entrer en mal ». Pire, cela s'avère une fécondité, Non pas le crime d’un César débile. Tout chef doit être injuste au nom de la justice du tout, en rendant raison publiquement, en répondant à la raison du pourquoi.

D'où la terrifiante réplique du kapo d'Auschwitz rapportée par Primo Levi : « Ici, il n'y a pas de pourquoi »...

Le pourquoi est essentiel. « On n'avait jamais le droit de demander pourquoi », voilà comment Nietzsche résume César. Et j'ai compris que la Chine était en train de changer du jour où mes étudiants cessèrent, là-bas, de m'expliquer que toute résistance serait vaine et vouée à l'écrasement, pour me confier, avec une évidence inflexible, il y a deux ou trois ans : « Quand on nous dit “c'est ainsi qu'il faut faire”, nous répliquons maintenant : “Et pourquoi ?” »

Pourquoi écrivez-vous : « L'autorité est le siège d'une motricité » ?

Pour devenir grands (autorité vient d'augere : augmenter, accroître), pour ne pas être réduits à nous-mêmes, finis, incertains et isolés – « l'homme seul est toujours en mauvaise compagnie » selon Paul Valéry ! –, il faut une puissance d'ascension. Au cours des siècles, l'Occident a trouvé plusieurs moteurs, qui nous exaucent et nous exhaussent  : Dieu, la nature, le prolétariat, la République... Aujourd'hui, nous vivons une crise de ces moteurs, tous considérablement affaiblis.

Or la démocratie n'est pas une “démarchie” (sur le modèle de monarchie ou d'anarchie). En démocratie, l'arke, principe de commencement et de commandement – que Platon fut le premier à mettre en lumière – n'est possédé par personne : ni un être, ni une nature, ni une classe, ni un lieu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, mais qu'elle est située nulle part. C'est donc le travail de la délibération, de la question, qui fait s'imposer une arke, décisionnelle, légitime, mais contrôlée donc révocable. Il faut produire l'arke, dans la conflictualité.

 

 

En démocratie s'impose ce “nous” collectif, coopératif, mutuel et réciproque, qui fait que rien ne m’est dû au nom de ma nature, au nom de ma position, au nom de mon intelligence ou de mes diplômes. Rien ne m’est dû que ce que le “nous” donne comme droits sociaux. D’où mon attachement à la République sociale du XIXe siècle, qui a inventé la fraternité non pas comme un sentiment affectif mais comme un système normatif de droits sociaux. Dans la mesure où tu appartiens à la société, où tu y travailles, où tu es malade, handicapé, vieux, veuf ou veuve (ce sont les veuves qui ont permis de penser les droits sociaux de la pension de réversion), tu as droit à l’attention mutelle et réciproque de l’État. Voilà pourquoi la mutualité m’apparaît constitutive d’un ordre démocratique.

La clef de tout cela, c’est l’impôt, qui se révèle système de légitimation et d’institutionnalisation de la fraternité, devenant ainsi une solidarité. L’impôt est un droit social (même si sa mesure où son assiette peuvent être discutés). Et je suis frappé par l’hystérie actuelle contre l’impôt, que je préfère appeler “contribution”, directe ou indirecte, pour la fraternité et les droits sociaux.

L'autorité permet la pluralité des possibles

Quel serait l'heureux pendant de la malheureuse devise nazie : Ein Volk ein Reich ein Führer ?

Peuple, République, Réciprocité.

En plus de la République, vous liez à la démocratie la “patrie”. A-t-elle encore à ce point droit de cité ?

La patrie c’est le “nous” qui nous fait citoyen, ce par quoi nous acquérons une identité littéraire, culturelle, intellectuelle. La patrie me semble démocratique, puisque c’est le cadre dans lequel s’exerce la question qui permet de demander des comptes. Dans la nation, il y a l’idée de naissance : elle est inscrite dans une forme de nature. Et sur la nation pèse le risque d’un nationalisme, tandis que la patrie est le cadre démocratique par excellence.

Votre côté Lavisse progressiste de notre post-modernité ne nous éloigne-t-il pas du “Tout-monde” (Édouard Glissant) et de son brassage fécond ?

La question du cosmopolitisme est belle et grande. Je la pense en différents termes. Nous avons des appartenances multiples. La question de la modernité, c’est la cohésion pluraliste des appartenances. Comment être à la fois patriote (avec sa langue, sa culture, son histoire, ses choix démocratiques, son intervention citoyenne) et en même temps Européen et cosmopolite ? Toute proportion gardée, c’est la même chose que vécut la science avec la crise des fondements scientifiques. Comment être à la fois newtonien et einsteinien ? Newton demeure vrai dans un système relatif d’axiomes, mais Einstein intègre Newton comme un cas particulier d’un autre système d’axiomes plus synthétique. La question politique majeure, aujourd’hui, touche à cette pluralité d’appartenances.

Penser en soi un être cosmopolite me semble une abstraction dangereuse. Nous ne pouvons exister que par nos appartenances. Nous sommes situés dans une histoire, nous avons un langage – et il n’y a pas de langue universelle, hormis les mathématiques.

Vous dérangez le pluriel des identités, pour revenir à des singuliers de fer : un langage, une histoire, une culture…

Non, je pense que la patrie est par définition ouverte à la pluralité. Elle n’est pas close. Contrairement à la légende, ce n’est pas une fermeture dans une identité fixe et mortifère. Toute patrie, avec son langage, sa littérature, son esthétique, son économie, détient une forme de l’universel. L’une n’est pas exclusive de l’autre. La patrie devient nationaliste quand elle croit que ce qu’elle détient, l’universel dont elle parle, s'avère l’universel absolu. La patrie est une forme de l’universel, qui peut se confronter à d’autres. Une confrontation ordonnée, sans guerre, avec interpellations réciproques.

Voilà donc le troisième angle de ce triangle des Bermudes de la démocratie contemporaine : crise de l’autorité, crise de la fraternité, crise de l’ouverture à la pluralité...

Oui. Le grand risque, c’est la clôture sur soi. La patrie, en tant qu’elle parle l’universel, m’apparaît comme l’une des modalités de l’ouverture. Mais croire qu’on peut devenir cosmopolite en supprimant l’instance patriotique me semble une impossibilité pratique et théorique. C’est l’un avec l’autre.

Nous nous confrontons à cela en ces temps de révolution informatique, donc du langage numérique, par définition pluralisé mais sous hégémonie américaine : comment trouver une expression à nos appartenances qui s’y intègre ? Comment exprimer une forme particulière de l’universel et par la même une confrontation avec la pluralité même de ces universalités ? Le grand penseur de demain, donc de la pluralité des universels, m'apparaît Gaston Bachelard, qui a pensé la normativité – autre nom de l’autorité – dans la pluralité des axiomes, des appartenances, des dualités – ce qu’il appelle le birationalisme, ou le plurirationalisme… Il a joué avec humour le prophète barbu alors qu’il se confrontait aux deux grandes machines conceptuelles de l’époque : la phénoménologie et le marxisme. Il incarne cette exigence contemporaine du pluralisme cohérent, auquel doit correspondre, désormais, l’exercice même de l’autorité, de la famille à l’État en passant par la moindre des petites équipes.

Jadis, la grande question platonicienne, qui a fondé toute la philosophie politique, consistait à faire une unité d'un monde hétérogène, disparate et par trop singulier. La question s’est aujourd’hui renversée. Comment, à l’intérieur d’un “nous”, permettre la pluralité des expressions ? Comment faire qu’un individu lui-même avec ses forces et ses faiblesses, devienne plusieurs en un ?

Pour employer la langue musicale, c’est passer de l’accord aux dissonances ?

Exactement. Nous vivons là une révolution puissante. Comment être en même temps Français, Européen et cosmopolite, tout en devenant davantage – puisque le succès est lié à un processus d’augmentation ?

Pourquoi Français et non de telle région ou de tel village ?

La France nous a fait vivre ceci : demeurer attaché à son pays natal, tout en appartenant à un tout supérieur, qui permet au pays natal de devenir plus et mieux. La France a permis à chaque partie d’elle-même de trouver sa puissance d’expression et de devenir supérieure. Imaginons ce qu’était le pays natal sans État, sans République : l’enfermement. L’enfermement dans la position de naissance : être ce qu’était son père, sans aucune possibilité de choix. Demeurer un manant. L’enfermement dans une seule possibilité, c’est pour moi l’aliénation. L’autorité, justement, c’est ce qui permet la pluralité des possibles en étant capable de jouer sur nos déterminations, de les multiplier, de les faire s’affronter…

 

Robert Damien Éloge de l'autorité. Généalogie d'une (dé)raison politique (Ed. Armand Colin, collection “Le Temps des idées”, 558 p. 29,90 €)

 

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Par Antoine Perraud

 

 

Source : mediapart.fr

 


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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 22:13

 

Source : rue89.com

 

 

Documents 15/12/2013 à 19h15
D’anciens soldats israéliens parlent : « Il frappe un Arabe et je ne fais rien »
Emilie Brouze | Journaliste Rue89

 

 

Une association israélienne recueille et publie des témoignages de soldats qui dénoncent « l’occupation » dans les Territoires. Les textes, parfois violents, sont percutants. Rue89 en publie quatre.

 


Un soldat israélien face à un Palestinien, à un checkpoint d’Hebron, en 2008 (NASSER SHIYOUKHI/AP/SIPA)

 

Aux checkpoints israéliens, beaucoup de soldats ont encore des visages d’enfants et portent en bandoulière des armes bien plus grandes qu’eux. En Israël, le service militaire est obligatoire dès la majorité : il dure minimum 22 mois pour les filles, trois ans pour les garçons. Ça représente beaucoup de temps quand on a 20 ans.

Yehuda Shaul était l’un d’entre eux, entre 2001 et 2004. Après des études dans le lycée talmudique d’une colonie juive de Cisjordanie, il a servi trois ans dans le 50e bataillon de la Brigade Nahal.

Choqué par ce qu’il a vécu, il a fondé « Breaking the silence » (briser le silence) : l’association israélienne recueille et publie des témoignages de soldats, officiers et sous-officiers de Tsahal.

 


« Le livre noir de l’occupation israélienne », Ed. Autrement, 2013 

 

Des centaines de récits, collectés et vérifiés par l’ONG, qui dénoncent « l’occupation » et décrivent les actions de l’armée dans les Territoires, depuis la Seconde Intifada (2000).

Un recueil de témoignages bruts, traduits en français, vient de paraître sous le titre « Le Livre noir de l’occupation israélienne » (Ed. Autrement, octobre 2013).

« Hé, les gars, il y a une occupation »

Les briseurs de silence disent vouloir montrer la vérité, faire du bruit pour lutter contre l’occupation. « On dit, “hé les gars il y a une occupation, regardez ce qu’on est en train de faire” », explique Yehuda Shaul sur France 24.

 

 

Destructions arbitraires de maisons palestiniennes, arrestations, violences, humiliations... les témoignages, bien que non exhaustifs, sont éclairants sur le mode opératoire de l’armée dans les Territoires. Le tout empreint de violence faite, vue ou ressentie.

Il y a par exemple ce soldat à Ramallah, en 2002, qui se souvient s’être mis à « casser des trucs », dans un immeuble de la logistique palestinienne :

« Je me suis senti, moi et quelques autres, dans un moment de frénésie, à casser des tables, des portes, à jeter des tas et des tas de papiers dans chaque pièce, des trucs comme ça. La folie intérieure se libère, juste parce que tu peux, je dirais. » (p.125)

Il y a aussi dans ces récits des coups, des pierres, du sang, des morts.

« J’ai commencé à mettre les choses en doute »

Mais ce qui est précieux et rare, dans tous ces témoignages, c’est de découvrir le regard des soldats sur leurs propres actions et sur ce qui les dépasse. L’une a été marquée par Moussa, un civil palestinien de 22 ans, avec qui elle a discuté plusieurs fois sur le pont Allenby.

« Il m’a regardé dans les yeux et il m’a dit : “Je vis dans une prison, je ne peux pas aller à la mer, je veux aller à Tel Aviv, acheter des choses pour ma femme.” Et ça te ronge de l’intérieur. Des mots pareils, une situation pareille, tu commences à changer de point de vue.

C’est-à-dire, quand je suis arrivée, je me suis engagée dans l’armée très... je ne sais pas si on peut dire de droite, mais très motivée... je voulais tout faire pour... Et ton service sème le doute, avec ce que j’ai vécu, j’ai commencé à mettre les choses en doute. » (p.212-213)

D’autres récits parlent de culpabilité – « j’ai honte » – ou d’humanité. Plusieurs soldats disent aussi que les souvenirs les relancent sans cesse.

Rue89 a sélectionné et publie quatre témoignages, extraits du « Livre noir de l’occupation israélienne », avec l’aimable autorisation des éditions Autrement.

                                                                                                                                                                                                                             1 « J’ai juste fait du mal à quelqu’un. Et ça ne va pas »

Bataillon Lavi, dans les collines d’Hébron Sud, en 2003.

 

« Il y a eu un incident dont je pense que c’est le plus... c’est le truc que je regrette le plus. C’est la pire chose que j’ai faite pendant tout mon service dans les Territoires.

Il y avait ce type qui venait de Yatta et qui voulait passer un barrage. Il se rendait de Yatta à Hébron, à la laiterie. Il y avait un camion plein de récipients pour le lait. Je crois qu’il y avait un couvre-feu à Hébron à ce moment-là. Bref, il n’avait pas le droit de passer. Je l’ai attrapé au moment où il franchissait le barrage, c’était la troisième fois de la semaine que j’attrapais le même type – dans des circonstances différentes, mais le même type, plus ou moins au même endroit.

J’ai un peu pété les plombs, parce que je l’ai fait sortir... je lui ai dit de descendre du véhicule et tout, mais il s’est mis à protester et à crier, alors j’ai tout de suite fait deux choses : j’ai sorti les menottes et le bandeau. Je suis monté dans la jeep et je l’a amené à la porte. Il était, je ne sais pas, 10 heures du matin, quelque chose comme ça... et je l’ai relâché entre 11 heures et 1 heure du matin.

C’est-à-dire, c’était l’été... c’est-à-dire, toute la journée. Il avait genre 2 000 litres de lait avec lui et tout a tourné. Ça a duré toute la journée, il est resté à la porte avec les yeux bandés et les mains attachées.

Quand j’y repense maintenant, j’ai honte pour deux raisons. Premièrement, pour la manière dont j’ai traité un autre être humain. Attraper un homme et prendre le contrôle de sa vie comme ça ? [...] Je l’ai emmené comme un prisonnier, attaché. Et personne d’autre n’était responsable de ça. Ce n’est pas comme si j’avais reçu des ordres, vous voyez ? Non, c’est ce que j’ai décidé de faire. Et c’était acceptable. Du point de vue de tous mes supérieurs, il n’y avait pas de problème.

OK, tu as arrêté quelqu’un, voilà comment tu as traité un autre être humain, mais le fait est qu’il y avait aussi des biens, c’est-à-dire du lait. Quelque chose qui avait une valeur financière a été perdu. [...]

Ce n’est pas un terroriste, il n’était pas recherché, il ne s’en est pas pris à moi, il ne m’a pas menacé avec une arme. C’est un type normal. Quelle était l’utilité de ce que j’ai fait ? Aucune. Est-ce que ça a contribué à la sécurité de l’Etat ? Non. J’ai juste fait du mal à quelqu’un. Et ça ne va pas. »

                                                                                                                                                                                                                             2 « Ça fait partie des choses que tu peux faire »

Brigade Nahal, à Hébron, en 2002.

 

« Il y a cette maison qu’on a investie à Hébron... on l’a prise. Vous connaissez la procédure : la famille descend d’un étage. Qu’est-ce qu’on a fait ? On était... au troisième étage, les gars ont installé un tuyau pour pouvoir pisser dehors. Ils ont mis le tuyau, on l’a installé exactement de manière à ce que la pisse coule dans la cour de la maison en dessous de nous. Il y avait quelques poulaillers, ça coulait dessus. Tous les jours, c’était la blague, attendre que le père ou l’un des gamins aille au poulailler et tout le monde se mettait à pisser. Ou bien je me rappelle un ami qui aimait se laver les dents et la bouche avec le bidon puis attendre que quelqu’un passe en bas pour leur cracher dessus.

Ça fait partie de...

Ça fait partie des choses que tu peux faire, ouais, tu peux faire ça. Personne ne t’en empêchera, pas même les gradés sur le terrain, parce que en général ils font partie du consensus, pas des exceptions. C’est un truc qu’on peut faire. Tu peux, à toi de décider si tu le fais ou pas. Il n’y a pas de juge, de jugement. Personne ne te jugera pour ça. »

                                                                                                                                                                                                                             3 « Tu as envie de le tuer mais il pleure »

Brigade Nahal, à Hébron, en 2009.

 

« Une fois, on a fait une arrestation. Ils jetaient des pierres place Gross, on a été alertés et ce gamin est apparu. [...]

Quel âge avait le garçon ?

15 ans, il s’appelait Daoud. Donc on l’a arrêté. On est descendus de notre véhicule, on lui a couru après, il était complètement sous le choc. On l’a emmené à Gross, du côté juif, et il s’est mis à pleurer, à hurler en se roulant par terre, tout plein de sueur et de larmes. On ne pouvait rien faire de lui, d’un coup on se retrouvait avec un gamin en pleurs sur les bras, alors que quelques secondes plus tôt il jetait des tuiles à Gross, tu meurs d’envie de le réduire en bouillie, on t’a appelé dans cette chaleur démentielle. Tu as envie de le tuer mais il pleure.

Comme on ne savait pas quoi faire, on l’a gardé à tour de rôle parce que tout le monde craquait quand on restait avec lui, alors on tentait quelque chose puis on partait. A un moment, j’étais avec lui, j’essayais de le calmer parce qu’il était attaché, les yeux bandés, il pleurait, ça lui coulait sur le visage. J’ai commencé à le secouer : “Tais-toi, tais-toi, ça suffit maintenant !” Puis on l’a emmené au poste de police, il pleurait encore et les flics ne voulaient pas l’interroger. Ils ne voulaient pas de lui, c’était tellement agaçant, absurde. Au milieu de toute cette pagaille, alors qu’il se roule par terre, le type des communications sort son Motorola. [...] Boum, un coup sur la tête. Il ne voulait pas lui faire de mal. C’était juste après deux heures de pleurs insupportables.

[...] Je me rappelle, on les détestait. Je les détestais. J’étais tellement raciste, là-bas, j’étais en colère contre leur saleté, leur misère, toute la putain de cette situation [...] On a fini par le détacher parce qu’il pleurait, il nous suppliait. Il criait, il était trempé de sueur, de morve, de larmes. Tu ne sais plus quoi faire. On l’a secoué par désespoir. Ce n’était pas particulièrement violent. Je pense qu’on s’est même mis à rire, même maintenant quand j’y repense, dans cette situation tu es complètement perdu. »

                                                                                                                                                                                                                              4 « Il frappe un Arabe et je ne fais rien »

Unité Nahal, à Hébron, en 2009.

 

« Les gars de l’équipe de commandement avancé... nous disaient tout le temps qu’ils frappaient des Arabes pour rire. En patrouille... ils les frappent tout le temps, mais il y a eu une fois en particulier...

Un jour, on a reçu une alerte. [...] On s’est rendus au checkpoint de la pharmacie. Il y avait deux ou trois gamins qui refusaient de passer par le détecteur de métaux. On a arrêté la jeep, il est descendu et a emmené un garçon dans une ruelle. [...]

Il... Je le vois comme dans un film. Il s’est mis face au gamin, qui était tout près du mur, il s’est mis face à lui, l’a regardé une seconde puis il l’a étranglé avec le... il l’a tenu comme ça avec son coude. [...]

Il l’a étranglé contre le mur. Le gamin s’est enragé, le commandant lui hurlait dessus, en hébreu, pas en arabe. Puis il l’a relâché. Le gamin a levé les mains pour s’essuyer les yeux, et le commandant l’a frappé. Le gamin a laissé retomber ses bras, il a arrêté de se frotter les yeux. Il a gardé les mains le long du corps, puis les gifles ont commencé. De plus en plus. Des coups. Et des cris.

Le gamin s’est mis à hurler, ça faisait peur, les gens se sont mis à contourner le checkpoint pour regarder dans la ruelle. Je me rappelle que le commandant est sorti en disant : “C’est bon, tout va bien.” Il a crié au gamin : “Bouge pas, reste là.” Il est sorti en disant que tout allait bien, il a appelé le commandant d’escouade du checkpoint, il s’est mis face au gamin et il a dit : “Voilà comment on s’occupe d’eux.” Puis il a encore donné deux claques au gamin et l’a laissé partir.

C’est une histoire folle, je me rappelle que je suis resté dans le véhicule, à regarder, et que je me suis dit : j’ai attendu une situation comme celle-là pendant trois ans. Depuis le jour où je me suis engagé, je voulais empêcher ce genre de chose, et voilà que je ne fais rien, que je choisis de ne rien faire.

Est-ce que c’est acceptable ? Je me rappelle que je me suis répondu : oui, c’est acceptable. Il frappe un Arabe et je ne fais rien. J’avais vraiment conscience de ne rien faire parce que j’avais peur du commandant, et puis qu’est-ce que je pouvais faire ? Sauter de la jeep et lui dire d’arrêter, parce que ce qu’il faisait était stupide ? »

 

 

Source : rue89.com

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